Dès la fin 2019, la pandémie de Covid frappe dramatiquement les populations et paralyse des pans entiers de l’économie. Les confinements et fermetures des frontières occasionnent des ruptures d’approvisionnement en cascade, mettant à l’arrêt de nombreuses activités et soulevant de vives préoccupations sur le plan sanitaire. Par exemple, les consommateurs français ont été très frappés par les pénuries de produits essentiels comme les respirateurs ou certaines molécules pharmaceutiques. Et les entreprises industrielles ont, elles aussi, connu de vives tensions sur certains marchés, comme sur celui des semi-conducteurs.
Jusqu’alors perçue comme un risque ponctuel et circonscrit, la rupture des approvisionnements stratégiques occupe à présent le devant de la scène médiatique et politique. Réapparaît en même temps le concept de souveraineté économique, édulcoré en autonomie stratégique ouverte sur les marchés les plus libéraux.
Sécuriser nos approvisionnements suppose de s’attaquer à une question centrale : qu’est-ce qui est stratégique et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Or, cette question est loin d’être tranchée.
Quelle stratégie un État peut-il mener pour sécuriser « ses » approvisionnements ? Quel est le rôle de chaque acteur dans sa mise en oeuvre ? S’appuyant sur neuf mois d’enquête et une centaine d’entretiens, cet ouvrage analyse les difficultés d’une telle stratégie et fournit des clés pour les lever. Il propose notamment une méthode d’analyse des vulnérabilités des approvisionnements, ouvrant la voie à une coopération renforcée entre l’État et les entreprises.
En plus d’éclairer les citoyens sur la question essentielle de la souveraineté économique, cet ouvrage offre des pistes de réflexion et d’action d’une grande utilité pour les décideurs publics et les chefs d’entreprise.
Comment se fait-il qu'aujourd'hui la France souffre d’un déficit d’ETI et de grosses PME ? Pourtant, ces entreprises constituent un moteur de l’emploi, de l’innovation, du développement de nos territoires, et du succès de notre économie à l’international. Pour répondre à cette question, La Fabrique de l'industrie propose, avec le CETIM, une analyse des stratégies susceptibles de favoriser la croissance des PME industrielles et de les transformer en ETI.
Les mesures prises par l’administration Trump ont fait resurgir la crainte d’une "guerre commerciale" entre grands blocs mondiaux, alors que le commerce international joue un rôle essentiel dans la croissance économique et la création d’emplois.
Dès lors, États et entreprises s’interrogent sur les risques associés à une montée du protectionnisme. Quels en seraient les impacts et comment pourrait-on y faire face ? À quel point les entreprises françaises sont-elles exposées au risque protectionniste ?
Cette Note élaborée par La Fabrique de l’industrie examine de manière précise comment les entreprises françaises et européennes sont insérées dans les chaînes de valeur mondiales et comment ces dernières se sont modifiées durant les dix dernières années.
À cet égard, elle permet de comprendre les forces et faiblesses de la stratégie européenne face à la concurrence internationale et à la montée des tensions commerciales.
Cette Note s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs et étudiants s’intéressant aux problématiques du commerce international et à l’évolution des chaînes de valeur mondiales.
La Fabrique de l’industrie propose une synthèse pour accéder aux enseignements que nous pouvons tirer de l’industrie 4.0 en Italie. Ce document complète la publication de la traduction de l’ouvrage italien Industria 4.0, réalisé en 2015-2016 par des chercheurs du think thank Torino Nord Ovest basé à Turin.
Etude - L'investissement étranger , moteur de la réindustrialisation au Royau...La Fabrique de l'industrie
À l’heure où la France s’interroge sur les rachats étrangers d’entreprises, cette note analyse la politique de promotion d’investissements directs étrangers (IDE) du Royaume-Uni mise en place afin d’enrayer sa désindustrialisation. Quels sont les effets sur son économie ? Quels enseignements pouvons-nous en tirer ?
À la recherche de l’immatériel : comprendre l’investissement de l’industrie f...La Fabrique de l'industrie
À l’heure de l’industrie dite "4.0", l’investissement dans les logiciels et bases de données contribue à la numérisation de la production industrielle et à la compétitivité des entreprises. Selon les statistiques internationales, le taux d’investissement dans les logiciels des industriels français est bien plus élevé que celui de leurs homologues européens, depuis longtemps et pour tous les secteurs manufacturiers. Pourtant, leurs performances économiques ne les distinguent pas particulièrement de celles de leurs partenaires.
Cette Note élaborée par La Fabrique de l’industrie et l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) examine les raisons de cet écart. Cette différence apparente provient en réalité, pour une grande partie, de pratiques de comptabilisation différentes entre les offices statistiques nationaux. Il existe tout de même un supplément réel d’investissement en France, mais il est réparti de manière très inégale entre les entreprises et les secteurs, ce qui pourrait expliquer son rendement décevant.
Cette Note s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs et étudiants souhaitant comprendre les ressorts de l’investissement immatériel privé.
L’objectif gouvernemental de faire de la France une « start-up nation » a plusieurs desseins. D’abord, faire naître les grandes entreprises de demain qui créeront de l’emploi et de l’activité économique. Ensuite, s’assurer souveraineté et légitimité technologiques à long terme. Enfin, véhiculer à l’étranger l’image d’un pays dynamique et innovant et modifier la perception qu’ont d’eux-mêmes les Français sur le terrain économique.
Notamment, la faculté des start-up françaises à irriguer tous les secteurs d’activité est régulièrement mise en doute. Les services à la consommation ou à la personne ne sont pourtant pas les seuls à produire des start-up : l’industrie est également un terrain très fertile pour ces jeunes pousses.
Autres idées reçues tenaces : seuls les investisseurs étrangers rachètent des start-up et, lorsque ces acquisitions concernent nos jeunes entreprises, ce sont des pertes sèches pour la France. En réalité, les flux de rachats entrants et sortants sont au contraire très équilibrés et les acquisitions de start-up françaises par des étrangers alimentent un cercle vertueux pour l’économie nationale et son « écosystème start-up ».
Compte-rendu du deuxième Entretien de La Fabrique, en présence de Philippe Varin président du directoire de PSA Peugeot Citroën, de Philippe Crouzet président directeur général de Vallourec, et Jean-François Di Meglio président d’Asia Centre.
En 2016- 2017, la Fondation Jean Jaurès, la Fondation Friedrich-Ebert et La Fabrique ont organisé une mise en commun de la réflexion entre Français et Allemands sur ces questions. Trois séminaires ont réuni représentants des pouvoirs publics, industriels, syndicalistes et experts. Une Note commune, qui paraît ce mois, rend compte de ces travaux. Cette synthèse s’inspire en partie de ces séminaires et s’enrichit de nos travaux antérieurs.
Comment se fait-il qu'aujourd'hui la France souffre d’un déficit d’ETI et de grosses PME ? Pourtant, ces entreprises constituent un moteur de l’emploi, de l’innovation, du développement de nos territoires, et du succès de notre économie à l’international. Pour répondre à cette question, La Fabrique de l'industrie propose, avec le CETIM, une analyse des stratégies susceptibles de favoriser la croissance des PME industrielles et de les transformer en ETI.
Les mesures prises par l’administration Trump ont fait resurgir la crainte d’une "guerre commerciale" entre grands blocs mondiaux, alors que le commerce international joue un rôle essentiel dans la croissance économique et la création d’emplois.
Dès lors, États et entreprises s’interrogent sur les risques associés à une montée du protectionnisme. Quels en seraient les impacts et comment pourrait-on y faire face ? À quel point les entreprises françaises sont-elles exposées au risque protectionniste ?
Cette Note élaborée par La Fabrique de l’industrie examine de manière précise comment les entreprises françaises et européennes sont insérées dans les chaînes de valeur mondiales et comment ces dernières se sont modifiées durant les dix dernières années.
À cet égard, elle permet de comprendre les forces et faiblesses de la stratégie européenne face à la concurrence internationale et à la montée des tensions commerciales.
Cette Note s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs et étudiants s’intéressant aux problématiques du commerce international et à l’évolution des chaînes de valeur mondiales.
La Fabrique de l’industrie propose une synthèse pour accéder aux enseignements que nous pouvons tirer de l’industrie 4.0 en Italie. Ce document complète la publication de la traduction de l’ouvrage italien Industria 4.0, réalisé en 2015-2016 par des chercheurs du think thank Torino Nord Ovest basé à Turin.
Etude - L'investissement étranger , moteur de la réindustrialisation au Royau...La Fabrique de l'industrie
À l’heure où la France s’interroge sur les rachats étrangers d’entreprises, cette note analyse la politique de promotion d’investissements directs étrangers (IDE) du Royaume-Uni mise en place afin d’enrayer sa désindustrialisation. Quels sont les effets sur son économie ? Quels enseignements pouvons-nous en tirer ?
À la recherche de l’immatériel : comprendre l’investissement de l’industrie f...La Fabrique de l'industrie
À l’heure de l’industrie dite "4.0", l’investissement dans les logiciels et bases de données contribue à la numérisation de la production industrielle et à la compétitivité des entreprises. Selon les statistiques internationales, le taux d’investissement dans les logiciels des industriels français est bien plus élevé que celui de leurs homologues européens, depuis longtemps et pour tous les secteurs manufacturiers. Pourtant, leurs performances économiques ne les distinguent pas particulièrement de celles de leurs partenaires.
Cette Note élaborée par La Fabrique de l’industrie et l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) examine les raisons de cet écart. Cette différence apparente provient en réalité, pour une grande partie, de pratiques de comptabilisation différentes entre les offices statistiques nationaux. Il existe tout de même un supplément réel d’investissement en France, mais il est réparti de manière très inégale entre les entreprises et les secteurs, ce qui pourrait expliquer son rendement décevant.
Cette Note s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs et étudiants souhaitant comprendre les ressorts de l’investissement immatériel privé.
L’objectif gouvernemental de faire de la France une « start-up nation » a plusieurs desseins. D’abord, faire naître les grandes entreprises de demain qui créeront de l’emploi et de l’activité économique. Ensuite, s’assurer souveraineté et légitimité technologiques à long terme. Enfin, véhiculer à l’étranger l’image d’un pays dynamique et innovant et modifier la perception qu’ont d’eux-mêmes les Français sur le terrain économique.
Notamment, la faculté des start-up françaises à irriguer tous les secteurs d’activité est régulièrement mise en doute. Les services à la consommation ou à la personne ne sont pourtant pas les seuls à produire des start-up : l’industrie est également un terrain très fertile pour ces jeunes pousses.
Autres idées reçues tenaces : seuls les investisseurs étrangers rachètent des start-up et, lorsque ces acquisitions concernent nos jeunes entreprises, ce sont des pertes sèches pour la France. En réalité, les flux de rachats entrants et sortants sont au contraire très équilibrés et les acquisitions de start-up françaises par des étrangers alimentent un cercle vertueux pour l’économie nationale et son « écosystème start-up ».
Compte-rendu du deuxième Entretien de La Fabrique, en présence de Philippe Varin président du directoire de PSA Peugeot Citroën, de Philippe Crouzet président directeur général de Vallourec, et Jean-François Di Meglio président d’Asia Centre.
En 2016- 2017, la Fondation Jean Jaurès, la Fondation Friedrich-Ebert et La Fabrique ont organisé une mise en commun de la réflexion entre Français et Allemands sur ces questions. Trois séminaires ont réuni représentants des pouvoirs publics, industriels, syndicalistes et experts. Une Note commune, qui paraît ce mois, rend compte de ces travaux. Cette synthèse s’inspire en partie de ces séminaires et s’enrichit de nos travaux antérieurs.
À la recherche de la résilience industrielle - Les pouvoirs publics face à la...La Fabrique de l'industrie
Inédite par sa nature et son ampleur, la crise économique déclenchée par la pandémie de Covid-19 a eu un impact considérable sur le secteur industriel. Confrontés à des ruptures d’approvisionnement en provenance de la Chine, certains secteurs étaient en situation de quasi-rupture d’offre dès le début du mois de mars 2020. Les mesures sanitaires, décrétées le 17 mars 2020, auront définitivement mis à l’arrêt de nombreux industriels français déjà fragilisés par un double choc négatif d’offre et de demande.
Cet ouvrage décortique les différentes politiques publiques mises en œuvre pour limiter les dommages de la crise sur l’économie en général et l’industrie en particulier. Il montre ainsi comment la crise a révélé une nouvelle fois l’importance stratégique de l’action publique et donné un nouveau souffle à l’idée de politique industrielle.
La présente Note met également en lumière le fait que la France et ses partenaires européens ont su tirer des enseignements de la crise précédente. Elle est organisée en trois chapitres.
1 - Deux impératifs en temps de crise : sauver ce qui peut l’être et préparer l’avenir
Après avoir décrit l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’économie, le premier chapitre analyse la politique mise en œuvre par le gouvernement. Une politique qui répond à deux temps bien distincts : d’abord éteindre l’incendie en instaurant des mesures d’urgence, ensuite préparer l’avenir à travers un plan de relance adapté.
2 - Tirer parti des outils de flexibilité
Le deuxième chapitre s’intéresse plus particulièrement aux outils de flexibilité interne que les entreprises peuvent mobiliser en cas de choc transitoire, parmi lesquels le chômage partiel et les accords de performance collective. C’est de cette palette d’outils, mis à la disposition des entreprises, que dépendra notamment la capacité de notre industrie à rebondir.
3 - La politique industrielle, comme réponse à la crise ?
Enfin, le troisième chapitre montre comment la crise actuelle a provoqué, en France, un regain d’intérêt pour la politique industrielle, à travers le déploiement de mesures structurelles de soutien au secteur.
Ce travail s’adresse aux responsables industriels, décideurs publics, chercheurs et étudiants désireux de mieux cerner les enjeux et les objectifs des politiques publiques mises en œuvre en temps de crise.
La pandémie de Covid-19 a remis au coeur des débats les questions de souveraineté, de dépendance étrangère pour se procurer des produits stratégiques et de relocalisation de la production de ces biens sur le territoire – questions liées par ailleurs avec l’atteinte de la neutralité carbone.
Dans sa déclaration du 31 mars 2020, le président de la République affirmait : « Le jour d’après ne ressemblera pas aux jours d’avant. Nous devons rebâtir notre souveraineté nationale et européenne. […] Il nous faut retrouver la force morale et la volonté pour produire davantage en France et retrouver cette indépendance ».
En réponse à cette injonction, le Gouvernement a annoncé fin août une stratégie visant notamment à encourager les relocalisations. Or, dans les débats ayant entouré l’affirmation de cette stratégie publique, on a entendu les termes de souveraineté, réindustrialisation, relocalisation comme s’ils étaient interchangeables. De quoi parle-t-on ? Signifient-ils la même chose ?
L’idée semble s’être installée que la production de biens et de services dégage trop peu de valeur et n’a plus d’intérêt économique, pour les entreprises comme pour les territoires, que ce soit au nom de l’économie de la connaissance ou symétriquement de l’économie de la fonctionnalité. Selon la première, les entreprises devraient se spécialiser dans les étapes de conception et de R&D ; selon la seconde, elles devraient surtout accompagner leurs produits de services ingénieux créant la différence avec la concurrence. Il y a une part de vrai dans ces deux axiomes, même s’ils semblent partir dans des directions opposées. Toutefois, l’erreur serait de croire que la « prod’ » est devenue un acte banal, sur lequel les pays low cost nous auront tôt ou tard imposé leur concurrence par les prix. Ainsi, nous avons tous en tête cette smiling curve mythique expliquant aux milieux d’affaires où se situent les « vrais » gisements de valeur. En revenant sur cette courbe du sourire, sur ce qu’elle dit et ne dit pas, nous rappelons dans cette synthèse le poids déterminant qu’occupe en réalité l’étape de production dans la création de valeur, aussi bien en France que dans les autres pays développés.
Synthèse n°18 de La Fabrique de l'industrie - février 2018.
Faut-il alléger les charges pesant sur les salaires pour améliorer la croissance et l’emploi ? Et, dans l’affirmative, est-il préférable de privilégier les bas salaires pour faciliter l’accès à l’emploi des moins qualifiés, ou au contraire de cibler les salaires plus élevés, caractéristiques de l’industrie et des services à valeur ajoutée, pour rendre la France plus compétitive ?
A l'occasion du lancement de son cycle de séminaires le 5 juillet 2019 à Mines ParisTech, l’observatoire des Territoires d’industrie a eu le plaisir d’accueillir M. Olivier Lluansi, délégué aux Territoires d’industrie. Cette première séance a eu pour thème “Reconstruire l’industrie dans les territoires”.
La crise économique provoquée par la pandémie du Covid-19 est inédite à plusieurs titres. Inédite par sa nature d’abord. Elle procède en effet d’un double choc d’offre et de demande qui a mis à mal des pans entiers de l’économie de nombreux pays. Inédite ensuite par son ampleur, ayant révélé avec force les risques de dépendance inhérents à la désindustrialisation et à la fragmentation des processus de production. Cette crise a confirmé que les pays les moins industrialisés et les plus dépendants des approvisionnements étrangers ne sont pas en mesure de sécuriser tous les besoins primaires de leur population, notamment dans le domaine de la santé.
La France, où la pandémie est venue rappeler le handicap laissé par cinquante années de désindustrialisation, n’a pas échappé aux pénuries de masques et de respirateurs, par exemple, mais aussi de composants électroniques.
Mais la crise a aussi mis en lumière le rôle de « socle » joué par l’industrie locale, pendant que se désorganisent les flux internationaux, et l’importance de sa résilience, autrement dit de sa capacité d’absorption. La réponse gouvernementale a donc tout naturellement accordé une place de tout premier ordre aux politiques industrielles.
S’il est trop tôt pour apprécier les effets de ces politiques, on peut d’ores et déjà établir que la crise du Covid-19 aura marqué un retour sans précédent de l’industrie dans les préoccupations des pouvoirs publics. Levier essentiel de résilience, l’industrie a occupé une place particulière dans le plan de relance français.
Les mesures mises en oeuvre ne se contentent pas de soutenir l’activité à court-terme. Elles posent les jalons d’une nouvelle stratégie volontariste visant à réindustrialiser la France et, par là même, relever les défis de la transition énergétique et numérique.
Parfois trop vite réduit à un espace mal défini entre Strasbourg et Mulhouse, un simple entre-deux, le Territoire d’industrie Alsace Centrale se distingue pourtant à plusieurs titres. Innovant et fortement tourné vers l’international, il offre à ses entreprises un positionnement géographique au carrefour de l’Europe, des infrastructures de transport et numériques de qualité et des outils de production modernes. Flânez le long d’un axe Molsheim-Obernai, Colmar et Sélestat et vous découvrirez un tissu d’industries variées et d’entreprises familiales.
Ce Territoire d’industrie puise sa force dans son histoire et dans sa proximité culturelle et économique avec l’Allemagne. En outre, depuis les années 2000, a émergé une culture du dialogue entre les acteurs publics et privés, qui participe à la construction de l’identité du territoire et à sa résilience face aux crises. L’ancrage à long terme des entreprises en garantit la pérennité : quand on s’installe en Alsace Centrale, on ne la quitte plus !
Cet ouvrage s’adresse aux décideurs publics, aux collectivités locales et aux dirigeants d’entreprises qui réfléchissent aux moyens de stimuler le développement industriel de leur territoire, ainsi qu’à tous ceux qui s’intéressent à la diversité des territoires industriels français.
On entend parfois dire que la France est dépourvue de start-up à vocation industrielle ou autrement dit que la French Tech florissante ne constitue pas un atout décisif pour le secteur manufacturier français.
Statistiquement parlant, il est certes indubitable que ces jeunes entreprises relèvent essentiellement du secteur tertiaire. Toutefois, en conclure qu’elles n’apportent aucun avantage compétitif à notre base industrielle serait inexact, ne serait-ce que du fait de l’absence de définition précise du terme « start-up ».
Premièrement, en raisonnant sur une base élargie, on observe des firmes à forte croissance dans de nombreux secteurs, y compris dans l’industrie. Deuxièmement, si l’on resserre la focale aux start-up « proprement dites », la proportion de ces entreprises qui s’intéressent à l’industrie n’est pas moindre en France qu’aux États-Unis. Certes, le financement par le capital-investissement français est insuffisant pour favoriser la croissance des firmes au point de faire naître de nouveaux champions, mais ce résultat vaut malheureusement pour tous les secteurs d’activité.
En réalité, les succès tricolores dans les fintechs sont même encourageants pour l’industrie, si l’on se fie aux analogies entre les régimes d’innovation des deux secteurs. Il n’y a donc pas de raison formelle de douter que les start-up puissent aider les entreprises industrielles à monter en gamme dans les secteurs dits « traditionnels ».
