1. LES PUCERONS
Le puceron est l’un des principaux ravageurs en culture ornementale sous abris. Il s’attaque à tous les types de plantes et provoque
rapidement des dégâts importants. Sa vitesse de reproduction et sa capacité de dispersion permettent au puceron d’envahir très
rapidement une culture. Il est d’autant plus nuisible qu’il est susceptible de transmettre des virus.
Adulte
Dans une population de pucerons, on rencontre des individus aptères et des individus
ailés. Ces deux formes peuvent avoir des couleurs et des caractères différents. Les
individus ailés disséminent la colonie.
La reconnaissance des pucerons se fait généralement sur les adultes ailés. Différents
organes servent à l’identification : les cornicules (A), la cauda (B), la tête, les antennes et
les pattes.
Les pucerons les plus couramment rencontrés en cultures ornementales sous abris
sont :
- Aulacorthum solani (puceron vert des solanacées),
- Myzus persicae (puceron vert du pêcher),
- Macrosiphum euphorbiae (puceron vert de la pomme de terre),
- Aphis fabae (puceron noir de la fève),
- Aphis gossypii (puceron noir du coton).
Larve
Les pucerons peuvent se reproduire par voie sexuée et par parthénogenèse, reproduction asexuée, donnant naissance
directement à des larves.
La larve ressemble à l’adulte aptère. Elle est plus petite et certains caractères sont parfois moins prononcés.
Dégâts
Le puceron est un insecte piqueur – suceur.
Les pucerons se nourrissent de la sève des feuilles et des jeunes pousses. Ils
peuvent ainsi occasionner d’importants dégâts : la croissance de la plante peut
être freinée, la plante s’affaiblit. On peut également observer un avortement des
fleurs, la chute des feuilles ou des dessèchements de pousses.
L’action irritative et toxique de la salive se traduit par des déformations de type
varié sur les feuilles ou les rameaux. Cela va de la simple crispation du feuillage Déformations sur Pelargonium sp.
à la formation de chancres ou de galles.
Les pucerons peuvent transmettre et disséminer des virus pathogènes. Par cet
aspect, ils se montrent beaucoup plus nuisibles que par leur prélèvement de
sève. A. gossypii , par exemple, est vecteur de 44 virus.
Le produit de la digestion du puceron est très riche en sucre : c’est le miellat. Ce
miellat est un milieu très favorable au développement de la fumagine,
champignon de couleur noire. La fumagine est inesthétique et réduit la capacité
photosynthétique des plantes.
Crispation sur Viburnum sp.
Protection Biologique Intégrée (PBI) en cultures ornementales
Projet réalisé avec le soutien du FEDER dans le cadre du programme Interreg III
France -Wallonie-Flandre et le cofinancement de la Région
Wallonne (DGA) et de l’ONIFLHOR
2. Cycle et durée de développement
Le cycle des pucerons peut être de deux formes suivant l’espèce :
- monoécique : tout le cycle sur la même plante,
- dioécique : première partie du cycle sur un hôte primaire (hivernation sous forme d’œufs puis apparition des fondatrices), et
seconde partie sur l’hôte secondaire (succession des générations asexuées au printemps et en été).
Si l’hiver est doux, certaines espèces peuvent se maintenir toute l’année sur leur hôte secondaire. En climat tempéré, la plupart des
espèces de pucerons présentent un cycle complet comportant une génération d’individus sexués.
Les pucerons sont dotés d’une capacité de multiplication très élevée : 40 à 100 descendants par femelle, ce qui équivaut à 3 à 10
pucerons par jour pendant plusieurs semaines.
Ils sont peu sensibles à la température et à l’humidité ambiante.
Plantes hôtes
Les pucerons s’attaquent à pratiquement toutes les plantes cultivées.
Description des différents pucerons :
Aulacorthum solani
Ce puceron assez commun attaque les cultures en serre froide comme le Pelargonium.
