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Pierre St Vincent 
UN TRIO INFERNAL
PENSEES 
La Terre n'appartient à personne ! 
Il faut juste penser qu'elle est en vie par notre présence. 
Elle vit ses pulsations que nous ne comprenons pas, 
Elle ignore les nôtres... 
Nos échanges sont faits par rapport à nous humains. 
Nous pensons qu'elle, la Terre, pourrait nous supporter éternel-lement... 
Nous sommes liés à elle par des liens du temps... 
Nos racines ne sont que le fait du hasard... 
Nos territoires et nos maisons ne sont bâtis que sur le sang de 
nos ancêtres... 
Si la terre nous rejette c'est parce que nous y vivons... 
Tout n'est pas immuable et établi... 
Nous sommes des nomades et rien de plus à l'aune du temps.
Chapitre 1 Cuite mémorable. 
« Bon dieu qu’est-ce qu’ils leur ont mis, j’ai cru que le 
stade… ! ». 
René s’arrête brusquement, titube en pénétrant dans Le Char-roux, 
le seul troquet à 100 lieues à la ronde, les mains enserrant sa 
tête, le regard malicieux, la truffe vermeille du paysan qui a passé sa 
vie au soleil et au vent. 
« Putain mais qu’est ce qui t’arrive Curé, que fais-tu au bistro si 
tôt ! Je suis sûr…». 
François, le prêtre de la paroisse est accoudé, le regard vide, sa 
bonne panse coloniale en avant, habillé à l’ancienne, vieille soutane 
élimée, sa coiffe de fidèle au bon vieux sacerdoce, de travers. 
Le cabaretier fait un signe à René un doigt sur la bouche lui assi-gnant 
par un geste théâtral de s’asseoir à sa place habituelle en se 
taisant. 
René, interrogatif, immobile soudain, fronce les sourcils, regarde 
à nouveau le curé et le tenancier sans comprendre. 
Georges le bistrotier lève les mains, menaçantes, le regard rouge 
de retenue, marmonnant au fond de lui : 
« Assied-toi et ferme ta grande gueule… ». 
René ne comprend plus : pourquoi l’empêche-t-on, lui, René, 
consommateur assidu du zinc de ne pas laisser exprimer la verve 
naturelle ! 
Il se retourne titubant et vivement fait un geste significativement 
désagréable à Georges… 
Tout s’est fait en 30 secondes, le temps au curé de faire un signe 
incitant le patron à lui resservir un cognac…
Chapitre 1 Cuite mémorable. 8 
« Encore un ! Mais vous êtes déjà plus saoul qu’un polonais… 
sauf votre respect mon père ! ». 
Il tend la main droite vers la bouteille laissée sur le comptoir, et 
comme pour être pardonné par le Dieu des tenanciers, tente de re-prendre 
la conversation espérant provoquer une réaction d’intérêt du 
monseigneur. 
« Ma femme vous a préparé votre linge de corps et votre belle 
soutane, dans l’état où je vous vois, je pensais que vous vouliez 
vous changer… ». 
Pas de réaction. Le regard plus vide que la bourse du poivrot qui 
venait de ressortir en râlant, le père curé siphonnait son 10ème co-gnac, 
à 10 heures du matin, au moment de la messe ! 
Craignant sa colère, le tenancier reprend son travail, le plus dé-sagréable 
: tremper les verres laissés sur le comptoir, les essuyer 
tout en surveillant l’ecclésiastique du coin de l’oeil. 
Tout en faisant cette dure besogne, il surveille l’entrée du café, 
où, comme d’habitude, les consommateurs ne se précipitaient pas. 
Le curton commençait franchement à le gonfler ! 
Il allait encore lui dire en partant, prenant le ton de Fernandel et 
le pointant du doigt. 
« Georges, ta femme est une sainte, mais toi tu es un mécréant ! 
As-tu payé le denier du culte ? ». 
Il le regardait partir et pour ne pas perdre l’argent non reçu du 
curé, il rajoutait de l’eau dans les boissons au point que celles-ci 
devenaient des cauchemars pour les autres. Georges rougissait lors-qu’ils 
lui disaient. 
« Georges eh ! Il est en vacances notre Don Camillo ? ». 
Ça voulait tout dire, ce que les gens ne voulaient pas dire par pur 
humanisme : ton vin est bizarre, ton cognac, c’est de la bibine°! 
*
9 Un trio infernal 
Ce matin, il lui avait filé son cognac à 30° (déjà baptisé avec 
l’eau du robinet) puis à 25° béni (avec l’eau bénite du Don Camillo) 
puis il avait arrêté, regardant avec tristesse ses bénéfices 
s’effondrer. 
Si sa femme n’avait pas été la fille du droguiste, ami du curé, il 
aurait sans problème viré ce pochtron, envoyé de Dieu de mes deux, 
comme il se plaisait à le marmonner, quand ce dernier sortait. 
Georges n’était courageux qu’en paroles, comme tous les gens 
en dessous du 43ème parallèle ! 
* 
Ce matin-là, personne de la paroisse ne pouvait deviner ce que la 
mort de son père avait déclenché en ce brave prêtre ! Personne, car 
il n’avait, et il le disait bien fort dans ses sermons, que des ouailles 
sans âme et sans culture aucune, qu’il évitait dans la rue… Seul lui 
restait Georges comme confident, mais pour d’autres raisons ! 
Sa mère était morte la première, mais un serviteur de Dieu ne 
pouvait pas dire ce qu’il pensait, Jésus était son maître ! Il ne pou-vait 
pleurer et surtout en parler à son père… 
* 
Quarante ans auparavant il avait choisi d’être séminariste après 
un premier chagrin d’amour. 
Il aurait aimé que son père le guide sur d’autres voies, mais ce 
qu’il savait c’est que jamais il n’aurait embrassé la carrière militaire 
de son vieux, bien trop attaché qu’il était à ses amis d’enfance et à 
sa terre natale… 
Alors, il était devenu prêtre, un bon curé de campagne, poète à 
ses heures, un excellent poète. Il passait ses poèmes sur Facebook. 
Qui aurait deviné qu’il était curé ? 
Il n’avait eu hélas que sa mère comme confidente de ses poésies 
parfois surprenantes… et ses amis virtuels. Mais la destinée avait 
décidé qu’elle devait partir la première.
Chapitre 1 Cuite mémorable. 10 
Et il avait commencé à boire puis à continuer de boire et de 
s’arrêter par foi (parfois) un jour avant sa messe. Puis les choses 
avaient évolué, il avait récupéré plusieurs paroisses. Plusieurs 
messes…Impossible de s’arrêter avant l’une plutôt que l’autre… Il 
s’était fâché avec son père qui l’avait traité de sous ecclésiastique 
sans aucune volonté ! 
Et la vie s’était écoulée, messe après messe, prière après prière, 
cognac après cognac, ciboire après ciboire, kermesse, après ker-messe 
où souvent on le reconduisait chez lui… ivre mort. 
Son père venait de mourir et étrangement il se sentait moins seul, 
il s’était donné le droit d’aller au bistro du coin quand il n’avait plus 
pu payer sa chopine, mais surtout, depuis que les pandores avaient 
siégé près des supermarchés. 
Alors au bistro il y allait à pied, et savait que le retour pouvait 
être assisté, notamment par René, snobé ce matin. 
Personne ne pourrait comprendre ce que le notaire lui avait ra-conté 
et ce qu’il avait appris à la lecture du testament de Germain 
Ramier, son père. 
Son esprit embué au naturel avait besoin de ce choc alcoolique 
pour revenir vers une réalité qui bafouait tout ce qu’il avait appris à 
l’école et surtout et ensuite, la réalité de sa foi ! 
Et là tout à coup, au 11ème cognac, il avait imaginé ce qu’il fallait 
faire.
Chapitre 2 Introduction testamentaire. 
La vie étant traîtresse, je vais mentionner mon nom pour ne pas 
tomber dans l’oubli. Je suis celui qui a écrit ces mémoires. Elles 
doivent être confiées à la famille Ramier et à sa descendance. 
Retraité, ancien officier supérieur de réserve de l’armée de terre, 
mon nom est Germain Ramier, 95 ans, je pense avoir toute ma tête. 
Je le sais, mes enfants sont en vie, mais hélas celles que j’ai aimées 
sont en haut à m’attendre ! Elles ne pourront certifier ce que j’ai dé-jà 
écrit, mais ces histoires sont véridiques ! 
Ces mémoires (partiellement de guerre) ne sont à faire lire à mes 
enfants que lors de mon dernier départ… Ma vie a été faite princi-palement 
de départs et de retours. 
J’ai écrit ces souvenirs au fil de ma vie, semaine après semaine, 
car cette carrière de militaire était dangereuse, la vie étant une dé-couverte 
quotidienne qui pouvait conduire à une mort brutale, im-prévue... 
Dans les dernières semaines de ma vie (que j’imagine, car j’ai 
une carcasse à toute épreuve) j’ai modifié certaines réflexions. 
Cette année, où je modifie mes mémoires, peut-être la dernière, 
sachez que ma vie a été un long fleuve d’abnégations, de men-songes 
et de déconvenues à cause de mon fils François l’aîné qui est 
devenu curé et à qui je ne pouvais raconter tout. 
J’ai eu deux autres enfants, que ma femme légitime épousée en 
1949 n’a pas voulu reconnaître. Lorsque j’ai appris ces naissances, 
évidemment je les ai reconnues. L’un est né à Hanoï en novembre 
1947, l’autre à Alger en 1955. J’ai reçu de leurs nouvelles jusqu’à
Chapitre 2 Introduction testamentaire. 12 
ce que ces colonies soient cédées par la France, ma patrie. Les cour-riers 
échangés et des photos sont joints à ce testament. 
François mon fils officiel est né en 1948 en décembre. Me voici 
donc titulaire de 3 destinées dont une seule aura été officielle ! 
Quand les remords vous envahissent et que vous ne pouvez in-verser 
le temps, que vous reste-t’il sinon à donner une image de 
vous, exacte, pas toujours belle, mais qui remet les choses à leur 
place ? 
A partir de ces lignes je laisse ouvertes mes mémoires. Maître 
Arnault expliquera au fur et à mesure mes dépôts testamentaires. 
Bonne lecture mon fils François. Le notaire te transmettra les dos-siers 
à propos de ce document, de l’argent sera à ta disposition dans 
les différentes phases de mes souhaits. A la fin une somme ronde-lette 
te sera donnée ainsi qu’à tes frères, à partager évidemment en 
trois. Je compte sur toi. Merci François.
Chapitre 3 Hanoï 1946 Suite. 
Hanoï, 1946. Un an après le dernier combat en France. Pas 
d’enfants encore, pas de femme ! Qui voudrait d’un militaire tuant 
son prochain ? Combien de fois me suis-je demandé pourquoi je 
m’étais laissé aller encore dans un autre conflit ? 
A chaque médaille gagnée dans l’ordre des conflits, je ressentais 
la confiance de mes supérieurs et j’acceptais d’autres missions plus 
périlleuses. A chaque fois je gagnais un grade… A quel prix ? Celui 
de ma vie ! 
J’étais militaire et la patrie en ce temps-là comptait beaucoup. Je 
ne sais pas dans quel état je pourrais conter la suite de mes autres 
souvenirs ? Vif encore, vivant handicapé, mort à demi ? 
Existons d’abord, à ma manière, dangereusement et que mes en-fants, 
si j’en ai un jour, découvrent un père qu’ils auront peu connu. 
* 
Affectation 23 novembre 1946 Hanoï. 
Arrivée sur place le 20 Décembre après un voyage aérien très 
long, bruyant et secoué. Ce jour d’arrivée, le soir, les pistes liées à 
la négociation d’un retrait des troupes françaises venaient de se 
rompre, suite à une lettre soi-disant égarée. Cette lettre d’Ho Chi 
Minh acceptait une négociation mais avec une date limite, à l’issue 
de laquelle le feu s’abattrait sur la ville. 
Nous sommes arrivés le jour de la réception à Paris de la réponse 
de Ho Chi Minh aux propositions de négociation de Léon Blum. 
Trop tard pour nous les combattants des causes perdues. Trop 
tard pour les négociations…
Chapitre 3 Hanoï 1946 Suite. 14 
Pour nous qui arrivions dans un pays inconnu dans la nuit la plus 
complète, le challenge nous apparaissait terriblement risqué. 
Putain de guerre, gouvernement incompétent, et nous pauvres 
soldats et encadrements dans une tourmente qui n’a pas tardé à se 
déclencher, pendant 8 ans. 
* 
Nous ne connaissions pas l’issue de ce conflit stupide qui aurait 
pu se régler à l’amiable si ces bureaucrates parisiens n’avaient été si 
lents… 
D’autres raisons bien plus stupides pouvaient avoir été à 
l’origine de la perte de cette lettre ! Elles sont dans les interroga-tions 
de la grande Histoire. 
Prise de positions le 21 Décembre 1946 avec des ordres 
d’attaque immédiate sur le Vietminh. Plus d’eau et d’électricité sur 
la ville d’Hanoï ! 
Nous nous sommes positionnés là où les dirigeants locaux nous 
avaient demandé de le faire. 
Ils savaient qu’en nous donnant ces positions ils nous envoyaient 
à l’abattoir ! Les troupes françaises locales, non préparées au der-nier 
ordre reçu, croyaient auparavant en un retrait quasi évident ! 
Rêves de ceux qui suggéraient ce Vietnam français utopique… Ils 
seraient restés avec leurs femmes locales et leurs souvenirs de la 
métropole. 
Il pensait donc que tenant compte de notre arrivée, nous savions 
quoi faire ! 
En tout cas, sanitairement, les brigades locales étaient à moitié 
décimées par la dysenterie et le palu. Certains soldats avaient trouvé 
refuge chez les filles locales, qui par ce biais, récupéraient des nour-ritures 
plus facilement. Elles étaient belles et pas aussi farouches 
que nos Françaises éduquées dans la religion, ou certaines bour-geoises 
rigides !
