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N°00
3è
et 4è
trimestre 2017
Veille citoyenne au Burkina Faso
LaCODELsepérennise
etélargitsesactivités
LaCODELsepérennise
etélargitsesactivités
Reconnaissance internationale
pour la CODEL
Dialogue citoyen
sur la réconciliation nationale
Laplateforme
Présimètre
priméeen
France Ils ont dit...
P. 5
P. 9
P. 12
2 N°00 3è
et 4è
trimestre 2017
Vie de la CODEL
M
onsieur le Vice-président
de la CODEL, formateur
de la présente session ;
Mesdames, Messieurs ;
Chers participants.
La CODEL a le plaisir de vous compter
avec elle, à la présente session de for-
mation pour le renforcement des capa-
cités des jeunes des organisations
membres et des partenaires au pro-
gramme PRESIMETRE, sur le plaidoyer
et le réseautage.
Je vous invite à vous impliquer ces deux
(02) jours durant pour partager vos ex-
périences, renforcer vos capacités et
celles de votre organisation.
Les activités et thèmes choisis à cet effet
vont vous êtres traités et approfondis de
manière à ce que de retour dans vos
structures et bases, vous puissiez com-
muniquer les acquis aux autres acteurs
de la société civile, aux citoyens avec
lesquels vous vivez au quotidien.
Au terme de votre formation, nous sou-
haitons que vos structures et membres
renforcent la CODEL, que vous puissiez
mener des actions de légitimation en
vue de renforcer la collaboration, la
synergie d’actions au niveau de la so-
ciété civile et devenez des acteurs ma-
jeurs du processus démocratique au
Burkina Faso.
Une telle initiative, vous disposera à tra-
vailler ensemble dans les réseaux que
vous construirez à l’intérieur et autour
de la CODEL avec plus de détermina-
tion et plus d’engagement face aux
défis que nous devons relever ensem-
ble. Ainsi, développant des plaidoyers
efficaces autour de nos institutions et de
leurs animateurs au niveau des diffé-
rents segments de l’Etat ou des forces
sociales, vous ferez mieux connaitre la
CODEL, ses objectifs et sa stratégie fon-
dée en grande partie sur la situation-
room.
En effet, depuis ce dispositif stratégique
mis en place par la CODEL dans le
cadre de la surveillance des élections
couplées présidentielle et législatives, la
CODEL a su tirer de nombreuses initia-
tives à sa portée et à la portée des ci-
toyens pour le suivi efficace des
politiques publiques et crédibiliser la so-
ciété civile.
Fort de ces principes et des connais-
sances, que vous aurez appris et inter-
nalisés, vous pourrez participer par
exemple à l’animation et à l’exploitation
judicieuse de la plateforme de veille ci-
toyenne PRESIMETRE et à ses différents
programmes. Vous pourrez expliquer
les principes de la reddition des
comptes inscrits dans nos lois, deman-
der aux responsables élus à tous les
échelons de soumettre à ces exercices.
Ainsi, connu notre rôle de contre-pou-
voir, mutualisant nos expériences et fé-
dérant nos énergies, nous ferons de la
CODEL un interface pérein entre l’Etat
et la société civile et nous contribuerons
incontestablement à intéresser les ci-
toyens à la gestion de l’Etat et de ses
segments principaux comme l’exécutif,
le parlement et les collectivités territo-
riales, tels les conseils généraux et les
communes.
Je vous souhaite une très bonne session
de formation.
Fait à Ouagadougou le,
30 octobre 2017
Le Président de la CODEL
Maitre Halidou OUEDRAOGO
Avocat à la cour
Atelier de renforcement de capacités des jeunes sur le plaidoyer et le
réseautage
AllocutionduprésidentdelaCODEL
Directeur de publication
Me Halidou OUEDRAOGO
-----------------
Redacteur en chef
Aimé M. KAMBRIE
-----------------
Ont collaboré
Sab Ali Moctar K. OUEDRAGO
Lydia ZANGA/OUEDRAOGO
Antoinette POUYA/SAWADOGO
Moïse BALMA
Daniel DA HIEN
Yvone OUEDRAOGO
-----------------
Maquette & Mise en page
B. Issa Daniel BAMBA
78 80 38 76
Tél.: (226) 25 38 38 46
25 40 89 72
N
ous avons une spécificité
au niveau de la Conven-
tion des organisations
de la société civile pour
la surveillance domestique des élec-
tions.
Cette spécificité, c’est notre expé-
rience de la surveillance domes-
tique des élections, inspirée de la
stratégie de la situation-room est
nouvelle, riche, innovatrice, perfor-
mante.
Cette expérience, revélée à l’occa-
sion de l’historique élection couplée
présidentielle et législatives, du 29
novembre 2015 mérite d’être
connue.
Les citoyens lui doivent le succès des
résultats de ce scrutin ainsi que ceux
des municipales de 2015 et de
2016.
Le choix de la situation-room, dispo-
sitif pour les élections et d’autres ini-
tiatives citoyennes, plateforme de
partage d’information entre
groupes de la société civile, travail-
lant dans ces espaces pour renfor-
cer leurs collaborations, leurs
plaidoyers, fédérer leurs énergies
pour rendre meilleur, disponible,
une réponse rapide aux dysfonc-
tionnements dans la gestion du pro-
cessus électoral ou autres difficultés
d’observations traditionnelles des
élections, mérite amplement d’être
connu. Ces notions que la CODEL a
réussi à maîtriser tout au long du
processus électoral vécu dans notre
pays, mérite d’être approprié par
les citoyens et les responsables
qu’ils élisent.
Sur le continent africain aussi bien
que dans notre pays, les élections
mal organisées ouvrent les portes à
leurs contestations et retardent l’ap-
profondissement de la démocratie.
Celles que nous avons organisées
courant 2015 /2016 ont été
franches, exemptes de violences, de
fraudes électorales et d’autres er-
reurs souvent commises dans les
processus électoraux et justifient la
désaffection des citoyens à ce jeu
électoral et leur désintérêt à long
terme de la question électorale. La
CODEL depuis la fin du processus
électoral au Burkina Faso s’emploie
à former ses membres dans ce do-
maine, à renforcer ses structures
pour une immersion dans notre so-
ciété de ses actions dans l’objectif
d’intéresser plus les citoyens. Le pré-
sent journal, «CODEL-Info» parti-
cipe à cette vision et à cette action.
L’utilisation des TICs, éléments nou-
veaux dans le domaine, facilite l’ap-
propriation des résultats et des
données sociologiques et anthropo-
logiques. Dans le paysage politique
des ONG au Burkina Faso et de la
sous-région, une telle caractéristique
d’initiatives et d’actions permet des
résultats fiables, crédibles et crée un
niveau de confiance entre les ci-
toyens et les responsables qu’ils
choisissent au niveau de l’Etat et de
ses démembrements tels le parle-
ment, les régions et les communes.
Cette plateforme d’actions, cette vi-
sion et ce droit distinguent la
CODEL des autres structures et lui
permettent de jouer son rôle de
veille citoyenne et d’animer les pla-
teformes de suivi des politiques pu-
bliques.
C’est ici l’un des volets qui doit être
véhiculé par notre organe. Cet en-
semble d’initiative qui seront rela-
tées vont favoriser les animateurs de
nos structures et vont leur permettre
de jouer au côté de nos partenaires
phares (DIAKONIA, WATER AID,
INGENIA) un rôle de contrepouvoir
et de nous engager dans la
construction d’une démocratie dura-
ble et d’une gouvernance rigou-
reuse dans notre pays.
Bonne lecture et n’hésitez pas à
nous revenir par vos contributions
et vos suggestions.
Me Halidou OUEDRAOGO.
Le président
3N°00 3è
et 4è
trimestre 2017
Editorial
La riche expérience de la CODEL
mérite d’être vulgarisée
- la CODEL a réussi à fédérer les initiatives et les forces d'une centaine
d'OSC et réseau d'OSC en vue des élections législatives et présidentielle
de 2015 et municipales de 2016.
- 6000 observateurs formés et équipés ont été déployés sur le terrain
- une observation pro active qui a permis de contribuer à la correction
de dysfonctionnements constatés le jour des votes
- une contribution à la crédibilisation du processus électoral
- une maîtrise de la surveillance du processus électoral
- un renforcement de l’intérêt des populations à la vie politique
- formulation de recommandations pertinentes en vue de l'amélioration
de futurs processus électoraux.
Les acquis de la CODEL
4 N°00 3è
et 4è
trimestre 2017
Vie de la CODEL
L
a CODEL est une organisation
de la société civile burkinabè
créée le 3 juillet 2015.
Elle est une plateforme de veille ci-
toyenne qui fédère et harmonise les
efforts de suivi citoyen de plusieurs
organisations de la société civile.
C’est également un interface de
promotion et de facilitation du dia-
logue méthodique et constructif
entre les citoyens et l’Etat en vue
d’un changement positif favorable
à la gouvernance vertueuse et au
développement durable.
A l’origine, la CODEL a été créée
pour assurer le suivi des élections
post-insurrectionnelles.
Dans sa charte constitutive adoptée
en 2015, elle est définie comme
«un réseau, une plateforme d’har-
monisation et de coordination pour
des élections transparentes à partir
d’une observation organisée».
Après avoir impacté le processus
électoral et contribuer lors de la
double consultation (présidentielle
et législative) du 29 novembre
2015 à des confrontations électo-
rales transparentes et non vio-
lentes, avec au bout du compte des
résultats acceptés de tous, la
CODEL a été sollicitée par ses
membres et ses partenaires pour
poursuivre sa mission de veille.
