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10 DOMAINES D’ACTIONS SUR LESQUELS LA PROCHAINE
ÉQUIPE GOUVERNEMENTALE POURRA AGIR RAPIDEMENT.
qui permettront d’être
au rendez-vous
dès 2030!
C
e texte met en perspective les actions qui permettraient de «décar-
boner» le secteur du bâtiment et de la construction en France; il ras-
semble les données, relie les domaines d’actions et donne les ordres
de grandeur pour mieux hiérarchiser et prioriser. «Décarboner», c’est
faire en sorte que les émissions nettes du secteur en 2030 ou en 2050
soient nettement moins élevées que celles d’aujourd’hui. Nous parlons bien des émis-
sions annuelles à une date future (par exemple les émissions de l’année 2030), gardons
à l’esprit que la quantité de CO2 déjà émise jusqu’à aujourd’hui et celle qui sera émise
jusqu’à cette même date de 2030, reste, quant à elle, bien présente dans l’atmosphère.
Ce texte s’attache à lister et étayer les mesures qui pourraient diminuer fortement
les émissions de gaz à effet de serre du secteur du bâtiment et de la construction; il
ne traite pas d’autres sujets, tout aussi essentiels et contributeurs, et pour certains
complètementaires, liés à l’écosystème du bâtiment comme l’aménagement du ter-
ritoire, l’artificialisation des sols, le mix énergétique et nos sources d’approvisionne-
ment, l’évolution de l’habitat et de la qualité de vie. Les données utilisées sont toutes
documentées et les sources listées, il n’existe pas d’étude scientifique et sectorielle
à 2050 avec autant de combinaisons de facteurs tous liés ou interdépendants ; les
projections avancées sont donc parfaitement critiquables puisqu’elles figent certains
paramètres (l’évolution de la population et de la demande par exemple). Cette étude
n’a pas l’ambition de présenter la vérité absolue mais de donner une synthèse pour
agir, et ce à court terme, sur un champ d’actions parfaitement identifiable, concret et
qui dans beaucoup de cas, fait déjà consensus. Beaucoup des mesures proposées sont
souvent discutées dans les cercles de professionnels ou ont fait l’objet de propositions,
mais souvent isolées et plus rarement comme un ensemble relevant d’une approche
systémique et globale.
La structure en 10 propositions pourrait laisser entendre que c’est simple à réaliser,
puisque la formulation, elle, est simple! C’est justement l’inverse, c’est d’ambition
dont nous avons besoin, d’une vision systémique, de beaucoup de travail pour faire
bouger autant de paramètres en même temps, donc de l’audace!
AVANT-PROPOS,
NOTE AUX LECTEURS
— 1 —
SOMMAIRE
-01-
RÉNOVER
EN 10 ANS LE PARC 
EXISTANT
DES LOGEMENTS 
ÉNERGIVORES
-02-
RÉEMPLOYER
POUR NE PAS ÉMETTRE UNE 2e
FOIS
-03-
RÉHABILITER
PLUTÔT QUE CONSTRUIRE,
QUAND C’EST POSSIBLE
-04-
STOCKER
LE CARBONE PLUTÔT
QU’ÉMETTRE
-05-
RENDRE
LES BÂTIMENTS NEUFS
EXEMPLAIRES
DÈS MAINTENANT
-06-
ADOPTER
LES MÉTHODES MODERNES
DE CONSTRUCTION,
LE HORS-SITE, LA CULTURE LEAN
-07-
DÉCARBONER
LES FILIÈRES INDUSTRIELLES
-08-
VÉGÉTALISER
ET GÉNÉRER DES ÎLOTS
DE FRAÎCHEUR
-09-
FORMER
ET PRÉPARER LA GÉNÉRATION
DE PROFESSIONNELS
CITOYENS DU CLIMAT
-10-
MESURER,
VALORISER, PROMOUVOIR
— 2 —
— 2 —
C
’est le temps dont disposera le prochain gou-
vernement pour engager les actions pour ne
pas rater le rendez-vous de 2030. Pour être
au rendez-vous de 2050, mieux vaut com-
mencer par être à l’heure du premier point de passage, à
savoir 2030. Être à l’heure du rendez-vous de 2030, c’est
avoir réduit les émissions de l’année 2030 du secteur du
bâtiment et de la construction de 54 %1
par rapport à
aujourd’hui (trajectoire SNBC). Et pour être à l’objectif, il
faut s’y mettre maintenant ou avoir commencé à le faire;
le secteur du bâtiment opère sur des temps longs, cela
lui vaut souvent des critiques peu fondées de secteurs
réfractaires au changement et peu agile… mais quel
secteur économique a autant d’impact sur la société, les
paysages, les citoyens pour les 50 prochaines années?
La santé, l’alimentation peut-être, des secteurs réputés
bien plus technologiques que le bâtiment, sont sur des
cycles équivalents. Donc, seules les décisions prises dans
les prochains jours auront un impact de correction de
trajectoire à 2030, compte tenu de ces cycles. C’est là la
grande caractéristique du secteur du bâtiment, il rapporte
peu à court terme, les mesures que prendrait la prochaine
équipe gouvernementale auront leur plein effet pendant
le mandat 2027. Le «point mort politique et médiatique»
n’est pas à court terme, rarement moins de 5 ans. Plus
que de prendre des décisions sur les 100 premiers jours,
c’est aussi de plus d’efficacité, dont nous avons besoin;
formulons le souhait qu’au-delà de la quantité d’argent
public mobilisé pour soutenir la transformation du secteur,
chaque euro investi délivre bien à 5 ans une rentabilité et
une efficacité environnementale et sociétale suffisante,
donc une rentabilité économique, puisqu’il faudra bien
un jour intégrer le coût de la facture environnementale
dans l’économie réelle. Le secteur du bâtiment et de la
construction c’est 145Mt2
d’émissions de CO2e par an soit
30 % des émissions nationales ; celles-ci ont augmenté de
8 % entre 2014 et 2017 pour ensuite enregistrer une baisse
entre 2019 et 2021 dans le contexte inédit de la pandémie.
Le périmètre de ces émissions comprend les émissions
d’usage, c’est-à-dire l’énergie pour chauffer ou refroidir
les bâtiments, y vivre (scope 1  2), mais également les
émissions liées à la phase de travaux (neuf et rénovation,
scope 3), c’est-à-dire celles de l’industrie des matériaux
de construction. En réalité le secteur du bâtiment et de
la construction, occupe la première place ex-aequo avec
le secteur des transports en termes d’émissions de CO2
(scope 1+2+3), si l’on prend en compte les émissions liées
aux process industriels pour fabriquer les composants du
bâtiment (matériaux par exemple) et pas seulement l’usage.
Il est donc stratégique et tout aussi critique pour réussir la
trajectoire de décarbonation du pays. La nouvelle équipe,
pleinement en place après les élections législatives, devra
créer les conditions capables de faire travailler toutes
les parties prenantes, au service d’un objectif commun et
intelligible pour les citoyens.
100 jours !
GUILLAUME LOIZEAUD,
Directeur de la Division
Construction de RX France,
Directeur du Mondial
du Bâtiment et de Batimat
INTRO
DUCTION
— 3 —
–01–
RÉNOVER
EN 10 ANS
LE PARC EXISTANT
DES LOGEMENTS
ÉNERGIVORES
— 4 —
— 5 —
C
es émissions sont liées à la quantité et au mix
énergétique, à savoir la nature et la prove-
nance des énergies utilisées. En 2019, 39,8 %
des consommations du parc résidentiel sont
d’origine fossile (gaz naturel, charbon, pétrole/fioul), seu-
lement 23,2 % de sources dites renouvelables et pour le
reste d’énergie nucléaire1
. Pour le parc tertiaire, en 2020, la
part d’hydrocarbure s’élève à 49,3 %, contre 3,4 % d’énergie
renouvelable et 47,7 % d’énergie nucléaire2
. Maintenir le
niveau de consommation actuel des bâtiments existants,
cela revient à émettre 1290,5 millions de tonnes de CO2e
sur les 10 prochaines années3
à parc et mix énergétique
constants, auxquelles s’ajouteraient les nouvelles consom-
mations des bâtiments neufs. Si 1 m² de bâtiment neuf
émet 1,5 tonne de CO2e sur 50 ans, maintenir le rythme de
chantiers autorisés revient à émettre chaque année 2,2 Mt
de CO2e supplémentaires4
. Cela revient en quelque sorte
à «creuser un déficit» de 2,8 % par an, en plus des tonnes
déjà émises chaque année, toutes choses égales par ailleurs.
Depuis 2007, date du Grenelle de l’environnement, le
secteur s’est progressivement emparé du sujet de la
rénovation des bâtiments ; un marché de travaux de
rénovation énergétique s’est créé en 15 ans grâce aux
plans successifs des pouvoirs publics et à l’investissement
des acteurs privés. Oui, mais nos émissions sur le secteur
résidentiel ne baissent pas! Si on compare les émissions
du secteur de l’année 1990 à celles les plus récentes de
l’année 2019, la variation est quasi-nulle5
! Les émissions ne
baissent pas, d’une part parce que les sources d’émissions
sont toujours majoritairement aussi «carbonées» (mix
énergétique majoritairement fossile), mais surtout parce
que l’augmentation du nombre de logements (+13 mil-
lions de logements entre 1982 et 20206
) et des surfaces
sont venues «annuler» en quelque sorte la baisse des
émissions liée aux travaux de rénovation énergétique des
bâtiments existants. Dit autrement, les émissions liées aux
consommations des nouveaux logements construits sont
supérieures aux émissions évitées par les travaux de réno-
vation énergétique du parc existant. Le travail des pouvoirs
publics depuis 3 ans pour améliorer les dispositifs d’aide
aux travaux de rénovation a généré une forte augmen-
tation de la demande et du volume de travaux (700000
demandes de dossiers MaPrimeRénov’ en 2021), mais sur
des travaux qui en réalité ont un «ROI environnemental»
insuffisant, puisqu’ils génèrent une faible réduction des
consommations, donc des émissions. Le mix des travaux
de rénovation énergétique est essentiellement constitué de
postes isolés (changement de menuiseries, de système de
production de chauffage, isolation d’une paroi), il en résulte
une évolution des gains énergétiques assez faible et pas
de changement significatif des classes énergétiques (seuls
6 % des travaux de rénovations de maisons individuelles
en 2019 permettent un saut de 2 classes ou plus de DPE)7
.
