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VIE PRO 
JEUNE 
MG 
10 
incitations des offreurs, des méthodes de révélation 
des préférences des usagers et de l’évaluation 
médico-économique. 
3-Analyser les dynamiques au sein des organi-sations 
des soins de premiers recours en mobili-sant 
les concepts et méthodes de la sociologie. 
Nous analyserons notamment la redistribution des 
rôles, des compétences et responsabilités entre 
professionnels entre eux mais également avec les 
usagers dans une approche micro et macro du 
système de soins. 
4-Construire un outil de recherche en soins ambu-latoires 
en appariant des données médicales et 
des données de remboursement a‚n d’une part de 
tester des méthodes et des indicateurs d’analyse 
des organisations de soins de premiers recours et 
d’autre part, de constituer un échantillon témoin 
pour les travaux de recherche évaluative sur les 
organisations de soins. 
http://www.irdes.fr/EspaceRecherche/Partenariats/ 
Prospere/index.htm 
CORRESPONDANCES – DISCUSSIONS 
Ré€exions diverses à partir d’une situation personnelle : 
lettre d’une adhérente 
Je suis perdue. Médecin généraliste depuis 1999, j’ai débuté par deux ans de remplacements de « vacances » 
en région parisienne. Un départ en province m’a fait renouer très vite avec le milieu hospitalier : d’abord 
assistante généraliste durant 5 ans dans un petit hôpital de campagne, je passais PH à temps partiel dans 
un GHR après une petite excursion en PMI. J’en proƒte pour me former (DIU gynécologie, DIU tabacologie, 
conseil en phytothérapie...) et accumuler les expériences : pneumologie, cardiologie, pédiatrie, psychiatrie, 
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Jusque-là, tout va bien ! 
Mon mari (qui n’est pas médecin) est depuis 
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précisément. Très bien, pas de soucis ! Nous 
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VIE PRO 
11 N°2 Nov 2011 
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spécialiste. Une simple modi‚cation d’intitulé 
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sujet. Je cherche à faire valoir mon expérience en 
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Je me tourne vers les laboratoires pharmaceu-tiques 
orientés phytothérapie : pas assez de 
connaissances en médecine douce pour eux. 
Donc voilà, il me reste à tirer un trait sur tout ce 
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généraliste, non ? Ah... Oui... Sauf que... M’installer 
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Je me retrouve à 40 ans à sacri‚er ma vie 
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pour une cause à laquelle je ne crois plus, car 
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de permanences des soins, les obligations 
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les obligations de qualité, les obligations de 
transmission… J’en oublie, évidemment ! 
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Dr LUTZ-BAVEREL 
Médecin généraliste

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  • 1. VIE PRO JEUNE MG 10 incitations des offreurs, des méthodes de révélation des préférences des usagers et de l’évaluation médico-économique. 3-Analyser les dynamiques au sein des organi-sations des soins de premiers recours en mobili-sant les concepts et méthodes de la sociologie. Nous analyserons notamment la redistribution des rôles, des compétences et responsabilités entre professionnels entre eux mais également avec les usagers dans une approche micro et macro du système de soins. 4-Construire un outil de recherche en soins ambu-latoires en appariant des données médicales et des données de remboursement a‚n d’une part de tester des méthodes et des indicateurs d’analyse des organisations de soins de premiers recours et d’autre part, de constituer un échantillon témoin pour les travaux de recherche évaluative sur les organisations de soins. http://www.irdes.fr/EspaceRecherche/Partenariats/ Prospere/index.htm CORRESPONDANCES – DISCUSSIONS Ré€exions diverses à partir d’une situation personnelle : lettre d’une adhérente Je suis perdue. Médecin généraliste depuis 1999, j’ai débuté par deux ans de remplacements de « vacances » en région parisienne. Un départ en province m’a fait renouer très vite avec le milieu hospitalier : d’abord assistante généraliste durant 5 ans dans un petit hôpital de campagne, je passais PH à temps partiel dans un GHR après une petite excursion en PMI. J’en proƒte pour me former (DIU gynécologie, DIU tabacologie, conseil en phytothérapie...) et accumuler les expériences : pneumologie, cardiologie, pédiatrie, psychiatrie, adolescents… Jusque-là, tout va bien ! Mon mari (qui n’est pas médecin) est depuis janvier muté en région parisienne, à Meudon plus précisément. Très bien, pas de soucis ! Nous avons trois enfants, ils seront heureux et nous aussi ! Je cherche donc un poste... Et là, c’est le vide... Les seuls postes disponibles en tant que praticien hospitalier sont des postes soit en grande banlieue (à plus d’une heure de Meudon), soit des postes de PH spécialistes (ou assistants), soit des postes en Seine-St Denis. 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A savoir qu’une vraie Cs de tabaco dure 1 heure pour le premier entretien, puis 1/2 heure. Dur dur d’être payé 23 euros de l’heure dans ces conditions ! D’autant que pour remplir ma Cs, il me faudrait plusieurs lieux d’exercice. Mais pas plus de deux cabinets maximum (1 principal, 1 secondaire) ; sinon, ce n’est pas légal. M’installer avec une spécialité de « médecine douce », comme j’en rêve depuis longtemps ? Oui, mais... Cette fois ci, c’est ma formation qui bloque ! Ça ne pourra donc pas se faire avant 3-5 ans... Au mieux. Que me reste-t-il ? Le choix n’est pas grand ! Des remplacements : avec 3 enfants, je suis déjà bloquée les mercredis et les vacances scolaires. Ca restreint donc plus de la moitié des offres. Restent les samedis, les gardes occasionnelles, les dimanches... C’est étonnant que personne n’en veuille ? Ben moi non plus, ou en tous cas, pas tout le temps ! Sans compter qu’il va me falloir réapprendre : la comptabilité, le fonctionnement de la carte vitale, la nomenclature des actes (qui elle, n’a pas dû changer beaucoup en 10 ans), l’histoire du médecin « traitant » référent que j’ai suivi de loin, les relations avec les administrations (n’y en a-t-il pas encore plus qu’avant ?) sans avoir la possibilité d’organiser mes horaires ou mon mode de travail. Alors voilà, je suis perdue. Je pensais avoir un métier intéressant, rempli de rencontres, de belles histoires, un métier recon-nu par tous comme étant un métier noble, bien payé, utile aux autres, un métier de « terrain », de contact, de prévention, centré sur le bien-être, l’échange, l’éducation, l’élévation des esprits et la prise en charge des corps... Certes, avec quelques contraintes, essentiellement imposées par les patients et leur état de santé, mais bon... Je me retrouve à 40 ans à sacri‚er ma vie personnelle, familiale (enfants), et professionnelle pour une cause à laquelle je ne crois plus, car gangrénée par l’administration, les obligations de permanences des soins, les obligations de lieux d’exercice, les obligations ‚nancières, les obligations de qualité, les obligations de transmission… J’en oublie, évidemment ! Mais comment se fait-il que les jeunes médecins soient aussi désabusés de la médecine ? Devinez !? Dr LUTZ-BAVEREL Médecin généraliste