La responsabilité sociale et environnementale ne relève pas uniquement des États mais aussi des entreprises. Ces dernières courent un double risque juridique et d’image si elles n’ont pas recours à des outils d’autorégulation. Parmi eux, les accords d’entreprise transnationaux (AET) apparaissent prometteurs. Cette Note, fondée sur l’analyse de 267 accords et un grand nombre d’entretiens, propose aux acteurs sociaux et aux dirigeants des modèles de négociation et d’amélioration de leur effectivité.
La crise liée à la pandémie Covid-19 a mis notre économie à rude épreuve et a souligné le rôle clé du tissu industriel. Le plan de relance consacre 35 milliards d’euros pour rebâtir l’industrie française en soutenant le développement d’une offre compétitive et innovante.
Produire les biens stratégiques pour répondre aux besoins de la population est nécessaire au maintien d’une certaine indépendance économique vis-à-vis de nos partenaires extérieurs. De ce point de vue, la relocalisation constitue un moyen de sécuriser l’accès à certains biens et services essentiels.
Les débats en cours évoquent également les relocalisations industrielles comme remède à la désindustrialisation. Les chiffres sont pourtant clairs : la relocalisation d’emplois industriels a du sens mais ne suffira pas à recréer massivement des emplois. Le défi de la réindustrialisation offre, lui, des perspectives plus prometteuses.
Comprendre la performance et le déclin.
Si l’industrie française a globalement perdu des emplois au cours de la dernière décennie, certains territoires ont connu un développement industriel florissant.
Partout en France l’on trouve des territoires qui déjouent les conjonctures régionales et créent nettement plus d’emplois – ou en perdent davantage – que leurs voisins.
Nous montrons également que la spécialisation des territoires dans des secteurs plus ou moins porteurs est un prédicteur assez médiocre de leur performance. La diversité des trajectoires industrielles et plus encore les marges de manœuvre dont les territoires disposent pour construire leur stratégie de développement échappent donc souvent aux commentateurs, qui raisonnent plus volontiers selon des grandes tendances : la "puissance des métropoles", le "déclin des grands bassins industriels", la "révolution des nouvelles technologies", le "naufrage des espaces ruraux"... Rien de tout cela n’est strictement vrai, après examen.
Les entreprises françaises investissent plus, et depuis longtemps, que leurs homologues européennes. Pourtant, les performances économiques des entreprises françaises ne sont pas au niveau attendu. Comment expliquer cet apparent paradoxe ? C'est justement à cette question que vont tenter de répondre La Fabrique de l’industrie et France Stratégie avec une analyse des investissements des entreprises européennes et françaises depuis 1995.
Loin de l’image d’Épinal d’un pays fermé, mercantiliste et au protectionnisme agressif, la Chine cherche aujourd’hui à normaliser son économie et à intégrer pleinement le multilatéralisme mondial. En effet, dans beaucoup de secteurs, la Chine a atteint la même maturité industrielle que les entreprises occidentales. Pour continuer à se développer, ses champions nationaux ont besoin d’un cadre compétitif propice aux innovations plutôt qu’un blocage de la concurrence par le gouvernement. Pour autant, les entreprises occidentales connaissent désormais de plus en plus de difficultés pour pénétrer le marché chinois.
Cet ouvrage dresse le portrait de la Chine d’aujourd’hui, entre libéralisation et nationalisme. À partir d’une série d’entretiens menés auprès de responsables industriels, il propose également une typologie originale de secteurs du marché chinois selon leur degré d’ouverture. Sans prétendre à l’exhaustivité, cette typologie a pour but de livrer des conseils utiles et des bonnes pratiques aux responsables industriels voulant investir en Chine.
Ce Doc de La Fabrique s’adresse à toutes les personnes intéressées par l’économie chinoise, ainsi qu’aux dirigeants d’entreprises qui souhaitent se lancer à la conquête de l’Empire du Milieu. Cette étude est le mémoire de Victor Mabille et Arthur Neveu, deux ingénieurs du Corps des mines.
L’arrivée au pouvoir de Donald Trump sur la base d’un programme souverainiste, les annonces de hausse des droits de douane sur de nombreux produits ou encore la dénonciation des pratiques commerciales chinoises ont remis sur le devant de la scène la question du protectionnisme et de ses conséquences sur le commerce international. Tous les pays ne sont pas égaux face à cette menace. La France a la chance d’être bien insérée dans un marché européen qui l’en protège en partie.
Au-delà des frontières de l’Union, l’examen de l’insertion de nos entreprises industrielles dans les chaînes de valeur mondiales révèle que, pour l’instant du moins, les risques viennent bien davantage de l’est que de l’ouest.
L’industrie à l’épreuve de la crise - Des entreprises affaiblies mais résilie...La Fabrique de l'industrie
Dès les débuts de l’épidémie du Covid-19, avant même son arrivée en France, certaines entreprises industrielles très exposées au commerce avec la Chine faisaient déjà face aux perturbations de leurs chaînes d’approvisionnement. Le double choc d’offre et de demande a fragilisé un nombre croissant d’entreprises, avant que le premier confinement, décrété en France le 17 mars 2020, ne leur donne le coup de grâce en les mettant brutalement à l’arrêt.
Cet ouvrage dresse un tableau clinique de la crise sanitaire, de ses effets – temporaires ou durables – sur le tissu industriel français et des réponses qui y ont été apportées. S’appuyant sur une vaste enquête auprès de 900 entreprises et sur des auditions de dirigeants industriels, il met en évidence l’impact très hétérogène de la crise sur les entreprises, selon leur taille et leur secteur d’activité, et sur les différents plans de leur fonctionnement (trésorerie, ventes, logistique, emplois, etc.). Il étudie également comment les entreprises se sont adaptées dans l’urgence à ce nouvel environnement et les changements organisationnels qui en ont découlé. Il montre ainsi comment elles peuvent tirer parti des grands défis révélés ou réactivés par la crise du Covid-19, avec à la clé un bouleversement des modes de travail, de production et d’approvisionnement.
Ce travail s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs et étudiants désireux de mieux comprendre les effets de la crise sanitaire sur l’activité et l’organisation des entreprises industrielles.
Il y a des territoires industriels qui s’appuient sur leurs réseaux d’entrepreneurs pour se redynamiser. Il y a ceux qui privilégient la réhabilitation du foncier. D’autres encore parient sur la transition écologique et l’intégration des citoyens dans leur gouvernance. Autant de pratiques, non exclusives les unes des autres, qui peuvent se combiner selon les territoires pour parvenir à créer à nouveau des emplois industriels.
Dans cette Note, les élus, les industriels, les chefs de projet et les autres parties prenantes au dispositif « Territoires d’industrie » nous apportent leur éclairage sur les ressources à valoriser au niveau local. Ils partagent surtout leur expérience et leur désir de redonner une identité industrielle à leur territoire.
Offrant une grille de lecture à moduler selon les spécificités locales, cette Note s’adresse aux décideurs publics, collectivités locales, dirigeants d’entreprise, chercheurs et citoyens s’intéressant à la revitalisation des territoires.
Peirre-André de Chalendar et Louis Gallois : l’industrie française peut revenir dans la course mondiale. Retrouvez le dossier de presse de la conférence "Quelle stratégie industrielle pour la France ?" des co-présidents de La Fabrique de l'industrie du jeudi 25 janvier 2018.
Il est parfois avancé que la France serait particulièrement dépourvue de start-up à vocation industrielle. C’est en tout cas ce que tendrait à montrer la liste des entreprises qui constituent le NEXT40, l’indice des futurs champions français de la Tech. Ce dernier met en effet principalement en avant des firmes de services. Toutefois, en conclure que les start-up n’apportent aucun avantage compétitif à notre base industrielle serait excessif.
Quiconque veut le vérifier se heurte à une première difficulté, du fait de l’absence de définition précise du terme « start-up ». En raisonnant sur une base élargie, on observe des firmes à forte croissance dans de nombreux secteurs, y compris dans l’industrie. Si l’on ressert la focale aux start-up « proprement dites », la proportion de ces entreprises qui s’intéressent à l’industrie n’est pas moindre en France qu’aux États-Unis. On constate également que le modèle d’innovation qui fait le succès des firmes numériques, notamment celles du secteur financier, peut être adapté à l’industrie manufacturière.
À l’aide de données et de témoignages issus de « l’écosystème start-up », cet ouvrage démontre l’existence de firmes à forte croissance dans l’industrie et le rôle qu’elles peuvent jouer dans la redynamisation du secteur industriel. Comme dans les autres secteurs, l’insuffisance du financement par le capital-risque ralentit leur développement. Mais des rapprochements avec les grands groupes industriels sont possibles et le développement des deeptechs offre des opportunités pour jouer sur les complémentarités entre start-up et firmes industrielles.
Cet ouvrage s’adresse aux entrepreneurs et aux étudiants qui souhaitent s’engager dans la voie de l’industrie, aux dirigeants d’entreprise recherchant des voies de renouvellement de leurs stratégies industrielles et aux décideurs publics.
À la recherche de la résilience industrielle - Les pouvoirs publics face à la...La Fabrique de l'industrie
Inédite par sa nature et son ampleur, la crise économique déclenchée par la pandémie de Covid-19 a eu un impact considérable sur le secteur industriel. Confrontés à des ruptures d’approvisionnement en provenance de la Chine, certains secteurs étaient en situation de quasi-rupture d’offre dès le début du mois de mars 2020. Les mesures sanitaires, décrétées le 17 mars 2020, auront définitivement mis à l’arrêt de nombreux industriels français déjà fragilisés par un double choc négatif d’offre et de demande.
Cet ouvrage décortique les différentes politiques publiques mises en œuvre pour limiter les dommages de la crise sur l’économie en général et l’industrie en particulier. Il montre ainsi comment la crise a révélé une nouvelle fois l’importance stratégique de l’action publique et donné un nouveau souffle à l’idée de politique industrielle.
La présente Note met également en lumière le fait que la France et ses partenaires européens ont su tirer des enseignements de la crise précédente. Elle est organisée en trois chapitres.
1 - Deux impératifs en temps de crise : sauver ce qui peut l’être et préparer l’avenir
Après avoir décrit l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’économie, le premier chapitre analyse la politique mise en œuvre par le gouvernement. Une politique qui répond à deux temps bien distincts : d’abord éteindre l’incendie en instaurant des mesures d’urgence, ensuite préparer l’avenir à travers un plan de relance adapté.
2 - Tirer parti des outils de flexibilité
Le deuxième chapitre s’intéresse plus particulièrement aux outils de flexibilité interne que les entreprises peuvent mobiliser en cas de choc transitoire, parmi lesquels le chômage partiel et les accords de performance collective. C’est de cette palette d’outils, mis à la disposition des entreprises, que dépendra notamment la capacité de notre industrie à rebondir.
3 - La politique industrielle, comme réponse à la crise ?
Enfin, le troisième chapitre montre comment la crise actuelle a provoqué, en France, un regain d’intérêt pour la politique industrielle, à travers le déploiement de mesures structurelles de soutien au secteur.
Ce travail s’adresse aux responsables industriels, décideurs publics, chercheurs et étudiants désireux de mieux cerner les enjeux et les objectifs des politiques publiques mises en œuvre en temps de crise.
La pandémie de Covid-19 a remis au coeur des débats les questions de souveraineté, de dépendance étrangère pour se procurer des produits stratégiques et de relocalisation de la production de ces biens sur le territoire – questions liées par ailleurs avec l’atteinte de la neutralité carbone.
Dans sa déclaration du 31 mars 2020, le président de la République affirmait : « Le jour d’après ne ressemblera pas aux jours d’avant. Nous devons rebâtir notre souveraineté nationale et européenne. […] Il nous faut retrouver la force morale et la volonté pour produire davantage en France et retrouver cette indépendance ».
En réponse à cette injonction, le Gouvernement a annoncé fin août une stratégie visant notamment à encourager les relocalisations. Or, dans les débats ayant entouré l’affirmation de cette stratégie publique, on a entendu les termes de souveraineté, réindustrialisation, relocalisation comme s’ils étaient interchangeables. De quoi parle-t-on ? Signifient-ils la même chose ?
L’idée semble s’être installée que la production de biens et de services dégage trop peu de valeur et n’a plus d’intérêt économique, pour les entreprises comme pour les territoires, que ce soit au nom de l’économie de la connaissance ou symétriquement de l’économie de la fonctionnalité. Selon la première, les entreprises devraient se spécialiser dans les étapes de conception et de R&D ; selon la seconde, elles devraient surtout accompagner leurs produits de services ingénieux créant la différence avec la concurrence. Il y a une part de vrai dans ces deux axiomes, même s’ils semblent partir dans des directions opposées. Toutefois, l’erreur serait de croire que la « prod’ » est devenue un acte banal, sur lequel les pays low cost nous auront tôt ou tard imposé leur concurrence par les prix. Ainsi, nous avons tous en tête cette smiling curve mythique expliquant aux milieux d’affaires où se situent les « vrais » gisements de valeur. En revenant sur cette courbe du sourire, sur ce qu’elle dit et ne dit pas, nous rappelons dans cette synthèse le poids déterminant qu’occupe en réalité l’étape de production dans la création de valeur, aussi bien en France que dans les autres pays développés.
Synthèse n°18 de La Fabrique de l'industrie - février 2018.
Faut-il alléger les charges pesant sur les salaires pour améliorer la croissance et l’emploi ? Et, dans l’affirmative, est-il préférable de privilégier les bas salaires pour faciliter l’accès à l’emploi des moins qualifiés, ou au contraire de cibler les salaires plus élevés, caractéristiques de l’industrie et des services à valeur ajoutée, pour rendre la France plus compétitive ?
A l'occasion du lancement de son cycle de séminaires le 5 juillet 2019 à Mines ParisTech, l’observatoire des Territoires d’industrie a eu le plaisir d’accueillir M. Olivier Lluansi, délégué aux Territoires d’industrie. Cette première séance a eu pour thème “Reconstruire l’industrie dans les territoires”.
La crise économique provoquée par la pandémie du Covid-19 est inédite à plusieurs titres. Inédite par sa nature d’abord. Elle procède en effet d’un double choc d’offre et de demande qui a mis à mal des pans entiers de l’économie de nombreux pays. Inédite ensuite par son ampleur, ayant révélé avec force les risques de dépendance inhérents à la désindustrialisation et à la fragmentation des processus de production. Cette crise a confirmé que les pays les moins industrialisés et les plus dépendants des approvisionnements étrangers ne sont pas en mesure de sécuriser tous les besoins primaires de leur population, notamment dans le domaine de la santé.
La France, où la pandémie est venue rappeler le handicap laissé par cinquante années de désindustrialisation, n’a pas échappé aux pénuries de masques et de respirateurs, par exemple, mais aussi de composants électroniques.
Mais la crise a aussi mis en lumière le rôle de « socle » joué par l’industrie locale, pendant que se désorganisent les flux internationaux, et l’importance de sa résilience, autrement dit de sa capacité d’absorption. La réponse gouvernementale a donc tout naturellement accordé une place de tout premier ordre aux politiques industrielles.
S’il est trop tôt pour apprécier les effets de ces politiques, on peut d’ores et déjà établir que la crise du Covid-19 aura marqué un retour sans précédent de l’industrie dans les préoccupations des pouvoirs publics. Levier essentiel de résilience, l’industrie a occupé une place particulière dans le plan de relance français.
Les mesures mises en oeuvre ne se contentent pas de soutenir l’activité à court-terme. Elles posent les jalons d’une nouvelle stratégie volontariste visant à réindustrialiser la France et, par là même, relever les défis de la transition énergétique et numérique.
Parfois trop vite réduit à un espace mal défini entre Strasbourg et Mulhouse, un simple entre-deux, le Territoire d’industrie Alsace Centrale se distingue pourtant à plusieurs titres. Innovant et fortement tourné vers l’international, il offre à ses entreprises un positionnement géographique au carrefour de l’Europe, des infrastructures de transport et numériques de qualité et des outils de production modernes. Flânez le long d’un axe Molsheim-Obernai, Colmar et Sélestat et vous découvrirez un tissu d’industries variées et d’entreprises familiales.
Ce Territoire d’industrie puise sa force dans son histoire et dans sa proximité culturelle et économique avec l’Allemagne. En outre, depuis les années 2000, a émergé une culture du dialogue entre les acteurs publics et privés, qui participe à la construction de l’identité du territoire et à sa résilience face aux crises. L’ancrage à long terme des entreprises en garantit la pérennité : quand on s’installe en Alsace Centrale, on ne la quitte plus !
Cet ouvrage s’adresse aux décideurs publics, aux collectivités locales et aux dirigeants d’entreprises qui réfléchissent aux moyens de stimuler le développement industriel de leur territoire, ainsi qu’à tous ceux qui s’intéressent à la diversité des territoires industriels français.
On entend parfois dire que la France est dépourvue de start-up à vocation industrielle ou autrement dit que la French Tech florissante ne constitue pas un atout décisif pour le secteur manufacturier français.
Statistiquement parlant, il est certes indubitable que ces jeunes entreprises relèvent essentiellement du secteur tertiaire. Toutefois, en conclure qu’elles n’apportent aucun avantage compétitif à notre base industrielle serait inexact, ne serait-ce que du fait de l’absence de définition précise du terme « start-up ».
Premièrement, en raisonnant sur une base élargie, on observe des firmes à forte croissance dans de nombreux secteurs, y compris dans l’industrie. Deuxièmement, si l’on resserre la focale aux start-up « proprement dites », la proportion de ces entreprises qui s’intéressent à l’industrie n’est pas moindre en France qu’aux États-Unis. Certes, le financement par le capital-investissement français est insuffisant pour favoriser la croissance des firmes au point de faire naître de nouveaux champions, mais ce résultat vaut malheureusement pour tous les secteurs d’activité.
En réalité, les succès tricolores dans les fintechs sont même encourageants pour l’industrie, si l’on se fie aux analogies entre les régimes d’innovation des deux secteurs. Il n’y a donc pas de raison formelle de douter que les start-up puissent aider les entreprises industrielles à monter en gamme dans les secteurs dits « traditionnels ».
La responsabilité sociale et environnementale ne relève pas uniquement des États mais aussi des entreprises. Ces dernières courent un double risque juridique et d’image si elles n’ont pas recours à des outils d’autorégulation. Parmi eux, les accords d’entreprise transnationaux (AET) apparaissent prometteurs. Cette Note, fondée sur l’analyse de 267 accords et un grand nombre d’entretiens, propose aux acteurs sociaux et aux dirigeants des modèles de négociation et d’amélioration de leur effectivité.
La crise liée à la pandémie Covid-19 a mis notre économie à rude épreuve et a souligné le rôle clé du tissu industriel. Le plan de relance consacre 35 milliards d’euros pour rebâtir l’industrie française en soutenant le développement d’une offre compétitive et innovante.
Produire les biens stratégiques pour répondre aux besoins de la population est nécessaire au maintien d’une certaine indépendance économique vis-à-vis de nos partenaires extérieurs. De ce point de vue, la relocalisation constitue un moyen de sécuriser l’accès à certains biens et services essentiels.
Les débats en cours évoquent également les relocalisations industrielles comme remède à la désindustrialisation. Les chiffres sont pourtant clairs : la relocalisation d’emplois industriels a du sens mais ne suffira pas à recréer massivement des emplois. Le défi de la réindustrialisation offre, lui, des perspectives plus prometteuses.
Comprendre la performance et le déclin.
Si l’industrie française a globalement perdu des emplois au cours de la dernière décennie, certains territoires ont connu un développement industriel florissant.
Partout en France l’on trouve des territoires qui déjouent les conjonctures régionales et créent nettement plus d’emplois – ou en perdent davantage – que leurs voisins.
Nous montrons également que la spécialisation des territoires dans des secteurs plus ou moins porteurs est un prédicteur assez médiocre de leur performance. La diversité des trajectoires industrielles et plus encore les marges de manœuvre dont les territoires disposent pour construire leur stratégie de développement échappent donc souvent aux commentateurs, qui raisonnent plus volontiers selon des grandes tendances : la "puissance des métropoles", le "déclin des grands bassins industriels", la "révolution des nouvelles technologies", le "naufrage des espaces ruraux"... Rien de tout cela n’est strictement vrai, après examen.
Les entreprises françaises investissent plus, et depuis longtemps, que leurs homologues européennes. Pourtant, les performances économiques des entreprises françaises ne sont pas au niveau attendu. Comment expliquer cet apparent paradoxe ? C'est justement à cette question que vont tenter de répondre La Fabrique de l’industrie et France Stratégie avec une analyse des investissements des entreprises européennes et françaises depuis 1995.