Donc le système actuel génère un marché plus important
en volume de travaux mais assez peu de réductions des
consommations, donc des émissions, par la nature des
travaux réalisés. Bien sûr, quelques expérimentations
existent, menées par des bailleurs sociaux à l’échelle
d’un bâtiment ou faisant l’objet des prémices d’un nouveau
modèle comme la démarche Energiesprong, toutes ces
expérimentations ont, dans certains cas, dépassé le stade
de prototype avec des projets sur quelques milliers de
logements; il faut changer d’échelle, nous engageons beau-
coup de travaux mais réalisons assez peu de baisse des
émissions liées aux consommations en pratique. Puisqu’il
s’agit de massifier la demande de travaux, il faudrait aussi
prendre en compte l’impact carbone des matériaux utilisés.
Les émissions liées au chauffage
et à la climatisation représentent 66 % des émissions
des bâtiments à usage résidentiel.
–01–
RÉNOVER
EN 10 ANS
LE PARC 
EXISTANT
DES LOGEMENTS
ÉNERGIVORES
— 6 —
— 6 —
Quels changements D’ÉCHELLE ?
 La SNBC fixe à 500000, le nombre de rénovations par an pour avoir converti en 2050 l’ensemble
du parc actuel au niveau BBC. Nous rénovons au rythme actuel 20000 logements environ au niveau
BBC8
; il faudrait donc multiplier ce chiffre par 25. Sans cette accélération, il nous faudra 700 ans9
pour rénover le parc existant et ainsi atteindre le niveau de la stratégie SNBC. Rénover au rythme
fixé par la SNBC, avec au moins +3 étiquettes GES, permettrait de réduire chaque année les émissions
de 2,7 Mt CO2e, soit 21,6 Mt évitées d’ici 203010
, soit une diminution de nos émissions de -16 %, liée
à la rénovation des bâtiments, sur les 54 % fixés par la SNBC, c’est-à-dire une contribution de 30 %
de l’acte de rénover à l’effort fixé par la trajectoire SNBC.
Le potentiel annuel de réduction d’émissions lié à l’accélération de travaux de rénovation énergétique
performante des logements est de 2,7 Mt CO2e/an, soit 22 Mt CO2e à 2030 ; l’ordre de grandeur du
coût annuel de ces mesures est de 25 milliards d’euros, soit environ 1 % du PIB annuel de la France.
Sur la base d’une hypothèse de prise en charge par l’État à 50 %, c’est environ 12 milliards d’euros
d’argent public qu’il faut mobiliser, soit 9 milliards de plus que le rythme actuel.
Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable
01. Simplifier et unifier le parcours MaPrimeRénov’ et le
programme Habiter mieux dans le cas d’une rénovation
globale.
02. Faire évoluer le dispositif MaPrimeRénov’ vers une
prise en charge à 100 % dans le cas d’une rénovation glo-
bale et performante pour les ménages modestes et une prise
en charge à 50 % pour les revenus plus élevés.
03. Inciter les banques à distribuer 100 000 eco-ptz par
an (seulement 35 000 en 2019), allonger la durée à 20 ans
et le plafond à 50 000 €.
04. Baisser de 50 % les droits de succession, dans le cas
d’une rénovation globale et performante.
05. Permettre la déduction fiscale des intérêts d’emprunt
dans le cas d’une rénovation globale et performante d’un
logement énergivore pour les 3 premières années après
l’achat du bien.
05. Rendre obligatoire, dans le cas d’une rénovation
globale, l’installation d’un outil connecté de pilotage des
consommations (smart-home).
06. Interdire à la location les logements avec un DPE de
classe G dès 202312
et ceux des classes E et F dès 2025.
07. Former 1 000 personnes en deux ans au métier
MonAccompagnateurRénov’.
08.Encouragerlesnouveauxmodèlesvisantàmassifierles
rénovationsénergétiquesperformantes(Energiesprong,PREP,
Bysprong,Territoirezéroexclusionénergétiqueparexemple).
Quels changements DE PRATIQUES ?
 Passer d’un marché de travaux de rénovation par élément avec obligation de moyens à un
marché de travaux de rénovation globale et performante avec obligation ou contrôle du résultat, une
rénovation dite globale et performante permet un changement de 2 classes énergétiques minimum.
 Une rénovation globale et performante comprend 6 postes de travaux incontournables : isolation
des murs, de la toiture, du plancher bas, remplacement des menuiseries extérieures, systèmes de
ventilation et de chauffage/ECS.
 Pour les logements construits avant 1982, rénover par éléments ne permet pas d’atteindre le
niveau de performance BBC sur la moyenne du parc au-delà de 2 étapes de rénovations11
. Par exemple,
une rénovation en 3 ou 4 étapes sur l’ensemble de ces logements engendrerait une consommation
moyenne supérieure de +15 % au niveau BBC, plus les étapes sont nombreuses, plus l’écart entre
l’objectif et la consommation réelle est élevé.
— 7 —
–02–
RÉEMPLOYER
POUR NE PAS
ÉMETTRE 
UNE 2e
FOIS
— 8 —
— 9 —
d
’abord au niveau européen en 2008 avec la
Directive cadre 2008/98/CE relative aux déchets,
qui fixe à 70 % les objectifs de valorisation des
matières et déchets issus du BTP (en vue
du réemploi, recyclage ou autre valorisation)1
, puis sa
transcription en 2015 en France, par la loi de transition
énergétique qui fixe un objectif de recyclage et de valori-
sation, à l’horizon 2020, de 70 % des déchets du secteur du
bâtiment. Cette prise de conscience collective relève d’une
double démarche, qui consiste à diminuer les émissions en
donnant une seconde vie aux déchets produits et réduire
l’enfouissement, exutoire le plus courant pour les déchets
inertes. Tout cela a dépassé le cadre de démarches volon-
taires, c’est inscrit dans la loi, tant la priorité est élevée
pour le secteur du BTP, puisqu’il reste la première source
de déchets en France avec près de 224 millions de tonnes
de déchets produits par an. Les seuls déchets du bâtiment
représentent 46 Mt par an2
soit plus que les déchets ména-
gers (30 Mt). Plus de 90 % des déchets du BTP proviennent
de la déconstruction et de la réhabilitation3
.
L’objectif de 70 % des déchets du BTP recyclés fixé pour
2020 par la loi AGEC semble atteint, des progrès restent à
faire car les résultats par filière ne sont pas homogènes4
.
D’une filière à l’autre, la complexité pour collecter, structu-
rer un réseau, séparer les constituants et ensuite trouver
et développer des voix de revalorisation est très différente.
Ainsi, l’acier peut être fabriqué presque indifféremment à
partir de minerai de fer primaire ou à partir de minerai
de fer et de ferrailles récupérées (jusqu’à 30 %) dans des
aciéries de conversion ou à partir de ferrailles récupérées
à 100 % dans des aciéries électriques ; 40 % de la produc-
tion d’acier provient du recyclage de ferrailles récupérées.
Ses caractéristiques physiques ne changent pas selon sa
provenance. Son usage reste le même et c’est vertueux
car 1 tonne d’acier recyclé économise plus de deux fois son
poids en matière première, 70 % de son poids en énergie,
1,5 fois son poids en CO2e, 57 % de réduction des émissions
et 40 % de la consommation énergétique nécessaire à la
production de 1 tonne d’acier primaire5
.
Une autre filière est très en avance sur l’objectif : les
déchets inertes ou matériaux minéraux (béton, granu-
lats, tuiles, briques, pierre…) qui ont atteint 80 % en 2018
et couvrent 28 % des besoins en granulats en France6
.
L’UNICEM s’est fixé comme objectif un taux de valorisation
des déchets inertes porté à 90 % à horizon 2025 et une
couverture de plus de 30 % des besoins de granulats
pour la construction en France. Le plâtre, lui, est en deçà
de l’objectif ; en 2019, 107000 tonnes de déchets ont été
revalorisés pour un objectif à 250000 tonnes. Le béton,
lui, est assez bien revalorisé ; en 2019, la production
de granulats recyclés issus de bétons a été estimée à
6,6 millions de tonnes, soit environ 66 % du potentiel de
gisement recyclable. On pourrait même aller plus loin ;
la limite est règlementaire car la norme EN 206/CN en
limite l’emploi à 30 % sur des emplois en structure por-
teuses avec des contraintes mécaniques importantes7
. Des
expérimentations montrent que l’on pourrait aller à 100 %
sur des emplois moins exigeants que les ouvrages d’art,
certains logements par exemple ; certains pays comme la
Suisse sont en avance avec des pourcentages de bétons
recyclés dans le descriptif des bâtiments neufs. Parmi
les labels environnementaux internationaux du réseau
Green Building Council, les labels BREAM, VERDE et
MINERGIE sont en avance et incitent ou rendent obligatoire
l’utilisation de bétons recyclés8
. La REP bâtiment9
, bien
que reportée à 2023, a fait naître des acteurs nouveaux,
des éco-organismes et occasionné une mobilisation des
producteurs de déchets sans précédent.
Une nouvelle priorité est donnée
aux acteurs pour les déchets du bâtiment,
–02–
RÉEMPLOYER
POUR NE PAS
ÉMETTRE 
UNE 2e
FOIS
— 10 —
— 10 —
Quels changements D’ÉCHELLE ?
 Recycler à 100 % les bétons en fin de vie : rapportée à la taille de l’actuel gisement que repré-
sentent les bétons de déconstruction du bâtiment (estimés à 18 Mt), la réduction des émissions de
CO2 pourrait représenter plus de 3,5 Mt CO2e/an, soit plus de 30 % des émissions liées à la production
de ciment en France10
.
Le potentiel de réduction d’émissions annuel lié au recyclage à 100 % des bétons en fin de vie
est de 3,5 Mt CO2e/an, soit 28 Mt CO2e à 2030 ; la demande pourrait être stimulée par l’évolution
des référentiels normatifs et l’intégration de critères exigeants pour les bâtiments exemplaires.
Ce sont les conditions à remplir pour accélérer le marché et encourager les acteurs à investir
dans des plateformes de recyclage.
Quels changements DE PRATIQUES ?
 Faire évoluer les normes qui limitent parfois l’emploi de matériaux revalorisés.
 Supprimer progressivement la notion de déchets au profit d’une terminologie nouvelle de nouveau
produit issue d’un acte de revalorisation.
 Définir un standard d’utilisation de matériau revalorisé dans les bâtiments publics.
Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable
01. Définir un référentiel d’usages et des marchés d’appli-
cation pour lesquels les niveaux de contraintes appliqués
aux matériaux revalorisés permettent d’atteindre 70 % et
100 % d’utilisation.
02.Encouragerlesacteursparfilière,enfonctionduniveau
decontraintes,pardel’investissementdansdesplateformes
de stockage et de collecte pour couvrir le territoire.
03. Exiger dans les marchés publics un pourcentage de
granulats recyclés dans les appels d’offres (lorsque les
distances de transport ne dépassent pas 25 km entre la
centrale à béton et la plateforme de recyclage).