15 Un trio infernal 
Inutile de décrire le bordel qui régnait parmi les troupes sur 
place ! Un ordre pour une bataille de 2 mois (celle de Hanoï), nous 
le saurons plus tard… Un détail, certes comparé à la précédente 
guerre ! Mais quel désastre dans Hanoï et… pour moi… 
* 
Porté disparu depuis cette mission du 21 décembre, perdu pour la 
patrie ! 
Néanmoins une bonne fée veillait sur moi… une famille viet 
ayant compris que cette guerre n’était qu’un prémice à des désola-tions 
bien plus grandes entre le nord et le sud du Vietnam et que les 
ennemis n’étaient pas seulement Français… mais Chinois, Améri-cains... 
Ils pourraient monnayer mon départ, mais je restais désespéré-ment 
dans le coma depuis 4 mois… Jusqu’à ce baiser sur ma joue : 
le hasard surprenant d’une pensée de moribond… avec 
l’effleurement de la peau d’une magnifique jeune fille ! 
Fini mon absence du monde, bribes de conscience retrouvée 
dans une hutte de feuillage que j’ai devinée dans une brume au tra-vers 
des cheveux de Thiêu Hoa, ma fleur printanière, bienveillante 
au-dessus de moi ! 
Cet abri avait été bâti pour mon seul usage ; j’ai appris au fil des 
jours que c’était elle seule qui l’avait construit autour de mon 
corps, alors criblé de centaines d’éclats d’obus. 
Thiêu Hoa était venu chaque jour pour me soigner, et humecter 
mes lèvres, d’eau et de bouillies vitaminées… Mon corps, désespé-rément 
se cramponnait à un souffle de vie… 
4 longs mois où mon destin ne s’était accroché qu’à un fil ténu ; 
la ténacité de celle que j’appellerai Thia… 
Ce baiser « fraternel » venait de se percuter avec les songes que 
je vivais au ralenti… Mon corps voulait un contact avec le palpable, 
je l’avais eu !
Chapitre 3 Hanoï 1946 Suite. 16 
Ce contact fraternel ou autre, venait de rompre mes liens avec 
l’invisible, cet espace virtuel où vivent ceux qui doivent partir… 
Rien n’aurait pu m’empêcher de survivre après ce baiser surgi du 
néant de la réalité ! 
J’aurais voulu faire des gestes mais ne le pouvais pas, j’aurais 
voulu parler : impossible… Mes pensées fumeuses ne voyaient que 
cette voûte de verdure, dans laquelle filtrait la vie… Oui c’est ça… 
la vie. 
Ce mot restait fixé immobile dans mon espace de pensée avec un 
point d’interrogation, à côté… le mot guerre… point 
d’interrogation… les mots : souffrance, conscience, et « ouverture 
de mes paupières » comme seul ordre surgissant de mon néant. 
Ceci est ma première renaissance de ce long vide peuplé de rêves 
inaccessibles, de ce chemin inextricable qui brassait des montagnes 
d’impuissance au tréfonds de mon moi. 
Tout ceci n’était que la première étape d’un long parcours semé 
d’embûches, d’impatience et de désolation, de persévérance… 
Mais cette halte dans la conscience serait suivie d’autres et 
d’autres encore, jusqu’à la compréhension de la signification de ce 
baiser, de cet effleurement, de cette caresse à mon premier signe 
d’éveil. 
Comme il paraît élémentaire de se lever après une nuit de som-meil 
! Comme il est simple de passer d’une situation horizontale à 
verticale ! Pour moi c’était impossible ! 
Pour réparer l’essentiel, refermer mes blessures physiques, cica-triser 
mes plaies traumatiques, mon organisme s’était engourdi aux 
limites de son pouvoir d’hibernation, en limite de conscience. 
* 
Non je vivrais ! J’étais devenu, depuis peu, de la race des vain-queurs, 
chaque cellule qui recevait de la nourriture désormais trans-formait 
cette substance en énergie, microseconde par microseconde, 
instant de vie après instant de vie.
17 Un trio infernal 
Chaque parcelle de ma mémoire resurgissait du passé et 
s’arrêtait à ce bruit immense, cette déflagration qui me reconduisait 
sans cesse vers ce vide, dont j’avais été extrait par ce baiser frater-nel. 
Chaque jour d’un effort de conscience, m’éloignait de ce préci-pice 
où l’on m’avait jeté… 
J’ai franchi les étapes qui m’avaient conduit à remarcher, puis à 
courir à nouveau. 
Quelques données me manquaient ! Où étais-je né ? Dans quel 
pays ? Car je le comprenais en regardant les gens qui m’entouraient, 
et dans une glace. Je n’étais pas de leur couleur, je n’étais pas des 
leurs ! 
* 
Un jour j’ai compris qui j’étais en retrouvant mes habits lacérés 
de militaire : j’étais sergent de l’armée de terre française. Mon 
nom : Germain Ramier, comme le pigeon… Mon corps avait volé 
au-dessus d’un impact d’obus de l’armée ennemie menée par Ho chi 
Minh ! 
Fin de la bataille d’Hanoï : 18 Février 1947, ils avaient détruit 
l’institut Pasteur ! Il y avait eu 267 morts… moins moi. 
* 
Je suis sorti quelques mois après la fin de la bataille de cette pro-tection 
bienfaisante et amoureuse et me suis rendu en claudiquant 
légèrement vers les centres administratifs locaux. 
La guerre n’était pas finie pour la France, loin de là, mais au vu 
de mon état, je n’étais plus apte aux besoins physiques des sous-officiers 
d’encadrement… 
J’ai été réaffecté en garnison en France en juin 1947 où j’ai suivi 
les EOA : je suis passé brillamment sous-lieutenant. J’avais alors 28 
ans. 
En novembre 1947 dans les courriers que je recevais par voie 
militaire (de celle que j’aimais à l’autre bout du monde et qui
Chapitre 3 Hanoï 1946 Suite. 18 
m’avait sauvé la vie), je percevais des signes de détresse ! La guerre 
locale, l’insécurité, le manque de nourriture, d’argent ? 
J’étais loin de penser à ce qu’allait m’annoncer la lettre qui m’a 
consacré papa d’un jeune bébé mâle, le 2 novembre 1947 ! 
Etre caserné en France à la Rochelle être jeune, à nouveau plein 
de sève me rendait irritable et associable. Cette annonce m’avait 
abasourdie dans un premier temps, car je n’étais pas préparé à une 
telle information, mais m’avait insufflé un courage jamais revenu 
depuis mon départ de Hanoï. 
Je suis parti là-bas par la navette postale de l’armée. Un long 
voyage. 
Cong Minh, mon fils, un mois d’existence, m’attendait dans la 
maison des parents de ma fiancée, car j’étais devenu le fiancé. 
Chồng chưa cưới c, (fiancé) ce mot était nouveau pour moi, et je 
le répétais car le père me pointait du doigt en le prononçant… Sui-vait 
« hôn nhân » (mariage)… 
Je regardais Thiêu Hoa, elle souriait et je souriais moi aussi et 
tout le monde remuait la tête, un sourire forcé et je riais en répétant 
ces mots, bêtement ! J’étais heureux, ivre de Rượu trắng. 
Ils prenaient le bébé et me le donnaient en disant « Cha », et je 
souriais à nouveau en l’embrassant. Quelques mots me revenaient à 
la bouche, cảm ơn các bạn rất nhiều (merci beaucoup), Bầu trời 
hôm nay đẹp (le temps est beau aujourd’hui). 
Nous sommes allés enregistrer la naissance sous administration 
française. 
Cong Minh Ramier était devenu franco-vietnamien né à Hanoï 
de moi, son père Germain Ramier et de Thiêu Hoa… 
* 
Hélas la guerre n’était pas finie et j’étais militaire en garnison de 
la Rochelle. Il fallait que je revienne à la fin de ma permission et le 
mariage avec une Vietnamienne était très mal vu à Hanoï.
19 Un trio infernal 
Je pense que mon fils de là-bas a été le dernier inscrit sur un re-gistre 
de naissance français, à Hanoï. 
Plus sûrement que ne l’aurait fait une séparation, la fin de la 
guerre en1954, nous a fait rompre toutes les relations écrites que je 
cultivais. Je n’avais jamais osé dire à Thiêu Hoa que je m’étais ma-rié 
et François était né en décembre 1948. 
Je rajoute ce souhait à la fin de ma vie : François, je sais que ce 
geste sera dur pour toi mon fils curé bien-aimé : il faut que tu ren-contres 
ton demi-frère Cong Minh et que tu l’informes qu’une part 
d’héritage l’attend : il est peut-être encore à Hanoï. 
Maître Arnault te pourvoira en frais de déplacement… 
Que ton Dieu, celui qui t’habite chaque jour, au point d’avoir 
laissé ton vieux père, te guide dans ce grand pays longiligne où ma 
vie n’a pas voulu m’abandonner. 
Demande lui aussi de m’accorder ton pardon, maintenant que je 
suis aux portes du paradis…
Un Trio Infernal a41 ch 1 à 7 Pierre st Vincent
Chapitre 4 Décisions. 
François était toujours accoudé au comptoir du « Charroux », 
unique troquet du coin et n’arrivait pas à sortir de la catalepsie pro-voquée 
par ses émotions et l’alcool conjugué ! 
Le père François, curé de la paroisse de Bosmie-l’Aiguille, obs-cure 
commune limousine, sentait qu’il était arrivé à la fin de ses ré-flexions 
saumâtres et mortelles. 
Encore une fois Dieu, sans alcool ne lui avait donné que des so-lutions 
dont les besoins matérialistes étaient absents; une fois de 
plus il allait se commettre avec ce mécréant de Georges. 
Il avait fallu qu’il meure, Germain son vieux, pour écrire des 
choses à son attention et pour lui demander de l’absoudre auprès de 
Dieu… 
Plusieurs fois devant la croix, il avait fait appel au divin pour le 
guider. 
« Ton chemin est tracé, avait-il répondu ! ». 
François à 66 ans, n’avait jamais eu de retours pertinents en 
s’adressant à lui, sauf quand il était en limite d’ébriété, alors là, le 
Seigneur était prolifique ! 
Petit détail : pour avoir la totalité d’une réponse, le lendemain il 
devait retrouver le fil en buvant ! 
Au bout d’un moment il s’était aperçu que René et Georges lui 
apportaient des réponses, qui, après quelques cognacs, seulement 4 
ou 5, le satisfaisaient pour la journée. 
René lui amenait des oeufs, la femme de Georges lui faisait des 
petits plats, le tenancier fournissait le liquide.
Chapitre 4 Décisions. 22 
Oui mais dans ce cas qui l’avait amené à boire 11 cognacs, le 
problème n’était pas terre à terre, il était d’un autre ordre. Sa vie 
s’était écoulée sans ambages, dans un monde facile, ordonné où ses 
désirs, exprimés poliment, devenaient des ordres à ceux qui les re-cevaient… 
Exemple : « Il y a plus d’argent dans le tronc, qu’en pensez-vous 
? 
Ce matin, plus d’hosties, plus de vin… ». 
Par miracle, son équipe pourvoyait… 
Oui mais, depuis la mort de son père, il avait un problème qui ne 
pouvait être confié qu’à Georges, à la rigueur René. Il connaissait 
Georges et Georges le connaissait… 
Comment aborder le problème avec lui ? Le bistrotier allait pen-ser 
tout de suite qu’il n’allait pas payer ses 5 cognacs supplémen-taires 
à sa ration journalière « mutuellement acceptée ». 
* 
Là il se trompait, mais il ne fallait surtout pas s’écrouler, en pen-sant 
astucieusement que Georges allait noyer le cognac au fur et à 
mesure ! 
Sauf que là il n’avait pas imaginé que Georges n’allait pas rajou-ter 
l’eau… D’où son état avancé ! 
Au fond de lui, notre père curé se demandait pourquoi il était 
abandonné aujourd’hui par Georges représentant le terre à terre et 
l’autre, père des Cieux, comme son nom l’indiquait… 
Il aurait dû causer à René qui était son support, son étai quand 
son corps le lâchait, mais alors là, ivre mort il avait toute sa verve et 
son esprit, ce matin il sentait qu’il pouvait communiquer avec René, 
Georges et Dieu ! Il était à point ! 
« Putain j’en tiens une sévère, mais il faut que je puisse causer à 
Georges et à Dieu en même temps, là je suis mûr. ». 
A ce stade il bredouille à Georges :
23 Un trio infernal 
« Dis à René qu’il revienne… ». 
Georges qui l’observe se dit que sa conscience revient et qu’il va 
enfin lui avouer son problème. Il court pour rattraper le fermier et 
revient triomphant en disant : 
« Il m’attendait pour que je m’excuse… et bien je l’ai fait ». 
Le curé en voyant réapparaître René : 
« Bon maintenant vous êtes tous là, viens René, tu fais comme 
d’habitude, tu me soutiens physiquement, comme quand je rentre à 
la cure, sauf que là je ne rentre pas avant de vous avoir tout dit ! » 
La coiffe du père tombe, Georges la ramasse et dit en se rele-vant 
: 
« Bon alors tu nous le dis, oui ou non, qu’est ce qui t’a rendu 
comme ça au point que tu dises pas bonjour aux amis ! ». 
René sent le corps de son ami de beuverie qui se lâche soudain. 
« Georges, viens, aide-moi, il y a quelque chose qui a pété dans 
ses guiboles ! » 
François reprend alors ses esprits et hoquetant comme le dernier 
des poivrots, le doigt pointé vers Georges et se retournant vers Re-né, 
déblatère 3 mots… 
« J’ai deux frères… ». 
Puis il sort de l’argent de ses poches et le pose sur le zinc en di-sant 
: 
« Tu vois ça, c’est pour payer mes onze cognacs et pour que l’un 
de vous vienne avec moi au Vietman, non…Au Vietnam, oui ! Là-bas 
en Indo…Chine ? Là où y a des Bouddhas et des roule…ttes de 
printemps… ». 
Il se reprend et dit qu’il va leur faire un poème. 
René regarde Georges l’air égrillard : 
« Si on le balançait dans le Boulou, ça l’éclaircirait un peu, là il 
est gris… mais sombre, tu vois… je dirais anthracite ! ». 