Sur la base des leçons apprises et
d’une analyse diagnostique préala-
ble ‘DIRO’ (diagnostic organisa-
tionnel et plan de développement
institutionnel et de renforcement or-
ganisationnel), la CODEL a alors
approfondi et élargi ses actions et
s’installe désormais comme un ac-
teur clé du contrôle citoyen de l’ac-
tion publique.
Elle initie des cadres d’échanges
pour interpeller les pouvoirs publics
sur des préoccupations d’intérêt na-
tional. Elle recourt aussi à des plai-
doyers institutionnels pour accroître
ses chances d’aboutir aux change-
ments souhaités.
Un nouvel horizon
Dans une approche d’éducation ci-
toyenne, la CODEL œuvre à renfor-
cer les capacités de ses membres
et des citoyens dans leur participa-
tion à l’élaboration et au suivi des
politiques publiques, au suivi des
prestations des services publics et
à la constitution de groupes de
pression responsables sur ceux qui
ont des parcelles de pouvoirs.
Au cours d’un atelier organisé le
29 et le 30 septembre 2017 à
Ouagadougou, les organisations
membres de la CODEL et celles im-
pliquées dans le programme Prési-
mètre ainsi que les partenaires
institutionnels et financiers, se sont
mis d’accord sur les activités de pé-
rennisation et de plaidoyer de la
Convention.
Dans l’entre-deux-élections, la
CODEL aura pour objectif de ren-
forcer le suivi-participatif des poli-
tiques publiques à travers le pro-
gramme Présimètre notamment.
Elle œuvre désormais autour d’un
mécanisme qui permet aux popula-
tions de s’informer régulièrement
des mesures prises et des actions
entreprises par les pouvoirs poli-
tiques afin qu’elle puisse les inter-
peller en cas de besoin.
«Nos activités d’aujourd’hui et de
demain vont viser à renforcer les
capacités de nos membres et aider
à l’approfondissement de l’éveil
des consciences », a expliqué le
président de la CODEL, Me Hali-
dou Ouédraogo.
La CODEL participe aussi à l’ins-
tauration d’un climat apaisé pro-
pice au développement en mettant
en place des cadres de concerta-
tions sur la réconciliation nationale.
Le bureau de la CODEL
Mis en place au cours de l’AG
constitutive du 3 juillet 2015, le bu-
reau de la CODEL a été réamé-
nage le 5 octobre 2015 et se
compose comme suit :
Président: Me Halidou OUE-
DRAGO (FEPDHA)
Vice-président: Daniel DA HIEN
(RAJ)
Rapporteur général: Lydia
ZANGA/OUEDRAOGO (CIDOC)
Rapporteur général adjoint: Alfred
OUEDRAOGO (FRC)
Chargé de la communication, des
relations publiques et des partena-
riats: Aimé M. KAMBIRE (CNP-NZ)
Les organisations membres
de la CODEL
La CODEL a été mise au cours
d’une assemblée à laquelle ont pris
Présentation de la CODEL
Me Halidou OUEDRAOGO,
président de la CODEL
5N°00 3è
et 4è
trimestre 2017
Vie de la CODEL
L
es participants à l’atelier,
tenu à Splendid Hôtel les
29 et 30 novembre 2017,
se sont appropriés les pro-
jets de pérennisation, de déve-
loppement institutionnel et
organisationnel ainsi que des ac-
tivités de plaidoyers de la
CODEL.
Ils ont également identifié les stra-
tégies de mise en œuvre et de
suivi des activités du projet.
Enfin, ils ont discuté de la colla-
boration que les parties pre-
nantes entretiendront entre elles,
étant donné que chaque organi-
part les organisations suivantes :
Le Front de renforcement citoyen
(FRC), le Balai Citoyen, le Centre
pour la gouvernance démocra-
tique (CGD), le Centre national de
presse Norbert Zongo (CNP-NZ),
le Réseau Afrique jeunesse (RAJ),
le Groupe d’études et de re-
cherches pour la démocratie, le
développement économique et so-
cial (GERDDES), l’Association
d’Appui et d’Eveil Pugsada
(ADEP), l’Association Monde Rural
(AMR), l’Association des femmes
juristes, le WANEP, la Fondation
FEPDHA, RESOCIDE, CIDOC, le
Mouvement burkinabè des droits
de l’homme et des peuples
(MBDHP) et le RAPPED.
D’autres organisations de la so-
ciété civile ont sollicité leur adhé-
sion à la CODEL, mais à une
période qui n’avait pas permis
d’examiner leurs demandes. Leur
demande sont en attente.
Les Partenaires
La CODEL est de nos jours ap-
puyée par Diakonia (ONG sué-
doise) et de Water Aid (ONG
américaine) dans le cadre de la
mise en œuvre du Programme
d’imputabilité politique et de rede-
vabilité socio-économique bapti-
sée «Présimètre».
Dans le suivi des élections de
2015 et 2016, la CODEL a été
soutenue par Diakonia, NDI (insti-
tut d’américain d’appui à la démo-
cratie), ECES (Un centre européen
d’appui aux processus électoraux)
et OSIWA.
L’accompagnement technologique
a été assuré par One World et In-
genia Consulting. La CODEL a
aussi bénéficié du soutien de la
CENI, l’Union européenne, la
Suède, la Suisse.
Le vice-président de la CODEL, Daniel DA HIEN présentant les nouveaux
projets de l’association.
Veille citoyenne au Burkina Faso
La Codel se péren-
nise et élargit ses
activités
Des organisations de la société civile burkinabè ont décidé de pérenniser
la Convention des OSC pour l’observation domestique des élections
(CODEL), une plateforme d’harmonisation des stratégies de veille électo-
rale mise en place en 2015 et sollicitée désormais pour mettre en œuvre
de nouveaux projets de veille citoyenne. Au cours d’un atelier organisé le
29 et le 30 septembre 2017 à Ouagadougou, les organisations membres
de la CODEL et celles impliquées dans le programme Présimètre ainsi que
les partenaires institutionnels et financiers, se sont mis d’accord sur les ac-
tivités de pérennisation et de plaidoyer de la Convention. L’objectif est de
renforcer le suivi-participatif des politiques publiques.
Suite à la page 6
6 N°00 3è
et 4è
trimestre 2017
Vie de la CODEL
sation membre de la CODEL ou
impliquée dans l’exécution du
programme Présimètre, garde
son identité et son autonomie.
Ces activités concernent pour
l’essentiel la création de cadres
d’échanges et d’interpellation ci-
toyens et des actions de plai-
doyers institutionnels.
Elles vont permettre à la CODEL
de contribuer à des changements
positifs dans la gouvernance po-
litique et économique au Burkina
Faso.
La CODEL tient, à travers ses ac-
tivités, à offrir sa contribution et
son expérience dans la veille ci-
toyenne sur les actions du prési-
dent du Faso telles que prévues
dans le Programme national pour
le développement économique et
social (PNDES) et son projet de
société. Elle compte en outre
prendre une part active dans la
résolution des grands enjeux aux-
quels fait face le pays, notam-
ment la réconciliation, la
tolérance religieuse et politique,
la lutte contre le terrorisme…
Pour le président de la CODEL,
Halidou Ouédraogo, les activités
programmées visent à renforcer
les capacités des membres de la
Convention et à aider à l’appro-
fondissement de l’éveil des
consciences des citoyens.
«Nous allons renforcer notre pla-
teforme de veille citoyenne », a
précisé Me Halidou Ouédraogo.
Boris Somé de WANEP, une or-
ganisation membre de la CODEL,
a ajouté : «On ne doit pas s’ar-
rêter après les élections, mais
poursuivre avec une veille sur
l’action de ceux qui ont été élus».
Le vice-président de la CODEL,
Daniel DA HIEN, a renchérit en
ces termes : «on a fini (d’obser-
ver) les élections mais il y a des
conseils municipaux qui ne sont
pas encore fonctionnels, certains
maires sont menacés d’expulsion.
Le travail n’est pas achevé».
Outre les membres du bureau
exécutif de la CODEL, les partici-
pants sont issus des vingt OSC
membres de la CODEL, de cinq
relais provinciaux de la CODEL
(Gaoua, Bobo-Dioulasso, Kou-
dougou, Ouagadougou, Kaya,
Ouahigouya) et des autres OSC
parties prenantes du Présimètre
(Free Afrik, ABB, RTB, MBDHP,
REN-LAC, UNALFA).
Suite de la page 5
Des participants à l’atelier de planification.
L
es participants à ces dialogues
citoyens, organisés sous l’égide
de la CODEL, du 19 octobre
au 27 novembre 2017 à Oua-
gadougou, ont été invités à s’inves-
tir dans le processus de
renforcement de l’Etat de droit et de
l’apaisement du climat social en
donnant leurs contributions sur la ré-
conciliation nationale au Burkina.
Plusieurs intervenants ont animé ces
différentes rencontres. Jonas Hien
(CNOSC) et Luc Marius Ibriga
(ASCE/LC) ont intervenanu sur le
rôle des OSC dans le processus de
réconcilliation nationale. «Toute ré-
concilliation mérite des conces-
sions» a indiqué M. Ibriga. De
même, Abdoul Karim Sango et Me
Hamed Ouédraogo, ont donné des
communications sur les généralités,
les modalités et les étapes de la ré-
concilliation nationale, avec des il-
lustrations sur les cas vécus au
Rwanda, en Afrique du Sud, au Li-
béria, en Sierra Léone ou encore en
Côte d’Ivoire. Mme Aïcha Oué-
draogo, 2e vice-président du Haut
conseil pour la réconciliation et
l’unité nationale (HCRUN), a pré-
senté un exposé sur son institution.
