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Diaporamas ‘De l’offense à la réconciliation’
Série ‘Mémoire et reconnaissance
de crimes du passé’
1 - Introduction
Étienne Godinot 26.06.2023
La série de diaporamas
‘De l’offense à la réconciliation’
Sommaire
Série 1 : Mémoire et reconnaissance de crimes du passé
1 - Introduction
2 - La mémoire de l’esclavage
3 - La mémoire du colonialisme
4 - La mémoire du génocide des Arméniens
5 - La mémoire de la Shoah
6-1 - La mémoire des crimes des pouvoirs communistes
6-2 - La mémoire des crimes des pouvoirs communistes
7 - La mémoire des crimes commis par les États-Unis
8 - La mémoire des crimes des Khmers rouges au Cambodge
9 - La mémoire du génocide du Rwanda
10 - La mémoire des crimes commis pendant les guerres en ex-Yougoslavie
11 - La mémoire de l’apartheid en Afrique du Sud
12 - La mémoire des guerres
13 - La mémoire des crimes commis par les institutions religieuses
Série 2 : Justice, pardon et réconciliation
1 - Justice, pardon et réconciliation : dissiper les malentendus
2 - Pardon et réconciliation entre personnes
3 - Pardon et réconciliation entre groupes humains
4 - La réconciliation franco-allemande
5-1 - L’Algérie et la France : de 1830 à 1962
5-2 - L’Algérie et la France : depuis 1962
6 - Le Japon et les traces de sa période impériale en Asie du Sud-Est
7 - La Chine. Une volonté de revanche ?
8 - Institutions en faveur de la justice et des droits humains.
9 - Relire et dépasser le passé pour inventer l’avenir
Série ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’
Introduction
Sommaire
Un monde malade de la violence
Le totalitarisme
Les violences de masse : penser l’impensable
- l’ethnocide
- le massacre
- l’épuration de masse
- le génocide
Des prétextes à la haine
Soumission à l’autorité, bureaucratie, technologie
La banalité du mal
Les recherches de Jacques Sémelin
Prévenir de telles tragédies
- La démocratie, une exigence collective
- Le devoir de vigilance de chaque citoyen
- L’encyclopédie en ligne "Violence de masse et Résistance"
- Délégitimer la violence, inventer des alternatives à la violence
- Enseigner, former, lutter
- Connaître notre histoire
- Faire connaître, juger, réparer
- Prévenir, pardonner, coopérer
La liberté est fragile, elle recule
Plusieurs vœux pour la démocratie
Mémoire et reconnaissance
de crimes du passé :
Sources
- Lectures, notamment revue Alternatives non-violentes,
- Documentaires et films, dont certains cités dans les diaporamas
suivants,
- Internet, et principalement Wikipédia.
- N° 60 de la revue Alternatives non-violentes « Génocides – Penser
l’impensable », été 1986
- Revue d’histoire Hérodote
Vos observations, corrections et suggestions éventuelles sont les
bienvenues !
Un monde malade de la violence
L’histoire des hommes est pour une large part l’histoire des
malfaisances et des maltraitances, des meurtres et des assas-
sinats, des crimes et des guerres, des massacres et des
génocides.
Le 20ème siècle a été un siècle de feu et de sang : guerres
de colonisation et de décolonisation, révolutions violentes,
Guerres mondiales, dictatures et génocides, etc.
Aujourd’hui, la dictature règne sur de nombreux pays du
monde, avec son idéologie dominatrice, impérialiste et milita-
riste.
Nos sociétés sont dominées par une culture de violence :
l’idéologie de la croissance illimitée et le système économique
qui en découle génèrent des injustices insupportables, l’exclu-
sion des plus faibles, la surexploitation des ressources natu-
relles limitées de la planète, la maltraitance des animaux, la
pollution de l’air, de l’eau, de la mer, de la terre, le réchauffement
climatique, l’effondrement de la biodiversité.
Les violences de masse, d’hier …
« La violence de masse scande l’histoire de l’humanité depuis les
âges les plus reculés.
Massacres à la chaîne de milliers de femmes, d’hommes et
d’enfants par les Assyriens et Mongols qui constituaient consciencieu-
sement des pyramides de têtes ;
Sillon sanglant des chevauchées médiévales et leur cortège de
carnages et de pillages ;
Traite des Africains, dont les plus faibles étaient passés par-dessus
bord pendant les épouvantables traversées des navires négriers ;
Millions de Congolais enrôlés de force, qui moururent d’épuisement
ou sous les coups des contremaîtres à la solde des Belges ;
Irlandais, Indiens, Ukrainiens, Kazakhs, populations du Biafra,
d’Éthiopie ou du Darfour qui firent ou font encore l’expérience de la lente
agonie d’une faim qui puise sa source dans des facteurs autant
climatiques que politiques ;
Millions de vies jeunes et innocentes broyées, cisaillées, gazées,
hachées, dans les enfers mécaniques de Verdun ou de la Somme ;
Milliers d’êtres humains vaporisés, carbonisés, irradiés dans les
brasiers des bombardements massifs de Hambourg, Dresde, Londres,
Hiroshima, Hanoï ; ../..
…à aujourd’hui
Enfer des camps où moururent en masse les Boers hollandais, les Arméniens,
les Juifs, les communistes et les Bosniaques musulmans ;
Camps de rééducation du communisme asiatique et enfer des "champs de la
mort" cambodgiens ;
Shoah, camps d’extermination, cheminées fumantes de Treblinka, clairières
sanglantes du Rwanda ;
Prison de verre et d’acier incandescente des tours du World Trade Center… »*
mais aussi internement des Ouïghours dans des camps au Xinjiang, massacre de civils
Ukrainiens par les armées de Poutine, etc.
Pendant ses trois dernières années, Etty Hillesum a tenté de répondre à ce cri
de son ami Jan : « Qu’ont donc les hommes à vouloir détruire leurs semblables ? »
Image en haut à droite : Lizzie van Zyl, enfant boer internée et morte dans le camp de concentration de Bloemfontein
en Afrique du Sud. Pendant la 2ème guerre des Boers en Afrique du Sud (octobre 1899 à mai 1902), 116 572 Boers
furent envoyés par Lord Kitchener, commandant de l’armée britannique, dans les premiers camps de concentration
du 20ème siècle, soit à peu près un quart de la population, auxquels s'ajoutaient encore quelque 120 000 Africains
noirs.
* Citation tirée d’un article publié par cairn.info dont je ne retrouve plus l’auteur, 1000 excuses
Le totalitarisme
Le totalitarisme est un régime et système politique dans lequel
existe un parti unique, n'admettant aucune opposition organisée, et où
l'État tend à exercer une mainmise sur la totalité des activités de la
société. Un tel système restreint l'opposition individuelle à l'État. Il exerce
un degré extrêmement élevé de contrôle sur la vie publique et privée.
C’est la forme d'autoritarisme la plus extrême et la plus complète.
Le totalitarisme signifie étymologiquement « système tendant à la
totalité » : issu de l'ouvrage de Hannah Arendt The Origins of Totalitaria-
nism, le mot totalitarisme exprime l'idée que la dictature ne s'exerce pas
seulement dans la sphère politique, mais dans toutes, y compris les
sphères privée et intime, quadrillant toute la société et tout le territoire,
en imposant à tous les citoyens l'adhésion à une idéologie obligatoire,
hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté.
Les caractéristiques habituellement retenues pour définir le
totalitarisme sont :
- un monopole idéologique, c'est-à-dire la conception d'une vérité
qui ne supporte aucun doute, ne tolère aucune critique, est imposée à
tous et se trouve orientée par la lutte contre les ennemis du régime ;
- un parti unique qui contrôle la totalité de l'appareil étatique, c'est-
à-dire dispose de l'ensemble des moyens de communication de masse
utilisés comme des instruments de propagande, crée des structures ../..
Les ingrédients du totalitarisme
d'embrigadement de chaque catégorie de la société et dispose d'une
direction centrale de l'économie. Le parti unique est dirigé idéalement par
un chef charismatique, autour duquel est formé un "culte du chef", faisant
de lui plus qu'un simple dictateur, un guide pour son peuple, lui seul en
connaissant les véritables aspirations ;
- un monopole de la force armée, un système à la fois policier qui a
recours à la terreur avec par exemple un réseau omniprésent d'agents
dormants et de surveillance des individus, basé sur la suspicion, la dénon-
ciation et la délation ; et également concentrationnaire afin de pouvoir se
prémunir contre tout individu potentiellement suspect. Ainsi ces systèmes
ont systématiquement recours à l'emprisonnement, la torture et l'élimination
physique des opposants ou personnes soupçonnées de l'être, et à la
déportation des groupes de citoyens jugés "suspects", "inutiles" ou
"nuisibles".
- Pour Bernard-Henry Lévy, les totalitarismes, quelles que soient
leurs différences par ailleurs, se reconnaîtraient, tant dans leurs théories
que dans leur pratique, à l'exigence de requérir la perception d'une dyna-
mique purement positive, optimiste et énergisante, associée à l'idée d'une
providence toute-puissante et naturelle, qui mènerait nécessairement les
hommes vers une "société bonne", méthodiquement "épurée" de ses
éléments "corrupteurs".
La foi et la peur
Pour Raymond Aron, le critère du nombre de partis porte en lui
le principe même d’une forme de société qui accepte ou refuse la
conflictualité. Ne sont totalitaires que les régimes de parti unique qui
mobilisent une idéologie servant de vérité officielle défendue par
l’État, qui accordent à ce parti un monopole de la force et de la
persuasion au moyen d’une presse dirigée, qui encadrent la plupart
des activités économiques et professionnelles, et considèrent les
fautes économiques ou professionnelles comme des fautes idéolo-
giques.
Pour Marcel Gauchet, les régimes totalitaires tirent leur soutien
de la foi ou de la peur. Certains totalitarismes comme le stalinisme, le
fascisme et le nazisme étaient des "religions séculières", des expé-
riences de croyance relevant du fanatisme. Au-delà de leur antago-
nisme premier, ce qui unit ces totalitarismes et fait leur séduction est
la restauration sous des formes modernes de sociétés passées qui
étaient organisée par la religion : recours au culte de la personnalité,
sacralisation du lien entre le peuple et l'État via le parti unique comme
auparavant le clergé, obsession propagandiste et de l'unité de la foi.