Georges regarde René :
Chapitre 4 Décisions. 24 
« Si on fait ça et que ça se sache, il est fini mon commerce, tu te 
rends compte un curé à la baille ! ». 
Le curé les entend en baissant la tête, et leur dit toujours hoque-tant 
: 
« Je ne plaisante pas mais mon père m’a fait deux demi-frère… 
et légué un tas d’argent » 
René rigole en poussant Georges… 
« Il a deux demi-frère et dire qu’on disait que son père faisait 
jamais les choses à moitié. ». 
Les trois compères s’esclaffent tellement fort que la femme de 
Georges entre. 
« Vous ne le saviez pas, mais depuis sa mort à Germain, tout le 
monde sait que le militaire avait la pointe vive dans sa jeunesse. ». 
Georges qui pouffait de rire se relève : 
« Bon, allez Maria, tu vas à la cuisine, nous on continue la con-versation 
entre hommes, hein père curé ? ». 
* 
Il va derrière la caisse, enfourne l’argent du comptoir, calcule 
rapidement et déclare souriant : 
« Bon alors on est quitte, plus de dettes divines entre nous ! On 
part quand curé chercher tes frères ? Tu es sérieux au moins, moi je 
suis partant, comme ça je vais bien trouver quelques boissons là-bas, 
que je serai le seul à vendre en France et bonjour le pognon !». 
Se mettant en face de René : 
« Un demi ? C’est la maison qui régale… » 
René hochant de la tête, regarde François qui s’est écroulé au 
pied du comptoir : 
« Putain ! Il en avait gros sur la patate ! Tu te rends compte ! 2 
demi-frères ! Et de le savoir à la soixantaine bien sonnée, avec la 
moitié des gens au courant, ça va jaser dans les chaumières. Beh au
25 Un trio infernal 
fait… On en a des asiatiques ici, il pouvait pas se servir sur place ? 
». 
.
Un Trio Infernal a41 ch 1 à 7 Pierre st Vincent
Chapitre 5 Premier Départ. 
Tout allait être prêt dans le gros Toyota de Georges ; Maria pré-parait 
les sandwiches. Il n’attendait plus que le père et René qui fi-nalement 
ayant réalisé la réalité de l’histoire de François avait 
décidé de se joindre à eux. 
Un gros bruit venant de la cure alerte Georges. François arrive 
avec jean délavé et chemisette à carreau, le ventre emballé dans 
l’avant du pantalon, tirant avec peine une valise des années 50 po-sée 
sur un chariot fixé par des sandows. 
René, la cinquantaine, rouge et veiné, arrive à son tour, cas-quette 
de gaucho en équilibre sur le front, la cigarette à moitié fu-mée 
au bec. Il regarde le curé éberlué : 
« Elle était plutôt amincissante ta soutane, tu avais encore de la 
place, tu es sûr que tu vas pas grossir encore ! ». 
René s’examine en écartant les genoux, brossant de la main en 
descendant jusqu’aux Santiags, son look de gaucho méridional. 
« T’as vu la classe ? Les petites Viets elles ont intérêt à se cram-ponner 
! ». 
Georges les observe avec un sourire moqueur. 
« On dirait jamais un curé en vadrouille et un vacher en re-cherche 
d’aventures ! », murmure-t-il ! 
Maria juge les uns et les autres et déclare : 
« Eh beh, tu vois quand tu n’as plus ton tablier et que tu 
t’habilles comme je te le dis, je regrette pas de t’avoir choisi ! ».
Chapitre 5 Premier Départ. 28 
Fier, Georges tourne sur place et remercie, souriant à sa con-jointe, 
se lissant sa moustache à demi grisonnante de la quarantaine 
largement passée. 
Maria sourit de ce geste puéril, reprenant une conversation de la 
veille avec Georges : 
« Je vous signale qu’on est au 21ème siècle et que la charrue 
c’est bien finie… ». 
François qui rangeait sa valise, lui dit sans se retourner : 
« Qu’est-ce qu’elle nous bassine ! Il t’a dit Maria que des avions 
cargos ça coûtait la peau des fesses et nous on n’est pas pressé. ». 
Maria indignée se dirige vers le bar : 
« Tu seras moins fier quand il faudra repasser tes chemises, cu-ré 
! ». 
François, qui n’a pas encore bu de la matinée sinon son café cal-vados, 
rétorque : 
« Je te plains Georges, dis-lui que si on prend le bateau à Mar-seille 
c’est parce qu’on prend le Toyota et qu’on a le temps 
d’arriver là-bas au Vietnam, d’accord ! ». 
Maria s’éloigne de dépit, la rage au coeur… 
Georges se précipite. 
« Maria, c’est le manque, tu le connais, je sais bien que tu as 
compris. Il ne nous faudra pas plus de 2… ou 3 mois pour revenir. 
Je sais, tu voulais venir, mais il faut quelqu’un pour tenir le bistro, 
mais nos plus gros consommateurs sont avec moi ; alors il n’y aura 
pas trop de boulot ! ». 
René qui juge la scène, murmure : 
« Je regrette pas d’être célibataire, les chèvres c’est bien plus 
calme… ». 
Georges revenu, entend la dernière partie de la phrase prononcée 
par René.
29 Un trio infernal 
« Qui insultes-tu dans ta moustache ? Maria ? Tu vas pas revenir 
dessus, Maria et toi c’est du passé OK ! ». 
Le curé les rejoint et leur demande si tout est prêt pour les pa-piers 
de transit, les visas… Ils acquiescent. 
« Alors pas de regrets les gars, vous m’acceptez même sans sou-tane 
! Bon tu mets en route la charrue Georges comme dirait ta 
femme… Bises là, et reviens vers nous sans regrets. Go on y va 
d’accord. On verra bien où on pourra faire des prières, même là-bas. 
».
Un Trio Infernal a41 ch 1 à 7 Pierre st Vincent
Chapitre 6 Bonjour aventure ! 
La moitié de la France venait d’être traversée, le 6 cylindres 
tournait comme une horloge, les 3 compères parlaient abondam-ment 
des nombreux paysages qu’ils voyaient car aucun d’entre eux 
dans leur vie n’avaient dépassé Brive ou Périgueux ou St Léonard… 
Georges était le plus étonné, car aller à Limoges était sa plus 
grande virée. 
On avait déplacé le père curé à Brive, mais il avait tellement était 
oppressé de ne plus voir sa mère que l’évêque avait décidé de le ra-patrier 
à la suite du décès de son successeur, dans sa paroisse de 
L’Aiguille-Bosmie. 
La discussion allait bon train, les esprits s’échauffant à 
l’occasion de mini casse-croûtes arrosés aux équivalents des bou-teilles 
étoilées, autant dire d’infâmes bibines dont Georges connais-sait 
la provenance… Bio, il était bio son vin ! 
Quand il disait ça, René en rajoutait : 
« Sans pesticides tes vins d’accord, mais bio, c’est pas possible. 
D’abord, elles sont où tes vignes ? En Chine ? ». 
Georges rétorquait 
« Oui en Chine ! Et tes vaches au cul mou, elles viennent 
d’où ? ». 
Et la discussion reprenait de plus belle… 
« Du cul de leur mère ! » répondait René, « Elles ont le cul mou, 
mais leur lait est bon pour la santé sans pesticides… ». 
Le curé conduisait le regard fixe, décomposé… Un jour sans 
boire, sans messe, sans…
Chapitre 6 Bonjour aventure ! 32 
Il ne les écoutait pas, et il savait pourquoi parce que s’ils lui po-saient 
la question piège… Il bafouillerait, parce qu’il savait que 
Georges avait le don de le déstabiliser quand il s’agissait de reli-gion. 
Georges avait la foi des gens élevés dans la religion mais dont 
les parents n’allaient plus à la messe. 
René était bouseux et athée. 
Mais lui François qui était en 15 jours, passé de la soutane au 
jeans, de la toque à rien, de 5 cognacs journalier à 1 café calva au 
petit-déjeuner… 
Ce testament l’avait vraiment tourneboulé, abasourdi, surpris ! 
Son père était un héros qui avait été emporté par le fleuve de la 
vie, balayé comme un fétu de paille… 
Toutes ses décorations posées sur son drap mortuaire : médaille 
militaire, croix de guerre 1939-1945, croix de la valeur militaire, 
Légion d’honneur, l’avaient ému, mais découvrir les mémoires de 
son père dans lesquelles il avait 2 frères ! 
Parce qu’il avait choisi la prêtrise, son père avait dû lui mentir 
jusqu’à sa mort… 
Il l’avait nommé comme son fils curé préféré, lui demandant 
d’absoudre tout ce qui avait pu le choquer. Quand on meurt à 95 ans 
on a pu avoir 9 tranches de vies surtout chez un militaire, donc 
beaucoup de choses à réhabiliter ! 
Quelques larmes traîtresses coulent maintenant, alors qu’il 
aborde l’autoroute A9 en direction de Marseille. 
Il ne pouvait lui reprocher d’avoir fait un enfant à une Vietna-mienne… 
Oui, mais maintenant cet inconnu était son frère, à moitié 
bien sûr, et il remuerait ciel et terre au Vietnam pour le trouver ce 
frangin demi-sang. Ses amis, joyeux lurons, allaient l’aider à réduire 
ses beuveries, mais pas seulement… 
Et l’autre frère sur lequel il ne savait rien et surtout pas où il était 
né… Celui-ci avait été fait sans autorisation de sa mère, mais en
33 Un trio infernal 
quel endroit de cette terre. S’il réfléchissait un peu il devinait que 
c’était en Algérie… Un frère Musulman quel drôle de surprise de la 
destinée ! 
Une tape sur l’épaule le sort de ses pensées. 
« Eh ! Tu penses à quoi curé, à ton Jésus ? Tu sais qu’où on va, il 
fait pas bon être chrétien, ton père le savait, c’est pour ça qu’il ne 
t’en a pas parlé du p’tiot Viet ! ». 
« Non je pensais à ce que j’ai lu dans le testament, finalement 
mon père, je ne voulais pas le croire, mais … c’était un héros… 
J’avais 2 héros à la maison. Un sur une croix, mort pour que le 
monde vive, que je n’ai jamais vu et mon père, mort désormais, que 
je n’ai pas connu. J’ai très envie de voir mes frères pour le revoir 
jeune sur des photos qu’ils auraient gardées. ». 
Georges, compatissant, lui enserre l’épaule droite : 
« Tu pleures François ! Toi le curé imperturbable, arrogant, ra-rement 
marrant, tu nous fais du lacrymal… Va, tu peux pleurer, 
mais alors donne-moi le volant, il nous reste combien à faire en 
France ? ». 
« On est à Nîmes ; 150 kms à vue d’oeil ! ». 
* 
François s’arrête sur une aire de repos et tout le monde descend 
pour se dégourdir les jambes. 
Georges en profite pour discuter seul à seul avec François : 
« T’aurais pas fait une connerie dont tu ne peux pas encore par-ler 
? Genre… ». 
René arrive des toilettes, en fermant les boutons de sa braguette. 
« C’est bien beau les pantalons en cuir, c’est résistant, etc… 
Mais alors pour pisser je te dis pas. » 
Georges en riant lui rétorque : 
« T’as pas un sujet plus intéressant, par hasard ! ». 
René est vexé :
Chapitre 6 Bonjour aventure ! 34 
« Tu me cherches Georges ou quoi ? ». 
« Non, mais j’imagine le prochain problème avec la grosse 
commission ! ». 
René se ferme, se r’enculotte et se dirige rapidement vers la voi-ture 
en maugréant : 
« Mes vaches, elles ne me jugent pas, elles ! ».
Un trio infernal. 
Chapitre 7 Embarquement. 
François en pénétrant sur le cargo qui allait les transporter vers 
l’île de la Réunion, puis le Vietnam, pensait qu’il devrait se blinder 
mentalement face aux choix qu’il avait faits… 
Germain Ramier, son père, n’imaginait pas la révélation que ce 
voyage allait faire sur son fils. Tout d’abord la prise en compte des 
souffrances subis par son père sur le plan physique, puis sur le plan 
de ses secrets de famille cachés à cause du statut de prêtre que lui, 
François, avait choisi un peu contre son avis. 
La découverte que son père l’aimait comme son seul fils auprès 
de qui il avait vécu, la religion les ayant séparés ! Quelle histoire ! 
Cette espèce de jeu où il devait replonger dans le passé de son père. 
Maître Arnault ne devait dévoiler la suite du testament que phase 
après phase… Etait-ce un amusement de son âge ? 
Enfin quelque chose de différent se passait, mais là un mort 
l’obligeait, par respect à sortir de son environnement religieux. 
* 
Encore une fois, en pénétrant dans cet immense navire, au début 
de ce long voyage en mer de 45 jours, il ressentait cette angoisse qui 
l’oppressait en préparant ce futur voyage terrestre vers Hanoï à par-tir 
du port d’Hai Phong. 
A sa manière, François expérimentait ce que la vie lui avait em-pêché 
de faire pendant son sacerdoce… 
Il avait caché à ses compères que le coût du voyage avait été di-visé 
par deux car ils voyageaient et dormaient dans le carré 
d’équipage avec pour mission, des corvées secondaires comme la
Chapitre 7 Embarquement. 36 
plonge, les repassages d’habits, les corvées de nettoyage (à une ca-dence 
évidemment inférieure à celle des membres de l’équipage)… 
Ce qui était parfait, était que seuls les membres de l’encadrement 
parlaient français, certains étaient Vietnamiens. Ils étaient donc iso-lés 
et tranquilles. 
René était aux anges de découvrir les conditions de son voyage, 
Georges n’était pas surpris de la manière dont son prêtre les avait 
piégés. 
* 
Les corvées commençaient à faire leur effet sur le sommeil des 
compères et ils n’avaient que rarement l’occasion de se chamail-ler… 
Plusieurs semaines venaient de se passer et ils commençaient à 
devenir des auxiliaires aguerris… 
* 
Georges tournait autour du pot depuis une dizaine de jours, mais 
François ne disait rien de ce que voulait entendre « son ami », car le 
travail les avaient tous rapprochés comme les trois mousquetaires. 
