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« Proximités - Sciences du Langage »
Collection dirigée par Philippe Blanchet
Directeur de la collection : Philippe Blanchet (Université Rennes 2,
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Comité de concertation : Monica Heller (Université de Toronto, Ca-
nada), Leila Messaoudi (Université de Kénitra, Maroc), Khaoula Taleb
Ibrahimi (Université d’Alger 2, Algérie), Michel Francard (Université
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Claude Tatilon (Université York de Toronto, Canada)
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Pour la Belgique :
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Langue française et plurilinguisme dans
la formation universitaire et l’insertion
professionnelle des diplômés marocains
en sciences et technologies
E.M.E.
55
Sommaire
Ph. BLANCHET et L. MESSAOUDI 7
Introduction : une problématique sociolinguistique et
didactique aigüe au croisement d’usages plurilingues
L. MESSAOUDI 13
Contexte sociolinguistique du Maroc
H. EL AMRANI 39
Enquêtes quantitatives sur les diplômés (scientifiques)
marocains, sur les emplois dans les secteurs
correspondants, sur les taux d’insertion au Maroc
R. BELHAJ 53
Le français : une langue au service du management
J.-M. ELOY 65
Terminologie et technolecte : un cadrage anthropo-
sociolinguistique.
L. MESSAOUDI 77
Technolectes savants, technolectes ordinaires : quelles
différences ?
Études de terrain (enquêtes et résultats)
M. Y. SIBENALI 91
Langue française et insertion professionnelle : le cas du
technolecte bancaire au Maroc
6 6
I. GHOUMMID 123
Enquête dans le secteur des assurances
M. BENAMEUR 139
Quelle place occupe la langue française dans le
recrutement et dans les communications professionnelles
des entreprises privées de Kénitra ?
M. HAOUZA 155
Le français dans la formation professionnelle
M. HAOUZA 167
Le français dans la production industrielle
E. SANDADI 179
Langue Française et Insertion Professionnelle : Les
Diplômés Scientifiques au Maroc et en France, le cas du
corps paramédical
M. HAIDAR 203
Le français et l’insertion professionnelle : l’exemple du
secteur automobile
H. MZIOUD 219
Enquête auprès d’enseignants universitaires
I. GHOUMMID 231
Enseignement et usages du français à l’université
marocaine
Le cas de la filière « Economie et gestion »
Conclusions : perspectives didactiques
M. HAIDAR 247
Propositions pour l’enseignement du français à
l’université marocaine à destination des étudiants de la
filière « Sciences de la Vie, de la Terre et de l’Univers »
Bibliographie générale 267
1313
Contextesociolinguistiquedu
Maroc
Leila MESSAOUDI
Laboratoire Langage et société-URAC56
FLSH- Université Ibn Tofail - Kénitra
L’on compte plusieurs présentations de la situation
linguistique marocaine (Voir par exemple Boukous (1979)
El Gherbi (1993). Nous ne souhaitons pas avoir à répéter
le schéma, désormais classique, qui consiste à répertorier
les variétés linguistiques, en présence, sur le territoire.
A cet égard, nous avons eu recours à une
conceptualisation qui s'appuie sur les paramètres
suivants: le statut juridique (de jure) et le statut de fait
(de facto). A la lumière des éléments observés, nous
établirons une fiche et nous en présenterons un
commentaire.
1. Fiche identificatoire de la situation linguistique
marocaine
Cette fiche est construite sur les deux statuts qui
caractérisent généralement les faits sociaux et les variétés
linguistiques en sont partie. Ce sont le statut de droit et le
statut de fait.
14 14
1.2. Statut de droit
Un texte de loi (la Constitution) définit le statut de la
langue au Maroc. L’article 5 de la nouvelle Constitution
(juillet 2011) stipule:
Article 5 (2011)
1) L’arabe demeure la langue officielle de l'État. L'État
œuvre à la protection et au développement de la langue
arabe, ainsi qu’à la promotion de son utilisation. De
même, l’amazighe constitue une langue officielle de
l'État, en tant que patrimoine commun à tous les
Marocains sans exception.
2) Une loi organique définit le processus de mise en
œuvre du caractère officiel de cette langue, ainsi que les
modalités de son intégration dans l’enseignement et aux
domaines prioritaires de la vie publique, et ce afin de lui
permettre de remplir à terme sa fonction de langue
officielle.
3) L’État œuvre à la préservation du Hassani, en tant que
partie intégrante de l’identité culturelle marocaine unie,
ainsi qu’à la protection des expressions culturelles et des
parlers pratiqués au Maroc. De même, il veille à la
cohérence de la politique linguistique et culturelle
nationale et à l’apprentissage et la maîtrise des langues
étrangères les plus utilisées dans le monde, en tant
qu’outils de communication, d’intégration et
d’interaction avec la société du savoir, et d’ouverture sur
les différentes cultures et sur les civilisations
contemporaines.
4) Il est créé un Conseil national des langues et de la
culture marocaine, chargé notamment de la protection et
du développement des langues arabe et amazighe et des
diverses expressions culturelles marocaines, qui
constituent un patrimoine authentique et une source
d’inspiration contemporaine. Il regroupe l’ensemble des
institutions concernées par ces domaines. Une loi
organique en détermine les attributions, la composition et
les modalités de fonctionnement.
1515
La langue arabe a un statut officiel. De toute évidence, il
s'agit du niveau standard de l'arabe et nous le
désignerons dans ce texte par Arabe Standard (AS) ou par
la langue arabe, sans adjectif. Nous n'entrerons pas dans le
détail des registres stylistiques (fusha, classique, littéral,
littéraire, liturgique, etc.).
* Version remaniée de l’article («) L’aménagement
linguistique au Maroc (») (V. Bibliographie)
Fait récent, l’officialisation de l’Amazighe sera mise en
œuvre à partir d’une loi organique (cf. Supra, alinéa 2)
1.2. Statut de fait
Domaine juridique :
On peut se demander dans quelle(s) langue(s) sont
rédigés les lois, les décrets et le bulletin officiel.
C'est la langue arabe qui est utilisée. Notons toutefois que
le B.O. comporte deux versions: l'une en arabe et l'autre
en français.
Domaine de l'enseignement:
Dans le pré-scolaire, dans les écoles coraniques, c'est la
langue arabe seule qui est utilisée; dans les institutions
privées, c'est soit le bilinguisme arabe-français; soit le
français seul. Dans le premier cycle du primaire, c'est la
langue arabe qui est langue d'enseignement.
Dans le second cycle primaire, la langue arabe est langue
d'enseignement. La langue française est une matière
d'enseignement.
Dans le secondaire, la langue arabe est langue
d'enseignement. La langue française est une matière
d'enseignement.
Dans l'enseignement des sciences humaines et sociales,
c'est la langue arabe qui est langue d'enseignement
(sociologie, histoire et géographie, psychologie, etc.).
16 16
Dans l'enseignement des sciences juridiques et
économiques, c'est la langue arabe qui est en principe la
langue d'enseignement, mais il existe aussi des sections
en langue française. Ex. section de l'économie.
Dans l'enseignement supérieur, pour l'enseignement des
sciences exactes et naturelles, dans l'enseignement
agricole, dans l'enseignement de la médecine et de la
pharmacie, dans l'enseignement professionnel et
technique, c'est la langue française exclusivement qui est
utilisée, après avoir été une matière d'enseignement tout
au long du secondaire.
La langue admise pour la soutenance des thèses et des
mémoires est la langue de travail liée au domaine
d'activité ou de recherche. Le français au Département de
langue et littérature françaises, l'arabe au Département de
langue et littérature arabes, etc. Toutefois, le français est
exclusivement employé dans les facultés de médecine, de
pharmacie, les écoles d'ingénieurs, l'agronomie, etc. Seul ,
un résumé est exigé en langue arabe.
Domaine administratif :
La circulaire (décembre 1999) du Premier ministre
rappelle l'usage obligatoire de l'arabe dans les
correspondances, tout en autorisant l'usage d'une langue
étrangère pour des raisons techniques.
Les activités des ministères sont conduites selon les
secteurs, en arabe, en français ou les deux.
Le ministère de la justice dont les documents sont
entièrement arabisés, fonctionne en arabe à l'écrit mais en
arabe marocain dans les pratiques orales.
Dans les tribunaux les sentences sont toujours
prononcées en arabe standard, les plaidoiries sont
menées souvent en arabe standard mais aussi en arabe
dialectal ou traduites si besoin est, en amazighe (A).
Les ministères de l'Education, de l'Enseignement
supérieur, de la Santé, de l'Agriculture, des Finances, des
Affaires étrangères, etc. dont les documents
1717
administratifs sont entièrement arabisés, conduisent
leurs activités en arabe standard à l'écrit mais en français
dans les domaines techniques et spécialisés et le plus
souvent, en arabe marocain dans les pratiques orales.
Domaine économique :
La publicité commerciale est rédigée en arabe standard,
et/ou en français, parfois en arabe marocain.
L'affichage public est en arabe standard et en français.
Les enseignes sont en arabe standard, et/ou en français,
parfois en arabe marocain, en amazighe ou dans des
mélanges entre ces variétés.
Les communications écrites, entre les employeurs et les
employés du secteur public, se font en arabe standard,
dans les domaines administratifs; et en français, dans les
domaines techniques. Les communications orales se
déroulent en arabe marocain, en français ou les deux en
alternance. Dans les régions amazighophones, les
échanges oraux se font généralement l'un des dialectes,
même au sein des services administratifs.
Dans les entreprises privées, il en va tout autrement
puisque c'est le français qui prévaut dans les
communications écrites entre les employeurs et les
employés. A l'oral, le français est plus facilement utilisé
que l'arabe marocain.
Domaine des mass media :
Les journaux sont rédigés en arabe standard et/ou en
français. La radio émet les nouvelles essentiellement en
arabe standard et pour quelques émissions, en amazighe
dans les trois dialectes, en français, en espagnol et en
anglais. Et elle anime des émissions culturelles en arabe
standard, en français, en arabe marocain et en amazighe.
La transmission des matches de foot se fait en arabe
standard mais aussi en arabe marocain.
La télévision présente les nouvelles essentiellement en
arabe standard et pour quelques séances, en Amazighe
(dans les trois dialectes), en français, en espagnol. Et elle
18 18
anime des émissions culturelles en arabe standard, en
français, en arabe marocain. La transmission des matches
de foot se fait généralement en arabe marocain.
