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PRET-A-PORTER	
MADE	IN	FRANCE	
Quels	facteurs	pourraient	
Amplifier	la	dynamique	
des	relocalisations	?	
	
Alyona	CHARLES	
MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016
PRÊT-A-PORTER	MADE	IN	FRANCE		
Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 2
PRÊT-A-PORTER	MADE	IN	FRANCE		
Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 3	
	
	
	
	
	
	
	
REMERCIEMENTS		
Je	tiens	à	exprimer	toute	ma	reconnaissance	à	mon	Directeur	de	mémoire	Monsieur	Alain	Stefan	
Cieslewicz.	Je	le	remercie	pour	sa	grande	disponibilité	et	ses	précieux	conseils.	
J’aimerais	 également	 témoigner	 mon	 respect	 et	 ma	 gratitude	 envers	 Alexandre	 Asselineau,	
Directeur	 Knowledge	 &	 Transfer	 et	 Directeur	 Executive	 Education	 de	 la	 Burgundy	 School	 of	
Business.		
Je	 voudrais	 remercier	 aussi	 particulièrement	 tous	 les	 professionnels	 qui	 ont	 accepté	 de	 me	
rencontrer	et	de	répondre	à	mes	questions	durant	mes	recherches.		
Je	remercie	enfin	très	spécialement	mon	mari	Yves,	qui	a	toujours	été	là	pour	moi,	pour	son	
soutien	inconditionnel	et	ses	encouragements.
PRÊT-A-PORTER	MADE	IN	FRANCE		
Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
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RESUMÉ		
Aujourd’hui	le	Made	In	France	occupe	de	plus	en	plus	le	devant	de	la	scène,	stigmatisant	une	
volonté	 des	 consom’acteurs	 à	 consommer	 plus	 éthique,	 plus	 responsable	 et	 plus	 durable.	 Le	
présent	travail	de	recherche	a	pour	vocation	de	répondre	à	la	question	:	«	Prêt-à-porter	Made	In	
France	:	Quels	facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	de	relocalisation	?	»	
Hypothèse	de	travail	:	S’il	est	possible	de	faire	connaître	et	commercialiser	des	produits	de	prêt-
à-porter	Made	In	France,	au	même	prix	et	dans	les	mêmes	délais	de	mise	sur	le	marché	que	des	
produits	fabriqués	à	l’étranger,	alors	le	prêt-à-porter	Made	In	France	sera	compétitif,	et,	de	ce	
fait,	susceptible	d’encourager	cette	dynamique	de	relocalisation	pour	une	part	significative	de	
l’industrie	de	l’habillement	prêt-à-porter	en	France.
PRÊT-A-PORTER	MADE	IN	FRANCE		
Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 5	
SOMMAIRE		
REMERCIEMENTS	 3	
RESUMÉ	 4	
SOMMAIRE	 5	
INTRODUCTION	 6	
A.	LE	PERIMETRE	DU	SUJET	:	«	L’HABILLEMENT	MADE	IN	FRANCE	»	 6	
B.	MES	MOTIVATIONS	 6	
C.	PROBLEMATIQUE	 7	
D.	METHODOLOGIE	ET	ENONCE	DU	PLAN	 7	
PARTIE	I	REVUE	DE	LITTERATURE	 9	
A.	CONTEXTE	:	HISTOIRE	ET	TENDANCE	DE	L’HABILLEMENT	«	MADE	IN	FRANCE	»	(CONSTATS/FAITS)	 9	
1.	 UN	APERÇU	HISTORIQUE	DE	L’EPOPEE	D’UNE	INDUSTRIE	AUX	RACINES	ANCIENNES	 9	
2.	 QUELQUES	DEFINITIONS	ET	DESCRIPTION	DE	LA	CHAINE	DE	VALEUR	DE	LA	FILIERE	 11	
3.	 LES	PIONNIERS	DU	MOUVEMENT	MIF	DANS	LE	PRET-A-PORTER	 16	
B.	POURQUOI	EXISTE-T-IL	CETTE	TENDANCE	DU	MIF	?	 19	
1.	 UN	CONTEXTE	FAVORABLE	POUR	LES	RELOCALISATIONS	 19	
2.	 OFFRE	:	LES	MODELES	CLASSIQUES	DE	LA	CHAINE	DE	VALEUR	 35	
3.	 DEMANDE	:	LA	SATISFACTION	DES	ATTENTES	CLIENTS	 39	
C.	INVENTAIRE	DES	LEVIERS	FAVORABLES	AU	MIF	(EXTERNES	ET	INTERNES)	 44	
PARTIE	II	ETUDE	EMPIRIQUE	 45	
A.	ANALYSE	COMPARATIVE	:	COMMENT	AMPLIFIER	LE	MOUVEMENT	DU	MIF	?	 45	
1.	 LE	SUCCES	DU	MODELE	ZARA	UN	EXEMPLE	SOURCE	D’INSPIRATION	 45	
2.	 COMPARAISON	AVEC	LES	LEVIERS	D’ACTION	LISTES	EN	PREMIERE	PARTIE	 50	
3.	 TRANSPOSITION	DES	LEVIERS	D’ACTION	ZARA	AU	MIF	 51	
4.	 SYNTHESE	DES	LEVIERS	D’ACTIONS	ISSUS	DE	L’ANALYSE	COMPARATIVE	&	SWOT	 63	
B.	ANALYSE	QUALITATIVE	:	L’AVIS	DES	EXPERTS	 64	
1.	 LISTE	DE	NOS	INTERVIEWS	D’EXPERTS	 64	
2.	 METHODE	:	MOTRICITE	ET	SENSIBILITE	DES	LEVIERS	D’ACTION	(D’APRES	MICHEL	GODET,	2001)	 64	
3.	 RESULTATS	DE	L’ENQUETE	 65	
4.	 REGROUPEMENTS	ET	ANALYSE	DES	RESULTATS	 66	
CONCLUSION	GENERALE	 70	
GLOSSAIRE	/	LISTE	DES	ACRONYMES,	SIGLES	ET	ABREVIATIONS	 71	
BIBLIOGRAPHIE	:	 73	
A.	OUVRAGES	&	LIVRES	 73	
B.	ARTICLES	 74	
C.	INTERNET	 75
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Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
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INTRODUCTION	
A. Le	périmètre	du	sujet	:	«	l’habillement	Made	in	France	»	
«	Made	 in	 France	»	 Je	 m’intéresse	 à	 la	 création	 de	 valeur	 en	 France	 et	 donc	 au	 moyen	 de	
rapprocher	 autant	 que	 possible	 la	 production	 de	 son	 lieu	 de	 consommation	 (relocaliser),	 afin	
d’optimiser	le	cycle	de	vie	du	produit	vis-à-vis	d’un	consommateur	de	plus	en	plus	exigeant	(fast	
&	custom	fashion,	qualité	premium).	Mais	également	dans	un	esprit	responsable	et	durable	afin	
d’essayer	 de	 favoriser	 l’emploi	 local	 tout	 en	 préservant	 l’environnement	 et	 en	 réduisant	
l’empreinte	carbone.	(Un	jeans	est	par	exemple	un	désastre	écologique	qui	nécessite	à	lui	seul	
des	 centaines	 de	 litres	 d'eau,	 des	 pesticides,	 des	 colorants,	 de	 puissants	 détergents	 et	 des	
milliers	de	kilomètres	de	transport).	
Je	me	limite	de	facto	au	périmètre	de	«	l’habillement	»,	prêt-à-porter	et	de	la	mode	(exclusion	
du	 secteur	 textile	 de	 production	 et	 autres	 destinations,	 en	 particulier	 tous	 les	 autres	 usages	
domestiques	ou	techniques).	
B. Mes	motivations	
En	tant	qu’étudiante	j’ambitionne	de	faire	carrière	dans	le	monde	de	l’habillement/mode	qui	
me	passionne.	Réaliser	mon	mémoire	de	master	sur	ce	sujet	me	semble	un	excellent	tremplin	
pour	 mieux	 comprendre	 la	 filière	 et	 l’approcher.	 In	 fine,	 j’espère	 faire	 suffisamment	 de	
rencontres	pour	y	découvrir	des	opportunités	professionnelles	pertinentes.	
En	tant	que	consomm’actrice	je	me	sens	écoresponsable	et	surtout,	je	préfèrerais	trouver	sur	
les	 étals	 davantage	 de	 choix	 de	 qualité	 au	 prix	 juste.	 Plutôt	 que	 des	 produits	 de	 masse	
«	jetables	»,	de	piètre	qualité,	fabriqués	par	des	enfants	au	Bangladesh	(qui	meurent	sous	les	
décombres	de	Dacca).	Ou	bien	encore,	des	produits	de	«	luxe	»	inaccessibles	ne	garantissant	pas	
un	niveau	de	qualité	que	j’estime	en	rapport	avec	leur	prix.	
En	tant	que	citoyenne	dans	ce	contexte	de	crise	/	récession	économique,	œuvrer	pour	favoriser	
la	création	d’emplois	me	semble	un	combat	passionnant,	essentiel	pour	tenter	de	préserver	
notre	 modèle	 social	 et	 ralentir	 la	 paupérisation	 des	 classes	 moyennes.	 L’entreprise	 agit	 par	
définition,	elle	me	semble	un	levier	privilégié	pour	faire	évoluer	la	société	dans	un	contexte	
morose	de	changement	de	paradigme	de	nos	modèles	économiques.	
Précision	 importante	 :	 Il	 ne	 s’agit	 pas	 de	 promouvoir	 le	 protectionnisme	 économique	 ou	 le	
patriotisme	 forcené	 mais	 de	 mettre	 à	 l’honneur	 le	 savoir-faire	 français	 et	 œuvrer	 pour	
l’enrichir	encore.	Tenter	de	protéger	et	créer	des	emplois	plus	proches	de	chez	nous,	conforme	
avec	 les	 attentes	 ressenties	 des	 consommateurs	 et	 la	 Responsabilité	 Sociale	 des	 Entreprises	
(RSE).	Suivre	l’idée	positive	et	apolitique	selon	laquelle	un	business	raisonnable	et	intelligent	
profite	à	tous	(à	l’entreprise,	aux	consommateurs,	à	l’environnement,	aux	citoyens,	...).		
En	fin	de	compte	notre	écosystème	est	complexe	et	interagit	constamment,	l’ambition	de	ce	
mémoire	 est	 d’explorer	 des	 solutions	 qui	 puissent	 être	 en	 mesure	 de	 faire	 converger	 la	
promotion	et	le	renforcement	du	savoir-faire	français,	l’engagement	citoyen,	la	préservation	/	
protection	 de	 l’environnement	 et	 l’investissement	 dans	 la	 vie	 locale	 avec	 un	 modèle	 de	
développement	économiquement	soutenable	dans	le	domaine	du	prêt-à-porter.
PRÊT-A-PORTER	MADE	IN	FRANCE		
Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 7	
C. Problématique	
Face	 aux	 lames	 de	 fonds	 des	 délocalisations,	 la	 question	 médiatique	 du	 Made	 in	 France	
interpelle	:	existe-t-il	réellement	une	opportunité	sérieuse	pour	un	nouveau	canal	au	sein	de	la	
filière	susceptible	de	justifier	de	relocaliser	partiellement	une	industrie	particulièrement	mise	à	
mal	dans	nos	pays	industrialisés	au	cours	des	50	dernières	années	?	
S’agit-il	d’un	épiphénomène	?	D’une	«	mode	du	Made	in	France	»	pour	doux	rêveurs	?	Ou	alors	
d’une	opportunité	inédite	de	changement	de	l’industrie	en	profondeur	?	
•	 Quels	 sont	 les	 modèles	 dominants	 de	 la	
compétition	mondiale	(chaine	de	valeur)	?	
•	 Existe-t-il,	 ou	 bien	 peut-on	 éveiller	 une	
clientèle	significative	?	
•	 Quel	 est	 son	 potentiel	 et	 sur	 quelles	
attentes	se	fonde-t-elle	?	
•	Si	tel	est	le	cas,	est-il	possible	de	répondre	
de	 façon	 concurrentielle	?	 Par	 quel(s)	
moyen(s)	?	
En	 somme,	 comment	 les	 nouveaux	 modèles	 managériaux,	 l’innovation	 raisonnée,	 l’intra-
logistique	4.0,	les	systèmes	ERP/PLM,	le	Green	Supply	Chain	et	les	circuits	courts,	entre-autres,	
peuvent-ils	contribuer	à	l’émergence	d’un	nouveau	modèle	du	«	made-in-France	»	?	
Ce	mémoire	a	donc	pour	vocation	de	répondre	à	la	question	:	
«	Prêt-à-porter	 Made	 In	 France	:	 Quels	 facteurs	 pourraient	 amplifier	 la	 dynamique	 de	
relocalisation	?	»	
D. Méthodologie	et	énoncé	du	plan	
La	première	partie	a	pour	objectif	de	nous	permettre	de	mieux	comprendre	le	phénomène	du	
MIF	et	de	formuler	des	hypothèses	sur	les	facteurs	susceptibles	d’être	les	plus	influents	sur	son	
évolution.		
La	 seconde	 partie	 tentera	 de	 vérifier	 empiriquement	 ces	 hypothèses	 par	 une	 analyse	
comparative	de	l’existant	(inspiration	cas	ZARA),	étoffée	par	une	étude	qualitative	auprès	des	
précurseurs	experts	du	Made-In-France	(interviews	téléphoniques	+	salon	MIF	Expo).	
Pour	ce	faire,	nous	allons	constater	la	dynamique	du	phénomène	après	l’avoir	resituée	dans	son	
contexte	historique	et	défini	le	cadre	général	de	l’industrie.	
Ensuite,	 nous	 analyserons	 l’écosystème	 afin	 de	 déterminer	 les	 origines	 favorables	 puis	 les	
facteurs	susceptibles	d’influencer	ce	phénomène	du	point	de	vue	de	l’offre	et	de	la	demande.	
L’analyse	 se	 fera	 donc	 dans	 un	 premier	 temps	 sous	 le	 prisme	 de	 l’environnement	 (social,	
environnemental,	 politico-légal,	 économique	 et	 technologique).	 Puis	 nous	 chercherons	 à	
expliquer	les	mécanismes	stratégiques	de	l’offre	afin	d’en	déduire	les	facteurs	clés	de	succès.	
Ensuite	nous	tenterons	de	comprendre	la	demande	afin	de	découvrir	les	sources	d’avantages	
concurrentiels	pour	le	Made-In-France.	Nous	fournirons	en	synthèse	de	cette	première	partie	
une	cartographie	des	facteurs	externes	et	internes	qui	nous	semblent	les	plus	influents.	
Dans	un	second	temps	nous	allons	d’abord	nous	inspirer	de	la	success	story	de	l’Espagnol	ZARA	
dont	 les	 productions	 sont	 majoritairement	 domestiques	 puis	 Européennes.	 En	 effet,	 nous	
pensons	 que	 cet	 exemple	 est	 source	 d’inspirations	 transposables	 en	 France	 et	 peut-être
PRÊT-A-PORTER	MADE	IN	FRANCE		
Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 8	
optimisé	 car	 la	 maîtrise	 du	 temps	 («	Time	 to	 market	»)	 est	 LE	 facteur	 clé,	 à	 fortiori,	 dans	 le	
domaine	de	la	mode.	A	partir	de	cet	exemple,	nous	tenterons	de	confirmer	nos	hypothèses	et	
d’isoler	 les	 leviers	 du	 succès	 pour	 le	 Made	 in	 France.	 S’agissant	 d’une	 étude	 prospective,	 la	
dernière	 partie	 reposera	 sur	 une	 enquête	 qualitative	 auprès	 d’experts	 pionniers	 du	 Made	 in	
France	rencontrés	lors	d’un	salon	thématique	à	Paris	en	Novembre	2016.
PRÊT-A-PORTER	MADE	IN	FRANCE		
Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 9	
Partie	I	Revue	de	Littérature	
Afin	de	mieux	comprendre	pourquoi	il	existe	une	tendance	naissante	à	la	relocalisation	du	prêt-
à-porter	Made	in	France,	nous	allons	étudier	le	contexte	de	cette	industrie.	Pour	ce	faire,	nous	
constaterons	dans	un	premier	temps,	la	dynamique	des	pionniers	du	Made	in	France,	après	un	
bref	aperçu	historique	et	quelques	définitions	permettant	de	délimiter	le	sujet.		
Dans	un	second	temps,	afin	de	découvrir	les	racines	de	cette	tendance,	nous	ferons	l’inventaire	
des	 éléments	 de	 contexte	 favorables	 aux	 relocalisations,	 puis	 nous	 observerons	 en	 détail	 les	
modèles	dominants	de	la	chaîne	de	valeur	qui	structurent	actuellement	cette	industrie	afin	de	
déceler	 les	 brèches	 favorables	 au	 MIF.	 Puis,	 nous	 tenterons	 d’analyser	 les	 mécanismes	 de	 la	
demande	pour	comprendre	comment	le	Made	in	France	peut	impacter	la	décision	d’achat.	Enfin	
nous	dresserons	un	tableau	des	leviers	qui	nous	semblent	favorables	au	Made	In	France.	
A. Contexte	:	Histoire	et	tendance	de	l’habillement	«	Made	in	France	»	
(Constats/Faits)	
1. Un	aperçu	historique	de	l’épopée	d’une	industrie	aux	racines	anciennes	
«	Un	peuple	qui	oublie	son	passé	se	condamne	à	le	revivre.	»	Winston	Churchill	
	
a) Une	industrie	à	l’avant-garde	des	révolutions	industrielles	
L’industrie	 de	 l’habillement	 compte	 parmi	 les	 plus	 vielles	 du	 monde.	 Elle	 a	 pris	 son	 essor	
pendant	 la	 première	 révolution	 industrielle	 en	 Angleterre	 grâce	 à	 la	 machine	 à	 vapeur	 qui	 a	
permis	de	passer	d’une	société	artisanale	à	une	société	commerciale	et	industrielle.	A	l’instar	du	
novateur	«	Bon	Marché	»	d’Aristide	Boucicaut	qui	préfigurait	le	commerce	moderne,	ou	de	la	
VAD	 inventée	 par	 la	 Redoute	 en	 1922,	 cette	 industrie	 des	 temps	 modernes	 a	 subi	 une	
succession	de	bouleversements	profonds	à	l’avant-garde	des	grandes	tendances	mondiales	du	
commerce	et	de	l’industrie.	En	effet,	la	filière	s’est	en	permanence	renouvelée,	modernisée	par	
touches	successives	au	fil	du	temps.	D’ailleurs,	la	seconde	révolution	industrielle	correspond	à	la	
maitrise	 de	 l’électricité	 pour	 la	 production	 en	 masse.	 Il	 est	 intéressant	 de	 constater	 que	 bon	
nombre	de	manufactures	textiles	du	début	du	20ème
	siècle	étaient	équipées	de	turbines	à	eau	
pour	produire	leur	propre	électricité.	
A	l’aube	de	la	première	guerre	mondiale	cette	filière	caracole	en	tête	parmi	les	fleurons	de	nos	
industries	 manufacturières.	 L’apogée	 du	 secteur	 en	 termes	 d’emploi	 se	 situe	 au	 début	 des	
années	60	(environ	1	million	d’emplois	en	France,	15%	de	la	production	manufacturière).	Les	
marchés	 de	 l’industrie	 de	 l’habillement	 étaient	 en	 forte	 expansion	 suite	 à	 la	 conjonction	 de	
phénomènes	démographiques	(baby-boom),	économiques	(la	croissance	moyenne	à	5,4%	des	
«	Trente	 Glorieuses	»)	 et	 politiques	 (l’ouverture	 au	 Marché	 commun	 en	 1958).	 Mais	 aussi	
l’urbanisation	:	en	1968,	60	%	de	la	population	vit	désormais	en	ville.	Cette	conjonction	induit	de	
nouveaux	modes	de	vie	où	le	vêtement	joue	un	rôle	de	plus	en	plus	important	(Michèle	Ruffat,	
CNRS	IHTP).
PRÊT-A-PORTER	MADE	IN	FRANCE		
Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 10	
b) De	la	compétitivité	vers	la	division	internationale	du	travail	
Dans	le	même	temps	que	la	demande	croît,	s’esquisse	une	mutation	profonde	de	l’industrie.	Les	
barrières	aux	nouveaux	entrants	sont	alors	encore	modérées	et	l’aubaine	attire	nécessairement	
les	convoitises.	La	compétition	fait	rage.	Avec	la	mécanisation,	la	productivité	par	individu	est	
ainsi	 en	 permanence	 multipliée,	 améliorée	 sans	 cesse	 par	 l’abondance	 énergétique	 et	 les	
progrès	techniques.	Voici	la	3ème
	révolution	industrielle	qui	s’annonce	avec	l’automatisation	et	
les	microprocesseurs.	Il	faut	donc	investir	toujours	plus	pour	préserver	la	compétitivité.	La	filière	
est	 très	 verticale	 (séquencée	 en	 successions	 d’étapes)	 et	 donc	 propice	 à	 son	 intégration.	 Les	
firmes	ont	ainsi	progressivement	élargi	l’étendue	de	leur	contrôle	à	la	chaine	de	valeur	globale	
pour	maximiser	leurs	marges.	Peu	à	peu,	les	entreprises	grossissent	et	s’internationalisent,	les	
petits	disparaissent,	ou	sont	absorbés.	La	productivité	progresse	déjà	plus	vite	que	la	demande,	
ainsi	la	concentration	devient	un	pilier	de	la	réussite	d’une	industrie	plébiscitée	devenue	de	plus	
en	plus	capitalistique	(productivité),	et	qui	deviendra	de	fait	de	moins	en	moins	manufacturière.	
Cependant,	 la	 confection	 notamment	 est	 difficilement	 mécanisable,	 et	 la	 main	 d’œuvre	 pèse	
lourd	dans	la	masse	salariale.	De	ce	fait,	les	industriels	sont	attirés	par	les	pays	dont	la	main	
d’œuvre	est	bon	marché.	On	assiste	alors	à	une	division	internationale	du	travail.			
«	Le	textile	et	l’habillement	sont	devenues	des	industries	différentes.	La	filature,	le	tissage	et	
l’ennoblissement	sont	capitalistique,	tandis	que	la	confection	de	vêtement	demeure	intensive	
en	main-d’œuvre	…	Les	clients	et	les	fournisseurs	ne	se	trouvent	plus	sur	le	même	territoire	:	les	
distributeurs	 d’habillement	 ont	 internationalisé	 leurs	 approvisionnements	 et	 les	
confectionneurs	se	transforment	en	donneurs	d’ordres	en	externalisant	leur	production	»1
		
c) La	mondialisation	et	la	déconstruction	généralisée	vers	l’usine	du	monde	
«	Dans	cette	industrie,	les	premières	délocalisations	depuis	la	France	ont	été	effectuées	dès	les	
années	 1960	 en	 direction	 des	 pays	 d’Afrique	 du	 Nord	 (Maroc	 et	 Tunisie).	 Les	 exemples	 sont	
nombreux	comme	en	témoigne	la	présence	abondante	d’entreprises	de	prêt-à-porter	(Lacoste,	
Petit	Bateau,	Promod,	etc.),	et	de	marques	de	lingerie	(Aubade,	Chantelle,	Princesse	Tam	Tam,	
etc.),	installées	en	Tunisie	ou	au	Maroc	»	2
.	
	
