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BASES PHARMACOLOGIQUES DE
L’OPTIMISATION DESANTITUBERCULEUX
UV Pharmacologie-Toxicologie – DES Pharmacie
Avril 2018
Sylvain Goutelle
Objectifs pédagogiques
• Expliquer les spécificités de la pathologie tuberculeuse et de
son traitement
• Décrire le rôle de chaque antituberculeux de 1ère ligne dans
le traitement et leur toxicité limitante
• Citer les points-clés du traitement à optimiser
• Citer des antituberculeux utilisés dans la TB multi-résistante
• Expliquer les problèmes spécifiques posés par la TB multi-
résistante
• Expliquer les problèmes spécifiques posés par la co-infection
TB-VIH
• Expliquer les mécanismes et interactions majeures avec la
rifampicine
Bases pharmacologiques de l’optimisation
des antituberculeux
1/ La tuberculose
2/ Caractéristiques pharmacocinétiques et
pharmacodynamiques des principaux antituberculeux
3/ Méthodes d’étude de l’activité des antituberculeux
4/ Optimisation des traitements antituberculeux
• Directly Observed Therapy
• Suivi thérapeutique pharmacologique
• Co-infection tuberculose-VIH
• Tuberculose multi-résistante
• Interactions médicamenteuses
1/ La tuberculose
• Due principalement à Mycobacterium tuberculosis (BK)
• Primo-infection par voie aérienne (aérosols en provenance de
malades avec lésions bacillifères), souvent asymptomatique
• Réaction immunitaire: isolement de la lésion pulmonaire initiale
(granulome), mais persistance bactérienne très prolongée
• Notions de tuberculose latente et d’équilibre immunitaire
entre hôte et bactérie
• TB active
• Par réinfections chroniques (pays à forte prévalence)
• Par réactivation endogène à la faveur d’une baisse de l’immunité
• Sans traitement: 1 malade contagieux infectera 20 personnes
en 2 ans, et produira 2 cas de tuberculose active dont 1
contagieux
Rom & Garay (Ed).
Tuberculosis 2nd
edition. LWW 2004
Rom & Garay (Ed).
Tuberculosis 2nd
edition. LWW 2004
Epidémiologie
• 1.5 à 2 millions de décès par an
• 8 à 9 millions de nouveaux cas par an
• 1/3 de la population mondiale est infectée
• Co-infection TB-VIH dans 25 à 30% des cas
• 90% des cas dans les pays en développement
• En France
• Maladie à déclaration obligatoire
• 6000 nouveaux cas par an
• Décroissance continue de l’incidence de 1964 à 1997
• Stabilisation depuis liée à infection à VIH, conditions sociales
• Fortes disparités: incidence élevée dans les grandes villes,
(concentration de migrants, co-infection VIH, précarité)
WHO Global TB report 2015
• Image en iceberg de
l’épidémiologie de
l’infection tuberculeuse
• Incidence de la
tuberculose en Suisse
en fonction de l’âge et
de l’origine
Rom & Garay (Ed).
Tuberculosis 2nd edition.
LWW 2004
Principes du traitement de la tuberculose
• Objectif thérapeutique = guérison
• Disparition des signes cliniques et d’examen
• Absence de rechute après la fin du traitement = critère définitif
• Phase initiale de 2 mois = quadrithérapie
• Isoniazide (Rimifon®) 4-5 mg/kg/j => 300 mg chez adulte de 60 kg
• Rifampicine (Rifadine®) 10 mg/kg/j => 600 mg
• Pyrazinamide (Pirilene®) 20-25 mg/kg/j => 1500 mg
• Ethambutol (Myambutol®) 15-20 mg/kg/j => 1200 mg
• Phase de continuation de 4 mois = bithérapie
• Isoniazide (Rimifon) 4-5 mg/kg/j
• Rifampicine (Rifadine) 10 mg/kg/j
• Polythérapie obligatoire
• augmenter l’effet antibactérien: hétérogénéité des bacilles
• prévenir la sélection de bacilles résistants
Principes du traitement de la tuberculose
• Prise orale quotidienne, à jeûn
• Associations de principes actifs: Rifater®, Rifinah® (aide à
l’observance)
• Le traitement parfaitement conduit est théoriquement efficace
95% des cas (étude cliniques)
• Le taux de guérison effectif en routine clinique est inférieur ≈
65-80%
• L’observance est un facteur essentiel de réussite du
traitement et de prévention des résistances
• Politique coercitive de contrôle de l’observance dans les pays
à forte prévalence (programme DOT de l’OMS)
A short history of TB drugs
• Pre-streptomycin era: sulphones, nicotinamide, vitamin D…
• 1946: first RCT with streptomycin (SM) for TB
• 1952: Isoniazid (INH) as a highly potent agent
• 50’s – 60’s: combination therapy with INH, SM and PAS
• 60’s-70’s: modern short course chemotherapy
• Rifampicin and pyrazinamide as sterilizing agents
• Decreased treatment duration (18 => 9 => 6 months)
• Oral ethambutol replacing injectable SM
• Standard 6-month therapy (2 RHZE / 4RH): relapse rate as low as 5-
10% in RCT
• 80’s – 90’s – 2000’s : nothing new…
• 2012: bedaquiline (TMC207) approved for MDR-TB
• 2014: delamanid approved for MDR-TB
Figure adaptée de Rom & Garay (Ed). Tuberculosis 2nd edition. LWW 2004
Vitesse de
croissance
des bacilles
tuberculeux
Bacilles
extracellulaires
à croissance
continue
Bacilles à
croissance
intermittente
Bacilles dormants
non-multiplicatifs
Bacilles en milieu
acide (intra-
macrophagiques)
Isoniazide
Ethambutol
Rifampicine
Pyrazinamide
Rôle de chaque anti-TB dans la quadrithérapie
Mitchison. J Applied Bacteriol 1996
Mitchison. The Diagnosis and Therapy of Tuberculosis During the Past 100 Years. AJRCCM 2005
Rôle de chaque anti-TB
dans la quadrithérapie
Rôle des antituberculeux dans la quadrithérapie
de 1ère ligne
INH RIF PZA EMB
Activité
bactéricide
précoce (EBA)
+++ ++ 0 +
Activité
stérilisatrice
+ ++ ++ 0
Rôle
Réduit la
contagiosité
Antibacillaire
polyvalent
Stérilisateur
Protection
contre la
résistance
Enjeux actuels du traitement de la tuberculose
• Un traitement plus court de la TB sensible
• Pour améliorer l’observance
• Pour limiter les résistances
• Un traitement plus efficace de la tuberculose MDR
• Un traitement mieux toléré
• Moyens
• Nouveaux anti-TB
• Optimisation des anti-TB existants
• Nouveaux schémas combinant anciens et nouveau anti-TB
2/ Caractéristiques PK/PD des principaux
antituberculeux
Isoniazide
• Caractéristique cinétique: métabolisme par acétylation,
génétiquement déterminé
• Génotype/phénotype NAT2
• FF => fast acetylator (T1/2 = 1 à 2h)
• SF et SS => slow acetylateur (T1/2 = 3 à 6 h)
• Proportion variable selon race, environ 50/50 chez Caucasiens
• Recherche possible par phénotypage ou génotypage
• En théorie, 3 mg/kg chez ac. lent et 6 mg/kg chez ac. rapide,
mais peu appliqué
• Rôle :
• Action bactéricide initiale (EBA) la plus forte (bacilles réplicatifs) tue
95% des bacilles dans les crachats en 2 jours
• Réduction de la contagiosité
• Résistance primaire 1/106 bacilles
Concentration d’isoniazide (µg/ml)
Nombre
de
sujets
Histogramme des
concentrations
plasmatiques
d’isoniazide mesurées
6 heure après
l’ingestion d’une même
dose chez 267 sujets
Acétyleurs rapides
Acétyleurs lents
Adapté de Evans et al. BMJ 1960
Isoniazide
• Le génotype/phénotype d’acétylation
• Influence les concentrations
• Influence l’activité bactéricide précoce
• N’influence pas la réponse clinique si prise quotidienne
• Influence la réponse clinique si schéma intermittent
• Semble influencer la toxicité hépatique
• Intérêt d’une posologie adaptée au génotype pour
optimiser la sécurité ?
