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Rev Med Liege 2007; 62 : 12 : 713-718 713
Introduction
Les troubles de la marche sont fréquents en
gériatrie puisque au-delà de 80 ans, ils concer-
nent 82 % des sujets. En institution, une per-
sonne sur deux nécessite une aide à la marche.
Trois ans après le diagnostic de démence, un
patient sur trois est totalement incapable de se
déplacer (1).
Les chutes sont une conséquence de ces dif-
ficultés à la mobilisation et en sont souvent le
révélateur. Leur incidence augmente avec l’avan-
cée en âge : elles concernent 35% des patients
entre 65 et 79 ans, 45% entre 80 et 89 ans et
plus de 55% des personnes au-delà de 90 ans
(2). Elles sont plus fréquentes chez les femmes
(3). Aux Etats-Unis comme en France, leur coût
direct représente un nonantième du budget de la
santé (4). S’y ajoutent les dépenses indirectes
en termes de soins de kinésithérapie, aide, etc.
De plus, les risques d’institutionnalisation sont
majorés. Il s’agit donc d’un véritable problème
de santé publique.
La marche normale
Elle peut être définie comme : «un acte moteur
intentionnel, dirigé vers un but, qui assure le
déplacement du corps dans le plan horizontal
via des contraintes posturales et d’équilibre».
La marche résulte de la combinaison dans le
temps et l’espace de mouvements de différents
segments du corps (5).
Cela suppose donc un acte moteur, une acti-
vité sensorielle et l’intégration de ces paramètres
au niveau central. De nombreuses structures du
système nerveux central et périphérique doivent
donc intervenir pour coordonner l’ensemble des
informations nécessaires à un déplacement har-
monieux.
Certains facteurs prouvent qu’il existe une
composante d’automaticité à la marche. Ainsi,
un centre spinal, nommé le Groupe Spinal de la
Marche (GSM) permet la génération de mouve-
ments rythmiques automatiques. Le mésocortex
(noyau pédonculo-pontin) agit au niveau de la
modulation de la marche. Il est également dési-
gné sous le nom de zone locomotrice (6)
Enfin, au niveau cortical, le cortex préfron-
tal agit sur l’intégration de tous les paramètres
collectés par les différents centres du système
nerveux. Il s’agit de la partie attentionnelle de
la marche. Cette composante est plus impor-
tante chez les personnes âgées et chez les jeunes
enfants. En plus de la composante automatique,
une gestion adéquate de l’environnement est
indispensable (changements de direction, ges-
tions des obstacles...) (Fig. 1).
Paramètres de la marche
Un cycle de marche est constitué de deux pas
comprenant une phase d’appui unipodal et une
phase d’appui bipodal. Chaque pied passe par
une période d’oscillation pendant 40% du temps
et une phase d’appui de 60% du temps.
Les différents paramètres étudiés sont la
vitesse de marche, la longueur du pas, la lon-
gueur du cycle de marche, le nombre de dévia-
tions latérales, la variabilité dans les pas, le
temps en station bipodale, la manière d’effectuer
un demi-tour sur soi-même… (Fig. 2).
Pour chaque mesure, existent des valeurs de
référence. Toutefois, elles ne sont que rarement
adaptées au grand âge.
E. Warzee (1), J. Petermans (2)
RÉSUMÉ : La chute est un évènement fréquent chez le
vieillard qui provoque une augmentation de la morbi-mortalité.
Le patient chuteur présente un risque d’hospitalisation plus
important et connaît une diminution progressive de son auto-
nomie. De plus en plus d’études évoquent un lien entre patho-
logie démentielle et trouble de la mobilité. Nous nous sommes
intéressés aux diverses anomalies de la marche rencontrées en
gériatrie, notamment la marche sénile, et aux divers moyens
de les dépister.
Mots-clés : Trouble de la marche - Chute - Vieillard - Marche
sénile - Double tâche
Gait disorders in the elderly
SUMMARY : Falls are frequent in the elderly and are respon-
sible for an increased morbi-mortality. The elderly who has
a tendency to fall is at higher risk of repeated hospitalisation
and of institutionalisation. A link between cognitive and gait
disorders is put forward by several recent studies. This paper
is concerned with the various gait abnormalities encountered
in the elderly, especially seriale gait, and the means to detect
them.
Keywords : Gait disorders - Fall - Elderly - Senile gait - Dual
task
Les troubles de la marche
de la personne âgée
(1) Assistante clinique, (2) Professeur, Chef de Service,
Service de Gériatrie, CHU Sart Tilman, Liège.
E. Warzee, J. Petermans
Rev Med Liege 2007; 62 : 12 : 713-718714
Marche sénile
La marche du vieillard est souvent caractéri-
sée par des petits pas (ce qui entraîne une dimi-
nution de la vitesse de marche), une diminution
du ballant des bras, une majoration du temps en
station bipodale, un élargissement de la base de
sustentation et une diminution de la hauteur du
centre de gravité (favorisé par l’ostéoporose).
De plus, en cas d’ostéoporose, le patient aura
un moins bon déroulement de la hanche et du
genou (7).
La diminution de la vitesse de la marche a
pour conséquence une tendance à la bascule
en arrière ou sur le côté. Or, selon Nevitt et
Cummings, chuter sur le côté est un critère de
gravité, car cela majore le risque de fracture de
hanche (8).
Toutefois, la marche sénile ne semble pas être
le résultat d’un processus de vieillissement phy-
siologique; en effet, certains patients très âgés
conservent une marche tout à fait normale. De
plus, Elble et al. ont montré que les troubles
de la marche de type «sénile» sont liés à des
modifications d’activité cérébrale détectée par
l’imagerie. Le risque de chute dans les 6 mois
est le même que pour les sujets souffrant d’une
marche pathologique. Enfin, la mortalité car-
dio-vasculaire est comparable chez les patients
présentant une marche sénile ou un autre type
de marche pathologique et elle est nettement
supérieure à celle des patients qui conservent
une marche normale. La marche sénile pourrait
être une expression de troubles cardiovasculai-
res infra-cliniques (9).