La production cinématographique importée est
généralement diffusée dans la variété d'origine pour les
films égyptiens, libanais et français. Les autres films sont
doublés en français. Récemment, un effort est fourni pour
le doublage en arabe standard.
Domaine de l'édition:
Les œuvres poétiques, les romans, les essais sont publiés
en arabe standard, en français; rarement en arabe
marocain ou en berbère. Les pièces de théâtre sont
présentées généralement en arabe standard ou en arabe
marocain. Les chansons font usage de l'arabe standard,
de l'arabe marocain, de l'amazighe et parfois du français.
Domaine des technolectes:
Les technolectes sont par définition des ensembles
langagiers spécifiques à un domaine d'activité
scientifique ou technique. Ils appartiennent à une variété
linguistique ou à plusieurs. Ils englobent la terminologie
savante (mise au point et normalisée) et populaire
(élaborée de façon spontanée).
Les technolectes sont produits par des acteurs divers,
avec ou sans l'aide du terminologue. Les technolectes des
médecins et des pharmaciens sont très différents de ceux
des chauffeurs ou des menuisiers. Les technolectes du
domaine agricole changent selon le type d'agriculture
mais aussi selon la région. Le technolecte agricole de
Taza et sa région est différent de celui recueilli dans la
plaine de la Chaouia! Les technolectes prolifèrent, sont
en continuelle émergence et ne présentent pas
d'homogénéité, même dans un même secteur. De plus,
les variétés linguistiques qui y sont utilisées ne sont pas
toujours les mêmes. On peut signaler, au passage que le
terme de variétés linguistiques, est un générique qui
englobe les pratiques langagières dans leur ensemble,
sans préjuger de leurs fonctions ou de leur statut. On
1919
peut se demander dans quelles variétés linguistiques sont
produits les documents présentant les instructions
relatives au mode d'emploi d'un médicament ou d'une
machine. L'on constate que les variétés dans lesquelles
sont rédigées les documents qui accompagnant les
produits de consommation (notices des médicaments,
prospectus des machines, etc.) sont soit monolingues (en
français), soit bilingues français-arabe standard. Les
pratiques orales sont tout autres. Par exemple, les
épreuves orales de l'examen du code de la route pour
l'obtention du permis de conduire, se font en arabe
dialectal ou en français arabisé. Ce qui a donné naissance
à un technolecte impressionnant par le taux de mélanges
franco arabes qu'il contient. Les producteurs de ce
technolecte sont généralement peu alphabétisés, et
s'adressent à des apprenants qui sont très souvent des
analphabètes. Ces derniers semblent assimiler ce
technolecte sans difficulté. Mais ce qui est surprenant,
c'est que même les lettrés semblent s'en accommoder. Des
versions, sur cassettes audio, circulent dans les auto-
écoles. D'autres, transcrites en caractère arabes pour les
lettrés (sic!), sont même en vente dans les kiosques.
Domaine de la vie communautaire :
Dans la sphère religieuse, c'est l'arabe et plus précisément
celui des textes de la Charia qui est utilisé. Il est fait
recours parfois à l'arabe marocain lorsqu'il s'agit de
donner des explications.
Dans la vie politique, les discours officiels sont faits en
arabe standard. Les assemblées politiques et syndicales
sont conduites en arabe standard et assez souvent, en
arabe marocain ou dans un mélange des deux. Par
exemple, les interventions orales aux assemblées
parlementaires alternent l'usage de l'arabe standard et de
l'arabe marocain.
Domaine de la vie privée:
Les variétés utilisées dans la vie privée sont tributaires du
lieu d'origine: les locuteurs lettrés ou non, ont toujours
tendance à conserver leur parler maternel. Et même s'ils
20 20
le voulaient, ils ne pourraient se débarrasser de leur
"accent" qui influe même sur les langues qu'ils acquièrent
telles que l'Arabe standard ou le Français.
2. Le parler est souvent un indicateur des lieux de
production.
Un amazighophone peut être un locuteur du tachelhit
émanant de la région du Sous ou du tamazight du Moyen
Atlas ou du tarifit du Rif oriental.
Pour les arabophones, on peut distinguer entre plusieurs
types de parlers:
les parlers arabes citadins et urbains; par exemple le
parler citadin ancien de Rabat comporte des traits
andalous dominants tandis que le nouveau parler urbain
de Rabat se caractérise par la dominance des traits
ruraux des tribus avoisinantes, en particulier des Zaers
(Voir Messaoudi 1996, 2001) ;
Les parlers montagnards, par exemple les parlers des
jbala présentent des points communs avec les parlers
citadins mais s'en distinguent par des traits spécifiques
comme l'affrication (V. Messaoudi, 1996, 2000) et le
spirantisme.
les parlers bédouins; par exemple le parler des Zaers
dans les environs de Rabat (Aguade,1998) et le parler du
Hassania des provinces du Sud, (AL Makari, 2000) qui
présentent des traits hilaliens et maaqiliens.
Après avoir abordé la question des usages linguistiques
en relation avec les domaines, nous reprendrons les
éléments saillants de la fiche identification et ferons un
bref commentaire.
3. Commentaires de la fiche identificatoire
Des éléments semblent se dégager. Nous pourrions les
reporter dans le tableau suivant :
2121
Domaine Usage écrit Usage oral
Juridique AS. (F) AS; ADM
De l'enseignement AS.; F AS; F (ADM)
Administratif AS; F ADM; F, (A)
Economique F, (AS) F, ADM, (A)
Des mass médias AS, F AS, ADM, A, F, E
De l'édition AS, F AS, F, (ADM) (A)
Des technolectes F, AS ADM, F, (A)
De la vie
communautaire
AS AS, ADM. (A)
De la vie privée AS, F ADM, A, (F)
AS= arabe standard, F = français, ADM= arabe dialectal
marocain, A= Amazighe, ( )= usage rare
a. A première vue, les deux variétés, en usage
concurrent à l'écrit, sont la langue arabe et le français. La
langue officielle est souvent employée, au premier plan,
dans les différents domaines retenus - sauf dans les
domaines de l'économie et des technolectes. Dans les
domaines de l'administration, elle est dominante ou
même exclusive. En revanche dans les domaines de
l'enseignement, on est confronté à un hiatus: la langue
officielle, langue d'enseignement pendant tout le cursus
du fondamental et du secondaire, n'est plus utilisée dans
le supérieur que dans les lettres et les quelques branches
juridiques. Elle cède la place au français qui, de matière
d'enseignement dans tout le fondamental et dans le
secondaire (sauf dans les branches de gestion et
économie), se transforme en langue d'enseignement dans
les secteurs scientifiques et techniques. Ce qui ne va pas
sans problème, comment demander à des bacheliers
arabisés de poursuivre leurs études supérieures en
français? C'est diminuer de l'importance du linguistique
22 22
dans le secteur scientifique et le réduire à des formules
mathématiques. Hélas, même les formules et surtout leur
démonstration ont besoin du linguistique et en
particulier de technolectes (lexique et discours)
parfaitement élaborés.
b. A l'oral, les différents domaines connaissent une
grande variation linguistique contrairement à l'écrit.
c. Les secteurs techniques des ministères (Finances,
les travaux publics, agriculture, etc.) fonctionnent en
priorité en français et parfois en bilingue français/arabe
officiel à l'écrit mais aussi en arabe dialectal ou en franco
arabe à l'oral.
d. Le fonctionnement et les modes d'appropriation
des technolectes sont le signe du degré d'intégration de la
modernité et d'assimilation du progrès. Ils méritent à eux
seuls une étude à part. Ils permettent de faire un
diagnostic assez réaliste quant au taux de réussite de
l'arabisation, en particulier à l'oral.
Dans certains secteurs, l'emploi de la langue arabe est
souvent supplanté par les pratiques des locuteurs
(cadres, professions libérales) et opérateurs économiques
qui optent pour la langue française.
Pour résumer, dans les usages institutionnels, à l'écrit et
parfois oral, un bilinguisme fonctionnel arabe – français
se profile. Ce bilinguisme non déclaré est en marche. Peut
être même qu'il est en progression.
e. Dans les échanges informels du domaine de la
vie privée, il semblerait que la relation étroite au terroir et
au parler local soit encore très forte chez les locuteurs.
D'emblée, tout locuteur qui s'énonce s'annonce. Il
renseigne sur lui-même et sur son appartenance sociale
(en priorité géographique). Ceci est valable aussi bien
pour l'amazighophone que pour l'arabophone.
Se situant dans une optique dynamique, il serait
intéressant de pouvoir répertorier quels traits
linguistiques sont associés à quel(s) lieu(x), tout en
partant de l’idée, que dans l’interaction de l’homme avec
2323
son milieu, le locuteur déploie des stratégies afin de
s’adapter à son environnement et accommoder i.e.
réguler son comportement langagier, en fonction de
plusieurs paramètres, parmi lesquels celui de l’espace
dans lequel il se trouve hic et nunc et celui de l’espace
d’origine dont il vient. (Pour les notions
d’accommodation et de régulation linguistique, on peut
se référer à Giles & al. (1991), Moreau (1997) Messaoudi
(1998) et aussi 4. infra). Il est vrai que cette hypothèse
implique en sous-jacence un certain déterminisme qui
consisterait à poser qu’à des lieux donnés correspondent
des comportements linguistiques donnés, accompagnés
d’un point d’ancrage, variant et non figé, de type
territorial et identitaire (Bulot (1999)).
Toutefois, avec la mobilité migratoire, ce phénomène de
reconnaissance et d'identification par le parler tend à
s'atténuer dans les villes qui sont les lieux privilégiés des
mélanges et de l'unification linguistique. Se dégage ainsi
un parler en cours de constitution de type urbain, dont le
prototype serait celui de Casablanca. Il s'agit d'une koiné
dialectale en cours de constitution, qui se présente sous la
forme commune orale de l'arabe marocain.
Pour l'amazighe, les choses semblent différentes dans la
mesure où une koiné ne semble pas s'imposer puisque les
trois usages dialectaux, même s'ils présentent des points
communs, divergent par nombre de traits phonétiques et
lexicaux. Les trois grands blocs dialectaux restent
différenciés et bien délimités territorialement sauf dans
les zones limitrophes et les sphères ou lieux de contacts
(les souks par exemple). Ces trois dialectes sont
territorialisés; c'est-à-dire que si l'on change de zone
géographique on change de parler. Par exemple, si l'on
passe du Moyen Atlas aux montagnes du Rif, l'on passe
du dialecte tamazight au tarifit.
