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© S.A. IPM 2015. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.
15mardi 24 novembre 2015 - La Libre Belgique
“Il ne doit plus y avoir
de radicalisé S
qui conduit un train,
un bus ou un métro.”
VALÉRIE PÉCRESSE
La candidate aux élections régionales
en Ile-de-France pour le parti “Les
Républicains” s’est exprimée au micro
de la radio Europe 1. Valérie Pécresse
s’est inquiétée que des personnes
fichées S puissent travailler dans les
services publics ou au sein de
l’éducation nationale.
“Si ça arrive encore, je veux
être préparé.”
UN PARISIEN INSCRIT
À UNE FORMATION
DE SECOURISTE
Il n’y a pas que l’armée française qui connaît
un afflux de candidatures. Depuis les
attentats, les Français sont de plus en plus
nombreux à s’inscrire à des formations de
premiers secours. La Croix-Rouge constate
une hausse “exponentielle” du nombre de
demandes, explique Christophe Talmet,
responsable des formations. Lors des
attaques, les secours ont été essentiellement
confrontés à des cas d’hémorragies par balle.
“Si plus de gens avaient réagi en mettant leurs
mains sur les plaies, en mettant des personnes
en position latérale de sécurité, ils auraient
peut-être pu maintenir des personnes en vie”,
souligne Christophe Talmet
François, Barack,
Vladimir et les autres
n En quête d’“une grande coalition”
contre Daech, François Hollande rencontre
Barack Obama ce mardi à la Maison-Blanche.
Marco Wolter
Correspondant aux États-Unis
L
iberté, égalité, fraternité.” Barack Obama pro-
nonçait ces mots en français quelques heures
seulement après les attentats de Paris. Le prési-
dent américain a été le premier chef d’Etat à dénon-
cer publiquement les attaques en rappelant notam-
ment la tragédie du 11 septembre 2001. “Nous avons
été victimes de ces épisodes de terreur nous-mêmes. Et
quand cela est arrivé, nous avons toujours pu compter
sur les Français. Ils ont été un formidable partenaire
dans la lutte contre le terrorisme, et nous le serons pour
eux de la même façon”, déclarait M. Obama. Pendant
ce temps, les chaînes de télévision américaines sui-
vaient les événements de Paris en direct, minute par
minute, alors que, ce soir-là, les grands quotidiens du
pays donnaient un accès gratuit à leur fil d’informa-
tion.
Avec cet élan de solidarité affiché, le temps du
“French bashing” semble déjà loin. Ce ressentiment
anti-français aux Etats-Unis avait notamment refait
surface après le refus de la France de soutenir l’inva-
sion de l’Irak en 2003 et le fameux discours de Do-
minique de Villepin, alors ministre français des Af-
faires étrangères, devant le Conseil de sécurité de
l’Onu. Les ventes de produits français outre-Atlanti-
que avaient dégringolé, et, sur le menu des parle-
mentaires au Congrès, les “French fries” se voyaient
rebaptisées “Freedom fries” en guise de protestation.
Le dossier syrien confirme la règle
Plus largement, les relations avec l’Union euro-
péenne, dont plusieurs pays ne cautionnaient pas la
guerre en Irak, s’étaient dégradées. Donald Rums-
feld, le secrétaire d’Etat américain à la Défense de
George W. Bush, n’avait pas hésité à qualifier la
France et l’Allemagne de “vieille Europe”.
Entre Washington et Paris, les épisodes qui fâchent
ne manquent pas et le dossier syrien confirme cette
règle. François Hollande se souviendra de la volte-
face de Barack Obama en septembre 2013. Alors que
le président français se montrait déterminé à lancer
une opération militaire éclair contre le régime de Ba-
char al Assad, accusé d’utiliser des armes chimiques,
la Maison-Blanche choisit finalement de reporter
d’éventuelles frappes, isolant François Hollande en
Europe et sur la scène internationale.
Il reste à voir comment la lutte contre le terrorisme
et le groupe “Etat islamique” peut désormais l’em-
porter sur les différends pour unir plus que jamais
les Etats-Unis et la France, et plus globalement l’Eu-
rope. Selon Derek Chollet du German Marshall
Fund, le président américain “sera intéressé d’enten-
dre de François Hollande ce qu’il est prêt à faire pour
rallier davantage de pays européens aux opérations mi-
litaires en Syrie, puisque, jusqu’à présent, les Etats-Unis
font plutôt cavalier seul”.
Frappes aériennes ambiguës
D’après cet ancien conseiller en sécurité et en dé-
fense de l’administration Obama, “il est important de
se rappeler que les Français conduisaient déjà des frap-
pes aériennes à côté des Etats-Unis en Syrie”, mais que,
“si la France n’a pas mené plus d’une centaine de frappes
la semaine dernière, les Américains en totalisent plus de
sept mille sur un an”.
