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Algèbre & Optimisation
Mounir JERRY
Année universitaire 2018-2019
Table des Matières
Matrices
Systèmes Linéaires
Optimisation
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES -KENITRA -
Définition Matrice
On appelle matrice m × n (ou d’ordre m × n) à coefficients dans K tout tableau de m lignes et n colonnes
d’éléments de K. L’ensemble des matrices m × n à coefficients dans K est noté Mm,n(K).
Si m = n on dit qu’on a une matrice carrée. L’ensemble des matrices carrées d’ordre n à coefficients dans K est
noté Mn(K).
Une matrice m × 1 est appelée vecteur-colonne et une matrice 1 × n est appelée vecteur-ligne.
On convient de noter aij l’élément de la matrice situé sur la i-ème ligne et j-ème colonne (1 ≤ i ≤ m et 1 ≤ j ≤ n).
Une matrice A est représentée entre deux parenthèses ou deux crochets :
A =








a11 . . . a1j . . . a1n
.
.
.
.
.
.
.
.
.
ai1 . . . aij . . . ain
.
.
.
.
.
.
.
.
.
am1 . . . amj . . . amn








ou A =








a11 . . . a1j . . . a1n
.
.
.
.
.
.
.
.
.
ai1 . . . aij . . . ain
.
.
.
.
.
.
.
.
.
am1 . . . amj . . . amn








ou encore
A = (aij )1≤i≤m
1≤j≤n
ou A = [aij ]1≤i≤m
1≤j≤n
Nous travaillerons avec K = R, Q ou Z.
Exemple
La matrice
A =


−1 4 2
0 1 −3
4 1 5


est carrée et d’ordre 3.
Définition Addition de matrices
Si A = (aij )1≤i≤m
1≤j≤n
et B = (bij )1≤i≤m
1≤j≤n
sont deux matrices m × n, on définit l’addition des matrices par
A + B = (aij + bij )1≤i≤m
1≤j≤n
.
La matrice nulle, notée Om,n, est la matrice dont tous les éléments sont nuls.
1
Matrices
La matrice opposée d’une matrice A est notée −A. Si A = (aij )1≤i≤m
1≤j≤n
alors −A = (−aij )1≤i≤m
1≤j≤n
.
Exemple
Soient les matrices
A =

3 4 2
1 3 5

, B =

6 1 9
2 0 3

.
On obtient
A + B =

3 + 6 4 + 1 2 + 9
1 + 2 3 + 0 5 + 3

=

9 5 11
3 3 8

.
Attention
La somme de deux matrices d’ordres différents n’est pas définie.
Propriété
Si A, B et C sont des matrices de même ordre, alors nous avons
⊲ A + B = B + A (commutativité),
⊲ A + (B + C) = (A + B) + C (associativité).
Exemple
Soient les matrices
A =

1 −1
3 0

, B =

6 −5
2 1

, C =

0 2
2 4

.
On a alors
A + B =

1 + 6 −1 − 5
3 + 2 0 + 1

=

7 −6
5 1

, B + A =

6 + 1 −5 − 1
2 + 3 1 + 0

=

7 −6
5 1

, B + C =

6 + 0 −5 + 2
2 + 2 1 + 4

=

6 −3
4 5

.
De plus,
(A + B) + C =

7 −4
7 5

, A + (B + C) =

7 −4
7 5

.
Définition
On appelle matrice diagonale toute matrice carrée D = (dij )1≤i,j≤n telle que i 6= j =⇒ dij = 0. Si on note
di = dii, une matrice diagonale est de la forme
Dn =







d1 0 . . . 0 0
0 d2 . . . 0 0
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
0 0 . . . dn−1 0
0 0 . . . 0 dn







.
On la note Diag(d1, d2, . . . , dn).
La matrice identité d’ordre n, notée In, est la matrice diagonale Diag(1, 1, . . . , 1).
Définition Matrices triangulaires
On dit qu’une matrice carrée A = (aij )1≤i,j≤n est
⊲ triangulaire supérieure si i  j =⇒ aij = 0,
⊲ triangulaire inférieure si i  j =⇒ aij = 0.
Une matrice triangulaire supérieure et inférieure (i.e. i 6= j =⇒ aij = 0) est une matrice diagonale.
Exemple
U =




1 2 3 4
0 5 6 7
0 0 2 −1
0 0 0 −5



 est une matrice triangulaire supérieure,
L =




1 0 0 0
4 0 0 0
5 −1 2 0
7 9 15 4



 est une matrice triangulaire inférieure,
D =




1 0 0 0
0 −8 0 0
0 0 7 0
0 0 0 0



 est une matrice diagonale.
Définition Produit d’une matrice par un scalaire
Si A = (aij )1≤i≤m
1≤j≤n
est une matrice m × n et si α ∈ K, on définit le produit d’une matrice par un scalaire par
α · A = (α · aij )1≤i≤m
1≤j≤n
Propriété
Soient A et B deux matrices de même ordre et α ∈ K un scalaire, on a
⊲ α · (A + B) = α · A + α · B (distributivité).
Exemple
Soit A =

3 4 2
1 3 5

et α = 1
2
. On obtient C = α · A =

3/2 2 1
1/2 3/2 5/2

.
Définition Produit de matrices
Si A = (aik )1≤i≤m
1≤k≤n
est une matrice m × n et B = (bkj )1≤k≤n
1≤j≤p
une matrice n × p, on définit le produit des matrices
par
A × B =
n
X
k=1
aik bkj
!
1≤i≤m
1≤j≤p
C’est une matrice m × p.
Exemple
Soient les deux matrices
A =

1 3 0
−1 1 2

et B =


1 2 0
0 2 3
0 −1 −2


La matrice A est d’ordre 2 × 3, la matrice B est d’ordre 3 × 3, donc la matrice produit A × B est une matrice d’ordre 2 × 3 :
A × B =

1 × 1 + 3 × 0 + 0 × 0 1 × 2 + 3 × 2 + 0 × (−1) 1 × 0 + 3 × 3 + 0 × (−2)
−1 × 1 + 1 × 0 + 2 × 0 −1 × 2 + 1 × 2 + 2 × (−1) −1 × 0 + 1 × 3 + 2 × (−2)

=

1 8 9
−1 −2 −1

.
a11 . . . a1k . . . a1n
.
.
.
...
.
.
.
.
.
.
.
.
.
ai1 . . . aik . . . ain
.
.
.
.
.
.
.
.
.
...
.
.
.
am1 . . . amk . . . amn










































A : m lignes n colonnes
b11 . . . b1j . . . b1p
.
.
.
...
.
.
.
.
.
.
.
.
.
bk1 . . . bkj . . . bkp
.
.
.
.
.
.
.
.
.
...
.
.
.
bn1 . . . bnj . . . bnp












































B : n lignes p colonnes
c11 . . . c1j . . . c1p
.
.
.
...
.
.
.
.
.
.
.
.
.
ci1 . . . cij . . . cip
.
.
.
.
.
.
.
.
.
...
.
.
.
cm1 . . . cmk . . . cmp










































C = A × B : m lignes p colonnes
a
i
1
×
b
1
j aik
×
bkj
aip
×
bpj
+
.
.
.
+
+
.
.
.
+
Propriété
Si A ∈ Mm,n(K), B ∈ Mn,p(K), C ∈ Mp,q(K), alors
⊲ A × (B × C) = (A × B) × C (associativité) ;
⊲ A(×(B + C) = A × B + A × C (distributivité) ;
Si A ∈ Mn(K) alors A × In = In × A = A.
Attention
A × B 6= B × A en général (non commutativité).
Prenons le cas général avec A d’ordre m × p et B d’ordre p × n. Le produit A × B est défini, c’est une matrice
d’ordre m × n. Qu’en est-il du produit B × A ? Il faut distinguer trois cas :
⊲ si m 6= n le produit B × A n’est pas défini ;
⊲ si m = n mais p 6= n, le produit A × B est défini et c’est une matrice d’ordre m × n tandis que le produit B × A
est défini mais c’est une matrice d’ordre p × p donc A × B 6= B × A ;
⊲ si m = n = p, A et B sont deux matrices carrées d’ordre m. Les produits A × B et B × A sont aussi carrés et
d’ordre m mais là encore, en général, A × B 6= B × A ;
Exemple
Soient les matrices
A =

1 −1
3 0

, B =

6 −5
2 1

.
On obtient
A × B =

4 −6
18 −15

et B × A =

−9 −6
5 −2

.
Définition Matrice transposée
Si A = (aij )1≤i≤m
1≤j≤n
est une matrice m × n, on définit la matrice transposée de A, notée AT
, par A = (aji)1≤j≤n
1≤i≤m
.
C’est donc une matrice n × m obtenue en échangeant lignes et colonnes de la matrice initiale.
Exemple
Soit la matrice A d’ordre 2 × 3 suivante
A =

1 −1 5
3 0 7

.
Sa transposée est la matrice AT
d’ordre 3 × 2 suivante
AT
=


1 3
−1 0
5 7

 .
Propriété
⊲ (AT
)T
= A si A ∈ Mm,n(K),
⊲ (αA)T
= αAT
si α ∈ K et A ∈ Mm,n(K),
⊲ (A + B)T
= AT
+ BT
si A, B ∈ Mm,n(K),
⊲ (A × B)T
= BT
× AT
si A ∈ Mm,n(K) et B ∈ Mn,p(K).
Définition Matrice symétrique, matrice anti-symétrique
⊲ Une matrice A est dite symétrique si AT
= A, i.e. si aij = aji pour tout i 6= j.
⊲ Une matrice A est dite anti-symétrique si AT
= −A, i.e. si aij = −aji pour tout i 6= j.
Exemple
A =


1 5 −9
5 4 0
−9 0 7

 est une matrice symétrique.
B =


1 5 −9
−5 4 0
9 0 7

 est une matrice anti-symétrique.
Définition Matrice inversible, matrice singulière
Une matrice carrée A ∈ Mn(K) est dite inversible ou régulière si elle est symétrisable pour le produit matriciel,
autrement dit s’il existe une matrice B ∈ Mn(K) telle que A × B = B × A = In. Une matrice non régulière est
dite singulière.
L’inverse, s’il existe, d’une matrice A est noté A−1
.
Proposition
Soit A et B deux matrices inversibles, alors
⊲ A−1
l’est aussi et A−1
−1
= A,
⊲ AT
l’est aussi et AT
−1
= A−1
T
,
⊲ A × B l’est aussi et (A × B)−1
= B−1
× A−1
.
Définition Trace
Si A est une matrice carrée d’ordre n, on définit la trace de A comme la somme des éléments de la diagonale
principale :
tr(A) =
n
X
i=1
aii.
Exemple
La trace de la matrice A suivante 