Ils voulaient mieux se connaître. Les parties de cartes se terminaient 
souvent avec une bonne cuite ! Peu à peu ils reprenaient leurs 
vieilles habitudes ! 
L’ennui du voyage et la mer, toujours l’eau, les avaient conduits 
à nouveau sur les chemins d’autres liquides, alcoolisés ceux-là. Le 
capitaine les avait prévenus que s’ils continuaient, il n’aurait 
d’autres solutions que de les déposer à l’une de leurs escales. 
Ces semonces à répétitions les avaient conduit à se séparer de la 
moitié des bouteilles consommées, puis encore la moitié... 
Ivres, le temps n’avait pas de signification en termes d’ennui. A 
jeun le temps se traînait. 
Jusqu’au jour où Georges avait mis les pieds dans le plat.
37 Life Source Quest. Complotseden 
« François, mon curé, pourquoi as-tu laissé tomber ta soutane, 
ton couvre-chef, j’aperçois à peine la croix, que s’est-il passé ? On 
est copain maintenant, alors on veut savoir ? ». 
François se lève, pathétique : 
«Mes amis, j’ai été défroqué, l’alcool avait fait de moi une 
loque. J’ai été convoqué et semoncé. On m’a enlevé ma cure. 
La mort de mon père a été la goutte de trop et le catalyseur de 
mes débordements. Que pouvais-je faire sinon accepter. Une mise 
en retraite forcée somme toute, 66 balais, avec pour objectif la perte 
de mon addiction à l’alcool. 
Encore une fois à cause de l’alcool, nous avons eu des remarques 
cette semaine ! 
Nous devons devenir raisonnables ? Nous avons l’âge pour 
l’être ! ». 
* 
Ce long voyage en mer donnait à chacun le droit de s’exprimer 
de découvrir les zones d’ombres qu’ils n’auraient jamais pu éclair-cir 
dans leurs beuveries de comptoir. 
Georges continuait : 
« C’est pas possible ? Ils auraient dû me demander, l’évêché ! Je 
suis le centre économique de Charroux ! Avant y avait le forgeron 
et l’épicier, maintenant si je disparais, fini le village. Plus de poste, 
ils m’ont demandé de faire dépôt de timbres, et de courrier. Me faire 
disparaître nôtre curé, c’était me faire trépasser, moi ; ils y ont 
même pas pensé ! ». 
René intervient à ce moment en se pointant du doigt : 
« Eh oh Georges, et moi je compte pour du beurre ? ». 
Georges sourit et continu : 
« Bien sûr que tu comptes mais admets que tu n’avais pas le Bon 
Dieu avec toi, et lui François, j’étais sûr qu’il l’avait. ».
Chapitre 7 Embarquement. 38 
François, le regard pétillant baissé préparant un acte de contri-tion, 
répond moqueur : 
« Ouais Georges, mais toi il t’a pas écouté Jésus, ni moi… 
D’ailleurs, je comprends toujours pas, quand j’étais un peu chargé, 
il me causait j’en suis sûr ! Remarque, vu que je suis défroqué, je 
me demande ce qu’il en pense. Là par exemple ces derniers temps 
que j’avais repris l’alcool…rien ! Rien ! Nada… ». 
René qui écoutait avec intérêt ayant le front froncé dans une pro-fonde 
réflexion, l’interrompt. 
« François, moi je sais ! ». 
Georges et François étonnés le regarde avec interrogation et ré-pondent 
ensemble : 
« Tu sais, toi, une réponse à un problème religieux ! ». 
François reprend : « Alors tu nous dis… ! ». 
René surpris de l’intérêt de François, répond du tac au tac : 
« Le cognac ! ». 
« Quoi le cognac ? ». 
« Putain, mais vous comprenez rien ! Le cognac, oui, François, 
ça fait combien de temps que tu ne bois plus tes 5 Martel 3 étoiles ? 
Georges… je te signale qu’il les noyait à l’eau bénite. ». 
Georges commence à s’énerver… 
« Dis René tes vaches, tes chèvres et ton lait, j’ai jamais contrôlé 
ce que tu faisais ! Mon cognac béni, M le curé causait au bon Dieu 
après, et moi j’étais fier ! C’est pour cela que je le lui offrais… Bon 
on va pas s’énerver ! ». 
François reprend l’avantage : 
« Tu sais René, je le savais qu’il le bénissait son cognac ! Si 
j’avais su qu’il le faisait avec mon eau bénite ça m’aurait expliqué 
beaucoup de chose… De toute manière je suis défroqué maintenant 
si le seigneur veut me causer, il le fera, d’ailleurs je ne le compre-nais 
pas souvent. ».
39 Life Source Quest. Complotseden 
Georges et René commencent à bailler de concert : 
« Si on se faisait une petite sieste… ». 
René reprend : 
« P….. Ça fait plaisir de se dire tout entre amis… pas vrai 
Georges, tu n’imaginais quand même pas que c’était l’eau bé-nite 
? ». 
Ils partent tous d’un grand éclat de rire. 
François profite de cet instant pour placer son petit commen-taire 
: 
« Saviez-vous que je suis aussi poète mes amis ! ». 
René et Georges qui avaient engagé quelques pas pour rejoindre 
leur couche se retournent. Georges rétorque sarcastique : 
« Un curé poète ! C’est pas possible, il ne nous manquait plus 
que ça !!! ». 
« Dommage, j’avais un poème sur l’amitié, et comme on était 
devenus amis ! ». 
René reprend : 
« Tu as fait un poème sur notre amitié ? ». 
« Non plus globalement. Allez je vous le fais…». 
François se lève et déclame son poème, regardant ses amis les 
bras tendus vers eux. 
« Amitié, 
Serait-ce l’amour ? 
Peut-être… 
La passion ? 
La tendresse 
La folie ? 
Que nenni !
Chapitre 7 Embarquement. 40 
L’amitié se construit, 
Elle est la goutte d’eau 
Qui deviendra ruisseau… 
Elle est subtile 
Se glisse dans les coeurs 
Sans jalousie 
Ni rancoeur 
Infinie et rare 
Confiante et généreuse 
Inaltérable 
Inusable 
Réconfortante et partagée 
Ici, réside son secret ! 
Plus rare que l’amour, 
Plus forte que le temps, 
Raisonnable dans l’instant 
Amitié 
Tu es la semence qui ne meurt jamais, 
Tu es l’appui à jamais respecté, 
Tu es la cohérence, 
La fleur de l’existence… 
Tu es la pierre angulaire 
D’une vie où règne le partage.
41 Life Source Quest. Complotseden 
Tu es un joyau précieux 
Aussi pur que nos yeux… 
Tu es, 
Deux coeurs en osmoses ! 
Un lien démesuré 
Qui traverse le temps 
Durant infiniment… ». 
René qui commençait à se marrer au début, semblait très ému à 
la fin… 
Georges interpellé par cette ode, reste muet quelques secondes, 
puis reprenant le dessus lui dit d’une voix vibrante : 
« Tu m’aurais dit que tu étais poète, je serais venu à la messe et 
t’aurais eu droit en plus de tes cognacs à mon vin bio ! Maria était 
au courant ? Non, je préfère. Là tu me bluffes François ! Sur ce, 
bonne sieste à tous. ». 
* 
Qu’il était long ce voyage, long et ennuyeux : le père curé et ses 
poèmes, René et ses vaches (il en rêvait chaque nuit), Georges qui 
pensait à sa Maria et surtout à sa recette, sa caisse et sa monnaie et 
les soirs de fêtes quelques billets de 200€ ! 
Le pire c’était l’époque de la kermesse, plus de curé, et plus de 
clients. Il n’y avait pas que des chrétiens dans la commune mais à la 
kermesse le prix du vin était ridicule, alors ils y allaient tous. 
François qui n’officiait plus, écrivait des poèmes sur les femmes 
qu’il n’avait pas eues et surtout sur celle qu’il aurait pu avoir… et 
sur tous les sujets qui lui passaient par la tête. 
Quand il osait, il leur déclamait un poème philosophique sur la 
vérité, sur la colère, sur la guerre d’Ukraine qui battait son plein, sur
Chapitre 7 Embarquement. 42 
Gaza qui mourait sous les bombes ennemies, sur les images qu’il 
voyait sur Facebook au temps où il était sur terre et dans sa cure. 
Il ne les faisait pas trop compliqués, car il connaissait son audi-toire… 
Il avait réussi à intéresser ses amis sur un poème sur une île 
qu’il avait vu au large d’une terre et puis sur Éole, le Dieu du 
vent… 
Chaque soir Georges lui disait par fraternité, depuis le poème sur 
l’amitié : 
« Tu nous as fait quoi comme chef d’oeuvre ce soir ? ». 
Le curé répondait par exemple : « Eole ! ». 
« Quoi Eole ? ». 
« Eole le dieu grec du vent dans la mythologie! ». 
Georges répondait « Ah bon ! Encore un que je connaissais pas ? 
Alors vas-y ! ». 
Alors François vibrait de tout son corps, le vent agitait ses bras et 
il vivait son poème : 
« Eole… 
Du plus petit zéphyr au simoun brûlant, 
Du plus petit pet qui caresse l’instant, 
A de terribles et puissants déchaînements, 
Ton arsenal de destruction est… ahurissant. 
L’homme t’observe, cherchant obstinément 
D’où viennent tes racines de dément… 
Une conclusion simple s’impose résolument ; 
Tu t’appuies sur du vent… évidemment ! 
Et la boucle est bouclée, peu importe ses clones,
43 Life Source Quest. Complotseden 
Ceux que l’homme a déclenchés avec ses bombes, 
Comme ses champignons, tachés de tant de tristes tombes… 
Il continue sa route bordée de doux cyclones… 
Vents du nord, rafales d’ouest ou d’orient, 
Ne soyez pas en reste… soupirez ardemment ! 
Votre père de pensées, Eole, est parti à l’école, 
Ses amis soufflants lui ont appris, un nouveau protocole… 
Du froid du vent du nord, aux vents catabatiques, 
Des vents ardents du sud, à ceux de l’antarctique, 
Il apprend de nouvelles versions brûlantes de folies ; 
Cyclones enlacés, typhons endiablés, terrifiants tsunamis ! 
La terre les entraîne dans sa rotation perpétuelle ! 
De voies tracées très droites, le vent dévie des siennes, 
S’enfonçant dans la tourmente de cimes de gratte-ciel, 
S’enlaçant… dans les pales blanches de femmes éoliennes… 
Souffle vent de tempête, de l’amour ou de la guerre 
Qui peut arrêter ta course affolante ? 
Ta destruction impressionnante ? 
Sinon l’attente, de ta fin de colère… ». 
Ensuite Georges l’envoyait à sa femme par la poste du bateau. 
« Ce soir j’ai vu une île mais j’ai pas pu t’inviter dessus car 
c’était une île de gardien, mais lis, c’est beau, ton absence me trans-cende 
Maria.
Chapitre 7 Embarquement. 44 
Mon île… 
Je te regarde au loin affleurant de rochers 
Battue de vagues folles par la mer sans arrêt 
Eblouissante et forte au milieu des marées, 
Etrange et solitaire au coeur de tes attraits… 
Une île un peu comme une araignée 
Qui tisse sa toile de brumes isolées, 
Dont l’ancre sans fond, cramponnée à la terre 
Annonce tant de voiles et d’histoires de mystères 
Tu resplendis au loin dans ton coffret d’airain… 
Lorsque brille ton dieu Râ, qui là-bas te rejoint, 
Tes barrières de brisants se nacrent en embruns, 
Reflétant tes couleurs de granits et de bruns… 
Je suis un vieux marin perclus de tant d’années, 
Bien trop souvent passées, sur tes flancs démontés 
Surveillant, dans ce phare, de tes pierres bâties, 
Le regard souvent tourné… 
Vers cette terre… où tu me vois assis… ». 
Georges écrivait, écrivait, sombrant dans l’ennui. 
« Récemment le père curé s’y est mis lui aussi. Seul René pleure 
en pensant à ses vaches. Des fois on ne peut pas s’empêcher d’avoir 
une larme. Ce voyage me fait connaître des trucs Maria tu ne peux 
pas savoir, j’ai l’impression de sentir mon cerveau gonfler ! 
Tiens je te donne le texte de François, maintenant on est ami, 
plus de soutane entre nous…
45 Life Source Quest. Complotseden 
Il continuait à écrire inlassablement ! 
Alors le voilà j’en ai fait une photocopie c’est un peu compliqué 
mais c’est beau. Je te cache pas que j’avais jamais vu la vie sous cet 
aspect : 
Carpe diem… La vie 
Vivons le jour ! 
Vivons l’instant ! 
La vie est une fleur regardant le temps. 
Elle est un mouchoir de larmes, s’agitant ! 
Il faut l’accueillir et puis la recueillir. 
Il faut la cueillir face au néant. 
L’aimer dans sa brutalité, 
L’aider dans sa complexité, 
La cajoler dans sa diversité… 
Lorsqu’elle ouvre les yeux 
Les brumes se dissipent, 
Les rêves s’estompent… 
Les pensées s’effilent en pelote, 
Puis s’affinent… 
Les idées défilent… 
Les synapses épurent le levant. 
Les sentiments réveillent 
Les pensées du couchant, 
S’habillant du moment…
Chapitre 7 Embarquement. 46 
Le corps s’anime ! 
Fin du sommeillant ! 
Les bras s’étirent dans l’espace 
Comme les corolles d’une fleur … 
L’aurore se défile. 
Le jour revient, 
Carpe Diem… 
C’est beau même si tu n’en comprends pas la moitié, ici François 
nous a expliqué. Je te jure que c’est beau. Déjà Carpe diem c’est 
magique. Bon à demain. » 
* 
« Ah oui, aujourd’hui ton Georges s’est fendu en pensant à toi 
ma douce, là-bas au Charroux en train de causer peut être de nous et 
déclamant nos poèmes, mais celui-ci il sera rien que pour nous 
deux… Là c’est vraiment ma poésie profonde, tu le sens hein ma 
mie, tu vois de quoi je parle : 
Le vrai chemin 
Tu m’as donné l'amour, je vis auprès de toi… 
Tu es ma femme, mon amie, ma compagne. 
