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Diaporamas ‘De l’offense à la réconciliation’
Série ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’
6-c - La mémoire des crimes
des pouvoirs communistes
Chine, Corée du Nord, Cuba
Étienne Godinot 05.02.2024
La série de diaporamas
‘De l’offense à la réconciliation’
Sommaire - Rappel
Série 1 : Mémoire et reconnaissance de crimes du passé
1 - Introduction
2 - La mémoire de l’esclavage
3 - La mémoire du colonialisme
4 - La mémoire du génocide des Arméniens
5 - La mémoire de la Shoah
6 - La mémoire des crimes du communisme
7 - La mémoire des crimes commis par les États-Unis
8 - La mémoire des crimes des Khmers rouges au Cambodge
9 - La mémoire du génocide du Rwanda
10 - La mémoire des crimes commis pendant les guerres en ex-Yougoslavie
11 - La mémoire de l’apartheid en Afrique du Sud
12 - La mémoire des crimes commis par les institutions religieuses
Série 2 : Justice, pardon et réconciliation
1 - Justice, pardon et réconciliation : dissiper les malentendus
2 - Pardon et réconciliation entre personnes
3 - Pardon et réconciliation entre groupes humains
4 - La réconciliation franco-allemande
5-1 - L’Algérie et la France : de 1830 à 1962
5-2 - L’Algérie et la France : depuis 1962
6 - Le Japon et les traces de sa période impériale en Asie du Sud-Est
7 - La Chine. Une volonté de revanche ?
8 - Institutions en faveur de la justice et des droits humains.
9 - Relire et dépasser le passé pour inventer l’avenir
La mémoire des crimes
des pouvoirs communistes
Sommaire
Diaporama 6-a - en URSS (1917-1991)
Diaporama 6-b - en Europe de l’Est (1945-1991)
1 - Albanie
2 - Allemagne de l’Est
2 - Bulgarie
3 - Hongrie
4 - Pays baltes
5 - Pologne
6 - Roumanie
7 - Tchécoslovaquie
8 - Yougoslavie
Diaporama 6-c - en Chine (depuis 1949)
- au Cambodge : voir le diaporama spécifique sur le
génocide commis par les Khmers rouges
- en Corée du Nord (depuis 1953)
- à Cuba (depuis 1959)
6-c - 1- La mémoire des crimes
des communistes en Chine
‘La Longue Marche’ (10 000 km, d’octobre 1934 à octobre
1935) est un périple mené durant la guerre civile chinoise par l'Armée
populaire de libération et une partie de l'appareil du ‘Parti communiste
chinois’ (PCC) pour échapper à ‘l'Armée nationale révolutionnaire’ du
Kuomintang de Tchang Kaï-chek. 90 000 à 100 000 hommes y perdent la
vie rien qu'au sein des troupes communistes. C'est durant cette marche
que Mao Zedong s'affirme comme le chef des communistes chinois.
Le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclame la fondation de la
République populaire de Chine (RPC) sur la place Tian'anmen à Pékin.
Le Kuomin-tang se réfugie sur l'île de Taïwan, et y perpétue la République
de Chine.
Images :
- Mao Zedong (ou Mao Tsé Toung, 1893-1976) en 1959.
- Affiche chinoise, 1960 : « Le peuple chinois soutient sans réserve les mouvements démocra-
tiques nationaux d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique, À bas l'impérialisme ! À bas le colonia-
lisme ! »,
L’agression du Tibet
En oct. 1950, l'armée populaire de libération (APL) attaque
le Tibet. Cet assaut marque le commencement de la prise de contrôle du
territoire tibétain par la République populaire de Chine, pour des raisons
géostratégiques et pour mettre la mains sur les ressources minières de cet
immense territoire*. En mai 1951, un traité acte l'intégration du Tibet à la
Chine, confiant les affaires étrangères à Pékin en échange d'une autono-
mie régionale et du respect de l'identité religieuse.
Le dalaï-lama lui-même abolit la corvée et le servage et entame une
réforme agraire. Pékin, de son côté, lance un grand programme routier
pour relier le Tibet à la Chine proprement dite. Mais les communistes ne
tardent pas à violer leurs engagements et à s'en prendre aux monastères.
Un mouvement de révolte se développe en 1959 dans les provinces
orientales du Kham et de l'Amdo intégrées à la Chine. La tension monte et
s'étend au Tibet central. En mars 1959, le dalaï-lama, craignant à juste
titre pour sa sécurité, s'enfuit en Inde, s’installe à Dharamsala où il est
rejoint par une grande partie des élites tibétaines. Une insurrection éclate
à Lhassa. L'armée chinoise la réprime sans ménagement.
* Le Tibet ethnique correspond à un territoire immense de 2 500 000 km². Selon les divisions
administratives chinoises, la ‘Région Autonome du Tibet’ compte 1 200 000 km² ; Le reste du
territoire traditionnel correspond à des préfectures autonomes tibétaines intégrées dans les
provinces chinoises du Qinghai, du Sichuan, du Gansu, du Yunnan.
La réforme agraire de 1950
Les Chinois accélèrent la sinisation de la Région autonome
en encourageant l'installation de Chinois de l'intérieur (Hans). Ils
réécrivent et falsifient l’histoire du Tibet, le présentant comme une
région ayant toujours appartenu à la Chine. Après 50 ans de
colonisation chinoise, le taux d’analphabétisme du Tibet reste l’un
des plus élevés au monde. La dictature chinoise a restreint la
circulation d’une ville à l’autre : les Tibétains doivent demander des
permis et les payer.
En Chine, une réforme agraire (1950-1953) redistribue à des
paysans 47 millions d'hectares de terres, des outils agricoles, du
bétail et des bâtiments. Des dizaines de milliers de paysans proprié-
taires qui maîtrisaient les techniques agricoles sont tués*.
* Des chercheurs ont estimé qu'un total de 1 million à 4,7 millions de personnes
sont mortes dans ce mouvement de réforme agraire, dont la plupart étaient des anciens
propriétaires et leurs enfants ainsi que leurs proches.
Images
- Photo (datant de 1993) d'une partie détruite du monastère de Drepung, situé au pied du
mont Gephel à Lhassa.,
- Séance d’accusation publique et "d'autocritique" d'un propriétaire en 1946, avant la
réforme agraire.
- Un fonctionnaire présente la loi de réforme agraire aux paysans.
Les purges
La campagne pour "réprimer les contre-révolutionnaires » (1950 à
1954) vise à éradiquer les "éléments d'opposition", en particulier les
anciens affiliés du Kuomintang. Selon Xu Zirong, alors vice-ministre de
la Sécurité publique, 2,6 millions de personnes sont arrêtées, 1,29 million
de personnes emprisonnées (Laogaï) et 712 000 exécutées. Certains
chercheurs estiment le nombre réel de morts entre 1 million et 2 millions.
Les campagnes "des trois-anti" (1951) et "des cinq-anti" (1952)
visent à nettoyer les villes chinoises de la corruption et des « ennemis de
l'État. » Elles ciblent en particulier les opposants politiques et les hommes
d’affaires. Rien qu'à Shanghaï, de janvier à avril 1952, au moins 876
personnes se suicident.
La campagne "Sufan", "mouvement pour éliminer les contre-révolu-
tionnaires cachés" (1955-1957) vise les opposants tels que les intellec-
tuels non communistes. Selon des chercheurs chinois, plus de 1,4 million
d'intellectuels et de fonctionnaires sont persécutés, 214 000 personnes
arrêtées et 53 000 tués. Selon Jean-Louis Margolin, 81 000 personnes
sont arrêtées et 770 000 tuées.
Images : - "Confession publique" dans un laogaï
- Carte des camps en Chine maoïste.
- Affiche de la campagne « Réprimer les contre-révolutionnaires »
- Camp de femmes
Le "Grand bond en avant"
En réaction à l'encontre de la "Campagne des cent fleurs", qui
critique le gouvernement et réclame la liberté d'opinion, le
"mouvement anti-droitiste" (1950 - début des années 1960) vise à évincer
des militants libéraux du PCC.
Entre 1958 et 1962, et malgré les mises en garde*, Mao met en œu-
vre le "Grand Bond en avant", mouvement de réformes industrielles censé
permettre de « rattraper le niveau de production d’acier de l’Angleterre » en
15 ans. Des communes de production sont organisées au niveau local. Toute
la population, et avant tout le monde paysan, est sommée d’y apporter sa
contribution. Les paysans sont surexploités, on leur demande de tout faire en
même temps, des récoltes à la production sidérurgique. La main-d’œuvre
inexpérimentée produit des biens d’une qualité exécrable tandis que les
récoltes pourrissent sur pied.
* Fort de l'expérience stalinienne, Nikita Khrouchtchev avait mis Mao en garde contre les dangers
du collectivisme agricole, mais celui-ci n'en avait pas tenu compte, notamment parce qu'il s'opposait à
la déstalinisation mise en œuvre officiellement par le maître du Kremlin.
Images :
- Affiche de propagande pour le "Grand bond en avant".
- Production d’acier par les paysans dans des bas-fourneaux à la campagne
- Le livre de Yang Jisheng (dont le père est mort de faim en 1959) sur le ‘Grand Bond en avant’ et la
‘Grande famine’, paru en 2008 à Hong Kong, est interdit en Chine. Le titre évoque la stèle de la
famine, découverte en 1889, inscription située sur l'île de Sehel sur le Nil près d'Assouan, qui parle
d'une période de 7 ans de famine durant le règne du roi égyptien Djéser.
La "Grande famine"
La "Grande famine chinoise" qui sévit entre 1958 et 1962 en
conséquence de cette politique cause 15 à 55 millions de morts, selon
les estimations des historiens, 36 millions selon le journaliste chinois
Yang Jisheng. Les cadavres sont cachés pour que les survivants
continuent à percevoir la nourriture des bons de rationnement, de très
nombreux cas de cannibalisme sont relevés.
Parmi les causes, des catastrophes naturelles (sécheresses,
inondations*, typhons parasites), les méthodes agronomiques catastro-
phiques du soviétique Trofim Lyssenko, la destruction des oiseaux**, le
labourage profond***, le défrichage des pentes****, les fausses déclara-
tions des autorités locales et du gouvernement national, l’envoi des
céréales produites vers les villes ou à l’exportation.
Des communistes réformistes, comme Liu Shaoqi et Deng
Xiaoping tentent de réduire les pouvoirs de Mao.
* le Fleuve Jaune déborde en juillet 1959, faisant 2 millions de morts. ** accusés de manger les
graines semées, ce qui a provoqué une explosion de la population des ravageurs, en particulier
des insectes nuisibles aux cultures. *** qui enfouit la couche de terre fertile. **** provoquant
l'érosion des sols et le ravinement.
Images :
- Affiche de propagande du PCC en 1959 montrant une bonne récolte de légumes
- Un garçon recueille de l'herbe sèche pour se nourrir pendant la ‘Grande famine’
- Camp de travail
La "Révolution
culturelle"
Aidé par l'armée chinoise commandée par Lin Biao, Mao riposte. Dès 1964, des
millions d'exemplaires du "Petit Livre rouge", où est résumée sa pensée, sont distribués
dans l'armée et parmi les jeunes. En novembre 1965, commence la "Révolution culturelle".
