1. Le 11 septembre 1973 marque un tournant sombre dans l'histoire du Chili. Ce jour-là, le
général Pinochet, appuyé par les forces armées chiliennes, orchestre un coup d'État qui met
fin brutalement à l'expérience du gouvernement d'Unité populaire dirigé par Salvador
Allende. La crainte d'une révolution marxiste, la perspective de nationalisation des mines de
cuivre et de la mise en œuvre d'une réforme agraire radicale, motivent cette intervention
militaire. Intrigant, c'est que ces forces armées, généralement respectueuses de la tradition
légaliste du pays, choisissent d'intervenir.
Il est essentiel de noter que les États-Unis, inquiets d'une propagation du modèle inspiré par
Cuba et Fidel Castro en Amérique Latine, ont apporté un soutien tacite à cette prise de
pouvoir. Le palais de la Moneda devient alors le théâtre tragique de la mort du président
Allende. Dans les jours et les années qui suivent, des milliers de personnes, notamment des
syndicalistes et militants de gauche, sont arrêtées, torturées et exécutées.
Le général Pinochet instaure une dictature où la torture est employée comme un outil
politique d'intimidation et de contrôle. Malgré cette oppression, il lance également le Chili sur
un chemin de modernisation économique néo-libérale dès le milieu des années 1970.Son
gouvernement est soutenu par les milieux d’affaires et les économistes de l’école de Chicago.
Les graves violations des droits de l'homme et la croissance des inégalités sociales sous son
règne alimentent une opposition croissante. Lors du référendum du 5 octobre 1988 la
population désavoue Pinochet, ouvrant ainsi la voie à une transition démocratique amorcée en
mars 1990.
L'impact de ce coup d'État est ressenti bien au-delà des frontières chiliennes. Dans le monde
entier, l'image des stades chiliens transformés en camps de détention horrifie et bouleverse
l'opinion publique. »