Les jours avec toi sont sans peine et sans hargne… 
Ce soir dans mon sommeil, 
Je m'en irai par les chemins bénis de la tendresse 
Je briserai le temps qui nous séparerait, 
J’enfermerai nos instants de folies,
47 Life Source Quest. Complotseden 
Dans l’espace clos de la mélancolie, 
Je pénétrerai dans l’iris de tes yeux, 
Pour y cueillir les instants merveilleux… 
Je caresserai nos pensées insondables, 
J’enfoncerai, mes voeux dans les sillons du sable, 
Longuement labouré de nos folles ivresses. 
Je m’effondrerai, grisé d’un bonheur ineffable 
Sur les braises ardentes de nos tendres caresses… 
J’écouterai les cieux, empreints de tes longs spasmes 
Accompagnant mes cris, délirants de fantasmes… 
Je m’apaiserai enfin sur les bords du rivage 
Conduisant calmement à la fin de nos âges… 
Tout ceci est rêverie, images et chimères, 
Notre vie fut très sage, parsemée de misères 
Bordée de la présence douce de nos tendres enfants 
Et de ces songes insensés de mes pensées d’amant… 
Ce soir dans mon sommeil, 
Je m'en irai par les vrais chemins bénis… de la tendresse… ». 
« Bon aujourd’hui on arrive à Hai Phong paraît-il avant 18 h, je 
te laisse, car il va falloir tout rassembler et c’est là que commence 
l’aventure. Salut ma Maria ! Je suis totalement excité de voir tout 
ça. 
Encore un avant de débarquer ! Là le curé a fait très fort, mais, 
celle-là parce qu’on commençait à franchement s’ennuyer !
Chapitre 7 Embarquement. 48 
« Mélancolie. 
Instant de tristesse, 
Moment de solitude, 
Une larme traîtresse 
Coule sur ma quiétude… 
Étrangère à ce monde, 
Incomprise de tous 
Univers inconnu, 
Voilà, j'y suis perdu… 
Je plonge et me meurs 
Là où les fées m'effleurent, 
Là où vibrent les fleurs 
Et où sèchent mes pleurs… 
Hors de moi, incertitudes ! 
Loin de moi, inquiétudes ! 
Quelques jours dans la vie 
Tu m’envahis… mélancolie... ».

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Un Trio Infernal a41 ch 1 à 7 Pierre st Vincent

  • 1. Pierre St Vincent UN TRIO INFERNAL
  • 2. PENSEES La Terre n'appartient à personne ! Il faut juste penser qu'elle est en vie par notre présence. Elle vit ses pulsations que nous ne comprenons pas, Elle ignore les nôtres... Nos échanges sont faits par rapport à nous humains. Nous pensons qu'elle, la Terre, pourrait nous supporter éternel-lement... Nous sommes liés à elle par des liens du temps... Nos racines ne sont que le fait du hasard... Nos territoires et nos maisons ne sont bâtis que sur le sang de nos ancêtres... Si la terre nous rejette c'est parce que nous y vivons... Tout n'est pas immuable et établi... Nous sommes des nomades et rien de plus à l'aune du temps.
  • 3. Chapitre 1 Cuite mémorable. « Bon dieu qu’est-ce qu’ils leur ont mis, j’ai cru que le stade… ! ». René s’arrête brusquement, titube en pénétrant dans Le Char-roux, le seul troquet à 100 lieues à la ronde, les mains enserrant sa tête, le regard malicieux, la truffe vermeille du paysan qui a passé sa vie au soleil et au vent. « Putain mais qu’est ce qui t’arrive Curé, que fais-tu au bistro si tôt ! Je suis sûr…». François, le prêtre de la paroisse est accoudé, le regard vide, sa bonne panse coloniale en avant, habillé à l’ancienne, vieille soutane élimée, sa coiffe de fidèle au bon vieux sacerdoce, de travers. Le cabaretier fait un signe à René un doigt sur la bouche lui assi-gnant par un geste théâtral de s’asseoir à sa place habituelle en se taisant. René, interrogatif, immobile soudain, fronce les sourcils, regarde à nouveau le curé et le tenancier sans comprendre. Georges le bistrotier lève les mains, menaçantes, le regard rouge de retenue, marmonnant au fond de lui : « Assied-toi et ferme ta grande gueule… ». René ne comprend plus : pourquoi l’empêche-t-on, lui, René, consommateur assidu du zinc de ne pas laisser exprimer la verve naturelle ! Il se retourne titubant et vivement fait un geste significativement désagréable à Georges… Tout s’est fait en 30 secondes, le temps au curé de faire un signe incitant le patron à lui resservir un cognac…
  • 4. Chapitre 1 Cuite mémorable. 8 « Encore un ! Mais vous êtes déjà plus saoul qu’un polonais… sauf votre respect mon père ! ». Il tend la main droite vers la bouteille laissée sur le comptoir, et comme pour être pardonné par le Dieu des tenanciers, tente de re-prendre la conversation espérant provoquer une réaction d’intérêt du monseigneur. « Ma femme vous a préparé votre linge de corps et votre belle soutane, dans l’état où je vous vois, je pensais que vous vouliez vous changer… ». Pas de réaction. Le regard plus vide que la bourse du poivrot qui venait de ressortir en râlant, le père curé siphonnait son 10ème co-gnac, à 10 heures du matin, au moment de la messe ! Craignant sa colère, le tenancier reprend son travail, le plus dé-sagréable : tremper les verres laissés sur le comptoir, les essuyer tout en surveillant l’ecclésiastique du coin de l’oeil. Tout en faisant cette dure besogne, il surveille l’entrée du café, où, comme d’habitude, les consommateurs ne se précipitaient pas. Le curton commençait franchement à le gonfler ! Il allait encore lui dire en partant, prenant le ton de Fernandel et le pointant du doigt. « Georges, ta femme est une sainte, mais toi tu es un mécréant ! As-tu payé le denier du culte ? ». Il le regardait partir et pour ne pas perdre l’argent non reçu du curé, il rajoutait de l’eau dans les boissons au point que celles-ci devenaient des cauchemars pour les autres. Georges rougissait lors-qu’ils lui disaient. « Georges eh ! Il est en vacances notre Don Camillo ? ». Ça voulait tout dire, ce que les gens ne voulaient pas dire par pur humanisme : ton vin est bizarre, ton cognac, c’est de la bibine°! *
  • 5. 9 Un trio infernal Ce matin, il lui avait filé son cognac à 30° (déjà baptisé avec l’eau du robinet) puis à 25° béni (avec l’eau bénite du Don Camillo) puis il avait arrêté, regardant avec tristesse ses bénéfices s’effondrer. Si sa femme n’avait pas été la fille du droguiste, ami du curé, il aurait sans problème viré ce pochtron, envoyé de Dieu de mes deux, comme il se plaisait à le marmonner, quand ce dernier sortait. Georges n’était courageux qu’en paroles, comme tous les gens en dessous du 43ème parallèle ! * Ce matin-là, personne de la paroisse ne pouvait deviner ce que la mort de son père avait déclenché en ce brave prêtre ! Personne, car il n’avait, et il le disait bien fort dans ses sermons, que des ouailles sans âme et sans culture aucune, qu’il évitait dans la rue… Seul lui restait Georges comme confident, mais pour d’autres raisons ! Sa mère était morte la première, mais un serviteur de Dieu ne pouvait pas dire ce qu’il pensait, Jésus était son maître ! Il ne pou-vait pleurer et surtout en parler à son père… * Quarante ans auparavant il avait choisi d’être séminariste après un premier chagrin d’amour. Il aurait aimé que son père le guide sur d’autres voies, mais ce qu’il savait c’est que jamais il n’aurait embrassé la carrière militaire de son vieux, bien trop attaché qu’il était à ses amis d’enfance et à sa terre natale… Alors, il était devenu prêtre, un bon curé de campagne, poète à ses heures, un excellent poète. Il passait ses poèmes sur Facebook. Qui aurait deviné qu’il était curé ? Il n’avait eu hélas que sa mère comme confidente de ses poésies parfois surprenantes… et ses amis virtuels. Mais la destinée avait décidé qu’elle devait partir la première.
  • 6. Chapitre 1 Cuite mémorable. 10 Et il avait commencé à boire puis à continuer de boire et de s’arrêter par foi (parfois) un jour avant sa messe. Puis les choses avaient évolué, il avait récupéré plusieurs paroisses. Plusieurs messes…Impossible de s’arrêter avant l’une plutôt que l’autre… Il s’était fâché avec son père qui l’avait traité de sous ecclésiastique sans aucune volonté ! Et la vie s’était écoulée, messe après messe, prière après prière, cognac après cognac, ciboire après ciboire, kermesse, après ker-messe où souvent on le reconduisait chez lui… ivre mort. Son père venait de mourir et étrangement il se sentait moins seul, il s’était donné le droit d’aller au bistro du coin quand il n’avait plus pu payer sa chopine, mais surtout, depuis que les pandores avaient siégé près des supermarchés. Alors au bistro il y allait à pied, et savait que le retour pouvait être assisté, notamment par René, snobé ce matin. Personne ne pourrait comprendre ce que le notaire lui avait ra-conté et ce qu’il avait appris à la lecture du testament de Germain Ramier, son père. Son esprit embué au naturel avait besoin de ce choc alcoolique pour revenir vers une réalité qui bafouait tout ce qu’il avait appris à l’école et surtout et ensuite, la réalité de sa foi ! Et là tout à coup, au 11ème cognac, il avait imaginé ce qu’il fallait faire.
  • 7. Chapitre 2 Introduction testamentaire. La vie étant traîtresse, je vais mentionner mon nom pour ne pas tomber dans l’oubli. Je suis celui qui a écrit ces mémoires. Elles doivent être confiées à la famille Ramier et à sa descendance. Retraité, ancien officier supérieur de réserve de l’armée de terre, mon nom est Germain Ramier, 95 ans, je pense avoir toute ma tête. Je le sais, mes enfants sont en vie, mais hélas celles que j’ai aimées sont en haut à m’attendre ! Elles ne pourront certifier ce que j’ai dé-jà écrit, mais ces histoires sont véridiques ! Ces mémoires (partiellement de guerre) ne sont à faire lire à mes enfants que lors de mon dernier départ… Ma vie a été faite princi-palement de départs et de retours. J’ai écrit ces souvenirs au fil de ma vie, semaine après semaine, car cette carrière de militaire était dangereuse, la vie étant une dé-couverte quotidienne qui pouvait conduire à une mort brutale, im-prévue... Dans les dernières semaines de ma vie (que j’imagine, car j’ai une carcasse à toute épreuve) j’ai modifié certaines réflexions. Cette année, où je modifie mes mémoires, peut-être la dernière, sachez que ma vie a été un long fleuve d’abnégations, de men-songes et de déconvenues à cause de mon fils François l’aîné qui est devenu curé et à qui je ne pouvais raconter tout. J’ai eu deux autres enfants, que ma femme légitime épousée en 1949 n’a pas voulu reconnaître. Lorsque j’ai appris ces naissances, évidemment je les ai reconnues. L’un est né à Hanoï en novembre 1947, l’autre à Alger en 1955. J’ai reçu de leurs nouvelles jusqu’à
  • 8. Chapitre 2 Introduction testamentaire. 12 ce que ces colonies soient cédées par la France, ma patrie. Les cour-riers échangés et des photos sont joints à ce testament. François mon fils officiel est né en 1948 en décembre. Me voici donc titulaire de 3 destinées dont une seule aura été officielle ! Quand les remords vous envahissent et que vous ne pouvez in-verser le temps, que vous reste-t’il sinon à donner une image de vous, exacte, pas toujours belle, mais qui remet les choses à leur place ? A partir de ces lignes je laisse ouvertes mes mémoires. Maître Arnault expliquera au fur et à mesure mes dépôts testamentaires. Bonne lecture mon fils François. Le notaire te transmettra les dos-siers à propos de ce document, de l’argent sera à ta disposition dans les différentes phases de mes souhaits. A la fin une somme ronde-lette te sera donnée ainsi qu’à tes frères, à partager évidemment en trois. Je compte sur toi. Merci François.
  • 9. Chapitre 3 Hanoï 1946 Suite. Hanoï, 1946. Un an après le dernier combat en France. Pas d’enfants encore, pas de femme ! Qui voudrait d’un militaire tuant son prochain ? Combien de fois me suis-je demandé pourquoi je m’étais laissé aller encore dans un autre conflit ? A chaque médaille gagnée dans l’ordre des conflits, je ressentais la confiance de mes supérieurs et j’acceptais d’autres missions plus périlleuses. A chaque fois je gagnais un grade… A quel prix ? Celui de ma vie ! J’étais militaire et la patrie en ce temps-là comptait beaucoup. Je ne sais pas dans quel état je pourrais conter la suite de mes autres souvenirs ? Vif encore, vivant handicapé, mort à demi ? Existons d’abord, à ma manière, dangereusement et que mes en-fants, si j’en ai un jour, découvrent un père qu’ils auront peu connu. * Affectation 23 novembre 1946 Hanoï. Arrivée sur place le 20 Décembre après un voyage aérien très long, bruyant et secoué. Ce jour d’arrivée, le soir, les pistes liées à la négociation d’un retrait des troupes françaises venaient de se rompre, suite à une lettre soi-disant égarée. Cette lettre d’Ho Chi Minh acceptait une négociation mais avec une date limite, à l’issue de laquelle le feu s’abattrait sur la ville. Nous sommes arrivés le jour de la réception à Paris de la réponse de Ho Chi Minh aux propositions de négociation de Léon Blum. Trop tard pour nous les combattants des causes perdues. Trop tard pour les négociations…
  • 10. Chapitre 3 Hanoï 1946 Suite. 14 Pour nous qui arrivions dans un pays inconnu dans la nuit la plus complète, le challenge nous apparaissait terriblement risqué. Putain de guerre, gouvernement incompétent, et nous pauvres soldats et encadrements dans une tourmente qui n’a pas tardé à se déclencher, pendant 8 ans. * Nous ne connaissions pas l’issue de ce conflit stupide qui aurait pu se régler à l’amiable si ces bureaucrates parisiens n’avaient été si lents… D’autres raisons bien plus stupides pouvaient avoir été à l’origine de la perte de cette lettre ! Elles sont dans les interroga-tions de la grande Histoire. Prise de positions le 21 Décembre 1946 avec des ordres d’attaque immédiate sur le Vietminh. Plus d’eau et d’électricité sur la ville d’Hanoï ! Nous nous sommes positionnés là où les dirigeants locaux nous avaient demandé de le faire. Ils savaient qu’en nous donnant ces positions ils nous envoyaient à l’abattoir ! Les troupes françaises locales, non préparées au der-nier ordre reçu, croyaient auparavant en un retrait quasi évident ! Rêves de ceux qui suggéraient ce Vietnam français utopique… Ils seraient restés avec leurs femmes locales et leurs souvenirs de la métropole. Il pensait donc que tenant compte de notre arrivée, nous savions quoi faire ! En tout cas, sanitairement, les brigades locales étaient à moitié décimées par la dysenterie et le palu. Certains soldats avaient trouvé refuge chez les filles locales, qui par ce biais, récupéraient des nour-ritures plus facilement. Elles étaient belles et pas aussi farouches que nos Françaises éduquées dans la religion, ou certaines bour-geoises rigides !