Sur les réparations des violences,
Me Ahmed Ouédraogo a noté qu’il
faut les entourer des précautions né-
cessaires. Si les actes symboliques
de réparations ne sont pas tournés
vers la justice, la vérité et un chan-
gement social souhaité, ils peuvent
être vus comme des manœuvres du
pouvoir afin de tourner prématuré-
ment une page qui le dérange, a-t-il
dit.
A son tour, le répondant du HCRUN
a expliqué que son institution tra-
vaille à établir une cartographie des
faits incriminés sur la base des
5065 dossiers en traitement et
œuvre à amener le coupable à faire
son plaidoyer de culpabilité et la
victime à octroyer le pardon, sans
occulter la question de la justice. «Le
HCRUN dans la dynamique de la
7N°00 3è
et 4è
trimestre 2017
Vie de la CODEL
Dialogue citoyen sur la réconciliation
Concertation entre victimes de
violences impunies, société
civile et secteur privé
Des acteurs de la société civile, syndicalistes, avocats et journalistes ainsi que les ayants droits des victimes éco-
nomico-politiques et le secteur privé ont participé du 19 octobre au 27 novembre 2017 à Ouagadougou, à des
dialogues citoyens sur la réconcilliation nationale, organisés par la Convention des organisations de la société
civile pour l’observation domestique des élections (CODEL).
Le praesidium au cours d’un dialogue citoyen.
De nombreuses personnalités ont pris part aux dialogues sur la réconcilliation nationale. Suite à la page 8
L
es technologies de l’information
et de la communication (TIC) sont
aujourd’hui incontournables
pour assurer la veille politique.
Dans le cadre du programme Prési-
mètre, l’Association des Blogueurs du
Burkina (ABB) a formé une quinzaine
de membres à raconter leur histoire
par la vidéo.
Le premier volet de la formation a dé-
buté le samedi 27 septembre 2017
avec les premiers modules. Les parti-
cipants ont revisité les notions du jour-
nalisme citoyen avec Gabriel
Kambou. Cette séance a permis aux
participants de débattre sur le
concept. Le deuxième module assuré
par le réalisateur Pazouknam Jean-
Baptiste a porté les fondamentaux en
matière de cadrage, la composition
de l’image, la recette de film de
poche, structure de récit (narration)
etc. Le jeudi 05 octobre 2017, les
participants ont pu se familiariser
avec les techniques du montage
vidéo avec Gabriel Kambou. Malgré
la formation s’est poursuivie le sa-
medi 7 octobre avec des exercices
pratiques qui ont permis aux partici-
pants de filmer des vidéos et de les
monter eux-mêmes sous la conduite
de Pazouknam Jean-Baptiste Oué-
draogo. Cette formation s’est tenue
en alternance dans la salle de projec-
tion et de montage de l’Institut Supé-
rieur de Image et du Son (ISIS) et au
siège de l’Association des blogueurs
du Burkina acquis grâce au soutien
de Diakonia dans le cadre du pro-
gramme Présimètre.
Les participants ont promis de se met-
tre à la tâche dès la fin de la forma-
tion. Dans les prochains jours, ces
derniers devraient produire des films
diffusables sur le net pour assurer la
veille et interpeller les politiques sur la
gestion de la cité.
ABB
8 N°00 3è
et 4è
trimestre 2017
Vie des Organisations
mise en œuvre de ses missions,
n’occulte pas les mécanisme tradi-
tionnels pour pouvoir amener les
uns et les autres à se parler», a in-
diqué Mme Aïcha Ouédraogo.
Géneviève Zongo, la veuve du jour-
naliste assassiné, Norbert Zongo
s’est voulu clair : «Sur la réconcilia-
tion nationale, tant qu’il n’y pas de
vérité, justice, il n’y aura pas de ré-
conciliation. Il faut pour tous les
coupables, qu’on puisse les juger,
les condamner. Sinon, il ne faut pas
qu’on nous parle de réconciliation
nationale. Crime économique ou
de sang, il faut que des personnes
soient jugées», a-t-elle conseillé.
Les participants ont souhaité que la
CODEL poursuive son leadership
dans le processus de réconciliation
et qu’elle aille dans les villages ren-
contrer le «Pays réel», non seule-
ment pour toucher les réalités du
doigt mais surtout pour l’impliquer
et s’inspirer des mécanismes tradi-
tionnels de réconciliation. Ils ont
également demandé à la CODEL
d’avoir à l’esprit les crimes écono-
miques qui sont souvent à la base
des crimes de sang et enfin, de
tenir compte de l’armée.
«Vos contributions seront prises en
compte. Nous irons dans les ré-
gions», a rassuré le président de la
CODEL, Me Halidou Ouédraogo.
Ces dialogues, de son avis est un
cadre idéal qui permet de mener
une réflexion sur la base des expé-
riences qui ont eu cours dans notre
pays ainsi que dans les autres pays
qui peuvent servir d’exemple dans
le processus de vérité, justice et de
réconciliation nationale. «Je vous
invite à se donner la main. Je suis
convaincu que la réconciliation na-
tionale est possible.
Nous corrigerons les erreurs au fur
et à mesure», a conclu le président
de la CODEL.
Suite de la page 7
L’ABB : Des films
pour assurer la veille
politique
L’Association des Blogueurs du Burkina (ABB) organisé le samedi 30 sep-
tembre et le jeudi 5 octobre 2017 une formation à la réalisation des vi-
déos dites citoyennes sur le net. L’objectif de cette formation est de
permettre participants de pouvoir raconter leur problèmes, réaliser une
veille citoyenne, d’interpeller les autorités à travers des éléments vidéos.
Jonas Hien, Conseil national des
OSC, communicateur
La mise en place du collège des
sages n’a pas trouvé solution à la
réconciliation des Burkinabè. Après
2014, on a mis en place une com-
mission de réconciliation et des re-
formes inspirée du travail des
collèges des sages. Mais le docu-
ment semble tomber dans les ou-
bliettes.
Le CNT a adopté une loi créant le
Haut conseil pour la réconciliation
et l’unité nationale. Une crise in-
terne a suscité un débat sur sa ca-
pacité à créer les conditions de la
réconciliation.
Il y a eu d’autres initiatives : Vérité,
justice et réconciliation. Certaines
parmi elles veulent d’une justice
transitionnelle et non d’une justice
classique. Les Burkinabè sont divi-
sés à ce sujet. Dans un tel contexte,
que peut faire les OSC ?
Les OSC sont aussi divisées et se re-
trouvent dans les deux camps cités
en haut. Il y a lieu de concilier les
positions, renforcer les cadres de
dialogue démocratique, comme ce
que nous offre la CODEL, pour dé-
velopper une culture de la paix. Les
OSC doivent jouer un rôle d’inter-
pellation pour un bon fonctionne-
ment des intuitions (justice). Il n’est
pas rare d’entendre que les pro-
blèmes sont dus à la justice (impu-
nité).
Seule une justice impartiale, équita-
ble, basée sur le droit, contribuerait
à parvenir la réconciliation. Il faut
aussi se départir de toute paresse,
éviter les positions partisanes et
mettre la justice face à ses respon-
sabilités présentes et futures pour le
pays.
Me Ahmed Ouédraogo, avocat à
la cour aux barreaux du Burkina et
de Paris, communicateur
«Si les actes symboliques de la ré-
conciliation ne sont pas liés à l’ad-
ministration de la justice, de la
vérité et au changement social, ils
peuvent être vus comme une straté-
gie du gouvernement pour tourner
la page prématurément. C’est
comme un achat de conscience».
Abdoul-Karim Sango, juriste et en-
seignant à l’Enam, communicateur
A Bobo, nous avons suffisamment
réfléchi à la réconciliation. Il faut
maintenant penser à l’agir. Ma
conviction est que c’est extrême-
ment possible dans un pays comme
le Burkina.
On ne pensait pas que Blaise (Com-
paoré) partirait ; les aînés ont com-
mencé la bataille, on est venu s’y
ajouter. Les contradictions qui exis-
tent actuellement sur la réconcilia-
tion sont secondaires.
Le gros problème qu’on a au Bur-
kina, c’est la sincérité dans la dé-
marche. Une société ne peut pas
aller dans la réconciliation si on est
dans une logique de double lan-
gage.
Ibrahima Djibo, président de l’ob-
servatoire pour la justice et la dé-
mocratie
Nous ne nous rendons pas compte
mais notre contentieux commence à
être très très lourd.
Nous en avons accumulé pendant
plusieurs années. Notre cas est spé-
cifique parce qu’il n’y a pas eu de
lutte armé, pas de conflit interne,
mais malheureusement beaucoup
de crimes sans justice. A la base, si
on ne parle pas de justice et de dé-
mocratie, nous ne pourrons pas
avancer.
Il faut instituer un processus perma-
nent de sensibilisation des popula-
tions et des jeunes sur la nécessité
d’une réconciliation et d’une cohé-
sion nationale. C’est fondamental
et il faut trouver les moyens et les
mécanismes.
Ensuite, il faut le traitement et l’épu-
rement des dossiers de crimes de
sang et crimes économiques, sans
état d’âme. Si vous avez commis un
crime, vous payez pour.
Enfin, il faut associer systématique-
ment les mécanismes traditionnels
(coutumiers et religieux) et les ca-
naux endogènes de communica-
tion. Il y a des canaux autres
qu’internet qui permettent à tous
d’être associés.
Mathias Tankoana, juriste et
conseiller du président du Faso
Depuis la rencontre à Bobo Diou-
lasso, c’est un agenda qu’il faut. Si
vous diagnostiquez une crise la-
tente, il faut agir pour qu’elle
n’éclate pas.
Il faut que nous nous comprenions
entre nous. D’autres pays n’ont pas
ces cadres de dialogue.