1 2 0
0 2 3
0 −1 −2


est tr(A) = a11 + a22 + a33 = 1 + 2 + (−2) = 1.
Propriété
Si A et B sont deux matrices carrées d’ordre n, alors
⊲ tr(AT
) = tr(A),
⊲ tr(A + B) = tr(A) + tr(B).
Si A est une matrice m × n et B une matrice n × m, alors
⊲ tr(A × B) = tr(B × A).
Calcul pratique d’un déterminant
Définition Déterminant d’une matrice d’ordre n
Soit A une matrice carrée d’ordre n.
Étant donné un couple (i, j) d’entiers, 1 ≤ i, j ≤ n, on note Aij la matrice carrée d’ordre n − 1 obtenue en
supprimant la i-ème ligne et la j-ème colonne de A.
Le déterminant de A, noté det(A) ou |A|, est défini par récurrence sur l’ordre de la matrice A :
⊲ si n = 1 : le déterminant de A est le nombre
det(A) = a11,
⊲ si n  1 : le déterminant de A est le nombre
det(A) =
n
X
j=1
(−1)i+j
aij det(Aij ) quelque soit la ligne i, 1 ≤ i ≤ n,
ou, de manière équivalente, le nombre
det(A) =
n
X
i=1
(−1)i+j
aij det(Aij ) quelque soit la colonne j, 1 ≤ j ≤ n.
Astuce
Pour se souvenir des signes de ces deux formules, on peut remarquer que la distribution des signes + et − avec
la formule (−1)i+j
est analogue à la distribution des cases noirs et blanches sur un damier :
Exemple
Soit A une matrice carrée d’ordre n = 2.
det(A) = det

a11 a12
a21 a22

= a11a22 −
a12a21.
a11 a12
a21 a22
+
−
+ − + − . . .
− + − + . . .
+ − + − . . .
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
...
Exemple
Soit la matrice
A =


a11 a12 a13
a21 a22 a23
a31 a32 a33


alors
det(A11) = det

a22 a23
a32 a33

= a22a33 − a23a32,
det(A12) = det

a21 a23
a31 a33

= a21a33 − a23a31,
det(A13) = det

a21 a22
a31 a32

= a21a32 − a22a31,
det(A21) = det

a12 a13
a32 a33

= a12a33 − a13a32,
det(A22) = det

a11 a13
a31 a33

= a11a33 − a13a31,
det(A23) = det

a11 a12
a31 a32

= a11a32 − a12a31,
det(A31) = det

a12 a13
a22 a23

= a12a23 − a13a22,
det(A32) = det

a11 a13
a21 a23

= a11a23 − a13a21,
det(A33) = det

a11 a12
a21 a22

= a11a22 − a12a21,
donc on peut calculer det(A) par l’une des formules suivantes :
⊲ a11 det(A11) − a12 det(A12) + a13 det(A13) (développement suivant la ligne i = 1)
⊲ −a21 det(A21) + a22 det(A22) − a23 det(A23) (développement suivant la ligne i = 2)
⊲ a31 det(A31) − a32 det(A32) + a33 det(A33) (développement suivant la ligne i = 3)
⊲ −a11 det(A11) + a21 det(A21) − a31 det(A31) (développement suivant la colonne j = 1)
⊲ a12 det(A12) − a22 det(A22) + a32 det(A32) (développement suivant la colonne j = 2)
⊲ −a13 det(A13) + a23 det(A23) − a33 det(A33) (développement suivant la colonne j = 3)
Quelques calculs montrent que ces formules donnent bien le même résultat.
Astuce
Il convient d’utiliser cette définition après avoir fait apparaître sur une même rangée le plus possible de zéro
sachant que
⊲ si deux colonnes (resp. deux lignes) sont identiques ou proportionnelles, alors det(A) = 0 ;
⊲ si on échange deux colonnes (resp. deux lignes), alors le déterminant est changé en son opposé ;
⊲ on ne change pas un déterminant si on ajoute à une colonne (resp. une ligne) une combinaison linéaire des
autres colonnes (resp. lignes), i.e.
Ci ← Ci + αCj , Li ← Li + αLj ,
avec j 6= i et α 6= 0.
Exemple
Soit la matrice
A =


1 0 1
0 2 0
0 3 5


alors
det(A11) = det

2 0
3 5

= 10, det(A12) = det

0 0
0 5

= 0, det(A13) = det

0 2
0 3

= 0,
det(A21) = det

0 1
3 5

= −3, det(A22) = det

1 1
0 5

= 5, det(A23) = det

1 0
0 3

= 3,
det(A31) = det

0 1
2 0

= −2, det(A32) = det

1 1
0 0

= 0, det(A33) = det

1 0
0 2

= 2,
donc on peut calculer det(A) par l’une des formules suivantes :
⊲ 1 det(A11) + 0 det(A12) + 1 det(A13) = 10 + 0 + 0 = 10
⊲ 0 det(A21) + 2 det(A22) + 0 det(A23) = 0 + 2 × 5 + 0 = 10 L99 formule pratique car il n’y a qu’un déterminant à calculer
⊲ 0 det(A31) + 3 det(A32) + 5 det(A33) = 0 + 0 + 5 × 2 = 10
⊲ 1 det(A11) + 0 det(A21) + 0 det(A31) = 10 + 0 + 0 = 10 L99 formule pratique car il n’y a qu’un déterminant à calculer
⊲ 0 det(A12) + 2 det(A22) + 3 det(A32) = 0 + 2 × 5 + 0 = 10
⊲ 1 det(A13) + 0 det(A23) + 5 det(A33) = 0 + 0 + 5 × 2 = 10
Propriété
Le déterminant d’une matrice triangulaire est égal au produit des éléments diagonaux.
Théorème
A est inversible si et seulement si det(A) 6= 0.
Propriété
⊲ det(AT
) = det(A),
⊲ det(A−1
) =
1
det(A)
,
⊲ det(A × B) = det(A) · det(B).
Définition Rang
Le rang d’une matrice quelconque A est égal au plus grand entier s tel que l’on puisse extraire de A une matrice
carrée d’ordre s inversible, c’est-à-dire de déterminant non nul. Les opérations élémentaires sur les lignes ou les
colonnes d’une matrice ne modifient pas le rang.
Exemple
Soit A la matrice suivante
A =

1 3 2
1 3 1

.
Le rang de A est 2 car
⊲ A est d’ordre 2 × 3 donc s ≤ min{2, 3} donc s = 0, 1 ou 2 ;
⊲ comme le déterminant de la sous-matrice composée de la première et de la deuxième colonne est nul, on ne peut pas
conclure ;
⊲ comme le déterminant de la sous-matrice composée de la première et de la troisième colonne est non nul, alors s = 2.
Exemple
Soit A la matrice suivante
A =


1 0 1
0 5 −1
−1 0 −1

 .
⊲ A est d’ordre 3 × 3 donc s ≤ 3
⊲ le déterminant de A est 0 donc s 6= 3
⊲ le déterminant de la sous-matrice

1 0
0 5

est 5, donc s = 2.
Définition Cofacteur
Soit A une matrice carrée d’ordre n. Étant donné un couple (i, j) d’entiers, 1 ≤ i, j ≤ n, on note Aij la matrice
carrée d’ordre n − 1 obtenue en supprimant la i-ème ligne et la j-ème colonne de A. On appelle cofacteur de
l’élément aij le nombre (−1)i+j
det(Aij ).
Exemple
Soit A =

a b
c d

. Alors la matrice des cofacteurs de A est la matrice

d −c
−b a

.
Calcul de A−1
A étant inversible, pour obtenir A−1
il suffit de résoudre le système Ax = b qui admet pour solution x = A−1
b.
1. On calcul la matrice des cofacteurs des éléments de A, appelée comatrice de A ;
2. on transpose la comatrice de A ;
3. on divise par det(A).
Exemple
Soit A =

a b
c d

avec det(A) = ad − bc 6= 0.
on a déjà calculé le déterminant de cette matrice ainsi que la matrice des cofacteurs, il suffit alors de
calculer la transposée et on obtient
A−1
=
1
ad − bc

d −b
−c a

.
Exemple
Calculer l’inverse de la matrice
A =


1 1 −1
−1 1 1
1 −1 1

 .
1. On calcule la matrice des cofacteurs des éléments de A, appelée comatrice de A :
comatrice =