  • 11. 15 Un trio infernal Inutile de décrire le bordel qui régnait parmi les troupes sur place ! Un ordre pour une bataille de 2 mois (celle de Hanoï), nous le saurons plus tard… Un détail, certes comparé à la précédente guerre ! Mais quel désastre dans Hanoï et… pour moi… * Porté disparu depuis cette mission du 21 décembre, perdu pour la patrie ! Néanmoins une bonne fée veillait sur moi… une famille viet ayant compris que cette guerre n’était qu’un prémice à des désola-tions bien plus grandes entre le nord et le sud du Vietnam et que les ennemis n’étaient pas seulement Français… mais Chinois, Améri-cains... Ils pourraient monnayer mon départ, mais je restais désespéré-ment dans le coma depuis 4 mois… Jusqu’à ce baiser sur ma joue : le hasard surprenant d’une pensée de moribond… avec l’effleurement de la peau d’une magnifique jeune fille ! Fini mon absence du monde, bribes de conscience retrouvée dans une hutte de feuillage que j’ai devinée dans une brume au tra-vers des cheveux de Thiêu Hoa, ma fleur printanière, bienveillante au-dessus de moi ! Cet abri avait été bâti pour mon seul usage ; j’ai appris au fil des jours que c’était elle seule qui l’avait construit autour de mon corps, alors criblé de centaines d’éclats d’obus. Thiêu Hoa était venu chaque jour pour me soigner, et humecter mes lèvres, d’eau et de bouillies vitaminées… Mon corps, désespé-rément se cramponnait à un souffle de vie… 4 longs mois où mon destin ne s’était accroché qu’à un fil ténu ; la ténacité de celle que j’appellerai Thia… Ce baiser « fraternel » venait de se percuter avec les songes que je vivais au ralenti… Mon corps voulait un contact avec le palpable, je l’avais eu !
  • 12. Chapitre 3 Hanoï 1946 Suite. 16 Ce contact fraternel ou autre, venait de rompre mes liens avec l’invisible, cet espace virtuel où vivent ceux qui doivent partir… Rien n’aurait pu m’empêcher de survivre après ce baiser surgi du néant de la réalité ! J’aurais voulu faire des gestes mais ne le pouvais pas, j’aurais voulu parler : impossible… Mes pensées fumeuses ne voyaient que cette voûte de verdure, dans laquelle filtrait la vie… Oui c’est ça… la vie. Ce mot restait fixé immobile dans mon espace de pensée avec un point d’interrogation, à côté… le mot guerre… point d’interrogation… les mots : souffrance, conscience, et « ouverture de mes paupières » comme seul ordre surgissant de mon néant. Ceci est ma première renaissance de ce long vide peuplé de rêves inaccessibles, de ce chemin inextricable qui brassait des montagnes d’impuissance au tréfonds de mon moi. Tout ceci n’était que la première étape d’un long parcours semé d’embûches, d’impatience et de désolation, de persévérance… Mais cette halte dans la conscience serait suivie d’autres et d’autres encore, jusqu’à la compréhension de la signification de ce baiser, de cet effleurement, de cette caresse à mon premier signe d’éveil. Comme il paraît élémentaire de se lever après une nuit de som-meil ! Comme il est simple de passer d’une situation horizontale à verticale ! Pour moi c’était impossible ! Pour réparer l’essentiel, refermer mes blessures physiques, cica-triser mes plaies traumatiques, mon organisme s’était engourdi aux limites de son pouvoir d’hibernation, en limite de conscience. * Non je vivrais ! J’étais devenu, depuis peu, de la race des vain-queurs, chaque cellule qui recevait de la nourriture désormais trans-formait cette substance en énergie, microseconde par microseconde, instant de vie après instant de vie.
  • 13. 17 Un trio infernal Chaque parcelle de ma mémoire resurgissait du passé et s’arrêtait à ce bruit immense, cette déflagration qui me reconduisait sans cesse vers ce vide, dont j’avais été extrait par ce baiser frater-nel. Chaque jour d’un effort de conscience, m’éloignait de ce préci-pice où l’on m’avait jeté… J’ai franchi les étapes qui m’avaient conduit à remarcher, puis à courir à nouveau. Quelques données me manquaient ! Où étais-je né ? Dans quel pays ? Car je le comprenais en regardant les gens qui m’entouraient, et dans une glace. Je n’étais pas de leur couleur, je n’étais pas des leurs ! * Un jour j’ai compris qui j’étais en retrouvant mes habits lacérés de militaire : j’étais sergent de l’armée de terre française. Mon nom : Germain Ramier, comme le pigeon… Mon corps avait volé au-dessus d’un impact d’obus de l’armée ennemie menée par Ho chi Minh ! Fin de la bataille d’Hanoï : 18 Février 1947, ils avaient détruit l’institut Pasteur ! Il y avait eu 267 morts… moins moi. * Je suis sorti quelques mois après la fin de la bataille de cette pro-tection bienfaisante et amoureuse et me suis rendu en claudiquant légèrement vers les centres administratifs locaux. La guerre n’était pas finie pour la France, loin de là, mais au vu de mon état, je n’étais plus apte aux besoins physiques des sous-officiers d’encadrement… J’ai été réaffecté en garnison en France en juin 1947 où j’ai suivi les EOA : je suis passé brillamment sous-lieutenant. J’avais alors 28 ans. En novembre 1947 dans les courriers que je recevais par voie militaire (de celle que j’aimais à l’autre bout du monde et qui
  • 14. Chapitre 3 Hanoï 1946 Suite. 18 m’avait sauvé la vie), je percevais des signes de détresse ! La guerre locale, l’insécurité, le manque de nourriture, d’argent ? J’étais loin de penser à ce qu’allait m’annoncer la lettre qui m’a consacré papa d’un jeune bébé mâle, le 2 novembre 1947 ! Etre caserné en France à la Rochelle être jeune, à nouveau plein de sève me rendait irritable et associable. Cette annonce m’avait abasourdie dans un premier temps, car je n’étais pas préparé à une telle information, mais m’avait insufflé un courage jamais revenu depuis mon départ de Hanoï. Je suis parti là-bas par la navette postale de l’armée. Un long voyage. Cong Minh, mon fils, un mois d’existence, m’attendait dans la maison des parents de ma fiancée, car j’étais devenu le fiancé. Chồng chưa cưới c, (fiancé) ce mot était nouveau pour moi, et je le répétais car le père me pointait du doigt en le prononçant… Sui-vait « hôn nhân » (mariage)… Je regardais Thiêu Hoa, elle souriait et je souriais moi aussi et tout le monde remuait la tête, un sourire forcé et je riais en répétant ces mots, bêtement ! J’étais heureux, ivre de Rượu trắng. Ils prenaient le bébé et me le donnaient en disant « Cha », et je souriais à nouveau en l’embrassant. Quelques mots me revenaient à la bouche, cảm ơn các bạn rất nhiều (merci beaucoup), Bầu trời hôm nay đẹp (le temps est beau aujourd’hui). Nous sommes allés enregistrer la naissance sous administration française. Cong Minh Ramier était devenu franco-vietnamien né à Hanoï de moi, son père Germain Ramier et de Thiêu Hoa… * Hélas la guerre n’était pas finie et j’étais militaire en garnison de la Rochelle. Il fallait que je revienne à la fin de ma permission et le mariage avec une Vietnamienne était très mal vu à Hanoï.
  • 15. 19 Un trio infernal Je pense que mon fils de là-bas a été le dernier inscrit sur un re-gistre de naissance français, à Hanoï. Plus sûrement que ne l’aurait fait une séparation, la fin de la guerre en1954, nous a fait rompre toutes les relations écrites que je cultivais. Je n’avais jamais osé dire à Thiêu Hoa que je m’étais ma-rié et François était né en décembre 1948. Je rajoute ce souhait à la fin de ma vie : François, je sais que ce geste sera dur pour toi mon fils curé bien-aimé : il faut que tu ren-contres ton demi-frère Cong Minh et que tu l’informes qu’une part d’héritage l’attend : il est peut-être encore à Hanoï. Maître Arnault te pourvoira en frais de déplacement… Que ton Dieu, celui qui t’habite chaque jour, au point d’avoir laissé ton vieux père, te guide dans ce grand pays longiligne où ma vie n’a pas voulu m’abandonner. Demande lui aussi de m’accorder ton pardon, maintenant que je suis aux portes du paradis…
  • 17. Chapitre 4 Décisions. François était toujours accoudé au comptoir du « Charroux », unique troquet du coin et n’arrivait pas à sortir de la catalepsie pro-voquée par ses émotions et l’alcool conjugué ! Le père François, curé de la paroisse de Bosmie-l’Aiguille, obs-cure commune limousine, sentait qu’il était arrivé à la fin de ses ré-flexions saumâtres et mortelles. Encore une fois Dieu, sans alcool ne lui avait donné que des so-lutions dont les besoins matérialistes étaient absents; une fois de plus il allait se commettre avec ce mécréant de Georges. Il avait fallu qu’il meure, Germain son vieux, pour écrire des choses à son attention et pour lui demander de l’absoudre auprès de Dieu… Plusieurs fois devant la croix, il avait fait appel au divin pour le guider. « Ton chemin est tracé, avait-il répondu ! ». François à 66 ans, n’avait jamais eu de retours pertinents en s’adressant à lui, sauf quand il était en limite d’ébriété, alors là, le Seigneur était prolifique ! Petit détail : pour avoir la totalité d’une réponse, le lendemain il devait retrouver le fil en buvant ! Au bout d’un moment il s’était aperçu que René et Georges lui apportaient des réponses, qui, après quelques cognacs, seulement 4 ou 5, le satisfaisaient pour la journée. René lui amenait des oeufs, la femme de Georges lui faisait des petits plats, le tenancier fournissait le liquide.
  • 18. Chapitre 4 Décisions. 22 Oui mais dans ce cas qui l’avait amené à boire 11 cognacs, le problème n’était pas terre à terre, il était d’un autre ordre. Sa vie s’était écoulée sans ambages, dans un monde facile, ordonné où ses désirs, exprimés poliment, devenaient des ordres à ceux qui les re-cevaient… Exemple : « Il y a plus d’argent dans le tronc, qu’en pensez-vous ? Ce matin, plus d’hosties, plus de vin… ». Par miracle, son équipe pourvoyait… Oui mais, depuis la mort de son père, il avait un problème qui ne pouvait être confié qu’à Georges, à la rigueur René. Il connaissait Georges et Georges le connaissait… Comment aborder le problème avec lui ? Le bistrotier allait pen-ser tout de suite qu’il n’allait pas payer ses 5 cognacs supplémen-taires à sa ration journalière « mutuellement acceptée ». * Là il se trompait, mais il ne fallait surtout pas s’écrouler, en pen-sant astucieusement que Georges allait noyer le cognac au fur et à mesure ! Sauf que là il n’avait pas imaginé que Georges n’allait pas rajou-ter l’eau… D’où son état avancé ! Au fond de lui, notre père curé se demandait pourquoi il était abandonné aujourd’hui par Georges représentant le terre à terre et l’autre, père des Cieux, comme son nom l’indiquait… Il aurait dû causer à René qui était son support, son étai quand son corps le lâchait, mais alors là, ivre mort il avait toute sa verve et son esprit, ce matin il sentait qu’il pouvait communiquer avec René, Georges et Dieu ! Il était à point ! « Putain j’en tiens une sévère, mais il faut que je puisse causer à Georges et à Dieu en même temps, là je suis mûr. ». A ce stade il bredouille à Georges :
  • 19. 23 Un trio infernal « Dis à René qu’il revienne… ». Georges qui l’observe se dit que sa conscience revient et qu’il va enfin lui avouer son problème. Il court pour rattraper le fermier et revient triomphant en disant : « Il m’attendait pour que je m’excuse… et bien je l’ai fait ». Le curé en voyant réapparaître René : « Bon maintenant vous êtes tous là, viens René, tu fais comme d’habitude, tu me soutiens physiquement, comme quand je rentre à la cure, sauf que là je ne rentre pas avant de vous avoir tout dit ! » La coiffe du père tombe, Georges la ramasse et dit en se rele-vant : « Bon alors tu nous le dis, oui ou non, qu’est ce qui t’a rendu comme ça au point que tu dises pas bonjour aux amis ! ». René sent le corps de son ami de beuverie qui se lâche soudain. « Georges, viens, aide-moi, il y a quelque chose qui a pété dans ses guiboles ! » François reprend alors ses esprits et hoquetant comme le dernier des poivrots, le doigt pointé vers Georges et se retournant vers Re-né, déblatère 3 mots… « J’ai deux frères… ». Puis il sort de l’argent de ses poches et le pose sur le zinc en di-sant : « Tu vois ça, c’est pour payer mes onze cognacs et pour que l’un de vous vienne avec moi au Vietman, non…Au Vietnam, oui ! Là-bas en Indo…Chine ? Là où y a des Bouddhas et des roule…ttes de printemps… ». Il se reprend et dit qu’il va leur faire un poème. René regarde Georges l’air égrillard : « Si on le balançait dans le Boulou, ça l’éclaircirait un peu, là il est gris… mais sombre, tu vois… je dirais anthracite ! ». Georges regarde René :
  • 20. Chapitre 4 Décisions. 24 « Si on fait ça et que ça se sache, il est fini mon commerce, tu te rends compte un curé à la baille ! ». Le curé les entend en baissant la tête, et leur dit toujours hoque-tant : « Je ne plaisante pas mais mon père m’a fait deux demi-frère… et légué un tas d’argent » René rigole en poussant Georges… « Il a deux demi-frère et dire qu’on disait que son père faisait jamais les choses à moitié. ». Les trois compères s’esclaffent tellement fort que la femme de Georges entre. « Vous ne le saviez pas, mais depuis sa mort à Germain, tout le monde sait que le militaire avait la pointe vive dans sa jeunesse. ». Georges qui pouffait de rire se relève : « Bon, allez Maria, tu vas à la cuisine, nous on continue la con-versation entre hommes, hein père curé ? ». * Il va derrière la caisse, enfourne l’argent du comptoir, calcule rapidement et déclare souriant : « Bon alors on est quitte, plus de dettes divines entre nous ! On part quand curé chercher tes frères ? Tu es sérieux au moins, moi je suis partant, comme ça je vais bien trouver quelques boissons là-bas, que je serai le seul à vendre en France et bonjour le pognon !». Se mettant en face de René : « Un demi ? C’est la maison qui régale… » René hochant de la tête, regarde François qui s’est écroulé au pied du comptoir : « Putain ! Il en avait gros sur la patate ! Tu te rends compte ! 2 demi-frères ! Et de le savoir à la soixantaine bien sonnée, avec la moitié des gens au courant, ça va jaser dans les chaumières. Beh au
  • 21. 25 Un trio infernal fait… On en a des asiatiques ici, il pouvait pas se servir sur place ? ». .