• FF: 7,5 mg/j
• SF: 5 mg/j
• SS: 2,5 mg/j
Ellard et al. Clin Pharmacol Ther 1976
Weiner et al. AJRCCM 2003
Kinzig-Shippers et al. AAC 2005
Isoniazide
Donal et al. AJRCCM 1997
Huang et al. Hepatology 2002
Rifampicine
• Famille des rifamycines
• Caractéristiques pharmacocinétiques
• Cinétique non-linéaire: AUC augmente plus vite que la dose
• Absorption orale très variable
• Métabolisme hépatique important, demi-vie = 2 à 5h
• Inducteur enzymatique très puissant (CYP450, P-gp)
• Autoinduction: réduction de l’exposition de 40% après 2 semaines
• Multiples interactions (antirétroviraux, azolés, anticoagulants…)
• Rôle : activité bactéricide polyvalente, action sur les bacilles
multiplicatifs et persistants: pierre angulaire du traitement
• Historiquement: réduction du traitement de 18 à 9 mois
• Résistance primaire 1/108 bacilles
Rifampicine
• Posologie OMS adulte: 10 mg/kg – max 600 mg/j
• Faible rationnel scientifique
• Au bas de la courbe dose-effet
• Essais en cours de doses plus fortes
• Dosage sanguin et ↑ dose si réponse insuffisante
Clin Infect Dis 2011
Boeree et al. AJRCCM 2015
Rifampicine
Boeree et al. Lancet Infect Dis 2017
Rifampicine
Pyrazinamide
• Cinétique sans particularité, T1/2 = 10h
• Prodrogue transformée en acide pyrazinoïque (POA) dans le
corps bactérien
• Activité conditionnée par pH acide
• Activité unique sur le bacille tuberculeux du fait d’un efflux
défectif du POA
• Rôle: activité stérilisatrice spécifique in vivo, rôle dans la
prévention des rechutes
• Peu ou pas actif in vitro
• Historiquement: raccourcissement du traitement de 9 à 6 mois
Rom & Garay (Ed). Tuberculosis 2nd edition. LWW 2004
Ethambutol
• Cinétique: élimination par le rein sous forme active,
posologie à adapter à la fonction rénale (clairance
créatinine)
• Clairance créatinine > 100 ml/min: dose pleine
• ClCr entre 70 et 100 ml/min: 75% de la dose
• ClCr < 70 ml/min: 50% de la dose
• Agent bactériostatique
• Rôle dans la quadrithérapie: prévenir la sélection de
mutants résistants à RIF en cas de résistance initiale à
INH
Effets indésirables et toxicité
• Isoniazide
• Hépatoxicité ++, surtout avec PZA et chez acétyleurs lents
• Neuropathie par déficit induit en vitamine B6: intérêt d’une
supplémentation chez dénutri, VIH+, sujet âgé, grossesse
• CI: insuffisance hépatique sévère
• Rifampicine
• Toxicité hépatique +
• Coloration des sécrétions (larmes, urines…)
• Réactions immuno-allergiques : rash cutané, syndrome pseudo-
grippal (favorisé par la prise irrégulière), néphropathie tubulo-
interstitielle, DRESS…
• CI: porphyrie
Effets indésirables et toxicité
• Pyrazinamide
• Hépatotoxicité +++
• Hyperuricémie, arthralgie et crise de goutte
• CI: insuffisance hépatique, hyperuricémie
• Ethambutol
• Neurotoxicité dose-dépendante
• Atteintes en particulier oculaire: névrite optique rétrobulbaire
• CI: névrite optique pré-existante
La toxicité oculaire de l’éthambutol est dose-dépendante
Donald et al. Int J Tuberc Lung Dis 2006
Effets indésirables et toxicité
Initial S2 S4 S6 S8
Bilan
hépatique
X X X X X
Uricémie X Si
anomalie
Créatininémie X
Fond d’oeil Au cours du 1er mois et si anomalie
CAT en cas de toxicité hépatique (transaminases 6N)
- Stop isoniazide + pyrazinamide
- Contrôle de la normalisation
- Réintroduction à dose réduite et sous surveillance
3/ Méthodes d’études de l’activité des
antituberculeux
Etudes pré-cliniques
• En pré-clinique, l’activité des antituberculeux est étudiée sur
différents systèmes expérimentaux
• Cultures de BK en milieu solide ou liquide: CMI, croissance, cinétique
de bactéricidie
• Système de fibres creuses (hollow-fiber system) : exposition d’un
inoculum à des concentrations variables en anti-TB
• Modèle cellulaires (macrophages) : croissance et bactéricidie
intracellulaire
• In vivo chez l’animal: souris, lapin, cobaye, primate = modèle de
tuberculose
• Aucun modèle n’est parfaitement prédictif de la réponse
clinique: surestimation de l’activité in vivo
Gumbo et al. J Infect Dis 2007
Sytème de fibres creuses (HFS)
Le système de pompe permet de reproduire la cinétique
des médicaments
Modèles animaux de la tuberculose
Caractéristique Souris Lapin Cobaye Primate
Immunité
cellulaire
++ - ++ -
Lésions
caverneuses
+ +++ ++ +++
Développement
de la maladie
Confluence de
granulomes
conduisant à la
mort
Dissémination
hématogène
Destruction
pulmonaire du
fait des lésions
caverneuses
Guérison
fréquente
Persistance de
lésions
pulmonaires
Dissémination
hématogène
Destruction
pulmonaire du fait
des lésions
caverneuses
Coût + + ++ +++
Jayaram et al. AAC 2004
Effet bactéricide de
l’isoniazide avec
différents modèles
expérimentaux, après 4 à 6
jours d’exposition
On note l’effet bactéricide
bien supérieur in vitro en
culture
Cultures
Souris
Macrophages infectés
Effet bactéricide de la
rifampicine dans différents
modèles expérimentaux,
après 4 à 6 jours
d’exposition
On note l’effet bactéricide
bien supérieur à celui de INH
chez l’animal et en
conditions intracellulaires
Jayaram et al. AAC 2003
Cultures
Souris
Macrophages
infectés
Rom & Garay (Ed).