Femelle aptère : 1,8 à 3,0 mm de long, piriforme, jaune-vert brillant, avec des taches plus foncées à la base des cornicules. Les antennes
sont presque aussi longues que le corps.
Ailé : 1,8 à 3,0 mm de long, abdomen vert-jaunâtre marqué de points et de barres transversales brun foncé.
Myzus persicae
Ce puceron est particulièrement dangereux comme vecteur de virus (virus B du Chrysanthème et des virus agents de la mosaïque
notamment sur œillet et dahlia). Il colonise de nombreuses plantes herbacées (gueule de loup, bégonia, calcéolaire, œillet, fuchsia,
primevère, tulipe…).
Femelle aptère : 1,2 à 2,5 mm de long. Couleur vert clair à vert-jaunâtre, cornicules assez longues, cauda triangulaire.
Ailé : 1,4 à 2,3 mm de long, tête et thorax brun-noirâtre ; l’abdomen vert à vert-jaunâtre et souvent rosâtre, avec une tache foncée sur
le dos.
Macrosiphum euphorbiae
Cette espèce originaire d’Amérique du Nord, s’attaque à plusieurs plantes d’ornement comme la rose trémière, la gueule de loup,
l’ancolie, le souci, le freesia, , le dahlia, l’arum, le glaïeul, le pois de senteur, la tulipe. Il est vecteur de la mosaïque du freesia.
Femelle aptère : 1,7 à 3,6 mm de long, gris-vert à rose, antennes et pattes longues, cauda longue et cornicules très longues.
Ailé : 1,7 à 3,4 mm de long, abdomen de couleur identique à celui de l’aptère, mais la tête, les antennes, le thorax et les cornicules sont
brun-jaunâtre.
Aphis fabae
Les plantes herbacées d’ornement comme le souci, la capucine, le dahlia, sont des hôtes secondaires pour ce ravageur. Les hôtes
primaires sont surtout des plantes ligneuses (fusain, seringat, viburnum).
Femelle aptère : 1,5 à 2,9 mm de long, noire à brun-noirâtre, présentant souvent des taches de cire blanchâtres sur l’abdomen. Les
antennes sont plus courtes que le corps, les cornicules sont foncées, assez courtes.
Ailé : 1,8 à 2,7 mm de long ; de couleur noire, avec des points de cire blanche bien visibles.
Aphis gossypii
Ce puceron est très polyphage, mais il a une préférence pour les cucurbitacées, les malvacées et les rutacées. Il peut également
transmettre des virus tel que la Mosaïque du concombre.
Femelle aptère : 1,2 à 2,2 mm de long. Antennes jaune pâle. Les cornicules sont très foncées et la cauda plus pâle.
Ailé : 1,8 à 2,7 mm de long ; comparable à l’aptère.
Références bibliographiques : Fiches techniques BIOBEST via le site Internet [http://www.biobest.be] - Malais, M., Ravensberg, W.J.-1993-
Connaître et reconnaître. Mode de vie des ravageurs de serres et de leurs ennemis naturels. Koppert BV, p 109 - Lecoq, H.-1996-Les pucerons :
de redoutables vecteurs de virus des plantes. PHM Revue Horticole, n° 369, pp. 25-36 - Leclant, F.-1996-Dégâts et identification des pucerons.
PHM Revue Horticole, n° 369, pp.19-24.
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3. LES ENNEMIS DES PUCERONS
Les ennemis des pucerons peuvent être classés en deux catégories : les parasitoïdes et les prédateurs. Les premiers pondent à
l’intérieur des pucerons et les larves s’y développent, les deuxièmes se nourrissent en chassant les pucerons.
LES PARASITOÏDES
Aphidius colemani & Aphidius ervi
Description
Les Aphidius sont des petites guêpes de couleur noire de quelques millimètres (4 à 5 mm) qui parasitent
les pucerons.
A. colemani peut parasiter 40 espèces de pucerons dont Myzus persicae et Aphis gossypii.
A. ervi parasite notamment Macrosiphum euphorbiae et Aulacorthum solani.
Puceron parasité par un Aphidius sp.
