Suport d'intervention lors d'un stage à l'Enssib dirigé par Jean-Philippe Accart : La communication entre bibliothécaires, élus et décideurs :un enjeu vital, 13-15 janvier 2014
19. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Émile Durkheim
« Qu’est-ce qu’un fait social ? […] des manières
d’agir, de penser et de sentir, extérieures à l’individu,
et qui sont douées d’un pouvoir de coercition en vertu
duquel [elles] s’imposent à lui. ».
« Règles relatives à l’observation des faits sociaux :
La première règle et la plus fondamentale est de
considérer les faits sociaux comme des choses. ».
Les règles de la méthode sociologique, 1895
Un fait social c’est du
solide !
On ne l’a pas comme ça
28. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Une médaille à deux faces
Pile : prestige de la culture livresque
Le Maire est honoré d’avoir une bibliothèque
Le bibliothécaire bénéficie de ce prestige
La bibliothèque est respectée comme un monument
historique
Face : une distance symbolique
Malaise de l’élu : ce n’est pas son monde
30. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Ah ! Le numérique !
L’usure de la culture légitime
Nouveaux élus sans révérence culturelle
Pratique et culte de la modernité numérique
« Avec Internet ce n’est plus la peine d’aller à la bibliothèque »
La bibliothèque, lieu des vieilles pratiques
La désintermédiation généralisée
33. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Les représentations des bibliothécaires
Les tendances
D’après la littérature professionnelle, l’observation des
pratiques, les prescriptions de l’IGB
L‘évolution des pratiques et a divergence des visions
et mentalités
Une grille de positionnement
Le questionnaire en cours pour
« une revue professionnelle »
39. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Le temps merveilleux des médiathèques
L’introduction du terme « médiathèque », phénomène typiquement
français lancé à la fin des années 1990 par Michel Bouvy à
Cambrai, a été une opération réussie de marketing collectif.
Il a contribué à rénover, dépoussiérer l’image des bibliothèques.
Mais il reposait sur une illusion : que le mélange des supports et
des publics entraînerait celui des usages.
Les publics demeurent plus cloisonnés qu’on ne l’a voulu et le
dé »placement progressif des images et des sources
d’approvisionnement déconstruit pan par pan la médiathèque.
Dans l’univers numérique le mot « bibliothèque » retrouve d’ailleurs
des couleurs.
Nous sommes d’une certaine façon à la fin du cycle des
médiathèques, même si par ailleurs rien n’interdit de baptiser encire
de ce vocable des bibliothèques.
41. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Élus vus par bibliothécaires
Matériau : questionnaire anonyme
Pour Bibliothèque(s) n°71-72, décembre 2013
27 réponses
Exploitation qualitative et non quantitative
Prédominance de points de vue négatifs :
« Lâchez-vous ! »
Les extraits ci-après ont été
choisis à dessein parmi ceux
exprimant une critique ou une
distance.
43. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Quelles sont vos relations ?
« Je demande régulièrement à mon élu de nous voir . "A quoi bon, ce
que tu fais et propose est bien". Le problème est que si je décide
demain de me cantonner au strict minimum ce sera aussi très bien ».
« D'une manière générale, le "quant à soi" me paraît le 1er niveau
de relation : on s'observe un peu de loin. Sans aller jusqu'à parler de
méfiance réciproque, il y a toujours un a priori sur l'autre ».
« Sentiment d'être sous la férule du Maire, d'être dépendant à tout
instant d'une décision impromptue, totalement imprévisible, et
envahissante. »
« Leur hypocrisie, le côté « vitrine » qui prime sur tout le reste, leur
manque d’écoute pour des agents qui travaillent vraiment au service
de la population ».
44. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Quelles sont vos relations ?
« Certains élus souhaitent avec force construire une médiathèque
dans leur commune sans réel projet scientifique, culturel, éducatif et
social pour la structure et les habitants. Cela pose question quant à
l’avenir de tels équipements. »
« L'opacité des processus décisionnels; le fait qu'ils veulent le beurre
et l'argent du beurre, Le fait que la politique publique ne soit pas
clairement définie et que nulle part soient explicités les liens entre
les objectifs de cette politique et les moyens humains, financier, mais
aussi organisationnels pour mettre en place cette politique au niveau
des médiathèques ».
45. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Le besoin de reconnaissance
« Manque de connaissances des postes en général et des métiers
pouvant exister au sein d’une municipalité ».
« Une municipalité regroupe différents corps de métiers et nous
sommes tous indispensables. Au lieu de nous laisser expliquer en
quoi consiste notre métier de bibliothécaire avec ses multiples
tâches, eux vont garder à l’esprit bibliothécaire égal couverture de
livres et caissière ».
« Ils ne connaissent pas notre travail et le rayon d'action global
d'une médiathèque : culturel, social, éducationnel, sociétal, etc.
Nous sommes, pour nombre d'entre eux, des caissières culturelles
publiques payées à lire ».
« On a l’impression que la lecture publique est perçue plutôt comme
un "problème" (budgétaire…) et que la culture c’est surtout les
animations organisées par la ville, la part de la médiathèque à ce
niveau étant bien définie mais considérée comme de peu d’intérêt au
regard du reste ».
46. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Un regard sur les élus
« Ils ont forcément un côté clientéliste (au moins un peu), ils veulent
des beaux équipements qui font plein de choses mais que ne coûtent
pas cher, ils pensent à nous pour accueillir leurs pince-fesse ou
l’expo de leur ami Machin (la semaine prochaine), ils sont aux
ordres des associations… »
« Malgré le fait que la chose publique puisse rimer avec le service
public que nous proposons, il semblerait que l'idée de république qui
semblerait commune aux deux est parfois si loin de leurs
préoccupations que, parfois, on se demande... si on est fait pour se
comprendre. L'intérêt général devient différemment apprécié, dira-t-
on. »
50. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
L’électeur et l’usager
« L'élu est sur un positionnement politique sur la gestion de la
cité » ; « Là où le bibliothécaire réfléchit en terme de public, d'accès
à la culture pour tous, l'élu parle d'électeurs... Les deux discours ne
se rejoignent pas toujours »
« Le plus désagréable pour moi, ça a été de recevoir quelquefois le
coup de fil de l'élu (conseiller municipal ou directement le maire
dans une petite commune) suite à une rencontre avec un administré
qui n'avait pas compris/accepté une réponse faite par le service. Ce
mode de fonctionnement des habitants/électeurs (aller directement
au plus haut niveau) et la très grande écoute des élus est parfois
pesante, on ne se sent pas toujours suffisamment légitimé. »
51. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Qu’est-ce qu’une bibliothèque ?
« Il est difficile de « leur faire comprendre qu’une bibliothèque n’est
pas simplement un lieu où l’on stocke des livres »
« Pas grand-chose au total en matière de compréhension des enjeux.
La lecture publique est considérée comme une chose "à part" et ce
n’est que quand le lieu est utilisé en partenariat (crèches, écoles,
animations…) qu’il devient un peu intéressant. D’ailleurs la
meilleure image nous en est donnée par la venue des correspondants
de presse ».
« Les spécificités de notre métier ne sont pas reconnues, tout est
pour l’animation au détriment des collections qui passent
complètement au second plan »
« il est difficile de convaincre du bienfondé de poursuivre des actions
culturelles »
« Pour certains maires, il est très difficile de détacher l’activité
médiathèque de celle du loisir »
52. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Il est difficile de convaincre les élus…
« de ce qu’est véritablement une bibliothèque municipale, c’est-à-dire une
médiathèque 3ème lieu, avec différents types de supports (ou des contenus
dématérialisés), des services variés (travail avec les classes, les crèches,
les associations, les partenariats avec d’autres structures culturelles pour
de nombreuses animations) en plus des horaires de service public, et donc
les différents types de personnes que la bibliothèque touche (bébés,
élèves, chômeurs, personnes âgées) créant pas là-même du lien social,
intergénérationnel, mais aussi un « intérêt » général et un
épanouissement individuel
« qu’une bibliothèque du 21e siècle n’est plus ce qu’elle était quand ils
étaient petits. L’évolution de nos missions reste un grand mystère pour les
élus qui, devant l’inflation d’actions « hors champ du livre » se
raccrochent à une idée ancienne de la « lecture publique ». On s’en rend
compte dans les combats pour la création d’un fonds de DVD par
exemple, ou le recrutement d’un animateur multimédia, la mise en place
d’ateliers d’initiation à l’informatique, etc. »
57. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
A quoi servent les
bibliothèques ?