(−1)1+1
1 1
−1 1

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  • 1. USTV Algèbre & Optimisation Mounir JERRY Année universitaire 2018-2019 Table des Matières Matrices Systèmes Linéaires Optimisation FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES -KENITRA -
  • 2. Définition Matrice On appelle matrice m × n (ou d’ordre m × n) à coefficients dans K tout tableau de m lignes et n colonnes d’éléments de K. L’ensemble des matrices m × n à coefficients dans K est noté Mm,n(K). Si m = n on dit qu’on a une matrice carrée. L’ensemble des matrices carrées d’ordre n à coefficients dans K est noté Mn(K). Une matrice m × 1 est appelée vecteur-colonne et une matrice 1 × n est appelée vecteur-ligne. On convient de noter aij l’élément de la matrice situé sur la i-ème ligne et j-ème colonne (1 ≤ i ≤ m et 1 ≤ j ≤ n). Une matrice A est représentée entre deux parenthèses ou deux crochets : A =         a11 . . . a1j . . . a1n . . . . . . . . . ai1 . . . aij . . . ain . . . . . . . . . am1 . . . amj . . . amn         ou A =         a11 . . . a1j . . . a1n . . . . . . . . . ai1 . . . aij . . . ain . . . . . . . . . am1 . . . amj . . . amn         ou encore A = (aij )1≤i≤m 1≤j≤n ou A = [aij ]1≤i≤m 1≤j≤n Nous travaillerons avec K = R, Q ou Z. Exemple La matrice A =   −1 4 2 0 1 −3 4 1 5   est carrée et d’ordre 3. Définition Addition de matrices Si A = (aij )1≤i≤m 1≤j≤n et B = (bij )1≤i≤m 1≤j≤n sont deux matrices m × n, on définit l’addition des matrices par A + B = (aij + bij )1≤i≤m 1≤j≤n . La matrice nulle, notée Om,n, est la matrice dont tous les éléments sont nuls. 1 Matrices
  • 3. La matrice opposée d’une matrice A est notée −A. Si A = (aij )1≤i≤m 1≤j≤n alors −A = (−aij )1≤i≤m 1≤j≤n . Exemple Soient les matrices A = 3 4 2 1 3 5 , B = 6 1 9 2 0 3 . On obtient A + B = 3 + 6 4 + 1 2 + 9 1 + 2 3 + 0 5 + 3 = 9 5 11 3 3 8 . Attention La somme de deux matrices d’ordres différents n’est pas définie. Propriété Si A, B et C sont des matrices de même ordre, alors nous avons ⊲ A + B = B + A (commutativité), ⊲ A + (B + C) = (A + B) + C (associativité). Exemple Soient les matrices A = 1 −1 3 0 , B = 6 −5 2 1 , C = 0 2 2 4 . On a alors A + B = 1 + 6 −1 − 5 3 + 2 0 + 1 = 7 −6 5 1 , B + A = 6 + 1 −5 − 1 2 + 3 1 + 0 = 7 −6 5 1 , B + C = 6 + 0 −5 + 2 2 + 2 1 + 4 = 6 −3 4 5 . De plus, (A + B) + C = 7 −4 7 5 , A + (B + C) = 7 −4 7 5 . Définition On appelle matrice diagonale toute matrice carrée D = (dij )1≤i,j≤n telle que i 6= j =⇒ dij = 0. Si on note di = dii, une matrice diagonale est de la forme Dn =        d1 0 . . . 0 0 0 d2 . . . 0 0 . . . . . . . . . . . . 0 0 . . . dn−1 0 0 0 . . . 0 dn        . On la note Diag(d1, d2, . . . , dn). La matrice identité d’ordre n, notée In, est la matrice diagonale Diag(1, 1, . . . , 1). Définition Matrices triangulaires On dit qu’une matrice carrée A = (aij )1≤i,j≤n est ⊲ triangulaire supérieure si i j =⇒ aij = 0, ⊲ triangulaire inférieure si i j =⇒ aij = 0. Une matrice triangulaire supérieure et inférieure (i.e. i 6= j =⇒ aij = 0) est une matrice diagonale.
  • 4. Exemple U =     1 2 3 4 0 5 6 7 0 0 2 −1 0 0 0 −5     est une matrice triangulaire supérieure, L =     1 0 0 0 4 0 0 0 5 −1 2 0 7 9 15 4     est une matrice triangulaire inférieure, D =     1 0 0 0 0 −8 0 0 0 0 7 0 0 0 0 0     est une matrice diagonale. Définition Produit d’une matrice par un scalaire Si A = (aij )1≤i≤m 1≤j≤n est une matrice m × n et si α ∈ K, on définit le produit d’une matrice par un scalaire par α · A = (α · aij )1≤i≤m 1≤j≤n Propriété Soient A et B deux matrices de même ordre et α ∈ K un scalaire, on a ⊲ α · (A + B) = α · A + α · B (distributivité). Exemple Soit A = 3 4 2 1 3 5 et α = 1 2 . On obtient C = α · A = 3/2 2 1 1/2 3/2 5/2 . Définition Produit de matrices Si A = (aik )1≤i≤m 1≤k≤n est une matrice m × n et B = (bkj )1≤k≤n 1≤j≤p une matrice n × p, on définit le produit des matrices par A × B = n X k=1 aik bkj ! 1≤i≤m 1≤j≤p C’est une matrice m × p. Exemple Soient les deux matrices A = 1 3 0 −1 1 2 et B =   1 2 0 0 2 3 0 −1 −2   La matrice A est d’ordre 2 × 3, la matrice B est d’ordre 3 × 3, donc la matrice produit A × B est une matrice d’ordre 2 × 3 : A × B = 1 × 1 + 3 × 0 + 0 × 0 1 × 2 + 3 × 2 + 0 × (−1) 1 × 0 + 3 × 3 + 0 × (−2) −1 × 1 + 1 × 0 + 2 × 0 −1 × 2 + 1 × 2 + 2 × (−1) −1 × 0 + 1 × 3 + 2 × (−2) = 1 8 9 −1 −2 −1 .
  • 5. a11 . . . a1k . . . a1n . . . ... . . . . . . . . . ai1 . . . aik . . . ain . . . . . . . . . ... . . . am1 . . . amk . . . amn                                           A : m lignes n colonnes b11 . . . b1j . . . b1p . . . ... . . . . . . . . . bk1 . . . bkj . . . bkp . . . . . . . . . ... . . . bn1 . . . bnj . . . bnp                                             B : n lignes p colonnes c11 . . . c1j . . . c1p . . . ... . . . . . . . . . ci1 . . . cij . . . cip . . . . . . . . . ... . . . cm1 . . . cmk . . . cmp                                           C = A × B : m lignes p colonnes a i 1 × b 1 j aik × bkj aip × bpj + . . . + + . . . + Propriété Si A ∈ Mm,n(K), B ∈ Mn,p(K), C ∈ Mp,q(K), alors ⊲ A × (B × C) = (A × B) × C (associativité) ; ⊲ A(×(B + C) = A × B + A × C (distributivité) ; Si A ∈ Mn(K) alors A × In = In × A = A. Attention A × B 6= B × A en général (non commutativité). Prenons le cas général avec A d’ordre m × p et B d’ordre p × n. Le produit A × B est défini, c’est une matrice d’ordre m × n. Qu’en est-il du produit B × A ? Il faut distinguer trois cas : ⊲ si m 6= n le produit B × A n’est pas défini ; ⊲ si m = n mais p 6= n, le produit A × B est défini et c’est une matrice d’ordre m × n tandis que le produit B × A est défini mais c’est une matrice d’ordre p × p donc A × B 6= B × A ; ⊲ si m = n = p, A et B sont deux matrices carrées d’ordre m. Les produits A × B et B × A sont aussi carrés et d’ordre m mais là encore, en général, A × B 6= B × A ; Exemple Soient les matrices A = 1 −1 3 0 , B = 6 −5 2 1 . On obtient A × B = 4 −6 18 −15 et B × A = −9 −6 5 −2 .
  • 6. Définition Matrice transposée Si A = (aij )1≤i≤m 1≤j≤n est une matrice m × n, on définit la matrice transposée de A, notée AT , par A = (aji)1≤j≤n 1≤i≤m . C’est donc une matrice n × m obtenue en échangeant lignes et colonnes de la matrice initiale. Exemple Soit la matrice A d’ordre 2 × 3 suivante A = 1 −1 5 3 0 7 . Sa transposée est la matrice AT d’ordre 3 × 2 suivante AT =   1 3 −1 0 5 7   . Propriété ⊲ (AT )T = A si A ∈ Mm,n(K), ⊲ (αA)T = αAT si α ∈ K et A ∈ Mm,n(K), ⊲ (A + B)T = AT + BT si A, B ∈ Mm,n(K), ⊲ (A × B)T = BT × AT si A ∈ Mm,n(K) et B ∈ Mn,p(K). Définition Matrice symétrique, matrice anti-symétrique ⊲ Une matrice A est dite symétrique si AT = A, i.e. si aij = aji pour tout i 6= j. ⊲ Une matrice A est dite anti-symétrique si AT = −A, i.e. si aij = −aji pour tout i 6= j. Exemple A =   1 5 −9 5 4 0 −9 0 7   est une matrice symétrique. B =   1 5 −9 −5 4 0 9 0 7   est une matrice anti-symétrique. Définition Matrice inversible, matrice singulière Une matrice carrée A ∈ Mn(K) est dite inversible ou régulière si elle est symétrisable pour le produit matriciel, autrement dit s’il existe une matrice B ∈ Mn(K) telle que A × B = B × A = In. Une matrice non régulière est dite singulière. L’inverse, s’il existe, d’une matrice A est noté A−1 . Proposition Soit A et B deux matrices inversibles, alors ⊲ A−1 l’est aussi et A−1 −1 = A, ⊲ AT l’est aussi et AT −1 = A−1 T , ⊲ A × B l’est aussi et (A × B)−1 = B−1 × A−1 . Définition Trace Si A est une matrice carrée d’ordre n, on définit la trace de A comme la somme des éléments de la diagonale principale : tr(A) = n X i=1 aii.
  • 7. Exemple La trace de la matrice A suivante   1 2 0 0 2 3 0 −1 −2   est tr(A) = a11 + a22 + a33 = 1 + 2 + (−2) = 1. Propriété Si A et B sont deux matrices carrées d’ordre n, alors ⊲ tr(AT ) = tr(A), ⊲ tr(A + B) = tr(A) + tr(B). Si A est une matrice m × n et B une matrice n × m, alors ⊲ tr(A × B) = tr(B × A). Calcul pratique d’un déterminant Définition Déterminant d’une matrice d’ordre n Soit A une matrice carrée d’ordre n. Étant donné un couple (i, j) d’entiers, 1 ≤ i, j ≤ n, on note Aij la matrice carrée d’ordre n − 1 obtenue en supprimant la i-ème ligne et la j-ème colonne de A. Le déterminant de A, noté det(A) ou |A|, est défini par récurrence sur l’ordre de la matrice A : ⊲ si n = 1 : le déterminant de A est le nombre det(A) = a11, ⊲ si n 1 : le déterminant de A est le nombre det(A) = n X j=1 (−1)i+j aij det(Aij ) quelque soit la ligne i, 1 ≤ i ≤ n, ou, de manière équivalente, le nombre det(A) = n X i=1 (−1)i+j aij det(Aij ) quelque soit la colonne j, 1 ≤ j ≤ n. Astuce Pour se souvenir des signes de ces deux formules, on peut remarquer que la distribution des signes + et − avec la formule (−1)i+j est analogue à la distribution des cases noirs et blanches sur un damier : Exemple Soit A une matrice carrée d’ordre n = 2. det(A) = det a11 a12 a21 a22 = a11a22 − a12a21. a11 a12 a21 a22 + −