La marche pathologique
Les causes de marche pathologique sont nom-
breuses. Elles peuvent être iatrogènes, suite à
Figure 2. L’hippocampe a une relation fonctionnelle avec le cortex pré-
frontal par le cortex entorhinal et le système nigrostriatal. La dégénéres-
cence de l’hippocampe est responsable d’une détérioration de l’information
visuelle, vestibulaire et sensoro-proprioceptive ainsi que de la détérioration
de l’information contextuelle spatiale conduisant à des troubles de la marche.
Les dommages du cortex préfrontal peuvent être la cause de dysfonctions
exécutives provoquant des troubles moteurs (33).
Figure 1. Paramètres de la marche (34).
Troubles de la marche de la personne âgée
Rev Med Liege 2007; 62 : 12 : 713-718 715
l’utilisation de sédatifs ou de trop fortes doses
d’hypotenseurs ou encore d’hypoglycémiants,
par exemple.
Une marche antalgique peut être observée en
cas de gonarthrose sévère ou encore de coxarth-
rose invalidante. Les neuropathies diabétiques
et toutes les pathologies sensitives modifient la
proprioception et influencent les paramètres de
marche.
Enfin, une dégénérescence maculaire entraîne
des difficultés à la mobilisation de même que
des troubles vestibulaires, suite aux modifica-
tions de perception de l’environnement que cette
pathologie provoque.
Divers types de marche sont décrits. Dans la
marche frontale, les patients présentent une dif-
ficulté d’initiation du mouvement. La démarche
s’effectue à petits pas, quasi «militaires», la base
de sustentation est normale (10). Le demi-tour
est également réalisé à petits pas.
Même si cette marche ressemble fort à celle
des patients parkinsoniens, il n’y a pas de syn-
drome extrapyramidal (11).
Dans la marche antalgique, le patient a ten-
dance à diminuer spontanément son temps d’ap-
pui sur le côté douloureux en majorant la phase
d’oscillation de ce côté.
La marche de désadaptation psychomotrice
est souvent observée après une chute. La crainte
de tomber entraîne une diminution de la mobilité
avec une perte progressive des automatismes et
une attitude inadaptée face à la marche. Ce syn-
drome, appelé parfois «syndrome post-chute»,
se caractérise par des signes neurologiques
(akinésie, hypertonie oppositionnelle variable
dans le temps, altération des réflexes posturaux
avec perte des automatismes protecteurs en cas
de chute), des troubles de la posture (rétropul-
sion du tronc, déjettement en arrière même en
position assise et tendance à la chute en arrière),
une altération de la marche (freezing, petits pas,
majoration du temps de station bipodale), et,
enfin, des anomalies psycho-comportementales
avec phobie de la station verticale et apparition
de troubles exécutifs (12). La personne est d’une
prudence excessive, diminue ses déplacements.
Une modification du schéma corporel pourra
être constatée dans certains cas.
L’apparition de ce syndrome sera favorisée
par l’existence antérieure d’un trouble de la mar-
che, d’une leucoaraïose, d’une perception mau-
vaise de l’état de santé, de l’alitement ainsi que
de troubles cognitifs ou financiers.
Le moyen de limiter l’apparition de ce syn-
drome est de stimuler le patient rapidement
après sa chute et de lui apporter également un
soutien psychologique adéquat.
Lors de troubles de la marche d’origine psy-
chiatriques, la variabilité des pas est extrême-
ment importante, la marche est d’une lenteur
exagérée, la personne agit comme si elle «mar-
chait sur de la glace». Le patient hystérique
présentera une incapacité totale à la marche de
manière transitoire et souvent théâtrale, jamais
quand il est seul (13).
Conséquences des troubles de la
marche
Le principal risque est la chute. Elle peut
avoir des conséquences telles que fractures, fou-
lures ou encore crush syndrome nécessitant une
intervention chirurgicale, médicale, voire une
hospitalisation prolongée.
Souvent, le patient qui a chuté sans qu’il n’y
ait eu nécessairement de conséquences fonc-
tionnelles et organiques, aura peur de tomber
à nouveau. C’est un facteur de risque de chute
surajouté ! Le chuteur aura tendance à limiter
ses déplacements pour diminuer ses risques
de tomber. Il se mobilisera moins et aura donc
progressivement une autonomie qui régressera.
Ceci aura pour effet d’accélérer le déclin fonc-
tionnel, de majorer sa fragilité et sa morbi-mor-
talité (14).
Tests cliniques d’évaluation de la
marche
Diverses méthodes ont été validées et sont
utilisées régulièrement en pratique clinique pour
déterminer les risques de chutes.
Le test de Tinetti ou POMA (Performance
Oriented Mobility Assessment) comprend dif-
férentes épreuves qui sont toutes cotées par
l’examinateur (réalisées adéquatement, inadé-
quatement, partiellement adéquatement). Les
épreuves consistent à se maintenir en équilibre,
assis sur une chaise sans appui sur le dossier, se
lever, attraper un objet fictif sur le sol ou au pla-
fond, soutenir une poussée sternale, etc… (15).
Malheureusement, la cotation de ce test varie
énormément dans la littérature (cotation sur 35,
38, 0 points si bien réalisé ou 2 points…). Par
conséquent, il est très important de posséder les
détails de cette évaluation et de ne pas se conten-
ter du score total. Enfin, la validité de ce test
est examinateur-dépendant. Dans le même ordre
d’idée, le test de Berg reprend certains items du
test de Tinetti et évalue chaque item de 0 à 4
(16).