Les violences de masse :
penser l’impensable
Celui qui s’intéresse aux violences de masse est saisi de
vertige. Il faut en effet avoir le courage de regarder notre propre laideur
et de ne pas détourner le regard de la face la plus hideuse de notre
humanité. Les violences de masse - et particulièrement le génocide -
interrogent la conscience humaine dans le plus profond d’elle-même,
mais les forces destructrices à l’œuvre dans ces meurtres collectifs
sont si démesurées que l’homme est naturellement enclin à refouler le
problème plutôt qu’à l’analyser.
Et pourtant, si l’on veut empêcher le renouvellement de tels
évènements, il faut commencer par mieux les regarder pour les
comprendre et pour tirer les leçons de l’histoire.
L’historien et politologue Jacques Sémelin, professeur à ‘l’Institut
d’Études Politiques’ de Paris et cofondateur de l’IRNC, distingue 4
figures de base de la destruction humaine de masse :
- l’ethnocide,
- le massacre,
- l’épuration de masse,
- le génocide.
1- L’ethnocide
L’éthnocide est la destruction délibérée d’une culture, le plus
souvent dans le but d’exploiter économiquement ou politiquement ses
membres.
On pense à celui des indigènes - notamment des Noirs africains
- à l’époque de l’esclavage et du colonialisme, à celui des Peaux-
Rouges aux États-Unis, des indigènes de la forêt amazonienne.
Il est souvent accompagné de la destruction physique partielle
des membres de cette civilisation.
2 - Le massacre
Le massacre est une destruction limitée d’un groupe-
victime, en vue de créer un effet de terreur destiné à faciliter sa
soumission ou à l’inciter à fuir un territoire.
Il est au service d’une politique de conquête ou de mise en
esclavage des populations.
On le retrouve dans toutes les formes de guerre, et notam-
ment dans la guerre "moderne" avec le bombardement des
populations civiles (Londres, Dresde, Tokyo, Hiroshima, Nagasaki,
Tchéthénie, Ukraine, etc.)
3 - L’épuration de masse
L’épuration de masse vise à renforcer ou accroître le
pouvoir des tyrans qui la décident et à terroriser une population
pour qu’elle se soumette davantage.
Elle s’abat sur des groupes politiques, des catégories
économiques ou des classes sociales particulières.
On pense ici aux épurations menées par Staline, par Mao
Zédong, par les Khmers rouges au Cambodge, au "nettoyage
ethnique" en ex-Yougoslavie, où les victimes se comptent par
milliers ou centaine de milliers.
4 - Le génocide
Le génocide inclut les trois premières formes de destruction,
mais il a pour seule finalité l’anéantissement total d’une collectivité
humaine en tant que telle.
Au-delà de l’assimilation et de l’asservissement, le génocide
est la plus extrême de l’affirmation d’un groupe par la négation de
l’autre. Sa logique est purement irrationnelle puisque les dominants
ne tirent aucun effet apparent de l’éradication des victimes.
Les génocides reconnus
Un génocide est un crime consistant en l'élimination concrète
intentionnelle, totale ou partielle, d'un groupe national, ethnique ou encore
religieux, en tant que tel : des membres du groupe sont tués, brisés
mentalement et physiquement, ou rendus incapables de procréer, en vue
de rendre difficile ou impossible la vie du groupe ainsi réduit. Le génocide
peut être perpétré par divers moyens, le plus répandu et le plus évident
étant le meurtre collectif.
L'ONU reconnaît trois génocides :
- le génocide des Arméniens commis par l'Empire ottoman, en 1915- 1916 ;
- le génocide des Juifs commis par les nazis, de 1941 à 1945 ;
- le génocide des Tutsis commis par le pouvoir hutu, au Rwanda, en 1994.
Photo : Raphael Lemkin (1900-1959), professeur de droit états-unien d'origine juive polonaise.
Il forge le néologisme « génocide » en 1943 à partir de la racine grecque génos, « naissance »,
« origine », « genre », « espèce », « race », plus rarement « peuple », « tribu », « nation », et du
suffixe -cide, qui vient du terme latin caedere, « frapper », « abattre », « tuer », voire « massacrer ».
Des prétextes à la haine
Dans le cas du génocide des Arméniens par le pouvoir turc (1915-
1917), le prétexte invoqué était la neutralité des Arméniens dans la guerre
entre la Russie et la Turquie, leur refus de l’islamisation et leurs revendica-
tions autonomistes.
Dans le cas du génocide perpétré par les nazis (1838-1945), la
justification avancée était l’infériorité et la nocivité de certains groupes
culturels ou politiques (homosexuels, communistes) ou de certains groupes
ethniques ou religieux (Tsiganes, Juifs).
La haine, qui est souvent présentée comme la cause du génocide,
est en réalité un effet parmi d’autres de la crise profonde qui secoue la
société : celle-ci s’interroge sur ses racines et agresse ce qu’elle considère
comme un corps étranger à l’intérieur d’elle-même.
Puisqu’un tel acte doit être dissimulé, il est commis généralement à
l’abri des regards et quand l’opinion publique est préoccupée par autre
chose. La guerre fournit à cet égard une circonstance particulièrement
favorable : le génocide des Arméniens est commis pendant la 1ère Guerre
mondiale, la Shoah pendant la 2ème Guerre mondiale.
Soumission à l’autorité,
bureaucratie, technologie
Pour se disculper, le subordonné qui participe à l’entre-
prise génocidaire a besoin d’une justification : c’est le mécanisme
de la soumission à l’autorité. Plus la hiérarchie est complexe et
étendue, plus le sentiment de culpabilité est partagé par des
milliers d’individus, et plus le génocide pourra être massif. C’est
par l’effet conjugué de la bureaucratie et de technologie moderne
que le génocide du 20ème siècle peut atteindre des millions de
victimes.
Images :
- L’expérience de Stanley Milgram pour montrer la soumission aveugle à l’autorité.
- Boîtes de gaz Zyklon B, utilisées dans les camps d’extermination nazis. Ce pesticide à
base d'acide cyanhydrique, breveté par le chimiste Walter Heerdt, était produit par la
firme allemande Degesch, filiale de IG Farben (fondée en 1930 par rapprochement
concerté des sociétés chimiques BASF, Bayer et Agfa).
La banalité du mal
D’autres phénomènes interviennent dans ce délire collectif :
- l’approbation larvée de la population,
- le refus de la réalité insupportable par ceux qui mettaient une
espérance dans l’avenir du régime politique,
- la laisser-faire de la communauté internationale,
- l’état de choc des victimes qui les met dans l’incapacité d’analyser
rationnellement leur situation.
Il importe de préciser le caractère "normal" de la plupart des
fonctionnaires de la machine génocidaire (bons pères de famille,
honnêtes citoyens), et même des décideurs : ce serait se méprendre
que de les percevoir comme démoniaques ou sadiques.
Les recherches de Jacques Sémelin
Le livre de Jacques Sémelin Purifier et détruire (2005) est le fruit de
plusieurs années de travail dans le cadre d'un programme de recherche
au CNRS. Il propose une approche résolument transdisciplinaire et
comparative pour tenter de "penser" les processus de violence qui abou-
tissent aux massacres et aux génocides de l'époque moderne. Comment
de tels crimes de masse sont-ils possibles ? Quelles manipulations du
langage et des esprits interviennent pour préparer le "passage à l'acte",
notamment en élaborant, préalablement, un imaginaire et une
justification ? Comment s'enclenche et s'affole la mécanique du meurtre ?
L'auteur fonde principalement son enquête sur plusieurs exem-
ples : la Shoah, les nettoyages ethniques de l'ex-Yougoslavie, le génocide
des Tutsis au Rwanda et encore les génocides arménien et cambodgien.
Par l'ampleur de la documentation utilisée, la richesse des
références bibliographiques, l'exigence permanente de l'analyse, ce livre
est à la fois vertigineux et sans équivalent. On ne s'était sans doute
jamais approché d'aussi près de cette énigme insondable, de ce "trou
noir" devant lequel vacille l'entendement humain.
Prévenir de telles tragédies ?
Jacques Sémelin évoque des moyens de prévenir de tels
évènements en posant quelques questions et quelques jalons de
réflexion :
- Les victimes potentielles des génocides veulent-elles s’intégrer ou
vivre en marge des populations où elles sont minoritaires ?
- Quel sort les sociétés réservent-elles à leurs minorités ?
- L’opinion publique internationale est-elle vigilante au sujet du
traitement des minorités par les États ?
Sémelin conclut sur la nécessité d’ouvrir les systèmes
étatiques, de contribuer à la circulation des personnes et à la
mondialisation de l’information.
On peut y ajouter l’urgence d’une éducation sur les limites
du rôle de l’État et sur le devoir de désobéissance, reconnu par les
juges au procès de Nuremberg.
La démocratie, une exigence collective
La démocratie nous semble incontestablement le meilleur antidote aux
dystopies* totalitaires, aux idéologies de haine, de rejet, d’exclusion, de
désignation de boucs émissaires aux tensions internes et au mal-être de la
société.
La démocratie repose sur deux composantes :
- des institutions, un système, des formes de gouvernement : séparation des
pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire), élections à bulletin secret, suffrage
universel, des textes fondamentaux : Constitution, libertés publiques, droits
de l’homme et du citoyen, décentralisation, subsidiarité, etc.
- des valeurs et un état d’esprit, une exigence éthique* : c’est une forme de
société ayant pour valeurs la liberté, l'égalité des droits et devoirs, le respect,
la gestion pacifiée et féconde des inévitables différends et conflits humains,
ou de manière plus générale encore, un ensemble de valeurs, d'idéaux et de
principes politiques, sociaux ou culturels.
* Une utopie (du grec ou-tópos, ‘en aucun lieu’) est la représentation d'une société idéale,
opposée aux sociétés réelles imparfaites. C’est un but à atteindre, qui ne sera jamais atteint, mais qui
donne une vision, une direction, une dynamique.
Au contraire, la dystopie, ou contre-utopie, est la mise en œuvre qui tourne mal d’une utopie mal
pensée et non incarnée dans des personnes en quête d’humanité et de sens. Elle est non pas « le
meilleur des mondes », mais « une utopie en sens contraire », selon Frédéric Rouvillois.
Les limites de la loi du nombre :
la vraie démocratie est citoyenne
La démocratie est le projet politique qui correspond le mieux à celui
d’une société de liberté et de justice. Elle est un pari sur la sagesse du
peuple. Mais le peuple peut devenir une foule, et la passion s’empare plus
facilement d’une foule que la raison.
