SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  23
Télécharger pour lire hors ligne
J Radiol 2002,83;1117-1139
© Éditions françaises de radiologie, Paris, 2002Formation médicale continue
Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent
F Diard (1), JF Chateil (1), O Hauger (1), M Moinard (1), H Ducou-Lepointe (2)
Imaging of chilhood and adolescent scoliosis
Scoliosis is frequent, especially during the peripubertal period, which corresponds to the period of greatest activity. About
75% of scoliosis are idiopathic, while the remaining 25% can be divided into neuromuscular, congenital and miscellaneous
etiologies. When it is associated with pain, a comprehensive work up should be undertaken to identify the underlying etiology
of the scoliosis.
Idiopathic scoliosis is typically evaluated using standard radiographs. The number of follow-up radiographs and radiation
exposure must be maintained to a minimum. Radiation safety guidelines and protocols must be implemented. Large cassettes
can be replaced by digital acquisitions using units with reconstruction software. The technique of evaluation of these scoliosis
series radiographs as well as their results will be reviewed. Recent data regarding the evaluation of spinal and pelvic balance
parameters in the standing position will be introduced.
Atypical idiopathic and other scoliosis require additional evaluation. Computed tomography, with 2D and 3D reformations, is
ideal for evaluation of bony anomalies. MRI is ideal for evaluation of the spinal canal and cord, from the skull base down to the
sacrum, for all patients with surgical scoliosis or patients with neurological symptoms. The increased availability of MR imaging
has resulted in an increased number of so-called idiopathic asymptomatic scoliosis where an underlying anomaly can be identi-
fied.
Key words: Spine, curvature. Spine, CT. Spine, development defect. Spine, MR. Spine, primary neoplasms.
J Radiol 2002;83:1117-1139
Les scolioses sont fréquentes, surtout dans la période péri-pubertaire qui correspond à leur phase d’évolutivité maximale ;
75 % sont idiopathiques, les autres étant d’origine malformative, d’étiologie neuro-musculaire ou de causes diverses. Les sco-
lioses qui sont douloureuses sont symptomatiques et doivent systématiquement faire rechercher une cause.
Les scolioses idiopathiques sont explorées par la radiologie conventionnelle et il faut apporter une grande attention à la dose
d’irradiation délivrée en limitant le nombre des clichés de contrôle, en respectant les normes de radioprotection et en aban-
donnant progressivement les grandes cassettes conventionnelles pour des acquisitions numériques avec logiciel de recons-
truction. Les résultats et la technique d’analyse de ces clichés sont exposés avec une mention particulière sur les données
nouvelles de l’évaluation de la statique pelvirachidienne.
Les scolioses idiopathiques atypiques et les autres scolioses nécessitent une exploration plus poussée essentiellement basée
sur l’imagerie en coupe. La tomodensitométrie avec reformatage 2D ou 3D est utile pour l’analyse de l’anomalie osseuse
d’une malformation, ou l’analyse du niveau lésionnel d’une scoliose douloureuse. L’IRM est capitale pour l’étude de l’axe
médullaire allant de la fosse postérieure au sacrum, pour toutes les scolioses graves relevant d’un traitement chirurgical et
pour toutes les scolioses avec signes cliniques neurologiques. Sa réalisation plus large fait aujourd’hui diminuer le nombre
relatif des scolioses idiopathiques en mettant en évidence des causes neurologiques infra-cliniques.
Mots-clés : Croissance, scolioses. Rachis, techniques d’exploration. Rachis, malformations. Rachis, tumeurs. Irradiation. Moelle épinière.
ne scoliose est une déformation rachidienne dans les
trois plans de l’espace, coronal avec courbure latérale,
sagittal avec cyphose ou lordose, axial avec rotation des
corps vertébraux sur leur axe.
Une scoliose implique deux notions fondamentales :
1. Le dépistage pour suivre son évolution et prévenir son aggra-
vation pendant toute la période péri et post-pubertaire de crois-
sance rapide ;
2. La recherche de l’étiologie car la scoliose n’est parfois que le
symptôme d’une pathologie sous-jacente.
DÉPISTAGE CLINIQUE D’UNE SCOLIOSE (1)
1. Quand y penser ?
– Il faut la rechercher systématiquement par un examen du dos
à la puberté, surtout s’il y a des antécédents familiaux ;
– devant une obliquité du bassin et/ou une asymétrie des épaules
et des flancs ;
– devant toute cyphose et toute déformation thoracique.
2. L’interrogatoire
Il doit préciser :
– les circonstances d’apparition de la déformation ;
– les signes associés et en particulier la notion de douleur ;
– l’évolutivité de l’installation de la déformation ;
– l’existence d’antécédents familiaux ;
ABSTRACT
RÉSUMÉ
(1) Service de Radiologie A, Hôpital Pellegrin, Place Amélie Raba Léon, 33076 Bordeaux
Cedex.
(2) Service de Radiologie, Hôpital Trousseau, boulevard Arnold Netter, 75577 Paris Cedex 12.
Correspondance : F Diard, E-mail : francois.diard@chu-bordeaux.fr
U
1118 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent
– l’existence de symptômes musculaires ou neurologiques.
3. L’examen clinique
Il doit :
– vérifier l’équilibre du bassin ;
– rechercher une gibbosité en faisant pencher le sujet en avant ;
– rechercher un déséquilibre du rachis en utilisant un fil à plomb,
l’axe occipital devant passer par le pli inter-fessier ;
– rechercher une asymétrie des épaules, des flancs ou du
bassin ;
– rechercher un trouble de la statique sagittale (cyphose ou
lordose) en utilisant le fil à plomb, l’axe occipital étant tangent à
T8 et S2 avec des flèches cervicale (C7) et lombaire (L2) qui sont
égales et de l’ordre de 30 mm.
DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE :
CLASSIFICATION DES SCOLIOSES
Ce diagnostic commence au cours de l’examen clinique qui doit
être complet et comprendre un examen attentif de la peau et
un examen neurologique soigneux.
Cette enquête a pour but de rechercher une cause au symp-
tôme qu’est la scoliose. Celles qui ne relèvent d’aucune cause
sont la majorité et sont dites idiopathiques.
La classification de ces étiologies est exposée dans le tableau I.
Les scolioses idiopathiques représentent 75 %, les scolioses
congénitales 10 %, les étiologies neurologiques 5 %, les autres
causes se partagent le pourcentage restant.
Deux notions doivent être dégagées :
• la scoliose dite idiopathique voit sa fréquence baisser :
– parce que la prévention est de plus en plus efficace ;
– parce que l’examen neurologique met en évidence des formes de
plus en plus subtiles d’anomalies et que l’imagerie par résonance
magnétique permet d’en faire un diagnostic de plus en plus précis.
• il faut savoir dépister, dans le flux important des consultations
de scolioses dites idiopathiques, celles qui relèvent d’une étiolo-
gie particulière.
L’alerte est donnée par un certain nombre de symptômes qu’il
faut prendre en compte avec une particulière vigilance :
– une douleur ;
– une contracture musculaire ;
– des signes neurologiques même minimes (absence des réflexes
cutanés abdominaux) ;
– des anomalies cutanées (taches, hyperlaxités) ;
– des signes cliniques de dysraphisme (fossette, tache, touffe de
poils) ;
– des pieds creux ;
– une courbure thoracique gauche ;
– une malformation urinaire ou cardiaque…
PLACE DE L’IMAGERIE
L’imagerie est fondamentale :
– pour la confirmation du diagnostic et l’évaluation de la scoliose ;
– pour le diagnostic étiologique précis.
LES PRINCIPALES TECHNIQUES D’IMAGERIE
1. Les clichés simples
L’examen de départ comprend deux clichés du rachis dans son
ensemble, face et profil, en position debout, et une évaluation
de l’âge osseux. Les autres techniques sont prescrites en fonction
Tableau I : Classification étiologique des scolioses d’après Ostreich (40).
Table I: Étiologic classification of scoliosis according to Ostreicht (40).
SCOLIOSES IDIOPATHIQUES
Infantiles (0-3 ans)
Juvéniles (3-10 ans)
De l’adolescent (10 ans à la fin de la croissance)
AUTRES SCOLIOSES
CONGÉNITALES (malformations vertébrales)
• Troubles de la formation
– Vertèbre cunéiforme
– Hémivertèbre libre ou fusionnée
• Troubles de la segmentation
– Barre intervertébrale unilatérale
– Fusion costale
NEUROLOGIQUES
• Dysraphismes et malformation médullaires
– Méningocèle
– Myéloméningocèle
– Moelle attachée
– Anomalies de Chiari
– Syringomyélie
– Diastématomyélie
• Neuropathies
* Origine centrale
– Infirmité motrice centrale
– Dégénérescence spino-cérebelleuse (Friedreich, Charcot-Marie-Tooth, Roussy-
Levy)
– Tumeurs médullaires
* Origine périphérique
– Poliomyélite
– Sclérose latérale amyotrophique
– Arthrogrypose
– Dysautonomie
– Arthrogrypose neurogène
• Myopathies
– Arthrogrypose musculaire
– Dystrophie musculaire (Duchenne - Becker – Fascio-scapulo-humérale - Myotonique)
– Hypotonies congénitales
DYSPLASIQUES
• Dysplasies squelettiques
– Nanisme diastrophique
– Dysplasies spondylo épi et métaphysaires
– Micropolysaccharidoses (Morquio)
– Autres maladies de surcharge
• Dysplasies mésenchymateuses (ectodermique et méso dermique)
– Neurofibromatose
– Marfan
– Elhers Danlos
DIVERSES (secondaires)
– Post irradiation
– Post infectieuses
– Post traumatiques
– Post chirurgicales
DOULOUREUSES
(Voir tableau spécifique) (tableau II)
F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1119
des besoins diagnostiques ou thérapeutiques. L’utilisation des
radiographies doit prendre en compte la limitation de l’irra-
diation délivrée car l’évolution de la pathologie sur plusieurs
années va entraîner la répétition des contrôles pour la sur-
veillance.
1.1. Technique
1.1.1. La radiologie conventionnelle : les clichés simples sur
grande cassette (2) (fig. 1)
La technique doit être rigoureuse :
– distance focale 2 m ;
– cassette 30-90 ou 30-120 en fonction de la taille, avec écrans
dégressifs et éventuellement filtre dégressif ;
– pieds nus ;
– le patient se tenant droit.
• de face :
– en incidence postéro-antérieure chez les filles pour protéger les
seins et les ovaires ;
– en incidence antéro-postérieure chez le garçon avec un protè-
ge gonades en plomb ;
– sans ou avec compensation d’une éventuelle inégalité de
longueur des membres inférieurs (toute compensation devant
être indiquée sur le film) ;
– prenant la base du crâne et la totalité du bassin.
• de profil :
– convexité de la courbure principale contre la cassette ;
– rayon incident centré sur le milieu de la ligne occiput racine de
cuisse (pointe des omoplates) ;
– avant-bras horizontaux maintenus par un support (pied à
sérum) afin de dégager le rachis sans provoquer de déséquilibre
antérieur ni de modification de courbure ;
– avec compensation d’une éventuelle inégalité de longueur des
membres inférieurs pour horizontaliser le bassin (en le signalant
sur le film) ;
– avec une bonne visibilité des conduits auditifs externes et des
têtes fémorales ;
– cette technique classique est encore la plus utilisée. Elle a
l’avantage de donner des radiographies grandeur nature, mais
elle a des inconvénients : forte irradiation (voir plus loin), hétéro-
généité d’exposition avec des zones sur ou sous exposées, pro-
blèmes de parallaxe avec impossibilité de superposer les deux
têtes fémorales, coût de la surface sensible et difficulté d’archi-
vage.
1.1.2. Les techniques numériques
Les logiciels de reconstruction 2 D à partir d’acquisitions
numériques séquentielles (3) en sortie d’amplificateur de
brillance (fig. 2a et b)
Les acquisitions sont faites sur une table télécommandée avec
numérisation en sortie d’amplificateur, avec une matrice 1024
× 1024, et sont traitées par un logiciel sur une station de travail.
Le champ d’acquisition utilisé varie entre 38 cm et 40 cm. La
collimation latérale est adaptée au patient. La collimation en
hauteur est automatisée pour ne laisser qu’une fenêtre de 10 à
12 cm avec un chevauchement de 2 cm. Le déplacement de la
table est automatisé pour assurer un balayage de la base du
crâne aux racines des cuisses avec une vitesse de 4 cm par
seconde avec une cadence d’acquisition de deux images par
seconde, ce qui représente une moyenne de 30 images par inci-
dence, variant avec la taille du sujet. La reconstruction est assu-
rée de façon automatique par le logiciel avec visualisation sur la
console de post-traitement et édition sur film 30/40 ou 36/43
ou sur CD-Rom. Ce type d’acquisition permet une grande homo-
généité de noircissement avec une très bonne visibilité des zones
habituellement sur ou sous exposées sur les clichés avec grande
cassette (rachis thoracique, ailes iliaques).
Il est possible de réaliser un réglage du contraste et de la lumi-
nosité, et d’agrandir pour mieux analyser un segment donné.
L’outil informatique permet la réalisation de toutes les mesures
directement sur l’écran sans les erreurs de parallaxe des clichés
simples (les têtes fémorales sont bien superposées). La lecture
se fait donc sur écran et non plus sur négatoscope. La technique
permet par ailleurs de diminuer l’irradiation (voir plus loin) et de
faciliter l’archivage (disparition des grands films pliables) en
s’ouvrant à toutes les méthodes d’archivage électroniques
modernes.
Tableau II : Étiologie des scolioses douloureuses (Scolioses-Symptômes).
Table II: Etiology of painful scoliosis (Scoliosis-Symptoms).
Lésions vertébrales Lésions para-vertébrales Lésions intra-canalaires
Maladie de Scheuermann
Spondylolyses
Tumeurs rachidiennes bénignes
• corps vertébral : granulome éosinophile
• arc postérieur :
– ostéome ostéoïde
– ostéoblastome
– kyste anévrysmal
Tumeurs rares : chondromes, ostéochondromes,
dysplasie fibreuse.
Tumeurs rachidiennes malignes :
– Ewing
– lymphomes
– ostéosarcome (exceptionnel)
Tumeurs neurogènes :
– neuroblastomes
– ganglioneuromes
– neurofibromes (neurofibromatose)
Tumeur costales :
– bénignes : ostéome ostéoïde
– malignes : Ewing
Autres tumeurs des parties molles :
– rhabdomyosarcome
– divers
Tumeurs intra-médullaires :
– astrocytomes
– épendymomes
– métastases de médulloblastome
– hémangioblastome (Von Hippel Lindau)
Tumeurs extra-médullaires :
– neurofibromes (neurofibromatose)
– schwannomes
Malformations vasculaires
Dysraphismes occultes
1120 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent
1.1.3. Assemblage d’images obtenues après acquisition sur
cassettes phospholuminescentes (4)
Le procédé utilisé est le même que celui de la radiologie
conventionnelle avec grandes cassettes, mais le couple écran-film
classique est remplacé par des plaques phospholuminescentes.
Deux systèmes sont proposés aujourd’hui :
– un coffre porte-cassettes équipé d’une grille quadrillée spéciale
sur la face tournée vers le tube, et dans lequel on place quatre
cassettes phospholuminescentes complètes (fig. 3) ;
– l’utilisation d’une grande cassette conventionnelle avec grille
quadrillée incorporée dans laquelle on place quatre écrans phos-
pholuminescents (fig. 4).
Quatre plaques 24 × 30 cm sont disposées dans une cassette
30 × 120 cm.
Le logiciel de post-traitement a été conçu pour assembler
l’image initiale composite en corrigeant les distorsions (chevau-
chement, décalage, rotation, raccourci de perspective).
L’image, ainsi assemblée, reste cependant paramétrée par des
lignes horizontales qui sont dues à la partie supérieure des cas-
settes non balayées ou à la zone de jonction des écrans selon
le procédé.
Les avantages sont ceux de la numérisation (post-traitement,
archivage) identique au système précédent, mais la reconstruc-
tion apparaît de moins bonne qualité. Comme avec les grandes
cassettes conventionnelles, il n’y a pas de correction des erreurs
de parallaxe.
1.1.4. Les capteurs plans intégrés
aux tables télécommandées
Ils représentent sûrement la solution d’avenir puisque, compte
tenu de leur taille, entre 40 × 40 et 45 × 45, ils permettront,
suivant la taille du sujet, une exploration complète avec deux ou
trois expositions ; un logiciel de reconstruction assurant les
corrections des éventuels chevauchements et des décalages
entre les expositions.
1.1.5. Limitation de l’irradiation
Cette préoccupation doit être prioritaire dans une pathologie qui
expose à la répétition des clichés sur une période qui va de qua-
tre à cinq ans.
Ceci implique :
– de limiter le nombre de clichés au strict minimum nécessaire
après un accord avec les équipes médico-chirurgicales ;
– de bien respecter les règles simples pour les incidences de
face :
• incidence postéro-antérieure chez les filles pour protéger les
seins et les ovaires ;
• incidence antéro-postérieure chez le garçon avec protection
des gonades.
– d’évoluer vers la radiographie numérique par acquisition
séquentielle en abandonnant les clichés conventionnels sur gran-
de cassette.
En effet :
• les constantes utilisées pour les acquisitions sur grande casset-
te sont en moyenne de 80 kv et 140-160 mAs pour une dose
Fig. 1 : Cliché simple de face sur grande cassette.
Fig. 1: AP radiograph on a 14 × 36-inch cassette with stationary grid.
Fig. 2 : Image numérique obtenue avec un logiciel de reconstruction 2D, à
partir d’acquisition séquentielle en sortie d’amplificateur de brillance (Pro-
cédé Philips).
(a : Face, b : Profil).
Fig. 2: Digital image obtained with 2D reformatting software from sequential
acquisition on an image intensifier (Philips system).
(a: AP view, b: lateral view).
a b
F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1121
délivrée moyenne par incidence, de 140 cgy.cm2
pour un poids
de 30-50 kg à 210 cgy.cm2
pour un poids de 50-60 kg ;
• les constantes utilisées avec les acquisitions numériques
séquentielles en sortie d’amplificateur de brillance sont en
moyenne de 80 kv et 3 mAs pour une dose délivrée moyenne par
incidence, de 70 cgy.cm2
pour un poids de 30-50 kg à
120 cgy.cm2
pour un poids de 50-60 kg.
– de se mettre en conformité avec la réglementation (Directive
Européenne 47-43 Euratom du 9-07-97 (5) en équipant toutes
les sources de rayon X utilisées de chambres d’ionisation pour
mesurer la dose délivrée à chaque examen et l’inscrire dans le
compte-rendu.
Cette technique qui impose un changement d’habitude en
passant de la lecture sur négatoscope à la lecture sur console,
présente également des avantages économiques (suppression
des films 30/90 et 30/120) ainsi que des avantages d’archivage
et d’intégration informatisée dans le dossier médical du patient.
Pour que le gain en irradiation soit réel, il est nécessaire d’opti-
miser les réglages de l’appareillage pour une utilisation pédia-
trique.
La limitation de l’irradiation par le système d’assemblage
d’images sur cassette phospholuminescente n’est pas évaluée,
mais les constantes utilisées sont identiques à celles des cassettes
conventionnelles (80 kv, 110 mAs) et donc non réduites, ce qui
laisse à penser que la dose délivrée est identique.
L’utilisation des capteurs plans devrait, par contre, réduire
cette dose.
1.2. Résultats
1.2.1. Cliché de face debout
Le cliché de face permet d’analyser la ou les courbures, la rotation
des corps vertébraux sur leur axe et l’équilibre pelvi-rachidien
frontal.
Par convention, le cliché est présenté vu de dos avec la gauche
du patient à gauche du cliché et la droite à droite, car l’examen
clinique est fait vu de dos, et les interventions chirurgicales se
font en majorité par abord postérieur.
• Évaluation des courbures
– le côté se définit par la convexité ;
– l’amplitude s’apprécie par la méthode de Cobb (6, 7) (fig. 5).
Il faut préalablement définir la vertèbre sommet et les vertèbres
limites ;
– la vertèbre sommet est la vertèbre qui, au sommet de la cour-
bure est la plus horizontale et présente le maximum de rotation
axiale ;
– les vertèbres limites sont celles qui, à la limite supérieure (ver-
tèbre limite supérieure) ou à la limite inférieure (vertèbre limite
inférieure), présentent le maximum d’inclinaison par rapport à
l’horizontale et le minimum de rotation ;
– l’amplitude de la courbure est définie par la valeur en degrés
de l’angle formé, dans la concavité de la courbure par les lignes
droites prolongeant le plateau supérieur de la vertèbre limite
supérieure et le plateau inférieur de la vertèbre limite inférieure ;
– quand il existe deux courbures adjacentes, la vertèbre intermé-
diaire ou neutre correspond à la vertèbre limite inférieure de la
Fig. 3 : Assemblage d’images obtenues après acquisition sur cassette phos-
pholuminescente (Procédé Agfa) (Dr A. Geoffray).
Fig. 3: Assemblage of subimages obtained on phosphor plates (Agfa system).
Fig. 4 : Assemblage d’images obtenues après acquisition sur cassette phos-
pholuminescente (Procédé Fuji).
Fig. 4: Assemblage of subimages obtained on phosphor plates (Fuji system).
1122 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent
courbure supérieure et à la vertèbre limite supérieure de la cour-
bure inférieure (fig. 6) ;
– quand les plateaux des vertèbres limites ne sont pas bien visibles,
on peut utiliser la tangente au bord supérieur (vertèbre limite supé-
rieure) et au bord inférieur (vertèbre limite inférieure) des pédicules ;
– en cas de surveillance prolongée, les mesures doivent toujours
utiliser les mêmes vertèbres limites.
• Rotation des corps vertébraux
Elle s’apprécie au niveau de la vertèbre sommet. Le corps
vertébral tourne vers la convexité, tandis que l’apophyse épi-
neuse tourne vers la concavité de la vertèbre.
Cette rotation s’évalue par deux méthodes (8, 9) :
– la méthode de Cobb est la plus utilisée. Elle apprécie le dépla-
cement de l’épineuse par rapport au pédicule et au bord verté-
bral dans la concavité de la courbure. La rotation est aussi cotée
en 1, 2, 3 ou 4 croix (fig. 7a) ;
Fig. 5 : Mesure de l’amplitude d’une courbure simple (Méthode de Cobb). VS :
Vertèbre Sommet ; VL : Vertèbre Limite.
Fig. 5: Measurement of a simple lateral curvature (Cobb method).
Fig. 6 : Mesure de l’amplitude d’une double courbure (Méthode de Cobb).
Fig. 6: Measurement of a double lateral curvature (Cobb method).
Fig. 7 : Évaluation de la rotation par la méthode de Cobb (a), par la méthode de
Nash et Moe (b).
Fig. 7: Measurement of rotation by Cobb method (a), and Nash and Moe method
(b).
b
Fig. 8 : Évaluation de la statique pelvi-rachidienne de face (bassin oblique
gauche avec rachis équilibré).
Fig. 8: Evaluation of the pelvic and spinal static (left oblique pelvis with
balanced spine).
a
F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1123
– la méthode de Nash et Moe (10) apprécie le déplacement du
pédicule du côté convexe vers le côté concave. La rotation est ici
aussi classée de 0 à 4 croix (fig. 7b).
Le torsiomètre de Perdriolle (11) permet de quantifier cette
rotation en degrés.
• L’équilibre du rachis
Il s’apprécie en fonction de la verticale abaissée par l’épineuse
de C7 qui doit passer par la médiane sacrée. L’écart avec celle-
ci définit et quantifie un déséquilibre rachidien droit ou gauche.
•La statique du bassin
Elle s’apprécie par la tangente au pied des deux articulations
sacro-iliaques. La statique normale correspond à une ligne hori-
zontale. Si la ligne est oblique, l’obliquité est droite ou gauche,
et cette obliquité est quantifiée en degrés par rapport à l’hori-
zontale (fig. 8). Si le bassin est oblique, il faut vérifier l’égalité
ou l’inégalité de hauteur des têtes fémorales. Une inégalité est
significative quand elle est supérieure à un centimètre.
1.2.2. Cliché de profil debout
Ce cliché permet d’évaluer la cyphose dorsale, la lordose lom-
baire et la statique pelvi-rachidienne. Il permet en outre de
rechercher une maladie de Scheuermann ou un spondylolisthésis
associé.
• La cyphose dorsale
Elle se mesure par l’angle formé par la tangente au plateau
inférieur de T12 et la tangente au plateau supérieur de la pre-
mière vertèbre dorsale visible (T3 ou T4) (fig. 9).
Fig. 9 : Équilibre global du rachis de profil debout. Évaluation de la cyphose
thoracique et de la lordose lombaire.
Fig. 9: Sagittal equilibration of the spine in standing position. Evaluation of tho-
racic kyphosis and lumbar lordosis.
Fig. 10 : Évaluation de la position du centre de gravité du rachis (gîte sagitta-
le de T9).
Fig. 10: Determination of the center of gravity of the spine.
Fig. 11 : Analyse de la version pelvienne.
a : A : pente sacrée ; B : version pelvienne ; I : incidence sacrée. b : Porte à faux.
Fig. 11: Analysis of pelvic version.
Fig. 12 : Test de Risser.
Fig. 12: Risser test.
a b
1124 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent
• La lordose lombaire
Elle se mesure par l’angle formé par les tangentes au plateau
supérieur de L1 et à la plaque sacrée.
• L’équilibre global du rachis
Il s’apprécie en fonction de la verticale abaissée par le conduit
auditif externe qui doit passer par le centre des têtes fémorales
(fig. 9).
• L’équilibre pelvi-rachidien
Il est très important à évaluer (12, 13) :
Le centre de gravité du rachis qui correspond au centre de gra-
vité du poids supporté par les têtes fémorales, se situe en
moyenne en T9. Le paramètre qui l’explore est la gîte sagittale
de T9 qui correspond à l’angle formé par la verticale passant
par le centre des têtes fémorales et la ligne joignant ce même
centre au milieu du corps vertébral de T9. La valeur moyenne
est de 12°. Elle se majore en cas de lordose et elle s’atténue ou
s’inverse en cas de cyphose (fig. 10).
Les paramètres pelviens permettent d’analyser le degré de ver-
sion pelvienne (normale, antéversion, rétroversion) (fig. 11a) :
– la pente sacrée correspond à l’angle formé par la tangente à
la plaque sacrée par rapport à l’horizontale ;
– la version pelvienne correspond à l’angle formé par la vertica-
le passant par le centre des têtes fémorales et la ligne joignant
ce centre au milieu de la plaque sacrée ;
– l’incidence sacrée est l’angle entre la perpendiculaire au pla-
teau sacré en son centre, et la droite joignant le centre du pla-
teau sacré au centre des têtes fémorales ;
– le porte à faux correspond à la distance sagittale entre le cen-
tre de l’axe bicoxofémoral et le centre de la plaque sacrée
(fig. 11b).
L’incidence sacrée est le seul paramètre constant. Les autres
paramètres sont variables. L’incidence est égale à la somme de
la pente sacrée et de l’angle de version pelvienne. L’incidence
étant constante, la pente sacrée varie avec l’inclinaison pelvienne
et gère l’importance de la lordose (cf. note).
• Complément d’analyse
L’analyse est complétée par la recherche systématique d’un
spondylolisthésis et de signes de maladie de Scheuermann
(10 à 20 % des cas).
1.3. Appréciation de la maturation osseuse
1.3.1. Âge osseux
La détermination de l’âge osseux est importante pour apprécier
l’évolutivité de la courbure.
Il se fait :
– par la méthode de Greulich et Pyle (14) en comparant les don-
nées d’une radiographie de la main de face avec celles de l’atlas
de référence correspondant aux données moyennes de l’âge lé-
gal de l’enfant (Greulich) ;
– par la méthode de Nahum et Sauvegrain (15) sur une radiogra-
phie du coude de face et de profil pour préciser les résultats de
la méthode précédente entre 8 et 13 ans chez la fille et 10 et
15 ans chez le garçon.
1.3.2. Le test de Risser (16-18)
Il évalue le degré de maturation du point d’ossification apophy-
saire des crêtes iliaques. L’ossification se fait de l’avant vers
l’arrière. Cette progression est chiffrée en cinq stades allant de
0 (pas d’ossification) à 5 (ossification complète), l’aile iliaque
étant divisée en quatre quarts pour les stades 1, 2, 3 et 4.
Deux remarques doivent être faites (fig. 12) :
– la plus grosse erreur d’interprétation est de confondre les stades
0 et 5. En cas d’hésitation, il faut regarder le cartilage de
conjugaison de l’extrémité supérieure du fémur et le point apo-
physaire de l’ischion. S’ils sont ouverts et actifs, il s’agit d’un Risser
0. Si l’épiphysiodèse est acquise, il s’agit d’un Risser 5 (19) ;
– le Risser est souvent difficile à évaluer sur les grandes cassettes
conventionnelles, imposant parfois un second cliché centré, ce
qui majore l’irradiation. Il est par contre très facile à évaluer en
radiologie numérique, sur l’écran de la station grâce au grossis-
sement localisé et en faisant varier la luminosité.
1.4. Les épreuves de réductibilité
1.4.1. Le cliché de face couché
Il n’est pas systématique. La position couchée supprime les
déformations induites par la gravitation (poids du corps), les
tonus musculaires de posture, et les effets secondaires d’un bas-
sin oblique (inégalité de hauteur des têtes fémorales).
Il doit être réalisé dans les mêmes conditions techniques que
les précédentes.
Il est utile dans le bilan de départ quand on hésite entre
scoliose et attitude scoliotique.
1.4.2. Les clichés en inclinaison latérale (Bending)
Le but de ces clichés qui sont réalisés dans le cadre d’une éva-
luation pré-opératoire est d’apprécier la réductibilité des cour-
bures et la dérotation éventuelle.
Ils sont réalisés en position couchée, en décubitus dorsal, avec