E. Warzee, J. Petermans
Rev Med Liege 2007; 62 : 12 : 713-718716
Le «Get Up and Go Test» consiste à deman-
der au patient de se lever d’une chaise avec
accoudoirs sans utiliser ces derniers, marcher
trois mètres, faire demi-tour et revenir s’asseoir.
Chaque étape du test est évaluée (réalisation
adéquate, inadéquate, intermédiaire), il existe
des pénalités (si le patient utilise les accoudoirs,
bascule en avant, avant de se lever…) (17).
Tout comme dans le test de Tinetti, cette éva-
luation dépend de l’appréciation de l’examina-
teur, et là aussi, il est important de connaître
quelles sont les difficultés rencontrées plutôt
que se baser uniquement sur un score global. La
manoeuvre peut être sensibilisée en chronomé-
trant chaque étape. Elle porte alors le nom de
«Timed Get Up and Go Test». Le temps de réa-
lisation normal de cette épreuve est de moins de
10 secondes, l’exercice est à réévaluer entre 10
et 20 secondes et est pathologique au-delà de 20
secondes. Si le sujet met plus de 30 secondes, on
estime qu’il est incapable de marcher sans aide.
Cette évaluation est également proposée sur une
distance totale de 10 mètres (5 mètres aller-re-
tour) (18) afin de sensibiliser de manière plus
importante le calcul de la vitesse de marche.
La «One Leg Balance» (station unipodale)
est une autre épreuve facilement réalisable en
routine (19). La description de l’épreuve varie
selon les auteurs : se maintenir le plus longtemps
possible sur la jambe de son choix pendant au
moins 5 ou 15 secondes. La station sur un pied
nécessite évidemment un bon équilibre, mais
aussi une masse musculaire suffisante et une
proprioception correcte.
En pratique, rares sont les patients âgés hospi-
talisés capables de réaliser le test de façon satis-
faisante. Pourtant, il existe une corrélation entre
le maintien d’une autonomie dans de nombreux
actes de la vie courante, comme utiliser le télé-
phone par exemple, et la capacité de maintenir
la station unipodale (20).
La pression sternale ou «Postural Stress Test»
(PST) ou «Pull Test» évalue la capacité du sujet
à résister à une poussée légère sur le sternum.
Ici aussi, il existe de nombreuses manières de
réaliser cette épreuve. Sa valeur prédictive n’est
pas non plus clairement définie (21).
La marche effectuée dans des conditions de
double tâche est de plus en plus étudiée dans la
littérature. Le but de cette technique est de sen-
sibiliser les paramètres de marche.
Le principe est le suivant : deux tâches réali-
sées simultanément interfèrent si elles utilisent
deux sous-systèmes fonctionnels et/ou céré-
braux identiques (22); il existe donc une tâche
primaire (celle qui interfère) et une tâche secon-
daire (dans notre cas la marche).
La tâche primaire peut être de différents types :
cognitive ou motrice. Le type choisi aura une
influence sur les paramètres de marche. La
variabilité la plus importante a été démontrée
avec une tâche cognitive de type comptage à
rebours. Elle permet d’étudier la composante
attentionnelle de la marche. Celle-ci est d’autant
plus importante que le patient est soit jeune soit
âgé. Cette composante est évidemment pertur-
bée chez les patients déments (23).
Chez tous les sujets étudiés, quel que soit
l’âge, la double tâche entraîne une diminution
de la vitesse de marche par diminution de la lon-
gueur du pas, une majoration du temps de station
bi-podale et une plus grande variabilité du pas.
En partant du principe que la marche possède
également une composante centrale (24), on
peut imaginer qu’un patient dément présentera
des anomalies à ce niveau parfois avant même
de manifester les troubles cognitifs. Diverses
études (25, 26) sont en cours pour tenter de vali-
der cette hypothèse.
Enfin, de plus en plus, des appareils permet-
tant une évaluation beaucoup plus précise des
différents paramètres de marche sont utilisés. Il
peut s’agir d’accéléromètres tels le LOCOME-
TRIX, des tapis sur lesquels chaque point d’ap-
pui est enregistré (GAIT RITE,…), des capteurs
de mouvements fixés sur les jambes et le tronc
du patient…
Le LOCOMETRIX, par exemple, se compose
d’un boîtier qui se fixe à une ceinture lombaire
(soit au niveau approximatif du centre de gra-
vité). Les accélérations dans les plans vertical,
longitudinal et latéral sont enregistrées; les para-
mètres mesurés permettent de donner des valeurs
de cadence et de symétrie des pas, de régularité,
de vitesse ou encore d’énergie fournie. Ces tests
toujours réalisés en laboratoire nécessitent une
infrastructure suffisante et, surtout, une stan-
dardisation des mesures. Toutefois, l’espoir de
pouvoir les utiliser en pratique clinique courante
dans les prochaines années, paraît tout à fait rai-
sonnable.
Troubles de la marche et démence
Les troubles de la marche sont associés à tou-
tes les pathologies démentielles même à un stade
précoce. Il est également possible qu’un trouble
de la marche d’origine «non périphérique» sur-
venant dans le cadre d’une avancée en âge jus-
que là non pathologique, soit un signe précoce
d’une maladie démentielle qui se révèlera par-
Troubles de la marche de la personne âgée
Rev Med Liege 2007; 62 : 12 : 713-718 717
fois plusieurs années plus tard. Waite et al. (27)
ont en effet montré dans la «Sidney Older Person
Study», que même s’il n’existait pas d’anomalie
de la substance blanche en imagerie cérébrale,
les sujets souffrant de troubles cognitifs, asso-
ciés à un ralentissement de la marche évoluaient
plus fréquemment, dans un délai de 6 ans vers
un état démentiel. Le risque de mortalité de ce
groupe était aussi plus important.
Quelles sont les interventions
possibles pour améliorer la marche ?