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  • 25. Exemple Soit la matrice A =   a11 a12 a13 a21 a22 a23 a31 a32 a33   alors det(A11) = det a22 a23 a32 a33 = a22a33 − a23a32, det(A12) = det a21 a23 a31 a33 = a21a33 − a23a31, det(A13) = det a21 a22 a31 a32 = a21a32 − a22a31, det(A21) = det a12 a13 a32 a33 = a12a33 − a13a32, det(A22) = det a11 a13 a31 a33 = a11a33 − a13a31, det(A23) = det a11 a12 a31 a32 = a11a32 − a12a31, det(A31) = det a12 a13 a22 a23 = a12a23 − a13a22, det(A32) = det a11 a13 a21 a23 = a11a23 − a13a21, det(A33) = det a11 a12 a21 a22 = a11a22 − a12a21, donc on peut calculer det(A) par l’une des formules suivantes : ⊲ a11 det(A11) − a12 det(A12) + a13 det(A13) (développement suivant la ligne i = 1) ⊲ −a21 det(A21) + a22 det(A22) − a23 det(A23) (développement suivant la ligne i = 2) ⊲ a31 det(A31) − a32 det(A32) + a33 det(A33) (développement suivant la ligne i = 3) ⊲ −a11 det(A11) + a21 det(A21) − a31 det(A31) (développement suivant la colonne j = 1) ⊲ a12 det(A12) − a22 det(A22) + a32 det(A32) (développement suivant la colonne j = 2) ⊲ −a13 det(A13) + a23 det(A23) − a33 det(A33) (développement suivant la colonne j = 3) Quelques calculs montrent que ces formules donnent bien le même résultat. Astuce Il convient d’utiliser cette définition après avoir fait apparaître sur une même rangée le plus possible de zéro sachant que ⊲ si deux colonnes (resp. deux lignes) sont identiques ou proportionnelles, alors det(A) = 0 ; ⊲ si on échange deux colonnes (resp. deux lignes), alors le déterminant est changé en son opposé ; ⊲ on ne change pas un déterminant si on ajoute à une colonne (resp. une ligne) une combinaison linéaire des autres colonnes (resp. lignes), i.e. Ci ← Ci + αCj , Li ← Li + αLj , avec j 6= i et α 6= 0. Exemple Soit la matrice A =   1 0 1 0 2 0 0 3 5   alors det(A11) = det 2 0 3 5 = 10, det(A12) = det 0 0 0 5 = 0, det(A13) = det 0 2 0 3 = 0, det(A21) = det 0 1 3 5 = −3, det(A22) = det 1 1 0 5 = 5, det(A23) = det 1 0 0 3 = 3, det(A31) = det 0 1 2 0 = −2, det(A32) = det 1 1 0 0 = 0, det(A33) = det 1 0 0 2 = 2,
  • 26. donc on peut calculer det(A) par l’une des formules suivantes : ⊲ 1 det(A11) + 0 det(A12) + 1 det(A13) = 10 + 0 + 0 = 10 ⊲ 0 det(A21) + 2 det(A22) + 0 det(A23) = 0 + 2 × 5 + 0 = 10 L99 formule pratique car il n’y a qu’un déterminant à calculer ⊲ 0 det(A31) + 3 det(A32) + 5 det(A33) = 0 + 0 + 5 × 2 = 10 ⊲ 1 det(A11) + 0 det(A21) + 0 det(A31) = 10 + 0 + 0 = 10 L99 formule pratique car il n’y a qu’un déterminant à calculer ⊲ 0 det(A12) + 2 det(A22) + 3 det(A32) = 0 + 2 × 5 + 0 = 10 ⊲ 1 det(A13) + 0 det(A23) + 5 det(A33) = 0 + 0 + 5 × 2 = 10 Propriété Le déterminant d’une matrice triangulaire est égal au produit des éléments diagonaux. Théorème A est inversible si et seulement si det(A) 6= 0. Propriété ⊲ det(AT ) = det(A), ⊲ det(A−1 ) = 1 det(A) , ⊲ det(A × B) = det(A) · det(B). Définition Rang Le rang d’une matrice quelconque A est égal au plus grand entier s tel que l’on puisse extraire de A une matrice carrée d’ordre s inversible, c’est-à-dire de déterminant non nul. Les opérations élémentaires sur les lignes ou les colonnes d’une matrice ne modifient pas le rang. Exemple Soit A la matrice suivante A = 1 3 2 1 3 1 . Le rang de A est 2 car ⊲ A est d’ordre 2 × 3 donc s ≤ min{2, 3} donc s = 0, 1 ou 2 ; ⊲ comme le déterminant de la sous-matrice composée de la première et de la deuxième colonne est nul, on ne peut pas conclure ; ⊲ comme le déterminant de la sous-matrice composée de la première et de la troisième colonne est non nul, alors s = 2. Exemple Soit A la matrice suivante A =   1 0 1 0 5 −1 −1 0 −1   . ⊲ A est d’ordre 3 × 3 donc s ≤ 3 ⊲ le déterminant de A est 0 donc s 6= 3 ⊲ le déterminant de la sous-matrice 1 0 0 5 est 5, donc s = 2. Définition Cofacteur Soit A une matrice carrée d’ordre n. Étant donné un couple (i, j) d’entiers, 1 ≤ i, j ≤ n, on note Aij la matrice carrée d’ordre n − 1 obtenue en supprimant la i-ème ligne et la j-ème colonne de A. On appelle cofacteur de l’élément aij le nombre (−1)i+j det(Aij ). Exemple Soit A = a b c d . Alors la matrice des cofacteurs de A est la matrice d −c −b a .
  • 27. Calcul de A−1 A étant inversible, pour obtenir A−1 il suffit de résoudre le système Ax = b qui admet pour solution x = A−1 b. 1. On calcul la matrice des cofacteurs des éléments de A, appelée comatrice de A ; 2. on transpose la comatrice de A ; 3. on divise par det(A). Exemple Soit A = a b c d avec det(A) = ad − bc 6= 0. on a déjà calculé le déterminant de cette matrice ainsi que la matrice des cofacteurs, il suffit alors de calculer la transposée et on obtient A−1 = 1 ad − bc d −b −c a . Exemple Calculer l’inverse de la matrice A =   1 1 −1 −1 1 1 1 −1 1   . 1. On calcule la matrice des cofacteurs des éléments de A, appelée comatrice de A : comatrice =         (−1)1+1
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  • 99.         =   2 2 0 0 2 2 2 0 2   ; 2. on transpose la comatrice de A : comatriceT =   2 0 2 2 2 0 0 2 2   ; 3. on divise par det(A) : A−1 = 1 4   2 0 2 2 2 0 0 2 2   =   1/2 0 1/2 1/2 1/2 0 0 1/2 1/2   . A−1 1 det(A) (−1)i+j det(Aij ). T =
  • 100. Définition Système linéaire Soit n, p, ≥ 1 des entiers. Un système linéaire n × p est un ensemble de n équations linéaires à p inconnues de la forme (S)      a11x1 + . . . + a1pxp = b1, . . . . . . . . . an1x1 + . . . + anpxp = bn. ⊲ Les coefficients aij et les secondes membres bi sont des éléments donnés de K. Les inconnues x1, x2, . . . , xp sont à chercher dans K. ⊲ Le système homogène associé à (S) est le système obtenu en remplaçant les bi par 0. ⊲ Une solution de (S) est un p-uplet (x1, x2, . . . , xp) qui vérifie simultanément les n équations de (S). Résoudre (S) signifie chercher toutes les solutions. ⊲ Un système est impossible, ou incompatible, s’il n’admet pas de solution. Un système est possible, ou compa- tible, s’il admet une ou plusieurs solutions. ⊲ Deux systèmes sont équivalents s’ils admettent les mêmes solutions. Écriture matricielle Si on note x =    x1 . . . xp    b =    b1 . . . bn    A =    a11 . . . a1p . . . . . . an1 . . . anp    le système (S) est équivalent à l’écriture matricielle Ax = b. Méthodes de résolution Définition Système échelonné Un système (S) est en escalier, ou échelonné, si le nombre de premiers coefficients nuls successifs de chaque équation est strictement croissant. Autrement dit, un système est échelonné si les coefficients non nuls des équations se présentent avec une sorte d’escalier à marches de longueurs variables marquant la séparation entre une zone composée uniquement de zéros et une zone où les lignes situées à droite de l’escalier commencent par des termes non nuls, comme dans l’exemple suivant de 5 équations à 6 inconnues : 5x1 −x2 −x3 +2x4 +x6 = b1 3x3 −x4 +2x5 = b2 −x5 +x6 = b3 5x6 = b4 0 = b5                  2 Systèmes Linéaires
  • 101. Réduction Quand un système contient une équation du type 0x1 + · · · + 0xp = b, ⊲ si b 6= 0 le système est impossible, ⊲ si b = 0, on peut supprimer cette équation, ce qui conduit à un système équivalent à (S) dit système réduit. Définition Matrice augmentée Si on ajoute le vecteur-colonne des seconds membres b à la matrice des coefficients A, on obtient ce qu’on appelle la matrice augmentée que l’on note [A|b]. Méthode du pivot de Gauss Soit A = (aij )1≤i≤n 1≤j≤p la matrice des coefficients du système (S) et [A|b] la matrice augmentée. Étape j : en permutant éventuellement deux lignes de la matrice augmentée, on peut supposer ajj 6= 0 (appelé pivot de l’étape j). On transforme toutes les lignes Li avec i j Li ← Li − aij ajj Lj ainsi on élimine l’inconnue xj dans chaque lignes Li. En réitérant le procédé pour i de 1 à n, on aboutit à un système échelonné. Exemple Soit le système linéaire        x1 +2x2+3x3+4x4= 1, 2x1+3x2+4x3+x4 = 2, 3x1+4x2+x3 +2x4= 3, 4x1+x2 +2x3+3x4= 4. 1. Résolution par la méthode du pivot de Gauss :        x1+2x2+3x3+4x4= 1 2x1+3x2+4x3 +x4= 2 3x1+4x2 +x3+2x4= 3 4x1 +x2+2x3+3x4= 4 L2←L2−2L1 L3←L3−3L1 L4←L4−4L1 − − − − − − − →        x1+2x2 +3x3 +4x4= 1 −x2 −2x3 −7x4= 0 −2x2 −8x3−10x4= 0 −7x2−10x3−13x4= 0 L3←L3−2L2 L4←L4−7L2 − − − − − − − →        x1+2x2+3x3 +4x4= 1 −x2−2x3 −7x4= 0 −4x3 +4x4= 0 4x3+36x4= 0 L4←L4+L3 − − − − − − →        x1+2x2+3x3+4x4= 1 −x2−2x3−7x4= 0 −4x3+4x4= 0 40x4= 0 donc x4 = 0, x3 = 0, x2 = 0, x1 = 1. 2. Résolution par la méthode du pivot de Gauss en écriture matricielle : [A|b] =     1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4     L2←L2−2L1 L3←L3−3L1 L4←L4−4L1 − − − − − − − →     1 2 3 4 1 0 −1 −2 −7 0 0 −2 −8 −10 0 0 −7 −10 −13 0     L3←L3−2L2 L4←L4−7L2 − − − − − − − →     1 2 3 4 1 0 −1 −2 −7 0 0 0 −4 4 0 0 0 4 36 0     L4←L4+L3 − − − − − − →     1 2 3 4 1 0 −1 −2 −7 0 0 0 −4 4 0 0 0 0 40 0     donc x4 = 0, x3 = 0, x2 = 0, x1 = 1. Définition Rang Le nombre d’équations du système réduit en escalier obtenu par la méthode de Gauss est le rang r de la matrice A, ou du système (S).
