Lettre Cadre Territorial - DSP Crèche - Petite Enfance
1. La Lettre du cadre territorial • n° 457 • 1er
février 201328
DÉCRYPTAGE PETITE ENFANCE
La fée DSP
au-dessus du berceau
Stéphane Bellanger
bellanger_s@hotmail.com
CBM audit & conseil, commissaire
aux comptes, Expert comptable
et financier
Les entreprises de
crèches promettent aux
collectivités une facilité
au quotidien et des
économies d’échelle.
Elles s’engagent à
assurer toute la chaîne,
de la conception à la
gestion en passant
par le financement.
Il n’en demeure pas
moins que la facture en
subventions peut être
lourde et aléatoire.
tivités, qui en financent 33 %, et certaines
entreprises pour les enfants des salariés. Les
familles financent, quant à elles, 12 % du coût
de l’accueil, part qui, compte tenu du contexte
économique et des évolutions sociologiques
,diminue.
Or, si les économies d’échelle sont réelles, le
marché de l’emploi dans un secteur en ten-
sion et l’accroissement des contraintes légis-
latives et réglementaires engendrent parallè-
lement une augmentation des coûts de
fonctionnement des structures d’accueil de
la petite enfance (professionnalisation des
métiers, plages d’ouverture, normes sani-
taires et sociales, hygiène, sécurité, préven-
tion, diététique…). Résultat : quand elles
n’augmentent pas, les subventions versées
par les collectivités stagnent, loin des pro-
messes fréquentes de baisse progressive des
contributions.
BÉNÉFICES INDUS OU RAISONNABLES
Mais in fine, ces compensations octroyées par
les collectivités ne conduisent-elles pas à la
réalisation de bénéfices « indus »? Il s’agit ici
de recadrer ce que d’aucuns qualifient de
niveau de « bénéfice raisonnable » en matière
de prestations d’accueil de la petite enfance.
Quatre textes européens font référence, si
l’on considère l’accueil de la petite enfance
comme un service social d’intérêt général
(SSIG):
- la communication 2012 C 8/02 de la
Commission relative à l’application des
règles de l’UE en matière d’aides d’État. Elle
n’a pas un caractère normatif, mais présente
certaines notions de manière claire et syn-
thétique;
- le règlement n° 360-2012 du 25 avril 2012
qui complète le règlement de minimis
n° 1998-2006 du 15 décembre 2006 en défi-
nissant un cadre spécifique aux aides de
faible montant accordées aux entreprises
fournissant des services d’intérêt écono-
mique général (SIEG);
- la décision 2012/21/UE du 20 décembre
2011 remplaçant la décision 2005/842/CE
sur l’exemption de notification de certaines
compensations de service public constitu-
tives d’aides d’État;
L
e choix d’un mode de gestion des ser-
vices publics locaux est directement lié
au souci de bonne utilisation des
deniers publics. Il n’existe pas a priori de bon
ou de mauvais mode de gestion: l’essentiel
est de rechercher le plus adapté à la taille et
à la nature du service public, aux infrastruc-
tures existantes ou à réaliser, à la souplesse
opérationnelle du service, aux objectifs
managériaux visés, notamment en termes de
personnel, et aux partenariats potentiels.
Dans le secteur de la « Petite enfance », par-
delà les finalités premières de l’accueil des
jeunes enfants que sont le bien-être de l’en-
fant et la qualité du service, il s’agit de rester
dans l’analyse économique factuelle.
LA MONTÉE EN PUISSANCE
DES « DSP CRÈCHES »
Depuis 2004 et l’ouverture des financements
de la branche famille de la Sécurité sociale aux
sociétés privées, un nombre croissant de col-
lectivités ont recours à la gestion déléguée du
service public de la petite enfance. Selon les
entreprises de crèches, elles s’engagent dans
cette voie essentiellement pour deux raisons:
maîtriser l’évolution des charges salariales et
optimiser le taux de remplissage des crèches
existantes, à défaut de créer de nouvelles
structures. En effet, le mouvement d’exter-
nalisation du financement et de la gestion des
crèches est concomitant à la réforme du
mécanisme de financement de la petite
enfance engagé par la CNAF. La mise en place
de la prestation de service unique (PSU) en
janvier 2002 avait ainsi pour objectif, outre
la promotion de la mixité sociale des publics
accueillis, d’accroître le taux d’occupation,
augmentant de facto les exigences en termes
de gestion.
Dans ce contexte, pour rentabiliser les inves-
tissements et la gestion des structures d’ac-
cueil de la petite enfance, les entreprises de
crèches comptent avant tout sur la PSU déli-
vrée par les CAF et sur les subventions des
collectivités. En 2010, les CAF sont les pre-
miers financeurs des crèches puisqu’elles
prennent en charge 45 % du coût de fonction-
nement (33 % au titre de la PSU et 12 % au
titre du CEJ). Elles arrivent devant les collec-
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