Avant tout, le praticien doit tenter d’éviter
l’émergence de pathologies ayant une influence
sur la marche. Chacun veillera au bon équilibre
du diabète, à prévenir les pathologies cardio-
vasculaires, à traiter une hypertension ou encore
à correctement équilibrer un syndrome extrapy-
ramidal.
Une prescription rationnelle de médicaments,
à effet sédatif plus particulièrement, est égale-
ment indispensable.
En dehors de ces attitudes purement médica-
les et plutôt préventives, il existe également des
possibilités de «revalidation».
L’exercice régulier et surtout la marche à l’ex-
térieur ont prouvé leur efficacité. Les patients
gardent une autonomie plus importante, une
confiance en eux plus grande et des paramètres
de marche meilleurs que s’ils marchaient uni-
quement en «terrain couvert» (28, 29). La mar-
che à l’extérieur favorise également le maintien
de contacts sociaux qui sont très importants chez
la personne âgée.
Les patients danseurs ont la même évolution
cognitive que les «non-danseurs» mais ils pos-
sèdent des paramètres de marche bien meilleurs.
Ils restent capables de maintenir plus longtemps
une station unipodale, ils ont un meilleur sens de
l’équilibre et une meilleure masse musculaire.
Cela les rend plus longtemps autonomes (30).
Le Tai-chi est une méthode de gymnastique
rythmique qui se développe de plus en plus. En
gériatrie, cette activité rencontre un succès gran-
dissant et les études lui étant consacrées fleu-
rissent (31, 32). Le tai-chi rend confiance aux
patients, propose une activité physique douce et
améliore l’équilibre.
Les aides à la marche peuvent rassurer le
patient et lui procurer un appui supplémentaire
pour autant qu’il ait encore la capacité cognitive
et la force musculaire suffisante pour les utiliser
correctement.
Dans le cas d’une chute, le patient doit être
rapidement pris en charge afin d’éviter l’émer-
gence d’un syndrome de désadaptation psycho-
motrice.
Enfin, il ne faut pas perdre de vue l’effet
bénéfique de séances de kinésithérapie, orien-
tées vers la mobilisation, au domicile.
Conclusions
Les troubles de la marche sont fréquents
avec l’avancée en âge; ils ont des conséquences
fonctionnelles et socio-économiques non négli-
geables. Ils sont souvent prédictifs de déclin
fonctionnel.
Ils peuvent être ciblés en pratique clinique par
des tests simples et réalisables en consultation.
Des techniques plus précises permettront bientôt
de mieux évaluer les anomalies du mouvement.
Des possibilités de revalidation existant, il est
donc très important de dépister ces troubles chez
les patients gériatriques.
Enfin, l’étude de la marche ouvre des pistes
pour le diagnostic précoce des démences, en
particulier lors des épreuves en double tâche.
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nition, intérêts et perspectives chez le sujet âgé. Psychol
Neuropsychiatr Vieil, 2006, 4, 215-225.
Les demandes de tirés à part sont à adresser au Dr.
E. Warzee, Service de Gériatrie, CHU Sart Tilman,
Liège, Belgique.
Email : ewarzee@chu.ulg.ac.be

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8. warzee marche (6)[1]

  • 1. Rev Med Liege 2007; 62 : 12 : 713-718 713 Introduction Les troubles de la marche sont fréquents en gériatrie puisque au-delà de 80 ans, ils concer- nent 82 % des sujets. En institution, une per- sonne sur deux nécessite une aide à la marche. Trois ans après le diagnostic de démence, un patient sur trois est totalement incapable de se déplacer (1). Les chutes sont une conséquence de ces dif- ficultés à la mobilisation et en sont souvent le révélateur. Leur incidence augmente avec l’avan- cée en âge : elles concernent 35% des patients entre 65 et 79 ans, 45% entre 80 et 89 ans et plus de 55% des personnes au-delà de 90 ans (2). Elles sont plus fréquentes chez les femmes (3). Aux Etats-Unis comme en France, leur coût direct représente un nonantième du budget de la santé (4). S’y ajoutent les dépenses indirectes en termes de soins de kinésithérapie, aide, etc. De plus, les risques d’institutionnalisation sont majorés. Il s’agit donc d’un véritable problème de santé publique. La marche normale Elle peut être définie comme : «un acte moteur intentionnel, dirigé vers un but, qui assure le déplacement du corps dans le plan horizontal via des contraintes posturales et d’équilibre». La marche résulte de la combinaison dans le temps et l’espace de mouvements de différents segments du corps (5). Cela suppose donc un acte moteur, une acti- vité sensorielle et l’intégration de ces paramètres au niveau central. De nombreuses structures du système nerveux central et périphérique doivent donc intervenir pour coordonner l’ensemble des informations nécessaires à un déplacement har- monieux. Certains facteurs prouvent qu’il existe une composante d’automaticité à la marche. Ainsi, un centre spinal, nommé le Groupe Spinal de la Marche (GSM) permet la génération de mouve- ments rythmiques automatiques. Le mésocortex (noyau pédonculo-pontin) agit au niveau de la modulation de la marche. Il est également dési- gné sous le nom de zone locomotrice (6) Enfin, au niveau cortical, le cortex préfron- tal agit sur l’intégration de tous les paramètres collectés par les différents centres du système nerveux. Il s’agit de la partie attentionnelle de la marche. Cette composante est plus impor- tante chez les personnes âgées et chez les jeunes enfants. En plus de la composante automatique, une gestion adéquate de l’environnement est indispensable (changements de direction, ges- tions des obstacles...) (Fig. 1). Paramètres de la marche Un cycle de marche est constitué de deux pas comprenant une phase d’appui unipodal et une phase d’appui bipodal. Chaque pied passe par une période d’oscillation pendant 40% du temps et une phase d’appui de 60% du temps. Les différents paramètres étudiés sont la vitesse de marche, la longueur du pas, la lon- gueur du cycle de marche, le nombre de dévia- tions latérales, la variabilité dans les pas, le temps en station bipodale, la manière d’effectuer un demi-tour sur soi-même… (Fig. 2). Pour chaque mesure, existent des valeurs de référence. Toutefois, elles ne sont que rarement adaptées au grand âge. E. Warzee (1), J. Petermans (2) RÉSUMÉ : La chute est un évènement fréquent chez le vieillard qui provoque une augmentation de la morbi-mortalité. Le patient chuteur présente un risque d’hospitalisation plus important et connaît une diminution progressive de son auto- nomie. De plus en plus d’études évoquent un lien entre patho- logie démentielle et trouble de la mobilité. Nous nous sommes intéressés aux diverses anomalies de la marche rencontrées en gériatrie, notamment la marche sénile, et aux divers moyens de les dépister. Mots-clés : Trouble de la marche - Chute - Vieillard - Marche sénile - Double tâche Gait disorders in the elderly SUMMARY : Falls are frequent in the elderly and are respon- sible for an increased morbi-mortality. The elderly who has a tendency to fall is at higher risk of repeated hospitalisation and of institutionalisation. A link between cognitive and gait disorders is put forward by several recent studies. This paper is concerned with the various gait abnormalities encountered in the elderly, especially seriale gait, and the means to detect them. Keywords : Gait disorders - Fall - Elderly - Senile gait - Dual task Les troubles de la marche de la personne âgée (1) Assistante clinique, (2) Professeur, Chef de Service, Service de Gériatrie, CHU Sart Tilman, Liège.
