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Cet habitat octogonal et
bioclimatique donne la part belle
au bois et à l’argile.
Chronologie
Préparation du terrain de
2009 à 2010.
Conception du
projet en 2010 et 2011.
Construction de 2012 à
2014.
Après avoir vécu 30 ans dans une habitation construite autour d’une
roulotte, Roland et Bénédicte ont fait construire une maison compacte à
8 faces, pour favoriser l’apport d’énergie solaire. Ils ont misé aussi sur le
soleil pour la production d’eau chaude sanitaire ainsi que sur le bois, pour
le chauffage. Pleinement intégré dans son environnement, leur logis a été
construit avec des matériaux écologiques (terre, bois, ouate…).
Présentation
Saint Brieuc
Quimper
Vannes
Rennes
Mellionnec
Minegu
Vue globale - Photo © Servane Guihaire - Constructys Bretagne
- 2. www.libnam.eu 2
Les maîtres d’ouvrage ont vécu
pendant une trentaine d’années
dans une habitation en bois
intégrant une grande roulotte.
Désireux d’un habitat plus efficace,
ils ont opté, à la suite, pour une
maison compacte, simple, avec des
formes atypiques, à l’image de leur
ancienne demeure. Ils désiraient
également un lieu de vie de plain-
pied, lumineux et facile à chauffer.
Sensibilisés depuis longtemps à
l’éco-construction, il leur paraissait
cohérent d’employer des matériaux
naturels, des énergies renouvelables
et d’opter pour une conception
« bioclimatique », dans le but de
tirer le meilleur parti des conditions
du site. Il s’agit d’une colline,
exposée plein sud, surplombant un
Contexte
terrain boisé de 14 hectares. Dans
cet environnement isolé et peu
construit, il était primordial que le
bâtiment s’insère parfaitement dans
le paysage.
Enfin, les maîtres d’ouvrage tenaient
à ce que le conduit du poêle à
bois soit positionné au centre du
logement.
Avec l’aide du concepteur pour les
plans, ils ont imaginé un habitat
sans étage de 81 m2, agrémenté de
pièces tampons au nord, de baies
au sud et d’un mur à inertie dans
la pièce de vie. La forme du bâti est
octogonale afin de capter et stocker
au maximum l’énergie solaire, tout
au long de la journée.
Plan © Yoann Lanoë - Biosmose
- 3. Collectif franco-britannique Libnam3
Système constructif
Des fondations en béton entourent
une isolation de liège de 80 mm
et une dalle en chaux de 150 mm
d’épaisseur, l’ensemble étant posé
sur un hérisson en pierre de 200
mm.
La structure principale est en
ossature bois (essence Sitka) avec
des poutres en « I » (240 mm) qui
permettent de réduire les ponts
thermiques (marque allemande
Steico).
Le bâtiment possède une toiture
avec un point culminant au centre.
La charpente en bois (essence
Douglas) est réalisée en « flux
tendu », sans pilier central de
soutènement, autour d’un noyau
traversé par le conduit du poêle
à bois. Il s’agit d’une particularité
technique, rendue possible grâce
à une pièce d’acier circulaire
galvanisée, assurant à la fois la
liaison entre les pièces de bois en
haut de toiture et le passage du
tuyau de poêle.
Composition des murs, de l’intérieur
vers l’extérieur : lambris bois (12
mm) - vide technique (5 cm) -
pare-vapeur (Sd=0,5) - panneau
Kronospan (15 mm) - poutres en I
/ isolant - Pavatex collé (pare-pluie
KN1) - voliges/littelage – bardage
en Mélèze.
Composition de la couverture, de
l’intérieur vers l’extérieur : bardage
peuplier (12 mm) – chevronnage /
vide technique (5 cm) - pare-vapeur
– charpente / isolant - panneau
Agepan en contreventement
(Sd= 0,05) - pare-pluie (Sd=0,2) –
chevronnage (60X40 mm) - voliges
– ardoises.
Les menuiseries sont en double
vitrages autonettoyants (bioclean),
Ossature bois - Photo © Christophe de Quelen - Menuiserie de Quelen
- 4. www.libnam.eu 4
avec effet anti-reflet froid, de la
marque Minco.
L’isolation est réalisée avec de la
ouate de cellulose insufflée (22 cm
en murs et 38 cm en toiture), hormis
pour les cloisons qui sont isolées en
laine de bois (marque « Isonat »)
ou bien constituées de torchis
(mélange de terre et de paille).