les mêmes conditions techniques que précédemment.
La réductibilité d’une courbure droite s’évalue en inclinaison
droite.
La réductibilité d’une courbure gauche s’effectue en inclinai-
son gauche.
1.4.3. Le cliché en suspension ou en élongation
Le cliché en suspension est réalisé en position assise, en suspen-
sion grâce à un collier occipito-mentonier et un système de
palan.
Il faut s’assurer auparavant qu’il n’y a pas d’anomalie de la
charnière cervico-occipitale.
Ce cliché est peu réalisé et il ne montre pas dans notre expé-
rience de réductibilité bien supérieure à celle des clichés couchés
en inclinaison latérale.
Les clichés en élongation sont réalisés en décubitus sur un
cadre de Cotrel.
1.5. Cliché dans le plan d’élection (20)
Dans les cyphoscolioses thoraciques sévères, il est très souvent
difficile sur les clichés de face et de profil d’analyser la morpho-
logie des vertèbres sommets car elles se situent dans un plan
intermédiaire, entre le plan coronal et le plan sagittal. Le plan
d’élection de face est le plan qui projette strictement cette
vertèbre de face.
Note : Tous ces paramètres nécessitent, pour une bonne évaluation, une super-
position des têtes fémorales qui est impossible sur les grandes cassettes et les
systèmes avec cassettes phospholuminescentes à cause des erreurs de paral-
laxe. La meilleure technique est donc l’acquisition numérique séquentielle.
F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1125
Ce centrage peut se faire sous amplificateur de brillance ou
sur installation classique. Dans ce cas, il faut placer le patient en
oblique de façon à ce que le plan médial de la gibbosité (versant
vertébral) soit parallèle au plan de la cassette.
1.6. Mesure de la gibbosité
La mesure radiologique se superpose à la mesure clinique.
Le patient est penché en avant, genoux tendus, mains jointes
et coudes tendus, tête vers la plaque, rayon incident horizontal
tangent à la gibbosité qui peut être soulignée par un fil métallique.
On mesure la distance séparant le sommet de la voussure de
la verticale passant par le rachis.
2. Les autres techniques
2.1. La scintigraphie
Elle est indiquée dans les scolioses douloureuses quand le cliché
simple ne montre pas de niveau lésionnel.
C’est une scintigraphie classique avec un traceur marqué au
99 m
Tc.
La scintigraphie au citrate de gallium, ou aux leucocytes mar-
qués, n’est indiquée qu’en cas de sepsis post-opératoire.
2.2. La tomodensitométrie
Elle n’est pas systématique et sa prescription (avantages-incon-
vénients) doit toujours tenir compte de la dose supplémentaire
délivrée. C’est sûrement la méthode la plus précise pour appré-
cier la rotation et la déformation des vertèbres sommets, mais
l’importance de la dose délivrée ne justifie pas son utilisation
dans cette indication (21).
L’examen est indiqué dans certaines circonstances bien
précises :
– l’identification de la lésion osseuse responsable d’une scoliose
douloureuse ;
– l’étude tridimensionnelle par reconstruction dans le bilan pré-
chirurgical des scolioses malformatives congénitales graves ;
– l’analyse de l’état des pièces osseuses sur lesquelles seront im-
plantés les matériels chirurgicaux et, en particulier, la taille des
pédicules ;
– l’analyse de la déformation thoracique en particulier pour les
cyphoscolioses sévères et les lordo-scolioses avec thorax plat.
L’étude de la gibbosité costale nécessite une exploration en pro-
cubitus (22).
La meilleure technique est l’acquisition volumique avec un
scanner hélicoïdal permettant des reconstructions 2D dans les
plans nécessaires et des reconstructions 3D.
2.3. Imagerie par résonance magnétique
L’IRM n’est pas systématique mais c’est le meilleur examen pour
analyser la moelle.
Elle est justifiée (23) :
– devant toute scoliose sévère qui va bénéficier d’un traitement
chirurgical ;
– devant toute scoliose associée à des signes neurologiques ;
– devant toute scoliose thoracique à convexité gauche (associa-
tion à une syringomyélie) ;
– devant toute scoliose malformative ;
– devant toute suspicion de tumeur para-vertébrale ou intra-ca-
nalaire.
Il faut pouvoir analyser le canal rachidien sur toute sa hauteur
et l’examen doit toujours comprendre une étude de la fosse pos-
térieure pour rechercher une anomalie de Chiari.
Il faut apprécier le calibre et la morphologie de la totalité de
la moelle. L’examen doit donc couvrir la totalité de l’axe neural
de la fosse postérieure au sacrum, ce qui, compte tenu de
l’importance et du nombre des courbures, peut nécessiter un
examen long qui peut atteindre ou dépasser une heure.
Les techniques d’acquisition doivent être adaptées à chaque
cas (plans de coupe, séquences, injection de chélats de Gadoli-
nium ou non).
L’IRM peut-elle se substituer au scanner dans certaines indi-
cations à cause de son caractère non irradiant ?
L’IRM est irremplaçable pour l’analyse de la moelle, mais
l’étude de l’os dans certaines malformations est mieux faite par
les reconstructions 2D et 3D du scanner hélicoïdal, avec acqui-
sition volumique qui reste très utile dans ces indications. Dans
le cas des scolioses malformatives, les coupes IRM pondérées en
T2 dans le plan frontal sont utiles pour apprécier l’existence de
disques inter-vertébraux, et distinguer une hémivertèbre libre
d’une hémivertèbre fusionnée.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL ENTRE SCOLIOSE
STRUCTURALE ET ATTITUDE SCOLIOTIQUE (1, 24)
1. Attitude scoliotique
• Sur le plan clinique
Il s’agit d’une déviation latérale pure sans gibbosité.
• Sur le plan radiologique
Il existe une courbure du rachis, sans rotation des corps ver-
tébraux, qui se réduit en position couchée (fig. 13).
Une courbure latérale, sans gibbosité, sans rotation des
corps vertébraux sur leur axe, qui se corrige en position
couchée, est une attidude scoliotique.
La cause la plus fréquente est l’inégalité de longueur des
membres inférieurs avec obliquité du bassin qui peut être
évaluée cliniquement et précisée par un cliché de face de
l’ensemble des deux membres inférieurs en position couchée,
avec protection des gonades.
Il existe d’autres causes :
– bassin oblique par attitude vicieuse de hanche ou rétraction du
tenseur du fascia lata ;
– anomalies des genoux : genu valgum, varum ou recurvatum ;
– pieds plats ;
– troubles de la torsion du squelette des membres inférieurs.
La première appréciation de ces troubles est clinique et le
complément d’imagerie sera demandé en fonction des orientations.
2. Scoliose structurale
2.1. Sur le plan clinique
Il s’agit d’une déviation latérale avec gibbosité.
2.2. Sur le plan radiologique
Il existe une courbure du rachis avec rotation des corps verté-
braux sur leur axe. La rotation étant le signe le plus important
1126 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent
Fig. 13 :
Attitude scoliotique par inégalité de longueur des membres inférieurs : a : Face debout : bassin oblique gauche. Inégalité de hauteur des têtes fémorales. Courbure thoraco-lom-
baire droite à grand rayon sans rotation des corps vertébraux. b : Face couchée : réduction de la courbure et de l’obliquité du bassin.
Fig. 13:
Functional scoliosis secondary to leg length discrepancy: a: AP view in standing position: left oblique pelvis. Discrepancy in height of femoral heads. b: AP view in the supine
position. Reduction of the spinal curve and obliquity of the pelvis.
ba
Fig. 14 : Différents types de courbure structurale : a : Courbure majeure ou principale. b : Courbure double majeure. c : Courbure principale avec deux courbures secondaires.
Fig. 14: Different types of structural scoliosis: a: Primary curve. b: Double primary curve. c: Primary curve with two secondary curves.
a cb
F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1127
de la structuralisation d’une courbure. Ces deux anomalies peu-
vent s’atténuer mais ne se corrigent pas en position couchée.
Une courbure latérale, avec gibbosité et rotation des
corps vertébraux sur leur axe qui ne se corrige pas en posi-
tion couchée, est une scoliose structurale.
2.3. Définition des différents types
de courbures structurales (fig. 14)
– une courbure majeure ou principale est celle qui a la plus
grande amplitude, les rotations et la gibbosité les plus importan-
tes. Il peut exister une seule courbure (courbure majeure)
(fig. 14a) ou deux courbures majeures d’amplitude égale (scolio-
se double majeure), (fig. 14b et 15) ;
– une courbure mineure ou secondaire est une courbure ad-
jacente à la précédente, non réductible, avec une rotation et une
gibbosité moindre. Une courbure majeure s’accompagne sou-
vent de deux courbures sus et sous-jacentes d’amplitude égale.
L’amplitude de la courbure majeure est, en général, égale à la
somme de l’amplitude des deux courbures secondaires
(fig. 14c) ;
Fig. 15 : Scoliose idiopathique double majeure.
Fig. 15: Double primary idiopathic scoliosis.
Fig. 16 : Schéma de Madame Duval-Beaupère définissant les lois d’évoluti-
vité des scolioses structurales.
Fig. 16: Duval-Beaupère diagram for evolutivity laws of structural scoliosis.
Fig. 17 : Angle costo-vertébral de Metha. Appréciation du pronostic des scolioses
structurales idiopathiques infantiles.
Fig. 17: Metha’s rib-vertebral angle. Evaluation of infantile idiopathic scoliosis.
Fig. 18 : Scoliose idiopathique. Déformation rotatoire de la vertèbre sommet et du
thorax.
Fig. 18: Idiopathic scoliosis. Rotation of both vertebra of the curve and thorax at
the apex.
1128 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent
– une courbure de compensation est une courbure qui ac-
compagne une courbure majeure, mais sans rotation et qui se
corrige en position couchée.
2.4. Difficultés de diagnostic entre attitude scoliotique
et scoliose structurale
Sur un cliché couché, il peut persister une courbure mineure
inférieure à 10°, avec une rotation minime. On parle alors de
déformation mineure structurée qui n’évolue pas forcément vers
l’aggravation mais qui nécessite une surveillance.
ÉVOLUTIVITÉ DES SCOLIOSES STRUCTURALES
– Stagnara a proposé la notion de seuil angulaire selon laquelle
une courbure d’amplitude supérieure à 30° a un risque évolutif
certain. Mais, il faut également prendre en compte la rotation
vertébrale avec un risque évolutif proportionné au degré de
rotation.
– La topographie joue également un rôle avec une gravité
décroissante selon que la courbure est dorsale, double majeure,
dorso-lombaire ou lombaire.
– En fait, les lois d’évolutivité ont été définies par Duval-Beau-
père (25-28). L’évolution d’une scoliose s’effectue en trois
périodes au cours desquelles la croissance est linéaire (fig. 16).
– La période P1 pré-pubertaire correspond au démarrage de la
scoliose et se termine au point P. Le point P correspond clinique-
ment aux premiers signes de maturation pubertaire (saillie des
seins, poils pubiens, augmentation de volume des testicules). Il se
situe à un âge variable d’un sujet à l’autre en moyenne à 11 ans
chez la fille et 12 ans et demi chez le garçon. Sur les radio-
graphies du bassin, la fermeture du cartilage en Y est contempo-
raine du point P (9).
– La période P2 dite pubertaire a une pente 4 à 8 fois plus grande
que la précédente traduisant l’aggravation rapide au moment de
la puberté, période où le rachis a une croissance plus rapide que
les autres segments du squelette.
– La période P3, dite de maturité, commence au point R et elle
est à peu près horizontale. Le point R signe l’accès à la maturité
et correspond à un test de Risser à 5.
– La durée du segment PR est d’autant plus longue que le point
P est plus précoce.
– La pente évolutive permet d’évaluer la pronostic final. Trois
points, au moins, sont nécessaires pour apprécier l’importance
de cette pente à son début. Ce test d’évolutivité est le seul
moyen d’évaluer avec précision la malignité d’une scoliose. Ceci
explique que plusieurs bilans radiologiques peuvent être réalisés
la première année.
– L’évolutivité de l’amplitude de la scoliose doit être comparée à
l’évolutivité de la taille en position assise. La puberté commence
avec une taille moyenne de 78 cm chez le garçon et 75 cm chez
la fille. Le pic pubertaire sur le tronc est caractérisé par un gain
de taille de 14 cm dont 8 cm pendant les 15 premiers mois. La
poussée de croissance s’affaiblit ensuite au fur et à mesure que
s’affirment les caractères sexuels secondaires et les 4 derniers cm
sont atteints en 36 mois. Les premiers centimètres sont donc dé-
cisifs pour juger de l’évolutivité et, c’est dans cette période, que
les contrôles sont plus rapprochés.
ÉTIOLOGIE DES SCOLIOSES STRUCTURALES
Les indications de l’imagerie sont discutées en fonction de l’étio-
logie, de l’évolutivité et du traitement.
1. Les scolioses idiopathiques
Les scolioses idiopathiques représentent de 70 à 80 % de
l’ensemble des scolioses, mais leur fréquence diminue en fonc-
tion de l’amplitude des courbures : la prévalence est de 1,5 à
3 % pour les courbures de 10 à 20° et 0,2 à 0,3 % pour les
courbures de plus de 30° (29). Elles touchent une nette majorité
de filles avec un ratio de 5 pour 1 (30). C’est souvent une affec-
tion familiale et l’enquête est positive une fois sur trois.
1.1. Différents types de scolioses idiopathiques
En fonction de l’âge, on distingue les scolioses infantiles, juvé-
niles et de l’adolescent.
1.1.1. Les scolioses idiopathiques infantiles
Elles apparaissent avant l’âge de 3 ans. Elles touchent le garçon
et elles sont généralement thoraciques gauches.
Il y a deux formes cliniques en fonction de l’évolutivité :
– les formes spontanément résolutives qui représentent la majo-
rité (80 %) qui sont dépistées dans les six premiers mois de la vie.
Elles ont une courbure thoraco-lombaire à grand rayon et elles
disparaissent progressivement (séquelle réductible de posture
fœtale ?).
– les formes progressives qui sont découvertes plus tard, souvent
après 1 an, qui ont souvent une courbure plus courte et plus
marquée ; elles sont susceptibles d’évoluer vers l’aggravation.
À la phase de découverte, le diagnostic entre ces deux formes
et donc le pronostic de la scoliose, se fait par la méthode de
Mehta (31) (fig. 17).
En cas de courbure avec rotation, les côtes se verticalisent du
côté convexe de la courbure et s’horizontalisent du côté
concave. La droite passant par le milieu des têtes et des cols des
côtes fait un angle avec l’axe médian de la vertèbre au sommet
de la courbure. Cet angle est l’angle costo vertébral. Il est plus
petit dans la convexité que dans la concavité. La méthode de
Mehta (31) consiste à faire la différence entre ces deux angles :
– si la différence est supérieure à 20° lors du premier examen, la
scoliose sera évolutive dans 80 % des cas ;
– si la différence est inférieure à 20°, il faut établir une surveillan-
ce initiale trimestrielle :
• si la différence diminue, la scoliose sera résolutive ;
• si la différence augmente, la scoliose sera progressive.
1.1.2. Les scolioses idiopathiques juvéniles
Elles sont décelées plus tard, entre 3 ans et la puberté. Elles ont
un fort potentiel évolutif, avec une évolution d’autant plus
sévère que la courbure est apparue plus tôt.
Elles obéissent à la loi de Duval-Beaupère (25-28) et elles subi-
ront une aggravation rapide dès la puberté, ce qui impose une
prise en charge très attentive pendant cette période car l’ampli-
tude initiale peut être doublée ou triplée si il n’y a pas de prise
en charge.
1.1.3. Les scolioses idiopathiques de l’adolescence
Elles se développent à partir de 10 ans. Elles sont, le plus souvent,
thoraciques à convexité droite et, plus rarement, thoraco-lombai-
res gauches. Le pronostic dépend bien sûr de l’âge d’installation
F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1129
par rapport à la puberté et du niveau de maturation osseuse. Plus
le début est précoce, plus la maturation est retardée, plus la phase
de progression de la déformation est allongée et moins bon est
le pronostic.
1.1.4. Devenir de la scoliose idiopathique chez l’adulte
La scoliose idiopathique n’arrête pas d’évoluer à la fin de la crois-
sance. Elle continue à s’aggraver, mais à un rythme bien moin-
dre, avec une progression de 2° pour les courbures thoraciques
et de 1° pour les courbures lombaires en moyenne. Cette aggra-
vation est responsable de déformation thoracique avec insuffi-
sance respiratoire restrictive pour les courbures thoraciques et
d’arthrose lombaire, avec parfois, une instabilité latérale pour les
courbures lombaires.
1.2. Aspect radiologique des scolioses idiopathiques
1.2.1. Formes topographiques
La scoliose peut être :
– cervicale avec un sommet entre C1 et C6 qui doit faire recher-
cher une anomalie de la charnière cervico-occipitale ;
– cervico-thoracique avec un sommet en C7 ou T1 qui s’accom-
pagne d’une déviation de la tête ;
– thoracique droite, la plus fréquente, avec un sommet au niveau
des vertèbres thoraciques moyennes ;
– thoraco-lombaire avec un sommet en T12-L1 ;
– lombaire avec un sommet entre L1 et L4.
Les courbures peuvent être simples (courbure majeure), dou-
bles (doubles majeures) ou combinées avec des courbures secon-
daires sus et sous jacentes plus ou moins réductibles.
1.2.2. Aspect radiologique des vertèbres sommets
et déformation induite
La déformation structuralisée entraîne une déformation progres-
sive des vertèbres sommets (fig. 18) : le corps prend un aspect
cunéiforme latéral par diminution de la hauteur du côté concave.
L’arc postérieur est tourné vers la concavité. Le pédicule, côté
concave, s’épaissit et se raccourcit tandis que le pédicule, côté
convexe, s’allonge et s’amincit. Cette déformation progressive de
la vertèbre sommet est liée aux contraintes mécaniques imposées
sur les cartilages de croissance, synchondrose neuro-centrale et lis-
tel marginal, dans la concavité de la courbure, avec une épiphysio-
dèse plus précoce du côté de la concavité. Cette rotation vertébrale
s’accompagne d’une verticalisation des côtes et d’un tassement
thoracique dans la concavité et d’une gibbosité dans la convexité.
1.3. Indications de l’imagerie
en fonction des données thérapeutiques
Le traitement est schématiquement le suivant (1) :
– de 0° à 20° : surveillance attentive ;
– de 20° à 50° : traitement orthopédique par corset ;
– au-dessus de 50° : chirurgie.
1.3.1. Traitement orthopédique
Ce traitement impose une surveillance radioclinique par des cli-
chés d’ensemble du rachis en position debout de face et de pro-
fil, sans et avec corset.
Il faudra toujours penser à l’importance de l’irradiation déli-
vrée. Il faut :
– respecter toutes les règles de protection pour chaque cliché et
reporter les doses délivrées en cgy. cm2
sur le carnet de santé ;
– limiter le nombre de clichés en espaçant au maximum les
contrôles (semestriels, voire annuels).
1.3.2. Traitement chirurgical
Le bilan pré-opératoire comporte les clichés de face et de profil
debout et les épreuves de réductibilité.
Beaucoup d’équipes préconisent la réalisation systématique
d’une IRM pour ne pas méconnaître une pathologie neurologi-
que infra-clinique (tumeur médullaire, syringomyélie en particu-
lier) (31).
La surveillance post-opératoire doit respecter les mêmes règles
de radio-protection que précédemment.
1.4. Formes particulières
1.4.1. Les lordo-scolioses
Certaines scolioses, au lieu de s’accompagner d’une cyphose et
d’une gibbosité, s’accompagnent d’une lordose thoraco-
lombaire avec effacement de la cyphose dorsale et creusement
du dos (fig. 19).
Le dos creux est responsable d’un aplatissement thoracique
qui peut induire un syndrome respiratoire restrictif rapide. Cette
déformation thoracique est bien précisée par la TDM.
1.4.2. Les scolioses idiopathiques atypiques
Les signes cliniques atypiques qui doivent faire remettre en cause
le caractère idiopathique d’une scoliose sont :
– un début très précoce (avant 10 ans) ;
– une progression rapide ;
– une douleur (une scoliose idiopathique n’est pas douloureuse) ;
– une cyphose inhabituelle ;
– des anomalies radiologiques (élargissement canalaire avec
amincissement d’un ou plusieurs pédicules) ;
– tout signe neurologique ;
– une courbure cervico-thoracique ou thoracique gauche.
Devant toutes ces situations, il faut systématiquement recher-
cher une étiologie et réaliser une IRM (33).
La fréquence relative de la scoliose idiopathique dimi-
nue avec la réalisation de l’IRM devant toutes les situa-
tions atypiques.
2. Les scolioses congénitales (malformatives)
Les scolioses congénitales sont secondaires à des malforma-
tions vertébrales parmi lesquelles on distingue les anomalies
de formation (ou de développement) et les anomalies de
fusion (fig. 20).
2.1. Anomalies de formation
2.1.1. Les hémivertèbres peuvent correspondre à une
hémivertèbre supplémentaire, et il y a une côte supplémen-
taire du côté de l’hémivertèbre, ou à une hémivertèbre man-
quante et il y a une côte de moins du côté opposé à
l’hémivertèbre.
Ces hémivertèbres peuvent être libres ou fusionnées :
– l’hémivertèbre libre est séparée par un disque des vertèbres
sus et sous jacentes. Elle est plus évolutive que l’hémivertèbre
fusionnée (fig. 20a et 21) ;
– l’hémivertèbre fusionnée est fusionnée sur l’un ou les deux
plateaux avec les deux vertèbres adjacentes (fig. 20b).
Ces hémivertèbres présentent souvent une déformation
cunéiforme antérieure qui va être responsable d’une cyphose
sévère, angulaire, courte et évolutive.
1130 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent
Fig. 19 : Lordo-scoliose (scoliose double majeure avec lordose thoraco-lom-
baire, dos et thorax plats).
Fig. 19: Lordo-scoliosis (double primary curve associated with thoraco-lum-
bar lordosis and flat back).
Fig. 20 : Scolioses malformatives.
a : Hémivertèbre libre. b : Hémivertèbre fusionnée. c : Vertèbre en aile de papillon. d :
Barre inter-vertébrale.
Fig. 20: Anomalies associated with scoliosis.
a: Free hemivertebra. b: Fused hemivertebra. c: Butterfly vertebra. d: Intervertebral bar.
a b
dc
Fig. 21 : Scoliose malformative par hémivertèbre.
a : Radiographie simple post-natale (hémivertèbre lombaire gauche surnuméraire en L2-L3). b : Radiographie simple à deux ans. Aggravation de la scoliose. c : Radiographie
simple à douze ans. Stabilisation, mais évolution vers la fusion.
Fig. 21: Congenital scoliosis related to hemivertebra.
a: Post-natal plain film (left lumbar surnumerary hemivertebra at L2-L3 level). b: 2-year follow-up plain film. Progression of scoliosis. c: 12-year-follow-up plain film. Stabilization
of scoliosis with fusion.
a b c
F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1131
2.1.2. Les défauts de fermeture peuvent se manifester par :
– un aspect en « ailes de papillon » (fig. 20c) correspondant à une
fente corporéale sagittale avec deux hémivertèbres juxtaposées. Ces
lésions peuvent toucher plusieurs étages réalisant un « puzzle » ra-
chidien. Ces puzzles sont en général équilibrés et peu scoliogènes ;
– une fente postérieure qui va du simple schisis par absence
de fusion d’une épineuse à un large spina-bifida avec ménin-
go ou myéloméningocèle.
2.2. Anomalies de segmentation (fusions)
Les défauts de segmentation peuvent toucher :
– les corps vertébraux avec des blocs complets ou incomplets
qui ne sont pas scoliogènes ;
– l’arc postérieur avec des blocs complets ou unilatéraux
(fig. 20d). Les blocs postérieurs unilatéraux ou barres interver-
tébrales (fig. 22) sont très scoliogènes surtout s’ils sont associés
à une hémivertèbre libre contro-latérale (34). La croissance est
Fig. 22 : Scoliose malformative par barre inter-articulaire lombaire droite (fille de 13 ans).
a : Cliché centré sur L5-S1 avec rayon ascendant : condensation des arcs postérieurs droits de L5 et S1, pincement discal latéral droit, barre verticale postérieure. b : Examen
tomodensitométrique. Reformatage 2 D dans le plan sagittal. Confirmation d’une fusion inter-articulaire postérieure.
Fig. 22: Congenital scoliosis related to right lumbar intervertebral bar (13-year-old girl).
a: Plain film at L5-S1 level: sclerosis of L5 and S1 right posterior neural arches, right disk space narrowing, right vertical posterior bar. b: CT examination. 2D reformatting in the
sagittal plane. Confirmation of the inter-articular fusion.
ba
Fig. 23 : Fille de 18 mois opérée à la naissance pour une atrésie de l’œsophage.
Scoliose malformative lombaire.
Examen TDM : a : Reconstruction 2 D dans le plan coronal : fente médiane de S1, fu-
sion L5-S1. b : Reconstruction 3 D de face : fente sagittale de S1, fusion L5-S1 droite,
présence d’une hémivertèbre droite en S4.
Fig. 23: 18-month-old girl with post-natal surgery for esophageal atresia.
Congenital lumbar scoliosis.
CT examination: a: 2D reformatting in the coronal plane: sagital cleft of S1, L5-S1 fusion.
b: 3D reformatting, sagittal cleft of S1, right L5-S1 fusion, right hemivertebra at S4.
a
b
1132 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent
bloquée d’un côté alors qu’elle est normale de l’autre, ce qui
induit une scoliose évolutive qui va s’aggraver à la puberté.
2.3. Place de l’Imagerie dans les scolioses congénitales
L’imagerie a trois rôles : analyser la malformation et explorer
sa stabilité, rechercher une anomalie médullaire et rechercher
une malformation associée.
2.3.1. Analyse de la malformation
Lors du bilan de départ, si une malformation est suspectée, elle
peut être mieux analysée par un cliché dans le plan d’élection.
Mais, l’analyse la meilleure de la malformation est donnée
par la tomodensitométrie avec reformatage 2D et 3D
(fig. 23).
Cette analyse morphologique doit être complétée par une
analyse de la stabilité, surtout en cas de cyphose associée.
Cette étude de la stabilité se fait par des clichés dynamiques
en inclinaison latérale droite et gauche et en flexion exten-
sion.
En cas de gibbosité :
– le cliché en flexion est très important pour rechercher une
instabilité antérieure et un espace anormal inter-articulaire ou
un « vide postérieur » à l’étage articulaire ;
– la réductibilité s’apprécie par un cliché de profil avec rayon
horizontal, en décubitus dorsal, avec appui du sommet de la
gibbosité sur le billot.
2.3.2. Exploration de l’axe neural à la recherche d’une
malformation médullaire associée (34, 35)
Deux anomalies sont à rechercher en priorité :
– une moelle attachée bas ou un gros filum terminal attaché, qui
pourrait se décompenser en cas de redressement des courbures ;
– un dysraphisme en regard de la malformation (36, 37) et en
particulier une diastématomyélie.
L’IRM est donc systématique dans le bilan de toute malfor-
mation découverte et elle doit explorer l’axe neural de la fosse
postérieure au sacrum.
2.3.3. Recherche des malformations associées
Il faut systématiquement rechercher des malformations
génito-urinaires, cardio-vasculaires, digestives, des membres,
des yeux, etc.
Ces malformations peuvent être associées dans des syndro-
mes spécifiques (V.A.T.E.R – V.A.C.T.R.E.L…).
3. Les scolioses neuro-musculaires
3.1. Les dysraphismes et les malformations médullaires
50 % des scolioses congénitales s’accompagnent de malfor-
mations médullaires, ce qui souligne encore la nécessité de
réaliser une IRM devant toute malformation osseuse.
3.1.1. Les méningocèles et les myéloméningocèles
Elles représentent un défaut congénital de l’arc postérieur
avec une hernie postérieure des méninges réalisant une poche
kystique dans la paroi de laquelle viennent s’épanouir les
ramifications de la moelle.
La méningocèle est une hernie méningée pure. Elle est
caractérisée par la présence associée de racines nerveuses qui
viennent s’épanouir dans la paroi du kyste méningé.
Le diagnostic est fait aujourd’hui en anténatal grâce à
l’échographie, pendant le deuxième trimestre entre 16 et 18
semaines dans les situations à risque, sinon après 22 semai-
nes, grâce à des signes directs (mise en évidence du défect
osseux postérieur et de la hernie méningée) et indirects (mal-
formation de Chiari II). C’est une indication d’interruption
médicale de grossesse et les formes majeures de cette mal-
formation devraient disparaître progressivement.
Dans les cas mineurs, non diagnostiqués ou plus anciens,
l’IRM est la technique qui analyse le mieux la malformation
et l’éventuelle anomalie de Chiari II associée.
3.1.2. Les moelles attachées
Elles correspondent à une position très basse du cône médullaire
en position anormale basse et/ou à un gros filum terminal qui
peut s’implanter dans un lipome intra dural (fig. 24) (38). Ces
anomalies anatomiques sont souvent associées à des signes de
dysraphisme mineurs de la charnière lombo-sacrée : fossette
cutanée, touffe de poils, tache naevomateuse ou achromique
avec des signes de paraparésie spastique plus ou moins nets et
des pieds creux. Chez le nouveau né et pendant la première
année de la vie, l’échographie peut faire le diagnostic. Au-delà,
l’IRM reste la technique d’analyse la plus complète pour la mal-
formation et la recherche associée d’une maladie de Chiari.
