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APPRÉCIATION RÉELLE DU TAUX DE CHANGE DANS LES PAYS
ÉMERGENTS
Olivier Jonglez
La Doc. française | « Economie & prévision »
2009/1 n° 187 | pages 147 à 154
ISSN 0249-4744
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
http://www.cairn.info/revue-economie-et-prevision-2009-1-page-147.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Pour citer cet article :
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Olivier Jonglez, « Appréciation réelle du taux de change dans les pays émergents »,
Economie & prévision 2009/1 (n° 187), p. 147-154.
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147
Appréciation réelle du taux de change
dans les pays émergents
Olivier Jonglez
• Les devises des économies en rattrapage, qui connaissent de forts gains de productivité, sont soumises à des pres-
sions à l’appréciation en termes réels par rapport aux monnaies des pays développés. Jusqu’en juillet 2007,
celles-ci ont débouché dans la plupart des cas sur des appréciations nominales sensibles, tandis que l’on assistait
parailleursàunemontéedestensionsinflationnistes.Cemouvement,d’origineessentiellementstructurelle,aété
amplifié par la conjonction d’autres facteurs : un dollar en forte baisse face à toute monnaie, un environnement
économique mondial dynamique, une liquidité très élevée sur les marchés financiers mondiaux ou encore des
prix de matières premières en forte hausse.
• Face à ce phénomène, la plupart des pays concernés ont tenté de limiter ce mouvement d’appréciation qui vient
rogner la compétitivité. Les options classiques de la politique économique (constitution de réserves de change,
stérilisation,pilotagedestauxd’intérêt)ontbutésurl’impossibilitédesimultanémentcontrôlerletauxdechange
et conserver une politique monétaire autonome (avec des objectifs internes) dans un contexte de liberté des
mouvements de capitaux et d’intégration plus forte sur le plan international. D’autres mesures ont ainsi pu être
envisagées, notamment des interventions sur le contrôle des flux de capitaux (favorables à la sortie, ou restrictifs
sur les entrées).
• Depuis juillet 2007 et le début de la crise des subprimes, et surtout depuis son aggravation à partir de janvier 2008,
les devises émergentes ont connu dans l’ensemble des évolutions plus hétérogènes et plus volatiles. Les écono-
mies des pays concernés sont exposées à des choix de politique économique difficiles entre des pressions à
l’appréciation réelle essentiellement sous forme de tensions inflationnistes à court terme et un possible refroidis-
sement, même limité, à prévoir en conséquence du ralentissement économique des pays développés à moyen
terme.
Cet article est reproduit du Trésor-Éco n° 35 – Avril 2008.
80
100
120
140
160
180
2004 2005 2006 2007 2008
Brésil
Janv 2004 = 100
Russie
Chine
Inde
Source : Global Insight.
Taux de change effectif réel des principales devises émergentes
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1. Jusqu’à l’été 2007, les devises des pays émer-
gents ont été soumises à de fortes pressions à
l’appréciation réelle
1.1 Dans une économie en rattrapage, le taux de
change a tendance à s’apprécier en termes réels
Les économies en rattrapage, qui bénéficient
d’un taux de croissance élevé et d’importants
gains de productivité voient généralement leur
devise s’apprécier en termes réels. Ce phénomène
résulte de l’effet Balassa-Samuelson (voir encadré
1), et explique pour une large part les évolutions
constatées sur les devises émergentes jusqu’en juil-
let 2007. Comme cela est précisé dans l’encadré, cet
effet permet d’expliquer les différences d’évolution
des taux de change réels par les différences de pro-
ductivité relatives entre secteurs exposés ou non et
entre les économies. En phase d’expansion ou de rat-
trapage, les variations de productivité dans les
économies émergentes sont généralement plus rapi-
des dans le secteur exposé (secteur des biens
échangeables), avec notamment des transferts de
technologies plus rapides, une adaptation plus
grande aux standards internationaux et de plus
grands efforts de productivité dans les secteurs ou-
verts à la concurrence internationale. Ceci a
tendance à réduire le prix relatif des biens échangea-
bles dans l’économie par rapport aux biens
non-échangeables et ainsi à élever le taux de change
réel.
Diverses études empiriques ont cherché à mesurer
l’ampleur de l’effet Balassa-Samuelson1
et ont géné-
ralement conclu à un effet statistiquement
significatif, même s’il peut parfois être dominé par
d’autres éléments (par exemple d’importants mou-
vements de capitaux en provenance de l’étranger,
une politique budgétaire expansionniste ou non) et
qu’ilestrendurelativementfaibleparladiffusiongé-
néralement rapide des gains de productivité dans une
grande variété de secteurs dans certaines économies
émergentes (ex : Chine).
1.2 Certaines devises émergentes ont enregistré
des appréciations en termes effectifs réels particu-
lièrement significatives jusquà mi-2007
Jusqu’en juillet 2007, la plupart des devises émer-
gentes ont connu d’importantes appréciations en
termes effectifs réels et en termes nominaux (cf. gra-
phique de la première page, le graphique 1 et le
tableau 2). Les devises qui ont le plus évolué en ter-
mes nominaux sont naturellement les plus flexibles
(Brésil, Turquie), mais des tensions importantes à
l’appréciation ont pu être observées également sur
des devises jusque-là ancrées au dollar (Chine, Inde,
Russie), dont la baisse a accentué l’ampleur du mou-
vement.
Par ailleurs, de manière générale, l’évolution des po-
litiques de change de ces pays s’est faite vers plus de
flexibilitédejurebienquelesdevisesrestentsouvent
fixes ou dirigées de facto (cf. tableau 1).
La volonté de ne pas laisser le taux de change flot-
ter trop fortement (ou fear of floating2
) tient
souvent à plusieurs facteurs, notamment aux
gains de crédibilité élevés de la politique moné-
taire qui accompagnent l’ancrage à une ou
plusieurs grande devise. Par ailleurs, les écono-
148
(1) Pour une etude récente, voir Ricci L. A., Milesi-Ferretti G. M. et Lee J.(2008) : «Real Exchange Rates and Fundamentals : A Cross-Country Pers-
pective», IMF Working papers WP/08/13, Janvier. Les auteurs estiment qu’un accroissement de 10% de la productivité du secteur des biens échan-
geable par rapport au secteur des biens non-échangeables dans une économie relativement à l’évolution à l’étranger entraîne une appréciation réelle
du change de l’ordre de 2%.
(2) Voir Calvo G. et Reinhart C (2000) : «Fear of floating», NBER Working papers 7993.
Graphique 1 : taux de change effectif réel
80
100
120
140
160
2004 2005 2006 2007 2008
Corée du Sud
Indonésie
Turquie
Janv 2004 = 100
Thaïlande
Source : Global Insight.
Tableau 1 : régimes de change de facto (mi-2007)
Régime de change Pays
Currency board Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Estonie, Hong-Kong
Ancrage Argentine, Bolivie, Hongrie, Jordanie, Maroc, Mongolie, Pakistain, Ukraine, Vénézuela, Vietnam
Ancrage glissant Chine, Nicaragua
Flottement dirigé Algérie, Colombie, croatie, Inde, Indonésie, Kazakhstan, Pérou, Russie, Singapour, Thaïlande, Tunisie
Flottement libre Albanie, Afrique du Sud, Brésil, Chili, Corée du Sud, Israël, Mexique, Pologne, Turquie
Source : FMI-Global Financial Stability Report (Sept. 2007), Datastream-market value, Datastream-Position extérieure du Japon. Calculs
DGTPE.
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mies émergentes basent souvent leur expansion
sur leur degré élevé de compétitivité en termes
commerciaux, ce qui exclut alors d’accepter une
appréciation trop forte de la monnaie. Pour d’au-
tres, la stabilité du change peut être précieuse
pourmaintenirunéquilibreextérieursoutenable.
1.3 Les appréciations ont été renforcées par des en-
trées de capitaux en forte hausse
Pour certaines économies émergentes, les pressions
à l’appréciation réelle ont été alimentées et renfor-
cées par d’importants flux de capitaux entrants.
L’intégration des économies émergentes dans les
échanges financiers mondiaux a permis d’observer
une augmentation importante des flux entrants de ca-
pitaux, qu’ils soient sous forme d’IDE ou
d’investissements de portefeuille.
Jusqu’au début de la crise des subprimes à l’été
2007, les conditions économiques et financières
mondiales étaient très favorables. La croissance
des économies continuait d’être robuste et les pers-
pectives étaient bonnes pour les pays émergents. La
stabilisation de leurs situations économiques et
l’améliorationdeleursstructuresfinancières(appro-
fondissement, meilleure supervision) avaient accru
leur attractivité pour les investisseurs étrangers.
Les marchés financiers bénéficiaient alors d’un
niveau de liquidité très élevé. Les très bonnes
conditions financières internationales ont alimenté
la recherche de rendement des investisseurs qui ont
trouvé dans les titres émergents des rendements tou-
jours élevés, avec une perception de baisse des
risques.
