3. Prévalence chez la personne
âgée (HAS 2007)
La dénutrition augmente avec l’âge
4 à 10 % à domicile
15 à 38% en institution
30 à 70 % chez les patients
hospitalisés
4. Causes de la dénutrition sans
lien avec l’âge
les cancers
les défaillances d’organes chroniques et sévères (cardiaque,
respiratoire, rénale ou hépatique)
les pathologies digestives à l’origine de mal digestion et/ou de
malabsorption
l’alcoolisme chronique
les pathologies infectieuses ou inflammatoires chroniques
toutes les situations susceptibles d’entraîner une diminution
des apports alimentaires
une augmentation des besoins énergétiques, une
malabsorption, ou les trois associées
5. Les causes « physiologiques » de la
dénutrition de la personne âgée
Le vieillissement bucco-dentaire
Le vieillissement de l’appareil digestif
Les perturbations du goût
L’anorexie du sujet âgé : causes et
mécanismes
Le vieillissement musculaire : la sarcopénie
6. Situations à risque de dénutrition chez
les personnes âgées (HAS 2007) 1
Socio environnementales :
Isolement, deuil, hospitalisation, finances…
Troubles bucco dentaires
Perte des dents, appareillage mal adapté
Sécheresse de la bouche, candidose
Hypogueusie
Troubles de la déglutition
d’origine neurologique : AVC, démence
évoluée
d’origine ORL
7. Situations à risque de dénutrition chez
les personnes âgées (HAS 2007) 2
Troubles psychiatriques
Syndromes dépressifs
Psychoses
Troubles neurologiques
Troubles cognitifs
Syndromes parkinsoniens
Troubles de la vigilance
Dépendance pour AVQ et aide à l’alimentation
Régimes restrictifs : sans sel,
hypocholestérolémiant, sans résidu
8. Situations à risque de dénutrition chez
les personnes âgées (HAS 2007) 3
Traitements médicamenteux au long cours
Polymédication 5
Corticoïdes, diurétiques, psychotropes
Médicaments anorexigènes entraînant sécheresse
buccale, dysgueusie…
Toute affection aiguë ou décompensation d’une
pathologie chronique
Infections, cancers, fractures, interventions
chirurgicales, Parkinson, BPCO, cachexie cardiaque,
escarres…
9. Évocation du risque de
dénutrition
Signes d’alarme
cran de la ceinture
taille des animaux
réfrigérateur plein ou vide
Asthénie, fatigue
Ralentissement des activités
Repas du soir très faible (potage - dessert)
Pathologie aiguë
infection, poussée insuffisance cardiaque,…..
10. L’évaluation nutritionnelle (1)
Où?
à domicile
au cabinet médical
en maison de retraite
à l’entrée à l’hôpital
Quand?
consultation classique de surveillance
consultation pour maladie aiguë
au retour de l’hôpital
11. L’évaluation nutritionnelle (2)
Par qui ? :
Rôle du médecin
Rôle de l’infirmière
Rôle de l’aide soignante
Rôle de l’entourage
évolution dans le temps =
donnée essentielle
12. Evaluation du statut
nutritionnel
Évaluation des ingesta, estimation
grossière, puis quantification vraie
Anthropométrie : poids, index de
masse corporelle (IMC) plis cutanés,
circonférence du mollet
Quantification des protéines sériques
Echelles cliniques « intégratives » :
MNA
13. Quantification des apports
alimentaires (diététicienne)
Interrogatoire des 24 heures
Feuille détaillée de surveillance
alimentaire (3-7 jours) aide
soignante
Méthode de l’enquête alimentaire
(diététicienne)
14.
15. Poids
Mesure systématique tous les mois à
horaires fixes sur balance tarée à
chaque fois en tenant compte des
conditions habillement
Variation du poids
=>5% en 1 mois
=> 10% en 6 mois
courbe de poids
16. Index de Masse Corporelle :
IMC
Poids (kg) / taille x taille (m2)
< 21 kg/m2 dénutrition
< 18 kg/m2 dénutrition sévère
17. Estimation de la taille Chumlea
- Femme : T (cm) = 84,88 – 0,24 x âge
(années) + 1,83 x hauteur talon-genou (cm)
- Homme : T (cm) = 64,19 – 0,04 x âge
(années) + 2,03 x hauteur talon-genou (cm)
Taille de la jambe mesurée entre la partie fixe d’une toise
pédiatrique placée sous le pied et la partie mobile appuyée au
dessus du genou au niveau des condyles, le patient étant en
décubitus dorsal et le genou fléchi à 90°
18. Diagnostic biologique de
dénutrition
2 protéines de transport
Albumine
préalbumine
2 protéines inflammatoires
CRP
Orosomucoïde
Le calcul du PINI=
CRP x OROSO/préal. x alb.