Mode d’action et facteurs favorables
La femelle pond un œuf dans le corps du puceron. Le développement de la larve passe quatre stades, qui se déroulent dans le corps du
puceron. Le puceron parasité est appelé momie : il se fige, gonfle et prend une couleur jaune doré. Le parasite quitte la momie par un
trou de sortie. Les pucerons parasités ne meurent pas tout de suite. Ils ne mangent plus et ne sécrètent plus de miellat. Mais, ils
peuvent encore transmettre des maladies virales jusqu’à l’éclosion de l’œuf de l’hyménoptère. Une femelle peut parasiter 100 à 200
pucerons en 7 jours. La durée de développement est d’environ 2 semaines, de l’œuf à l’adulte.
Aphidius sp est actif à partir de 12°C, l’optimum étant à 15°C.
Aphelinus abdominalis
Description
Petite guêpe endoparasite de 2,5 à 3 mm. La tête et le thorax de la femelle sont noirs et l’abdomen est jaune, alors que l’abdomen du
mâle est plus foncé.
Biologie
Aphelinus abdominalis est surtout efficace pour lutter contre les pucerons Aulacorthum solani et Macrosiphum euphorbiae. La femelle pond un
œuf dans le puceron quelque soit son stade de développement. Une semaine après le puceron se momifie. L’émergence de l’adulte aura
lieu environ 8 jours plus tard. Il est assez exigeant en lumière et en température
A. abdominalis tue également les pucerons pour se nourrir et il consomme volontiers le miellat.
Praon spp.
Description
L’adulte est très semblable à Aphidius spp. Par contre, il se différencie par le type de momie qu’il
réalise. Un puceron parasité par le Praon devient blanc et la momie reste accrochée au végétal par un
socle.
Mode d’action et facteurs favorables
La biologie est similaire à celle d’Aphidius spp. Ce parasite apparaît spontanément lorsque les conditions sont favorables.
Il fournit, dans certains cas, un excellent complément à Aphidius spp.
PREDATEURS
Chrysoperla carnea
Description
L’adulte, d’apparence frêle, est de couleur verte et mesure environ 1,5 cm. Le corps est fin et
allongé, il possède deux paires d’ailes transparentes.
La larve, de couleur gris-vert, possèdent de fortes mandibules et mesure jusqu’à 8 mm. Elle
peut dévorer jusqu’à 50 pucerons par jour.
Larve de chrysope
Mode d’action et facteurs favorables
La larve est très polyphage, elle se nourrit d’acariens, pucerons, thrips, œufs de papillons,…. Toutefois, elle semble avoir une
préférence pour les pucerons qu’elle attrape à l’aide des ses mandibules. L’adulte ne se nourrit que de nectar, de miellat et de pollen. Le
chrysope est peu exigent en température et en humidité.
Il est toutefois difficile de maintenir une population de chrysopes au sein des serres car une fois que les adultes se sont développés, ils
quittent les serres.
Protection Biologique Intégrée (PBI) en cultures ornementales
Projet réalisé avec le soutien du FEDER dans le cadre du programme Interreg III
France -Wallonie-Flandre et le cofinancement de la Région
Wallonne (DGA) et de l’ONIFLHOR
4. PREDATEURS
Aphidoletes aphidimyza
Description
Il s’agit d’une cécidomyie (semblable à une mouchette de couleur noire) prédatrice d’une soixantaine
d’espèces de pucerons. L’adulte mesure environ 2 mm de long, mais il est difficile à observer car il a une
activité nocturne.
Les larves sont effilées, oranges, transparentes et mesurent entre 0,4 et 2,8 mm. Ce sont elles les
prédatrices et elles sont redoutables sur les colonies de pucerons.
Larve d’A. aphidimyza
Mode d’action et facteurs favorables
La plupart des œufs sont pondus pendant les 2 à 4 premiers jours du stade adulte. Ils sont déposés près des pucerons. Dès l’éclosion,
les larves recherchent et prédatent des pucerons.