149
(3) voir Grislain N., Jacquet-Saillard F. (2008) : «Carry trades et évolution récente du yen», Trésor-Eco n°33, DGTPE.
Tableau 2 : évolution du taux de change face au dollar
(en glissement et en %)
Devise 2004 2005
2006
1er
sem.
2006
2ème
sem.
2007
1er
sem.
2007
2ème
sem.
Euro 5,4 – 10,9 8,2 3,8 2,7 7,0
Yen 2,4 –11,4 2,7 –3,4 –2,9 9,6
Peso argentin –1,6 –1,9 –1,9 0,8 –1,1 –1,9
Rand sud-africain 6,1 –9,8 5,6 1,1 0,1 6,9
Real brésilien 6,7 15,9 8,0 1,2 11,4 7,7
Yuan (Chine) 0,0 2,6 1,0 2,4 2,6 4,3
Peso colombien 20,1 1,3 –11,3 15,3 13,5 –2,8
Won (Corée du S.) 15,1 3,5 6,2 2,1 0,4 –1,5
Roupie (Inde) 5,1 –3,2 –2,2 4,1 9,2 2,6
Roupie (Indonésie) –9,0 –5,6 7,5 1,8 –0,3 –4,0
Peso mexicain –2,0 6,4 –4,6 3,5 0,1 –1,3
Rouble (Russie) 6,1 –3,6 6,9 2,3 2,0 5,2
Baht (Thaïlande) 0,9 –3,9 7,3 7,0 12,2 7,3
Livre turque 2,3 0,6 –12,6 9,9 8,3 10,7
Source : Global Insight.
Encadré 1 : l’effet Balassa-Samuelson
L’effet Balassa Samuelsona
permet d’expliquer par les différences de productivité les différences d’évolution du taux de
change réel. En particulier, il explique pourquoi les pays en rattrapage ont tendance à subir d’importantes pressions à l’appré-
ciation réelle.
Le taux de change réel (Q) est défini par :
Q
EP
P
=
*
où E est le taux de change nominal, P et P* respectivement les indices de prix domestique et étranger. En indiçant respective-
ment par T et N les variables concernant le secteur des biens échangeables et non-échangeables, nous pouvons réécrire :
P P PT N= −
( ) ( )α α1
oùα est le poids du secteur des biens échangeables dans le pays. De même, P P PT N
* * *
( ) ( )= −β β1
avec le poids du
secteur des biens échangeables à l’étranger.
Ceci permet alors de réécrire le taux de change réel sous la forme :
Q
EP
P
P P
P P
T
T
N T
N T
=












−
−
* * *
( / )
( / )
1
1
β
α
soit le produit d’un taux de change réel basé sur le prix des biens échangeables QT et d’un facteur qui dépend des prix relatifs
entre biens échangeables et non-échangeables dans le pays et à l’étranger.
Sous l’hypothèse (forte) de parité de pouvoir d’achat sur les biens échangeables, QT vaut 1 et le prix des biens échangeables est
le même partout (sinon, des arbitrages pourraient avoir lieu).
Dans une économie en rattrapage exposée à la concurrence internationale, la productivité dans le secteur des biens échangea-
bles a en moyenne tendance à augmenter plus vite que celle du secteur des biens non-échangeables. L’ensemble des salaires de
l’économie considérée doit ensuite s’ajuster à cette hausse, rendant le coût du travail plus élevé dans le secteur des biens
non-échangeables, relativement à la productivité du secteur. Ceci a tendance à augmenter le prix relatif des biens non-échan-
geables par rapport aux biens échangeables, plus qu’à l’étranger et ainsi le taux de change réel a tendance à augmenter.
a. Cr. Balassa, B. (1964) : «The Purchasing Power Parity Doctrine: A Reappraisal», Journal of Political Economy, vol. 72, ainsi que Samuelson
P. (1964) : «Theoretical Notes on Trade Problems», Review of Economics and Statistics, volume 23.
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Cette croissance de la demande de titres émer-
gents a pu également, dans un contexte de plus
grande confiance dans les devises émergentes, in-
citer certains investisseurs à monter des
opérations de carry trades3
, là où les conditions fi-
nancières le permettaient. En effet, la conjonction
de la perception de tensions à l’appréciation sur les
devises émergentes, avec des politiques monétaires
plus restrictives dans les pays émergents que dans
certaines économies développées, ont permis de
rendreprofitablecetyped’opérations.Avecdesmar-
chés de change toujours de taille limitée et des
volumes de carry trades importants, l’impact sur les
évolutionsetlavolatilitédesdevisesémergentesapu
êtresignificatifauBrésil,enTurquieetenAfriquedu
Sud.
Lescanauxdetransmissiondel’impactdecesfluxde
capitaux sur le taux de change réel sont divers, tout
comme la nature de ces capitaux. Les IDE favorisent
l’activité en relançant la demande locale et peuvent
renforcer l’effet Balassa-Samuelson en étant sou-
vent concentrés dans le secteur des biens
échangeables. L’achat d’actifs financiers en
monnaie locale favorise également la demande de
devises des économies cibles de ces flux.
1.4 La croissance de revenus courants a aussi con-
tribué dans certains cas à l’appréciation réelle
Dans certains pays, notamment ceux qui dispo-
sent d’importantes ressources en matières
premières, ce sont les revenus courants en très
forte croissance, alimentés notamment parla plus
grande intégration commerciale des économies
émergentes et les hausses des prix agricoles, éner-
gétiques et de matières premières qui ont eu
tendance à favoriser les tensions à l’appréciation
réelle sur les devises.
Les forts excédents courants sont généralement as-
sociés à des revenus commerciaux élevés (fort
excédent de la balance commerciale). Néanmoins,
ils peuvent aussi être alimentés par des transferts
courants, notamment issus des remises des travail-
leurs émigrés, dont la croissance a été très sensible
ces dernières années, et qui peuvent parfois repré-
senter plus de 10% du PIB pour certaines
économies4
.
Le cas des pays pétroliers est spécifique. Les prix
élevés des hydrocarbures ont permis aux pays pétro-
liers de dégager des excédents commerciaux
considérables. Les exportations d’hydrocarbures se
réalisent en dollars, devise à laquelle la monnaie lo-
cale des pays exportateurs est en général ancrée. Ces
importants revenus courants, alimentés par la hausse
très forte des prix pétroliers, associés au besoin de
maintenir une parité avec la devise américaine ont
permis la constitution de réserves de change très im-
portantes.Parlamêmeoccasion,ceséconomiesontà
lutter pour éviter les conséquences néfastes du syn-
drome hollandais (voir encadré 2).
2. Les options classiques de politique économique
à la disposition des gouvernements et des banques
centrales pour éviter une trop forte appréciation
réelle de leurs monnaie restent limitées
Face à l’appréciation de leurs devises, les autori-
tés des pays émergents ont souvent souhaité
contrer la hausse de leur taux de change pour
maintenir un niveau élevé de compétitivité. Pour
cela, elles sont largement intervenues pour atténuer
les appréciations nominales, avec une efficacité li-
mitée et pour un coût élevé, en utilisant les deux
instruments traditionnels à leur disposition : les in-
terventions sur le marché des changes et les taux
d’intérêt.
150
(4) Philippines (10,2% en 2007), Macédoine (18,7% en 2007), Bosnie-Herzégovine (14,8% en 2007), Albanie (13,8% en 2007), Moldavie (26,1%
en 2007), Nicaragua (16,1% en 2007). Ce sont souvent des petits pays ou des pays avec une diaspora importante qui effectue des transferts vers le
pays d’origine
Graphique 2 : flux nets d’IDE en direction des pays
émergents
Graphique 3 : balances courantes des pays émergents
0
5
10
15
20
25
30
35
Bulgarie Chili Colombie Inde Kazakhstan Malaisie Russie Thaïlande Turquie
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Mds$
-10%
0%
10%
20%
30%
Arabie
Saoudite
Brésil Chine Malaisie Russie
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007(si disponible)
% du PIB
Argentine Chili Hong-Kong Philippine
Source : FMI.
Source : FMI.
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2.1 Les économies émergentes ont considérable-
ment accru leurs réserves de change
Face à la croissance des revenus courants, ou à
celle des flux entrants de capitaux, de nombreuses
économies émergentes, spécialement en Asie ont
accumulé des réserves de change très importan-
tes.
A l’origine, la constitution de ces réserves a été vue
essentiellementcommeunmoyendeseprotégerface
à d’éventuels chocs extérieurs, notamment en ré-
ponse à la crise asiatique de la fin des années 1990.
Les montants concernés aujourd’hui empêchent
de ne considérer que le motif de précaution et in-
diquent que ces réserves sont issues des
interventions sur le marché des changes visant à
limiter l’appréciation par souci de maintien de
compétitivité.
Lorsqu’elles sont réalisées sans qu’il y ait ensuite
stérilisation5
de la part des autorités, la constitution
de réserves conduit à une augmentation de l’offre de
monnaie dans l’économie domestique pouvant
conduire à une hausse de l’inflation. En outre, la dé-
tention d’un niveau élevé de réserves de change peut
s’avérer coûteuse, notamment lorsque celles-ci sont
peu rentables.