04. Faire évoluer le référentiel RE2020 des bâtiments
neufs pour une meilleure prise en compte de l’usage de
matériaux recyclés, et mettre en place une caractérisation
par l’évolution des FDES.
05. Intégrer dans les référentiels volontaires de bâtiments
exemplaires (HQE, futur label RE2020) un % de granulat
de bétons recyclés (GBC).
— 11 —
-03-
RÉHABILITER
PLUTÔT
QUE CONSTRUIRE,
QUAND
C’EST POSSIBLE
— 12 —
— 13 —
R
éemployer les matériaux est source d’un
évitement considérable d’émissions de CO2,
puisque l’emploi des matériaux permet de ne
pas émettre une deuxième fois par rapport aux
émissions primaires lors du premier usage. Ce principe,
appliqué à un bâtiment, présente un grand intérêt, tant pour
l’évitement d’émissions générées sur les matériaux consti-
tuants que pour la sobriété de la démarche en matière
d’artificialisation des sols. Il n’existe pas de données conso-
lidées nationales sur la démolition des bâtiments existants ;
pourtant, dans le parc tertiaire, la démolition complète d’un
immeuble de bureaux par exemple est souvent privilégiée
par rapport à un projet, plus complexe mais bien plus sobre,
de réhabilitation du bâtiment. Le diagnostic des matériaux
existants lors d’un chantier de démolition est une pratique
qui devient courante, pour en favoriser le réemploi ou le
tri vers les exutoires pertinents, c’est à la source du projet
que l’on pourrait de façon plus systématique s’interroger
sur la nécessité de démolir au profit d’une démarche de
réhabilitation-reconversion.
L’enjeu est significatif dans les grandes agglomérations,
ainsi, en Île-de-France, « 3 à 6 millions de mètres car-
rés seraient voués à devenir vacants dans les 10 ans
à venir avec la montée en puissance du télétravail »1
.
L’Observatoire régional de l’immobilier d’entreprise en
Île-de-France (Orie) estime entre 140000 et 240000 par an
le nombre de mètres carrés de bureaux qui deviendraient
inadaptés à la demande dans les années à venir, sur le seul
parc des biens construits de 1981 à 20002
. Même si tous
les projets ne peuvent faire l’objet d’une transformation,
une partie d’entre eux pourraient en bénéficier, c’est là
une approche nouvelle pour les maîtres d’ouvrage et les
investisseurs qui ont bien compris l’opportunité de créa-
tion de valeur ou d’une dépréciation plus faible lorsqu’un
bâtiment suit une approche plus durable. Cette nouvelle
approche pourrait s’appliquer à une partie du marché rési-
dentiel, car la construction neuve d’une maison individuelle
consomme 40 fois plus de matériaux que sa rénovation et
80 fois plus pour un bâtiment de logement collectif3
. Un
bâtiment réhabilité a un potentiel d’émission plus faible
(environ 420 kg de CO2e/m²)4
comparé au même projet en
construction neuve (1500 kg de CO2e/m² en moyenne sur
50 ans)5
. C’est vertueux si son usage n’engendre pas plus
d’émissions que le projet en neuf, même dans le cas d’un
différentiel de performance entre les deux projets. Il fau-
drait 50 ans pour que le projet neuf, aux performances plus
élevées, soit moins émissif sur l’ensemble du cycle de vie.
Cette approche qui créée plus de sobriété dans l’usage
des matériaux et donc évite l’émission de CO2, assure
également la préservation d’un puits carbone. En effet,
l’extension urbaine des 50 dernières années avec pour
conséquence l’artificialisation des sols, convertit, pour
chaque projet de construction, un espace de biodiversité
qui a lui pour avantage de séquestrer le CO2.
Avec le plan biodiversité6
, le débat sur la ZAN, «zéro arti-
ficialisation nette», est lancé. C’est un sujet d’une grande
complexité qu’il est très difficile d’aborder à l’échelle du
pays ; il touche à l’aménagement du territoire, à l’offre de
logements et au développement économique. En France,
entre 20000 et 30000 hectares sont artificialisés chaque
année, l’artificialisation augmente presque 4 fois plus vite
que la population, mais ce sujet doit être regardé à l’échelle
d’un territoire ; la ZAN ne doit pas signifier l’arrêt de la
construction, un nouvel équilibre doit voir le jour conciliant
enjeux économiques, sobriété foncière et développement
de l’offre de logements là où ils sont essentiels.
Et si l’économie circulaire
s’appliquait à l’échelle d’un bâtiment
ou même d’un quartier !
-03-
RÉHABILITER
PLUTÔT
QUE CONSTRUIRE,
QUAND
C’EST POSSIBLE
— 14 —
— 14 —
Quels changements D’ÉCHELLE ?
 Pour l’ensemble du parc résidentiel d’ici à 2050, la construction neuve représenterait 1,3 Mds
de tonnes de matériaux dont 85 % uniquement pour les granulats, sable et ciment. Tandis que la
rénovation en BBC consommerait 74 Mt de matériaux (près de 18 fois moins)7
.
Le potentiel annuel de réduction d’émissions lié au développement des projets de réhabilitation-
reconversion vs la démolition et la construction neuve est difficile à apprécier de manière globale ;
à l’échelle d’un projet, c’est proche d’un facteur 4 en matière de différentiel d’émissions. Ainsi,
si 1 million de mètres carrés de surface SHON (1 % de la surface construite chaque année) font
l’objet d’une réhabilitation plutôt que d’une démolition suivie d’une construction neuve, c’est un
évitement d’émissions de 1 million de tonnes de CO2e.
Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable
01. Mettre en place une base de
données nationale des projets de
démolition et de reconversion.
02. Mettre en place un diagnostic
volontaire avec une étude d’impact
du scénario de démolition puis
construction neuve vs un scénario
de réhabilitation et de reconversion
de la structure existante.
03. Inciter et engager les acteurs
investisseurs dans une démarche de
sobriété foncière et de préservation
de la biodiversité inscrite dans les
rapports RSE.
Quels changements DE PRATIQUES ?
 Systématiser la collecte, le tri et la revalorisation de déchets lors d’un projet de démolition.
 Inciter les acteurs de la maîtrise d’ouvrage à la transformation et la reconversion sur les gros projets.
— 15 —
-04-
STOCKER
LE CARBONE
PLUTÔT
QU’ÉMETTRE
— 16 —
— 17 —
L
e concept de «puits de carbone» repose sur la
croissance naturelle de ces matériaux qui, par
l’effet de la photosynthèse, captent le carbone
déjà présent dans l’atmosphère (déjà émis) pour
le transformer en matière organique. L’exemple le plus
probant est le bois : un arbre pour sa croissance capte en
moyenne1
1 tonne de CO2 par m3
; ce même arbre avant sa
transformation en bois d’œuvre pour la construction aura
capté2
70 à 80 kg de CO2 par mètre carré au cours de sa
croissance. Cela est vrai à condition que son process de
transformation (scierie) soit peu «carboné », mais sur-
tout à condition que l’impact carbone lié à son transport
jusqu’à l’usine de première ou seconde transformation
et au chantier soit faible ou inexistant. C’est dans le cas
d’une production locale proche du chantier de construc-
tion (circuit court) que le bénéfice environnemental est
maximal3
; mais gardons à l’esprit que 1 tonne de bois
capte 80 kg de CO2 grâce à la photosynthèse quel que
soit le lieu où grandit cet arbre sur la planète. Bien évi-
demment, c’est le circuit court qu’il faut privilégier, en
raccourcissant la distance entre le lieu de croissance de
l’arbre et le lieu où on l’utilise pour son emploi dans la
construction. C’est là l’objection formulée couramment
par les détracteurs de la construction bois, compte tenu
que notre réserve nationale forestière couvre seulement
63 % de nos besoins en bois4
, une part non négligeable du
bois utilisé dans la construction est donc importée (pays
de l’Est, Scandinavie…). Ainsi on entend souvent qu’il n’est
pas pertinent d’encourager le bois dans la construction
en raison des émissions liées à son importation; c’est une
idée fausse, puisque cette tonne de bois remplace pour
chaque mètre carré utilisé un matériau dont le process
est plus émissif en carbone (béton par exemple) alors que
le bois n’émet pas de carbone et, même importé, il reste
contributeur d’un solde positif en CO2 de 40 kg par mètre
carré, le fameux «puits de carbone» lors de la croissance
de l’arbre. Même dans le scénario le plus défavorable
(émissions liées au transport égales au carbone stocké
par photosynthèse), le bois reste un matériau non émissif.
Le bois reste pourtant en France peu employé dans la
construction, sa part de marché est stable et est estimée
à 6,5 % en construction résidentielle neuve5
. Le matériau
bois présente de nombreux atouts, pour autant la filière
bois doit questionner son mode de production et de culture
sur l’impact de la biodiversité; deux visions se confrontent
actuellement, l’une qui défend une approche d’une forêt
plantée et cultivée homogène et renouvelée par coupe
rase, l’autre plus respectueuse de la biodiversité et de
la richesse d’un écosystème varié. Le développement
de la part du marché du bois ne doit pas conduire à un
appauvrissement massif des sols et de la biodiversité. La
filière doit poursuivre sa réflexion avant de définir sa feuille
de route face à ce choix décisif.
D’autres matériaux biosourcés présentent un intérêt : la paille,
le chanvre, propres à un usage d’isolant pour la construction
ou les géosourcés (terre crue, pierre sèche) propres à un
usage de structure ; eux sont produits localement, à proximité
du chantier donc avec peu d’émissions liées au transport. Ils
sont disponibles en quantité abondante ; réutiliser seulement
5 % de la paille qui retourne au sol chaque année permet-
trait d’isoler 500000 logements/an; la France est le premier
producteur de chanvre en Europe6
.
Tous ces modes constructifs anciens et oubliés bénéfi-
cient d’un regain d’intérêt récent, leur part de marché
reste faible (8 % pour les isolants biosourcés7
) mais
souffrent d’un déficit d’image et surtout d’un manque de
référentiel technique et normatif pour en favoriser l’em-
ploi. À titre d’exemple, la construction en paille dispose
d’une Appréciation Technique d’Expérimentation (ATEX)
seulement depuis 2019, la terre crue ne dispose pas de
référentiel normatif à ce jour, donc rien qui permet d’en
reconnaitre et d’en assurer son emploi. Par ailleurs, la
production des isolants biosourcés est beaucoup moins
énergivore que celle des isolants traditionnels : la fabri-
cation de la ouate de cellulose requiert 98 kWh/m3
, contre
plus de 250 kWh/m3
pour les laines minérales et plus de
850 kWh/m3
pour le polystyrène expansé8
.
