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28 - Entreprise & Carrières - n° 1388 du 4 au 10 juin 2018
LE COMITÉ SOCIAL
ET ÉCONOMIQUE (CSE) :
QUELS CHANGEMENTS ?
O
n ne présente
plus le CSE, issu
de l’ordonnance
n°2017-1386 du 22
septembre 2018, fusionnant le
comité d’entreprise (CE), les dé-
léguésdupersonnel(DP)etleco-
mité d’hygiène de sécurité et des
conditions de travail (CHSCT).
Si le législateur a repris pour
l’essentiel les règles applicables
à ces anciennes instances, des
modifications substantielles ont
cependant vu le jour. Retour sur
les principaux changements.
Des seuils de mise en place
plus difficiles à atteindre
On s’en souvient, pour la mise
en place des DP et du CE, les
seuils de 11 salariés et de 50 sa-
lariés devaient avoir été atteints
pendant 12 mois, consécutifs ou
non, au cours des trois années
précédentes. Ce n’est plus le
cas aujourd’hui. Dorénavant, le
seuil de 11 salariés applicable
pour la mise en place du CSE
doit avoir été atteint pendant
12 mois consécutifs. Il en ré-
sulte qu’une variation de seuil
ponctuelle à la baisse peut faire
repartir le compteur à zéro.
Des règles de fonctionne-
ment aménagées
Si le CSE est toujours présidé
par l’employeur, ce dernier peut
désormais se faire assister de
trois collaborateurs (contre
deux précédemment).
Àl’inverse,lenombredemembres
élus au total est réduit du fait de
la fusion des instances. A titre
d’exemple, dans les PME dont
l’effectifestcomprisentre75et99
salariés, le nombre de membres
titulaires (DP, CE et CHSCT) est
passé de 10 à 5 s’agissant des
membresd’élustitulairesauCSE.
Mêmechosedanslesgrandesen-
treprises dont l’effectif est com-
pris entre 1000 et 1249 salariés,
le nombre de membres titulaires
(DP, CE et CHSCT) est passé de
24 à 17. Les heures de délégation
des différentes instances cumu-
léessubissentlemêmetraitement
et se voient également réduites
avec le CSE.
Autre nouveauté, et pas des
moindres, seuls les membres ti-
tulaires sont désormais à même
de participer aux réunions du
CSE, les membres suppléants
n’y assistant qu’en l’absence des
titulaires qu’ils remplacent.
Un nombre de mandats
successifs plafonné
Autre changement important,
la réforme introduit un plafon-
nement du nombre de mandats
successifs des élus au CSE. En
effet, dans les entreprises d’au
moins 50 salariés, le nombre de
mandats successifs est désor-
mais limité à trois, sauf stipu-
lation contraire prévue dans le
protocole d’accord préélectoral
pour les entreprises comptant
entre 50 et 300 salariés. Les en-
treprises d’au moins 300 salariés
nepourrontdoncpasdérogeràla
limitationdunombredemandats
successifs.
Des attributions légère-
ment modifiées
Certains thèmes relevant des
consultations ponctuelles
ont été transférés au sein des
consultations générales, comme
cela est le cas de la modification
de l’organisation économique
ou juridique de l’entreprise.
Toutefois, le Code du travail ne
précise plus les situations visées
par cette dernière. Concerne-
t-elle toujours les fusions, les
cessions, les modifications im-
portantes des structures de pro-
duction de l’entreprise autrefois
visées par le Code du travail ?
Il reviendra au juge de trancher.
Une chose est sûre, le CSE n’est
plus consulté en cas de prise de
participation.
Une expertise remodelée
Ce sont les règles applicables à
l’expertise qui subissent le plus
de changement. En témoigne
l’extension de la règle du par-
tage des coûts de l’expertise
(20% à la charge du CSE, 80% à
la charge de l’employeur) appli-
cable à la consultation annuelle
sur les orientations stratégiques
à toutes les expertises que le
CSE est en droit de demander,
hormis celles pour lesquelles il
est prévu un financement inté-
gral de l’employeur.
Egalement, toute contestation
de l’employeur concernant l’ex-
pertise, son étendue, sa durée
ou le choix de l’expert devra
désormais être portée devant le
président du tribunal de grande
instance dans un délai fixé à 10
jours alors qu’aucun délai précis
n’était prévu auparavant.
Les changements liés à cette
refonte des instances représen-
tatives du personnel sont nom-
breux et pour certains encore
insoupçonnés... ♦
la chronique
juridique
d’avosial
Le syndicat des avocats
d’entreprise en droit social
Angéline Duffour,
avocat associé
Elise Farcy,
avocat à la Cour
Cabinet
Cohen Gresser
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