Le débat actuel sur les fonds souverains6
trouve son
origine dans la volonté des économies émergentes de
mieux rentabiliser leurs réserves de change en les
plaçant sur des actifs plus rentables, et en menant des
politiques d’investissement à l’étranger, au-delà des
simples placements sans risques (traditionnellement
les bons du Trésor américain). L’ampleur des som-
mes concernées permet de penser que la façon dont
ces sommes sont placées pourrait avoir un impact sur
les marchés financiers mondiaux (en particulier, une
réductiondesplacementsenobligationsaméricaines
à long terme pourrait provoquer une remontée des
taux longs aux États-Unis).
151
(5) Une opération de stérilisation vise à éliminer les effets sur le marché monétaire local des opérations de change menées par les autorités. Pour cela,
les autorités monétaires peuvent chercher à compenser la croissance de la masse monétaire induite par la hausse des réserves de change de la banque
centrale en retirant une partie de la liquidité en circulation.
(6) Cf. Odonnat (2008) : «Les conditions d’une contribution positive des fonds souverains à l’économie mondiale», Trésor-Eco n°28, DGTPE.
Encadré 2 : économies pétrolières et syndrome hollandais
Le concept de syndrome hollandais (dutch disease) est ap-
paru dans les années 1970, suite à la découverte de gaz
naturel aux Pays-Bas dans les années 1960. Il renvoie de
manière générale à un environnement dans lequel une situa-
tion de rente entraîne in fine une dégradation du tissu
productif dans une économie.
D’importants revenus extérieurs ont tendance à provoquer
une appréciation réelle de la monnaie locale par deux ca-
naux principaux : d’une part, ils entraînent une hausse de la
masse monétaire en circulation, d’autre part, l’augmenta-
tion du revenu disponible augmente la consommation des
biens non-échangeables et entraîne une augmentation de
leurs prix, puis des salaires, ce qui provoque de l’inflation.
Cette appréciation réelle a tendance à réduire la compétitivi-
té du secteur des biens échangeables hors hydrocarbures et
peut conduire à une désindustrialisation, d’autant qu’elle
peut être renforcée par le départ de la main d’œuvre vers le
secteur plus rentable.
Par ailleurs, d’autres effets négatifs sont souvent associés
au syndrome hollandais. La concentration des revenus dans
bon nombre d’économies pétrolières peut conduire parfois à
une captation des intérêts publics par quelques leaders du
secteur pétrolier et à des comportements de rente. Par ail-
leurs, l’effet de court-terme d’augmentation de la richesse
peut parfois limiter les efforts des autorités en faveur de
politique de croissance de long terme (diversification de
l’économie, éducation etc…) au profit de mesures de re-
distribution.
Lorsque les flux de revenus associés aux matières premiè-
res diminuent ou s’arrêtent, l’économie peut se retrouver
fortement handicapée par le sous-développement du sec-
teur des biens échangeables qui a besoin de temps pour se
réajuster.
De manière générale, les économies pétrolières disposent
de régimes de changes fixes avec ancrage au dollar. Sur la
période récente, la forte croissance des prix des hydrocar-
bures leur a permis d’accumuler des réserves de change
très importantes, dont la stérilisation n’a pu être qu’impar-
faite. Ceci a favorisé une accentuation des tensions
inflationnistes déjà à l’œuvre dans ces économies (notam-
ment en raison de la hausse des prix agro-alimentaires et
d’une demande de biens très vigoureuse face à une offre
contrainte) et rendu leur régime de change plus difficile à
maintenir, notamment en raison de la baisse du dollar, qui
favorise l’inflation importée. D’ailleurs, certaines de ces
économies ont déjà entamé une révision de leur régime de
change (le Koweït a adopté au printemps 2007 un ancrage
à un panier de devises, et non plus seulement au dollar)
Graphique 4 : réserves de change dans les pays émergents
0%
10%
20%
30%
40%
50%
Afrique
du Sud
Chine Inde Russie Turquie
2000 2001 2002 2003
2004 2005 2006 2007
% du PIB
Argentine Corée
du Sud
Mexique Thaïlande
Source : FMI
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2.2 La stérilisation des opérations de change peut
s’avérer coûteuse et inefficace
Pour réduire l’impact sur le marché monétaire do-
mestique des interventions de change, les autorités
peuvent choisir de procéder à la stérilisation. Pour
cela, les deux méthodes les plus communément utili-
sées sont les opérations d’open market (rachat ou
émission de titres de dettes par l’autorité monétaire
dans le but de contrôler la masse monétaire) ou des
mesures plus administratives telles que le relève-
ment du taux de réserves obligatoires des banques7
.
Cesopérationscomportentdesrisquesetpeuventen-
gendrer des coûts importants pour les autorités8
.
Tout d’abord, les opérations d’open market dé-
pendent fortement des conditions rencontrées sur
le marché financier domestique. Le coût de ces
opérations peut avoir un impact budgétaire impor-
tant et éventuellement faire peser des risques sur la
soutenabilité des finances publiques. En particulier,
les autorités émettent des titres sur les marchés lo-
caux dont le rendement est généralement supérieur à
celui des titres étrangers détenus en réserves. Par ail-
leurs, le manque de liquidité du marché local ou la
mauvaise adéquation entre l’offre de titres domesti-
ques et la demande des investisseurs locaux peuvent
également limiter l’efficacité de cette méthode (les
titres proposés peuvent trouver difficilement pre-
neurs ou s’échanger avec des primes plus élevées
donc encore plus coûteuses pour les autorités).
Ensuite, l’utilisation d’instruments tels que les
taux de réserves obligatoires comporte des incon-
vénients majeurs, notamment en termes de
distorsions sur le marché financier et bancaire lo-
cal, du côté de l’offre de crédit. L’utilisation de cet
instrument de manière répétée peut créer des dom-
mages importants sur le fonctionnement des
finances locales (ce qui n’a pas empêché les autorités
chinoises de relever le taux de réserves obligatoires
plus de 10 fois en 2007).
Enfin, au-delà de leurs coûts potentiellement éle-
vés, l’efficacité des opérations de stérilisation est
parfois faible, notamment lorsque les institutions
monétairesnejouissentpasd’unecrédibitéélevéeou
lorsque les marchés financiers locaux sont peu déve-
loppés.
2.3 Le pilotage des taux d’intérêt est rendu difficile
dans des conditions de grande mobilité internatio-
nale des capitaux
Le pilotage des taux d’intérêt reste un des leviers
classiques des politiques monétaire et de change.
Toutefois, son utilisation dans un contexte de libéra-
lisation progressive des comptes financiers et de ca-
pital et de volonté de conserver autant que possible
une parité nominale du change est rendue considéra-
blement plus délicate. Le pilotage des taux d’intérêt
peut en effet viser plusieurs objectifs qui ne sont pas
tous compatibles. Sur le plan intérieur, les autorités
peuvent viser des objectifs d’inflation (inflation tar-
geting), ou de soutien de la croissance. Sur le plan
extérieur, l’impact du différentiel de taux d’intérêt
avec les autres pays peut être important et ce diffé-
rentiel constitue l’un des facteurs de détermination
du taux de change.
On est alors confronté au triangle d’incompatibilité
de Mundell9
, qui indique que, dans un contexte d’ou-
verture financière et commerciale, il est impossible
pourunpaysdeconcilierlestroisélémentssuivants:
• une politique monétaire autonome, avec des
objectifs internes (inflation, croissance) ;
• la liberté des flux de capitaux avec l’étranger ;
• un taux de change fixe.
Jusqu’à l’été 2007, dans les pays dont l’objectif prin-
cipal est la stabilité du change, relever les taux
d’intérêt locaux pour limiter la croissance de la
masse monétaire (et donc l’inflation) est rendu im-
possible. En effet, la remontée des taux pourrait
favoriser les entrées de capitaux, ce qui pourrait à
nouveau conduire à une appréciation et alimenter les
tensions inflationnistes à l’encontre de l’objectif ini-
tial de la mesure. Par ailleurs, les taux d’intérêt sont
en général déjà élevés dans de nombreuses écono-
mies émergentes (ce qui explique notamment une
partie des flux de capitaux élevés) et les relever ne
paraît pas forcément soutenable.
Al’opposé,lespayssouhaitantbaisserleurtauxd’in-
térêt pour limiter les entrées de capitaux pourraient
se retrouver face à des contraintes domestiques très
importantes, notamment en termes de pressions in-
flationnistes. Cette option peut être choisie quand les
pressions inflationnistes sont faibles, mais elle en-
lève aux autorités la possibilité d’adopter leur
politique monétaire à la situation domestique.
Dans ces conditions, le pilotage des taux d’intérêt est
très contraint par les objectifs de change et son effi-
cacité en tant qu’instrument de politique monétaire
et de change est en partie remise en cause.