En	1974,	suite	au	premier	choc	pétrolier,	la	croissance	du	PIB	et	la	demande	marquent	le	pas	
avec	 un	 effet	 ciseau	 sur	 l’emploi.	 Malgré	 de	 solides	 avances	 concurrentielles	 et	 «	l’accord	
multifibres	 (AMF-GATT)	»	 (suivi	 en	 1995	 jusqu’en	 2005-2008	 par	 un	 accord	 de	 l’OMC)	 la	
compétitivité,	 l’hyper-concentration	 de	 la	 distribution	 et	 les	 politiques	 de	 libéralisation	 des	
échanges	 mondiaux	 inscrits	 dans	 cette	 dynamique,	 ont	 progressivement	 provoqués	 des	
délocalisations	 de	 plus	 en	 plus	 brutales	 et	 la	 suppression	 de	 plusieurs	 centaines	 de	 milliers	
d’emplois	en	France	(le	secteur	en	comptait	764	000	en	70,	350	000	en	95,	pour	moins	de	60	
000	aujourd’hui).	
																																																													
1
	Dominique	JACOMET,	«	Mode,	Textile	et	Mondialisation	»,	p.196-197	
2
	Dalila	Messaoudi	«	Le	territoire	français	à	l'épreuve	de	la	délocalisation	des	activités	industrielles	:	le	cas	du	secteur	textile-
habillement	»,	p.8
PRÊT-A-PORTER	MADE	IN	FRANCE		
Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 11	
Peu	 à	 peu	 donc,	 les	 délocalisations	 de	 la	 production	 se	 sont	 opérées	 au	 profit	 de	 clusters	
d’ateliers	 spécialisés	 notamment	 en	 Asie	 et	 particulièrement	 en	 Chine	 (plus	 des	 ¾	 des	
importations	 de	 l’UE	 en	 2012	 provenaient	 du	 quatuor	 Chine-Inde-Bangladesh-Pakistan).	 «	 La	
Chine	a	créé	plus	de	9	millions	d’emplois	industriels	entre	1992	et	2010	suivie	par	le	Mexique	et	
le	Brésil	»2
.	
Plus	récemment	encore,	après	les	pays	émergeants,	ce	sont	les	pays	les	plus	pauvres	du	monde	
comme	 l’Ethiopie	 qui	 captent	 une	 part	 du	 marché	 productif.	 Et	 ce,	 bien	 entendu	 pour	 des	
raisons	 de	 coûts	 de	 la	 main	 d’œuvre	 (une	 couturière	 éthiopienne	 coûte	 20	 euros	 quand	 une	
chinoise	 en	 coûte	 200	 et	 une	 européenne	 2000	 par	 mois).	 Mais	 il	 semblerait	 aussi,	 pour	 des	
raisons	de	délais…		
«	Les	pays	producteurs	s’inscrivent	dans	un	cycle	historique	de	spécialisation-déspécialisation,	
en	fonction	de	leurs	avantages	concurrentiels.	Il	convient	de	distinguer	les	pays	qui	ne	possèdent	
qu’une	activité	embryonnaire	de	transformation	des	fibres	(le	coton),	de	ceux	qui	ne	produisent	
de	manière	substantielle	que	du	textile	ou	des	vêtements.	D’autre	offrent	une	filière	qui	peut	
être	 dans	 une	 phase	 de	 croissance,	 de	 maturité	 ou	 de	 déclin.	 Enfin,	 il	 existe	 des	 pays	 dans	
lesquels	 la	 fabrication	 a	 disparu	 et	 dominent	 les	 activités	 de	 conception,	 de	 marketing,	 de	
logistique	et	de	distribution	»3
	.			
2. Quelques	définitions	et	description	de	la	chaîne	de	valeur	de	la	filière	
a) Repères	contextuels	(Définitions	textile,	habillement,	grande	conso...)		
L'industrie	de	l'habillement	vise	toute	la	confection	(prêt-à-porter	ou	sur	mesure),	en	toutes	
matières	 (cuir,	 tissu,	 étoffes	 à	 maille,	 etc.),	 de	 tous	 vêtements	 (dessus/dessous,	
hommes/femmes/enfants,	travail/ville/loisirs)	et	accessoires	(INSEE).	
L'industrie	 textile	 englobe	 l'ensemble	 des	 activités	 de	 conception,	 de	 fabrication	 et	
commercialisation	 des	 textiles	 et	 donc,	 entre	 autres,	 celle	 de	 l'habillement.	 Cette	 industrie	
compte	de	très	nombreux	métiers	tout	au	long	d'une	chaîne	de	valeur	composée	des	fabricants	
de	 tissus,	 de	 produits	 finis	 et	 de	 distributeurs,	 qui	 transforment	 des	 matières	 premières	
fibreuses	 en	 des	 produits	 semi-ouvrés	 ou	 entièrement	 manufacturés.	 Les	 fabricants	 de	 fibres	
naturelles	et	synthétiques	interviennent	en	amont,	et	donc	en	dehors	de	cette	chaîne.	
Les	produits	textiles	sont	pour	l'essentiel	des	biens	de	consommation.		Les	vêtements	de	prêt-à-
porter	représentent	une	partie	importante	de	ce	secteur.	
Attention,	les	frontières	et	statistiques	sont	parfois	floues	dans	la	mesure	où	certains	industriels	
de	l’habillement	intègrent	une	grande	partie	de	la	filière	textile	lorsque	dans	le	même	temps	
certains	se	«	limitent	»	à	la	commercialisation.	
La	filière	textile	recouvre	ainsi	la	préparation	et	la	fabrication	des	fibres	naturelles	(laine,	coton,	
soie,	 lin,	 jute...)	 et	 artificielles	 (synthétiques	 ou	 cellulosiques),	 la	 filature,	 le	 tissage	 et	 la	
fabrication	 d’étoffes	 à	 maille	 ainsi	 que	 de	 certains	 articles	 à	 maille	 tricotés	 en	 forme	
																																																													
3
	Dominique	Jacomet,	«	Mode,	Textile	et	Mondialisation	»,	p.75
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Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 12	
(chaussettes,	chandails).	Elle	regroupe	également	la	réalisation	d’articles	pour	la	maison	(linge	
de	maison,	tapis	et	moquettes)	et	l’ennoblissement	qui	apporte	la	touche	finale	à	ces	différents	
produits	en	aval	ou	en	amont	de	la	filière.	
Ce	secteur	fabrique	donc	essentiellement	des	produits	intermédiaires	tels	que	des	tissus	pour	
l’habillement,	 l’ameublement,	 des	 textiles	 à	 usage	 industriel	 et	 médical	 mais	 aussi	 quelques	
produits	semi-finis	ou	finis.	
«	Les	industries	du	textile	et	de	l’habillement	sont	imbriquées	mais	alors	que	les	vêtements	sont	
entièrement	 faits	 de	 textile,	 moins	 de	 la	 moitié	 de	 la	 production	 textile	 est	 transformée	 en	
vêtements…	L’industrie	 de	 l’habillement,	 souvent	 dénommée	 confection,	 fabrique	 un	 produit	
fini,	 le	 vêtement,	 exclusivement	 à	 partir	 des	 tissus	 que	 lui	 fournissent	 les	 entreprises	 textiles.	
Toutefois	 en	 France,	 la	 fabrication	 des	 articles	 chaussants,	 pull-overs	 et	 articles	 similaires	
(bonneterie)	 relèvent	 de	 l’industrie	 textile,	 bien	 qu’il	 s’agisse	 aussi	 de	 vêtements	;	 les	 autres	
articles	 en	 mailles	 (sous-vêtements)	 étant	 classés	 depuis	 1993	 avec	 l’habillement.	 Aussi	 pour	
définir	avec	précision	le	champ	de	ces	industries,	il	convient	de	se	référer	aux	nomenclatures	de	
produits	établies	au	niveau	national	et	international	»4
.		
Si	 l’habillement	 semble	 une	 division	 du	 textile,	 l’habillement	 peut	 à	 l’inverse	 intégrer	
verticalement	la	partie	du	secteur	textile	qui	constitue	son	«	sourcing	»	principal,	et	qui	lui-
même	source	chez	les	producteurs	de	fibres	naturelles	ou	synthétiques.	Les	frontières	semblent	
discutables	et	malléables…	
b) Made	In	France	(Définition	communautaire)	
Aux	 termes	 de	 l'article	 24	 du	 Code	 des	 douanes	 communautaires	 "Une	 marchandise	 dans	 la	
production	de	laquelle	sont	intervenus	deux	ou	plusieurs	pays,	est	originaire	du	pays	où	a	eu	lieu	
la	dernière	transformation	ou	ouvraison	substantielle,	économiquement	justifiée,	effectuée	dans	
une	 entreprise	 équipée	 à	 cet	 effet	 et	 ayant	 abouti	 à	 la	 fabrication	 d'un	 produit	 nouveau	 ou	
représentant	 un	 stade	 de	 fabrication	 important.	 "	 Cette	 définition	 laisse	 une	 grande	 part	 de	
subjectivité	et	de	liberté	dans	l’évaluation	de	l’origine	du	produit.	La	Commission	Européenne	
semble	 très	 «	permissive	»	 et	 limite	 la	 répression	 des	 fraudes	 par	 les	 douanes	 domestiques.	
Cette	situation	peu	claire	est	sans	doute	à	l’origine	de	la	création	de	multiples	labels	«	Made	In	
France	»	qui	s’appuient	aussi	sur	des	interprétations	différentes.	
c) La	relocalisation	(Définition)	
La	relocalisation	se	définit	au	sens	strict	et	au	sens	large.	Au	sens	strict,	c’est	le	retour	dans	le	
pays	d’origine	d’unités	productives,	d’assemblage	ou	de	montage,	antérieurement	délocalisées	
sous	diverses	formes	dans	les	pays	à	faibles	coûts	salariaux.	Au	sens	large,	la	relocalisation	peut	
se	définir	comme	le	ralentissement	du	processus	de	délocalisation	vers	les	pays	à	bas	salaires,	
c’est-à-dire	 la	 remise	 en	 cause	 des	 choix	 de	 délocalisation	 ou	 la	 non-délocalisation	 dans	 les	
secteurs	sensibles	à	la	compétition	par	les	coûts	(Mouhoud	E.M.,	2011).		
																																																													
4
	 Dominique	 JACOMET,	 «	Mode,	 Textile	 et	 Mondialisation	»,	 Encadré	 0.1	 p4	 +	 Cf.	 nomenclature	 INSEE	 Industrie	 textile,	
habillement,	cuir	et	chaussure
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d) Schéma	de	la	chaîne	de	valeur	selon	Michael	Porter	et	représentation	
interne	de	la	filière	
	
Figure	1	:	Schéma	de	la	chaîne	de	valeur	selon	Michael	Porter	et	représentation	de	la	filière	
La	 figure	 1	 représente	 la	 chaîne	 de	 valeur	 générique	 de	 la	 filière	 textile-habillement	 et	
décompose	 ses	 flux	 organisationnels.	 En	 haut	 à	 gauche	 se	 trouve	 le	 schéma	 de	 la	 chaîne	 de
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valeur	selon	M.	Porter.	Chacune	des	couleurs	des	activités	support	(horizontales	en-dessous)	et	
principales	 (verticales	 au-dessus)	 permettent	 de	 retrouver	 sur	 le	 diagramme	 des	 flux	 des	
activités	correspondantes.		
Comme	 nous	 l’avons	 évoqué	 précédemment,	 la	 filière	 est	 très	 verticale	 et	 plus	 ou	 moins	
intégrée	chez	les	uns	et	les	autres.	Certaines	entreprises	n’intègrent	donc	qu’un	nombre	limité	
de	ces	étapes	génériques.	Ainsi,	les	bulles	bleues	sont	externalisables	tandis	que	les	rouges	font	
partie	du	cœur	de	métier	minimal	sine	qua	non	de	toutes	entreprises.	Les	bulles	blanches	quant	
à	elles,	sont	nécessairement	externes	à	l’entreprise.	
Les	flux	physiques	et	les	processus	sont	matérialisés	par	des	flèches	noires	tandis	que	les	flux	du	
système	d’information	sont	matérialisés	par	des	flèches	bleues.		
Les	étoiles	symbolisent	des	ressources	considérées	comme	clés	par	des	entreprises	leaders	sur	le	
secteur.	
e) Structure	concurrentielle	de	l’industrie	(Forces	de	Porter)	
(1) Concurrents	directs	:	
Le	secteur	du	prêt-à-porter	est	mature	et	plutôt	concentré.	Fortement	concurrentiel,	il	comporte	
de	nombreux	acteurs	«	dominants	»	de	taille	importante.	Le	groupe	Inditex	(ZARA-Espagne)	est	
N°	1	sur	le	marché	de	détail	en	Europe	devant	H&M	(Suède)	et	se	partagent	tous	deux	de	l’ordre	
de	 20%	 du	 marché	 chacun.	 Suivent	 Primark	 (Irlande),	 PVH	 et	 M&S.	 Ces	 trois	 derniers	 se	
partagent	chacun	plus	de	10%	du	marché.	De	l’ordre	de	70%	du	marché	européen	est	donc	entre	
les	mains	de	5	groupes.	
La	concurrence	intra-sectorielle	est	féroce	pour	maintenir	ou	consolider	ses	parts	de	marché,	
notamment	via	une	pression	sur	les	prix	de	vente	et	le	renouvellement	fréquent	des	saisons.	
Note	sectorielle	de	cette	force	:	10/10	
(2) Entrants	potentiels	:	
La	menace	de	nouveaux	entrants	est	faible	car	les	barrières	à	l’entrée	sont	nombreuses	:	marché	
très	 saturé	 en	 faible	 croissance,	 notoriété	 des	 grands	 groupes	 élevée	 (barrière	 commerciale),	
investissements	lourds	(barrière	financière),	largeur	et	fraicheur	de	gamme,	saisonnalité,	…	
Note	sectorielle	de	cette	force	:	1/10	
(3) Fournisseurs	:	
Faible	 pouvoir	 de	 négociation	 des	 fournisseurs,	 les	 fournisseurs	 sont	 généralement	 des	
entreprises	de	PED	qui	sont	contraintes	d’accepter	les	prix	imposés	par	les	Grandes	Enseignes,	
d’autant	plus	contraints	que	le	groupe	est	puissant.	Néanmoins	ce	choix	stratégique	est	lié	au	
coût	de	la	main	d’œuvre	et	impose	des	coûts	cachés	et	des	délais	importants.	
Note	sectorielle	de	cette	force	:	8/10
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(4) Clients	et	distributeurs	:	
Les	 clients	 sont	 des	 individus	 isolés,	 de	 telle	 sorte	 qu’ils	 ont	 peu	 de	 pouvoir	 de	 négociation.	
Néanmoins,	la	pression	concurrentielle	est	telle	qu’indirectement,	les	consommateurs	tirent	les	
prix	 vers	 le	 bas.	 S’il	 s’agit	 parfois	 de	 vente	 directe	 sans	 intermédiaire	 (ZARA),	 l’industrie	 est	
majoritairement	structurée	avec	un	réseau	de	détail	qui	a	tendance	à	multiplier	les	prix	par	2.	
Note	sectorielle	de	cette	force	:	10/10	
(5) Produits	substituts	:	
Le	 cycle	 de	 vie	 du	 produit	 «	habillement	»	 semble	 durablement	 mature	 et	 peu	 évolutif.	 La	
menace	de	voir	fleurir	un	nouveau	type	de	produit	d’habillement	apparaît	assez	abstraite.	
Note	sectorielle	de	cette	force	:	0/10	
(6) Etat	:	
Le	marché	est	globalisé	et	uniformisé.	Les	réglementations	sur	le	libre	échange	sont	permissives.	
Note	sectorielle	de	cette	force	:	2/10	
(7) Diagramme	&	Analyse	
	
Figure	2	:	Forces	de	Porter	
Les	 principales	 forces	 sont	 intenses,	 donc	 le	 degré	 de	 liberté	 et	 la	 marge	 de	 manœuvre	 des	
entreprises	en	présence	sont	faibles.	L’enjeu	pour	le	MIF	est	de	taille.	Dans	ce	mémoire	nous	
allons	 précisément	 découvrir	 et	 déterminer	 les	 éléments	 stratégiques	 qui	 permettraient	 de	
maitriser	 les	 facteurs	 clés	 de	 succès	 pour	 amplifier	 le	 phénomène	 du	 MIF,	 et	 notamment,	
réorganiser	la	supply	chain	et	le	réseau	de	distribution	afin	de	mieux	répondre	aux	attentes	des	
clients	que	les	concurrents	pour	s’en	différencier.
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3. Les	pionniers	du	mouvement	MIF	dans	le	prêt-à-porter	
a) Un	mouvement	qui	fait	parler	de	plus	en	plus	de	lui	
De	nos	jours,	nous	entendons	parler	de	plus	en	plus	souvent	de	production	et	consommation	
locale.	Depuis	2012,	une	chronique	quotidienne	intitulée	"Made	in	France"	dans	l'émission	"Midi	
en	France"	est	diffusée	sur	France	3	et	TV5	Monde.		En	2014,	Canal+	a	diffusé	"Made	in	France,	
l'année	où	j'ai	vécu	100%	Français	",	documentaire	dans	lequel	Benjamin	Carle,	journaliste	de	25	
ans,	a	décidé	de	vivre	pendant	1	an	100%	Made	in	France".	Il	a	également	écrit	un	livre	sorti	en	
2015	intitulé	"Mon	année	Made	in	France".	
D’ailleurs,	la	base	de	données	Factiva	a	recensé	près	de	3	000	articles	de	presse	qui	s’en	sont	fait	
l’écho	en	2013,	alors	que	seule	une	centaine	le	faisait	dix	ans	plus	tôt.	Soit	30	fois	plus	!	
	
Graphique	1	:		Citations	de	l’expression	«	Made	in	France	»	dans	la	presse	française	entre	1997	et	2013	
Dans	ce	contexte,	il	est	intéressant	de	voir	fleurir	des	initiatives	telles	que	l’entreprise	«	1083	»	
(dans	la	Drôme),	qui	relocalise	la	fabrication	(à	plus	de	85%	en	France)	de	jeans	et	de	chaussures	
à	 moins	 de	 1083	 km	 de	 chez	 nous.	 Cette	 initiative	 n’est	 pas	 isolée.	 Des	 marques	 comme	
Tricolore,	Tuff’s,	Plus	de	Pulls	et	Remade	in	France,	fabriquent	 des	 vêtements	 100%	 Made	 in	
France	à	base	de	coton	et	de	laine	recyclés	à	partir	de	vêtements	usagés.		
Nous	pouvons	également	citer	pêle-mêle	quelques	exemples	:	Storks	(polos,	t-shirts,	chaussettes	
Alsaciennes),	Version	Française	(Polos	et	chemises	sur	mesure	à	Châlon/Saône),	French	Appeal	
(Jeans	sexy	à	Paris),	La	Révolution	Textile,	Galucebo	ou	encore	les	costumes	Smuggler,	chers	à	
l’ex-ministre	de	l’économie…		
A	 titre	 d’illustration	 justement,	 Arnaud	 Montebourg,	 ancien	 Ministre	 de	 l'Économie,	 du	
Redressement	productif	et	du	Numérique,	a	fait	du	MIF	son	cheval	de	bataille.	Il	a	mené	une	
campagne	 politico-médiatique	 très	 remarquée	 sur	 le	 sujet.	 Après	 avoir	 prôné	 la	
démondialisation,	le	ministre	a	tenu	des	discours	volontaristes	sur	la	nécessité	de	consommer	du
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«	Made	in	France	»	et	sur	les	réussites	innovantes	françaises.	«	Une	ambition	de	redynamisation	
du	tissu	industriel	qu'il	a	tenté	d'insuffler	à	la	tête	de	son	ministère	du	redressement	productif.	
L'ancien	avocat	a	d'abord	réalisé	un	travail	de	communication	à	destination	des	consommateurs,	
en	posant	en	marinière	à	la	une	du	Parisien	Magazine,	où	il	exprimait	la	volonté	de	mettre	en	
place	des	rayons	de	produits	français	dans	les	supermarchés,	puis	en	réalisant	une	vidéo	sur	le	
«	génie	»	industriel	français,	en	écrivant	un	livre	intitulé	«	La	Bataille	du	«	Made	in	France	»,	etc.	
Enfin	 Monsieur	 Montebourg	 a	 annoncé	 la	 mise	 en	 place	 de	 trente-quatre	 plans	 destinés	 à	
relancer	l'industrie	française,	en	la	positionnant	sur	des	secteurs	innovants5
	».		
b) Une	filière	qui	s’organise	et	se	développe	
Au-delà	des	opérations	de	communication	et	des	ambitions	politiques	des	un	ou	des	autres,	ces	
projets	laissent-ils	vraiment	augurer	un	nouveau	souffle	pour	l'habillement	«	Made	in	France	»	?		
Comme	 évoqué	 dans	 le	 chapitre	 précédant,	 l’industrie	 de	 l’habillement	 est	 en	 permanente	
évolution.	Elle	a	suivi	le	rythme	des	révolutions	industrielles	qui	se	sont	succédées	à	un	rythme	
de	plus	en	plus	rapproché.	Elle	a	fait	évoluer	continuellement	son	organisation	pour	accroitre	sa	
productivité	;	 de	 la	 production	 manufacturière	 de	 masse	 du	 début	 du	 20ème
	 siècle	 jusqu’à	 la	
première	vague	d’automatisation	et	le	premier	choc	pétrolier	des	années	70	qui	ont	déclenchés	
les	séries	de	délocalisations	de	production	dans	des	pays	à	bas	coût	de	main	d’œuvre.	Chaque	
évolution	 trouvant	 ses	 limites,	 désormais,	 la	 quatrième	 révolution	 industrielle	 est	 en	 marche.	
Après	 les	 grandes	 vagues	 de	 délocalisations,	 la	 tendance	 aujourd’hui	 semble	 s’inverser	 et	 les	
initiatives	de	relocalisations	se	multiplient.	
C’est	ainsi	que	fleurissent	et	s’étoffent	peu	à	peu	des	salons	qui	témoignent	concrètement	de	
cette	 dynamique	 des	 marchés.	 Spécifiquement,	 la	 5ème
	 édition	 de	 MIF	 Expo	 a	 eu	 lieu	 en	
Novembre	dernier	Porte	de	Versailles	à	Paris.	MIF	Expo	réunit	chaque	année	de	plus	en	plus	
d’exposants	et	de	visiteurs	(450	et	55	000	respectivement).	Ce	salon	fait	la	promotion	des	savoir-
faire	d’entreprises	de	toutes	tailles	et	de	tous	secteurs	qui	ont	fait	le	choix	du	Made	in	France.	
De	 son	 côté,	 Première	 Vision	 (réunion	 de	 tisseurs	 Lyonnais	 depuis	 1973),	 qui	 organise	
depuis	1984	à	Paris	Nord	Villepinte	l’événement	mondial	des	professionnels	de	la	filière	mode,	a	
repris	à	sa	charge	en	2014	le	salon	Made	In	France	Première	Vision.	Le	groupe	ouvrira	en	avril	
2017,	 la	 15ème
	 édition	 de	 ce	 salon	 des	 savoir-faire	 français	 de	 la	 filière.	 Il	 présentera	 la	
cartographie	complète	de	l’industrie	mode	et	textile	hexagonale	aux	créateurs	et	aux	directeurs	
de	 collections	 en	 quête	 de	 solutions	 textiles	 et	 matières,	 de	 techniques	 de	 fabrication	 et	 de	
confection,	ou	encore	de	services	production,	pour	le	vêtement	et	les	accessoires	de	mode	haut	
de	gamme.		
Le	graphique	ci-après	représente	l’intérêt	pour	le	Made	in	France	vis-à-vis	de	la	dynamique	de	
cette	industrie,	en	comparant	la	fréquentation	du	salon	MIF	Expo	à	son	nombre	d’exposants.	
Nous	 observons	 que	 l’évolution	 de	 l’un	 par	 rapport	 à	 l’autre	 est	 colinéaire	 et	 que	 le	 nombre	
d’exposants	et	de	visiteurs	a	été	multiplié	par	cinq	en	cinq	ans.			
																																																													
5
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/07/11/arnaud-montebourg-des-paroles-pour-quels-
actes_4455655_4355770.html,	visitée	le	07/11/2016
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Graphique	2	:	Evolution	de	la	fréquentation	du	salon	MIF	Expo
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B. Pourquoi	existe-t-il	cette	tendance	du	MIF	?		
À	l’origine	de	cette	tendance,	un	écosystème	en	mutation	
1. Un	contexte	favorable	pour	les	relocalisations	
a) Le	contexte	social	
Les	Français	se	montrent	particulièrement	pessimistes	vis-à-vis	de	la	situation	économique	du	
pays.	En	2014,	seul	21%	de	la	population	pense	que	son	niveau	de	vie	a	progressé	depuis	10	ans	
et	96%	pense	que	le	niveau	de	vie	de	l’ensemble	des	Français	a	baissé	sur	cette	période	(source	
CREDOC).	De	plus,	34%	du	revenu	des	ménages	est	aujourd’hui	consacré	aux	dépenses	dites	«	
contraintes	»	(logement,	téléphone,	internet,	énergie).	
Ainsi,	la	récession,	qui	touche	tous	les	pays	d’Europe,	pousse	les	consommateurs	non	seulement	
à	 réduire	 leurs	 dépenses	 mais	 aussi	 à	 favoriser	 in	 fine	 le	 MIF.	 En	 effet,	 les	 délocalisations	
massives	dès	les	années	1970	et	l’automatisation	de	la	production	(1	million	d’emplois	perdus	
entre	1960-2010	dans	le	secteur	textile-habillement)	contribuent	à	la	perception	par	le	grand	
public	 de	 l’augmentation	 du	 chômage.	 Dans	 la	 conscience	 collective,	 les	 délocalisations	 ont	
toujours	été	associées	à	la	quête	de	main	d’œuvre	bon	marché	et	à	l’affaiblissement	durable	du	
bassin	 d’emploi	 local.	 Elles	 sont	 donc,	 dans	 les	 esprits,	 synonymes	 de	 chômage	 et	 de	
paupérisation	 des	 classes	 moyennes.	 Dans	 un	 élan	 de	 solidarité	 avec	 les	 salariés	 et	 les	
entreprises	 les	 plus	 exposées	 à	 la	 compétition	 mondiale,	 la	 majorité	 des	 Français	 portent	 un	
regard	critique	sur	la	mondialisation.		
	
Graphique	3	:	La	perception	de	la	mondialisation	aux	yeux	des	individus	
La	 tendance	 baissière	 et/ou	 atone	 du	 pouvoir	 d’achat	 est	 largement	 ressentie	 comme	 une	
conséquence	 de	 la	 mondialisation	 et	 ce	 sentiment	 est	 partagé	 par	 un	 grand	 nombre	 de	 nos	
compatriotes	depuis	de	nombreuses	années.
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Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
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Graphique	4	:	L’évolution	du	pouvoir	d’achat	en	France	
D’autres	indicateurs	composites	comme	l’indice	de	progrès	véritable	(IPV)	ou	indice	de	bien-être	
durable	(IBED)	vont	au-delà	de	la	seule	considération	économique	du	PIB.	Ils	y	additionnent	les	
bénéfices	 non-marchand	 des	 activités	 humaines	 et	 y	 retranchent	 les	 consommations	 de	
ressources	et	les	dégradations	sur	l’environnement.	Ces	indices	convergent	avec	les	constats	sur	
le	pouvoir	d’achat	faits	ci-dessus	:	ils	décrochent	globalement	de	la	croissance	du	PIB	à	la	même	
période.	
Concrètement,	les	chiffres	de	la	consommation	vont	dans	le	sens	de	cette	perception	collective.	
Nous	pouvons	constater,	dans	l’habillement	en	particulier,	que	la	consommation	des	ménages	
baisse	franchement	depuis	la	fin	des	années	80,	avec	des	origines	qui	semblent	se	situer	dès	le	
milieu	des	années	70.	
	