3.1.3. Les malformations de Chiari
Elles sont de deux types (39) :
– le type I consiste en une élongation des amygdales et de la
partie médiane des lobes inférieurs du cervelet avec une partie
basse partiellement intra-rachidienne du bulbe, mais avec un
4e
ventricule qui reste en place ;
– le type II consiste en un déplacement d’une partie du vermis
inférieur de la protubérance et du bulbe dans le canal cervical,
à travers un trou occipital agrandi. Le 4e
ventricule est égale-
ment déplacé vers le bas : il est allongé et plat. Cette malfor-
mation de type II est presque toujours associée à une
myéloméningocèle avec une moelle attachée bas.
Les deux malformations peuvent être associées à une syrin-
gomyélie et génèrent des scolioses.
Les malformations associées de la charnière cervico-occipi-
tale sont fréquentes.
L’IRM est bien sûr le meilleur examen pour analyser ces mal-
formations, ce qui implique que la fosse postérieure soit toujours
visible quand une IRM médullaire est réalisée pour scoliose.
3.1.4. La diastématomyélie (40)
C’est la malformation médullaire la plus fréquente en cas de
malformation vertébrale segmentaire (20 à 50 %). Il s’agit
d’une fente médullaire médiane (36) avec un éperon fibreux
ou fibrocartilagineux médian qui peut s’ossifier.
Les deux hémi-moelles peuvent être entourées d’un sac
dural particulier (50 %) ou être comprise dans le même sac
dural (50 %).
La lésion siège le plus souvent au niveau du rachis thoraci-
que inférieur ou lombaire. Elle est souvent associée à une
moelle attachée ou à un gros filum.
Les clichés simples montrent un élargissement du canal médullai-
re avec des malformations vertébrales (fusion, puzzle) avec un
éperon osseux central sagittal qui n’est pas toujours visible.
La tomodensitométrie montre mieux l’éperon central qui est plus
ou moins complet et qui est, en général, appendu à la face pos-
térieure d’un corps ou d’un bloc vertébral (fig. 25a).
L’IRM fait le bilan des anomalies médullaires (fig. 25b et c).
F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1133
Fig. 24 : Fille de 3 ans. Scoliose neurologique par dysraphisme. Moelle attachée bas dans un lipome avec malformation de Chiari I.
a : Cliché simple de face. Scoliose lombaire droite. b : IRM sagittale lombaire SE T1. Moelle attachée dans un lipome intra-canalaire avec cavité syringomyélique. c : IRM sagit-
tale centrée sur la charnière crânio-cervicale. Malformation de Chiari I (protrusion des amygdales cérébelleuses. 4e
ventricule en place), effacement de la grande citerne.
Fig. 24: 3 year-old girl. Neuropathic scoliosis related to spinal dysraphism. Tethered cord within an intra-lumbar lipoma.
Chiari I malformation. a: AP plain film. Right lumbar scoliosis. b: SE T1-weighted MR image in the sagittal plane. Tethered cord within an intra lumbar lipoma with syringohy-
dromyelia. c: Chiari I. Malformation with cerebellar tonsil protrusio, normal fourth ventricule and effacement of the cisterna magna.
ba c
Fig. 25 : Diastématomyélie. Garçon de 13 ans. Scoliose thoraco-
lombaire droite qui s’aggrave depuis l’enfance avec examen neurologique
normal.
a : Tomodensitométrie centrée sur L2. Coupe axiale. Cloison osseuse
médiane divisant le canal rachidien. b : IRM coupe coronale - SE T1.Cour-
bure thoraco-lombaire droite avec puzzle lombaire malformatif. c : IRM
coupe coronale - SE T1. Coupe plus postérieure montrant la division des
deux hémi-moelles par l’éperon.
Fig. 25: Diastematomyelia. 13 year-old-boy. Right curve thoraco-lumbar scoliosis without neurologic symptoms.
a: CT image of the L2 vertebral body in the axial plane. Bony spur dividing the spinal canal in two separate portions. b: SE T1-weighted image in the coronal plane. Right curve
thoraco-lumbar scoliosis with puzzle-type vertebral marlformation. c: SE T1-weighted image in the coronal plane showing splitting of the spinal cord by the bony spur.
b c
a
1134 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent
Des malformations très rares peuvent être associées telles
que les kystes neuro-entériques, les kystes dermoïdes et épi-
dermoïdes, les lipofibromes, l’ensemble pouvant faire partie
d’un split-notochord-syndrome.
3.1.5. Les syringohydromyélies (40-42)
Les syringohydromyélies sont associées à des anomalies con-
génitales mais peuvent aussi se rencontrer dans certaines sco-
lioses initialement considérées comme idiopathiques (fig. 26).
Il faut systématiquement évoquer leur possibilité devant des
anomalies de la main (atrophie de l’éminence thénar ou hypo-
thénar) et devant une scoliose thoracique gauche (1).
L’IRM fait le diagnostic et le bilan d’extension de l’anomalie.
Elle recherche systématiquement une anomalie de Chiari
associée.
Lorsqu’il n’y a pas de malformation de Chiari et/ou lorsque
l’aspect de la cavité cérébro-médullaire est atypique, l’examen
comprendra une injection de contraste pour ne pas mécon-
naître une tumeur avec cavité syringomyélique secondaire.
3.2. Les maladies neuro-musculaires
Une grande variété de maladies neurologiques et musculaires
produisent des scolioses. La gamme de ces étiologies figure
dans le tableau I.
Ces maladies, dont nous ne pouvons pas rappeler en détail la
symptomatologie et les particularités des troubles de la statique
du rachis, développent, en général, des scolioses avec une seule
courbure thoraco-lombaire en C et un bassin oblique.
Le bassin oblique est une bascule latérale fixée du bassin
qui peut être lié à une cause haute (paralysie ou rétraction
du muscle du tronc) ou à une cause basse (rétraction asymé-
trique des adducteurs et des abducteurs).
Sur le plan fonctionnel, il présente un compromis d’équili-
bre en position assise ou debout.
Les radiographies doivent être réalisées dans la posi-
tion d’équilibre.
Chez les myopathes, en particulier, où le but est de donner
une position assise confortable, il faut radiographier les
enfants en position assise.
Il faut particulièrement apprécier :
– le degré d’obliquité du bassin (fig. 5) ;
– le degré de rotation du bassin qui se fait le plus souvent dans
le sens de la concavité de la courbure ;
– le centrage des deux hanches.
L’examen clinique, et en fonction des antécédents et du
tableau clinique, l’IRM cérébrale et médullaire et la biopsie
musculaire sont les clés du diagnostic étiologique.
3.3. Les tumeurs médullaires
Elles peuvent se révéler par une scoliose et se décompenser
sur le plan clinique, lors du redressement orthopédique ou
Fig. 26 : Fille de 2 ans. Scoliose thoraco-lombaire droite d’évolution rapide.
a : Cliché simple de face. Scoliose thoraco-lombaire droite à petit rayon et grande amplitude. b : IRM – Coupe sagittale de la charnière crânio-cervicale–SE T2. Malformation de
Chiari I. Cavité syringomyélique cervicale en hypersignal.
Fig. 26: 2 year-old girl. Rapidly progressive right curve thoraco-lumbar scoliosis.
a: AP view. Right thoraco-lumbar scoliosis. b: SE T2-weighted image of the cranio-cervical junction. Chiari type I malformation. The syrinx cavity appears in hypersignal.
a b
F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1135
chirurgical, si elles n’ont pas été diagnostiquées à cause de
leur évolution lente et de leur caractère insidieux (43). Il s’agit
plus souvent d’astrocytomes que d’épendymomes à cet âge.
L’astrocytome est plus souvent bénin (75 %) que malin (glio-
blastome) 25 %.
Son siège est cervico-thoracique ou thoracique. Il présente une
composante kystique dans 1/3 des cas (fig. 27).
L’IRM est le meilleur outil de diagnostic de ces tumeurs en
montrant l’élargissement de la moelle et les éventuelles cavités
kystiques.
Le problème est de ne pas les méconnaître devant un diagnos-
tic facilement posé de scoliose idiopathique.
Pour cela, il faut :
– toujours faire un examen neurologique soigneux lors de la dé-
couverte d’une scoliose idiopathique et prescrire une IRM à la
moindre anomalie ;
– toujours réaliser une IRM devant la moindre atypie clinique :
début précoce, courbure thoracique gauche, petits signes
neurologiques ;
– toujours rechercher des signes d’élargissement canalaire sur les
clichés simples (fig. 27b) ;
– toujours réaliser une IRM en cas de complication ou de mauvai-
se tolérance lors de la mise en place du corset ;
– enfin, penser à injecter du produit de contraste quand une IRM
découvre une cavité syringomyélique.
4. Les scolioses dysplasiques
4.1. Les ostéochondrodysplasies
Beaucoup d’ostéochondrodysplasies retentissent sur la crois-
sance et la statique du rachis. Celles où les scolioses sont les plus
fréquentes sont le nanisme diastrophique et les dysplasies
spondylo-épiphysaires et métaphysaires.
Dans tous les cas, il faut identifier la maladie en fonction de
l’aspect clinique et de l’exploration radiologique du squelette en
faisant appel aux ouvrages de référence (44).
4.2. Les maladies de surcharge
Les mucopolysaccharidoses sont secondaires à un défaut de
dégradation des neuropolysaccharides acides (glycosaminogly-
canes) qui s’accumulent dans l’organisme et donnent des trou-
bles graves de la croissance enchondrale. La maladie de
Morquio (mucopolysaccharidose de type IV) s’accompagne de
cyphoscoliose dont le caractère angulaire est parfois responsable
de compression médullaire dont le bilan revient à l’IRM. Il s’y
associe souvent une hypoplasie de l’apophyse odontoïde.
Fig. 27 : Garçon de 5 ans suivi depuis 3 ans pour scoliose infantile traitée par kinésithérapie. Cervicalgies depuis 6 mois avec apparition d’un torticolis.
a : Rachis dans son ensemble de face debout. Il existe une courbure dorsale droite. b : Rachis cervical de profil. Élargissement du canal rachidien en région cervicale basse avec
scalloping vertébral postérieur. c : IRM sagittale SET1 après injection de produit de contraste. Il existe une lésion intra-médullaire étendue de C4 à C6 avec une composante
kystique supérieure et une prise de contraste hétérogène : astrocytome médullaire.
Fig. 27: 5 year-old boy with a 3-year follow-up for infantile scoliosis. 6-months history of cervical pain with stiffneck.
a: AP view in standing position. Right scoliosis. b: Lateral view of the cervical spine. Enlargement of the lower spinal canal associated with posterior vertebral scalloping. c: SE
T1-weighted image in the sagittal plane after IV injection of Gadolinium. There is a partly cystic lesion involving the spinal cord and extending from C4 to C6, with heterogeneous
enhancement : astrocytoma.
a b c
1136 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent
4.3. Les dysplasies (ectodermique-mésodermique)
4.3.1. La neurofibromatose de type I
Elle donne des scoliose évolutives qui, dans 50 % des cas, sont
thoraciques inférieures, volontiers gauches. Les corps vertébraux
présentent, sur les radiographies, des bords exagérément
concaves avec un festonnement (« scalloping ») postérieur, un
aspect mince, hypoplasique, voire agénétique des pédicules avec
des trous de conjugaison élargis. Les côtes en regard ont un
aspect en « ruban tordu ».
L’évolution de ces scolioses est grave avec une majoration bru-
tale de l’amplitude des courbures, une dislocation rotation et
une instabilité antérieure par destruction et luxation articulaire.
Cette scoliose évolutive est liée au gène propre de la maladie
(dysplasie mésodermique régionale). Elle peut entraîner une
compression médullaire. Elle peut également s’accompagner
d’une tumeur médullaire ou radiculaire.
L’IRM est l’examen fondamental pour faire le bilan d’une
éventuelle compression au sommet de la courbure et rechercher
une tumeur médullaire ou radiculaire associée.
4.3.2. La maladie de Marfan
La scoliose est fréquente et habituellement précoce. Elle débute,
chez près de la moitié des sujets atteints, avant l’âge de 6 ans.
Elle est, le plus souvent, thoracique droite ou à double cour-
bure thoracique droite et lombaire gauche (fig. 28).
Les radiographies montrent une hauteur anormale des corps
vertébraux avec réduction de leurs dimensions antéro-postérieu-
res. Le canal rachidien peut être élargi avec des anomalies qui
rappellent la neurofibromatose de type I. La dimension excessive
des membres et leur gracilité, l’hyperlaxité ligamentaire et l’ecto-
pie du cristallin complètent le tableau clinique.
4.3.3. La maladie d’Ehlers Danlos
La peau est hyperélastique avec des cicatrices papyracées et des
pseudo-tumeurs molluscoïdes. La cyphoscoliose est fréquente
avec parfois une déformation cunéiforme de certaines vertèbres.
Les corps vertébraux sont légèrement aplatis avec une empreinte
marquée du nucléus pulposus. Le spondylisthésis spondyloly-
tique est fréquent.
5. Les scolioses secondaires
Elles relèvent de causes multiples, difficiles à classer, mais qui
peuvent se répartir en causes vertébrales et extra-vertébrales.
5.1. Causes vertébrales
5.1.1. Les scolioses après irradiation
L’exemple en est le néphroblastome. L’irradiation est devenue
exceptionnelle dans cette indication, depuis une quinzaine
d’années. Le champ d’irradiation couvrait largement la loge
rénale incluant le bord homolatéral du rachis et souvent, le
bord supérieur de l’aile iliaque. Les points apophysaires secon-
daires étaient stérilisés dans le champ d’irradiation, tandis qu’ils
restaient normaux du côté opposé. La croissance était donc
asymétrique, avec une déformation cunéiforme latérale des
vertèbres qui induisait une scoliose dont la concavité est tour-
née vers le côté irradié. L’irradiation du point apophysaire de
l’aile iliaque était responsable d’un défaut de développement
unilatéral de l’aile iliaque souvent associé. L’atteinte musculaire
jouait également un rôle par atrophie du côté irradié. Cette
situation est encore rencontrée chez des adultes traités à cette
époque.
5.1.2. Les chirurgies avec laminectomie
Pour tumeur médullaire ou neuroblastome, elles induisent plutôt
des troubles de la statique sagittale avec des instabilités antéro-
postérieures, mais, une scoliose peut être associée.
5.1.3. Les infections et les traumatismes
Les infections (spondylite ou spondylodiscite) et les traumatismes
peuvent également générer des déformations cunéiformes laté-
rales avec scoliose bien que, là aussi, les blocs acquis en cyphose
soient plus fréquents.
5.2. Causes extra-vertébrales
Les synostoses costales, qu’elles soient congénitales, isolées,
ou associées à des malformations vertébrales ou acquises (chi-
rurgie thoracique pour malformation ou tumeur intra-thoraci-
que), sont susceptibles d’induire des scolioses thoraciques par
blocage de la croissance du côté de la synostose.
6. Les scolioses douloureuses
La douleur est un symptôme d’alerte devant toute scoliose.
Elle doit faire rechercher une lésion causale qui peut être para-
vertébrale, vertébrale ou intra-canalaire (33, 45-47). Les étiolo-
gies sont résumées dans le tableau II.
En effet, les scolioses, idiopathiques en particulier, ne sont pas
douloureuses. Elles peuvent le devenir, mais c’est toujours
secondairement, chez un enfant qui présente une scoliose
connue, en phase d’aggravation péri-pubertaire avec des dou-
leurs mécaniques qui siègent, le plus souvent, dans la convexité
et sans raideur.
À l’inverse, dans les scolioses symptômes, la douleur est le
symptôme initial. Elle s’accompagne d’une contracture muscu-
laire avec raideur et la courbure s’installe en même temps ou
après l’apparition de la douleur qui siège plutôt dans la concavité
de la courbure.
Cette scoliose douloureuse est secondaire à une lésion latéralisée
para-vertébrale, vertébrale ou intra-canalaire. Elle provoque une
contracture des muscles para-vertébraux homolatéraux qui génère
la courbure. Si la lésion est méconnue, l’hyperpression dans la con-
cavité va entraîner un trouble de la croissance au niveau de la syn-
chondrose neuro-centrale et du listel marginal. La courbure qui était
initialement réductible va progressivement se structuraliser, ce qui
explique qu’elle puisse persister après ablation de la cause.
Une scoliose douloureuse n’est pas une scoliose habi-
tuelle, c’est une scoliose symptôme qui impose une
enquête étiologique pour rechercher une lésion causale au
sommet, et dans la concavité de la courbure.
L’examen clinique doit être très soigneux ; l’examen neurolo-
gique en particulier.
Les stratégies d’imagerie sont actuellement bien codifiées
(fig. 29).
Il faut toujours commencer l’exploration radiologique par des
clichés simples, face et profil, avec des clichés localisés sur le
sommet de la courbure. Deux situations peuvent se présenter
selon qu’il y ait une lésion visible ou pas.
6.1. Si la lésion est visible
Il peut s’agir :
F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1137
– d’un élargissement du canal médullaire avec érosion et
amincissement des pédicules ; cet aspect oriente vers une tu-
meur intra-canalaire médullaire ou extra-médullaire et c’est
l’indication formelle d’une IRM ;
– d’une ostéocondensation pédiculaire ou d’un hémi-arc
postérieur ; il faut alors évoquer un ostéome ostéoïde, un os-
téoblastome (48) ou une malformation de l’hémi-arc posté-
rieur opposé (agénésie, hypoplasie) : il faut pratiquer un
examen TDM (49) ;
– d’une ostéolyse qui peut toucher le corps (granulome oesi-
nophile, Ewing) ou l’arc postérieur (kyste anévrysmal,
ostéoblastome) : il faut réaliser une IRM et, quelquefois com-
pléter par un examen tomodensitométrique pour la mise en
évidence de calcification de la matrice tumorale
(ostéoblastome) ;
– d’une masse para-vertébrale sans ou avec calcification : il
faut alors réaliser une IRM (neuroblastome ?) pour évaluer la
masse et son éventuelle extension intra-canalaire à un ou plu-
sieurs niveaux.
6.2. Si aucune lésion n’est visible
Il faut repérer le niveau lésionnel pour diriger les autres explo-
rations. C’est le rôle de la scintigraphie qui doit être systéma-
tique (fig. 30) :
– s’il existe une hyperfixation, le niveau lésionnel est désigné.
Mais, comme la scintigraphie est peu spécifique, il faut
compléter l’exploration par un examen tomodensitométrique
qui permettra d’analyser les critères morphologiques de la lé-
sion responsable et d’orienter le diagnostic.
– s’il n’y a pas d’hyperfixation, il faut réaliser une échogra-
phie. Si l’échographie montre une masse paravertébrale, il
faut réaliser une IRM (possibilité de neuroblastome avec pro-
longement endo-canalaire) ;
– s’il n’y a pas d’hyperfixation scintigraphique et si il n’y a pas
de masse paravertébrale, le problème reste entier. Il faut
Fig. 29 : Stratégie de diagnostic devant une scoliose douloureuse (symptôme).
Fig. 29: Diagnostic work up of painful scoliosis (symptom).
SCOLIOSES DOULOUREUSES
=
SCOLIOSES SYMPTOMES
Rachis dans son ensemble debout face et profil
+
Radiographies localisées sur la région douloureuse (concavité de la courbure) en position couchée
LÉSION VISIBLE PAS DE LÉSION VISIBLE
Élargissement du
canal vertébral
condensation d'un
pédicule
ostéolyse masse para-
vertébrale
+/- calcifications
Échographie Scintigraphie
masse pas de masse iso-fixation Hyperfixation
IRM TDM IRM
+ TDM
échographie
IRM
Surveillance armée TDM
IRM au moindre doute clinique
Fig. 28 : Maladie de Marfan (fille de 11 ans).
• Rachis de face : double courbure rachidienne thoracique droite et lombaire gauche.
Augmentation de la hauteur des corps vertébraux.
• Rachis de profil : thorax plat. Augmentation de la hauteur des corps vertébraux.
Fig. 28: Marfan disease (13 year-old girl).
• AP view: double right thoracic and left lumbar scoliosis. Increased height of the ver-
tebral bodies.
• Lateral view: flat thorax. Increased height of the vertebral bodies.
1138 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent
maintenir une surveillance armée en restant très prudent. Il
faut répéter régulièrement l’examen neurologique et, au
moindre doute, réaliser une exploration par IRM afin de ne pas
méconnaître une tumeur médullaire ou radiculaire débutante
(43).
CONCLUSION
La majorité des cas de scolioses correspond à des scolioses idio-
pathiques (70 à 80 %) pour lesquelles la radiologie convention-
nelle suffit pour le diagnostic et la surveillance. La prescription
doit être la plus économe possible pour limiter l’irradiation déli-
vrée et il faut progressivement abandonner les clichés sur des
grandes cassettes pour évoluer vers l’utilisation d’acquisition
numérique avec logiciels de reconstruction pour diminuer la
dose.
L’imagerie en coupe est réservée aux autres scolioses et à tou-
tes les scolioses idiopathiques atypiques. L’IRM doit être réalisée
dans tous les cas bénéficiant d’un traitement chirurgical et dans
toutes les formes atypiques. L’élargissement de ses indications
montre qu’un certain nombre de scolioses idiopathiques sont en
fait des scolioses neurologiques infracliniques. La TDM est utile
pour l’analyse de la composante osseuse d’une scoliose malfor-
mative et pour l’exploration d’un niveau lésionnel d’une scoliose
douloureuse.
Références
1. Dimeglio A. Orthopédie pédiatrique quotidienne. In : Les scolioses.
3e
ed. Montpellier : Sauramps médical ; 1991. p. 169-209.
2. Leclet H, Delforge PM, Delvalle A, Sutter B. Bilan et stratégies
d’imagerie des scolioses. In : Éditions techniques. Encycl. Méd. Chir.
Elsevier. Paris ; Radiodiagnostic – Neuroradiologie – Appareil loco-
moteur, 31-671-B-20, 1997, 15p.
3. Rolland Y, Duvauferrier R, Morcet N, Bouvier F, Rambeau M.
Reconstruction 2 D du rachis en entier à partir d’acquisitions numé-
riques séquentielles. Rachis 1997;9:119-26.
4. Dewach P, Virylsteke P, Van de Velde S, Scholters E. Full-leg/full-
spine image stiching a new and accurate CR-based imaging tech-
nique. Communication. SPIE Medical Imaging International
Imaging. San Diego: 25-26 Février 1999.
5. Cordoliani YS, Kalifa G, Marshall-Depommier E, Hazebroucq V,
Aubert B. Tout ce que vous voulez (Devez ?) savoir sur la directive
européenne : 97/43 Euratom. J Radiol 2000;81:199-200.
6. Cobb JR. Study of scoliosis. An american Academy of Orthopedic
Surgeous instructional course. Lectures 1948;5:261-75.
7. Cobb JR. The problem of the primary curve. J. Bone Joint Surg
1960;42 A:1413-25.
8. Leclet H, Delforge PH. Imagerie des scolioses, quand et comment ?
Rev. Im. Med 1993;5:773-82.
9. Leclet H, Delvalle A, Delforge PM. Scolioses idiopathiques : anato-
mie pathologique et histoire naturelle. In Éditions techniques.
Encycl. Méd. Chir. Elsevier. Paris ; Radiodiagnostic-Neuroradiologie
– Appareil locomoteur, 31-671-B10, 1997, 6p.
10. Nash CL Jr, Moe JH. A study of vertebral rotation. J Bone Joint Surg
1969;51:223-9.
11. Perdriolle R, Vidal J. Étude de la courbure scoliotique. Importance
de l’extension et de la rotation vertébrale. Rev. Chir. Orthop. Repa-
ratrice Appar Mot 1981;67:25-34.
Fig. 30 : Garçon de 13 ans. Scoliose droite douloureuse avec raideur secondaire à un ostéome ostéoïde.
a : Cliché centré sur le sommet de la courbure : il n’y a pas d’anomalie évidente au sommet et dans la concavité de la scoliose. b : Scintigraphie au Technitium 99m (vue posté-
rieure). Hypersignal sur l’arc postérieur gauche de T11. c : Coupe tomodensitométrique passant par T11. Ostéocondensation de l’hémi-arc postérieur gauche avec petite image
d’ostéolyse géographique du pédicule correspondant au nidus de l’ostéome ostéoïde.
Fig. 30: 13-year-old boy. Right painful scoliosis with stiffness, secondary to osteoid osteoma.
a: Radiograph of the apex of the curvature. There is no obvious abnormality at the top and within the concavity of the scoliosis. b: Bone scan (Tc 99m). Increased tracer uptake
on the left posterior arch of T11. c: CT scan. Sclerosis of the left posterior arch of T11 with a small central lucency related to the nidus of an osteoid osteoma.
a b c
F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1139
12. Legaye J, Hecquet J, Marty C, Duval-Beaupère G. Équilibre sagittal
du rachis : relations entre bassin et courbures rachidiennes sagitta-
les en position debout. Rachis 1993;5:215-26.
13. Marnay T. Équilibre du rachis et du bassin. Cahier d’enseignement
de la SOFCOT. Expansion scientifique. Paris ; 1988. p 281-313.
14. Greulich WW, Pyle SI. Radiographic atlas of skeletal development
of the hand and wrist. 2nd
ed. Stanford University press; 1959.
15. Sauvegrain J, Nahum H, Bronstein H. Étude de la maturation
osseuse du coude. Ann Radiol 1962;5:542-50.
16. Risser JC. Iliac apophysis, an invaluable sign in the management of
scoliosis. Clin. Orthop. 1958;11:111-9.
17. Zaoussis AL, James JL. The iliac apophysis and the evolution of
curves in scoliosis. J. Bone Joint Surg 1958;40B:442-53.
18. Izumi Y. The accuracy of Risser Staging. Spine 1995;20:1868-71.
19. Vital JM, Martins I, Martins F, et al. Étude de l’évolution radiologi-
que des cartilages du bassin et de l’extrémité supérieure du fémur
pendant la croissance. Chir. Ped. 1984;30:103-8.
20. Du Peloux J, Fauchet R, Faucon B, Stagnara P. Le plan d’élection
pour l’examen radiologique des cyphoscolioses. Rev Chir Orthop
Reparatrice Appar Mot 1965;51:517-24.
21. Ho Ek, Upadhay SS, Ferris L, et al. A comparative study of computed
tomographic and plain radiographic methods to measure vertebral
rotation in adolescent idiopathic scoliosis. Spine 1992;17:771-4.
22. Aaro S, Dahlborn M. Estimation of vertebral rotation and the spinal
and rib cage deformity in scoliosis by computed tomography. Spine
1981;6:460-7.
23. Schwend RM, Hennrikus W, Hall JE, Emans JB. Childhood scoliosis:
clinical indications for magnetic resonance imaging. J. Bone Joint
Surg Am 1995;77:46-53.
24. Michel CR, Dubousset J. La scoliose idiopathique. Cahier d’ensei-
gnement de la SOFCOT. Expansion Scientifique Française. Paris :
1986.
25. Duval-Beaupère G, Grossiord A. Les caractères évolutifs des scolio-
ses poliomyélitiques. Étude longitudinale de 207 cas de scolioses
poliomyélitiques de type respiratoire Presse Med. 1967;75:2375-
79.
26. Duval-Beaupère G, Dubousset J, Queneau P, Grossiord A. Pour une
théorie unique de l’évolution des scolioses. Presse Med
1970;78:1141-8.
27. Duval-Beaupère G. Les repères de maturation dans la surveillance
des scolioses. Rev Chir Orthop 1970;56:59-76.
28. Duval-Beaupère G, Lamireau T. Scoliosis at less than 30 degrees.
Properties of the evolutivity (risk of progression). Spine
1985;10:421-4.
29. Lonstein JE. Adolescent idiopathic scoliosis. Lancet 1994;344:1407-
12.
30. Rogala EJ, Drumond DS, Gurr J. Scoliosis: incidence and natural
history. A prospective epidemiological study. J. Bone Joint Surg Am
1978;60:173-6.
31. Mehta H. The rib-vertebra angle in the early diagnosis between
resolving and progressive infantile scoliosis. J. Bone Joint Surg Am.
1972;54:230-43.
32. Evans SC, Edgar MA, Hall-Craggs, Powell MP, Taylor BA, Noordeen
HH. MRI of “idiopathic” juvenile scoliosis. A prospective study. J
Bone Joint Surg Br 1996;78:314-7.
33. Barnes PD, Brody JD, Jaramillo D, Akbar JU, Emans JB. Atypical idio-
pathic scoliosis: M. R imaging evaluation. Radiology 1993;186:247-
53.
34. Mc Master MJ. Infantile idiopathic scoliosis: can it be prevented? J
Bone Joint Surg Br 1983;65:612-7.
35. Mc Master M.J. Occult intra-spinal anomalies and congenital scolio-
sis. J Bone Joint Surg Am 1984;66:588-601.
36. Winter RB, Haven JJ, Moe JH, Lagaard SM. Diastematomyelia and
congenital spine deformities. J Bone Joint Surg. Am 1974;56:27-39.
37. Nokes SR, Murtagh FR, Jones JD 3rd et al. Chilhood scoliosis: MR
imaging. Radiology 1987;164:791-7.
38. Raghavan N, Barkovich AJ, Edwards M, Norman D. MR imaging in
the tethered spinal cord syndrome. AJR 1989;152:843-52.
39. Elster AD, Chen MY. Chiari I malformations: clinical and radiologic
reappraisal. Radiology 1992;183:347-53.
40. Oestreich AE, Young LW, Young Poussaint T. Scoliosis circa 2000:
radiologic imaging perspective. I. Diagnosis and pretreatment
evaluation. Skeletal Radiol 1998;27:591-605. II. Treatment and
follow up. Skeletal Radiol 1998;27:651-6.
41. Bertrand SL, Drvaric DM, Roberts JM. Scoliosis in syringomyelia. J
Pedriatr Orthop 1984;12:335-7.
42. Charry O, Koop S, Winter R, Lonstein J, Denis F, Bailey W. Syringo-
myelia and scoliosis: a review of twenty-five pediatric patients. J
Pediatr Orthop 1994;14:309-17.
43. Citron N, Edgar MA, Sheeny J, Thomas DG. Intramedullary spinal
cord tumours presenting as scoliosis. J Bone Joint Surg Br
1984;66:513-7.
44. Maroteaux P. Les maladies osseuses de l’enfant. 3e
ed. Paris :
Médecine Sciences Flammarion ; 1995.
45. Bunnel WP. Back pain in children. Orthop. Clini. of North Am.
1982;13:587-604.
46. Dubousset J. Scoliose raide et douloureuse chez l’enfant :
Attention ! Rev. Pedriatr. 1970 ;6:597-606.
47. Afshani E, Kuhn JP. Common causes of low back pain in children.
Radiographics 1991;11:269-91.
48. Azouz EM, Koslowski K, Marton D, Sprague P, Zerhouni A, Asselah
F. Osteoid osteoma and osteoblastoma of the spine in children.
Report of 22 cases with brief literature review. Pediatr Radiol
1986;1:25-31.
49. Ransford AO, Polo JL, Hutton PA, Kirwan EO. The behaviour pattern
of the scoliosis associated with osteoid osteoma or osteoblastoma
of the spine. J Bone Joint Surg Br 1984;66:16-20.