Tuberculosis 2nd
edition. LWW 2004
Etudes cliniques
• Critères intermédiaires
• Absence ou présence dans les crachats (BAAR +/-)
• Dénombrement des BK viables dans les crachats par culture au
cours des premiers jours de traitement = Early bactericidal activity
• Culture à 2 mois : corrélation avec la réponse clinique
• Critères cliniques terminaux = guérison
• Disparitions des signes cliniques, biologiques
• Absence de rechute (activité dite stérilisatrice des antituberculeux)
• Difficultés – limites
• Amélioration clinique rapide sous traitement mais rechute si arrêt
• Pas de critères intermédiaires parfaitement corrélé à la rechute
Mitchison. J Applied Bacteriol 1996
L’activité bactéricide initiale des principaux antituberculeux (EBA) est
dose-dépendante
Les doses de rifamycines actuellement employée sont loin des doses
maximales efficaces selon les courbes effet/dose
Mitchison. Am J Resp Crit Care Med 2005
Relation entre négativation des cultures à 2 mois et taux de rechute
dans les essais historiques d’addition d’un nouvel anti-TB
(E = ethambutol, Z = pyrazinamide, R = rifampicine)
Wallis et al. Lancet Infect Dis 2009
4. Optimisation du traitement antituberculeux
• La réussite du traitement est conditionnée par
• L’observance
• La résistance aux anti-TB
• Le défaut d’observance conduit à des rechutes, donc à
une dissémination évitable de la maladie et au
développement de souches résistantes
• Les obstacles principaux à l’observance
• La durée du traitement
• Les effets indésirables
• Facteurs socio-économiques: niveau scolaire, habitat, hygiène
Directly-Observed Therapy (DOT)
• Contrôle systématique la prise du traitement anti-TB par
un tiers
• Méthode prônée par l’OMS dans les pays à forte
prévalence
• Résultats des études DOT vs non-DOT discordants
• Mais stratégie globale de l’OMS efficace dans
l’augmentation de la détection des cas et la réduction
globale de la mortalité
Relation entre observance, taux d’échec et de résistance secondaire du
traitement antituberculeux
Adapté de Burman et al. Chest 1997
Tuberculose
active
Guérison
Guérison
Rechute
Rechute
Bacilles sensibles
Bacilles sensibles
Bacilles résistants (MDR)
Bacilles résistants (MDR)
Observance
contrôlée
(DOT)
Observance
non-contrôlée
Suivi thérapeutique pharmacologique
• Des données croissantes montrent une relation entre
exposition aux anti-TB (INH, PZA, RIF) et réponse au
traitement
• Sous-exposition augmente le risque de non-réponse
• Intérêt potentiel du STP pour adapter les posologies
• Le STP n’est pas recommandé en routine et il est
techniquement inapplicable dans les pays émergents
• En occident, le STP semble utile en cas de persistance des
symptômes ou une biologie positive (crachats/cultures)
après 1-2 mois
AUC de la rifabutine chez des patients guéris versus en échec +
résistance acquise aux rifamycines
Sujets VIH+, traitement avec rifabutine + INH x2/sem
Weiner et al. Clin Infect Dis 2005
Suivi thérapeutique pharmacologique
Valeur seuil de Cmax associées à la
réponse microbiologique pour PZA,
RIF et INH
Pasipanodya et al. JID 2013
Pasipanodya et al. JID 2013
Valeur seuil d’AUC associées à la
réponse clinique pour PZA, RIF et INH
Suivi thérapeutique pharmacologique
• Pyrazinamide: données récentes
• Importance de l’exposition au PZA dans la réponse à la quadrithérapie
• Nécessité d’augmenter la dose pour atteindre une exposition optimale
• Vers une augmentation des doses ?
• Vers des dosages sanguins systématiques ?