Graphique	5	:	Consommation	finale	effective	Industrie	de	l’habillement		par	ménage	base	2010
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Ces	tendances	accréditent	dans	la	conscience	collective	l’intérêt	de	relocaliser.	Le	MIF	apparaît	
en	 effet	 pour	 la	 majorité	 silencieuse	 comme	 un	 remède	 à	 ces	 dégradations,	 un	 remède	
susceptible	d’inverser	la	tendance	sur	les	emplois	et	le	pouvoir	d’achat.	Ainsi	dans	les	faits,	une	
personne	 sur	 deux	 en	 2014	 déclare	 privilégier	 les	 produits	 MIF	 et	 globalement,	 près	 de	 deux	
tiers	privilégient	des	produits	industriels	fabriqués	en	Europe.	
	
Graphique	6	:	Quel	produit	industriel	privilégiez-vous	?	
De	fait,	dans	ce	contexte	de	crise,	faire	des	économies	et	acheter	plus	intelligemment	devient	
une	nécessité	pour	de	plus	en	plus	de	ménages.	Ainsi,	ces	derniers	réduisent	la	quantité	des	
produits	 achetés,	 ou,	 le	 plus	 souvent,	 leur	 qualité	 en	 achetant	 des	 produits	 low-cost	 «	type	
asiatique	»	réputés	pour	avoir	une	durée	de	vie	limitée.	Dans	ce	dernier	cas,	ces	produits	doivent	
très	vite	être	remplacés.	De	ce	fait	le	coût	de	revient	global	à	moyen/long	terme	vis-à-vis	d’un	
produit	 de	 meilleure	 qualité	 fabriqué	 en	 France	 est	 défavorable	 pour	 ces	 consommateurs.	 Là	
encore	le	MIF	semble	en	mesure	d’apporter	une	réponse	crédible	en	ce	qui	concerne	la	qualité.
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Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
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Graphique	7	:	Comparaison	de	la	qualité	des	produits	fabriqués	hors	d’Europe	et	en	France		
Au-delà	 du	 désir	 de	 réaliser	 des	 économies	 et	 d’acheter	 des	 produits	 de	 qualité,	 les	
consommateurs	 accordent	 de	 plus	 en	 plus	 d’importance	 à	 l’impact	 social,	 éthique	 et	
environnemental	de	leurs	achats.	Le	scandale	en	avril	2013	de	Dacca,	la	capitale	du	Bangladesh,	
illustre	l’impact	des	délocalisations	en	termes	de	condition	de	travail.	En	effet	l’effondrement	du	
Rana	 Plaza	 qui	 abritait	 plusieurs	 ateliers	 de	 confection	 travaillant	 pour	 de	 grandes	 marques	
internationales	 de	 vêtements,	 a	 provoqué	 la	 mort	 de	 1138	 ouvriers	 et	 blessé	 plus	 de	 2000	
autres.		
Depuis,	 le	 Fashion	 Revolution	 Day6
	 est	 célébré,	 chaque	 année	 à	 la	 date	 anniversaire	 de	 la	
tragédie	 dans	 plus	 de	 70	 pays.	 L’initiative	 #whomademyclothes,	 ("Qui	 a	 fabriqué	 mes	
vêtements")	 a	 ainsi	 pour	 but	 de	 souligner	 le	 coût	 de	 la	 mode	 et	 les	 dysfonctionnements	 de	
l'industrie.	La	créatrice	de	mode	militante	Carry	Somers	souhaite	ainsi	inciter	les	marques	de	
vêtements	à	avoir	une	approche	plus	éthique,	transparente	et	plus	durable.	
b) Le	contexte	environnemental	
D’après	les	sondages7
,	les	européens	jugent	que	l’impact	environnemental	fait	partie	des	deux	
facteurs	 les	 plus	 influents	 sur	 leur	 qualité	 de	 vie,	 et	 ce,	 très	 logiquement	 après	 les	 facteurs	
économiques,	mais	de	manière	plus	surprenante,	devant	les	facteurs	sociaux.		
																																																													
6
	http://fashionrevolution.org/country/france/,	visitée	le	07/11/2016	
7
	«	Attitudes	des	citoyens	européens	vis-à-vis	de	l’environnement	»,	Eurobaromètre	Spécial	295/Vague	68.2	–	TNS	Opinion	&	
Social,	http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/ebs/ebs_295_sum_fr.pdf,	visitée	le	07/11/2016
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Graphique	8	:	Dans	quelle	mesure	les	facteurs	suivants	influencent-ils	votre	qualité	de	vie	?	
Donc,	pour	s’adapter	à	cette	tendance	environnementale,	les	entreprises	doivent	proposer	des	
produits	 conciliants	 avec	 l’environnement	 à	 chaque	 étape	 de	 leur	 conception	 et	 de	 leur	
fabrication,	et	ce,	quand	bien	même	elles	ne	partageraient	pas	ces	considérations	avec	la	même	
conviction.	 Aujourd’hui,	 promouvoir	 le	 comportement	 responsable	 et	 éthique	 est	 devenu	
néanmoins	 la	 norme	 plutôt	 qu’une	 initiative	 isolée	 de	 certains	 militants.	 Le	 scandale	 dit	 du	
«	DieselGate	»	 illustre	 l’importance	 de	 l’impact	 que	 peuvent	 revêtir	 les	 considérations	
environnementales	 y	 compris	 auprès	 des	 firmes	 les	 plus	 puissantes,	 en	 faisant	 subir	 à	
Volkswagen	des	pertes	considérables	évaluées	à	ce	jour	à	15	milliards	de	dollars.	
(1) L’épuisement	des	ressources	
Ces	exigences	sont	d’abord	liées	aux	ressources	qui	se	raréfient	exponentiellement.	Aujourd’hui,	
l’humanité	 consomme	 au	 moins	 30%	 de	 ressources	 de	 plus	 que	 ce	 qui	 est	 renouvelé	
naturellement	 par	 la	 Terre.	 Pire,	 il	 ne	 s’agit	 là	 que	 d’une	 moyenne	:	 si	 chaque	 être	 humain	
consommait	comme	un	occidental,	il	faudrait	de	cinq	à	huit	planètes	pour	subvenir	aux	besoins	
de	 la	 population	 mondiale.	 Pour	 prévenir	 la	 raréfaction	 des	 matières	 premières	 (même	
renouvelables),	 l’Institut	 Robert-Schuman	 propose	 d’utiliser	 le	 principe	 des	 4	 «	 R	 »	:	 Réduire,	
Remplacer,	Réutiliser,	Recycler.	
L’exemple	 d’utilisation	 de	 l’eau	 :	 «	...il	 faut	 25	 m3
	 d’eau	 pour	 produire	 les	 250	 gr	 de	 coton	
nécessaires	à	la	fabrication	d’un	tee-shirt8
	».	Dans	les	PED	il	n’existe	pas	de	réglementation	pour	
réduire	 l’utilisation	 d’eau	 par	 les	 industries	 et	 donc	 il	 n’y	 a	 pas	 de	 moyens	 pour	 contrôler	 la	
quantité	consommée	et	observer	l’impact	sur	l’environnement.		
	
																																																													
8
http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/02/28/le-monde-de-l-industrie-n-anticipe-pas-assez-la-rarefaction-de-l-
eau_1161622_3244.html,	visité	le	07/11/2016
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L’exemple	du	cycle	de	vie	d’un	jeans	:	Le	jeans	est	l'un	des	vêtements	les	plus	vendu	au	monde	
(90Million/an	en	France).	C’est	environ	600	grammes	de	coton	et	quelques	rivets	et	boutons	en	
métal	qui	peuvent	parcourir	une	fois	et	demi	le	tour	de	la	Terre	avant	d’arriver	en	France.	Pour	
la	 culture	 intensive	 du	 coton,	 comme	 en	 Ouzbékistan,	 les	 champs	 sont	 irrigués	 et	 aspergés	
d’engrais	 et	 de	 pesticides.	 Ensuite,	 les	 balles	 peuvent	 être	 filées	 en	 Turquie,	 à	 grand	 renfort	
d’électricité	fossile	(97%).Pour	la	teinture,	comme	en	Bulgarie,	de	grandes	quantités	d’eau	et	de	
substances	chimiques	sont	rejetées	sans	épuration.	La	toile	peut	ensuite	être	tissée	à	Taïwan	et	
enfin,	le	jeans	sera	assemblé,	sans	grand	respect	pour	le	travail	des	ouvriers,	puis	décoloré	ou	
usé	au	moyen	de	produits	chimiques	et	d’énergie	en	Tunisie.	Particulièrement	gourmand	en	eau	
et	énergie	pour	son	entretien,	il	terminera	sa	vie	le	plus	souvent	incinéré.	C’est	donc	de	l’ordre	
d’un	 kilo	 de	 coton	 richement	 ennobli	 qui	 est	 détruit	 en	 France	 par	 an	 et	 par	 personne	 en	
provenance	des	jeans	uniquement.	
	
Figure	3	:	Le	Jeans	à	travers	le	Monde	selon	l'ADEME
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(2) Coût	du	transport	et	de	l’énergie.	
Aujourd’hui,	le	prix	du	pétrole	est	extrêmement	volatile	et	spéculatif,	sans	lien	direct	avec	la	
raréfaction	de	cette	ressource.	Il	parait	indiscutable	qu’il	faut	beaucoup	moins	d’énergie	pour	
transporter	les	matières	premières	et	les	marchandises	localement	plutôt	que	de	faire	plusieurs	
tours	du	monde	en	bateau	ou	en	avion.	Même	si	les	gains	effectués	grâce	à	la	main	d’œuvre	à	
bas	 coût	 couvrent	 encore	 les	 surcoûts	 de	 transport,	 l’écart	 se	 réduit	 avec	 la	 baisse	 de	
compétitivité	relative	des	pays	asiatiques.		
Surtout,	 le	 surcoût	 du	 transport	 ne	 s’analyse	 pas	 uniquement	 par	 le	 coût	 unitaire.	 Il	 faut	
également	 intégrer	 la	 fréquence	 et	 le	 mode	 de	 transport	 utilisé.	 En	 effet,	 dans	 l’industrie	 de	
l’habillement	 d’aujourd’hui,	 on	 observe	 une	 tendance	 forte	 à	 multiplier	 considérablement	 le	
nombre	de	collections	par	an	et	à	s’adapter	le	plus	possible	à	la	demande.	Or	cette	dernière	
n’est	pas	constante,	mais	très	fluctuante	en	fonction	de	facteurs	multiples	comme	la	mode	ou	la	
météo.	
Pour	proposer	des	produits	au	plus	juste	des	attentes	en	quasi	temps	réel,	le	producteur	doit	
produire	de	plus	petites	séries	et	maîtriser	sa	chaine	de	valeur	avec	une	plus	grande	réactivité	(la	
logistique	en	particulier).	Dans	ce	cas,	il	va	de	fait	multiplier	les	transports	et	les	réassorts	au	plus	
juste,	ce	qui	impose	un	nombre	de	rotations	plus	important	et	le	recours	plus	fréquent	à	l’avion	
qui	est	un	mode	de	transport	beaucoup	plus	onéreux	et	plus	polluant.	
(3) Impact	écologique	global	du	transport	de	fret	
Les	échanges	sur	les	marchés	internationaux	ont	augmenté	de	30	fois	environ	depuis	1950	et	
devraient	encore	selon	l’OCDE	être	quadruplés	d’ici	2050.	L'International	Transport	Forum	(ITF)	
estime	 que	 le	 fret	 international	 est	 aujourd'hui	 à	 l'origine	 de	 30	 %	 des	 émissions	 de	 CO2	
générées	par	la	combustion	du	carburant	utilisé	pour	le	transport	et	globalement	de	plus	de	7	%	
des	 émissions	 mondiales.	 D'après	 l'organisation	 des	 pays	 de	 l'OCDE	 dédiée	 au	 transport,	
"l'impact	à	long	terme	du	commerce	mondial	sur	les	émissions	de	CO2	a	été	largement	ignoré9
".	
Selon	l’agence	internationale	de	l’énergie,	les	transports	sont	le	deuxième	émetteur	mondial	de	
CO2	avec	plus	de	6.600	millions	de	tonnes	en	200710
.			
Les	 exemples	 précédents	 illustrent	 la	 position	 privilégiée	 du	 MIF	 pour	 répondre	
avantageusement	aux	attentes	environnementales.	En	effet,	au-delà	de	la	proximité	qui	permet	
de	réduire	les	transports	et	leurs	impacts	(consommation	d’énergie,	émissions	de	CO2),	le	MIF	
permet	également	de	contrôler	les	moyens	utilisés	tout	au	long	du	processus	de	fabrication	pour	
s’assurer	de	leur	conformité	aux	exigences	légales	sur	l’impact	environnemental.	En	outre,	de	
plus	en	plus	d’entrepreneurs	devancent	les	exigences	légales	en	mettant	au	point	les	procédés	
innovants	 plus	 respectueux	 de	 l’environnement.	 C’est	 le	 cas,	 par	 exemple,	 du	 recyclage	 de	
vêtements	usagés	(laine,	jeans)	qui	permet	de	réintroduire	la	fibre	ainsi	récupérée	dans	le	cycle	
de	production	de	vêtements	neufs.		
																																																													
9
	http://www.lantenne.com/Les-emissions-de-CO2-du-transport-de-fret-multipliees-par-4-d-ici-2050_a28243.html	,	visité	le	
24/08/2016	
10
http://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/logistique-transport-marchandises/impacts-environnementaux-
transports-marchandises.php4		,	visité	le	24/08/2016
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Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 26	
c) Le	contexte	politico-légal	
(1) Environnement	-	RSE	
Les	obligations	créées	par	les	législateurs	peuvent,	elles	aussi,	favoriser	le	retour	du	MIF.	C’est	le	
cas	 des	 lois	 environnementales,	 comme	 nous	 l’avons	 évoqué	 précédemment.	 «	En	 1972	 est	
adopté	 le	 1er	 Programme	 d’action	 pour	 l’environnement.	 Depuis	 lors,	 de	 très	 nombreux	 actes	
communautaires	ont	été	adoptés	(80%	de	la	législation	française	en	matière	d’environnement	est	
d’origine	communautaire)	…	Enfin,	le	traité	de	Lisbonne	ajoute	un	nouvel	objectif	à	la	politique	de	
l’Union	 dans	 le	 domaine	 de	 l’environnement	 avec	 la	 "promotion,	 sur	 le	 plan	 international,	 de	
mesures	destinées	à	faire	face	aux	problèmes	régionaux	ou	planétaires	de	l’environnement,	et	en	
particulier	la	lutte	contre	le	changement	climatique"	(article	191	du	Traité	sur	le	Fonctionnement	
de	l’Union	Européenne	(TFUE))11
	».		
Par	ailleurs,	depuis	2010,	le	Grenelle	2	de	l’environnement	impose	aux	grandes	entreprises	une	
publication	transparente	dans	leurs	rapports	de	gestion	en	matière	sociale,	environnementale	et	
sociétale.	Ces	publications	doivent	être	vérifiées	par	un	organisme	tiers	accrédité.	De	même,	la	
norme	 ISO	 26000	 définit	 la	 RSE	 pour	 la	 rendre	 applicable	 à	 tout	 type	 d’organisation.	 Si	 son	
application	reste	volontaire	à	ce	jour,	les	entreprises	qui	l’appliquent	peuvent	obtenir	les	labels	
Afnor,	Lucie,	ou	B-corp.		
Ainsi,	 dans	 une	 étude	 publiée	 en	 2016	 par	 France	 Stratégie,	 la	 RSE	 améliorerait	 de	 13%	 la	
performance	économique	des	entreprises	(étude	réalisée	auprès	de	8500	entreprises	de	plus	de	
10	 salariés).	 Au-delà	 de	 la	 performance	 discutable	 de	 la	 RSE,	 les	 règlementations	 nationales	
s’appliquant	à	toutes	les	entreprises,	notamment	le	code	du	travail	et	les	accords	de	branches.		
Elles	 assurent	 indiscutablement	 aux	 salariés	 des	 conditions	 de	 travail	 favorables	 au	 MIF	 en	
réponse	aux	excès	des	multinationales	dans	les	pays	à	bas	coûts.	Cet	avantage	comparatif	est	de	
plus	en	plus	perçu	et	apprécié	du	consommateur	final.	
(2) Libéralisation	douanière	et	protectionnisme	
Le	Traité	Transatlantique	de	Libre	Echange	entre	l’UE	et	l’Amérique	du	Nord	pourrait	avoir	des	
impacts	importants	sur	le	MIF.	Son	objectif	est	de	libéraliser	le	plus	possible	le	commerce	entre	
les	 deux	 côtés	 de	 l’Atlantique.	 Il	 ambitionne	 aussi	 d’uniformiser	 les	 normes,	 en	réduisant	 les	
droits	 de	 douane	et	 les	 «	barrières	 réglementaires	»,	 c’est-à-dire	 les	 différences	 de	
réglementations	qui	empêchent	l’Europe	et	les	Etats-Unis	de	s’échanger	tous	leurs	produits	et	
services,	et	qui	génèrent	des	coûts	supplémentaires.		
De	nombreuses	critiques	ont	émergées	de	l’opinion	public	dues	à	l’opacité	des	négociations	et	la	
mainmise	 des	 lobbys	 industriels	 et	 financiers	 sur	 ce	 dernier	 qui	 pourrait	 porter	 atteinte	 à	 la	
souveraineté	des	peuples	en	stigmatisant	une	mondialisation	galopante	inquiétante.	Ces	traités	
apparaissent	 pour	 ses	 détracteurs	 comme	 une	 menace	 pour	 nos	 démocraties,	 susceptible	
d’affaiblir	 nos	 normes	 sociales	 et	 environnementales.	 Face	 au	 chômage	 et	 au	 risque	 du	
																																																													
11
	 Les	 politiques	 environnementale	 et	 climatique	 de	 l’Union	 européenne,	 http://www.rpfrance.eu/les-politiques-
environnementale-et	,	visité	le	24/08/2016
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Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 27	
déclassement,	les	Européens	ont	tendance	à	se	tourner	vers	leur	Etat-nation	traditionnel,	plutôt	
que	vers	l'Europe.	La	tendance	serait	donc	aux	"protectionnismes	sans	frontières".		
Dans	le	même	ordre	d’idée,	François	Fillon,	candidat	à	la	présidence	de	la	république,	propose	
dans	son	programme	une	hausse	de	2%	du	taux	de	TVA	au	profit	de	l’allègement	de	la	fiscalité	
des	 entreprises	 françaises	 et	 de	 la	 baisse	 significative	 des	 cotisations	 sociales	 pesant	 sur	 le	
travail.	Cette	hausse	pénaliserait	mécaniquement	les	produits	d’importation	face	au	MIF.	
(3) Politique	d’aides	publiques	
Les	 politiques	 publiques	 en	 direction	 des	 entreprises	 espèrent	 des	 «	effets	 de	 fixation	 sur	 le	
territoire	»	en	favorisant	l’investissement,	l’innovation,	le	soutien	à	la	formation...	Au-delà	de	la	
simplification	et	la	stabilisation	de	l’environnement	réglementaire,	administratif	et	fiscal,	voici	
quelques	unes	des	aides	en	vigueur,	inscrites	dans	le	pacte	pour	la	croissance,	la	compétitivité	
et	l’emploi,	susceptibles	de	renforcer	le	retour	ou	le	maintien	du	MIF.	
Le	 Crédit	 d'impôt	 pour	 la	 compétitivité	 et	 l'emploi	 (ou	 CICE),	 20	 milliards	 d'euros	 par	 an.	 Ce	
crédit	d'impôt	est	équivalent	à	4%	de	la	masse	salariale	de	l'entreprise	(hors	salaires	supérieurs	à	
2,5	fois	le	SMIC).	Les	entreprises	doivent	utiliser	le	CICE	pour	investir,	embaucher	ou	conquérir	
de	nouveaux	marchés	et	ne	doivent	pas	l'utiliser	pour	augmenter	les	salaires	des	dirigeants	ou	
les	dividendes	des	actionnaires.	
Le	 Crédit	 d'Impôt	 Recherche	 (CIR),	 est	 une	 incitation	 et	 un	 soutien	 à	 l’innovation	 par	 une	
réduction	d’impôt	calculée	sur	la	base	des	dépenses	de	R&D	engagées	par	les	entreprises.	Il	est	
déductible	de	l’impôt	sur	le	revenu	ou	sur	les	sociétés	dû	par	les	entreprises	au	titre	de	l’année	
où	les	dépenses	ont	été	engagées	(5,6	milliards	d'euros	en	2013).	
La	 Banque	 publique	 d'investissement	 (BPI),	 vise	 un	 accès	 amélioré	 à	 des	 financements	
performants	et	de	proximité	avec	une	nouvelle	garantie	publique	permettant	d’apporter	plus	de	
500	 M€	 de	 trésorerie	 aux	 PME	 et	 l’établissement	 d’un	 plan	 d’action	 pour	 lutter	 contre	
l’allongement	des	délais	de	paiement.	
L’Aide	à	la	réindustrialisation,	gérée	par	le	ministère	chargé	de	l’industrie	en	partenariat	avec	le	
CGET	est	un	dispositif	de	soutien	à	l’investissement	qui	s’adresse	aux	entreprises	dont	le	projet	
d’investissement	 industriel	 contribue	 par	 son	 ampleur	 et	 son	 potentiel	 économique	 à	 la	
réindustrialisation	de	la	France	et	à	la	création	d’emplois.	Ce	dispositif	a	permis	d’accompagner	
95	projets	depuis	son	lancement	en	juillet	2010.	
Soutien	à	l’investissement	industriel	productif.	Les	investissements	industriels	réalisés	entre	le	
15	 avril	 2015	 et	 le	 15	 avril	 2017	 peuvent	 bénéficier	 d’un	 amortissement	 supplémentaire	
exceptionnel	de	40	%	du	prix	de	revient	de	l’investissement.	Cet	amortissement	serait	réparti	sur	
la	durée	normale	d’utilisation	des	biens	concernés.		
d) Le	contexte	économique	
(1) Déficit	commercial	chronique	&	dette	publique	
Le	solde	commercial	de	la	France	est	négatif	depuis	2004,	cela	signifie	qu’elle	importe	plus	de	
marchandises	 et	 services	 qu’elle	 n’en	 exporte.	 En	 2014,	 la	 France	 abandonnait	 58,4Mds€	 de	
déficit	 commercial,	 soit	 en	 valeur,	 l’équivalent	 de	 2,5%	 de	 son	 PIB.	 	 Les	 importations	 pour
PRÊT-A-PORTER	MADE	IN	FRANCE		
Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
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l’industrie	 du	 textile-habillement	 en	 France	 sont	 estimée	 à	 16	 milliards	 d’euros	 2015,	 leurs	
contributions	au	déficit	serait	donc	de	l’ordre	de	1/3	du	déficit	commercial	global	de	la	France	!	
	
Graphique	9	:	Exportations,	importations	et	solde	commercial	depuis	2005	
Par	ailleurs,	le	paiement	des	seuls	intérêts	de	la	dette	a	coûté	à	la	France	46,1Mds€	en	2014.	En	
première	approche	la	somme	de	la	dette	publique	et	du	déficit	commercial	diminuent	d’autant	
la	capacité	de	la	France	à	investir,	faire	croître	son	PIB	ou	encore	de	créer	des	emplois.	Qui	plus	
est,	les	politiques	de	relance	de	la	consommation	vers	des	produits	dont	l’essentiel	est	importé,	
semblent	amplifier	ce	phénomène.	La	faible	croissance	quant	à	elle,	qui	est	le	seul	moyen,	avec	
la	création	monétaire	et	l'impôt,	de	continuer	à	vivre	à	crédit,	ne	nous	permet	pas	de	cultiver	
l’espoir	de	pouvoir	rembourser	une	dette	accumulée	depuis	40	ans	(qui	avoisine	100%	du	PIB).	
Cette	conjoncture	pèse	de	plus	en	plus	lourd	et	incite	un	grand	nombre	de	citoyens	à	souhaiter	
réduire	le	déficit	commercial	par	les	relocalisations.	
	
Graphique	10	:	Evolution	du	déficit	public	en	France	depuis	1959
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Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 29	
(2) Dilatation	des	marges	et	globalisation	
La	concurrence	mondiale	est	devenue	asymétrique	et	source	d’inégalités	de	part	et	d’autre.	En	
effet,	 comme	 nous	 l’avons	 vu	 précédemment,	 dans	 leur	 recherche	 de	 compétitivité,	 les	
entreprises,	 de	 plus	 en	 plus	 multinationales,	 ont	 procédé	 à	 des	 délocalisations	 vers	 des	 pays	
dont	le	principal	avantage	compétitif	est	la	faiblesse	ou	l’inexistence	de	leurs	normes	sociales	et	
environnementales.	Ce	faisant,	ces	derniers	sont	maintenus	dans	une	précarité	relative,	et	par	
ailleurs,	les	emplois	à	bas	salaire	délocalisés	ne	sont	pas	systématiquement	compensés	par	les	
mécanismes	de	rééquilibrage	au	niveau	macro-économique	local.	
Ceci	 s’explique	 par	 la	 dilatation	 des	 marges,	 le	 «	nomadisme	»	 international	 autorisé	 par	 la	
globalisation,	 ainsi	 que	 par	 la	 financiarisation	 du	 capital	 au	 niveau	 mondial.	 En	 effet,	 le	 plus	
souvent,	les	gains	de	production	obtenus	dans	le	pays	à	bas	coûts	ne	sont	pas	répercutés	sur	le	
prix	 du	 produit	 final	 réimporté	 dans	 le	 pays	 d’origine	 :	 un	 jeans	 fabriqué	 en	 Ethiopie	 ou	 en	
Tunisie	par	exemple,	sera	vendu	en	France	comme	s’il	avait	été	fabriqué	dans	l’Hexagone	(prix	
de	vente	similaire	pour	1083	ou	Tuff	vs	Levi’s	ou	Diesel).	
	