Certainsmatériauxsontparnaturedes«puitsdecarbone»,
leuremploinegénèrepasd’émissionsnouvelles,ilsn’accen-
tuent pas ou ne creusent pas notre « déficit d’émissions »
maisaucontrairesontvertueuxetpermettentdeleréduire.
-04-
STOCKER
LE CARBONE
PLUTÔT
QU’ÉMETTRE
— 18 —
— 18 —
L’impact sur les émissions annuelles de l’augmentation de la part de marché des matériaux
biosourcés et de séquestration du carbone est significatif, il génèrerait une réduction des
émissions de l’ordre de 11 Mt CO2e par an soit 7,5 % des émissions du secteur (émissions évitées
vs matériaux plus «carbonés»), il permettrait de capter 5,5 Mt CO2e/an soit 3,8 % des émissions
du secteur. L’ordre de grandeur du coût annuel d’une bonification MaPrimeRénov’ en faveur des
matériaux biosourcés est de 400 M€, soit 36 € par tonne évitée.
Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable
01. Introduire une bonification MaPrimeRénov’ systéma-
tique sur l’emploi des isolants biosourcés pour les rénova-
tions globales et performantes.
02. Faire évoluer le contenu du DPE et les recommanda-
tions de travaux en intégrant des indices de poids carbone
par nature de travaux réalisés et des matériaux utilisés.
03. Créer un centre de recherche national dédié aux maté-
riaux bio et géosourcés.
04. Accélérer les travaux des parties prenantes normatives
pour doter en 3 ans les filières biosourcés et géosourcés d’un
référentiel de techniques courantes (DTU ou équivalent).
05. Donner des objectifs à la filière bois sur la quantité de
bois produit pour un usage en bois d’œuvre de construction.
06. Rendre obligatoire une étude d’impact et de diagnostic
des ressources locales d’approvisionnements biosourcés et
géosourcés sur les nouveaux projets de construction neuve.
Quels changements D’ÉCHELLE ?
 Passer à 30 % la part de marché du bois dans la construction neuve, c’est ainsi éviter jusqu’à
1,3 Mt d’émissions de CO2e par an9
vs les émissions des techniques traditionnelles et capter près de
5 Mt de CO2e déjà émis10
.
 Passer de 8 % à 30 % d’isolants biosourcés, en remplaçant 7 points de part de marché des
isolants PSX et 16 points de part de marché des laines minérales (ces dernières passeraient de
50 % de pdm à 34 %) on évite 10 Mt de CO2/an auxquelles s’ajoutent 0,5 Mt de CO2e captées (chaque
année au rythme de construction neuve de 2018)11
.
Quels changements DE PRATIQUES ?
 Mettre en place un référentiel normatif robuste pour tous les matériaux biosourcés.
 Soutenir par une communication positive l’image des matériaux biosourcés et géosourcés.
 Encourager les acteurs dès la conception à effectuer un diagnostic des ressources biosourcées
et géosourcées locales, c’est-à-dire proche du site de construction.
— 19 —
-05-
RENDRE
LES BÂTIMENTS NEUFS
EXEMPLAIRES
DÈS MAINTENANT
— 20 —
— 21 —
F
ruit de plusieurs années de concertation avec
les acteurs du secteur, avec pour origine les
expérimentations E+C- et une ambition fixée par
la SNBC, cette nouvelle règlementation n’a rien
d’une règlementation thermique, même si elle remplace
la RT 2012. C’est pour la première fois une approche
complète de la somme des impacts des émissions de
GES tout au long du cycle de vie des bâtiments qui est
prise en compte, tant sur les besoins énergétiques, le
mix énergétique, le confort d’été, que la nature des com-
posants caractérisés en fonction des émissions de leurs
procédés industriels de fabrication. C’est sur le plan de
la méthode un pas immense, une série de 6 indicateurs
(dont 4 nouveaux) fixent et caractérisent les bâtiments
neufs sur les thématiques Énergie, Carbone et Confort
d’été. Elle engage les acteurs vers un effort d’environ 30 %
à 20302
sur les réductions des consommations énergé-
tiques, une décarbonation quasi-totale du type d’énergie
utilisée, un recours à la chaleur renouvelable, ainsi qu’un
changement des modes constructifs de la phase chantier
pour réduire d’environ 30 % à 2030 le poids carbone de
l’acte de construire lui-même. Une phase d’adaptation
est bien nécessaire tant les changements sont nombreux
et exigeants, mais on gagnerait à engager une série de
mesures pour permettre au secteur de passer ce cap
plus rapidement en stimulant la demande pour permettre
aux maîtres d’ouvrage d’atteindre une taille critique plus
rapidement.
Un changement majeur vient de se produire :
la mise en application d’une règlementation
non plus thermique mais environnementale
pour les bâtiments neufs, qu’il s’agisse des logements
(1er
janvier 2022) comme des bâtiments
non-résidentiels (tertiaire au 1er
juillet 2022)1
.
-05-
RENDRE
LES BÂTIMENTS NEUFS
EXEMPLAIRES
DÈS MAINTENANT
— 22 —
— 22 —
Le potentiel annuel de réduction d’émissions lié à l’accélération de l’atteinte de l’objectif 2030
de la RE 2020 en stimulant la demande par la déduction des intérêts d’emprunt les 3 premières
années est de 50 millions d’euros par an ; il permettrait, sur une hypothèse de 40000 projets
concernés, un évitement annuel d’environ 1 million de tonnes de CO2e avant 2030.
Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable
01. Encourager dès 2023 les acteurs à atteindre les niveaux
énergie/carbone de référence de 2030, avec une stimulation
de la demande pour ce type de logements par le rembourse-
ment des intérêts d’emprunts des 3 premières années pour
les constructions de résidence principale.
02. Maintien du dispositif Pinel+ jusqu’à 2025 sans réduc-
tion des taux et des zones pour les logements qui atteignent
le niveau énergie/carbone de référence de 2030.
03. Introduire dans les logements la mise en place obliga-
toire d’équipements connectés et pilotables des consomma-
tions (smart home).
Quels changements DE PRATIQUES ?
 Recours aux énergies renouvelables, isolation des parois, abandon progressif de l’énergie gaz,
recours aux systèmes de protection solaire et aux matériaux biosourcés.
Quels changements D’ÉCHELLE ?
 L’adoption de la RE 2020 fixe pour objectifs -30 % à -40 % d’émissions d’ici 2030 pour la construc-
tion neuve3
. Cela reviendrait à 9,9 Mt de CO2e évitée chaque année après 2030 (à volume de logements
constants).
 Prévoyant une adoption progressive, les pouvoirs publics anticipent une diminution de 15 % en
20244
, soit 5 Mt de CO2e évitée chaque année à partir de 2024 (à volume de logements constants).
— 23 —
-06-
ADOPTER
LES MÉTHODES
MODERNES
DE CONSTRUCTION,
LE HORS-SITE,
LA CULTURE LEAN
— 24 —
— 25 —
f
inancer la baisse de ses émissions par un change-
ment drastique des pratiques, absorber les surcoûts
liés à l’accroissement des exigences des consom-
mateurs, de celles de la règlementation, du coût
des matières premières et de l’énergie, rester compétitif
par rapport à l’urgence sociale qui consiste à donner à
chacun un logement décent et un reste à vivre suffisant.
La rentabilité d’une entreprise de construction ne peut
absorber ces impacts sans un changement de modèle, au
risque d’un effet ciseau sur le modèle économique de l’en-
treprise. La priorité des chefs d’entreprise est devenue la
productivité et c’est bien là le sujet! Le secteur du bâtiment
est le secteur pour lequel les gains de productivité (indice
de valeur ajoutée par heure travaillée) sont quasi nuls
ces 20 dernières années, voire sa productivité a baissé
de 19,3 % entre 2001 et 20181
. Le phénomène n’est pas
propre à la France, on l’observe à des degrés divers dans
tous les pays du monde, il ne s’agit pas d’un problème de
compétitivité nationale mais d’un problème de compétiti-
vité structurelle du secteur et du modèle actuel de l’acte
de construire; c’est donc aussi le process de construction
d’un bâtiment ou d’une rénovation qu’il faut changer.
Chaque maître d’ouvrage, et même un particulier, porte un
projet unique, cela engendre un cahier des charges et une
conception qui est bien souvent complètement réinventée à
chaque projet, même pour les besoins les plus réplicables
comme un hôtel, une école, ou un EHPAD. La réalisation
sur chantier est elle aussi une somme et une succession
d’interventions et d’acteurs avec un enchaînement séquen-
tiel des tâches qui conduit à une dérive des délais et bien
souvent des surcoûts. Une nouvelle approche est possible,
c’est celle qui s’est répandue dans les grands secteurs de
l’industrie avec la culture du LEAN MANAGEMENT dans
les années 1980. Elle consiste à optimiser la conception et
l’enchaînement des tâches et ce contrairement aux idées
reçues au bénéfice du consommateur. Ainsi les progrès
industriels du secteur automobile des 30 dernières années
ont engendré la logique de plateformisation des modèles,
tout en développant la richesse de l’offre des options et en
faisant un saut conséquent sur la sécurité et les émissions
des véhicules. Ce secteur est confronté à un nouveau défi,
celui de l’abandon rapide des énergies fossiles et là ce sont
les progrès qui ne suffiront plus, c’est le modèle même de
la mobilité qui est remis en cause!
Le parallèle avec le secteur du bâtiment est troublant, toute
la filière gagnerait à adopter rapidement ces nouvelles
Méthodes Modernes de Construction, au premier rang
desquelles la construction hors-site des sous-éléments
d’un bâtiment ou du bâtiment complet. La construction
hors-site consiste à standardiser tout ce qui peut l’être
dans un bâtiment ou un mode constructif pour obtenir de
la réplicabilité, donc une augmentation des tailles de lots et
une optimisation des temps de construction à valeur ajou-
tée. Ce modèle est en cours d’adoption en Angleterre (le
département de l’éducation souhaite construire 100 écoles
en hors-site d’ici 2023 avec un budget de 8 Mds de livres)2
;
même les acteurs du logement sont en train de l’adopter
(la construction modulaire a atteint 6 % de la construction
résidentielle neuve en 2020)3
. On note un engouement et
une grande curiosité en France depuis 3 ans, cela génère
beaucoup d’espoir et d’envie des acteurs (47 % des acteurs
interrogés l’ont déjà mis en place dans au moins un projet,
82 % des non-utilisateurs envisagent d’y recourir4
) mais
moins de 1 % des bâtiments neufs sont construits en hors-
site aujourd’hui5
. Les bénéfices pourtant sont multiples :
meilleure maîtrise des coûts, amélioration des conditions
de travail, voire réduction des émissions de GES de 30 %
à 40 % par rapport à une construction traditionnelle6
. Il va
falloir rapidement encourager les acteurs à appréhender
ce basculement et créer les conditions favorables, et ce
bien sûr pas au détriment d’une standardisation architec-
turale, ce qui est l’objection formulée couramment mais
qui reste en pratique infondée.