Après avoir présenté à grands traits la situation
linguistique, nous la complèterons par quelques
éléments que nous ferons figurer dans des tableaux
récapitulatifs qui permettront une meilleure visualisation
des différentes fonctions des langues en présence par
24 24
rapport au statut (tableau 1), aux usages écrits et oraux
(tableau 2), aux domaines de l’écrit (tableau 3), aux
locuteurs, aux fonctions et à la situation de la
communication (tableau 4).
4. Tableaux récapitulatifs
Tableau 1
Variétés linguistiques au Maroc
Statuts
Statut de fait (déclaré ou non déclaré)
bénéficiant d’un Processus
d’institutionnalisation
Nom de
la
Variété
linguisti
que
Statut
de droit
(déclaré
dans le
texte de la
Constituti
on du
Royaume)
Statut de
fait
Circulai
res et
décrets
adminis
tratifs
(organi
smes,
circulai
res
ministé
rielles)
Outils
linguistiques
(dictionnaires(1)
et les
grammaires(2),
manuels
scolaires (3))
Langue
arabe*
(=AS)
Officielle
National
e
Oui
+++
1++
+
2+
++
3+
++
Amazig
he (Am)
Officielle
National
e
Oui 1+ 2+ 3+
Arabe
marocai
n
(ADM)
Néant
National
e
Non 0 0 0
Français
F
Néant
Langue
seconde/
Oui
+++
1++
+
2+
++
3+
++
2525
Langue
étrangère
privilégié
e
Espagno
l
E
Néant Langue
étrangère
Non 1 2 3+
Anglais
A
Néant Langue
étrangère
Non 1++ 2+
+
3+
+
AS= arabe standard, F = français, ADM= arabe dialectal
marocain, Am= Amazighe, ()= usage rare
Tableau 2
Usages écrits et oraux
Domaine Usage écrit Usage oral
Juridique AS. (F) AS; ADM
Educatif AS.; F AS; F ; A;
E(Am)
Administratif AS; F ADM; F, (A)
Economique F, (AS) F, ADM, (A)
Des mass médias AS, F AS, ADM, A,
F, E
De l'édition AS, F AS, F, (ADM)
(A)
Des technolectes F, AS ADM, F, (A)
De la vie AS AS, ADM. (A)
26 26
communautaire
De la vie privée AS, F ADM, A, (F)
Lorsqu’une variété apparaît à l’intérieur de parenthèses
(), cela renvoie à un usage rare.
Tableau 3
Domaines d’usage écrit
(Sphère publique)
Domaines
Variétésling.
Enseignement
Public et privé
Supérieur
Préscolaire(privé)
Fondamental
Secondaire
S
H
S
S
T
Administration
Economie
Publicité–Affichage-
Panneaux
Massmedia
AS - + + + - + - + +
Am - + - - - - - - +/-
AD
M
- - - - - - - +/- +/-
F + +/-
+/
-
+/
-
+ + + + +
E - - + - - +/- - - +/-
A + +/- + -
+/
-
+/- - - +/-
2727
Tableau 4
Variétés, locuteurs et fonctions
Variétés
Catégories de
locuteurs
Situations de
communication
1 2 3 4
AS Lettrés
Formelle
(niveau
national,
régional arabe)
- -
-
/
+
+
Am
Natifs
Amazigho
Phones (lettrés
ou non)
Informelle + +
-
/
+
-
ADM
Natifs
Arabophones et
amazighophone
s (lettrés ou
non)
Informelle + +
-
/
+
-
Formelle :
diplomatique
- - + +F
Lettrés
éducative
professionnelle
Quasi natifs Informelle + - + +
E Lettrés
Formelle :
Educative
- -
-
/
+
-
A Lettrés
Formelle :
diplomatique
-
- -
-
/
+
-
/
+
28 28
Educative
1 Ordinaires ; 2 populaires ; 3 utilitaires (technolectes) et
4 élitaires (culture de l’élite)
Après cette présentation succincte, nous mettrons l’accent
sur les fonctions de la langue française au sein du
paysage linguistique marocain vu que la problématique
de cet ouvrage est liée étroitement à la langue française.
5. La langue française dans le paysage linguistique
marocain
5.1. Fonctions de la langue française
Focalisant sur la langue française, une lecture globale des
tableaux présentés ci-dessus permet de dégager les
aspects suivants :
La langue française ne bénéficie pas d’un statut de droit,
à caractère constitutionnel et officiel (tableau 1 ci-
dessus);
Elle bénéficie d’un statut de fait, de par les différents
instruments d’institutionnalisation auxquels elle est
soumise, notamment dans le domaine éducatif (tableau 1)
et nous en traiterons en détails dans le 3e
volet (ici même)
Elle occupe une place importante à l’écrit et à l’oral (v.
tableau 2 ci-dessus) après l’arabe officiel pour les
domaines juridique, éducatif, etc. mais elle occupe la
première place dans les domaines de l’économie et des
technolectes.
Dans la sphère publique, elle est le seul médium pour la
communication écrite dans le domaine de l’économie
(tableau 3).
Elle est la seule langue étrangère à assurer à la fois les
deux fonctions élitaire et utilitaire.
2929
En plus de ces éléments, il convient de souligner la
visibilité de cette langue dans l’espace et dans
l’environnement graphique marocain.
5.2. Visibilité de la langue française dans l’espace
Les personnes visitant le Maroc pour la première fois,
sont frappées par la présence sur le territoire, dès les
frontières et les points de passage, dans les aéroports, les
ports douaniers, etc. de la langue française, aux côtés de
la langue officielle (l’arabe). D’entrée de jeu, le visiteur
est accueilli par un bilinguisme environnant et souvent
rassurant, aux dires des visiteurs non arabophones, qui
retrouvent ainsi, un repère à travers cette double graphie
le caractère latin et la langue française alliés et mis en
communication avec le caractère et la langue arabes.
D’expérience, combien peut être frustrante la sensation
d’étrangéité dans un espace offrant de multiples signes et
graphies complètement opaques et indéchiffrables pour
le non initié. Un sentiment d’abandon et d’isolement peut
envahir la personne même si elle est à la recherche
d’exotisme et de découverte d’autres lieux sous d’autres
cieux.
Au Maroc, une fois franchies les frontières, et allant plus
avant, dans le pays, le visiteur est toujours accompagné
de ce bilinguisme à travers différents supports : les
pancartes pour les noms de rues, les enseignes
commerciales, les panneaux (Abboti (2005)) En milieu
urbain, ce bilinguisme est présent dans pratiquement
tous les quartiers y compris populaires. Toutefois, dans
les quartiers chics ou bien dans les centres d’affaires, à
Casablanca ou à Rabat par exemple, seule la langue
française est utilisée et à l’inverse, dans certains quartiers
populaires, la langue arabe seule est utilisée. Ce
marquage de l’espace par cette alternance de ce
bilinguisme graphique avec un monolinguisme soit arabe
soit français a bercé de nombreuses générations Ainsi,
dans l’imaginaire des uns et des autres, les deux graphies
sont bien ancrées, à différents degrés. Même les
personnes analphabètes seraient en mesure de
30 30
reconnaître l’un ou l’autre caractère dans l’espace visuel à
force d’avoir vécu au sein de ce bi graphisme qu’ils
retrouvent par ailleurs dans les médias, notamment à la
télévision. Ce bilinguisme est devenu tellement familier
aux marocains, qu’ils finissent par ne plus y prêter
attention! Dans les pratiques langagières, les locuteurs
vivent différents degrés de bilinguisme et de
bilingualité (cf Hamers (1984)). En conformité avec les
usages graphiques ambiants, ils alternent les usages et les
mélangent (cf.Aoukli (2006), Khatrane (2006)) .Au-delà de
cette présence constante de la langue française dans
l’environnement graphique et les usages, l’on peut
s’interroger sur la place qu’elle occupe dans le système
éducatif marocain.
6. Place de la langue française dans le système éducatif
marocain.
6.1. Le français à l’école primaire marocaine (cycle de base et
cycle intermédiaire)
Le Cycle de base
La quatrième année du cycle de base (2e année du 1e
cycle du primaire) constitue une classe de première
ouverture sur la langue française. A ce niveau, la priorité
est accordée à l’oral (dialogue, chants, récits, contes,
sketchs, saynètes…)
On amènera progressivement l’élève à :
- S’habituer au système phonologique du français.
- Se familiariser avec le système prosodique.
Par ailleurs, on tiendra compte des trois principes
suivants :
- l’ouverture de l’école sur la réalité extrascolaire.
- La prise en compte de l’univers de l’enfant, en
vue de la valorisation de sa propre culture.
3131
- L’implication de l’apprenant dans les opérations
didactiques liées aux apprentissage.
Le cycle intermédiaire
Deux grandes étapes composent cette phase
d’apprentissage :
1ème et 2ème années : première étape d’acquisition
3ème et 4ème années : étapes de consolidation et de
préparation au collège.
A l’issue de la 4ème année du cycle intermédiaire du
primaire, l’élève doit
être capable de communiquer en français à un degré
élémentaire suffisant ;
être capable de lire à haute voix avec une articulation
phonétique correcte et en saisissant la portée du texte ;
être capable de produire un texte répondant à des
consignes
posséder suffisamment de techniques de travail
(recherche documentaire, mobilisation d’idées, …)
6.2. Enseignement du français dans le secondaire (quatre
dates jalons : 1969- 1974 - 1994 - 2002)
Nous tenterons de présenter une synthèse des
instructions officielles relatives à l’enseignement de la
langue française dans le secondaire, en prenant pour
jalons, quatre dates correspondant à la publication des
instructions et orientations officielles du Ministère de
l’éducation, dans ce domaine : 1969, 1974, 1994 puis 2002
- un premier temps, la période d’après
l’indépendance :
la lecture des instructions permet de constater que
l’enseignement de la langue est focalisé sur la littérature
française et les grandes œuvres : («) les textes inscrits au
programme ont été choisis parmi des œuvres des XVIe,
XVIIe, XVIIIe, XIXe et XXe siècles ; il est clair que la
32 32
connaissance vraie d’une langue n’est pas complète sans
celle des grandes œuvres qui, au cours des siècles l’ont
illustrée (») (cf.MEN (1969) L’enseignement du français,
Nouvelles instructions officielles Casablanca, Dar El
Kitab, p.163)
- un deuxième temps, marqué par la réduction de
la partie consacrée à la littérature :
Les instructions officielles insistent sur « le français usuel
d’aujourd’hui, parlé et écrit » (Ministère de
l’enseignement primaire et secondaire (1974)
L’enseignement du français, Nouvelles instructions
officielles Casablanca, Dar El Kitab, p.3).