	
Graphique	11	:	Baisse	de	la	production	domestique	vs.	augmentation	des	marges	
De	plus,	une	partie	non	négligeable	de	ces	compagnies	ne	sont	ni	patriotes	ni	nationales.	Elles	
profitent	 largement	 des	 effets	 d’aubaine	 pour	 transférer/maintenir	 une	 part	 significative	 de	
leurs	marges	là	où	la	fiscalité	est	la	plus	accueillante	(détournement	des	profits	avec	les	prix	de	
transfert,	 Cf.	 Google	 Tax).	 L’exemple	 ci-dessous	 (Figure	 4)	 représente	 la	 contribution	 à	
l’économie	 française	 de	 la	 vente	 d’une	 chemise	 fabriquée	 en	 France	 vis-à-vis	 d’une	 chemise	
fabriquée	à	l’étranger	dont	les	2/3	de	la	valeur	échappe	à	l’économie	locale.
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Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
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Figure	4	:	Comparaison	de	la	contribution	d’une	chemise	à	l’économie	française	en	fonction	de	sa	provenance	
Enfin,	la	valeur	ainsi	réintégrée	est	préférentiellement	redistribuée	le	plus	souvent	à	un	capital	
diffus	dans	le	monde	entier.	Cet	actionnariat	avide	et	opportuniste	est	très	éloigné	d’un	modèle	
patriarcal	plus	éthique	inscrit	dans	le	temps	long,	modèle	largement	dominant	en	Allemagne	par	
exemple.	La	conjonction	de	ces	phénomènes	pourrait	pour	partie	être	un	déterminant	du	déficit	
commercial	précité.	Là	encore,	ce	contexte	renforce	naturellement	les	appétences	pour	le	MIF.	
(3) Les	coûts	cachés	
Les	 coûts	 cachés	 ne	 sont	 pas	 toujours	 anticipés	 par	 l’entreprise,	 mais	 ils	 peuvent	 impacter	
considérablement	la	rentabilité	de	la	structure	délocalisée.	Une	mauvaise	estimation	des	coûts	
et	des	risques	liés	aux	délocalisations	peut	conduire	in	fine	à	la	relocalisation,	ce	qui	se	produit	
de	plus	en	plus	fréquemment	aujourd’hui	dans	diverses	industries.		
La	main	d’œuvre	bon	marché	:	L’un	des	arguments	synonymes	d’attractivité	salariale	de	la	main	
d’œuvre	 dans	 les	 PED	 est	 la	 protection	 et	 les	 charges	 sociales	 faibles	 ou	 inexistantes.	 La	
contrepartie	 est	 la	 quasi	 absence	 de	 formations.	 Ces	 qualifications	 insuffisantes	 entrainent	
l’augmentation	 des	 contrôles	 de	 qualité	 ainsi	 que	 des	 efforts	 permanents	 de	 formations	 qui	
imposent	tous	deux	des	coûts	supplémentaires.	
Le	Turn	over	des	salariés	:	Les	ouvriers	des	PED	sont	très	sensibles	aux	variations	des	salaires	et	
peuvent	 facilement	 quitter	 une	 entreprise	 pour	 une	 autre,	 qui	 propose	 un	 salaire	 même	
quelques	 centimes	 plus	 élevé.	 Cette	 volatilité	 des	 ouvriers	 entraine	 également	 une	 perte	 de	
qualification	considérable	pour	l’entreprise.
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Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 31	
Selon	 le	 cabinet	 de	 conseil	 ATKearney,	 les	 coûts	 cachés,	 liés	 à	 la	 délocalisation,	 peuvent	
représenter	de	15%	à	60%	du	total	des	gains	de	l’entreprise	délocalisée.	Ainsi,	lorsque	les	coûts	
cachés	dépassent	les	économies	liées	aux	avantages	comparatifs,	alors	la	délocalisation	devient	
difficilement	justifiable.	
(4) Perte	de	compétitivité	du	sourcing	asiatique	
De	plus,	nous	assistons	au	début	de	la	fin	de	l’eldorado	Chinois	et	la	naissance	d’un	concurrent.	
Dans	le	contexte	où	le	coût	de	la	main	d’œuvre	chinoise	a	augmenté,	bénéficiant	ces	dernières	
années	de	son	statut	d’atelier	du	monde	de	prédilection	pour	les	industries	occidentales,	nous	
avons	 vu	 que	 les	 donneurs	 d’ordres	 Européens	 recherchent	 aujourd’hui	 de	 nouvelles	
alternatives	auprès	des	pays	les	plus	pauvres	comme	en	Afrique.	
D’une	certaine	manière	il	semble	que	l’industrie	occidentale	a	contribué	à	l’augmentation	du	
niveau	 de	 vie	 des	 Chinois.	 Une	 certaine	 forme	 de	 rééquilibrage	 de	 la	 richesse	 qui	 leur	 ferait	
implicitement	 perdre	 en	 compétitivité.	 «	Cette	 situation	 incite	 d’ailleurs	 bon	 nombre	 de	
confectionneurs	Chinois	à	délocaliser	leur	production	de	vêtements	bas-moyen	de	gamme	vers	
des	pays	moins	chers	comme	le	Cambodge	»12
.	
Ainsi,	 si	 les	 délocalisations	 vers	 les	 pays	 les	 plus	 pauvres	 ont	 probablement	 encore	 de	 beaux	
jours	 devant	 elles,	 le	 système	 montre	 d’ores	 et	 déjà	 ses	 limites.	 En	 dehors	 de	 toutes	
considérations	 sociales	 et	 environnementales,	 bien	 entendu,	 cette	 course	 effrénée	 au	 moins	
cher	du	moins	cher	est	mécaniquement	plafonnée	par	des	facteurs	comme	la	qualité	mais	aussi,	
on	le	voit	bien,	le	moins	cher	ne	peut	pas	l’être	durablement	!	
De	plus,	il	faut	considérer	le	fait	que	le	transport	maritime	par	conteneurs	impose	des	délais	
longs	de	plus	d’un	mois	(47	jours	via	Suez),	une	autre	limite	du	système	est	mise	en	perspective	:	
celle	du	cycle	de	vie	du	produit	et	du	juste	à	temps.	Le	«	Time	to	market	»	devient	de	plus	en	
plus	court.	Certaines	enseignes	font	aujourd’hui	jusqu'à	10	collections	par	an.	
e) Le	contexte	technologique	
Depuis	 la	 première	 révolution	 industrielle,	 l’industrie	 textile	 est	 très	 mécanisée.	 En	 effet,	 la	
filature,	 le	 tissage	 ou	 encore	 l’ennoblissement	 ou	 la	 teinture	 sont	 des	 industries	 de	 volume	
propice	à	l’automatisation.	Seule	la	confection	demeure	aujourd’hui	encore	très	gourmande	en	
main	 d’œuvre.	 Ce	 qui	 explique	 probablement	 pourquoi	 les	 technologies	 en	 amont	 de	 la	
confection	 se	 sont	 banalisées	 et	 ont	 été	 délocalisées	 au	 plus	 près	 de	 la	 main	 d’œuvre	 qui	
confectionne,	et	ce,	malgré	la	faible	intensité	propre	en	main	d’œuvre	de	la	filière	amont.	En	
effet,	 puisque	 les	 coûts	 et	 délais	 du	 transport	 ne	 sont	 pas	 neutres,	 pourquoi	 continuer	 à	
fabriquer	du	tissu	en	France,	même	de	manière	automatisée,	s’il	est	ensuite	envoyé	en	Chine,	au	
Bengladesh	 ou	 en	 Ethiopie	 pour	 être	 découpé	 et	 assemblé	?	 Il	 n’y	 a	 donc	 pas	 de	 barrière	
technologique	qui	semble	résister	à	la	globalisation.	
Paradoxalement,	ce	contexte	favorable	aux	délocalisations,	malgré	la	haute	technicité,	redevient	
peu	 à	 peu	 favorable	 aux	 relocalisations	 dans	 un	 écosystème	 dont	 les	 équilibres	 évoluent.	 En	
effet,	 parmi	 les	 contreparties	 des	 délocalisations,	 il	 y	 a	 la	 multiplication	 des	 intermédiaires	
																																																													
12
		Jean	François	Limantour,	Rapport	CEDITH,	Octobre	2013,	p.14
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Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 32	
chargés	de	la	coordination,	de	la	distribution	et	de	la	commercialisation	qui	captent	l’essentiel	
de	la	valeur.	Car	en	effet,	dans	le	prêt-à-porter	globalisé,	moins	de	10%	du	prix	de	vente	final	est	
consacré	 à	 la	 fabrication.	 De	 ce	 fait,	 les	 technologies	 de	 coordinations	 et	 de	 distribution	
deviennent	un	élément	clé	de	la	compétitivité.	
(1) Internet	et	les	circuits	courts	de	distribution	
Dans	 le	 cas	 des	 jeans	 «	traditionnels	»	 de	 grandes	 marques,	 moins	 de	 8%	 du	 prix	 final	 TTC	
concerne	en	général	la	fabrication.	La	distribution	jusqu’au	client	semble	l’inducteur	de	coût	
principal.	De	son	côté,	1083	s’est	contenté	de	réduire	la	part	de	la	distribution	de	28%	en	court-
circuitant	le	réseau	de	distribution	habituel	via	le	web.	Donc	en	économisant	sur	la	distribution	
et	probablement	en	étant	moins	gourmand	!	Ainsi	il	peut	consacrer	une	part	plus	importante	de	
la	valeur	pour	rémunérer	des	entreprises	et	des	emplois	productifs	en	France.	
	
Figure	5	:	Comparaison	du	businness	model	(Structure	des	coûts)	entre	1083	et	un	Jeans	de	marque	
De	 là,	 nous	 pouvons	 pressentir	 que	 les	 nouvelles	 technologies	 de	 production	 en	 flux	 tirés,	
internet,	 l’automatisation/robotisation,	 et	 globalement	 la	 supply	 chain	 dans	 son	 ensemble,	
puissent	être	un	axe	essentiel	de	la	problématique	de	la	relocalisation	en	France.	Travailler	sur	
cet	axe	devrait	permettre	de	réduire	les	délais,	la	distance	et	les	intermédiaires	entre	le	client	et	
le	lieu	de	production,	ainsi	que	la	complexité	de	la	coordination	entre	tous	les	intermédiaires	
associés	aux	coûts	des	stocks.		
(2) L’exemple	d’Amazon	
Pour	 illustrer	 notre	 propos,	 nous	 pouvons	 nous	 appuyer	 sur	 l’exemple	 d’Amazon	 Prime	 Now	
H+1	qui	interpelle.	En	effet,	depuis	juillet	2016	(depuis	fin	2014	à	New	York),	l’américain	menace	
directement	le	circuit	de	distribution	alimentaire	«	traditionnel	»	en	livrant	aux	Parisiens	des	
produits	frais	en	moins	d’une	heure	pour	6	euros	(gratuitement	en	moins	de	2	heures)	!	En	tout
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Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
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état	 de	 cause,	 cet	 exemple	 emblématique	 démontre	 que	 rien	 n’est	 plus	 constant	 que	 le	
changement,	en	particulier,	grâce	à	la	technologie.	Cette	dernière	apporte	en	permanence	de	
nouvelles	 solutions	 dans	 la	 compétition	 mondiale	 dictée	 par	 une	 supposée	 tyrannie	 de	
l’impatience	 du	 consommateur.	 Et,	 par	 là	 même,	 cet	 exemple	 illustre	 combien	 les	 modèles	
traditionnels	 doivent	 être	 repensés	 et	 ajustés	 en	 permanence	 aux	 contextes	 des	 nouvelles	
technologies	 susceptibles	 de	 redistribuer	 les	 cartes	 rapidement.	 D’ailleurs	 les	 chiffres	
démontrent	que	si	le	commerce	traditionnel	affiche	une	croissance	atone	(+1,1%	en	2014),	le	e-
commerce,	 lui,	 affiche	 une	 croissance	 à	 deux	 chiffres	 en	 France	 (+11,5%	 en	 2014,	 +14,3%	 en	
201513
).	
(3) Intégration	des	«	high-tech	»	
Volontairement,	 je	 n’approfondirai	 pas	 les	 domaines	 médiatiques	 des	 «	high-tech	»	:	
impression	 3d,	 smart-textiles,	 fibretronique	 connectés	 ou	 autres	 applications	 médicales.	 Il	
faudrait	raisonnablement	analyser	chaque	application	en	détail	pour	espérer	en	avoir	une	vision	
suffisamment	objective	et	pouvoir	en	mesurer	l’impact	sur	le	MIF.	De	plus,	leur	couverture	dans	
les	 tabloïds	 est	 le	 plus	 souvent	 irrationnelle	 et	 inversement	 proportionnelle	 à	 la	 réalité	 des	
marchés.	Nous	pouvons	facilement	comprendre	que	l’enjeu	de	la	presse	est	de	faire	sensation	
en	offrant	une	vision	souvent	optimiste	pour	vendre	du	papier,	cependant,	il	y	a	objectivement	
peu	de	chance	de	découvrir	un	véritable	secret	industriel	à	potentiel	à	la	une	de	son	quotidien	
préféré.	
	Ces	effets	d’annonce	me	semblent	assez	hypothétiques	(généralement	au	stade	de	la	recherche	
fondamentale)	 et	 leurs	 applications	 concrètes	 demeurent	 incertaines	 et/ou	 lointaines	 (pour	
mémoire	:	la	technologie	internet	s’est	par	exemple	diffusée	lentement	pour	devenir	banale	et	
universelle).	Ils	ne	pourraient	le	cas	échéant	ne	concerner	dans	un	premier	temps	que	des	niches	
spécialisées	relativement	circonscrites	(marchés	fragmentés	en	différentiation	à	moyen	terme).	
Or	le	prêt-à-porter	est	un	marché	de	volume	sur	le	prix	très	inertiel	et	néophobe.		
Néanmoins,	le	contexte	technologique	pourrait	également	représenter	à	moyen-long	terme	un	
facteur	en	devenir	favorable	aux	relocalisations.	Il	permet	de	faire	évoluer	peu	à	peu	les	règles	
de	la	compétitivité	en	explorant	de	nouveaux	débouchés	ou	business	model	innovants	comme	
c’est	le	cas	par	exemple	avec	le	recyclage	de	vêtements	usagés.	
																																																													
13
	http://www.zdnet.fr/actualites/chiffres-cles-l-e-commerce-en-france-39381111.htm,	visitée	le	07/11/2016
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f) Synthèse	de	l’analyse	PESTEL	
	
Figure	6	:	Analyse	PESTE(L)
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2. Offre	:	Les	modèles	classiques	de	la	chaîne	de	valeur		
Dans	cette	partie,	nous	découvrirons	l’organisation	de	la	proposition	de	valeur	pour	les	clients.	
Nous	 analyserons	 les	 forces	 et	 les	 fragilités	 des	 modèles	 actuels	 des	 chaînes	 de	 valeur	 et	 les	
limites	 du	 principe	 de	 délocalisation	 qui	 n’est	 peut-être	 pas	 la	 seule	 réponse	 possible	 aux	
attentes	du	marché.		
Après	ce	panorama	complet	de	l’environnement	favorable	au	MIF,	il	semble	en	effet	essentiel	
d’observer	 les	 modèles	 des	 entreprises	 dominantes,	 afin	 de	 découvrir	 leurs	 forces	 et	 leurs	
faiblesses.	En	effet,	ces	dernières	sont	le	terreau	fertile	en	opportunités	pour	le	Made	in	France.	
a) La	domination	par	les	coûts	
Rappelons	que	le	cœur	de	notre	sujet	concerne	le	prêt-à-porter	MIF.	L’Europe	est	le	plus	grand	
marché	de	l’habillement	mondial.	Il	s’agit	d’un	marché	mature	global	aux	modes	uniformisées	
ou	l’offre	est	surabondante	et	donc	la	pression	concurrentielle	maximale.		
C’est	donc	une	industrie	de	volume	guidée	par	une	stratégie	de	domination	par	les	coûts	ou	les	
possibilités	 de	 différentiation	 sont	 limitées	 dans	 un	 segment	 donné.	 En	 effet,	 plus	 la	 part	 de	
marché	est	importante,	plus	le	volume	de	la	production	augmente.	Ce	qui	entraîne	une	baisse	
des	coûts	par	économies	d’échelle	et	effets	d’expérience.	Donc,	plus	les	volumes	augmentent,	
plus	les	investissements	deviennent	rentables.	
Ainsi	l’entreprise	de	prêt-à-porter	qui	souhaite	perdurer	dans	cet	environnement	très	convoité	
et	dominés	par	des	marques	puissantes,	en	préservant	à	la	fois	sa	compétitivité	et	la	rentabilité	
de	ses	capitaux	investis,	semble	ne	pas	avoir	d’autre	choix	que	de	mettre	en	place	une	stratégie	
offensive	de	conquête	visant	à	maximiser	ses	parts	de	marché,	le	tout,	si	possible,	à	l’échelle	
mondiale.	
b) «	Make	or	buy	»	
Les	 entreprises	 basent	 de	 ce	 fait	 la	 structure	 de	 leur	 chaîne	 de	 valeur	 sur	 une	 décision	
stratégique	organisationnelle	appelée	«	make	or	buy	».	Celles	qui	délocalisent	leur	production	
sont	 en	 grande	 majorité	 orientée	 vers	 le	 «	buy	».	 Autrement	 dit,	 il	 s’agit	 pour	 elles	 d’une	
stratégie	d’externalisation	des	activités	principales	de	production	et/ou	de	distribution.	L’objectif	
de	cette	stratégie	est	de	réduire	les	capitaux	engagés	dans	l’outil	productif	en	se	concentrant	sur	
les	activités	jugées	prioritaires	telles	que	le	marketing,	la	R&D,	...		
En	 effet,	 une	 activité	 de	 production	 est	 très	 consommatrice	 en	 capitaux	 propres	 (usines,	
machines,	...).	Ces	capitaux	peuvent	être	transférés	de	manière	concentrée	pour	conquérir	des	
marchés,	et	ce,	d’autant	plus	que	l’augmentation	de	chiffre	d’affaires	impose	l’augmentation	du	
besoin	 financier	 de	 l’exploitation	 (BFR).	 Ce	 besoin	 en	 capital	 s’additionnerait	 à	 des	
investissements	 supplémentaires	 en	 capacité	 de	 production.	 Or,	 ces	 besoins	 financiers	 sont	
mécaniquement	 limités	 lorsque	 la	 production	 est	 sous-traitée	 et	 permettent	 davantage	 de	
croissance	 pour	 un	 investissement	 similaire	 (c’est	 le	 sous-traitant	 qui	 investit	 dans	 l’outil	 de	
production).
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Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
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Le	fait	que	la	fabrication	d’un	jeans	de	marque	traditionnel	représente	moins	de	8%	du	prix	de	
vente	final,	illustre	parfaitement	le	fait	que	la	production	est	devenue	pour	ces	entreprises	une	
activité	annexe,	du	même	ordre	de	grandeur	que	le	transport	(4%).	
Les	contreparties	de	cette	stratégie	que	nous	développerons	plus	loin	sont	:	la	perte	de	maîtrise	
du	processus	de	production,	les	risques	liés	aux	sous-traitants	étrangers	(qualité,	compétence	de	
la	 main	 d’œuvre,	 infrastructures,	 distance	 géographique,	 etc.),	 l’empilage	 des	 marges,	
l’uniformisation	de	la	mode,	les	coûts	de	transport	et	frais	de	coordination...	Parfois	même,	les	
bénéficiaires	des	choix	d’externalisation,	comme	l’entreprise	chinoise	Fang	Brothers	(spécialiste	
pour	de	grands	donneurs	d’ordres),	rachètent	des	marques	de	vêtements	pour	compléter	leur	
intégration	verticale.	
c) Les	différentes	variantes	de	chaînes	de	valeurs	traditionnelles	
Il	existe	différentes	variantes	de	cette	stratégie	impactant	la	structure	de	chaîne	de	valeur	:	avec	
ou	sans	distribution,	avec	une	partie	de	production,	sans	production,	...	Nous	observons	qu’il	
n’existe	pas	de	règle	universelle	pour	ce	choix	stratégique.	
(1) Sans	production	ni	distribution	de	détail	
Certaines	marques	ont	choisi	de	se	concentrer	sur	la	création,	le	marketing	et	la	logistique,	en	
externalisant	toute	leur	production	(produits	complètement	en	négoce)	et	en	passant	par	des	
tiers	pour	la	distribution.	Ralph	Lauren,	Tommy	Hilfiger,	Nike,	Adidas.	
(2) Sans	production,	avec	distribution	de	détail	
Le	 géant	 Suédois	 H&M	 sous-traite	 toute	 sa	 fabrication	 en	 Europe	 et	 en	 Asie	 (80%),	 mais	 il	 a	
intégré	dans	sa	chaîne	de	valeur	ses	propres	points	de	distribution.		
(3) Une	partie	de	production,	sans	distribution.	
La	 marque	 Italienne	 United	 Colours	 of	 Benetton	 a	 choisi	 de	 maîtriser	 sa	 production,	 sans	
s’engager	dans	la	distribution.	Pour	cette	tâche	elle	choisit	des	détaillants	exclusifs.	
(4) Toute	la	chaîne	
ZARA	a	fait	le	choix	d’intégration	verticale	pour	être	plus	réactif	et	flexible	que	ses	concurrents.	
80%	des	collections	sont	fabriquées	en	Europe	dont	60%	en	Espagne.	Elle	contrôle	toutes	les	
phases	 de	 sa	 chaîne	:	 de	 la	 teinture	 des	 tissus,	 jusqu’à	 la	 distribution.	 L’intégration	 verticale	
permet	à	ZARA	de	s’adapter	à	la	demande	du	client	en	maîtrisant	parfaitement	le	temps14
.		
d) Stratégie	de	sourcing	
En	matière	de	délocalisation,	la	stratégie	de	sourcing	est	un	levier	très	important.	Il	faut	préciser	
qu’il	 existe	 2	 grands	 types	 d’externalisation	:	 le	 sourcing	 proche	 de	 type	 communautaire	 ou	
avoisinant,	 et	 le	 sourcing	 lointain...	 Ce	 levier	 permet	 de	 mieux	 maîtriser	 les	 coûts	
d’approvisionnement,	mais	aussi	de	dynamiser	l’offre	(délais)	et	de	fidéliser	les	consommateurs.	
																																																													