Si les gens sont sur les réseaux so-
ciaux, dans les radios et les télés en
train d’allumer le feu, ça va finir par
s’allumer.
Si au contraire les gens appellent
au calme, ça va finir par se calmer.
Je serai très attentif aux conclusions
qui sortiront des concertations.
9N°00 3è
et 4è
trimestre 2017
Digne d’intérêt
Suite à la page 10
Dialogue citoyen sur la réconciliation nationale
Ils ont dit...
10 N°00 3è
et 4è
trimestre 2017
Digne d’intérêt
Florence Ouattara, présidente de la
Coalition burkinabè des Défenseurs
des Droits humains (CBDDH)
Il ne faut pas oublier les crimes
économiques dans le processus. Ce
sont les crimes économiques qui ont
violé les droits sociaux et qui font
que nos enfants sont aujourd’hui
sous des écoles paillotes. Ce sont
des crimes ainsi qu’il faut corriger
pour avoir plus d’eau potable pour
tous, plus d’écoles. De même, il y a
le cas de l’armée. Il n’y aura pas
de réconciliation sans la vérité et la
justice. La grande part de cette vé-
rité demandée est détenue par l’ar-
mée. Est-ce qu’elle a été approchée
pour qu’elle soit plus bavarde ?
La grande muette a massacré les
enfants du pays. Il est temps qu’on
s’invite dans la dynamique de la
démocratie et de l’Etat de droit. Il
est aussi bien de créer des struc-
tures permanentes de gestion des
crises, composées de personnes
assez propres, qui vont gérer les
crises sans attendre quand il y a
blocage.
Ouédraogo Aïcha, juriste, 2e vice-
présidente du HCRUN, responsable
de la commission de réhabilitation,
d’indemnisation et de réinsertion
Sur le terrain les gens nous disent :
«s’il n’y pas vérité et justice, il n’y a
pas de réconciliation. Il faut nous
dire qu’est-ce qui s’est passé pour
qu’on puisse faire le deuil et pou-
voir s’asseoir avec celui qui a com-
mis des crimes». Nous demandons
un temps d’échanges avec le prési-
dent de la CODEL. Sur le terrain,
Me Halidou est une mine.
Dans la dynamique de la mise en
œuvre de ses missions, dans la jus-
tice transitionnelle, le HCRUN n’oc-
culte pas le mécanisme traditionnel
pour pouvoir amener les uns et les
autres à se parler. Nous ne dor-
mons pas au niveau de HCRUN. Il
y a la loi, mais il y a un certain
nombre de cadrages à faire. Le
traitement des dossiers est un pré-
texte pour aller à la réconciliation.
Il faut aider les citoyens à retrouver
la joie de vivre. La réconciliation
soulage un peu et ramène les gens
dans d’autres dispositions. A Bobo,
sur la validation des travaux sur cer-
tains dossiers, on s’est rendu
compte que les dossiers qui sem-
blaient facile à traiter se retrouvent
comme une quinine à avaler et il
faut revoir la copie.
Abdoulaye Sanou, chargé de pro-
gramme à l’ambassade de Suède
A propos du président de la
CODEL, Me Halidou Ouédraogo, il
a dit : «Vous avez tout ce qu’il faut:
les documents, les idées et le poids.
Il faudrait que vous ayez un calen-
drier et que vous portiez la préoc-
cupation de la réconciliation
comme vous avez porté les élec-
tions après l’Insurrection».
Bernadette Confé, sociologue, rap-
porteur général adjoint du HCRUN
Concernant la garantie de non ré-
pétition, il faut des réformes. Sous
le CRNR, on a écouté les Burki-
nabè, on a vu les maux qui les mi-
naient et il y a eu des
recommandations. Avec le
HCRUN, le volet secrétariat qui de-
vrait s’occuper des réformes, n’a
pas vu le jour. Concernant la ques-
tion des réparations ; il y a un coût
à supporter. Nous sommes dans un
pays qui n’a pas suffisamment de
moyens et ceux qui veulent vous
aider viennent avec des préten-
tions. Des opérateurs économiques
qui ont vu leurs biens saccagés
viennent dire que ce qu’ils ont
perdu est à 300 millions alors que
lorsqu’on regarde, ce qu’ils ont
perdu n’ont pas cette valeur.
Concernant l’indépendance des
commissions, dans la loi, le
HCRUN est une institution indépen-
dante. Mais si elle n’a pas de
moyens financiers, où est son indé-
pendance ? Pourquoi les actions du
Collège des sages n’ont pas abouti
? Ils (les membres du Collège) ont
pris de belles résolutions.
Mais à un certain moment, il y a eu
des interférences du pouvoir pour
passer directement à la réconcilia-
tion. Si on veut parvenir à une vraie
réconciliation, il faut rendre les
commissions indépendantes.
Ibrahim Zongo, représentant de
l’AJB
«La lutte doit être menée au niveau
de la CODEL à travers la sensibili-
sation des organisations membres
qui descendront sur le terrain pour
aider la base à comprendre le pro-
cessus de réconciliation. Il faut trou-
ver des relais qui partent sur le
terrain pour battre campagne en fa-
veur de la réconciliation. Il faut ras-
sembler le maximum de gens sur la
vérité, justice et réconciliation».
Yumali Lompo, leader politique et
représentant du chef de file de l’op-
position
«On doit associer aux processus les
représentants des victimes et des
parents de victimes. Aucune institu-
tion ne peut se permettre d’inventer
un scénario qui va réconcilier les
filles et fils de ce pays si on n’asso-
cie pas les victimes et les parents à
un débat franc. On doit intégrer ses
éléments dans les réflexions. Il faut
aussi redonner confiance à la jus-
tice. Il ne faut pas qu’on ait peur de
parler de la justice. Si on a peur de
Suite de la page 9
11N°00 3è
et 4è
trimestre 2017
Vie de la CODEL
parler de la justice, la prochaine in-
surrection, ça sera dans les palais.
Au niveau du chef de file de l’op-
position nous constatons qu’un fu-
roncle est entrain de grossir mais
n’est pas encore mûr, il faut crever
l’abcès.
Si on n’y prend garde, nous tra-
vaillons à le renforcer.
Nous sommes d’accord avec le pré-
sident du Faso qui a déclaré qu’on
ne peut pas enjamber des cadavres
pour aller à la réconciliation. Il faut
en parler largement. A moins d’être
politisé, je me dis que ce cadre
créé par la CODEL permet de par-
ler librement. La société civile a un
rôle très important à jouer dans la
réconciliation.
Les OSC comme la CODEL, CGD,
CNOSC... doivent se démarquer
des autres OSC qui sont soit orga-
nisées par des partis politiques, soit
instrumentalisées.
Cette initiative de la CODEL, nous
la saluons et nous sommes partant
pour apporter notre contribution.
On ne peut pas développer le pays
dans l’indifférence des uns pour les
autres».
Célestine Amina Béré /Lompo du
SPONG
«Le président de la CODEL doit
prendre les devants : créer un
cadre, communiquer sur la chose et
penser aux victimes au niveau des
provinces. On peut s’asseoir autour
d’un colloque et suite à ça, travail-
ler pour que les dossiers (de justice)
soient vidés».
L
a CODEL en partenariat avec l’UNALFA a orga-
nisé une émission radiophonique sur le thème de
la réconciliation nationale le samedi 02 décembre
2017, diffusée en direct sur l’ensemble du terri-
toire grâce à une synchronisation d’une trentaine de
stations de radio. A la suite de dialogues citoyens, la
CODEL a organisé une émission radiophonique sur la
réconciliation nationale, diffusée en direct et en syn-
chronisation avec une trentaine de radios, sur toute
l’étendue du territoire national, de 16h à 17h. Les au-
diteurs ont participé activement en appelant de toutes
les provinces. Ils ont salué de telles émissions qui leur
ont permis de donner leur opinion sur une thématique
très importante, qu’il faut arriver à résoudre.
Pour eux, il faut passer par la justice d’abord pour
connaître la vérité afin d’aboutir à la
réconciliation.
La CODEL a pris part à cette émission
à travers son président, Me Halidou
Ouédraogo ainsi que Mme Lydia
Zanga/Ouédraogo et Me Ahmed
Ouédraogo. Trois journalistes ont
animé l’émission dans cinq langues,
français, djoula, mooré fulfudé et
gourmantchéma. Les auditeurs ont
salué l’opportunité qui leur a été of-
ferte pour participer à une telle émis-
sion. Ils ont encouragé la CODEL à initier de telles ca-
dres de dialogue citoyen et ont souhaité que le Prési-
dent du Faso prenne les choses en main et que l’on
fasse la justice avant d’aller à la réconciliation.
Afin d’apporter sa contribution à l’apaisement du cli-
mat social, la CODEL a organisé du 19 octobre au 27
novembre 2017, quatre (04) dialogues citoyens sur le
rôle de la société civile dans le processus de réconci-
liation nationale à l’endroit des organisations de la so-
ciété civile, des partenaires techniques et financiers,
des acteurs du secteur informel et des membres du gou-
vernement. Ces rencontres ont permis des échanges
interactifs et donner des pistes de réflexion et d’actions
qui seront portées par la CODEL et les autres organi-
sations de la société civile.
Réconciliation nationale
Des émissions radiophoniques pour
sensibiliser les Burkinabè
12 N°00 3è
et 4è
trimestre 2017
Vie de la CODEL
L
a plateforme accessible à
l’adresse www.presimetre.bf a
été distinguée notamment pour
les émissions d’interpellation en
direct sur la télévision publique avec
le Président de la République ou le
Président de l’Autorité Supérieure de
Lutte Anti-Corruption, mais aussi
pour les émissions radiophoniques
sur la bonne gouvernance et l’orga-
nisation d’espaces de dialogue et
d’interpellation des autorités locales.
