1. mercredi 30 mars 201620PAGE
EUROPE - MONDE
Créé en 2007, JD Capital
(600053 SH) est un pionnier du
privateequityenChine.Cetteso-
ciétéanotammentétélapremière
dans son domaine à être cotée
dans une bourse importante, en
l’occurrenceàlaboursedeShan-
ghai.Actuellement,JDCapitala
une masse sous gestion de 5 mil-
liards de dollars ainsi qu’un por-
tefeuille de 270 sociétés, en ma-
jorité chinoises, gérés par une
équipede400professionnels.JD
Capitalmetaussienexergueque
surcentsociétésanalysées,unin-
vestissementestréalisédansseu-
lement une société. Finalement,
selon des chiffres rendus publics
au 31 décembre 2015, la
moyenne des taux internes de
rendement (IRR) des 120 parti-
cipationsdéjàrevendues–etdes
sociétésdeportefeuillesontcotées
en bourse – s’élève à 39,49%.
Stratégiquement,JDCapitaladé-
cidédemettredeplusenplusl’ac-
cent sur les investissements hors
de Chine en suivant sa devise
«mettre en relation les opportu-
nités de la Chine avec les res-
sourcesmondiales».Interviewde
ClarissaZhong,ManagingDirec-
tor,etdeZhenHuang,secrétaire
général et vice-président du
conseil d’administration de JD
Capital. Avant sa fonction dans
le private equity, Clarissa Zhong
amenéunecarrièreauCanadaet
en Europe.
Comment identifiez-vous
des cibles en Europe et comment
rentrez-vous en contact avec
ces cibles?
Une des raisons de notre succès
en Chine est notre vaste réseau
propriétaire qui nous permet
d’identifier et de rentrer en
contact avec des cibles triées sur
levolet.Nousconsidéronsquele
marchéeuropéenestplusmûret
transparent mais aussi plus frag-
menté. Pour ces raisons, nous al-
lons renforcer nos équipes euro-
péennes et suivre les us et cou-
tumes locaux. Nous sommes en
train de mettre en place un bu-
reauenAllemagneetnousconsi-
déronslacréationd’undeuxième
bureau en Europe, par exemple
en Suisse.
Des acquisitions chinoises
en Suisse dans l’horlogerie,
le négoce, etc. se sont avérées
difficiles. Comment surmonter
ces défis?
Noussommescomplètementau
courant de cette problématique
etnousn’allonspaslésinersurnos
efforts pour interagir d’une ma-
nière positive avec nos cibles et
les sociétés de notre portefeuille
et cela dans un esprit de respect
mutueletdevéritablessynergies
industrielles.
Qu’est-ce qui vous différencie
des sociétés de private equity
européennes ou américaines?
Lessociétéseuropéennesouamé-
ricaines cherchent plutôt à opti-
miser la profitabilité par le biais
de gains d’efficacités opération-
nelles ou financières. En ce qui
nous concerne, nous nous
concentronsaussisurl’améliora-
tion des marges mais surtout en
augmentantlesventespardivers
moyensentablantsurlatailledu
marchéchinois.Celaévitedede-
voir restructurer.
En ce qui concerne vos levées
de fond en Europe, qui sont
vos investisseurs (LP) typiques?
Nous sommes déterminés à de-
venirunesociétédeprivateequity
leaderàl’échellemondiale.Dans
cesens,lesmarchésfinancierseu-
ropéens–notammentlemarché
suisse–revêtentuneimportance
toute particulière. Parmi nos in-
vestisseurs actuels, nous comp-
tons des institutions financières
internationales et des individus
fortunés (HNWI), notamment
basés en Suisse. Nous allons ren-
forcer nos levées de fonds en
Suissecarnoussommesconvain-
cusquenotreoffreestparticuliè-
rement intéressante pour les fa-
milyoffices,lesfondsdefondset
les sociétés d’assurance.
Quelle est votre stratégie
d’investissement en Europe?
Nous choisissons des sociétés
dontlestechnologies,lesmarques
ou les équipes de direction sont
au bénéfice d’avantages compé-
titifs.Nousgénéronsdelavaleur
enmettantenrelationcessociétés
aveclesopportunités–ainsique
les coûts plus bas – du marché
chinois. Nos domaines préférés
sont ceux qui bénéficient de la
fortehaussedelaconsommation
en Chine ainsi que la mise à ni-
veau industrielle de notre pays;
concrètement,noussommesspé-
cialementintéressésparlesbiens
et services aux consommateurs,
la fabrication de pointe et les
cleantech.
Des exemples de sociétés euro-
péennes dans votre portefeuille?
Nous avons acquis une partici-
pationminoritaireduClubMed
en France. En Allemagne, nous
sommesentraindenégocierune
prise de participation dans une
entrepriseactivedanslafabrica-
tion de pointe.
Prenez-vous généralement
des participations minoritaires
ou majoritaires? Et pour combien
de temps?