L’appel de François Hollande à “une grande coali-
tion” contre Daech incluant les Etats-Unis, mais aussi
la Russie risque néanmoins de se heurter au soutien
sans faille de Moscou au régime syrien. L’armée russe
est entrée dans la bataille, mais le but de ses frappes
aériennes reste ambigu. D’après Derek Chollet, “les
Etats-Unis et en grande partie le reste du monde pensent
que le président syrien est le problème à résoudre, et que
tant qu’il gardera le pouvoir, il sera impossible de vrai-
ment venir à bout de l’Etat islamique. Tant que nous
aurons cette différence d’approche fondamentale, je ne
suis pas très optimiste sur le fait que nous verrons beau-
coup de coopération.”
Un différend que Barack Obama a lui-même rap-
pelé la semaine dernière: “En définitive, je n’entrevois
pas de situation dans laquelle nous pouvons mettre fin à
la guerre civile en Syrie tant que Bachar al Assad reste
au pouvoir.”
“Moi, je ne croyais pas
qu’il y avait des terroristes
comme ça à Paris. Moi,
je connais le Coran. Dieu
il n’a pas dit : Sors et tire !”
CHRISTIAN, UN SDF PARISIEN
Une journaliste de BuzzFeed News a voulu
savoir comment les SDF parisiens avaient
vécu les attentats. Elle a récolté quelques
témoignages dans un centre d’accueil pour
sans-abri. Certains d’entre eux n’ont pas
immédiatement compris ce qui se passait.
D’autres, réalisant la gravité des événements,
ont cherché à apporter leur aide.
Paris défend ses alliés arabes
Depuis les attentats de Paris, des voix s’élèvent
pour dénoncer les liens entre la France et l’Arabie
saoudite, accusée de soutenir financièrement le
terrorisme en Syrie et de défendre l’islamisme
radical, marque de fabrique de l’Etat islamique. Face
aux critiques qui épinglent également le Qatar, le
gouvernement a assuré avoir toute confiance en ses
alliés arabes du Golfe persique –membres de la
coalition anti-Daech– soulignant que leur lutte contre
l’Etat islamique était “incontestable”.
La France n’est pas crédible dans ses relations avec
l’Arabie saoudite”, estime l’ex-juge antiterroriste Marc
Trévidic dans une récente interview aux “Echos”.
“Nous savons très bien que ce pays du Golfe a versé le
poison dans le verre par la diffusion du wahhabisme.”
Les attentats de Paris en sont l’un des résultats, dit-
il. “Proclamer qu’on lutte contre l’islam radical tout
en serrant la main au roi d’Arabie saoudite revient à
dire que nous luttons contre le nazisme tout en
invitant Hitler à notre table.”
Traditionnelle alliée des Etats-Unis, l’Arabie
saoudite s’est rapprochée de la France ces dernières
années à la faveur des dossiers syrien et iranien
dans lesquels Paris a adopté une ligne dure, en
réclamant le départ de Bachar al Assad et un accord
solide sur le programme nucléaire de Téhéran. Ce
rapprochement s’est traduit cette année par la
signature d’accords et de lettres d’intention d’une
valeur de dix milliards d’euros et par la présence en
mai de François Hollande au sommet extraordinaire
du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
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  • 1. © S.A. IPM 2015. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 15mardi 24 novembre 2015 - La Libre Belgique “Il ne doit plus y avoir de radicalisé S qui conduit un train, un bus ou un métro.” VALÉRIE PÉCRESSE La candidate aux élections régionales en Ile-de-France pour le parti “Les Républicains” s’est exprimée au micro de la radio Europe 1. Valérie Pécresse s’est inquiétée que des personnes fichées S puissent travailler dans les services publics ou au sein de l’éducation nationale. “Si ça arrive encore, je veux être préparé.” UN PARISIEN INSCRIT À UNE FORMATION DE SECOURISTE Il n’y a pas que l’armée française qui connaît un afflux de candidatures. Depuis les attentats, les Français sont de plus en plus nombreux à s’inscrire à des formations de premiers secours. La Croix-Rouge constate une hausse “exponentielle” du nombre de demandes, explique Christophe Talmet, responsable des formations. Lors des attaques, les secours ont été essentiellement confrontés à des cas d’hémorragies par balle. “Si plus de gens avaient réagi en mettant leurs mains sur les plaies, en mettant des personnes en position latérale de sécurité, ils auraient peut-être pu maintenir des personnes en vie”, souligne Christophe Talmet François, Barack, Vladimir et les autres n En quête d’“une grande coalition” contre Daech, François Hollande rencontre Barack Obama ce mardi à la Maison-Blanche. Marco Wolter Correspondant aux États-Unis L iberté, égalité, fraternité.” Barack Obama pro- nonçait ces mots en français quelques heures seulement après les attentats de Paris. Le prési- dent américain a été le premier chef d’Etat à dénon- cer publiquement les attaques en rappelant notam- ment la tragédie du 11 septembre 2001. “Nous avons été victimes de ces épisodes de terreur nous-mêmes. Et quand cela est arrivé, nous