Les bibliothèques sont partout
Les bibliothèques participent à la
révolution numérique
Les bibliothèques contribuent à
l’égalité d’accès à la culture, à
l’information, aux loisirs
Les bibliothèques participent au
développement de la création, de la
recherche et de l’innovation
Les bibliothèques contribuent au
développement de la lecture et à la
formation tout au long de la vie
Les bibliothèques promeuvent,
recommandent, proposent des clés de
compréhension
Les bibliothèques contribuent à la
préservation du patrimoine intellectuel
et culturel
Les bibliothèques sont des lieux
d’expression et de débat
Les bibliothèques sont des espaces
publics
59. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Co-construction des politiques
publiques
Ce schéma vise à figurer les domaines respectifs des élus et des
professionnels.
Il propose deux partis pris :
• Il y a un recouvrement entre élus et professionnels, pour le bien
public. Les professionnels n’ont pas pour seul rôle d’appliquer les
politiques publique, ils peuvent contribuer à leur définition.
• Une certaine conception de l’action publique consiste à définir des
objectifs, à les réaliser, à évaluer et à considérer que toute ce qui
s’est passé et n’était pas prévu en particulier dans les pratiques du
public relève de la dérive, du détournement. Je pense au contraire
qu’il faut prendre en compte la réalité des pratiques, se réjouir des
surprises qu’elles procure, et s’en nourrir, pour autant qu’elles ne
sont pas contraires à l’intérêt public, pour reformuler les politiques
publiques. La prise de conscience de la bibliothèque comme espace
publoic, comme « troisième lieu », va tout à fait dans ce sens.
60. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Co-construction des politiques publiques
Un intéressant débat entre les stagiaires et avec moi a surgi à
propos du fait que la « vision » est attribuée dans ce schéma aux
élus.
J’ai invité les participants à proposer après coup des variantes de
ce schéma.
A titre personnel, je maintiens ce schéma par parti pris politique :
c’est aux élus de fixer les objectifs généraux. Si possible à partir
d’une vision qui n’est pas une illumination irrationnelle, mais une
stratégie reposant sur une prospective.
Cela ne veut pas dire que les professionnels n’ont aucune part à y
prendre : au contraire, ils peuvent (si on le veut bien) apporter une
contribution qui peut être très importante à la formulation de la
vision, à la définition des objectifs. C’est pourquoi je pourrais
compléter l’expression « Aide à la décision » par : « … et à la
vision ». Mais de droit, la légitimité de l’élu reste incontestable car
fondée sur le suffrage universel. Sinon, nous sommes dans la
technocratie (le pouvoir des spécialistes).
62. « L’élu, la bibliothèque et son image » / Dominique Lahary. Enssib,
Une représentation peut-elle changer ?
« Étudiant ce problème de variation de la représentation, Claude Flament,
d’accord avec Christian Guimelli, considère que sa transformation
s’effectue à partir de la modification des schèmes périphériques, avec
conservation du noyau central. »
« Il est cependant aussi concevable que les représentations se transforment
d’une manière radicale, provoquant une modification d’ensemble (noyaux
et schèmes périphériques), notamment sous la pression d’événements
importants, qu’il s’agisse de crises socioculturelles, de mutations
idéologiques ou d’accidents conjoncturels (famine, épidémie, guerre). »
Claude Mannoni, Les représentations sociale, PUF, Que sais-je ?, 1998-
2006