Soldats et jeunes "Gardes rouges" attaquent violemment par des affiches murales
manuscrites (les dazibaos) les cadres communistes hostiles à Mao. Ces derniers doivent
démissionner, sont traduits devant des tribunaux populaires improvisés, sont contraints de
faire leur "autocritique" publique. Beaucoup sont envoyés en camp d'internement ou dans
les villages pour leur "rééducation politique". Certains sont emprisonnés, voire tués.
Liu Shaoqi et Deng Xiaoping sont écartés du pouvoir dès 1966. À l'automne 1967,
l'armée crée des comités révolutionnaires, formés de gardes rouges, de cadres
communistes favorables à Mao et de militaires. Ces comités prennent localement le
pouvoir et rétablissent l'ordre.
Mais des divergences entre maoïstes apparaissent. Lin Biao, désigné dès 1969
comme successeur de Mao, censé avoir comploté contre lui, trouve la mort en sept. 1971,
dans un "accident" d'avion alors qu'il s'enfuyait à Moscou.
Images : - Soldats récitant des passages du "Petit Livre rouge"
- Jeunes Gardes rouges
- "Autocritique" publique dans un laogaï
- Exécution de dissidents
La fin du maoïsme
Le Premier ministre chinois Zhou en lai, resté en poste pendant toute
la Révolution culturelle, rappelle les anciens dirigeants écartés, en particu-
lier Deng Xiaoping. Le retour en grâce des communistes réformistes ne
désarme pas les partisans de la Révolution culturelle, ceux que l'on
nommera après leur défaite politique, la "Bande des quatre". Ils profitent de
la mort de Zhou Enlaï (janv. 1976) puis de celle de Mao Zedong (sept.
1976) pour évincer Deng Xiaoping. Ils mettent au pouvoir un dirigeant
communiste de deuxième rang, Hua Guofeng. Mais début octobre 1976, la
"Bande des quatre" est arrêtée pour "complot contre l'État" : ils seront jugés
en 1980. C'est la fin de la période maoïste.
Après 1977, sous la conduite de Deng Xiaoping, la Chine s'engage
dans la modernisation. Tout en conservant la dictature politique et le rôle
dirigeant du PCC, Deng bouleverse l'économie chinoise. Le profit est
introduit, la responsabilité individuelle devient une des bases de l'organisa-
tion économique.
Images :
- Procès de la "Bande des quatre", dont Jiang Qing, la veuve de Mao, condamnée à mort, qui se
suicidera en prison.
- Deng Xiaoping (1904-1997), numéro un de la République populaire de Chine de déc. 1978 à juin
1989. En 1981, le PCC déclare que la Révolution culturelle est « responsable du revers le plus grave
et des pertes les plus lourdes subies par le Parti, le pays et le peuple depuis la fondation de la
République populaire de Chine ».
Répression de la contestation
de 1989
Pour déplorer la mort de Hu Yaobang, Secrétaire général du PCC limogé deux
années plus tôt pour avoir mené une politique plus ouverte envers les intellectuels et
les Tibétains, pour dénoncer la corruption, l’inflation, le chômage et le luxe dans lequel
vivent les cadres du PCC, les étudiants de Pékin manifestent d’avril à juin 1989 sur la
place Tian'anmen à Pékin et dans d’autres villes dont Hong Kong : grèves de la faim
massives, manifestations gigantesques, visite du dirigeant soviétique sabotée, etc.
Une première tentative de répression, en faisant encercler la place par
l’armée, se solde par un échec. Les soldats fraternisent avec les manifestants, et
partagent leurs revendications.
Deng Xiaoping fait intervenir les chars. La répression du mouvement
provoque un grand nombre de victimes civiles (de quelques centaines à 10 000 selon
les sources. Les premières estimations fondées sur des rapports de la Croix-Rouge
chinoise font état d'un chiffre de 2 600).
Images
- L’inconnu de la place Tian’anmen. Ce mouvement social, qui s’étend aux grandes villes de Chine, le plus important
de l'après-révolution culturelle, est connu sous le nom de "mouvement du 4 juin". L'expression "4 juin" étant
censurée, les internautes chinois en ont inventé une autre, "35 mai", pour contourner cette censure. Le journaliste
Charlie Cole estime que « Tank Man » a probablement été exécuté après avoir été enlevé par la police secrète,
hypothèse s'appuyant sur le fait que jamais le gouvernement chinois n’a pu le présenter pour faire taire les
protestations
La mise au pas de Hong Kong
L’ex-colonie britannique, rétrocédée à la Chine en 1997, subit une
sévère reprise en main* politique, sociale et économique par Pékin. En
quelques années, elle a perdu son identité et ses rêves d’autonomie.
Depuis une loi sur la sécurité d’Etat adoptée par le "Parlement"
de Pékin en mai 2020, le régime de Xi Jinping a muselé la presse,
dissous les syndicats indépendants, aboli l’indépendance judiciaire,
limité considérablement, voire annihilé, les libertés civiles et politiques,
emprisonné les dissidents
* Malgré un processus de démocratisation inabouti, Hongkong était encore la seule partie
du territoire chinois jouissant d’un État de droit solide, fondé sur une justice indépendante
rendue par des juges locaux et étrangers, d’une opposition politique vivace et diverse, d’une
grande liberté de culte, d’une presse libre, d’un accès non régulé à Internet, d’universités de
réputation internationale et de frontières extraordinairement ouvertes tant pour les personnes
que pour les marchandises…
Photos : - Liu Xiaobo (1955-2017), professeur d’université, écrivain, défenseur des droits
humains, un des auteurs de la "Charte 08", condamné à 4 reprises, passe 16 ans de sa vie en
prison, prix Nobel de la paix (2010), mort en captivité
- Joshua Wong, militant pro-démocratie hong-kongais né en 1996. Une des figures marquantes
de la "Révolution des parapluies" ou Occupy Central (sept.-oct. 2014). En décembre 2020,
condamné à 13 mois et demi d'emprisonnement lors d'un procès pour "incitation au regroupe-
ment illégal" et "organisation de regroupement illégal". Son modèle est Liu Xiaobo.
La répression contre les Ouighours
Les Ouïghours, un peuple musulman et turcophone, constituent
aujourd'hui la plus importante (officiellement, près de 25 millions) des
minorités nationales reconnues de la région autonome du Xinjiang.
Environ un million d’entre eux sont enfermés et torturés dans plusieurs
centaines camps d’internement, de travail et de "rééducation" appelés
"centres de formation professionnelle". Les ONG parlent d’un ethnocide
et même d’un génocide, puisque la Chine impose un contrôle des
naissances (tests de grossesse, avortements, stérilisation forcée des
femmes, etc. ).
La réaction occidentale ne peut être qu’économique et politique :
sanctions commerciales, dénonciation internationale solennelle, soutien
aux démocrates chinois, etc.
Photos :
- Ilham Toti, Ouighour né en 1969, enseignant en droit constitutionnel et commerce international.
Condamné à la prison à vie en 2014 pour "subversion" en raison de sa critique de la politique du
gouvernement chinois envers les Ouïghours. Ses proches sont sans nouvelle de lui depuis 2017.
Toujours emprisonné, il a reçu de nombreuses distinctions dont le prix Sakharov du Parlement
européen en déc. 2019.
- Manifestation contre le travail forcé des Ouighours dans le camps.
Chine : la mémoire des crimes du maoïsme
Deux ans après la mort de Mao Zedong, le régime chinois com-
mence à réhabiliter les victimes de la ‘Révolution culturelle’ en payant
leurs familles 420 yuans (environ la moitié du salaire annuel de l’époque)
chacune en compensation. Cependant, les nouveaux dirigeants ne
rendent pas publics les noms des victimes, et ne donnent pas aux
chercheurs l’accès aux statistiques et aux archives que le département
du travail politique de chaque unité de travail devait garder sur les
employés. De plus, la presse officielle (il n’y en a pas d’autre) est
strictement contrôlée, et la publication de livres ou d’articles sur la
‘Révolution culturelle’ interdite.
Le nombre des victimes durant les périodes de violence ne peut
qu’être estimé, les archives centrales du Parti à Pékin n’étant pas
ouvertes.
Au sujet des livres présentés ci-contre : Historien néerlandais de la Chine moderne et
professeur à l’université de Hong-Kong, Frank Dikötter est l’auteur de dix livres qui ont fait date.
Youqin Wang, professeur principal d'enseignement au ‘Département de langue chinoise
des langues et civilisations de l'Asie de l'Est’ de l’université de Chicago, soutient que la
reconnaissance des victimes individuelles est un problème fondamental pour l’écriture de
l’histoire de la ‘Révolution culturelle’ et se trouve au cœur de la division majeure entre histoire
officielle et histoire réelle.
Les violences de masse et la dictature
en Chine
« Les violences de masse sont partie
intégrante de l’histoire de la République populaire de Chine et sont
inséparables des "mouvements" et "campagnes" que Mao a instru-
mentalisés jusqu’à sa mort afin de reprendre un pouvoir qu’il voyait de
plus en plus contesté.
Ces violences, qui comptent parmi les plus meurtrières de l’Histoire,
ont affecté le destin de la Chine, que ce soit en retardant son dévelop-
pement économique lors du ‘Grand Bond en avant’, ou en détruisant une
grande partie du patrimoine culturel chinois lors de la ‘Révolution cultu-
relle’. La mort de Mao n’a pourtant pas signifié l’arrêt de ces violences.
Le Parti communiste chinois a besoin, afin de maintenir son
hégémonie, de réprimer par la violence les contestations sociales et les
groupes ethniques ou religieux qui remettent en cause sa légitimité. La
recherche d’un ennemi intérieur, qu’il soit intellectuel bourgeois durant le
maoïsme, simple Ouïghour ou exproprié de force aujourd’hui, montre
que la violence est au cœur des relations de pouvoir en Chine. »
(Amar Nathanel, Violences de masse en République Populaire de Chine depuis 1949,
Sciences Po, 3 Janvier 2013)
Image de bas : caméras de vidéosurveillance en vue de la reconnaissance faciale et du traçage
des citoyens.
Une mémoire
sélective
Le mausolée de Mao Zedong où se trouve sa dépouille momifiée abrite le
Grand Timonier dans son coffre de cristal. Ce n’est qu’après l’arrivée au pouvoir de
Deng Xiaoping que ce mausolée a été progressivement transformé en monument
dédié au patriotisme chinois et à l’unité ethnique et nationale de la Chine.
La Chine encourage le "tourisme rouge", une activité à saveur patriotique et
pédagogique, qui fait référence aux visites des sites historiques en lien avec les
activités révolutionnaires du PCC. Ces sites rouges forment collectivement un récit
de l’histoire de la Chine au 20ème siècle auquel a été retiré tout événement sombre.
Transformés dans les lieux de mémoire officiellement sélectionnés, ils sont appelés à
renforcer la légitimité du PCC et à réinventer le passé maoïste.
Images :
- Monument aux Travailleurs en lutte, près du mausolée de Mao Zedong, place Tian Anmen à Pékin.