Comme le signale A Baida (2006), un revirement est noté
à cette période où les œuvres se trouvent écartées et le
paramètre («) valeurs humaines et universelles (») est
même mis en doute. En témoigne ce passage de ces
instructions officielles : («) (…) choisir des textes pour les
valeurs humaines ou («) universelles (») qu’ils véhiculent
relève d’un choix idéologique et non pédagogique : il
peut nous plaire de partager les croyances, les idées, de
tel ou tel auteur, mais notre rôle n’est pas de les faire
partager à nos élèves (») (p. 9). Ainsi, l’accent est mis sur
les aspects formels et linguistiques.
Un troisième temps, correspondant à l’introduction de
l’arabisation de l’enseignement des matières scientifiques
jusqu’en terminale
Comme le note Mohamed Taleb : («) L’enseignement doit
être articulé sur l’environnement et l’apprentissage de la
langue doit être fait en relation avec les diverses
situations d’échange, quotidiennes, authentiques, comme
il doit essentiellement servir les domaines scientifiques et
techniques. Autrement dit, le français doit être
(«) fonctionnel (») et («) utilitaire (»).
Un quatrième temps où apparaît le souhait de renforcer
la présence du texte littéraire en général et de l'œuvre
intégrale en particulier dans les programmes des lycées
marocains.
3333
Le retour à l’enseignement du texte littéraire a marqué la
rentrée de 2002 toutes sections confondues et les auteurs
français sont au programme du lycée qui couvre trois
années d’étude : un an de tronc commun puis les
première et seconde années du baccalauréat. Concernant
les œuvres au programme, A Baida (2006, pp. 97-98)
fournit les détails suivants : («) De 2002 à 2005, un même
programmé qui n'a connu, officiellement, aucun
changement et qui est composé, pour le tronc commun,
de La parure ou Le Horla de Maupassant, Les Fourberies
de Scapin de Molière ou Knock de Jules Romains,
L'Enfant et la rivière de Bosco ou Vendredi ou la vie
sauvage de Tournier. Pour la première année du
baccalauréat de Antigone de Anouilh, La gloire de mon
père de Pagnol et Eugénie Grandet de Balzac. Pour la
deuxième année du baccalauréat de Candide de Voltaire,
Le rouge et le noir de Stendhal, La Civilisation, ma mère !
de Chràibi et Andromaque de Racine. (»).
Toutefois, comme le signale Baida (op. cit. p. 99), le
programme du tronc commun sera changé : («) (…) La
rentrée scolaire de septembre 2005 a apporté un
changement dans le programme du tronc commun; voici
les nouveaux ingrédients: La Ficelle ou Aux Champs de
Maupassant; Le Chevalier double de Gautier ou La
Vénus d’Ille de Mérimée et Le Bourgeois gentilhomme de
Molière. Ces oeuvres sont accompagnées d'un lot de
poèmes qui sont recommandés aux enseignants. Ces
derniers sont appelés à choisir dans le vaste champ du
sonnet, de l'ode, de la chanson, de la poésie libre ...
suivant le module qui est étudié. (»).
6.3. Enseignement du français dans l’enseignement supérieur
et universitaire
Dans le supérieur, le français est médium
d’enseignement exclusif pour :
Les filières scientifiques et techniques (facultés de
médecine, de pharmacie, etc.)
Les filières études françaises
34 34
Les grandes écoles d’ingénieurs, etc.
Tandis qu’il est partiellement utilisé dans :
Les filières de Sciences Juridiques Économiques et
Sociales (pour certaines sections).
Ce que l’on peut dégager de ce panorama, c’est que la
langue française occupe une vaste place dans le système
éducatif marocain et le souhait du ministère était même
de généraliser l’expérience des lycées à OLF (option
langue française) au sein de laquelle, le nombre d’heures
de français est renforcé et passe de 4 à 7 heures
hebdomadaires; tout en optant pour un retour en force de
l’enseignement de la littérature française, y compris dans
les options scientifiques !
Ceci nous conduit à nous interroger sur le statut effectif
de la langue française dans le système éducatif : est-ce
une langue seconde? Est-ce une langue étrangère?
7. Statut de la langue française dans le système éducatif
marocain : FLE OU FLS?
La question du statut de la langue française au Maroc a
fait l'objet de différents travaux (1) qui lui assignent,
selon le contexte, le point de vue, la "politique" du
moment…soit la place du français langue seconde (FLS)
soit celle du français langue étrangère (FLE). La politique
linguistique marocaine, souvent faite "par défaut"
(Messaoudi (2002)), n'a cessé d'osciller, pour le secteur
éducatif, entre ces deux places, privilégiant l'une ou
l'autre, avec des incidences importantes sur
l'enseignement de cette langue. Pourquoi cette oscillation
entre FLE et FLS ?
Sans revenir sur les aspects historiques de la question,
notamment ceux relatifs à l’introduction de la langue
française en territoire marocain et l’institution de celle-ci
comme langue officielle durant la colonisation, puis sa
conservation après l’indépendance, dans les secteurs
administratifs et éducatifs, il faudrait au préalable définir
ce que l’on entend par une langue seconde.
3535
Nous référant à divers écrits en la matière, nous
retiendrons la définition suivante: une langue seconde
est («) une langue non maternelle qui, sans être parlée
dans le milieu familial, est parlée dans le milieu scolaire,
et éventuellement dans le milieu social et institutionnel.
Le FLS a donc un statut ambigu et paradoxal : langue non
maternelle psychologiquement, mais socialement langue
de travail, d’apprentissage, voire de réussite et
d’intégration. (») (AUF (2000), p. 7).
Il convient aussi de noter qu’en domaine éducatif, une
LS occupe une place importante, non seulement en
termes de contenus et de disciplines mais aussi en
termes de volume horaire et d’années d’apprentissage.
Ainsi, le dispositif, d’un point de vue institutionnel,
couvrant l’enseignement fondamental et le niveau
secondaire, peut s’étaler, selon que le cursus
d’apprentissage commence au CP ou à l’une des phases
de scolarisation au primaire ou au collège, sur 5, 7 ou 12
années et ceci sans compter les années du supérieur.
A la lumière de ce qui précède, la langue française, au
Maroc, semble occuper la place d’une langue seconde, en
termes d’enveloppe horaire et d’années d’apprentissage.
En vérité ce fut le cas pendant les deux décennies et
demie de la période post indépendance mais dès les
années 1980, la langue française dans le cycle
fondamental et le secondaire n’est plus la langue
d’enseignement des matières scientifiques mais elle est
considérée comme la première langue étrangère
enseignée. Toutefois, à l’université et pour toutes les
études supérieures en domaine scientifique et technique,
c’est la langue française qui est utilisée.
8. Langue française et le secteur socio économique
Comme mentionné plus haut, la langue employée dans le
secteur socio économique est la langue française.
Par secteur socio économique nous entendons l’ensemble
des secteurs productifs dans les domaines de la santé,
l’agriculture, les medias, l’industrie, le tourisme.
36 36
L’hypothèse de travail sous tendue par cette recherche est
que la langue peut favoriser l’insertion dans un milieu
social déterminé et que la méconnaissance de celle-ci
peut constituer un obstacle voire même un handicap
majeur. Toutes les relations sociales, personnelles ou
transactionnelles passent par le langage. Les sociologues,
les linguistes, les psychologues sont tous unanimes quant
à l’importance de l’outil linguistique et sa place
déterminante dans le développement de la personnalité
de l’être humain tant sur le plan individuel que collectif.
De nombreux rapports et études soulignent
l'importance, aujourd'hui, de la maîtrise de la langue
française pour l'insertion professionnelle et l'accès à
l'emploi, aussi bien pour l'évolution des qualifications et
l'adaptation aux nouvelles technologies, que pour la
reconversion et la réinsertion dans les situations de
chômage. Ils signalent la place significative que la
maîtrise de la langue occupe dans les objectifs et les
contenus des formations dispensées, sans être pour
autant en mesure de l'évaluer avec précision.
La langue est non seulement un moyen de
communication mais aussi un instrument performant
permettant de s’identifier et de se positionner dans
l’espace, dans le temps et par rapport à autrui. Ce rapport
à autrui, individu ou collectivité est fondamental sur le
plan social : c’est soit un rapport d’intégration, soit
d’exclusion.
On peut partir de l’hypothèse citée ci-dessus que la
maîtrise de la langue comme langue d’apprentissage et
de constitution d’un capital culturel et technique
(technolectal) facilite l’accès à l’emploi ainsi que
l’insertion sociale.
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langue française 1945-2000, Paris, Éd. du C.N.R.S, pp. 765-
796.
QUITOUT Michel, 2007, Paysage Linguistique et Enseignement des
Langues au Maghreb des origines à nos jours - L'amazighe,
l'arabe et le Français au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en
Libye, Paris, L’Harmattan.
RAHMOUNE K., TANANE O., ABOUFIRASS M., RADID
M. et TALBI M., 2004, Arabisation et compétences langagières
et communicatives chez les étudiants scientifiques, Casablanca,
Mémoire de DESA, Université Hassan II Mohammedia,
Faculté des Sciences de Ben M’Sik.
RAHMOUNE K., TANANE O., ABOUFIRASS M., RADID
M. et TALBI M., 2007, « Enquête Maroc : une nouvelle
réforme de l’enseignement scolaire », in Le français dans le
monde, N°351.
RHAZAL, S., 2006, Le français parlé par des immigrés marocains à
Rennes : analyse sociolinguistique du contact des langues,
Thèse de doctorat en Science du langage, Université
Rennes 2.
ROBILLARD, D. de & BLANCHET, Ph. (coord.), 2012,
L'implication des langues dans l'élaboration et la publication des
recherches scientifiques : l'exemple du français parmi d'autres
langues, collection Français & Société 24, Fernelmont /
Bruxelles, EME, 81 p.
SEFRIOUI, R., 2004, « Pratiques d’enseignement/apprentissage
au Supérieur : Approches globales des Techniques
d’Expression et de Communication et Tutorat en contexte
Universitaire », in Revue ATTADRISS, Casablanca, N° 2,
pp. 65 – 84.
WALTER J.-L., 2005, L’insertion professionnelle des jeunes issus de
l’enseignement supérieur. Le cas de la France par le Conseil
Economique et Social.
http://www.ces.fr/rapport/doclon/05071112.pdf.