Contenu connexe

Tendances

Technique radiologique rachis cervical
Technique radiologique rachis cervicalTechnique radiologique rachis cervical
Technique radiologique rachis cervicalwayma
 
Luxation traumatique de la hanche
Luxation traumatique de la hancheLuxation traumatique de la hanche
Luxation traumatique de la hancheBen Mekki
 
Fractures de læextrúmitú supúrieure de læhumúrus
Fractures de læextrúmitú supúrieure de læhumúrusFractures de læextrúmitú supúrieure de læhumúrus
Fractures de læextrúmitú supúrieure de læhumúrusHamlaoui Saddek
 
Imagerie du Cartilège
Imagerie du CartilègeImagerie du Cartilège
Imagerie du Cartilègeaatrillat
 
Ostéomyélite et ostéoarthrites chez l'enfant 2014
Ostéomyélite et ostéoarthrites chez l'enfant 2014Ostéomyélite et ostéoarthrites chez l'enfant 2014
Ostéomyélite et ostéoarthrites chez l'enfant 2014Nouhoum L Traore
 
Coude fractures
Coude fracturesCoude fractures
Coude fracturesmedo parta
 
Aplasies et hypoplasies squelettiques congénitales de jambe
Aplasies et hypoplasies squelettiques congénitales de jambeAplasies et hypoplasies squelettiques congénitales de jambe
Aplasies et hypoplasies squelettiques congénitales de jambeimma-dr
 
Luxations de l’épaule.
Luxations de l’épaule.Luxations de l’épaule.
Luxations de l’épaule.L-ilia
 
La myélopathie cervicale
La myélopathie cervicaleLa myélopathie cervicale
La myélopathie cervicaleBenjamin NICOT
 
Traumatismes du rachis cervical 2
Traumatismes du rachis cervical 2Traumatismes du rachis cervical 2
Traumatismes du rachis cervical 2killua zoldyck
 
as cliniques rachis cervical - 50 dossiers à ne pas manquer.pdf
as cliniques rachis cervical - 50 dossiers à ne pas manquer.pdfas cliniques rachis cervical - 50 dossiers à ne pas manquer.pdf
as cliniques rachis cervical - 50 dossiers à ne pas manquer.pdfMarieChhim1
 
Canal lombaire étroit et rétréci
Canal lombaire étroit et rétréciCanal lombaire étroit et rétréci
Canal lombaire étroit et rétréciBenjamin NICOT
 

Tendances (20)

Traumato hanche
 Traumato hanche Traumato hanche
Traumato hanche
 
Chapitre 3 rachis
 Chapitre 3 rachis Chapitre 3 rachis
Chapitre 3 rachis
 
Technique radiologique rachis cervical
Technique radiologique rachis cervicalTechnique radiologique rachis cervical
Technique radiologique rachis cervical
 
Luxation traumatique de la hanche
Luxation traumatique de la hancheLuxation traumatique de la hanche
Luxation traumatique de la hanche
 
Fractures de læextrúmitú supúrieure de læhumúrus
Fractures de læextrúmitú supúrieure de læhumúrusFractures de læextrúmitú supúrieure de læhumúrus
Fractures de læextrúmitú supúrieure de læhumúrus
 
Imagerie du Cartilège
Imagerie du CartilègeImagerie du Cartilège
Imagerie du Cartilège
 
5 fract lombaires
 5  fract lombaires 5  fract lombaires
5 fract lombaires
 
Pbve dr hacid
Pbve  dr hacidPbve  dr hacid
Pbve dr hacid
 
Fractures 20palette
Fractures 20paletteFractures 20palette
Fractures 20palette
 
Ostéomyélite et ostéoarthrites chez l'enfant 2014
Ostéomyélite et ostéoarthrites chez l'enfant 2014Ostéomyélite et ostéoarthrites chez l'enfant 2014
Ostéomyélite et ostéoarthrites chez l'enfant 2014
 
Coude fractures
Coude fracturesCoude fractures
Coude fractures
 
Spondylarthropathies
SpondylarthropathiesSpondylarthropathies
Spondylarthropathies
 
4 fract cervicales
 4  fract cervicales 4  fract cervicales
4 fract cervicales
 
Aplasies et hypoplasies squelettiques congénitales de jambe
Aplasies et hypoplasies squelettiques congénitales de jambeAplasies et hypoplasies squelettiques congénitales de jambe
Aplasies et hypoplasies squelettiques congénitales de jambe
 
Luxations de l’épaule.
Luxations de l’épaule.Luxations de l’épaule.
Luxations de l’épaule.
 
Traumato genou
 Traumato genou Traumato genou
Traumato genou
 
La myélopathie cervicale
La myélopathie cervicaleLa myélopathie cervicale
La myélopathie cervicale
 
Traumatismes du rachis cervical 2
Traumatismes du rachis cervical 2Traumatismes du rachis cervical 2
Traumatismes du rachis cervical 2
 
as cliniques rachis cervical - 50 dossiers à ne pas manquer.pdf
as cliniques rachis cervical - 50 dossiers à ne pas manquer.pdfas cliniques rachis cervical - 50 dossiers à ne pas manquer.pdf
as cliniques rachis cervical - 50 dossiers à ne pas manquer.pdf
 
Canal lombaire étroit et rétréci
Canal lombaire étroit et rétréciCanal lombaire étroit et rétréci
Canal lombaire étroit et rétréci
 

Similaire à Imagerie des-scolioses-de-l-enfant-et-de-l-adolescent

Dysplasies osseuses identifiables à la naissance
Dysplasies osseuses identifiables à la naissanceDysplasies osseuses identifiables à la naissance
Dysplasies osseuses identifiables à la naissanceimma-dr
 
Maladie de Wilson 2024 Signes Diagnostic Traitement
Maladie de Wilson 2024 Signes Diagnostic TraitementMaladie de Wilson 2024 Signes Diagnostic Traitement
Maladie de Wilson 2024 Signes Diagnostic TraitementClaude EUGENE
 
La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...
La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...
La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...Sofia Lahlou
 
La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...
La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...
La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...Sofia Lahlou
 
Angulation anormale du genou chez l'enfant
Angulation anormale du genou chez l'enfantAngulation anormale du genou chez l'enfant
Angulation anormale du genou chez l'enfantimma-dr
 
Angulation anormale du genou chez l'enfant
Angulation anormale du genou chez l'enfantAngulation anormale du genou chez l'enfant
Angulation anormale du genou chez l'enfantimma-dr
 
Atteintes osseuses dans le myélome
Atteintes osseuses dans le myélomeAtteintes osseuses dans le myélome
Atteintes osseuses dans le myélomeimma-dr
 
Inflammation_Criteres_diagnostiques_Ly_2012.pdf
Inflammation_Criteres_diagnostiques_Ly_2012.pdfInflammation_Criteres_diagnostiques_Ly_2012.pdf
Inflammation_Criteres_diagnostiques_Ly_2012.pdfFerielAe
 
Acro ostéolyse de l’adulte
Acro ostéolyse de l’adulteAcro ostéolyse de l’adulte
Acro ostéolyse de l’adulteimma-dr
 
mon rapport de stage pdf
mon rapport de stage pdfmon rapport de stage pdf
mon rapport de stage pdfDalida Badaoui
 
Item 248 hypothyroidie_enfant
Item 248 hypothyroidie_enfantItem 248 hypothyroidie_enfant
Item 248 hypothyroidie_enfantlaamlove
 
Maladie de hirschprung
Maladie de  hirschprungMaladie de  hirschprung
Maladie de hirschprungHana Hanouna
 
Syndrome de Guillain-Barré.pptx
Syndrome de Guillain-Barré.pptxSyndrome de Guillain-Barré.pptx
Syndrome de Guillain-Barré.pptxJeanMalherbeLolo1
 
Affections acquises de la pathologie vertébrale non traumati
Affections acquises de la pathologie vertébrale non traumatiAffections acquises de la pathologie vertébrale non traumati
Affections acquises de la pathologie vertébrale non traumatiimma-dr
 
Les malformations congénitales du système nerveux central
Les malformations congénitales du système nerveux centralLes malformations congénitales du système nerveux central
Les malformations congénitales du système nerveux centralAsmae LGUENSAT
 
Les malaises chez le nourrisson.pdf
Les malaises chez le nourrisson.pdfLes malaises chez le nourrisson.pdf
Les malaises chez le nourrisson.pdfChourouk Benmebarek
 

Similaire à Imagerie des-scolioses-de-l-enfant-et-de-l-adolescent (20)

Dysplasies osseuses identifiables à la naissance
Dysplasies osseuses identifiables à la naissanceDysplasies osseuses identifiables à la naissance
Dysplasies osseuses identifiables à la naissance
 
Maladie de Wilson 2024 Signes Diagnostic Traitement
Maladie de Wilson 2024 Signes Diagnostic TraitementMaladie de Wilson 2024 Signes Diagnostic Traitement
Maladie de Wilson 2024 Signes Diagnostic Traitement
 
La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...
La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...
La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...
 