- Statue à la gloire des héros du PCC
- Statue (36,60 m de hauteur, comme un immeuble de 12 étages…) de Mao Zedong, érigée en 2015 dans le
canton de Tongxu par Sun Qingxin, patron d’usines de machinerie et n° 2 de l’assemblée du PCC au niveau
cantonal. Certains s’étaient demandé s’il était légal de bâtir un tel colosse en zone rurale, d’autres ont estimé qu’il
aurait été plus judicieux de consacrer les fonds à d’autres projets, dans une province qui se classe dans le tiers le
plus pauvre du pays. Elle a été détruite en janvier 2016.
Mémoire des crimes du communisme en Chine
Livres
Mémoire des crimes du communisme en Chine
Documentaires et films
6-c - 2 - La mémoire des crimes
des communistes au Cambodge
Voir le diaporama spécifique sur le sujet « La mémoire des crimes
du régime des Khmers rouges au Cambodge (1975-1979) »
6-c - 3 - La mémoire des crimes
des communistes
en Corée du Nord
En 1910, la Corée est annexée par l'empire du Japon. Lors de
la capitulation japonaise en 1945, marquant un terme à la
Seconde Guerre mondiale, la péninsule se trouve divisée en
deux zones de chaque côté du 38ème parallèle : le Nord de la
péninsule est administré par l'Union soviétique et le Sud par les États-Unis.
Les négociations en vue d’une unification des deux zones échouent
et, en 1948, des gouvernements distincts sont formés : la République
populaire démocratique de Corée (au régime communiste) au nord et la
république de Corée (au régime capitaliste) au sud.
Une invasion du Sud de la péninsule par 135 000 soldats de Corée
du Nord le 25 juin 1950 conduit à la guerre de Corée, qui dure jusqu’à juillet
1953 et ravage atrocement le "pays du matin calme". Les États-Unis four-
nissent 88 % des 341 000 soldats internationaux qui représentent les
forces du Sud, complétées par l'assistance de 20 autres pays. Si elle
n'amène pas directement de troupes sur le terrain à l'exception de pilotes
d'avion, l'Union soviétique fournit une aide matérielle conséquente aux
armées chinoise (500 000 hommes) et nord-coréenne*.
* les alliés du Sud déversent 576 000 tonnes de bombes, 3,2 millions de litres de napalm. En avril
1951, le président Truman limoge le général Douglas MacArthur qui préconise l’utilisation de l’arme
nucléaire.
La guerre de Corée
L'armistice de Panmunjeom en juillet 1953 instaure la création d'une zone
démilitarisée de 249 km de long et 4 km de large de part et d'autre de l'ultime ligne de
front. Il s’agit d’un cessez-le-feu, mais aucun traité de paix n'est alors signé, et ne l’est
toujours à ce jour. Environ 15 000 Chinois et 50 000 Nord-Coréens choisissent de rester
au Sud. Dans le camp opposé, 327 soldats sud-coréens, 21 soldats états-uniens et un
soldat britannique ont refusent le rapatriement et restent en Corée du Nord ou en Chine/
On estime que le conflit, à la fois guerre civile coréenne et le plus grand affronte-
ment des blocs pendant la ‘guerre froide’, a fait plus de 800 000 morts parmi les militaires
coréens, nordistes, et sudistes, et 57 000 parmi les militaires des forces de l'ONU. Le
nombre de victimes civiles est estimé à 2 millions et le nombre de réfugiés à 3 millions.
La péninsule est dévastée par les combats et les bombardements ; Séoul est ainsi
détruite à plus de 70 %. La plupart des villes de Corée du Nord et presque tous ses
principaux bâtiments sont détruits.
Photos :
- Évolution des zones contrôlées par les belligérants pendant la guerre de Corée
- Le 27 juillet 1953 à Panmujeom, petit village aujourd’hui disparu sur la route de Kaesong, les négociateurs
parviennent à un accord. Sont présents : le lieutenant-colonel William Kelly Harrison pour les Nations unies, le général
Nam Il pour la Corée du Nord et le maréchal Peng Dehuai pour l’armée chinoise.
Après la guerre, la famine
Le fondateur du pays, Kim Il-sung (1912-1994) a pour successeur son
fils Kim Jong-il (1941-2011), auquel succède son fils cadet, Kim Jong-un (né
en 1983), ce qui fait du régime nord-coréen la seule dynastie communiste de
l'histoire.
Après la dislocation de l'Union soviétique et une série de catastrophes
naturelles, la Corée du Nord subit dans les années 1990 une famine faisant
de 600 000 à un million de morts de faim ou de maladies liées à la famine.
Un rapport de l’ONU estime que la famine est liée pour 85 % aux problèmes
du secteur agricole géré de manière bureaucratique et stalinienne et pour
15 % aux catastrophes naturelles.
La consolidation du pouvoir passe par la création du système de caste
songbun, inspiré du confucianisme, qui divise la population en cinq groupes :
spécial, normal, de base, complexe et hostile, en fonction du degré supposé
de sympathie de chaque personne envers le régime.
Images :
- La ville nord-coréenne de Wonsan attaquée par des bombardiers B-26 états-uniens, 1951
- Enfants affamés
- La dynastie des dictateurs sud-coréens
Culte de la personnalité
et militarisme
Kim Il-sung, proclamé après sa mort « président éternel » et
ses deux successeurs font l'objet d'un culte de la personnalité dans
la tradition stalinienne.
La Corée du Nord est le pays le plus militarisé au monde
selon le critère de la proportion de la population sous les drapeaux.
Le pays développe un programme spatial, et il est également
accusé de pratiquer de nombreuses activités illicites à l'échelle
internationale. Il dispose de l'arme nucléaire depuis les années
1990, et effectue régulièrement des tests de missiles balistiques
depuis les années 2010.
En Corée du Sud, après un long processus de démocratisa-
tion et notamment les manifestations massives de mai à juillet 1987
qui rassemblent plus de 100 000 personnes et font référence à la
révolution non-violente People Power aux Philippines, Kim Dae-
jung, élu en 1997, est le premier Président bénéficiant d’une légiti-
mité démocratique.
Photos :
- Statues de Kim Il-sung et de Kim Jong-il sur la place de Mansudae à Pyongyang, en
2012.
- Défilé militaire à Pyongyang
Les purges et les camps
Kim Il-sung et ses successeurs punissent toute opposition réelle ou
supposée par des purges comprenant des exécutions publiques et
des disparitions forcées. Les familles des dissidents s'exposent à un reclasse-
ment dans le système du songbun. Les camps, connus sous le nom de
kwanliso, font partie d'un vaste réseau d'institutions pénales et de travaux
forcés, avec des colonies clôturées et fortement surveillées dans les régions
montagneuses, où les prisonniers sont forcés d'effectuer des travaux
obligatoires tels l'exploitation forestière, l'extraction minière et la récolte. En
1958, une grande campagne antireligieuse est lancée.
Une commission d'enquête de l'ONU en 2014 estime que des centaines
de milliers d'opposants politiques ont péri dans des camps pendant les 50
années ayant précédé, ce que la commission qualifie de crime contre l'huma-
nité, et que de 80 000 à 120 000 prisonniers politiques sont détenus dans les
camps.
À côté de réalisations positives*, la Corée du Nord est confrontée à de
longues périodes de sécheresse qui menacent sa sécurité alimentaire.
* L'historien Bruce Cumings note qu'« un rapport interne de la CIA admettait du bout des
lèvres les soins apportés aux enfants et notamment aux orphelins ; le "changement radical"
du statut de la femme ; le logement gratuit ; les soins médicaux gratuits et la médecine
préventive ; des taux de mortalités infantiles et une espérance de vie comparable aux pays
les plus avancés. »
Images : - Corvées dans les camps en hiver
- Dessin de récits sur la détention dans les camps
Les camps de concentration
Les camps en Corée du Nord sont appelés kwanlisos. Il y avait
10 camps de travail au début de la dictature, mais depuis la fin des
années 1990 il n'en reste "que" 6 : Yodok, Kaechon, Hwasong,
Bukchang, Hoeryong et Chongjin.*
Selon les témoignages recueillis par les rares personnes qui
ont réussi à s’en échapper, les prisonniers travaillent plus de 10 heures
par jour. Il y a très peu de nourriture sur place et aucun soin médical
disponible, ce qui cause de nombreux décès. De nombreux prisonniers
sont détenus sans avoir été reconnus coupables de crime, certains
peuvent même s'y retrouver simplement à cause de "crimes" commis par
leur famille ou parce qu'ils sont une menace. Le témoignages font état de
la tortures, de viols, ou d'autres traitements inhumains et cruels et d’exé-
cutions publiques sommaires.
* Depuis plus d'une décennie, le ‘Comité pour les droits de l'homme en Corée du Nord'
(HRNK) travaille à documenter et à analyser le système des camps de prisonniers en Corée du
Nord. Qualifiés de "goulag caché" en 2003 par l'auteur du rapport et spécialiste des droits de
l'homme David Hawk, ces camps de prisonniers politiques sont des lieux de grande souffrance
pour 80 000 à 120 000 personnes en Corée du Nord.
Le travail des ONG humanitaires est entravé par les sanctions internationales renforcées
en 2017 et les pressions états-uniennes. En 2018, Save the Children, l’une des dernières ONG
encore présentes dans le pays de façon permanente, a dû partir, ne pouvant plus délivrer d'aide
huma-nitaire à cause des sanctions.
Images :
- Murs et image satellite du camp n° 14 de Kaechon.
- Carte des camps de prisonniers politiques en Corée de Nord
La réunification ?
Les deux parties se sont engagées à œuvrer pour la réunification. Le
président sud-coréen Roh Tae-woo, en septembre 1989, proposait la
National Community Unification Formula, une forme de confédération Nord-
Sud comme étape préliminaire à la réunification et basée sur la paix, la
dénucléarisation, la non-agression et la coopération. Le 15 juin 2000, lors
du sommet historique à Pyongyang, les présidents Kim Dae-jung et Kim
Jong-il signent un accord envisageant une réunification.
Du 9 au 25 février 2018, la Corée du Nord participe aux Jeux
olympiques d'hiver de 2018 à Pyeongchang en Corée du Sud. Il s'agit de sa
première participation à des Jeux d'hiver en tant qu'équipe unifiée. Cette
équipe n'est toutefois unifiée que pour le défilé des cérémonies et pour une
seule épreuve : le tournoi féminin de hockey sur glace. Dans ces deux cas,
le drapeau de l'unification coréenne est utilisé pour les identifier. Dans
toutes les autres épreuves, la Corée du Sud et la Corée du Nord évoluent
de façon séparée sous leur propre drapeau national.
Images : - Les présidents Kim Dae-jung et Kim Jong-il le 15 juin 2000
- Drapeau de l’unification coréenne, utilisé pour la première fois en 1991 lorsque les deux pays
présentent une seule équipe aux championnats du monde de tennis de table à Chiba, au Japon.
- L’équipe de la réunification de la Corée au tournoi féminin de hockey sur glace en 2018.
La réunification ?
Les grandes puissances qui encerclent la péninsule coréenne
ne perçoivent la question de l'unification coréenne qu'en fonction
de leurs propres intérêts et non des intérêts de la nation coréenne.