Nous avons les deux cas de fi-
gure.Encasdeparticipationsmi-
noritaires, nous gardons nos po-
sitions pendant 3 à 5 ans ce qui
esttypiquedansleprivateequity.
Mais si nos participations sont
majoritaires, nous les gardons
bien plus de temps.
Restructurez-vous parfois les
sociétés que vous avez acquises?
S’ils’avéraitnécessairederestruc-
turerd’unemanièresignificative
ces sociétés - par exemple en
changeant les équipes de direc-
tionoulaproduction-celasigni-
fierait que nous n’avons pas in-
vesti dans les bonnes sociétés.
C’est bien pour cela que nous
choisissonssisoigneusementnos
cibles, notamment en ce qui
concernelesdirigeants.End’au-
tres termes, notre but principal
n’est pas de restructurer mais de
faciliterdesopportunitésavecla
Chine.
Est-ce que vous placez générale-
ment des membres du conseil
d’administration, par exemple
des Chinois?
Si nos participations dépassent
uncertainseuil,nousappointons
desmembresduconseild’admi-
nistration en fonction de leurs
compétencesetexpériences,dans
lebutd’accélérerlamiseenplace
de notre stratégie. La nationalité
de ces administrateurs ne joue
aucun rôle; en fait, nous préfé-
ronsplutôtpromouvoirladiver-
sité.
Lorsque vous prenez des partici-
pations, est-ce que votre but
est de transférer la production,
le know-how ou les marques
en Chine?
En ce qui concerne les marques,
notrebutestnaturellementdele
rendre connues en Chine. En ce
qui concerne la production et le
know-how,notrebutn’estpasde
délocalisermaisdebâtirsurl’exis-
tant en Europe pour croître en
Chine.
INTERVIEW:
PHILIPPE MONNIER
Croître en Chine plutôt
que restructurer en EuropeJD CAPITAL. Le géant chinois du private equity convoite le marché européen. Peut-être avec une tête de pont en Suisse.
Les nuages s’accumulent pour
Volkswagen dans l’affaire des
moteursdieseltruquésauxEtats-
Unisaveclaplaintedéposéehier
par l’autorité de la concurrence
américaine(FederalTradeCom-
mission,FTC)contreleconstruc-
teur allemand, accusé d’avoir
mentiauxacheteursdesvoitures
impliquées.
La FTC, qui a également pour
missionl’applicationdudroitde
la consommation, affirme que
VWamentiauxconsommateurs
par le biais de campagnes publi-
citaires vantant les mérites du
«dieselpropre»alorsquesesvoi-
turesétaientéquipéesdelogiciels
truqueurs destinés à tromper les
tests d’émissions. La FTC de-
mande en conséquence à la jus-
ticed’ordonneràVWdedédom-
magerlesacheteursdesvoitures
concernées entre 2008 et 2015
pour le préjudice subi.
Dans sa plainte, la FTC indique
que«pendantseptans,Volkswa-
genamentiauxconsommateurs
en vendant ou louant plus de
550.000voituresdieselsurlabase
de fausses affirmations que ces
voitures émettaient peu de gaz
polluants, étaient respectueuses
del’environnement,répondaient
aux normes d’émissions et au-
raient également une bonne va-
leur à la revente». La FTC a cal-
culé que le prix moyen de ces
voitures à l’achat était de 28.000
dollars.
SiVolkswagenétaitcontraintde
racheter toutes les voitures
concernéessurlabaseduprixdu
neuf,leconstructeurpourraitde-
voirpayerplusde15milliardsde
dollars,mêmesicettehypothèse
semble improbable.
«Notre plainte veut obtenir des
compensationspourlesconsom-
mateurs qui ont acheté les voi-
tures concernées sur la foi des
pratiques déloyales et menson-
gèresdeVolkswagen»,aaffirmé
laprésidentedelaFTC,EdithRa-
mirez.
«Volkswagen a reçu la plainte et
continuedecoopéreraveclesau-
toritésaméricainescompétentes,
ycomprislaFTC.Notrepriorité
laplusimportanteestdetrouver
une solution aux émissions des
moteurs diesel et de regagner la
confiancedenosclientsetdenos
concessionnaires pendant que
nous bâtissons un groupe meil-
leur», a indiqué hier une porte-
parole de VW aux Etats-Unis
dans un courriel à l’AFP.
VW est au coeur depuis l’année
dernière d’un vaste scandale et
fait l’objet de plaintes multiples
de consommateurs aux Etats-
Unis qui ont été consolidées au-
prèsd’unjugedeSanFrancisco.
Ce dernier a octroyé la semaine
dernièreundélaisupplémentaire
jusqu’au 21 avril au deuxième
constructeurmondialpourqu’il
présente une solution de remise
auxnormesdesvoituresaffectées
etproposedesmoyensdedédom-
mager leurs propriétaires.