En réalité, la vraie démocratie n’est pas populaire, mais citoyenne.
L’idéal démocratique implique la répartition la plus égale possible entre
tous les citoyens de l’avoir, du savoir et du pouvoir.
Les élections libres sont nécessaires à la démocratie, mais elles ne
lui sont pas suffisantes. La loi du nombre peut ne pas correspondre au
respect du droit.
La liberté et l’égalité peuvent être organisées, codifiées, règlemen-
tées, en termes de droits et de devoirs. La fraternité, qui n’est traduite en
lois que de manière négative,* trouve ses fondements dans la dimension
spirituelle de la personne. Elle reste le fondement de la cité démocratique,
sans laquelle liberté, justice et égalité risquent de se dénaturer.
* par exemple, l’omission de porter secours, le délit de non-assistance en danger
Images : - Adolf Hitler salué par des jeunesses hitlériennes au Congrès du parti nazi à Nuremberg.
Hitler a été élu "presque" démocratiquement chancelier du Reich en janvier 1933.
- La chaîne humaine de 687 km pour la démocratie, entre les capitales des trois pays baltes, le 23
août 1989, date du 50ème anniversaire du pacte germano-soviétique entre Hitler et Staline.
Les menaces sur la démocratie
Les menaces qui pèsent sur la démocratie sont d’abord
engendrées sur les idéologies fondées sur la discrimination et
l’exclusion : nationalisme, racisme, xénophobie, intégrisme
religieux, libéralisme économique fondé uniquement sur la
recherche du profit maximal immédiat.
Elles sont toutes liées à l’idéologie de la violence, et
proclament que la violence est nécessaire et légitime dès lors
qu’elle est mise à leur service.
Promouvoir et défendre la démocratie, c’est d’abord lutter
contre ces idéologies, qui n’ont pas de frontières.
La citoyenneté n’est possible qu’entre des êtres humains
qui, au-delà de toutes leurs différences, se reconnaissant égaux
et semblables.
Le devoir de vigilance de chaque citoyen
Une telle réflexion, loin d’être réservées aux historiens, aux
sociologues, aux anthropologues, doit être menée par tout citoyen, et
particulièrement par les responsables politiques, les fonctionnaires, les
militaires, les membres des communautés religieuses et spirituelles.
Genghis Khan, Hitler, Staline, Mao Zédong, Pol Pot, Milosevic
resteront tristement célèbres à cause des massacres, épurations ou
génocides qu’ils ont commis,
mais aussi Jules César, Louis XIV, Napoléon 1er, Bismarck,
George W. Busch et Vladimir Poutine à cause des guerres meurtrières
et inutiles qu’ils ont provoquées.
Demain, les chefs d’État des puissances nucléaires, les
officiers de tir des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins peuvent
avoir l’occasion de s’illustrer en bien ou en mal par leur décision
personnelle face à la perspective d’un holocauste atomique.
Car si l’on ne peut pas être sûr que le spectre du génocide soit
seulement derrière nous, on peut affirmer que le spectre des massa-
cres nucléaires est bel et bien devant nous.
L’encyclopédie en ligne
"Violence de masse et Résistance"
Inaugurée en 2008 dans le cadre du CERI (‘Centre d’Études et de recherches
Internationales’ de Sciences Po Paris), l’encyclopédie en ligne ‘Violence de masse et
Résistance’ (‘MV&R’) est une publication scientifique d’accès libre et gratuit. Le projet
est intellectuel, mais également citoyen de par le mode de diffusion choisi.
Le Comité de rédaction dirigé depuis 2011 par Claire Andrieu, le Conseil
d’orientation présidé par Jacques Sémelin, fondateur de la publication, et le Conseil
scientifique international sont composés de chercheurs et enseignants-chercheurs
spécialistes de ce champ. Les auteurs sollicités et l’évaluation des contributions,
réalisée en premier ressort par deux personnes en double aveugle*, répondent aux
normes des publications scientifiques.
Le terme de "violence de masse" vise à éviter un voca-
bulaire contraint par des normes juridiques (génocide) ou
visuelles (massacre). Par violence de masse, on entend des
violences physiques ciblées et systématiques, qu’elles soient
concomitantes ou échelonnées dans le temps. La violence de
masse se définit ainsi par un faisceau de critères.
La notion d’évaluation par les pair-e-s en « double aveugle » signifie que les
évaluateurs.trices procèdent à la lecture de l’article sans en connaître l’auteur ou
l’autrice et que ces derniers ne connaissent pas l’identité des personnes qui auront
évalué leur texte au moment d’en faire la version finale, du moins pas avant la publica-
tion. Ces précautions ont pour but d’éviter la complaisance ou les règlements de
compte au sein du processus d’évaluation.
"Violence de masse et Résistance"
‘MV&R’ couvre les 20ème et 21ème siècles. Son but est de
fournir une information fiable sur des événements qui sont parfois
difficiles à documenter et qui demeurent profondément enracinés
dans les mémoires individuelles et collectives. Constituant pour
cette raison des événements presque sans fin, ces faits
continuent de jouer un rôle sur les scènes nationales et
internationales.
‘MV&R’ poursuit l’entreprise inaugurée en 2008 par
‘l’Encyclopédie en ligne des violences de masse’. Mais ‘MV&R’
élargit le champ de l’étude en incluant les diverses formes de
résistance pour donner une vision plus globale de la violence de
masse et pour analyser la façon dont l’oppression et la résistance
se répondent.
Image du bas : MV&R n’est pas la seule institution destinée à prévenir les
violences de masse. ‘Le Mémorial de la Shoah’, auteur de ce livre Violen-
ces de guerre, violences coloniales, violences extrêmes avant la Shoah, en
est une autre.
Délégitimer la violence
Inventer des alternatives à la violence
Pour briser le ressort de la violence, présentée comme nécessaire, légitime et
honorable, il faut d'abord prendre en compte toute la réalité de la violence qui pervertit notre
relation à l'autre.
Il faut ensuite rompre avec les processus de justification et de légitimation de la
violence, et montrer que la violence n'est pas une fatalité.
Il faut surtout
- défendre et promouvoir la démocratie, l’État de droit, les
libertés fondamentales, les contre-pouvoirs dans les
institutions publiques et les organisations privées,
- faire connaître, développer et mettre en œuvre les
alternatives à la violence et les modes de résolution non-
violente des conflits interpersonnels, sociaux, ethniques,
internationaux.
pour montrer la soumission aveugle à l’autorité
Expériences menées par Stanley Milgram
Pour ne pas désespérer de l’humanité…
Savoir que des chercheurs dans le monde entier étudient les
violences passées et actuelles pour les connaître, les faire connaître, les
comprendre, les dépasser et pour permettre de les éviter à l’avenir, cela
peut être un puissant facteur de résilience et de motivation à agir.
Pour ne pas désespérer de l’humanité, il faut être à la fois lucide et
utopiste, c’est-à-dire marcher avec détermination en direction d’un lieu qui
n’existe pas encore, en sachant que ce seront peut-être les générations
suivantes qui y parviendront.
« Je suis pessimiste par l'intelligence, mais optimiste par la volonté. (…)
Je me suis toujours armé d’une patience illimitée, non passive, inerte, mais
animée de persévérance. »
Antonio Gramsci (1891-1937, penseur et homme politique italien. Député de
Venise, emprisonné par le régime mussolinien pendant 10 ans, à partir de 1927).
« Le pessimiste et l'optimiste s'accordent à ne pas voir les choses
telles qu'elles sont. L'optimiste est un imbécile heureux, le pessimiste, un
imbécile malheureux. »
Georges Bernanos (1888-1948, écrivain français).
Enseigner, former, lutter
Dans l’urgence, il importe de mettre hors d’état de nuire, autant que
faire se peut, les dictateurs, les oppresseurs, les fanatiques, les exploiteurs,
les profiteurs, les spéculateurs, tous ceux qui se moquent éperdument de
leurs contemporains, de la démocratie, des libertés, du bien commun, de
l’avenir de l’humanité et de la planète.
Et cela en étant vigilant et lucide, car, comme disait Lanza del Vasto,
« révolution bien ordonnée commence par soi-même »…
Il faut amener aussi les dirigeants de nos pays européens et ailleurs à
mettre en œuvre un démocratie participative, à bâtir une société viable
fondée sur la sobriété, le respect des équilibres écologiques, une économie
durable et solidaire, à abolir les armes nucléaires, à inventer de nouveaux
modes de résolution des conflits et de défense.
Pour déraciner la violence, il importe de montrer - par la vulgarisation,
le plaidoyer, la formation, l’expérimentation - que les stratégies non-violentes
d’action et de résistance à l’agression ont fait leurs preuves dans de nom-
breux conflits à travers le monde depuis plusieurs siècles, et particulièrement
depuis Gandhi.
Promouvoir une culture de non-violence
Une culture de la non-violence est le développement des
savoirs, des mœurs, des manières de vivre, des institutions
sociales, des échelles conscientes et inconscientes de valeurs, bref
de l’éthique collective toute entière dans sa profondeur,
en vue de favoriser le recul de la violence individuelle et sociale
et d’inscrire dans les pratiques vécues d’un peuple les pratiques
non-violentes des conflits.
Connaître notre histoire
Faire connaître, juger, réparer
Les diaporamas de ce site - et particulièrement ceux de la
série ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’ - montrent
les modalités de la cruauté et de l’exploitation d’êtres humains par
d’autres êtres humains, l’ampleur des guerres, des massacres, des
génocides qu’a connus notre humanité.
Mais ils montrent aussi que la vérité se fait jour : des articles
de scientifiques et d’historiens, des livres, des documentaires, des
films montrent et dénoncent les violences commises dans notre
histoire.
1 - Des mémoriaux et des musées sensibilisent nos
contemporains, et particulièrement les jeunes.
2 - Des enquêtes et des procès ont lieu, des tribunaux
internationaux jugent les crimes les plus graves.
3 - Des campagnes d’action sont organisées
pour la reconnaissance de ces crimes.
Image du bas : Logo et siège de la Cour Pénale Internationale
à La Haye
Prévenir, pardonner, coopérer
4 - Des ‘commissions vérité et réconciliation’ sont créées, des demandes de pardon
sont formulées, des réparations sont faites dans la mesure du possible.
5 - Des procédures et des processus de prévention et de
résolution non-violente des conflits existent au plan
interpersonnel comme au plan national ou international.