Chideya et al. Clin Infect Dis 2009 225 patients Bostwana
Seuil Cmax PZA 35 mg/L, Risk-ratio poor outcome: 3.4 (1.8 – 6.4)
Tuberculose multirésistante
• Définition MDR (multi-drug resistance): résistance combinée
à au moins INH + RIF
• Facteurs de risque
• Traitement antérieur (rechute, abandon, échec)
• Co-infection TB-VIH
• Zone de forte prévalence
• 20% des souches de M. tuberculosis isolées en clinique sont
MDR mais fortes disparités géographiques (≈ 0,5 à 1% en
France)
• > 400 000 cas / an estimés de tuberculose MDR
• Extension de la résistance: souche XDR (extensively drug-
resistant) depuis 2006
Treatment of tuberculosis. WHO
Guidelines 2009
Tuberculose multirésistante
• Utilisation d’au moins 4 molécules d’efficacité certaine (tests de
sensibilité)
• 1 agent de première ligne supposé actif (pyrazinamide, ethambutol,
rifabutine)
• 1 aminoside injectable (amikacine, kanamycine, streptomycine)
• 1 fluoroquinolone (levofloxacine, moxifloxacine, ofloxacine)
• 1 molécule de seconde ligne per os: PAS (acide para-aminosalicylique),
cyclosérine, thioamide
• Le traitement d’une tuberculose multi-résistante est plus long
(18 mois – 2 ans), plus toxique et plus coûteux
• L’observance est capitale
• Nouveau médicament: bédaquiline Sirturo® (TMC 207), 1er
antituberculeux depuis 40 ans, approuvé par la FDA fin 2012
Tuberculose multirésistante
Tuberculose multirésistante
Treatment of
tuberculosis. WHO
Guidelines 2009
Tuberculose multirésistante
Antituberculeux utilisés dans
la TB MDR
Toxicité limitante
Aminosides, capréomycine Néphrotoxicité, ototoxicité
Fluoroquinolones Allongement du QT, atteintes tendineuses,
troubles neuro-psychiques
Cyclosérine Dépression, troubles psychotiques
Linézolide Neuropathies, troubles hématologiques
Thioamides, PAS Troubles digestifs +++
Bédaquiline Allongement du QT, toxicité hépatique
Clofazimine Décoloration cutanée
Co-infection tuberculose-VIH
• En 2009 en France, 12% des nouveaux cas de TB et >20%
des décès
• Le risque d’une infection par Mycobacterium tuberculosis est
multiplié par 7 chez les sujets VIH+
• Une des infections opportunistes les plus fréquentes chez VIH+
• La quadrithérapie de 6 mois reste le traitement de référence
• Risque d’aggravation paradoxale des signes de la
tuberculose (fréquence 7 à 36%) lié au phénomène de
restauration immunitaire (IRIS) après l’instauration des anti-TB
• Problèmes thérapeutiques
• Interactions médicamenteuses (rifampicine + IP, INNTI, INI)
• Intolérance fréquente (troubles digestifs +++)
• Risque accru de résistance
Co-infection tuberculose-VIH
• Les associations RIF + IP sont contre-indiquées car la
rifampicine diminue les concentrations des antirétroviraux
• Associations RIF + INNTI contre-indiquées sauf efavirenz à
dose augmentée
• La trithérapie emtricitabine + tenofovir + efavirenz a montré
une bonne efficacité et tolérance
• La rifabutine (ANSATIPINE®) est l’alternative de premier
choix à la rifampicine mais interactions réciproques avec IP
• Effet inducteur de la rifabutine sur IP
• Effet inhibiteur des IP, surtout si boosté par le ritonavir => ↑
concentrations de la rifabutine
• Posologie à adapter et dosages plasmatiques rifabutine et IP
recommandé
Gestion des interactions médicamenteuses
• Le problème des interactions vient essentiellement de la
rifampicine: puissant inducteur des cytochromes
(CYP3A4+++, 2C9, 2C19) et de la P-gP
• Diminution des concentrations des substrats parfois
considérable
• Anticiper les IAM
• Considérer les IAM potentielles à l’instauration des anti-TB:
médicaments des affections chroniques cardio-vasculaires, VIH,
immunosuppresseurs
• Considérer les IAM pour les médicaments introduits au cours du
traitement: antibiotiques, antifongiques
• Anticiper les conséquences de l’arrêt de la RIF sur les traitements
chroniques
Gestion des interactions médicamenteuses
www.ddi-predictor.org
La rifampicine est un inducteur puissant de la plupart des cytochromes P450
La puissance d’induction varie selon les CYP
Interactions médicamenteuses liées à la rifampicine
Zopiclone 10 mg
Simvastatine
40 mg
La rifampicine réduit
considérablement la concentration
de certains médicaments en cas
d’administration concomitante
Niemi et al. Clin Pharmacokinet 2003
Nifedipine 20 mg
Interactions médicamenteuses liées à la rifampicine
Concentrations de
vérapamil mesurées
avant (J4) pendant (J8-
J16) et après (J19-J24)
l’administration de
rifampicine
Niemi et al. Clin Pharmacokinet 2003
Rifampicine
Interactions médicamenteuses liées à la rifampicine
La diminution de l’exposition liée à l’effet inducteur peut être très importante par
voie orale en cas de premier passage important (métabolisme intestinal + foie)
Niemi et al. Clin Pharmacokinet 2003
Médicaments dont l’effet est potentiellement
annulé par la rifampicine
Médicament Effet de la rifampicine Commentaire
Azolés (kétoconazole,
itraconazole, voriconazole)
↓ AUC > 80% A éviter ou augmenter
considérablement la posologie
Quinine ↓ AUC = 83% A éviter ou augmenter
considérablement la posologie
Nifédipine PO ↓ AUC = 92% Utiliser un autre produit
Vérapamil ↓ AUC > 90% Utiliser un autre produit
Simvastatine ↓ AUC = 87% Contre-indication
Alternative = pravastatine
Contraceptifs oraux ↓ AUC ethinylestradiol = 66% Utiliser une autre méthode
contraceptive
Tamoxifène ↓ AUC = 86% A éviter ou augmenter
considérablement la posologie
Alprazolam (midazolam,
triazolam)
↓ AUC > 90% Utiliser un autre produit
Buspirone ↓ AUC = 90% Utiliser un autre produit
Antiprotéases Variable, ↓ AUC 50% à 90% Contre-indication
Adapté de Niemi et al. Clin Pharmacokinet 2003
Médicaments à marge étroite interagissant
avec la rifampicine
Médicament Effet de la rifampicine Commentaire
Méthadone ↓ concentration 33 à 66 %,
syndrome de sevrage
Augmenter les posologies selon
réponse clinique
Phénytoine IV ↑ CL 109% Dosage sanguin, ↑ posologie en
fonction
Valproate ↑ CL 40% Dosage sanguin, ↑ posologie en
fonction
Warfarin PO ↓ concentrations et TP > 50% Surveillance accrue de l’INR ↑
posologies en fonction puis ↓ à