  • 2. E. Warzee, J. Petermans Rev Med Liege 2007; 62 : 12 : 713-718714 Marche sénile La marche du vieillard est souvent caractéri- sée par des petits pas (ce qui entraîne une dimi- nution de la vitesse de marche), une diminution du ballant des bras, une majoration du temps en station bipodale, un élargissement de la base de sustentation et une diminution de la hauteur du centre de gravité (favorisé par l’ostéoporose). De plus, en cas d’ostéoporose, le patient aura un moins bon déroulement de la hanche et du genou (7). La diminution de la vitesse de la marche a pour conséquence une tendance à la bascule en arrière ou sur le côté. Or, selon Nevitt et Cummings, chuter sur le côté est un critère de gravité, car cela majore le risque de fracture de hanche (8). Toutefois, la marche sénile ne semble pas être le résultat d’un processus de vieillissement phy- siologique; en effet, certains patients très âgés conservent une marche tout à fait normale. De plus, Elble et al. ont montré que les troubles de la marche de type «sénile» sont liés à des modifications d’activité cérébrale détectée par l’imagerie. Le risque de chute dans les 6 mois est le même que pour les sujets souffrant d’une marche pathologique. Enfin, la mortalité car- dio-vasculaire est comparable chez les patients présentant une marche sénile ou un autre type de marche pathologique et elle est nettement supérieure à celle des patients qui conservent une marche normale. La marche sénile pourrait être une expression de troubles cardiovasculai- res infra-cliniques (9). La marche pathologique Les causes de marche pathologique sont nom- breuses. Elles peuvent être iatrogènes, suite à Figure 2. L’hippocampe a une relation fonctionnelle avec le cortex pré- frontal par le cortex entorhinal et le système nigrostriatal. La dégénéres- cence de l’hippocampe est responsable d’une détérioration de l’information visuelle, vestibulaire et sensoro-proprioceptive ainsi que de la détérioration de l’information contextuelle spatiale conduisant à des troubles de la marche. Les dommages du cortex préfrontal peuvent être la cause de dysfonctions exécutives provoquant des troubles moteurs (33). Figure 1. Paramètres de la marche (34).
  • 3. Troubles de la marche de la personne âgée Rev Med Liege 2007; 62 : 12 : 713-718 715 l’utilisation de sédatifs ou de trop fortes doses d’hypotenseurs ou encore d’hypoglycémiants, par exemple. Une marche antalgique peut être observée en cas de gonarthrose sévère ou encore de coxarth- rose invalidante. Les neuropathies diabétiques et toutes les pathologies sensitives modifient la proprioception et influencent les paramètres de marche. Enfin, une dégénérescence maculaire entraîne des difficultés à la mobilisation de même que des troubles vestibulaires, suite aux modifica- tions de perception de l’environnement que cette pathologie provoque. Divers types de marche sont décrits. Dans la marche frontale, les patients présentent une dif- ficulté d’initiation du mouvement. La démarche s’effectue à petits pas, quasi «militaires», la base de sustentation est normale (10). Le demi-tour est également réalisé à petits pas. Même si cette marche ressemble fort à celle des patients parkinsoniens, il n’y a pas de syn- drome extrapyramidal (11). Dans la marche antalgique, le patient a ten- dance à diminuer spontanément son temps d’ap- pui sur le côté douloureux en majorant la phase d’oscillation de ce côté. La marche de désadaptation psychomotrice est souvent observée après une chute. La crainte de tomber entraîne une diminution de la mobilité avec une perte progressive des automatismes et une attitude inadaptée face à la marche. Ce syn- drome, appelé parfois «syndrome post-chute», se caractérise par des signes neurologiques (akinésie, hypertonie oppositionnelle variable dans le temps, altération des réflexes posturaux avec perte des automatismes protecteurs en cas de chute), des troubles de la posture (rétropul- sion du tronc, déjettement en arrière même en position assise et tendance à la chute en arrière), une altération de la marche (freezing, petits pas, majoration du temps de station bipodale), et, enfin, des anomalies psycho-comportementales avec phobie de la station verticale et apparition de troubles exécutifs (12). La personne est d’une prudence excessive, diminue ses déplacements. Une modification du schéma corporel pourra être constatée dans certains cas. L’apparition de ce syndrome sera favorisée par l’existence antérieure d’un trouble de la mar- che, d’une leucoaraïose, d’une perception mau- vaise de l’état de santé, de l’alitement ainsi que de troubles cognitifs ou financiers. Le moyen de limiter l’apparition de ce syn- drome est de stimuler le patient rapidement après sa chute et de lui apporter également un soutien psychologique adéquat. Lors de troubles de la marche d’origine psy- chiatriques, la variabilité des pas est extrême- ment importante, la marche est d’une lenteur exagérée, la personne agit comme si elle «mar- chait sur de la glace». Le patient hystérique présentera une incapacité totale à la marche de manière transitoire et souvent théâtrale, jamais quand il est seul (13). Conséquences des troubles de la marche Le principal risque est la chute. Elle peut avoir des conséquences telles que fractures, fou- lures ou encore crush syndrome nécessitant une intervention chirurgicale, médicale, voire une hospitalisation prolongée. Souvent, le patient qui a chuté sans qu’il n’y ait eu nécessairement de conséquences fonc- tionnelles et organiques, aura peur de tomber à nouveau. C’est un facteur de risque de chute surajouté ! Le chuteur