  • 102. Théorème Un système Ax = b de m équations à n inconnues est compatible si et seulement si rg(A) = rg([A|b]). 1. Si le système a n équations et n inconnues, la matrice A est carrée d’ordre n. 1.1. Si rg(A) = n (i.e. si det(A) 6= 0) alors rg(A) = rg([A|b]) et la solution est unique. 1.2. Si rg(A) = rg([A|b]) n il y a une infinité de solutions. 1.3. Si rg(A) 6= rg([A|b]) il n’y a pas de solution. 2. Si le système a m équations et n inconnues avec m n alors 2.1. Si rg(A) = rg([A|b]) = n la solution est unique. 2.2. Si rg(A) = rg([A|b]) n il y a une infinité de solutions. 2.3. Si rg(A) 6= rg([A|b]) il n’y a pas de solution. 3. Si le système a m équations et n inconnues avec m n alors 3.1. Si rg(A) = rg([A|b]) ≤ m n il y a une infinité de solutions. 3.2. Si rg(A) 6= rg([A|b]) il n’y a pas de solution. Remarque Soit A = (aij )1≤i≤n 1≤j≤p la matrice des coefficients du système (S). Alors 0 ≤ rg(A) ≤ min { n, p } rg(A) ≤ rg([A|b]) ≤ min { n, p + 1 } . Exemple On veut résoudre les systèmes linéaires suivantes de 2 équations et 2 inconnues : ① ( x + y = 1 x − y = 1 ② ( x + y = 1 2x + 2y = 2 ③ ( x + y = 1 2x + 2 = 1 Les matrices augmentées associées à chaque système sont ① [A|b] = 1 1 1 1 −1 1 ② [A|b] = 1 1 1 2 2 2 ③ [A|b] = 1 1 1 2 2 1 donc ① rg(A) = rg([A|b]) = 2 donc il existe une et une seule solution : ( x + y = 1 x − y = 1 L2←L2−L1 − − − − − − → ( x + y = 1 −2y = 0 ainsi la solution est y = 0 et x = 1 ; ② rg(A) = rg([A|b]) = 1 donc il existe une infinité de solutions : ( x + y = 1 2x + 2y = 2 L2←L2−2L1 − − − − − − − → ( x + y = 1 0 = 0 ainsi la solution est y = κ et x = 1 − κ pour tout κ ∈ R ; ③ rg(A) = 1 et rg([A|b]) = 2 donc il n’y a pas de solution, en effet ( x + y = 1 2x + 2y = 1 L2←L2−2L1 − − − − − − − → ( x + y = 1 0 = −1 et la dernière équation est impossible.
  • 103. Exemple 1. n équations et n inconnues : 1.1. A =   1 2 3 1 −3 −7 −6 4 −2  , b =   12 −26 −4  . On a rg(A) = 3 (car det(A) 6= 0) donc rg(A) = rg([A|b]) et la solution est unique. 1.2. A =   1 2 3 1 −3 −7 3 −2 −7  , b =   14 −26 −22  . On a rg(A) = rg([A|b]) = 2 3 donc il y a une infinité de solutions. 1.3. A =   1 2 3 1 −3 −7 3 −2 −7  , b =   14 −26 −20  . On a rg(A) = 2 6= rg([A|b]) = 3 donc il n’y a pas de solution. 2. m équations et n inconnues avec m n : 2.1. A =   2 4 2 −3 1 −4  , b =   4 18 14  . On a rg(A) = rg([A|b]) = 2 donc la solution est unique. 2.2. A =    2 −2 2 −1 2 3 0 −1 −4 −2 3 2   , b =    6 0 −3 −3   . On a rg(A) = rg([A|b]) = 2 3 donc il y a une infinité de solutions. 2.3. A =    2 −2 2 −1 2 3 0 −1 −4 −2 3 2   , b =    6 0 −4 −3   . On a rg(A) = 2 6= rg([A|b]) = 3 donc il n’y a pas de solution. 3. m équations et n inconnues avec m n : 3.1. A = 2 −1 2 −1 2 2 , b = 2 2 . On a rg(A) = rg([A|b]) = 2 3 donc il y a une infinité de solutions. 3.2. A = 2 −1 1 4 −2 2 , b = 1 4 . On a rg(A) = 1 6= rg([A|b]) = 2 donc il n’y a pas de solution. Définition Système de Cramer Un système est dit de Cramer s’il a une solution, et une seule. Propriété Considérons un système carré d’ordre n à coefficients réels. Le système est de Cramer si une des conditions équivalentes suivantes est remplie : 1. A est inversible ; 2. rg(A) = n ; 3. le système homogène Ax = 0 admet seulement la solution nulle. Méthode de Cramer La solution d’un système de Cramer d’écriture matricielle Ax = b est donnée par xj = det(Aj ) det(A) , 1 ≤ j ≤ n où Aj est la matrice obtenue à partir de A en remplaçant la j-ème colonne par la colonne des seconds membres b. Cette formule est cependant d’une utilité pratique limitée à cause du calcul des déterminants qui est très couteux.
  • 104. Exemple Système d’ordre 2 On veut résoudre le système linéaire a11 a12 a21 a22 x1 x2 = b1 b2 par la méthode de Cramer. On a A = a11 a12 a21 a22 , det(A) = a11a22 − a12a21, A1 = b1 a12 b2 a22 , det(A1) = b1a22 − a12b2, A2 = a11 b1 a21 b2 , det(A2) = a11b2 − b1a21, donc x1 = b1a22 − a12b2 a11a22 − a12a21 , x2 = a11b2 − b1a21 a11a22 − a12a21 . Exemple On veut résoudre le système linéaire   1 −1 2 2 1 0 3 2 0     x y z   =   2 −1 1   par la méthode de Cramer. On a A =   1 −1 2 2 1 0 3 2 0   , det(A) = 2, A1 =   2 −1 2 −1 1 0 1 2 0   , det(A1) = −6, A2 =   1 2 2 2 −1 0 3 1 0   , det(A2) = 10, A3 =   1 −1 2 2 1 −1 3 2 1   , det(A3) = 10, donc x = −6 2 = −3, y = 10 2 = 5, z = 10 2 = 5.
  • 105. 3 Fonctions de plusieurs variables Qu’il s’agisse de traiter des questions relatives à la biologie, la chimie, la physique, la production, la consommation ou en- core l’environnement, etc. une modélisation adéquate s’exprime le plus souvent à l’aide de fonctions de plusieurs variables. Définition Fonction de plusieurs variables ⊲ Une fonction f , définie sur une partie D de Rn et à valeurs réelles, fait correspondre à tout point x ≡ (x1,x2,...,xn) de D un réel unique f (x). ⊲ Le domaine de définition de f est l’ensemble D ⊂ Rn . ⊲ L’image par f de D est l’ensemble Imf (D) = © r ∈ R ¯ ¯ r = f (x), x ∈ Rn ª ⊂ R. ⊲ L’ensemble des points S = © (x, f (x)) ¯ ¯ x ∈ D ª de Rn+1 est la surface représentative de f ; c’est l’analogue de la courbe représentative d’une fonction d’une variable. x ∈ Rn se note aussi ~ x ou x. Si n = 2, on utilise souvent la notation (x, y), si n = 3 la notation (x, y,z). Exemple d’applications à la gestion 1. La production P d’une entreprise est souvent exprimée en fonction de deux facteurs synthétiques, le capital, noté K , et le travail, noté W : P = f (K ,W ). 2. L’utilité U d’un consommateur dépend de ses quantités consommées. En présence de n biens, la fonction d’utilité s’exprime sous la forme U = f (x1,x2,...,xn), où xi désigne la quantité consommée du i-ème bien disponible (i = 1,...,n). 3. Le coût C d’une brochure publicitaire dépend de son format F, du nombre m de couleurs utilisées, de la surface s consacrée aux photographies : C = f (F,m,s). Le format F dépend quant à lui de la longueur p, de la largeur q et du nombre de pages n : F = g(p,q,n). Ainsi C = f (F(p,q,n),m,s) = h(p,q,n,m,s). Lorsque n = 2, le graphe Gf ≡ © (x, y,z = f (x, y)) ¯ ¯ (x, y) ∈ D ª est tridimensionnel. Les axes relatifs aux variables, x et y, sont conventionnellement situés dans un plan horizontal (le domaine D apparaît alors comme un sous-ensemble de ce plan), tandis que la dimension verticale est réservée aux va- leurs de z. Ainsi, à tout (a,b) ∈ D, dont l’image est f (a,b) ∈ R, correspond le point suivant du graphe : (a,b, f (a,b)) ∈ R3 . Une mise en perspective permet la visualisation des surfaces à trois dimensions. Dans ce cas, l’axe z est toujours placé ver- ticalement. Toutefois, pour des raisons de lisibilité, les axes x et y ne sont pas toujours présentés selon la même orienta- tion. Pour n 2, la représentation plane devient malheureusement impraticable.
  • 106. Exemple Le graphe de la fonction f : R2 → R définie par f (x, y) = x2 − y2 est une surface de R3 qui a la forme d’une selle de cheval, comme l’indique la représentation en perspective de la figure ci-dessous. Le domaine de la fonction f (x, y) = p x + y est donné par D = © (x, y) ∈ R2 ¯ ¯ x + y = 0 ª . Il se représente donc naturellement comme une portion du plan R2. En outre, les valeurs prises par la fonction parcourent tout l’ensemble des réels positifs ou nuls : Imf (D) = R+. D x y Définition Lignes de niveau Soit k ∈ R et f une fonction de D ⊂ R2 dans R ; l’ensemble © (x, y) ∈ D ¯ ¯ f (x, y) = k ª est la courbe de niveau k de la fonction f . Les courbes de niveau d’une fonction f (x, y) fournissent une représentation géométrique de f sur le plan, alors que son graphe en donne une dans l’espace. La courbe de niveau k est la projection sur le plan d’équation z = 0 de l’intersec- tion du graphe de f avec le plan horizontal z = k. Relation entre le graphe d’une fonction et ses courbes de niveau. Géométriquement, la ligne de niveau est la projection sur le plan (x, y) de l’intersection de la surface représentative de f avec le plan d’équation z = k. Par exemple, si f représente la hauteur d’un point de la surface terrestre, ses courbes de niveau sont celles apparais- sant sur les cartes topographiques.
  • 107. Exemple La fonction de production de COBB-DOUGLAS f : (R∗ +)2 → R s’écrit f (x, y) = xαyβ (avec α,β 0). Les courbes de niveau d’une telle fonction sont nommées isocantes ou courbes d’isoproduction. Pour un niveau fixé k 0 de production, l’équation xαyβ = k détermine les points du plan (x, y) donnant toutes les combinaisons des quantités de facteurs qui permettent de produire ce niveau k. Définition Dérivées partielles premières Soit f une fonction à valeurs réelles définie sur une partie ouverte D de R2 . Soit (x0, y0) ∈ D. Les dérivées partielles de f en (x0, y0) sont les dérivées des fonctions partielles fy0 et fx0 évaluées en (x0, y0), i.e. les fonctions ∂f ∂x (x0, y0) = f ′ y0 (x) = lim h→0 f (x0 +h, y0)− f (x0, y0) h , dérivée partielle de f par rapport à x au point (x0, y0), ∂f ∂y (x0, y0) = f ′ x0 (y) = lim h→0 f (x0, y0 +h)− f (x0, y0) h , dérivée partielle de f par rapport à y au point (x0, y0). Il s’agit de limites d’une fonction réelle de variable réelle ! Si f admet toutes les dérivées partielles premières, on dit que f est dérivable. Remarque Notation ∂f ∂x se note aussi ∂x f ou f,x. (Attention à ne pas confondre f,x la dérivée de f par rapport à x avec fx0 la fonction partielle associée à f .) Définition Vecteur gradient Le gradient de f en (x0, y0), noté ∇f (x0, y0) ou encore gradf (x0, y0), est le vecteur dont les composantes sont les dérivées partielles premières. Il est orthogonal à la courbe de niveau de f passant par (x0, y0). Astuce En pratique, pour calculer la dérivée partielle ∂x f (resp. ∂y f ), on dérive f comme si elle était une fonction de la seule variable x (resp. y) et que l’autre variable, y (resp. x), était une constante. Ces définitions se généralisent de manière naturelle à toute fonction de n variables.