l’arrêt de RIF
Digoxine PO ↓ AUC = 30% Dosage sanguin, ↑ posologie en
fonction
Ciclosporine, tacrolimus,
sirolimus, évérolimus
↓ AUC = 70% (C), 82% (T), 68%
(S), 63% (E)
Dosage sanguin, ↑ posologie en
fonction
Adapté de Niemi et al. Clin Pharmacokinet 2003
Points-clés
• Le traitement antituberculeux est long, difficile et de tolérance
médiocre
• La résistance aux médicaments progresse
• La réduction de la durée du traitement est un objectif capital
de la recherche (nouveaux agents, optimisation PK/PD)
• Les modèles pré-cliniques sont insuffisamment prédictifs
• L’observance est essentielle dans la réussite du traitement la
prévention des résistances et de la contagion
• L’optimisation pratique du traitement doit viser à
• Faciliter/Contrôler l’observance: associations à doses fixes, DOT
• Surveiller et prévenir les EI: supplémentation en vitamine B6 /
neuropathie à l’INH, bilan hépatique et ophtalmo
• Eviter les sous-dosages: STP dans certains cas
• Prévenir et gérer les interactions médicamenteuses liées à la
rifampicine

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  • 1. BASES PHARMACOLOGIQUES DE L’OPTIMISATION DESANTITUBERCULEUX UV Pharmacologie-Toxicologie – DES Pharmacie Avril 2018 Sylvain Goutelle
  • 2. Objectifs pédagogiques • Expliquer les spécificités de la pathologie tuberculeuse et de son traitement • Décrire le rôle de chaque antituberculeux de 1ère ligne dans le traitement et leur toxicité limitante • Citer les points-clés du traitement à optimiser • Citer des antituberculeux utilisés dans la TB multi-résistante • Expliquer les problèmes spécifiques posés par la TB multi- résistante • Expliquer les problèmes spécifiques posés par la co-infection TB-VIH • Expliquer les mécanismes et interactions majeures avec la rifampicine
  • 3. Bases pharmacologiques de l’optimisation des antituberculeux 1/ La tuberculose 2/ Caractéristiques pharmacocinétiques et pharmacodynamiques des principaux antituberculeux 3/ Méthodes d’étude de l’activité des antituberculeux 4/ Optimisation des traitements antituberculeux • Directly Observed Therapy • Suivi thérapeutique pharmacologique • Co-infection tuberculose-VIH • Tuberculose multi-résistante • Interactions médicamenteuses
  • 4. 1/ La tuberculose • Due principalement à Mycobacterium tuberculosis (BK) • Primo-infection par voie aérienne (aérosols en provenance de malades avec lésions bacillifères), souvent asymptomatique • Réaction immunitaire: isolement de la lésion pulmonaire initiale (granulome), mais persistance bactérienne très prolongée • Notions de tuberculose latente et d’équilibre immunitaire entre hôte et bactérie • TB active • Par réinfections chroniques (pays à forte prévalence) • Par réactivation endogène à la faveur d’une baisse de l’immunité • Sans traitement: 1 malade contagieux infectera 20 personnes en 2 ans, et produira 2 cas de tuberculose active dont 1 contagieux
  • 5. Rom & Garay (Ed). Tuberculosis 2nd edition. LWW 2004
  • 6. Rom & Garay (Ed). Tuberculosis 2nd edition. LWW 2004
  • 7. Epidémiologie • 1.5 à 2 millions de décès par an • 8 à 9 millions de nouveaux cas par an • 1/3 de la population mondiale est infectée • Co-infection TB-VIH dans 25 à 30% des cas • 90% des cas dans les pays en développement • En France • Maladie à déclaration obligatoire • 6000 nouveaux cas par an • Décroissance continue de l’incidence de 1964 à 1997 • Stabilisation depuis liée à infection à VIH, conditions sociales • Fortes disparités: incidence élevée dans les grandes villes, (concentration de migrants, co-infection VIH, précarité)
  • 8. WHO Global TB report 2015
  • 9. • Image en iceberg de l’épidémiologie de l’infection tuberculeuse • Incidence de la tuberculose en Suisse en fonction de l’âge et de l’origine Rom & Garay (Ed). Tuberculosis 2nd edition. LWW 2004
  • 10. Principes du traitement de la tuberculose • Objectif thérapeutique = guérison • Disparition des signes cliniques et d’examen • Absence de rechute après la fin du traitement = critère définitif • Phase initiale de 2 mois = quadrithérapie • Isoniazide (Rimifon®) 4-5 mg/kg/j => 300 mg chez adulte de 60 kg • Rifampicine (Rifadine®) 10 mg/kg/j => 600 mg • Pyrazinamide (Pirilene®) 20-25 mg/kg/j => 1500 mg • Ethambutol (Myambutol®) 15-20 mg/kg/j => 1200 mg • Phase de continuation de 4 mois = bithérapie • Isoniazide (Rimifon) 4-5 mg/kg/j • Rifampicine (Rifadine) 10 mg/kg/j • Polythérapie obligatoire • augmenter l’effet antibactérien: hétérogénéité des bacilles • prévenir la sélection de bacilles résistants
  • 11. Principes du traitement de la tuberculose • Prise orale quotidienne, à jeûn • Associations de principes actifs: Rifater®, Rifinah® (aide à l’observance) • Le traitement parfaitement conduit est théoriquement efficace 95% des cas (étude cliniques) • Le taux de guérison effectif en routine clinique est inférieur ≈ 65-80% • L’observance est un facteur essentiel de réussite du traitement et de prévention des résistances • Politique coercitive de contrôle de l’observance dans les pays à forte prévalence (programme DOT de l’OMS)
  • 12. A short history of TB drugs • Pre-streptomycin era: sulphones, nicotinamide, vitamin D… • 1946: first RCT with streptomycin (SM) for TB • 1952: Isoniazid (INH) as a highly potent agent • 50’s – 60’s: combination therapy with INH, SM and PAS • 60’s-70’s: modern short course chemotherapy • Rifampicin and pyrazinamide as sterilizing agents • Decreased treatment duration (18 => 9 => 6 months) • Oral ethambutol replacing injectable SM • Standard 6-month therapy (2 RHZE / 4RH): relapse rate as low as 5- 10% in RCT • 80’s – 90’s – 2000’s : nothing new… • 2012: bedaquiline (TMC207) approved for MDR-TB • 2014: delamanid approved for MDR-TB
  • 13. Figure adaptée de Rom & Garay (Ed). Tuberculosis 2nd edition. LWW 2004 Vitesse de croissance des bacilles tuberculeux Bacilles extracellulaires à croissance continue Bacilles à croissance intermittente Bacilles dormants non-multiplicatifs Bacilles en milieu acide (intra- macrophagiques) Isoniazide Ethambutol Rifampicine Pyrazinamide Rôle de chaque anti-TB dans la quadrithérapie