Le secteur du bâtiment
est confronté à un triple défi :
-06-
ADOPTER
LES MÉTHODES
MODERNES
DE CONSTRUCTION,
LE HORS-SITE,
LA CULTURE LEAN
— 26 —
— 26 —
Quels changements D’ÉCHELLE ?
 Passer à 20 % de construction hors-site sur les bâtiments neufs permettrait de réduire de 30 %
les émissions du secteur et de réaliser des gains de productivité de 30 à 40 %. Soit environ 2 Mt de
CO2e évitées chaque année7
.
Le potentiel annuel de réduction d’émissions liée au développement de la part de marché de
la construction neuve hors-site est de 2 Mt CO2e/an, soit 16 Mt CO2e à 2030, c’est aussi un
formidable levier d’accroissement de la productivité et donc de la marge des constructeurs.
Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable
01. Rendre obligatoire la construction hors-site pour les
grands projets urbains au-delà de 5 000 m2
de SHON dans
les villes de plus de 100 000 habitants.
02. Généraliser la construction hors-site à toutes les opé-
rations d’envergure du secteur de la santé et de l’éducation,
construction de collèges, lycées et CHU.
03. Encourager et former les acteurs du logement social à
adopter la construction hors-site.
04. Introduire dans toutes les formations à partir du bac
professionnel jusqu’aux écoles d’ingénieur un module sur
la connaissance des process de construction hors-site.
05. Mettre en place un observatoire de la productivité du
secteur de la construction neuve et en publier les résultats.
— 27 —
-07-
DÉCARBONER
LES FILIÈRES
INDUSTRIELLES
— 28 —
— 29 —
À
titre d’exemple, la communication la plus
courante sur les émissions du secteur du
bâtiment et de la construction est de 145 Mt
de CO2e, occupant la 2e
place juste derrière les
transports. Ce périmètre comprend l’exploitation, c’est-à-
dire l’ensemble des émissions générées par l’usage, mais
pas l’impact des émissions industrielles liées à la fabri-
cation des composants et matériaux (béton, acier, verre,
plâtre); ces données sont comptabilisées dans l’industrie
en général. Ainsi le secteur est analysé souvent sur la
base de ses émissions d’usage, liées au chauffage et à la
climatisation, sans forcément comptabiliser les émissions
des matériaux finis utilisés dans la construction neuve ou
la rénovation. Ainsi les émissions liées à l’industrie des
matériaux minéraux (hors acier) sont de 18,3 Mt CO2 eq par
an soit 21,8 % des émissions de toute l’industrie française1
.
Il est plus juste et cohérent d’intégrer les composants pour
fabriquer les bâtiments. La conversion vers une société
moins décarbonée n’est pas seulement une question de
changement de mix énergétique ; pour tenir la trajectoire
de la SNBC il faut convertir des éléments intrinsèques
du secteur, ses constituants, ses procédés de fabrication,
ses modes constructifs. La SNBC est hors d’atteinte si
on résume le sujet à la rénovation des bâtiments et aux
sources d’énergie. Il s’agit d’adapter les procédés de fabri-
cation eux-mêmes qui utilisent tous une grande quantité
d’énergie pour dans la majorité des cas transformer des
matériaux inertes qui sont des minerais et leur enlever soit
une molécule d’eau soit de calcium. Ainsi on chauffe à très
haute température le clinker pour évacuer une molécule
de calcium, il en est de même pour le plâtre, on le chauffe
à très haute température pour enlever une molécule d’eau
au gypse naturel et en faire du plâtre. Ces matériaux sont
tous naturels, ce sont les procédés de transformation qui
sont fortement consommateurs d’énergie, il s'agit dans
la majorité des cas de fours à très haute température
à énergie gaz. Le clinker est un constituant de base du
ciment : 10,75 Mt CO2eq, dont 60 % liées à la décarbona-
tion du calcaire (émissions procédés) et 40 % liées à la
combustion2
. Le verre : 2,7 Mt CO2eq, dont 2200 kt liées
à la combustion et 500 kt liées à la décarbonatation des
matières premières3
. Les émissions des tuiles et briques
(0,65 Mt CO2eq, 157 kg CO2eq par tonne de produit) et du
plâtre 0,12 Mt CO2eq sont plus faibles4
. Bien sûr, il est plus
simple de prendre une posture «d’inquisition» vis-à-vis du
béton, c’est bien souvent ce que l’on observe, mais avec
une telle part de marché en tant que mode constructif,
ce sont grosso modo toutes les pratiques qu’il faut chan-
ger! Nous ne remplacerons pas 100 % des pratiques en
quelques années, d’autant qu’aucune autre technologie
n’est capable de les remplacer dans les mêmes propor-
tions en volume et dans certains cas, le béton domine par
ses caractéristiques mécaniques sur certains types de
bâtiment (IGH, infrastructures routières).
C’est donc l’énergie pour fabriquer le béton qu’il faut
remplacer et non le béton lui-même lorsque l’on parle d’im-
pact sur le changement climatique. On prend la mesure
évidente du caractère incontournable pour atteindre la
trajectoire de la SNBC du secteur de la construction et
même pour l’économie tout entière. Cette filière est stra-
tégique, elle devrait faire l’objet d’une attention de premier
plan, de soutiens particuliers à la hauteur de l’enjeu, il est
surprenant qu’elle ne fasse pas partie de France 2030 et
des programmes d’investissements d’avenir.
Les communications sur les émissions
du secteur du bâtiment intègrent
rarement les impacts
de la fabrication des matériaux.
-07-
DÉCARBONER
LES FILIÈRES
INDUSTRIELLES
— 30 —
— 30 —
Le potentiel annuel de réduction d’émissions liée à la décarbonation des émissions de process
de fabrication du ciment est de 2,4 Mt CO2e/an soit 19 Mt CO2e à 2030 ; l’ordre de grandeur du
montant des investissements industriels nécessaires est de 3 milliards d’euros.
Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable
01. Introduire un référentiel normatif de définition des
ciments dits « bas-carbone » afin d’en définir les proprié-
tés, les caractéristiques et d’interdire les communications
approximatives voire abusives sur ce sujet (greenwashing).
02. Intégrer dès 2025 des critères environnementaux et
sociaux dans la commande publique favorisant les ciments
bas-carbone.
03. Intégrer dans France 2030 et le plan résilience un
budget supplémentaire pour financer la RD des tech-
nologies de pointe.
04. Rassembler les acteurs-clés de l’industrie et les engager
dans une démarche volontaire mais contrôlée et cohérente
avec la SNBC, soit une réduction des émissions de -54 % dès
2030, qui implique une réduction de -1,2 Mt des émissions
supplémentaires chaque année (-9,9 Mt en cumulé d’ici
2030) soit 11,1 % de l’objectif global du secteur (industriel).
Quels changements D’ÉCHELLE ?
 Industrie du béton/fabrication du clinker = 10 Mt CO2e par an, cible 2030 -24 % et -80 % à 2050,
soit -8 Mt par an5
.
 Soit une cible 2050 pour 1 tonne de béton = 131 kg de CO2e/t vs 800 kg aujourd’hui.
Quels changements DE PRATIQUES ?
 Progressivement supprimer les combustibles fossiles pour la cuisson du clinker par le recours
à des énergies décarbonées (biomasse par exemple).
 Favoriser l’emploi de ciments décarbonés.
— 31 —
-08-
VÉGÉTALISER
ET GÉNÉRER
DES ÎLOTS
DE FRAÎCHEUR
— 32 —
— 33 —
T
out doit être mis en œuvre pour «coller» au
plus prêt à la trajectoire de +2 °C (accord de
Paris), mais soyons lucides pour admettre qu’il
faudra de toutes façons aussi tout mettre en
œuvre pour nous adapter à ces dérèglements. Tenter
de rendre les villes plus respirables et donc viables par
forte chaleur est une priorité qui se rappelle à notre bon
souvenir chaque été et à celui des climatosceptiques et
négationnistes des travaux scientifiques.
Parmi les pistes envisageables, il y a une mesure forte
qui consiste à introduire plus de végétalisation en milieu
urbain. Ce sujet, trop souvent perçu comme une utopie
environnementaliste, commence à être documenté et à
faire l’objet d’études scientifiques aux conclusions peu
contestables. Les bénéfices sont multiples, un arbre à
maturité en milieu urbain c’est : 20 kg de particules pié-
gées, plus de biodiversité (246 espèces d’insectes abritées
par le saule blanc) et une augmentation de l’effet «puits
de carbone» (5 tonnes CO2e séquestrée par un érable
champêtre et 10 tonnes CO2e par un chêne pédonculé)1
.
Les arbres sont surtout de formidables îlots de fraîcheur
puisque la diminution de la chaleur sous un arbre est assez
importante pour être ressentie physiquement. Lors d’une
canicule, par exemple, il n’est pas rare de relever une
différence supérieure à 10 °C, entre les mesures prises
au sein des îlots de fraîcheur par rapport à celles d’une
rue non végétalisée. Ainsi, en végétalisant ¼ de la sur-
face d’une ville on peut en abaisser sa température de
2 à 4 °C, à condition bien sûr de maintenir le processus
d’évapotranspiration en cas de canicule, c’est-à-dire un
arrosage suffisant. L’impact en journée est considérable,
entre 1 à 3 °C sur toute la durée de l’épisode caniculaire
et 3 à 5 °C à un instant donné, et ce d’autant plus que le
taux de végétation est élevé2
.
Abaisser la température moyenne des villes c’est éga-
lement diminuer le besoin de climatisation. 30 % des
déperditions thermiques passent par la toiture, lorsque
celle-ci est végétalisée on cumule 4 effets vertueux3
: une
meilleure absorption du rayonnement solaire, moins de
convection d’air chaud renvoyé dans l’atmosphère, une
conduction plus faible dans le bâtiment par une couche
isolante supplémentaire et le phénomène d’évapotranspi-
ration; c’est une toiture bioclimatique!
On parle souvent de « lutte contre le changement
climatique », il s’agit en fait de tenter de ne pas
augmenter davantage l’élévation de la température
moyenne entre +2,7 °C et +4 °C, source de
conséquences irréversibles pour les habitants.
-08-
VÉGÉTALISER
ET GÉNÉRER
DES ÎLOTS
DE FRAÎCHEUR
— 34 —
— 34 —
L’impact de la plantation d’arbres en ville est relatif sur le plan des émissions de CO2 mais
conséquent sur la diminution des îlots de chaleur, 1 arbre de plus pour 100 habitants c’est un
abaissement de la température de jusqu’à 2 °C pour un coût d’environ 70 millions pour une
agglomération de 1 million d’habitants.
Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable
01. Encourager quand c’est possible
sur le plan architectural l’adoption
des toitures végétalisées dans les
projets de construction neuve.
02. Introduire dans chaque projet
de construction neuve une étude
d’impact de préservation de la
biodiversité, comme cela est le
cas à l’échelle locale dans certains
territoires.
03. Engager les 50 premières villes
françaises dans un plan volontaire
de végétalisation.
Quels changements DE PRATIQUES ?
 Repenser les permis de végétaliser en ville (après l’échec de l’initiative parisienne)7
.
 Connecter les espaces végétalisés par des «corridors écologiques continus» afin de permettre
la circulation de la faune et la flore8
.
Quels changements D’ÉCHELLE ?
 À Paris, il faudrait végétaliser 1,9 million de m² de toiture pour baisser en moyenne de 1 à 2 °C
la température de la ville. Le plan biodiversité de la capitale, prévoyait d’atteindre 100 hectares de
toits et murs végétalisés en 2020, soit déjà la moitié nécessaire pour atteindre le seuil4
.
 Chaque degré Celsius supplémentaire entraîne une augmentation de la consommation d’énergie
pour la climatisation de 9 % à 12,6 %5
. Pour rappel, la climatisation représente environ 6 % de la
consommation d’électricité en France.
 Un arbre peut stocker environ 167 kg de CO2 par an, soit 1 tonne de CO2e/an pour 6 arbres arrivés
à maturité. Pour compenser les 11,2 tonnes de CO2eq (par citoyen) émises en moyenne chaque année
par notre mode de vie, il faudrait donc planter plus de 67 arbres par habitant chaque année6
.
 On compte 300000 arbres à Paris (forêts) + 200000 en ville. Avec ses 2,16 millions d’habitants,
planter un arbre supplémentaire pour chaque centaine de Parisiens permettrait de capter une fois
à maturité plus de 3600 tonnes de CO2e/an. À l’échelle de la France, +1 arbre pour 100 habitants,
c’est 113000 tonnes de CO2e captées chaque année. D’ici 2030, c’est près de 1 Mt de CO2e captées,
et plus de 3,1 Mt d’ici 2050.
— 35 —
-09-
FORMER
ET PRÉPARER
LA GÉNÉRATION
DE PROFESSIONNELS
CITOYENS
DU CLIMAT
— 36 —
— 37 —
C
’est autant dans la formation des professionnels
en exercice que dans la prochaine génération
qu’il faut investir le champ des compétences.
Toutes les mutations annoncées, qu’elles soient
d’ordres technologiques ou au niveau des pratiques,
introduisent des référentiels de connaissances et de
compétences qui sont au mieux une évolution mais, dans
bien des cas, un champ de compétences complètement
nouveau par rapport aux bases acquises par les profes-
sionnels en exercice, formés ces 20 dernières années; les
exemples sont nombreux et concernent pratiquement tous
les métiers : compétences pour l’installation de pompes à
chaleur vs chaudière gaz, calcul de structure bois vs béton,
rénovation par geste mono-produit vs rénovation globale
performante, caractéristiques des matériaux réemployés,
des matériaux biosourcés et géosourcés vs matériaux
industriels traditionnels.
Il y a d’abord un défi qualitatif pour réussir à adapter
les connaissances et les compétences à ces nouvelles
pratiques, donc au besoin des entreprises. Ainsi, sur
84000 apprentis dans le secteur en 2021, seulement 28 %
suivent une des 99 formations en lien avec les métiers de
la rénovation énergétique1
, on recense un seul diplôme ou
titre national dédié aux matériaux biosourcés et géosourcés
et seulement deux organismes de formation capables de
le délivrer, il y a aussi quelques initiatives remarquables
mais trop isolées (amico, réseau des Campus des Métiers
et Qualification, quelques CFA pionniers comme celui
d’Ocquerre). C’est également un défi quantitatif pour former
1,342 million de professionnels en exercice.
En 2020, les acteurs de la formation ont formé 253389 sala-
riés de la construction, soit 18,9 % des professionnels en
formation continue, l’ensemble des dispositifs de formation
professionnelle a formé 402602 personnes (contrats d’ap-
prentissage, de professionnalisation, formation initiale)2
.
La capacité actuelle du dispositif de formation national est
insuffisante par rapport au besoin des entreprises, le sec-
teur est déjà en tension3
; il va falloir dans les 5 prochaines
années augmenter la capacité du volume de formation,
des nouveaux entrants comme des professionnels en
exercice tout en réalisant un «aggiornamento» des com-
pétences pour mieux les adapter aux besoins futurs des
entreprises. Les solutions existantes (CPF) sont faiblement
appréciées par les chefs d’entreprises car ils privilégient
l’apprentissage par la pratique de terrain, de chantier, la
fameuse formation «sur le tas» ou en situation de travail
(AFEST). Ne faut-il pas aussi revoir notre rapport au temps
sur les diplômes, c’est-à-dire l’évolution dans le temps
de l’adéquation des diplômes par rapport au besoin des
entreprises? Est-ce qu’un diplôme acquis à un instant t
peut rester adapté aux besoins des entreprises des 20 pro-
chaines années? Le défi est aussi quantitatif, sur le nombre
d’emplois; il y a une pénurie parfaitement annoncée sur
les métiers de la rénovation énergétique, la tendance de
500000 chantiers de rénovation globale par an à 2030
fait apparaître un déficit de 250000 emplois par an. Ainsi
on estime à 167000 le nombre d'emplois dans la filière
pour les métiers de la rénovation énergétique en 2020,
il en faudrait 406000 en 20304
! Il s’agit donc d’attirer, de
recruter et de former 150000 nouveaux entrants, soit un
rythme deux fois supérieur au rythme actuel.
La compétence, la formation sont les maillons
importants et même critiques pour
réussir la trajectoire de « décarbonation »
du secteur du bâtiment et de la construction,
cette transformation s’opérera avec des
professionnels, hommes et femmes, bien formés, car
c’est eux qui mettront en œuvre cette trajectoire.
-09-
FORMER
ET PRÉPARER
LA GÉNÉRATION
DE PROFESSIONNELS
CITOYENS
DU CLIMAT
— 38 —
— 38 —
Le coût pour former une personne aux compétences nécessaires à la rénovation énergétique globale
et performante est d’environ 5000€. Si l’on considère qu’il faut former les 150000 professionnels
nouveaux entrants dans la filière avec une prise en charge à 100 % par l’Etat, l’ordre de grandeur
est de 750 millions d'euros par an à 2030 ; cette formation serait prioritairement en faveur de la
reconversion des salariés, elle ne répond pas au besoin de renforcement des compétences des
professionnels en exercice.
Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable
01. Introduire dans tous les cursus (niveaux 1 à 4) un
module de sensibilisation aux enjeux du climat et de
l’environnement (type fresque du climat, fresque de la
construction ou équivalent).
02. Créer plusieurs diplômes (RNCP) dédiés aux métiers
de la filière biosourcée et géosourcée.
03. Construire un référentiel de compétences communes
sur les fondamentaux de demain (le numérique, la pré-
vention et la sécurité, l’environnement) et le déployer
dans tous les établissements et tous les niveaux grâce
aux applications digitales performantes (ex. : plateforme
PIX de l’éducation nationale).
04. Former les réseaux de proximité (distributeurs,
agents immobiliers) aux bonnes pratiques de la réno-
vation globale.
05. Introduire un cursus de rénovation énergétique glo-
bale et performante dans tous les diplômes.
06. Encourager avec plus de moyens, les initiatives
locales comme le Campus des Métiers et Qualification,
le réseau des éco clusters.
07. Promouvoir les nouvelles pratiques de formation en
situation de travail (type AFEST) pour les métiers de
la rénovation énergétique et reconnaître l’AFEST dans
le dispositif CPF.
08. Créer un dispositif incitant à la reconversion des
personnes venant d’autres secteurs vers les métiers de
la rénovation énergétique en créant un « pass-reconver-
sion » métiers de la transition écologique.
Quels changements DE PRATIQUES ?
 Développer une culture commune sur les métiers de la transition écologique, cela doit devenir
la nouvelle compétence de base, en plus du savoir-faire des gestes des métiers.
 Valoriser par une communication puissante et positive ces métiers pour leur rôle citoyen et
essentiel pour l’avenir.
Quels changements D’ÉCHELLE ?
 Attirer chaque année +150 000 candidats nouveaux entrants vers les métiers de la rénovation
énergétique.
 Former 1 million de professionnels à un socle de connaissances et de culture communes aux
défis de la transition écologique.
— 39 —
-10-
MESURER,
VALORISER,
PROMOUVOIR
— 40 —
— 41 —
L
e champ des transformations à réaliser est
vaste et doit relever d’une approche globale et
systémique. Il n’y aura pas de transformation
sans une mesure de l’exécution, une évaluation
des progrès et de l’avancement, en quelque sorte une
mesure scientifique et partagée chaque année d’où nous
en sommes sur la trajectoire. Il n’existe pas à ce jour de
contenu qui quantifie de façon consolidée et complète un
tel plan. Nous mesurons partiellement nos émissions,
nous mesurons le volume de travaux de rénovation, mais
de façon partielle la quantité d’émissions évitées par ces
travaux, nous ne disposons pas de cartographie des pro-
fils d’émissions carbone des bâtiments neufs construits
chaque année, nous n’évaluons pas l’adéquation des com-
pétences des professionnels d’aujourd’hui et de demain
aux besoins du secteur. Et pourtant nous disposons de
toutes les compétences, tant dans la fonction publique
en charge du secteur qu’au niveau des acteurs privés ou
des parties prenantes; c’est d’une vision consolidée dont
nous avons besoin, capable d’agréger les travaux de tous
les segments du secteur.
Exécuter un tel plan nécessite d’écouter, d’impliquer et
d’embarquer les acteurs, de les considérer, de valoriser et
promouvoir les bonnes pratiques. Un tel plan ne doit pas
comporter de posture «punitive» qui nivelle par le bas,
mais bien au contraire, cela nécessite une concertation,
une vision partagée, des engagements concrets, robustes
et réciproques des parties prenantes, donc des formes
de contrôle, assumons-le! Enfin, il s’agit de valoriser les
champions du secteur, nous valorisons très bien, et tant
mieux, les licornes de la Tech, pourquoi ne pas valoriser
les champions de l’environnement et du climat, les licornes
du climat! Pourquoi ne pas valoriser les centaines de mil-
liers d’artisans professionnels qui exerceront un métier
citoyen et seront les garants de l’atteinte des trajectoires !
Il s’agit de créer un contexte propice
à toutes ces transformations,
de créer les conditions
de la qualité de l’exécution.