152
(7) D’autres méthodes de stérilisation sont parfois utilisées comme la modification des taux de refinancement des banques auprès de la banque cen-
trale, le déplacement d’une partie de l’épargne publique détenue par les banques commerciales vers la banque centrale, ou encore la mise en place
d’opérations de swaps de change (la banque centrale échange aujourd’hui de la monnaie domestique contre des devises étrangères et s’engage à ra-
cheter à l’avenir à un taux prédéfini la monnaie domestique).
(8) Voir, par exemple, Jang-Yung Lee (1997) : «Sterilizing Capital Inflows», IMF Economic Issues (Février).
(9) Mundell R. (1960) : «The Monetary Dynamics of International Adjustement under Fixed and Flexible Exchange Rates», Quarterly Journal of
Economics, vol. 74.
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3. Face aux difficultés associées aux interven-
tions de change classiques, d’autres solutions,
plus structurelles, peuvent être envisagées, no-
tamment en termes d’entrées et sorties de capi-
taux
3.1 Certains pays ont maintenu ou renforcé des
contrôles sur les entrées de capitaux
Dans la situation actuelle, certains pays émergents
peuvent souhaiter limiter les entrées de capitaux, no-
tamment en introduisant ou en maintenant des
contraintes sur les flux financiers. Ceci peut per-
mettre de limiter l’impact déstabilisateur des flux de
capitaux parfois rapides ou spéculatifs. Certains
paysontététentésdemettreenplacedetelscontrôles
avec des succès contrastés. C’est notamment le cas
de la Colombie ou de la Thaïlande (ou du Chili précé-
demment)10
.
En Colombie, avec une forte pression sur le change,
des tensions inflationnistes sensibles et des hausses
de taux d’intérêt régulières, les autorités ont cherché
à retrouver des leviers de politique économique. Ils
ont ainsi introduit en mai 2007 des contrôles de capi-
taux sous la forme de dépôts obligatoires pendant
une période de 6 mois de 40% du montant de tout
nouvel investissement de portefeuille sur un compte
rémunéré à la banque centrale. Cette mesure, sans
être complètement efficace, permet aux autorités
monétaires du pays de gérer de manière plus auto-
nome la politique monétaire. Elle a pour impact de
modifier la structure des flux de capitaux entrants au
détriment des flux de court terme et des investisse-
ments de portefeuille.
EnThaïlande,lesautoritésontsouhaitémettreégale-
ment en place des contrôles sur les flux de capitaux
en décembre 2006. Suite à l’annonce de l’instaura-
tiondecontrôlessurlesdépôtsendevisesétrangères,
la bourse de Bangkok avait perdu près de 15%, obli-
geant finalement les autorités à revenir sur leur
décision.
Si la solution de réintroduire des contrôles de ca-
pitaux peut paraître séduisante dans certains
pays pour retrouver de l’indépendance en termes
de politique économique et diminuer l’impact des
contagions des troubles financiers, des obstacles
existent et leur introduction peut être source de
mouvements de réaction brutaux et déséquili-
brants.
3.2 D’autres pays ont été tentés d’instaurer des me-
sures pouvant faciliter les sorties de capitaux
Pour certains pays qui ont réussi à développer une
based’investisseurssuffisammentsolideetquin’ont
pas encore complètement libéralisé leur compte de
capital, des restrictions subsistent sur les sorties de
capitaux. C’est le cas par exemple dans certains
grands pays émergents comme l’Inde ou la Chine,
dont les flux sortants sont extrêmement contrôlés et
pour qui les pressions inflationnistes actuelles sont
en partie dues à des concentrations forcées des inves-
tissements des agents locaux sur les marchés locaux :
ilenrésulteunexcésdedemandedetitreslocauxetla
possibilité d’apparition d’une bulle sur les marchés
domestiques.
En autorisant ou en favorisant les sorties de capitaux
(soit en levant certaines des barrières existantes pour
les pays qui disposent toujours de contrôles, soit en
créant des incitations à la sortie de capitaux), les au-
torités permettent de limiter la pression à
l’augmentation de la demande sur les actifs inté-
rieurs et donc sur la monnaie domestique. Sur le plan
intérieur, favoriser les investissements à l’étranger
peut également favoriser une meilleure allocation de
l’épargne domestique et peut permettre aux investis-
seurs locaux de mieux diversifier leurs risques.
Desréticencessubsistenttoutefoisàlalevéedescon-
trôles de capitaux, notamment avec l’apparition
potentielle du risque de contagion des mouvements
sur les marchés internationaux. Une grande ouver-
ture aux capitaux étrangers viendrait alors limiter la
résistance des marchés domestiques aux chocs exté-
rieurs.
La libéralisation des flux sortants de capitaux
gagneànepasêtremenéedemanièrebrutale.Une
ouverture brutale en Chine par exemple pourrait
avoir des conséquences très importantes tant les
détenteurs de capitaux obligatoirement investis à
l’intérieur du pays, dans une structure financière
sur-protégée, pourraient trouver des opportuni-
tésàinvestiràl’étrangerdefaçonmassiveetcréer
undégonflementtrèsrapidedesmarchéslocaux.
4. Depuis le début de la crise des subprimes en
juillet 2007, le comportement des devises
émergentes est devenu plus hétérogène et les
économies sont confrontées à un nouveau di-
lemme entre pressions inflationnistes et crain-
tes de refroidissement11
4.1 Depuis juillet 2007, les devises émergentes ont
des comportements volatils et divers, tandis que les
pressions inflationnistes s’accroissent nettement
Les principales devises émergentes se sont assez peu
appréciées en terme nominal face au dollar dans l’en-
semble depuis juillet 2007, même si, pour certaines,
comme le yuan, le mouvement d’appréciation s’est
légèrement accéléré. De manière générale, la volati-
lité des taux de change émergents a sensiblement
augmenté.
153
(10) Pour plus de détails sur ce sujet, voir Mongruet P., Robert M. (2005) : «L’Asie émergente et la libéralisation du compte de capital», DPAE n° 93,
DGTPE.
(11) Cet article a été rédigé avant avril 2008 et ne tient pas compte de développements ultérieurs.
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Jusqu’aux épisodes de turbulence de janvier
2008, les marchés financiers émergents avaient
été relativement peu touchés par la crise des sub-
primes et avaient même constitué un refuge dans
les tout premiers temps de la crise. Désormais, la
transmission des turbulences financières touche éga-
lement les marchés émergents et le début 2008 a vu
une réduction sensible des flux de capitaux en direc-
tion des économies émergentes, notamment un
dénouement des opérations de carry trades, comme
l’ont indiqué les évolutions particulièrement mar-
quées des devises turque, sud-africaine et
brésilienne.
Cependant, les économies émergentes font face dans
l’ensemble à une autre source de tensions à l’appré-
ciation réelle, sous la forme d’importantes pressions
inflationnistes (cf. graphique 6), et qui sont plus for-
tes dans les économies dont la devise est ancrée au
dollar. Elles sont principalement causées par la
hausse des prix mondiaux des produits agro-alimen-
taires et énergétiques, et également dans certains cas
par la croissance soutenue de la demande interne, les
entrées de capitaux, ou encore des politiques budgé-
taires expansionnistes.
4.2 Dans le sillage du ralentissement des économies
développées, les économies émergentes peuvent
craindre un impact à moyen terme
Alors que les économies émergentes se trouvent
dans l’ensemble aujourd’hui dans une situation
prochedelasurchauffe(fortecroissance,tensions
inflationnistes et appréciation des devises), l’im-
pact du ralentissement des économies
développées et la transmission des turbulences fi-
nancières mondiales pourraient avoir un effet de
refroidissement.
Ceci place les économies émergentes face à un di-
lemme de politique économique et un arbitrage
délicat à réaliser puisque des mesures restrictives à
l’approche d’un ralentissement pourraient aggraver
ce dernier, tandis que l’attentisme face à la sur-
chauffe actuelle pourrait être préjudiciable. La
politique de change reste un des outils à disposition
des autorités pour tenter de gérer ces contraintes.
Dans ce contexte, le comportement en termes de po-
litique de change des économies émergentes a été
hétérogène, certaines maintenant leur ancrage et ré-
percutant les mesures de relance américaine (Hong
Kong), d’autres envisageant de remettre en cause
leur régime de change actuel. C’est notamment le cas
de certaines économies pétrolières, comme le Qatar,
qui a annoncé récemment réfléchir au passage d’un
ancrage au dollar à un ancrage à un panier de devises,
comme l’avait fait le Koweït au printemps 2007. Les
autorités russes ont de même annoncé fin janvier
2008 avoir l’intention de passer dans les trois pro-
chaines années à une politique de ciblage d’inflation,
qui impliquera nécessairement un relâchement des
interventions sur le change pour s’adapter aux nou-
velles conditions économiques et financières
mondiales. D’autres changements importants de po-
litiques de change ne sont pas à exclure dans
certaines économies émergentes, par exemple en
Chine avec une appréciation plus rapide du yuan face
au dollar ou au Brésil afin de freiner l’inflation. Les
autorités thaïlandaises, ont, quant à elles, annoncé en
février 2008 qu’elles entendaient retirer les contrô-
les sur les entrées de capitaux qu’elles avaient
instauré auparavant.