Sur le modèle de l’Union européenne et après la dénucléari-
sation complète de la péninsule, des hommes politiques proposent
un processus incluant la création d’une l'union douanière, puis d'un
marché commun, puis d’une l'intégration politique avec gouverne-
ment central, une constitution et une nation souveraine.
Dans l’hypothèse d’une réunification par absorption avec
consentement, le rattrapage économique de la Corée du Nord
constituerait un coût majeur pour la Corée du Sud, bien plus élevé
encore que cela ne l’a été pour la République Fédérale d’Allema-
gne suite à la réunification avec la République Démocratique
Allemande en 1990.
Photos :
- Les barbelés de la frontière
- Arche de la Réunification au-dessus de l'autoroute de Pyongyang-Kaesong
Mémoire des crimes du communisme en Corée du Nord
Livres
Mémoire des crimes du communisme en Corée du Nord
Documentaires et films
6-c - 4 - La mémoire
du socialisme à Cuba
L'île de Cuba, colonie espagnole de 1492 à 1898, est ensuite un
territoire des États-Unis jusqu‘en mai 1902. Sous les gouvernements de
Fulgencio Batista (1940-1944 et 1952-1959), l'île est massivement investie
par la Cosa nostra qui y installe casinos et pratique le blanchiment d'argent
à grande échelle. Les mafias italo-étatsuniennes trouvent à Cuba « calme,
impunité, profits » et pratiquent la corruption des élites locales à large
échelle. Une convergence d'intérêts se crée entre Cosa nostra, les grandes
sociétés américaines implantées dans l'île et le gouvernement des États-
Unis, notamment ses services de renseignement.
Fidel Castro et son armée renversent la dictature de Batista le 1er
janvier 1959. Depuis cette date, le pays se définit comme une république
socialiste, bien que Fidel Castro n'officialise le caractère socialiste du
régime que le 17 août 1961, à la suite de l'épisode de la baie des Cochons*.
Images :
- Fulgencio Batista (1901-1973), colonel en 1933, président de la République de Cuba en 1940,
dictateur (1952-1958) à la suite d'un coup d'État. Le nombre des victimes de son régime est évalué à
2 000.
- Fidel Castro (1926-2016), révolutionnaire et homme d'État cubain. Il dirige la république de Cuba,
pendant 49 ans.
Un régime à parti unique
En avril 1961 a lieu la tentative de débarquement à la baie des
Cochons de 1 400 réfugiés, recrutés, payés et entraînés par la CIA états-
unienne pour renverser Fidel Castro. Planifiée sous l'administration de
Dwight Eisenhower, l'opération, lancée au début du mandat de John F.
Kennedy, est un échec complet.
Fidel Castro et son ami argentin Ernesto Guevara donnent à la
révolution, officiellement nationaliste au départ, une orientation marxiste-
léniniste au début des années 1960, au moment de son affrontement avec
les administrations états-uniennes de l'époque. Le pays se rapproche alors
de l'URSS. À la suite de cette révolution, le régime cubain instaure progres-
sivement une république socialiste à parti unique.
Image du bas :
- Ernesto Guevara ou Che Guevara ou le Che (‘le chef’) (1928-1967), révolutionnaire marxiste-léniniste
et internationaliste argentin et homme politique d'Amérique latine. Rejoint Fidel Castro et participe au
renversement de Batista. Procureur d'un tribunal révolutionnaire qui exécute les opposants, crée
ensuite des camps de « travail et de rééducation ». Occupe plusieurs postes importants dans le
gouvernement cubain qui écarte les démocrates. Capturé en Bolivie et exécuté sommairement par
l'armée bolivienne entraînée et guidée par la CIA. Après sa mort, devient une icône pour des
mouvements révolutionnaires et fait l'objet d'un culte de la personnalité, mais demeure toujours l'objet
de controverses entre historiens, à cause de témoignages sur des exécutions d'innocents avancées
par certains de ses biographes.
La vie politique
Le Parti communiste de Cuba (PCC), créé en 1965,
constitue la « force dirigeante supérieure » et, de fait, le parti unique.
Pour l'universitaire Samuel Farber, le PCC n’est pas un parti car cela
nécessiterait l’existence d’autres partis politiques. Mais c'est la structure qui
« monopolise la vie politique, sociale et économique de la société cubaine ».
L’universitaire Yves Roucaute considère que le PCC n’a plus de communiste que le
nom. Il reste seulement une bureaucratie et une administration d’État, nationaliste et
corrompue qui tentent de se maintenir au pouvoir en libéralisant l'économie de l’île,
tout en se réclament toujours de José Martí et du marxisme-léninisme.
La constitution cubaine de 2019 maintient le rôle dirigeant Parti
communiste de Cuba et confirme le caractère « irrévocable » du
socialisme. Les demandes de démocratisation du système politique ne
sont pas satisfaites. Les manifestations de juillet 2021 visaient les
pénuries d'aliments et de médicaments, les coupures d'électricité, la crise
économique accentuée par la résurgence de la pandémie de Covid-19 et
l'absence de liberté.
L’île s’ouvre aux investissements étrangers pour combattre la crise
et autorise depuis 2021 la création de petites et moyennes entreprises
privées.
Images :
- Manifestations juillet de 2021
- Logotype du Partido comunista de Cuba (PCC)
Des camps d’internement
(1960-1968)
Des structures appelées les Guanahacahibes créées par Che Guevara en1960-
1961 étaient destinées aux personnes responsables de « crimes contre la morale
révolutionnaire », afin de se racheter une conduite.
Les ‘Unités militaires d'aide à la production’ (Unidades Militares de Ayuda a la
Producción, UMAP) étaient des camps de travail entourés de barbelés, fondés par le
gouvernement cubain et mis en place dans les années 1960. Selon les autorités cubaines,
ces centres UMAP devaient accueillir les individus qui ne peuvent pas être incorporés dans
l'armée, il s'agissait d'un service civil. Cela concernait notamment les religieux,
antimilitaristes, homosexuels ou opposants politiques. Les UMAP incluaient également des
travailleurs volontaires, le travail y étant rémunéré au même titre que le service militaire et
permettant de disposer d'un emploi à la sortie. Environ 25 000 personnes y ont travaillé,
volontairement pour certaines ou de manière obligatoire pour la majorité. Constituées en
1964, les UMAP sont supprimées en 1968. Les UMAP disparaissent, mais l'organisation
des camps de travail agricole perdure, sans clôtures et miradors, jusqu'au début des
années 1990 sans rapport avec le service militaire des jeunes Cubains. Les UMAP sont
aujourd'hui considérées par le gouvernement cubain comme une « erreur irréparable ».
Image : Homosexuels et opposants à la révolution cubaine dans une UMAP
- Le camp de détention de Guantanamo est depuis 1903 une enclave états-unienne sur l’île de Cuba
Une dictature ?
L'embargo des États-Unis contre Cuba est un embargo économique,
commercial et financier, mis en place par les États-Unis à l'égard de Cuba à partir
de février 1962, à la suite d'expropriation et nationalisations des compagnies
cubaines et étatsuniennes. Cet embargo commercial est le plus long de l'histoire
moderne.
Au début, une très large majorité de Cubains soutiennent une révolution
qui n’a pas encore adopté un caractère communiste, mais se traduit par des
réformes démocratiques, un début de redistribution des richesses, une campagne
d'alphabétisation.
Pour les partisans du système politique cubain mis en place depuis 1959,
Cuba est une démocratie car le président du Conseil d'État, qui est à la fois chef
d'État et chef du gouvernement, est élu par les députés de l'Assemblée nationale,
qui sont eux-mêmes élus par vote direct de la population.
Selon Amnesty International, les libertés fondamentales d'expression,
d'association et de circulation sont réduites, ce qui a contribué à provoquer
l'exode de centaines de milliers de Cubains, réfugiés notamment en Floride.
Selon Christian Nadeau, professeur de philosophie politique, dans les années
1990, le pouvoir a maintenu un contrôle strict de la société civile, notamment par
le biais des ‘Comités de défense de la révolution’, et augmenté la présence
policière.
Image : - En 2015 Barak Obama, ici avec Raoul Castro, rétablit les relations diplomatiques des États-Unis
avec Cuba
Aucune possibilité de dissidence
Toujours selon Christian Nadeau, en 1996, Raúl Castro a proclamé
la fermeture politique totale de Cuba et la réforme constitutionnelle de
2002 a verrouillé toute possibilité de dissidence. Selon Yannick Bovy, la
répression s'est alors intensifiée à l’égard de toute opinion contraire à celle
du gouvernement. Le diplomate Jean Mendelson estime en 2016 que
« Cuba ne correspond à aucune case : ni démocratie représentative, ni
dictature ».
Des opposants au régime sont en prison : en 2022, 1 167
prisonniers politiques vérifiés ont été inscrits sur la liste des défenseurs
des prisonniers à Cuba selon la plateforme Atalayar.
Bien que Cuba n'ait pas aboli la peine de mort, la dernière
exécution en date remonte à 2003. En 2010, l'île ne compte plus aucun
condamné à mort, les dernières condamnations ayant été commuées.
Images :
- Miguel Díaz-Canel, né en 1960, militant communiste, président de la République de Cuba depuis
octobre 2019. ll est réélu, en avril 2023, président de la République par l'Assemblée nationale avec
97,66 % des voix. À l'issue de cette élection, il s'engage à améliorer le sort des Cubains en
supprimant les freins de l'économie dus au « bureaucratisme, à l’indifférence et à la corruption
inacceptable ».
- Jacobo Machover, universitaire, écrivain et journaliste cubain né en 1954. Fils d'un exilé cubain qui
fut interprète auprès d'Ernesto Che Guevara, il suit sa famille dans l'exil et s'installe en France en
1963. Auteur de plusieurs ouvrages où il critique le régime castriste et la légende de Che Guevara.
Trois lauréats cubains
du prix Sakharov décerné par le Parlement européen
Le Parlement européen a décerné le « prix Sakharov pour la liberté de l’esprit » à deux
personnes et à une organisation cubaines :
- Les Dames en blanc (Damas de Blanco) sont un mouvement d'opposition réunis-
sant des épouses et membres des parents de dissidents emprisonnés par le gouver-
nement de Fidel Castro. Les femmes protestent contre ces emprisonnements en
assistant à la messe chaque dimanche vêtues d'une robe blanche, puis en marchant
en silence dans les rues habillées de blanc. La couleur blanche est choisie pour
symboliser la paix (prix Sakharov 2005).
- Oswaldo Payá Sardiñas (1952-2012), militant catholique, membre fondateur en
1988 et dirigeant du Mouvement chrétien de libération. Il est à l'origine du projet
Varela, une pétition demandant l'organisation d'un référendum sur une réforme
constitutionnelle donnant une plus grande liberté personnelle, politique, et économique
(liberté d'entreprendre) ainsi que l'amnistie des prisonniers politiques (prix Sakharov
2002).
- Guillermo Fariñas, né en 1962, directeur de l'agence de presse cubaine Cubanacan
Press. Condamné pour des délits de droit commun qu'il nie avoir commis, il sort de
prison en décembre 2003 pour raison médicale après une grève de la faim. Il proteste
contre la censure sur Internet qui règne à Cuba. Reporters sans frontières (RSF) lui a
décerné son prix Cyberliberté 2006 (prix Sakharov 2010*).