Lescandalenetouchepasqueles
Etats-Unis et quelque onze mil-
lions de véhicules seraient
concernés dans le monde entier,
sous la marque Volkswagen,
mais aussi Porsche et Audi qui
appartiennent au groupe de
Wolfsburg.n
Plainte du régulateur
US de la concurrence
VW. Le groupe allemand est accusé d’avoir menti aux
acheteurs de voitures diesel dont le moteur était truqué.
AGENDA INTERNATIONAL
MERCREDI 30 MARS
ALLEMAGNE
Inflation provisoire de mars –
Destatis
FRANCE
Maurel & Prom: résultats annuels
2015 (avant Bourse)
Orpea: résultats annuels 2015
(avant Bourse)
Direct Energie: résultats annuels
2015 (après Bourse)
Naturex: résultats annuels (après
Bourse)
Lucibel: résultats annuels 2015
PORTUGAL
Nouvelles prévisions économiques de
la Banque du Portugal
NORVÈGE
Chômage janvier
ISLANDE
Inflation mars
USA
Chiffres ADP de l’emploi
dans le secteur privé mars
Discours de Jacob Lew, secrétaire
au Trésor, sur les sanctions
Activité économique dans la région
de Chicago mars
Stocks hebdo de pétrole brut
aux USA
JAPON
Production industrielle février
Volkswagenpourraitrenonceràverserundividendeautitrede2015,
rapportaithierl’agenceDPA.Siaucunedécisionfinalen’aencoreété
prise à ce sujet, l’espoir de voir verser aux actionnaires «ne serait-ce
qu’un cent» pour l’exercice 2015 est faible, d’après un membre du
conseil de surveillance cité par DPA et dont l’identité n’a pas été ré-
vélée.
Un porte-parole de Volkswagen, interrogé par l’agence allemande,
n’a pas commenté cette information. «Nous nous exprimerons sur
les détails des chiffres annuels dans le cadre de notre conférence de
presse le 28 avril», a-t-il simplement dit.
Volkswagenestd’habitudetrèsgénéreuxenmatièrederémunération
desactionnaires.Ilaainsidistribué4,86eurosparactiondepréférence
et 4,80 euros par action ordinaire au titre de 2014.n
Le dividende quasi condamné
Le Sud-Coréen Samsung a an-
noncé hier le lancement en
Chine, quelques semaines après
sonconcurrentaméricainApple,
desonsystèmedepaiementélec-
tronique, un pari risqué sur un
marché dominé par l’omnipré-
sentAlipaydugéantchinoisAli-
baba.
Ladeuxièmeéconomiemondiale
estégalementlepremiermarché
mondial du téléphone portable,
etSamsungpeuts’yappuyersur
un partenaire puissant: Union-
Pay(l’équivalentlocaldeVisaou
deMastercard)quiémetlaquasi
totalitédescartesdepaiementdes
banques chinoises.
Maiscontrairementàlamajorité
desautrespays,lepaiementélec-
tronique est d’ores et déjà bien
implantéenChine.Samsungde-
vra également composer avec la
présence de son concurrent Ap-
ple,quialancésonsystèmeApple
Pay le mois dernier, également
en partenariat avec UnionPay.
Legéantsud-coréenindiqueque
sonsystèmefonctionned’oreset
déjà avec les cartes de neuf
banqueschinoises.Ilestdisponi-
blesursesGalaxyhautegamme,
mais les milieux de gamme de-
vraient suivre prochainement.
L’enjeu dans un premier temps
sera pour Samsung Pay de s’im-
planter dans un marché très
concurrentiel.
Lestransactionssurlessystèmes
tiers de paiement en ligne mo-
biles ont atteint dans le pays
quelque9310milliardsdeyuans
(1280milliardsd’euros)en2015,
unbondde57%surunan,selon
lecabinetspécialiséBigDataRe-
search.
Mi-2015, près de 360 millions
d’internautes chinois achetaient
des biens et services via leurs
smartphones, selon un centre
gouvernemental de recherche
sur l’internet.
Logiquement,lenumérounchi-
nois du commerce en ligne Ali-
babaafaitfiguredepionnier,en
s’appuyantsursesplateformesde
vente.
Sa plateforme de paiement Ali-
pay, qui revendique plus de 400
millions d’utilisateurs «actifs»,
écraseaujourd’huilemarchéchi-
nois des paiements électriques
mobiles,dontellecontrôleenvi-
ron 70%, selon BigData Re-
search.
En deuxième position, figure le
système concurrent du géant de
l’internet Tencent, avec 17% de
parts de marché seulement; il
monterapidementenpuissance,
dopéparles650millionsd’utili-
sateursdelamessagerieWeChat
opérée par le groupe.
Les smartphones de Samsung
ontrécemmentconnudesrevers
de fortune en Chine. Si la firme
sud-coréenne était première des
smartphones en Chine en 2012
et 2013, elle s’est faite dépasser
parleChinoisXiaomien2014.n
Pari risqué de Samsung en Chine
L’entreprise sud-coréenne s’attaque au leadership du colosse localAlibaba en lançant son système de paiement électronique.