Les violations de la charte électorale constituent la véritable cause de cette malheureuse division qui règne au sein du Conseil de l’Université. Le professeur RN impute la crise à un manque « d’esprit démocratique et d’éthique », vains mots utilisés sciemment pour gommer la vérité. Le respect des règles est un principe élémentaire de la démocratie. Que ceux qui violent sans aucune vergogne la charte électorale et qui soutiennent des élections illégales essaient de se faire passer pour des défenseurs de la démocratie est tout simplement honteux et hideux. Ils profitent de l’ignorance relative de la population de la réalité de l’UEH pour s’adonner à une manipulation malsaine de l’opinion.
présentation sur l'échafaudage dans des travaux en hauteur
Contre les dérives antidémocratiques à l’Université d'Etat d'Haïti
1. Contre les dérives
antidémocratiques à l’Université
d’Etat d’Haïti (UEH)
Jean Fritzner Etienne, Ph.D.
Membre du Conseil de Direction de l’ENS et
Membre du Conseil de l’Université,
Courriel : ejeanfritzner@gmail.com
Port-au-Prince, Haïti, 6 juin 2016
2. En réaction au texte du Professeur Jean Marie
Raymond Noël, membre du Conseil de l’Université
d’Etat d’Haïti (UEH), “Ayons le courage de dire non à
l’indignité !” qui retrace les méandres électoraux de
l’UEH dont les repères banalisent les justes
contestations des récentes élections, et à l’édito
“Laisser la patine de l’expérience rehausser la valeur
des diplômes” faisant de la contestation une affaire
de diplôme de doctorat (Le Nouvelliste, 23 mai
2016), le commentaire suivant corrige les
mésinterprétations en montrant que l’essence des
contestations n’est ni l’un ni l’autre de ce que
prétendent ces deux textes. Les contestations
3. Soulignons tout d’abord trois faits importants relatifs
au processus électoral enclenché en novembre
2015 :
1- Partialité de la Commission centrale électorale.
Le dossier du candidat au poste de Recteur,
Monsieur Fritz Deshommes, a bénéficié de la part
de la Commission centrale électorale, d’un
traitement de faveur, alors que ce candidat devait
être éjecté de la liste des candidats agréés, puisqu’il
n’est pas en mesure de présenter son diplôme de
maîtrise, conformément aux dispositions de la charte
électorale.
4. 2- Violation du calendrier électoral par la
Commission électorale même.
Ne respectant pas la date butoir de la publication de
la liste provisoire des candidats agréés comme prévu
dans le calendrier électoral rendu public, la
commission électorale a volontairement arrêté le
processus pendant un mois pour faciliter au candidat
la production d'une attestation devant certifier la
véracité de son grade académique. Malgré tout, ce
document officiel n'est pas signé par le responsable
ayant droit de signature (Une violation flagrante de
l'article 35, alinéa 1 de la Charte électorale).
3- Violation de la charte électorale par la partie dite
majoritaire du Conseil de l’université dans le but de
5. La demande de différents membres du Conseil de
l'Université de soumettre les dossiers de tous les
candidats pour analyse a buté à un refus
catégorique sous prétexte que cette demande remet
en question la crédibilité de la Commission centrale
électorale (CCE). Techniquement, le candidat qui
était dans l’impossibilité de soumettre son diplôme
était disqualifié et sa candidature devait être rejetée.
Mais, au mépris des règles, elle est retenue. Pour
atténuer le tollé autour du processus vicié, d'autres
candidats ayant un déficit de décharge, ont été
réintégrés dans la course, en violation de l'article 35,
alinéa 11 de la charte électorale.
6. Pour ne pas légitimer des élections illégales,
certains candidats ont rejeté d'un revers de main
cette faveur mielleuse. D'une indifférence glaciale
face aux grognes de la communauté, la
CCE, comme un papillon, butine les articles de la
charte électorale en les violant, abuse de la
confiance placée en elle en organisant les élections
à son insu, contrairement aux prescrits de l'article
21, alinéa 7 qui exige la communication des
activités relatives aux élections par la presse et par
des affiches au sein de la communauté, et alinéa 9
exigeant la tenue des débats au sein des entités
pour édifier la communauté de l'UEH directement et
indirectement. Ne pas y répondre est encore une
violation flagrante de la charte électorale. Aucun
7. Le quorum exigé de 24 membres du Conseil de
l’Université ne peut être justifié puisque le
représentant des étudiants de la Faculté de droit et la
représentante des professeurs de la Faculté de
Linguistique appliquée n’avaient pas la qualité pour
participer au vote, leur mandat ayant expiré plusieurs
mois avant la tenue de cette mascarade électorale.