Ce prix, lancé le 11 septembre
2017 par le ministère français de
l’Europe et des Affaires Etrangères
en partenariat avec l’ONG Transpa-
rency international et l’agence de
coopération CFI-média, a été remis
au directeur pays de Diakonia, Lu-
ther Yaméogo.
Selon les promoteurs, le prix récom-
pense les projets numériques inno-
vants qui contribuent à la
transparence de l’action publique, à
l’ouverture des données et à la par-
ticipation citoyenne dans l’espace
francophone.
Si le programme d’imputabilité poli-
tique et de redevabilité socio-écono-
mique «Présimètre» et sa plateforme
numérique sont unanimement et ré-
gulièrement salués par l’apport no-
vateur dans la veille citoyenne pour
une gouvernance vertueuse, c’est la
première fois qu’ils reçoivent une dis-
tinction internationale.
Reconnaissance internationale pour la CODEL
La plateforme Présimètre primée
en France
La plateforme numérique de veille citoyenne «Présimetre» mise en place par la CODEL et ses partenaires de Dia-
konia et Ingenia Consultinf a reçu le 8 décembre à Paris, le premier Prix Numérique et Transparence dans la ca-
tégorie «Contrôle citoyen pour la bonne gouvernance»
Le Directeur pays de Diakonia, Luther Yaméogo

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  • 1. N°00 3è et 4è trimestre 2017 Veille citoyenne au Burkina Faso LaCODELsepérennise etélargitsesactivités LaCODELsepérennise etélargitsesactivités Reconnaissance internationale pour la CODEL Dialogue citoyen sur la réconciliation nationale Laplateforme Présimètre priméeen France Ils ont dit... P. 5 P. 9 P. 12
  • 2. 2 N°00 3è et 4è trimestre 2017 Vie de la CODEL M onsieur le Vice-président de la CODEL, formateur de la présente session ; Mesdames, Messieurs ; Chers participants. La CODEL a le plaisir de vous compter avec elle, à la présente session de for- mation pour le renforcement des capa- cités des jeunes des organisations membres et des partenaires au pro- gramme PRESIMETRE, sur le plaidoyer et le réseautage. Je vous invite à vous impliquer ces deux (02) jours durant pour partager vos ex- périences, renforcer vos capacités et celles de votre organisation. Les activités et thèmes choisis à cet effet vont vous êtres traités et approfondis de manière à ce que de retour dans vos structures et bases, vous puissiez com- muniquer les acquis aux autres acteurs de la société civile, aux citoyens avec lesquels vous vivez au quotidien. Au terme de votre formation, nous sou- haitons que vos structures et membres renforcent la CODEL, que vous puissiez mener des actions de légitimation en vue de renforcer la collaboration, la synergie d’actions au niveau de la so- ciété civile et devenez des acteurs ma- jeurs du processus démocratique au Burkina Faso. Une telle initiative, vous disposera à tra- vailler ensemble dans les réseaux que vous construirez à l’intérieur et autour de la CODEL avec plus de détermina- tion et plus d’engagement face aux défis que nous devons relever ensem- ble. Ainsi, développant des plaidoyers efficaces autour de nos institutions et de leurs animateurs au niveau des diffé- rents segments de l’Etat ou des forces sociales, vous ferez mieux connaitre la CODEL, ses objectifs et sa stratégie fon- dée en grande partie sur la situation- room. En effet, depuis ce dispositif stratégique mis en place par la CODEL dans le cadre de la surveillance des élections couplées présidentielle et législatives, la CODEL a su tirer de nombreuses initia- tives à sa portée et à la portée des ci- toyens pour le suivi efficace des politiques publiques et crédibiliser la so- ciété civile. Fort de ces principes et des connais- sances, que vous aurez appris et inter- nalisés, vous pourrez participer par exemple à l’animation et à l’exploitation judicieuse de la plateforme de veille ci- toyenne PRESIMETRE et à ses différents programmes. Vous pourrez expliquer les principes de la reddition des comptes inscrits dans nos lois, deman- der aux responsables élus à tous les échelons de soumettre à ces exercices. Ainsi, connu notre rôle de contre-pou- voir, mutualisant nos expériences et fé- dérant nos énergies, nous ferons de la CODEL un interface pérein entre l’Etat et la société civile et nous contribuerons incontestablement à intéresser les ci- toyens à la gestion de l’Etat et de ses segments principaux comme l’exécutif, le parlement et les collectivités territo- riales, tels les conseils généraux et les communes. Je vous souhaite une très bonne session de formation. Fait à Ouagadougou le, 30 octobre 2017 Le Président de la CODEL Maitre Halidou OUEDRAOGO Avocat à la cour Atelier de renforcement de capacités des jeunes sur le plaidoyer et le réseautage AllocutionduprésidentdelaCODEL Directeur de publication Me Halidou OUEDRAOGO ----------------- Redacteur en chef Aimé M. KAMBRIE ----------------- Ont collaboré Sab Ali Moctar K. OUEDRAGO Lydia ZANGA/OUEDRAOGO Antoinette POUYA/SAWADOGO Moïse BALMA Daniel DA HIEN Yvone OUEDRAOGO ----------------- Maquette & Mise en page B. Issa Daniel BAMBA 78 80 38 76 Tél.: (226) 25 38 38 46 25 40 89 72
  • 3. N ous avons une spécificité au niveau de la Conven- tion des organisations de la société civile pour la surveillance domestique des élec- tions. Cette spécificité, c’est notre expé- rience de la surveillance domes- tique des élections, inspirée de la stratégie de la situation-room est nouvelle, riche, innovatrice, perfor- mante. Cette expérience, revélée à l’occa- sion de l’historique élection couplée présidentielle et législatives, du 29 novembre 2015 mérite d’être connue. Les citoyens lui doivent le succès des résultats de ce scrutin ainsi que ceux des municipales de 2015 et de 2016. Le choix de la situation-room, dispo- sitif pour les élections et d’autres ini- tiatives citoyennes, plateforme de partage d’information entre groupes de la société civile, travail- lant dans ces espaces pour renfor- cer leurs collaborations, leurs plaidoyers, fédérer leurs énergies pour rendre meilleur, disponible, une réponse rapide aux dysfonc- tionnements dans la gestion du pro- cessus électoral ou autres difficultés d’observations traditionnelles des élections, mérite amplement d’être connu. Ces notions que la CODEL a réussi à maîtriser tout au long du processus électoral vécu dans notre pays, mérite d’être approprié par les citoyens et les responsables qu’ils élisent. Sur le continent africain aussi bien que dans notre pays, les élections mal organisées ouvrent les portes à leurs contestations et retardent l’ap- profondissement de la démocratie. Celles que nous avons organisées courant 2015 /2016 ont été franches, exemptes de violences, de fraudes électorales et d’autres er- reurs souvent commises dans les processus électoraux et justifient la désaffection des citoyens à ce jeu électoral et leur désintérêt à long terme de la question électorale. La CODEL depuis la fin du processus électoral au Burkina Faso s’emploie à former ses membres dans ce do- maine, à renforcer ses structures pour une immersion dans notre so- ciété de ses actions dans l’objectif d’intéresser plus les citoyens. Le pré- sent journal, «CODEL-Info» parti- cipe à cette vision et à cette action. L’utilisation des TICs, éléments nou- veaux dans le domaine, facilite l’ap- propriation des résultats et des données sociologiques et anthropo- logiques. Dans le paysage politique des ONG au Burkina Faso et de la sous-région, une telle caractéristique d’initiatives et d’actions permet des résultats fiables, crédibles et crée un niveau de confiance entre les ci- toyens et les responsables qu’ils choisissent au niveau de l’Etat et de ses démembrements tels le parle- ment, les régions et les communes. Cette plateforme d’actions, cette vi- sion et ce droit distinguent la CODEL des autres structures et lui permettent de jouer son rôle de veille citoyenne et d’animer les pla- teformes de suivi des politiques pu- bliques. C’est ici l’un des volets qui doit être véhiculé par notre organe. Cet en- semble d’initiative qui seront rela- tées vont favoriser les animateurs de nos structures et vont leur permettre de jouer au côté de nos partenaires phares (DIAKONIA, WATER AID, INGENIA) un rôle de contrepouvoir et de nous engager dans la construction d’une démocratie dura- ble et d’une gouvernance rigou- reuse dans notre pays. Bonne lecture et n’hésitez pas à nous revenir par vos contributions et vos suggestions. Me Halidou OUEDRAOGO. Le président 3N°00 3è et 4è trimestre 2017 Editorial La riche expérience de la CODEL mérite d’être vulgarisée - la CODEL a réussi à fédérer les initiatives et les forces d'une centaine d'OSC et réseau d'OSC en vue des élections législatives et présidentielle de 2015 et municipales de 2016. - 6000 observateurs formés et équipés ont été déployés sur le terrain - une observation pro active qui a permis de contribuer à la correction de dysfonctionnements constatés le jour des votes - une contribution à la crédibilisation du processus électoral - une maîtrise de la surveillance du processus électoral - un renforcement de l’intérêt des populations à la vie politique - formulation de recommandations pertinentes en vue de l'amélioration de futurs processus électoraux. Les acquis de la CODEL