Loin de l’image d’Épinal d’un pays fermé, mercantiliste et au protectionnisme agressif, la Chine cherche aujourd’hui à normaliser son économie et à intégrer pleinement le multilatéralisme mondial. En effet, dans beaucoup de secteurs, la Chine a atteint la même maturité industrielle que les entreprises occidentales. Pour continuer à se développer, ses champions nationaux ont besoin d’un cadre compétitif propice aux innovations plutôt qu’un blocage de la concurrence par le gouvernement. Pour autant, les entreprises occidentales connaissent désormais de plus en plus de difficultés pour pénétrer le marché chinois.
Cet ouvrage dresse le portrait de la Chine d’aujourd’hui, entre libéralisation et nationalisme. À partir d’une série d’entretiens menés auprès de responsables industriels, il propose également une typologie originale de secteurs du marché chinois selon leur degré d’ouverture. Sans prétendre à l’exhaustivité, cette typologie a pour but de livrer des conseils utiles et des bonnes pratiques aux responsables industriels voulant investir en Chine.
Ce Doc de La Fabrique s’adresse à toutes les personnes intéressées par l’économie chinoise, ainsi qu’aux dirigeants d’entreprises qui souhaitent se lancer à la conquête de l’Empire du Milieu. Cette étude est le mémoire de Victor Mabille et Arthur Neveu, deux ingénieurs du Corps des mines.
L’arrivée au pouvoir de Donald Trump sur la base d’un programme souverainiste, les annonces de hausse des droits de douane sur de nombreux produits ou encore la dénonciation des pratiques commerciales chinoises ont remis sur le devant de la scène la question du protectionnisme et de ses conséquences sur le commerce international. Tous les pays ne sont pas égaux face à cette menace. La France a la chance d’être bien insérée dans un marché européen qui l’en protège en partie.
Au-delà des frontières de l’Union, l’examen de l’insertion de nos entreprises industrielles dans les chaînes de valeur mondiales révèle que, pour l’instant du moins, les risques viennent bien davantage de l’est que de l’ouest.
L’industrie à l’épreuve de la crise - Des entreprises affaiblies mais résilie...La Fabrique de l'industrie
Dès les débuts de l’épidémie du Covid-19, avant même son arrivée en France, certaines entreprises industrielles très exposées au commerce avec la Chine faisaient déjà face aux perturbations de leurs chaînes d’approvisionnement. Le double choc d’offre et de demande a fragilisé un nombre croissant d’entreprises, avant que le premier confinement, décrété en France le 17 mars 2020, ne leur donne le coup de grâce en les mettant brutalement à l’arrêt.
Cet ouvrage dresse un tableau clinique de la crise sanitaire, de ses effets – temporaires ou durables – sur le tissu industriel français et des réponses qui y ont été apportées. S’appuyant sur une vaste enquête auprès de 900 entreprises et sur des auditions de dirigeants industriels, il met en évidence l’impact très hétérogène de la crise sur les entreprises, selon leur taille et leur secteur d’activité, et sur les différents plans de leur fonctionnement (trésorerie, ventes, logistique, emplois, etc.). Il étudie également comment les entreprises se sont adaptées dans l’urgence à ce nouvel environnement et les changements organisationnels qui en ont découlé. Il montre ainsi comment elles peuvent tirer parti des grands défis révélés ou réactivés par la crise du Covid-19, avec à la clé un bouleversement des modes de travail, de production et d’approvisionnement.
Ce travail s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs et étudiants désireux de mieux comprendre les effets de la crise sanitaire sur l’activité et l’organisation des entreprises industrielles.
Il y a des territoires industriels qui s’appuient sur leurs réseaux d’entrepreneurs pour se redynamiser. Il y a ceux qui privilégient la réhabilitation du foncier. D’autres encore parient sur la transition écologique et l’intégration des citoyens dans leur gouvernance. Autant de pratiques, non exclusives les unes des autres, qui peuvent se combiner selon les territoires pour parvenir à créer à nouveau des emplois industriels.
Dans cette Note, les élus, les industriels, les chefs de projet et les autres parties prenantes au dispositif « Territoires d’industrie » nous apportent leur éclairage sur les ressources à valoriser au niveau local. Ils partagent surtout leur expérience et leur désir de redonner une identité industrielle à leur territoire.
Offrant une grille de lecture à moduler selon les spécificités locales, cette Note s’adresse aux décideurs publics, collectivités locales, dirigeants d’entreprise, chercheurs et citoyens s’intéressant à la revitalisation des territoires.
Peirre-André de Chalendar et Louis Gallois : l’industrie française peut revenir dans la course mondiale. Retrouvez le dossier de presse de la conférence "Quelle stratégie industrielle pour la France ?" des co-présidents de La Fabrique de l'industrie du jeudi 25 janvier 2018.
Il est parfois avancé que la France serait particulièrement dépourvue de start-up à vocation industrielle. C’est en tout cas ce que tendrait à montrer la liste des entreprises qui constituent le NEXT40, l’indice des futurs champions français de la Tech. Ce dernier met en effet principalement en avant des firmes de services. Toutefois, en conclure que les start-up n’apportent aucun avantage compétitif à notre base industrielle serait excessif.
Quiconque veut le vérifier se heurte à une première difficulté, du fait de l’absence de définition précise du terme « start-up ». En raisonnant sur une base élargie, on observe des firmes à forte croissance dans de nombreux secteurs, y compris dans l’industrie. Si l’on ressert la focale aux start-up « proprement dites », la proportion de ces entreprises qui s’intéressent à l’industrie n’est pas moindre en France qu’aux États-Unis. On constate également que le modèle d’innovation qui fait le succès des firmes numériques, notamment celles du secteur financier, peut être adapté à l’industrie manufacturière.
À l’aide de données et de témoignages issus de « l’écosystème start-up », cet ouvrage démontre l’existence de firmes à forte croissance dans l’industrie et le rôle qu’elles peuvent jouer dans la redynamisation du secteur industriel. Comme dans les autres secteurs, l’insuffisance du financement par le capital-risque ralentit leur développement. Mais des rapprochements avec les grands groupes industriels sont possibles et le développement des deeptechs offre des opportunités pour jouer sur les complémentarités entre start-up et firmes industrielles.
Cet ouvrage s’adresse aux entrepreneurs et aux étudiants qui souhaitent s’engager dans la voie de l’industrie, aux dirigeants d’entreprise recherchant des voies de renouvellement de leurs stratégies industrielles et aux décideurs publics.
Ce document présente les idées-clés qui ressortent de ses cinq premières années de travaux. Elles sont organisées autour de trois principaux axes de réflexion : Compétitivité et politiques industrielles ; Travail, emploi et dialogue social ; Mondialisation et regards sur des expériences étrangères.
Cet ouvrage renouvelle notre compréhension du développement (ou du déclin) de l’industrie dans les territoires. Fruit des rencontres de l’observatoire des Territoires d’industrie, il ne prétend pas apporter la recette du succès, mais appréhende au contraire la diversité des situations. Les ressources héritées de l’histoire peuvent constituer des opportunités pour un territoire mais également l’enfermer dans une trajectoire de déclin. Dès lors, c’est aux acteurs locaux (collectivités, industriels, opérateurs économiques, société civile…) de se mobiliser pour renouveler ces ressources et activer des synergies latentes.
Cet ouvrage documente diverses initiatives ayant revitalisé des tissus industriels, en agissant sur la formation, l’attraction des talents, la stimulation de l’innovation, l’offre de foncier ou encore la mise en réseau des compétences.
Il s’adresse aux décideurs publics, collectivités territoriales et agences liées, dirigeants et salariés d’entreprise, chercheurs et étudiants qui souhaitent participer au renouveau industriel des territoires et en comprendre les ressorts.
La Fabrique de l’industrie a produit en quatre ans une vingtaine de publications et autant de grands débats. Ce document présente les principaux résultats de ses travaux.
Très ancrées sur leur territoire, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont essentielles au maintien d’une économie forte et au renforcement de notre souveraineté. Néanmoins, comme en témoignent de nombreux dirigeants d’ETI interrogés dans le cadre de cet ouvrage, leur croissance est grandement conditionnée à leur capacité à recruter et à fidéliser leurs salariés. Or, sur un marché de l’emploi actuellement marqué par de fortes tensions, les ETI doivent faire face à la concurrence des PME et des grandes entreprises pour attirer et retenir les talents.
Comment peuvent-elles tirer leur épingle du jeu ? Disposent-elles d’atouts pour convaincre les candidats à les rejoindre ? Assurément, montre cet ouvrage. Si les ETI rencontrent des obstacles au recrutement qui leur sont propres, elles ont aussi des points forts qu’il convient d’exploiter et de mettre en avant. Leur ancrage territorial en est un, leur capacité d’innovation en est un autre.
Cet ouvrage offre une analyse sur les difficultés de recrutement rencontrées par les ETI et les besoins en compétences qui les caractérisent, à la fois rare et d’une grande utilité pour les décideurs, les services publics de l’emploi et les acteurs de la formation. S’appuyant sur des initiatives inspirantes identifiées sur le terrain, il apporte aussi aux ETI et aux entreprises en général de précieuses pistes d’action pour gagner en attractivité.
Sécurisation des approvisionnements : un partenariat nécessaire entre État et...La Fabrique de l'industrie
La crise du Covid-19 a dramatiquement mis en lumière le niveau de dépendance de certaines filières industrielles aux intrants étrangers. Les ruptures en matières premières, en composants électroniques ou en médicaments, visibles dès les premiers mois de 2020, ont persisté et se sont même aggravées pour certaines en 2021. Renault, par exemple, estime que la pénurie de semi-conducteurs amputera la production du groupe de 500 000 véhicules cette année. Ces vulnérabilités, qui ont aussi privé temporairement la population de produits de première nécessité (masques, paracétamol), émeuvent l’opinion et constituent une menace réelle pour notre souveraineté économique.
La sécurisation de nos approvisionnements stratégiques est ainsi remontée en tête des préoccupations gouvernementales. Emmanuel Macron en a fait l’une des conditions de réussite du plan d’investissement « France 2030 », en évoquant la nécessité d’entreprendre une « cartographie de nos dépendances ». Le président de la République a même désigné les matériaux qu’il considère comme stratégiques – les composants électroniques, le plastique, les métaux et terres rares ou encore le bois – révélant la première étape de ce travail : distinguer ce qui est stratégique de ce qui ne l’est pas. Reste ensuite pour l’État à orchestrer l’action des entreprises et des administrations pour identifier les maillons les plus critiques des chaînes de valeur, à la façon d’un architecte.
Compte-rendu de la séance du mardi 19 mai 2020 du séminaire de l’observatoire des Territoires d’industrie.
Intervenants : Olivier Bouba-Olga, enseignant-chercheur à l’Université de Poitiers et Grégory Richa, associé d’OPEO
La crise sanitaire actuelle a mis sur le devant de la scène les questions de la réorganisation des chaînes de valeur industrielles et de la relocalisation des activités stratégiques. Celle-ci n’est pas envisageable à court terme pour tous les secteurs d’activité, à la fois pour des raisons de compétitivité, de ressources et de recrutement. La crise va en revanche conduire à une recomposition du tissu industriel et les plans de relance pourraient être l’occasion de redonner un projet plus ambitieux de développement industriel. Dans cette perspective, les territoires ont un rôle majeur à jouer, que ce soit pour identifier les acteurs et leurs besoins en étant au plus proche du terrain, aider les entreprises à se connecter et les accompagner pour faciliter les recrutements, décliner les plans de relance au niveau infra-régional, favoriser la prise en compte des aspects environnementaux ou encore améliorer l’image de l’industrie auprès des jeunes.
Composante essentielle de la capacité d’innovation d’un pays, la coopération public-privé peine en France à s’ancrer dans les pratiques. Malgré les nombreux dispositifs créés ces dernières décennies pour faire tomber les cloisons entre la recherche publique et les entreprises, la coopération entre ces deux mondes peut encore progresser, en regard de ce que l’on observe dans les pays les mieux placés dans la course mondiale à l’innovation.
Les auteurs de cet ouvrage commencent donc par dresser un tableau objectivé de cette situation, avant de proposer quelques pistes pour y remédier. Sans révolutionner le paysage législatif ni augmenter les dépenses publiques, ces propositions sont le fruit de nombreux entretiens menés sur le terrain et reposent sur deux piliers : le rapprochement culturel entre les mondes académique et socio-économique d’une part, et le renforcement de la gestion de la valorisation de la recherche d’autre part.
En plus d’éclairer les lecteurs sur le fonctionnement et les dispositifs de collaboration entre recherche publique et privée, cet ouvrage apporte des pistes de réflexion et d’action utiles pour les décideurs publics, les entreprises et les acteurs de la recherche.
Si la baisse de la productivité est effective dans toutes les économies développées... elle est particulièrement marquée en France. Au niveau national, cet essoufflement touche tous les secteurs, et plus particulièrement celui de l’industrie, usuellement caractérisé par des gains de productivité élevés. Depuis la crise Covid, le secteur industriel contribue pour 35 % environ à cette perte, alors qu’il ne représente que 9,3 % de la valeur ajoutée nationale brute en 2023. Dans ce contexte, est-il possible de mener une politique de réindustrialisation du pays sans y associer un objectif de hausse des gains de productivité ?Non rappelle ce Cube. Au contraire, ces deux objectifs, jusqu’alors indépendants l’un de l’autre, sont désormais deux défis à relever conjointement. En analysant les différents explications à la baisse de celle-ci observée en France et dans les autres économies développées, ce Cube suggère que l’augmenter en parallèle d’une politique de réindustrialisation sous-entend une réallocation des facteurs de production vers les entreprises industrielles à fort potentiel. Elle suppose également une une meilleure affectation des ressources.
"Et si la sobriété n'était plus un choix individuel ?" est un ouvrage qui explore l'intégration de la sobriété dans les politiques publiques face aux crises écologiques liées à l'énergie et à l'eau. Les auteurs proposent des méthodes et études de cas pour une sobriété collective durable, abordant des solutions pratiques comme la tarification progressive de l'eau, essentielles pour les décideurs, les entreprises et les citoyens engagés vers un avenir durable...
Accueillir des activités productives au sein des villes est une problématique qui suscite un intérêt renouvelé de la part des collectivités. Comment peuvent-elles accompagner l’intégration de ces activités ? C’est tout l’objet de la Note Aménager la ville productive, réalisée dans le cadre du programme de recherche Ville productive initié par le PUCA, la Fabrique de l’industrie et l’Institut pour la recherche de la Caisse des dépôts.
Is disruptive innovation only for start-ups? French Industry in the Face of K...La Fabrique de l'industrie
Ever since the entire planet turned to messenger RNA vaccines, there's not a single business sector that doesn't fear being "disintermediated" sooner or later by digital giants, or disintegrated by triumphant start-ups: the challenge of technological disruption has thus taken on new acuity. It is indeed through disruptive innovation that an economy anticipates and fosters the major transitions that will shape tomorrow's society. It's also how companies distinguish themselves in a changing, highly competitive environment. The challenge is not only to invent, but above all to stay one step ahead in the face of foreign countries that do not hesitate to heavily support certain companies in order to dominate key sectors.
While start-ups have been held up as a reference model for years, are large French companies still capable of achieving the technological breakthroughs that markets expect of them? Based on first-hand accounts and an original analysis of patent data covering twelve technological fields, eight of which contribute to the ecological transition, this book provides an insight into the dynamics of innovation in France, its technological positioning and the type of companies involved.
The book is aimed at business leaders, public decision-makers, researchers, students and all readers interested in innovation issues in France.
Foncier industriel et strategies publiques locales une articulation imparfaite.La Fabrique de l'industrie
Face à la demande en foncier des industriels, les territoires doivent répondre
par une offre adaptée, sans s’affranchir des normes environnementales ni
sacrifier logements et espaces collectifs. Comment les territoires concilient-
ils ces impératifs ? Les différentes contraintes qui pèsent sur les territoires
comme sur les entreprises entraînent-elles un décalage entre les besoins des
industriels et l’offre qui leur est proposée ?
Cet ouvrage montre que la réponse n’est pas unique. Grâce à un travail de
terrain mené dans les territoires de Valence Romans Agglo, Est Ensemble et
Boucle Nord de Seine, les auteurs mettent en lumière la diversité des besoins
exprimés par les entreprises, des stratégies adoptées par les collectivités et
des pratiques instaurées par les acteurs privés. Très dépendante de l’histoire
économique et institutionnelle de chaque territoire, l’offre foncière doit en outre
répondre à une demande évolutive et souvent très contrainte. Il en résulte une
hétérogénéité des conditions de maintien des activités productives dans les
milieux urbains en matière foncière et immobilière. Les ambitions gouverne
mentales de réindustrialisation de la France et de sobriété foncière viendront-
elles modifier ces conditions ?
En plus d’éclairer les lecteurs sur les critères d’implantation des entreprises pro-
ductives et sur les stratégies employées par les territoires, cette Note apporte
des pistes de réflexion utiles sur les moyens d’articuler demande foncière et
maîtrise de l’aménagement territorial. Il est ainsi un outil précieux pour les diri
geants d’entreprise, les collectivités territoriales, les décideurs publics et les
chercheurs qui souhaitent participer au renouveau industriel des territoires.
L’innovation de rupture, terrain de jeu exclusif des start-up ? L’industrie f...La Fabrique de l'industrie
Depuis que la planète entière s’en est remise aux vaccins à ARN messager, il n’est plus un seul secteur d’activité qui ne redoute de se faire tôt ou tard « désintermédier » par les géants du numérique ou désintégrer par des start-up triomphantes : l’enjeu de la disruption technologique a ainsi pris une acuité nouvelle. C’est en effet par le biais des innovations de rupture qu’une économie anticipe et favorise les grandes transitions qui modèleront la société de demain. C’est également comme cela que les entreprises se distinguent dans un environnement changeant et très concurrentiel. L’enjeu est non seulement d’inventer mais surtout de prendre de l’avance face à des pays étrangers qui n’hésitent pas à soutenir lourdement certaines entreprises pour dominer des secteurs clés.
Si les start-up sont présentées comme un modèle de référence depuis des années, les grandes entreprises françaises sont-elles toujours en mesure de réaliser les ruptures technologiques que les marchés attendent d’elles ? À partir de témoignages et d’une analyse originale de données de brevets portant sur douze domaines technologiques, dont huit concourent à la transition écologique, cet ouvrage permet de saisir la dynamique d’innovation en France, son positionnement technologique et le type d’entreprises impliquées.
Cet ouvrage s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs, étudiants, ainsi qu’à l’ensemble des lecteurs intéressés par les problématiques de l’innovation en France.
Répondre aux défis sociétaux : le retour en grâce des politiques « orientées ...La Fabrique de l'industrie
Depuis le début des années 2010, la mise en place de politiques ambitieuses en matière de recherche et d’innovation, s’attaquant notamment aux grands défis énergétiques, numériques, environnementaux et géopolitiques, est devenue une priorité stratégique des pays de l’OCDE et au-delà. En effet, pour s’attaquer à des problèmes de plus en plus systémiques, les pays n’ont plus d’autre choix que de mettre en œuvre des politiques dotées d’une approche et de moyens holistiques. C’est ce qui explique l’appétence grandissante pour les politiques « orientées mission » (POM, mission-oriented policies en anglais) conçues pour mobiliser les activités de recherche et d’innovation nécessaires à la résolution de défis sociétaux.
De nombreux pays ont ainsi accéléré le déploiement de politiques de recherche dites orientées mission, ou encore des moonshot policies par référence à Apollo, la plus iconique du genre. Dans cette approche, les investissements en R&D doivent contribuer à l’atteinte d’objectifs spécifiques, ciblés et concrets, et s’inscrire dans une poursuite du bien commun. Comparant les politiques d’innovation orientées mission dans une vingtaine de pays, cet ouvrage permet de comprendre comment ces dernières peuvent aider à mieux piloter l’innovation et répondre aux défis sociétaux, mais aussi comment la France se saisit aujourd’hui de ce type de dispositif, près de cinquante ans après les grands programmes pompidoliens parfois encensés, parfois décriés.
En plus d’éclairer les lecteurs sur les grands arbitrages en matière de politique d’innovation, cet ouvrage en identifie aussi les forces et les limites. Il offre à ce titre des pistes de réflexion très précieuses pour les décideurs publics, les acteurs de la recherche et les entreprises.
La crise énergétique récente a replacé les questions de la sobriété et de l’efficacité énergétique au coeur des préoccupations des entreprises en général et des entreprises industrielles en particulier. Celles-ci s’apprêtent à renforcer leurs investissements verts en vue de réduire leurs dépenses énergétiques. Cette conjoncture s’inscrit en outre dans un contexte réglementaire de plus en plus contraint. Les entreprises doivent répondre à une réglementation nationale et européenne qui fait la chasse aux émissions de CO2 pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
En pratique, la décarbonation des entreprises revêt des modalités très différentes sur le terrain, avec des leviers et des obstacles variés. Grâce à une enquête chiffrée réalisée auprès d’un échantillon de grandes entreprises françaises, la plupart industrielles, les auteurs délivrent un état des lieux de la décarbonation engagée par les entreprises, de la diversité de leurs arbitrages et de la nature des freins qu’elles rencontrent.