Pronostic défavorable quand PINI élevé
19. Nom : _______________ Prénom : ______________ Sexe : _____ Date : _________
Age : /__/__/ Poids : /__/__/ kg Taille : /__/__/__/ cm Hauteur du genou : /__/__/ cm
Dépistage
Le patient présente-t-il une perte d’appétit ?
A-t-il mangé moins ces 3 derniers mois par manque d’appétit, problèmes digestifs,
difficultés de mastication ou de déglutition ?
0 : anorexie sévère ; 1 : anorexie modérée ; 2 : pas d’anorexie
Perte récente de poids (< 3 mois) ?
0 : perte > 3 kg ; 1 : ne sait pas ; 2 : perte entre 1 et 3 kg ; 3 : pas de perte
Motricité ?
0 : du lit au fauteuil ; 1 : autonome à l’intérieur ; 2 : sort du domicile
Maladie aiguë ou stress psychologique lors des 3 derniers mois ?
0 : oui ; 2 : non
Problèmes neuropsychologiques ?
0 : démence ou dépression sévère ; 1 : démence ou dépression modérée ; 2 : pas de
problème psychologique
Index de masse corporelle ? IMC = poids/taille² en kg/m²
0 : IMC < 19 ; 1 : 19 < IMC < 21 ; 2 : 21 < IMC < 23 ; 3 : IMC > 23
Score de dépistage (sous-total max. 14 points)
12 points ou plus : normal, pas besoin de continuer l’évaluation
11 points ou moins : possibilité de malnutrition – continuer l’évaluation
Mini Nutritional Assessment (MNA®) 1
D’après le Nestlé Nutrition Institute, 2006
20. Évaluation globale
Le patient vit-il de façon indépendante à domicile ?
0 : non ; 1 : oui
Prend-il plus de 3 médicaments par jour ?
0 : oui ; 1 : non
A-t-il des escarres ou plaies cutanées ?
0 : oui ; 1 : non
Combien de véritables repas le patient prend-il par jour ?
0 : 1 repas ; 1 : 2 repas ; 2 : 3 repas
Consomme-t-il :
- une fois par jour au moins des produits laitiers ? Oui Non
- une ou deux fois par semaine des oeufs ou des légumineuses ? Oui Non
- chaque jour de la viande, du poisson ou de la volaille ? Oui Non
0,0 : si 0 ou 1 oui ; 0,5 : si 2 oui ; 1,0 : si 3 oui ,
Consomme-t-il deux fois par jour au moins des fruits ou des légumes ?
0 : non ; 1 : oui
Combien de verres de boissons consomme-t-il par jour ? (eau, jus, café, thé, lait, vin,
bière…) ,
0,0 : < 3 verres ; 0,5 : 3 à 5 verres ; 1,0 : > 5 verres
Mini Nutritional Assessment
(MNA®) 2
21. Manière de se nourrir
0 : nécessite une assistance ; 1 : se nourrit seul avec difficulté ; 2 : se nourrit seul sans
difficulté
Le patient se considère-t-il bien nourri ? (problèmes nutritionnels)
0 : malnutrition sévère ; 1 : ne sait pas, ou malnutrition modérée ; 2 : pas de problème
de nutrition
Le patient se sent-il en meilleure ou en moins bonne santé que la plupart des personnes
de son âge ? ,
0,0 : moins bonne ; 0,5 : ne sait pas ; 1,0 : aussi bonne ; 2,0 : meilleure
Circonférence brachiale (CB en cm) ,
0,0 : CB < 21 ; 0,5 : 21 < CB < 22 1,0 : CB > 22
Circonférence du mollet (CM en cm)
0 : CM < 31 ; 1 : CM > 31
Évaluation globale (max. 16 points) ,
Score de dépistage
SCORE TOTAL (maximum 30 points) ,
Appréciation de l’état nutritionnel
17 à 23,5 points : risque de malnutrition
< 17 points : mauvais état nutritionnel
Mini Nutritional Assessment
(MNA®) 3
22. Les pièges du diagnostic
Liés au poids :
Surpoids: Obèse dénutri
Les œdèmes : fausse stabilité du poids
Liés à l’albumine :
Normale si déshydratation.