14
	http://www.journaldunet.com/economie/face-a-face/zara-hm/organisation.shtml,	visitée	le	08/11/2016
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Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
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Le	 prix	 de	 revient	 reflète	 en	 effet	 tous	 les	 coûts	 induits	 par	 le	 bassin	 de	 sourcing.	 Ce	 prix	
comprend	bien	entendu	le	prix	d’achat	payé	au	fournisseur	qui	dépend	en	grande	partie	du	coût	
de	la	main	d’œuvre.	Mais	il	faut	aussi	comptabiliser	les	coûts	indirects	d’acquisition	que	sont	les	
frais	dits	annexes	ou	frais	d’approche	qui	ne	sont	pas	toujours	imputables	à	un	produit	donné.	Ils	
comprennent	non	seulement	les	droits	de	douanes,	les	frais	de	transports,	de	relivraisons	(du	
port	à	l’entreposage),	mais	aussi	d’éventuelles	pénalités	(surestaries	de	délais	de	chargement-
déchargement…).	
(1) Sourcing	lointain	
Le	coût	de	la	main	d’œuvre	en	bassin	lointain	est	généralement	plus	faible	et	plus	attractif.	Il	en	
résulte	une	marge	brute	nettement	plus	intéressante.	Cependant	le	fait	que	les	salaires	en	Chine	
augmentent,	 et	 qu’elle-même	 commence	 à	 délocaliser,	 relativise	 cet	 avantage.	 De	 plus,	 le	
sourcing	lointain	conduit	de	facto	à	des	délais	d’approvisionnement	plus	longs,	ce	qui	implique	
des	commandes	précoces.	Cela	nécessite	également	de	s’engager	sur	des	volumes	importants	
fondés	sur	des	prévisions	de	ventes	qui	comportent	toujours	un	aléa	quant	à	la	certitude	de	les	
écouler	entièrement	(soldes)	ou	du	risque	de	rupture	de	stocks.	Le	sourcing	lointain	comporte	
donc	des	contraintes	de	rigidité	liées	aux	engagements	de	volumes	qui	entraînent	une	moindre	
réactivité/flexibilité	 en	 cours	 de	 saison.	 Il	 est	 enfin	 exposé	 à	 plus	 d’aléas	 opérationnels,	
monétaires	voire	géopolitiques.	
(2) Sourcing	proche	
Un	 sourcing	 proche	 (Europe,	 Méditerranée)	 permet	 par	 contre	 de	 s’approvisionner	 plus	
rapidement	 et	 plus	 régulièrement.	 Cela	 permet	 une	 plus	 grande	 souplesse	 de	
réapprovisionnement	et	de	réduire	le	risque	de	rupture	ou	de	surstock.	En	contrepartie,	la	main	
d’œuvre	dans	les	pays	sous-traitants	comme	Europe	de	l’Est	ou	Maghreb	est	plus	chère	qu’au	
Bangladesh,	 par	 exemple.	 S’approvisionner	 plus	 souvent	 signifie	 aussi	 des	 transports	 plus	
fréquents,	ce	qui	peut	représenter	un	coût	à	ne	pas	négliger	bien	que	la	distance	soit	plus	faible.	
Le	prix	à	payer	pour	la	souplesse	de	ce	choix	stratégique	semble	globalement	caractérisé	par	des	
marges	brutes	unitaires	plus	faibles.	Mais	du	fait	que	le	plus	souvent	les	échanges	sont	faits	en	
Euro,	les	risques	de	changes	sont	minimisés.	
e) Le	rôle-clef	de	planification	économique	
Comme	nous	venons	de	le	voir,	il	existe	une	interdépendance	forte	entre	le	lieu	géographique	de	
production	 et	 de	 sourcing	 et	 la	 planification	 des	 ventes.	 Le	 multi-sourcing	 (qui	 consiste	 à	
s’approvisionner	auprès	de	plusieurs	fournisseurs)	permet	en	partie	de	répondre	à	des	besoins	
de	 sécurisation	 ou	 de	 souplesse	 des	 approvisionnements	 vis-à-vis	 d’une	 saisonnalité	 toujours	
plus	complexe.	Ainsi,	un	produit	très	pérenne	(reconduit	d’une	saison/année	sur	l’autre	dans	le	
meilleur	des	cas)	pourra	avantageusement	faire	l’objet	d’un	sourcing	lointain.	C’est	le	cas	des	
produits	 peu	 sensibles	 aux	 modes	 dit	 «	 de	 fond	 de	 catalogue	 »	 qui	 ne	 présentent	 que	 peu	
d’incertitude	 en	 termes	 de	 prévisions	 de	 vente	 (comme	 par	 exemple	 des	 sous-vêtements	
masculins).	En	revanche,	pour	un	produit	sujet	aux	tendances,	plus	saisonnier,	voire	éphémère,	
un	sourcing	proche	est	à	privilégier.	C’est	notamment	ici	que	le	Made	In	France	peut	(re)-trouver	
tout	 son	 intérêt.	 La	 proximité	 permet	 une	 supply	 chain	 plus	 rapide	 et	 plus	 efficiente	 en	
apportant	 de	 la	 nouveauté	 aux	 clients.	 L’offre	 devient	 plus	 attractive,	 capable	 de	 réagir	 à	 un	
comportement	imprévu	des	consommateurs	ou	même	encore	de	la	météo.
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Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 38	
f) L’importance	de	la	coordination	drivée	par	le	SI	
Maitriser	la	chaîne	de	valeur	c’est	également	maîtriser	l’interconnexion	et	la	synchronisation	de	
tous	 ses	 maillons,	 en	 particulier	 lorsqu’ils	 sont	 nombreux.	 La	 coordination	 des	 acteurs	 de	 la	
chaîne	est	susceptible	de	consommer	une	grande	partie	de	la	valeur	produite	et	de	ralentir	les	
délais.	C’est	un	poste	de	charge	de	plus	en	plus	conséquent,	souvent	sous-estimé	et	difficilement	
imputable	à	un	produit	en	particulier.	Souvenons-nous	que	seuls	12%	de	la	valeur	est	consacrée	
à	la	production	et	au	transport	!	
Nous	 avons	 déjà	 symbolisé	 la	 complexité	 des	 flux	 d’informations	 dans	 la	 chaîne	 de	 valeur	
générique	 de	 la	 filière	 (Figure	 1).	 L’objectif	 ici	 n’est	 pas	 d’entrer	 dans	 le	 détail	 de	 chaque	
ramification,	mais	bien	de	mettre	en	perspective	la	nature	de	plus	en	plus	complexe	et	raffinée	
des	 systèmes	 d’informations.	 Il	 semble	 reposer	 sur	 ces	 derniers	 une	 part	 croissante	 de	 la	
création	de	valeur	et	ils	sont	devenus	peu	à	peu	essentiels	à	la	survie	de	chaque	entreprise.	En	
effet,	ces	systèmes	permettent	de	coordonner	finement	les	différents	acteurs	dans	les	délais	les	
plus	brefs,	ainsi	que	de	s’adapter	en	permanence	au	rythme	effréné	des	évolutions	dictées	par	le	
marché,	et	ce	tant	au	niveau	des	produits	que	des	procédés.	
En	 effet,	 la	 mode	 est	 de	 plus	 dynamique	 et	 impose	 son	 rythme.	 Aujourd’hui,	 les	 marques	
produisent	jusqu’à	10	collections	par	an	et	les	modèles	de	production	évoluent	rapidement.	La	
longueur	des	séries	et	les	stocks	sont	limités	au	plus	juste,	en	volume	comme	dans	le	temps.	La	
multiplication	 des	 intermédiaires	 de	 natures	 très	 différentes	 complexifie	 davantage	 encore	 le	
système	et	alourdit	les	coûts.	
Une	 entreprise	 moderne,	 qu’elle	 délocalise	 ou	 non,	 se	 doit	 donc	 d’intégrer	 un	 système	
d’information	riche	et	transversal.	Il	doit	permettre	de	nourrir	les	données	de	bout	en	bout,	afin	
de	garantir	compétitivité,	réactivité	et	flexibilité,	et	ce,	dans	des	conditions	ou	le	facteur	temps	
et	les	signaux	faibles	sont	essentiels	à	la	préservation	de	son	avantage	concurrentiel.	
Ainsi	 la	 parfaite	 maîtrise	 des	 SI	 et	 de	 la	 coordination	 des	 différents	 acteurs	 est	 devenue	 un	
facteur	 clé	 de	 succès	 (FCS)	 prépondérant	 pour	 les	 marques	 de	 prêt-à-porter.	 La	 diversité	 des	
stratégies	employées	à	ce	jour,	que	nous	avons	évoquées	ci-dessus,	démontre	qu’il	n’existe	pas	
de	«	recette	universelle	»	pour	préserver	et	renforcer	son	avantage	concurrentiel.	Néanmoins,	le	
modèle	«	hybride	tout	intégré	»	de	ZARA	démontre	une	efficacité	particulièrement	redoutable.	Il	
nous	suggère	que	l’intégration	verticale,	le	sourcing	proche	et	le	contrôle	avancé	à	toutes	les	
phases	sont	des	outils	décisifs	pour	la	réactivité	à	la	demande	alors	que	le	sourcing	lointain	et	
l’hétérogénéité	 des	 intermédiaires	 devrait	 être	 limités	 au	 strict	 minimum.	 Sous	 cet	 angle,	 il	
semble	donc	exister	un	argument	considérable	qui	milite	pour	les	relocalisations	en	France	du	
prêt-à-porter.	 Pour	 confirmer	 ces	 hypothèses,	 nous	 explorerons	 en	 détails	 dans	 la	 prochaine	
partie	ce	modèle	qui	pourrait	peut-être	nous	conduire	vers	une	opportunité	sérieuse	pour	un	
canal	significatif	de	vêtements	relocalisés	en	France	?
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Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 39	
3. Demande	:	La	satisfaction	des	attentes	clients	
Quels	que	soient	les	modèles	d’organisations	et	les	stratégies	retenues	par	les	entreprises,	il	est	
souhaitable	de	garder	à	l’esprit	que	toute	activité	économique	n’a	de	raison	d’être	que	dans	la	
satisfaction	de	son	client.	En	effet,	une	entreprise	qui	perd	ses	clients	ne	survit	pas	plus	qu’une	
entreprise	qui	perd	sa	rentabilité	!	
La	mode	est	par	définition	toujours	en	mouvement	:	elle	représente	les	goûts	du	moment	qui	
dépendent	 de	 phénomènes	 imprévisibles	 et	 irrationnels	 comme	 la	 tendance	 imposée	 par	
certains	leaders	d’opinions	ou	encore	même	parfois	la	météo.	Cette	incertitude	permanente	et	
exigeante	impose	aux	acteurs	réactivité,	agilité	et	une	maîtrise	extrêmement	fine	de	la	chaine	de	
valeur	 (e.g.	 distribution,	 production,	 chaîne	 logistique	 transcontinentale,	 risques	 de	 change).	
Dans	ce	contexte,	le	risque	de	stock	invendu	est	majeur.	L’expérience	client	est	donc	essentielle	
(valeur	perçue	/	confort	/	bien-être	/	accessibilité	/	satisfaction	d’égo	/	effet	de	meute)	avec	un	
vêtement	 qui	 au-delà	 de	 la	 fonction	 d’utilité,	 est	 devenu	 essentiellement	 un	 marqueur	 social	
d’apparat	et	de	démarcation.	
Comprendre	ses	clients,	c’est	comprendre	leurs	comportements	d’achat.	Comprendre	ce	qui	les	
pousse	à	agir	!	Cette	compréhension	est	la	source	d’avantage	concurrentiel.	Elle	doit	permettre	
de	construire	une	proposition	de	valeur	attractive	permettant	de	convaincre	et	de	fidéliser.	En	
un	mot,	de	satisfaire	les	attentes	de	ses	clients.	
Or	 la	 nature	 humaine	 est	 complexe,	 versatile	 et	 duale,	 partagée	 sans	 cesse	 entre	 son	 profit	
immédiat	 et	 l’anticipation	 raisonnable	 d’un	 avenir	 incertain	 et	 par	 nature	 effrayant.	 En	 effet,	
c’est	pour	préserver	sa	famille	et	son	bétail	du	froid	et	des	prédateurs	que	le	paysan	construit	
une	ferme.	Et	c’est	aussi	dans	l’espoir	de	la	récolte	aux	beaux	jours	qu’il	sème	et	qu’il	investit	
une	partie	du	fruit	de	son	travail	passé.	Mais	s’il	envisage	l’avenir	et	tente	de	le	prévoir	ou	de	
l’influencer,	c’est	avant	tout	pour	nourrir	sa	famille	ici	et	maintenant	!	
L’homme	moderne	n’échappe	pas	à	ces	mécanismes	contradictoires	entre	l’avenir	et	le	présent,	
entre	la	satisfaction	du	besoin	ou	de	l’envie	immédiate	vis-à-vis	de	l’anticipation	raisonnable	et	
raisonnée	de	l’avenir.	Ainsi,	après	la	seconde	guerre	mondiale,	l’élévation	du	niveau	de	la	vie	
donna	une	part	plus	grande	dans	les	budgets	à	la	consommation	discrétionnaire.	Les	vêtements	
furent	 alors	 choisis	 selon	 d’autres	 critères	 qu’en	 milieu	 rural.	 Ces	 critères	 n’étaient	 plus	
seulement	qualitatifs	mais	sont	devenus	de	plus	en	plus	subjectifs	et	sensibles.	Ils	dépassaient	
désormais,	pour	le	plus	grand	nombre,	le	primitif	«	besoin	d’avoir	qui	protège	»	afin	de	satisfaire	
une	 nécessité.	 Brusquement,	 ils	 s’étaient	 déplacés	 en	 masse	 vers	 «	le	 besoin	 d’être	 et	 de	
paraître	 qui	 distingue	 de	 ses	 semblables	»	 et	 qui	 symbolise	 la	 place	 que	 l’on	 occupe	 dans	 la	
société	(ou	que	l’on	revendique)	(Dominique	Jacomet,	«	Mode,	Textile	et	Mondialisation	»).	
Ce	sont	donc	les	mêmes	mécanismes	qui	sont	à	l’œuvre	dans	le	domaine	du	prêt-à-porter,	entre	
nos	achats	spontanés	de	T-shirts	«	sexy	»	à	5	euros,	confectionnés	par	une	éthiopienne	mineure,	
et	«	l’investissement	»	dans	une	chemise	sur	mesure	«	Made	in	France	».	Dès	lors,	le	prix	bas	
serait	plutôt	synonyme	d’un	bénéfice	à	court	terme	alors	que	la	qualité	représenterait	plutôt	un	
bénéfice	et	une	expérience	de	qualité	attendus	à	long	terme.
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Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 40	
a) La	«	qualité	française	»	
Selon	l’IFOP	(Institut	Français	d’Opinion	Publique),	pour	95%	des	consommateurs,	acheter	des	
produits	fabriqués	localement,	représente	un	acte	citoyen	qui	contribue	au	profit	de	l’industrie	
et	de	l’économie	nationale.	Comme	nous	l’avons	vu,	l’achat	devient	un	acte	social,	qui	sauve	ou	
même	 crée	 des	 emplois	 en	 France.	 Plus	 encore,	 malgré	 le	 contexte	 économique	 morose,	 en	
2014,	61%	des	consommateurs	français	déclarent	être	prêts	à	dépenser	au	minimum	5%	plus	
cher	 pour	 acquérir	 un	 produit	 d’origine	 française.	 Ils	 n’étaient	 que	 39%	 à	 le	 penser	 en	1997.	
Ainsi,	 selon	 ces	 déclarations	 d’intention,	 lorsqu’il	 est	 question	 de	 choisir	 un	 produit,	 les	
consommateurs	 représentatifs	 de	 la	 population	 française	 disent	 privilégier	 la	 «	qualité	
française	»	 (valeur	 perçue)	 plus	 encore	 qu’auparavant	 au	 prix	 ou	 à	 la	 quantité.	 Le	 Prix	 n’est	
donc	pas	le	seul	critère.	Les	clients	s’interrogent	de	plus	en	plus	sur	la	provenance	d’un	produit	
acheté,	d’où	viennent	les	matières	premières,	quelles	sont	les	conditions	de	fabrication	et	de	
travail	des	ouvriers	(respect	des	normes	sociales)15
.	
	
Graphique	12	:	La	hausse	du	consentement	à	payer	plus	le	MIF	depuis	1997	
Mais	dans	les	faits	combien	sont-ils	vraiment	à	passer	à	l’acte	?	Il	existe	en	effet,	un	rapport	
complexe	entre	le	prix,	la	qualité	et	la	valeur	perçue	par	le	client.		
b) Comprendre	la	valeur	perçue	
Dans	le	langage	courant,	la	qualité	tend	à	désigner	ce	qui	rend	quelque	chose	supérieure	à	la	
moyenne.	En	ce	sens	elle	s’apparente	à	la	valeur	perçue.	Mais	pour	certains,	la	qualité	première	
d’un	article	peut-être	celle	d’être	de	bon	marché...	Ainsi,	la	qualité	est	un	mot-valise	qui	conduit	
à	l’évaluation	du	produit	par	le	client	en	fonction	d’un	certain	nombre	de	critères	de	jugement	
plus	ou	moins	objectifs	et	personnels.	Ces	critères	d’attractivité	concernent	en	premier	lieu	les	
attributs	 du	 vêtement	 (utilité,	 mode,	 matière,	 style,	 finition,	 coupe,	 origine,	 compétitivité,	
																																																													
15
	Sondage	IFOP	«	Les	français	et	le	Made	in	France	-	vague	2	»	(31/01/2013)
PRÊT-A-PORTER	MADE	IN	FRANCE		
Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 41	
proximité,	prix	...)	mais	également	la	relation	client	avec	l’entreprise,	ou	encore	l’image	de	la	
marque	et	sa	réputation.	
D’ailleurs,	 selon	 la	 norme	 ISO	 9000,	 la	 qualité	 est	 l'aptitude	 d'un	 produit	 ou	 d'un	 service	 à	
satisfaire	les	exigences.	Cette	définition	confirme	le	lien	direct	entre	la	qualité	(ou	valeur	perçue)	
et	la	satisfaction	des	attentes	clients.	Il	conviendrait	donc	de	pouvoir	lister	et	pondérer	chacun	
des	critères	évalués	par	le	client	pour	être	en	mesure	de	concevoir	une	offre	optimale.	
Cependant,	 il	 existe	 pour	 chacun	 d’entre	 nous	 une	 subtile	 grille	 d’évaluation	 plus	 ou	 moins	
complexe,	consciente	et	évolutive,	dans	laquelle	chacun	des	critères	possède	une	importance	
qui	 nous	 est	 propre.	 Par	 exemple,	 les	 attentes	 éthiques	 à	 long	 terme	 (client	 responsable,	
consomm’acteur	 de	 MIF)	 ne	 sont,	 bien	 entendu,	 qu’une	 des	 composantes	 de	 cette	 grille	
d’évaluation	qui	sera	plus	ou	moins	(ou	pas)	importante	suivant	la	sensibilité	et	la	culture	de	
l’individu	ou	encore	les	normes	sociales.		
c) Les	critères	d’évaluations	les	plus	influents		
Néanmoins,	 si	 comme	 nous	 l’avons	 vu,	 les	 critères	 qui	 permettent	 d’évaluer	 la	 qualité	 d’un	
produit	sont	très	variables	d’un	individu	à	l’autre,	il	est	fort	probable	qu’ils	soient	très	similaires	
sur	un	même	segment	de	marché	(adressant	donc	une	même	famille	de	clients).	D’ailleurs,	selon	
l’étude	du	CREDOC	sur	l’attachement	des	français	au	MIF,	les	critères	(déclarés)	qui	influencent	
le	plus	leurs	achats	sont	basés	à	70%	sur	la	qualité	et	le	prix.	Les	trois	autres	critères	les	plus	cités	
sont	les	services,	l’origine	du	produit	et	la	marque.	Les	autres	critères	représentent	moins	de	1%	
des	réponses.	
	
Graphique	13	:	Critères	Influants	les	achats	de	produits	industriels	(total	des	réponses	égales	à	200	-	en%)	
Cette	étude	indique	que	le	rapport	qualité/prix	est	de	loin	le	plus	influent.	Or,	à	«	qualité	»	égale,	
le	rapport	qualité/prix	d’un	produit	fabriqué	en	France	serait	défavorable	dès	lors	que	son	prix
PRÊT-A-PORTER	MADE	IN	FRANCE		
Quels	Facteurs	pourraient	amplifier	la	dynamique	des	relocalisations	?	
Alyona	CHARLES	-	MEMOIRE	EXECUTIVE	ESC	2015-2016	 42	
serait	 supérieur	 à	 un	 produit	 équivalent	 fabriqué	 à	 l’étranger.	 Dit	 autrement,	 selon	 nos	
estimations,	le	rapport	qualité/prix	est	approximativement	inversement	proportionnel	au	prix	
(graphique	14).	
	