Cette Note s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs, étudiants et citoyens souhaitant comprendre les enjeux liés à la décarbonation des grandes entreprises.
La crise énergétique récente a replacé les questions de la sobriété et de l’efficacité énergétique au cœur des préoccupations des entreprises en général et des entreprises industrielles en particulier. Celles-ci s’apprêtent à renforcer leurs investissements verts en vue de réduire leurs dépenses énergétiques. Cette conjoncture s’inscrit en outre dans un contexte réglementaire de plus en plus contraint. Les entreprises doivent répondre à une réglementation nationale et européenne qui fait la chasse aux émissions de CO2 pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
En pratique, la décarbonation des entreprises revêt des modalités très différentes sur le terrain, avec des leviers et des obstacles variés. Grâce à une enquête chiffrée réalisée auprès d’un échantillon de grandes entreprises françaises, la plupart industrielles, les auteurs délivrent un état des lieux de la décarbonation engagée par les entreprises, de la diversité de leurs arbitrages et de la nature des freins qu’elles rencontrent.
Cette Note s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs, étudiants et citoyens souhaitant comprendre les enjeux liés à la décarbonation des grandes entreprises.
La Fabrique de l’industrie, l’UIMM et l’École de Paris du management ont imaginé "Faiseurs, Faiseuses". L’objectif de ce magazine est de mettre en lumière celles et ceux qui font l’industrie au quotidien.
Qui, parmi celles et ceux appelant à un retour du made in France au nom de notre souveraineté industrielle, a seulement déjà vu une usine, sans même parler de la visiter ? Nous connaissons trop mal cet univers dont nous parlons sans cesse. Pour résoudre ce paradoxe, il faut braquer les projecteurs sur des exemples de ce que sont devenus aujourd’hui les métiers du faire.
Emplois industriels menacés par la crise énergétique, le MACF et l’IRA : une ...La Fabrique de l'industrie
Ce Working Paper s’appuie sur une étude menée conjointement avec le cabinet Oliver Wyman.
Les entreprises industrielles se heurtent aujourd’hui, en France et en Europe, à trois menaces qu’elles ressentent comme complémentaires et qui ont toutes à voir avec la problématique de la décarbonation de l’industrie : le maintien à des prix durablement élevés de l’énergie en Europe, la mise en place prochaine du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’UE (et la suppression afférente des quotas gratuits d’émissions de CO2), et l’instauration d’aides aux entreprises particulièrement attractives aux États-Unis dans le cadre de l’Inflation Reduction Act.
Le propos de ce document est d’estimer, de manière qualitative et quantitative, l’ampleur de chacune de ces menaces, traduite en emplois exposés, pour chacun des secteurs industriels français. Dans l’ensemble, nous estimons que près de 155 000 emplois industriels sont aujourd’hui menacés en France par ces trois phénomènes conjugués (tous les chiffres de ce document s’entendent en effectifs salariés en équivalent temps plein, sur le périmètre statistique de l’industrie manufacturière hors secteurs de l’imprimerie et de l’installation/réparation de machines).
Ce travail statistique nous livre deux questions. La première est de se demander ce que peut devenir l’industrie européenne si elle reste aussi intensément tiraillée entre l’amont des chaînes de valeur (producteurs d’acier, d’aluminium, de verre…) soumis à des contraintes de prix intenables et un « corps » plus ou moins capable d’en encaisser les contrecoups. Que reste-t-il alors de cette idée de solidarité le long des filières et l’idéal de souveraineté industrielle ? La deuxième vient à la suite de la première et s’énonce plus simplement encore : comment l’Europe peut-elle espérer réduire son empreinte carbone en pareille situation, si elle ne parvient pas à stabiliser la situation sur le marché de l’énergie ?
Nous vous proposons ce document de travail dans le but de recueillir vos remarques et suggestions. N’hésitez pas à nous envoyer vos réactions et commentaires à info@la-fabrique.fr
L’idée que l’industrie est un moteur de la transition écologique s’installe lentement dans les esprits. Dans le même temps, les collectivités territoriales engagent de plus en plus d’initiatives en faveur de la transition : projets de renaturation des espaces publics, soutien à la méthanisation agricole ou encore développement de la mobilité douce.
Comment construire un territoire industriel qui réponde aux grands enjeux environnementaux et dont le modèle de développement serait durable et résilient ? Nos observations de terrain conduites en divers Territoires d’industrie mettent au jour plusieurs dispositifs dont d’autres peuvent s’inspirer pour entamer leur propre démarche de transition écologique, en particulier dans le domaine énergétique.
Si beaucoup de Territoires d’industrie partagent l’ambition de contribuer à limiter le réchauffement climatique, chacun dispose de ressources, fait face à des enjeux qui lui sont propres, et doit compter avec les intérêts différenciés des acteurs. Certains territoires ont déjà mis en place des actions en faveur d’un mode de développement plus durable. Ces initiatives pionnières ne demandent qu’à être généralisées.
Les jeunes élites face au travail - Regards croisés entre Polytechnique et Ha...La Fabrique de l'industrie
Great Resignation aux États-Unis, difficultés de recrutement accentuées en France ou encore, quiet quitting et protestations à l’égard du grand capital dans les grandes écoles (e.g., HEC Paris, AgroParisTech) : autant de phénomènes qui pointent vers un ras-le-bol de la part des salariés, tout particulièrement auprès des jeunes générations. De fait, de nombreux médias se font le relai d’une « quête de sens » au travail, qui se traduirait notamment par de nouvelles exigences à l’égard de l’employeur (surtout en matière d’engagement environnemental et sociétal), et par la recherche d’un meilleur équilibre vie pro-vie perso.
La littérature faisant état de différences marquées liées à l’appartenance sociale et au niveau d’éducation, ce Doc propose d’apporter une première pièce au puzzle, en se focalisant sur les attentes des jeunes issus des CSP supérieures. Il repose sur un matériau empirique original, qui croise les regards de 20 alumni issus respectivement de l’École polytechnique et de l’université de Harvard pour mieux identifier ce qui fait la singularité ou non des diplômés de grandes écoles dans leur rapport au travail.
Cet ouvrage s’adresse aux chefs d’entreprises, décideurs publics et chercheurs désireux de mieux comprendre le rapport qu’entretiennent les jeunes générations à l’égard du travail.
La désindustrialisation de la France a démarré en 1975. La chute de l’emploi industriel était alors aussi rapide que celle de l’emploi agricole, commencée bien plus tôt. Mais, si la politique agricole commune a soutenu cette mutation, aucun dispositif n’a accompagné celle de l’industrie. Ainsi en 1990, notre pays avait déjà perdu un quart de ses emplois industriels et nombre de territoires s’étaient vidés de leur substance. Rien de tel en Allemagne, où l’emploi industriel est resté remarquablement robuste grâce à l’ancrage territorial de son Mittelstand dans ses Länder.
Il aura fallu attendre 2009 et l’organisation des États généraux de l’industrie pour voir le retour d’une politique industrielle en France. Plusieurs initiatives se sont alors succédé mais, pendant plus de 10 ans, les « territoires » sont restés un impensé. C’est seulement fin 2018 que le dispositif Territoires d’industrie est apparu. Quatre ans plus tard, la France ne semble pas avoir encore pris toute la mesure de ses territoires. Ils recèlent pourtant un potentiel inexploité pour notre renaissance industrielle.
Sortir de notre dépendance aux combustibles fossiles, principalement au profit d’une électricité bas carbone, est une condition sine qua non à l’atteinte de l’objectif de neutralité carbone en 2050. Les États signataires de l’accord de Paris anticipent donc une très forte électrification de leurs usages et doivent transformer leur mix énergétique en conséquence.
Pour la France, Emmanuel Macron a annoncé vouloir, d’ici 2050, multiplier par 10 la production actuelle d’énergie solaire (pour atteindre 100 GW), déployer 50 parcs éoliens en mer (pour atteindre environ 40 GW) et doubler la production d’éoliennes terrestres (à 40 GW également). En parallèle, un nouveau programme nucléaire permettrait de bénéficier de 10 à 25 GW de nouvelles capacités, selon que 6 ou 14 EPR2 seront construits d’ici 2050.
Pour atteindre comme prévu la neutralité carbone en 2050, la France doit réduire drastiquement son utilisation des énergies les plus carbonées (gaz, pétrole et charbon). Notre consommation totale d’énergie va diminuer mais notre consommation d’électricité décarbonée va s’accroître très sensiblement. Le président Emmanuel Macron a donc annoncé en février 2022 à Belfort sa volonté de développer massivement les énergies renouvelables tout en modernisant le parc nucléaire. L’avenir est-il tout tracé pour autant ?
Non, montrent les auteurs de cet ouvrage. D’abord parce qu’il ne faudrait pas oublier que l’exécutif s’est également donné pour objectif – salutaire – de renforcer notre base industrielle : nos besoins en électricité seront donc plus élevés qu’annoncé. Ensuite, même si le renouvellement du parc nucléaire est mené à un rythme très soutenu, celui-ci sera nécessairement complété par d’importantes capacités renouvelables, à déployer massivement elles aussi.
Enfin, cette configuration inédite, où nucléaire et EnR se compléteront, réclamera également de développer de nouveaux moyens de flexibilité (modulation de la demande, imports-exports, stockage) pour préserver l’équilibre constant entre offre et demande.
Cet ouvrage propose un tableau prospectif complet des mix énergétiques possibles à l’horizon 2050, en optimisant les coûts, sous contrainte d’évolution de la demande, de renouvellement de l’offre et des engagements climatiques du pays. Ce faisant, il met au jour les principales technologies énergétiques dans lesquelles il est opportun d’investir en priorité. En plus d’éclairer les citoyens sur la question essentielle de la souveraineté énergétique, il offre des pistes de réflexion d’une grande utilité pour les décideurs publics et les entreprises.
Les nouveaux modes de management et d’organisation - Innovation ou effet de m...La Fabrique de l'industrie
Transformation numérique, contexte de grande incertitude, nouvelles attentes des salariés, bataille pour attirer les talents… tout pousse les entreprises à gagner en souplesse et réactivité. Elles sont donc de plus en plus nombreuses à s’intéresser à de nouveaux modèles de management et d’organisation : lean durable, méthodes agiles, holacratie, entreprise libérée, organisation opale, entreprise à mission, etc.
Regroupés sous le sigle NMMO, ces modèles sont moins « nouveaux » qu’il n’y paraît et s’inspirent en fait de courants anciens. Sous la diversité des étiquettes, ils s’appuient sur de nombreux ressorts communs. Ils sont toutefois difficiles à implanter, même chez les plus convaincus. La montée en autonomie des salariés et la redéfinition des responsabilités entachent parfois le climat social et l’efficience, à rebours des effets espérés. La réussite des NMMO repose essentiellement sur un mode de déploiement qui doit viser l’innovation sociale patiente plutôt que d’obéir aux effets de mode.
Cet ouvrage s’attache à décrire non seulement les pratiques réelles associées à ces modèles, mais aussi les embûches et points de vigilance lors de leur déploiement. S’appuyant sur une vingtaine de cas, qui vont d’organisations autogérées à des divisions de grands groupes, il offre ainsi aux entreprises des clés pour adapter ces formes organisationnelles à leurs spécificités.
Cet ouvrage se compose de deux grandes parties. La première est une analyse critique et pratique de ces nouveaux modèles. La seconde est un guide généalogique qui les décrit de façon détaillée. Ce petit guide des modèles organisationnels contemporains et de leurs origines ne prétend pas se substituer aux manuels de théorie des organisations. Il a vocation à contextualiser les différents modèles en fonction de leur origine historique et géographique, d’en décrire sommairement les principes de fonctionnement et de montrer comment ils se relient les uns aux autres pour former un continuum.
Nouveaux modes de management et d’organisation : six pratiques récurrentes et...La Fabrique de l'industrie
Cherchant à se déhiérarchiser, se « désiloter » et s’agiliser pour être plus réactives, mieux répondre aux besoins des clients et mieux satisfaire les attentes des salariés, les entreprises se tournent massivement vers de nouveaux modèles de management et d’organisation (NMMO) tels que les méthodes agiles, l’entreprise libérée, l’holacratie, l’organisation opale ou encore la société à mission.
À partir de l’étude d’une vingtaine d’organisations allant d’entreprises autogérées à des divisions de grands groupes, nous avons identifié six pratiques récurrentes qui caractérisent ces NMMO. Si les salariés s’expriment souvent en faveur de ces nouveaux modes de travail (Malakoff Humanis, 2022), force est de constater qu’ils ne sont pas faciles à implanter et que les entreprises butent sur de nombreuses difficultés de conception, d’adoption ou de mise en œuvre.
L’évolution vers les NMMO n’est donc pas un long fleuve tranquille, ça secoue souvent, ça fait mal parfois. La montée en autonomie, les changements dans les frontières de responsabilité, la disparition des routines antérieures, les difficultés de coordination, le sentiment de chaos qui s’ensuit, peuvent entraîner une montée des risques psychosociaux ainsi que des effets de retrait ou des démissions, entachant le climat social et l’efficience, à rebours des effets espérés. Seule une approche systémique, patiente, prudente, itérative et incluant les acteurs de terrain, peut permettre d’ancrer durablement le changement et d’obtenir les bénéfices escomptés tant en termes d’amélioration continue que de respect des parties prenantes.
La guerre en Ukraine a marqué le début d’une crise énergétique majeure en Europe : les ménages et entreprises subissent une forte inflation des prix de l’énergie, doublée d’un risque sérieux de pénurie au tournant de l’hiver 2022-2023.
Dans ce contexte tendu, le fonctionnement du marché européen de l’électricité a vite été désigné comme un fardeau injuste pour les entreprises et les ménages français qui doivent payer le prix d’une électricité fabriquée à partir de gaz dans les autres pays d’Europe. En réalité, le doublement de la facture énergétique des entreprises industrielles observé en un an – ce qui est considérable – aura relevé pour moitié de problèmes purement français et notamment de l’indisponibilité de notre parc nucléaire.
L’autre moitié de l’explication tient certes au contexte international mais pas à l’interconnexion des marchés européens. Celle-ci est plutôt une opportunité en cas de pénurie et un gisement d’exportations dans les meilleurs jours, qu’il serait mal avisé de remettre en cause. Pour le système de fixation des prix, c’est une autre affaire…
L’industrie face aux prix de l’énergie - Les marchés européens sont-ils en dé...La Fabrique de l'industrie
Entre la mi-2021 et la mi-2022, les prix du gaz et les coûts de production de l’électricité ont été multipliés par quatre. Cette situation exceptionnelle a eu un impact considérable sur les industriels, dont la facture énergétique totale a été multipliée par deux dans tous les secteurs d’activité et dans tous les pays européens. Dans ce contexte inédit, le fonctionnement du marché européen de l’électricité a pu être remis en cause par certains observateurs qui craignaient une « inflation importée » du fait de la forte consommation de gaz ailleurs en Europe, et regrettaient que les industriels français ne profitent pas assez de la compétitivité de « notre » électricité nucléaire.
Cette Note montre que la réalité est tout autre. Pendant les quatorze années qui ont précédé la crise, les industriels français ont bien bénéficié d’un prix de l’électricité plus faible qu’en Allemagne. Mais la pénurie d’offre, principalement du fait de l’indisponibilité des centrales nucléaires, se faisait déjà sentir dès 2016. L’envolée du prix du gaz n’est responsable que pour moitié de l’augmentation récente des prix de l’électricité en France, qui tient tout autant à des déséquilibres spécifiquement nationaux et ne doit rien à l’intégration des marchés européens.
À l’heure où notre pays s’apprête à investir dans le renouvellement de ses moyens de production d’électricité, il convient de se demander quels sont les effets de son mix électrique sur la compétitivité de son industrie. Cette étude permet notamment de dissocier les impacts respectifs de la hausse généralisée des prix de l’énergie et ceux du mix électrique français sur les tarifs imputés aux industriels. Elle examine dans un premier temps la hausse récente de la facture énergétique des industriels. Dans un second temps, elle analyse les prix de l’électricité payés par les industriels en Europe et leurs déterminants.
Cette Note s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs, étudiants et citoyens souhaitant comprendre les effets de la crise énergétique sur l’industrie française.
L’industrie face aux prix de l’énergie - Les marchés européens sont-ils en dé...
Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
1. Comment sécuriser
nos approvisionnements
stratégiques?
Dès la fin 2019, la pandémie de Covid frappe dramatiquement les popu-
lations et paralyse des pans entiers de l’économie. Les confinements et
fermetures des frontières occasionnent des ruptures d’approvisionnement
en cascade, mettant à l’arrêt de nombreuses activités et soulevant de vives
préoccupations sur le plan sanitaire. Jusqu’alors perçue comme un risque
ponctuel et circonscrit, la rupture des approvisionnements stratégiques
occupe le devant de la scène médiatique et politique. Réapparaît en même
temps le concept de souveraineté économique, édulcoré en autonomie stra-
tégique ouverte sur les marchés les plus libéraux.
Mais quelle stratégie un État peut-il mener pour sécuriser «ses» approvi-
sionnements? Quel est le rôle de chaque acteur dans sa mise en œuvre?
S’appuyant sur neuf mois d’enquête et une centaine d’entretiens, cet ouvrage
analyse les difficultés d’une telle stratégie et fournit des clés pour les lever.
Il propose notamment une méthode d’analyse des vulnérabilités des appro-
visionnements, ouvrant la voie à une coopération renforcée entre l’État et
les entreprises.
En plus d’éclairer les citoyens sur la question essentielle de la souveraineté
économique, cet ouvrage offre des pistes de réflexion et d’action d’une
grande utilité pour les décideurs publics et les chefs d’entreprise.
12 euros
www.la-fabrique.fr Presses des Mines
Comment sécuriser
nos approvisionnements
stratégiques?
Comment
sécuriser
nos
approvisionnements
stratégiques
?
16
Léa Boudinet est diplômée de l’École normale supérieure et ingénieure des Mines.
Passionnée par les enjeux liés à la mobilité et la transition écologique, elle travaille
à la sécurisation des approvisionnements nécessaires à la production des batteries
Li-ion chez Tesla à San-Francisco en 2020.
Nour Khater est ingénieure des Mines. Son intérêt marqué pour le secteur de l’énergie
l’a d’abord amenée à découvrir les enjeux technico-économiques de la transition éner-
gétique au sein de RTE avant de participer au développement de projets d’énergie
renouvelable en Afrique chez Nareva.
ISBN
:
978-2-35671-744-3
Les Docs de La Fabrique
Léa Boudinet et Nour Khater
2. Un laboratoire d’idées pour l’industrie
La Fabrique de l’industrie est un laboratoire d’idées créé pour que la réflexion collec-
tive sur les enjeux industriels gagne en ampleur et en qualité.
Elle est coprésidée par Louis Gallois, ancien président du conseil de surveillance de
PSA Groupe (devenu Stellantis), et Pierre-André de Chalendar, président de Saint-
Gobain. Elle a été fondée en octobre 2011 par des associations d’industriels (Union
des industries et des métiers de la métallurgie, Cercle de l’Industrie, Groupe des
fédérations industrielles, rejoints en 2016 par le Groupe des industries métallur-
giques) partageant la conviction qu’il n’y a pas d’économie forte sans industrie forte.
Missions
Lieu de réflexion et de débat, La Fabrique travaille de façon approfondie et pluridisci-
plinaire sur les perspectives de l’industrie en France et en Europe, sur l’attractivité de
ses métiers, sur les opportunités et les défis liés à la mondialisation.
La Fabrique organise la confrontation des points de vue et des analyses pour rendre
intelligibles des réalités complexes et nuancées. Elle collabore avec l’ensemble des
institutions qui peuvent concourir à la réalisation de ses missions.
Centre de ressources, La Fabrique rassemble l’information, crée de nouveaux espaces
de dialogue, produit des synthèses critiques. Le site web (www.la-fabrique.fr) permet
de suivre l’actualité des débats sur l’industrie et d’y prendre part, d’être informé des
récentes publications et de nos travaux, de discuter le point de vue d’experts et de
proposer de nouvelles réflexions.
la-fabrique.fr linkedin.com/company/la-fabrique-de-l’industrie/ @LFI_LaFabrique
6. Déjà parus
Dans la collection des Docs de La Fabrique
Vos données valent-elles de l’or ? L’internet industriel des objets à
l’épreuve du réel, Paris, Presse des Mines.