L’impact des turbulences récentes sur les devises
émergentes n’est toujours pas stabilisé et connu avec
précision. Ses conséquences précises en termes de
politique économique pour les pays émergents dé-
pendront nécessairement des conséquences de cet
épisode, toujours en cours.
154
Graphique 6 : taux d’inflation dans les pays émergents
0%
5%
10%
15%
Afrique
du Sud
Brésil Chine Russie
glissement annuel (en %)
Arabie
Séoudite
Chili Corée
du Sud
Thaïlande
janvier 2007
février 2008
Source : Global Insight.
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Appréciation réelle du taux de change dans les pays

  • 1. APPRÉCIATION RÉELLE DU TAUX DE CHANGE DANS LES PAYS ÉMERGENTS Olivier Jonglez La Doc. française | « Economie & prévision » 2009/1 n° 187 | pages 147 à 154 ISSN 0249-4744 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-economie-et-prevision-2009-1-page-147.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Olivier Jonglez, « Appréciation réelle du taux de change dans les pays émergents », Economie & prévision 2009/1 (n° 187), p. 147-154. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour La Doc. française. © La Doc. française. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française
  • 2. 147 Appréciation réelle du taux de change dans les pays émergents Olivier Jonglez • Les devises des économies en rattrapage, qui connaissent de forts gains de productivité, sont soumises à des pres- sions à l’appréciation en termes réels par rapport aux monnaies des pays développés. Jusqu’en juillet 2007, celles-ci ont débouché dans la plupart des cas sur des appréciations nominales sensibles, tandis que l’on assistait parailleursàunemontéedestensionsinflationnistes.Cemouvement,d’origineessentiellementstructurelle,aété amplifié par la conjonction d’autres facteurs : un dollar en forte baisse face à toute monnaie, un environnement économique mondial dynamique, une liquidité très élevée sur les marchés financiers mondiaux ou encore des prix de matières premières en forte hausse. • Face à ce phénomène, la plupart des pays concernés ont tenté de limiter ce mouvement d’appréciation qui vient rogner la compétitivité. Les options classiques de la politique économique (constitution de réserves de change, stérilisation,pilotagedestauxd’intérêt)ontbutésurl’impossibilitédesimultanémentcontrôlerletauxdechange et conserver une politique monétaire autonome (avec des objectifs internes) dans un contexte de liberté des mouvements de capitaux et d’intégration plus forte sur le plan international. D’autres mesures ont ainsi pu être envisagées, notamment des interventions sur le contrôle des flux de capitaux (favorables à la sortie, ou restrictifs sur les entrées). • Depuis juillet 2007 et le début de la crise des subprimes, et surtout depuis son aggravation à partir de janvier 2008, les devises émergentes ont connu dans l’ensemble des évolutions plus hétérogènes et plus volatiles. Les écono- mies des pays concernés sont exposées à des choix de politique économique difficiles entre des pressions à l’appréciation réelle essentiellement sous forme de tensions inflationnistes à court terme et un possible refroidis- sement, même limité, à prévoir en conséquence du ralentissement économique des pays développés à moyen terme. Cet article est reproduit du Trésor-Éco n° 35 – Avril 2008. 80 100 120 140 160 180 2004 2005 2006 2007 2008 Brésil Janv 2004 = 100 Russie Chine Inde Source : Global Insight. Taux de change effectif réel des principales devises émergentes Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française
  • 3. 1. Jusqu’à l’été 2007, les devises des pays émer- gents ont été soumises à de fortes pressions à l’appréciation réelle 1.1 Dans une économie en rattrapage, le taux de change a tendance à s’apprécier en termes réels Les économies en rattrapage, qui bénéficient d’un taux de croissance élevé et d’importants gains de productivité voient généralement leur devise s’apprécier en termes réels. Ce phénomène résulte de l’effet Balassa-Samuelson (voir encadré 1), et explique pour une large part les évolutions constatées sur les devises émergentes jusqu’en juil- let 2007. Comme cela est précisé dans l’encadré, cet effet permet d’expliquer les différences d’évolution des taux de change réels par les différences de pro- ductivité relatives entre secteurs exposés ou non et entre les économies. En phase d’expansion ou de rat- trapage, les variations de productivité dans les économies émergentes sont généralement plus rapi- des dans le secteur exposé (secteur des biens échangeables), avec notamment des transferts de technologies plus rapides, une adaptation plus grande aux standards internationaux et de plus grands efforts de productivité dans les secteurs ou- verts à la concurrence internationale. Ceci a tendance à réduire le prix relatif des biens échangea- bles dans l’économie par rapport aux biens non-échangeables et ainsi à élever le taux de change réel. Diverses études empiriques ont cherché à mesurer l’ampleur de l’effet Balassa-Samuelson1 et ont géné- ralement conclu à un effet statistiquement significatif, même s’il peut parfois être dominé par d’autres éléments (par exemple d’importants mou- vements de capitaux en provenance de l’étranger, une politique budgétaire expansionniste ou non) et qu’ilestrendurelativementfaibleparladiffusiongé- néralement rapide des gains de productivité dans une grande variété de secteurs dans certaines économies émergentes (ex : Chine). 1.2 Certaines devises émergentes ont enregistré des appréciations en termes effectifs réels particu- lièrement significatives jusquà mi-2007 Jusqu’en juillet 2007, la plupart des devises émer- gentes ont connu d’importantes appréciations en termes effectifs réels et en termes nominaux (cf. gra- phique de la première page, le graphique 1 et le tableau 2). Les devises qui ont le plus évolué en ter- mes nominaux sont naturellement les plus flexibles (Brésil, Turquie), mais des tensions importantes à l’appréciation ont pu être observées également sur des devises jusque-là ancrées au dollar (Chine, Inde, Russie), dont la baisse a accentué l’ampleur du mou- vement. Par ailleurs, de manière générale, l’évolution des po- litiques de change de ces pays s’est faite vers plus de flexibilitédejurebienquelesdevisesrestentsouvent fixes ou dirigées de facto (cf. tableau 1). La volonté de ne pas laisser le taux de change flot- ter trop fortement (ou fear of floating2 ) tient souvent à plusieurs facteurs, notamment aux gains de crédibilité élevés de la politique moné- taire qui accompagnent l’ancrage à une ou plusieurs grande devise. Par ailleurs, les écono- 148 (1) Pour une etude récente, voir Ricci L. A., Milesi-Ferretti G. M. et Lee J.(2008) : «Real Exchange Rates and Fundamentals : A Cross-Country Pers- pective», IMF Working papers WP/08/13, Janvier. Les auteurs estiment qu’un accroissement de 10% de la productivité du secteur des biens échan- geable par rapport au secteur des biens non-échangeables dans une économie relativement à l’évolution à l’étranger entraîne une appréciation réelle du change de l’ordre de 2%. (2) Voir Calvo G. et Reinhart C (2000) : «Fear of floating», NBER Working papers 7993. Graphique 1 : taux de change effectif réel 80 100 120 140 160 2004 2005 2006 2007 2008 Corée du Sud Indonésie Turquie Janv 2004 = 100 Thaïlande Source : Global Insight. Tableau 1 : régimes de change de facto (mi-2007) Régime de change Pays Currency board Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Estonie, Hong-Kong Ancrage Argentine, Bolivie, Hongrie, Jordanie, Maroc, Mongolie, Pakistain, Ukraine, Vénézuela, Vietnam Ancrage glissant Chine, Nicaragua Flottement dirigé Algérie, Colombie, croatie, Inde, Indonésie, Kazakhstan, Pérou, Russie, Singapour, Thaïlande, Tunisie Flottement libre Albanie, Afrique du Sud, Brésil, Chili, Corée du Sud, Israël, Mexique, Pologne, Turquie Source : FMI-Global Financial Stability Report (Sept. 2007), Datastream-market value, Datastream-Position extérieure du Japon. Calculs DGTPE. Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française