La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...
La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...
La prise en charge kinésithérapique du torticolis congénital du nourrisson_By...
 
Angulation anormale du genou chez l'enfant
Angulation anormale du genou chez l'enfantAngulation anormale du genou chez l'enfant
Angulation anormale du genou chez l'enfant
 
Angulation anormale du genou chez l'enfant
Angulation anormale du genou chez l'enfantAngulation anormale du genou chez l'enfant
Angulation anormale du genou chez l'enfant
 
spina bifida _2015
 spina bifida _2015 spina bifida _2015
spina bifida _2015
 
Atteintes osseuses dans le myélome
Atteintes osseuses dans le myélomeAtteintes osseuses dans le myélome
Atteintes osseuses dans le myélome
 
Inflammation_Criteres_diagnostiques_Ly_2012.pdf
Inflammation_Criteres_diagnostiques_Ly_2012.pdfInflammation_Criteres_diagnostiques_Ly_2012.pdf
Inflammation_Criteres_diagnostiques_Ly_2012.pdf
 
Acro ostéolyse de l’adulte
Acro ostéolyse de l’adulteAcro ostéolyse de l’adulte
Acro ostéolyse de l’adulte
 
mon rapport de stage pdf
mon rapport de stage pdfmon rapport de stage pdf
mon rapport de stage pdf
 
Item 248 hypothyroidie_enfant
Item 248 hypothyroidie_enfantItem 248 hypothyroidie_enfant
Item 248 hypothyroidie_enfant
 
Maladie de hirschprung
Maladie de  hirschprungMaladie de  hirschprung
Maladie de hirschprung
 
Colloque : Vivre au quotidien avec son epilepsie en 2017 (02.02.2017)
Colloque : Vivre au quotidien avec son epilepsie en 2017 (02.02.2017)Colloque : Vivre au quotidien avec son epilepsie en 2017 (02.02.2017)
Colloque : Vivre au quotidien avec son epilepsie en 2017 (02.02.2017)
 
Syndrome de Guillain-Barré.pptx
Syndrome de Guillain-Barré.pptxSyndrome de Guillain-Barré.pptx
Syndrome de Guillain-Barré.pptx
 
Toa
ToaToa
Toa
 
Affections acquises de la pathologie vertébrale non traumati
Affections acquises de la pathologie vertébrale non traumatiAffections acquises de la pathologie vertébrale non traumati
Affections acquises de la pathologie vertébrale non traumati
 
Un cas de mydriase anisocorique chez un chien - CAZALOT - IOVS 2009
Un cas de mydriase anisocorique chez un chien - CAZALOT - IOVS 2009Un cas de mydriase anisocorique chez un chien - CAZALOT - IOVS 2009
Un cas de mydriase anisocorique chez un chien - CAZALOT - IOVS 2009
 
Les malformations congénitales du système nerveux central
Les malformations congénitales du système nerveux centralLes malformations congénitales du système nerveux central
Les malformations congénitales du système nerveux central
 
Les malaises chez le nourrisson.pdf
Les malaises chez le nourrisson.pdfLes malaises chez le nourrisson.pdf
Les malaises chez le nourrisson.pdf
 

Dernier

cardiac manifestations in auto-immune diseases by Dr Silini.pptx
cardiac manifestations in auto-immune diseases by Dr Silini.pptxcardiac manifestations in auto-immune diseases by Dr Silini.pptx
cardiac manifestations in auto-immune diseases by Dr Silini.pptxsilinianfel
 
23. ACTUALITE DE L’ETUDE DU TETANOS CHEZ L’ADULTE, .pdf
23. ACTUALITE DE L’ETUDE DU TETANOS CHEZ L’ADULTE, .pdf23. ACTUALITE DE L’ETUDE DU TETANOS CHEZ L’ADULTE, .pdf
23. ACTUALITE DE L’ETUDE DU TETANOS CHEZ L’ADULTE, .pdfSargata SIN
 
MYCOBACTERIES 2019hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
MYCOBACTERIES  2019hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhMYCOBACTERIES  2019hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
MYCOBACTERIES 2019hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhorthopediedentofacia
 
CAT devant une Thrombose veineuse superficielle .pptx
CAT devant une Thrombose veineuse superficielle .pptxCAT devant une Thrombose veineuse superficielle .pptx
CAT devant une Thrombose veineuse superficielle .pptxsilinianfel
 
Le rôle central de la médecine interne dans l’évolution des systèmes de santé...
Le rôle central de la médecine interne dans l’évolution des systèmes de santé...Le rôle central de la médecine interne dans l’évolution des systèmes de santé...
Le rôle central de la médecine interne dans l’évolution des systèmes de santé...Khadija Moussayer
 
Émile Nelligan - poète québécois, pris entre deux solitudes : la poèsie et la...
Émile Nelligan - poète québécois, pris entre deux solitudes : la poèsie et la...Émile Nelligan - poète québécois, pris entre deux solitudes : la poèsie et la...
Émile Nelligan - poète québécois, pris entre deux solitudes : la poèsie et la...Université de Montréal
 
ALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET...
ALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET...ALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET...
ALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET...khalidbarkat2
 
Biologie cellulaire le Chloroplastes.pptx
Biologie cellulaire le Chloroplastes.pptxBiologie cellulaire le Chloroplastes.pptx
Biologie cellulaire le Chloroplastes.pptxrababouerdighi
 
les Concepts clés en santé : La santé est un état de complet bien-être physi...
les Concepts clés en santé : La santé est un état de complet bien-être physi...les Concepts clés en santé : La santé est un état de complet bien-être physi...
les Concepts clés en santé : La santé est un état de complet bien-être physi...khalidbarkat2
 
Planification familiale en situations de crise et post-crise - AZ.ppt
Planification familiale en situations de crise et post-crise - AZ.pptPlanification familiale en situations de crise et post-crise - AZ.ppt
Planification familiale en situations de crise et post-crise - AZ.pptOuedraogoSoumaila3
 
Brevets et innovation contre le cancer -
Brevets et innovation contre le cancer -Brevets et innovation contre le cancer -
Brevets et innovation contre le cancer -benj_2
 
Dénutrition de la personne âgée Dénutrition de la personne âgée
Dénutrition de la personne âgée Dénutrition de la personne âgéeDénutrition de la personne âgée Dénutrition de la personne âgée
Dénutrition de la personne âgée Dénutrition de la personne âgéekhalidbarkat2
 
Biologie moléculaire_S6_ première partie .pptx
Biologie moléculaire_S6_ première partie .pptxBiologie moléculaire_S6_ première partie .pptx
Biologie moléculaire_S6_ première partie .pptxrababouerdighi
 

Dernier (14)

cardiac manifestations in auto-immune diseases by Dr Silini.pptx
cardiac manifestations in auto-immune diseases by Dr Silini.pptxcardiac manifestations in auto-immune diseases by Dr Silini.pptx
cardiac manifestations in auto-immune diseases by Dr Silini.pptx
 
23. ACTUALITE DE L’ETUDE DU TETANOS CHEZ L’ADULTE, .pdf
23. ACTUALITE DE L’ETUDE DU TETANOS CHEZ L’ADULTE, .pdf23. ACTUALITE DE L’ETUDE DU TETANOS CHEZ L’ADULTE, .pdf
23. ACTUALITE DE L’ETUDE DU TETANOS CHEZ L’ADULTE, .pdf
 
CAT devant un ictère .pptx
CAT devant un ictère               .pptxCAT devant un ictère               .pptx
CAT devant un ictère .pptx
 
MYCOBACTERIES 2019hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
MYCOBACTERIES  2019hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhMYCOBACTERIES  2019hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
MYCOBACTERIES 2019hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
 
CAT devant une Thrombose veineuse superficielle .pptx
CAT devant une Thrombose veineuse superficielle .pptxCAT devant une Thrombose veineuse superficielle .pptx
CAT devant une Thrombose veineuse superficielle .pptx
 
Le rôle central de la médecine interne dans l’évolution des systèmes de santé...
Le rôle central de la médecine interne dans l’évolution des systèmes de santé...Le rôle central de la médecine interne dans l’évolution des systèmes de santé...
Le rôle central de la médecine interne dans l’évolution des systèmes de santé...
 
Émile Nelligan - poète québécois, pris entre deux solitudes : la poèsie et la...
Émile Nelligan - poète québécois, pris entre deux solitudes : la poèsie et la...Émile Nelligan - poète québécois, pris entre deux solitudes : la poèsie et la...
Émile Nelligan - poète québécois, pris entre deux solitudes : la poèsie et la...
 
ALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET...
ALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET...ALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET...
ALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET...
 
Biologie cellulaire le Chloroplastes.pptx
Biologie cellulaire le Chloroplastes.pptxBiologie cellulaire le Chloroplastes.pptx
Biologie cellulaire le Chloroplastes.pptx
 
les Concepts clés en santé : La santé est un état de complet bien-être physi...
les Concepts clés en santé : La santé est un état de complet bien-être physi...les Concepts clés en santé : La santé est un état de complet bien-être physi...
les Concepts clés en santé : La santé est un état de complet bien-être physi...
 
Planification familiale en situations de crise et post-crise - AZ.ppt
Planification familiale en situations de crise et post-crise - AZ.pptPlanification familiale en situations de crise et post-crise - AZ.ppt
Planification familiale en situations de crise et post-crise - AZ.ppt
 
Brevets et innovation contre le cancer -
Brevets et innovation contre le cancer -Brevets et innovation contre le cancer -
Brevets et innovation contre le cancer -
 
Dénutrition de la personne âgée Dénutrition de la personne âgée
Dénutrition de la personne âgée Dénutrition de la personne âgéeDénutrition de la personne âgée Dénutrition de la personne âgée
Dénutrition de la personne âgée Dénutrition de la personne âgée
 
Biologie moléculaire_S6_ première partie .pptx
Biologie moléculaire_S6_ première partie .pptxBiologie moléculaire_S6_ première partie .pptx
Biologie moléculaire_S6_ première partie .pptx
 