Fonder une industrie contributive et résiliente. Une aventure humaine
entre mondialisation et territoire, Paris, Presse des Mines.
Demain la Chine ouverte ?, Paris, Presse des Mines.
Comment décarboner le transport routier en France ?,
Paris, Presse des Mines.
Angoulême-Cognac : appréhender la diversité des territoires industriels,
Paris, Presse des Mines.
Industrie et start-up : des destins liés ?, Paris, Presse des Mines.
Rachat des start-up. Des racines françaises, des ailes étrangères,
Paris, Presse des Mines.
Dans la collection des Notes de La Fabrique
Ces territoires qui cherchent à se réindustrialiser, Paris, Presse des Mines.
À la recherche de la résilience industrielle. Les pouvoirs publics face à
la crise, Paris, Presse des Mines.
7. 5
Avant-propos
Les confinements et les fermetures de frontières décidés pour enrayer la
pandémie de Covid ont entraîné des ruptures d’approvisionnement en
cascade. Les consommateurs ont été très frappés, en France, par les pénuries
de produits essentiels comme les respirateurs ou certaines molécules phar
maceutiques. Mais les entreprises industrielles ont, elles aussi, connu de
vives tensions sur certains marchés, comme sur celui des semi-conducteurs
par exemple.
Cette crise a ainsi rappelé avec force le risque de dépendance inhérent à
la désindustrialisation des territoires et à la fragmentation toujours plus
marquée des processus de production. La crainte de rupture en appro
vision
nements stratégiques est même remontée en tête des préoccupations
gouvernementales. La France et de nombreux autres marchés libéraux
cherchent depuis à renforcer leur autonomie stratégique.
Sécuriser nos approvisionnements suppose de s’attaquer à une question
centrale : qu’est-ce qui est stratégique et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Or,
cette question est loin d’être tranchée. L’enquête menée auprès des admi
nistrations et des industriels par les auteures de cet ouvrage montre
qu’établir une liste des produits et services stratégiques relève d’un
arbitrage risqué, dont personne n’a jamais vraiment voulu endosser la
responsabilité.
Pour sortir de cette impasse, les auteures proposent de faire appel à l’État,
non pas pour qu’il décide de tout mais pour qu’il se positionne en tant
« qu’architecte » de la sécurisation des approvisionnements stratégiques. À
lui d’orchestrer une coopération étroite avec les entreprises et les admi
nis
trations pour identifier les maillons les plus critiques des chaînes de
valeur. Les deux auteures fournissent même une méthode d’analyse des
vulnérabilités des approvisionnements, visant à assurer une meilleure
allocation des ressources publiques.
8. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
6
La collection des « Docs de La Fabrique » rassemble des textes qui n’ont pas
été élaborés à la demande ni sous le contrôle de son conseil d’orientation,
mais qui apportent des éléments de réflexion stimulants pour le débat et
la prospective sur les enjeux de l’industrie. Nous espérons que cet ouvrage
offrira aux industriels et aux décideurs publics des pistes de réflexion et
d’action sur les moyens de renforcer notre souveraineté industrielle.
L’équipe de La Fabrique
9. 7
Résumé
Depuis le début de la crise provoquée par la pandémie de Covid-19,
les craintes liées aux approvisionnements font régulièrement la Une des
journaux. La sécurisation des approvisionnements stratégiques n’est pourtant
pas une question nouvelle. Au gré des crises, elle mobilise régu
liè
re
ment
indust
riels et administrations. Ainsi, en quinze ans, l’industrie automobile
a connu pas moins de quatre crises majeures d’approvisionnement, la
dernière en date étant celle des semi-conducteurs. Ces crises à répétition
s’expli
quent par l’organisation mondialisée de l’industrie et de ses chaînes
de valeur, qui ont subi une fragmentation croissante. La spécialisation et
la recherche d’économies d’échelle – qui ont certes permis de réduire les
coûts de production de façon considérable – ont conduit à une très forte
concentration des acteurs sur certains maillons, créant ainsi de fragiles
goulots d’étranglement.
La question du rôle de l’État et des entreprises dans la sécurisation des
approvisionnements stratégiques ne peut pas rester sans réponse. D’une
part, la transition énergétique accroît considérablement nos besoins en
ressources minérales, ce qui nécessite une réflexion sur leur sécurisation.
D’autre part, la montée des tensions géopolitiques et divers relents nationa
listes contraignent les pays et même l’Union européenne à réfléchir à
leur autonomie stratégique. Mais deux conditions sont nécessaires à la
mise en œuvre d’une action ciblée en la matière. La première est de se
donner une définition claire des produits et services considérés comme
« stratégiques ». La deuxième est d’établir une méthode stabilisée d’analyse
de vulnérabilité.
Un retour à une économie fermée ne semble ni envisageable ni souhaitable.
Les auteures proposent plutôt un « État architecte » de la sécurisation
des appro
visionnements stratégiques, au cœur du triangle relationnel
admi
nistration – entreprises privées – politique. Cet État architecte doit
répondre aux choix de ses clients, les décideurs politiques (et à travers
eux toute la société civile), qui délimitent en dernier ressort le périmètre
10. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
8
des approvisionnements concernés. Pour la mise en œuvre des actions de
sécurisation, il s’appuie avant tout sur les entreprises, en première ligne,
dont la connaissance et la maîtrise des chaînes de valeur seront de plus en
plus un gage de compétitivité. Enfin, l’administration devra opérer une
évolution dans son mode de fonctionnement pour organiser des projets
de sécurisation rassemblant les différents interlocuteurs publics et privés
concernés.
11. 9
Remerciements
Nous tenons à remercier chaleureusement et amicalement nos camarades de
l’École nationale d’administration de la promotion Aimé Césaire (Sandrine
Berthet, Abdel-Aziz Bitangui Soumaïne, Delphine Boyrie, Gabrielle de
Buyer, Hoang Ha CAO, Samuel Chaumet, Guillaume Chomette-Bender,
François Corget, Julien Degroote, Frédéric Dupin, Daniella Fayad,
Jean-Baptiste Frossard, Maxime Gallou, Ann Mary George et Capucine
Grégoire) avec qui nous avons réalisé, dans le cadre de notre scolarité,
un rapport administratif sur la sécurisation des approvisionnements en
mars 2021. Nos échanges, nos interrogations et nos rencontres pendant
ces cinq semaines de travail commun ont contribué à l’élaboration de
notre réflexion personnelle.
Nous tenons à remercier l’ensemble de nos interlocuteurs privés et publics
et tout particulièrement la Direction générale des entreprises et la Direction
générale de l’aménagement, du logement et de la nature pour leur temps
et nos précieux échanges. Nous remercions également Bruno Bensasson et
Brice Laurent pour leur accompagnement et les discussions stimulantes que
nous avons eues avec eux tout au long de notre travail.
12. 10
Sommaire
Avant-propos......................................................................................... 5
Résumé.................................................................................................. 7
Introduction......................................................................................... 14
PARTIE I : Penser enfin la sécurisation des approvisionnements
stratégiques............................................................................................ 17
Chapitre 1 : Un problème jusqu’ici sans solution............................. 18
Ruptures d’approvisionnement : des facteurs structurels de risque............ 18
Le serpent de mer des politiques industrielles............................................ 19
Première difficulté : évaluer le risque et choisir son niveau
de couverture............................................................................................ 22
Seconde difficulté : anticiper l’évolution des technologies
et des marchés.......................................................................................... 23
Chapitre 2 : Définir le périmètre des approvisionnements
stratégiques........................................................................................ 25
Pas de position commune au sein de l’État aujourd’hui............................. 25
Une première piste de définition................................................................. 28
Chapitre 3 : Analyser les vulnérabilités des chaînes de valeur........ 32
Ne pas se tromper de cible........................................................................ 32
Une organisation industrielle mondiale présentant des fragilités................. 34
Une nécessaire coordination entre l’État et les industriels.......................... 35
Évaluer les vulnérabilités de chaque maillon de la chaîne........................... 37
13. 11
PARTIE II : Quels rôles respectifs de l’État et des entreprises ?......... 41
Chapitre 4 : Entreprises privées : le retour d’une intégration
verticale ?............................................................................................. 43
Le véhicule électrique, une pile au réveil interventionniste........................... 44
Des stratégies individuelles limitées face aux risques................................. 48
Chapitre 5 : Quel rôle pour l’État ?......................................................... 49
L’État est-il encore capable de mener des politiques industrielles ?............ 49
Les limites de l’État stratège...................................................................... 52
Un État « architecte » de la sécurisation des approvisionnements
stratégiques............................................................................................... 53
Favoriser un trilogue administration-entreprises-politique........................... 54
Conclusion.............................................................................................. 58
Bibliographie........................................................................................... 60
15. 13
Avertissement : les recherches et entretiens ainsi que la rédaction
du présent document ont été menés d’octobre 2020 à août 2021
par Léa Boudinet et Nour Khater en qualité d’élèves ingénieures
des mines. Les positions et arguments contenus dans ce manuscrit
n’engagent qu’elles et pas leurs employeurs respectifs.
16. 14
Introduction
La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a mis en lumière la forte
dépendance de l’Europe sur plusieurs approvisionnements critiques,
notam
ment dans le domaine de la santé. Cette crise a marqué le retour
en force de l’État et pose pour certains la question des limites de la mon
dia
lisation. L’intervention de la puissance publique a en effet été plébis
citée pour résoudre nombre de problèmes économiques, que ce soient les
difficultés industrielles conjoncturelles (France Relance), les enjeux liés à
l’emploi (doctrine du « quoiqu’il en coûte ») ou la sécurité des chaînes
d’approvisionnement (les relocalisations selon France Relance). En
attestent les sommes colossales mobilisées par le plan de relance français :
100 milliards d’euros (dont 40 milliards de contribution européenne) sur
2021-2022, soit près de 2 % du PIB français1
.
La question des tensions d’approvisionnement n’est néanmoins pas
nouvelle. Elle revient fréquemment sur le devant de la scène et agite
les indus
triels et la puissance publique de manière cyclique au gré des
crises. Cela conduit à s’interroger sur plusieurs points : pourquoi ces
tensions sont-elles récurrentes ? Quelle stratégie mener pour sécuriser les
approvisionnements stratégiques ? Quel est le rôle de chacun des acteurs
et plus encore, celui de l’État, dans la mise en œuvre d’une telle stratégie ?
C’est à ces questions que cet ouvrage propose de répondre. Sans pour
autant contester la légitimité des autres acteurs (en particulier l’Union
européenne, les entreprises privées et les filières industrielles), ce document
se focalise en effet sur le rôle de l’État, et souhaite dépasser l’opposition
idéologique entre libéralisme et interventionnisme.
Le contenu de cet ouvrage a bénéficié d’une première étude, menée par
les auteures en mars 2021 avec quinze élèves de l’ENA en dernière année
de formation, dont l’objectif était de proposer à l’administration française
1 – Selon l’Insee, le PIB français de 2020 s’établissait à 2 303 milliards d’euros.
17. Introduction
15
une méthode d’analyse des vulnérabilités des approvisionnements stra
té
giques et de priorisation des actions de sécurisation. Cette analyse s’est
notamment appuyée sur la réalisation de trois études de cas : aluminium,
batteries pour véhicules électriques et médicaments. Les auteures ont
ensuite élargi la réflexion au rôle de l’État et aux politiques industrielles,
à la faveur d’une mission de deux mois au sein d’un groupe de travail
rassemblant notamment le ministère de la Transition écologique et le
ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, sur des outils
de sécuri
sation des approvisionnements en ressources minérales non
éner
gétiques. Cet ouvrage est donc le fruit d’une enquête de neuf mois,
comprenant près d’une centaine d’entretiens avec des industriels, des
universitaires, des membres de l’administration française et européenne
ainsi que des associations de professionnels et de patients.
À partir des résultats de cette enquête, les auteures identifient dans une
première partie les freins à l’élaboration d’une stratégie de sécurisation des
appro
vision
nements stratégiques et proposent des pistes pour les lever.
Elles insistent notamment sur la nécessité de s’appuyer sur une analyse
des chaînes de valeur afin d’identifier le ou les maillons les plus critiques.
Elles fournissent également une méthode d’analyse des vulnérabilités
des approvisionnements visant à une meilleure allocation des ressources
publiques et à une mesure de la sécurisation effective.
Dans une deuxième partie, les auteures interrogent les rôles respectifs de
l’État et des entreprises. Dans la lignée du concept d’État « entrepreneur »
stimulant l’innovation technologique, cet ouvrage défend la vision d’un
État « architecte » de la sécurisation des approvisionnements stratégiques
au cœur d’un trilogue administration-entreprises-politique. Pour ce faire,
cet État s’appuie avant tout sur les entreprises, acteurs de première ligne
de la résilience de notre économie et pour qui la maîtrise des chaînes de
valeur sera de plus en plus un gage de compétitivité. Par ailleurs, un État
« architecte » répond à un client : ici, le politique qui délimite in fine le
périmètre des approvisionnements stratégiques.
19. 17
Partie I
Penser enfin la sécurisation
des approvisionnements
stratégiques
Pourquoi le sujet de la sécurisation des approvisionnements straté
giques revient-il, tel un serpent de mer des politiques indus
trielles ?
Parce qu’aucune stratégie de sécurisation n’a jamais été mise réellement
en œuvre en France. Et cela pour plusieurs raisons. Une première a
trait à la définition même du périmètre de ces approvisionnements
stratégiques. L’État ne dispose pas d’une définition claire des produits
et services stratégiques et se prive ainsi de toute action coordonnée
et ciblée de sécurisation. Par ailleurs, l’administration manque d’une
méthode stabilisée d’analyse des vulnérabilités des approvisionnements
qui permette une meilleure allocation des ressources publiques et
une mesure de la sécurisation effective. Les différentes études de cas
montrent que toute stratégie de sécurisation doit s’appuyer sur une
analyse des chaînes de valeur afin d’identifier le ou les maillons les
plus critiques.
20. 18
Chapitre 1
Un problème jusqu’ici
sans solution
Les tensions sur les approvisionnements stratégiques ne datent pas de la
crise sanitaire. Pourtant, aucune action coordonnée (publique ou privée)
de sécurisation n’est à ce jour réellement mise en œuvre. Cela tient en
partie à la difficulté de définir et d’anticiper le risque de rupture.
Ruptures d’approvisionnement :
des facteurs structurels de risque
Fin janvier 2020, la Chine annonce la mise en quarantaine de la province
du Hubei, bassin industriel et logistique majeur. La panique s’empare alors
des industriels français et européens qui craignent une rupture de leurs
approvisionnements et donc une mise à l’arrêt de leurs usines. Depuis, la
sécurisation des approvisionnements fait régulièrement la Une des journaux.
En 2020, le grand public a ainsi découvert la forte dépendance de l’Europe
et des États-Unis à la production asiatique de médicaments avec la fameuse
statistique de 80 % des principes actifs produits en Chine et en Inde. Début
2021, c’est la dépendance mondiale à TSMC, fondeur taïwanais de semi-
conducteurs2
, composants clés de tout objet électronique, qui a affolé la
presse et nos industriels, contraints d’arrêter certaines usines automobiles
pendant plusieurs semaines au premier semestre 2021 suite à la reprise
brutale de la demande.
2 – TSMC concentre 50 % de l’étape de fonderie des semi-conducteurs et plus de 80 %
pour les semi-conducteurs de dernière génération (finesse de gravure 5 à 10 nm).
21. Un problème jusqu’ici sans solution
19
Au-delà du stop-and-go économique et des fermetures de frontières sans
précédent que nous avons vécus pendant la crise sanitaire, des facteurs
structurels font peser un risque sur la sécurité des approvisionnements.
En mai 2021, l’Agence internationale de l’énergie a publié un rapport
consacré à la dépendance de la transition énergétique aux métaux et
minerais, s’inquiétant du risque que fait peser la hausse du prix des matières
premières sur la capacité des États à tenir leurs objectifs climatiques. La
transition énergétique marque le passage d’une dépendance de nos éco
nomies au pétrole vers une dépendance, plus protéiforme mais tout aussi
importante, aux métaux et minerais, remettant en question les ambitions
d’un découplage de nos économies à la consommation de matière.
Le serpent de mer des politiques industrielles
La double crise sanitaire et économique de 2020 a donc (re)mis sur le
devant de la scène la question de la sécurisation des approvisionnements
amenant les industriels mais également l’État à s’interroger sur leur stratégie
en la matière. Symbole de la faillite de la mondialisation pour certains,
résurgence d’une lubie d’administrateurs nostalgiques du commissariat
au Plan pour d’autres, la question du rôle de l’État dans une stratégie
de sécurisation est longtemps restée sans réponse. Les chocs pétroliers
des années 1970 ont certes été les crises d’approvisionnement les plus
marquantes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais l’industrie
française a connu depuis de nombreuses crises d’approvisionnement.
À titre d’exemple, l’industrie automobile française a été touchée par
plusieurs crises aiguës ces vingt dernières années menaçant la continuité
d’activité. En 2007, les constructeurs automobiles français font face à des
tensions d’approvisionnement en platinoïdes, nécessaires à la fabrication
des pots catalytiques. « Heureusement » pour eux, la crise économique de
2008 entraîne une chute de leur production et donc de leur besoin en
platinoïdes.
22. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
20
En 2011, les autorités chinoises organisent une pénurie virtuelle de terres
rares en stoppant leurs exportations à la suite d’un différend diplomatique
avec les Japonais. Menacés sur leurs achats de moteurs électriques à
aimants permanents, certains acteurs automobiles effectuent alors des
chan
ge
ments technologiques. En 2018, des sanctions américaines envers
des oligarques russes mettent en lumière un point de convergence des
chaînes européennes d’approvisionnement en aluminium : une raffinerie
d’alumine basée en Irlande représentant plus de 80 % des flux entrants
en Europe et détenue par des capitaux russes. Et enfin en 2021, le choc
positif de demande du secteur de l’électronique pour les semi-conducteurs
conduit le quasi-monopole de production à servir en priorité ce secteur
à plus haute valeur ajoutée et entraîne la mise à l’arrêt de plusieurs usines
automobiles en Europe. Le secteur automobile connaît depuis janvier 2021
une reprise plus forte que prévu couplée au virage vers l’électrique et ne
parvient pas à couvrir ses besoins.
Si ces crises ont provoqué une prise de conscience des vulnérabilités
indus
trielles de la part des acteurs privés et de la puissance publique, les
actions de sécurisation des entreprises restent à ce jour limitées. Ainsi,
à titre d’exemple, la crise de l’aluminium en 2018 n’a pas donné lieu à
des modi
fications substantielles de la chaîne d’approvisionnement de la
filière, qui reste fortement dépendante du groupe russe Rusal3
. Chaque
crise semble être perçue a posteriori par les industriels comme excep
tionnelle4
, ne nécessitant pas une remise en question de leur stra
tégie
d’approvisionnement.
3 – Les deux dernières usines d’électrolyse françaises d’aluminium n’ont pas diminué leur
dépendance à la production de la raffinerie irlandaise détenue par Rusal. Toutefois, une
partie du risque est à présent couverte par une contractualisation sur les marchés financiers
et une légère augmentation du niveau de stock.
4 – Dans le cas de la crise de 2018, la concomitance des menaces de sanctions américaines
avec la baisse forcée de production d’une usine d’alumine au Brésil a provoqué des tensions
sur le marché de l’aluminium au niveau mondial (hausse de 25 % des cours en quelques
jours).
23. Un problème jusqu’ici sans solution
21
De fait, de manière cyclique après chaque crise d’approvisionnement,
des rapports et recommandations de l’administration sont élaborés sans
être suivis de la mise en place d’une véritable politique de sécurisation
des approvisionnements stratégiques. Sur le sujet plus spécifique des
métaux stratégiques, malgré une dizaine de rapports publiés depuis le
début des années 20105
, aucune action coordonnée de sécurisation n’a
été mise en œuvre, ni par l’État ni par les entreprises6
. Par ailleurs, l’enjeu
de sécurisation des approvisionnements n’est pas systématiquement pris
en compte dans le cadre de projets industriels d’envergure nationale ou
européenne. Par exemple, selon plusieurs parties prenantes, le groupe
interministériel français en charge du développement de la production
de batteries lithium-ion était initialement centré sur les capacités de
production de cellules : la chaîne de valeur globale remontant jusqu’aux
matières premières et transformées telles que le nickel7
n’a été prise en
considération que (trop) tardivement.