6 - La réconciliation de peuples qui ont été ennemis pendant des
siècles et leur collaboration pour construire l’Europe dépassent
tous les espoirs.
Images :
- Logo de la ‘Commission vérité et réconciliation’ en Afrique du Sud.
- Logo de l’ONU,
- Siège de l’OSCE ‘Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe’ à Vienne. L’OSCE est un acteur essentiel
de la sécurité paneuropéenne, en sa qualité de seule institution où la Russie, les États-Unis, le Canada, tous les pays
d’Europe et d’Asie centrale peuvent dialoguer directement dans un cadre multilatéral et sur un pied d’égalité.
- François Mitterrand et Helmut Kohl à Verdun en septembre 1984
Autres diaporamas
sur le site irnc.org
Pour avoir une vision plus complète des violences
passées et présentes sur notre planète et des recherches et
actions menées pour les prévenir, la lectrice et le lecteur sont
incités à regarder aussi, en plus de la présente série "De
l’offense à la réconciliation" et "Mémoire et reconnaissance de
crimes du passé", les diaporamas suivants présents sur le site
irnc.org :
- La violence : la connaître pour la combattre,
- L’humanité sort-elle de la violence ?,
- Des idéologies d'exclusion aux génocides : les étapes
d’un processus,
- Israël et Palestine,
- Armes nucléaires,
- Défense civile non-violente (et notamment résistance civile
pendant la 2ème Guerre mondiale, en Tchécoslovaquie, contre
les dictatures, contre les coups d’État, contre le terrorisme),
- Dates et figures de la construction européenne.
Un travail de vulgarisation
à améliorer
Le moyen de communication du diaporama en ligne est ici
utilisé parce que les informations présentées sont
- plus agréables pour l’internaute à découvrir et à assimiler que sur des
textes (papier ou Internet) à cause de la présence des illustrations,
- et plus faciles à retrouver et à exploiter par le lecteur que sur des
vidéos (DVD ou Internet).
L’auteur de ces diaporamas a conscience que ce travail de
recherche et de vulgarisation est extrêmement incomplet et qu’il devra
être revu, corrigé, complété, restructuré.
Il espère que cela pourra être fait un jour par une équipe de
travail constituée de spécialistes de ces questions, avec des principes,
une méthodologie, du temps, des moyens…
Un travail à compléter
Il faudra notamment créer des diaporamas sur de nombreux
évènements (dictatures, conflits, guerres civiles ou internationales) qui
ne figurent pas dans l’offre existante sur ce site :
- le conflit et la guerre civile en Irlande (1960-1997)
- le conflit armé en Colombie (1964)
- la guerre du Biafra (Nigéria, 1967-1970)
- la guerre civile au Liban (1975-1990)
- la guerre civile somalienne (1991)
- le conflit en Afghanistan (depuis 1978)
- la guerre entre l’Irak et l’Iran (1980-1988)
- la guerre civile en Algérie (1991-2002)
- les conflits communautaires au Nigéria (1998)
- la guerre en Irak (2003)
- la guerre du Darfour (Soudan, 2003) ../..
NB : Plusieurs sites, notamment Wikipédia, présentent une liste des guerres contemporaines
depuis 1945, avec une estimation du nombre des victimes, en distinguant les conflits qui ont
causé plus de 1 000 morts par an et les autres
Un travail à compléter
- la guerre entre le Yémen et l’Arabie saoudite (2011)
- la guerre civile en Syrie (2011)
- la guerre civile en Éthiopie-Érythrée-Soudan (2018)
- la persécution des Rohingyas en Birmanie (notamment en 2017)
- et bien sûr les guerres provoquées par le régime russe de Vladimir
Poutine, particulièrement en Ukraine depuis février 2022
Il faudrait, pour chacun de ces conflits, regarder
- quel travail ont fait les historiens pour documenter et établir les
faits,
- quel a été le travail des autorités judiciaires nationales ou interna-
tionales pour identifier et sanctionner les principaux coupables,
- quelles ont été les démarches de recherche de la vérité, de
reconstruction de la société, de réparation, de pardon et de
réconciliation,
- quels sont les moyens déployés (musées, lieux mémoriels, livres,
films, journées du souvenir, éducation, etc.) pour faire mémoire de
ces évènements
afin d’éviter, autant que faire se peut, que de tels évènements se
renouvellent.
La liberté est fragile, elle recule
La liberté est fragile, et même elle recule, nous dit Gaspard Koenig* :
« La parenthèse des printemps arabes s’est refermée en 2021 avec la
dissolution du parlement tunisien. Les théocraties sévissent avec une
férocité renouvelée en Afghanistan et en Iran. L’autoritarisme s’est renforcé
en Russie, Chine ou Birmanie. L’Afrique de l’Ouest renoue avec les coups
d’État. Selon l’institut suédois V-Dem, 70 % de la population mondiale vit
dans une autocratie. Seules les 34 "démocraties libérales" subsistent,
chiffre le plus bas depuis 1995.(…)
Les États-Unis et le Brésil jouent l’État de droit à pile ou face, l’Inde
s’installe dans un nationalisme agressif, Israël reprend sa politique de colo-
nisation, l’Indonésie intensifie le contrôle des mœurs. En Europe, l’extrême
droite conquiert le pouvoir (Italie Suède, Autriche) ou s’en rapproche
(France, Pays-Bas). (…)
Les démocraties libérales renoncent peu à peu, discrètement,
honteusement, aux principes qui les fondent. ../..
* Gaspard Koenig, philosophe, « La liberté recule encore », Les Échos, 04.01.2023
Images :
- Panusaya Sithijirawattanakul, étudiante et militante thaïlandaise. Emprisonnée à plusieurs reprises,
notamment pour avoir omis, dans un discours en 10 points pour la réforme de la monarchie, d'utiliser
la forme habituelle de soumission au roi : "dans la poussière sous la plante des pieds de Votre
Majesté".
-Kizito Mihigo, (1981-2020), artiste rwandais, chanteur de gospel, auteur de chants liturgiques,
organiste et compositeur. Crée en 2010 une fondation pour la paix et la réconciliation. Arrêté le 13
février 2020 par le pouvoir du président-dictateur Paul Kagamé, meurt dans sa cellule à Kigali le 17
février, officiellement d'un « suicide par pendaison ».
« C’est d’abord nous-mêmes que nous devons blâmer »
Elles suspendent les droits fondamentaux à la moindre alerte sanitaire,
sécuritaire ou demain climatique, déploient des outils de surveillance et de
contrôle de plus en plus intrusifs, renouent avec la planification d’État,
referment leurs frontières et s’affranchissent des conventions internatio-
nales. (…)
À l’universalité des droits se substituent des revendications
identitaires tous azimuts. La liberté disparaît du vocabulaire politique. (…)
Si la liberté recule dans le monde, c’est d’abord nous-mêmes que
nous devons blâmer. Héritiers du libéralisme des Lumières, nous ne
savons ni l’assumer, ni le renouveler, ni le promouvoir. (…)
Puissions nous sortir de notre torpeur ! »
Images :
- Mikheil Saakachvili, ancien président de la Géorgie, sur son lit d’hôpital fin 2022, en procès
par vidéoconférence devant le tribunal de Tbilissi et en grève de la faim. Impulse « la révolution des
roses » en Géorgie de 2003 à 2012, lutte contre la corruption, libéralise l’économie encore marquée
par la survivance des monopoles d’État. Ses partisans soupçonnent un empoisonnement comman-
dité par le Kremlin.
- Matiullah Wesa, enseignant afghan de l’ethnie patchoun. En 2009, fonde l'organisation de
bénévoles Pen Path, réseau d’écoles et de bibliothèques ouvertes aux filles. En 2017, parcourt
l'Afghanistan pour plaider en faveur de la réouverture des écoles fermées par les talibans. Arrêté et
emprisonné le 27 mars 2023.
Plusieurs vœux pour la démocratie
Sans avoir terminé cette série de diaporamas commencée il y
a plusieurs années sur les thèmes "Mémoire et reconnaissance de
crimes du passé", "Justice, pardon et réconciliation", "Dates et figures
de la construction européenne" - il reste à traiter les crimes des institu-
tions religieuses, un gros morceau…-, j’affirme indissociablement mon
identité de Français démocrate, de citoyen de l’Union européenne, et
de citoyen du monde.
Je formule deux vœux d’ordre général :
- que dans le parcours de formation des jeunes européens figure, à
côté de l’enseignement, la visite de lieux de mémoire et de musées
consacrés aux diverses formes de violence exercées par des êtres
humains contre d’autres (esclavage, colonialisme, nazisme, stalinis-
me, racisme, guerres, massacres et génocides, discrimination, etc.);
- que démocratie et spiritualité - l’important étant le "et" qui les relie
- soient les deux axes majeurs de la pensée philosophique et du
dialogue interreligieux et interconvictionnel.
Image du haut : Entrée du Musée de l’Occupation de Tallinn (Estonie)
Quatre vœux politiques…
Je complète ces deux vœux d’ordre général par 4 vœux d’orienta-
tions concrètes dans le domaine politique :
- qu’un vrai débat contradictoire ait enfin lieu en France (et dans les
pays européens détenteurs d’armes atomiques) sur l’arme et la dissua-
sion nucléaires et sur l’adhésion au ‘Traité sur l’interdiction des armes
nuclé-aires’ (TIAN);
- que la France et l’Union européenne, à côté d’une défense con-
ventionnelle classique, s’intéressent enfin sérieusement aux stratégies
non-violentes de défense (défense civile non-violente) et d’intervention
extérieure (intervention civile de paix);
- que la France et l’Union européenne appliquent des sanctions
politiques et économiques envers l’État d’Israël tant que subsistera
l’occupation militaire de la Palestine et le régime d’apartheid subi par les
Palestiniens;
- que la France et l’Union européenne reconnaissent la République
de Taïwan, ouvrent avec ce pays des relations diplomatiques officielles, et
soutiennent sa demande d’entrée à l’ONU.
… et une note d’espérance
Les peuples européens ont fait tomber le communisme et le
mur de Berlin. Vaclav Havel et Nelson Mandela, après des séjours en
prison, sont devenus présidents de leur pays. L’Allemagne et la France,
après des siècles de guerre, sont devenus des piliers de l’Union euro-
péenne. L’Europe soutient fermement l’Ukraine face à l’impérialisme de
Poutine, elle s’engage dans le combat contre le changement climatique
et pour la préservation de la biodiversité.