  • 4. mies émergentes basent souvent leur expansion sur leur degré élevé de compétitivité en termes commerciaux, ce qui exclut alors d’accepter une appréciation trop forte de la monnaie. Pour d’au- tres, la stabilité du change peut être précieuse pourmaintenirunéquilibreextérieursoutenable. 1.3 Les appréciations ont été renforcées par des en- trées de capitaux en forte hausse Pour certaines économies émergentes, les pressions à l’appréciation réelle ont été alimentées et renfor- cées par d’importants flux de capitaux entrants. L’intégration des économies émergentes dans les échanges financiers mondiaux a permis d’observer une augmentation importante des flux entrants de ca- pitaux, qu’ils soient sous forme d’IDE ou d’investissements de portefeuille. Jusqu’au début de la crise des subprimes à l’été 2007, les conditions économiques et financières mondiales étaient très favorables. La croissance des économies continuait d’être robuste et les pers- pectives étaient bonnes pour les pays émergents. La stabilisation de leurs situations économiques et l’améliorationdeleursstructuresfinancières(appro- fondissement, meilleure supervision) avaient accru leur attractivité pour les investisseurs étrangers. Les marchés financiers bénéficiaient alors d’un niveau de liquidité très élevé. Les très bonnes conditions financières internationales ont alimenté la recherche de rendement des investisseurs qui ont trouvé dans les titres émergents des rendements tou- jours élevés, avec une perception de baisse des risques. 149 (3) voir Grislain N., Jacquet-Saillard F. (2008) : «Carry trades et évolution récente du yen», Trésor-Eco n°33, DGTPE. Tableau 2 : évolution du taux de change face au dollar (en glissement et en %) Devise 2004 2005 2006 1er sem. 2006 2ème sem. 2007 1er sem. 2007 2ème sem. Euro 5,4 – 10,9 8,2 3,8 2,7 7,0 Yen 2,4 –11,4 2,7 –3,4 –2,9 9,6 Peso argentin –1,6 –1,9 –1,9 0,8 –1,1 –1,9 Rand sud-africain 6,1 –9,8 5,6 1,1 0,1 6,9 Real brésilien 6,7 15,9 8,0 1,2 11,4 7,7 Yuan (Chine) 0,0 2,6 1,0 2,4 2,6 4,3 Peso colombien 20,1 1,3 –11,3 15,3 13,5 –2,8 Won (Corée du S.) 15,1 3,5 6,2 2,1 0,4 –1,5 Roupie (Inde) 5,1 –3,2 –2,2 4,1 9,2 2,6 Roupie (Indonésie) –9,0 –5,6 7,5 1,8 –0,3 –4,0 Peso mexicain –2,0 6,4 –4,6 3,5 0,1 –1,3 Rouble (Russie) 6,1 –3,6 6,9 2,3 2,0 5,2 Baht (Thaïlande) 0,9 –3,9 7,3 7,0 12,2 7,3 Livre turque 2,3 0,6 –12,6 9,9 8,3 10,7 Source : Global Insight. Encadré 1 : l’effet Balassa-Samuelson L’effet Balassa Samuelsona permet d’expliquer par les différences de productivité les différences d’évolution du taux de change réel. En particulier, il explique pourquoi les pays en rattrapage ont tendance à subir d’importantes pressions à l’appré- ciation réelle. Le taux de change réel (Q) est défini par : Q EP P = * où E est le taux de change nominal, P et P* respectivement les indices de prix domestique et étranger. En indiçant respective- ment par T et N les variables concernant le secteur des biens échangeables et non-échangeables, nous pouvons réécrire : P P PT N= − ( ) ( )α α1 oùα est le poids du secteur des biens échangeables dans le pays. De même, P P PT N * * * ( ) ( )= −β β1 avec le poids du secteur des biens échangeables à l’étranger. Ceci permet alors de réécrire le taux de change réel sous la forme : Q EP P P P P P T T N T N T =             − − * * * ( / ) ( / ) 1 1 β α soit le produit d’un taux de change réel basé sur le prix des biens échangeables QT et d’un facteur qui dépend des prix relatifs entre biens échangeables et non-échangeables dans le pays et à l’étranger. Sous l’hypothèse (forte) de parité de pouvoir d’achat sur les biens échangeables, QT vaut 1 et le prix des biens échangeables est le même partout (sinon, des arbitrages pourraient avoir lieu). Dans une économie en rattrapage exposée à la concurrence internationale, la productivité dans le secteur des biens échangea- bles a en moyenne tendance à augmenter plus vite que celle du secteur des biens non-échangeables. L’ensemble des salaires de l’économie considérée doit ensuite s’ajuster à cette hausse, rendant le coût du travail plus élevé dans le secteur des biens non-échangeables, relativement à la productivité du secteur. Ceci a tendance à augmenter le prix relatif des biens non-échan- geables par rapport aux biens échangeables, plus qu’à l’étranger et ainsi le taux de change réel a tendance à augmenter. a. Cr. Balassa, B. (1964) : «The Purchasing Power Parity Doctrine: A Reappraisal», Journal of Political Economy, vol. 72, ainsi que Samuelson P. (1964) : «Theoretical Notes on Trade Problems», Review of Economics and Statistics, volume 23. Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française
  • 5. Cette croissance de la demande de titres émer- gents a pu également, dans un contexte de plus grande confiance dans les devises émergentes, in- citer certains investisseurs à monter des opérations de carry trades3 , là où les conditions fi- nancières le permettaient. En effet, la conjonction de la perception de tensions à l’appréciation sur les devises émergentes, avec des politiques monétaires plus restrictives dans les pays émergents que dans certaines économies développées, ont permis de rendreprofitablecetyped’opérations.Avecdesmar- chés de change toujours de taille limitée et des volumes de carry trades importants, l’impact sur les évolutionsetlavolatilitédesdevisesémergentesapu êtresignificatifauBrésil,enTurquieetenAfriquedu Sud. Lescanauxdetransmissiondel’impactdecesfluxde capitaux sur le taux de change réel sont divers, tout comme la nature de ces capitaux. Les IDE favorisent l’activité en relançant la demande locale et peuvent renforcer l’effet Balassa-Samuelson en étant sou- vent concentrés dans le secteur des biens échangeables. L’achat d’actifs financiers en monnaie locale favorise également la demande de devises des économies cibles de ces flux. 1.4 La croissance de revenus courants a aussi con- tribué dans certains cas à l’appréciation réelle Dans certains pays, notamment ceux qui dispo- sent d’importantes ressources en matières premières, ce sont les revenus courants en très forte croissance, alimentés notamment parla plus grande intégration commerciale des économies émergentes et les hausses des prix agricoles, éner- gétiques et de matières premières qui ont eu tendance à favoriser les tensions à l’appréciation réelle sur les devises. Les forts excédents courants sont généralement as- sociés à des revenus commerciaux élevés (fort excédent de la balance commerciale). Néanmoins, ils peuvent aussi être alimentés par des transferts courants, notamment issus des remises des travail- leurs émigrés, dont la croissance a été très sensible ces dernières années, et qui peuvent parfois repré- senter plus de 10% du PIB pour certaines économies4 . Le cas des pays pétroliers est spécifique. Les prix élevés des hydrocarbures ont permis aux pays pétro- liers de dégager des excédents commerciaux considérables. Les exportations d’hydrocarbures se réalisent en dollars, devise à laquelle la monnaie lo- cale des pays exportateurs est en général ancrée. Ces importants revenus courants, alimentés par la hausse très forte des prix pétroliers, associés au besoin de maintenir une parité avec la devise américaine ont permis la constitution de réserves de change très im- portantes.Parlamêmeoccasion,ceséconomiesontà lutter pour éviter les conséquences néfastes du syn- drome hollandais (voir encadré 2). 2. Les options classiques de politique économique à la disposition des gouvernements et des banques centrales pour éviter une trop forte appréciation réelle de leurs monnaie restent limitées Face à l’appréciation de leurs devises, les autori- tés des pays émergents ont souvent souhaité contrer la hausse de leur taux de change pour maintenir un niveau élevé de compétitivité. Pour cela, elles sont largement intervenues pour atténuer les appréciations nominales, avec une efficacité li- mitée et pour un coût élevé, en utilisant les deux instruments traditionnels à leur disposition : les in- terventions sur le marché des changes et les taux d’intérêt. 150 (4) Philippines (10,2% en 2007), Macédoine (18,7% en 2007), Bosnie-Herzégovine (14,8% en 2007), Albanie (13,8% en 2007), Moldavie (26,1% en 2007), Nicaragua (16,1% en 2007). Ce sont souvent des petits pays ou des pays avec une diaspora importante qui effectue des transferts vers le pays d’origine Graphique 2 : flux nets d’IDE en direction des pays émergents Graphique 3 : balances courantes des pays émergents 0 5 10 15 20 25 30 35 Bulgarie Chili Colombie Inde Kazakhstan Malaisie Russie Thaïlande Turquie 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Mds$ -10% 0% 10% 20% 30% Arabie Saoudite Brésil Chine Malaisie Russie 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007(si disponible) % du PIB Argentine Chili Hong-Kong Philippine Source : FMI. Source : FMI. Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française
  • 6. 2.1 Les économies émergentes ont considérable- ment accru leurs réserves de change Face à la croissance des revenus courants, ou à celle des flux entrants de capitaux, de nombreuses économies émergentes, spécialement en Asie ont accumulé des réserves de change très importan- tes. A l’origine, la constitution de ces réserves a été vue essentiellementcommeunmoyendeseprotégerface à d’éventuels chocs extérieurs, notamment en ré- ponse à la crise asiatique de la fin des années 1990. Les montants concernés aujourd’hui empêchent de ne considérer que le motif de précaution et in- diquent que ces réserves sont issues des interventions sur le marché des changes visant à limiter l’appréciation par souci de maintien de compétitivité. Lorsqu’elles sont réalisées sans qu’il y ait ensuite stérilisation5 de la part des autorités, la constitution de réserves conduit à une augmentation de l’offre de monnaie dans l’économie domestique pouvant conduire à une hausse de l’inflation. En outre, la dé- tention d’un niveau élevé de réserves de change peut s’avérer coûteuse, notamment lorsque celles-ci sont peu rentables. Le débat actuel sur les fonds souverains6 trouve son origine dans la volonté des économies émergentes de mieux rentabiliser leurs réserves de change en les plaçant sur des actifs plus rentables, et en menant des politiques d’investissement à l’étranger, au-delà des simples placements sans risques (traditionnellement les bons du Trésor américain). L’ampleur des som- mes concernées permet de penser que la façon dont ces sommes sont placées pourrait avoir un impact sur les marchés financiers mondiaux (en particulier, une réductiondesplacementsenobligationsaméricaines à long terme pourrait provoquer une remontée des taux longs aux États-Unis). 