* les autorités cubaines ne l’autorisent pas à venir à Strasbourg, malgré les demandes de
Jerzy Buzek président du Parlement européen. Ce dernier a donc déposé le diplôme sur une chaise
vide, couverte d'un drapeau cubain à la demande du dissident.
Mémoire du socialisme à Cuba
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Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 06c. La mémoire des crimes des pouvoirs communistes : Chine, Corée du Nord et Cuba

  • 1. Diaporamas ‘De l’offense à la réconciliation’ Série ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’ 6-c - La mémoire des crimes des pouvoirs communistes Chine, Corée du Nord, Cuba Étienne Godinot 05.02.2024
  • 2. La série de diaporamas ‘De l’offense à la réconciliation’ Sommaire - Rappel Série 1 : Mémoire et reconnaissance de crimes du passé 1 - Introduction 2 - La mémoire de l’esclavage 3 - La mémoire du colonialisme 4 - La mémoire du génocide des Arméniens 5 - La mémoire de la Shoah 6 - La mémoire des crimes du communisme 7 - La mémoire des crimes commis par les États-Unis 8 - La mémoire des crimes des Khmers rouges au Cambodge 9 - La mémoire du génocide du Rwanda 10 - La mémoire des crimes commis pendant les guerres en ex-Yougoslavie 11 - La mémoire de l’apartheid en Afrique du Sud 12 - La mémoire des crimes commis par les institutions religieuses Série 2 : Justice, pardon et réconciliation 1 - Justice, pardon et réconciliation : dissiper les malentendus 2 - Pardon et réconciliation entre personnes 3 - Pardon et réconciliation entre groupes humains 4 - La réconciliation franco-allemande 5-1 - L’Algérie et la France : de 1830 à 1962 5-2 - L’Algérie et la France : depuis 1962 6 - Le Japon et les traces de sa période impériale en Asie du Sud-Est 7 - La Chine. Une volonté de revanche ? 8 - Institutions en faveur de la justice et des droits humains. 9 - Relire et dépasser le passé pour inventer l’avenir
  • 3. La mémoire des crimes des pouvoirs communistes Sommaire Diaporama 6-a - en URSS (1917-1991) Diaporama 6-b - en Europe de l’Est (1945-1991) 1 - Albanie 2 - Allemagne de l’Est 2 - Bulgarie 3 - Hongrie 4 - Pays baltes 5 - Pologne 6 - Roumanie 7 - Tchécoslovaquie 8 - Yougoslavie Diaporama 6-c - en Chine (depuis 1949) - au Cambodge : voir le diaporama spécifique sur le génocide commis par les Khmers rouges - en Corée du Nord (depuis 1953) - à Cuba (depuis 1959)
  • 4. 6-c - 1- La mémoire des crimes des communistes en Chine ‘La Longue Marche’ (10 000 km, d’octobre 1934 à octobre 1935) est un périple mené durant la guerre civile chinoise par l'Armée populaire de libération et une partie de l'appareil du ‘Parti communiste chinois’ (PCC) pour échapper à ‘l'Armée nationale révolutionnaire’ du Kuomintang de Tchang Kaï-chek. 90 000 à 100 000 hommes y perdent la vie rien qu'au sein des troupes communistes. C'est durant cette marche que Mao Zedong s'affirme comme le chef des communistes chinois. Le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclame la fondation de la République populaire de Chine (RPC) sur la place Tian'anmen à Pékin. Le Kuomin-tang se réfugie sur l'île de Taïwan, et y perpétue la République de Chine. Images : - Mao Zedong (ou Mao Tsé Toung, 1893-1976) en 1959. - Affiche chinoise, 1960 : « Le peuple chinois soutient sans réserve les mouvements démocra- tiques nationaux d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique, À bas l'impérialisme ! À bas le colonia- lisme ! »,
  • 5. L’agression du Tibet En oct. 1950, l'armée populaire de libération (APL) attaque le Tibet. Cet assaut marque le commencement de la prise de contrôle du territoire tibétain par la République populaire de Chine, pour des raisons géostratégiques et pour mettre la mains sur les ressources minières de cet immense territoire*. En mai 1951, un traité acte l'intégration du Tibet à la Chine, confiant les affaires étrangères à Pékin en échange d'une autono- mie régionale et du respect de l'identité religieuse. Le dalaï-lama lui-même abolit la corvée et le servage et entame une réforme agraire. Pékin, de son côté, lance un grand programme routier pour relier le Tibet à la Chine proprement dite. Mais les communistes ne tardent pas à violer leurs engagements et à s'en prendre aux monastères. Un mouvement de révolte se développe en 1959 dans les provinces orientales du Kham et de l'Amdo intégrées à la Chine. La tension monte et s'étend au Tibet central. En mars 1959, le dalaï-lama, craignant à juste titre pour sa sécurité, s'enfuit en Inde, s’installe à Dharamsala où il est rejoint par une grande partie des élites tibétaines. Une insurrection éclate à Lhassa. L'armée chinoise la réprime sans ménagement. * Le Tibet ethnique correspond à un territoire immense de 2 500 000 km². Selon les divisions administratives chinoises, la ‘Région Autonome du Tibet’ compte 1 200 000 km² ; Le reste du territoire traditionnel correspond à des préfectures autonomes tibétaines intégrées dans les provinces chinoises du Qinghai, du Sichuan, du Gansu, du Yunnan.
  • 6. La réforme agraire de 1950 Les Chinois accélèrent la sinisation de la Région autonome en encourageant l'installation de Chinois de l'intérieur (Hans). Ils réécrivent et falsifient l’histoire du Tibet, le présentant comme une région ayant toujours appartenu à la Chine. Après 50 ans de colonisation chinoise, le taux d’analphabétisme du Tibet reste l’un des plus élevés au monde. La dictature chinoise a restreint la circulation d’une ville à l’autre : les Tibétains doivent demander des permis et les payer. En Chine, une réforme agraire (1950-1953) redistribue à des paysans 47 millions d'hectares de terres, des outils agricoles, du bétail et des bâtiments. Des dizaines de milliers de paysans proprié- taires qui maîtrisaient les techniques agricoles sont tués*. * Des chercheurs ont estimé qu'un total de 1 million à 4,7 millions de personnes sont mortes dans ce mouvement de réforme agraire, dont la plupart étaient des anciens propriétaires et leurs enfants ainsi que leurs proches. Images - Photo (datant de 1993) d'une partie détruite du monastère de Drepung, situé au pied du mont Gephel à Lhassa., - Séance d’accusation publique et "d'autocritique" d'un propriétaire en 1946, avant la réforme agraire. - Un fonctionnaire présente la loi de réforme agraire aux paysans.
  • 7. Les purges La campagne pour "réprimer les contre-révolutionnaires » (1950 à 1954) vise à éradiquer les "éléments d'opposition", en particulier les anciens affiliés du Kuomintang. Selon Xu Zirong, alors vice-ministre de la Sécurité publique, 2,6 millions de personnes sont arrêtées, 1,29 million de personnes emprisonnées (Laogaï) et 712 000 exécutées. Certains chercheurs estiment le nombre réel de morts entre 1 million et 2 millions. Les campagnes "des trois-anti" (1951) et "des cinq-anti" (1952) visent à nettoyer les villes chinoises de la corruption et des « ennemis de l'État. » Elles ciblent en particulier les opposants politiques et les hommes d’affaires. Rien qu'à Shanghaï, de janvier à avril 1952, au moins 876 personnes se suicident. La campagne "Sufan", "mouvement pour éliminer les contre-révolu- tionnaires cachés" (1955-1957) vise les opposants tels que les intellec- tuels non communistes. Selon des chercheurs chinois, plus de 1,4 million d'intellectuels et de fonctionnaires sont persécutés, 214 000 personnes arrêtées et 53 000 tués. Selon Jean-Louis Margolin, 81 000 personnes sont arrêtées et 770 000 tuées. Images : - "Confession publique" dans un laogaï - Carte des camps en Chine maoïste. - Affiche de la campagne « Réprimer les contre-révolutionnaires » - Camp de femmes
  • 8. Le "Grand bond en avant" En réaction à l'encontre de la "Campagne des cent fleurs", qui critique le gouvernement et réclame la liberté d'opinion, le "mouvement anti-droitiste" (1950 - début des années 1960) vise à évincer des militants libéraux du PCC. Entre 1958 et 1962, et malgré les mises en garde*, Mao met en œu- vre le "Grand Bond en avant", mouvement de réformes industrielles censé permettre de « rattraper le niveau de production d’acier de l’Angleterre » en 15 ans. Des communes de production sont organisées au niveau local. Toute la population, et avant tout le monde paysan, est sommée d’y apporter sa contribution. Les paysans sont surexploités, on leur demande de tout faire en même temps, des récoltes à la production sidérurgique. La main-d’œuvre inexpérimentée produit des biens d’une qualité exécrable tandis que les récoltes pourrissent sur pied. * Fort de l'expérience stalinienne, Nikita Khrouchtchev avait mis Mao en garde contre les dangers du collectivisme agricole, mais celui-ci n'en avait pas tenu compte, notamment parce qu'il s'opposait à la déstalinisation mise en œuvre officiellement par le maître du Kremlin. Images : - Affiche de propagande pour le "Grand bond en avant". - Production d’acier par les paysans dans des bas-fourneaux à la campagne - Le livre de Yang Jisheng (dont le père est mort de faim en 1959) sur le ‘Grand Bond en avant’ et la ‘Grande famine’, paru en 2008 à Hong Kong, est interdit en Chine. Le titre évoque la stèle de la famine, découverte en 1889, inscription située sur l'île de Sehel sur le Nil près d'Assouan, qui parle d'une période de 7 ans de famine durant le règne du roi égyptien Djéser.