Avec Oswaldo Payá Sardinas*, osons affirmer que "La nuit
ne sera pas éternelle".
* Oswaldo Payá Sardinas (1952-2012), militant cubain des droits de l’homme et des
libertés fondamentales, a été lauréat du prix Sakharov décerné en 2002 par le Parlement
européen. Il est à l'origine d’une pétition demandant l'organisation d'un référendum sur une
réforme constitutionnelle donnant une plus grande liberté personnelle, politique, et économique
(liberté d'entreprendre) ainsi que l'amnistie des prisonniers politiques à Cuba.
■

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  • 1. Diaporamas ‘De l’offense à la réconciliation’ Série ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’ 1 - Introduction Étienne Godinot 26.06.2023
  • 2. La série de diaporamas ‘De l’offense à la réconciliation’ Sommaire Série 1 : Mémoire et reconnaissance de crimes du passé 1 - Introduction 2 - La mémoire de l’esclavage 3 - La mémoire du colonialisme 4 - La mémoire du génocide des Arméniens 5 - La mémoire de la Shoah 6-1 - La mémoire des crimes des pouvoirs communistes 6-2 - La mémoire des crimes des pouvoirs communistes 7 - La mémoire des crimes commis par les États-Unis 8 - La mémoire des crimes des Khmers rouges au Cambodge 9 - La mémoire du génocide du Rwanda 10 - La mémoire des crimes commis pendant les guerres en ex-Yougoslavie 11 - La mémoire de l’apartheid en Afrique du Sud 12 - La mémoire des guerres 13 - La mémoire des crimes commis par les institutions religieuses Série 2 : Justice, pardon et réconciliation 1 - Justice, pardon et réconciliation : dissiper les malentendus 2 - Pardon et réconciliation entre personnes 3 - Pardon et réconciliation entre groupes humains 4 - La réconciliation franco-allemande 5-1 - L’Algérie et la France : de 1830 à 1962 5-2 - L’Algérie et la France : depuis 1962 6 - Le Japon et les traces de sa période impériale en Asie du Sud-Est 7 - La Chine. Une volonté de revanche ? 8 - Institutions en faveur de la justice et des droits humains. 9 - Relire et dépasser le passé pour inventer l’avenir
  • 3. Série ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’ Introduction Sommaire Un monde malade de la violence Le totalitarisme Les violences de masse : penser l’impensable - l’ethnocide - le massacre - l’épuration de masse - le génocide Des prétextes à la haine Soumission à l’autorité, bureaucratie, technologie La banalité du mal Les recherches de Jacques Sémelin Prévenir de telles tragédies - La démocratie, une exigence collective - Le devoir de vigilance de chaque citoyen - L’encyclopédie en ligne "Violence de masse et Résistance" - Délégitimer la violence, inventer des alternatives à la violence - Enseigner, former, lutter - Connaître notre histoire - Faire connaître, juger, réparer - Prévenir, pardonner, coopérer La liberté est fragile, elle recule Plusieurs vœux pour la démocratie
  • 4. Mémoire et reconnaissance de crimes du passé : Sources - Lectures, notamment revue Alternatives non-violentes, - Documentaires et films, dont certains cités dans les diaporamas suivants, - Internet, et principalement Wikipédia. - N° 60 de la revue Alternatives non-violentes « Génocides – Penser l’impensable », été 1986 - Revue d’histoire Hérodote Vos observations, corrections et suggestions éventuelles sont les bienvenues !
  • 5. Un monde malade de la violence L’histoire des hommes est pour une large part l’histoire des malfaisances et des maltraitances, des meurtres et des assas- sinats, des crimes et des guerres, des massacres et des génocides. Le 20ème siècle a été un siècle de feu et de sang : guerres de colonisation et de décolonisation, révolutions violentes, Guerres mondiales, dictatures et génocides, etc. Aujourd’hui, la dictature règne sur de nombreux pays du monde, avec son idéologie dominatrice, impérialiste et milita- riste. Nos sociétés sont dominées par une culture de violence : l’idéologie de la croissance illimitée et le système économique qui en découle génèrent des injustices insupportables, l’exclu- sion des plus faibles, la surexploitation des ressources natu- relles limitées de la planète, la maltraitance des animaux, la pollution de l’air, de l’eau, de la mer, de la terre, le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité.
  • 6. Les violences de masse, d’hier … « La violence de masse scande l’histoire de l’humanité depuis les âges les plus reculés. Massacres à la chaîne de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants par les Assyriens et Mongols qui constituaient consciencieu- sement des pyramides de têtes ; Sillon sanglant des chevauchées médiévales et leur cortège de carnages et de pillages ; Traite des Africains, dont les plus faibles étaient passés par-dessus bord pendant les épouvantables traversées des navires négriers ; Millions de Congolais enrôlés de force, qui moururent d’épuisement ou sous les coups des contremaîtres à la solde des Belges ; Irlandais, Indiens, Ukrainiens, Kazakhs, populations du Biafra, d’Éthiopie ou du Darfour qui firent ou font encore l’expérience de la lente agonie d’une faim qui puise sa source dans des facteurs autant climatiques que politiques ; Millions de vies jeunes et innocentes broyées, cisaillées, gazées, hachées, dans les enfers mécaniques de Verdun ou de la Somme ; Milliers d’êtres humains vaporisés, carbonisés, irradiés dans les brasiers des bombardements massifs de Hambourg, Dresde, Londres, Hiroshima, Hanoï ; ../..
  • 7. …à aujourd’hui Enfer des camps où moururent en masse les Boers hollandais, les Arméniens, les Juifs, les communistes et les Bosniaques musulmans ; Camps de rééducation du communisme asiatique et enfer des "champs de la mort" cambodgiens ; Shoah, camps d’extermination, cheminées fumantes de Treblinka, clairières sanglantes du Rwanda ; Prison de verre et d’acier incandescente des tours du World Trade Center… »* mais aussi internement des Ouïghours dans des camps au Xinjiang, massacre de civils Ukrainiens par les armées de Poutine, etc. Pendant ses trois dernières années, Etty Hillesum a tenté de répondre à ce cri de son ami Jan : « Qu’ont donc les hommes à vouloir détruire leurs semblables ? » Image en haut à droite : Lizzie van Zyl, enfant boer internée et morte dans le camp de concentration de Bloemfontein en Afrique du Sud. Pendant la 2ème guerre des Boers en Afrique du Sud (octobre 1899 à mai 1902), 116 572 Boers furent envoyés par Lord Kitchener, commandant de l’armée britannique, dans les premiers camps de concentration du 20ème siècle, soit à peu près un quart de la population, auxquels s'ajoutaient encore quelque 120 000 Africains noirs. * Citation tirée d’un article publié par cairn.info dont je ne retrouve plus l’auteur, 1000 excuses
  • 8. Le totalitarisme Le totalitarisme est un régime et système politique dans lequel existe un parti unique, n'admettant aucune opposition organisée, et où l'État tend à exercer une mainmise sur la totalité des activités de la société. Un tel système restreint l'opposition individuelle à l'État. Il exerce un degré extrêmement élevé de contrôle sur la vie publique et privée. C’est la forme d'autoritarisme la plus extrême et la plus complète. Le totalitarisme signifie étymologiquement « système tendant à la totalité » : issu de l'ouvrage de Hannah Arendt The Origins of Totalitaria- nism, le mot totalitarisme exprime l'idée que la dictature ne s'exerce pas seulement dans la sphère politique, mais dans toutes, y compris les sphères privée et intime, quadrillant toute la société et tout le territoire, en imposant à tous les citoyens l'adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté. Les caractéristiques habituellement retenues pour définir le totalitarisme sont : - un monopole idéologique, c'est-à-dire la conception d'une vérité qui ne supporte aucun doute, ne tolère aucune critique, est imposée à tous et se trouve orientée par la lutte contre les ennemis du régime ; - un parti unique qui contrôle la totalité de l'appareil étatique, c'est- à-dire dispose de l'ensemble des moyens de communication de masse utilisés comme des instruments de propagande, crée des structures ../..
  • 9. Les ingrédients du totalitarisme d'embrigadement de chaque catégorie de la société et dispose d'une direction centrale de l'économie. Le parti unique est dirigé idéalement par un chef charismatique, autour duquel est formé un "culte du chef", faisant de lui plus qu'un simple dictateur, un guide pour son peuple, lui seul en connaissant les véritables aspirations ; - un monopole de la force armée, un système à la fois policier qui a recours à la terreur avec par exemple un réseau omniprésent d'agents dormants et de surveillance des individus, basé sur la suspicion, la dénon- ciation et la délation ; et également concentrationnaire afin de pouvoir se prémunir contre tout individu potentiellement suspect. Ainsi ces systèmes ont systématiquement recours à l'emprisonnement, la torture et l'élimination physique des opposants ou personnes soupçonnées de l'être, et à la déportation des groupes de citoyens jugés "suspects", "inutiles" ou "nuisibles". - Pour Bernard-Henry Lévy, les totalitarismes, quelles que soient leurs différences par ailleurs, se reconnaîtraient, tant dans leurs théories que dans leur pratique, à l'exigence de requérir la perception d'une dyna- mique purement positive, optimiste et énergisante, associée à l'idée d'une providence toute-puissante et naturelle, qui mènerait nécessairement les hommes vers une "société bonne", méthodiquement "épurée" de ses éléments "corrupteurs".
  • 10. La foi et la peur Pour Raymond Aron, le critère du nombre de partis porte en lui le principe même d’une forme de société qui accepte ou refuse la conflictualité. Ne sont totalitaires que les régimes de parti unique qui mobilisent une idéologie servant de vérité officielle défendue par l’État, qui accordent à ce parti un monopole de la force et de la persuasion au moyen d’une presse dirigée, qui encadrent la plupart des activités économiques et professionnelles, et considèrent les fautes économiques ou professionnelles comme des fautes idéolo- giques. Pour Marcel Gauchet, les régimes totalitaires tirent leur soutien de la foi ou de la peur. Certains totalitarismes comme le stalinisme, le fascisme et le nazisme étaient des "religions séculières", des expé- riences de croyance relevant du fanatisme. Au-delà de leur antago- nisme premier, ce qui unit ces totalitarismes et fait leur séduction est la restauration sous des formes modernes de sociétés passées qui étaient organisée par la religion : recours au culte de la personnalité, sacralisation du lien entre le peuple et l'État via le parti unique comme auparavant le clergé, obsession propagandiste et de l'unité de la foi.