  • 23. Chapitre 5 Premier Départ. Tout allait être prêt dans le gros Toyota de Georges ; Maria pré-parait les sandwiches. Il n’attendait plus que le père et René qui fi-nalement ayant réalisé la réalité de l’histoire de François avait décidé de se joindre à eux. Un gros bruit venant de la cure alerte Georges. François arrive avec jean délavé et chemisette à carreau, le ventre emballé dans l’avant du pantalon, tirant avec peine une valise des années 50 po-sée sur un chariot fixé par des sandows. René, la cinquantaine, rouge et veiné, arrive à son tour, cas-quette de gaucho en équilibre sur le front, la cigarette à moitié fu-mée au bec. Il regarde le curé éberlué : « Elle était plutôt amincissante ta soutane, tu avais encore de la place, tu es sûr que tu vas pas grossir encore ! ». René s’examine en écartant les genoux, brossant de la main en descendant jusqu’aux Santiags, son look de gaucho méridional. « T’as vu la classe ? Les petites Viets elles ont intérêt à se cram-ponner ! ». Georges les observe avec un sourire moqueur. « On dirait jamais un curé en vadrouille et un vacher en re-cherche d’aventures ! », murmure-t-il ! Maria juge les uns et les autres et déclare : « Eh beh, tu vois quand tu n’as plus ton tablier et que tu t’habilles comme je te le dis, je regrette pas de t’avoir choisi ! ».
  • 24. Chapitre 5 Premier Départ. 28 Fier, Georges tourne sur place et remercie, souriant à sa con-jointe, se lissant sa moustache à demi grisonnante de la quarantaine largement passée. Maria sourit de ce geste puéril, reprenant une conversation de la veille avec Georges : « Je vous signale qu’on est au 21ème siècle et que la charrue c’est bien finie… ». François qui rangeait sa valise, lui dit sans se retourner : « Qu’est-ce qu’elle nous bassine ! Il t’a dit Maria que des avions cargos ça coûtait la peau des fesses et nous on n’est pas pressé. ». Maria indignée se dirige vers le bar : « Tu seras moins fier quand il faudra repasser tes chemises, cu-ré ! ». François, qui n’a pas encore bu de la matinée sinon son café cal-vados, rétorque : « Je te plains Georges, dis-lui que si on prend le bateau à Mar-seille c’est parce qu’on prend le Toyota et qu’on a le temps d’arriver là-bas au Vietnam, d’accord ! ». Maria s’éloigne de dépit, la rage au coeur… Georges se précipite. « Maria, c’est le manque, tu le connais, je sais bien que tu as compris. Il ne nous faudra pas plus de 2… ou 3 mois pour revenir. Je sais, tu voulais venir, mais il faut quelqu’un pour tenir le bistro, mais nos plus gros consommateurs sont avec moi ; alors il n’y aura pas trop de boulot ! ». René qui juge la scène, murmure : « Je regrette pas d’être célibataire, les chèvres c’est bien plus calme… ». Georges revenu, entend la dernière partie de la phrase prononcée par René.
  • 25. 29 Un trio infernal « Qui insultes-tu dans ta moustache ? Maria ? Tu vas pas revenir dessus, Maria et toi c’est du passé OK ! ». Le curé les rejoint et leur demande si tout est prêt pour les pa-piers de transit, les visas… Ils acquiescent. « Alors pas de regrets les gars, vous m’acceptez même sans sou-tane ! Bon tu mets en route la charrue Georges comme dirait ta femme… Bises là, et reviens vers nous sans regrets. Go on y va d’accord. On verra bien où on pourra faire des prières, même là-bas. ».
  • 27. Chapitre 6 Bonjour aventure ! La moitié de la France venait d’être traversée, le 6 cylindres tournait comme une horloge, les 3 compères parlaient abondam-ment des nombreux paysages qu’ils voyaient car aucun d’entre eux dans leur vie n’avaient dépassé Brive ou Périgueux ou St Léonard… Georges était le plus étonné, car aller à Limoges était sa plus grande virée. On avait déplacé le père curé à Brive, mais il avait tellement était oppressé de ne plus voir sa mère que l’évêque avait décidé de le ra-patrier à la suite du décès de son successeur, dans sa paroisse de L’Aiguille-Bosmie. La discussion allait bon train, les esprits s’échauffant à l’occasion de mini casse-croûtes arrosés aux équivalents des bou-teilles étoilées, autant dire d’infâmes bibines dont Georges connais-sait la provenance… Bio, il était bio son vin ! Quand il disait ça, René en rajoutait : « Sans pesticides tes vins d’accord, mais bio, c’est pas possible. D’abord, elles sont où tes vignes ? En Chine ? ». Georges rétorquait « Oui en Chine ! Et tes vaches au cul mou, elles viennent d’où ? ». Et la discussion reprenait de plus belle… « Du cul de leur mère ! » répondait René, « Elles ont le cul mou, mais leur lait est bon pour la santé sans pesticides… ». Le curé conduisait le regard fixe, décomposé… Un jour sans boire, sans messe, sans…
  • 28. Chapitre 6 Bonjour aventure ! 32 Il ne les écoutait pas, et il savait pourquoi parce que s’ils lui po-saient la question piège… Il bafouillerait, parce qu’il savait que Georges avait le don de le déstabiliser quand il s’agissait de reli-gion. Georges avait la foi des gens élevés dans la religion mais dont les parents n’allaient plus à la messe. René était bouseux et athée. Mais lui François qui était en 15 jours, passé de la soutane au jeans, de la toque à rien, de 5 cognacs journalier à 1 café calva au petit-déjeuner… Ce testament l’avait vraiment tourneboulé, abasourdi, surpris ! Son père était un héros qui avait été emporté par le fleuve de la vie, balayé comme un fétu de paille… Toutes ses décorations posées sur son drap mortuaire : médaille militaire, croix de guerre 1939-1945, croix de la valeur militaire, Légion d’honneur, l’avaient ému, mais découvrir les mémoires de son père dans lesquelles il avait 2 frères ! Parce qu’il avait choisi la prêtrise, son père avait dû lui mentir jusqu’à sa mort… Il l’avait nommé comme son fils curé préféré, lui demandant d’absoudre tout ce qui avait pu le choquer. Quand on meurt à 95 ans on a pu avoir 9 tranches de vies surtout chez un militaire, donc beaucoup de choses à réhabiliter ! Quelques larmes traîtresses coulent maintenant, alors qu’il aborde l’autoroute A9 en direction de Marseille. Il ne pouvait lui reprocher d’avoir fait un enfant à une Vietna-mienne… Oui, mais maintenant cet inconnu était son frère, à moitié bien sûr, et il remuerait ciel et terre au Vietnam pour le trouver ce frangin demi-sang. Ses amis, joyeux lurons, allaient l’aider à réduire ses beuveries, mais pas seulement… Et l’autre frère sur lequel il ne savait rien et surtout pas où il était né… Celui-ci avait été fait sans autorisation de sa mère, mais en
  • 29. 33 Un trio infernal quel endroit de cette terre. S’il réfléchissait un peu il devinait que c’était en Algérie… Un frère Musulman quel drôle de surprise de la destinée ! Une tape sur l’épaule le sort de ses pensées. « Eh ! Tu penses à quoi curé, à ton Jésus ? Tu sais qu’où on va, il fait pas bon être chrétien, ton père le savait, c’est pour ça qu’il ne t’en a pas parlé du p’tiot Viet ! ». « Non je pensais à ce que j’ai lu dans le testament, finalement mon père, je ne voulais pas le croire, mais … c’était un héros… J’avais 2 héros à la maison. Un sur une croix, mort pour que le monde vive, que je n’ai jamais vu et mon père, mort désormais, que je n’ai pas connu. J’ai très envie de voir mes frères pour le revoir jeune sur des photos qu’ils auraient gardées. ». Georges, compatissant, lui enserre l’épaule droite : « Tu pleures François ! Toi le curé imperturbable, arrogant, ra-rement marrant, tu nous fais du lacrymal… Va, tu peux pleurer, mais alors donne-moi le volant, il nous reste combien à faire en France ? ». « On est à Nîmes ; 150 kms à vue d’oeil ! ». * François s’arrête sur une aire de repos et tout le monde descend pour se dégourdir les jambes. Georges en profite pour discuter seul à seul avec François : « T’aurais pas fait une connerie dont tu ne peux pas encore par-ler ? Genre… ». René arrive des toilettes, en fermant les boutons de sa braguette. « C’est bien beau les pantalons en cuir, c’est résistant, etc… Mais alors pour pisser je te dis pas. » Georges en riant lui rétorque : « T’as pas un sujet plus intéressant, par hasard ! ». René est vexé :
  • 30. Chapitre 6 Bonjour aventure ! 34 « Tu me cherches Georges ou quoi ? ». « Non, mais j’imagine le prochain problème avec la grosse commission ! ». René se ferme, se r’enculotte et se dirige rapidement vers la voi-ture en maugréant : « Mes vaches, elles ne me jugent pas, elles ! ».
  • 31. Un trio infernal. Chapitre 7 Embarquement. François en pénétrant sur le cargo qui allait les transporter vers l’île de la Réunion, puis le Vietnam, pensait qu’il devrait se blinder mentalement face aux choix qu’il avait faits… Germain Ramier, son père, n’imaginait pas la révélation que ce voyage allait faire sur son fils. Tout d’abord la prise en compte des souffrances subis par son père sur le plan physique, puis sur le plan de ses secrets de famille cachés à cause du statut de prêtre que lui, François, avait choisi un peu contre son avis. La découverte que son père l’aimait comme son seul fils auprès de qui il avait vécu, la religion les ayant séparés ! Quelle histoire ! Cette espèce de jeu où il devait replonger dans le passé de son père. Maître Arnault ne devait dévoiler la suite du testament que phase après phase… Etait-ce un amusement de son âge ? Enfin quelque chose de différent se passait, mais là un mort l’obligeait, par respect à sortir de son environnement religieux. * Encore une fois, en pénétrant dans cet immense navire, au début de ce long voyage en mer de 45 jours, il ressentait cette angoisse qui l’oppressait en préparant ce futur voyage terrestre vers Hanoï à par-tir du port d’Hai Phong. A sa manière, François expérimentait ce que la vie lui avait em-pêché de faire pendant son sacerdoce… Il avait caché à ses compères que le coût du voyage avait été di-visé par deux car ils voyageaient et dormaient dans le carré d’équipage avec pour mission, des corvées secondaires comme la
  • 32. Chapitre 7 Embarquement. 36 plonge, les repassages d’habits, les corvées de nettoyage (à une ca-dence évidemment inférieure à celle des membres de l’équipage)… Ce qui était parfait, était que seuls les membres de l’encadrement parlaient français, certains étaient Vietnamiens. Ils étaient donc iso-lés et tranquilles. René était aux anges de découvrir les conditions de son voyage, Georges n’était pas surpris de la manière dont son prêtre les avait piégés. * Les corvées commençaient à faire leur effet sur le sommeil des compères et ils n’avaient que rarement l’occasion de se chamail-ler… Plusieurs semaines venaient de se passer et ils commençaient à devenir des auxiliaires aguerris… * Georges tournait autour du pot depuis une dizaine de jours, mais François ne disait rien de ce que voulait entendre « son ami », car le travail les avaient tous rapprochés comme les trois mousquetaires. Ils voulaient mieux se connaître. Les parties de cartes se terminaient souvent avec une bonne cuite ! Peu à peu ils reprenaient leurs vieilles habitudes ! L’ennui du voyage et la mer, toujours l’eau, les avaient conduits à nouveau sur les chemins d’autres liquides, alcoolisés ceux-là. Le capitaine les avait prévenus que s’ils continuaient, il n’aurait d’autres solutions que de les déposer à l’une de leurs escales. Ces semonces à répétitions les avaient conduit à se séparer de la moitié des bouteilles consommées, puis encore la moitié... Ivres, le temps n’avait pas de signification en termes d’ennui. A jeun le temps se traînait. Jusqu’au jour où Georges avait mis les pieds dans le plat.