5 – Nous pouvons citer entre autres le rapport d’information du Sénat sur la sécurité
des approvisionnements stratégiques de la France (mars 2011), le document de travail
du Commissariat général à la stratégie et à la prospective sur les approvisionnements en
métaux critiques (juillet 2013), l’avis du Conseil économique, social et environnemental
sur la dépendance aux métaux stratégiques (janvier 2019), le rapport de mission du Conseil
général de l’économie sur l’analyse de la vulnérabilité d’approvisionnement en matières
premières des entreprises françaises (mars 2019) et les deux premiers rapports d’étape du
plan national de programmation des ressources minérales pour la transition bas carbone
publiés par le ministère de la Transition écologique (décembre 2020).
6 – Des instances de dialogue ont été mises en place à travers le Comité des métaux stra
té
giques (COMES), créé en 2011 suite à la crise des terres rares, permettant de sensibiliser
les entreprises à ces enjeux mais elles n’ont pas permis la mise en œuvre d’actions concrètes
de sécurisation.
7 – En 2021, une étude réalisée par Roskill pour le Joint Research Centre estime que le
principal risque sur l’approvisionnement en batteries pour les véhicules électriques tient au
fait que la plupart des mines de nickel exploitées ne sont pas d’une qualité suffisante pour la
production de batteries.
24. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
22
Première difficulté : évaluer le risque
et choisir son niveau de couverture
Un premier point de difficulté réside dans la définition des événements et
scénarios mettant à risque les chaînes industrielles : contre quels évènements
devons-nous sécuriser nos approvisionnements ? Nos industriels français
auraient-ils pu et dû prévoir dans leur stratégie d’approvisionnement que
les États-Unis pourraient leur interdire d’acheter de l’aluminium de leur
principal fournisseur (Rusal) pour la seule raison que l’actionnaire de ce
four
nisseur est un puissant oligarque russe ? Les industriels américains
étaient eux-mêmes très dépendants de cette source d’approvisionnement.
La pro
ba
bilité d’occurrence d’évènements géopolitiques de ce type est très
difficile voire impossible à évaluer, rendant une approche assurantielle
compliquée à mettre en œuvre.
Une autre question demeure : quelles limites doit-on donner au processus
de sécurisation ? Devons-nous nous prémunir même contre les risques
à très faible probabilité d’occurrence mais engendrant des dégâts très
importants, comme la fermeture de nos frontières ? La sécurisation face
à une « crise » future interroge notre rapport au risque et notre capacité à
prendre en compte les aléas, dont les moins probables ; jusqu’où sommes-
nous prêts à sécuriser un approvisionnement pour une crise qui très
pro
ba
ble
ment ne se concrétisera pas ? Ces stratégies de sécurisation ne
pourront et ne devront pas couvrir tous les risques. Il est nécessaire de
faire des choix sur la base d’une analyse coût-bénéfice. Pour les risques
que nous n’aurons pas su prévoir ou que nous aurons renoncé à couvrir,
l’enjeu principal sera de renforcer la capacité de l’État et des entreprises
à gérer ces crises.
25. Un problème jusqu’ici sans solution
23
Seconde difficulté : anticiper l’évolution
des technologies et des marchés
Les marchés et, de façon plus générale, le monde dans lequel nous prenons
nos décisions évoluent de manière très rapide. Ainsi, même lorsque la
nécessité de sécuriser un approvisionnement ne fait pas de doute à un
instant t, de rapides évolutions technologiques peuvent rendre obsolètes
des projets de sécurisation. Le cas du cobalt illustre bien ce phénomène.
Le boom des véhicules électriques entraîne une demande sans précédent
de cobalt dont le cours, très volatil, a atteint des niveaux records en 2018.
Or, ce sous-produit de l’extraction du cuivre et du nickel est un maillon
vulnérable de la chaîne d’approvisionnement car produit à près de 70 % en
République démocratique du Congo, pays instable et aux faibles standards
sociaux et environnementaux. Si le cobalt est toujours considéré comme
l’un des maillons les plus critiques, le restera-t-il encore pour longtemps ?
Elon Musk, le fameux P.-D.G. de Tesla, tweetait en 2018 et à nouveau
en 2020 son objectif de produire des batteries lithium-ion sans cobalt.
Guidé par les risques « prix » et « disponibilité » du cobalt mais surtout
par l’intérêt d’améliorer les capacités de stockage de ses batteries, Tesla
réduit déjà aujourd’hui son utilisation de cobalt en adoptant, pour ses
véhicules les plus performants, des cathodes NMC (nickel-manganèse-
cobalt) enrichies en nickel. La technologie LFP (lithium-fer-phosphate),
ne requérant ni nickel ni cobalt, est elle aussi plébiscitée. Malgré sa plus
faible densité énergétique, cette cathode est largement utilisée en Chine8
et des constructeurs comme Tesla9
semblent déjà y recourir pour leurs
véhi
cules à plus faible autonomie. Renault a lui aussi exprimé son souhait
en février 2021 d’utiliser la technologie LFP, pour réduire le coût de ses
8 – En mai 2021, la production chinoise de batteries lithium-ion LFP excédait celle des
batteries lithium-ion NMC.
9 – Tesla dispose d’un contrat d’approvisionnement en batterie LFP avec le leader chinois
CATL et serait en discussion avec un autre fournisseur chinois EVE, selon un article
Reuters de mai 2021.
26. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
24
véhicules, avant d’y renoncer quatre mois plus tard10
, lors de la pré
sen
tation de sa stratégie d’électrification, au profit de la technologie NMC.
Compte tenu de la pluralité des stratégies des constructeurs, faut-il
investir financièrement dans la sécurisation des approvisionnements en
cobalt ?
Par ailleurs, même lorsque l’objectif de sécurisation n’est pas remis en
question, les évolutions rapides des marchés peuvent perturber très for
te
ment l’équilibre technico-économique de projets de sécurisation. L’admi
nis
tration et l’industrie chimique françaises gardent ainsi en mémoire le
cuisant échec de l’usine de recyclage de terres rares de Solvay. En 2011,
en pleine crise des terres rares, Solvay avait lancé l’industrialisation à
La Rochelle de son procédé innovant de recyclage de terres rares contenues
dans les ampoules basse consommation. Malheureusement, cinq ans
après, la substitution massive des lampes basse consommation par des
LED a contraint Solvay à fermer cette activité dont la rentabilité était
déjà dégradée par le retour à la normale des exportations chinoises de
terres rares. Pourtant, la France et plus largement l’Europe restent très
dépendantes de la Chine, qui extrait 60 % des terres rares dans le monde et
contrôle plus de 80 % de leur raffinage11
. Les menaces chinoises d’embargo
sur les terres rares sont récurrentes depuis quinze ans, faisant de l’industrie
européenne une victime collatérale des tensions sino-américaines.
10 – En juin 2021, lors de l’annonce du plan d’électrification Renault eWays.
11 – Selon le rapport de l’Agence internationale de l’énergie publié en mai 2021, The Role
of Critical Minerals in Clean Energy Transitions.
27. 25
Chapitre 2
Définir le périmètre
des approvisionnements
stratégiques
Élaborer une stratégie de sécurisation des approvisionnements stratégiques
suppose de définir en amont ce que cette notion recouvre et à qui il appar
tient de déterminer ce qui est stratégique et ce qui ne l’est pas.
Pas de position commune au sein de l’État
aujourd’hui
Au fil d’une centaine de rencontres effectuées en 2020 et 2021, les inter
locu
teurs privés comme publics sont gênés par cette question : « Que
considérez-vous comme stratégique ? ». Il est très difficile de s’entendre sur
une définition unique de cet adjectif. Celui-ci peut d’ailleurs avoir une
connotation assez négative dans le secteur privé. Selon un membre du comité
exécutif d’une entreprise française du CAC 40, il est fréquent de qualifier
de « stratégique » un projet non rentable mais pour lequel l’entreprise doit
continuer à engager des dépenses. C’est aussi un mot fourre-tout, qu’il
est tentant au sein de l’administration et du Gouvernement d’utiliser à
outrance pour flatter son ego en s’associant à la mythologie des grands
stratèges et au rôle central, tant regretté, qu’avait l’État à l’époque du Plan.
De manière générale, les acteurs concernés ne sont pas capables de définir
précisément ce qui est stratégique et ce qui ne l’est pas.
Par ailleurs, aujourd’hui, qui souhaiterait prendre le risque de ne pas
caté
go
riser un produit comme stratégique alors que celui-ci pourrait se
révéler crucial lors d’une crise future ? En 2020, lors de la première vague
28. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
26
de la pandémie de Covid-19, le grand public et les décideurs politiques
découvrent avec effroi que l’Union européenne n’est pas la pharmacie du
monde et qu’elle dépend d’autres pays. Pourtant l’Agence nationale de
sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l’OCDE
enregistrent depuis plusieurs années des tensions d’approvisionnement
pour un nombre croissant de médicaments. Alors que des discussions
débutent en France et à la Commission européenne sur l’intérêt de stocker
certains médicaments dits essentiels, nous découvrons qu’il existe déjà une
liste en France : celle des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur.
Mais, ô surprise, cette liste à la Prévert contient près de 4 000 références,
soit près de la moitié du nombre de médicaments distribués en France !
Impossible, alors qu’il y a en moyenne une trentaine d’étapes de fabrication
par médicament, d’analyser nos vulnérabilités pour 120 000 maillons.
Pour autant, personne ne souhaite élaguer la liste et prendre le risque de
ne pas stocker un médicament susceptible d’être en rupture. Lister les
produits et services stratégiques relève d’un arbitrage risqué et interroge à
nouveau notre rapport aux probabilités et à l’incertain.
De fait, au sein de la sphère publique, il n’existe pas de vision partagée du
périmètre couvert par le mot « stratégique ». L’absence de cohérence est
totale et de multiples définitions coexistent, renforçant un peu plus les
diffi
cultés à collaborer de certains ministères. Ainsi, sans réaliser une liste
exhaustive, les opérateurs d'importance vitale (OIV) sont définis par l’État
comme des organisations ayant des activités indispensables à la survie de la
nation ou dangereuses pour la population. Le filtrage des investissements
étrangers prévu par la loi PACTE fait appel à des notions d’ordre et de
sécurité publique ou de défense nationale mais entend aussi protéger les
secteurs d’avenir. Le ministère des Armées, quant à lui, qualifie la base
industrielle et technologique de défense (BITD) d’industrie stratégique
« terreau de notre souveraineté ». Enfin l’agence des participations de l’État
(APE), dans sa doctrine révisée en 2017, identifie les entreprises stratégiques
comme celles du secteur de la défense et du nucléaire, celles participant
à des missions de service public ou d’intérêt général pour lesquelles la
régulation ne permet pas de préserver les intérêts publics ou celles dont la
disparition pourrait entraîner un risque systémique.
29. Définir le périmètre des approvisionnements stratégiques
27
Ainsi, lorsque le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance,
Bruno Le Maire, s’émeut, au nom de la souveraineté alimentaire et de la
défense du premier employeur de France, de la volonté du canadien Couche-
Tard de mettre la main sur le français Carrefour au début de l’année 2021,
que penser de son inaction, et plus largement de celle de l’État, lorsque
Tesla signe un contrat d’achat d’une partie de la production de la mine et
de l’usine de nickel de Goro en Nouvelle-Calédonie ? Ce contrat a été signé
en mars 2020 dans le cadre de la cession de l’usine par le brésilien Vale à
un consortium comprenant notamment le trader minier suisse Trafigura
alors qu’Eramet, minier français, dispose de plusieurs activités minières
de nickel en Nouvelle-Calédonie12
. Les acteurs français de l’automobile
tels que Stellantis et Renault, pourtant en plein virage électrique, et les
nouveaux acteurs des batteries lithium-ion tels qu’ACC13
, qui s’inquiètent
de leurs approvisionnements, ne semblent pas sécuriser leurs besoins en
métaux comme le fait Tesla. Aucun accès d’interventionnisme concernant
le nickel n’a été perceptible au sein du Gouvernement. S’il est évident
que la situation politique en Nouvelle-Calédonie est particulière et que
le Gouvernement calédonien cherche à reprendre la main sur l’activité de
production de nickel, la filière des batteries lithium-ion n’est-elle donc
plus stratégique pour la France et l’Union européenne ? Tesla est-il plus
rapide que l’État ou que les acteurs industriels français pour prendre une
décision risquée ?
Dans cette cacophonie de produits et d’activités stratégiques, comment
ne pas approuver l’adage stipulant que « si tout est stratégique alors rien
ne l’est » ? Car c’est bien là que réside le fond du problème : en refusant
de trancher sur la signification de ce terme, l’État se prive d’une action
12 – Eramet dispose via la Société Le Nickel (SLN), dont elle est actionnaire à 56 %, de
5 titres miniers en activité en Nouvelle-Calédonie : Thio, Kouaoua, Népoui, Tiébaghi et
Poum et d’une usine de traitement du minerai.
13 – Automotive Cell Company (ACC) est une joint-venture entre Stellantis et Saft (Total).
L’entreprise ambitionne de produire à horizon 2030 48 GWh de batteries lithium-ion en
France et en Allemagne. Dans le cadre d’un Projet important d’intérêt européen commun
(IPCEI) sur les batteries, ACC a bénéficié d’1,3 milliard d’euros de subventions des États
français et allemand.
30. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
28
coordonnée et percutante sur ce qui est décidé comme étant vraiment
stratégique. Les produits et services n’ont pas un caractère stratégique
intrinsèque, ce caractère relève d’une décision politique des acteurs publics.
L’élaboration d’une définition commune des biens et produits straté
giques devrait permettre aux administrations et ministères de dépasser les
différences et parfois les contradictions qui les entravent. Faire le choix de
ce qui est stratégique et de ce qui ne l’est pas à un instant t est essentiel
pour prioriser l’action de l’État, coordonner les différents ministères et
arrêter de traiter en parallèle de trop nombreux projets. De plus, ce chemi
ne
ment collectif permettra de ne plus utiliser le mot « stratégique » comme
un mot fourre-tout.
Une première piste de définition
Les différentes définitions existantes, imparfaitement superposables, pos
sè
dent un dénominateur commun : celui de faire appel aux concepts de
fonctions vitales et de souveraineté économique. C’est notamment le cas
des définitions données par la Commission européenne dans sa stratégie
indus
trielle de 202014
et par le Haut-Commissariat au Plan15
.
Les produits et services qui sont des fonctions vitales pour les citoyens, telles
que l’alimentation, la santé ou l’approvisionnement en pétrole16
, touchent
14 – « Strategic dependencies affect the EU’s core interests. They notably relate to areas as regards
security and safety, the health of Europeans as well as the ability to access goods, services and
techno
logies that are key for the green and digital transitions at the core of the EU’s priorities. »
15 – Dans une note datant de décembre 2020, le HCP définit ce qui est stratégique comme
ce qui « assure la sécurité ou la continuité de la vie de la Nation en cas de crise brutale » et
également comme « ce qui assure la souveraineté de la Nation au regard des objectifs prioritaires
qu’elle se fixe » en ajoutant « peut également être pris en considération le poids d’une activité dans
l’économie nationale ».
16 – Nous considérons l’approvisionnement en pétrole comme une fonction vitale car
nos sociétés actuelles restent extrêmement dépendantes au pétrole en particulier pour la
mobilité individuelle. Cela sera, sans doute, amené à évoluer dans les prochaines décennies.
Cet exemple montre bien que la définition du périmètre des approvisionnements
stratégiques est un exercice dynamique.
31. Définir le périmètre des approvisionnements stratégiques
29
directement au quotidien des citoyens d’un pays et à sa pérennité, au sens
où toute rupture entraîne une perturbation immédiate de la vie de la nation.
Le concept de souveraineté relève quant à lui d’une interprétation politique
propre à chaque pays car il découle du projet politique commun dudit
pays ou de la communauté de pays. Il peut s’agir de produits ou services
constituant des technologies critiques ou d’avenir dans le cadre, par exemple,
des transitions digitale et écologique. C’est le cas des semi-conducteurs
ou des batteries Li-ion pour les véhicules électriques. Il peut s’agir aussi
de produits et services qui irriguent des pans entiers de l’économie, qui
sont non substituables (du moins avec les connaissances et technologies
actuelles) et qui ont un caractère systémique pour les activités productives.
C’est le cas des métaux de base comme l’aluminium utilisé dans les secteurs
aéronautique, automobile, de la construction et de l’emballage.
Cette catégorisation fonctionne pour toute organisation. Les entreprises
privées doivent donc s’interroger elles aussi, à leur échelle, sur les activités et
les intrants qui sont stratégiques pour leur pérennité à court terme (fonctions
vitales) et pour leur innovation et leur croissance (souveraineté stratégique).
S’il est aisé de distinguer ces deux champs de réflexion, l’État ne parvient
pas aujourd’hui à donner une liste claire de ce qui relève de chacune de
ces deux catégories, notamment de la souveraineté économique du pays.
Sur la foi de la centaine d’entretiens conduits pour préparer cet ouvrage,
il apparaît important que l’État définisse une doctrine précise et unique
distinguant ce qui est stratégique de ce qui ne l’est pas, afin de guider son
action. Cette doctrine n’a pas vocation à remplacer l’action de chaque
entreprise privée, confrontée à des enjeux de sécurisation d’appro
vision
nement qu’elle gère majoritairement en autonomie, mais guide l’action de
l’État sur les segments stratégiques à l’échelle du pays.
Un dialogue renforcé entre le politique, l’administration et les entreprises
permettrait de constituer une première liste, forcément évolutive, de
produits et services stratégiques et de fixer des priorités à l’action et aux
financements publics. Si la définition des actifs stratégiques relève in fine
de choix politiques, ceux-ci devront s’appuyer sur l’expertise et les travaux
32. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
30
d’analyse de l’administration, elle-même alimentée par ses échanges avec
les entreprises.
Cette doctrine devrait impliquer la décision politique et ce, pour deux
raisons. Premièrement, et cela décevra les plus technocrates d’entre nous,
il est clair que le caractère stratégique d’un produit ou d’un service ne
peut pas être totalement objectivé. Ceci est particulièrement vrai pour
le critère de souveraineté économique qui renvoie directement à des
choix de sociétés. Le caractère stratégique intègre des critères sociaux,
économiques et culturels et doit répondre aux objectifs fixés par les res
pon
sables politiques et, à travers eux, aux aspirations de toute la société
civile. Bref c’est un choix éminemment politique. Deuxièmement, comme
décrit plus haut, il est impossible de prédire avec certitude les futures
ruptures d’approvisionnement et les prochaines crises. C’est un choix
risqué et prospectif : il faut donc identifier le bon échelon permettant
d’assumer cette responsabilité. Le président de la République et les parle
men
taires sont typiquement des responsables politiques à même de
prendre ce type de décision, de l’inscrire dans la durée et de mener le débat
démo
cratique nécessaire à la définition des secteurs stratégiques français
et à leur évolution. Ces décisions seraient alimentées par les analyses
de l’administration dont l’expertise est complémentaire de la légitimité
démocratique du politique.
Mais l’État n’est pas, ou plus, un acteur opérationnel de l’économie, au
sens où il a essentiellement un rôle d’encadrement, de redistribution et
de réglementation plutôt que d’activité productive. Comment pourrait-il
déterminer seul les produits et services stratégiques alors qu’il n’est pas un
acteur industriel ? Si cela paraît évident pour des secteurs relevant de la
souveraineté économique tels que l’industrie aéronautique et automobile,
cela est aussi vrai pour des secteurs relevant des fonctions vitales, où l’État
est réglementairement plus présent.
Prenons l’exemple d’un secteur très encadré par la sphère publique tel que
la santé. Si l’État dispose d’une mine de données inutilisées via les auto
ri
sations de mise sur le marché des médicaments (intrants, localisation
33. Définir le périmètre des approvisionnements stratégiques
31
des sites de production, fournisseurs jusqu’au rang des principes actifs
chimiques), il ne dispose pas des données de terrain de manière aussi
directe qu’un industriel opérant son site de production. Pire, dans les
secteurs moins réglementés que la santé – c’est-à-dire à peu près tout le
reste de l’économie – il dépend directement du bon vouloir des industriels
pour accéder à leurs données. Si l’administration française développe une
expertise fine17
, l’est-elle au niveau des industriels lorsqu’il s’agit d’anticiper
les mutations ? Les entreprises sont les premières à pouvoir percevoir de
façon fine les évolutions de leur marché. D’abord parce que c’est vital
pour leurs activités : elles doivent constamment s’adapter et trouver des
nouveaux leviers de croissance au gré de ces évolutions. Ensuite parce
qu’elles disposent d’une expertise industrielle et d’une connaissance du
monde des affaires inégalables par la majorité des fonctionnaires qui, pour
la plupart, n’ont jamais travaillé au sein d’une telle structure.
Ainsi, les acteurs politiques ne sont compétents que s’ils s’appuient sur les
acteurs de l’économie (les entreprises) et sur leurs experts (l’administration).