  • 11. Les violences de masse : penser l’impensable Celui qui s’intéresse aux violences de masse est saisi de vertige. Il faut en effet avoir le courage de regarder notre propre laideur et de ne pas détourner le regard de la face la plus hideuse de notre humanité. Les violences de masse - et particulièrement le génocide - interrogent la conscience humaine dans le plus profond d’elle-même, mais les forces destructrices à l’œuvre dans ces meurtres collectifs sont si démesurées que l’homme est naturellement enclin à refouler le problème plutôt qu’à l’analyser. Et pourtant, si l’on veut empêcher le renouvellement de tels évènements, il faut commencer par mieux les regarder pour les comprendre et pour tirer les leçons de l’histoire. L’historien et politologue Jacques Sémelin, professeur à ‘l’Institut d’Études Politiques’ de Paris et cofondateur de l’IRNC, distingue 4 figures de base de la destruction humaine de masse : - l’ethnocide, - le massacre, - l’épuration de masse, - le génocide.
  • 12. 1- L’ethnocide L’éthnocide est la destruction délibérée d’une culture, le plus souvent dans le but d’exploiter économiquement ou politiquement ses membres. On pense à celui des indigènes - notamment des Noirs africains - à l’époque de l’esclavage et du colonialisme, à celui des Peaux- Rouges aux États-Unis, des indigènes de la forêt amazonienne. Il est souvent accompagné de la destruction physique partielle des membres de cette civilisation.
  • 13. 2 - Le massacre Le massacre est une destruction limitée d’un groupe- victime, en vue de créer un effet de terreur destiné à faciliter sa soumission ou à l’inciter à fuir un territoire. Il est au service d’une politique de conquête ou de mise en esclavage des populations. On le retrouve dans toutes les formes de guerre, et notam- ment dans la guerre "moderne" avec le bombardement des populations civiles (Londres, Dresde, Tokyo, Hiroshima, Nagasaki, Tchéthénie, Ukraine, etc.)
  • 14. 3 - L’épuration de masse L’épuration de masse vise à renforcer ou accroître le pouvoir des tyrans qui la décident et à terroriser une population pour qu’elle se soumette davantage. Elle s’abat sur des groupes politiques, des catégories économiques ou des classes sociales particulières. On pense ici aux épurations menées par Staline, par Mao Zédong, par les Khmers rouges au Cambodge, au "nettoyage ethnique" en ex-Yougoslavie, où les victimes se comptent par milliers ou centaine de milliers.
  • 15. 4 - Le génocide Le génocide inclut les trois premières formes de destruction, mais il a pour seule finalité l’anéantissement total d’une collectivité humaine en tant que telle. Au-delà de l’assimilation et de l’asservissement, le génocide est la plus extrême de l’affirmation d’un groupe par la négation de l’autre. Sa logique est purement irrationnelle puisque les dominants ne tirent aucun effet apparent de l’éradication des victimes.
  • 16. Les génocides reconnus Un génocide est un crime consistant en l'élimination concrète intentionnelle, totale ou partielle, d'un groupe national, ethnique ou encore religieux, en tant que tel : des membres du groupe sont tués, brisés mentalement et physiquement, ou rendus incapables de procréer, en vue de rendre difficile ou impossible la vie du groupe ainsi réduit. Le génocide peut être perpétré par divers moyens, le plus répandu et le plus évident étant le meurtre collectif. L'ONU reconnaît trois génocides : - le génocide des Arméniens commis par l'Empire ottoman, en 1915- 1916 ; - le génocide des Juifs commis par les nazis, de 1941 à 1945 ; - le génocide des Tutsis commis par le pouvoir hutu, au Rwanda, en 1994. Photo : Raphael Lemkin (1900-1959), professeur de droit états-unien d'origine juive polonaise. Il forge le néologisme « génocide » en 1943 à partir de la racine grecque génos, « naissance », « origine », « genre », « espèce », « race », plus rarement « peuple », « tribu », « nation », et du suffixe -cide, qui vient du terme latin caedere, « frapper », « abattre », « tuer », voire « massacrer ».
  • 17. Des prétextes à la haine Dans le cas du génocide des Arméniens par le pouvoir turc (1915- 1917), le prétexte invoqué était la neutralité des Arméniens dans la guerre entre la Russie et la Turquie, leur refus de l’islamisation et leurs revendica- tions autonomistes. Dans le cas du génocide perpétré par les nazis (1838-1945), la justification avancée était l’infériorité et la nocivité de certains groupes culturels ou politiques (homosexuels, communistes) ou de certains groupes ethniques ou religieux (Tsiganes, Juifs). La haine, qui est souvent présentée comme la cause du génocide, est en réalité un effet parmi d’autres de la crise profonde qui secoue la société : celle-ci s’interroge sur ses racines et agresse ce qu’elle considère comme un corps étranger à l’intérieur d’elle-même. Puisqu’un tel acte doit être dissimulé, il est commis généralement à l’abri des regards et quand l’opinion publique est préoccupée par autre chose. La guerre fournit à cet égard une circonstance particulièrement favorable : le génocide des Arméniens est commis pendant la 1ère Guerre mondiale, la Shoah pendant la 2ème Guerre mondiale.
  • 18. Soumission à l’autorité, bureaucratie, technologie Pour se disculper, le subordonné qui participe à l’entre- prise génocidaire a besoin d’une justification : c’est le mécanisme de la soumission à l’autorité. Plus la hiérarchie est complexe et étendue, plus le sentiment de culpabilité est partagé par des milliers d’individus, et plus le génocide pourra être massif. C’est par l’effet conjugué de la bureaucratie et de technologie moderne que le génocide du 20ème siècle peut atteindre des millions de victimes. Images : - L’expérience de Stanley Milgram pour montrer la soumission aveugle à l’autorité. - Boîtes de gaz Zyklon B, utilisées dans les camps d’extermination nazis. Ce pesticide à base d'acide cyanhydrique, breveté par le chimiste Walter Heerdt, était produit par la firme allemande Degesch, filiale de IG Farben (fondée en 1930 par rapprochement concerté des sociétés chimiques BASF, Bayer et Agfa).
  • 19. La banalité du mal D’autres phénomènes interviennent dans ce délire collectif : - l’approbation larvée de la population, - le refus de la réalité insupportable par ceux qui mettaient une espérance dans l’avenir du régime politique, - la laisser-faire de la communauté internationale, - l’état de choc des victimes qui les met dans l’incapacité d’analyser rationnellement leur situation. Il importe de préciser le caractère "normal" de la plupart des fonctionnaires de la machine génocidaire (bons pères de famille, honnêtes citoyens), et même des décideurs : ce serait se méprendre que de les percevoir comme démoniaques ou sadiques.
  • 20. Les recherches de Jacques Sémelin Le livre de Jacques Sémelin Purifier et détruire (2005) est le fruit de plusieurs années de travail dans le cadre d'un programme de recherche au CNRS. Il propose une approche résolument transdisciplinaire et comparative pour tenter de "penser" les processus de violence qui abou- tissent aux massacres et aux génocides de l'époque moderne. Comment de tels crimes de masse sont-ils possibles ? Quelles manipulations du langage et des esprits interviennent pour préparer le "passage à l'acte", notamment en élaborant, préalablement, un imaginaire et une justification ? Comment s'enclenche et s'affole la mécanique du meurtre ? L'auteur fonde principalement son enquête sur plusieurs exem- ples : la Shoah, les nettoyages ethniques de l'ex-Yougoslavie, le génocide des Tutsis au Rwanda et encore les génocides arménien et cambodgien. Par l'ampleur de la documentation utilisée, la richesse des références bibliographiques, l'exigence permanente de l'analyse, ce livre est à la fois vertigineux et sans équivalent. On ne s'était sans doute jamais approché d'aussi près de cette énigme insondable, de ce "trou noir" devant lequel vacille l'entendement humain.
  • 21. Prévenir de telles tragédies ? Jacques Sémelin évoque des moyens de prévenir de tels évènements en posant quelques questions et quelques jalons de réflexion : - Les victimes potentielles des génocides veulent-elles s’intégrer ou vivre en marge des populations où elles sont minoritaires ? - Quel sort les sociétés réservent-elles à leurs minorités ? - L’opinion publique internationale est-elle vigilante au sujet du traitement des minorités par les États ? Sémelin conclut sur la nécessité d’ouvrir les systèmes étatiques, de contribuer à la circulation des personnes et à la mondialisation de l’information. On peut y ajouter l’urgence d’une éducation sur les limites du rôle de l’État et sur le devoir de désobéissance, reconnu par les juges au procès de Nuremberg.
  • 22. La démocratie, une exigence collective La démocratie nous semble incontestablement le meilleur antidote aux dystopies* totalitaires, aux idéologies de haine, de rejet, d’exclusion, de désignation de boucs émissaires aux tensions internes et au mal-être de la société. La démocratie repose sur deux composantes : - des institutions, un système, des formes de gouvernement : séparation des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire), élections à bulletin secret, suffrage universel, des textes fondamentaux : Constitution, libertés publiques, droits de l’homme et du citoyen, décentralisation, subsidiarité, etc. - des valeurs et un état d’esprit, une exigence éthique* : c’est une forme de société ayant pour valeurs la liberté, l'égalité des droits et devoirs, le respect, la gestion pacifiée et féconde des inévitables différends et conflits humains, ou de manière plus générale encore, un ensemble de valeurs, d'idéaux et de principes politiques, sociaux ou culturels. * Une utopie (du grec ou-tópos, ‘en aucun lieu’) est la représentation d'une société idéale, opposée aux sociétés réelles imparfaites. C’est un but à atteindre, qui ne sera jamais atteint, mais qui donne une vision, une direction, une dynamique. Au contraire, la dystopie, ou contre-utopie, est la mise en œuvre qui tourne mal d’une utopie mal pensée et non incarnée dans des personnes en quête d’humanité et de sens. Elle est non pas « le meilleur des mondes », mais « une utopie en sens contraire », selon Frédéric Rouvillois.