aura tendance à limiter ses déplacements pour diminuer ses risques de tomber. Il se mobilisera moins et aura donc progressivement une autonomie qui régressera. Ceci aura pour effet d’accélérer le déclin fonc- tionnel, de majorer sa fragilité et sa morbi-mor- talité (14). Tests cliniques d’évaluation de la marche Diverses méthodes ont été validées et sont utilisées régulièrement en pratique clinique pour déterminer les risques de chutes. Le test de Tinetti ou POMA (Performance Oriented Mobility Assessment) comprend dif- férentes épreuves qui sont toutes cotées par l’examinateur (réalisées adéquatement, inadé- quatement, partiellement adéquatement). Les épreuves consistent à se maintenir en équilibre, assis sur une chaise sans appui sur le dossier, se lever, attraper un objet fictif sur le sol ou au pla- fond, soutenir une poussée sternale, etc… (15). Malheureusement, la cotation de ce test varie énormément dans la littérature (cotation sur 35, 38, 0 points si bien réalisé ou 2 points…). Par conséquent, il est très important de posséder les détails de cette évaluation et de ne pas se conten- ter du score total. Enfin, la validité de ce test est examinateur-dépendant. Dans le même ordre d’idée, le test de Berg reprend certains items du test de Tinetti et évalue chaque item de 0 à 4 (16).
  • 4. E. Warzee, J. Petermans Rev Med Liege 2007; 62 : 12 : 713-718716 Le «Get Up and Go Test» consiste à deman- der au patient de se lever d’une chaise avec accoudoirs sans utiliser ces derniers, marcher trois mètres, faire demi-tour et revenir s’asseoir. Chaque étape du test est évaluée (réalisation adéquate, inadéquate, intermédiaire), il existe des pénalités (si le patient utilise les accoudoirs, bascule en avant, avant de se lever…) (17). Tout comme dans le test de Tinetti, cette éva- luation dépend de l’appréciation de l’examina- teur, et là aussi, il est important de connaître quelles sont les difficultés rencontrées plutôt que se baser uniquement sur un score global. La manoeuvre peut être sensibilisée en chronomé- trant chaque étape. Elle porte alors le nom de «Timed Get Up and Go Test». Le temps de réa- lisation normal de cette épreuve est de moins de 10 secondes, l’exercice est à réévaluer entre 10 et 20 secondes et est pathologique au-delà de 20 secondes. Si le sujet met plus de 30 secondes, on estime qu’il est incapable de marcher sans aide. Cette évaluation est également proposée sur une distance totale de 10 mètres (5 mètres aller-re- tour) (18) afin de sensibiliser de manière plus importante le calcul de la vitesse de marche. La «One Leg Balance» (station unipodale) est une autre épreuve facilement réalisable en routine (19). La description de l’épreuve varie selon les auteurs : se maintenir le plus longtemps possible sur la jambe de son choix pendant au moins 5 ou 15 secondes. La station sur un pied nécessite évidemment un bon équilibre, mais aussi une masse musculaire suffisante et une proprioception correcte. En pratique, rares sont les patients âgés hospi- talisés capables de réaliser le test de façon satis- faisante. Pourtant, il existe une corrélation entre le maintien d’une autonomie dans de nombreux actes de la vie courante, comme utiliser le télé- phone par exemple, et la capacité de maintenir la station unipodale (20). La pression sternale ou «Postural Stress Test» (PST) ou «Pull Test» évalue la capacité du sujet à résister à une poussée légère sur le sternum. Ici aussi, il existe de nombreuses manières de réaliser cette épreuve. Sa valeur prédictive n’est pas non plus clairement définie (21). La marche effectuée dans des conditions de double tâche est de plus en plus étudiée dans la littérature. Le but de cette technique est de sen- sibiliser les paramètres de marche. Le principe est le suivant : deux tâches réali- sées simultanément interfèrent si elles utilisent deux sous-systèmes fonctionnels et/ou céré- braux identiques (22); il existe donc une tâche primaire (celle qui interfère) et une tâche secon- daire (dans notre cas la marche). La tâche primaire peut être de différents types : cognitive ou motrice. Le type choisi aura une influence sur les paramètres de marche. La variabilité la plus importante a été démontrée avec une tâche cognitive de type comptage à rebours. Elle permet d’étudier la composante attentionnelle de la marche. Celle-ci est d’autant plus importante que le patient est soit jeune soit âgé. Cette composante est évidemment pertur- bée chez les patients déments (23). Chez tous les sujets étudiés, quel que soit l’âge, la double tâche entraîne une diminution de la vitesse de marche par diminution de la lon- gueur du pas, une majoration du temps de station bi-podale et une plus grande variabilité du pas. En partant du principe que la marche possède également une composante centrale (24), on peut imaginer qu’un patient dément présentera des anomalies à ce niveau parfois avant même de manifester les troubles cognitifs. Diverses études (25, 26) sont en cours pour tenter de vali- der cette hypothèse. Enfin, de plus en plus, des appareils permet- tant une évaluation beaucoup plus précise des différents paramètres de marche sont utilisés. Il peut s’agir d’accéléromètres tels le LOCOME- TRIX, des tapis sur lesquels chaque point d’ap- pui est enregistré (GAIT RITE,…), des capteurs de mouvements fixés sur les jambes et le tronc du patient… Le LOCOMETRIX, par exemple, se compose d’un boîtier qui se fixe à une ceinture lombaire (soit au niveau approximatif du centre de gra- vité). Les accélérations dans les plans vertical, longitudinal et latéral sont enregistrées; les para- mètres mesurés permettent de donner des valeurs de cadence et de symétrie des pas, de régularité, de vitesse ou encore d’énergie fournie. Ces tests toujours réalisés en laboratoire nécessitent une infrastructure suffisante et, surtout, une stan- dardisation des mesures. Toutefois, l’espoir de pouvoir les utiliser en pratique clinique courante dans les prochaines années, paraît tout à fait rai- sonnable. Troubles de la marche et démence Les troubles de la marche sont associés à tou- tes les pathologies démentielles même à un stade précoce. Il est également possible qu’un trouble de la marche d’origine «non périphérique» sur- venant dans le cadre d’une avancée en âge jus- que là non pathologique, soit un signe précoce d’une maladie démentielle qui se révèlera par-
