47- les risques de désordres des construcions à ossature bois
1. PAT H O L O G I E D U B Â T I M E N T
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Les risques de désordres
des constructions à ossature bois
Les techniques à ossature bois nécessitent que soient prises toutes les précautions
vis-à-vis de l’action de l’eau, quelle que soit son origine : atmosphérique, tellurique,
ou du fait de l’usage de l’ouvrage - eau liquide ou vapeur -.
Protéger l’enveloppe
• Les bardages
L’intensité des agressions subies par le bois (eau, neige,
soleil), sera directement liée à la rigueur ou aux contrastes du
climat, ainsi qu’à l’orientation.
Les façades sud et ouest seront généralement les plus
concernées par la pluie et le soleil.
Les façades nord seront les plus sensibles aux risques de
moisissure.
Pré-traitement des bois : 2 risques sont à retenir :
- l’humidité et les risques liés aux champignons lignivores qui
détruisent le squelette du bois (phénomène de pourriture),
- l’attaque des insectes xylophages.
L’action néfaste de ces prédateurs va fortement altérer les
propriétés mécaniques du bois.
La prévention passe par un traitement de classe de risque
biologique III (injection sous vide du produit).
Pour le traitement complémentaire de finition (lasure,
peinture), il sera essentiel de vérifier la compatibilité entre la
nature du bois et le produit utilisé.
Un entretien périodique sera indispensable pour assurer
la pérennité des bois : tous les 5 ans pour une lasure, tous
les 6 ou 7 ans pour une peinture (de préférence claire).
Les maisons à ossature bois exigent des dispositions
préventives spécifiques.
1. Le risque principal : l’humidité
Il est impératif que les matériaux mis en œuvre (bois ou
dérivés du bois) aient une humidité globalement inférieure à
20 %. Attention donc, en premier lieu, aux conditions de
stockage sur le chantier pour éviter tout risque de réhumidification des pièces.
Quelle que soit la technique retenue (madriers, panneaux
et plate-forme, poteaux/poutres), tous les détails de conception de l’ouvrage seront conçus pour que l’eau soit rejetée
vers l’extérieur - pour les éléments constitutifs de l’enveloppe - ou ne puisse pénétrer à l’intérieur des panneaux ou
des pièces de bois. Il en va de la pérennité de l’ouvrage.
Le bois sur pied contient entre 80 et 200 % d’humidité
par rapport à sa masse anhydre ; placé dans un local chauffé,
l’équilibre sera compris entre 8 et 13 %... C’est une matière
organique hygroscopique qui subira, à la fois les effets
directs de l’eau (gonflements, retraits), mais aussi les
attaques d’organismes (champignons lignivores, insectes
xylophages).
Les risques inhérents peuvent se traduire par des variations dimensionnelles, des modifications de la résistance
mécanique, des baisses de performances au niveau étanchéité et isolation de l’enveloppe.
• Fissurations sur les enduits type
revêtement plastique épais
Les façades avec enduit type RPE comportent un support
- constitué de plaques en fibrociment ou contreplaqué CTBX
- fixé sur l’ossature bois (Avis Technique indispensable).
Sous l’effet de sollicitations diverses (dilatation, mouvements de structure), les joints entre plaques vont subir des
variations et en cas de traitement insuffisant, des fissures
au droit de ceux-ci apparaîtront (voir photo). L’étanchéité
de l’enveloppe de la construction pourra être affectée.
Un joint souple soigné (6 mm minimum), recouvert d’un
calicot (bandes de pontage), est indispensable avant l’exécution de l’enduit.
• Remontées capillaires
Il est indispensable de créer une barrière d’étanchéité entre
l’ossature bois et la maçonnerie pour éviter les risques de
remontées capillaires.
L’interposition d’une coupure de capillarité (chape bitume
40, feutre bitumé, film polyéthylène) est indispensable entre
la traverse inférieure du panneau de façade et le soubassement.
Le bois ne doit en aucune façon être en contact avec le
sol ; attention au niveau des abords en périphérie de
construction, surtout sur les terrains en pente. Une garde de
20 cm minimum est impérative entre le bas du parement
extérieur et le sol.