Il est donc essentiel de renforcer le trilogue entre les entreprises privées,
l’administration et le politique. Des propositions pour favoriser ce dia
logue sont développées dans la suite de cet ouvrage.
17 – Pour cet exemple, la Direction générale des entreprises ou l’Agence nationale de
sécurité du médicament et des produits de santé.
34. 32
Chapitre 3
Analyser les vulnérabilités
des chaînes de valeur
La définition du périmètre des approvisionnements stratégiques doit
néces
sairement être couplée à une analyse fine des risques de rupture
d’approvisionnement sur les différentes chaînes de valeur. Un travail qui
exige la coopération entre État et industriels.
Ne pas se tromper de cible
Trois exemples récents montrent l’importance d’analyser les chaînes de
production, de la matière première au produit fini, pour bien identifier
les vulnérabilités.
La crise des terres rares de 2011 a conduit le Japon mais aussi l’Union
euro
péenne et les États-Unis à prendre conscience de leur dépendance
vis-à-vis de la Chine18
. Les États-Unis cherchent depuis à relancer leur
production nationale de terres rares. La dernière mine de terres rares aux
États-Unis, Mountain Pass, fermée en 2003 par manque de rentabilité
économique, a été relancée en 2017 avec le soutien du ministère amé
ricain de la Défense. Cependant, les États-Unis sont encore contraints
d’envoyer les minerais en Chine pour l’étape de raffinage car ils ne
disposent plus de capacités de transformation de ces minerais sur leur
18 – Bien que ne disposant que de 40 % des réserves mondiales connues, la Chine concentre
plus de 80 % de la production mondiale de terres rares.
35. Analyser les vulnérabilités des chaînes de valeur
33
territoire19
. Cet exemple montre bien que la dépendance ne se situe pas
forcément au niveau de la matière première.
Par ailleurs, l’analyse de ruptures d’approvisionnement, notamment en
médi
ca
ments, montre que la relocalisation n’est pas en soi un gage de
sécurisation. En 2018, à cause de rejets toxiques, l’usine française de
Mourenx de Sanofi a été mise à l’arrêt pendant près de 6 mois. Or, cette
usine couvrait plus de 70 % de la production mondiale de valproate de
sodium, le principe actif d’un traitement majeur contre les épilepsies.
Cela a causé de nombreuses tensions d’approvisionnement en Europe,
entraînant notamment la mise en place de mesures de contingentement
de la distribution en France. Dans cet exemple, le risque de rupture n’était
pas dû à la localisation du site de production mais à la concentration des
acteurs de l’industrie pharmaceutique.
Enfin, l’affaire Rusal en 2018 a montré que la diversification des fournis
seurs directs peut se révéler fictive dans la mesure où ces fournisseurs
peuvent dépendre du même producteur en amont. Les industriels auto
mobiles et aéronautiques s’approvisionnaient en aluminium auprès du
groupe russe Rusal mais aussi d’alumineries et fonderies françaises,
donnant ainsi l’impression d’une certaine sécurité d’approvisionnement.
Or, ces alumineries importaient leur alumine de l’usine Aughinish détenue
à 100 % par le groupe Rusal. Une décision de l’OFAC au prin
temps
2018 visant notamment l’oligarque russe Oleg Deripaska, actionnaire
majoritaire de la société Rusal, a ainsi menacé la quasi-totalité des appro
visionnements français en aluminium. Il est donc nécessaire pour les
industriels de connaître leur chaîne de valeur au-delà de leur fournisseur
de rang 1, ce que peu d’entreprises semblent pourtant faire.
19 – Jusqu’au milieu des années 1980, le marché mondial des terres rares (extraction et
raffinage) était dominé par les États-Unis qui se sont progressivement détournés de ces
activités en raison notamment de l’impact environnemental de cette industrie.
36. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
34
Une organisation industrielle mondiale
présentant des fragilités
Les systèmes de production actuels sont structurés en chaînes de valeur
mondiales. Une chaîne de valeur désigne l’ensemble des activités pro
duc
tives réalisées par les entreprises en différents lieux géographiques au
niveau mondial pour amener un produit ou un service du stade de la
conception au stade de la production et de la livraison au consommateur
final.
La littérature économique a mis en évidence une fragmentation de ces
chaînes de valeur depuis le milieu des années 1990 : le commerce mondial
porte de plus en plus sur l’échange de biens intermédiaires et non plus
seulement de biens finis (Gerschel, Martinez et Méjean, 2020)20
. La
spécialisation internationale ne repose plus sur l’équilibre global des
avantages comparatifs des pays dans la production des biens finaux, mais
sur les avantages comparatifs de ces pays sur des tâches qu’ils accomplissent
à un stade donné de la chaîne de valeur. L’économiste Isabelle Méjean
explique21
ainsi que cette fragmentation a conduit à une très forte concen
tration des étapes de production dans un petit nombre d’entreprises et
souvent de pays, sous l’effet de la spécialisation des entreprises et des
économies d’échelle. Cela entraîne des gains considérables de coûts de
production, mais également une fragilité accrue de nos systèmes de pro
duction face à des chocs idiosyncrasiques (c’est-à-dire spécifiques à une
entreprise, par opposition à un risque systémique).
20 – La part de biens intermédiaires dans le commerce mondial a fortement augmenté
depuis le début des années 1990, représentant aujourd’hui deux tiers du volume global
des échanges.
21 – Dans un entretien paru dans Le Grand Continent en juillet 2020.
37. Analyser les vulnérabilités des chaînes de valeur
35
Une nécessaire coordination entre l’État
et les industriels
Toute stratégie de sécurisation doit donc s’appuyer sur une analyse de la
chaîne de valeur afin de déterminer le ou les maillons les plus critiques
et les moyens de sécurisation les plus pertinents. Or, aujourd’hui, cette
vision fait défaut au sein de l’Administration du fait de la séparation des
périmètres des ministères entre ce qui touche aux sujets matières pre
mières (ministère de la Transition écologique) et les sujets de production
indus
trielle (ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance).
Cette approche commence certes à s’imposer, comme le montrent les
deux premiers rapports d’étape de 2020 du plan de programmation des
ressources minérales pour la transition énergétique et les récents travaux
de la Commission européenne sur les approvisionnements stratégiques.
Toutefois, cette démarche se heurte encore à un manque de connaissance
des chaînes d’approvisionnement des entreprises, pointé depuis plusieurs
années par de nombreux rapports.
Il faut dire que, pendant longtemps, les industriels eux-mêmes se sont
contentés de reporter l’effort de sécurisation sur leurs fournisseurs de rang 1.
Les enjeux RSE, notamment sur les conditions d’extraction de certains
métaux, ont amené certains industriels à remonter leur chaîne d’appro
vision
nement. Comme nous l’expliquerons plus précisément par la suite,
cette connaissance peut aussi être un gage de compétitivité des industriels,
assurant sécurisation et approvisionnement à meilleur coût.
Mais aujourd’hui encore, du point de vue de l’État, la méconnaissance
des chaînes de valeur empêche la puissance publique d’identifier nos
principales vulnérabilités. Comme l’indique la Commission européenne
dans la récente mise à jour de sa stratégie industrielle 2020, la crise sani
taire a mis en évidence le besoin d’avoir une meilleure connaissance et
compréhension des vulnérabilités des approvisionnements stratégiques
européens. De son côté, le Comité des métaux stratégiques (COMES),
réunissant industriels et représentants de l’administration et mis en place
38. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
36
à la suite de la crise des terres rares en 2011, a certes permis de lancer les
discussions sur l’identification des vulnérabilités des approvisionnements
en ressources minérales non énergétiques mais il ne permet toujours pas
d’avoir une vision précise des chaînes de valeur.
Comme l’expliquent les interlocuteurs de la direction générale du Trésor
ainsi que des économistes comme Isabelle Méjean, les bases de données
actuelles ne permettent pas d’isoler les flux de réexportation et donc de
détecter les vulnérabilités indirectes à travers les fournisseurs de rang 2 ou
plus : par exemple si la France importe un bien en provenance d’Allemagne,
ces données ne permettent pas de distinguer s’il s’agit d’un même bien en
provenance de Chine, importé en Allemagne et réexporté vers la France, ou
simplement d’un bien produit en Allemagne et exporté vers la France22
. Il
est donc fort possible que les analyses actuelles sous-estiment la dépendance
de la France et de l’Union européenne à certains pays si les produits ont
transité par un pays tiers. Par ailleurs, la concentration des acteurs (qui
peuvent être transnationaux), source de vulnérabilité importante, n’est
pas prise en compte. Une grande partie des chaînes de valeur des pays
de l’Union européenne étant localisée au sein du continent européen
(Bonneau et Nakaa, 2020)23
, une première analyse des dépendances et
fragilités de ces chaînes au niveau européen permettrait déjà d’identifier la
majorité des vulnérabilités de nos approvisionnements.
Si l’analyse des données doit donc être développée, elle ne sera pas un outil
permettant de déceler seul l’ensemble des vulnérabilités et maillons cri
tiques d’une chaîne. Elle devra être complétée par une analyse industrielle.
22 – Les tableaux entrées-sorties internationaux permettent quant à eux de mesurer
l’exposition totale (pas seulement de rang 1) mais ne sont pas suffisamment désagrégés
(56 catégories).
23 – La production industrielle de la France inclut directement près de 40 % d’intrants
étrangers, dont plus de la moitié provient de pays européens. Ce phénomène est commun
à l’ensemble des pays européens.
39. Analyser les vulnérabilités des chaînes de valeur
37
Évaluer les vulnérabilités de chaque maillon
de la chaîne
La criticité des approvisionnements dépend de deux paramètres : leur
caractère stratégique et les vulnérabilités propres (ou risque de rupture)
des différents maillons concernés. Issue d’un exercice commun avec un
groupe de quinze élèves de l’ENA en mars 202124
, et s’appuyant sur
plusieurs études de cas, la grille d’analyse ci-après (figure 3.1) comporte les
principaux facteurs de vulnérabilité des chaînes de valeur. Elle distingue
d’abord les facteurs macroéconomiques caractérisant le marché, comme
le taux de dépendance aux importations, la concentration géo
graphique
des importations ou l’existence de pratiques nationales anti
con
cur
ren
tielles. Elle isole ensuite les facteurs microéconomiques caractérisant
l’environnement concurrentiel et les entreprises : concentration du nombre
d’entreprises, fiabilité industrielle (dépendant notamment de la maîtrise
du processus industriel par les acteurs) ou risques environ
ne
men
taux et
sociaux de l’activité industrielle. Elle repère enfin les facteurs technico-
économiques liés aux caractéristiques des alternatives au circuit de produc
tion actuel : la recyclabilité, la substituabilité, la stockabilité ou le temps
de développement de nouvelles capacités de production.
L’évaluation du niveau de vulnérabilité peut s’appuyer sur des critères
quantitatifs, tels que le taux de dépendance aux importations ou la concen
tration de l’offre avec l’indice de Herfindahl-Hirschman, ou sur une analyse
qualitative, par exemple pour les risques environnementaux et sociaux liés
à l’activité productive. Ce type d’analyse permettrait à l’État de prioriser les
actions de sécurisation en s’appuyant sur une grille d’analyse unique. Les
entreprises pourraient, elles aussi, mobiliser ce type d’outil afin d’élaborer
leur stratégie de sécurisation des approvisionnements.
24 – Cet exercice commun ENA – Corps des mines a donné lieu à la rédaction d’un
rapport en mars 2021 remis à la Direction générale des entreprises. Il est à noter que ce
rapport ne relève pas d’une mission officielle de l’administration et s’inscrit dans la scolarité
des élèves du corps des mines et de l’ENA.
40. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
38
Les acteurs publics et privés disposent ensuite d’un panel d’actions de
sécuri
sation qu’il conviendra d’explorer. Les actions de sécurisation
peuvent prendre différentes formes, selon l’objectif visé ainsi que les
spécificités des vulnérabilités, telles que le soutien à la création de nouveaux
acteurs via les Projets d’importance d’intérêt européen commun, l’appui à
l’implantation de champions étrangers sur le territoire européen, la mise
en place d’accords commerciaux, l’intégration de critères de sécurisation
dans la commande publique ou la constitution de stocks stratégiques.
À titre d’exemple, cette méthode est ici appliquée à la filière aluminium
européenne. Nous identifions notamment qu’un soutien à la filière recy
clage de l’aluminium serait particulièrement avisé pour pallier la forte
concentration des acteurs en amont (bauxite et alumine) et ainsi réduire
notre dépendance sur ces deux maillons les plus exposés – les risques
environnementaux liés à la production d’alumine ne permettant pas
actuel
lement d’envisager une augmentation des capacités en Europe.
Dans un contexte de croissance des besoins en aluminium, le recyclage ne
pourra cependant pas couvrir l’intégralité des besoins. Une attention toute
particulière doit donc être portée à l’évolution des maillons « bauxite » et
« alumine » afin d’envisager un éventuel soutien à la diversification des
approvisionnements.
La connaissance parfaite des chaînes est naturellement utopique mais
il reste nécessaire, avant toute décision de sécurisation, d’explorer ces
différents axes d’analyse, même si certaines zones d’incertitude persistent.
41. Analyser les vulnérabilités des chaînes de valeur
39
Figure 3.1 – Matrice d’analyse des vulnérabilités appliquée à la chaîne de valeur
de l’aluminium
ANALYSE CRITÈRES
Bauxite
Alumine
Aluminium
métal
primaire
Aluminium
métal
secondaire
Produits
semi-finis
Macroéconomique
(marchés)
Taux de dépendance aux importations
Concentration géographique
des importations
Caractère déficitaire du marché
Distorsion de concurrence (politiques
commerciales / industrielles)
Economie
industrielle
(acteurs)
Concentration des entreprises
fournisseurs (nombre et part)
Concentration de l'actionnariat ou
de sa nationalité
Fiabilité industrielle
Risques sociaux et environnementaux
Technico-
économique
(alternatives)
Recyclabilité / /
Substituabilité
Transportabilité et stockabilité
Temps de développement de
nouvelles capacités de production
Non significative
Forte
Limitée Modérée
Non applicable
Vulnérabilité
/
43. 41
Partie II
Quels rôles respectifs de l’État
et des entreprises ?
Face aux enjeux de sécurisation des chaînes de valeurs, deux tentations
opposées se font jour.
Les nostalgiques du Plan et les admirateurs de la puissance du régime
autoritaire chinois vantent les mérites d’un interventionnisme sans
limite, donnant l’illusion de reprendre le contrôle sur un monde qui
nous échappe. Cette tentative de maîtrise de l’économie a déjà été
mise en œuvre en France, suite au premier choc pétrolier, lors de la
création en 1975 du Stock national de matières premières minérales
puis en 1980 de la Caisse française des matières premières (CFMP).
Des stocks physiques de métaux et minerais, dont des métaux de base
comme le cuivre, étaient directement détenus par l’État pour une
valeur maximale atteinte en 1983 de 460 millions d’euros. Ils furent
liquidés progressivement jusqu’à la dissolution de la CFMP en 1997,
et n’ont à notre connaissance jamais servi. Véritable échec financier, ce
stock fut constitué au moment où les cours étaient très élevés puis cédé
au moment où les prix étaient faibles. Sa lourdeur administrative et
son incapacité à suivre les évolutions technologiques ont, notamment,
eu raison de la CFMP.
44. 42
Les plus libéraux optent quant à eux pour le laisser-faire. Ils vouent une
confiance absolue aux marchés pour assurer les approvisionnements.
Hors de question, pour ces adeptes de Capitalisme et liberté de Milton
Friedman, de mettre en place une action coordonnée, publique ou
privée, de sécurisation des intrants stratégiques pour l’industrie ! Rien
ne peut rivaliser avec l’efficience du marché : chacun son métier et la
productivité n’en sera que meilleure.
Essayons de dépasser ces deux postures idéologiques et d’imaginer une
voie médiane, conçue comme la jonction pragmatique de l’autonomie
stratégique et du libre-échange.
45. 43
Chapitre 4
Entreprises privées : le retour
d’une intégration verticale ?
Les tensions accrues sur les chaînes d’approvisionnement mettent à risque
les acteurs privés dans un espace de compétition exacerbée. Outre les enjeux
de gouvernance et de compliance sur l’ensemble des maillons de la chaîne,
d’analyse des risques, ou encore de manœuvre d’ingérence sur les cours
des matières premières, ces risques structurels accrus pour les entreprises
peuvent conduire à penser qu’ils étaient mieux gérés lorsque les supply
chains étaient plus simples et intégrées au sein de grands conglomérats.
Pourtant, d’après les échanges avec de nombreux industriels, il paraît peu
probable que les entreprises mettent fin aux processus d’externalisation
qu’elles s’emploient à développer depuis les années 1990, dans une logique
de spécialisation, d’optimisation des coûts et d’efficacité opérationnelle.
Elles ne se transformeront pas, à rebours de la transition tout juste effectuée,
en des conglomérats contrôlant l’intégralité de leurs chaînes de valeur,
comme ce fut le cas avec Pechiney25
par exemple.
Les entreprises ne s’abandonneront pas pour autant à une pure logique
de laisser-faire. Auparavant, l’intégration d’une nouvelle activité par une
entreprise était guidée par l’avantage comparatif que cela lui procurait.
Dit simplement : « Est-ce que je vais mieux produire que mon fournisseur,
en termes de qualité et de coûts ? ». Sans disparaître, la prévalence de ces
avantages comparatifs sera très probablement complétée, voire surpassée, par
25 – Pechiney était un groupe industriel français actif jusqu’en 2003 dans les domaines
de l’aluminium, de l’électrométallurgie, de l’emballage, de la chimie et du combustible
nucléaire. Pechiney contrôlait l’intégralité de la chaîne de valeur de la mine de bauxite
aux produits semi-finis. Une grande partie des activités industrielles de l’aluminium qui
subsistent aujourd’hui en France, dont les deux dernières alumineries françaises et les
usines de Constellium, appartenaient au groupe.
46. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
44
la notion de criticité. Sans forcément s’attaquer aux grandes commodités,
les acteurs privés prendront la décision de prendre position sur une activité
en amont de leur chaîne de valeur si ce maillon présente un risque de
rupture significatif, qu’il soit de nature géopolitique, monopolistique ou
encore environnemental et social. Cela ne passera pas forcément par une
intégration verticale et pourra se limiter, par exemple, à des partenariats tels
que des contrats d’achat à long terme, qui peuvent protéger du risque « prix »
mais pas forcément du risque « disponibilité ». Cependant, cela traduira de
la part des industriels une capacité d’analyse fine des chaînes de valeur afin
d’identifier les vulnérabilités les plus critiques.
Le véhicule électrique, une pile au réveil
interventionniste
Certains acteurs l’ont déjà bien compris et en tirent un franc succès, même si
c’est loin d’être le cas de la majorité d’entre eux. L’hétérogénéité des positions
est notamment très frappante dans le secteur des véhicules électriques. Tesla
se rêve en conglomérat surpuissant et investit de la mine au produit fini,
grâce à une excellente connaissance de sa chaîne de valeur et à un rapport
de force plus que favorable pour ce géant capitalistique. L’approche de
Renault-Nissan-Mitsubishi est longtemps restée à l’opposé de celle deTesla.
Ce mastodonte international, pourtant précurseur avec la ZOE, est apparu
frileux de prime abord à l’idée de ne faire autre chose que de l’assemblage
de voitures, le reste « n’étant pas son métier ». Le groupe a ensuite changé
de braquet. Le constructeur a investi en mars 2021 dans le recyclage des
batteries Li-ion26
et, fin juin 2021, Renault a pris le parti de sécuriser de
façon plus interventionniste la production de cellules de batteries : d’une
part en accueillant et en cofinançant sur son site historique de Douai
26 – Le 18 mars 2021, Solvay, Veolia et Renault annoncent s’allier dans le recyclage des
batteries des véhicules électriques.
47. Entreprises privées : le retour d’une intégration verticale ?
45
l’arrivée du producteur de batteries chinois Envision27
et d’autre part en
investissant comme actionnaire et futur client dans la start-up française
Verkor28
. Des acteurs allemands adoptent des positions intermédiaires et
interventionnistes sur l’amont : BMW a signé en juillet 2020 un contrat
sur 5 ans couvrant un cinquième de ses besoins en cobalt avec le mineur
marocain Managem, afin de se protéger des risques réputationnels, sociaux
et géopolitiques de la République démocratique du Congo29
. BMW dispose
également d’un minimum de deux sources de lithium via des contrats signés
en 2019 avec un site minier australien et en 2021 avec le producteur Livent
en Argentine. Volkswagen se rapproche de Tesla et a dévoilé, lors de son
Power Day en mars 2021, la volonté de produire des cellules selon un design
unique lui permettant d’atteindre un volume compétitif. Cette production
sera a priori réalisée avec ses partenaires tels que Northvolt, acteur norvégien
détenu à 20 % par Volkswagen.