  • 14. Mitchison. J Applied Bacteriol 1996 Mitchison. The Diagnosis and Therapy of Tuberculosis During the Past 100 Years. AJRCCM 2005 Rôle de chaque anti-TB dans la quadrithérapie
  • 15. Rôle des antituberculeux dans la quadrithérapie de 1ère ligne INH RIF PZA EMB Activité bactéricide précoce (EBA) +++ ++ 0 + Activité stérilisatrice + ++ ++ 0 Rôle Réduit la contagiosité Antibacillaire polyvalent Stérilisateur Protection contre la résistance
  • 16. Enjeux actuels du traitement de la tuberculose • Un traitement plus court de la TB sensible • Pour améliorer l’observance • Pour limiter les résistances • Un traitement plus efficace de la tuberculose MDR • Un traitement mieux toléré • Moyens • Nouveaux anti-TB • Optimisation des anti-TB existants • Nouveaux schémas combinant anciens et nouveau anti-TB
  • 17. 2/ Caractéristiques PK/PD des principaux antituberculeux
  • 18. Isoniazide • Caractéristique cinétique: métabolisme par acétylation, génétiquement déterminé • Génotype/phénotype NAT2 • FF => fast acetylator (T1/2 = 1 à 2h) • SF et SS => slow acetylateur (T1/2 = 3 à 6 h) • Proportion variable selon race, environ 50/50 chez Caucasiens • Recherche possible par phénotypage ou génotypage • En théorie, 3 mg/kg chez ac. lent et 6 mg/kg chez ac. rapide, mais peu appliqué • Rôle : • Action bactéricide initiale (EBA) la plus forte (bacilles réplicatifs) tue 95% des bacilles dans les crachats en 2 jours • Réduction de la contagiosité • Résistance primaire 1/106 bacilles
  • 19. Concentration d’isoniazide (µg/ml) Nombre de sujets Histogramme des concentrations plasmatiques d’isoniazide mesurées 6 heure après l’ingestion d’une même dose chez 267 sujets Acétyleurs rapides Acétyleurs lents Adapté de Evans et al. BMJ 1960
  • 20. Isoniazide • Le génotype/phénotype d’acétylation • Influence les concentrations • Influence l’activité bactéricide précoce • N’influence pas la réponse clinique si prise quotidienne • Influence la réponse clinique si schéma intermittent • Semble influencer la toxicité hépatique • Intérêt d’une posologie adaptée au génotype pour optimiser la sécurité ? • FF: 7,5 mg/j • SF: 5 mg/j • SS: 2,5 mg/j Ellard et al. Clin Pharmacol Ther 1976 Weiner et al. AJRCCM 2003 Kinzig-Shippers et al. AAC 2005
  • 21. Isoniazide Donal et al. AJRCCM 1997 Huang et al. Hepatology 2002
  • 22. Rifampicine • Famille des rifamycines • Caractéristiques pharmacocinétiques • Cinétique non-linéaire: AUC augmente plus vite que la dose • Absorption orale très variable • Métabolisme hépatique important, demi-vie = 2 à 5h • Inducteur enzymatique très puissant (CYP450, P-gp) • Autoinduction: réduction de l’exposition de 40% après 2 semaines • Multiples interactions (antirétroviraux, azolés, anticoagulants…) • Rôle : activité bactéricide polyvalente, action sur les bacilles multiplicatifs et persistants: pierre angulaire du traitement • Historiquement: réduction du traitement de 18 à 9 mois • Résistance primaire 1/108 bacilles
  • 23. Rifampicine • Posologie OMS adulte: 10 mg/kg – max 600 mg/j • Faible rationnel scientifique • Au bas de la courbe dose-effet • Essais en cours de doses plus fortes • Dosage sanguin et ↑ dose si réponse insuffisante Clin Infect Dis 2011
  • 24. Boeree et al. AJRCCM 2015 Rifampicine
  • 25. Boeree et al. Lancet Infect Dis 2017 Rifampicine
  • 26. Pyrazinamide • Cinétique sans particularité, T1/2 = 10h • Prodrogue transformée en acide pyrazinoïque (POA) dans le corps bactérien • Activité conditionnée par pH acide • Activité unique sur le bacille tuberculeux du fait d’un efflux défectif du POA • Rôle: activité stérilisatrice spécifique in vivo, rôle dans la prévention des rechutes • Peu ou pas actif in vitro • Historiquement: raccourcissement du traitement de 9 à 6 mois
  • 27. Rom & Garay (Ed). Tuberculosis 2nd edition. LWW 2004
  • 28. Ethambutol • Cinétique: élimination par le rein sous forme active, posologie à adapter à la fonction rénale (clairance créatinine) • Clairance créatinine > 100 ml/min: dose pleine • ClCr entre 70 et 100 ml/min: 75% de la dose • ClCr < 70 ml/min: 50% de la dose • Agent bactériostatique • Rôle dans la quadrithérapie: prévenir la sélection de mutants résistants à RIF en cas de résistance initiale à INH
  • 29. Effets indésirables et toxicité • Isoniazide • Hépatoxicité ++, surtout avec PZA et chez acétyleurs lents • Neuropathie par déficit induit en vitamine B6: intérêt d’une supplémentation chez dénutri, VIH+, sujet âgé, grossesse • CI: insuffisance hépatique sévère • Rifampicine • Toxicité hépatique + • Coloration des sécrétions (larmes, urines…) • Réactions immuno-allergiques : rash cutané, syndrome pseudo- grippal (favorisé par la prise irrégulière), néphropathie tubulo- interstitielle, DRESS… • CI: porphyrie
  • 30. Effets indésirables et toxicité • Pyrazinamide • Hépatotoxicité +++ • Hyperuricémie, arthralgie et crise de goutte • CI: insuffisance hépatique, hyperuricémie • Ethambutol • Neurotoxicité dose-dépendante • Atteintes en particulier oculaire: névrite optique rétrobulbaire • CI: névrite optique pré-existante
  • 31. La toxicité oculaire de l’éthambutol est dose-dépendante Donald et al. Int J Tuberc Lung Dis 2006
  • 32. Effets indésirables et toxicité Initial S2 S4 S6 S8 Bilan hépatique X X X X X Uricémie X Si anomalie Créatininémie X Fond d’oeil Au cours du 1er mois et si anomalie CAT en cas de toxicité hépatique (transaminases 6N) - Stop isoniazide + pyrazinamide - Contrôle de la normalisation - Réintroduction à dose réduite et sous surveillance
  • 33. 3/ Méthodes d’études de l’activité des antituberculeux
  • 34. Etudes pré-cliniques • En pré-clinique, l’activité des antituberculeux est étudiée sur différents systèmes expérimentaux • Cultures de BK en milieu solide ou liquide: CMI, croissance, cinétique de bactéricidie • Système de fibres creuses (hollow-fiber system) : exposition d’un inoculum à des concentrations variables en anti-TB • Modèle cellulaires (macrophages) : croissance et bactéricidie intracellulaire • In vivo chez l’animal: souris, lapin, cobaye, primate = modèle de tuberculose • Aucun modèle n’est parfaitement prédictif de la réponse clinique: surestimation de l’activité in vivo