Certaines cloisons sont recouvertes
de plaques de gypse (marque
« Fermacell ») ou bien d’enduits de
finition, généralement en terre crue,
qui peuvent intégrer de la paille de
lin en armature.
L’eau chaude sanitaire est produite
par des capteurs solaires, avec
appoint électrique. La ventilation
est naturelle.
Un poêle à bois est positionné
au centre de l’octogone, entouré
par un mur de masse monté avec
des briques de terre compressées
(encastrées dans une ossature en
chêne). Ce mur permet de stocker
les calories issues du chauffage à
bois et d’apporter de l’inertie à la
maison. Il sert aussi de régulateur
hygrométrique.
Une citerne de récupération d’eau
de pluie de 3 m3 a été installée pour
l’arrosage du jardin.
Focus technique :
La brique de terre
compressée
La structure de la maison est en
ossature bois. Par définition, elle
possède donc une inertie très
faible, en comparaison d’édifices
maçonnés. Pour réguler la
température interne, notamment
lors des pics saisonniers, un apport
d’inertie est par conséquent très
Noyau central - Photo © Christophe de Quelen - Menuiserie de Quelen
- 5. Collectif franco-britannique Libnam5
utile. La terre argileuse, matériau
géologique disponible sous le
sol arable, peut être utilisée pour
assurer cette fonction.
Applicable en enduit, de façon
manuelle ou mécanisée, la terre
peut également être manufacturée
sous forme de briques, à l’aide de
moules.
Les briques de terre peuvent être
composées uniquement de terre.
Certaines intègrent toutefois des
liants (chaux…) ou des fibres (paille
de blé, chanvre…).
Elles peuvent être cuites dans des
fours ou utilisées « crues », après
séchage.
Pour ce chantier, les maîtres
d’ouvrage ont choisi des briques
de terre compressée (BTC). Il s’agit
de briques de terre crue produites
à partir d’une terre tamisée, très
fortement comprimée (densité :
2,2).
La terre des BTC comporte de l’argile
(15%), des gravillons et du limon.
Aucun ajout de chaux, de ciment
ou de sable n’a été effectué. Elle est
tamisée à 10 mm.
Une presse ambulante fournit une
poussée de 40 tonnes (150 bars),
pour la compression. Chaque
brique mesure 10x20x30 cm et pèse
13 kg.
Sur chantier, elles peuvent être
posées sur toutes les faces, collées
avec une barbotine de terre
très liquide, sur un lit de pose
Poêle et brique de terre - Photo © Servane
Guihaire - Constructys Bretagne
- 6. www.libnam.eu 6
préalablement humidifié.
La BTC est principalement indiquée
à proximité de baies ensoleillées ou
d’un appareil de chauffage, de façon
à accumuler et restituer la chaleur
dans le lieu de vie. En revanche,
faute d’analyses en laboratoire,
les BTC ne sont pas exploitables
actuellement en mur porteur. Par
ailleurs, un soubassement peut être
indispensable si l’on souhaite éviter
le risque de remontée d’eau par
capillarité. Les fondations doivent
aussi être renforcées en cas de
hauteur de mur élevée, en raison du
poids.
Enfin, leurs angles sont fragiles mais
elles sont généralement enduites
lors de la finition.
Freins et leviers
L’édification d’un bâtiment aux
formes peu conventionnelles,
sur un espace peu construit,
exigeait des échanges avec les
services communaux et un dossier
irréprochable pour l’obtention du
permis de construire. Ce dernier a
d’ailleurs imposé la conception d’un
bâtiment de faible dimension, ce
qui a conduit à choisir de la ouate
de cellulose en isolation, plutôt que
de la paille, pour limiter l’épaisseur
des murs.
L’approvisionnement en matériaux
n’a pas posé de problèmes
spécifiques : le bois de charpente,
les BTC, la ouate et la paille de lin ont
été obtenus auprès de fournisseurs
de la région Bretagne. La terre
utilisée dans les enduits est extraite
du site. Les autres matériaux étaient
disponibles auprès de distributeurs
habituels. A noter : c’était la 1ère
fois que la centrale à béton la plus
proche livrait du béton de chaux.