  • 4. 4 N°00 3è et 4è trimestre 2017 Vie de la CODEL L a CODEL est une organisation de la société civile burkinabè créée le 3 juillet 2015. Elle est une plateforme de veille ci- toyenne qui fédère et harmonise les efforts de suivi citoyen de plusieurs organisations de la société civile. C’est également un interface de promotion et de facilitation du dia- logue méthodique et constructif entre les citoyens et l’Etat en vue d’un changement positif favorable à la gouvernance vertueuse et au développement durable. A l’origine, la CODEL a été créée pour assurer le suivi des élections post-insurrectionnelles. Dans sa charte constitutive adoptée en 2015, elle est définie comme «un réseau, une plateforme d’har- monisation et de coordination pour des élections transparentes à partir d’une observation organisée». Après avoir impacté le processus électoral et contribuer lors de la double consultation (présidentielle et législative) du 29 novembre 2015 à des confrontations électo- rales transparentes et non vio- lentes, avec au bout du compte des résultats acceptés de tous, la CODEL a été sollicitée par ses membres et ses partenaires pour poursuivre sa mission de veille. Sur la base des leçons apprises et d’une analyse diagnostique préala- ble ‘DIRO’ (diagnostic organisa- tionnel et plan de développement institutionnel et de renforcement or- ganisationnel), la CODEL a alors approfondi et élargi ses actions et s’installe désormais comme un ac- teur clé du contrôle citoyen de l’ac- tion publique. Elle initie des cadres d’échanges pour interpeller les pouvoirs publics sur des préoccupations d’intérêt na- tional. Elle recourt aussi à des plai- doyers institutionnels pour accroître ses chances d’aboutir aux change- ments souhaités. Un nouvel horizon Dans une approche d’éducation ci- toyenne, la CODEL œuvre à renfor- cer les capacités de ses membres et des citoyens dans leur participa- tion à l’élaboration et au suivi des politiques publiques, au suivi des prestations des services publics et à la constitution de groupes de pression responsables sur ceux qui ont des parcelles de pouvoirs. Au cours d’un atelier organisé le 29 et le 30 septembre 2017 à Ouagadougou, les organisations membres de la CODEL et celles im- pliquées dans le programme Prési- mètre ainsi que les partenaires institutionnels et financiers, se sont mis d’accord sur les activités de pé- rennisation et de plaidoyer de la Convention. Dans l’entre-deux-élections, la CODEL aura pour objectif de ren- forcer le suivi-participatif des poli- tiques publiques à travers le pro- gramme Présimètre notamment. Elle œuvre désormais autour d’un mécanisme qui permet aux popula- tions de s’informer régulièrement des mesures prises et des actions entreprises par les pouvoirs poli- tiques afin qu’elle puisse les inter- peller en cas de besoin. «Nos activités d’aujourd’hui et de demain vont viser à renforcer les capacités de nos membres et aider à l’approfondissement de l’éveil des consciences », a expliqué le président de la CODEL, Me Hali- dou Ouédraogo. La CODEL participe aussi à l’ins- tauration d’un climat apaisé pro- pice au développement en mettant en place des cadres de concerta- tions sur la réconciliation nationale. Le bureau de la CODEL Mis en place au cours de l’AG constitutive du 3 juillet 2015, le bu- reau de la CODEL a été réamé- nage le 5 octobre 2015 et se compose comme suit : Président: Me Halidou OUE- DRAGO (FEPDHA) Vice-président: Daniel DA HIEN (RAJ) Rapporteur général: Lydia ZANGA/OUEDRAOGO (CIDOC) Rapporteur général adjoint: Alfred OUEDRAOGO (FRC) Chargé de la communication, des relations publiques et des partena- riats: Aimé M. KAMBIRE (CNP-NZ) Les organisations membres de la CODEL La CODEL a été mise au cours d’une assemblée à laquelle ont pris Présentation de la CODEL Me Halidou OUEDRAOGO, président de la CODEL
  • 5. 5N°00 3è et 4è trimestre 2017 Vie de la CODEL L es participants à l’atelier, tenu à Splendid Hôtel les 29 et 30 novembre 2017, se sont appropriés les pro- jets de pérennisation, de déve- loppement institutionnel et organisationnel ainsi que des ac- tivités de plaidoyers de la CODEL. Ils ont également identifié les stra- tégies de mise en œuvre et de suivi des activités du projet. Enfin, ils ont discuté de la colla- boration que les parties pre- nantes entretiendront entre elles, étant donné que chaque organi- part les organisations suivantes : Le Front de renforcement citoyen (FRC), le Balai Citoyen, le Centre pour la gouvernance démocra- tique (CGD), le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ), le Réseau Afrique jeunesse (RAJ), le Groupe d’études et de re- cherches pour la démocratie, le développement économique et so- cial (GERDDES), l’Association d’Appui et d’Eveil Pugsada (ADEP), l’Association Monde Rural (AMR), l’Association des femmes juristes, le WANEP, la Fondation FEPDHA, RESOCIDE, CIDOC, le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) et le RAPPED. D’autres organisations de la so- ciété civile ont sollicité leur adhé- sion à la CODEL, mais à une période qui n’avait pas permis d’examiner leurs demandes. Leur demande sont en attente. Les Partenaires La CODEL est de nos jours ap- puyée par Diakonia (ONG sué- doise) et de Water Aid (ONG américaine) dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’imputabilité politique et de rede- vabilité socio-économique bapti- sée «Présimètre». Dans le suivi des élections de 2015 et 2016, la CODEL a été soutenue par Diakonia, NDI (insti- tut d’américain d’appui à la démo- cratie), ECES (Un centre européen d’appui aux processus électoraux) et OSIWA. L’accompagnement technologique a été assuré par One World et In- genia Consulting. La CODEL a aussi bénéficié du soutien de la CENI, l’Union européenne, la Suède, la Suisse. Le vice-président de la CODEL, Daniel DA HIEN présentant les nouveaux projets de l’association. Veille citoyenne au Burkina Faso La Codel se péren- nise et élargit ses activités Des organisations de la société civile burkinabè ont décidé de pérenniser la Convention des OSC pour l’observation domestique des élections (CODEL), une plateforme d’harmonisation des stratégies de veille électo- rale mise en place en 2015 et sollicitée désormais pour mettre en œuvre de nouveaux projets de veille citoyenne. Au cours d’un atelier organisé le 29 et le 30 septembre 2017 à Ouagadougou, les organisations membres de la CODEL et celles impliquées dans le programme Présimètre ainsi que les partenaires institutionnels et financiers, se sont mis d’accord sur les ac- tivités de pérennisation et de plaidoyer de la Convention. L’objectif est de renforcer le suivi-participatif des politiques publiques. Suite à la page 6
  • 6. 6 N°00 3è et 4è trimestre 2017 Vie de la CODEL sation membre de la CODEL ou impliquée dans l’exécution du programme Présimètre, garde son identité et son autonomie. Ces activités concernent pour l’essentiel la création de cadres d’échanges et d’interpellation ci- toyens et des actions de plai- doyers institutionnels. Elles vont permettre à la CODEL de contribuer à des changements positifs dans la gouvernance po- litique et économique au Burkina Faso. La CODEL tient, à travers ses ac- tivités, à offrir sa contribution et son expérience dans la veille ci- toyenne sur les actions du prési- dent du Faso telles que prévues dans le Programme national pour le développement économique et social (PNDES) et son projet de société. Elle compte en outre prendre une part active dans la résolution des grands enjeux aux- quels fait face le pays, notam- ment la réconciliation, la tolérance religieuse et politique, la lutte contre le terrorisme… Pour le président de la CODEL, Halidou Ouédraogo, les activités programmées visent à renforcer les capacités des membres de la Convention et à aider à l’appro- fondissement de l’éveil des consciences des citoyens. «Nous allons renforcer notre pla- teforme de veille citoyenne », a précisé Me Halidou Ouédraogo. Boris Somé de WANEP, une or- ganisation membre de la CODEL, a ajouté : «On ne doit pas s’ar- rêter après les élections, mais poursuivre avec une veille sur l’action de ceux qui ont été élus». Le vice-président de la CODEL, Daniel DA HIEN, a renchérit en ces termes : «on a fini (d’obser- ver) les élections mais il y a des conseils municipaux qui ne sont pas encore fonctionnels, certains maires sont menacés d’expulsion. Le travail n’est pas achevé». Outre les membres du bureau exécutif de la CODEL, les partici- pants sont issus des vingt OSC membres de la CODEL, de cinq relais provinciaux de la CODEL (Gaoua, Bobo-Dioulasso, Kou- dougou, Ouagadougou, Kaya, Ouahigouya) et des autres OSC parties prenantes du Présimètre (Free Afrik, ABB, RTB, MBDHP, REN-LAC, UNALFA). Suite de la page 5 Des participants à l’atelier de planification.