  • 9. La "Grande famine" La "Grande famine chinoise" qui sévit entre 1958 et 1962 en conséquence de cette politique cause 15 à 55 millions de morts, selon les estimations des historiens, 36 millions selon le journaliste chinois Yang Jisheng. Les cadavres sont cachés pour que les survivants continuent à percevoir la nourriture des bons de rationnement, de très nombreux cas de cannibalisme sont relevés. Parmi les causes, des catastrophes naturelles (sécheresses, inondations*, typhons parasites), les méthodes agronomiques catastro- phiques du soviétique Trofim Lyssenko, la destruction des oiseaux**, le labourage profond***, le défrichage des pentes****, les fausses déclara- tions des autorités locales et du gouvernement national, l’envoi des céréales produites vers les villes ou à l’exportation. Des communistes réformistes, comme Liu Shaoqi et Deng Xiaoping tentent de réduire les pouvoirs de Mao. * le Fleuve Jaune déborde en juillet 1959, faisant 2 millions de morts. ** accusés de manger les graines semées, ce qui a provoqué une explosion de la population des ravageurs, en particulier des insectes nuisibles aux cultures. *** qui enfouit la couche de terre fertile. **** provoquant l'érosion des sols et le ravinement. Images : - Affiche de propagande du PCC en 1959 montrant une bonne récolte de légumes - Un garçon recueille de l'herbe sèche pour se nourrir pendant la ‘Grande famine’ - Camp de travail
  • 10. La "Révolution culturelle" Aidé par l'armée chinoise commandée par Lin Biao, Mao riposte. Dès 1964, des millions d'exemplaires du "Petit Livre rouge", où est résumée sa pensée, sont distribués dans l'armée et parmi les jeunes. En novembre 1965, commence la "Révolution culturelle". Soldats et jeunes "Gardes rouges" attaquent violemment par des affiches murales manuscrites (les dazibaos) les cadres communistes hostiles à Mao. Ces derniers doivent démissionner, sont traduits devant des tribunaux populaires improvisés, sont contraints de faire leur "autocritique" publique. Beaucoup sont envoyés en camp d'internement ou dans les villages pour leur "rééducation politique". Certains sont emprisonnés, voire tués. Liu Shaoqi et Deng Xiaoping sont écartés du pouvoir dès 1966. À l'automne 1967, l'armée crée des comités révolutionnaires, formés de gardes rouges, de cadres communistes favorables à Mao et de militaires. Ces comités prennent localement le pouvoir et rétablissent l'ordre. Mais des divergences entre maoïstes apparaissent. Lin Biao, désigné dès 1969 comme successeur de Mao, censé avoir comploté contre lui, trouve la mort en sept. 1971, dans un "accident" d'avion alors qu'il s'enfuyait à Moscou. Images : - Soldats récitant des passages du "Petit Livre rouge" - Jeunes Gardes rouges - "Autocritique" publique dans un laogaï - Exécution de dissidents
  • 11. La fin du maoïsme Le Premier ministre chinois Zhou en lai, resté en poste pendant toute la Révolution culturelle, rappelle les anciens dirigeants écartés, en particu- lier Deng Xiaoping. Le retour en grâce des communistes réformistes ne désarme pas les partisans de la Révolution culturelle, ceux que l'on nommera après leur défaite politique, la "Bande des quatre". Ils profitent de la mort de Zhou Enlaï (janv. 1976) puis de celle de Mao Zedong (sept. 1976) pour évincer Deng Xiaoping. Ils mettent au pouvoir un dirigeant communiste de deuxième rang, Hua Guofeng. Mais début octobre 1976, la "Bande des quatre" est arrêtée pour "complot contre l'État" : ils seront jugés en 1980. C'est la fin de la période maoïste. Après 1977, sous la conduite de Deng Xiaoping, la Chine s'engage dans la modernisation. Tout en conservant la dictature politique et le rôle dirigeant du PCC, Deng bouleverse l'économie chinoise. Le profit est introduit, la responsabilité individuelle devient une des bases de l'organisa- tion économique. Images : - Procès de la "Bande des quatre", dont Jiang Qing, la veuve de Mao, condamnée à mort, qui se suicidera en prison. - Deng Xiaoping (1904-1997), numéro un de la République populaire de Chine de déc. 1978 à juin 1989. En 1981, le PCC déclare que la Révolution culturelle est « responsable du revers le plus grave et des pertes les plus lourdes subies par le Parti, le pays et le peuple depuis la fondation de la République populaire de Chine ».
  • 12. Répression de la contestation de 1989 Pour déplorer la mort de Hu Yaobang, Secrétaire général du PCC limogé deux années plus tôt pour avoir mené une politique plus ouverte envers les intellectuels et les Tibétains, pour dénoncer la corruption, l’inflation, le chômage et le luxe dans lequel vivent les cadres du PCC, les étudiants de Pékin manifestent d’avril à juin 1989 sur la place Tian'anmen à Pékin et dans d’autres villes dont Hong Kong : grèves de la faim massives, manifestations gigantesques, visite du dirigeant soviétique sabotée, etc. Une première tentative de répression, en faisant encercler la place par l’armée, se solde par un échec. Les soldats fraternisent avec les manifestants, et partagent leurs revendications. Deng Xiaoping fait intervenir les chars. La répression du mouvement provoque un grand nombre de victimes civiles (de quelques centaines à 10 000 selon les sources. Les premières estimations fondées sur des rapports de la Croix-Rouge chinoise font état d'un chiffre de 2 600). Images - L’inconnu de la place Tian’anmen. Ce mouvement social, qui s’étend aux grandes villes de Chine, le plus important de l'après-révolution culturelle, est connu sous le nom de "mouvement du 4 juin". L'expression "4 juin" étant censurée, les internautes chinois en ont inventé une autre, "35 mai", pour contourner cette censure. Le journaliste Charlie Cole estime que « Tank Man » a probablement été exécuté après avoir été enlevé par la police secrète, hypothèse s'appuyant sur le fait que jamais le gouvernement chinois n’a pu le présenter pour faire taire les protestations
  • 13. La mise au pas de Hong Kong L’ex-colonie britannique, rétrocédée à la Chine en 1997, subit une sévère reprise en main* politique, sociale et économique par Pékin. En quelques années, elle a perdu son identité et ses rêves d’autonomie. Depuis une loi sur la sécurité d’Etat adoptée par le "Parlement" de Pékin en mai 2020, le régime de Xi Jinping a muselé la presse, dissous les syndicats indépendants, aboli l’indépendance judiciaire, limité considérablement, voire annihilé, les libertés civiles et politiques, emprisonné les dissidents * Malgré un processus de démocratisation inabouti, Hongkong était encore la seule partie du territoire chinois jouissant d’un État de droit solide, fondé sur une justice indépendante rendue par des juges locaux et étrangers, d’une opposition politique vivace et diverse, d’une grande liberté de culte, d’une presse libre, d’un accès non régulé à Internet, d’universités de réputation internationale et de frontières extraordinairement ouvertes tant pour les personnes que pour les marchandises… Photos : - Liu Xiaobo (1955-2017), professeur d’université, écrivain, défenseur des droits humains, un des auteurs de la "Charte 08", condamné à 4 reprises, passe 16 ans de sa vie en prison, prix Nobel de la paix (2010), mort en captivité - Joshua Wong, militant pro-démocratie hong-kongais né en 1996. Une des figures marquantes de la "Révolution des parapluies" ou Occupy Central (sept.-oct. 2014). En décembre 2020, condamné à 13 mois et demi d'emprisonnement lors d'un procès pour "incitation au regroupe- ment illégal" et "organisation de regroupement illégal". Son modèle est Liu Xiaobo.
  • 14. La répression contre les Ouighours Les Ouïghours, un peuple musulman et turcophone, constituent aujourd'hui la plus importante (officiellement, près de 25 millions) des minorités nationales reconnues de la région autonome du Xinjiang. Environ un million d’entre eux sont enfermés et torturés dans plusieurs centaines camps d’internement, de travail et de "rééducation" appelés "centres de formation professionnelle". Les ONG parlent d’un ethnocide et même d’un génocide, puisque la Chine impose un contrôle des naissances (tests de grossesse, avortements, stérilisation forcée des femmes, etc. ). La réaction occidentale ne peut être qu’économique et politique : sanctions commerciales, dénonciation internationale solennelle, soutien aux démocrates chinois, etc. Photos : - Ilham Toti, Ouighour né en 1969, enseignant en droit constitutionnel et commerce international. Condamné à la prison à vie en 2014 pour "subversion" en raison de sa critique de la politique du gouvernement chinois envers les Ouïghours. Ses proches sont sans nouvelle de lui depuis 2017. Toujours emprisonné, il a reçu de nombreuses distinctions dont le prix Sakharov du Parlement européen en déc. 2019. - Manifestation contre le travail forcé des Ouighours dans le camps.
  • 15. Chine : la mémoire des crimes du maoïsme Deux ans après la mort de Mao Zedong, le régime chinois com- mence à réhabiliter les victimes de la ‘Révolution culturelle’ en payant leurs familles 420 yuans (environ la moitié du salaire annuel de l’époque) chacune en compensation. Cependant, les nouveaux dirigeants ne rendent pas publics les noms des victimes, et ne donnent pas aux chercheurs l’accès aux statistiques et aux archives que le département du travail politique de chaque unité de travail devait garder sur les employés. De plus, la presse officielle (il n’y en a pas d’autre) est strictement contrôlée, et la publication de livres ou d’articles sur la ‘Révolution culturelle’ interdite. Le nombre des victimes durant les périodes de violence ne peut qu’être estimé, les archives centrales du Parti à Pékin n’étant pas ouvertes. Au sujet des livres présentés ci-contre : Historien néerlandais de la Chine moderne et professeur à l’université de Hong-Kong, Frank Dikötter est l’auteur de dix livres qui ont fait date. Youqin Wang, professeur principal d'enseignement au ‘Département de langue chinoise des langues et civilisations de l'Asie de l'Est’ de l’université de Chicago, soutient que la reconnaissance des victimes individuelles est un problème fondamental pour l’écriture de l’histoire de la ‘Révolution culturelle’ et se trouve au cœur de la division majeure entre histoire officielle et histoire réelle.
  • 16. Les violences de masse et la dictature en Chine « Les violences de masse sont partie intégrante de l’histoire de la République populaire de Chine et sont inséparables des "mouvements" et "campagnes" que Mao a instru- mentalisés jusqu’à sa mort afin de reprendre un pouvoir qu’il voyait de plus en plus contesté. Ces violences, qui comptent parmi les plus meurtrières de l’Histoire, ont affecté le destin de la Chine, que ce soit en retardant son dévelop- pement économique lors du ‘Grand Bond en avant’, ou en détruisant une grande partie du patrimoine culturel chinois lors de la ‘Révolution cultu- relle’. La mort de Mao n’a pourtant pas signifié l’arrêt de ces violences. Le Parti communiste chinois a besoin, afin de maintenir son hégémonie, de réprimer par la violence les contestations sociales et les groupes ethniques ou religieux qui remettent en cause sa légitimité. La recherche d’un ennemi intérieur, qu’il soit intellectuel bourgeois durant le maoïsme, simple Ouïghour ou exproprié de force aujourd’hui, montre que la violence est au cœur des relations de pouvoir en Chine. » (Amar Nathanel, Violences de masse en République Populaire de Chine depuis 1949, Sciences Po, 3 Janvier 2013) Image de bas : caméras de vidéosurveillance en vue de la reconnaissance faciale et du traçage des citoyens.
  • 17. Une mémoire sélective Le mausolée de Mao Zedong où se trouve sa dépouille momifiée abrite le Grand Timonier dans son coffre de cristal. Ce n’est qu’après l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping que ce mausolée a été progressivement transformé en monument dédié au patriotisme chinois et à l’unité ethnique et nationale de la Chine. La Chine encourage le "tourisme rouge", une activité à saveur patriotique et pédagogique, qui fait référence aux visites des sites historiques en lien avec les activités révolutionnaires du PCC. Ces sites rouges forment collectivement un récit de l’histoire de la Chine au 20ème siècle auquel a été retiré tout événement sombre. Transformés dans les lieux de mémoire officiellement sélectionnés, ils sont appelés à renforcer la légitimité du PCC et à réinventer le passé maoïste. Images : - Monument aux Travailleurs en lutte, près du mausolée de Mao Zedong, place Tian Anmen à Pékin. - Statue à la gloire des héros du PCC - Statue (36,60 m de hauteur, comme un immeuble de 12 étages…) de Mao Zedong, érigée en 2015 dans le canton de Tongxu par Sun Qingxin, patron d’usines de machinerie et n° 2 de l’assemblée du PCC au niveau cantonal. Certains s’étaient demandé s’il était légal de bâtir un tel colosse en zone rurale, d’autres ont estimé qu’il aurait été plus judicieux de consacrer les fonds à d’autres projets, dans une province qui se classe dans le tiers le plus pauvre du pays. Elle a été détruite en janvier 2016.