WOLTON, D. (Dir.), 2004, Francophonie et mondialisation, revue
Hermès n° 40, Paris, CNRS.
273273
ZIZI, A., 1984, « L’enseignement des sciences entre deux
langues », in Le français dans le monde, N° 189, pp.50-53.
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Contexte sociolinguistique au_maroc

  • 1.
  • 2. « Proximités - Sciences du Langage » Collection dirigée par Philippe Blanchet
  • 3. Directeur de la collection : Philippe Blanchet (Université Rennes 2, France) Comité de concertation : Monica Heller (Université de Toronto, Ca- nada), Leila Messaoudi (Université de Kénitra, Maroc), Khaoula Taleb Ibrahimi (Université d’Alger 2, Algérie), Michel Francard (Université de Louvain-la-Neuve, Belgique), Didier de Robillard (Université de Tours, France), Jacky Simonin (Université de La Réunion, France), Claude Tatilon (Université York de Toronto, Canada) Adresser les commandes à votre libraire ou directement à : Pour la Belgique : E.M.E. & InterCommunications s.p.r.l. 40, rue de Hanret BE - 5380 Fernelmont Tél. : 00[32]81.83 42 63 et 00[32]473.93 46 57 Fax : 00[32]81.83 52 63 Courriel : compta@intercommunications.be Site : www.intercommunications.be Pour la France et la Suisse : C.E.I. Collectif des Éditeurs Indépendants 37 rue de Moscou F - 75008 Paris Tél : 01 45 41 14 38 Fax : 01 45 41 16 74 collectif.ei@gmail.com Les propositions de textes pour l’édition sont à adresser à : Philippe Blanchet, PREFics EA 4246 Université Rennes 2 1 place du recteur Le Moal CS 24307 35043 Rennes France Courriel : philippe.blanchet@univ-rennes2.fr © E.M.E. & InterCommunications, sprl, 2013, (B) - 1040 - Bruxelles - 5380 - Fernelmont.
  • 4. Sous la direction de Philippe Blanchet et Leila Messaoudi préparation éditoriale assurée par Vanessa Delage Langue française et plurilinguisme dans la formation universitaire et l’insertion professionnelle des diplômés marocains en sciences et technologies E.M.E.
  • 5.
  • 6. 55 Sommaire Ph. BLANCHET et L. MESSAOUDI 7 Introduction : une problématique sociolinguistique et didactique aigüe au croisement d’usages plurilingues L. MESSAOUDI 13 Contexte sociolinguistique du Maroc H. EL AMRANI 39 Enquêtes quantitatives sur les diplômés (scientifiques) marocains, sur les emplois dans les secteurs correspondants, sur les taux d’insertion au Maroc R. BELHAJ 53 Le français : une langue au service du management J.-M. ELOY 65 Terminologie et technolecte : un cadrage anthropo- sociolinguistique. L. MESSAOUDI 77 Technolectes savants, technolectes ordinaires : quelles différences ? Études de terrain (enquêtes et résultats) M. Y. SIBENALI 91 Langue française et insertion professionnelle : le cas du technolecte bancaire au Maroc
  • 7. 6 6 I. GHOUMMID 123 Enquête dans le secteur des assurances M. BENAMEUR 139 Quelle place occupe la langue française dans le recrutement et dans les communications professionnelles des entreprises privées de Kénitra ? M. HAOUZA 155 Le français dans la formation professionnelle M. HAOUZA 167 Le français dans la production industrielle E. SANDADI 179 Langue Française et Insertion Professionnelle : Les Diplômés Scientifiques au Maroc et en France, le cas du corps paramédical M. HAIDAR 203 Le français et l’insertion professionnelle : l’exemple du secteur automobile H. MZIOUD 219 Enquête auprès d’enseignants universitaires I. GHOUMMID 231 Enseignement et usages du français à l’université marocaine Le cas de la filière « Economie et gestion » Conclusions : perspectives didactiques M. HAIDAR 247 Propositions pour l’enseignement du français à l’université marocaine à destination des étudiants de la filière « Sciences de la Vie, de la Terre et de l’Univers » Bibliographie générale 267
  • 8. 1313 Contextesociolinguistiquedu Maroc Leila MESSAOUDI Laboratoire Langage et société-URAC56 FLSH- Université Ibn Tofail - Kénitra L’on compte plusieurs présentations de la situation linguistique marocaine (Voir par exemple Boukous (1979) El Gherbi (1993). Nous ne souhaitons pas avoir à répéter le schéma, désormais classique, qui consiste à répertorier les variétés linguistiques, en présence, sur le territoire. A cet égard, nous avons eu recours à une conceptualisation qui s'appuie sur les paramètres suivants: le statut juridique (de jure) et le statut de fait (de facto). A la lumière des éléments observés, nous établirons une fiche et nous en présenterons un commentaire. 1. Fiche identificatoire de la situation linguistique marocaine Cette fiche est construite sur les deux statuts qui caractérisent généralement les faits sociaux et les variétés linguistiques en sont partie. Ce sont le statut de droit et le statut de fait.
  • 9. 14 14 1.2. Statut de droit Un texte de loi (la Constitution) définit le statut de la langue au Maroc. L’article 5 de la nouvelle Constitution (juillet 2011) stipule: Article 5 (2011) 1) L’arabe demeure la langue officielle de l'État. L'État œuvre à la protection et au développement de la langue arabe, ainsi qu’à la promotion de son utilisation. De même, l’amazighe constitue une langue officielle de l'État, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception. 2) Une loi organique définit le processus de mise en œuvre du caractère officiel de cette langue, ainsi que les modalités de son intégration dans l’enseignement et aux domaines prioritaires de la vie publique, et ce afin de lui permettre de remplir à terme sa fonction de langue officielle. 3) L’État œuvre à la préservation du Hassani, en tant que partie intégrante de l’identité culturelle marocaine unie, ainsi qu’à la protection des expressions culturelles et des parlers pratiqués au Maroc. De même, il veille à la cohérence de la politique linguistique et culturelle nationale et à l’apprentissage et la maîtrise des langues étrangères les plus utilisées dans le monde, en tant qu’outils de communication, d’intégration et d’interaction avec la société du savoir, et d’ouverture sur les différentes cultures et sur les civilisations contemporaines. 4) Il est créé un Conseil national des langues et de la culture marocaine, chargé notamment de la protection et du développement des langues arabe et amazighe et des diverses expressions culturelles marocaines, qui constituent un patrimoine authentique et une source d’inspiration contemporaine. Il regroupe l’ensemble des institutions concernées par ces domaines. Une loi organique en détermine les attributions, la composition et les modalités de fonctionnement.
  • 10. 1515 La langue arabe a un statut officiel. De toute évidence, il s'agit du niveau standard de l'arabe et nous le désignerons dans ce texte par Arabe Standard (AS) ou par la langue arabe, sans adjectif. Nous n'entrerons pas dans le détail des registres stylistiques (fusha, classique, littéral, littéraire, liturgique, etc.). * Version remaniée de l’article («) L’aménagement linguistique au Maroc (») (V. Bibliographie) Fait récent, l’officialisation de l’Amazighe sera mise en œuvre à partir d’une loi organique (cf. Supra, alinéa 2) 1.2. Statut de fait Domaine juridique : On peut se demander dans quelle(s) langue(s) sont rédigés les lois, les décrets et le bulletin officiel. C'est la langue arabe qui est utilisée. Notons toutefois que le B.O. comporte deux versions: l'une en arabe et l'autre en français. Domaine de l'enseignement: Dans le pré-scolaire, dans les écoles coraniques, c'est la langue arabe seule qui est utilisée; dans les institutions privées, c'est soit le bilinguisme arabe-français; soit le français seul. Dans le premier cycle du primaire, c'est la langue arabe qui est langue d'enseignement. Dans le second cycle primaire, la langue arabe est langue d'enseignement. La langue française est une matière d'enseignement. Dans le secondaire, la langue arabe est langue d'enseignement. La langue française est une matière d'enseignement. Dans l'enseignement des sciences humaines et sociales, c'est la langue arabe qui est langue d'enseignement (sociologie, histoire et géographie, psychologie, etc.).