Imagerie des-scolioses-de-l-enfant-et-de-l-adolescent

  • 1. J Radiol 2002,83;1117-1139 © Éditions françaises de radiologie, Paris, 2002Formation médicale continue Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent F Diard (1), JF Chateil (1), O Hauger (1), M Moinard (1), H Ducou-Lepointe (2) Imaging of chilhood and adolescent scoliosis Scoliosis is frequent, especially during the peripubertal period, which corresponds to the period of greatest activity. About 75% of scoliosis are idiopathic, while the remaining 25% can be divided into neuromuscular, congenital and miscellaneous etiologies. When it is associated with pain, a comprehensive work up should be undertaken to identify the underlying etiology of the scoliosis. Idiopathic scoliosis is typically evaluated using standard radiographs. The number of follow-up radiographs and radiation exposure must be maintained to a minimum. Radiation safety guidelines and protocols must be implemented. Large cassettes can be replaced by digital acquisitions using units with reconstruction software. The technique of evaluation of these scoliosis series radiographs as well as their results will be reviewed. Recent data regarding the evaluation of spinal and pelvic balance parameters in the standing position will be introduced. Atypical idiopathic and other scoliosis require additional evaluation. Computed tomography, with 2D and 3D reformations, is ideal for evaluation of bony anomalies. MRI is ideal for evaluation of the spinal canal and cord, from the skull base down to the sacrum, for all patients with surgical scoliosis or patients with neurological symptoms. The increased availability of MR imaging has resulted in an increased number of so-called idiopathic asymptomatic scoliosis where an underlying anomaly can be identi- fied. Key words: Spine, curvature. Spine, CT. Spine, development defect. Spine, MR. Spine, primary neoplasms. J Radiol 2002;83:1117-1139 Les scolioses sont fréquentes, surtout dans la période péri-pubertaire qui correspond à leur phase d’évolutivité maximale ; 75 % sont idiopathiques, les autres étant d’origine malformative, d’étiologie neuro-musculaire ou de causes diverses. Les sco- lioses qui sont douloureuses sont symptomatiques et doivent systématiquement faire rechercher une cause. Les scolioses idiopathiques sont explorées par la radiologie conventionnelle et il faut apporter une grande attention à la dose d’irradiation délivrée en limitant le nombre des clichés de contrôle, en respectant les normes de radioprotection et en aban- donnant progressivement les grandes cassettes conventionnelles pour des acquisitions numériques avec logiciel de recons- truction. Les résultats et la technique d’analyse de ces clichés sont exposés avec une mention particulière sur les données nouvelles de l’évaluation de la statique pelvirachidienne. Les scolioses idiopathiques atypiques et les autres scolioses nécessitent une exploration plus poussée essentiellement basée sur l’imagerie en coupe. La tomodensitométrie avec reformatage 2D ou 3D est utile pour l’analyse de l’anomalie osseuse d’une malformation, ou l’analyse du niveau lésionnel d’une scoliose douloureuse. L’IRM est capitale pour l’étude de l’axe médullaire allant de la fosse postérieure au sacrum, pour toutes les scolioses graves relevant d’un traitement chirurgical et pour toutes les scolioses avec signes cliniques neurologiques. Sa réalisation plus large fait aujourd’hui diminuer le nombre relatif des scolioses idiopathiques en mettant en évidence des causes neurologiques infra-cliniques. Mots-clés : Croissance, scolioses. Rachis, techniques d’exploration. Rachis, malformations. Rachis, tumeurs. Irradiation. Moelle épinière. ne scoliose est une déformation rachidienne dans les trois plans de l’espace, coronal avec courbure latérale, sagittal avec cyphose ou lordose, axial avec rotation des corps vertébraux sur leur axe. Une scoliose implique deux notions fondamentales : 1. Le dépistage pour suivre son évolution et prévenir son aggra- vation pendant toute la période péri et post-pubertaire de crois- sance rapide ; 2. La recherche de l’étiologie car la scoliose n’est parfois que le symptôme d’une pathologie sous-jacente. DÉPISTAGE CLINIQUE D’UNE SCOLIOSE (1) 1. Quand y penser ? – Il faut la rechercher systématiquement par un examen du dos à la puberté, surtout s’il y a des antécédents familiaux ; – devant une obliquité du bassin et/ou une asymétrie des épaules et des flancs ; – devant toute cyphose et toute déformation thoracique. 2. L’interrogatoire Il doit préciser : – les circonstances d’apparition de la déformation ; – les signes associés et en particulier la notion de douleur ; – l’évolutivité de l’installation de la déformation ; – l’existence d’antécédents familiaux ; ABSTRACT RÉSUMÉ (1) Service de Radiologie A, Hôpital Pellegrin, Place Amélie Raba Léon, 33076 Bordeaux Cedex. (2) Service de Radiologie, Hôpital Trousseau, boulevard Arnold Netter, 75577 Paris Cedex 12. Correspondance : F Diard, E-mail : francois.diard@chu-bordeaux.fr U
  • 2. 1118 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent – l’existence de symptômes musculaires ou neurologiques. 3. L’examen clinique Il doit : – vérifier l’équilibre du bassin ; – rechercher une gibbosité en faisant pencher le sujet en avant ; – rechercher un déséquilibre du rachis en utilisant un fil à plomb, l’axe occipital devant passer par le pli inter-fessier ; – rechercher une asymétrie des épaules, des flancs ou du bassin ; – rechercher un trouble de la statique sagittale (cyphose ou lordose) en utilisant le fil à plomb, l’axe occipital étant tangent à T8 et S2 avec des flèches cervicale (C7) et lombaire (L2) qui sont égales et de l’ordre de 30 mm. DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE : CLASSIFICATION DES SCOLIOSES Ce diagnostic commence au cours de l’examen clinique qui doit être complet et comprendre un examen attentif de la peau et un examen neurologique soigneux. Cette enquête a pour but de rechercher une cause au symp- tôme qu’est la scoliose. Celles qui ne relèvent d’aucune cause sont la majorité et sont dites idiopathiques. La classification de ces étiologies est exposée dans le tableau I. Les scolioses idiopathiques représentent 75 %, les scolioses congénitales 10 %, les étiologies neurologiques 5 %, les autres causes se partagent le pourcentage restant. Deux notions doivent être dégagées : • la scoliose dite idiopathique voit sa fréquence baisser : – parce que la prévention est de plus en plus efficace ; – parce que l’examen neurologique met en évidence des formes de plus en plus subtiles d’anomalies et que l’imagerie par résonance magnétique permet d’en faire un diagnostic de plus en plus précis. • il faut savoir dépister, dans le flux important des consultations de scolioses dites idiopathiques, celles qui relèvent d’une étiolo- gie particulière. L’alerte est donnée par un certain nombre de symptômes qu’il faut prendre en compte avec une particulière vigilance : – une douleur ; – une contracture musculaire ; – des signes neurologiques même minimes (absence des réflexes cutanés abdominaux) ; – des anomalies cutanées (taches, hyperlaxités) ; – des signes cliniques de dysraphisme (fossette, tache, touffe de poils) ; – des pieds creux ; – une courbure thoracique gauche ; – une malformation urinaire ou cardiaque… PLACE DE L’IMAGERIE L’imagerie est fondamentale : – pour la confirmation du diagnostic et l’évaluation de la scoliose ; – pour le diagnostic étiologique précis. LES PRINCIPALES TECHNIQUES D’IMAGERIE 1. Les clichés simples L’examen de départ comprend deux clichés du rachis dans son ensemble, face et profil, en position debout, et une évaluation de l’âge osseux. Les autres techniques sont prescrites en fonction Tableau I : Classification étiologique des scolioses d’après Ostreich (40). Table I: Étiologic classification of scoliosis according to Ostreicht (40). SCOLIOSES IDIOPATHIQUES Infantiles (0-3 ans) Juvéniles (3-10 ans) De l’adolescent (10 ans à la fin de la croissance) AUTRES SCOLIOSES CONGÉNITALES (malformations vertébrales) • Troubles de la formation – Vertèbre cunéiforme – Hémivertèbre libre ou fusionnée • Troubles de la segmentation – Barre intervertébrale unilatérale – Fusion costale NEUROLOGIQUES • Dysraphismes et malformation médullaires – Méningocèle – Myéloméningocèle – Moelle attachée – Anomalies de Chiari – Syringomyélie – Diastématomyélie • Neuropathies * Origine centrale – Infirmité motrice centrale – Dégénérescence spino-cérebelleuse (Friedreich, Charcot-Marie-Tooth, Roussy- Levy) – Tumeurs médullaires * Origine périphérique – Poliomyélite – Sclérose latérale amyotrophique – Arthrogrypose – Dysautonomie – Arthrogrypose neurogène • Myopathies – Arthrogrypose musculaire – Dystrophie musculaire (Duchenne - Becker – Fascio-scapulo-humérale - Myotonique) – Hypotonies congénitales DYSPLASIQUES • Dysplasies squelettiques – Nanisme diastrophique – Dysplasies spondylo épi et métaphysaires – Micropolysaccharidoses (Morquio) – Autres maladies de surcharge • Dysplasies mésenchymateuses (ectodermique et méso dermique) – Neurofibromatose – Marfan – Elhers Danlos DIVERSES (secondaires) – Post irradiation – Post infectieuses – Post traumatiques – Post chirurgicales DOULOUREUSES (Voir tableau spécifique) (tableau II)
  • 3. F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1119 des besoins diagnostiques ou thérapeutiques. L’utilisation des radiographies doit prendre en compte la limitation de l’irra- diation délivrée car l’évolution de la pathologie sur plusieurs années va entraîner la répétition des contrôles pour la sur- veillance. 1.1. Technique 1.1.1. La radiologie conventionnelle : les clichés simples sur grande cassette (2) (fig. 1) La technique doit être rigoureuse : – distance focale 2 m ; – cassette 30-90 ou 30-120 en fonction de la taille, avec écrans dégressifs et éventuellement filtre dégressif ; – pieds nus ; – le patient se tenant droit. • de face : – en incidence postéro-antérieure chez les filles pour protéger les seins et les ovaires ; – en incidence antéro-postérieure chez le garçon avec un protè- ge gonades en plomb ; – sans ou avec compensation d’une éventuelle inégalité de longueur des membres inférieurs (toute compensation devant être indiquée sur le film) ; – prenant la base du crâne et la totalité du bassin. • de profil : – convexité de la courbure principale contre la cassette ; – rayon incident centré sur le milieu de la ligne occiput racine de cuisse (pointe des omoplates) ; – avant-bras horizontaux maintenus par un support (pied à sérum) afin de dégager le rachis sans provoquer de déséquilibre antérieur ni de modification de courbure ; – avec compensation d’une éventuelle inégalité de longueur des membres inférieurs pour horizontaliser le bassin (en le signalant sur le film) ; – avec une bonne visibilité des conduits auditifs externes et des têtes fémorales ; – cette technique classique est encore la plus utilisée. Elle a l’avantage de donner des radiographies grandeur nature, mais elle a des inconvénients : forte irradiation (voir plus loin), hétéro- généité d’exposition avec des zones sur ou sous exposées, pro- blèmes de parallaxe avec impossibilité de superposer les deux têtes fémorales, coût de la surface sensible et difficulté d’archi- vage. 1.1.2. Les techniques numériques Les logiciels de reconstruction 2 D à partir d’acquisitions numériques séquentielles (3) en sortie d’amplificateur de brillance (fig. 2a et b) Les acquisitions sont faites sur une table télécommandée avec numérisation en sortie d’amplificateur, avec une matrice 1024 × 1024, et sont traitées par un logiciel sur une station de travail. Le champ d’acquisition utilisé varie entre 38 cm et 40 cm. La collimation latérale est adaptée au patient. La collimation en hauteur est automatisée pour ne laisser qu’une fenêtre de 10 à 12 cm avec un chevauchement de 2 cm. Le déplacement de la table est automatisé pour assurer un balayage de la base du crâne aux racines des cuisses avec une vitesse de 4 cm par seconde avec une cadence d’acquisition de deux images par seconde, ce qui représente une moyenne de 30 images par inci- dence, variant avec la taille du sujet. La reconstruction est assu- rée de façon automatique par le logiciel avec visualisation sur la console de post-traitement et édition sur film 30/40 ou 36/43 ou sur CD-Rom. Ce type d’acquisition permet une grande homo- généité de noircissement avec une très bonne visibilité des zones habituellement sur ou sous exposées sur les clichés avec grande cassette (rachis thoracique, ailes iliaques). Il est possible de réaliser un réglage du contraste et de la lumi- nosité, et d’agrandir pour mieux analyser un segment donné. L’outil informatique permet la réalisation de toutes les mesures directement sur l’écran sans les erreurs de parallaxe des clichés simples (les têtes fémorales sont bien superposées). La lecture se fait donc sur écran et non plus sur négatoscope. La technique permet par ailleurs de diminuer l’irradiation (voir plus loin) et de faciliter l’archivage (disparition des grands films pliables) en s’ouvrant à toutes les méthodes d’archivage électroniques modernes. Tableau II : Étiologie des scolioses douloureuses (Scolioses-Symptômes). Table II: Etiology of painful scoliosis (Scoliosis-Symptoms). Lésions vertébrales Lésions para-vertébrales Lésions intra-canalaires Maladie de Scheuermann Spondylolyses Tumeurs rachidiennes bénignes • corps vertébral : granulome éosinophile • arc postérieur : – ostéome ostéoïde – ostéoblastome – kyste anévrysmal Tumeurs rares : chondromes, ostéochondromes, dysplasie fibreuse. Tumeurs rachidiennes malignes : – Ewing – lymphomes – ostéosarcome (exceptionnel) Tumeurs neurogènes : – neuroblastomes – ganglioneuromes – neurofibromes (neurofibromatose) Tumeur costales : – bénignes : ostéome ostéoïde – malignes : Ewing Autres tumeurs des parties molles : – rhabdomyosarcome – divers Tumeurs intra-médullaires : – astrocytomes – épendymomes – métastases de médulloblastome – hémangioblastome (Von Hippel Lindau) Tumeurs extra-médullaires : – neurofibromes (neurofibromatose) – schwannomes Malformations vasculaires Dysraphismes occultes
  • 4. 1120 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1.1.3. Assemblage d’images obtenues après acquisition sur cassettes phospholuminescentes (4) Le procédé utilisé est le même que celui de la radiologie conventionnelle avec grandes cassettes, mais le couple écran-film classique est remplacé par des plaques phospholuminescentes. Deux systèmes sont proposés aujourd’hui : – un coffre porte-cassettes équipé d’une grille quadrillée spéciale sur la face tournée vers le tube, et dans lequel on place quatre cassettes phospholuminescentes complètes (fig. 3) ; – l’utilisation d’une grande cassette conventionnelle avec grille quadrillée incorporée dans laquelle on place quatre écrans phos- pholuminescents (fig. 4). Quatre plaques 24 × 30 cm sont disposées dans une cassette 30 × 120 cm. Le logiciel de post-traitement a été conçu pour assembler l’image initiale composite en corrigeant les distorsions (chevau- chement, décalage, rotation, raccourci de perspective). L’image, ainsi assemblée, reste cependant paramétrée par des lignes horizontales qui sont dues à la partie supérieure des cas- settes non balayées ou à la zone de jonction des écrans selon le procédé. Les avantages sont ceux de la numérisation (post-traitement, archivage) identique au système précédent, mais la reconstruc- tion apparaît de moins bonne qualité. Comme avec les grandes cassettes conventionnelles, il n’y a pas de correction des erreurs de parallaxe. 1.1.4. Les capteurs plans intégrés aux tables télécommandées Ils représentent sûrement la solution d’avenir puisque, compte tenu de leur taille, entre 40 × 40 et 45 × 45, ils permettront, suivant la taille du sujet, une exploration complète avec deux ou trois expositions ; un logiciel de reconstruction assurant les corrections des éventuels chevauchements et des décalages entre les expositions. 1.1.5. Limitation de l’irradiation Cette préoccupation doit être prioritaire dans une pathologie qui expose à la répétition des clichés sur une période qui va de qua- tre à cinq ans. Ceci implique : – de limiter le nombre de clichés au strict minimum nécessaire après un accord avec les équipes médico-chirurgicales ; – de bien respecter les règles simples pour les incidences de face : • incidence postéro-antérieure chez les filles pour protéger les seins et les ovaires ; • incidence antéro-postérieure chez le garçon avec protection des gonades. – d’évoluer vers la radiographie numérique par acquisition séquentielle en abandonnant les clichés conventionnels sur gran- de cassette. En effet : • les constantes utilisées pour les acquisitions sur grande casset- te sont en moyenne de 80 kv et 140-160 mAs pour une dose Fig. 1 : Cliché simple de face sur grande cassette. Fig. 1: AP radiograph on a 14 × 36-inch cassette with stationary grid. Fig. 2 : Image numérique obtenue avec un logiciel de reconstruction 2D, à partir d’acquisition séquentielle en sortie d’amplificateur de brillance (Pro- cédé Philips). (a : Face, b : Profil). Fig. 2: Digital image obtained with 2D reformatting software from sequential acquisition on an image intensifier (Philips system). (a: AP view, b: lateral view). a b
  • 5. F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1121 délivrée moyenne par incidence, de 140 cgy.cm2 pour un poids de 30-50 kg à 210 cgy.cm2 pour un poids de 50-60 kg ; • les constantes utilisées avec les acquisitions numériques séquentielles en sortie d’amplificateur de brillance sont en moyenne de 80 kv et 3 mAs pour une dose délivrée moyenne par incidence, de 70 cgy.cm2 pour un poids de 30-50 kg à 120 cgy.cm2 pour un poids de 50-60 kg. – de se mettre en conformité avec la réglementation (Directive Européenne 47-43 Euratom du 9-07-97 (5) en équipant toutes les sources de rayon X utilisées de chambres d’ionisation pour mesurer la dose délivrée à chaque examen et l’inscrire dans le compte-rendu. Cette technique qui impose un changement d’habitude en passant de la lecture sur négatoscope à la lecture sur console, présente également des avantages économiques (suppression des films 30/90 et 30/120) ainsi que des avantages d’archivage et d’intégration informatisée dans le dossier médical du patient. Pour que le gain en irradiation soit réel, il est nécessaire d’opti- miser les réglages de l’appareillage pour une utilisation pédia- trique. La limitation de l’irradiation par le système d’assemblage d’images sur cassette phospholuminescente n’est pas évaluée, mais les constantes utilisées sont identiques à celles des cassettes conventionnelles (80 kv, 110 mAs) et donc non réduites, ce qui laisse à penser que la dose délivrée est identique. L’utilisation des capteurs plans devrait, par contre, réduire cette dose. 1.2. Résultats 1.2.1. Cliché de face debout Le cliché de face permet d’analyser la ou les courbures, la rotation des corps vertébraux sur leur axe et l’équilibre pelvi-rachidien frontal. Par convention, le cliché est présenté vu de dos avec la gauche du patient à gauche du cliché et la droite à droite, car l’examen clinique est fait vu de dos, et les interventions chirurgicales se font en majorité par abord postérieur. • Évaluation des courbures – le côté se définit par la convexité ; – l’amplitude s’apprécie par la méthode de Cobb (6, 7) (fig. 5). Il faut préalablement définir la vertèbre sommet et les vertèbres limites ; – la vertèbre sommet est la vertèbre qui, au sommet de la cour- bure est la plus horizontale et présente le maximum de rotation axiale ; – les vertèbres limites sont celles qui, à la limite supérieure (ver- tèbre limite supérieure) ou à la limite inférieure (vertèbre limite inférieure), présentent le maximum d’inclinaison par rapport à l’horizontale et le minimum de rotation ; – l’amplitude de la courbure est définie par la valeur en degrés de l’angle formé, dans la concavité de la courbure par les lignes droites prolongeant le plateau supérieur de la vertèbre limite supérieure et le plateau inférieur de la vertèbre limite inférieure ; – quand il existe deux courbures adjacentes, la vertèbre intermé- diaire ou neutre correspond à la vertèbre limite inférieure de la Fig. 3 : Assemblage d’images obtenues après acquisition sur cassette phos- pholuminescente (Procédé Agfa) (Dr A. Geoffray). Fig. 3: Assemblage of subimages obtained on phosphor plates (Agfa system). Fig. 4 : Assemblage d’images obtenues après acquisition sur cassette phos- pholuminescente (Procédé Fuji). Fig. 4: Assemblage of subimages obtained on phosphor plates (Fuji system).
  • 6. 1122 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent courbure supérieure et à la vertèbre limite supérieure de la cour- bure inférieure (fig. 6) ; – quand les plateaux des vertèbres limites ne sont pas bien visibles, on peut utiliser la tangente au bord supérieur (vertèbre limite supé- rieure) et au bord inférieur (vertèbre limite inférieure) des pédicules ; – en cas de surveillance prolongée, les mesures doivent toujours utiliser les mêmes vertèbres limites. • Rotation des corps vertébraux Elle s’apprécie au niveau de la vertèbre sommet. Le corps vertébral tourne vers la convexité, tandis que l’apophyse épi- neuse tourne vers la concavité de la vertèbre. Cette rotation s’évalue par deux méthodes (8, 9) : – la méthode de Cobb est la plus utilisée. Elle apprécie le dépla- cement de l’épineuse par rapport au pédicule et au bord verté- bral dans la concavité de la courbure. La rotation est aussi cotée en 1, 2, 3 ou 4 croix (fig. 7a) ; Fig. 5 : Mesure de l’amplitude d’une courbure simple (Méthode de Cobb). VS : Vertèbre Sommet ; VL : Vertèbre Limite. Fig. 5: Measurement of a simple lateral curvature (Cobb method). Fig. 6 : Mesure de l’amplitude d’une double courbure (Méthode de Cobb). Fig. 6: Measurement of a double lateral curvature (Cobb method). Fig. 7 : Évaluation de la rotation par la méthode de Cobb (a), par la méthode de Nash et Moe (b). Fig. 7: Measurement of rotation by Cobb method (a), and Nash and Moe method (b). b Fig. 8 : Évaluation de la statique pelvi-rachidienne de face (bassin oblique gauche avec rachis équilibré). Fig. 8: Evaluation of the pelvic and spinal static (left oblique pelvis with balanced spine). a
  • 7. F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1123 – la méthode de Nash et Moe (10) apprécie le déplacement du pédicule du côté convexe vers le côté concave. La rotation est ici aussi classée de 0 à 4 croix (fig. 7b). Le torsiomètre de Perdriolle (11) permet de quantifier cette rotation en degrés. • L’équilibre du rachis Il s’apprécie en fonction de la verticale abaissée par l’épineuse de C7 qui doit passer par la médiane sacrée. L’écart avec celle- ci définit et quantifie un déséquilibre rachidien droit ou gauche. •La statique du bassin Elle s’apprécie par la tangente au pied des deux articulations sacro-iliaques. La statique normale correspond à une ligne hori- zontale. Si la ligne est oblique, l’obliquité est droite ou gauche, et cette obliquité est quantifiée en degrés par rapport à l’hori- zontale (fig. 8). Si le bassin est oblique, il faut vérifier l’égalité ou l’inégalité de hauteur des têtes fémorales. Une inégalité est significative quand elle est supérieure à un centimètre. 1.2.2. Cliché de profil debout Ce cliché permet d’évaluer la cyphose dorsale, la lordose lom- baire et la statique pelvi-rachidienne. Il permet en outre de rechercher une maladie de Scheuermann ou un spondylolisthésis associé. • La cyphose dorsale Elle se mesure par l’angle formé par la tangente au plateau inférieur de T12 et la tangente au plateau supérieur de la pre- mière vertèbre dorsale visible (T3 ou T4) (fig. 9). Fig. 9 : Équilibre global du rachis de profil debout. Évaluation de la cyphose thoracique et de la lordose lombaire. Fig. 9: Sagittal equilibration of the spine in standing position. Evaluation of tho- racic kyphosis and lumbar lordosis. Fig. 10 : Évaluation de la position du centre de gravité du rachis (gîte sagitta- le de T9). Fig. 10: Determination of the center of gravity of the spine. Fig. 11 : Analyse de la version pelvienne. a : A : pente sacrée ; B : version pelvienne ; I : incidence sacrée. b : Porte à faux. Fig. 11: Analysis of pelvic version. Fig. 12 : Test de Risser. Fig. 12: Risser test. a b
  • 8. 1124 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent • La lordose lombaire Elle se mesure par l’angle formé par les tangentes au plateau supérieur de L1 et à la plaque sacrée. • L’équilibre global du rachis Il s’apprécie en fonction de la verticale abaissée par le conduit auditif externe qui doit passer par le centre des têtes fémorales (fig. 9). • L’équilibre pelvi-rachidien Il est très important à évaluer (12, 13) : Le centre de gravité du rachis qui correspond au centre de gra- vité du poids supporté par les têtes fémorales, se situe en moyenne en T9. Le paramètre qui l’explore est la gîte sagittale de T9 qui correspond à l’angle formé par la verticale passant par le centre des têtes fémorales et la ligne joignant ce même centre au milieu du corps vertébral de T9. La valeur moyenne est de 12°. Elle se majore en cas de lordose et elle s’atténue ou s’inverse en cas de cyphose (fig. 10). Les paramètres pelviens permettent d’analyser le degré de ver- sion pelvienne (normale, antéversion, rétroversion) (fig. 11a) : – la pente sacrée correspond à l’angle formé par la tangente à la plaque sacrée par rapport à l’horizontale ; – la version pelvienne correspond à l’angle formé par la vertica- le passant par le centre des têtes fémorales et la ligne joignant ce centre au milieu de la plaque sacrée ; – l’incidence sacrée est l’angle entre la perpendiculaire au pla- teau sacré en son centre, et la droite joignant le centre du pla- teau sacré au centre des têtes fémorales ; – le porte à faux correspond à la distance sagittale entre le cen- tre de l’axe bicoxofémoral et le centre de la plaque sacrée (fig. 11b). L’incidence sacrée est le seul paramètre constant. Les autres paramètres sont variables. L’incidence est égale à la somme de la pente sacrée et de l’angle de version pelvienne. L’incidence étant constante, la pente sacrée varie avec l’inclinaison pelvienne et gère l’importance de la lordose (cf. note). • Complément d’analyse L’analyse est complétée par la recherche systématique d’un spondylolisthésis et de signes de maladie de Scheuermann (10 à 20 % des cas). 1.3. Appréciation de la maturation osseuse 1.3.1. Âge osseux La détermination de l’âge osseux est importante pour apprécier l’évolutivité de la courbure. Il se fait : – par la méthode de Greulich et Pyle (14) en comparant les don- nées d’une radiographie de la main de face avec celles de l’atlas de référence correspondant aux données moyennes de l’âge lé- gal de l’enfant (Greulich) ; – par la méthode de Nahum et Sauvegrain (15) sur une radiogra- phie du coude de face et de profil pour préciser les résultats de la méthode précédente entre 8 et 13 ans chez la fille et 10 et 15 ans chez le garçon. 1.3.2. Le test de Risser (16-18) Il évalue le degré de maturation du point d’ossification apophy- saire des crêtes iliaques. L’ossification se fait de l’avant vers l’arrière. Cette progression est chiffrée en cinq stades allant de 0 (pas d’ossification) à 5 (ossification complète), l’aile iliaque étant divisée en quatre quarts pour les stades 1, 2, 3 et 4. Deux remarques doivent être faites (fig. 12) : – la plus grosse erreur d’interprétation est de confondre les stades 0 et 5. En cas d’hésitation, il faut regarder le cartilage de conjugaison de l’extrémité supérieure du fémur et le point apo- physaire de l’ischion. S’ils sont ouverts et actifs, il s’agit d’un Risser 0. Si l’épiphysiodèse est acquise, il s’agit d’un Risser 5 (19) ; – le Risser est souvent difficile à évaluer sur les grandes cassettes conventionnelles, imposant parfois un second cliché centré, ce qui majore l’irradiation. Il est par contre très facile à évaluer en radiologie numérique, sur l’écran de la station grâce au grossis- sement localisé et en faisant varier la luminosité. 1.4. Les épreuves de réductibilité 1.4.1. Le cliché de face couché Il n’est pas systématique. La position couchée supprime les déformations induites par la gravitation (poids du corps), les tonus musculaires de posture, et les effets secondaires d’un bas- sin oblique (inégalité de hauteur des têtes fémorales). Il doit être réalisé dans les mêmes conditions techniques que les précédentes. Il est utile dans le bilan de départ quand on hésite entre scoliose et attitude scoliotique. 1.4.2. Les clichés en inclinaison latérale (Bending) Le but de ces clichés qui sont réalisés dans le cadre d’une éva- luation pré-opératoire est d’apprécier la réductibilité des cour- bures et la dérotation éventuelle. Ils sont réalisés en position couchée, en décubitus dorsal, avec les mêmes conditions techniques que précédemment. La réductibilité d’une courbure droite s’évalue en inclinaison droite. La réductibilité d’une courbure gauche s’effectue en inclinai- son gauche. 1.4.3. Le cliché en suspension ou en élongation Le cliché en suspension est réalisé en position assise, en suspen- sion grâce à un collier occipito-mentonier et un système de palan. Il faut s’assurer auparavant qu’il n’y a pas d’anomalie de la charnière cervico-occipitale. Ce cliché est peu réalisé et il ne montre pas dans notre expé- rience de réductibilité bien supérieure à celle des clichés couchés en inclinaison latérale. Les clichés en élongation sont réalisés en décubitus sur un cadre de Cotrel. 1.5. Cliché dans le plan d’élection (20) Dans les cyphoscolioses thoraciques sévères, il est très souvent difficile sur les clichés de face et de profil d’analyser la morpho- logie des vertèbres sommets car elles se situent dans un plan intermédiaire, entre le plan coronal et le plan sagittal. Le plan d’élection de face est le plan qui projette strictement cette vertèbre de face. Note : Tous ces paramètres nécessitent, pour une bonne évaluation, une super- position des têtes fémorales qui est impossible sur les grandes cassettes et les systèmes avec cassettes phospholuminescentes à cause des erreurs de paral- laxe. La meilleure technique est donc l’acquisition numérique séquentielle.