151 (5) Une opération de stérilisation vise à éliminer les effets sur le marché monétaire local des opérations de change menées par les autorités. Pour cela, les autorités monétaires peuvent chercher à compenser la croissance de la masse monétaire induite par la hausse des réserves de change de la banque centrale en retirant une partie de la liquidité en circulation. (6) Cf. Odonnat (2008) : «Les conditions d’une contribution positive des fonds souverains à l’économie mondiale», Trésor-Eco n°28, DGTPE. Encadré 2 : économies pétrolières et syndrome hollandais Le concept de syndrome hollandais (dutch disease) est ap- paru dans les années 1970, suite à la découverte de gaz naturel aux Pays-Bas dans les années 1960. Il renvoie de manière générale à un environnement dans lequel une situa- tion de rente entraîne in fine une dégradation du tissu productif dans une économie. D’importants revenus extérieurs ont tendance à provoquer une appréciation réelle de la monnaie locale par deux ca- naux principaux : d’une part, ils entraînent une hausse de la masse monétaire en circulation, d’autre part, l’augmenta- tion du revenu disponible augmente la consommation des biens non-échangeables et entraîne une augmentation de leurs prix, puis des salaires, ce qui provoque de l’inflation. Cette appréciation réelle a tendance à réduire la compétitivi- té du secteur des biens échangeables hors hydrocarbures et peut conduire à une désindustrialisation, d’autant qu’elle peut être renforcée par le départ de la main d’œuvre vers le secteur plus rentable. Par ailleurs, d’autres effets négatifs sont souvent associés au syndrome hollandais. La concentration des revenus dans bon nombre d’économies pétrolières peut conduire parfois à une captation des intérêts publics par quelques leaders du secteur pétrolier et à des comportements de rente. Par ail- leurs, l’effet de court-terme d’augmentation de la richesse peut parfois limiter les efforts des autorités en faveur de politique de croissance de long terme (diversification de l’économie, éducation etc…) au profit de mesures de re- distribution. Lorsque les flux de revenus associés aux matières premiè- res diminuent ou s’arrêtent, l’économie peut se retrouver fortement handicapée par le sous-développement du sec- teur des biens échangeables qui a besoin de temps pour se réajuster. De manière générale, les économies pétrolières disposent de régimes de changes fixes avec ancrage au dollar. Sur la période récente, la forte croissance des prix des hydrocar- bures leur a permis d’accumuler des réserves de change très importantes, dont la stérilisation n’a pu être qu’impar- faite. Ceci a favorisé une accentuation des tensions inflationnistes déjà à l’œuvre dans ces économies (notam- ment en raison de la hausse des prix agro-alimentaires et d’une demande de biens très vigoureuse face à une offre contrainte) et rendu leur régime de change plus difficile à maintenir, notamment en raison de la baisse du dollar, qui favorise l’inflation importée. D’ailleurs, certaines de ces économies ont déjà entamé une révision de leur régime de change (le Koweït a adopté au printemps 2007 un ancrage à un panier de devises, et non plus seulement au dollar) Graphique 4 : réserves de change dans les pays émergents 0% 10% 20% 30% 40% 50% Afrique du Sud Chine Inde Russie Turquie 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 % du PIB Argentine Corée du Sud Mexique Thaïlande Source : FMI Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française
  • 7. 2.2 La stérilisation des opérations de change peut s’avérer coûteuse et inefficace Pour réduire l’impact sur le marché monétaire do- mestique des interventions de change, les autorités peuvent choisir de procéder à la stérilisation. Pour cela, les deux méthodes les plus communément utili- sées sont les opérations d’open market (rachat ou émission de titres de dettes par l’autorité monétaire dans le but de contrôler la masse monétaire) ou des mesures plus administratives telles que le relève- ment du taux de réserves obligatoires des banques7 . Cesopérationscomportentdesrisquesetpeuventen- gendrer des coûts importants pour les autorités8 . Tout d’abord, les opérations d’open market dé- pendent fortement des conditions rencontrées sur le marché financier domestique. Le coût de ces opérations peut avoir un impact budgétaire impor- tant et éventuellement faire peser des risques sur la soutenabilité des finances publiques. En particulier, les autorités émettent des titres sur les marchés lo- caux dont le rendement est généralement supérieur à celui des titres étrangers détenus en réserves. Par ail- leurs, le manque de liquidité du marché local ou la mauvaise adéquation entre l’offre de titres domesti- ques et la demande des investisseurs locaux peuvent également limiter l’efficacité de cette méthode (les titres proposés peuvent trouver difficilement pre- neurs ou s’échanger avec des primes plus élevées donc encore plus coûteuses pour les autorités). Ensuite, l’utilisation d’instruments tels que les taux de réserves obligatoires comporte des incon- vénients majeurs, notamment en termes de distorsions sur le marché financier et bancaire lo- cal, du côté de l’offre de crédit. L’utilisation de cet instrument de manière répétée peut créer des dom- mages importants sur le fonctionnement des finances locales (ce qui n’a pas empêché les autorités chinoises de relever le taux de réserves obligatoires plus de 10 fois en 2007). Enfin, au-delà de leurs coûts potentiellement éle- vés, l’efficacité des opérations de stérilisation est parfois faible, notamment lorsque les institutions monétairesnejouissentpasd’unecrédibitéélevéeou lorsque les marchés financiers locaux sont peu déve- loppés. 2.3 Le pilotage des taux d’intérêt est rendu difficile dans des conditions de grande mobilité internatio- nale des capitaux Le pilotage des taux d’intérêt reste un des leviers classiques des politiques monétaire et de change. Toutefois, son utilisation dans un contexte de libéra- lisation progressive des comptes financiers et de ca- pital et de volonté de conserver autant que possible une parité nominale du change est rendue considéra- blement plus délicate. Le pilotage des taux d’intérêt peut en effet viser plusieurs objectifs qui ne sont pas tous compatibles. Sur le plan intérieur, les autorités peuvent viser des objectifs d’inflation (inflation tar- geting), ou de soutien de la croissance. Sur le plan extérieur, l’impact du différentiel de taux d’intérêt avec les autres pays peut être important et ce diffé- rentiel constitue l’un des facteurs de détermination du taux de change. On est alors confronté au triangle d’incompatibilité de Mundell9 , qui indique que, dans un contexte d’ou- verture financière et commerciale, il est impossible pourunpaysdeconcilierlestroisélémentssuivants: • une politique monétaire autonome, avec des objectifs internes (inflation, croissance) ; • la liberté des flux de capitaux avec l’étranger ; • un taux de change fixe. Jusqu’à l’été 2007, dans les pays dont l’objectif prin- cipal est la stabilité du change, relever les taux d’intérêt locaux pour limiter la croissance de la masse monétaire (et donc l’inflation) est rendu im- possible. En effet, la remontée des taux pourrait favoriser les entrées de capitaux, ce qui pourrait à nouveau conduire à une appréciation et alimenter les tensions inflationnistes à l’encontre de l’objectif ini- tial de la mesure. Par ailleurs, les taux d’intérêt sont en général déjà élevés dans de nombreuses écono- mies émergentes (ce qui explique notamment une partie des flux de capitaux élevés) et les relever ne paraît pas forcément soutenable. Al’opposé,lespayssouhaitantbaisserleurtauxd’in- térêt pour limiter les entrées de capitaux pourraient se retrouver face à des contraintes domestiques très importantes, notamment en termes de pressions in- flationnistes. Cette option peut être choisie quand les pressions inflationnistes sont faibles, mais elle en- lève aux autorités la possibilité d’adopter leur politique monétaire à la situation domestique. Dans ces conditions, le pilotage des taux d’intérêt est très contraint par les objectifs de change et son effi- cacité en tant qu’instrument de politique monétaire et de change est en partie remise en cause. 152 (7) D’autres méthodes de stérilisation sont parfois utilisées comme la modification des taux de refinancement des banques auprès de la banque cen- trale, le déplacement d’une partie de l’épargne publique détenue par les banques commerciales vers la banque centrale, ou encore la mise en place d’opérations de swaps de change (la banque centrale échange aujourd’hui de la monnaie domestique contre des devises étrangères et s’engage à ra- cheter à l’avenir à un taux prédéfini la monnaie domestique). (8) Voir, par exemple, Jang-Yung Lee (1997) : «Sterilizing Capital Inflows», IMF Economic Issues (Février). (9) Mundell R. (1960) : «The Monetary Dynamics of International Adjustement under Fixed and Flexible Exchange Rates», Quarterly Journal of Economics, vol. 74. Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française