  • 7. L es participants à ces dialogues citoyens, organisés sous l’égide de la CODEL, du 19 octobre au 27 novembre 2017 à Oua- gadougou, ont été invités à s’inves- tir dans le processus de renforcement de l’Etat de droit et de l’apaisement du climat social en donnant leurs contributions sur la ré- conciliation nationale au Burkina. Plusieurs intervenants ont animé ces différentes rencontres. Jonas Hien (CNOSC) et Luc Marius Ibriga (ASCE/LC) ont intervenanu sur le rôle des OSC dans le processus de réconcilliation nationale. «Toute ré- concilliation mérite des conces- sions» a indiqué M. Ibriga. De même, Abdoul Karim Sango et Me Hamed Ouédraogo, ont donné des communications sur les généralités, les modalités et les étapes de la ré- concilliation nationale, avec des il- lustrations sur les cas vécus au Rwanda, en Afrique du Sud, au Li- béria, en Sierra Léone ou encore en Côte d’Ivoire. Mme Aïcha Oué- draogo, 2e vice-président du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN), a pré- senté un exposé sur son institution. Sur les réparations des violences, Me Ahmed Ouédraogo a noté qu’il faut les entourer des précautions né- cessaires. Si les actes symboliques de réparations ne sont pas tournés vers la justice, la vérité et un chan- gement social souhaité, ils peuvent être vus comme des manœuvres du pouvoir afin de tourner prématuré- ment une page qui le dérange, a-t-il dit. A son tour, le répondant du HCRUN a expliqué que son institution tra- vaille à établir une cartographie des faits incriminés sur la base des 5065 dossiers en traitement et œuvre à amener le coupable à faire son plaidoyer de culpabilité et la victime à octroyer le pardon, sans occulter la question de la justice. «Le HCRUN dans la dynamique de la 7N°00 3è et 4è trimestre 2017 Vie de la CODEL Dialogue citoyen sur la réconciliation Concertation entre victimes de violences impunies, société civile et secteur privé Des acteurs de la société civile, syndicalistes, avocats et journalistes ainsi que les ayants droits des victimes éco- nomico-politiques et le secteur privé ont participé du 19 octobre au 27 novembre 2017 à Ouagadougou, à des dialogues citoyens sur la réconcilliation nationale, organisés par la Convention des organisations de la société civile pour l’observation domestique des élections (CODEL). Le praesidium au cours d’un dialogue citoyen. De nombreuses personnalités ont pris part aux dialogues sur la réconcilliation nationale. Suite à la page 8
  • 8. L es technologies de l’information et de la communication (TIC) sont aujourd’hui incontournables pour assurer la veille politique. Dans le cadre du programme Prési- mètre, l’Association des Blogueurs du Burkina (ABB) a formé une quinzaine de membres à raconter leur histoire par la vidéo. Le premier volet de la formation a dé- buté le samedi 27 septembre 2017 avec les premiers modules. Les parti- cipants ont revisité les notions du jour- nalisme citoyen avec Gabriel Kambou. Cette séance a permis aux participants de débattre sur le concept. Le deuxième module assuré par le réalisateur Pazouknam Jean- Baptiste a porté les fondamentaux en matière de cadrage, la composition de l’image, la recette de film de poche, structure de récit (narration) etc. Le jeudi 05 octobre 2017, les participants ont pu se familiariser avec les techniques du montage vidéo avec Gabriel Kambou. Malgré la formation s’est poursuivie le sa- medi 7 octobre avec des exercices pratiques qui ont permis aux partici- pants de filmer des vidéos et de les monter eux-mêmes sous la conduite de Pazouknam Jean-Baptiste Oué- draogo. Cette formation s’est tenue en alternance dans la salle de projec- tion et de montage de l’Institut Supé- rieur de Image et du Son (ISIS) et au siège de l’Association des blogueurs du Burkina acquis grâce au soutien de Diakonia dans le cadre du pro- gramme Présimètre. Les participants ont promis de se met- tre à la tâche dès la fin de la forma- tion. Dans les prochains jours, ces derniers devraient produire des films diffusables sur le net pour assurer la veille et interpeller les politiques sur la gestion de la cité. ABB 8 N°00 3è et 4è trimestre 2017 Vie des Organisations mise en œuvre de ses missions, n’occulte pas les mécanisme tradi- tionnels pour pouvoir amener les uns et les autres à se parler», a in- diqué Mme Aïcha Ouédraogo. Géneviève Zongo, la veuve du jour- naliste assassiné, Norbert Zongo s’est voulu clair : «Sur la réconcilia- tion nationale, tant qu’il n’y pas de vérité, justice, il n’y aura pas de ré- conciliation. Il faut pour tous les coupables, qu’on puisse les juger, les condamner. Sinon, il ne faut pas qu’on nous parle de réconciliation nationale. Crime économique ou de sang, il faut que des personnes soient jugées», a-t-elle conseillé. Les participants ont souhaité que la CODEL poursuive son leadership dans le processus de réconciliation et qu’elle aille dans les villages ren- contrer le «Pays réel», non seule- ment pour toucher les réalités du doigt mais surtout pour l’impliquer et s’inspirer des mécanismes tradi- tionnels de réconciliation. Ils ont également demandé à la CODEL d’avoir à l’esprit les crimes écono- miques qui sont souvent à la base des crimes de sang et enfin, de tenir compte de l’armée. «Vos contributions seront prises en compte. Nous irons dans les ré- gions», a rassuré le président de la CODEL, Me Halidou Ouédraogo. Ces dialogues, de son avis est un cadre idéal qui permet de mener une réflexion sur la base des expé- riences qui ont eu cours dans notre pays ainsi que dans les autres pays qui peuvent servir d’exemple dans le processus de vérité, justice et de réconciliation nationale. «Je vous invite à se donner la main. Je suis convaincu que la réconciliation na- tionale est possible. Nous corrigerons les erreurs au fur et à mesure», a conclu le président de la CODEL. Suite de la page 7 L’ABB : Des films pour assurer la veille politique L’Association des Blogueurs du Burkina (ABB) organisé le samedi 30 sep- tembre et le jeudi 5 octobre 2017 une formation à la réalisation des vi- déos dites citoyennes sur le net. L’objectif de cette formation est de permettre participants de pouvoir raconter leur problèmes, réaliser une veille citoyenne, d’interpeller les autorités à travers des éléments vidéos.
  • 9. Jonas Hien, Conseil national des OSC, communicateur La mise en place du collège des sages n’a pas trouvé solution à la réconciliation des Burkinabè. Après 2014, on a mis en place une com- mission de réconciliation et des re- formes inspirée du travail des collèges des sages. Mais le docu- ment semble tomber dans les ou- bliettes. Le CNT a adopté une loi créant le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale. Une crise in- terne a suscité un débat sur sa ca- pacité à créer les conditions de la réconciliation. Il y a eu d’autres initiatives : Vérité, justice et réconciliation. Certaines parmi elles veulent d’une justice transitionnelle et non d’une justice classique. Les Burkinabè sont divi- sés à ce sujet. Dans un tel contexte, que peut faire les OSC ? Les OSC sont aussi divisées et se re- trouvent dans les deux camps cités en haut. Il y a lieu de concilier les positions, renforcer les cadres de dialogue démocratique, comme ce que nous offre la CODEL, pour dé- velopper une culture de la paix. Les OSC doivent jouer un rôle d’inter- pellation pour un bon fonctionne- ment des intuitions (justice). Il n’est pas rare d’entendre que les pro- blèmes sont dus à la justice (impu- nité). Seule une justice impartiale, équita- ble, basée sur le droit, contribuerait à parvenir la réconciliation. Il faut aussi se départir de toute paresse, éviter les positions partisanes et mettre la justice face à ses respon- sabilités présentes et futures pour le pays. Me Ahmed Ouédraogo, avocat à la cour aux barreaux du Burkina et de Paris, communicateur «Si les actes symboliques de la ré- conciliation ne sont pas liés à l’ad- ministration de la justice, de la vérité et au changement social, ils peuvent être vus comme une straté- gie du gouvernement pour tourner la page prématurément. C’est comme un achat de conscience». Abdoul-Karim Sango, juriste et en- seignant à l’Enam, communicateur A Bobo, nous avons suffisamment réfléchi à la réconciliation. Il faut maintenant penser à l’agir. Ma conviction est que c’est extrême- ment possible dans un pays comme le Burkina. On ne pensait pas que Blaise (Com- paoré) partirait ; les aînés ont com- mencé la bataille, on est venu s’y ajouter. Les contradictions qui exis- tent actuellement sur la réconcilia- tion sont secondaires. Le gros problème qu’on a au Bur- kina, c’est la sincérité dans la dé- marche. Une société ne peut pas aller dans la réconciliation si on est dans une logique de double lan- gage. Ibrahima Djibo, président de l’ob- servatoire pour la justice et la dé- mocratie Nous ne nous rendons pas compte mais notre contentieux commence à être très très lourd. Nous en avons accumulé pendant plusieurs années. Notre cas est spé- cifique parce qu’il n’y a pas eu de lutte armé, pas de conflit interne, mais malheureusement beaucoup de crimes sans justice. A la base, si on ne parle pas de justice et de dé- mocratie, nous ne pourrons pas avancer. Il faut instituer un processus perma- nent de sensibilisation des popula- tions et des jeunes sur la nécessité d’une réconciliation et d’une cohé- sion nationale. C’est fondamental et il faut trouver les moyens et les mécanismes. Ensuite, il faut le traitement et l’épu- rement des dossiers de crimes de sang et crimes économiques, sans état d’âme. Si vous avez commis un crime, vous payez pour. Enfin, il faut associer systématique- ment les mécanismes traditionnels (coutumiers et religieux) et les ca- naux endogènes de communica- tion. Il y a des canaux autres qu’internet qui permettent à tous d’être associés. Mathias Tankoana, juriste et conseiller du président du Faso Depuis la rencontre à Bobo Diou- lasso, c’est un agenda qu’il faut. Si vous diagnostiquez une crise la- tente, il faut agir pour qu’elle n’éclate pas. Il faut que nous nous comprenions entre nous. D’autres pays n’ont pas ces cadres de dialogue. Si les gens sont sur les réseaux so- ciaux, dans les radios et les télés en train d’allumer le feu, ça va finir par s’allumer. Si au contraire les gens appellent au calme, ça va finir par se calmer. Je serai très attentif aux conclusions qui sortiront des concertations. 9N°00 3è et 4è trimestre 2017 Digne d’intérêt Suite à la page 10 Dialogue citoyen sur la réconciliation nationale Ils ont dit...