  • 5. Troubles de la marche de la personne âgée Rev Med Liege 2007; 62 : 12 : 713-718 717 fois plusieurs années plus tard. Waite et al. (27) ont en effet montré dans la «Sidney Older Person Study», que même s’il n’existait pas d’anomalie de la substance blanche en imagerie cérébrale, les sujets souffrant de troubles cognitifs, asso- ciés à un ralentissement de la marche évoluaient plus fréquemment, dans un délai de 6 ans vers un état démentiel. Le risque de mortalité de ce groupe était aussi plus important. Quelles sont les interventions possibles pour améliorer la marche ? Avant tout, le praticien doit tenter d’éviter l’émergence de pathologies ayant une influence sur la marche. Chacun veillera au bon équilibre du diabète, à prévenir les pathologies cardio- vasculaires, à traiter une hypertension ou encore à correctement équilibrer un syndrome extrapy- ramidal. Une prescription rationnelle de médicaments, à effet sédatif plus particulièrement, est égale- ment indispensable. En dehors de ces attitudes purement médica- les et plutôt préventives, il existe également des possibilités de «revalidation». L’exercice régulier et surtout la marche à l’ex- térieur ont prouvé leur efficacité. Les patients gardent une autonomie plus importante, une confiance en eux plus grande et des paramètres de marche meilleurs que s’ils marchaient uni- quement en «terrain couvert» (28, 29). La mar- che à l’extérieur favorise également le maintien de contacts sociaux qui sont très importants chez la personne âgée. Les patients danseurs ont la même évolution cognitive que les «non-danseurs» mais ils pos- sèdent des paramètres de marche bien meilleurs. Ils restent capables de maintenir plus longtemps une station unipodale, ils ont un meilleur sens de l’équilibre et une meilleure masse musculaire. Cela les rend plus longtemps autonomes (30). Le Tai-chi est une méthode de gymnastique rythmique qui se développe de plus en plus. En gériatrie, cette activité rencontre un succès gran- dissant et les études lui étant consacrées fleu- rissent (31, 32). Le tai-chi rend confiance aux patients, propose une activité physique douce et améliore l’équilibre. Les aides à la marche peuvent rassurer le patient et lui procurer un appui supplémentaire pour autant qu’il ait encore la capacité cognitive et la force musculaire suffisante pour les utiliser correctement. Dans le cas d’une chute, le patient doit être rapidement pris en charge afin d’éviter l’émer- gence d’un syndrome de désadaptation psycho- motrice. Enfin, il ne faut pas perdre de vue l’effet bénéfique de séances de kinésithérapie, orien- tées vers la mobilisation, au domicile. Conclusions Les troubles de la marche sont fréquents avec l’avancée en âge; ils ont des conséquences fonctionnelles et socio-économiques non négli- geables. Ils sont souvent prédictifs de déclin fonctionnel. Ils peuvent être ciblés en pratique clinique par des tests simples et réalisables en consultation. Des techniques plus précises permettront bientôt de mieux évaluer les anomalies du mouvement. Des possibilités de revalidation existant, il est donc très important de dépister ces troubles chez les patients gériatriques. Enfin, l’étude de la marche ouvre des pistes pour le diagnostic précoce des démences, en particulier lors des épreuves en double tâche. Bibliographie 1. Cocchini G, Della Salla S, Logie RH, et al.— Dual task effects of walking when talking in AD. Rev Neurol, 2004, 160, 74-80. 2. NHMRC (National Health and Medical Research +Council Australia). Falls and the older person series on clinical management problems in the elderly, http:// www.nhmrc.gov.au/publications/synopses/ac6syn.htm, consultation du 17 mars 2007. 3. Gostynski M, Ajdacic-Cross V, Gutzwiller F, et al,— Epidemiological analysis of accidental falls by the elderly in Zurich and Geneva. Scheiz Med Wochenschr, 1999, 129, 270-275. 4. Tinetti M, Baker DI, Mac Avay, et al.— A multifactorial intervention to reduce the risk of falling among elderly people living in the community. N Engl J Med, 1994, 331, 821-827. 5. Beauchet O, Berrut G.— Marche et double tâche : défi- nition, intérêts et perspectives chez le sujet âgé. Psychol Neuropsychiatr Vieil, 2006, 4, 215-225. 6. DietzV.— Spinal cord pattern generators for locomo- tion. Clin Neurophysiol, 2003, 114, 1379-1389. 7. Falls and gait disorder the Merck manual of geriatrics 2nd Edition, Merck, Paris, 1995, 65-78. 8. Nevitt MC, Cummings SR, Stone Kl, et al.— Type of fall and risk of hip and wrist fractures: the study of osteoporotic fractures research group. J Am Geratr Soc, 1993, 41, 1226-1234. 9. Bloem BR, Gussekloo J, Lagaay AM, et al.— Idiopathic senile gait disorders are signs of subclinical disease. J Am Geriatr Soc, 2000, 48, 1098-1101. 10. Sjorgen M, Andersen C.— Frontotemporal dementia : a brief review. Mech Ageing Dev, 2006, 127, 180-187.