  • 9. F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1125 Ce centrage peut se faire sous amplificateur de brillance ou sur installation classique. Dans ce cas, il faut placer le patient en oblique de façon à ce que le plan médial de la gibbosité (versant vertébral) soit parallèle au plan de la cassette. 1.6. Mesure de la gibbosité La mesure radiologique se superpose à la mesure clinique. Le patient est penché en avant, genoux tendus, mains jointes et coudes tendus, tête vers la plaque, rayon incident horizontal tangent à la gibbosité qui peut être soulignée par un fil métallique. On mesure la distance séparant le sommet de la voussure de la verticale passant par le rachis. 2. Les autres techniques 2.1. La scintigraphie Elle est indiquée dans les scolioses douloureuses quand le cliché simple ne montre pas de niveau lésionnel. C’est une scintigraphie classique avec un traceur marqué au 99 m Tc. La scintigraphie au citrate de gallium, ou aux leucocytes mar- qués, n’est indiquée qu’en cas de sepsis post-opératoire. 2.2. La tomodensitométrie Elle n’est pas systématique et sa prescription (avantages-incon- vénients) doit toujours tenir compte de la dose supplémentaire délivrée. C’est sûrement la méthode la plus précise pour appré- cier la rotation et la déformation des vertèbres sommets, mais l’importance de la dose délivrée ne justifie pas son utilisation dans cette indication (21). L’examen est indiqué dans certaines circonstances bien précises : – l’identification de la lésion osseuse responsable d’une scoliose douloureuse ; – l’étude tridimensionnelle par reconstruction dans le bilan pré- chirurgical des scolioses malformatives congénitales graves ; – l’analyse de l’état des pièces osseuses sur lesquelles seront im- plantés les matériels chirurgicaux et, en particulier, la taille des pédicules ; – l’analyse de la déformation thoracique en particulier pour les cyphoscolioses sévères et les lordo-scolioses avec thorax plat. L’étude de la gibbosité costale nécessite une exploration en pro- cubitus (22). La meilleure technique est l’acquisition volumique avec un scanner hélicoïdal permettant des reconstructions 2D dans les plans nécessaires et des reconstructions 3D. 2.3. Imagerie par résonance magnétique L’IRM n’est pas systématique mais c’est le meilleur examen pour analyser la moelle. Elle est justifiée (23) : – devant toute scoliose sévère qui va bénéficier d’un traitement chirurgical ; – devant toute scoliose associée à des signes neurologiques ; – devant toute scoliose thoracique à convexité gauche (associa- tion à une syringomyélie) ; – devant toute scoliose malformative ; – devant toute suspicion de tumeur para-vertébrale ou intra-ca- nalaire. Il faut pouvoir analyser le canal rachidien sur toute sa hauteur et l’examen doit toujours comprendre une étude de la fosse pos- térieure pour rechercher une anomalie de Chiari. Il faut apprécier le calibre et la morphologie de la totalité de la moelle. L’examen doit donc couvrir la totalité de l’axe neural de la fosse postérieure au sacrum, ce qui, compte tenu de l’importance et du nombre des courbures, peut nécessiter un examen long qui peut atteindre ou dépasser une heure. Les techniques d’acquisition doivent être adaptées à chaque cas (plans de coupe, séquences, injection de chélats de Gadoli- nium ou non). L’IRM peut-elle se substituer au scanner dans certaines indi- cations à cause de son caractère non irradiant ? L’IRM est irremplaçable pour l’analyse de la moelle, mais l’étude de l’os dans certaines malformations est mieux faite par les reconstructions 2D et 3D du scanner hélicoïdal, avec acqui- sition volumique qui reste très utile dans ces indications. Dans le cas des scolioses malformatives, les coupes IRM pondérées en T2 dans le plan frontal sont utiles pour apprécier l’existence de disques inter-vertébraux, et distinguer une hémivertèbre libre d’une hémivertèbre fusionnée. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL ENTRE SCOLIOSE STRUCTURALE ET ATTITUDE SCOLIOTIQUE (1, 24) 1. Attitude scoliotique • Sur le plan clinique Il s’agit d’une déviation latérale pure sans gibbosité. • Sur le plan radiologique Il existe une courbure du rachis, sans rotation des corps ver- tébraux, qui se réduit en position couchée (fig. 13). Une courbure latérale, sans gibbosité, sans rotation des corps vertébraux sur leur axe, qui se corrige en position couchée, est une attidude scoliotique. La cause la plus fréquente est l’inégalité de longueur des membres inférieurs avec obliquité du bassin qui peut être évaluée cliniquement et précisée par un cliché de face de l’ensemble des deux membres inférieurs en position couchée, avec protection des gonades. Il existe d’autres causes : – bassin oblique par attitude vicieuse de hanche ou rétraction du tenseur du fascia lata ; – anomalies des genoux : genu valgum, varum ou recurvatum ; – pieds plats ; – troubles de la torsion du squelette des membres inférieurs. La première appréciation de ces troubles est clinique et le complément d’imagerie sera demandé en fonction des orientations. 2. Scoliose structurale 2.1. Sur le plan clinique Il s’agit d’une déviation latérale avec gibbosité. 2.2. Sur le plan radiologique Il existe une courbure du rachis avec rotation des corps verté- braux sur leur axe. La rotation étant le signe le plus important
  • 10. 1126 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent Fig. 13 : Attitude scoliotique par inégalité de longueur des membres inférieurs : a : Face debout : bassin oblique gauche. Inégalité de hauteur des têtes fémorales. Courbure thoraco-lom- baire droite à grand rayon sans rotation des corps vertébraux. b : Face couchée : réduction de la courbure et de l’obliquité du bassin. Fig. 13: Functional scoliosis secondary to leg length discrepancy: a: AP view in standing position: left oblique pelvis. Discrepancy in height of femoral heads. b: AP view in the supine position. Reduction of the spinal curve and obliquity of the pelvis. ba Fig. 14 : Différents types de courbure structurale : a : Courbure majeure ou principale. b : Courbure double majeure. c : Courbure principale avec deux courbures secondaires. Fig. 14: Different types of structural scoliosis: a: Primary curve. b: Double primary curve. c: Primary curve with two secondary curves. a cb
  • 11. F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1127 de la structuralisation d’une courbure. Ces deux anomalies peu- vent s’atténuer mais ne se corrigent pas en position couchée. Une courbure latérale, avec gibbosité et rotation des corps vertébraux sur leur axe qui ne se corrige pas en posi- tion couchée, est une scoliose structurale. 2.3. Définition des différents types de courbures structurales (fig. 14) – une courbure majeure ou principale est celle qui a la plus grande amplitude, les rotations et la gibbosité les plus importan- tes. Il peut exister une seule courbure (courbure majeure) (fig. 14a) ou deux courbures majeures d’amplitude égale (scolio- se double majeure), (fig. 14b et 15) ; – une courbure mineure ou secondaire est une courbure ad- jacente à la précédente, non réductible, avec une rotation et une gibbosité moindre. Une courbure majeure s’accompagne sou- vent de deux courbures sus et sous-jacentes d’amplitude égale. L’amplitude de la courbure majeure est, en général, égale à la somme de l’amplitude des deux courbures secondaires (fig. 14c) ; Fig. 15 : Scoliose idiopathique double majeure. Fig. 15: Double primary idiopathic scoliosis. Fig. 16 : Schéma de Madame Duval-Beaupère définissant les lois d’évoluti- vité des scolioses structurales. Fig. 16: Duval-Beaupère diagram for evolutivity laws of structural scoliosis. Fig. 17 : Angle costo-vertébral de Metha. Appréciation du pronostic des scolioses structurales idiopathiques infantiles. Fig. 17: Metha’s rib-vertebral angle. Evaluation of infantile idiopathic scoliosis. Fig. 18 : Scoliose idiopathique. Déformation rotatoire de la vertèbre sommet et du thorax. Fig. 18: Idiopathic scoliosis. Rotation of both vertebra of the curve and thorax at the apex.
  • 12. 1128 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent – une courbure de compensation est une courbure qui ac- compagne une courbure majeure, mais sans rotation et qui se corrige en position couchée. 2.4. Difficultés de diagnostic entre attitude scoliotique et scoliose structurale Sur un cliché couché, il peut persister une courbure mineure inférieure à 10°, avec une rotation minime. On parle alors de déformation mineure structurée qui n’évolue pas forcément vers l’aggravation mais qui nécessite une surveillance. ÉVOLUTIVITÉ DES SCOLIOSES STRUCTURALES – Stagnara a proposé la notion de seuil angulaire selon laquelle une courbure d’amplitude supérieure à 30° a un risque évolutif certain. Mais, il faut également prendre en compte la rotation vertébrale avec un risque évolutif proportionné au degré de rotation. – La topographie joue également un rôle avec une gravité décroissante selon que la courbure est dorsale, double majeure, dorso-lombaire ou lombaire. – En fait, les lois d’évolutivité ont été définies par Duval-Beau- père (25-28). L’évolution d’une scoliose s’effectue en trois périodes au cours desquelles la croissance est linéaire (fig. 16). – La période P1 pré-pubertaire correspond au démarrage de la scoliose et se termine au point P. Le point P correspond clinique- ment aux premiers signes de maturation pubertaire (saillie des seins, poils pubiens, augmentation de volume des testicules). Il se situe à un âge variable d’un sujet à l’autre en moyenne à 11 ans chez la fille et 12 ans et demi chez le garçon. Sur les radio- graphies du bassin, la fermeture du cartilage en Y est contempo- raine du point P (9). – La période P2 dite pubertaire a une pente 4 à 8 fois plus grande que la précédente traduisant l’aggravation rapide au moment de la puberté, période où le rachis a une croissance plus rapide que les autres segments du squelette. – La période P3, dite de maturité, commence au point R et elle est à peu près horizontale. Le point R signe l’accès à la maturité et correspond à un test de Risser à 5. – La durée du segment PR est d’autant plus longue que le point P est plus précoce. – La pente évolutive permet d’évaluer la pronostic final. Trois points, au moins, sont nécessaires pour apprécier l’importance de cette pente à son début. Ce test d’évolutivité est le seul moyen d’évaluer avec précision la malignité d’une scoliose. Ceci explique que plusieurs bilans radiologiques peuvent être réalisés la première année. – L’évolutivité de l’amplitude de la scoliose doit être comparée à l’évolutivité de la taille en position assise. La puberté commence avec une taille moyenne de 78 cm chez le garçon et 75 cm chez la fille. Le pic pubertaire sur le tronc est caractérisé par un gain de taille de 14 cm dont 8 cm pendant les 15 premiers mois. La poussée de croissance s’affaiblit ensuite au fur et à mesure que s’affirment les caractères sexuels secondaires et les 4 derniers cm sont atteints en 36 mois. Les premiers centimètres sont donc dé- cisifs pour juger de l’évolutivité et, c’est dans cette période, que les contrôles sont plus rapprochés. ÉTIOLOGIE DES SCOLIOSES STRUCTURALES Les indications de l’imagerie sont discutées en fonction de l’étio- logie, de l’évolutivité et du traitement. 1. Les scolioses idiopathiques Les scolioses idiopathiques représentent de 70 à 80 % de l’ensemble des scolioses, mais leur fréquence diminue en fonc- tion de l’amplitude des courbures : la prévalence est de 1,5 à 3 % pour les courbures de 10 à 20° et 0,2 à 0,3 % pour les courbures de plus de 30° (29). Elles touchent une nette majorité de filles avec un ratio de 5 pour 1 (30). C’est souvent une affec- tion familiale et l’enquête est positive une fois sur trois. 1.1. Différents types de scolioses idiopathiques En fonction de l’âge, on distingue les scolioses infantiles, juvé- niles et de l’adolescent. 1.1.1. Les scolioses idiopathiques infantiles Elles apparaissent avant l’âge de 3 ans. Elles touchent le garçon et elles sont généralement thoraciques gauches. Il y a deux formes cliniques en fonction de l’évolutivité : – les formes spontanément résolutives qui représentent la majo- rité (80 %) qui sont dépistées dans les six premiers mois de la vie. Elles ont une courbure thoraco-lombaire à grand rayon et elles disparaissent progressivement (séquelle réductible de posture fœtale ?). – les formes progressives qui sont découvertes plus tard, souvent après 1 an, qui ont souvent une courbure plus courte et plus marquée ; elles sont susceptibles d’évoluer vers l’aggravation. À la phase de découverte, le diagnostic entre ces deux formes et donc le pronostic de la scoliose, se fait par la méthode de Mehta (31) (fig. 17). En cas de courbure avec rotation, les côtes se verticalisent du côté convexe de la courbure et s’horizontalisent du côté concave. La droite passant par le milieu des têtes et des cols des côtes fait un angle avec l’axe médian de la vertèbre au sommet de la courbure. Cet angle est l’angle costo vertébral. Il est plus petit dans la convexité que dans la concavité. La méthode de Mehta (31) consiste à faire la différence entre ces deux angles : – si la différence est supérieure à 20° lors du premier examen, la scoliose sera évolutive dans 80 % des cas ; – si la différence est inférieure à 20°, il faut établir une surveillan- ce initiale trimestrielle : • si la différence diminue, la scoliose sera résolutive ; • si la différence augmente, la scoliose sera progressive. 1.1.2. Les scolioses idiopathiques juvéniles Elles sont décelées plus tard, entre 3 ans et la puberté. Elles ont un fort potentiel évolutif, avec une évolution d’autant plus sévère que la courbure est apparue plus tôt. Elles obéissent à la loi de Duval-Beaupère (25-28) et elles subi- ront une aggravation rapide dès la puberté, ce qui impose une prise en charge très attentive pendant cette période car l’ampli- tude initiale peut être doublée ou triplée si il n’y a pas de prise en charge. 1.1.3. Les scolioses idiopathiques de l’adolescence Elles se développent à partir de 10 ans. Elles sont, le plus souvent, thoraciques à convexité droite et, plus rarement, thoraco-lombai- res gauches. Le pronostic dépend bien sûr de l’âge d’installation
  • 13. F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1129 par rapport à la puberté et du niveau de maturation osseuse. Plus le début est précoce, plus la maturation est retardée, plus la phase de progression de la déformation est allongée et moins bon est le pronostic. 1.1.4. Devenir de la scoliose idiopathique chez l’adulte La scoliose idiopathique n’arrête pas d’évoluer à la fin de la crois- sance. Elle continue à s’aggraver, mais à un rythme bien moin- dre, avec une progression de 2° pour les courbures thoraciques et de 1° pour les courbures lombaires en moyenne. Cette aggra- vation est responsable de déformation thoracique avec insuffi- sance respiratoire restrictive pour les courbures thoraciques et d’arthrose lombaire, avec parfois, une instabilité latérale pour les courbures lombaires. 1.2. Aspect radiologique des scolioses idiopathiques 1.2.1. Formes topographiques La scoliose peut être : – cervicale avec un sommet entre C1 et C6 qui doit faire recher- cher une anomalie de la charnière cervico-occipitale ; – cervico-thoracique avec un sommet en C7 ou T1 qui s’accom- pagne d’une déviation de la tête ; – thoracique droite, la plus fréquente, avec un sommet au niveau des vertèbres thoraciques moyennes ; – thoraco-lombaire avec un sommet en T12-L1 ; – lombaire avec un sommet entre L1 et L4. Les courbures peuvent être simples (courbure majeure), dou- bles (doubles majeures) ou combinées avec des courbures secon- daires sus et sous jacentes plus ou moins réductibles. 1.2.2. Aspect radiologique des vertèbres sommets et déformation induite La déformation structuralisée entraîne une déformation progres- sive des vertèbres sommets (fig. 18) : le corps prend un aspect cunéiforme latéral par diminution de la hauteur du côté concave. L’arc postérieur est tourné vers la concavité. Le pédicule, côté concave, s’épaissit et se raccourcit tandis que le pédicule, côté convexe, s’allonge et s’amincit. Cette déformation progressive de la vertèbre sommet est liée aux contraintes mécaniques imposées sur les cartilages de croissance, synchondrose neuro-centrale et lis- tel marginal, dans la concavité de la courbure, avec une épiphysio- dèse plus précoce du côté de la concavité. Cette rotation vertébrale s’accompagne d’une verticalisation des côtes et d’un tassement thoracique dans la concavité et d’une gibbosité dans la convexité. 1.3. Indications de l’imagerie en fonction des données thérapeutiques Le traitement est schématiquement le suivant (1) : – de 0° à 20° : surveillance attentive ; – de 20° à 50° : traitement orthopédique par corset ; – au-dessus de 50° : chirurgie. 1.3.1. Traitement orthopédique Ce traitement impose une surveillance radioclinique par des cli- chés d’ensemble du rachis en position debout de face et de pro- fil, sans et avec corset. Il faudra toujours penser à l’importance de l’irradiation déli- vrée. Il faut : – respecter toutes les règles de protection pour chaque cliché et reporter les doses délivrées en cgy. cm2 sur le carnet de santé ; – limiter le nombre de clichés en espaçant au maximum les contrôles (semestriels, voire annuels). 1.3.2. Traitement chirurgical Le bilan pré-opératoire comporte les clichés de face et de profil debout et les épreuves de réductibilité. Beaucoup d’équipes préconisent la réalisation systématique d’une IRM pour ne pas méconnaître une pathologie neurologi- que infra-clinique (tumeur médullaire, syringomyélie en particu- lier) (31). La surveillance post-opératoire doit respecter les mêmes règles de radio-protection que précédemment. 1.4. Formes particulières 1.4.1. Les lordo-scolioses Certaines scolioses, au lieu de s’accompagner d’une cyphose et d’une gibbosité, s’accompagnent d’une lordose thoraco- lombaire avec effacement de la cyphose dorsale et creusement du dos (fig. 19). Le dos creux est responsable d’un aplatissement thoracique qui peut induire un syndrome respiratoire restrictif rapide. Cette déformation thoracique est bien précisée par la TDM. 1.4.2. Les scolioses idiopathiques atypiques Les signes cliniques atypiques qui doivent faire remettre en cause le caractère idiopathique d’une scoliose sont : – un début très précoce (avant 10 ans) ; – une progression rapide ; – une douleur (une scoliose idiopathique n’est pas douloureuse) ; – une cyphose inhabituelle ; – des anomalies radiologiques (élargissement canalaire avec amincissement d’un ou plusieurs pédicules) ; – tout signe neurologique ; – une courbure cervico-thoracique ou thoracique gauche. Devant toutes ces situations, il faut systématiquement recher- cher une étiologie et réaliser une IRM (33). La fréquence relative de la scoliose idiopathique dimi- nue avec la réalisation de l’IRM devant toutes les situa- tions atypiques. 2. Les scolioses congénitales (malformatives) Les scolioses congénitales sont secondaires à des malforma- tions vertébrales parmi lesquelles on distingue les anomalies de formation (ou de développement) et les anomalies de fusion (fig. 20). 2.1. Anomalies de formation 2.1.1. Les hémivertèbres peuvent correspondre à une hémivertèbre supplémentaire, et il y a une côte supplémen- taire du côté de l’hémivertèbre, ou à une hémivertèbre man- quante et il y a une côte de moins du côté opposé à l’hémivertèbre. Ces hémivertèbres peuvent être libres ou fusionnées : – l’hémivertèbre libre est séparée par un disque des vertèbres sus et sous jacentes. Elle est plus évolutive que l’hémivertèbre fusionnée (fig. 20a et 21) ; – l’hémivertèbre fusionnée est fusionnée sur l’un ou les deux plateaux avec les deux vertèbres adjacentes (fig. 20b). Ces hémivertèbres présentent souvent une déformation cunéiforme antérieure qui va être responsable d’une cyphose sévère, angulaire, courte et évolutive.
  • 14. 1130 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent Fig. 19 : Lordo-scoliose (scoliose double majeure avec lordose thoraco-lom- baire, dos et thorax plats). Fig. 19: Lordo-scoliosis (double primary curve associated with thoraco-lum- bar lordosis and flat back). Fig. 20 : Scolioses malformatives. a : Hémivertèbre libre. b : Hémivertèbre fusionnée. c : Vertèbre en aile de papillon. d : Barre inter-vertébrale. Fig. 20: Anomalies associated with scoliosis. a: Free hemivertebra. b: Fused hemivertebra. c: Butterfly vertebra. d: Intervertebral bar. a b dc Fig. 21 : Scoliose malformative par hémivertèbre. a : Radiographie simple post-natale (hémivertèbre lombaire gauche surnuméraire en L2-L3). b : Radiographie simple à deux ans. Aggravation de la scoliose. c : Radiographie simple à douze ans. Stabilisation, mais évolution vers la fusion. Fig. 21: Congenital scoliosis related to hemivertebra. a: Post-natal plain film (left lumbar surnumerary hemivertebra at L2-L3 level). b: 2-year follow-up plain film. Progression of scoliosis. c: 12-year-follow-up plain film. Stabilization of scoliosis with fusion. a b c
  • 15. F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1131 2.1.2. Les défauts de fermeture peuvent se manifester par : – un aspect en « ailes de papillon » (fig. 20c) correspondant à une fente corporéale sagittale avec deux hémivertèbres juxtaposées. Ces lésions peuvent toucher plusieurs étages réalisant un « puzzle » ra- chidien. Ces puzzles sont en général équilibrés et peu scoliogènes ; – une fente postérieure qui va du simple schisis par absence de fusion d’une épineuse à un large spina-bifida avec ménin- go ou myéloméningocèle. 2.2. Anomalies de segmentation (fusions) Les défauts de segmentation peuvent toucher : – les corps vertébraux avec des blocs complets ou incomplets qui ne sont pas scoliogènes ; – l’arc postérieur avec des blocs complets ou unilatéraux (fig. 20d). Les blocs postérieurs unilatéraux ou barres interver- tébrales (fig. 22) sont très scoliogènes surtout s’ils sont associés à une hémivertèbre libre contro-latérale (34). La croissance est Fig. 22 : Scoliose malformative par barre inter-articulaire lombaire droite (fille de 13 ans). a : Cliché centré sur L5-S1 avec rayon ascendant : condensation des arcs postérieurs droits de L5 et S1, pincement discal latéral droit, barre verticale postérieure. b : Examen tomodensitométrique. Reformatage 2 D dans le plan sagittal. Confirmation d’une fusion inter-articulaire postérieure. Fig. 22: Congenital scoliosis related to right lumbar intervertebral bar (13-year-old girl). a: Plain film at L5-S1 level: sclerosis of L5 and S1 right posterior neural arches, right disk space narrowing, right vertical posterior bar. b: CT examination. 2D reformatting in the sagittal plane. Confirmation of the inter-articular fusion. ba Fig. 23 : Fille de 18 mois opérée à la naissance pour une atrésie de l’œsophage. Scoliose malformative lombaire. Examen TDM : a : Reconstruction 2 D dans le plan coronal : fente médiane de S1, fu- sion L5-S1. b : Reconstruction 3 D de face : fente sagittale de S1, fusion L5-S1 droite, présence d’une hémivertèbre droite en S4. Fig. 23: 18-month-old girl with post-natal surgery for esophageal atresia. Congenital lumbar scoliosis. CT examination: a: 2D reformatting in the coronal plane: sagital cleft of S1, L5-S1 fusion. b: 3D reformatting, sagittal cleft of S1, right L5-S1 fusion, right hemivertebra at S4. a b
  • 16. 1132 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent bloquée d’un côté alors qu’elle est normale de l’autre, ce qui induit une scoliose évolutive qui va s’aggraver à la puberté. 2.3. Place de l’Imagerie dans les scolioses congénitales L’imagerie a trois rôles : analyser la malformation et explorer sa stabilité, rechercher une anomalie médullaire et rechercher une malformation associée. 2.3.1. Analyse de la malformation Lors du bilan de départ, si une malformation est suspectée, elle peut être mieux analysée par un cliché dans le plan d’élection. Mais, l’analyse la meilleure de la malformation est donnée par la tomodensitométrie avec reformatage 2D et 3D (fig. 23). Cette analyse morphologique doit être complétée par une analyse de la stabilité, surtout en cas de cyphose associée. Cette étude de la stabilité se fait par des clichés dynamiques en inclinaison latérale droite et gauche et en flexion exten- sion. En cas de gibbosité : – le cliché en flexion est très important pour rechercher une instabilité antérieure et un espace anormal inter-articulaire ou un « vide postérieur » à l’étage articulaire ; – la réductibilité s’apprécie par un cliché de profil avec rayon horizontal, en décubitus dorsal, avec appui du sommet de la gibbosité sur le billot. 2.3.2. Exploration de l’axe neural à la recherche d’une malformation médullaire associée (34, 35) Deux anomalies sont à rechercher en priorité : – une moelle attachée bas ou un gros filum terminal attaché, qui pourrait se décompenser en cas de redressement des courbures ; – un dysraphisme en regard de la malformation (36, 37) et en particulier une diastématomyélie. L’IRM est donc systématique dans le bilan de toute malfor- mation découverte et elle doit explorer l’axe neural de la fosse postérieure au sacrum. 2.3.3. Recherche des malformations associées Il faut systématiquement rechercher des malformations génito-urinaires, cardio-vasculaires, digestives, des membres, des yeux, etc. Ces malformations peuvent être associées dans des syndro- mes spécifiques (V.A.T.E.R – V.A.C.T.R.E.L…). 3. Les scolioses neuro-musculaires 3.1. Les dysraphismes et les malformations médullaires 50 % des scolioses congénitales s’accompagnent de malfor- mations médullaires, ce qui souligne encore la nécessité de réaliser une IRM devant toute malformation osseuse. 3.1.1. Les méningocèles et les myéloméningocèles Elles représentent un défaut congénital de l’arc postérieur avec une hernie postérieure des méninges réalisant une poche kystique dans la paroi de laquelle viennent s’épanouir les ramifications de la moelle. La méningocèle est une hernie méningée pure. Elle est caractérisée par la présence associée de racines nerveuses qui viennent s’épanouir dans la paroi du kyste méningé. Le diagnostic est fait aujourd’hui en anténatal grâce à l’échographie, pendant le deuxième trimestre entre 16 et 18 semaines dans les situations à risque, sinon après 22 semai- nes, grâce à des signes directs (mise en évidence du défect osseux postérieur et de la hernie méningée) et indirects (mal- formation de Chiari II). C’est une indication d’interruption médicale de grossesse et les formes majeures de cette mal- formation devraient disparaître progressivement. Dans les cas mineurs, non diagnostiqués ou plus anciens, l’IRM est la technique qui analyse le mieux la malformation et l’éventuelle anomalie de Chiari II associée. 3.1.2. Les moelles attachées Elles correspondent à une position très basse du cône médullaire en position anormale basse et/ou à un gros filum terminal qui peut s’implanter dans un lipome intra dural (fig. 24) (38). Ces anomalies anatomiques sont souvent associées à des signes de dysraphisme mineurs de la charnière lombo-sacrée : fossette cutanée, touffe de poils, tache naevomateuse ou achromique avec des signes de paraparésie spastique plus ou moins nets et des pieds creux. Chez le nouveau né et pendant la première année de la vie, l’échographie peut faire le diagnostic. Au-delà, l’IRM reste la technique d’analyse la plus complète pour la mal- formation et la recherche associée d’une maladie de Chiari. 3.1.3. Les malformations de Chiari Elles sont de deux types (39) : – le type I consiste en une élongation des amygdales et de la partie médiane des lobes inférieurs du cervelet avec une partie basse partiellement intra-rachidienne du bulbe, mais avec un 4e ventricule qui reste en place ; – le type II consiste en un déplacement d’une partie du vermis inférieur de la protubérance et du bulbe dans le canal cervical, à travers un trou occipital agrandi. Le 4e ventricule est égale- ment déplacé vers le bas : il est allongé et plat. Cette malfor- mation de type II est presque toujours associée à une myéloméningocèle avec une moelle attachée bas. Les deux malformations peuvent être associées à une syrin- gomyélie et génèrent des scolioses. Les malformations associées de la charnière cervico-occipi- tale sont fréquentes. L’IRM est bien sûr le meilleur examen pour analyser ces mal- formations, ce qui implique que la fosse postérieure soit toujours visible quand une IRM médullaire est réalisée pour scoliose. 3.1.4. La diastématomyélie (40) C’est la malformation médullaire la plus fréquente en cas de malformation vertébrale segmentaire (20 à 50 %). Il s’agit d’une fente médullaire médiane (36) avec un éperon fibreux ou fibrocartilagineux médian qui peut s’ossifier. Les deux hémi-moelles peuvent être entourées d’un sac dural particulier (50 %) ou être comprise dans le même sac dural (50 %). La lésion siège le plus souvent au niveau du rachis thoraci- que inférieur ou lombaire. Elle est souvent associée à une moelle attachée ou à un gros filum. Les clichés simples montrent un élargissement du canal médullai- re avec des malformations vertébrales (fusion, puzzle) avec un éperon osseux central sagittal qui n’est pas toujours visible. La tomodensitométrie montre mieux l’éperon central qui est plus ou moins complet et qui est, en général, appendu à la face pos- térieure d’un corps ou d’un bloc vertébral (fig. 25a). L’IRM fait le bilan des anomalies médullaires (fig. 25b et c).