  • 108. Exemple Soit f (x, y) = 4−x2 −2y2. On a ∂x f (x, y) = −2x et ∂y f (x, y) = −4y. Exemple 1. Soit la fonction f (x, y) = 3x2 + xy − 2y2. Alors D ≡ R2, f est continue, ∂x f (x, y) = 6x + y (car y est considérée constante) et ∂y f (x, y) = x −4y (car x est considérée constante). 2. Soit la fonction f (x, y,z) = 5xz ln(1+7y). Alors D ≡ {(x, y,z) | y −1/7}, f est continue et ∂x f (x, y,z) = 5z ln(1+7y), ∂y f (x, y,z) = 35xz 1+7y et ∂z f (x, y,z) = 5x ln(1+7y). Fonction de production de COBB-DOUGLAS COBB et DOUGLAS ont cherché une fonction, définie et dérivable dans (R∗ +)2 , qui caractérise la production en fonction du travail w et du capital k : f : (R∗ +)2 → R∗ + (w,k) 7→ f (w,k) La dérivée partielle ∂w f est la vitesse à laquelle la production change en fonction des variations du travail. On appelle cela production marginale par rapport au travail ou productivité marginale du travail. De la même manière, la dérivée partielle ∂k f est la vitesse à laquelle la production change en fonction des variations du capital. On appelle cela produc- tion marginale par rapport au capital ou productivité marginale du capital. COBB et DOUGLAS ont fait les hypothèses suivantes : ⊲ si le travail ou le capital s’annulent, la production aussi s’annule : lim w→0 ∀k f (w,k) = 0, lim k→0 ∀w f (w,k) = 0; ⊲ la productivité marginale du travail est proportionnelle à la production par unité de travail : ∃α ∈ R tel que ∂w f (w,k) = α w f (w,k); ⊲ la productivité marginale du capital est proportionnelle à la production par unité de capital : ∃β ∈ R tel que ∂k f (w,k) = β k f (w,k). On obtient alors la fonction f (w,k) = cwα kβ , où c est une constante. De plus, on a fait l’hypothèse que si le travail ou le capital s’annulent alors la production aussi s’annule, par conséquent α,β 0 et l’on a bien ∂w f (w,k) = αwα−1 kβ = α w f (w,k), ∂k f (w,k) = βwα kβ−1 = β k f (w,k). Remarquons que si le travail et le capital augment en même temps d’un facteur m alors f (mw,mk) = c(mw)α (mk)β = mα+β f (w,k). Pour que la production augmente elle aussi d’un facteur m il faut alors imposer α+β = 1. Dans certaines applications, on est amené à considérer des fonctions de D ⊂ Rn → Rm qui peuvent être vues comme des empilements de fonctions de D ⊂ Rn → R : f: D ⊂ Rn → Rm x 7→       f1(x) f2(x) . . . fm(x)       . De telles fonctions s’étudient comme s’il s’agissait de m fonctions de D → R. On obtiendra ainsi un vecteur gradient pour chaque fonction fj , j = 1,...,m. La matrice de n lignes et m colonnes dont la colonne j contient le vecteur ∇fj est appelée matrice jacobienne de f .
  • 109. Définition Élasticité Soit f une fonction à valeurs réelles définie sur une partie ouverte D de R2 . Soit (x0, y0) ∈ D et supposons f dérivable par rapport à x (resp. y) en (x0, y0) avec x0 6= 0 (resp. y0 6= 0) et f (x0, y0) 6= 0. L’élasticité de f par rapport à x (resp. y) en (x0, y0) est donnée par Ex f (x0, y0) = lim h→0 f (x0+h,y0)−f (x0,y0) f (x0,y0) h x0 , E y f (x0, y0) = lim h→0 f (x0,y0+h)−f (x0,y0) f (x0,y0) h y0 . Par conséquent Ex f (x0, y0) = x0 f (x0, y0) ∂x f (x0, y0), E y f (x0, y0) = y0 f (x0, y0) ∂y f (x0, y0). Exemple La fonction de production de COBB-DOUGLAS f : (R∗ +)2 → R s’écrit f (x, y) = xαyβ (avec α,β 0). Elle est dérivable dans (R∗ +)2 et on obtient : Ex f (x, y) = x f (x, y) ∂x f (x, y) = x xαyβ αxα−1 yβ = α, E y f (x, y) = y f (x, y) ∂y f (x, y) = y xαyβ βxα yβ−1 = β. En conséquence, toutes les fonctions de COBB-DOUGLAS bénéficient d’élasticités constantes, ce qui contribue à expliquer l’attrait qu’elles représentent pour le modélisateur. Définition Fonction différentiable Soit f une fonction à valeurs réelles définie sur une partie ouverte D de R2 . Soit (x0, y0) ∈ D. On dit que f est différentiable en (x0, y0) s’il existe deux constantes réelles A et B telles que f (x0 +h, y0 +k)− f (x0, y0) = hA +kB +k(h,k)kε(h,k) avec lim(h,k)→(0,0) ε(h,k) = 0 et k·k une norme quelconque de R2 . La différentiabilité est une notion plus forte que la continuité et que la dérivabilité : Théorème Soit f une fonction à valeurs réelles définie sur une partie ouverte D de R2 . Soit (x0, y0) ∈ D. Si f est différentiable en (x0, y0), alors f est continue et dérivable en (x0, y0). Dans ce cas on a A = ∂x f (x0, y0) et B = ∂y f (x0, y0) et on peut définir la fonction df(x0,y0) : R2 → R (h,k) 7→ h∂x f (x0, y0)+k∂y f (x0, y0), appelée différentielle de f au point (x0, y0). En générale on note df (x0, y0) = lim ( dx, dy)→(0,0) ³ f (x0 + dx, y0 + dy)− f (x0, y0) ´ = ∂x f (x0, y0) dx +∂y f (x0, y0) dy.
  • 110. Définition Fonction homogènes Soit la fonction f : Rn → R. Elle est dite homogène de degré k si f (λx) = λk f (x), ∀(x,λ) ∈ Rn ×R∗ +. Les fonctions homogènes bénéficient de la propriété suivante qui découle de la chain rule. Théorème d’EULER Si la fonction f : Rn → R est homogène de degré k et différentiable dans Rn , alors n X i=1 xi ∂xi f (x) = k f (x), ∀∈Rn . Exemple La fonction de production de COBB-DOUGLAS à rendements constants s’écrit f (x, y) = xαy1−α, où α ∈ R∗ +, est homogène de degré 1 puisque f (λx,λy) = (λx)α(λy)1−α = λ(xαy1−α) = λf (x, y). Dans ce cas, la formule d’Euler s’écrit x∂x f (x, y)+ y∂y f (x, y) = f (x, y). Le résultat f (x, y) de la production obtenue avec les quantités respectives x et y de facteurs permet donc de rémunérer ces facteurs au niveau de leur productivité marginale. Rendements d’échelle ✲ F (x1, x 2..., x n) k λ 0 F (λx 1, λx 2..., λx n) = λkF (x1, x 2..., x n) F k ∗ k 1 : rendements d’échelle croissants, ∗ k = 1 : rendements d’échelle constants, ∗ k 1 : rendements d’échelle décroissants Dérivées partielles d’ordres supérieurs et matrice hessienne Si les fonctions dérivées partielles admettent elles-mêmes des dérivées partielles en (x0, y0), ces dérivées sont appelées déri- vées partielles secondes, ou dérivées partielles d’ordre 2, de f en (x0, y0). On peut, de la même façon, introduire les dérivées partielles d’ordres supérieurs. Les définitions suivantes s’énoncent dans des ensembles ouverts pour éviter les problèmes liés au calcul de limites au bord du domaine. est dite homogène de degré si pour tout on a est une fonction de production on voit que si elle est homogène de degré alors - Si si si si
  • 111. Définition Dérivées partielles d’ordre 2 pour une fonction de deux variables Soit la fonction f : D ⊂ R2 → R où D est un ouvert de R2 . On a 2 dérivées partielles d’ordre 1 et donc 4 dérivées partielles d’ordre 2 ainsi notées : ∂2 f ∂x2 (x0, y0) = ∂ ∂x µ ∂f ∂x ¶ (x0, y0) (notée aussi ∂xx f (x0, y0)), ∂2 f ∂x ∂y (x0, y0) = ∂ ∂x µ ∂f ∂y ¶ (x0, y0) (notée aussi ∂xy f (x0, y0)), ∂2 f ∂y ∂x (x0, y0) = ∂ ∂y µ ∂f ∂x ¶ (x0, y0) (notée aussi ∂yx f (x0, y0)), ∂2 f ∂y2 (x0, y0) = ∂ ∂y µ ∂f ∂y ¶ (x0, y0) (notée aussi ∂yy f (x0, y0)). Les dérivées partielles d’ordre supérieur à 2 se définissent par récurrence de façon analogue. Définition Matrice Hessienne Soit la fonction f : D ⊂ R2 → R où D est un ouvert de R2 . La matrice Hessienne de f en (x0, y0) est la matrice de taille 2×2 dont les entrées sont les dérivées partielles secondes : Hf (x0, y0) = µ ∂xx f (x0, y0) ∂xy f (x0, y0) ∂yx f (x0, y0) ∂yy f (x0, y0) ¶ . Son déterminant est le réel ∆Hf (x0, y0) = ∂xx f (x0, y0)∂yy f (x0, y0)−∂xy f (x0, y0)∂yx f (x0, y0). Définition Fonction de classe C k Si les fonctions dérivées partielles d’ordre k sont continues sur D, on dit que f est de classe C k sur D. Si les dérivées partielles de tout ordre existent, f est dite de classe C ∞ sur D. Exemple Les dérivées premières et secondes de la fonction f (x, y) = −2x2 +3xy2 − y3 sont ∂x f (x, y) = −4x +3y2 , ∂y f (x, y) = 6xy −3y2 , ∂xx f (x, y) = −4, ∂xy f (x, y) = 6y, ∂yx f (x, y) = 6y, ∂yy f (x, y) = 6x −6y. La matrice hessienne est donnée par µ −4 6y 6y 6x −6y ¶ . Dans cet exemple, on remarque que la matrice hessienne de f est symétrique du fait que les dérivées secondes mixtes, ∂xy f et ∂yx f , sont égales. Le théorème suivant garantit cette égalité sous des conditions légères. Théorème Théorème de SCHWARZ Si au moins une des dérivées partielles ∂xy f et ∂yx f est continue en (x0, y0) alors ∂xy f (x0, y0) = ∂yx f (x0, y0). Comme la dérivée seconde pour les fonctions d’une seule variable, la matrice hessienne permet d’étudier la convexité des fonctions de plusieurs variables et joue, dès lors, un rôle important dans leur optimisation.