-10-
MESURER,
VALORISER,
PROMOUVOIR
— 42 —
— 42 —
Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable
01. Mettre en place une gouvernance et un rendez-vous
annuel de partage de la feuille de route globale et des pro-
grès au niveau du Premier ministre, puisqu’un tel plan
concerne plusieurs ministères. Ce rendez-vous doit ras-
sembler toutes les parties prenantes du secteur.
02. Créer un observatoire public du plan de transforma-
tion et de modernisation du secteur, intégrant le champ
le plus large des actions de transformation et des données.
03. Engager les acteurs industriels, par la voix de leurs
organisations professionnelles, dans une démarche
volontaire de bilan carbone certifié (sur les scopes 1, 2 et
3), valoriser les meilleures pratiques et les progrès réalisés,
publier les résultats.
04. Interdire les communications approximatives de
neutralité carbone sans contenu explicite des promesses,
rendre obligatoire le recours à des méthodes approuvées
et robustes du type Science Based Targets. Nous disposons
bien d’une agence sanitaire ou du CSA pour contrôler la
communication sur des secteurs clés, faisons-le également
pour le climat.
05. Réaliser une publication annuelle des données avec
une analyse consolidée et pour les consommateurs une
information objective et explicite.
06. Reconduire et faire connaître l’observatoire de la réno-
vation en y intégrant une approche globale et un bilan des
actions et des budgets engagés pour introduire une notion
de « ROI environnemental ».
07. Créer un outil de mesure des qualifications des profes-
sionnels permettant de mesurer l’adéquation des compé-
tences par rapport au besoin des entreprises.
08. Créer un observatoire des appels à projets du secteur
avec une analyse des résultats et de l’efficacité des actions.
09. Engager la communication publique dans un plan plu-
riannuel de communication sur l’attractivité de ces métiers.
10. Rendre obligatoire une communication explicite et
transparente des actions engagées par les acteurs, pas uni-
quement sur un horizon « à 2050 » mais prioritairement
sur les actions mises en œuvre d’ici 2030.
— 43 —
CONCLUSION
L
e défi est immense et nous n’avons d’autre
choix que de saisir toutes ces opportunités
avec l’intelligence collective et l’humilité qu’elles
nécessitent. Beaucoup d’experts ont démontré
et étayé scientifiquement l’urgence des choix stratégiques
et sociétaux qui s’imposent, restent à créer les conditions
pour que cette transformation ait lieu. Ce recueil de propo-
sitions esquisse une feuille de route mais doit faire l’objet
d’un travail approfondi, pour créer le «Masterplan de la
décarbonation du secteur»; le cumul de ces chantiers en
année pleine d’émissions évitées ou de séquestration est
de 30 Mt annuelles, soit 20 % des émissions annuelles du
secteur! Les changements de pratiques et de process
associés doivent constituer l’objectif de tous les acteurs
dès 2030. La filière sous la conduite des pouvoirs publics
doit s’en emparer pour poursuivre et amender ce travail,
cela doit prendre la forme d’un plan avec des objectifs,
des jalons et bien sûr une dose d’obligation et d’incitations
avec des contreparties pour créer les conditions pour
les acteurs; chacun doit prendre une posture positive
avec des engagements réciproques, ne pas discriminer
certaines filières et éviter les postures dogmatiques.
Le secteur est constitué d’hommes et de femmes passion-
nés et hautement qualifiés, tout le monde a globalement
envie d’agir, mais c’est de l’audace, de l’écoute et d’une
dynamique nationale dont nous avons besoin ; le dernier
rapport du GIEC a précisé que l’horizon de temps pour
engager les actions de réductions de nos émissions est
de 3 ans, nous sommes déjà en retard,
FAISONS-LE !
— 44 —
— 44 —
INTRODUCTION
1.  Chiffres clés du climat, I4CE, ministère de la Transition écologique et solidaire, 2019.
2.  Le bâtiment, un secteur en première ligne des objectifs de neutralité carbone de la France en 2050, Carbone 4, 2019.
01 – RÉNOVER EN 10 ANS LE PARC EXISTANT DES LOGEMENTS ÉNERGIVORES
1. 

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/ – Consommation d’énergie dans le secteur tertiaire, 2020, tous
usages. Ibid – Chiffres clés de l’énergie, 2021, p.33, Résidentiel 2019. *33,7 % pour l’électricité dont origine nucléaire, et
une part négligeable de chaleur commercialisée.
2.  Ibid.
3.  Ibid.
4.  
Surface non-résidentielle construite en 2019 = 42,2 M de m² autorisés (https://www.batiactu.com/edito/construction-
2019-a-fait-moins-bien-que-2018-58628.php#:~:text=Sur%20l’ensemble%20de%20l,chantier%20 (% 2B7%2C2%25). Surface
autorisée de logements = 449400 logements (ibid) x 69,4 m² en moyenne, soit 31,2M de m² en 2019. Pour un total de 73,4M
de m² autorisé chaque année, cela fait 110,1 Mt de CO2 émises sur 50 ans, soit 2,2 Mt CO2 supplémentaires chaque année.
5.  https://www.carbone4.com/article-batiment-snbc 122 Mt CO2eq en 1990, 145 Mt en 2019 (cf. note 4).
6.  https://www.insee.fr/fr/statistiques/4985385
7.  https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2021/06/TSP-PTEF-Habiter-dans-une-societe-bas-carbone-RI-juin-2021-VF.pdf
8.  
Rénovation énergétique : une décennie de perdue (reporterre.net) en 10 ans on a rénové 200000 logements au niveau
BBC Negawatt.
9.  25*28 (années restantes avant 2050) : 25 fois en dessous des objectifs de la SNBC de 2050, dans 28 (les rénovations en
retard sur les années depuis la publication de la SNBC ne sont pas comptabilisées).
10. 
https://www.construction21.org/france/articles/h/combien-de-co2-pour-un-plan-de-renovation-energetique-de-500-
000-logements-par-an.html – Tableau Hypothèses de coûts de travaux de rénovation énergétique pour 500 000 logements,
Hypothèse B, Gain de 3 niveaux sur les étiquettes GES, 2014.
11. La rénovation performante par étapes, Rapport final, 2021. https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/4168-
renovation-performante-par-etapes.html
12. 
https://www.gouvernement.fr/actualite/interdiction-a-la-location-des-logements-avec-une-forte-consommation-d-
energie-des-2023
02 – RÉEMPLOYER POUR NE PAS ÉMETTRE UNE 2E
FOIS
1.  https://www.construction21.org/france/articles/h/economie-circulaire-et-batiment-de-quoi-parle-t-on.html
2. 
https://institut-economie-circulaire.fr/wp-content/uploads/2022/01/Dossier-de-presse-Livrable-Programme-Ecole-
Circulaire-1.pdf
3. 
https://www.build-green.fr/reemploi-recyclage-est-ce-vraiment-pertinent-et-ecologique/
4.  ADEME, cité dans https://batiadvisor.fr/recyclage-btp/
5. 
https://www.senat.fr/rap/r18-649-1/r18-649-121.html
6. 
https://www.environnement-magazine.fr/recyclage/article/2019/05/29/124600/plus-70-dechets-btp-recycles-par-industrie-extractive-2018
7. 
https://institut-economie-circulaire.fr/la-transition-circulaire-du-secteur-du-batiment-du-dechet-ressource-aux-materiaux-recycles/
8.  
Le béton recyclé (ifsttar.fr).
9. 
https://www.actu-environnement.com/ae/news/REP-batiment-report-38565.php4
10. https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/5069-circo2beton.html#/44-type_de_produit-format_electronique
03 – RÉHABILITER PLUTÔT QUE CONSTRUIRE, QUAND C’EST POSSIBLE
1.  https://www.bouygues-construction.com/blog/fr/rehabilitation-solution-viable/
https://www.lenouveleconomiste.fr/lesdossiers/immobilier-tertiaire-neuf-contre-rehabilitation-88366/
2.  Ibid.
3.  https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/157-consommation-de-ressources-privilegier-la-renovation-plutot-
que-la-construction-neuve-.html
SOURCES
ET RÉFÉRENCES
— 46 —
4.  https://www.driea.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/rehabilitation_vs_construction_neuve.pdf
5.  https://conseils.xpair.com/actualite_experts/limiter-empreinte-carbone-construction.htm#:~:text=En%20moyenne%2C%20
la%20construction%20d,une%20dur%C3%A9e%20de%2050%20ans.
6.  https://www.ecologie.gouv.fr/artificialisation-des-sols
7.  https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/157-consommation-de-ressources-privilegier-la-renovation-plutot-
que-la-construction-neuve-.html
04 – STOCKER LE CARBONE PLUTÔT QU’ÉMETTRE
1.  Infographie Combien de CO2 absorbe un arbre, Office National des Forêts – Terre du futur.
https://www.terre-du-futur.fr/combien-de-co2-absorbe-un-arbre/
2.  
*Sur 100 ans. Chaire Économie du Climat, Potentiel de séquestration de carbone par le bois : études des constructions
neuves dans le secteur du logement français, 2019. https://www.chaireeconomieduclimat.org/publications/potentiel-de-
sequestration-de-carbone-par-le-bois-etude-des-constructions-neuves-dans-le-secteur-du-logement-francais/
3.  
Près d’un cinquième des émissions évitées sont réémises par le transport international de ces produits-bois (i4ce.org).
Étude Relocaliser la Filière Bois. https://www.i4ce.org/wp-core/wp-content/uploads/2019/05/I4CE-Etude-
RelocaliserFiliereBois-1.pdf
4.  https://www.filiere-3e.fr/2021/04/27/bois-impact-carbone-constructions/
5.  Construction de logement neuf 2020, France Bois Forêt, 2021.
https://franceboisforet.fr/2021/10/11/la-construction-bois-2020-un-marche-en-devenir/#:~:text=En%20outre%2C%20
la%20part%20de,6%2C3%20%25%20en%202018
6.  http://www.batirpourlaplanete.fr/wp-content/uploads/2015/08/Guide-materiaux-biosources.pdf
7.  https://www-batirama-com.cdn.ampproject.org/c/s/www.batirama.com/amp/article/39152-isolants-biosources-plus-
que-jamais-dans-la-course.html
8.  https://www.revolution-energetique.com/isolants-biosources-quel-interet/
9.  CALCUL 2021 : 30 % de 126400 logements = 37920; *69,4 m² (moyenne neuf) = 2631648 m²; *75kgCO2e capturé = 197373,6 t
de CO2/an capturé. À cela s’ajoutent les émissions évitées grâce à la substitution du bois à d’autres matériaux émetteurs
(i.e. l’impact du bois est estimé entre -71 et -80kgCO2e/m² tandis que celui du béton est évalué entre 210 et 417kgCO2e/m²).
