2. Rappel des faits
Un professeur, Samuel Paty, exerçant au collège du Bois-d'Aulne de Conflans-Sainte-
Honorine, a conduit un cours sur la liberté d'expression conformément au programme
d'enseignement moral et civique auprès de ses classes de quatrième.
Dans ce cadre, il a appuyé son étude sur des caricatures, dont des caricatures du journal
satirique Charlie Hebdo représentant Mahomet.
Le 16 octobre, Samuel Paty a été assassiné par un terroriste, se revendiquant de l'islamisme
radical, à proximité de l'établissement scolaire.
Une enquête confiée au parquet national antiterroriste est en cours afin de déterminer la
responsabilité des différents protagonistes qui a conduit à ce drame.
3. La liberté de la presse
La contribution essentielle de la presse au débat démocratique et les
conditions de son pluralisme sont encadrées par la loi du 29 juillet 1881, texte
fondateur de la liberté de la presse.
Ces textes fixent les règles et les procédures de nature à concilier liberté
d'expression, respect des droits fondamentaux de la personne (droit à l'image,
respect de la vie privée, de l'honneur et de la réputation, présomption
d'innocence...) et protection de l'ordre public.
Les infractions prévues s'appliquent aux excès de la liberté d'expression, qu'ils
soient le fait des médias professionnels ou non : - L'injure ; - La diffamation ; -
Les provocations à la discrimination, à la haine ou à la violence.
http://www.lumni.fr/video/a-quoi-sert-la-caricature
4. La laïcité
La laïcité
est un principe constitutionnel qui pose et organise l'égalité de traitement
de toutes les options spirituelles, leur liberté d'expression et leur
coexistence dans le respect de la loi et du droit.
Elle a pour fondement le refus de l'assujettissement du politique au
religieux, et réciproquement, et en organise le dialogue dans la
reconnaissance du pluralisme religieux et de la neutralité de l'État vis-à-
vis des Églises (définition donnée par le Conseil d'État dans son rapport
consacré à la laïcité)
5. Le blasphème
https://www.lumni.fr/video/ca-veut-dire-quoi-le-blaspheme
Les articles 10 et 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 suppriment
la notion de blasphème du droit français, tant qu'il n'y a ni abus ni trouble à l'ordre public. La
Restauration tente une loi sur le sacrilège (notion voisine du blasphème); mais elle est
rapidement abrogée sous la monarchie de Juillet, puis définitivement supprimée par la loi du 29
juillet 1881 sur la liberté de la presse.
En France, les lois sanctionnent l'injure et la diffamation des personnes et des groupes, et
précisément les attaques contre des groupes religieux lorsqu'ils sont dénigrés en tant que tels.
Ce qui est interdit, c'est « l'injure, l'attaque personnelle et directe dirigée contre un groupe de
personnes en raison de leur appartenance religieuse » ou l'incitation à la haine raciale ou
religieuse. Les tribunaux ont à juger souvent des affaires de diffamation des individus. Mais la
justice civile, qui n'a pas pour fonction de faire respecter les dogmes religieux, déboute quasi
systématiquement les groupes religieux qui voudraient limiter la liberté d'expression pour
protéger leurs croyances et leurs opinions religieuses.
6. La radicalisation
la radicalisation peut se définir comme l’adoption de gestes et croyances extrêmes qui
remettent en cause les pouvoirs en place et refusent le compromis (politique,
religieux…) ;
elle se rapproche de l’extrémisme, qui est le reflet d’une doctrine dont les adeptes rejettent
toute forme de pluralisme et adoptent des méthodes ayant pour but un changement radical.
Elle est associée au terrorisme car elle prône souvent l’adoption de la violence armée comme
moyen légitime d’action ;
les deux sont à distinguer du radicalisme qui relève de la poursuite de changements politiques
par le biais de l’action politique, pour modifier le statu quo et susciter des alternatives.
Elle vise à effacer chez les adeptes toutes les valeurs précédemment acquises. Elle induit
une rupture avec les modalités antérieures de comportements, de jugements et de valeurs. Elle
tend à isoler les sujets de leurs liens et lieux de sociabilité (individuelle, familiale et collective).
Elle peut entraîner une rupture avec la rationalité, et une marginalisation avec la société dont
les signes avant-coureurs sont l’éloignement de l’environnement familial, éducatif, amical…
7. L’Islam et la peine de mort
Sourate V, versets 32 :
Nous avons prescrit pour les Enfants d'Israël que quiconque tuerait une personne non
coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les
hommes.
33. La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui s'efforcent
de semer la corruption sur la terre, c'est qu'ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées
leur main et leur jambe opposées, ou qu'ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux
l'ignominie ici-bas; et dans l'au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment.
34. Excepté ceux qui se sont repentis avant de tomber en votre pouvoir : sachez qu'alors, Allah
est Pardonneur et Miséricordieux."
8. L’Islam et la peine de mort
Le prophète Mohammed (P.S.L.), avait dit « l’être humain est un édifice de Dieu, maudit celui
qui détruit cet édifice »
Le Coran interdit fermement le meurtre, notamment dans la sourate «Les animaux» (VI-151):
«Eloignez-vous des péchés abominables, apparents ou cachés. Ne tuez personne injustement.
Dieu vous l’a interdit.»
Dans la sourate «La Table» (V-30), il condamne le fratricide d’Abel par Caïn et donne le
fondement de l’humanisme musulman:
«Quiconque tue une personne non coupable de meurtre ou de dépravation, c’est comme s’il
avait tué tout le genre humain. Quiconque sauve une personne, c’est comme s’il faisait le don
de sa vie à toute l’humanité.»
9. Le complotisme face à la
démocratie
La citoyenneté. toute participation politique devient illusoire, si l’Histoire est le résultat des
manœuvres occultes des puissants. La participation politique ne pourrait être que la
dénonciation sur Internet, ou, au pire et heureusement dans des cas rares, l’action de type
terroriste.
La démocratie représentative. La tâche essentielle des responsables politiques serait de
nous cacher la vérité, ou d’être les hommes de pailles de forces occultes.
Une presse indépendante et professionnelle. Les « médias officiels » seraient tous des
menteurs. L’internaute relayant une vidéo ou interprétant une image en quelques minutes en
sait plus que les journalistes. La collecte des « signes » et indices remplace et exclut toute
démarche d’enquête.
La compréhension du pluralisme. La confrontation des opinions dans la démocratie ne serait
qu’un masque, une apparence destinée à produire un rideau de fumée. À cela se superpose
une vision en bien et en mal du monde identifiant des ennemis puissants qui méritent d’être
combattus par tous les moyens.
La place de l’État. Pour les complotistes, celui-ci n’est aucunement protecteur et ne
représente pas l’intérêt général.