  • 17. F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1133 Fig. 24 : Fille de 3 ans. Scoliose neurologique par dysraphisme. Moelle attachée bas dans un lipome avec malformation de Chiari I. a : Cliché simple de face. Scoliose lombaire droite. b : IRM sagittale lombaire SE T1. Moelle attachée dans un lipome intra-canalaire avec cavité syringomyélique. c : IRM sagit- tale centrée sur la charnière crânio-cervicale. Malformation de Chiari I (protrusion des amygdales cérébelleuses. 4e ventricule en place), effacement de la grande citerne. Fig. 24: 3 year-old girl. Neuropathic scoliosis related to spinal dysraphism. Tethered cord within an intra-lumbar lipoma. Chiari I malformation. a: AP plain film. Right lumbar scoliosis. b: SE T1-weighted MR image in the sagittal plane. Tethered cord within an intra lumbar lipoma with syringohy- dromyelia. c: Chiari I. Malformation with cerebellar tonsil protrusio, normal fourth ventricule and effacement of the cisterna magna. ba c Fig. 25 : Diastématomyélie. Garçon de 13 ans. Scoliose thoraco- lombaire droite qui s’aggrave depuis l’enfance avec examen neurologique normal. a : Tomodensitométrie centrée sur L2. Coupe axiale. Cloison osseuse médiane divisant le canal rachidien. b : IRM coupe coronale - SE T1.Cour- bure thoraco-lombaire droite avec puzzle lombaire malformatif. c : IRM coupe coronale - SE T1. Coupe plus postérieure montrant la division des deux hémi-moelles par l’éperon. Fig. 25: Diastematomyelia. 13 year-old-boy. Right curve thoraco-lumbar scoliosis without neurologic symptoms. a: CT image of the L2 vertebral body in the axial plane. Bony spur dividing the spinal canal in two separate portions. b: SE T1-weighted image in the coronal plane. Right curve thoraco-lumbar scoliosis with puzzle-type vertebral marlformation. c: SE T1-weighted image in the coronal plane showing splitting of the spinal cord by the bony spur. b c a
  • 18. 1134 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent Des malformations très rares peuvent être associées telles que les kystes neuro-entériques, les kystes dermoïdes et épi- dermoïdes, les lipofibromes, l’ensemble pouvant faire partie d’un split-notochord-syndrome. 3.1.5. Les syringohydromyélies (40-42) Les syringohydromyélies sont associées à des anomalies con- génitales mais peuvent aussi se rencontrer dans certaines sco- lioses initialement considérées comme idiopathiques (fig. 26). Il faut systématiquement évoquer leur possibilité devant des anomalies de la main (atrophie de l’éminence thénar ou hypo- thénar) et devant une scoliose thoracique gauche (1). L’IRM fait le diagnostic et le bilan d’extension de l’anomalie. Elle recherche systématiquement une anomalie de Chiari associée. Lorsqu’il n’y a pas de malformation de Chiari et/ou lorsque l’aspect de la cavité cérébro-médullaire est atypique, l’examen comprendra une injection de contraste pour ne pas mécon- naître une tumeur avec cavité syringomyélique secondaire. 3.2. Les maladies neuro-musculaires Une grande variété de maladies neurologiques et musculaires produisent des scolioses. La gamme de ces étiologies figure dans le tableau I. Ces maladies, dont nous ne pouvons pas rappeler en détail la symptomatologie et les particularités des troubles de la statique du rachis, développent, en général, des scolioses avec une seule courbure thoraco-lombaire en C et un bassin oblique. Le bassin oblique est une bascule latérale fixée du bassin qui peut être lié à une cause haute (paralysie ou rétraction du muscle du tronc) ou à une cause basse (rétraction asymé- trique des adducteurs et des abducteurs). Sur le plan fonctionnel, il présente un compromis d’équili- bre en position assise ou debout. Les radiographies doivent être réalisées dans la posi- tion d’équilibre. Chez les myopathes, en particulier, où le but est de donner une position assise confortable, il faut radiographier les enfants en position assise. Il faut particulièrement apprécier : – le degré d’obliquité du bassin (fig. 5) ; – le degré de rotation du bassin qui se fait le plus souvent dans le sens de la concavité de la courbure ; – le centrage des deux hanches. L’examen clinique, et en fonction des antécédents et du tableau clinique, l’IRM cérébrale et médullaire et la biopsie musculaire sont les clés du diagnostic étiologique. 3.3. Les tumeurs médullaires Elles peuvent se révéler par une scoliose et se décompenser sur le plan clinique, lors du redressement orthopédique ou Fig. 26 : Fille de 2 ans. Scoliose thoraco-lombaire droite d’évolution rapide. a : Cliché simple de face. Scoliose thoraco-lombaire droite à petit rayon et grande amplitude. b : IRM – Coupe sagittale de la charnière crânio-cervicale–SE T2. Malformation de Chiari I. Cavité syringomyélique cervicale en hypersignal. Fig. 26: 2 year-old girl. Rapidly progressive right curve thoraco-lumbar scoliosis. a: AP view. Right thoraco-lumbar scoliosis. b: SE T2-weighted image of the cranio-cervical junction. Chiari type I malformation. The syrinx cavity appears in hypersignal. a b
  • 19. F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1135 chirurgical, si elles n’ont pas été diagnostiquées à cause de leur évolution lente et de leur caractère insidieux (43). Il s’agit plus souvent d’astrocytomes que d’épendymomes à cet âge. L’astrocytome est plus souvent bénin (75 %) que malin (glio- blastome) 25 %. Son siège est cervico-thoracique ou thoracique. Il présente une composante kystique dans 1/3 des cas (fig. 27). L’IRM est le meilleur outil de diagnostic de ces tumeurs en montrant l’élargissement de la moelle et les éventuelles cavités kystiques. Le problème est de ne pas les méconnaître devant un diagnos- tic facilement posé de scoliose idiopathique. Pour cela, il faut : – toujours faire un examen neurologique soigneux lors de la dé- couverte d’une scoliose idiopathique et prescrire une IRM à la moindre anomalie ; – toujours réaliser une IRM devant la moindre atypie clinique : début précoce, courbure thoracique gauche, petits signes neurologiques ; – toujours rechercher des signes d’élargissement canalaire sur les clichés simples (fig. 27b) ; – toujours réaliser une IRM en cas de complication ou de mauvai- se tolérance lors de la mise en place du corset ; – enfin, penser à injecter du produit de contraste quand une IRM découvre une cavité syringomyélique. 4. Les scolioses dysplasiques 4.1. Les ostéochondrodysplasies Beaucoup d’ostéochondrodysplasies retentissent sur la crois- sance et la statique du rachis. Celles où les scolioses sont les plus fréquentes sont le nanisme diastrophique et les dysplasies spondylo-épiphysaires et métaphysaires. Dans tous les cas, il faut identifier la maladie en fonction de l’aspect clinique et de l’exploration radiologique du squelette en faisant appel aux ouvrages de référence (44). 4.2. Les maladies de surcharge Les mucopolysaccharidoses sont secondaires à un défaut de dégradation des neuropolysaccharides acides (glycosaminogly- canes) qui s’accumulent dans l’organisme et donnent des trou- bles graves de la croissance enchondrale. La maladie de Morquio (mucopolysaccharidose de type IV) s’accompagne de cyphoscoliose dont le caractère angulaire est parfois responsable de compression médullaire dont le bilan revient à l’IRM. Il s’y associe souvent une hypoplasie de l’apophyse odontoïde. Fig. 27 : Garçon de 5 ans suivi depuis 3 ans pour scoliose infantile traitée par kinésithérapie. Cervicalgies depuis 6 mois avec apparition d’un torticolis. a : Rachis dans son ensemble de face debout. Il existe une courbure dorsale droite. b : Rachis cervical de profil. Élargissement du canal rachidien en région cervicale basse avec scalloping vertébral postérieur. c : IRM sagittale SET1 après injection de produit de contraste. Il existe une lésion intra-médullaire étendue de C4 à C6 avec une composante kystique supérieure et une prise de contraste hétérogène : astrocytome médullaire. Fig. 27: 5 year-old boy with a 3-year follow-up for infantile scoliosis. 6-months history of cervical pain with stiffneck. a: AP view in standing position. Right scoliosis. b: Lateral view of the cervical spine. Enlargement of the lower spinal canal associated with posterior vertebral scalloping. c: SE T1-weighted image in the sagittal plane after IV injection of Gadolinium. There is a partly cystic lesion involving the spinal cord and extending from C4 to C6, with heterogeneous enhancement : astrocytoma. a b c
  • 20. 1136 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 4.3. Les dysplasies (ectodermique-mésodermique) 4.3.1. La neurofibromatose de type I Elle donne des scoliose évolutives qui, dans 50 % des cas, sont thoraciques inférieures, volontiers gauches. Les corps vertébraux présentent, sur les radiographies, des bords exagérément concaves avec un festonnement (« scalloping ») postérieur, un aspect mince, hypoplasique, voire agénétique des pédicules avec des trous de conjugaison élargis. Les côtes en regard ont un aspect en « ruban tordu ». L’évolution de ces scolioses est grave avec une majoration bru- tale de l’amplitude des courbures, une dislocation rotation et une instabilité antérieure par destruction et luxation articulaire. Cette scoliose évolutive est liée au gène propre de la maladie (dysplasie mésodermique régionale). Elle peut entraîner une compression médullaire. Elle peut également s’accompagner d’une tumeur médullaire ou radiculaire. L’IRM est l’examen fondamental pour faire le bilan d’une éventuelle compression au sommet de la courbure et rechercher une tumeur médullaire ou radiculaire associée. 4.3.2. La maladie de Marfan La scoliose est fréquente et habituellement précoce. Elle débute, chez près de la moitié des sujets atteints, avant l’âge de 6 ans. Elle est, le plus souvent, thoracique droite ou à double cour- bure thoracique droite et lombaire gauche (fig. 28). Les radiographies montrent une hauteur anormale des corps vertébraux avec réduction de leurs dimensions antéro-postérieu- res. Le canal rachidien peut être élargi avec des anomalies qui rappellent la neurofibromatose de type I. La dimension excessive des membres et leur gracilité, l’hyperlaxité ligamentaire et l’ecto- pie du cristallin complètent le tableau clinique. 4.3.3. La maladie d’Ehlers Danlos La peau est hyperélastique avec des cicatrices papyracées et des pseudo-tumeurs molluscoïdes. La cyphoscoliose est fréquente avec parfois une déformation cunéiforme de certaines vertèbres. Les corps vertébraux sont légèrement aplatis avec une empreinte marquée du nucléus pulposus. Le spondylisthésis spondyloly- tique est fréquent. 5. Les scolioses secondaires Elles relèvent de causes multiples, difficiles à classer, mais qui peuvent se répartir en causes vertébrales et extra-vertébrales. 5.1. Causes vertébrales 5.1.1. Les scolioses après irradiation L’exemple en est le néphroblastome. L’irradiation est devenue exceptionnelle dans cette indication, depuis une quinzaine d’années. Le champ d’irradiation couvrait largement la loge rénale incluant le bord homolatéral du rachis et souvent, le bord supérieur de l’aile iliaque. Les points apophysaires secon- daires étaient stérilisés dans le champ d’irradiation, tandis qu’ils restaient normaux du côté opposé. La croissance était donc asymétrique, avec une déformation cunéiforme latérale des vertèbres qui induisait une scoliose dont la concavité est tour- née vers le côté irradié. L’irradiation du point apophysaire de l’aile iliaque était responsable d’un défaut de développement unilatéral de l’aile iliaque souvent associé. L’atteinte musculaire jouait également un rôle par atrophie du côté irradié. Cette situation est encore rencontrée chez des adultes traités à cette époque. 5.1.2. Les chirurgies avec laminectomie Pour tumeur médullaire ou neuroblastome, elles induisent plutôt des troubles de la statique sagittale avec des instabilités antéro- postérieures, mais, une scoliose peut être associée. 5.1.3. Les infections et les traumatismes Les infections (spondylite ou spondylodiscite) et les traumatismes peuvent également générer des déformations cunéiformes laté- rales avec scoliose bien que, là aussi, les blocs acquis en cyphose soient plus fréquents. 5.2. Causes extra-vertébrales Les synostoses costales, qu’elles soient congénitales, isolées, ou associées à des malformations vertébrales ou acquises (chi- rurgie thoracique pour malformation ou tumeur intra-thoraci- que), sont susceptibles d’induire des scolioses thoraciques par blocage de la croissance du côté de la synostose. 6. Les scolioses douloureuses La douleur est un symptôme d’alerte devant toute scoliose. Elle doit faire rechercher une lésion causale qui peut être para- vertébrale, vertébrale ou intra-canalaire (33, 45-47). Les étiolo- gies sont résumées dans le tableau II. En effet, les scolioses, idiopathiques en particulier, ne sont pas douloureuses. Elles peuvent le devenir, mais c’est toujours secondairement, chez un enfant qui présente une scoliose connue, en phase d’aggravation péri-pubertaire avec des dou- leurs mécaniques qui siègent, le plus souvent, dans la convexité et sans raideur. À l’inverse, dans les scolioses symptômes, la douleur est le symptôme initial. Elle s’accompagne d’une contracture muscu- laire avec raideur et la courbure s’installe en même temps ou après l’apparition de la douleur qui siège plutôt dans la concavité de la courbure. Cette scoliose douloureuse est secondaire à une lésion latéralisée para-vertébrale, vertébrale ou intra-canalaire. Elle provoque une contracture des muscles para-vertébraux homolatéraux qui génère la courbure. Si la lésion est méconnue, l’hyperpression dans la con- cavité va entraîner un trouble de la croissance au niveau de la syn- chondrose neuro-centrale et du listel marginal. La courbure qui était initialement réductible va progressivement se structuraliser, ce qui explique qu’elle puisse persister après ablation de la cause. Une scoliose douloureuse n’est pas une scoliose habi- tuelle, c’est une scoliose symptôme qui impose une enquête étiologique pour rechercher une lésion causale au sommet, et dans la concavité de la courbure. L’examen clinique doit être très soigneux ; l’examen neurolo- gique en particulier. Les stratégies d’imagerie sont actuellement bien codifiées (fig. 29). Il faut toujours commencer l’exploration radiologique par des clichés simples, face et profil, avec des clichés localisés sur le sommet de la courbure. Deux situations peuvent se présenter selon qu’il y ait une lésion visible ou pas. 6.1. Si la lésion est visible Il peut s’agir :
  • 21. F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1137 – d’un élargissement du canal médullaire avec érosion et amincissement des pédicules ; cet aspect oriente vers une tu- meur intra-canalaire médullaire ou extra-médullaire et c’est l’indication formelle d’une IRM ; – d’une ostéocondensation pédiculaire ou d’un hémi-arc postérieur ; il faut alors évoquer un ostéome ostéoïde, un os- téoblastome (48) ou une malformation de l’hémi-arc posté- rieur opposé (agénésie, hypoplasie) : il faut pratiquer un examen TDM (49) ; – d’une ostéolyse qui peut toucher le corps (granulome oesi- nophile, Ewing) ou l’arc postérieur (kyste anévrysmal, ostéoblastome) : il faut réaliser une IRM et, quelquefois com- pléter par un examen tomodensitométrique pour la mise en évidence de calcification de la matrice tumorale (ostéoblastome) ; – d’une masse para-vertébrale sans ou avec calcification : il faut alors réaliser une IRM (neuroblastome ?) pour évaluer la masse et son éventuelle extension intra-canalaire à un ou plu- sieurs niveaux. 6.2. Si aucune lésion n’est visible Il faut repérer le niveau lésionnel pour diriger les autres explo- rations. C’est le rôle de la scintigraphie qui doit être systéma- tique (fig. 30) : – s’il existe une hyperfixation, le niveau lésionnel est désigné. Mais, comme la scintigraphie est peu spécifique, il faut compléter l’exploration par un examen tomodensitométrique qui permettra d’analyser les critères morphologiques de la lé- sion responsable et d’orienter le diagnostic. – s’il n’y a pas d’hyperfixation, il faut réaliser une échogra- phie. Si l’échographie montre une masse paravertébrale, il faut réaliser une IRM (possibilité de neuroblastome avec pro- longement endo-canalaire) ; – s’il n’y a pas d’hyperfixation scintigraphique et si il n’y a pas de masse paravertébrale, le problème reste entier. Il faut Fig. 29 : Stratégie de diagnostic devant une scoliose douloureuse (symptôme). Fig. 29: Diagnostic work up of painful scoliosis (symptom). SCOLIOSES DOULOUREUSES = SCOLIOSES SYMPTOMES Rachis dans son ensemble debout face et profil + Radiographies localisées sur la région douloureuse (concavité de la courbure) en position couchée LÉSION VISIBLE PAS DE LÉSION VISIBLE Élargissement du canal vertébral condensation d'un pédicule ostéolyse masse para- vertébrale +/- calcifications Échographie Scintigraphie masse pas de masse iso-fixation Hyperfixation IRM TDM IRM + TDM échographie IRM Surveillance armée TDM IRM au moindre doute clinique Fig. 28 : Maladie de Marfan (fille de 11 ans). • Rachis de face : double courbure rachidienne thoracique droite et lombaire gauche. Augmentation de la hauteur des corps vertébraux. • Rachis de profil : thorax plat. Augmentation de la hauteur des corps vertébraux. Fig. 28: Marfan disease (13 year-old girl). • AP view: double right thoracic and left lumbar scoliosis. Increased height of the ver- tebral bodies. • Lateral view: flat thorax. Increased height of the vertebral bodies.
  • 22. 1138 F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent maintenir une surveillance armée en restant très prudent. Il faut répéter régulièrement l’examen neurologique et, au moindre doute, réaliser une exploration par IRM afin de ne pas méconnaître une tumeur médullaire ou radiculaire débutante (43). CONCLUSION La majorité des cas de scolioses correspond à des scolioses idio- pathiques (70 à 80 %) pour lesquelles la radiologie convention- nelle suffit pour le diagnostic et la surveillance. La prescription doit être la plus économe possible pour limiter l’irradiation déli- vrée et il faut progressivement abandonner les clichés sur des grandes cassettes pour évoluer vers l’utilisation d’acquisition numérique avec logiciels de reconstruction pour diminuer la dose. L’imagerie en coupe est réservée aux autres scolioses et à tou- tes les scolioses idiopathiques atypiques. L’IRM doit être réalisée dans tous les cas bénéficiant d’un traitement chirurgical et dans toutes les formes atypiques. L’élargissement de ses indications montre qu’un certain nombre de scolioses idiopathiques sont en fait des scolioses neurologiques infracliniques. La TDM est utile pour l’analyse de la composante osseuse d’une scoliose malfor- mative et pour l’exploration d’un niveau lésionnel d’une scoliose douloureuse. Références 1. Dimeglio A. Orthopédie pédiatrique quotidienne. In : Les scolioses. 3e ed. Montpellier : Sauramps médical ; 1991. p. 169-209. 2. Leclet H, Delforge PM, Delvalle A, Sutter B. Bilan et stratégies d’imagerie des scolioses. In : Éditions techniques. Encycl. Méd. Chir. Elsevier. Paris ; Radiodiagnostic – Neuroradiologie – Appareil loco- moteur, 31-671-B-20, 1997, 15p. 3. Rolland Y, Duvauferrier R, Morcet N, Bouvier F, Rambeau M. Reconstruction 2 D du rachis en entier à partir d’acquisitions numé- riques séquentielles. Rachis 1997;9:119-26. 4. Dewach P, Virylsteke P, Van de Velde S, Scholters E. Full-leg/full- spine image stiching a new and accurate CR-based imaging tech- nique. Communication. SPIE Medical Imaging International Imaging. San Diego: 25-26 Février 1999. 5. Cordoliani YS, Kalifa G, Marshall-Depommier E, Hazebroucq V, Aubert B. Tout ce que vous voulez (Devez ?) savoir sur la directive européenne : 97/43 Euratom. J Radiol 2000;81:199-200. 6. Cobb JR. Study of scoliosis. An american Academy of Orthopedic Surgeous instructional course. Lectures 1948;5:261-75. 7. Cobb JR. The problem of the primary curve. J. Bone Joint Surg 1960;42 A:1413-25. 8. Leclet H, Delforge PH. Imagerie des scolioses, quand et comment ? Rev. Im. Med 1993;5:773-82. 9. Leclet H, Delvalle A, Delforge PM. Scolioses idiopathiques : anato- mie pathologique et histoire naturelle. In Éditions techniques. Encycl. Méd. Chir. Elsevier. Paris ; Radiodiagnostic-Neuroradiologie – Appareil locomoteur, 31-671-B10, 1997, 6p. 10. Nash CL Jr, Moe JH. A study of vertebral rotation. J Bone Joint Surg 1969;51:223-9. 11. Perdriolle R, Vidal J. Étude de la courbure scoliotique. Importance de l’extension et de la rotation vertébrale. Rev. Chir. Orthop. Repa- ratrice Appar Mot 1981;67:25-34. Fig. 30 : Garçon de 13 ans. Scoliose droite douloureuse avec raideur secondaire à un ostéome ostéoïde. a : Cliché centré sur le sommet de la courbure : il n’y a pas d’anomalie évidente au sommet et dans la concavité de la scoliose. b : Scintigraphie au Technitium 99m (vue posté- rieure). Hypersignal sur l’arc postérieur gauche de T11. c : Coupe tomodensitométrique passant par T11. Ostéocondensation de l’hémi-arc postérieur gauche avec petite image d’ostéolyse géographique du pédicule correspondant au nidus de l’ostéome ostéoïde. Fig. 30: 13-year-old boy. Right painful scoliosis with stiffness, secondary to osteoid osteoma. a: Radiograph of the apex of the curvature. There is no obvious abnormality at the top and within the concavity of the scoliosis. b: Bone scan (Tc 99m). Increased tracer uptake on the left posterior arch of T11. c: CT scan. Sclerosis of the left posterior arch of T11 with a small central lucency related to the nidus of an osteoid osteoma. a b c
  • 23. F Diard et al. Imagerie des scolioses de l’enfant et de l’adolescent 1139 12. Legaye J, Hecquet J, Marty C, Duval-Beaupère G. Équilibre sagittal du rachis : relations entre bassin et courbures rachidiennes sagitta- les en position debout. Rachis 1993;5:215-26. 13. Marnay T. Équilibre du rachis et du bassin. Cahier d’enseignement de la SOFCOT. Expansion scientifique. Paris ; 1988. p 281-313. 14. Greulich WW, Pyle SI. Radiographic atlas of skeletal development of the hand and wrist. 2nd ed. Stanford University press; 1959. 15. Sauvegrain J, Nahum H, Bronstein H. Étude de la maturation osseuse du coude. Ann Radiol 1962;5:542-50. 16. Risser JC. Iliac apophysis, an invaluable sign in the management of scoliosis. Clin. Orthop. 1958;11:111-9. 17. Zaoussis AL, James JL. The iliac apophysis and the evolution of curves in scoliosis. J. Bone Joint Surg 1958;40B:442-53. 18. Izumi Y. The accuracy of Risser Staging. Spine 1995;20:1868-71. 19. Vital JM, Martins I, Martins F, et al. Étude de l’évolution radiologi- que des cartilages du bassin et de l’extrémité supérieure du fémur pendant la croissance. Chir. Ped. 1984;30:103-8. 20. Du Peloux J, Fauchet R, Faucon B, Stagnara P. Le plan d’élection pour l’examen radiologique des cyphoscolioses. Rev Chir Orthop Reparatrice Appar Mot 1965;51:517-24. 21. Ho Ek, Upadhay SS, Ferris L, et al. A comparative study of computed tomographic and plain radiographic methods to measure vertebral rotation in adolescent idiopathic scoliosis. Spine 1992;17:771-4. 22. Aaro S, Dahlborn M. Estimation of vertebral rotation and the spinal and rib cage deformity in scoliosis by computed tomography. Spine 1981;6:460-7. 23. Schwend RM, Hennrikus W, Hall JE, Emans JB. Childhood scoliosis: clinical indications for magnetic resonance imaging. J. Bone Joint Surg Am 1995;77:46-53. 24. Michel CR, Dubousset J. La scoliose idiopathique. Cahier d’ensei- gnement de la SOFCOT. Expansion Scientifique Française. Paris : 1986. 25. Duval-Beaupère G, Grossiord A. Les caractères évolutifs des scolio- ses poliomyélitiques. Étude longitudinale de 207 cas de scolioses poliomyélitiques de type respiratoire Presse Med. 1967;75:2375- 79. 26. Duval-Beaupère G, Dubousset J, Queneau P, Grossiord A. Pour une théorie unique de l’évolution des scolioses. Presse Med 1970;78:1141-8. 27. Duval-Beaupère G. Les repères de maturation dans la surveillance des scolioses. Rev Chir Orthop 1970;56:59-76. 28. Duval-Beaupère G, Lamireau T. Scoliosis at less than 30 degrees. Properties of the evolutivity (risk of progression). Spine 1985;10:421-4. 29. Lonstein JE. Adolescent idiopathic scoliosis. Lancet 1994;344:1407- 12. 30. Rogala EJ, Drumond DS, Gurr J. Scoliosis: incidence and natural history. A prospective epidemiological study. J. Bone Joint Surg Am 1978;60:173-6. 31. Mehta H. The rib-vertebra angle in the early diagnosis between resolving and progressive infantile scoliosis. J. Bone Joint Surg Am. 1972;54:230-43. 32. Evans SC, Edgar MA, Hall-Craggs, Powell MP, Taylor BA, Noordeen HH. MRI of “idiopathic” juvenile scoliosis. A prospective study. J Bone Joint Surg Br 1996;78:314-7. 33. Barnes PD, Brody JD, Jaramillo D, Akbar JU, Emans JB. Atypical idio- pathic scoliosis: M. R imaging evaluation. Radiology 1993;186:247- 53. 34. Mc Master MJ. Infantile idiopathic scoliosis: can it be prevented? J Bone Joint Surg Br 1983;65:612-7. 35. Mc Master M.J. Occult intra-spinal anomalies and congenital scolio- sis. J Bone Joint Surg Am 1984;66:588-601. 36. Winter RB, Haven JJ, Moe JH, Lagaard SM. Diastematomyelia and congenital spine deformities. J Bone Joint Surg. Am 1974;56:27-39. 37. Nokes SR, Murtagh FR, Jones JD 3rd et al. Chilhood scoliosis: MR imaging. Radiology 1987;164:791-7. 38. Raghavan N, Barkovich AJ, Edwards M, Norman D. MR imaging in the tethered spinal cord syndrome. AJR 1989;152:843-52. 39. Elster AD, Chen MY. Chiari I malformations: clinical and radiologic reappraisal. Radiology 1992;183:347-53. 40. Oestreich AE, Young LW, Young Poussaint T. Scoliosis circa 2000: radiologic imaging perspective. I. Diagnosis and pretreatment evaluation. Skeletal Radiol 1998;27:591-605. II. Treatment and follow up. Skeletal Radiol 1998;27:651-6. 41. Bertrand SL, Drvaric DM, Roberts JM. Scoliosis in syringomyelia. J Pedriatr Orthop 1984;12:335-7. 42. Charry O, Koop S, Winter R, Lonstein J, Denis F, Bailey W. Syringo- myelia and scoliosis: a review of twenty-five pediatric patients. J Pediatr Orthop 1994;14:309-17. 43. Citron N, Edgar MA, Sheeny J, Thomas DG. Intramedullary spinal cord tumours presenting as scoliosis. J Bone Joint Surg Br 1984;66:513-7. 44. Maroteaux P. Les maladies osseuses de l’enfant. 3e ed. Paris : Médecine Sciences Flammarion ; 1995. 45. Bunnel WP. Back pain in children. Orthop. Clini. of North Am. 1982;13:587-604. 46. Dubousset J. Scoliose raide et douloureuse chez l’enfant : Attention ! Rev. Pedriatr. 1970 ;6:597-606. 47. Afshani E, Kuhn JP. Common causes of low back pain in children. Radiographics 1991;11:269-91. 48. Azouz EM, Koslowski K, Marton D, Sprague P, Zerhouni A, Asselah F. Osteoid osteoma and osteoblastoma of the spine in children. Report of 22 cases with brief literature review. Pediatr Radiol 1986;1:25-31. 49. Ransford AO, Polo JL, Hutton PA, Kirwan EO. The behaviour pattern of the scoliosis associated with osteoid osteoma or osteoblastoma of the spine. J Bone Joint Surg Br 1984;66:16-20.