  • 35. Gumbo et al. J Infect Dis 2007 Sytème de fibres creuses (HFS) Le système de pompe permet de reproduire la cinétique des médicaments
  • 36. Modèles animaux de la tuberculose Caractéristique Souris Lapin Cobaye Primate Immunité cellulaire ++ - ++ - Lésions caverneuses + +++ ++ +++ Développement de la maladie Confluence de granulomes conduisant à la mort Dissémination hématogène Destruction pulmonaire du fait des lésions caverneuses Guérison fréquente Persistance de lésions pulmonaires Dissémination hématogène Destruction pulmonaire du fait des lésions caverneuses Coût + + ++ +++
  • 37. Jayaram et al. AAC 2004 Effet bactéricide de l’isoniazide avec différents modèles expérimentaux, après 4 à 6 jours d’exposition On note l’effet bactéricide bien supérieur in vitro en culture Cultures Souris Macrophages infectés
  • 38. Effet bactéricide de la rifampicine dans différents modèles expérimentaux, après 4 à 6 jours d’exposition On note l’effet bactéricide bien supérieur à celui de INH chez l’animal et en conditions intracellulaires Jayaram et al. AAC 2003 Cultures Souris Macrophages infectés
  • 39. Rom & Garay (Ed). Tuberculosis 2nd edition. LWW 2004
  • 40. Etudes cliniques • Critères intermédiaires • Absence ou présence dans les crachats (BAAR +/-) • Dénombrement des BK viables dans les crachats par culture au cours des premiers jours de traitement = Early bactericidal activity • Culture à 2 mois : corrélation avec la réponse clinique • Critères cliniques terminaux = guérison • Disparitions des signes cliniques, biologiques • Absence de rechute (activité dite stérilisatrice des antituberculeux) • Difficultés – limites • Amélioration clinique rapide sous traitement mais rechute si arrêt • Pas de critères intermédiaires parfaitement corrélé à la rechute
  • 41. Mitchison. J Applied Bacteriol 1996
  • 42. L’activité bactéricide initiale des principaux antituberculeux (EBA) est dose-dépendante Les doses de rifamycines actuellement employée sont loin des doses maximales efficaces selon les courbes effet/dose Mitchison. Am J Resp Crit Care Med 2005
  • 43. Relation entre négativation des cultures à 2 mois et taux de rechute dans les essais historiques d’addition d’un nouvel anti-TB (E = ethambutol, Z = pyrazinamide, R = rifampicine) Wallis et al. Lancet Infect Dis 2009
  • 44. 4. Optimisation du traitement antituberculeux • La réussite du traitement est conditionnée par • L’observance • La résistance aux anti-TB • Le défaut d’observance conduit à des rechutes, donc à une dissémination évitable de la maladie et au développement de souches résistantes • Les obstacles principaux à l’observance • La durée du traitement • Les effets indésirables • Facteurs socio-économiques: niveau scolaire, habitat, hygiène
  • 45. Directly-Observed Therapy (DOT) • Contrôle systématique la prise du traitement anti-TB par un tiers • Méthode prônée par l’OMS dans les pays à forte prévalence • Résultats des études DOT vs non-DOT discordants • Mais stratégie globale de l’OMS efficace dans l’augmentation de la détection des cas et la réduction globale de la mortalité
  • 46. Relation entre observance, taux d’échec et de résistance secondaire du traitement antituberculeux Adapté de Burman et al. Chest 1997 Tuberculose active Guérison Guérison Rechute Rechute Bacilles sensibles Bacilles sensibles Bacilles résistants (MDR) Bacilles résistants (MDR) Observance contrôlée (DOT) Observance non-contrôlée
  • 47. Suivi thérapeutique pharmacologique • Des données croissantes montrent une relation entre exposition aux anti-TB (INH, PZA, RIF) et réponse au traitement • Sous-exposition augmente le risque de non-réponse • Intérêt potentiel du STP pour adapter les posologies • Le STP n’est pas recommandé en routine et il est techniquement inapplicable dans les pays émergents • En occident, le STP semble utile en cas de persistance des symptômes ou une biologie positive (crachats/cultures) après 1-2 mois
  • 48. AUC de la rifabutine chez des patients guéris versus en échec + résistance acquise aux rifamycines Sujets VIH+, traitement avec rifabutine + INH x2/sem Weiner et al. Clin Infect Dis 2005 Suivi thérapeutique pharmacologique
  • 49. Valeur seuil de Cmax associées à la réponse microbiologique pour PZA, RIF et INH Pasipanodya et al. JID 2013
  • 50. Pasipanodya et al. JID 2013 Valeur seuil d’AUC associées à la réponse clinique pour PZA, RIF et INH
  • 51. Suivi thérapeutique pharmacologique • Pyrazinamide: données récentes • Importance de l’exposition au PZA dans la réponse à la quadrithérapie • Nécessité d’augmenter la dose pour atteindre une exposition optimale • Vers une augmentation des doses ? • Vers des dosages sanguins systématiques ? Chideya et al. Clin Infect Dis 2009 225 patients Bostwana Seuil Cmax PZA 35 mg/L, Risk-ratio poor outcome: 3.4 (1.8 – 6.4)
  • 52. Tuberculose multirésistante • Définition MDR (multi-drug resistance): résistance combinée à au moins INH + RIF • Facteurs de risque • Traitement antérieur (rechute, abandon, échec) • Co-infection TB-VIH • Zone de forte prévalence • 20% des souches de M. tuberculosis isolées en clinique sont MDR mais fortes disparités géographiques (≈ 0,5 à 1% en France) • > 400 000 cas / an estimés de tuberculose MDR • Extension de la résistance: souche XDR (extensively drug- resistant) depuis 2006
  • 53. Treatment of tuberculosis. WHO Guidelines 2009
  • 54. Tuberculose multirésistante • Utilisation d’au moins 4 molécules d’efficacité certaine (tests de sensibilité) • 1 agent de première ligne supposé actif (pyrazinamide, ethambutol, rifabutine) • 1 aminoside injectable (amikacine, kanamycine, streptomycine) • 1 fluoroquinolone (levofloxacine, moxifloxacine, ofloxacine) • 1 molécule de seconde ligne per os: PAS (acide para-aminosalicylique), cyclosérine, thioamide • Le traitement d’une tuberculose multi-résistante est plus long (18 mois – 2 ans), plus toxique et plus coûteux • L’observance est capitale • Nouveau médicament: bédaquiline Sirturo® (TMC 207), 1er antituberculeux depuis 40 ans, approuvé par la FDA fin 2012