  • 8. 3. Face aux difficultés associées aux interven- tions de change classiques, d’autres solutions, plus structurelles, peuvent être envisagées, no- tamment en termes d’entrées et sorties de capi- taux 3.1 Certains pays ont maintenu ou renforcé des contrôles sur les entrées de capitaux Dans la situation actuelle, certains pays émergents peuvent souhaiter limiter les entrées de capitaux, no- tamment en introduisant ou en maintenant des contraintes sur les flux financiers. Ceci peut per- mettre de limiter l’impact déstabilisateur des flux de capitaux parfois rapides ou spéculatifs. Certains paysontététentésdemettreenplacedetelscontrôles avec des succès contrastés. C’est notamment le cas de la Colombie ou de la Thaïlande (ou du Chili précé- demment)10 . En Colombie, avec une forte pression sur le change, des tensions inflationnistes sensibles et des hausses de taux d’intérêt régulières, les autorités ont cherché à retrouver des leviers de politique économique. Ils ont ainsi introduit en mai 2007 des contrôles de capi- taux sous la forme de dépôts obligatoires pendant une période de 6 mois de 40% du montant de tout nouvel investissement de portefeuille sur un compte rémunéré à la banque centrale. Cette mesure, sans être complètement efficace, permet aux autorités monétaires du pays de gérer de manière plus auto- nome la politique monétaire. Elle a pour impact de modifier la structure des flux de capitaux entrants au détriment des flux de court terme et des investisse- ments de portefeuille. EnThaïlande,lesautoritésontsouhaitémettreégale- ment en place des contrôles sur les flux de capitaux en décembre 2006. Suite à l’annonce de l’instaura- tiondecontrôlessurlesdépôtsendevisesétrangères, la bourse de Bangkok avait perdu près de 15%, obli- geant finalement les autorités à revenir sur leur décision. Si la solution de réintroduire des contrôles de ca- pitaux peut paraître séduisante dans certains pays pour retrouver de l’indépendance en termes de politique économique et diminuer l’impact des contagions des troubles financiers, des obstacles existent et leur introduction peut être source de mouvements de réaction brutaux et déséquili- brants. 3.2 D’autres pays ont été tentés d’instaurer des me- sures pouvant faciliter les sorties de capitaux Pour certains pays qui ont réussi à développer une based’investisseurssuffisammentsolideetquin’ont pas encore complètement libéralisé leur compte de capital, des restrictions subsistent sur les sorties de capitaux. C’est le cas par exemple dans certains grands pays émergents comme l’Inde ou la Chine, dont les flux sortants sont extrêmement contrôlés et pour qui les pressions inflationnistes actuelles sont en partie dues à des concentrations forcées des inves- tissements des agents locaux sur les marchés locaux : ilenrésulteunexcésdedemandedetitreslocauxetla possibilité d’apparition d’une bulle sur les marchés domestiques. En autorisant ou en favorisant les sorties de capitaux (soit en levant certaines des barrières existantes pour les pays qui disposent toujours de contrôles, soit en créant des incitations à la sortie de capitaux), les au- torités permettent de limiter la pression à l’augmentation de la demande sur les actifs inté- rieurs et donc sur la monnaie domestique. Sur le plan intérieur, favoriser les investissements à l’étranger peut également favoriser une meilleure allocation de l’épargne domestique et peut permettre aux investis- seurs locaux de mieux diversifier leurs risques. Desréticencessubsistenttoutefoisàlalevéedescon- trôles de capitaux, notamment avec l’apparition potentielle du risque de contagion des mouvements sur les marchés internationaux. Une grande ouver- ture aux capitaux étrangers viendrait alors limiter la résistance des marchés domestiques aux chocs exté- rieurs. La libéralisation des flux sortants de capitaux gagneànepasêtremenéedemanièrebrutale.Une ouverture brutale en Chine par exemple pourrait avoir des conséquences très importantes tant les détenteurs de capitaux obligatoirement investis à l’intérieur du pays, dans une structure financière sur-protégée, pourraient trouver des opportuni- tésàinvestiràl’étrangerdefaçonmassiveetcréer undégonflementtrèsrapidedesmarchéslocaux. 4. Depuis le début de la crise des subprimes en juillet 2007, le comportement des devises émergentes est devenu plus hétérogène et les économies sont confrontées à un nouveau di- lemme entre pressions inflationnistes et crain- tes de refroidissement11 4.1 Depuis juillet 2007, les devises émergentes ont des comportements volatils et divers, tandis que les pressions inflationnistes s’accroissent nettement Les principales devises émergentes se sont assez peu appréciées en terme nominal face au dollar dans l’en- semble depuis juillet 2007, même si, pour certaines, comme le yuan, le mouvement d’appréciation s’est légèrement accéléré. De manière générale, la volati- lité des taux de change émergents a sensiblement augmenté. 153 (10) Pour plus de détails sur ce sujet, voir Mongruet P., Robert M. (2005) : «L’Asie émergente et la libéralisation du compte de capital», DPAE n° 93, DGTPE. (11) Cet article a été rédigé avant avril 2008 et ne tient pas compte de développements ultérieurs. 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  • 9. Jusqu’aux épisodes de turbulence de janvier 2008, les marchés financiers émergents avaient été relativement peu touchés par la crise des sub- primes et avaient même constitué un refuge dans les tout premiers temps de la crise. Désormais, la transmission des turbulences financières touche éga- lement les marchés émergents et le début 2008 a vu une réduction sensible des flux de capitaux en direc- tion des économies émergentes, notamment un dénouement des opérations de carry trades, comme l’ont indiqué les évolutions particulièrement mar- quées des devises turque, sud-africaine et brésilienne. Cependant, les économies émergentes font face dans l’ensemble à une autre source de tensions à l’appré- ciation réelle, sous la forme d’importantes pressions inflationnistes (cf. graphique 6), et qui sont plus for- tes dans les économies dont la devise est ancrée au dollar. Elles sont principalement causées par la hausse des prix mondiaux des produits agro-alimen- taires et énergétiques, et également dans certains cas par la croissance soutenue de la demande interne, les entrées de capitaux, ou encore des politiques budgé- taires expansionnistes. 4.2 Dans le sillage du ralentissement des économies développées, les économies émergentes peuvent craindre un impact à moyen terme Alors que les économies émergentes se trouvent dans l’ensemble aujourd’hui dans une situation prochedelasurchauffe(fortecroissance,tensions inflationnistes et appréciation des devises), l’im- pact du ralentissement des économies développées et la transmission des turbulences fi- nancières mondiales pourraient avoir un effet de refroidissement. Ceci place les économies émergentes face à un di- lemme de politique économique et un arbitrage délicat à réaliser puisque des mesures restrictives à l’approche d’un ralentissement pourraient aggraver ce dernier, tandis que l’attentisme face à la sur- chauffe actuelle pourrait être préjudiciable. La politique de change reste un des outils à disposition des autorités pour tenter de gérer ces contraintes. Dans ce contexte, le comportement en termes de po- litique de change des économies émergentes a été hétérogène, certaines maintenant leur ancrage et ré- percutant les mesures de relance américaine (Hong Kong), d’autres envisageant de remettre en cause leur régime de change actuel. C’est notamment le cas de certaines économies pétrolières, comme le Qatar, qui a annoncé récemment réfléchir au passage d’un ancrage au dollar à un ancrage à un panier de devises, comme l’avait fait le Koweït au printemps 2007. Les autorités russes ont de même annoncé fin janvier 2008 avoir l’intention de passer dans les trois pro- chaines années à une politique de ciblage d’inflation, qui impliquera nécessairement un relâchement des interventions sur le change pour s’adapter aux nou- velles conditions économiques et financières mondiales. D’autres changements importants de po- litiques de change ne sont pas à exclure dans certaines économies émergentes, par exemple en Chine avec une appréciation plus rapide du yuan face au dollar ou au Brésil afin de freiner l’inflation. Les autorités thaïlandaises, ont, quant à elles, annoncé en février 2008 qu’elles entendaient retirer les contrô- les sur les entrées de capitaux qu’elles avaient instauré auparavant. L’impact des turbulences récentes sur les devises émergentes n’est toujours pas stabilisé et connu avec précision. Ses conséquences précises en termes de politique économique pour les pays émergents dé- pendront nécessairement des conséquences de cet épisode, toujours en cours. 154 Graphique 6 : taux d’inflation dans les pays émergents 0% 5% 10% 15% Afrique du Sud Brésil Chine Russie glissement annuel (en %) Arabie Séoudite Chili Corée du Sud Thaïlande janvier 2007 février 2008 Source : Global Insight. Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française Documenttéléchargédepuiswww.cairn.info-Universitéd'Ottawa--137.122.64.24-03/11/201617h09.©LaDoc.française