L'insolite est que les articles violés de la charte
régissant les élections le sont plus d'une fois en même
temps. Ce n'est donc pas une question de diplôme, ni
de changement de règles, mais plutôt de déchirement
de la charte électorale pour enfanter un Conseil
exécutif calculé et illégal.
8. Le collègue Raymond Noel croit qu’il est « injuste
de parler de problème du scrutin ». Je soutiens que
l’élection est illégale pour les raisons suivantes :
1- Le quorum de 24 membres n’a pas été constaté
puisque deux des 24 personnes présentes dans la
salle n’avaient pas la qualité pour participer à
l’élection, leur mandat ayant expiré bien avant la
date de cette forfaiture ;
2- Le doyen de l’INAGHEI aurait donné mandat à
un étudiant pour voter à sa place. Cette acrobatie
n’est prévue nulle part dans les dispositions de la
charte électorale ;
9. 3- Messieurs Fritz Deshommes, Jacques Blaise et
Jacques Jovin n’ont pas soumis leur certificat de
décharge, et ils ont été gardés sur la liste des
candidats agréés en violation de la Constitution
haïtienne, de la charte électorale de l’UEH et du
décret du 23 novembre 2005 « établissant
l’organisation et le fonctionnement de la Cour
Supérieure des Comptes et du Contentieux
Administratif ». La Commission électorale de l’UEH
n’a pas été capable de marcher sur les traces du
Conseil électoral de Pierre-Louis Opont dans ce
domaine ;
10. 4- La candidature de Fritz Deshommes a été
agréée sans que ce dernier n’ait présenté ni
l’original ni la copie de son diplôme de maîtrise,
cela, en violation de l’article 35 de la charte
électorale qui stipule : « Le dossier de candidature
comprend les pièces et documents suivants : 1)
Les originaux et trois copies de tous diplômes,
certificats ou titres obtenus ». Pourquoi la
Commission électorale a-t-elle accordé un
traitement de faveur au dossier d’un candidat, alors
qu’on m’avait fait injonction d’apporter le 18
décembre 2015, à 7 h du soir, les originaux de
mes diplômes, puisque j’avais omis de les ajouter
11. 5- La Commission Centrale électorale (CCE) a
violé les règles qu’elle a elle-même édictées. En
effet, la CCE avait fixé au 18 décembre 2015 la
date limite pour compléter les dossiers de
candidature manquants (voir ci-dessous la lettre
qui m’avait été adressée le 14 décembre 2015, et
extrait du calendrier remanié, le dernier en date).
On a été surpris d’apprendre que Fritz Deshommes
a soumis un document manquant le 19 janvier
2016, soit plus d’un mois après le délai fixé, et
Monsieur Wilson Dorlus, Secrétaire général de
l’UEH, membre d’office de la CCE, a introduit ce
document dans le dossier dudit candidat à l’insu
des autres membres de la commission électorale.
Quelle indécence ! Encore qu’il s’agissait d’une
14. 6- J’ai été gardé sur la liste des candidats en dépit
du retrait officiel de ma candidature depuis le 6 mars
2016. La Commission électorale soutient
verbalement, puisque aucune correspondance
responsive ne m’a été adressée, que je n’avais pas
respecté le minimum de 15 jours avant la tenue du
scrutin, prévu par l’article 44 de la charte électorale.
Ceux qui savent compter pourront faire facilement le
calcul du nombre de jours entre le 6 mars et le 17
mai 2016. C’est plutôt démentiel !
15. 7- Quelqu’un a été élu Recteur à la tête de la plus
grande université du pays sans aucun diplôme. La
communauté « UEHchienne » peut-elle accepter
une telle gifle, une telle ignominie ? Consciente du
coup fourré (inexistence du diplôme de maîtrise), la
commission électorale avait refusé
catégoriquement de soumettre au Conseil de
l’Université les dossiers des candidats, que le
collègue Raymond Noel a été le premier à exiger.