Albumine basse si
Insuffisance rénale
insuffisance cardiaque avec œdèmes
ininterprétable si insuffisance hépatique
en cas de syndrome inflammatoire
23. Critères HAS de la dénutrition
(2007)
La dénutrition repose sur la présence
au moins d’un des critères suivants :
Perte de poids 5% en un mois ou
10% en six mois
Indice de masse corporelle : IMC < 21
Albuminémie < 35 g/l
MNA global < 17
24. Critères HAS de la dénutrition
sévère (2007)
Le diagnostic de la dénutrition sévère
repose sur au moins un des critères
suivants :
Perte de poids 10% en un mois ou
15% en six mois
IMC < 18
Albuminémie < 30 g/l
25. Conséquences de la
dénutrition (1)
La dénutrition est associée à
l’augmentation de la mortalité à l’hôpital et
à domicile (risque x 6 en cas d’albumine <
25 g/l (M. Bonnefoy, Revue de Gériatrie)
IMC bas mortalité (Paquid, Epidos)
albumine est reliée à une durée
de séjour hospitalier (Hermann Arch Int Med 1992)
26. Conséquences de la
dénutrition (2)
Association aux infections nosocomiales
Association avec la survenue d’escarres
Association avec les chutes et les fractures
(Lumbers Br J Nutri, 2001)
Association avec la dépendance (CHS Study, Epidos)
27. Traitement = traitement des
multiples facteurs
Aide technique ou humaine
Non achat des aliments = aide aux courses
Non préparation = aide à la cuisine
Non consommation de ce qui est préparé = aide
à la prise des repas
attention aux médicaments
état bucco dentaire
pathologies sous jacentes
28. Stratégie thérapeutique :
3 étapes
La voie à privilégier est celle qui a le moins
d’effets secondaires et de contraintes pour le
patient
Privilégier l’alimentation orale (collation alimentation
enrichie, compléments) avec possible
hypodermoclyse associée
Si impossible ou insuffisant : nutrition entérale
Si impossible : nutrition parentérale périphérique
plutôt que voie centrale
29. Stratégie de prise en charge nutritionnelle
d’une personne âgée (HAS 2007)
30. Stratégie de prise en charge
de la dénutrition
Élaboration d’objectifs :CONTRAT avec le
patient (+ entourage)
Surveillance :
Évaluation régulière, quel que soit le mode de
nutrition :
de la tolérance, de l observance
de l’efficacité (ingesta, poids, biologie)
de la qualité de vie obtenue/thymie
l’évolution de la (des) pathologie(s) sous-
jacente(s)
31. L’objectif de la prise en charge
nutritionnelle
chez la personne âgée dénutrie:
atteindre un apport énergétique de
30 à 40 kcal/kg/jour
un apport protidique de
1,2 à 1,5 g de protéine/kg/jour
les besoins nutritionnels peuvent varier d’un
sujet à l’autre et en fonction du contexte
pathologique.
32. Programme de renutrition orale
Programme national nutrition santé (PNNS) 9 pour les
personnes âgées (1)
respecter les règles du viandes, poissons ou oeufs :
deux fois par jour
lait et produits laitiers : 3 à 4 par jour
pain, autres aliments céréaliers, pommes de terre ou
légumes secs à chaque repas,
au moins 5 portions de fruits et légumes par jour,
1 à 1,5 litre d’eau par jour (ou autres boissons : jus
de fruits, tisanes, etc.) sans
augmenter la fréquence des prises alimentaires dans
la journée, en fractionnant les proposant des
collations entre les repas
33. Programme de renutrition orale
Programme national nutrition santé (PNNS) 9 pour les
personnes âgées (2)
éviter une période de jeûne nocturne trop longue (>
12 heures) en retardant l’horaire du dîner, en
avançant l’horaire du petit déjeuner et/ou en
proposant une collation
privilégier des produits riches en énergie et/ou en
protéines
adapter les menus aux goûts de la personne
adapter la texture des aliments à ses capacités de
mastication et de déglutition
organiser une aide technique et/ou humaine au repas
en fonction du handicap de la personne
proposer les repas dans un environnement agréable
(cadre et convives).
34. Les compléments nutritionnels
oraux (1)
Hyper énergétiques 1,5 kcal/ml ou g, et
hyperprotidiques > 7 g/100 ml
Doivent être consommés lors de collations, à
distance des repas 2h, ou pendant les repas
Objectifs : atteindre un apport supplémentaire
de 400 kcal/j et de 30 g/j de protéines : 2 / jour
Adaptés au goût et à ses handicaps
Respect des conditions de conservation : 2h
une fois ouverts
35. Les compléments nutritionnels
oraux (2) : inconvénients
cher par rapport à l’alimentation
Risque de lassitude
Parfois le patient ne mange plus que cela
Respect des conditions de conservation :
2h une fois ouverts
changer régulièrement les goûts voire les
produits
36. Les portages de repas
Solution fonctionnelle si la personne sait gérer
ses repas
Pas toujours adaptés
chaîne froide technique de réchauffage
souvent 1 seul repas/jour soupe
rarement des crudités
problème de conservation
Certains travaux montrent qu’ils ne
préviennent pas la récidive
plutôt aide à domicile
37. Nutrition entérale: indications
en cas d’échec de la prise en charge
nutritionnelle orale
en première intention en cas de :
troubles sévères de la déglutition,
dénutrition sévère avec apports
alimentaires très faibles.