  • 11. 16 16 Dans l'enseignement des sciences juridiques et économiques, c'est la langue arabe qui est en principe la langue d'enseignement, mais il existe aussi des sections en langue française. Ex. section de l'économie. Dans l'enseignement supérieur, pour l'enseignement des sciences exactes et naturelles, dans l'enseignement agricole, dans l'enseignement de la médecine et de la pharmacie, dans l'enseignement professionnel et technique, c'est la langue française exclusivement qui est utilisée, après avoir été une matière d'enseignement tout au long du secondaire. La langue admise pour la soutenance des thèses et des mémoires est la langue de travail liée au domaine d'activité ou de recherche. Le français au Département de langue et littérature françaises, l'arabe au Département de langue et littérature arabes, etc. Toutefois, le français est exclusivement employé dans les facultés de médecine, de pharmacie, les écoles d'ingénieurs, l'agronomie, etc. Seul , un résumé est exigé en langue arabe. Domaine administratif : La circulaire (décembre 1999) du Premier ministre rappelle l'usage obligatoire de l'arabe dans les correspondances, tout en autorisant l'usage d'une langue étrangère pour des raisons techniques. Les activités des ministères sont conduites selon les secteurs, en arabe, en français ou les deux. Le ministère de la justice dont les documents sont entièrement arabisés, fonctionne en arabe à l'écrit mais en arabe marocain dans les pratiques orales. Dans les tribunaux les sentences sont toujours prononcées en arabe standard, les plaidoiries sont menées souvent en arabe standard mais aussi en arabe dialectal ou traduites si besoin est, en amazighe (A). Les ministères de l'Education, de l'Enseignement supérieur, de la Santé, de l'Agriculture, des Finances, des Affaires étrangères, etc. dont les documents
  • 12. 1717 administratifs sont entièrement arabisés, conduisent leurs activités en arabe standard à l'écrit mais en français dans les domaines techniques et spécialisés et le plus souvent, en arabe marocain dans les pratiques orales. Domaine économique : La publicité commerciale est rédigée en arabe standard, et/ou en français, parfois en arabe marocain. L'affichage public est en arabe standard et en français. Les enseignes sont en arabe standard, et/ou en français, parfois en arabe marocain, en amazighe ou dans des mélanges entre ces variétés. Les communications écrites, entre les employeurs et les employés du secteur public, se font en arabe standard, dans les domaines administratifs; et en français, dans les domaines techniques. Les communications orales se déroulent en arabe marocain, en français ou les deux en alternance. Dans les régions amazighophones, les échanges oraux se font généralement l'un des dialectes, même au sein des services administratifs. Dans les entreprises privées, il en va tout autrement puisque c'est le français qui prévaut dans les communications écrites entre les employeurs et les employés. A l'oral, le français est plus facilement utilisé que l'arabe marocain. Domaine des mass media : Les journaux sont rédigés en arabe standard et/ou en français. La radio émet les nouvelles essentiellement en arabe standard et pour quelques émissions, en amazighe dans les trois dialectes, en français, en espagnol et en anglais. Et elle anime des émissions culturelles en arabe standard, en français, en arabe marocain et en amazighe. La transmission des matches de foot se fait en arabe standard mais aussi en arabe marocain. La télévision présente les nouvelles essentiellement en arabe standard et pour quelques séances, en Amazighe (dans les trois dialectes), en français, en espagnol. Et elle
  • 13. 18 18 anime des émissions culturelles en arabe standard, en français, en arabe marocain. La transmission des matches de foot se fait généralement en arabe marocain. La production cinématographique importée est généralement diffusée dans la variété d'origine pour les films égyptiens, libanais et français. Les autres films sont doublés en français. Récemment, un effort est fourni pour le doublage en arabe standard. Domaine de l'édition: Les œuvres poétiques, les romans, les essais sont publiés en arabe standard, en français; rarement en arabe marocain ou en berbère. Les pièces de théâtre sont présentées généralement en arabe standard ou en arabe marocain. Les chansons font usage de l'arabe standard, de l'arabe marocain, de l'amazighe et parfois du français. Domaine des technolectes: Les technolectes sont par définition des ensembles langagiers spécifiques à un domaine d'activité scientifique ou technique. Ils appartiennent à une variété linguistique ou à plusieurs. Ils englobent la terminologie savante (mise au point et normalisée) et populaire (élaborée de façon spontanée). Les technolectes sont produits par des acteurs divers, avec ou sans l'aide du terminologue. Les technolectes des médecins et des pharmaciens sont très différents de ceux des chauffeurs ou des menuisiers. Les technolectes du domaine agricole changent selon le type d'agriculture mais aussi selon la région. Le technolecte agricole de Taza et sa région est différent de celui recueilli dans la plaine de la Chaouia! Les technolectes prolifèrent, sont en continuelle émergence et ne présentent pas d'homogénéité, même dans un même secteur. De plus, les variétés linguistiques qui y sont utilisées ne sont pas toujours les mêmes. On peut signaler, au passage que le terme de variétés linguistiques, est un générique qui englobe les pratiques langagières dans leur ensemble, sans préjuger de leurs fonctions ou de leur statut. On
  • 14. 1919 peut se demander dans quelles variétés linguistiques sont produits les documents présentant les instructions relatives au mode d'emploi d'un médicament ou d'une machine. L'on constate que les variétés dans lesquelles sont rédigées les documents qui accompagnant les produits de consommation (notices des médicaments, prospectus des machines, etc.) sont soit monolingues (en français), soit bilingues français-arabe standard. Les pratiques orales sont tout autres. Par exemple, les épreuves orales de l'examen du code de la route pour l'obtention du permis de conduire, se font en arabe dialectal ou en français arabisé. Ce qui a donné naissance à un technolecte impressionnant par le taux de mélanges franco arabes qu'il contient. Les producteurs de ce technolecte sont généralement peu alphabétisés, et s'adressent à des apprenants qui sont très souvent des analphabètes. Ces derniers semblent assimiler ce technolecte sans difficulté. Mais ce qui est surprenant, c'est que même les lettrés semblent s'en accommoder. Des versions, sur cassettes audio, circulent dans les auto- écoles. D'autres, transcrites en caractère arabes pour les lettrés (sic!), sont même en vente dans les kiosques. Domaine de la vie communautaire : Dans la sphère religieuse, c'est l'arabe et plus précisément celui des textes de la Charia qui est utilisé. Il est fait recours parfois à l'arabe marocain lorsqu'il s'agit de donner des explications. Dans la vie politique, les discours officiels sont faits en arabe standard. Les assemblées politiques et syndicales sont conduites en arabe standard et assez souvent, en arabe marocain ou dans un mélange des deux. Par exemple, les interventions orales aux assemblées parlementaires alternent l'usage de l'arabe standard et de l'arabe marocain. Domaine de la vie privée: Les variétés utilisées dans la vie privée sont tributaires du lieu d'origine: les locuteurs lettrés ou non, ont toujours tendance à conserver leur parler maternel. Et même s'ils
  • 15. 20 20 le voulaient, ils ne pourraient se débarrasser de leur "accent" qui influe même sur les langues qu'ils acquièrent telles que l'Arabe standard ou le Français. 2. Le parler est souvent un indicateur des lieux de production. Un amazighophone peut être un locuteur du tachelhit émanant de la région du Sous ou du tamazight du Moyen Atlas ou du tarifit du Rif oriental. Pour les arabophones, on peut distinguer entre plusieurs types de parlers: les parlers arabes citadins et urbains; par exemple le parler citadin ancien de Rabat comporte des traits andalous dominants tandis que le nouveau parler urbain de Rabat se caractérise par la dominance des traits ruraux des tribus avoisinantes, en particulier des Zaers (Voir Messaoudi 1996, 2001) ; Les parlers montagnards, par exemple les parlers des jbala présentent des points communs avec les parlers citadins mais s'en distinguent par des traits spécifiques comme l'affrication (V. Messaoudi, 1996, 2000) et le spirantisme. les parlers bédouins; par exemple le parler des Zaers dans les environs de Rabat (Aguade,1998) et le parler du Hassania des provinces du Sud, (AL Makari, 2000) qui présentent des traits hilaliens et maaqiliens. Après avoir abordé la question des usages linguistiques en relation avec les domaines, nous reprendrons les éléments saillants de la fiche identification et ferons un bref commentaire. 3. Commentaires de la fiche identificatoire Des éléments semblent se dégager. Nous pourrions les reporter dans le tableau suivant :
  • 16. 2121 Domaine Usage écrit Usage oral Juridique AS. (F) AS; ADM De l'enseignement AS.; F AS; F (ADM) Administratif AS; F ADM; F, (A) Economique F, (AS) F, ADM, (A) Des mass médias AS, F AS, ADM, A, F, E De l'édition AS, F AS, F, (ADM) (A) Des technolectes F, AS ADM, F, (A) De la vie communautaire AS AS, ADM. (A) De la vie privée AS, F ADM, A, (F) AS= arabe standard, F = français, ADM= arabe dialectal marocain, A= Amazighe, ( )= usage rare a. A première vue, les deux variétés, en usage concurrent à l'écrit, sont la langue arabe et le français. La langue officielle est souvent employée, au premier plan, dans les différents domaines retenus - sauf dans les domaines de l'économie et des technolectes. Dans les domaines de l'administration, elle est dominante ou même exclusive. En revanche dans les domaines de l'enseignement, on est confronté à un hiatus: la langue officielle, langue d'enseignement pendant tout le cursus du fondamental et du secondaire, n'est plus utilisée dans le supérieur que dans les lettres et les quelques branches juridiques. Elle cède la place au français qui, de matière d'enseignement dans tout le fondamental et dans le secondaire (sauf dans les branches de gestion et économie), se transforme en langue d'enseignement dans les secteurs scientifiques et techniques. Ce qui ne va pas sans problème, comment demander à des bacheliers arabisés de poursuivre leurs études supérieures en français? C'est diminuer de l'importance du linguistique
  • 17. 22 22 dans le secteur scientifique et le réduire à des formules mathématiques. Hélas, même les formules et surtout leur démonstration ont besoin du linguistique et en particulier de technolectes (lexique et discours) parfaitement élaborés. b. A l'oral, les différents domaines connaissent une grande variation linguistique contrairement à l'écrit. c. Les secteurs techniques des ministères (Finances, les travaux publics, agriculture, etc.) fonctionnent en priorité en français et parfois en bilingue français/arabe officiel à l'écrit mais aussi en arabe dialectal ou en franco arabe à l'oral. d. Le fonctionnement et les modes d'appropriation des technolectes sont le signe du degré d'intégration de la modernité et d'assimilation du progrès. Ils méritent à eux seuls une étude à part. Ils permettent de faire un diagnostic assez réaliste quant au taux de réussite de l'arabisation, en particulier à l'oral. Dans certains secteurs, l'emploi de la langue arabe est souvent supplanté par les pratiques des locuteurs (cadres, professions libérales) et opérateurs économiques qui optent pour la langue française. Pour résumer, dans les usages institutionnels, à l'écrit et parfois oral, un bilinguisme fonctionnel arabe – français se profile. Ce bilinguisme non déclaré est en marche. Peut être même qu'il est en progression. e. Dans les échanges informels du domaine de la vie privée, il semblerait que la relation étroite au terroir et au parler local soit encore très forte chez les locuteurs. D'emblée, tout locuteur qui s'énonce s'annonce. Il renseigne sur lui-même et sur son appartenance sociale (en priorité géographique). Ceci est valable aussi bien pour l'amazighophone que pour l'arabophone. Se situant dans une optique dynamique, il serait intéressant de pouvoir répertorier quels traits linguistiques sont associés à quel(s) lieu(x), tout en partant de l’idée, que dans l’interaction de l’homme avec