8- La liste à jour des électeurs n’a pas été
communiquée au candidat dans les limites de
temps prévues par l’article 46 de la charte
électorale. C’est ce qui a permis à des personnes
16. Contrairement à ce que le professeur RN veut
insinuer, le groupe progressiste du CU ne soutient
aucune politique de violence à l’UEH ; il encourage
tout simplement une approche différente par rapport
à la conjoncture et à la vision de l’université. En ce
qui a trait à la crise, nous prônons le dialogue entre
les différents protagonistes, mais un dialogue franc
qui tienne compte des revendications de tous les
groupes : étudiants, professeurs et administratifs.
Quant à la vision de l’institution, nous soutenons
l’idée d’une université qui soit aux mains
d’universitaires et non de notables qui en font un
cercle de copains et qui bloquent tout effort de
réelles productions scientifiques. Ces notables
17. Les violations de la charte électorale constituent la
véritable cause de cette malheureuse division qui
règne au sein du Conseil de l’Université. Le
professeur RN impute la crise à un manque « d’esprit
démocratique et d’éthique », vains mots utilisés
sciemment pour gommer la vérité. Le respect des
règles est un principe élémentaire de la démocratie.
Que ceux qui violent sans aucune vergogne la
charte électorale et qui soutiennent des élections
illégales essaient de se faire passer pour des
défenseurs de la démocratie est tout simplement
honteux et hideux. Ils profitent de l’ignorance
relative de la population de la réalité de l’UEH
pour s’adonner à une manipulation malsaine de
l’opinion. Ils oublient que le moindre petit effort de
18. L’UEH meure à petit feu. La qualité de la représentation au
niveau de l’instance suprême qui dirige l’institution, le CU,
constitue un signe visible de cette léthargie. Pas de
règlements généraux, pas de loi organique, pas de grille de
salaire, pas de curriculum scientifiquement élaboré, pas de
laboratoires de recherches, pas de recherches, pas de
publications, pas d’infrastructures universitaires, régime
d’étude anarchique, aucune politique pour donner de la
visibilité à l’institution…Que des étudiants versent 25000,
50000, 75000 gourdes pour l’encadrement de leur
mémoire, que deux ou trois séances de deux ou trois
heures chacune valident des cours de 3 crédits (45
heures), que professeurs, étudiants et administratifs soient
tous les jours incommodés par les exhalaisons
nauséabondes de l’environnement immédiat des espaces
de travail, ce n’est pas le problème de ces notables qui
19. Je tiens à rappeler au professeur RN que nous
avions fait bon usage de la majorité dont nous
disposions en 2012-2014. Nous avons réussi à faire
adopter une loi organique et une grille de salaire
pour le personnel enseignant. Ces deux documents
ont été votés par le CU à l’unanimité presque. Force
est cependant de constater que la majorité actuelle
soutient les tenants du statu quo et l’ancien Conseil
exécutif dans leur refus d’assurer le suivi de ces
deux textes réglementaires, en transmettant le
premier au parlement et en cherchant les fonds
indispensables à la mise en application du second.
Notre majorité n’a jamais alimenté les situations de
blocage à l’UEH ; nous avons plutôt contribué à
20. Le professeur RN croit que les thuriféraires de la
domination des notables ont gagné et que ceux
qui défendent l’idée d’une université moderne ont
perdu. Il s’agit là d’une vue étriquée de la réalité.
On ne gagne jamais en violant la loi et en
bafouant les droits des autres.
Le groupe progressiste du CU ne se bat pas pour
défendre des intérêts particuliers ; il souhaite apporter
son modeste apport à la modernisation et au
rayonnement de l’UEH. Les véritables perdants dans
cette bataille ne pourront être que les étudiants et le
pays. Nous continuerons cependant de faire tout ce
qui dépendra de nous pour empêcher que l’UEH
21. Quant à l’édito titré Laisser la patine de l’expérience
rehausser la valeur des diplômes, je rappelle à
l’auteur, Monsieur Frantz Duval, que l’expérience n’a
pas à rehausser la valeur d’un diplôme de doctorat.
Le jury de soutenance, formé de chercheurs
chevronnés, est l’unique autorité capable de
confirmer la valeur d’une recherche doctorale. Les
procès-verbaux de soutenance, les remarques des
rapporteurs, les mentions obtenues constituent les
seuls documents de nature à justifier les
compétences du chercheur. C’est de cette façon que
fonctionne la recherche universitaire.