La coordination et le suivi de
chantier ont été assurés par le maître
d’ouvrage lui-même. Sur le plan
technique, ce fut un challenge car il
futdifficiled’obtenirdesinformations
Briques de terre - Photo © Servane Guihaire - Constructys Bretagne
- 7. Collectif franco-britannique Libnam7
fiables et indépendantes. Dans
l’éco-construction, dit-il, les
connaissances sont « éparpillées ».
Les professionnels sont en démarche
permanente d’innovation et ne
maîtrisent qu’une partie limitée de
savoirs. Heureusement, quelques
experts, comme Jean-Pierre
Oliva, ont publié des ouvrages de
référence.
Parmi les différents postes, le
« terrassement » a été le plus
compliqué, du fait de la nature très
caillouteuse du sol. L’ensemble
terrassement, assainissement
et tranchées pour les réseaux
représente près de 15 000 €.
L’édification de la charpente a
constitué un défi technique (voir
plus haut) et engendré un surcoût
de 40 à 50%.
L’aménagement intérieur réalisé
en autoconstruction, a démontré
la simplicité de mise en œuvre du
matériau terre : il peut se retravailler
à volonté, de façon créative, sans
déchets et sans risque pour la peau.
Dans le but de maîtriser les
différentes techniques, les acteurs
du chantier ont beaucoup
expérimenté, visité des chantiers,
échangé avec des pairs ou suivi des
formations (Ex : Tiez Breiz, Arfab…).
Le concepteur, en plus de ses
diplômes, a suivi une spécialisation
sur la construction écologique
(Eskemm formation). L’association
ECOB, créée afin de regrouper des
artisans du Centre Ouest Bretagne,
a également favorisé un partage
de savoirs entre les artisans, sur
l‘écoconstruction.
Chacun progresse, à l’occasion de
chantiers comme celui-ci : le maçon
y a réalisé sa 1ère dalle de chaux.
A posteriori, si le chantier était à
refaire, compte-tenu de la hauteur
du bâtiment et de l’absence d’étage,
le maître d’ouvrage modifierait
probablement le débord de toiture
pour maximiser davantage l’apport
solaire passif.
Façade Sud - Photo © Servane Guihaire - Constructys Bretagne
- 8. 8
Intervenants
Maître d’ouvrage : Roland Le Bouëdec &
Bénédicte de Ville d’Avray
Aide à la conception et plans : Yoann Lanoë
Terrassement : Jacky Louargant
(Mellionnec - 22)
Maçonnerie : Lachiver (Gurunhuel - 22)
Charpente, isolation, ouvertures :
Menuiserie de Quelen (Locarn - 22)
Electricité : Eric Berthier (Trémargat - 22)
Solaire thermique : Energies libres (Noyal
Muzillac - 56)
Test de perméabilité : Alexis Trubuil
(Plounevez-Quintin - 22)
Scierie mobile : Letur (Sizun - 29)
Briques de terre compressées : Terra Terre
(Spezet - 29)
Cloisons, enduits, habillage :
autoconstruction
Coûts
Terrain : possession ancienne
Aide à la conception et plans : 2 000 € TTC
Coût du chantier : 1 500 € /m², soit près de
120 000 € (hors terrain), dont terrassements
et assainissement : près de 15 000 €
Le bâtiment a bénéficié d’un
test d’étanchéité à l’air, bien qu’il
n’existait pas encore d’obligation à
l’époque du permis de construire.
Les résultats sont meilleurs que
ne l’exige la Réglementation
Thermique 2012 et le label « BBC-
effinergie® » (Q4Pa-surf= 0,55
(m³/h)/m² ).
La résistance thermique obtenue
grâce à l’isolation en ouate de
cellulose atteint : R= 5.5 m2.K/W,
pour les murs et R= 9,9 m2.K/W, en
toiture.
La consommation énergétique
annuelle du bâtiment est de 38
kWh/m². En chauffage, il consomme
1 à 1,5 cordes de bois par hiver, pour
un confort intérieur de 19 ou 20°C.
L’intérêt global du bâtiment lui a
Performances globales
Cloison en terre - Photo © Servane Guihaire - Constructys Bretagne
valu d’accueillir 150 visiteurs, en
novembre 2012, à l’occasion d’une
journée « portes ouvertes » sur
l’éco-construction.
Contact
Constructys Bretagne
www.constructys-bretagne.fr