  • 23. Les limites de la loi du nombre : la vraie démocratie est citoyenne La démocratie est le projet politique qui correspond le mieux à celui d’une société de liberté et de justice. Elle est un pari sur la sagesse du peuple. Mais le peuple peut devenir une foule, et la passion s’empare plus facilement d’une foule que la raison. En réalité, la vraie démocratie n’est pas populaire, mais citoyenne. L’idéal démocratique implique la répartition la plus égale possible entre tous les citoyens de l’avoir, du savoir et du pouvoir. Les élections libres sont nécessaires à la démocratie, mais elles ne lui sont pas suffisantes. La loi du nombre peut ne pas correspondre au respect du droit. La liberté et l’égalité peuvent être organisées, codifiées, règlemen- tées, en termes de droits et de devoirs. La fraternité, qui n’est traduite en lois que de manière négative,* trouve ses fondements dans la dimension spirituelle de la personne. Elle reste le fondement de la cité démocratique, sans laquelle liberté, justice et égalité risquent de se dénaturer. * par exemple, l’omission de porter secours, le délit de non-assistance en danger Images : - Adolf Hitler salué par des jeunesses hitlériennes au Congrès du parti nazi à Nuremberg. Hitler a été élu "presque" démocratiquement chancelier du Reich en janvier 1933. - La chaîne humaine de 687 km pour la démocratie, entre les capitales des trois pays baltes, le 23 août 1989, date du 50ème anniversaire du pacte germano-soviétique entre Hitler et Staline.
  • 24. Les menaces sur la démocratie Les menaces qui pèsent sur la démocratie sont d’abord engendrées sur les idéologies fondées sur la discrimination et l’exclusion : nationalisme, racisme, xénophobie, intégrisme religieux, libéralisme économique fondé uniquement sur la recherche du profit maximal immédiat. Elles sont toutes liées à l’idéologie de la violence, et proclament que la violence est nécessaire et légitime dès lors qu’elle est mise à leur service. Promouvoir et défendre la démocratie, c’est d’abord lutter contre ces idéologies, qui n’ont pas de frontières. La citoyenneté n’est possible qu’entre des êtres humains qui, au-delà de toutes leurs différences, se reconnaissant égaux et semblables.
  • 25. Le devoir de vigilance de chaque citoyen Une telle réflexion, loin d’être réservées aux historiens, aux sociologues, aux anthropologues, doit être menée par tout citoyen, et particulièrement par les responsables politiques, les fonctionnaires, les militaires, les membres des communautés religieuses et spirituelles. Genghis Khan, Hitler, Staline, Mao Zédong, Pol Pot, Milosevic resteront tristement célèbres à cause des massacres, épurations ou génocides qu’ils ont commis, mais aussi Jules César, Louis XIV, Napoléon 1er, Bismarck, George W. Busch et Vladimir Poutine à cause des guerres meurtrières et inutiles qu’ils ont provoquées. Demain, les chefs d’État des puissances nucléaires, les officiers de tir des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins peuvent avoir l’occasion de s’illustrer en bien ou en mal par leur décision personnelle face à la perspective d’un holocauste atomique. Car si l’on ne peut pas être sûr que le spectre du génocide soit seulement derrière nous, on peut affirmer que le spectre des massa- cres nucléaires est bel et bien devant nous.
  • 26. L’encyclopédie en ligne "Violence de masse et Résistance" Inaugurée en 2008 dans le cadre du CERI (‘Centre d’Études et de recherches Internationales’ de Sciences Po Paris), l’encyclopédie en ligne ‘Violence de masse et Résistance’ (‘MV&R’) est une publication scientifique d’accès libre et gratuit. Le projet est intellectuel, mais également citoyen de par le mode de diffusion choisi. Le Comité de rédaction dirigé depuis 2011 par Claire Andrieu, le Conseil d’orientation présidé par Jacques Sémelin, fondateur de la publication, et le Conseil scientifique international sont composés de chercheurs et enseignants-chercheurs spécialistes de ce champ. Les auteurs sollicités et l’évaluation des contributions, réalisée en premier ressort par deux personnes en double aveugle*, répondent aux normes des publications scientifiques. Le terme de "violence de masse" vise à éviter un voca- bulaire contraint par des normes juridiques (génocide) ou visuelles (massacre). Par violence de masse, on entend des violences physiques ciblées et systématiques, qu’elles soient concomitantes ou échelonnées dans le temps. La violence de masse se définit ainsi par un faisceau de critères. La notion d’évaluation par les pair-e-s en « double aveugle » signifie que les évaluateurs.trices procèdent à la lecture de l’article sans en connaître l’auteur ou l’autrice et que ces derniers ne connaissent pas l’identité des personnes qui auront évalué leur texte au moment d’en faire la version finale, du moins pas avant la publica- tion. Ces précautions ont pour but d’éviter la complaisance ou les règlements de compte au sein du processus d’évaluation.
  • 27. "Violence de masse et Résistance" ‘MV&R’ couvre les 20ème et 21ème siècles. Son but est de fournir une information fiable sur des événements qui sont parfois difficiles à documenter et qui demeurent profondément enracinés dans les mémoires individuelles et collectives. Constituant pour cette raison des événements presque sans fin, ces faits continuent de jouer un rôle sur les scènes nationales et internationales. ‘MV&R’ poursuit l’entreprise inaugurée en 2008 par ‘l’Encyclopédie en ligne des violences de masse’. Mais ‘MV&R’ élargit le champ de l’étude en incluant les diverses formes de résistance pour donner une vision plus globale de la violence de masse et pour analyser la façon dont l’oppression et la résistance se répondent. Image du bas : MV&R n’est pas la seule institution destinée à prévenir les violences de masse. ‘Le Mémorial de la Shoah’, auteur de ce livre Violen- ces de guerre, violences coloniales, violences extrêmes avant la Shoah, en est une autre.
  • 28. Délégitimer la violence Inventer des alternatives à la violence Pour briser le ressort de la violence, présentée comme nécessaire, légitime et honorable, il faut d'abord prendre en compte toute la réalité de la violence qui pervertit notre relation à l'autre. Il faut ensuite rompre avec les processus de justification et de légitimation de la violence, et montrer que la violence n'est pas une fatalité. Il faut surtout - défendre et promouvoir la démocratie, l’État de droit, les libertés fondamentales, les contre-pouvoirs dans les institutions publiques et les organisations privées, - faire connaître, développer et mettre en œuvre les alternatives à la violence et les modes de résolution non- violente des conflits interpersonnels, sociaux, ethniques, internationaux. pour montrer la soumission aveugle à l’autorité Expériences menées par Stanley Milgram
  • 29. Pour ne pas désespérer de l’humanité… Savoir que des chercheurs dans le monde entier étudient les violences passées et actuelles pour les connaître, les faire connaître, les comprendre, les dépasser et pour permettre de les éviter à l’avenir, cela peut être un puissant facteur de résilience et de motivation à agir. Pour ne pas désespérer de l’humanité, il faut être à la fois lucide et utopiste, c’est-à-dire marcher avec détermination en direction d’un lieu qui n’existe pas encore, en sachant que ce seront peut-être les générations suivantes qui y parviendront. « Je suis pessimiste par l'intelligence, mais optimiste par la volonté. (…) Je me suis toujours armé d’une patience illimitée, non passive, inerte, mais animée de persévérance. » Antonio Gramsci (1891-1937, penseur et homme politique italien. Député de Venise, emprisonné par le régime mussolinien pendant 10 ans, à partir de 1927). « Le pessimiste et l'optimiste s'accordent à ne pas voir les choses telles qu'elles sont. L'optimiste est un imbécile heureux, le pessimiste, un imbécile malheureux. » Georges Bernanos (1888-1948, écrivain français).
  • 30. Enseigner, former, lutter Dans l’urgence, il importe de mettre hors d’état de nuire, autant que faire se peut, les dictateurs, les oppresseurs, les fanatiques, les exploiteurs, les profiteurs, les spéculateurs, tous ceux qui se moquent éperdument de leurs contemporains, de la démocratie, des libertés, du bien commun, de l’avenir de l’humanité et de la planète. Et cela en étant vigilant et lucide, car, comme disait Lanza del Vasto, « révolution bien ordonnée commence par soi-même »… Il faut amener aussi les dirigeants de nos pays européens et ailleurs à mettre en œuvre un démocratie participative, à bâtir une société viable fondée sur la sobriété, le respect des équilibres écologiques, une économie durable et solidaire, à abolir les armes nucléaires, à inventer de nouveaux modes de résolution des conflits et de défense. Pour déraciner la violence, il importe de montrer - par la vulgarisation, le plaidoyer, la formation, l’expérimentation - que les stratégies non-violentes d’action et de résistance à l’agression ont fait leurs preuves dans de nom- breux conflits à travers le monde depuis plusieurs siècles, et particulièrement depuis Gandhi.
  • 31. Promouvoir une culture de non-violence Une culture de la non-violence est le développement des savoirs, des mœurs, des manières de vivre, des institutions sociales, des échelles conscientes et inconscientes de valeurs, bref de l’éthique collective toute entière dans sa profondeur, en vue de favoriser le recul de la violence individuelle et sociale et d’inscrire dans les pratiques vécues d’un peuple les pratiques non-violentes des conflits.
  • 32. Connaître notre histoire Faire connaître, juger, réparer Les diaporamas de ce site - et particulièrement ceux de la série ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’ - montrent les modalités de la cruauté et de l’exploitation d’êtres humains par d’autres êtres humains, l’ampleur des guerres, des massacres, des génocides qu’a connus notre humanité. Mais ils montrent aussi que la vérité se fait jour : des articles de scientifiques et d’historiens, des livres, des documentaires, des films montrent et dénoncent les violences commises dans notre histoire. 1 - Des mémoriaux et des musées sensibilisent nos contemporains, et particulièrement les jeunes. 2 - Des enquêtes et des procès ont lieu, des tribunaux internationaux jugent les crimes les plus graves. 3 - Des campagnes d’action sont organisées pour la reconnaissance de ces crimes. Image du bas : Logo et siège de la Cour Pénale Internationale à La Haye
  • 33. Prévenir, pardonner, coopérer 4 - Des ‘commissions vérité et réconciliation’ sont créées, des demandes de pardon sont formulées, des réparations sont faites dans la mesure du possible. 5 - Des procédures et des processus de prévention et de résolution non-violente des conflits existent au plan interpersonnel comme au plan national ou international. 6 - La réconciliation de peuples qui ont été ennemis pendant des siècles et leur collaboration pour construire l’Europe dépassent tous les espoirs. Images : - Logo de la ‘Commission vérité et réconciliation’ en Afrique du Sud. - Logo de l’ONU, - Siège de l’OSCE ‘Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe’ à Vienne. L’OSCE est un acteur essentiel de la sécurité paneuropéenne, en sa qualité de seule institution où la Russie, les États-Unis, le Canada, tous les pays d’Europe et d’Asie centrale peuvent dialoguer directement dans un cadre multilatéral et sur un pied d’égalité. - François Mitterrand et Helmut Kohl à Verdun en septembre 1984
  • 34. Autres diaporamas sur le site irnc.org Pour avoir une vision plus complète des violences passées et présentes sur notre planète et des recherches et actions menées pour les prévenir, la lectrice et le lecteur sont incités à regarder aussi, en plus de la présente série "De l’offense à la réconciliation" et "Mémoire et reconnaissance de crimes du passé", les diaporamas suivants présents sur le site irnc.org : - La violence : la connaître pour la combattre, - L’humanité sort-elle de la violence ?, - Des idéologies d'exclusion aux génocides : les étapes d’un processus, - Israël et Palestine, - Armes nucléaires, - Défense civile non-violente (et notamment résistance civile pendant la 2ème Guerre mondiale, en Tchécoslovaquie, contre les dictatures, contre les coups d’État, contre le terrorisme), - Dates et figures de la construction européenne.