avons toujours pu compter sur les Français. Ils ont été un formidable partenaire dans la lutte contre le terrorisme, et nous le serons pour eux de la même façon”, déclarait M. Obama. Pendant ce temps, les chaînes de télévision américaines sui- vaient les événements de Paris en direct, minute par minute, alors que, ce soir-là, les grands quotidiens du pays donnaient un accès gratuit à leur fil d’informa- tion. Avec cet élan de solidarité affiché, le temps du “French bashing” semble déjà loin. Ce ressentiment anti-français aux Etats-Unis avait notamment refait surface après le refus de la France de soutenir l’inva- sion de l’Irak en 2003 et le fameux discours de Do- minique de Villepin, alors ministre français des Af- faires étrangères, devant le Conseil de sécurité de l’Onu. Les ventes de produits français outre-Atlanti- que avaient dégringolé, et, sur le menu des parle- mentaires au Congrès, les “French fries” se voyaient rebaptisées “Freedom fries” en guise de protestation. Le dossier syrien confirme la règle Plus largement, les relations avec l’Union euro- péenne, dont plusieurs pays ne cautionnaient pas la guerre en Irak, s’étaient dégradées. Donald Rums- feld, le secrétaire d’Etat américain à la Défense de George W. Bush, n’avait pas hésité à qualifier la France et l’Allemagne de “vieille Europe”. Entre Washington et Paris, les épisodes qui fâchent ne manquent pas et le dossier syrien confirme cette règle. François Hollande se souviendra de la volte- face de Barack Obama en septembre 2013. Alors que le président français se montrait déterminé à lancer une opération militaire éclair contre le régime de Ba- char al Assad, accusé d’utiliser des armes chimiques, la Maison-Blanche choisit finalement de reporter d’éventuelles frappes, isolant François Hollande en Europe et sur la scène internationale. Il reste à voir comment la lutte contre le terrorisme et le groupe “Etat islamique” peut désormais l’em- porter sur les différends pour unir plus que jamais les Etats-Unis et la France, et plus globalement l’Eu- rope. Selon Derek Chollet du German Marshall Fund, le président américain “sera intéressé d’enten- dre de François Hollande ce qu’il est prêt à faire pour rallier davantage de pays européens aux opérations mi- litaires en Syrie, puisque, jusqu’à présent, les Etats-Unis font plutôt cavalier seul”. 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Tant que nous aurons cette différence d’approche fondamentale, je ne suis pas très optimiste sur le fait que nous verrons beau- coup de coopération.” Un différend que Barack Obama a lui-même rap- pelé la semaine dernière: “En définitive, je n’entrevois pas de situation dans laquelle nous pouvons mettre fin à la guerre civile en Syrie tant que Bachar al Assad reste au pouvoir.” “Moi, je ne croyais pas qu’il y avait des terroristes comme ça à Paris. Moi, je connais le Coran. Dieu il n’a pas dit : Sors et tire !” CHRISTIAN, UN SDF PARISIEN Une journaliste de BuzzFeed News a voulu savoir comment les SDF parisiens avaient vécu les attentats. Elle a récolté quelques témoignages dans un centre d’accueil pour sans-abri. Certains d’entre eux n’ont pas immédiatement compris ce qui se passait. D’autres, réalisant la gravité des événements, ont cherché à apporter leur aide. Paris défend ses alliés arabes Depuis les attentats de Paris, des voix s’élèvent pour dénoncer les liens entre la France et l’Arabie saoudite, accusée de soutenir financièrement le terrorisme en Syrie et de défendre l’islamisme radical, marque de fabrique de l’Etat islamique. Face aux critiques qui épinglent également le Qatar, le gouvernement a assuré avoir toute confiance en ses alliés arabes du Golfe persique –membres de la coalition anti-Daech– soulignant que leur lutte contre l’Etat islamique était “incontestable”. La France n’est pas crédible dans ses relations avec l’Arabie saoudite”, estime l’ex-juge antiterroriste Marc Trévidic dans une récente interview aux “Echos”. “Nous savons très bien que ce pays du Golfe a versé le poison dans le verre par la diffusion du wahhabisme.” Les attentats de Paris en sont l’un des résultats, dit- il. “Proclamer qu’on lutte contre l’islam radical tout en serrant la main au roi d’Arabie saoudite revient à dire que nous luttons contre le nazisme tout en invitant Hitler à notre table.” Traditionnelle alliée des Etats-Unis, l’Arabie saoudite s’est rapprochée de la France ces dernières années à la faveur des dossiers syrien et iranien dans lesquels Paris a adopté une ligne dure, en réclamant le départ de Bachar al Assad et un accord solide sur le programme nucléaire de Téhéran. Ce rapprochement s’est traduit cette année par la signature d’accords et de lettres d’intention d’une valeur de dix milliards d’euros et par la présence en mai de François Hollande au sommet extraordinaire du Conseil de coopération du Golfe (CCG). (AFP) Épinglé