Graphique	14	:	Evolution		de	la	qualité/prix	selon	le	prix	à	qualité	stable	(évolution	Q/P	en	fonction	de	P	en	%)	
Bien	que	le	contexte	soit	favorable	(qualité	perçue	meilleure),	le	retour	du	MIF	reste	à	ce	jour	
encore	 à	 la	 marge.	 C’est	 donc	 qu’il	 existe	 une	 grande	 différence	 entre	 les	 intentions	 et	 les	
actes.	Nous	en	déduisons	que	malgré	le	consentement	déclaré	à	payer	plus	cher,	la	réalité	tend	
à	démontrer	que	l’arbitrage	s’effectue	in	fine	sur	le	prix	qui	tire	la	qualité/prix	Made	in	France	
vers	le	bas	en	faveur	des	produits	importés.	
d) Hypothèse	
De	ce	fait,	nous	formulons	l’hypothèse	 que	s’il	est	possible	de	vendre	à	«	qualités/attributs	»	
similaires,	des	produits	de	prêt-à-porter	MIF	au	même	prix	que	les	produits	délocalisés,	le	MIF	
sera	compétitif.	Il	devrait	être	privilégié	par	la	majorité	des	consommateurs	français	et	amplifier	
ainsi	le	phénomène	Made	in	France	dans	la	mesure	où	le	pays	de	fabrication	représente	plus	de	
10%	dans	sa	décision	d’achat	et	que,	comme	nous	l’avons	vu	sur	le	Graphique	7,	la	qualité	est	
perçue	meilleure	à	60%	ou	équivalente	à	33%	pour	le	MIF.	Finalement,	la	principale	difficulté	
semble	 donc	 être	 de	 concevoir	 une	 offre	 MIF	 compétitive	 et	 donc	 d’agir	 sur	 les	 leviers	 qui	
permettent	de	réorganiser	la	chaîne	et	les	inducteurs	de	coûts,	afin	de	proposer	une	offre	plus	
attractive.	
e) Lien	avec	le	marketing	mix	(pull	vs	push)	
Le	prix	et	la	valeur	perçue	(qualité/prix)	semblent	être	les	facteurs	les	plus	influents.	Cependant,	
il	existe	un	troisième	facteur	lui	aussi	très	influent	mais	aussi	très	sensible	et	interdépendant	des	
deux	premiers.	Il	est	lié	à	la	perception	et	l’existence	même	de	l’offre	pour	le	client.	En	effet,	il	
ne	suffit	pas	de	savoir-faire	en	France	au	juste	prix	et	avec	la	bonne	qualité,	pour	atteindre	les
Memoire Exec ESC - Alyona CHARLES - BSB Dijon - PRET-A-PORTER MADE IN FRANCE : Quels facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ?
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  • 3. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 3 REMERCIEMENTS Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à mon Directeur de mémoire Monsieur Alain Stefan Cieslewicz. Je le remercie pour sa grande disponibilité et ses précieux conseils. J’aimerais également témoigner mon respect et ma gratitude envers Alexandre Asselineau, Directeur Knowledge & Transfer et Directeur Executive Education de la Burgundy School of Business. Je voudrais remercier aussi particulièrement tous les professionnels qui ont accepté de me rencontrer et de répondre à mes questions durant mes recherches. Je remercie enfin très spécialement mon mari Yves, qui a toujours été là pour moi, pour son soutien inconditionnel et ses encouragements.
  • 4. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 4 RESUMÉ Aujourd’hui le Made In France occupe de plus en plus le devant de la scène, stigmatisant une volonté des consom’acteurs à consommer plus éthique, plus responsable et plus durable. Le présent travail de recherche a pour vocation de répondre à la question : « Prêt-à-porter Made In France : Quels facteurs pourraient amplifier la dynamique de relocalisation ? » Hypothèse de travail : S’il est possible de faire connaître et commercialiser des produits de prêt- à-porter Made In France, au même prix et dans les mêmes délais de mise sur le marché que des produits fabriqués à l’étranger, alors le prêt-à-porter Made In France sera compétitif, et, de ce fait, susceptible d’encourager cette dynamique de relocalisation pour une part significative de l’industrie de l’habillement prêt-à-porter en France.
  • 5. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 5 SOMMAIRE REMERCIEMENTS 3 RESUMÉ 4 SOMMAIRE 5 INTRODUCTION 6 A. LE PERIMETRE DU SUJET : « L’HABILLEMENT MADE IN FRANCE » 6 B. MES MOTIVATIONS 6 C. PROBLEMATIQUE 7 D. METHODOLOGIE ET ENONCE DU PLAN 7 PARTIE I REVUE DE LITTERATURE 9 A. CONTEXTE : HISTOIRE ET TENDANCE DE L’HABILLEMENT « MADE IN FRANCE » (CONSTATS/FAITS) 9 1. UN APERÇU HISTORIQUE DE L’EPOPEE D’UNE INDUSTRIE AUX RACINES ANCIENNES 9 2. QUELQUES DEFINITIONS ET DESCRIPTION DE LA CHAINE DE VALEUR DE LA FILIERE 11 3. LES PIONNIERS DU MOUVEMENT MIF DANS LE PRET-A-PORTER 16 B. POURQUOI EXISTE-T-IL CETTE TENDANCE DU MIF ? 19 1. UN CONTEXTE FAVORABLE POUR LES RELOCALISATIONS 19 2. OFFRE : LES MODELES CLASSIQUES DE LA CHAINE DE VALEUR 35 3. DEMANDE : LA SATISFACTION DES ATTENTES CLIENTS 39 C. INVENTAIRE DES LEVIERS FAVORABLES AU MIF (EXTERNES ET INTERNES) 44 PARTIE II ETUDE EMPIRIQUE 45 A. ANALYSE COMPARATIVE : COMMENT AMPLIFIER LE MOUVEMENT DU MIF ? 45 1. LE SUCCES DU MODELE ZARA UN EXEMPLE SOURCE D’INSPIRATION 45 2. COMPARAISON AVEC LES LEVIERS D’ACTION LISTES EN PREMIERE PARTIE 50 3. TRANSPOSITION DES LEVIERS D’ACTION ZARA AU MIF 51 4. SYNTHESE DES LEVIERS D’ACTIONS ISSUS DE L’ANALYSE COMPARATIVE & SWOT 63 B. ANALYSE QUALITATIVE : L’AVIS DES EXPERTS 64 1. LISTE DE NOS INTERVIEWS D’EXPERTS 64 2. METHODE : MOTRICITE ET SENSIBILITE DES LEVIERS D’ACTION (D’APRES MICHEL GODET, 2001) 64 3. RESULTATS DE L’ENQUETE 65 4. REGROUPEMENTS ET ANALYSE DES RESULTATS 66 CONCLUSION GENERALE 70 GLOSSAIRE / LISTE DES ACRONYMES, SIGLES ET ABREVIATIONS 71 BIBLIOGRAPHIE : 73 A. OUVRAGES & LIVRES 73 B. ARTICLES 74 C. INTERNET 75
  • 6. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 6 INTRODUCTION A. Le périmètre du sujet : « l’habillement Made in France » « Made in France » Je m’intéresse à la création de valeur en France et donc au moyen de rapprocher autant que possible la production de son lieu de consommation (relocaliser), afin d’optimiser le cycle de vie du produit vis-à-vis d’un consommateur de plus en plus exigeant (fast & custom fashion, qualité premium). Mais également dans un esprit responsable et durable afin d’essayer de favoriser l’emploi local tout en préservant l’environnement et en réduisant l’empreinte carbone. (Un jeans est par exemple un désastre écologique qui nécessite à lui seul des centaines de litres d'eau, des pesticides, des colorants, de puissants détergents et des milliers de kilomètres de transport). Je me limite de facto au périmètre de « l’habillement », prêt-à-porter et de la mode (exclusion du secteur textile de production et autres destinations, en particulier tous les autres usages domestiques ou techniques). B. Mes motivations En tant qu’étudiante j’ambitionne de faire carrière dans le monde de l’habillement/mode qui me passionne. Réaliser mon mémoire de master sur ce sujet me semble un excellent tremplin pour mieux comprendre la filière et l’approcher. In fine, j’espère faire suffisamment de rencontres pour y découvrir des opportunités professionnelles pertinentes. En tant que consomm’actrice je me sens écoresponsable et surtout, je préfèrerais trouver sur les étals davantage de choix de qualité au prix juste. Plutôt que des produits de masse « jetables », de piètre qualité, fabriqués par des enfants au Bangladesh (qui meurent sous les décombres de Dacca). Ou bien encore, des produits de « luxe » inaccessibles ne garantissant pas un niveau de qualité que j’estime en rapport avec leur prix. En tant que citoyenne dans ce contexte de crise / récession économique, œuvrer pour favoriser la création d’emplois me semble un combat passionnant, essentiel pour tenter de préserver notre modèle social et ralentir la paupérisation des classes moyennes. L’entreprise agit par définition, elle me semble un levier privilégié pour faire évoluer la société dans un contexte morose de changement de paradigme de nos modèles économiques. Précision importante : Il ne s’agit pas de promouvoir le protectionnisme économique ou le patriotisme forcené mais de mettre à l’honneur le savoir-faire français et œuvrer pour l’enrichir encore. Tenter de protéger et créer des emplois plus proches de chez nous, conforme avec les attentes ressenties des consommateurs et la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE). Suivre l’idée positive et apolitique selon laquelle un business raisonnable et intelligent profite à tous (à l’entreprise, aux consommateurs, à l’environnement, aux citoyens, ...). En fin de compte notre écosystème est complexe et interagit constamment, l’ambition de ce mémoire est d’explorer des solutions qui puissent être en mesure de faire converger la promotion et le renforcement du savoir-faire français, l’engagement citoyen, la préservation / protection de l’environnement et l’investissement dans la vie locale avec un modèle de développement économiquement soutenable dans le domaine du prêt-à-porter.
  • 7. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 7 C. Problématique Face aux lames de fonds des délocalisations, la question médiatique du Made in France interpelle : existe-t-il réellement une opportunité sérieuse pour un nouveau canal au sein de la filière susceptible de justifier de relocaliser partiellement une industrie particulièrement mise à mal dans nos pays industrialisés au cours des 50 dernières années ? S’agit-il d’un épiphénomène ? D’une « mode du Made in France » pour doux rêveurs ? Ou alors d’une opportunité inédite de changement de l’industrie en profondeur ? • Quels sont les modèles dominants de la compétition mondiale (chaine de valeur) ? • Existe-t-il, ou bien peut-on éveiller une clientèle significative ? • Quel est son potentiel et sur quelles attentes se fonde-t-elle ? • Si tel est le cas, est-il possible de répondre de façon concurrentielle ? Par quel(s) moyen(s) ? En somme, comment les nouveaux modèles managériaux, l’innovation raisonnée, l’intra- logistique 4.0, les systèmes ERP/PLM, le Green Supply Chain et les circuits courts, entre-autres, peuvent-ils contribuer à l’émergence d’un nouveau modèle du « made-in-France » ? Ce mémoire a donc pour vocation de répondre à la question : « Prêt-à-porter Made In France : Quels facteurs pourraient amplifier la dynamique de relocalisation ? » D. Méthodologie et énoncé du plan La première partie a pour objectif de nous permettre de mieux comprendre le phénomène du MIF et de formuler des hypothèses sur les facteurs susceptibles d’être les plus influents sur son évolution. La seconde partie tentera de vérifier empiriquement ces hypothèses par une analyse comparative de l’existant (inspiration cas ZARA), étoffée par une étude qualitative auprès des précurseurs experts du Made-In-France (interviews téléphoniques + salon MIF Expo). Pour ce faire, nous allons constater la dynamique du phénomène après l’avoir resituée dans son contexte historique et défini le cadre général de l’industrie. Ensuite, nous analyserons l’écosystème afin de déterminer les origines favorables puis les facteurs susceptibles d’influencer ce phénomène du point de vue de l’offre et de la demande. L’analyse se fera donc dans un premier temps sous le prisme de l’environnement (social, environnemental, politico-légal, économique et technologique). Puis nous chercherons à expliquer les mécanismes stratégiques de l’offre afin d’en déduire les facteurs clés de succès. Ensuite nous tenterons de comprendre la demande afin de découvrir les sources d’avantages concurrentiels pour le Made-In-France. Nous fournirons en synthèse de cette première partie une cartographie des facteurs externes et internes qui nous semblent les plus influents. Dans un second temps nous allons d’abord nous inspirer de la success story de l’Espagnol ZARA dont les productions sont majoritairement domestiques puis Européennes. En effet, nous pensons que cet exemple est source d’inspirations transposables en France et peut-être
  • 8. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 8 optimisé car la maîtrise du temps (« Time to market ») est LE facteur clé, à fortiori, dans le domaine de la mode. A partir de cet exemple, nous tenterons de confirmer nos hypothèses et d’isoler les leviers du succès pour le Made in France. S’agissant d’une étude prospective, la dernière partie reposera sur une enquête qualitative auprès d’experts pionniers du Made in France rencontrés lors d’un salon thématique à Paris en Novembre 2016.
  • 9. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 9 Partie I Revue de Littérature Afin de mieux comprendre pourquoi il existe une tendance naissante à la relocalisation du prêt- à-porter Made in France, nous allons étudier le contexte de cette industrie. Pour ce faire, nous constaterons dans un premier temps, la dynamique des pionniers du Made in France, après un bref aperçu historique et quelques définitions permettant de délimiter le sujet. Dans un second temps, afin de découvrir les racines de cette tendance, nous ferons l’inventaire des éléments de contexte favorables aux relocalisations, puis nous observerons en détail les modèles dominants de la chaîne de valeur qui structurent actuellement cette industrie afin de déceler les brèches favorables au MIF. Puis, nous tenterons d’analyser les mécanismes de la demande pour comprendre comment le Made in France peut impacter la décision d’achat. Enfin nous dresserons un tableau des leviers qui nous semblent favorables au Made In France. A. Contexte : Histoire et tendance de l’habillement « Made in France » (Constats/Faits) 1. Un aperçu historique de l’épopée d’une industrie aux racines anciennes « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. » Winston Churchill a) Une industrie à l’avant-garde des révolutions industrielles L’industrie de l’habillement compte parmi les plus vielles du monde. Elle a pris son essor pendant la première révolution industrielle en Angleterre grâce à la machine à vapeur qui a permis de passer d’une société artisanale à une société commerciale et industrielle. A l’instar du novateur « Bon Marché » d’Aristide Boucicaut qui préfigurait le commerce moderne, ou de la VAD inventée par la Redoute en 1922, cette industrie des temps modernes a subi une succession de bouleversements profonds à l’avant-garde des grandes tendances mondiales du commerce et de l’industrie. En effet, la filière s’est en permanence renouvelée, modernisée par touches successives au fil du temps. D’ailleurs, la seconde révolution industrielle correspond à la maitrise de l’électricité pour la production en masse. Il est intéressant de constater que bon nombre de manufactures textiles du début du 20ème siècle étaient équipées de turbines à eau pour produire leur propre électricité. A l’aube de la première guerre mondiale cette filière caracole en tête parmi les fleurons de nos industries manufacturières. L’apogée du secteur en termes d’emploi se situe au début des années 60 (environ 1 million d’emplois en France, 15% de la production manufacturière). Les marchés de l’industrie de l’habillement étaient en forte expansion suite à la conjonction de phénomènes démographiques (baby-boom), économiques (la croissance moyenne à 5,4% des « Trente Glorieuses ») et politiques (l’ouverture au Marché commun en 1958). Mais aussi l’urbanisation : en 1968, 60 % de la population vit désormais en ville. Cette conjonction induit de nouveaux modes de vie où le vêtement joue un rôle de plus en plus important (Michèle Ruffat, CNRS IHTP).
  • 10. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 10 b) De la compétitivité vers la division internationale du travail Dans le même temps que la demande croît, s’esquisse une mutation profonde de l’industrie. Les barrières aux nouveaux entrants sont alors encore modérées et l’aubaine attire nécessairement les convoitises. La compétition fait rage. Avec la mécanisation, la productivité par individu est ainsi en permanence multipliée, améliorée sans cesse par l’abondance énergétique et les progrès techniques. Voici la 3ème révolution industrielle qui s’annonce avec l’automatisation et les microprocesseurs. Il faut donc investir toujours plus pour préserver la compétitivité. La filière est très verticale (séquencée en successions d’étapes) et donc propice à son intégration. Les firmes ont ainsi progressivement élargi l’étendue de leur contrôle à la chaine de valeur globale pour maximiser leurs marges. Peu à peu, les entreprises grossissent et s’internationalisent, les petits disparaissent, ou sont absorbés. La productivité progresse déjà plus vite que la demande, ainsi la concentration devient un pilier de la réussite d’une industrie plébiscitée devenue de plus en plus capitalistique (productivité), et qui deviendra de fait de moins en moins manufacturière. Cependant, la confection notamment est difficilement mécanisable, et la main d’œuvre pèse lourd dans la masse salariale. De ce fait, les industriels sont attirés par les pays dont la main d’œuvre est bon marché. On assiste alors à une division internationale du travail. « Le textile et l’habillement sont devenues des industries différentes. La filature, le tissage et l’ennoblissement sont capitalistique, tandis que la confection de vêtement demeure intensive en main-d’œuvre … Les clients et les fournisseurs ne se trouvent plus sur le même territoire : les distributeurs d’habillement ont internationalisé leurs approvisionnements et les confectionneurs se transforment en donneurs d’ordres en externalisant leur production »1 c) La mondialisation et la déconstruction généralisée vers l’usine du monde « Dans cette industrie, les premières délocalisations depuis la France ont été effectuées dès les années 1960 en direction des pays d’Afrique du Nord (Maroc et Tunisie). Les exemples sont nombreux comme en témoigne la présence abondante d’entreprises de prêt-à-porter (Lacoste, Petit Bateau, Promod, etc.), et de marques de lingerie (Aubade, Chantelle, Princesse Tam Tam, etc.), installées en Tunisie ou au Maroc » 2 . En 1974, suite au premier choc pétrolier, la croissance du PIB et la demande marquent le pas avec un effet ciseau sur l’emploi. Malgré de solides avances concurrentielles et « l’accord multifibres (AMF-GATT) » (suivi en 1995 jusqu’en 2005-2008 par un accord de l’OMC) la compétitivité, l’hyper-concentration de la distribution et les politiques de libéralisation des échanges mondiaux inscrits dans cette dynamique, ont progressivement provoqués des délocalisations de plus en plus brutales et la suppression de plusieurs centaines de milliers d’emplois en France (le secteur en comptait 764 000 en 70, 350 000 en 95, pour moins de 60 000 aujourd’hui). 1 Dominique JACOMET, « Mode, Textile et Mondialisation », p.196-197 2 Dalila Messaoudi « Le territoire français à l'épreuve de la délocalisation des activités industrielles : le cas du secteur textile- habillement », p.8
  • 11. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 11 Peu à peu donc, les délocalisations de la production se sont opérées au profit de clusters d’ateliers spécialisés notamment en Asie et particulièrement en Chine (plus des ¾ des importations de l’UE en 2012 provenaient du quatuor Chine-Inde-Bangladesh-Pakistan). « La Chine a créé plus de 9 millions d’emplois industriels entre 1992 et 2010 suivie par le Mexique et le Brésil »2 . Plus récemment encore, après les pays émergeants, ce sont les pays les plus pauvres du monde comme l’Ethiopie qui captent une part du marché productif. Et ce, bien entendu pour des raisons de coûts de la main d’œuvre (une couturière éthiopienne coûte 20 euros quand une chinoise en coûte 200 et une européenne 2000 par mois). Mais il semblerait aussi, pour des raisons de délais… « Les pays producteurs s’inscrivent dans un cycle historique de spécialisation-déspécialisation, en fonction de leurs avantages concurrentiels. Il convient de distinguer les pays qui ne possèdent qu’une activité embryonnaire de transformation des fibres (le coton), de ceux qui ne produisent de manière substantielle que du textile ou des vêtements. D’autre offrent une filière qui peut être dans une phase de croissance, de maturité ou de déclin. Enfin, il existe des pays dans lesquels la fabrication a disparu et dominent les activités de conception, de marketing, de logistique et de distribution »3 . 2. Quelques définitions et description de la chaîne de valeur de la filière a) Repères contextuels (Définitions textile, habillement, grande conso...) L'industrie de l'habillement vise toute la confection (prêt-à-porter ou sur mesure), en toutes matières (cuir, tissu, étoffes à maille, etc.), de tous vêtements (dessus/dessous, hommes/femmes/enfants, travail/ville/loisirs) et accessoires (INSEE). L'industrie textile englobe l'ensemble des activités de conception, de fabrication et commercialisation des textiles et donc, entre autres, celle de l'habillement. Cette industrie compte de très nombreux métiers tout au long d'une chaîne de valeur composée des fabricants de tissus, de produits finis et de distributeurs, qui transforment des matières premières fibreuses en des produits semi-ouvrés ou entièrement manufacturés. Les fabricants de fibres naturelles et synthétiques interviennent en amont, et donc en dehors de cette chaîne. Les produits textiles sont pour l'essentiel des biens de consommation. Les vêtements de prêt-à- porter représentent une partie importante de ce secteur. Attention, les frontières et statistiques sont parfois floues dans la mesure où certains industriels de l’habillement intègrent une grande partie de la filière textile lorsque dans le même temps certains se « limitent » à la commercialisation. La filière textile recouvre ainsi la préparation et la fabrication des fibres naturelles (laine, coton, soie, lin, jute...) et artificielles (synthétiques ou cellulosiques), la filature, le tissage et la fabrication d’étoffes à maille ainsi que de certains articles à maille tricotés en forme 3 Dominique Jacomet, « Mode, Textile et Mondialisation », p.75
  • 12. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 12 (chaussettes, chandails). Elle regroupe également la réalisation d’articles pour la maison (linge de maison, tapis et moquettes) et l’ennoblissement qui apporte la touche finale à ces différents produits en aval ou en amont de la filière. Ce secteur fabrique donc essentiellement des produits intermédiaires tels que des tissus pour l’habillement, l’ameublement, des textiles à usage industriel et médical mais aussi quelques produits semi-finis ou finis. « Les industries du textile et de l’habillement sont imbriquées mais alors que les vêtements sont entièrement faits de textile, moins de la moitié de la production textile est transformée en vêtements… L’industrie de l’habillement, souvent dénommée confection, fabrique un produit fini, le vêtement, exclusivement à partir des tissus que lui fournissent les entreprises textiles. Toutefois en France, la fabrication des articles chaussants, pull-overs et articles similaires (bonneterie) relèvent de l’industrie textile, bien qu’il s’agisse aussi de vêtements ; les autres articles en mailles (sous-vêtements) étant classés depuis 1993 avec l’habillement. Aussi pour définir avec précision le champ de ces industries, il convient de se référer aux nomenclatures de produits établies au niveau national et international »4 . Si l’habillement semble une division du textile, l’habillement peut à l’inverse intégrer verticalement la partie du secteur textile qui constitue son « sourcing » principal, et qui lui- même source chez les producteurs de fibres naturelles ou synthétiques. Les frontières semblent discutables et malléables… b) Made In France (Définition communautaire) Aux termes de l'article 24 du Code des douanes communautaires "Une marchandise dans la production de laquelle sont intervenus deux ou plusieurs pays, est originaire du pays où a eu lieu la dernière transformation ou ouvraison substantielle, économiquement justifiée, effectuée dans une entreprise équipée à cet effet et ayant abouti à la fabrication d'un produit nouveau ou représentant un stade de fabrication important. " Cette définition laisse une grande part de subjectivité et de liberté dans l’évaluation de l’origine du produit. La Commission Européenne semble très « permissive » et limite la répression des fraudes par les douanes domestiques. Cette situation peu claire est sans doute à l’origine de la création de multiples labels « Made In France » qui s’appuient aussi sur des interprétations différentes. c) La relocalisation (Définition) La relocalisation se définit au sens strict et au sens large. Au sens strict, c’est le retour dans le pays d’origine d’unités productives, d’assemblage ou de montage, antérieurement délocalisées sous diverses formes dans les pays à faibles coûts salariaux. Au sens large, la relocalisation peut se définir comme le ralentissement du processus de délocalisation vers les pays à bas salaires, c’est-à-dire la remise en cause des choix de délocalisation ou la non-délocalisation dans les secteurs sensibles à la compétition par les coûts (Mouhoud E.M., 2011). 4 Dominique JACOMET, « Mode, Textile et Mondialisation », Encadré 0.1 p4 + Cf. nomenclature INSEE Industrie textile, habillement, cuir et chaussure
  • 14. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 14 valeur selon M. Porter. Chacune des couleurs des activités support (horizontales en-dessous) et principales (verticales au-dessus) permettent de retrouver sur le diagramme des flux des activités correspondantes. Comme nous l’avons évoqué précédemment, la filière est très verticale et plus ou moins intégrée chez les uns et les autres. Certaines entreprises n’intègrent donc qu’un nombre limité de ces étapes génériques. Ainsi, les bulles bleues sont externalisables tandis que les rouges font partie du cœur de métier minimal sine qua non de toutes entreprises. Les bulles blanches quant à elles, sont nécessairement externes à l’entreprise. Les flux physiques et les processus sont matérialisés par des flèches noires tandis que les flux du système d’information sont matérialisés par des flèches bleues. Les étoiles symbolisent des ressources considérées comme clés par des entreprises leaders sur le secteur. e) Structure concurrentielle de l’industrie (Forces de Porter) (1) Concurrents directs : Le secteur du prêt-à-porter est mature et plutôt concentré. Fortement concurrentiel, il comporte de nombreux acteurs « dominants » de taille importante. Le groupe Inditex (ZARA-Espagne) est N° 1 sur le marché de détail en Europe devant H&M (Suède) et se partagent tous deux de l’ordre de 20% du marché chacun. Suivent Primark (Irlande), PVH et M&S. Ces trois derniers se partagent chacun plus de 10% du marché. De l’ordre de 70% du marché européen est donc entre les mains de 5 groupes. La concurrence intra-sectorielle est féroce pour maintenir ou consolider ses parts de marché, notamment via une pression sur les prix de vente et le renouvellement fréquent des saisons. Note sectorielle de cette force : 10/10 (2) Entrants potentiels : La menace de nouveaux entrants est faible car les barrières à l’entrée sont nombreuses : marché très saturé en faible croissance, notoriété des grands groupes élevée (barrière commerciale), investissements lourds (barrière financière), largeur et fraicheur de gamme, saisonnalité, … Note sectorielle de cette force : 1/10 (3) Fournisseurs : Faible pouvoir de négociation des fournisseurs, les fournisseurs sont généralement des entreprises de PED qui sont contraintes d’accepter les prix imposés par les Grandes Enseignes, d’autant plus contraints que le groupe est puissant. Néanmoins ce choix stratégique est lié au coût de la main d’œuvre et impose des coûts cachés et des délais importants. Note sectorielle de cette force : 8/10
  • 15. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 15 (4) Clients et distributeurs : Les clients sont des individus isolés, de telle sorte qu’ils ont peu de pouvoir de négociation. Néanmoins, la pression concurrentielle est telle qu’indirectement, les consommateurs tirent les prix vers le bas. S’il s’agit parfois de vente directe sans intermédiaire (ZARA), l’industrie est majoritairement structurée avec un réseau de détail qui a tendance à multiplier les prix par 2. Note sectorielle de cette force : 10/10 (5) Produits substituts : Le cycle de vie du produit « habillement » semble durablement mature et peu évolutif. La menace de voir fleurir un nouveau type de produit d’habillement apparaît assez abstraite. Note sectorielle de cette force : 0/10 (6) Etat : Le marché est globalisé et uniformisé. Les réglementations sur le libre échange sont permissives. Note sectorielle de cette force : 2/10 (7) Diagramme & Analyse Figure 2 : Forces de Porter Les principales forces sont intenses, donc le degré de liberté et la marge de manœuvre des entreprises en présence sont faibles. L’enjeu pour le MIF est de taille. Dans ce mémoire nous allons précisément découvrir et déterminer les éléments stratégiques qui permettraient de maitriser les facteurs clés de succès pour amplifier le phénomène du MIF, et notamment, réorganiser la supply chain et le réseau de distribution afin de mieux répondre aux attentes des clients que les concurrents pour s’en différencier.