22. Les critiques contre les docteurs sont tout à fait
compréhensibles, puisque nous vivons dans une société qui
ne réalise pas encore l’importance de la science dans la
gestion de la chose publique, dans une société où n’importe
qui peut s’improviser n’importe quoi, dans une société où
l’ingénieur, le juriste, l’agronome, le médecin, le journaliste
surtout … croient pouvoir parler de tout.
Le déficit du diplôme de doctorat n’est pas à l’origine,
comme l’écrit l’auteur de l’éditorial, des contestations de
l’élection illégale organisée par la frange conservatrice du
CU. Il constitue plutôt la principale explication à la réalisation
de cette mascarade électorale, organisée clandestinement,
dont l’objectif premier est d’étouffer dans l’œuf les efforts de
réforme initiés en 2012-2013 et d’empêcher les
transformations positives auxquelles pourraient donner lieu
les idées nouvelles apportées par le groupe progressiste du
CU, composé, contrairement à ce que colporte la
23. Les fanatiques du statu quo ont mis en avant la
question du doctorat pour rendre odieux aux yeux
de l’opinion le groupe progressiste du CU. C’est
une stratégie tout aussi inintelligente que curieuse.
Comment comprendre que des dirigeants de
l’université jettent l’anathème sur ce qui en fait la
force, à savoir la recherche ? Pourquoi les efforts
parfois surhumains pour l’obtention du grade de
docteur deviennent-ils un crime ? On se ridiculise aux
yeux des universités partenaires en posant au XXIe
siècle le problème du doctorat en tant que grade
académique pour accéder à certaines fonctions à
l’Université. Ce principe étant devenu partout dans le
monde un simple détail sur lequel aucune discussion
n’est possible.
24. Monsieur Duval a commis une grave erreur en écrivant :
« Des universitaires bien intentionnés reprochent aux
dirigeants de l’Université d’Etat d’Haïti de ne pas détenir de
doctorat. De ne pas être à la hauteur pour diriger une
institution qui forme des docteurs, de ne pas avoir la
légitimité pour signer dans leur diplôme. Sur cette base et
d’autres, ils contestent les dernières élections au sein de
l’UEH. Contester une élection est un sport national ». Je
conviens que ces affirmations sont globalement justes.
Deux d’entre elles sont cependant des contre-vérités. La
première contre-vérité consiste à dire que les contestations
sont produites contre le fait que les dirigeants n’ont pas de
doctorat. Comme je l’ai souligné plus haut, nulle part dans
mon argumentaire il n’est question de contestations sur la
base de défaut de diplôme de doctorat. Nous exigeons le
respect de la charte électorale qui veut que, pour être
25. J’en profite pour reproduire les points sur lesquels
portait la contestation qui a été acheminée au CU
contre la mascarade électorale du 17 mai :
« Les violations sont celles ci-dessous mentionnées:
1- Au dépôt de candidature, l’ex Vice-recteur à la
Recherche, Monsieur Fritz Deshommes, était et est
aujourd'hui encore dans l’impossibilité de présenter
l’original de son diplôme de Maitrise conformément
aux prescrits des articles 33.3 et 35.1 de la Charte
électorale, et au calendrier électoral qui a été publié.
Malgré cela, la Commission électorale l’a maintenu
sur la liste des candidats agréés au mépris de 27
contestations qui ont été signées contre lui;
26. 2- La Commission centrale électorale a violé le calendrier
électoral, en publiant la liste des candidats provisoirement
agréés le 29 janvier 2016, sans motif valable, alors que cela
était initialement fixé au 29 décembre 2015;
3- L'article 46 de la Charte électorale fait obligation à la
Commission électorale de notifier à chaque candidat, 72
heures avant le lancement de la Campagne électorale, la
liste à jour des électeurs et leurs coordonnées. La liste des
électeurs n'était pas mise à jour, avant les élections du 17
mai 2016, puisque Madame Nirvah Jean-Jacques déléguée
des Professeurs de la Faculté de Linguistique Appliquée, et
Monsieur Reginald François délégué des étudiants de la
Faculté de Droit et des Sciences économiques, ont voté alors
que leur mandat n'était plus valide. En conséquence, le
quorum de 24 électeurs exigé pour la tenue de ce scrutin
n'était pas atteint, car il n'y a pas eu 24 électeurs sur 36,
27. 4- Le mandat de Madame Nirvah Jean-
Jacques et celui de Monsieur Reginald
François n'étant plus valides au 17 mai 2016,
en les autorisant à voter, la Commission
centrale électorale a expressément violé
l'article 52 de la charte électorale.