  • 35. Un travail de vulgarisation à améliorer Le moyen de communication du diaporama en ligne est ici utilisé parce que les informations présentées sont - plus agréables pour l’internaute à découvrir et à assimiler que sur des textes (papier ou Internet) à cause de la présence des illustrations, - et plus faciles à retrouver et à exploiter par le lecteur que sur des vidéos (DVD ou Internet). L’auteur de ces diaporamas a conscience que ce travail de recherche et de vulgarisation est extrêmement incomplet et qu’il devra être revu, corrigé, complété, restructuré. Il espère que cela pourra être fait un jour par une équipe de travail constituée de spécialistes de ces questions, avec des principes, une méthodologie, du temps, des moyens…
  • 36. Un travail à compléter Il faudra notamment créer des diaporamas sur de nombreux évènements (dictatures, conflits, guerres civiles ou internationales) qui ne figurent pas dans l’offre existante sur ce site : - le conflit et la guerre civile en Irlande (1960-1997) - le conflit armé en Colombie (1964) - la guerre du Biafra (Nigéria, 1967-1970) - la guerre civile au Liban (1975-1990) - la guerre civile somalienne (1991) - le conflit en Afghanistan (depuis 1978) - la guerre entre l’Irak et l’Iran (1980-1988) - la guerre civile en Algérie (1991-2002) - les conflits communautaires au Nigéria (1998) - la guerre en Irak (2003) - la guerre du Darfour (Soudan, 2003) ../.. NB : Plusieurs sites, notamment Wikipédia, présentent une liste des guerres contemporaines depuis 1945, avec une estimation du nombre des victimes, en distinguant les conflits qui ont causé plus de 1 000 morts par an et les autres
  • 37. Un travail à compléter - la guerre entre le Yémen et l’Arabie saoudite (2011) - la guerre civile en Syrie (2011) - la guerre civile en Éthiopie-Érythrée-Soudan (2018) - la persécution des Rohingyas en Birmanie (notamment en 2017) - et bien sûr les guerres provoquées par le régime russe de Vladimir Poutine, particulièrement en Ukraine depuis février 2022 Il faudrait, pour chacun de ces conflits, regarder - quel travail ont fait les historiens pour documenter et établir les faits, - quel a été le travail des autorités judiciaires nationales ou interna- tionales pour identifier et sanctionner les principaux coupables, - quelles ont été les démarches de recherche de la vérité, de reconstruction de la société, de réparation, de pardon et de réconciliation, - quels sont les moyens déployés (musées, lieux mémoriels, livres, films, journées du souvenir, éducation, etc.) pour faire mémoire de ces évènements afin d’éviter, autant que faire se peut, que de tels évènements se renouvellent.
  • 38. La liberté est fragile, elle recule La liberté est fragile, et même elle recule, nous dit Gaspard Koenig* : « La parenthèse des printemps arabes s’est refermée en 2021 avec la dissolution du parlement tunisien. Les théocraties sévissent avec une férocité renouvelée en Afghanistan et en Iran. L’autoritarisme s’est renforcé en Russie, Chine ou Birmanie. L’Afrique de l’Ouest renoue avec les coups d’État. Selon l’institut suédois V-Dem, 70 % de la population mondiale vit dans une autocratie. Seules les 34 "démocraties libérales" subsistent, chiffre le plus bas depuis 1995.(…) Les États-Unis et le Brésil jouent l’État de droit à pile ou face, l’Inde s’installe dans un nationalisme agressif, Israël reprend sa politique de colo- nisation, l’Indonésie intensifie le contrôle des mœurs. En Europe, l’extrême droite conquiert le pouvoir (Italie Suède, Autriche) ou s’en rapproche (France, Pays-Bas). (…) Les démocraties libérales renoncent peu à peu, discrètement, honteusement, aux principes qui les fondent. ../.. * Gaspard Koenig, philosophe, « La liberté recule encore », Les Échos, 04.01.2023 Images : - Panusaya Sithijirawattanakul, étudiante et militante thaïlandaise. Emprisonnée à plusieurs reprises, notamment pour avoir omis, dans un discours en 10 points pour la réforme de la monarchie, d'utiliser la forme habituelle de soumission au roi : "dans la poussière sous la plante des pieds de Votre Majesté". -Kizito Mihigo, (1981-2020), artiste rwandais, chanteur de gospel, auteur de chants liturgiques, organiste et compositeur. Crée en 2010 une fondation pour la paix et la réconciliation. Arrêté le 13 février 2020 par le pouvoir du président-dictateur Paul Kagamé, meurt dans sa cellule à Kigali le 17 février, officiellement d'un « suicide par pendaison ».
  • 39. « C’est d’abord nous-mêmes que nous devons blâmer » Elles suspendent les droits fondamentaux à la moindre alerte sanitaire, sécuritaire ou demain climatique, déploient des outils de surveillance et de contrôle de plus en plus intrusifs, renouent avec la planification d’État, referment leurs frontières et s’affranchissent des conventions internatio- nales. (…) À l’universalité des droits se substituent des revendications identitaires tous azimuts. La liberté disparaît du vocabulaire politique. (…) Si la liberté recule dans le monde, c’est d’abord nous-mêmes que nous devons blâmer. Héritiers du libéralisme des Lumières, nous ne savons ni l’assumer, ni le renouveler, ni le promouvoir. (…) Puissions nous sortir de notre torpeur ! » Images : - Mikheil Saakachvili, ancien président de la Géorgie, sur son lit d’hôpital fin 2022, en procès par vidéoconférence devant le tribunal de Tbilissi et en grève de la faim. Impulse « la révolution des roses » en Géorgie de 2003 à 2012, lutte contre la corruption, libéralise l’économie encore marquée par la survivance des monopoles d’État. Ses partisans soupçonnent un empoisonnement comman- dité par le Kremlin. - Matiullah Wesa, enseignant afghan de l’ethnie patchoun. En 2009, fonde l'organisation de bénévoles Pen Path, réseau d’écoles et de bibliothèques ouvertes aux filles. En 2017, parcourt l'Afghanistan pour plaider en faveur de la réouverture des écoles fermées par les talibans. Arrêté et emprisonné le 27 mars 2023.
  • 40. Plusieurs vœux pour la démocratie Sans avoir terminé cette série de diaporamas commencée il y a plusieurs années sur les thèmes "Mémoire et reconnaissance de crimes du passé", "Justice, pardon et réconciliation", "Dates et figures de la construction européenne" - il reste à traiter les crimes des institu- tions religieuses, un gros morceau…-, j’affirme indissociablement mon identité de Français démocrate, de citoyen de l’Union européenne, et de citoyen du monde. Je formule deux vœux d’ordre général : - que dans le parcours de formation des jeunes européens figure, à côté de l’enseignement, la visite de lieux de mémoire et de musées consacrés aux diverses formes de violence exercées par des êtres humains contre d’autres (esclavage, colonialisme, nazisme, stalinis- me, racisme, guerres, massacres et génocides, discrimination, etc.); - que démocratie et spiritualité - l’important étant le "et" qui les relie - soient les deux axes majeurs de la pensée philosophique et du dialogue interreligieux et interconvictionnel. Image du haut : Entrée du Musée de l’Occupation de Tallinn (Estonie)
  • 41. Quatre vœux politiques… Je complète ces deux vœux d’ordre général par 4 vœux d’orienta- tions concrètes dans le domaine politique : - qu’un vrai débat contradictoire ait enfin lieu en France (et dans les pays européens détenteurs d’armes atomiques) sur l’arme et la dissua- sion nucléaires et sur l’adhésion au ‘Traité sur l’interdiction des armes nuclé-aires’ (TIAN); - que la France et l’Union européenne, à côté d’une défense con- ventionnelle classique, s’intéressent enfin sérieusement aux stratégies non-violentes de défense (défense civile non-violente) et d’intervention extérieure (intervention civile de paix); - que la France et l’Union européenne appliquent des sanctions politiques et économiques envers l’État d’Israël tant que subsistera l’occupation militaire de la Palestine et le régime d’apartheid subi par les Palestiniens; - que la France et l’Union européenne reconnaissent la République de Taïwan, ouvrent avec ce pays des relations diplomatiques officielles, et soutiennent sa demande d’entrée à l’ONU.
  • 42. … et une note d’espérance Les peuples européens ont fait tomber le communisme et le mur de Berlin. Vaclav Havel et Nelson Mandela, après des séjours en prison, sont devenus présidents de leur pays. L’Allemagne et la France, après des siècles de guerre, sont devenus des piliers de l’Union euro- péenne. L’Europe soutient fermement l’Ukraine face à l’impérialisme de Poutine, elle s’engage dans le combat contre le changement climatique et pour la préservation de la biodiversité. Avec Oswaldo Payá Sardinas*, osons affirmer que "La nuit ne sera pas éternelle". * Oswaldo Payá Sardinas (1952-2012), militant cubain des droits de l’homme et des libertés fondamentales, a été lauréat du prix Sakharov décerné en 2002 par le Parlement européen. Il est à l'origine d’une pétition demandant l'organisation d'un référendum sur une réforme constitutionnelle donnant une plus grande liberté personnelle, politique, et économique (liberté d'entreprendre) ainsi que l'amnistie des prisonniers politiques à Cuba. ■