  • 16. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 16 3. Les pionniers du mouvement MIF dans le prêt-à-porter a) Un mouvement qui fait parler de plus en plus de lui De nos jours, nous entendons parler de plus en plus souvent de production et consommation locale. Depuis 2012, une chronique quotidienne intitulée "Made in France" dans l'émission "Midi en France" est diffusée sur France 3 et TV5 Monde. En 2014, Canal+ a diffusé "Made in France, l'année où j'ai vécu 100% Français ", documentaire dans lequel Benjamin Carle, journaliste de 25 ans, a décidé de vivre pendant 1 an 100% Made in France". Il a également écrit un livre sorti en 2015 intitulé "Mon année Made in France". D’ailleurs, la base de données Factiva a recensé près de 3 000 articles de presse qui s’en sont fait l’écho en 2013, alors que seule une centaine le faisait dix ans plus tôt. Soit 30 fois plus ! Graphique 1 : Citations de l’expression « Made in France » dans la presse française entre 1997 et 2013 Dans ce contexte, il est intéressant de voir fleurir des initiatives telles que l’entreprise « 1083 » (dans la Drôme), qui relocalise la fabrication (à plus de 85% en France) de jeans et de chaussures à moins de 1083 km de chez nous. Cette initiative n’est pas isolée. Des marques comme Tricolore, Tuff’s, Plus de Pulls et Remade in France, fabriquent des vêtements 100% Made in France à base de coton et de laine recyclés à partir de vêtements usagés. Nous pouvons également citer pêle-mêle quelques exemples : Storks (polos, t-shirts, chaussettes Alsaciennes), Version Française (Polos et chemises sur mesure à Châlon/Saône), French Appeal (Jeans sexy à Paris), La Révolution Textile, Galucebo ou encore les costumes Smuggler, chers à l’ex-ministre de l’économie… A titre d’illustration justement, Arnaud Montebourg, ancien Ministre de l'Économie, du Redressement productif et du Numérique, a fait du MIF son cheval de bataille. Il a mené une campagne politico-médiatique très remarquée sur le sujet. Après avoir prôné la démondialisation, le ministre a tenu des discours volontaristes sur la nécessité de consommer du
  • 17. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 17 « Made in France » et sur les réussites innovantes françaises. « Une ambition de redynamisation du tissu industriel qu'il a tenté d'insuffler à la tête de son ministère du redressement productif. L'ancien avocat a d'abord réalisé un travail de communication à destination des consommateurs, en posant en marinière à la une du Parisien Magazine, où il exprimait la volonté de mettre en place des rayons de produits français dans les supermarchés, puis en réalisant une vidéo sur le « génie » industriel français, en écrivant un livre intitulé « La Bataille du « Made in France », etc. Enfin Monsieur Montebourg a annoncé la mise en place de trente-quatre plans destinés à relancer l'industrie française, en la positionnant sur des secteurs innovants5 ». b) Une filière qui s’organise et se développe Au-delà des opérations de communication et des ambitions politiques des un ou des autres, ces projets laissent-ils vraiment augurer un nouveau souffle pour l'habillement « Made in France » ? Comme évoqué dans le chapitre précédant, l’industrie de l’habillement est en permanente évolution. Elle a suivi le rythme des révolutions industrielles qui se sont succédées à un rythme de plus en plus rapproché. Elle a fait évoluer continuellement son organisation pour accroitre sa productivité ; de la production manufacturière de masse du début du 20ème siècle jusqu’à la première vague d’automatisation et le premier choc pétrolier des années 70 qui ont déclenchés les séries de délocalisations de production dans des pays à bas coût de main d’œuvre. Chaque évolution trouvant ses limites, désormais, la quatrième révolution industrielle est en marche. Après les grandes vagues de délocalisations, la tendance aujourd’hui semble s’inverser et les initiatives de relocalisations se multiplient. C’est ainsi que fleurissent et s’étoffent peu à peu des salons qui témoignent concrètement de cette dynamique des marchés. Spécifiquement, la 5ème édition de MIF Expo a eu lieu en Novembre dernier Porte de Versailles à Paris. MIF Expo réunit chaque année de plus en plus d’exposants et de visiteurs (450 et 55 000 respectivement). Ce salon fait la promotion des savoir- faire d’entreprises de toutes tailles et de tous secteurs qui ont fait le choix du Made in France. De son côté, Première Vision (réunion de tisseurs Lyonnais depuis 1973), qui organise depuis 1984 à Paris Nord Villepinte l’événement mondial des professionnels de la filière mode, a repris à sa charge en 2014 le salon Made In France Première Vision. Le groupe ouvrira en avril 2017, la 15ème édition de ce salon des savoir-faire français de la filière. Il présentera la cartographie complète de l’industrie mode et textile hexagonale aux créateurs et aux directeurs de collections en quête de solutions textiles et matières, de techniques de fabrication et de confection, ou encore de services production, pour le vêtement et les accessoires de mode haut de gamme. Le graphique ci-après représente l’intérêt pour le Made in France vis-à-vis de la dynamique de cette industrie, en comparant la fréquentation du salon MIF Expo à son nombre d’exposants. Nous observons que l’évolution de l’un par rapport à l’autre est colinéaire et que le nombre d’exposants et de visiteurs a été multiplié par cinq en cinq ans. 5 http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/07/11/arnaud-montebourg-des-paroles-pour-quels- actes_4455655_4355770.html, visitée le 07/11/2016
  • 19. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 19 B. Pourquoi existe-t-il cette tendance du MIF ? À l’origine de cette tendance, un écosystème en mutation 1. Un contexte favorable pour les relocalisations a) Le contexte social Les Français se montrent particulièrement pessimistes vis-à-vis de la situation économique du pays. En 2014, seul 21% de la population pense que son niveau de vie a progressé depuis 10 ans et 96% pense que le niveau de vie de l’ensemble des Français a baissé sur cette période (source CREDOC). De plus, 34% du revenu des ménages est aujourd’hui consacré aux dépenses dites « contraintes » (logement, téléphone, internet, énergie). Ainsi, la récession, qui touche tous les pays d’Europe, pousse les consommateurs non seulement à réduire leurs dépenses mais aussi à favoriser in fine le MIF. En effet, les délocalisations massives dès les années 1970 et l’automatisation de la production (1 million d’emplois perdus entre 1960-2010 dans le secteur textile-habillement) contribuent à la perception par le grand public de l’augmentation du chômage. Dans la conscience collective, les délocalisations ont toujours été associées à la quête de main d’œuvre bon marché et à l’affaiblissement durable du bassin d’emploi local. Elles sont donc, dans les esprits, synonymes de chômage et de paupérisation des classes moyennes. Dans un élan de solidarité avec les salariés et les entreprises les plus exposées à la compétition mondiale, la majorité des Français portent un regard critique sur la mondialisation. Graphique 3 : La perception de la mondialisation aux yeux des individus La tendance baissière et/ou atone du pouvoir d’achat est largement ressentie comme une conséquence de la mondialisation et ce sentiment est partagé par un grand nombre de nos compatriotes depuis de nombreuses années.
  • 20. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 20 Graphique 4 : L’évolution du pouvoir d’achat en France D’autres indicateurs composites comme l’indice de progrès véritable (IPV) ou indice de bien-être durable (IBED) vont au-delà de la seule considération économique du PIB. Ils y additionnent les bénéfices non-marchand des activités humaines et y retranchent les consommations de ressources et les dégradations sur l’environnement. Ces indices convergent avec les constats sur le pouvoir d’achat faits ci-dessus : ils décrochent globalement de la croissance du PIB à la même période. Concrètement, les chiffres de la consommation vont dans le sens de cette perception collective. Nous pouvons constater, dans l’habillement en particulier, que la consommation des ménages baisse franchement depuis la fin des années 80, avec des origines qui semblent se situer dès le milieu des années 70. Graphique 5 : Consommation finale effective Industrie de l’habillement par ménage base 2010
  • 21. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 21 Ces tendances accréditent dans la conscience collective l’intérêt de relocaliser. Le MIF apparaît en effet pour la majorité silencieuse comme un remède à ces dégradations, un remède susceptible d’inverser la tendance sur les emplois et le pouvoir d’achat. Ainsi dans les faits, une personne sur deux en 2014 déclare privilégier les produits MIF et globalement, près de deux tiers privilégient des produits industriels fabriqués en Europe. Graphique 6 : Quel produit industriel privilégiez-vous ? De fait, dans ce contexte de crise, faire des économies et acheter plus intelligemment devient une nécessité pour de plus en plus de ménages. Ainsi, ces derniers réduisent la quantité des produits achetés, ou, le plus souvent, leur qualité en achetant des produits low-cost « type asiatique » réputés pour avoir une durée de vie limitée. Dans ce dernier cas, ces produits doivent très vite être remplacés. De ce fait le coût de revient global à moyen/long terme vis-à-vis d’un produit de meilleure qualité fabriqué en France est défavorable pour ces consommateurs. Là encore le MIF semble en mesure d’apporter une réponse crédible en ce qui concerne la qualité.
  • 22. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 22 Graphique 7 : Comparaison de la qualité des produits fabriqués hors d’Europe et en France Au-delà du désir de réaliser des économies et d’acheter des produits de qualité, les consommateurs accordent de plus en plus d’importance à l’impact social, éthique et environnemental de leurs achats. Le scandale en avril 2013 de Dacca, la capitale du Bangladesh, illustre l’impact des délocalisations en termes de condition de travail. En effet l’effondrement du Rana Plaza qui abritait plusieurs ateliers de confection travaillant pour de grandes marques internationales de vêtements, a provoqué la mort de 1138 ouvriers et blessé plus de 2000 autres. Depuis, le Fashion Revolution Day6 est célébré, chaque année à la date anniversaire de la tragédie dans plus de 70 pays. L’initiative #whomademyclothes, ("Qui a fabriqué mes vêtements") a ainsi pour but de souligner le coût de la mode et les dysfonctionnements de l'industrie. La créatrice de mode militante Carry Somers souhaite ainsi inciter les marques de vêtements à avoir une approche plus éthique, transparente et plus durable. b) Le contexte environnemental D’après les sondages7 , les européens jugent que l’impact environnemental fait partie des deux facteurs les plus influents sur leur qualité de vie, et ce, très logiquement après les facteurs économiques, mais de manière plus surprenante, devant les facteurs sociaux. 6 http://fashionrevolution.org/country/france/, visitée le 07/11/2016 7 « Attitudes des citoyens européens vis-à-vis de l’environnement », Eurobaromètre Spécial 295/Vague 68.2 – TNS Opinion & Social, http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/ebs/ebs_295_sum_fr.pdf, visitée le 07/11/2016
  • 23. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 23 Graphique 8 : Dans quelle mesure les facteurs suivants influencent-ils votre qualité de vie ? Donc, pour s’adapter à cette tendance environnementale, les entreprises doivent proposer des produits conciliants avec l’environnement à chaque étape de leur conception et de leur fabrication, et ce, quand bien même elles ne partageraient pas ces considérations avec la même conviction. Aujourd’hui, promouvoir le comportement responsable et éthique est devenu néanmoins la norme plutôt qu’une initiative isolée de certains militants. Le scandale dit du « DieselGate » illustre l’importance de l’impact que peuvent revêtir les considérations environnementales y compris auprès des firmes les plus puissantes, en faisant subir à Volkswagen des pertes considérables évaluées à ce jour à 15 milliards de dollars. (1) L’épuisement des ressources Ces exigences sont d’abord liées aux ressources qui se raréfient exponentiellement. Aujourd’hui, l’humanité consomme au moins 30% de ressources de plus que ce qui est renouvelé naturellement par la Terre. Pire, il ne s’agit là que d’une moyenne : si chaque être humain consommait comme un occidental, il faudrait de cinq à huit planètes pour subvenir aux besoins de la population mondiale. Pour prévenir la raréfaction des matières premières (même renouvelables), l’Institut Robert-Schuman propose d’utiliser le principe des 4 « R » : Réduire, Remplacer, Réutiliser, Recycler. L’exemple d’utilisation de l’eau : « ...il faut 25 m3 d’eau pour produire les 250 gr de coton nécessaires à la fabrication d’un tee-shirt8 ». Dans les PED il n’existe pas de réglementation pour réduire l’utilisation d’eau par les industries et donc il n’y a pas de moyens pour contrôler la quantité consommée et observer l’impact sur l’environnement. 8 http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/02/28/le-monde-de-l-industrie-n-anticipe-pas-assez-la-rarefaction-de-l- eau_1161622_3244.html, visité le 07/11/2016
  • 24. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 24 L’exemple du cycle de vie d’un jeans : Le jeans est l'un des vêtements les plus vendu au monde (90Million/an en France). C’est environ 600 grammes de coton et quelques rivets et boutons en métal qui peuvent parcourir une fois et demi le tour de la Terre avant d’arriver en France. Pour la culture intensive du coton, comme en Ouzbékistan, les champs sont irrigués et aspergés d’engrais et de pesticides. Ensuite, les balles peuvent être filées en Turquie, à grand renfort d’électricité fossile (97%).Pour la teinture, comme en Bulgarie, de grandes quantités d’eau et de substances chimiques sont rejetées sans épuration. La toile peut ensuite être tissée à Taïwan et enfin, le jeans sera assemblé, sans grand respect pour le travail des ouvriers, puis décoloré ou usé au moyen de produits chimiques et d’énergie en Tunisie. Particulièrement gourmand en eau et énergie pour son entretien, il terminera sa vie le plus souvent incinéré. C’est donc de l’ordre d’un kilo de coton richement ennobli qui est détruit en France par an et par personne en provenance des jeans uniquement. Figure 3 : Le Jeans à travers le Monde selon l'ADEME
  • 25. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 25 (2) Coût du transport et de l’énergie. Aujourd’hui, le prix du pétrole est extrêmement volatile et spéculatif, sans lien direct avec la raréfaction de cette ressource. Il parait indiscutable qu’il faut beaucoup moins d’énergie pour transporter les matières premières et les marchandises localement plutôt que de faire plusieurs tours du monde en bateau ou en avion. Même si les gains effectués grâce à la main d’œuvre à bas coût couvrent encore les surcoûts de transport, l’écart se réduit avec la baisse de compétitivité relative des pays asiatiques. Surtout, le surcoût du transport ne s’analyse pas uniquement par le coût unitaire. Il faut également intégrer la fréquence et le mode de transport utilisé. En effet, dans l’industrie de l’habillement d’aujourd’hui, on observe une tendance forte à multiplier considérablement le nombre de collections par an et à s’adapter le plus possible à la demande. Or cette dernière n’est pas constante, mais très fluctuante en fonction de facteurs multiples comme la mode ou la météo. Pour proposer des produits au plus juste des attentes en quasi temps réel, le producteur doit produire de plus petites séries et maîtriser sa chaine de valeur avec une plus grande réactivité (la logistique en particulier). Dans ce cas, il va de fait multiplier les transports et les réassorts au plus juste, ce qui impose un nombre de rotations plus important et le recours plus fréquent à l’avion qui est un mode de transport beaucoup plus onéreux et plus polluant. (3) Impact écologique global du transport de fret Les échanges sur les marchés internationaux ont augmenté de 30 fois environ depuis 1950 et devraient encore selon l’OCDE être quadruplés d’ici 2050. L'International Transport Forum (ITF) estime que le fret international est aujourd'hui à l'origine de 30 % des émissions de CO2 générées par la combustion du carburant utilisé pour le transport et globalement de plus de 7 % des émissions mondiales. D'après l'organisation des pays de l'OCDE dédiée au transport, "l'impact à long terme du commerce mondial sur les émissions de CO2 a été largement ignoré9 ". Selon l’agence internationale de l’énergie, les transports sont le deuxième émetteur mondial de CO2 avec plus de 6.600 millions de tonnes en 200710 . Les exemples précédents illustrent la position privilégiée du MIF pour répondre avantageusement aux attentes environnementales. En effet, au-delà de la proximité qui permet de réduire les transports et leurs impacts (consommation d’énergie, émissions de CO2), le MIF permet également de contrôler les moyens utilisés tout au long du processus de fabrication pour s’assurer de leur conformité aux exigences légales sur l’impact environnemental. En outre, de plus en plus d’entrepreneurs devancent les exigences légales en mettant au point les procédés innovants plus respectueux de l’environnement. C’est le cas, par exemple, du recyclage de vêtements usagés (laine, jeans) qui permet de réintroduire la fibre ainsi récupérée dans le cycle de production de vêtements neufs. 9 http://www.lantenne.com/Les-emissions-de-CO2-du-transport-de-fret-multipliees-par-4-d-ici-2050_a28243.html , visité le 24/08/2016 10 http://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/logistique-transport-marchandises/impacts-environnementaux- transports-marchandises.php4 , visité le 24/08/2016
  • 26. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 26 c) Le contexte politico-légal (1) Environnement - RSE Les obligations créées par les législateurs peuvent, elles aussi, favoriser le retour du MIF. C’est le cas des lois environnementales, comme nous l’avons évoqué précédemment. « En 1972 est adopté le 1er Programme d’action pour l’environnement. Depuis lors, de très nombreux actes communautaires ont été adoptés (80% de la législation française en matière d’environnement est d’origine communautaire) … Enfin, le traité de Lisbonne ajoute un nouvel objectif à la politique de l’Union dans le domaine de l’environnement avec la "promotion, sur le plan international, de mesures destinées à faire face aux problèmes régionaux ou planétaires de l’environnement, et en particulier la lutte contre le changement climatique" (article 191 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE))11 ». Par ailleurs, depuis 2010, le Grenelle 2 de l’environnement impose aux grandes entreprises une publication transparente dans leurs rapports de gestion en matière sociale, environnementale et sociétale. Ces publications doivent être vérifiées par un organisme tiers accrédité. De même, la norme ISO 26000 définit la RSE pour la rendre applicable à tout type d’organisation. Si son application reste volontaire à ce jour, les entreprises qui l’appliquent peuvent obtenir les labels Afnor, Lucie, ou B-corp. Ainsi, dans une étude publiée en 2016 par France Stratégie, la RSE améliorerait de 13% la performance économique des entreprises (étude réalisée auprès de 8500 entreprises de plus de 10 salariés). Au-delà de la performance discutable de la RSE, les règlementations nationales s’appliquant à toutes les entreprises, notamment le code du travail et les accords de branches. Elles assurent indiscutablement aux salariés des conditions de travail favorables au MIF en réponse aux excès des multinationales dans les pays à bas coûts. Cet avantage comparatif est de plus en plus perçu et apprécié du consommateur final. (2) Libéralisation douanière et protectionnisme Le Traité Transatlantique de Libre Echange entre l’UE et l’Amérique du Nord pourrait avoir des impacts importants sur le MIF. Son objectif est de libéraliser le plus possible le commerce entre les deux côtés de l’Atlantique. Il ambitionne aussi d’uniformiser les normes, en réduisant les droits de douane et les « barrières réglementaires », c’est-à-dire les différences de réglementations qui empêchent l’Europe et les Etats-Unis de s’échanger tous leurs produits et services, et qui génèrent des coûts supplémentaires. De nombreuses critiques ont émergées de l’opinion public dues à l’opacité des négociations et la mainmise des lobbys industriels et financiers sur ce dernier qui pourrait porter atteinte à la souveraineté des peuples en stigmatisant une mondialisation galopante inquiétante. Ces traités apparaissent pour ses détracteurs comme une menace pour nos démocraties, susceptible d’affaiblir nos normes sociales et environnementales. Face au chômage et au risque du 11 Les politiques environnementale et climatique de l’Union européenne, http://www.rpfrance.eu/les-politiques- environnementale-et , visité le 24/08/2016
  • 27. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 27 déclassement, les Européens ont tendance à se tourner vers leur Etat-nation traditionnel, plutôt que vers l'Europe. La tendance serait donc aux "protectionnismes sans frontières". Dans le même ordre d’idée, François Fillon, candidat à la présidence de la république, propose dans son programme une hausse de 2% du taux de TVA au profit de l’allègement de la fiscalité des entreprises françaises et de la baisse significative des cotisations sociales pesant sur le travail. Cette hausse pénaliserait mécaniquement les produits d’importation face au MIF. (3) Politique d’aides publiques Les politiques publiques en direction des entreprises espèrent des « effets de fixation sur le territoire » en favorisant l’investissement, l’innovation, le soutien à la formation... Au-delà de la simplification et la stabilisation de l’environnement réglementaire, administratif et fiscal, voici quelques unes des aides en vigueur, inscrites dans le pacte pour la croissance, la compétitivité et l’emploi, susceptibles de renforcer le retour ou le maintien du MIF. Le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (ou CICE), 20 milliards d'euros par an. Ce crédit d'impôt est équivalent à 4% de la masse salariale de l'entreprise (hors salaires supérieurs à 2,5 fois le SMIC). Les entreprises doivent utiliser le CICE pour investir, embaucher ou conquérir de nouveaux marchés et ne doivent pas l'utiliser pour augmenter les salaires des dirigeants ou les dividendes des actionnaires. Le Crédit d'Impôt Recherche (CIR), est une incitation et un soutien à l’innovation par une réduction d’impôt calculée sur la base des dépenses de R&D engagées par les entreprises. Il est déductible de l’impôt sur le revenu ou sur les sociétés dû par les entreprises au titre de l’année où les dépenses ont été engagées (5,6 milliards d'euros en 2013). La Banque publique d'investissement (BPI), vise un accès amélioré à des financements performants et de proximité avec une nouvelle garantie publique permettant d’apporter plus de 500 M€ de trésorerie aux PME et l’établissement d’un plan d’action pour lutter contre l’allongement des délais de paiement. L’Aide à la réindustrialisation, gérée par le ministère chargé de l’industrie en partenariat avec le CGET est un dispositif de soutien à l’investissement qui s’adresse aux entreprises dont le projet d’investissement industriel contribue par son ampleur et son potentiel économique à la réindustrialisation de la France et à la création d’emplois. Ce dispositif a permis d’accompagner 95 projets depuis son lancement en juillet 2010. Soutien à l’investissement industriel productif. Les investissements industriels réalisés entre le 15 avril 2015 et le 15 avril 2017 peuvent bénéficier d’un amortissement supplémentaire exceptionnel de 40 % du prix de revient de l’investissement. Cet amortissement serait réparti sur la durée normale d’utilisation des biens concernés. d) Le contexte économique (1) Déficit commercial chronique & dette publique Le solde commercial de la France est négatif depuis 2004, cela signifie qu’elle importe plus de marchandises et services qu’elle n’en exporte. En 2014, la France abandonnait 58,4Mds€ de déficit commercial, soit en valeur, l’équivalent de 2,5% de son PIB. Les importations pour
  • 28. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 28 l’industrie du textile-habillement en France sont estimée à 16 milliards d’euros 2015, leurs contributions au déficit serait donc de l’ordre de 1/3 du déficit commercial global de la France ! Graphique 9 : Exportations, importations et solde commercial depuis 2005 Par ailleurs, le paiement des seuls intérêts de la dette a coûté à la France 46,1Mds€ en 2014. En première approche la somme de la dette publique et du déficit commercial diminuent d’autant la capacité de la France à investir, faire croître son PIB ou encore de créer des emplois. Qui plus est, les politiques de relance de la consommation vers des produits dont l’essentiel est importé, semblent amplifier ce phénomène. La faible croissance quant à elle, qui est le seul moyen, avec la création monétaire et l'impôt, de continuer à vivre à crédit, ne nous permet pas de cultiver l’espoir de pouvoir rembourser une dette accumulée depuis 40 ans (qui avoisine 100% du PIB). Cette conjoncture pèse de plus en plus lourd et incite un grand nombre de citoyens à souhaiter réduire le déficit commercial par les relocalisations. Graphique 10 : Evolution du déficit public en France depuis 1959
  • 29. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 29 (2) Dilatation des marges et globalisation La concurrence mondiale est devenue asymétrique et source d’inégalités de part et d’autre. En effet, comme nous l’avons vu précédemment, dans leur recherche de compétitivité, les entreprises, de plus en plus multinationales, ont procédé à des délocalisations vers des pays dont le principal avantage compétitif est la faiblesse ou l’inexistence de leurs normes sociales et environnementales. Ce faisant, ces derniers sont maintenus dans une précarité relative, et par ailleurs, les emplois à bas salaire délocalisés ne sont pas systématiquement compensés par les mécanismes de rééquilibrage au niveau macro-économique local. Ceci s’explique par la dilatation des marges, le « nomadisme » international autorisé par la globalisation, ainsi que par la financiarisation du capital au niveau mondial. En effet, le plus souvent, les gains de production obtenus dans le pays à bas coûts ne sont pas répercutés sur le prix du produit final réimporté dans le pays d’origine : un jeans fabriqué en Ethiopie ou en Tunisie par exemple, sera vendu en France comme s’il avait été fabriqué dans l’Hexagone (prix de vente similaire pour 1083 ou Tuff vs Levi’s ou Diesel). Graphique 11 : Baisse de la production domestique vs. augmentation des marges De plus, une partie non négligeable de ces compagnies ne sont ni patriotes ni nationales. Elles profitent largement des effets d’aubaine pour transférer/maintenir une part significative de leurs marges là où la fiscalité est la plus accueillante (détournement des profits avec les prix de transfert, Cf. Google Tax). L’exemple ci-dessous (Figure 4) représente la contribution à l’économie française de la vente d’une chemise fabriquée en France vis-à-vis d’une chemise fabriquée à l’étranger dont les 2/3 de la valeur échappe à l’économie locale.
  • 30. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 30 Figure 4 : Comparaison de la contribution d’une chemise à l’économie française en fonction de sa provenance Enfin, la valeur ainsi réintégrée est préférentiellement redistribuée le plus souvent à un capital diffus dans le monde entier. Cet actionnariat avide et opportuniste est très éloigné d’un modèle patriarcal plus éthique inscrit dans le temps long, modèle largement dominant en Allemagne par exemple. La conjonction de ces phénomènes pourrait pour partie être un déterminant du déficit commercial précité. Là encore, ce contexte renforce naturellement les appétences pour le MIF. (3) Les coûts cachés Les coûts cachés ne sont pas toujours anticipés par l’entreprise, mais ils peuvent impacter considérablement la rentabilité de la structure délocalisée. Une mauvaise estimation des coûts et des risques liés aux délocalisations peut conduire in fine à la relocalisation, ce qui se produit de plus en plus fréquemment aujourd’hui dans diverses industries. La main d’œuvre bon marché : L’un des arguments synonymes d’attractivité salariale de la main d’œuvre dans les PED est la protection et les charges sociales faibles ou inexistantes. La contrepartie est la quasi absence de formations. Ces qualifications insuffisantes entrainent l’augmentation des contrôles de qualité ainsi que des efforts permanents de formations qui imposent tous deux des coûts supplémentaires. Le Turn over des salariés : Les ouvriers des PED sont très sensibles aux variations des salaires et peuvent facilement quitter une entreprise pour une autre, qui propose un salaire même quelques centimes plus élevé. Cette volatilité des ouvriers entraine également une perte de qualification considérable pour l’entreprise.