38. La nutrition entérale
Mise en route de la NE lors d’une
hospitalisation (tolérance et risques)
Poursuite de la NE à domicile : sociétés
de services, HAD
Prescription de la NE : initiale 14 jours,
suivi 3 mois
Surveillance de la NE : tolérance,
observance, poids, état nutritionnel,
apports alimentaires oraux
39. Nutrition entérale: limites
Dans les dernières semaines de vie /situations palliatives
objectif des soins nutritionnels avant tout le plaisir et le
confort
traitement de renutrition, par voie parentérale ou
entérale n’est pas recommandé (source d’inconfort
pour le patient) sauf demande du patient dans
situations particulières
Cette décision doit être expliquée discutée en équipe
(décision collégiale) et expliquée à l’entourage de la
personne âgée.
Considérations éthiques: LOI LEONETTI
40. Place des médicaments
adjuvants
L’alpha-cétoglutarate d’ornithine CETORNAN®
limite le catabolisme protéique musculaire
Et la diminution de glutamine musculaire et le
déficit de la balance azotée.
doit être accompagnée d’un apport protéino-
énergétique suffisant.
Son utilisation isolée n’est pas recommandée.
Durée : 6 semaines.
41. Prescription des
micronutriments
La population âgée représente une
population à risque de déficit en divers
micronutriments
vitamines du groupe B, vitamine C,
vitamine D, sélénium et calcium, etc.
calcium et de vitamine D régulièrement
prescrit
Autres dans des situations précises
42. Situations particulières :
Maladie d’Alzheimer(1)
La perte de poids fréquente au cours de la maladie d’Alzheimer
diminution des apports alimentaires
diminution de l’appétit,
troubles du comportement alimentaire,
perte d’autonomie
et/ou une augmentation des dépenses énergétiques
(déambulation, mouvements incessants, etc.)
perte de poids secondaire à des événements pathologiques
intercurrents.
=prise en charge nutritionnelle orale en cas de perte de poids
NB : surveiller aussi l’état nutritionnel de l’aidant.
43. Situations particulières :
Maladie d’Alzheimer(2)
Adaptation de cette prise en charge nutritionnelle orale
aux troubles du comportement alimentaire
aux troubles praxiques
aux troubles de la déglutition.
Recommandations HAS 2007:
Chez les personnes âgées dénutries atteintes de maladie
d’Alzheimer sévère, il n’est pas recommandé de proposer une
nutrition entérale
*risque élevé de complications mettant en jeu le
pronostic vital
*absence de bénéfice démontré
la décision doit être prise après une concertation multidisciplinaire
(médecins, infirmières, aidants familiaux et professionnels,
entourage proche, etc.)
44. Escarres
La prise en charge nutritionnelle des personnes
âgées à risque d’escarres permet de réduire
l’incidence de celles-ci (HAS 2007)
prise en charge nutritionnelle chez les
personnes âgées à risque d’escarres ou avec
escarres constituées, les objectifs nutritionnels
sont identiques à ceux recommandés chez les
personnes âgés dénutries
45. Troubles de la déglutition(1)
Complications:
respiratoires
dénutrition
Déshydratation
bilan étiologique nécessaire
approche multidisciplinaire
médicochirurgicale
diététique
rééducation
46. Troubles de la déglutition(2)
pas de régime type
ne pas proposer systématiquement un mixage des
aliments, peu appétissant
modifications de texture
alimentation moulinée ou mixée
épaississement des liquides, etc.
Nutrition entérale si les apports sont insuffisantes ou si
complications respiratoires
Si => 2 semaines, gastrostomie plutôt que par sonde
naso-gastrique
47. Période de convalescence
après une pathologie aiguë ou une intervention
chirurgicale souvent perte pondérale
syndrome inflammatoire, au stress opératoire, aux
périodes
de jeûne, aux traitements médicamenteux
Douleur
syndrome confusionnel
dysrégulation de l’appétit
Nécessité d’évaluation nutritionnelle systématique
fracture du col fémoral+++
48. Conclusion
Prise en charge de la dénutrition en
gériatrie :
Dépister les situations à risque
Élaborer une stratégie rationnelle de
prise en charge
Évaluer les résultats :
Ceux-ci sont longs à obtenir