  • 18. 2323 son milieu, le locuteur déploie des stratégies afin de s’adapter à son environnement et accommoder i.e. réguler son comportement langagier, en fonction de plusieurs paramètres, parmi lesquels celui de l’espace dans lequel il se trouve hic et nunc et celui de l’espace d’origine dont il vient. (Pour les notions d’accommodation et de régulation linguistique, on peut se référer à Giles & al. (1991), Moreau (1997) Messaoudi (1998) et aussi 4. infra). Il est vrai que cette hypothèse implique en sous-jacence un certain déterminisme qui consisterait à poser qu’à des lieux donnés correspondent des comportements linguistiques donnés, accompagnés d’un point d’ancrage, variant et non figé, de type territorial et identitaire (Bulot (1999)). Toutefois, avec la mobilité migratoire, ce phénomène de reconnaissance et d'identification par le parler tend à s'atténuer dans les villes qui sont les lieux privilégiés des mélanges et de l'unification linguistique. Se dégage ainsi un parler en cours de constitution de type urbain, dont le prototype serait celui de Casablanca. Il s'agit d'une koiné dialectale en cours de constitution, qui se présente sous la forme commune orale de l'arabe marocain. Pour l'amazighe, les choses semblent différentes dans la mesure où une koiné ne semble pas s'imposer puisque les trois usages dialectaux, même s'ils présentent des points communs, divergent par nombre de traits phonétiques et lexicaux. Les trois grands blocs dialectaux restent différenciés et bien délimités territorialement sauf dans les zones limitrophes et les sphères ou lieux de contacts (les souks par exemple). Ces trois dialectes sont territorialisés; c'est-à-dire que si l'on change de zone géographique on change de parler. Par exemple, si l'on passe du Moyen Atlas aux montagnes du Rif, l'on passe du dialecte tamazight au tarifit. Après avoir présenté à grands traits la situation linguistique, nous la complèterons par quelques éléments que nous ferons figurer dans des tableaux récapitulatifs qui permettront une meilleure visualisation des différentes fonctions des langues en présence par
  • 19. 24 24 rapport au statut (tableau 1), aux usages écrits et oraux (tableau 2), aux domaines de l’écrit (tableau 3), aux locuteurs, aux fonctions et à la situation de la communication (tableau 4). 4. Tableaux récapitulatifs Tableau 1 Variétés linguistiques au Maroc Statuts Statut de fait (déclaré ou non déclaré) bénéficiant d’un Processus d’institutionnalisation Nom de la Variété linguisti que Statut de droit (déclaré dans le texte de la Constituti on du Royaume) Statut de fait Circulai res et décrets adminis tratifs (organi smes, circulai res ministé rielles) Outils linguistiques (dictionnaires(1) et les grammaires(2), manuels scolaires (3)) Langue arabe* (=AS) Officielle National e Oui +++ 1++ + 2+ ++ 3+ ++ Amazig he (Am) Officielle National e Oui 1+ 2+ 3+ Arabe marocai n (ADM) Néant National e Non 0 0 0 Français F Néant Langue seconde/ Oui +++ 1++ + 2+ ++ 3+ ++
  • 20. 2525 Langue étrangère privilégié e Espagno l E Néant Langue étrangère Non 1 2 3+ Anglais A Néant Langue étrangère Non 1++ 2+ + 3+ + AS= arabe standard, F = français, ADM= arabe dialectal marocain, Am= Amazighe, ()= usage rare Tableau 2 Usages écrits et oraux Domaine Usage écrit Usage oral Juridique AS. (F) AS; ADM Educatif AS.; F AS; F ; A; E(Am) Administratif AS; F ADM; F, (A) Economique F, (AS) F, ADM, (A) Des mass médias AS, F AS, ADM, A, F, E De l'édition AS, F AS, F, (ADM) (A) Des technolectes F, AS ADM, F, (A) De la vie AS AS, ADM. (A)
  • 21. 26 26 communautaire De la vie privée AS, F ADM, A, (F) Lorsqu’une variété apparaît à l’intérieur de parenthèses (), cela renvoie à un usage rare. Tableau 3 Domaines d’usage écrit (Sphère publique) Domaines Variétésling. Enseignement Public et privé Supérieur Préscolaire(privé) Fondamental Secondaire S H S S T Administration Economie Publicité–Affichage- Panneaux Massmedia AS - + + + - + - + + Am - + - - - - - - +/- AD M - - - - - - - +/- +/- F + +/- +/ - +/ - + + + + + E - - + - - +/- - - +/- A + +/- + - +/ - +/- - - +/-
  • 22. 2727 Tableau 4 Variétés, locuteurs et fonctions Variétés Catégories de locuteurs Situations de communication 1 2 3 4 AS Lettrés Formelle (niveau national, régional arabe) - - - / + + Am Natifs Amazigho Phones (lettrés ou non) Informelle + + - / + - ADM Natifs Arabophones et amazighophone s (lettrés ou non) Informelle + + - / + - Formelle : diplomatique - - + +F Lettrés éducative professionnelle Quasi natifs Informelle + - + + E Lettrés Formelle : Educative - - - / + - A Lettrés Formelle : diplomatique - - - - / + - / +
  • 23. 28 28 Educative 1 Ordinaires ; 2 populaires ; 3 utilitaires (technolectes) et 4 élitaires (culture de l’élite) Après cette présentation succincte, nous mettrons l’accent sur les fonctions de la langue française au sein du paysage linguistique marocain vu que la problématique de cet ouvrage est liée étroitement à la langue française. 5. La langue française dans le paysage linguistique marocain 5.1. Fonctions de la langue française Focalisant sur la langue française, une lecture globale des tableaux présentés ci-dessus permet de dégager les aspects suivants : La langue française ne bénéficie pas d’un statut de droit, à caractère constitutionnel et officiel (tableau 1 ci- dessus); Elle bénéficie d’un statut de fait, de par les différents instruments d’institutionnalisation auxquels elle est soumise, notamment dans le domaine éducatif (tableau 1) et nous en traiterons en détails dans le 3e volet (ici même) Elle occupe une place importante à l’écrit et à l’oral (v. tableau 2 ci-dessus) après l’arabe officiel pour les domaines juridique, éducatif, etc. mais elle occupe la première place dans les domaines de l’économie et des technolectes. Dans la sphère publique, elle est le seul médium pour la communication écrite dans le domaine de l’économie (tableau 3). Elle est la seule langue étrangère à assurer à la fois les deux fonctions élitaire et utilitaire.
  • 24. 2929 En plus de ces éléments, il convient de souligner la visibilité de cette langue dans l’espace et dans l’environnement graphique marocain. 5.2. Visibilité de la langue française dans l’espace Les personnes visitant le Maroc pour la première fois, sont frappées par la présence sur le territoire, dès les frontières et les points de passage, dans les aéroports, les ports douaniers, etc. de la langue française, aux côtés de la langue officielle (l’arabe). D’entrée de jeu, le visiteur est accueilli par un bilinguisme environnant et souvent rassurant, aux dires des visiteurs non arabophones, qui retrouvent ainsi, un repère à travers cette double graphie le caractère latin et la langue française alliés et mis en communication avec le caractère et la langue arabes. D’expérience, combien peut être frustrante la sensation d’étrangéité dans un espace offrant de multiples signes et graphies complètement opaques et indéchiffrables pour le non initié. Un sentiment d’abandon et d’isolement peut envahir la personne même si elle est à la recherche d’exotisme et de découverte d’autres lieux sous d’autres cieux. Au Maroc, une fois franchies les frontières, et allant plus avant, dans le pays, le visiteur est toujours accompagné de ce bilinguisme à travers différents supports : les pancartes pour les noms de rues, les enseignes commerciales, les panneaux (Abboti (2005)) En milieu urbain, ce bilinguisme est présent dans pratiquement tous les quartiers y compris populaires. Toutefois, dans les quartiers chics ou bien dans les centres d’affaires, à Casablanca ou à Rabat par exemple, seule la langue française est utilisée et à l’inverse, dans certains quartiers populaires, la langue arabe seule est utilisée. Ce marquage de l’espace par cette alternance de ce bilinguisme graphique avec un monolinguisme soit arabe soit français a bercé de nombreuses générations Ainsi, dans l’imaginaire des uns et des autres, les deux graphies sont bien ancrées, à différents degrés. Même les personnes analphabètes seraient en mesure de
  • 25. 30 30 reconnaître l’un ou l’autre caractère dans l’espace visuel à force d’avoir vécu au sein de ce bi graphisme qu’ils retrouvent par ailleurs dans les médias, notamment à la télévision. Ce bilinguisme est devenu tellement familier aux marocains, qu’ils finissent par ne plus y prêter attention! Dans les pratiques langagières, les locuteurs vivent différents degrés de bilinguisme et de bilingualité (cf Hamers (1984)). En conformité avec les usages graphiques ambiants, ils alternent les usages et les mélangent (cf.Aoukli (2006), Khatrane (2006)) .Au-delà de cette présence constante de la langue française dans l’environnement graphique et les usages, l’on peut s’interroger sur la place qu’elle occupe dans le système éducatif marocain. 6. Place de la langue française dans le système éducatif marocain. 6.1. Le français à l’école primaire marocaine (cycle de base et cycle intermédiaire) Le Cycle de base La quatrième année du cycle de base (2e année du 1e cycle du primaire) constitue une classe de première ouverture sur la langue française. A ce niveau, la priorité est accordée à l’oral (dialogue, chants, récits, contes, sketchs, saynètes…) On amènera progressivement l’élève à : - S’habituer au système phonologique du français. - Se familiariser avec le système prosodique. Par ailleurs, on tiendra compte des trois principes suivants : - l’ouverture de l’école sur la réalité extrascolaire. - La prise en compte de l’univers de l’enfant, en vue de la valorisation de sa propre culture.
  • 26. 3131 - L’implication de l’apprenant dans les opérations didactiques liées aux apprentissage. Le cycle intermédiaire Deux grandes étapes composent cette phase d’apprentissage : 1ème et 2ème années : première étape d’acquisition 3ème et 4ème années : étapes de consolidation et de préparation au collège. A l’issue de la 4ème année du cycle intermédiaire du primaire, l’élève doit être capable de communiquer en français à un degré élémentaire suffisant ; être capable de lire à haute voix avec une articulation phonétique correcte et en saisissant la portée du texte ; être capable de produire un texte répondant à des consignes posséder suffisamment de techniques de travail (recherche documentaire, mobilisation d’idées, …) 6.2. Enseignement du français dans le secondaire (quatre dates jalons : 1969- 1974 - 1994 - 2002) Nous tenterons de présenter une synthèse des instructions officielles relatives à l’enseignement de la langue française dans le secondaire, en prenant pour jalons, quatre dates correspondant à la publication des instructions et orientations officielles du Ministère de l’éducation, dans ce domaine : 1969, 1974, 1994 puis 2002 - un premier temps, la période d’après l’indépendance : la lecture des instructions permet de constater que l’enseignement de la langue est focalisé sur la littérature française et les grandes œuvres : («) les textes inscrits au programme ont été choisis parmi des œuvres des XVIe, XVIIe, XVIIIe, XIXe et XXe siècles ; il est clair que la
  • 27. 32 32 connaissance vraie d’une langue n’est pas complète sans celle des grandes œuvres qui, au cours des siècles l’ont illustrée (») (cf.MEN (1969) L’enseignement du français, Nouvelles instructions officielles Casablanca, Dar El Kitab, p.163) - un deuxième temps, marqué par la réduction de la partie consacrée à la littérature : Les instructions officielles insistent sur « le français usuel d’aujourd’hui, parlé et écrit » (Ministère de l’enseignement primaire et secondaire (1974) L’enseignement du français, Nouvelles instructions officielles Casablanca, Dar El Kitab, p.3). Comme le signale A Baida (2006), un revirement est noté à cette période où les œuvres se trouvent écartées et le paramètre («) valeurs humaines et universelles (») est même mis en doute. En témoigne ce passage de ces instructions officielles : («) (…) choisir des textes pour les valeurs humaines ou («) universelles (») qu’ils véhiculent relève d’un choix idéologique et non pédagogique : il peut nous plaire de partager les croyances, les idées, de tel ou tel auteur, mais notre rôle n’est pas de les faire partager à nos élèves (») (p. 9). Ainsi, l’accent est mis sur les aspects formels et linguistiques. Un troisième temps, correspondant à l’introduction de l’arabisation de l’enseignement des matières scientifiques jusqu’en terminale Comme le note Mohamed Taleb : («) L’enseignement doit être articulé sur l’environnement et l’apprentissage de la langue doit être fait en relation avec les diverses situations d’échange, quotidiennes, authentiques, comme il doit essentiellement servir les domaines scientifiques et techniques. Autrement dit, le français doit être («) fonctionnel (») et («) utilitaire (»). Un quatrième temps où apparaît le souhait de renforcer la présence du texte littéraire en général et de l'œuvre intégrale en particulier dans les programmes des lycées marocains.