  • 10. 10 N°00 3è et 4è trimestre 2017 Digne d’intérêt Florence Ouattara, présidente de la Coalition burkinabè des Défenseurs des Droits humains (CBDDH) Il ne faut pas oublier les crimes économiques dans le processus. Ce sont les crimes économiques qui ont violé les droits sociaux et qui font que nos enfants sont aujourd’hui sous des écoles paillotes. Ce sont des crimes ainsi qu’il faut corriger pour avoir plus d’eau potable pour tous, plus d’écoles. De même, il y a le cas de l’armée. Il n’y aura pas de réconciliation sans la vérité et la justice. La grande part de cette vé- rité demandée est détenue par l’ar- mée. Est-ce qu’elle a été approchée pour qu’elle soit plus bavarde ? La grande muette a massacré les enfants du pays. Il est temps qu’on s’invite dans la dynamique de la démocratie et de l’Etat de droit. Il est aussi bien de créer des struc- tures permanentes de gestion des crises, composées de personnes assez propres, qui vont gérer les crises sans attendre quand il y a blocage. Ouédraogo Aïcha, juriste, 2e vice- présidente du HCRUN, responsable de la commission de réhabilitation, d’indemnisation et de réinsertion Sur le terrain les gens nous disent : «s’il n’y pas vérité et justice, il n’y a pas de réconciliation. Il faut nous dire qu’est-ce qui s’est passé pour qu’on puisse faire le deuil et pou- voir s’asseoir avec celui qui a com- mis des crimes». Nous demandons un temps d’échanges avec le prési- dent de la CODEL. Sur le terrain, Me Halidou est une mine. Dans la dynamique de la mise en œuvre de ses missions, dans la jus- tice transitionnelle, le HCRUN n’oc- culte pas le mécanisme traditionnel pour pouvoir amener les uns et les autres à se parler. Nous ne dor- mons pas au niveau de HCRUN. Il y a la loi, mais il y a un certain nombre de cadrages à faire. Le traitement des dossiers est un pré- texte pour aller à la réconciliation. Il faut aider les citoyens à retrouver la joie de vivre. La réconciliation soulage un peu et ramène les gens dans d’autres dispositions. A Bobo, sur la validation des travaux sur cer- tains dossiers, on s’est rendu compte que les dossiers qui sem- blaient facile à traiter se retrouvent comme une quinine à avaler et il faut revoir la copie. Abdoulaye Sanou, chargé de pro- gramme à l’ambassade de Suède A propos du président de la CODEL, Me Halidou Ouédraogo, il a dit : «Vous avez tout ce qu’il faut: les documents, les idées et le poids. Il faudrait que vous ayez un calen- drier et que vous portiez la préoc- cupation de la réconciliation comme vous avez porté les élec- tions après l’Insurrection». Bernadette Confé, sociologue, rap- porteur général adjoint du HCRUN Concernant la garantie de non ré- pétition, il faut des réformes. Sous le CRNR, on a écouté les Burki- nabè, on a vu les maux qui les mi- naient et il y a eu des recommandations. Avec le HCRUN, le volet secrétariat qui de- vrait s’occuper des réformes, n’a pas vu le jour. Concernant la ques- tion des réparations ; il y a un coût à supporter. Nous sommes dans un pays qui n’a pas suffisamment de moyens et ceux qui veulent vous aider viennent avec des préten- tions. Des opérateurs économiques qui ont vu leurs biens saccagés viennent dire que ce qu’ils ont perdu est à 300 millions alors que lorsqu’on regarde, ce qu’ils ont perdu n’ont pas cette valeur. Concernant l’indépendance des commissions, dans la loi, le HCRUN est une institution indépen- dante. Mais si elle n’a pas de moyens financiers, où est son indé- pendance ? Pourquoi les actions du Collège des sages n’ont pas abouti ? Ils (les membres du Collège) ont pris de belles résolutions. Mais à un certain moment, il y a eu des interférences du pouvoir pour passer directement à la réconcilia- tion. Si on veut parvenir à une vraie réconciliation, il faut rendre les commissions indépendantes. Ibrahim Zongo, représentant de l’AJB «La lutte doit être menée au niveau de la CODEL à travers la sensibili- sation des organisations membres qui descendront sur le terrain pour aider la base à comprendre le pro- cessus de réconciliation. Il faut trou- ver des relais qui partent sur le terrain pour battre campagne en fa- veur de la réconciliation. Il faut ras- sembler le maximum de gens sur la vérité, justice et réconciliation». Yumali Lompo, leader politique et représentant du chef de file de l’op- position «On doit associer aux processus les représentants des victimes et des parents de victimes. Aucune institu- tion ne peut se permettre d’inventer un scénario qui va réconcilier les filles et fils de ce pays si on n’asso- cie pas les victimes et les parents à un débat franc. On doit intégrer ses éléments dans les réflexions. Il faut aussi redonner confiance à la jus- tice. Il ne faut pas qu’on ait peur de parler de la justice. Si on a peur de Suite de la page 9
  • 11. 11N°00 3è et 4è trimestre 2017 Vie de la CODEL parler de la justice, la prochaine in- surrection, ça sera dans les palais. Au niveau du chef de file de l’op- position nous constatons qu’un fu- roncle est entrain de grossir mais n’est pas encore mûr, il faut crever l’abcès. Si on n’y prend garde, nous tra- vaillons à le renforcer. Nous sommes d’accord avec le pré- sident du Faso qui a déclaré qu’on ne peut pas enjamber des cadavres pour aller à la réconciliation. Il faut en parler largement. A moins d’être politisé, je me dis que ce cadre créé par la CODEL permet de par- ler librement. La société civile a un rôle très important à jouer dans la réconciliation. Les OSC comme la CODEL, CGD, CNOSC... doivent se démarquer des autres OSC qui sont soit orga- nisées par des partis politiques, soit instrumentalisées. Cette initiative de la CODEL, nous la saluons et nous sommes partant pour apporter notre contribution. On ne peut pas développer le pays dans l’indifférence des uns pour les autres». Célestine Amina Béré /Lompo du SPONG «Le président de la CODEL doit prendre les devants : créer un cadre, communiquer sur la chose et penser aux victimes au niveau des provinces. On peut s’asseoir autour d’un colloque et suite à ça, travail- ler pour que les dossiers (de justice) soient vidés». L a CODEL en partenariat avec l’UNALFA a orga- nisé une émission radiophonique sur le thème de la réconciliation nationale le samedi 02 décembre 2017, diffusée en direct sur l’ensemble du terri- toire grâce à une synchronisation d’une trentaine de stations de radio. A la suite de dialogues citoyens, la CODEL a organisé une émission radiophonique sur la réconciliation nationale, diffusée en direct et en syn- chronisation avec une trentaine de radios, sur toute l’étendue du territoire national, de 16h à 17h. Les au- diteurs ont participé activement en appelant de toutes les provinces. Ils ont salué de telles émissions qui leur ont permis de donner leur opinion sur une thématique très importante, qu’il faut arriver à résoudre. Pour eux, il faut passer par la justice d’abord pour connaître la vérité afin d’aboutir à la réconciliation. La CODEL a pris part à cette émission à travers son président, Me Halidou Ouédraogo ainsi que Mme Lydia Zanga/Ouédraogo et Me Ahmed Ouédraogo. Trois journalistes ont animé l’émission dans cinq langues, français, djoula, mooré fulfudé et gourmantchéma. Les auditeurs ont salué l’opportunité qui leur a été of- ferte pour participer à une telle émis- sion. Ils ont encouragé la CODEL à initier de telles ca- dres de dialogue citoyen et ont souhaité que le Prési- dent du Faso prenne les choses en main et que l’on fasse la justice avant d’aller à la réconciliation. Afin d’apporter sa contribution à l’apaisement du cli- mat social, la CODEL a organisé du 19 octobre au 27 novembre 2017, quatre (04) dialogues citoyens sur le rôle de la société civile dans le processus de réconci- liation nationale à l’endroit des organisations de la so- ciété civile, des partenaires techniques et financiers, des acteurs du secteur informel et des membres du gou- vernement. Ces rencontres ont permis des échanges interactifs et donner des pistes de réflexion et d’actions qui seront portées par la CODEL et les autres organi- sations de la société civile. Réconciliation nationale Des émissions radiophoniques pour sensibiliser les Burkinabè
  • 12. 12 N°00 3è et 4è trimestre 2017 Vie de la CODEL L a plateforme accessible à l’adresse www.presimetre.bf a été distinguée notamment pour les émissions d’interpellation en direct sur la télévision publique avec le Président de la République ou le Président de l’Autorité Supérieure de Lutte Anti-Corruption, mais aussi pour les émissions radiophoniques sur la bonne gouvernance et l’orga- nisation d’espaces de dialogue et d’interpellation des autorités locales. Ce prix, lancé le 11 septembre 2017 par le ministère français de l’Europe et des Affaires Etrangères en partenariat avec l’ONG Transpa- rency international et l’agence de coopération CFI-média, a été remis au directeur pays de Diakonia, Lu- ther Yaméogo. Selon les promoteurs, le prix récom- pense les projets numériques inno- vants qui contribuent à la transparence de l’action publique, à l’ouverture des données et à la par- ticipation citoyenne dans l’espace francophone. Si le programme d’imputabilité poli- tique et de redevabilité socio-écono- mique «Présimètre» et sa plateforme numérique sont unanimement et ré- gulièrement salués par l’apport no- vateur dans la veille citoyenne pour une gouvernance vertueuse, c’est la première fois qu’ils reçoivent une dis- tinction internationale. Reconnaissance internationale pour la CODEL La plateforme Présimètre primée en France La plateforme numérique de veille citoyenne «Présimetre» mise en place par la CODEL et ses partenaires de Dia- konia et Ingenia Consultinf a reçu le 8 décembre à Paris, le premier Prix Numérique et Transparence dans la ca- tégorie «Contrôle citoyen pour la bonne gouvernance» Le Directeur pays de Diakonia, Luther Yaméogo