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L’humidité peut aussi provenir
de l’intérieur de bâtiment
• Locaux humides
Le revêtement de sol sera parfaitement étanche et sera réalisé en conformité avec le DTU 51-3 “Planchers bois et panneaux dérivés du bois”.
Une chape de mortier (sur film étanche avec relevés périphériques) sera généralement exécutée sur les lambourdes
du plancher bois ; le carrelage sera collé par-dessus.
Dans le cas de carrelage directement collé sur des panneaux de bois reconstitué, un ATEC est indispensable.
• Risques de condensation à l’intérieur des panneaux
L’isolation (impérativement auto-stable avec pare-vapeur) est
placée dans l’épaisseur de l’ossature des panneaux - traitement des bois Classe II.
Une lame d’air ventilée sera impérativement maintenue
entre le parement extérieur et le panneau bois.
Il est indispensable que le bâti puisse respirer pour éviter
tout risque de stagnation d’humidité propice à l’apparition et
au développement des organismes pathogènes.
2. Attention aux risques d’infiltrations
Le voile externe du panneau (bois reconstitué) ne suffit pas à
assurer l’étanchéité du complexe. Un film pare-pluie doit être
mis en place avec exécution du parement extérieur (avec
lame d’air). Il aura, à la fois un rôle d’étanchéité à l’eau, mais
aussi à l’air.
Un autre point faible se situe au niveau des assemblages
entre les éléments constitutifs de la façade :
- liaisons entre panneaux, ou panneaux/ossature : la mise en
œuvre de joints, type compribande 10/15 mm avec gorge
à l’axe de l’assemblage, complété par un joint silicone
au niveau du parement extérieur, constitue la meilleure
solution.
- liaison entre menuiseries extérieures et panneaux : joint
compribande sur les 4 faces, avec joint silicone en face
extérieure.
3. Calculs de structure et détails d’exécution
Les éléments d’ossature devront faire l’objet d’une vérification au même titre que toute autre structure réticulée.
Il y aura, en conséquence, risque de désordre en cas d’inexistence ou insuffisance d’étude technique et de calcul :
- sollicitations mal évaluées entraînant des sous-dimensionnements.
- contreventement, résistance au flambement insuffisants.
Certains désordres concernent plus particulièrement le
lamellé-collé :
- variation du taux d’humidité en phase d’utilisation entraînant des retraits.
- déformation du fait de différences d’exposition en extérieur.
- défauts de collage entraînant une délamination des pièces.
- désordres au niveau des assemblages mal étudiés.
Les panneaux sont généralement constitués de montants
4 ou 5 x 12 ou 14 cm, écartés de 40 à 60 cm, le contreventement étant assuré par les voiles en panneaux de bois
reconstitué ; des vérifications par le calcul seront également
indispensables (charges verticales et horizontales).
Réglementation :
DTU 31-1 (charpente) et 31-2 (maisons traditionnelles à
ossature bois).
Règles CB 71 “Calcul des charpentes en bois”.
Pas encore de réglementation pour les murs en bois massifs.
Normes NF EN 335 pour les traitements.
Règles Bois-Feu 88.
Conclusion : Avec le recul, il est admis qu’une construction
à ossature bois, réalisée dans les Règles de l’art, et bien
entretenue, est durable.
L’utilisation du bois implique que toutes les précautions,
vis-à-vis des risques d’humidification, ou de l’attaque des
insectes, devront être prises.
L’entretien régulier des éléments, mis à l’extérieur, est une
exigence essentielle.
9, boulevard Malesherbes
75008 Paris
114, avenue Émile Zola
75739 Paris Cedex 15
R EPRODUCTION
INTERDITE SANS AUTORISATION DES ÉDITEURS
Michel HOUEIX
Protéger les éléments extérieurs
Toutes les pièces en contact direct avec le milieu extérieur
(avant-toits, balcons) devront être étudiées en conséquence
(choix des bois, traitement, protection) et faire l’objet d’un
entretien régulier.
La conception aura également une incidence importante
sur la pérennité des ouvrages, notamment les garde-corps ;
protéger le balcon par un avant-toit de dimension suffisante
limitera considérablement les risques de dégradation.
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