  • 112. Définition Soit f une fonction de D ⊂ Rn dans R. On dit que ⊲ f est bornée dans D s’il existe un nombre réel M ≥ 0 tel que pour tout x ∈ D, |f (x)| ≤ M; ⊲ f admet un maximum (resp. minimum) global (ou ab- solu) en x0 ∈ D si pour tout x ∈ D, f (x) ≤ f (x0) (resp. f (x) ≥ f (x0)) ; ⊲ f admet un maximum (resp. minimum) local (ou re- latif) en x0 ∈ D s’il existe une boule de rayon non nul B(x0,r) telle que pour tout x ∈ D∩B(x0,r), f (x) ≤ f (x0) (resp. f (x) ≥ f (x0)) Extrema libres Théorème de FERMAT : condition nécessaire d’extrémum local Si f présente un extrémum local en x0 et est de classe C 1 en ce point, alors ∇f (x0) = 0. Un point vérifiant cette condition est appelé point stationnaire, ou point critique, de f . Exemple On veut optimiser la fonction f (x, y) = x2 + y2 dans le disque ouvert centré en (0,0) de rayon 1, représenté par D = © (x, y) ∈ R2 ¯ ¯ x2 + y2 1 ª . Le seul candidat est l’unique point critique (0,0) qu’on trouve en résolvant ∂x f (x, y) = 0 et ∂y f (x, y) = 0. La définition implique de façon immédiate que f admet un minimum global en (0,0). En effet f (x, y) = x2 + y2 ≥ 0 = f (0,0) ∀(x, y) ∈ D. En revanche, la fonction n’admet aucun maximum. Théorème Condition suffisante d’extrémum local dans un ouvert (cas de 2 variables) Soit f une fonction de classe C 2 sur un ouvert D ⊂ R2 et (x0, y0) un point stationnaire ; posons ∆(x0, y0) ≡ ∂xx f (x0, y0)·∂yy f (x0, y0)−∂xy f 2 (x0, y0). ⊲ Si ∆(x0, y0) 0, alors f présente un extrémum relatif en (x0, y0) ; il s’agit d’un maximum si ∂xx f (x0, y0) 0 et d’un minimum si ∂xx f (x0, y0) 0 ; ⊲ si ∆(x0, y0) 0, alors f présente un point-selle (ou point-col) a en (x0, y0) ; ce n’est pas un extrémum ; ⊲ si ∆(x0, y0) = 0, on ne peut pas conclure à partir des dérivées secondes. En résumé, si ∂x f (x0, y0) = 0 et ∂y f (x0, y0) = 0, la nature du point critique (x0, y0) est déterminée par le tableaux suivant :
  • 113. (a) Point de maximum (b) Point de selle ∆(x0, y0) ∂xx f (x0, y0) Nature de (x0, y0) + + minimum local + − maximum local − point-selle 0 on ne peut pas conclure Exemple Pour déterminer les extrema libres de la fonction f (x, y) = x2 + y3 −2xy − y dans R2, on constate d’abord que f est un polynôme, donc différentiable dans l’ouvert R2. Les seuls candidats extrema locaux sont les points critiques. Toutefois, nous ne disposons d’aucune garantie à priori sur le fait que les éventuels extrema locaux soient globaux. Recherche des points critiques On a ∇f = 0 ⇐⇒ µ 2x −2y 3y2 −2x −1 ¶ = µ 0 0 ¶ ⇐⇒ (x, y) = µ − 1 3 ,− 1 3 ¶ ou (x, y) = (1,1). Les deux candidats sont donc ³ −1 3 ,−1 3 ´ et (1,1). Classification La matrice hessienne de f en un point (x, y) ∈ R2 est Hf (x, y) = µ ∂xx f (x, y) ∂xy f (x, y) ∂yx f (x, y) ∂yy f (x, y) ¶ = µ 2 −2 −2 6y ¶ . Comme ∆ ³ −1 3 ,−1 3 ´ 0 et D(1,1) 0, alors (−1 3 ,−1 3 ) est un point-selle et f admet en (1,1) un minimum local de valeur f (1,1) = −1. Ce minimum n’est cependant pas global puisque, par exemple, f (0,−2) = −6 f (1,1) = −1. Extrema liés Le théorème de LAGRANGE généralise la démarche adoptée dans cette résolution. Il représente une condition nécessaire pour l’optimisation sous des contraintes d’égalité. Théorème des multiplicateurs de LAGRANGE Soit les fonctions f et g1, ..., gm (m n) de classe C 1 dans un ouvert D ∈ Rn . Si f admet en x0 un extremum lié sous les contraintes g1(x) = 0, ..., gm(x) = 0 et si la jacobienne en x0 (i.e. la matrice (∂xj gi (x0))m×n) est de rang m, alors ∃λ = (λ1,...,λm) ∈ Rm tel que ∇f (x0) + m X i=1 λi ∇gi (x0)˘ 0. Le théorème de LAGRANGE peut être vu comme la condition nécessaire d’existence d’extrema libres appliquée à la fonc- + =
  • 114. tion de n +m variables appelée fonction lagrangienne (ou le lagrangien) : L : D ×Rm → R (x,λ) 7→ f (x0)+ m X i=1 λi gi (x0) où λ = (λ1,...,λm). Optimiser f (x, y) sous la contrainte g(x, y) = 0. Réécrivons le théorème des multiplicateurs de LAGRANGE pour une fonction de deux variables et une seule contrainte d’égalité : Soit les fonctions f et g de classe C 1 dans un ouvert D ∈ R2 . Si f admet en (x0, y0) un extremum lié sous la contrainte g(x, y) = 0 et si ∇g(x0, y0) 6= (0,0), alors ∃λ ∈ R tel que ∇f (x0, y0) + λ∇g(x0, y0)˘ 0. On a alors deux méthodes pratiques pour déterminer les extrema liés de f sous la contrainte g : Méthode 1 : Lagrangien. Formons le lagrangien L(x, y,λ) = f (x, y)+λg(x, y) où λ (multiplicateur de LAGRANGE) est une inconnue. Pour que cette fonction ait un extremum il faut que le gra- dient de L soit nul, autrement dit on cherche les triplets (x, y,λ) tels que ∂x f (x, y) + λ∂x g(x, y)˘ 0, ∂y f (x, y) + λ∂y g(x, y)˘ 0, 0 = g(x, y). Notons (x0, y0,λ0) une solution de ce système. Si ∇g(x0, y0) 6= 0, alors (x0, y0) est un point critique de la fonction f sous la contrainte g. Ces points critiques satisfont la contrainte, mais il s’agit à présent de classer ces candidats. = = = Comme dans le cas des extrema libres, on peut formuler des conditions du deuxième ordre relatives aux points critiques, mais qui ne s’appliquent qu’à certains cas. Soit Définition (Hessienne bordée) La matrice hessienne du lagrangien est aussi appelée la matrice hessienne bordée de f (x, y, λ) =    ∂2 ∂x2 (x, y, λ) ∂2 ∂y∂x (x, y, λ) ∂g ∂x (x, y) ∂2 ∂x∂y (x, y, λ) ∂2 ∂y2 (x, y, λ) ∂g ∂y (x, y) ∂g ∂x (x, y) ∂g ∂y (x, y) 0    Théorème (Condition suffisante, ordre 2) Soit D un domaine ouvert de R2 , f et g deux applica- tions deux fois continuement dérivables de D dans R . Soit ( ) un point critique du lagrangien (x, y, λ) = f (x, y) + λg (x, y) alors – si le déterminant de la hessienne bordée ( ) est strictement négatif, ( ) est un minimum local du problème contraint ; – si le déterminant de la hessienne bordée est strictement positif, est un maxi- mum local du problème contraint. L L L L x0, y0,λ0 L ∆ ∆ x0, y0,λ0 x0, y0 ( ) ∆ x0, y0,λ0 ( ) x0, y0 – si le déterminant de la hessienne bordée est nul, on ne peut rien conclure. ( ) ∆ x0, y0,λ0 ATTENTION : Le théorème précédent est valide uniquement pour deux variables (x, y)
  • 115. ✎✎✎✎✎✎✎✎✎✎✎✎✎✎✎ Exercices ✎✎✎✎✎✎✎✎✎✎✎✎✎✎ Exercice 1 Dans chaque cas, déterminez et représentez le domaine de définition des fonctions données. 1. f (x, y) = p −y+x2 p y 2. f (x, y) = ln(y) p x−y 3. f (x, y) = ln(x + y) 4. f (x, y,z) = ln(x2+1) yz CORRECTION. 1. D = © (x, y) ∈ R2 ¯ ¯ y ≤ x2 et y 0 ª x y 2. D = © (x, y) ∈ R2 ¯ ¯ y 0 et x y ª x y 3. D = © (x, y) ∈ R2 ¯ ¯ y −x ª x y 4. D = © (x, y,z) ∈ R3 ¯ ¯ y 6= 0 et z 6= 0 ª Exercice 2 Dans chaque cas, déterminez les courbes de niveau des fonctions de deux variables données. Esquissez ensuite leurs graphes (le graphe peut être vu comme un empilement de courbes de niveau qui forment une surface dans R3 ). 1. f (x, y) = x + y −1 2. f (x, y) = ey−x2 CORRECTION. 1. f (x, y) = x + y −1 : f (x, y) = κ ssi y = 1−x −κ, les courbes de niveau sont donc des droites et le graphe de f est un plan. 2 1 0 2 1 0 -1 -2 y -1 x -2 -4,8 -4,0 -3,2 -2,4 -2 -1,6 2 -1 -0,8 1 x 0,0 0 0 0,8 -1 1 1,6 y -2 2,4 2 2. f (x, y) = ey−x2 : f (x, y) = κ ssi y = x2 +ln(κ), les courbes de niveau sont donc des paraboles. On observe notamment la croissance exponentielle marquée lorsque les valeurs prises par y sont grandes et celles prises par |x| sont petites.
  • 116. 2 1 0 2 1 0 -1 -2 x -1 y -2 -2 8,0 y 5,5 -1 3,0 x 0,5 0 0 -2,0 500 1 1 000 1 500 2 2 000 2 500 3 000 Exercice 3 Domaine de définition, courbes de niveau 1. Déterminer et représenter le domaine de définition de la fonction f : R2 → R définie par f (x, y) = ln(x − y2 ). 2. Déterminer et représenter ses courbes de niveau. CORRECTION. Df = © (x, y) ∈ R2 ¯ ¯ x − y2 0 ª = © (x, y) ∈ R2 ¯ ¯ y2 x ª x y 1 2 3 −2 −1 0 1 f (x, y) = k ⇐⇒ x − y2 = ek ⇐⇒ x = y2 +ek k → −∞ k = 1 k = 0 k = −2 x y 1 2 3 −2 −1 0 1 Exercice 4 Calculer toutes les dérivées partielles d’ordre 1 des fonctions données : 1. f (x, y) = y5 −3xy 2. f (x, y) = x2 +3xy2 −6y5 3. f (x, y) = x/y 4. f (x, y) = xy CORRECTION. 1. ∂x f (x, y) = −3y et ∂y f (x, y) = 5y4 −3x 2. ∂x f (x, y) = 2x +3y2 et ∂y f (x, y) = 6xy −30y4 3. ∂x f (x, y) = 1/y et ∂y f (x, y) = −x/y2 4. ∂x f (x, y) = yxy /x et ∂y f (x, y) = ln(x)xy