  • 6. E. Warzee, J. Petermans Rev Med Liege 2007; 62 : 12 : 713-718718 11. Rossor MN, Tyrrell PJ, Warrington EK, et al.— Progres- sive frontal gait disturbance with atypical Alzheimer’s disease and corticobasal degeneration. J Neurol Neuro- surg Psychiatry, 1999, 67, 345-352. 12. Vellas BJ, Wayne SJ, Romero L, et al.— Fear of falling and restriction of mobility in elderly fallers. Age Ageing, 1997, 26, 189-193. 13. Snijders AH, van de Warrenburg BP, Giadi N, et al.— Neurological gait disorders in the elderly people clini- cal approach and classification. Lancet Neurol, 2007, 6, 63-74. 14. Tinetti ME, Speechley M.— Prevention of falls among the elderly. N Engl J Med, 1989, 320, 1055-1059. 15. Tinetti ME.— Performance-oriented assessment of mobility problems in elderly patients. J Am Geriatr Soc, 1986, 34, 119-126. 16. Favier F.— Les tests cliniques de chutes in Jacquot JM, Strubel D. La chute de la personne âgée, Editions Mas- son 1999, 273-284. 17. Mathias S, Nayak US, Isaacs B, et al.— Balance in elderly patients : the “get up and go test”. Arch phys Med Rehabil, 1986, 67, 387-389. 18. Podsiallo D, Richardson S.— The timed get up and go: a test of basic functional mobility for frail elderly persons. J Am Geriatr Soc, 1991, 39, 142-148. 19. Vellas BJ, Wayne SJ, Romero L, et al.— One leg-ba- lance is an important predictor for injurious falls in older persons. J Am Geriatr Soc, 1997, 45, 735-738. 20. Nourhasémi F, Kostek V, Ousset PJ, et al.— La station unipodale : un marqueur du vieillissement. Vieillir avec succès, facteurs prédictifs, compensation et optimisa- tion. Serdi Ed, 1997, 53-62. 21. Chandler JM, Duncan PW, Studenski SA.— Balance performance on the postural stress test : comparison of young adults, healthy elderly and fallers. Phys Ther, 1990, 70, 410-415. 22. Pashler H.— Dual Task interference in simple tasks: data and theory. Psychol Bull, 1994, 116, 220-244. 23. Abernethy B.— Dual task methodology and motor skills research : some applications and methodology constraints. J Hum Mov Studies, 1988, 14, 101-132. 24. Scheder E, Eggermont L,sergeant J, et al.— Gait in ageing and associated dementias, its relationshipwith cognition. Neurosci Biobehav Rev, 2007, 31, 485-497. 25. Verghese J, Wang C, Lipton RB, et al.— Quantita- tive gait dysfunction and risk of cognitive decline and dementia. J Neurol Psychiat, 2007. 26. Beauchet O, Dubost V, Aminian K, et al.— Dual-task- related gait changes in the elderly: does the type of cognitive task matter? J Mot Behav, 2005, 37, 259-264. 27. Waite LM, Grayson DA, Piguet O, et al.— Gait slowing as a predictor of incident dementia : 6-year longitudinal data from the Sydney Older Person Study. J Neurol Sci, 2005, 229-230, 89-93. 28. Killey B, Watt E.— The effect of extra walking on the mobility, independance and exercise self-efficacy of elderly hospital in-patients : a pilot study. Contemp Nurse, 2006, 22, 120-133. 29. Simonsick EM , Gurdnick JM, Volpoto S.— Just get out the door! Importance of walking outside of home for maintaining mobility : findings from the women health and aging study. J Am Geriatr Soc, 2005, 53, 198-203. 30. Verghese J.— Cognitive and mobility profile of older social dancers, J Am Geriatr Soc, 2006, 54, 1241-1214. 31. Li F, Harmer P, McAuley E, et al.— Tai Chi and fall reductions in older adults : a randomized controlled trial, J Gerontol A Biol Sci Med Sci, 2005, 60, 187-194. 32. Chen KM, Li CH, Li JN, et al.— A feasible method to enhance and maintain the health of elderly living in long-term care facilities through long-term, simplified tai chi exercises. J Nurs Res, 2007, 15, 156-164 33. Scherder E, Eggermont L, Swaab D, et al.— Gait in ageing and associated dementias; its relationship with cognition. Neurosci Biobehav Rev, 2007, 31, 485-497. 34. Beauchet O, Berrug G.— Marche et double tâche : défi- nition, intérêts et perspectives chez le sujet âgé. Psychol Neuropsychiatr Vieil, 2006, 4, 215-225. Les demandes de tirés à part sont à adresser au Dr. E. Warzee, Service de Gériatrie, CHU Sart Tilman, Liège, Belgique. Email : ewarzee@chu.ulg.ac.be