  • 31. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 31 Selon le cabinet de conseil ATKearney, les coûts cachés, liés à la délocalisation, peuvent représenter de 15% à 60% du total des gains de l’entreprise délocalisée. Ainsi, lorsque les coûts cachés dépassent les économies liées aux avantages comparatifs, alors la délocalisation devient difficilement justifiable. (4) Perte de compétitivité du sourcing asiatique De plus, nous assistons au début de la fin de l’eldorado Chinois et la naissance d’un concurrent. Dans le contexte où le coût de la main d’œuvre chinoise a augmenté, bénéficiant ces dernières années de son statut d’atelier du monde de prédilection pour les industries occidentales, nous avons vu que les donneurs d’ordres Européens recherchent aujourd’hui de nouvelles alternatives auprès des pays les plus pauvres comme en Afrique. D’une certaine manière il semble que l’industrie occidentale a contribué à l’augmentation du niveau de vie des Chinois. Une certaine forme de rééquilibrage de la richesse qui leur ferait implicitement perdre en compétitivité. « Cette situation incite d’ailleurs bon nombre de confectionneurs Chinois à délocaliser leur production de vêtements bas-moyen de gamme vers des pays moins chers comme le Cambodge »12 . Ainsi, si les délocalisations vers les pays les plus pauvres ont probablement encore de beaux jours devant elles, le système montre d’ores et déjà ses limites. En dehors de toutes considérations sociales et environnementales, bien entendu, cette course effrénée au moins cher du moins cher est mécaniquement plafonnée par des facteurs comme la qualité mais aussi, on le voit bien, le moins cher ne peut pas l’être durablement ! De plus, il faut considérer le fait que le transport maritime par conteneurs impose des délais longs de plus d’un mois (47 jours via Suez), une autre limite du système est mise en perspective : celle du cycle de vie du produit et du juste à temps. Le « Time to market » devient de plus en plus court. Certaines enseignes font aujourd’hui jusqu'à 10 collections par an. e) Le contexte technologique Depuis la première révolution industrielle, l’industrie textile est très mécanisée. En effet, la filature, le tissage ou encore l’ennoblissement ou la teinture sont des industries de volume propice à l’automatisation. Seule la confection demeure aujourd’hui encore très gourmande en main d’œuvre. Ce qui explique probablement pourquoi les technologies en amont de la confection se sont banalisées et ont été délocalisées au plus près de la main d’œuvre qui confectionne, et ce, malgré la faible intensité propre en main d’œuvre de la filière amont. En effet, puisque les coûts et délais du transport ne sont pas neutres, pourquoi continuer à fabriquer du tissu en France, même de manière automatisée, s’il est ensuite envoyé en Chine, au Bengladesh ou en Ethiopie pour être découpé et assemblé ? Il n’y a donc pas de barrière technologique qui semble résister à la globalisation. Paradoxalement, ce contexte favorable aux délocalisations, malgré la haute technicité, redevient peu à peu favorable aux relocalisations dans un écosystème dont les équilibres évoluent. En effet, parmi les contreparties des délocalisations, il y a la multiplication des intermédiaires 12 Jean François Limantour, Rapport CEDITH, Octobre 2013, p.14
  • 32. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 32 chargés de la coordination, de la distribution et de la commercialisation qui captent l’essentiel de la valeur. Car en effet, dans le prêt-à-porter globalisé, moins de 10% du prix de vente final est consacré à la fabrication. De ce fait, les technologies de coordinations et de distribution deviennent un élément clé de la compétitivité. (1) Internet et les circuits courts de distribution Dans le cas des jeans « traditionnels » de grandes marques, moins de 8% du prix final TTC concerne en général la fabrication. La distribution jusqu’au client semble l’inducteur de coût principal. De son côté, 1083 s’est contenté de réduire la part de la distribution de 28% en court- circuitant le réseau de distribution habituel via le web. Donc en économisant sur la distribution et probablement en étant moins gourmand ! Ainsi il peut consacrer une part plus importante de la valeur pour rémunérer des entreprises et des emplois productifs en France. Figure 5 : Comparaison du businness model (Structure des coûts) entre 1083 et un Jeans de marque De là, nous pouvons pressentir que les nouvelles technologies de production en flux tirés, internet, l’automatisation/robotisation, et globalement la supply chain dans son ensemble, puissent être un axe essentiel de la problématique de la relocalisation en France. Travailler sur cet axe devrait permettre de réduire les délais, la distance et les intermédiaires entre le client et le lieu de production, ainsi que la complexité de la coordination entre tous les intermédiaires associés aux coûts des stocks. (2) L’exemple d’Amazon Pour illustrer notre propos, nous pouvons nous appuyer sur l’exemple d’Amazon Prime Now H+1 qui interpelle. En effet, depuis juillet 2016 (depuis fin 2014 à New York), l’américain menace directement le circuit de distribution alimentaire « traditionnel » en livrant aux Parisiens des produits frais en moins d’une heure pour 6 euros (gratuitement en moins de 2 heures) ! En tout
  • 33. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 33 état de cause, cet exemple emblématique démontre que rien n’est plus constant que le changement, en particulier, grâce à la technologie. Cette dernière apporte en permanence de nouvelles solutions dans la compétition mondiale dictée par une supposée tyrannie de l’impatience du consommateur. Et, par là même, cet exemple illustre combien les modèles traditionnels doivent être repensés et ajustés en permanence aux contextes des nouvelles technologies susceptibles de redistribuer les cartes rapidement. D’ailleurs les chiffres démontrent que si le commerce traditionnel affiche une croissance atone (+1,1% en 2014), le e- commerce, lui, affiche une croissance à deux chiffres en France (+11,5% en 2014, +14,3% en 201513 ). (3) Intégration des « high-tech » Volontairement, je n’approfondirai pas les domaines médiatiques des « high-tech » : impression 3d, smart-textiles, fibretronique connectés ou autres applications médicales. Il faudrait raisonnablement analyser chaque application en détail pour espérer en avoir une vision suffisamment objective et pouvoir en mesurer l’impact sur le MIF. De plus, leur couverture dans les tabloïds est le plus souvent irrationnelle et inversement proportionnelle à la réalité des marchés. Nous pouvons facilement comprendre que l’enjeu de la presse est de faire sensation en offrant une vision souvent optimiste pour vendre du papier, cependant, il y a objectivement peu de chance de découvrir un véritable secret industriel à potentiel à la une de son quotidien préféré. Ces effets d’annonce me semblent assez hypothétiques (généralement au stade de la recherche fondamentale) et leurs applications concrètes demeurent incertaines et/ou lointaines (pour mémoire : la technologie internet s’est par exemple diffusée lentement pour devenir banale et universelle). Ils ne pourraient le cas échéant ne concerner dans un premier temps que des niches spécialisées relativement circonscrites (marchés fragmentés en différentiation à moyen terme). Or le prêt-à-porter est un marché de volume sur le prix très inertiel et néophobe. Néanmoins, le contexte technologique pourrait également représenter à moyen-long terme un facteur en devenir favorable aux relocalisations. Il permet de faire évoluer peu à peu les règles de la compétitivité en explorant de nouveaux débouchés ou business model innovants comme c’est le cas par exemple avec le recyclage de vêtements usagés. 13 http://www.zdnet.fr/actualites/chiffres-cles-l-e-commerce-en-france-39381111.htm, visitée le 07/11/2016
  • 35. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 35 2. Offre : Les modèles classiques de la chaîne de valeur Dans cette partie, nous découvrirons l’organisation de la proposition de valeur pour les clients. Nous analyserons les forces et les fragilités des modèles actuels des chaînes de valeur et les limites du principe de délocalisation qui n’est peut-être pas la seule réponse possible aux attentes du marché. Après ce panorama complet de l’environnement favorable au MIF, il semble en effet essentiel d’observer les modèles des entreprises dominantes, afin de découvrir leurs forces et leurs faiblesses. En effet, ces dernières sont le terreau fertile en opportunités pour le Made in France. a) La domination par les coûts Rappelons que le cœur de notre sujet concerne le prêt-à-porter MIF. L’Europe est le plus grand marché de l’habillement mondial. Il s’agit d’un marché mature global aux modes uniformisées ou l’offre est surabondante et donc la pression concurrentielle maximale. C’est donc une industrie de volume guidée par une stratégie de domination par les coûts ou les possibilités de différentiation sont limitées dans un segment donné. En effet, plus la part de marché est importante, plus le volume de la production augmente. Ce qui entraîne une baisse des coûts par économies d’échelle et effets d’expérience. Donc, plus les volumes augmentent, plus les investissements deviennent rentables. Ainsi l’entreprise de prêt-à-porter qui souhaite perdurer dans cet environnement très convoité et dominés par des marques puissantes, en préservant à la fois sa compétitivité et la rentabilité de ses capitaux investis, semble ne pas avoir d’autre choix que de mettre en place une stratégie offensive de conquête visant à maximiser ses parts de marché, le tout, si possible, à l’échelle mondiale. b) « Make or buy » Les entreprises basent de ce fait la structure de leur chaîne de valeur sur une décision stratégique organisationnelle appelée « make or buy ». Celles qui délocalisent leur production sont en grande majorité orientée vers le « buy ». Autrement dit, il s’agit pour elles d’une stratégie d’externalisation des activités principales de production et/ou de distribution. L’objectif de cette stratégie est de réduire les capitaux engagés dans l’outil productif en se concentrant sur les activités jugées prioritaires telles que le marketing, la R&D, ... En effet, une activité de production est très consommatrice en capitaux propres (usines, machines, ...). Ces capitaux peuvent être transférés de manière concentrée pour conquérir des marchés, et ce, d’autant plus que l’augmentation de chiffre d’affaires impose l’augmentation du besoin financier de l’exploitation (BFR). Ce besoin en capital s’additionnerait à des investissements supplémentaires en capacité de production. Or, ces besoins financiers sont mécaniquement limités lorsque la production est sous-traitée et permettent davantage de croissance pour un investissement similaire (c’est le sous-traitant qui investit dans l’outil de production).
  • 36. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 36 Le fait que la fabrication d’un jeans de marque traditionnel représente moins de 8% du prix de vente final, illustre parfaitement le fait que la production est devenue pour ces entreprises une activité annexe, du même ordre de grandeur que le transport (4%). Les contreparties de cette stratégie que nous développerons plus loin sont : la perte de maîtrise du processus de production, les risques liés aux sous-traitants étrangers (qualité, compétence de la main d’œuvre, infrastructures, distance géographique, etc.), l’empilage des marges, l’uniformisation de la mode, les coûts de transport et frais de coordination... Parfois même, les bénéficiaires des choix d’externalisation, comme l’entreprise chinoise Fang Brothers (spécialiste pour de grands donneurs d’ordres), rachètent des marques de vêtements pour compléter leur intégration verticale. c) Les différentes variantes de chaînes de valeurs traditionnelles Il existe différentes variantes de cette stratégie impactant la structure de chaîne de valeur : avec ou sans distribution, avec une partie de production, sans production, ... Nous observons qu’il n’existe pas de règle universelle pour ce choix stratégique. (1) Sans production ni distribution de détail Certaines marques ont choisi de se concentrer sur la création, le marketing et la logistique, en externalisant toute leur production (produits complètement en négoce) et en passant par des tiers pour la distribution. Ralph Lauren, Tommy Hilfiger, Nike, Adidas. (2) Sans production, avec distribution de détail Le géant Suédois H&M sous-traite toute sa fabrication en Europe et en Asie (80%), mais il a intégré dans sa chaîne de valeur ses propres points de distribution. (3) Une partie de production, sans distribution. La marque Italienne United Colours of Benetton a choisi de maîtriser sa production, sans s’engager dans la distribution. Pour cette tâche elle choisit des détaillants exclusifs. (4) Toute la chaîne ZARA a fait le choix d’intégration verticale pour être plus réactif et flexible que ses concurrents. 80% des collections sont fabriquées en Europe dont 60% en Espagne. Elle contrôle toutes les phases de sa chaîne : de la teinture des tissus, jusqu’à la distribution. L’intégration verticale permet à ZARA de s’adapter à la demande du client en maîtrisant parfaitement le temps14 . d) Stratégie de sourcing En matière de délocalisation, la stratégie de sourcing est un levier très important. Il faut préciser qu’il existe 2 grands types d’externalisation : le sourcing proche de type communautaire ou avoisinant, et le sourcing lointain... Ce levier permet de mieux maîtriser les coûts d’approvisionnement, mais aussi de dynamiser l’offre (délais) et de fidéliser les consommateurs. 14 http://www.journaldunet.com/economie/face-a-face/zara-hm/organisation.shtml, visitée le 08/11/2016
  • 37. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 37 Le prix de revient reflète en effet tous les coûts induits par le bassin de sourcing. Ce prix comprend bien entendu le prix d’achat payé au fournisseur qui dépend en grande partie du coût de la main d’œuvre. Mais il faut aussi comptabiliser les coûts indirects d’acquisition que sont les frais dits annexes ou frais d’approche qui ne sont pas toujours imputables à un produit donné. Ils comprennent non seulement les droits de douanes, les frais de transports, de relivraisons (du port à l’entreposage), mais aussi d’éventuelles pénalités (surestaries de délais de chargement- déchargement…). (1) Sourcing lointain Le coût de la main d’œuvre en bassin lointain est généralement plus faible et plus attractif. Il en résulte une marge brute nettement plus intéressante. Cependant le fait que les salaires en Chine augmentent, et qu’elle-même commence à délocaliser, relativise cet avantage. De plus, le sourcing lointain conduit de facto à des délais d’approvisionnement plus longs, ce qui implique des commandes précoces. Cela nécessite également de s’engager sur des volumes importants fondés sur des prévisions de ventes qui comportent toujours un aléa quant à la certitude de les écouler entièrement (soldes) ou du risque de rupture de stocks. Le sourcing lointain comporte donc des contraintes de rigidité liées aux engagements de volumes qui entraînent une moindre réactivité/flexibilité en cours de saison. Il est enfin exposé à plus d’aléas opérationnels, monétaires voire géopolitiques. (2) Sourcing proche Un sourcing proche (Europe, Méditerranée) permet par contre de s’approvisionner plus rapidement et plus régulièrement. Cela permet une plus grande souplesse de réapprovisionnement et de réduire le risque de rupture ou de surstock. En contrepartie, la main d’œuvre dans les pays sous-traitants comme Europe de l’Est ou Maghreb est plus chère qu’au Bangladesh, par exemple. S’approvisionner plus souvent signifie aussi des transports plus fréquents, ce qui peut représenter un coût à ne pas négliger bien que la distance soit plus faible. Le prix à payer pour la souplesse de ce choix stratégique semble globalement caractérisé par des marges brutes unitaires plus faibles. Mais du fait que le plus souvent les échanges sont faits en Euro, les risques de changes sont minimisés. e) Le rôle-clef de planification économique Comme nous venons de le voir, il existe une interdépendance forte entre le lieu géographique de production et de sourcing et la planification des ventes. Le multi-sourcing (qui consiste à s’approvisionner auprès de plusieurs fournisseurs) permet en partie de répondre à des besoins de sécurisation ou de souplesse des approvisionnements vis-à-vis d’une saisonnalité toujours plus complexe. Ainsi, un produit très pérenne (reconduit d’une saison/année sur l’autre dans le meilleur des cas) pourra avantageusement faire l’objet d’un sourcing lointain. C’est le cas des produits peu sensibles aux modes dit « de fond de catalogue » qui ne présentent que peu d’incertitude en termes de prévisions de vente (comme par exemple des sous-vêtements masculins). En revanche, pour un produit sujet aux tendances, plus saisonnier, voire éphémère, un sourcing proche est à privilégier. C’est notamment ici que le Made In France peut (re)-trouver tout son intérêt. La proximité permet une supply chain plus rapide et plus efficiente en apportant de la nouveauté aux clients. L’offre devient plus attractive, capable de réagir à un comportement imprévu des consommateurs ou même encore de la météo.
  • 38. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 38 f) L’importance de la coordination drivée par le SI Maitriser la chaîne de valeur c’est également maîtriser l’interconnexion et la synchronisation de tous ses maillons, en particulier lorsqu’ils sont nombreux. La coordination des acteurs de la chaîne est susceptible de consommer une grande partie de la valeur produite et de ralentir les délais. C’est un poste de charge de plus en plus conséquent, souvent sous-estimé et difficilement imputable à un produit en particulier. Souvenons-nous que seuls 12% de la valeur est consacrée à la production et au transport ! Nous avons déjà symbolisé la complexité des flux d’informations dans la chaîne de valeur générique de la filière (Figure 1). L’objectif ici n’est pas d’entrer dans le détail de chaque ramification, mais bien de mettre en perspective la nature de plus en plus complexe et raffinée des systèmes d’informations. Il semble reposer sur ces derniers une part croissante de la création de valeur et ils sont devenus peu à peu essentiels à la survie de chaque entreprise. En effet, ces systèmes permettent de coordonner finement les différents acteurs dans les délais les plus brefs, ainsi que de s’adapter en permanence au rythme effréné des évolutions dictées par le marché, et ce tant au niveau des produits que des procédés. En effet, la mode est de plus dynamique et impose son rythme. Aujourd’hui, les marques produisent jusqu’à 10 collections par an et les modèles de production évoluent rapidement. La longueur des séries et les stocks sont limités au plus juste, en volume comme dans le temps. La multiplication des intermédiaires de natures très différentes complexifie davantage encore le système et alourdit les coûts. Une entreprise moderne, qu’elle délocalise ou non, se doit donc d’intégrer un système d’information riche et transversal. Il doit permettre de nourrir les données de bout en bout, afin de garantir compétitivité, réactivité et flexibilité, et ce, dans des conditions ou le facteur temps et les signaux faibles sont essentiels à la préservation de son avantage concurrentiel. Ainsi la parfaite maîtrise des SI et de la coordination des différents acteurs est devenue un facteur clé de succès (FCS) prépondérant pour les marques de prêt-à-porter. La diversité des stratégies employées à ce jour, que nous avons évoquées ci-dessus, démontre qu’il n’existe pas de « recette universelle » pour préserver et renforcer son avantage concurrentiel. Néanmoins, le modèle « hybride tout intégré » de ZARA démontre une efficacité particulièrement redoutable. Il nous suggère que l’intégration verticale, le sourcing proche et le contrôle avancé à toutes les phases sont des outils décisifs pour la réactivité à la demande alors que le sourcing lointain et l’hétérogénéité des intermédiaires devrait être limités au strict minimum. Sous cet angle, il semble donc exister un argument considérable qui milite pour les relocalisations en France du prêt-à-porter. Pour confirmer ces hypothèses, nous explorerons en détails dans la prochaine partie ce modèle qui pourrait peut-être nous conduire vers une opportunité sérieuse pour un canal significatif de vêtements relocalisés en France ?
  • 39. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 39 3. Demande : La satisfaction des attentes clients Quels que soient les modèles d’organisations et les stratégies retenues par les entreprises, il est souhaitable de garder à l’esprit que toute activité économique n’a de raison d’être que dans la satisfaction de son client. En effet, une entreprise qui perd ses clients ne survit pas plus qu’une entreprise qui perd sa rentabilité ! La mode est par définition toujours en mouvement : elle représente les goûts du moment qui dépendent de phénomènes imprévisibles et irrationnels comme la tendance imposée par certains leaders d’opinions ou encore même parfois la météo. Cette incertitude permanente et exigeante impose aux acteurs réactivité, agilité et une maîtrise extrêmement fine de la chaine de valeur (e.g. distribution, production, chaîne logistique transcontinentale, risques de change). Dans ce contexte, le risque de stock invendu est majeur. L’expérience client est donc essentielle (valeur perçue / confort / bien-être / accessibilité / satisfaction d’égo / effet de meute) avec un vêtement qui au-delà de la fonction d’utilité, est devenu essentiellement un marqueur social d’apparat et de démarcation. Comprendre ses clients, c’est comprendre leurs comportements d’achat. Comprendre ce qui les pousse à agir ! Cette compréhension est la source d’avantage concurrentiel. Elle doit permettre de construire une proposition de valeur attractive permettant de convaincre et de fidéliser. En un mot, de satisfaire les attentes de ses clients. Or la nature humaine est complexe, versatile et duale, partagée sans cesse entre son profit immédiat et l’anticipation raisonnable d’un avenir incertain et par nature effrayant. En effet, c’est pour préserver sa famille et son bétail du froid et des prédateurs que le paysan construit une ferme. Et c’est aussi dans l’espoir de la récolte aux beaux jours qu’il sème et qu’il investit une partie du fruit de son travail passé. Mais s’il envisage l’avenir et tente de le prévoir ou de l’influencer, c’est avant tout pour nourrir sa famille ici et maintenant ! L’homme moderne n’échappe pas à ces mécanismes contradictoires entre l’avenir et le présent, entre la satisfaction du besoin ou de l’envie immédiate vis-à-vis de l’anticipation raisonnable et raisonnée de l’avenir. Ainsi, après la seconde guerre mondiale, l’élévation du niveau de la vie donna une part plus grande dans les budgets à la consommation discrétionnaire. Les vêtements furent alors choisis selon d’autres critères qu’en milieu rural. Ces critères n’étaient plus seulement qualitatifs mais sont devenus de plus en plus subjectifs et sensibles. Ils dépassaient désormais, pour le plus grand nombre, le primitif « besoin d’avoir qui protège » afin de satisfaire une nécessité. Brusquement, ils s’étaient déplacés en masse vers « le besoin d’être et de paraître qui distingue de ses semblables » et qui symbolise la place que l’on occupe dans la société (ou que l’on revendique) (Dominique Jacomet, « Mode, Textile et Mondialisation »). Ce sont donc les mêmes mécanismes qui sont à l’œuvre dans le domaine du prêt-à-porter, entre nos achats spontanés de T-shirts « sexy » à 5 euros, confectionnés par une éthiopienne mineure, et « l’investissement » dans une chemise sur mesure « Made in France ». Dès lors, le prix bas serait plutôt synonyme d’un bénéfice à court terme alors que la qualité représenterait plutôt un bénéfice et une expérience de qualité attendus à long terme.
  • 40. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 40 a) La « qualité française » Selon l’IFOP (Institut Français d’Opinion Publique), pour 95% des consommateurs, acheter des produits fabriqués localement, représente un acte citoyen qui contribue au profit de l’industrie et de l’économie nationale. Comme nous l’avons vu, l’achat devient un acte social, qui sauve ou même crée des emplois en France. Plus encore, malgré le contexte économique morose, en 2014, 61% des consommateurs français déclarent être prêts à dépenser au minimum 5% plus cher pour acquérir un produit d’origine française. Ils n’étaient que 39% à le penser en 1997. Ainsi, selon ces déclarations d’intention, lorsqu’il est question de choisir un produit, les consommateurs représentatifs de la population française disent privilégier la « qualité française » (valeur perçue) plus encore qu’auparavant au prix ou à la quantité. Le Prix n’est donc pas le seul critère. Les clients s’interrogent de plus en plus sur la provenance d’un produit acheté, d’où viennent les matières premières, quelles sont les conditions de fabrication et de travail des ouvriers (respect des normes sociales)15 . Graphique 12 : La hausse du consentement à payer plus le MIF depuis 1997 Mais dans les faits combien sont-ils vraiment à passer à l’acte ? Il existe en effet, un rapport complexe entre le prix, la qualité et la valeur perçue par le client. b) Comprendre la valeur perçue Dans le langage courant, la qualité tend à désigner ce qui rend quelque chose supérieure à la moyenne. En ce sens elle s’apparente à la valeur perçue. Mais pour certains, la qualité première d’un article peut-être celle d’être de bon marché... Ainsi, la qualité est un mot-valise qui conduit à l’évaluation du produit par le client en fonction d’un certain nombre de critères de jugement plus ou moins objectifs et personnels. Ces critères d’attractivité concernent en premier lieu les attributs du vêtement (utilité, mode, matière, style, finition, coupe, origine, compétitivité, 15 Sondage IFOP « Les français et le Made in France - vague 2 » (31/01/2013)
  • 41. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 41 proximité, prix ...) mais également la relation client avec l’entreprise, ou encore l’image de la marque et sa réputation. D’ailleurs, selon la norme ISO 9000, la qualité est l'aptitude d'un produit ou d'un service à satisfaire les exigences. Cette définition confirme le lien direct entre la qualité (ou valeur perçue) et la satisfaction des attentes clients. Il conviendrait donc de pouvoir lister et pondérer chacun des critères évalués par le client pour être en mesure de concevoir une offre optimale. Cependant, il existe pour chacun d’entre nous une subtile grille d’évaluation plus ou moins complexe, consciente et évolutive, dans laquelle chacun des critères possède une importance qui nous est propre. Par exemple, les attentes éthiques à long terme (client responsable, consomm’acteur de MIF) ne sont, bien entendu, qu’une des composantes de cette grille d’évaluation qui sera plus ou moins (ou pas) importante suivant la sensibilité et la culture de l’individu ou encore les normes sociales. c) Les critères d’évaluations les plus influents Néanmoins, si comme nous l’avons vu, les critères qui permettent d’évaluer la qualité d’un produit sont très variables d’un individu à l’autre, il est fort probable qu’ils soient très similaires sur un même segment de marché (adressant donc une même famille de clients). D’ailleurs, selon l’étude du CREDOC sur l’attachement des français au MIF, les critères (déclarés) qui influencent le plus leurs achats sont basés à 70% sur la qualité et le prix. Les trois autres critères les plus cités sont les services, l’origine du produit et la marque. Les autres critères représentent moins de 1% des réponses. Graphique 13 : Critères Influants les achats de produits industriels (total des réponses égales à 200 - en%) Cette étude indique que le rapport qualité/prix est de loin le plus influent. Or, à « qualité » égale, le rapport qualité/prix d’un produit fabriqué en France serait défavorable dès lors que son prix
  • 42. PRÊT-A-PORTER MADE IN FRANCE Quels Facteurs pourraient amplifier la dynamique des relocalisations ? Alyona CHARLES - MEMOIRE EXECUTIVE ESC 2015-2016 42 serait supérieur à un produit équivalent fabriqué à l’étranger. Dit autrement, selon nos estimations, le rapport qualité/prix est approximativement inversement proportionnel au prix (graphique 14). Graphique 14 : Evolution de la qualité/prix selon le prix à qualité stable (évolution Q/P en fonction de P en %) Bien que le contexte soit favorable (qualité perçue meilleure), le retour du MIF reste à ce jour encore à la marge. C’est donc qu’il existe une grande différence entre les intentions et les actes. Nous en déduisons que malgré le consentement déclaré à payer plus cher, la réalité tend à démontrer que l’arbitrage s’effectue in fine sur le prix qui tire la qualité/prix Made in France vers le bas en faveur des produits importés. d) Hypothèse De ce fait, nous formulons l’hypothèse que s’il est possible de vendre à « qualités/attributs » similaires, des produits de prêt-à-porter MIF au même prix que les produits délocalisés, le MIF sera compétitif. Il devrait être privilégié par la majorité des consommateurs français et amplifier ainsi le phénomène Made in France dans la mesure où le pays de fabrication représente plus de 10% dans sa décision d’achat et que, comme nous l’avons vu sur le Graphique 7, la qualité est perçue meilleure à 60% ou équivalente à 33% pour le MIF. Finalement, la principale difficulté semble donc être de concevoir une offre MIF compétitive et donc d’agir sur les leviers qui permettent de réorganiser la chaîne et les inducteurs de coûts, afin de proposer une offre plus attractive. e) Lien avec le marketing mix (pull vs push) Le prix et la valeur perçue (qualité/prix) semblent être les facteurs les plus influents. Cependant, il existe un troisième facteur lui aussi très influent mais aussi très sensible et interdépendant des deux premiers. Il est lié à la perception et l’existence même de l’offre pour le client. En effet, il ne suffit pas de savoir-faire en France au juste prix et avec la bonne qualité, pour atteindre les