  • 117. Exercice 5 La production annuelle de blé B dépend de la température moyenne T et des précipitations R. Les scientifiques es- timent que la température moyenne est en train de croître de 0.15◦ Can−1 et que les précipitations diminuent à raison de 0.1cman−1 . Ils pensent aussi qu’aux niveaux de production actuels ∂T B = −2 et ∂RB = 8. Que signifient les signes de ces dérivées partielles ? Estimez le taux actuel de variation de la production de blé dB/dt. CORRECTION. Comme ∂T B est négative, une augmentation de la température moyenne (tout en gardant les précipitations annuelles constant) entraîne une diminution de la production de blé aux niveaux de production actuels. Puisque ∂RB est positive, une augmentation de la pluviosité annuelle (tout en gardant la température moyenne constante) provoque une augmentation de la production de blé. Puisque la température moyenne augmente à un taux de 0.15◦ Can−1 , nous savons que dT /dt = 0.15. Comme les précipita- tions diminuent à raison de 0.1cman−1 , nous savons que dR/dt = 0.1. Par conséquent, dB dt = ∂B ∂T dT dt + ∂B ∂R dR dt = (−2)×(0.15)+(8)×(−0.1) = −1.1. Ainsi, nous estimons que la production de blé diminuera à raison de 1.1 unités par an. Exercice 6 Calculer les différentielles des fonctions suivantes : m = p5 q3 u = q x2 +3y2 T = v 1+uvw L = xze−y2−z2 CORRECTION. 1. m = 5p4 q3 dp +3p5 q2 dq 2. du = x p x2 +3y2 dx + 3y p x2 +3y2 dy 3. 4. T = − v2 w (1+uvw)2 du + 1 (1+uvw)2 dv − v2 u (1+uvw)2 dw L = ze−y2−z2 dx −2xyze−y2−z2 dy − x(2z2 −1)e−y2−z2 dz Exercice 7 Dérivabilité, différentiabilité Soit f : R2 → R la fonction ainsi définie f (x, y) =      x2 y2 x2 + y2 si (x, y) 6= (0,0), 0 si (x, y) = (0,0). 1. Calculer ∇f (x, y). 1. Pour (x, y) 6= (0,0) on a ∇f (x, y) = µ ∂x f (x, y) ∂y f (x, y) ¶ =   2xy4 (x2+y2)2 2x4 y (x2+y2)2  . Pour (x, y) = (0,0) on a ∇f (0,0) = µ ∂x f (0,0) ∂y f (0,0) ¶ = Ã limx→0 f (x,0)−f (0,0) x−0 limy→0 f (0,y)−f (0,0) y−0 ! = µ 0 0 ¶ . CORRECTION.
  • 118. Exercice 8 Soit f : R2 → R la fonction ainsi définie f (x, y) =      x3 y2 x2 + y2 si (x, y) 6= (0,0), 0 si (x, y) = (0,0). 1. Calculer ∇f (x, y). 1. Pour (x, y) 6= (0,0) on a ∇f (x, y) = µ ∂x f (x, y) ∂y f (x, y) ¶ =   x2 y2(x2+3y2) (x2+y2)2 2x5 y (x2+y2)2  . Pour (x, y) = (0,0) on a ∇f (0,0) = µ ∂x f (0,0) ∂y f (0,0) ¶ = Ã limx→0 f (x,0)−f (0,0) x−0 limy→0 f (0,y)−f (0,0) y−0 ! = µ 0 0 ¶ . Exercice 9 Soit f : R2 → R la fonction ainsi définie f (x, y) =      y4 x2 + y2 si (x, y) 6= (0,0), 0 si (x, y) = (0,0). 1. Calculer ∇f (x, y) pour (x, y) 6= (0,0) ; calculer ensuite ∇f (0,0). CORRECTION. 1. ∇f (x, y) est le vecteur de composantes ∂x f (x, y) et ∂y f (x, y) et on a : ∂x f (x, y) =        −2xy4 (x2 + y2)2 , si (x, y) 6= (0,0), lim x→0 f (x,0)− f (0,0) x −0 = 0, sinon; ∂y f (x, y) =          2y3 2x2 + y2 (x2 + y2)2 , si (x, y) 6= (0,0), lim y→0 f (0, y)− f (0,0) y −0 = 0, sinon. CORRECTION. Exercice 10 Soit f : R2 → R une fonction de classe C 2 (R2 ) et (a,b) un point de R2 . On suppose que f (a,b) = 0, ∂x f (a,b) = 0, ∂y f (a,b) = 0, ∂xx f (a,b) = 1, ∂yy f (a,b) = 2, ∂xy f (a,b) = 3. Le point (a,b) est-il un point critique ? Si oui, de quelle nature ? CORRECTION. Il est un point critique et plus particulièrement il s’agit d’un point-selle car ∆(a,b) 0.
  • 119. Exercice 11 On suppose que (1,1) est un point critique d’une fonction f dont les dérivées secondes sont continues. Dans chaque cas, que peut-on dire au sujet de f ? 1. ∂xx f (1,1) = 4, ∂xy f (1,1) = 1, ∂yy f (1,1) = 2 ; 2. ∂xx f (1,1) = 4, ∂xy f (1,1) = 3, ∂yy f (1,1) = 2. CORRECTION. 1. D’abord on calcule ∆(1,1) = ∂xx f (1,1)∂yy f (1,1)−(∂xy f (1,1))2 = 7. Comme ∆(1,1) 0 et ∂xx f (1,1) 0, f a un minimum local en (1,1). 2. D’abord on calcule ∆(1,1) = ∂xx f (1,1)∂yy f (1,1)−(∂xy f (1,1))2 = −1. Comme ∆(1,1) 0, f a un point-selle en (1,1). Exercice 12 Soit f l’application définie sur R2 par f (x, y) = x2 y 2 + x2 + y3 3 −4y. Trouver les points critiques de la fonction f et établir leur nature. CORRECTION. f est une application définie sur R2 ; les points critiques sont les points qui rendent nul le gradient. On a ∇f = à xy +2x, x2 2 + y2 −4 ! et ∇f = 0 ⇐⇒ (x, y) ∈ {(0,−2),(0,2)}. Pour en étudier la nature on calcule les dérivées secondes : ∂xx f (x, y) = y +2 ∂yy f (x, y) = 2y ∂xy f (x, y) = x Donc ∆(x, y) = ∂xx f (x, y)∂yy f (x, y)−(∂xy f (x, y))2 = 2y(y +2)− x et ∆(0,−2) = 0, ∆(0,2) = 16. Comme ∆(0,2) 0 et ∂xx f (0,2) = 4 0, on conclut que le point (0,2) est un minimum pour f . En revanche, comme ∆(0,−2) = 0, on ne peut pas conclure en utilisant la matrice hessienne. Exercice 13 Déterminer les extrema de la fonction f : R2 → R définie par f (x, y) = y2 + xy ln(x). CORRECTION. f est de classe C 2 dans son domaine de définition, l’ouvert D = © (x, y) ∈ R2 ¯ ¯ x 0 ª . Points critiques On a ∇f (x, y) = ³ y ln(x)+y 2y+x ln(x) ´ et ∇f (x, y) = µ 0 0 ¶ ⇐⇒ ( y(1+ln(x)) = 0, 2y + x ln(x) = 0, ⇐⇒ (x, y) ∈ ½ (1,0); µ 1 e , 1 2e ¶¾ Nature des points critiques D(x, y) = ∂xx f (x, y)∂yy f (x, y)−(∂xy f (x, y))2 = y x ×2−(1+ln(x))2 . Comme D(1,0) = −1 0, le point (1,0) est un point-selle ; comme D(1/e,1/(2e)) = 1 0 et ∂xx f (1/e,1/(2e)) = 1/2 0, le point (1/e,1/(2e)) est un minimum local.
  • 120. Exercice 14 Soit f l’application définie sur R2 par f (x, y) = x2 y 2 − x2 + y3 3 −4y. Trouver les points critiques de la fonction f et établir leur nature. CORRECTION. f est une application définie sur R2 ; les points critiques sont les points qui rendent nul le gradient. On a ∇f = Ã xy −2x, x2 2 + y2 −4 ! et ∇f = 0 ⇐⇒ (x, y) ∈ {(0,−2),(0,2)}. Pour en étudier la nature on calcule les dérivées secondes : ∂xx f (x, y) = y −2 ∂yy f (x, y) = 2y ∂xy f (x, y) = x Donc ∆(x, y) = ∂xx f (x, y)∂yy f (x, y)−(∂xy f (x, y))2 = 2y(y −2)− x et ∆(0,−2) = 16, ∆(0,2) = 0. Comme ∆(0,−2) 0 et ∂xx f (0,−2) 0, on conclut que le point (0,−2) est un maximum pour f . En revanche, comme δ(0,2) = 0, on ne peut pas conclure en utilisant la matrice hessienne. Exercice 15 La société d’Adèle produit deux types d’ampoules : E17 et E24. Indiquons par x le nombre de milliers d’ampoules de type E17 produites et supposons que la demande pour ce type de lampes est donnée par p1 = 50 − x, où p1 est le prix de vente en euros. De même, indiquons par y le nombre de milliers d’ampoules de type E24 produites et supposons que la demande pour ce type est donnée par p2 = 60−2y, où p2 est aussi le prix de vente en euros. Les coûts communs de production de ces ampoules est C = 2xy (en milliers d’euros). Par conséquent, le bénéfice de la société d’Adèle (en milliers d’euros) est une fonction de deux variables x et y. Déterminer le profit maximal d’Adèle. CORRECTION. La fonction profit en milliers d’euros est p(x, y) = p1x +p2y −C(x, y) = 50x −x2 +60y −2y2 −2xy. Pour maxi- miser le profit, on cherche d’abord les points stationnaires : ∇p = 0 ⇐⇒ µ 50−2x −2y 60−4y −2x ¶ = µ 0 0 ¶ ⇐⇒ ( x = 20, y = 5. Pour établir la nature de ces points, on étudie la matrice hessienne : ∂xx p(x, y) = −2, ∂xx p(20,5) = −2 0, ∂xy p(x, y) = −2, ∂xy p(20,5) = −2, ∂yy p(x, y) = −4, ∂yy p(20,5) = −4, et ∆(20,5) = (−2)(−4) − (−2)2 = 4 0 donc (20,5) est un point de maximum pour p et le profit maximal vaut p(20,5) = 650. La société d’Adèle réalise le profit maximal de 650000 euros lorsqu’elle vend 20000 ampoules E17 à 30 euros l’une et 5000 ampoules E24 à 50 euros l’une.
  • 121. Exercice 16 Vous êtes le directeur financier de la firme SANBON FILS. Cette entreprise a investi 3000 euros pour mettre au point un nouveau parfum. Le coût de la production est de 3 euros par flacon de 100mL. L’expert consulté par M. SANBON père a établi que si la firme consacre x euros en publicité pour son parfum et que le prix de vente d’un flacon est de y euros, la firme vendra exactement 300+6 p x−10y pièces. La firme SANBON FILS fixe évidemment x et y de manière à maximiser son profit. En tant que directeur financier, il vous incombe de déterminer ces valeurs. CORRECTION. ⊲ Revenu de la vente : y(300+6 p x −10y) ⊲ Coût de production : 3(300+6 p x −10y) ⊲ Coût de développement et de publicité : 3000+ x Le profit de la firme à maximiser est donc : f (x, y) = (y −3)(300+6 p x −10y)− x −3000. La condition nécessaire s’écrit ( ∂x f (x, y) = 3(y−3) p x −1 = 0 ∂y f (x, y) = 330+6 p x −20y = 0 =⇒ (x0, y0) = (164025,138). La hessienne en ce point est définie négative :        ∂xx f (x, y) = − 3(y−3) 2 p x3 ∂xy f (x, y) = 3 p x ∂yy f (x, y) = 30(y−3) p x3 − 3 p x =⇒ ∆(x0, y0) = − 241 32805 . Comme ∂xx f (x0, y0) = −20, on a bien un maximum. La firme SANBON FILS va donc consacrer 164025 euros à la pro- motion de son nouveau parfum et vendre le flacon de 100mL à 138 euros. Elle réalisera de la sorte le profit maximal de f (164025,138) = 15225 euros. Exercice 17 Utiliser la méthode des multiplicateurs de LAGRANGE pour calculer le maximum et le minimum de la fonction f sous la contrainte indiquée : 1. f (x, y) = 3x + y sous la contrainte x2 + y2 = 10 CORRECTION. 1. Formons le lagrangien L(x, y,λ) = 3x + y +λ(x2 + y2 −10) où λ (multiplicateur de LAGRANGE) est une inconnue. Pour que cette fonction ait un extremum il faut que le gradient de L soit nul, autrement dit on cherche les triplets (x, y,λ) tels que ∇L = 0 ⇐⇒   3+2λx 1+2λy x2 + y2   =   0 0 0   ⇐⇒ (x, y,λ) ∈ {(3,1,¡ 1/2),( −3,−1,1/2)} Donc (3,1) et (−3,−1) sont des points critiques de la fonction f sous la contrainte x2 +y2 = 10. Comme ∆(3,1, 1/2) = 40 0 , le point (3,1) est un maximum ; et le point (−3,−1) est un minimum. −10 − =    0    ∆ 2λ 0 2x 0 2λ 2y 2x 2y = λ -8 (x2 + y ) 2 (x, y,λ) alors − ∆ = 40 (−3,−1,1/2) − 0,