  • 28. 3333 Le retour à l’enseignement du texte littéraire a marqué la rentrée de 2002 toutes sections confondues et les auteurs français sont au programme du lycée qui couvre trois années d’étude : un an de tronc commun puis les première et seconde années du baccalauréat. Concernant les œuvres au programme, A Baida (2006, pp. 97-98) fournit les détails suivants : («) De 2002 à 2005, un même programmé qui n'a connu, officiellement, aucun changement et qui est composé, pour le tronc commun, de La parure ou Le Horla de Maupassant, Les Fourberies de Scapin de Molière ou Knock de Jules Romains, L'Enfant et la rivière de Bosco ou Vendredi ou la vie sauvage de Tournier. Pour la première année du baccalauréat de Antigone de Anouilh, La gloire de mon père de Pagnol et Eugénie Grandet de Balzac. Pour la deuxième année du baccalauréat de Candide de Voltaire, Le rouge et le noir de Stendhal, La Civilisation, ma mère ! de Chràibi et Andromaque de Racine. (»). Toutefois, comme le signale Baida (op. cit. p. 99), le programme du tronc commun sera changé : («) (…) La rentrée scolaire de septembre 2005 a apporté un changement dans le programme du tronc commun; voici les nouveaux ingrédients: La Ficelle ou Aux Champs de Maupassant; Le Chevalier double de Gautier ou La Vénus d’Ille de Mérimée et Le Bourgeois gentilhomme de Molière. Ces oeuvres sont accompagnées d'un lot de poèmes qui sont recommandés aux enseignants. Ces derniers sont appelés à choisir dans le vaste champ du sonnet, de l'ode, de la chanson, de la poésie libre ... suivant le module qui est étudié. (»). 6.3. Enseignement du français dans l’enseignement supérieur et universitaire Dans le supérieur, le français est médium d’enseignement exclusif pour : Les filières scientifiques et techniques (facultés de médecine, de pharmacie, etc.) Les filières études françaises
  • 29. 34 34 Les grandes écoles d’ingénieurs, etc. Tandis qu’il est partiellement utilisé dans : Les filières de Sciences Juridiques Économiques et Sociales (pour certaines sections). Ce que l’on peut dégager de ce panorama, c’est que la langue française occupe une vaste place dans le système éducatif marocain et le souhait du ministère était même de généraliser l’expérience des lycées à OLF (option langue française) au sein de laquelle, le nombre d’heures de français est renforcé et passe de 4 à 7 heures hebdomadaires; tout en optant pour un retour en force de l’enseignement de la littérature française, y compris dans les options scientifiques ! Ceci nous conduit à nous interroger sur le statut effectif de la langue française dans le système éducatif : est-ce une langue seconde? Est-ce une langue étrangère? 7. Statut de la langue française dans le système éducatif marocain : FLE OU FLS? La question du statut de la langue française au Maroc a fait l'objet de différents travaux (1) qui lui assignent, selon le contexte, le point de vue, la "politique" du moment…soit la place du français langue seconde (FLS) soit celle du français langue étrangère (FLE). La politique linguistique marocaine, souvent faite "par défaut" (Messaoudi (2002)), n'a cessé d'osciller, pour le secteur éducatif, entre ces deux places, privilégiant l'une ou l'autre, avec des incidences importantes sur l'enseignement de cette langue. Pourquoi cette oscillation entre FLE et FLS ? Sans revenir sur les aspects historiques de la question, notamment ceux relatifs à l’introduction de la langue française en territoire marocain et l’institution de celle-ci comme langue officielle durant la colonisation, puis sa conservation après l’indépendance, dans les secteurs administratifs et éducatifs, il faudrait au préalable définir ce que l’on entend par une langue seconde.
  • 30. 3535 Nous référant à divers écrits en la matière, nous retiendrons la définition suivante: une langue seconde est («) une langue non maternelle qui, sans être parlée dans le milieu familial, est parlée dans le milieu scolaire, et éventuellement dans le milieu social et institutionnel. Le FLS a donc un statut ambigu et paradoxal : langue non maternelle psychologiquement, mais socialement langue de travail, d’apprentissage, voire de réussite et d’intégration. (») (AUF (2000), p. 7). Il convient aussi de noter qu’en domaine éducatif, une LS occupe une place importante, non seulement en termes de contenus et de disciplines mais aussi en termes de volume horaire et d’années d’apprentissage. Ainsi, le dispositif, d’un point de vue institutionnel, couvrant l’enseignement fondamental et le niveau secondaire, peut s’étaler, selon que le cursus d’apprentissage commence au CP ou à l’une des phases de scolarisation au primaire ou au collège, sur 5, 7 ou 12 années et ceci sans compter les années du supérieur. A la lumière de ce qui précède, la langue française, au Maroc, semble occuper la place d’une langue seconde, en termes d’enveloppe horaire et d’années d’apprentissage. En vérité ce fut le cas pendant les deux décennies et demie de la période post indépendance mais dès les années 1980, la langue française dans le cycle fondamental et le secondaire n’est plus la langue d’enseignement des matières scientifiques mais elle est considérée comme la première langue étrangère enseignée. Toutefois, à l’université et pour toutes les études supérieures en domaine scientifique et technique, c’est la langue française qui est utilisée. 8. Langue française et le secteur socio économique Comme mentionné plus haut, la langue employée dans le secteur socio économique est la langue française. Par secteur socio économique nous entendons l’ensemble des secteurs productifs dans les domaines de la santé, l’agriculture, les medias, l’industrie, le tourisme.
  • 31. 36 36 L’hypothèse de travail sous tendue par cette recherche est que la langue peut favoriser l’insertion dans un milieu social déterminé et que la méconnaissance de celle-ci peut constituer un obstacle voire même un handicap majeur. Toutes les relations sociales, personnelles ou transactionnelles passent par le langage. Les sociologues, les linguistes, les psychologues sont tous unanimes quant à l’importance de l’outil linguistique et sa place déterminante dans le développement de la personnalité de l’être humain tant sur le plan individuel que collectif. De nombreux rapports et études soulignent l'importance, aujourd'hui, de la maîtrise de la langue française pour l'insertion professionnelle et l'accès à l'emploi, aussi bien pour l'évolution des qualifications et l'adaptation aux nouvelles technologies, que pour la reconversion et la réinsertion dans les situations de chômage. Ils signalent la place significative que la maîtrise de la langue occupe dans les objectifs et les contenus des formations dispensées, sans être pour autant en mesure de l'évaluer avec précision. La langue est non seulement un moyen de communication mais aussi un instrument performant permettant de s’identifier et de se positionner dans l’espace, dans le temps et par rapport à autrui. Ce rapport à autrui, individu ou collectivité est fondamental sur le plan social : c’est soit un rapport d’intégration, soit d’exclusion. On peut partir de l’hypothèse citée ci-dessus que la maîtrise de la langue comme langue d’apprentissage et de constitution d’un capital culturel et technique (technolectal) facilite l’accès à l’emploi ainsi que l’insertion sociale.
  • 32. 3737 Bibliographie AMARGUI Lahcen, 2006, « L’enseignement de la langue française à l’université marocaine », dans Former au français dans le Maghreb Le français aujourd’hui, n°154 ATTARBIYA wattakwin, 2007, Revue marocaine de l’éducation et de la formation, n° 3. BAIDA Abdellah, 2006, « Le retour de la littérature française dans les lycées marocains » dans Former au français aujourd’hui, Le français aujourd’hui, n°154. BENZAKOUR F, GAADI D et A.QUEFFELEC A., 2000, Le français au Maroc, Paris : AUPELF-UREF. BOUKOUS Ahmed, 1979, « Le profil sociolinguistique du Maroc », Bulletin Economique et sociale, n° 140, Rabat, pp. 5- 31. BOUKOUS Ahmed, 1998, « Les Marocains et la langue française » dans La coexistence des langues dans l’espace francophone, approche macro sociolinguistique, Paris : Aupelf- UREF, pp. 13-30 El GHERBI, 1993, Aménagement linguistique et enseignement du français au Maroc, Meknès, Impressions de la voix de Meknès. MARTINEZ Pierre (dir.), 2002, Français Langue Seconde. Apprentissage et curriculum, Paris, Maisonneuve et Larose MESSAOUDI Leila, 2002, « L’aménagement linguistique au Maroc », Bulletin économique et social du Maroc, Rapport du social, Rabat, Okad, pp. 151-160. MESSAOUDI Leila, 2003, Etudes sociolinguistiques, Rabat, Okad. MESSAOUDI, Leila, 2010, «La langue française au Maroc, fonction élitaire ou utilitaire? » dans Pratiques innovantes du plurilinguisme, Paris : Éd. Archives contemporaines, en partenariat avec l’AUF, coll. « Actualité scientifique », p. 51-63. TALEB Mohammed, 1996, « L’enseignement de la littérature dans la classe de français : aperçu historique (1960-1995) », Recherches pédagogiques (revue de l’association marocaine d’enseignants de français) n°6, p. 61-69. VIGNER Gérard, Enseigner le français comme langue seconde, CLE International, 1991.
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