  • 18. Mémoire des crimes du communisme en Chine Livres
  • 19. Mémoire des crimes du communisme en Chine Documentaires et films
  • 20. 6-c - 2 - La mémoire des crimes des communistes au Cambodge Voir le diaporama spécifique sur le sujet « La mémoire des crimes du régime des Khmers rouges au Cambodge (1975-1979) »
  • 21. 6-c - 3 - La mémoire des crimes des communistes en Corée du Nord En 1910, la Corée est annexée par l'empire du Japon. Lors de la capitulation japonaise en 1945, marquant un terme à la Seconde Guerre mondiale, la péninsule se trouve divisée en deux zones de chaque côté du 38ème parallèle : le Nord de la péninsule est administré par l'Union soviétique et le Sud par les États-Unis. Les négociations en vue d’une unification des deux zones échouent et, en 1948, des gouvernements distincts sont formés : la République populaire démocratique de Corée (au régime communiste) au nord et la république de Corée (au régime capitaliste) au sud. Une invasion du Sud de la péninsule par 135 000 soldats de Corée du Nord le 25 juin 1950 conduit à la guerre de Corée, qui dure jusqu’à juillet 1953 et ravage atrocement le "pays du matin calme". Les États-Unis four- nissent 88 % des 341 000 soldats internationaux qui représentent les forces du Sud, complétées par l'assistance de 20 autres pays. Si elle n'amène pas directement de troupes sur le terrain à l'exception de pilotes d'avion, l'Union soviétique fournit une aide matérielle conséquente aux armées chinoise (500 000 hommes) et nord-coréenne*. * les alliés du Sud déversent 576 000 tonnes de bombes, 3,2 millions de litres de napalm. En avril 1951, le président Truman limoge le général Douglas MacArthur qui préconise l’utilisation de l’arme nucléaire.
  • 22. La guerre de Corée L'armistice de Panmunjeom en juillet 1953 instaure la création d'une zone démilitarisée de 249 km de long et 4 km de large de part et d'autre de l'ultime ligne de front. Il s’agit d’un cessez-le-feu, mais aucun traité de paix n'est alors signé, et ne l’est toujours à ce jour. Environ 15 000 Chinois et 50 000 Nord-Coréens choisissent de rester au Sud. Dans le camp opposé, 327 soldats sud-coréens, 21 soldats états-uniens et un soldat britannique ont refusent le rapatriement et restent en Corée du Nord ou en Chine/ On estime que le conflit, à la fois guerre civile coréenne et le plus grand affronte- ment des blocs pendant la ‘guerre froide’, a fait plus de 800 000 morts parmi les militaires coréens, nordistes, et sudistes, et 57 000 parmi les militaires des forces de l'ONU. Le nombre de victimes civiles est estimé à 2 millions et le nombre de réfugiés à 3 millions. La péninsule est dévastée par les combats et les bombardements ; Séoul est ainsi détruite à plus de 70 %. La plupart des villes de Corée du Nord et presque tous ses principaux bâtiments sont détruits. Photos : - Évolution des zones contrôlées par les belligérants pendant la guerre de Corée - Le 27 juillet 1953 à Panmujeom, petit village aujourd’hui disparu sur la route de Kaesong, les négociateurs parviennent à un accord. Sont présents : le lieutenant-colonel William Kelly Harrison pour les Nations unies, le général Nam Il pour la Corée du Nord et le maréchal Peng Dehuai pour l’armée chinoise.
  • 23. Après la guerre, la famine Le fondateur du pays, Kim Il-sung (1912-1994) a pour successeur son fils Kim Jong-il (1941-2011), auquel succède son fils cadet, Kim Jong-un (né en 1983), ce qui fait du régime nord-coréen la seule dynastie communiste de l'histoire. Après la dislocation de l'Union soviétique et une série de catastrophes naturelles, la Corée du Nord subit dans les années 1990 une famine faisant de 600 000 à un million de morts de faim ou de maladies liées à la famine. Un rapport de l’ONU estime que la famine est liée pour 85 % aux problèmes du secteur agricole géré de manière bureaucratique et stalinienne et pour 15 % aux catastrophes naturelles. La consolidation du pouvoir passe par la création du système de caste songbun, inspiré du confucianisme, qui divise la population en cinq groupes : spécial, normal, de base, complexe et hostile, en fonction du degré supposé de sympathie de chaque personne envers le régime. Images : - La ville nord-coréenne de Wonsan attaquée par des bombardiers B-26 états-uniens, 1951 - Enfants affamés - La dynastie des dictateurs sud-coréens
  • 24. Culte de la personnalité et militarisme Kim Il-sung, proclamé après sa mort « président éternel » et ses deux successeurs font l'objet d'un culte de la personnalité dans la tradition stalinienne. La Corée du Nord est le pays le plus militarisé au monde selon le critère de la proportion de la population sous les drapeaux. Le pays développe un programme spatial, et il est également accusé de pratiquer de nombreuses activités illicites à l'échelle internationale. Il dispose de l'arme nucléaire depuis les années 1990, et effectue régulièrement des tests de missiles balistiques depuis les années 2010. En Corée du Sud, après un long processus de démocratisa- tion et notamment les manifestations massives de mai à juillet 1987 qui rassemblent plus de 100 000 personnes et font référence à la révolution non-violente People Power aux Philippines, Kim Dae- jung, élu en 1997, est le premier Président bénéficiant d’une légiti- mité démocratique. Photos : - Statues de Kim Il-sung et de Kim Jong-il sur la place de Mansudae à Pyongyang, en 2012. - Défilé militaire à Pyongyang
  • 25. Les purges et les camps Kim Il-sung et ses successeurs punissent toute opposition réelle ou supposée par des purges comprenant des exécutions publiques et des disparitions forcées. Les familles des dissidents s'exposent à un reclasse- ment dans le système du songbun. Les camps, connus sous le nom de kwanliso, font partie d'un vaste réseau d'institutions pénales et de travaux forcés, avec des colonies clôturées et fortement surveillées dans les régions montagneuses, où les prisonniers sont forcés d'effectuer des travaux obligatoires tels l'exploitation forestière, l'extraction minière et la récolte. En 1958, une grande campagne antireligieuse est lancée. Une commission d'enquête de l'ONU en 2014 estime que des centaines de milliers d'opposants politiques ont péri dans des camps pendant les 50 années ayant précédé, ce que la commission qualifie de crime contre l'huma- nité, et que de 80 000 à 120 000 prisonniers politiques sont détenus dans les camps. À côté de réalisations positives*, la Corée du Nord est confrontée à de longues périodes de sécheresse qui menacent sa sécurité alimentaire. * L'historien Bruce Cumings note qu'« un rapport interne de la CIA admettait du bout des lèvres les soins apportés aux enfants et notamment aux orphelins ; le "changement radical" du statut de la femme ; le logement gratuit ; les soins médicaux gratuits et la médecine préventive ; des taux de mortalités infantiles et une espérance de vie comparable aux pays les plus avancés. » Images : - Corvées dans les camps en hiver - Dessin de récits sur la détention dans les camps
  • 26. Les camps de concentration Les camps en Corée du Nord sont appelés kwanlisos. Il y avait 10 camps de travail au début de la dictature, mais depuis la fin des années 1990 il n'en reste "que" 6 : Yodok, Kaechon, Hwasong, Bukchang, Hoeryong et Chongjin.* Selon les témoignages recueillis par les rares personnes qui ont réussi à s’en échapper, les prisonniers travaillent plus de 10 heures par jour. Il y a très peu de nourriture sur place et aucun soin médical disponible, ce qui cause de nombreux décès. De nombreux prisonniers sont détenus sans avoir été reconnus coupables de crime, certains peuvent même s'y retrouver simplement à cause de "crimes" commis par leur famille ou parce qu'ils sont une menace. Le témoignages font état de la tortures, de viols, ou d'autres traitements inhumains et cruels et d’exé- cutions publiques sommaires. * Depuis plus d'une décennie, le ‘Comité pour les droits de l'homme en Corée du Nord' (HRNK) travaille à documenter et à analyser le système des camps de prisonniers en Corée du Nord. Qualifiés de "goulag caché" en 2003 par l'auteur du rapport et spécialiste des droits de l'homme David Hawk, ces camps de prisonniers politiques sont des lieux de grande souffrance pour 80 000 à 120 000 personnes en Corée du Nord. Le travail des ONG humanitaires est entravé par les sanctions internationales renforcées en 2017 et les pressions états-uniennes. En 2018, Save the Children, l’une des dernières ONG encore présentes dans le pays de façon permanente, a dû partir, ne pouvant plus délivrer d'aide huma-nitaire à cause des sanctions. Images : - Murs et image satellite du camp n° 14 de Kaechon. - Carte des camps de prisonniers politiques en Corée de Nord
  • 27. La réunification ? Les deux parties se sont engagées à œuvrer pour la réunification. Le président sud-coréen Roh Tae-woo, en septembre 1989, proposait la National Community Unification Formula, une forme de confédération Nord- Sud comme étape préliminaire à la réunification et basée sur la paix, la dénucléarisation, la non-agression et la coopération. Le 15 juin 2000, lors du sommet historique à Pyongyang, les présidents Kim Dae-jung et Kim Jong-il signent un accord envisageant une réunification. Du 9 au 25 février 2018, la Corée du Nord participe aux Jeux olympiques d'hiver de 2018 à Pyeongchang en Corée du Sud. Il s'agit de sa première participation à des Jeux d'hiver en tant qu'équipe unifiée. Cette équipe n'est toutefois unifiée que pour le défilé des cérémonies et pour une seule épreuve : le tournoi féminin de hockey sur glace. Dans ces deux cas, le drapeau de l'unification coréenne est utilisé pour les identifier. Dans toutes les autres épreuves, la Corée du Sud et la Corée du Nord évoluent de façon séparée sous leur propre drapeau national. Images : - Les présidents Kim Dae-jung et Kim Jong-il le 15 juin 2000 - Drapeau de l’unification coréenne, utilisé pour la première fois en 1991 lorsque les deux pays présentent une seule équipe aux championnats du monde de tennis de table à Chiba, au Japon. - L’équipe de la réunification de la Corée au tournoi féminin de hockey sur glace en 2018.