En conséquence, nous demandons au
Conseil de l'université d'Etat d'Haïti, en
recours hiérarchique, de corriger les
violations susmentionnées liées au
processus électoral et à la façon dont les
28. Je veux croire que Monsieur Duval, dépourvu de bonnes
informations, s’est trompé de bonne foi et qu’il a été induit en
erreur par les défenseurs du statu quo.
La seconde contre-vérité est celle d’affirmer que « contester est
un sport national ». Ce qui constitue, à mon avis, un sport
national c’est la violation systématique de la loi. Comme qui
dirait que l’Haïtien est incapable de se laisser discipliner par la
loi. J’ai entendu avec peine et tristesse un directeur d’opinion
déclarer cette semaine que tel acteur politique s’accroche à la
loi alors que ce qui compte en Haïti c’est la politique. La
politique se pratique-t-elle en dehors d’un cadre légal ? Lorsque
les règles sont bafouées, l’une des alternatives qui restent au
citoyen c’est la contestation qui est un acte légal. Je rappelle
que la charte électorale de l’UEH et toutes les lois portant sur
les processus électoraux prévoient en général une procédure de
contestation. La violence contre la loi déteste toujours la
contestation, seule ressource des opprimés. Les directeurs
29. Je termine par quelques éléments de réponse à la question
suivante de Monsieur Duval : « Qui aujourd’hui à l’Université
d’État d’Haïti a un palmarès de succès et de réussite dans un
domaine ou l’autre, à la tête d’une faculté ou d’un département,
pour s’estimer à la hauteur de faire mieux que ses aînés ? »
Cette question porte en elle un fonds de fatalisme qui suggère
que l’UEH est condamnée à végéter encore plusieurs
décennies dans la fange de la médiocrité. On sait que la
situation n’est pas rose à l’UEH, elle n’est pas non plus aussi
sombre qu’on a tendance à le claironner. Je donne ici quelques
exemples d’efforts importants qui ont été faits et qui se
rapportent à l’École Normale Supérieure (ENS). De
l’indépendance aux années 2000, il n’y a pas eu 5 personnes
détentrices d’un master de mathématiques ou de physique en
Haïti. En 2013, 40 étudiants de l’ENS sont rentrés au pays avec
leur diplôme de Master (20 en mathématiques et 20 en
physique). Avec les faibles moyens dont l’école dispose, on a
pu faire en 2 ans ce que l’Etat haïtien n’a pas réalisé en plus de
30. Il vient de créer à l’ENS un master de physique et
travaille à la mise en place d’un laboratoire de
recherche en environnement et énergie. Le campus
Henry Christophe de Limonade n’aurait pas pu ouvrir
ses portes sans les programmes de maîtrise de
l’École Normale Supérieure. On estime à plus de
80% le nombre de Normaliens entrant dans la
composition du corps professoral de ce campus.
Succès ou non de l’ENS ? Le premier laboratoire de
recherche de l’UEH est créé à l’ENS en juillet 2012.
Ce laboratoire implémente actuellement un projet de
recherche intitulé « Port-au-Prince : entre
vulnérabilités et croissance urbaine, construction
d’une capitale caribéenne ». D’un montant de
500,000.00 euros, ce projet est financé par l’Union
31. Je n’ai pas la prétention de pouvoir mieux faire
que les aînés, j’ai fourni ces informations pour
appuyer l’idée que tout n’est pas sombre à l’UEH
et que les changements sont possibles. Il n’y a
pas un conflit de génération à l’UEH comme la
mauvaise foi tente de le faire croire ; il existe
plutôt des intérêts puissants qui impliquent toutes
les générations, et qui s’opposent à toute tentative
de réforme et aux idées franchement
universitaires.
32. Contre les dérives
antidémocratiques à l’Université
d’Etat d’Haïti (UEH)
Jean Fritzner Etienne, Ph.D.
Membre du Conseil de Direction de l’ENS et
Membre du Conseil de l’Université,
Courriel : ejeanfritzner@gmail.com
Port-au-Prince, Haïti, 6 juin 2016