  • 57. Tuberculose multirésistante Antituberculeux utilisés dans la TB MDR Toxicité limitante Aminosides, capréomycine Néphrotoxicité, ototoxicité Fluoroquinolones Allongement du QT, atteintes tendineuses, troubles neuro-psychiques Cyclosérine Dépression, troubles psychotiques Linézolide Neuropathies, troubles hématologiques Thioamides, PAS Troubles digestifs +++ Bédaquiline Allongement du QT, toxicité hépatique Clofazimine Décoloration cutanée
  • 58. Co-infection tuberculose-VIH • En 2009 en France, 12% des nouveaux cas de TB et >20% des décès • Le risque d’une infection par Mycobacterium tuberculosis est multiplié par 7 chez les sujets VIH+ • Une des infections opportunistes les plus fréquentes chez VIH+ • La quadrithérapie de 6 mois reste le traitement de référence • Risque d’aggravation paradoxale des signes de la tuberculose (fréquence 7 à 36%) lié au phénomène de restauration immunitaire (IRIS) après l’instauration des anti-TB • Problèmes thérapeutiques • Interactions médicamenteuses (rifampicine + IP, INNTI, INI) • Intolérance fréquente (troubles digestifs +++) • Risque accru de résistance
  • 59. Co-infection tuberculose-VIH • Les associations RIF + IP sont contre-indiquées car la rifampicine diminue les concentrations des antirétroviraux • Associations RIF + INNTI contre-indiquées sauf efavirenz à dose augmentée • La trithérapie emtricitabine + tenofovir + efavirenz a montré une bonne efficacité et tolérance • La rifabutine (ANSATIPINE®) est l’alternative de premier choix à la rifampicine mais interactions réciproques avec IP • Effet inducteur de la rifabutine sur IP • Effet inhibiteur des IP, surtout si boosté par le ritonavir => ↑ concentrations de la rifabutine • Posologie à adapter et dosages plasmatiques rifabutine et IP recommandé
  • 60. Gestion des interactions médicamenteuses • Le problème des interactions vient essentiellement de la rifampicine: puissant inducteur des cytochromes (CYP3A4+++, 2C9, 2C19) et de la P-gP • Diminution des concentrations des substrats parfois considérable • Anticiper les IAM • Considérer les IAM potentielles à l’instauration des anti-TB: médicaments des affections chroniques cardio-vasculaires, VIH, immunosuppresseurs • Considérer les IAM pour les médicaments introduits au cours du traitement: antibiotiques, antifongiques • Anticiper les conséquences de l’arrêt de la RIF sur les traitements chroniques
  • 61. Gestion des interactions médicamenteuses www.ddi-predictor.org La rifampicine est un inducteur puissant de la plupart des cytochromes P450 La puissance d’induction varie selon les CYP
  • 62. Interactions médicamenteuses liées à la rifampicine Zopiclone 10 mg Simvastatine 40 mg La rifampicine réduit considérablement la concentration de certains médicaments en cas d’administration concomitante Niemi et al. Clin Pharmacokinet 2003 Nifedipine 20 mg
  • 63. Interactions médicamenteuses liées à la rifampicine Concentrations de vérapamil mesurées avant (J4) pendant (J8- J16) et après (J19-J24) l’administration de rifampicine Niemi et al. Clin Pharmacokinet 2003 Rifampicine
  • 64. Interactions médicamenteuses liées à la rifampicine La diminution de l’exposition liée à l’effet inducteur peut être très importante par voie orale en cas de premier passage important (métabolisme intestinal + foie) Niemi et al. Clin Pharmacokinet 2003
  • 65. Médicaments dont l’effet est potentiellement annulé par la rifampicine Médicament Effet de la rifampicine Commentaire Azolés (kétoconazole, itraconazole, voriconazole) ↓ AUC > 80% A éviter ou augmenter considérablement la posologie Quinine ↓ AUC = 83% A éviter ou augmenter considérablement la posologie Nifédipine PO ↓ AUC = 92% Utiliser un autre produit Vérapamil ↓ AUC > 90% Utiliser un autre produit Simvastatine ↓ AUC = 87% Contre-indication Alternative = pravastatine Contraceptifs oraux ↓ AUC ethinylestradiol = 66% Utiliser une autre méthode contraceptive Tamoxifène ↓ AUC = 86% A éviter ou augmenter considérablement la posologie Alprazolam (midazolam, triazolam) ↓ AUC > 90% Utiliser un autre produit Buspirone ↓ AUC = 90% Utiliser un autre produit Antiprotéases Variable, ↓ AUC 50% à 90% Contre-indication Adapté de Niemi et al. Clin Pharmacokinet 2003
  • 66. Médicaments à marge étroite interagissant avec la rifampicine Médicament Effet de la rifampicine Commentaire Méthadone ↓ concentration 33 à 66 %, syndrome de sevrage Augmenter les posologies selon réponse clinique Phénytoine IV ↑ CL 109% Dosage sanguin, ↑ posologie en fonction Valproate ↑ CL 40% Dosage sanguin, ↑ posologie en fonction Warfarin PO ↓ concentrations et TP > 50% Surveillance accrue de l’INR ↑ posologies en fonction puis ↓ à l’arrêt de RIF Digoxine PO ↓ AUC = 30% Dosage sanguin, ↑ posologie en fonction Ciclosporine, tacrolimus, sirolimus, évérolimus ↓ AUC = 70% (C), 82% (T), 68% (S), 63% (E) Dosage sanguin, ↑ posologie en fonction Adapté de Niemi et al. Clin Pharmacokinet 2003
  • 67. Points-clés • Le traitement antituberculeux est long, difficile et de tolérance médiocre • La résistance aux médicaments progresse • La réduction de la durée du traitement est un objectif capital de la recherche (nouveaux agents, optimisation PK/PD) • Les modèles pré-cliniques sont insuffisamment prédictifs • L’observance est essentielle dans la réussite du traitement la prévention des résistances et de la contagion • L’optimisation pratique du traitement doit viser à • Faciliter/Contrôler l’observance: associations à doses fixes, DOT • Surveiller et prévenir les EI: supplémentation en vitamine B6 / neuropathie à l’INH, bilan hépatique et ophtalmo • Eviter les sous-dosages: STP dans certains cas • Prévenir et gérer les interactions médicamenteuses liées à la rifampicine