  • 33. 37 Life Source Quest. Complotseden « François, mon curé, pourquoi as-tu laissé tomber ta soutane, ton couvre-chef, j’aperçois à peine la croix, que s’est-il passé ? On est copain maintenant, alors on veut savoir ? ». François se lève, pathétique : «Mes amis, j’ai été défroqué, l’alcool avait fait de moi une loque. J’ai été convoqué et semoncé. On m’a enlevé ma cure. La mort de mon père a été la goutte de trop et le catalyseur de mes débordements. Que pouvais-je faire sinon accepter. Une mise en retraite forcée somme toute, 66 balais, avec pour objectif la perte de mon addiction à l’alcool. Encore une fois à cause de l’alcool, nous avons eu des remarques cette semaine ! Nous devons devenir raisonnables ? Nous avons l’âge pour l’être ! ». * Ce long voyage en mer donnait à chacun le droit de s’exprimer de découvrir les zones d’ombres qu’ils n’auraient jamais pu éclair-cir dans leurs beuveries de comptoir. Georges continuait : « C’est pas possible ? Ils auraient dû me demander, l’évêché ! Je suis le centre économique de Charroux ! Avant y avait le forgeron et l’épicier, maintenant si je disparais, fini le village. Plus de poste, ils m’ont demandé de faire dépôt de timbres, et de courrier. Me faire disparaître nôtre curé, c’était me faire trépasser, moi ; ils y ont même pas pensé ! ». René intervient à ce moment en se pointant du doigt : « Eh oh Georges, et moi je compte pour du beurre ? ». Georges sourit et continu : « Bien sûr que tu comptes mais admets que tu n’avais pas le Bon Dieu avec toi, et lui François, j’étais sûr qu’il l’avait. ».
  • 34. Chapitre 7 Embarquement. 38 François, le regard pétillant baissé préparant un acte de contri-tion, répond moqueur : « Ouais Georges, mais toi il t’a pas écouté Jésus, ni moi… D’ailleurs, je comprends toujours pas, quand j’étais un peu chargé, il me causait j’en suis sûr ! Remarque, vu que je suis défroqué, je me demande ce qu’il en pense. Là par exemple ces derniers temps que j’avais repris l’alcool…rien ! Rien ! Nada… ». René qui écoutait avec intérêt ayant le front froncé dans une pro-fonde réflexion, l’interrompt. « François, moi je sais ! ». Georges et François étonnés le regarde avec interrogation et ré-pondent ensemble : « Tu sais, toi, une réponse à un problème religieux ! ». François reprend : « Alors tu nous dis… ! ». René surpris de l’intérêt de François, répond du tac au tac : « Le cognac ! ». « Quoi le cognac ? ». « Putain, mais vous comprenez rien ! Le cognac, oui, François, ça fait combien de temps que tu ne bois plus tes 5 Martel 3 étoiles ? Georges… je te signale qu’il les noyait à l’eau bénite. ». Georges commence à s’énerver… « Dis René tes vaches, tes chèvres et ton lait, j’ai jamais contrôlé ce que tu faisais ! Mon cognac béni, M le curé causait au bon Dieu après, et moi j’étais fier ! C’est pour cela que je le lui offrais… Bon on va pas s’énerver ! ». François reprend l’avantage : « Tu sais René, je le savais qu’il le bénissait son cognac ! Si j’avais su qu’il le faisait avec mon eau bénite ça m’aurait expliqué beaucoup de chose… De toute manière je suis défroqué maintenant si le seigneur veut me causer, il le fera, d’ailleurs je ne le compre-nais pas souvent. ».
  • 35. 39 Life Source Quest. Complotseden Georges et René commencent à bailler de concert : « Si on se faisait une petite sieste… ». René reprend : « P….. Ça fait plaisir de se dire tout entre amis… pas vrai Georges, tu n’imaginais quand même pas que c’était l’eau bé-nite ? ». Ils partent tous d’un grand éclat de rire. François profite de cet instant pour placer son petit commen-taire : « Saviez-vous que je suis aussi poète mes amis ! ». René et Georges qui avaient engagé quelques pas pour rejoindre leur couche se retournent. Georges rétorque sarcastique : « Un curé poète ! C’est pas possible, il ne nous manquait plus que ça !!! ». « Dommage, j’avais un poème sur l’amitié, et comme on était devenus amis ! ». René reprend : « Tu as fait un poème sur notre amitié ? ». « Non plus globalement. Allez je vous le fais…». François se lève et déclame son poème, regardant ses amis les bras tendus vers eux. « Amitié, Serait-ce l’amour ? Peut-être… La passion ? La tendresse La folie ? Que nenni !
  • 36. Chapitre 7 Embarquement. 40 L’amitié se construit, Elle est la goutte d’eau Qui deviendra ruisseau… Elle est subtile Se glisse dans les coeurs Sans jalousie Ni rancoeur Infinie et rare Confiante et généreuse Inaltérable Inusable Réconfortante et partagée Ici, réside son secret ! Plus rare que l’amour, Plus forte que le temps, Raisonnable dans l’instant Amitié Tu es la semence qui ne meurt jamais, Tu es l’appui à jamais respecté, Tu es la cohérence, La fleur de l’existence… Tu es la pierre angulaire D’une vie où règne le partage.
  • 37. 41 Life Source Quest. Complotseden Tu es un joyau précieux Aussi pur que nos yeux… Tu es, Deux coeurs en osmoses ! Un lien démesuré Qui traverse le temps Durant infiniment… ». René qui commençait à se marrer au début, semblait très ému à la fin… Georges interpellé par cette ode, reste muet quelques secondes, puis reprenant le dessus lui dit d’une voix vibrante : « Tu m’aurais dit que tu étais poète, je serais venu à la messe et t’aurais eu droit en plus de tes cognacs à mon vin bio ! Maria était au courant ? Non, je préfère. Là tu me bluffes François ! Sur ce, bonne sieste à tous. ». * Qu’il était long ce voyage, long et ennuyeux : le père curé et ses poèmes, René et ses vaches (il en rêvait chaque nuit), Georges qui pensait à sa Maria et surtout à sa recette, sa caisse et sa monnaie et les soirs de fêtes quelques billets de 200€ ! Le pire c’était l’époque de la kermesse, plus de curé, et plus de clients. Il n’y avait pas que des chrétiens dans la commune mais à la kermesse le prix du vin était ridicule, alors ils y allaient tous. François qui n’officiait plus, écrivait des poèmes sur les femmes qu’il n’avait pas eues et surtout sur celle qu’il aurait pu avoir… et sur tous les sujets qui lui passaient par la tête. Quand il osait, il leur déclamait un poème philosophique sur la vérité, sur la colère, sur la guerre d’Ukraine qui battait son plein, sur
  • 38. Chapitre 7 Embarquement. 42 Gaza qui mourait sous les bombes ennemies, sur les images qu’il voyait sur Facebook au temps où il était sur terre et dans sa cure. Il ne les faisait pas trop compliqués, car il connaissait son audi-toire… Il avait réussi à intéresser ses amis sur un poème sur une île qu’il avait vu au large d’une terre et puis sur Éole, le Dieu du vent… Chaque soir Georges lui disait par fraternité, depuis le poème sur l’amitié : « Tu nous as fait quoi comme chef d’oeuvre ce soir ? ». Le curé répondait par exemple : « Eole ! ». « Quoi Eole ? ». « Eole le dieu grec du vent dans la mythologie! ». Georges répondait « Ah bon ! Encore un que je connaissais pas ? Alors vas-y ! ». Alors François vibrait de tout son corps, le vent agitait ses bras et il vivait son poème : « Eole… Du plus petit zéphyr au simoun brûlant, Du plus petit pet qui caresse l’instant, A de terribles et puissants déchaînements, Ton arsenal de destruction est… ahurissant. L’homme t’observe, cherchant obstinément D’où viennent tes racines de dément… Une conclusion simple s’impose résolument ; Tu t’appuies sur du vent… évidemment ! Et la boucle est bouclée, peu importe ses clones,
  • 39. 43 Life Source Quest. Complotseden Ceux que l’homme a déclenchés avec ses bombes, Comme ses champignons, tachés de tant de tristes tombes… Il continue sa route bordée de doux cyclones… Vents du nord, rafales d’ouest ou d’orient, Ne soyez pas en reste… soupirez ardemment ! Votre père de pensées, Eole, est parti à l’école, Ses amis soufflants lui ont appris, un nouveau protocole… Du froid du vent du nord, aux vents catabatiques, Des vents ardents du sud, à ceux de l’antarctique, Il apprend de nouvelles versions brûlantes de folies ; Cyclones enlacés, typhons endiablés, terrifiants tsunamis ! La terre les entraîne dans sa rotation perpétuelle ! De voies tracées très droites, le vent dévie des siennes, S’enfonçant dans la tourmente de cimes de gratte-ciel, S’enlaçant… dans les pales blanches de femmes éoliennes… Souffle vent de tempête, de l’amour ou de la guerre Qui peut arrêter ta course affolante ? Ta destruction impressionnante ? Sinon l’attente, de ta fin de colère… ». Ensuite Georges l’envoyait à sa femme par la poste du bateau. « Ce soir j’ai vu une île mais j’ai pas pu t’inviter dessus car c’était une île de gardien, mais lis, c’est beau, ton absence me trans-cende Maria.
  • 40. Chapitre 7 Embarquement. 44 Mon île… Je te regarde au loin affleurant de rochers Battue de vagues folles par la mer sans arrêt Eblouissante et forte au milieu des marées, Etrange et solitaire au coeur de tes attraits… Une île un peu comme une araignée Qui tisse sa toile de brumes isolées, Dont l’ancre sans fond, cramponnée à la terre Annonce tant de voiles et d’histoires de mystères Tu resplendis au loin dans ton coffret d’airain… Lorsque brille ton dieu Râ, qui là-bas te rejoint, Tes barrières de brisants se nacrent en embruns, Reflétant tes couleurs de granits et de bruns… Je suis un vieux marin perclus de tant d’années, Bien trop souvent passées, sur tes flancs démontés Surveillant, dans ce phare, de tes pierres bâties, Le regard souvent tourné… Vers cette terre… où tu me vois assis… ». Georges écrivait, écrivait, sombrant dans l’ennui. « Récemment le père curé s’y est mis lui aussi. Seul René pleure en pensant à ses vaches. Des fois on ne peut pas s’empêcher d’avoir une larme. Ce voyage me fait connaître des trucs Maria tu ne peux pas savoir, j’ai l’impression de sentir mon cerveau gonfler ! Tiens je te donne le texte de François, maintenant on est ami, plus de soutane entre nous…
  • 41. 45 Life Source Quest. Complotseden Il continuait à écrire inlassablement ! Alors le voilà j’en ai fait une photocopie c’est un peu compliqué mais c’est beau. Je te cache pas que j’avais jamais vu la vie sous cet aspect : Carpe diem… La vie Vivons le jour ! Vivons l’instant ! La vie est une fleur regardant le temps. Elle est un mouchoir de larmes, s’agitant ! Il faut l’accueillir et puis la recueillir. Il faut la cueillir face au néant. L’aimer dans sa brutalité, L’aider dans sa complexité, La cajoler dans sa diversité… Lorsqu’elle ouvre les yeux Les brumes se dissipent, Les rêves s’estompent… Les pensées s’effilent en pelote, Puis s’affinent… Les idées défilent… Les synapses épurent le levant. Les sentiments réveillent Les pensées du couchant, S’habillant du moment…
  • 42. Chapitre 7 Embarquement. 46 Le corps s’anime ! Fin du sommeillant ! Les bras s’étirent dans l’espace Comme les corolles d’une fleur … L’aurore se défile. Le jour revient, Carpe Diem… C’est beau même si tu n’en comprends pas la moitié, ici François nous a expliqué. Je te jure que c’est beau. Déjà Carpe diem c’est magique. Bon à demain. » * « Ah oui, aujourd’hui ton Georges s’est fendu en pensant à toi ma douce, là-bas au Charroux en train de causer peut être de nous et déclamant nos poèmes, mais celui-ci il sera rien que pour nous deux… Là c’est vraiment ma poésie profonde, tu le sens hein ma mie, tu vois de quoi je parle : Le vrai chemin Tu m’as donné l'amour, je vis auprès de toi… Tu es ma femme, mon amie, ma compagne. Les jours avec toi sont sans peine et sans hargne… Ce soir dans mon sommeil, Je m'en irai par les chemins bénis de la tendresse Je briserai le temps qui nous séparerait, J’enfermerai nos instants de folies,
  • 43. 47 Life Source Quest. Complotseden Dans l’espace clos de la mélancolie, Je pénétrerai dans l’iris de tes yeux, Pour y cueillir les instants merveilleux… Je caresserai nos pensées insondables, J’enfoncerai, mes voeux dans les sillons du sable, Longuement labouré de nos folles ivresses. Je m’effondrerai, grisé d’un bonheur ineffable Sur les braises ardentes de nos tendres caresses… J’écouterai les cieux, empreints de tes longs spasmes Accompagnant mes cris, délirants de fantasmes… Je m’apaiserai enfin sur les bords du rivage Conduisant calmement à la fin de nos âges… Tout ceci est rêverie, images et chimères, Notre vie fut très sage, parsemée de misères Bordée de la présence douce de nos tendres enfants Et de ces songes insensés de mes pensées d’amant… Ce soir dans mon sommeil, Je m'en irai par les vrais chemins bénis… de la tendresse… ». « Bon aujourd’hui on arrive à Hai Phong paraît-il avant 18 h, je te laisse, car il va falloir tout rassembler et c’est là que commence l’aventure. Salut ma Maria ! Je suis totalement excité de voir tout ça. Encore un avant de débarquer ! Là le curé a fait très fort, mais, celle-là parce qu’on commençait à franchement s’ennuyer !
  • 44. Chapitre 7 Embarquement. 48 « Mélancolie. Instant de tristesse, Moment de solitude, Une larme traîtresse Coule sur ma quiétude… Étrangère à ce monde, Incomprise de tous Univers inconnu, Voilà, j'y suis perdu… Je plonge et me meurs Là où les fées m'effleurent, Là où vibrent les fleurs Et où sèchent mes pleurs… Hors de moi, incertitudes ! Loin de moi, inquiétudes ! Quelques jours dans la vie Tu m’envahis… mélancolie... ».