Outre une meilleure résilience de leur chaîne d’approvisionnement – mot à la
mode signifiant une meilleure résistance à des chocs exogènes – une approche
plus interventionniste en amont semble donc être un gage de compétitivité
des grands industriels. C’est notamment grâce à leur connaissance accrue de la
chaîne de valeur et de l’écosystème de chaque maillon de leur chaîne queTesla
et Apple ont réussi à innover, respectivement en lançant leur propre batterie
27 – Lors du sommet Choose France de juin 2021, Renault a annoncé un investissement
d’1,5 milliard d’euros pour l’implantation de la filiale AESC d’Envision à Douai. Nissan
possède 20 % d’AESC, entreprise partiellement vendue en 2018 à Envision.
28 – Verkor est une start-up grenobloise spécialisée dans la production de batteries lithium-
ion, issue de l’EIT InnoEnergy européen et créée en 2020. Elle ambitionne de produire 50
GWh en France d’ici 2030 et a réalisé fin juin 2021 une levée de fonds de 100 millions
d’euros. Renault détiendrait suite à cette levée environ 20 % du capital.
29 – L’accord de 100 millions d’euros couvre la période 2020-2025 et prévoit un achat
direct de cobalt par BMW auprès de Managem et suit l’annonce de la signature d’un
même contrat entre Tesla et Glencore.
48. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
46
aux spécifications uniques30
et en concevant leur propre microprocesseur31
.
Plus encore, grâce à leur pouvoir de négociation, ces grands donneurs d’ordre
peuvent conclure des contrats entre deux de leurs fournisseurs dans une
logique d’achat-revente et s’assurer à la fois de la traçabilité et de la disponibilité
de la matière mais aussi potentiellement d’un meilleur prix. Une meilleure
connaissance de sa chaîne de valeur signifie alors un meilleur contrôle des
coûts tout au long de celle-ci. C’est ce queTesla semble avoir fait en négociant
directement les métaux de la batterie tel que le cobalt avec Glencore.
Certains industriels français adoptent également une approche très inter
ven
tion
niste de maîtrise des chaînes de valeur. C’est le cas de STMicroelectronics
– acteur franco-italien historique des semi-conducteurs – pour la sécurisation
de ses approvisionnements en substrat de carbure de silicium, matériau
semi-conducteur permettant d’augmenter in fine l’autonomie des véhicules
électriques32
. Identifiant un risque de forte tension sur ce marché émergent,
STMicroelectronics a noué des partenariats stratégiques avec les deux
principaux fabricants mondiaux : l’américain Cree et le japonais Rohm en
30 – Le lancement lors du Tesla Battery Day en septembre 2020 d’une nouvelle cellule
de batterie conçue et fabriquée par Tesla lui permet de devenir producteur de batteries, et
non plus seulement constructeur de véhicules électriques. Tesla améliore ainsi sa capacité
à gérer la supply chain attenante dans un contexte où tous les constructeurs automobiles
effectuent un virage vers l’électrique et où la compétition sur les ressources est très forte.
De plus, riche de son expertise et de son expérience glanée – a priori en partie – auprès de
ses fournisseurs, Tesla a conçu une cellule de batterie aux spécifications uniques (tabless
design, volume supérieur de la cellule, composition riche en nickel et en silicium, etc.) qui
devraient lui permettre d’améliorer à la fois les performances techniques de ses véhicules
mais aussi ses coûts et sa marge.
31 – Après avoir internalisé la conception des microprocesseurs de son iPhone en 2010,
Apple a décidé en 2020 de concevoir ses propres microprocesseurs pour ordinateurs,
mettant fin à quinze ans de relation commerciale avec Intel. Cette décision lui permet
non seulement de réduire sa dépendance à un composant critique mais aussi d’offrir à
ses clients une architecture commune à toutes les lignes de produits (téléphones, tablettes
et ordinateurs). L’étape de fonderie de la production de ces processeurs sera assurée par
l’acteur taiwanais TSMC.
32 – Les semi-conducteurs SiC permettent de réduire les pertes et d’opérer à haute
tension ce qui est très favorable aux applications de gestion des batteries dans les véhicules
électriques.
49. Entreprises privées : le retour d’une intégration verticale ?
47
Renault
Renault
BMW
Volkswagen
Tesla
Tesla
Contrats : cobalt
au Maroc, lithium
en Argentine et
en Australie
Investissements
Envision et Verkor
JV Northvolt
pour produire
des cellules
en Allemagne
« La mine
c’est pas
mon métier »
Métaux et
minerais
ex : Li, Ni,
Co,...
Stratégie
« marché roi »
Stratégie
« internalisation »
Cellules
des batteries
Multiples contrats
d’approvisionnements.
Projet d’ouverture mine
de lithium
Lancement
de leurs
propres cellules
+ multiples
fournisseurs
Composants
Figure 4.1 – Différences stratégiques sur la sécurisation des approvisionnements
dans le secteur des véhicules électriques
(non exhaustif de l’ensemble des acteurs)
50. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
48
signant notamment des contrats d’achat long terme. Par ailleurs, anticipant
des risques de limitation des exportations par les États-Unis et le Japon,
STMicroelectronics a choisi d’acquérir en 2019 un fabricant européen de
plaquettes en carbure de silicium Norstel AB et a annoncé le lancement
en 2022 d’une usine de substrats de carbure de silicium.
Des stratégies individuelles limitées
face aux risques
Ces différents exemples illustrent non seulement la prise en compte par
certains industriels des enjeux de sécurité d’approvisionnement mais
surtout le fait que cela constitue pour eux un véritable avantage compé
ti
tif. Cependant, l’État aura également un rôle à jouer afin de pallier
les fragilités accrues (Belaich, 2020) de l’économie structurée autour
de chaînes de valeur mondiales et les tensions géopolitiques. Toutes les
entreprises n’ont pas les capacités d’analyse et le pouvoir de négociation
d’acteurs puissants comme Tesla ou Apple pour identifier leurs vulné
ra
bilités et imposer à leurs fournisseurs des mécanismes de sécuri
sation
des approvisionnements, ni la même appréhension de l’intérêt stratégique
de sécuriser certains approvisionnements. Le soutien de l’État, ne serait-
ce que pour l’identification des principales vulnérabilités, serait donc
nécessaire pour renforcer la résilience de notre économie. Par ailleurs,
les tensions géopolitiques peuvent représenter des risques de rupture tels
qu’ils ne peuvent pas être maîtrisés individuellement par les entreprises.
Lors de l’affaire Rusal en 2018, tous les acteurs de la filière rencontrés ont
souligné le rôle décisif du ministère de l’Économie, des Finances et de la
Relance dans l’abandon par les États-Unis des sanctions contre l’oligarque
russe détenant Rusal.
51. 49
Chapitre 5
Quel rôle pour l’État ?
Comme démontré précédemment, la problématique de la sécurisation
des approvisionnements stratégiques n’est pas circonscrite aux matières
premières mais s’inscrit dans une réflexion sur l’ensemble des chaînes de
valeur. Ainsi, elle relève des politiques industrielles et pose la question du
rôle de l’État dans l’économie.
L’État est-il encore capable de mener
des politiques industrielles ?
Depuis le début des années 1990, dans le cadre des politiques de libéra
li
sa
tion encouragées tant par les théories dominantes en économie que
par les instances intergouvernementales, le rôle de l’État dans l’industrie
et plus largement dans les activités productives a fortement diminué.
Sans y attacher ici de connotation négative, la privatisation des entreprises
publiques a conduit au désengagement progressif de l’État dans la conduite
des activités économiques. Au terme de cette étude, nous observons une
cer
taine déconnexion de l’État avec les industriels et, pour des raisons
esquissées plus haut, sa difficulté à élaborer et mettre en œuvre une politique
industrielle.
Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. D’abord, et pour les mêmes raisons
que celles qui l’empêchent de définir seul ce qui est stratégique de ce
qui ne l’est pas (voir chapitre 1), l’État est extrêmement dépendant des
données que les industriels veulent bien lui partager. À ce sujet, il est clair
que le niveau de transparence et de coopération des industriels a varié
proportionnellement au montant d’aides d’État à la clé qui, jusqu’au Plan
de relance de 2020, était très faible.
52. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
50
Par ailleurs, comme beaucoup de grandes organisations, l’action de
l’État souffre d’une fragmentation en silos des compétences et des
intérêts. Or, sur les enjeux de la sécurisation des approvisionnements
straté
giques, le manque de coordination sur le fond ne permet pas de
dépasser les différences connues entre ministères : les industriels ont ainsi
de multiples interlocuteurs administratifs et politiques. À titre d’exemple,
une fédération d’entreprises avait soumis un projet de sécurisation d’un
appro
vi
sion
nement critique comportant plusieurs sous-projets. Il a fallu,
dans le cadre de nos travaux, près d’un mois et une dizaine d’entretiens avec
différents interlocuteurs administratifs et industriels pour reconstituer l’état
d’avancement de cette stratégie et ses points de blocage. Les industriels
attendaient encore la réponse sur une partie de leur proposition. Il est
donc urgent de définir un ownership plus clair des enjeux et des relations
partenariales État-entreprise. La mise en place du mode projet au sein de
la Direction générale des entreprises semble à ce titre particulièrement
pertinente et gagnerait à être étendue à d’autres directions. La création de
« chefs de projet » au sein des groupes de travail interministériel apparaît
comme un levier favorable à la coopération avec les industriels et à la
synthèse des précieuses données récoltées.
En outre, une politique industrielle technologique ambitieuse suppose
de prendre des risques. Qui mieux que l’État peut adopter une vue à
long terme et assumer les risques associés ? N’a-t-il pas la capacité voire
le devoir de penser à plus long terme que les fluctuations des marchés
finan
ciers ? Pourtant, il semble aujourd’hui que l’administration souhaite
elle aussi éviter la prise de risque. Ainsi, si les administrations française et
européenne décrivent le développement des batteries lithium-ion comme
un axe stratégique, elles semblent se refuser à prioriser leur action sur les
maillons les plus vulnérables de la chaîne. Par exemple, elles ne se pro
non
cent pas sur la question du nickel et indiquent au contraire que ce
n’est pas leur rôle de définir vers quoi investir mais bien aux industriels de
se positionner. Ont-elles peur de se tromper ? Manquent-elles de compé
tences en sciences économiques ou industrielles ? Cette frilosité s’explique
sans doute en partie par la pression médiatique faisant craindre toute
53. Quel rôle pour l’État ?
51
erreur et pouvant conduire à privilégier l’absence de décision par rapport à
une action évaluée comme bénéfique mais comportant un risque d’échec.
Enfin, il est étonnant de constater que l’État se prive lui-même de ses leviers
d’action restants sur les entreprises. Comme évoqué précédemment,
l’agence des participations de l’État a recentré en 2017 sa doctrine d’inves
tis
sement autour de trois piliers : les activités de service public, les secteurs
mettant en jeu la souveraineté économique du pays (défense et nucléaire)
et les activités pouvant représenter un risque systémique, recouvrant ainsi
une définition possible du terme « stratégique ». Pourtant, l’État n’utilise
pas ce levier pour que les enjeux de sécurisation des approvisionnements
soient davantage pris en compte au niveau des instances de gouvernance.
En effet, la position actuelle de l’Agence des participations de l’Etat (APE)
est de défendre un modèle d’actionnaire de droit commun, afin de ne
pas risquer de pénaliser les entreprises par la présence de l’État dans son
conseil d’administration. La vision systémique de l’État devrait être mise à
profit via l’APE afin de renforcer la résilience des entreprises ou a minima
de poser la question des risques d’approvisionnement au plus haut niveau
des entreprises.
L’actuel Plan de relance semble confirmer un retour de l’État sur les ques
tions industrielles et donne lieu à des débats importants autour des concepts,
parfois flous, de souveraineté et de résilience économique. Comme évoqué
précédemment, la structuration de l’industrie autour de chaînes de valeur
mondiales a conduit à des gains de productivité considérables mais égale
ment à une exposition accrue à des chocs d’offre spécifiques, du fait de la
concentration d’acteurs sur certaines étapes de production. Si l’État entend
garantir une certaine résilience économique, alors il a nécessairement un
rôle à jouer dans le renforcement de la sécurité des approvisionnements les
plus stratégiques.
Or, face à cette question, nous constatons au sein des services une oppo
si
tion
entre une logique d’État « guichet », réceptacle des projets des industriels, et
une logique d’État « stratège ». Une politique efficace de sécurisation des
approvisionnements stratégiques peut-elle être la somme de projets indus
54. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
52
triels, auxquels l’État apporte son soutien en jugeant au cas par cas de leur
pertinence économique, ou doit-elle résulter d’une politique portant une
vision cadre ?
Les limites de l’État stratège
La notion d’État « stratège » a été largement invoquée et théorisée33
, recou
vrant selon les usages et les époques des définitions différentes. Au milieu
des années 1990, les réformes de l’État préconisent un recentrage de l’action
étatique sur des fonctions de conception et de contrôle, dites essentielles,
par opposition aux fonctions opérationnelles de mise en œuvre. Or, comme
indiqué précédemment, l’État n’est pas en mesure de mener seul une
politique industrielle ni a fortiori de sécuriser les approvisionnements
straté
giques. L’élaboration de grandes priorités stratégiques, quand bien
même elle relèverait in fine d’une décision politique, s’appuie sur le dia
logue
complémentaire entre les entreprises, l’administration et le politique. Pour
cette raison, il ne semble pas souhaitable de poursuivre la déconnexion
entre conception et mise en œuvre, ni de cantonner l’État à l’élaboration
de grandes priorités stratégiques.
À l’opposé, la solution à la sécurisation des approvisionnements straté
giques, et plus largement au développement d’une économie résiliente et
performante, n’est pas non plus de faire de l’État un acteur planificateur
tout-puissant. Le développement économique et industriel impressionnant
de certains pays asiatiques amène pourtant certains interlocuteurs à
rechercher un modèle d’interventionnisme et de planification étatique.
Le politologue Chalmers Johnson a ainsi conceptualisé le rôle central
de l’État dans le miracle japonais de la fin du XXe
siècle sous la notion
d’État « développeur ». L’État japonais, tout en favorisant les mécanismes
de marché, est intervenu stratégiquement, voire systématiquement, dans
l’économie nationale pour promouvoir le développement économique du
33 – Notamment par Philippe Bezès et Philippe Bance.
55. Quel rôle pour l’État ?
53
pays. Le paradigme d’industrialisation tardive, caractérisé par une inter
ven
tion de l’État distordant les prix et gouvernant le marché pour permettre
une meilleure intégration au marché mondial, a également été mobilisé
pour analyser l’essor de la Corée du Sud et de Taïwan. Même si l’Union
européenne s’est éloignée de la frontière technologique dans certaines
industries (par exemple dans les semi-conducteurs), ce type de stratégie de
rattrapage technologique n’est pas adapté aux conditions socio-politiques
de l’Union européenne, qui est déjà intégrée au marché mondial et n’a
pas le même niveau de proximité et de contrôle des entreprises privées
que dans ces pays asiatiques. Pour sortir de l’opposition frustrante entre
planification et laisser-faire, l’observation amène à privilégier une voie
médiane, un « en même temps » opérationnel et stratège, dans lequel l’État
adopterait un rôle d’architecte.
Un État « architecte » de la sécurisation
des approvisionnements stratégiques
Les travaux de l’économiste de l’innovation Mariana Mazzucato ont contri
bué à déconstruire le mythe d’un acteur privé totalement autonome,
innovant à l’écart de toute action menée par d’autres institutions publiques
et privées. Elle montre au contraire le rôle majeur et indispensable de
l’État, qu’elle qualifie « d’entrepreneur », dans toutes les grandes avancées
technologiques contemporaines. L’exemple le plus marquant est celui
de l’iPhone dans lequel elle identifie près d’une dizaine de technologies
critiques – GPS, écran multi-contact, batterie Li-ion, microprocesseur
entre autres – dont le développement a largement reposé sur un soutien
massif34
de l’État américain notamment au travers de la DARPA35
. Le
génie de Steve Jobs et de ses équipes repose sur leur capacité à intégrer ces
34 – Ce soutien se matérialise non seulement par des subventions et des aides à la R&D
mais aussi par la commande publique.
35 – La Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) est une agence du
département de la Défense des États-Unis chargée de la recherche et du développement
des nouvelles technologies destinées à un usage militaire.
56. Comment sécuriser nos approvisionnements stratégiques ?
54
technologies. Mariana Mazzucato explique l’importance du rôle de l’État
dans le développement de ces technologies de rupture par le fait que seul
l’État est capable d’assumer des risques aussi long terme, le capital-risque
n’intervenant que bien plus tard lorsque les investissements publics ont
suffisamment dérisqué le développement de ces nouvelles technologies. En
s’inspirant de ces succès de l’État « entrepreneur » en matière d’innovation
technologique, ne peut-on pas imaginer un État architecte de la résilience
et de la sécurisation des approvisionnements stratégiques ?
Favoriser un trilogue administration-entreprises-
politique
Posons ici que l’État peut être architecte du triangle relationnel entre le
politique, les entreprises privées et l’administration. Sous l’hypothèse de
relations approfondies entre ces trois types d’acteurs, on peut imaginer une
politique effective de sécurisation des approvisionnements. Des enceintes
de débat public-privé existent déjà en matière de politique industrielle,
notamment les comités stratégiques de filières (CSF). Imparfaites si elles
se limitent à travailler sur le plus grand dénominateur commun de leurs
adhérents, elles sont aussi le lieu privilégié d’une coordination par filière,
c’est-à-dire souvent par chaîne de valeur, ce qui est tout à fait pertinent
pour une analyse des vulnérabilités d’approvisionnement. La coordination
de projets de sécurisation des approvisionnements nécessite un accès à
des données industrielles sensibles. L’État architecte doit donc établir des
relations bilatérales de confiance avec les entreprises, afin de compléter les
informations inégales fournies par les CSF, par exemple via des comités
informels. Rétablir cette relation de confiance nécessite un petit nombre
d’interlocuteurs pleinement responsables de la bonne conduite des relations
État-entreprises, de la compréhension de leur spécificité et à même de
centraliser les données recueillies. Ces dernières permettraient notamment
à l’administration de compléter les matrices de vulnérabilités des chaînes
de valeur stratégiques présentées précédemment (voir chapitre 3). Cette
confiance passe aussi par le déblocage et la mise en œuvre des projets de
sécurisation les plus aisés afin de « pratiquer » cette collaboration privée-
57. Quel rôle pour l’État ?
55
publique sur la sécurisation des approvisionnements stratégiques. Ainsi,
les projets de relocalisation de la production de paracétamol évoqués lors
de la crise sanitaire méritent d’être salués car, même si la chaîne de valeur
de cette molécule – à condition qu’elle soit analysée – n’est pas la plus
vulnérable, ils ont permis d’envoyer un signal positif fort à l’écosystème
industriel.
Par ailleurs, l’État peut tirer parti de ses prérogatives pour améliorer l’accès
aux données nécessaires à une stratégie de sécurisation. Comme évoqué
précédemment, les bases de données de douane ne permettent pas actuel
lement de retracer les chaînes de valeur européennes, limitant la capacité
de l’administration à identifier les vulnérabilités des approvision
nements
français et européens. La consolidation des bases de données entre pays
européens permettrait de combler en partie cet angle mort et de compléter
une analyse industrielle des chaînes de valeur. D’une part, la France serait
capable de prendre en compte les flux de réexportation et de connaître
ainsi la part des produits importés depuis un État membre provenant
en réalité de pays tiers. D’autre part, cela permettrait au sein de l’Union
européenne de mesurer la concentration des acteurs à l’origine des flux
européens. Ces réflexions sont en cours au sein de la direction générale
du Trésor ainsi qu’à la direction générale du commerce de la Commission
européenne (DG Trade).
Ces prérogatives régaliennes peuvent être renforcées sur des chaînes de
valeur spécifiques. Par exemple, la révision de la directive européenne36
sur
les batteries, qui prévoit la mise en place d’un passeport batterie, permettra
une meilleure traçabilité de la chaîne de production sur le marché commun.
36 – Dans le cadre de la révision de la directive batterie de 2006, la Commission européenne
a soumis en décembre 2020 une nouvelle proposition de règlement sur les batteries afin
d’établir un cadre complet couvrant tous les types de batteries et portant sur l’ensemble
de leur cycle de vie. Ce règlement impose notamment à partir de 2024 la déclaration de
l’empreinte carbone des batteries mises sur le marché de l’Union européenne.