  • 28. La réunification ? Les grandes puissances qui encerclent la péninsule coréenne ne perçoivent la question de l'unification coréenne qu'en fonction de leurs propres intérêts et non des intérêts de la nation coréenne. Sur le modèle de l’Union européenne et après la dénucléari- sation complète de la péninsule, des hommes politiques proposent un processus incluant la création d’une l'union douanière, puis d'un marché commun, puis d’une l'intégration politique avec gouverne- ment central, une constitution et une nation souveraine. Dans l’hypothèse d’une réunification par absorption avec consentement, le rattrapage économique de la Corée du Nord constituerait un coût majeur pour la Corée du Sud, bien plus élevé encore que cela ne l’a été pour la République Fédérale d’Allema- gne suite à la réunification avec la République Démocratique Allemande en 1990. Photos : - Les barbelés de la frontière - Arche de la Réunification au-dessus de l'autoroute de Pyongyang-Kaesong
  • 29. Mémoire des crimes du communisme en Corée du Nord Livres
  • 30. Mémoire des crimes du communisme en Corée du Nord Documentaires et films
  • 31. 6-c - 4 - La mémoire du socialisme à Cuba L'île de Cuba, colonie espagnole de 1492 à 1898, est ensuite un territoire des États-Unis jusqu‘en mai 1902. Sous les gouvernements de Fulgencio Batista (1940-1944 et 1952-1959), l'île est massivement investie par la Cosa nostra qui y installe casinos et pratique le blanchiment d'argent à grande échelle. Les mafias italo-étatsuniennes trouvent à Cuba « calme, impunité, profits » et pratiquent la corruption des élites locales à large échelle. Une convergence d'intérêts se crée entre Cosa nostra, les grandes sociétés américaines implantées dans l'île et le gouvernement des États- Unis, notamment ses services de renseignement. Fidel Castro et son armée renversent la dictature de Batista le 1er janvier 1959. Depuis cette date, le pays se définit comme une république socialiste, bien que Fidel Castro n'officialise le caractère socialiste du régime que le 17 août 1961, à la suite de l'épisode de la baie des Cochons*. Images : - Fulgencio Batista (1901-1973), colonel en 1933, président de la République de Cuba en 1940, dictateur (1952-1958) à la suite d'un coup d'État. Le nombre des victimes de son régime est évalué à 2 000. - Fidel Castro (1926-2016), révolutionnaire et homme d'État cubain. Il dirige la république de Cuba, pendant 49 ans.
  • 32. Un régime à parti unique En avril 1961 a lieu la tentative de débarquement à la baie des Cochons de 1 400 réfugiés, recrutés, payés et entraînés par la CIA états- unienne pour renverser Fidel Castro. Planifiée sous l'administration de Dwight Eisenhower, l'opération, lancée au début du mandat de John F. Kennedy, est un échec complet. Fidel Castro et son ami argentin Ernesto Guevara donnent à la révolution, officiellement nationaliste au départ, une orientation marxiste- léniniste au début des années 1960, au moment de son affrontement avec les administrations états-uniennes de l'époque. Le pays se rapproche alors de l'URSS. À la suite de cette révolution, le régime cubain instaure progres- sivement une république socialiste à parti unique. Image du bas : - Ernesto Guevara ou Che Guevara ou le Che (‘le chef’) (1928-1967), révolutionnaire marxiste-léniniste et internationaliste argentin et homme politique d'Amérique latine. Rejoint Fidel Castro et participe au renversement de Batista. Procureur d'un tribunal révolutionnaire qui exécute les opposants, crée ensuite des camps de « travail et de rééducation ». Occupe plusieurs postes importants dans le gouvernement cubain qui écarte les démocrates. Capturé en Bolivie et exécuté sommairement par l'armée bolivienne entraînée et guidée par la CIA. Après sa mort, devient une icône pour des mouvements révolutionnaires et fait l'objet d'un culte de la personnalité, mais demeure toujours l'objet de controverses entre historiens, à cause de témoignages sur des exécutions d'innocents avancées par certains de ses biographes.
  • 33. La vie politique Le Parti communiste de Cuba (PCC), créé en 1965, constitue la « force dirigeante supérieure » et, de fait, le parti unique. Pour l'universitaire Samuel Farber, le PCC n’est pas un parti car cela nécessiterait l’existence d’autres partis politiques. Mais c'est la structure qui « monopolise la vie politique, sociale et économique de la société cubaine ». L’universitaire Yves Roucaute considère que le PCC n’a plus de communiste que le nom. Il reste seulement une bureaucratie et une administration d’État, nationaliste et corrompue qui tentent de se maintenir au pouvoir en libéralisant l'économie de l’île, tout en se réclament toujours de José Martí et du marxisme-léninisme. La constitution cubaine de 2019 maintient le rôle dirigeant Parti communiste de Cuba et confirme le caractère « irrévocable » du socialisme. Les demandes de démocratisation du système politique ne sont pas satisfaites. Les manifestations de juillet 2021 visaient les pénuries d'aliments et de médicaments, les coupures d'électricité, la crise économique accentuée par la résurgence de la pandémie de Covid-19 et l'absence de liberté. L’île s’ouvre aux investissements étrangers pour combattre la crise et autorise depuis 2021 la création de petites et moyennes entreprises privées. Images : - Manifestations juillet de 2021 - Logotype du Partido comunista de Cuba (PCC)
  • 34. Des camps d’internement (1960-1968) Des structures appelées les Guanahacahibes créées par Che Guevara en1960- 1961 étaient destinées aux personnes responsables de « crimes contre la morale révolutionnaire », afin de se racheter une conduite. Les ‘Unités militaires d'aide à la production’ (Unidades Militares de Ayuda a la Producción, UMAP) étaient des camps de travail entourés de barbelés, fondés par le gouvernement cubain et mis en place dans les années 1960. Selon les autorités cubaines, ces centres UMAP devaient accueillir les individus qui ne peuvent pas être incorporés dans l'armée, il s'agissait d'un service civil. Cela concernait notamment les religieux, antimilitaristes, homosexuels ou opposants politiques. Les UMAP incluaient également des travailleurs volontaires, le travail y étant rémunéré au même titre que le service militaire et permettant de disposer d'un emploi à la sortie. Environ 25 000 personnes y ont travaillé, volontairement pour certaines ou de manière obligatoire pour la majorité. Constituées en 1964, les UMAP sont supprimées en 1968. Les UMAP disparaissent, mais l'organisation des camps de travail agricole perdure, sans clôtures et miradors, jusqu'au début des années 1990 sans rapport avec le service militaire des jeunes Cubains. Les UMAP sont aujourd'hui considérées par le gouvernement cubain comme une « erreur irréparable ». Image : Homosexuels et opposants à la révolution cubaine dans une UMAP - Le camp de détention de Guantanamo est depuis 1903 une enclave états-unienne sur l’île de Cuba
  • 35. Une dictature ? L'embargo des États-Unis contre Cuba est un embargo économique, commercial et financier, mis en place par les États-Unis à l'égard de Cuba à partir de février 1962, à la suite d'expropriation et nationalisations des compagnies cubaines et étatsuniennes. Cet embargo commercial est le plus long de l'histoire moderne. Au début, une très large majorité de Cubains soutiennent une révolution qui n’a pas encore adopté un caractère communiste, mais se traduit par des réformes démocratiques, un début de redistribution des richesses, une campagne d'alphabétisation. Pour les partisans du système politique cubain mis en place depuis 1959, Cuba est une démocratie car le président du Conseil d'État, qui est à la fois chef d'État et chef du gouvernement, est élu par les députés de l'Assemblée nationale, qui sont eux-mêmes élus par vote direct de la population. Selon Amnesty International, les libertés fondamentales d'expression, d'association et de circulation sont réduites, ce qui a contribué à provoquer l'exode de centaines de milliers de Cubains, réfugiés notamment en Floride. Selon Christian Nadeau, professeur de philosophie politique, dans les années 1990, le pouvoir a maintenu un contrôle strict de la société civile, notamment par le biais des ‘Comités de défense de la révolution’, et augmenté la présence policière. Image : - En 2015 Barak Obama, ici avec Raoul Castro, rétablit les relations diplomatiques des États-Unis avec Cuba
  • 36. Aucune possibilité de dissidence Toujours selon Christian Nadeau, en 1996, Raúl Castro a proclamé la fermeture politique totale de Cuba et la réforme constitutionnelle de 2002 a verrouillé toute possibilité de dissidence. Selon Yannick Bovy, la répression s'est alors intensifiée à l’égard de toute opinion contraire à celle du gouvernement. Le diplomate Jean Mendelson estime en 2016 que « Cuba ne correspond à aucune case : ni démocratie représentative, ni dictature ». Des opposants au régime sont en prison : en 2022, 1 167 prisonniers politiques vérifiés ont été inscrits sur la liste des défenseurs des prisonniers à Cuba selon la plateforme Atalayar. Bien que Cuba n'ait pas aboli la peine de mort, la dernière exécution en date remonte à 2003. En 2010, l'île ne compte plus aucun condamné à mort, les dernières condamnations ayant été commuées. Images : - Miguel Díaz-Canel, né en 1960, militant communiste, président de la République de Cuba depuis octobre 2019. ll est réélu, en avril 2023, président de la République par l'Assemblée nationale avec 97,66 % des voix. À l'issue de cette élection, il s'engage à améliorer le sort des Cubains en supprimant les freins de l'économie dus au « bureaucratisme, à l’indifférence et à la corruption inacceptable ». - Jacobo Machover, universitaire, écrivain et journaliste cubain né en 1954. Fils d'un exilé cubain qui fut interprète auprès d'Ernesto Che Guevara, il suit sa famille dans l'exil et s'installe en France en 1963. Auteur de plusieurs ouvrages où il critique le régime castriste et la légende de Che Guevara.
  • 37. Trois lauréats cubains du prix Sakharov décerné par le Parlement européen Le Parlement européen a décerné le « prix Sakharov pour la liberté de l’esprit » à deux personnes et à une organisation cubaines : - Les Dames en blanc (Damas de Blanco) sont un mouvement d'opposition réunis- sant des épouses et membres des parents de dissidents emprisonnés par le gouver- nement de Fidel Castro. Les femmes protestent contre ces emprisonnements en assistant à la messe chaque dimanche vêtues d'une robe blanche, puis en marchant en silence dans les rues habillées de blanc. La couleur blanche est choisie pour symboliser la paix (prix Sakharov 2005). - Oswaldo Payá Sardiñas (1952-2012), militant catholique, membre fondateur en 1988 et dirigeant du Mouvement chrétien de libération. Il est à l'origine du projet Varela, une pétition demandant l'organisation d'un référendum sur une réforme constitutionnelle donnant une plus grande liberté personnelle, politique, et économique (liberté d'entreprendre) ainsi que l'amnistie des prisonniers politiques (prix Sakharov 2002). - Guillermo Fariñas, né en 1962, directeur de l'agence de presse cubaine Cubanacan Press. Condamné pour des délits de droit commun qu'il nie avoir commis, il sort de prison en décembre 2003 pour raison médicale après une grève de la faim. Il proteste contre la censure sur Internet qui règne à Cuba. Reporters sans frontières (RSF) lui a décerné son prix Cyberliberté 2006 (prix Sakharov 2010*). * les autorités cubaines ne l’autorisent pas à venir à Strasbourg, malgré les demandes de Jerzy Buzek président du Parlement européen. Ce dernier a donc déposé le diplôme sur une chaise vide, couverte d'un drapeau cubain à la demande du dissident.
  • 38. Mémoire du socialisme à Cuba Livres
  • 39. Mémoire du socialisme à Cuba Documentaires et films ■