Les larves se métamorphosent dans le sol (à 1 cm de profondeur). Le puceron tué pend par son rostre à la feuille puis il prend une
couleur marron ou noire avant de se décomposer. Les adultes se nourrissent de miellat.
Le nombre d’œufs pondus par la femelle dépend :
- du climat, il faut notamment une température supérieure à 15°C,
- de la quantité de nourriture qu’elle a consommée pendant le stade larvaire,
- de l’importance du miellat qu’elle consomme à l’état adulte.
La prédation est optimale entre 19 et 28°C et entre 70 et 90% d’humidité relative.
Adalia bipunctata « La coccinelle à deux points »
Description
Cette coccinelle indigène est très commune dans les arbres et arbuste.
L’adulte est rouge avec deux points noirs ou noire avec quatre points rouges.
La larve est grise, et présente de 2 points jaunes latéraux et 1 point jaune dorsal
visibles à partir du 3ème stade larvaire. Selon le stade, elle mesure entre 1 et 9
mm en fonction du stade.
Les oeufs, ovales, sont jaune-clair puis gris avant l'éclosion. Ils sont pondus en
groupes sous les feuilles. Adalia bipunctata adulte
Larve d’Adalia bipunctata
Mode d’action et facteurs favorables
La coccinelle possède quatre stades larvaires particulièrement voraces qui peuvent consommer jusqu’à 60 œufs par jour. Les adultes
consomment également des pucerons. Adalia bipunctata est polyphage, c'est-à-dire qu'elle mange différentes espèces de pucerons.
La durée de développement dépend des conditions ambiantes, température et photopériode en particulier. Lorsque les conditions sont
favorables, le cycle entre l’œuf est l’adulte dure environ 15 jours (à 20°C). Elle est plus efficace lorsque la luminosité est importante et
lorsque la température atteint 12-13°C.
Episyrphus balteatus
Description
Le syrphe est une mouche de 1 à 2 cm, à l’abdomen jaune avec de larges lignes noires (semblable à une
guêpe). Le vol est caractéristique, en effet, les syrphes ont des déplacements rapides et font du « sur place ».
La larve est transparente, mesure entre 1 et 2 cm et ne possède pas de pattes.
Biologie
Seule la larve se nourrit de pucerons. Elle est très vorace, elle peut consommer jusqu’à 400 pucerons
(fonction de la température) durant les deux semaines que dure le stade larvaire. Episyrphus balteatus
Le syrphe est peu exigeant en température et peut se retrouver spontanément dans les serres au printemps et
fournir un bon complément de lutte contre les pucerons.
Lutte chimique compatible
Produits sélectifs : - Pymetrozine (PLENUM, CHESS (uniquement en France))
- Pyrimicarb (PIRIMOR)
Références bibliographiques :
Fiches techniques BIOBEST [http://www.biobest.be] - Malais, M., Ravensberg, W.J.-1993-Connaître et reconnaître. Mode de vie des
ravageurs de serres et de leurs ennemis naturels. Koppert BV, p 109 - Lecoq, H.-1996-Les pucerons : de redoutables vecteurs de virus
des plantes. PHM, n° 369, pp. 25-36 - Leclant, F.-1996-Dégâts et identification des pucerons. PHM, n° 369, pp.19-24.
Document réalisé par :
Le Centre d’Essais Horticoles de Wallonie (C.E.H.W.) La Dynamique Horticole des Hauts de France (D.H.H.F.)
Chemin des Serres, 14 Lycée Horticole de Lomme – rue de la Mitterie
B – 7802 Ormeignies F - 59463 Lomme
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Toute reproduction est soumise à l’autorisation de la DHHF et du CEHW - Crédit photographique : CEHW
Avec l’appui technique de la F.R.E.D.E.C. Nord Pas de Calais
Version en date du 17/03/2006 – Document téléchargeable sur www.walhorti.com rubrique Protection Biologique Intégrée