Si l’augmentation du bois se fait au détriment de la filière béton seulement : entre 0,6MtCO2/an et 1,1MtCO2/an évitée en
plus du carbone capturé.
10. https://vem-fb.fr/index.php/chiffres-cles/95-graphiques/144-chiffres-cles-filiere-dusage#:~:text=consommation%20
finale%20fran%C3%A7aise-,Dans%20la%20fili%C3%A8re%20d’usage%20bois%20d’%C5%93uvre%2C%20les,et%20
14%25%20des%20produits%20rabot%C3%A9s – 1 M m3
de bois d’œuvre utilisés dans la production finale en France,
destiné à la mise en œuvre. Soit 1 Mt de CO2 captées durant la croissance de l’arbre (source 1), multiplié par 5 (passer
de 6 % à 30 %, source 5).
11. 
Les laines de verre représentent 50 % du marché et les PSE 28 %, les PSX 7 %, les biosourcés 7 % en 2018.
https://www.actu-environnement.com/ae/news/isolants-croissance-32355.php4 – L’impact carbone des
isolants biosourcés est en moyenne de -9,4 kg CO2eq/UF, pour +13,9 pour les isolants minéraux, 13 pour les PSE,
520 pour les PSX. https://www.construire-solidaire.fr/wp-content/uploads/2019/09/thermiquebiosource.pdf
UF (unité fonctionnelle) signifie la quantité nécessaire pour réaliser une fonction d’isolation thermique sur 1 m² de paroi.
Pour un marché de 230 M de m² en 2018, cela fait 115 M de m² pour les laines de verre (soit 1,6 Mt de CO2 émises),
pour les PSX avec 16,1 M de m² posés on émet 8,4 Mt de CO2. Passer de 7 % à 30 % de biosourcés, en remplaçant les 7 %
de PSX et 16 % de laines minérales, on évite 10 Mt de CO2/an auxquelles s’ajoute 0,5 Mt de CO2 captées (chaque année au
rythme de construction neuve de 2018).
05 – RENDRE LES BÂTIMENTS NEUFS EXEMPLAIRES DÈS MAINTENANT
1.  https://www.apave.fr/actualite/entree-en-application-de-la-re-2020-pour-les-batiments-tertiaires
2.  https://re2020.fr/reglementation-environnementale-re2020-fr/
3.  https://www.cyrisea.com/le-blog-de-cyrisea/re2020-entree-vigueur-janvier-2022
4.  Ibid.
— 47 —
06 – ADOPTER LES MÉTHODES MODERNES DE CONSTRUCTION, LE HORS-SITE, LA CULTURE LEAN
1. 
Une étude exclusive sur la productivité et les principaux gisements actuels dans la construction, Observatoire de la Construction
Tech – Batimat – Gimelec – Xerfi, 2020.
2. 
https://www.pbctoday.co.uk/news/mmc-news/dfe-offsite-schools-framework/50237/
3.  Taylor, 2020 — Cité dans Increasing the prevalence of Offsite construction in Housing association developments: conceptual
and pragmatic challenges, Andrew Agapiou, Department of Architecture, University of Strathclyde, 2021.
4.  
Baromètre Hors-Site — 1re
édition 2021 — Batimat, Campus Hors-Site, TBC Innovations.
5. 
Résidentiel Zéro Carbone à 2050 : Utopie ou Réalité?, Batimat, mars 2021.
6. 
https://www.batiweb.com/actualites/developpement-durable/la-construction-modulaire-hors-site-pour-gagner-en-
productivite-36955
7.  RésidentielZéroCarboneà2050:UtopieouRéalité?,Batimat,mars2021.Calcul:Neuf=33MtCO2/an,20%dumarchéduneufémet
6,6 Mt CO2/an, 30 %* de ces 6,6 Mt = -1,98 Mt CO2/an grâce au hors-site. *Cougnaud Construction dans Batiweb : https://www.
batiweb.com/actualites/developpement-durable/la-construction-modulaire-hors-site-pour-gagner-en-productivite-36955?
07 – DÉCARBONER LES FILIÈRES INDUSTRIELLES
1.  
CSF IPC AIMCC, 2015 et https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2021/10/07/la-decarbonation-de-l-industrie-en-
france#:~:text=L’industrie%20repr%C3%A9sente%20pr%C3%A8s%20de,efficacit%C3%A9%20carbone%20de%20la%20
production
2.  CSF IPC AIMCC – 2015.
3. Émission verre, Ibid.
4. Émissions tuiles, Ibid.
5.  Résidentiel Zéro Carbone à 2050 : Utopie ou Réalité?, Batimat, mars 2021.
08 – VÉGÉTALISER ET GÉNÉRER DES ÎLOTS DE FRAÎCHEUR
1.  
L'arbre en ville, découvrez un outil au service des territoires. (arbre-en-ville.fr)
2. 
Ibid.
3.  https://www.ecovegetal.com/leffet-isolant-dune-toiture-vegetalisee/
4.  https://www.ecovegetal.com/wp-content/uploads/2020/02/Dossier-de-presse-municipales-2020.pdf
(Végétaliser 6 % des toits d’une grande ville permet de réduire de 1 à 2 °C sa température).
5.  
Huang et al. 1990, cité dans Arbre-en-ville.fr, 2019. http://www.arbre-en-ville.fr/wp-content/uploads/2019/05/
Guide20l27arbre20acteur20du20climat20en20milieu20urbain202018.pdf
Consommation Climatisation en France https://www.cacheclimatisation.com/climatisation/impact-environnement-
statistiques-consommation/#:~:text=La%20climatisation%20repr%C3%A9sente%20environ%206,4%20944%20kwh%20
en%202017%20)
6. 
https://climate.selectra.com/fr/actualites/arbre-absorbe-co2
7. 
https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/01/18/a-paris-anne-hidalgo-signe-la-fin-des-permis-de-
vegetaliser_6109929_823448.html
8. 
https://cdn.paris.fr/paris/2022/01/07/aa9e594acd2ff4a78de75f61887a00a0.pdf
09 – FORMER ET PRÉPARER LA PROCHAINE GÉNÉRATION
1. 
https://www.conseil-national-industrie.gouv.fr/files_cni/files/csf/construction/16-11-21_avenant_csf_ipc.pdf
2.  
Observatoire des Métiers du BTP, 2020. https://dataviz.metiers-btp.fr/
3.  https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/document/document/2021/09/dp_plan_reduction_tensions_
recrutement_270921_22h14.pdf
4. 
https://www.ccca-btp.fr/ et https://www.metiers-btp.fr/
Crédits photo : Florie Berger, iStock
— 48 —
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Décarbonation en 100 jours

  • 1. 10 DOMAINES D’ACTIONS SUR LESQUELS LA PROCHAINE ÉQUIPE GOUVERNEMENTALE POURRA AGIR RAPIDEMENT. qui permettront d’être au rendez-vous dès 2030!
  • 2. C e texte met en perspective les actions qui permettraient de «décar- boner» le secteur du bâtiment et de la construction en France; il ras- semble les données, relie les domaines d’actions et donne les ordres de grandeur pour mieux hiérarchiser et prioriser. «Décarboner», c’est faire en sorte que les émissions nettes du secteur en 2030 ou en 2050 soient nettement moins élevées que celles d’aujourd’hui. Nous parlons bien des émis- sions annuelles à une date future (par exemple les émissions de l’année 2030), gardons à l’esprit que la quantité de CO2 déjà émise jusqu’à aujourd’hui et celle qui sera émise jusqu’à cette même date de 2030, reste, quant à elle, bien présente dans l’atmosphère. Ce texte s’attache à lister et étayer les mesures qui pourraient diminuer fortement les émissions de gaz à effet de serre du secteur du bâtiment et de la construction; il ne traite pas d’autres sujets, tout aussi essentiels et contributeurs, et pour certains complètementaires, liés à l’écosystème du bâtiment comme l’aménagement du ter- ritoire, l’artificialisation des sols, le mix énergétique et nos sources d’approvisionne- ment, l’évolution de l’habitat et de la qualité de vie. Les données utilisées sont toutes documentées et les sources listées, il n’existe pas d’étude scientifique et sectorielle à 2050 avec autant de combinaisons de facteurs tous liés ou interdépendants ; les projections avancées sont donc parfaitement critiquables puisqu’elles figent certains paramètres (l’évolution de la population et de la demande par exemple). Cette étude n’a pas l’ambition de présenter la vérité absolue mais de donner une synthèse pour agir, et ce à court terme, sur un champ d’actions parfaitement identifiable, concret et qui dans beaucoup de cas, fait déjà consensus. Beaucoup des mesures proposées sont souvent discutées dans les cercles de professionnels ou ont fait l’objet de propositions, mais souvent isolées et plus rarement comme un ensemble relevant d’une approche systémique et globale. La structure en 10 propositions pourrait laisser entendre que c’est simple à réaliser, puisque la formulation, elle, est simple! C’est justement l’inverse, c’est d’ambition dont nous avons besoin, d’une vision systémique, de beaucoup de travail pour faire bouger autant de paramètres en même temps, donc de l’audace! AVANT-PROPOS, NOTE AUX LECTEURS
  • 3. — 1 — SOMMAIRE -01- RÉNOVER EN 10 ANS LE PARC EXISTANT DES LOGEMENTS ÉNERGIVORES -02- RÉEMPLOYER POUR NE PAS ÉMETTRE UNE 2e FOIS -03- RÉHABILITER PLUTÔT QUE CONSTRUIRE, QUAND C’EST POSSIBLE -04- STOCKER LE CARBONE PLUTÔT QU’ÉMETTRE -05- RENDRE LES BÂTIMENTS NEUFS EXEMPLAIRES DÈS MAINTENANT -06- ADOPTER LES MÉTHODES MODERNES DE CONSTRUCTION, LE HORS-SITE, LA CULTURE LEAN -07- DÉCARBONER LES FILIÈRES INDUSTRIELLES -08- VÉGÉTALISER ET GÉNÉRER DES ÎLOTS DE FRAÎCHEUR -09- FORMER ET PRÉPARER LA GÉNÉRATION DE PROFESSIONNELS CITOYENS DU CLIMAT -10- MESURER, VALORISER, PROMOUVOIR
  • 5. C ’est le temps dont disposera le prochain gou- vernement pour engager les actions pour ne pas rater le rendez-vous de 2030. Pour être au rendez-vous de 2050, mieux vaut com- mencer par être à l’heure du premier point de passage, à savoir 2030. Être à l’heure du rendez-vous de 2030, c’est avoir réduit les émissions de l’année 2030 du secteur du bâtiment et de la construction de 54 %1 par rapport à aujourd’hui (trajectoire SNBC). Et pour être à l’objectif, il faut s’y mettre maintenant ou avoir commencé à le faire; le secteur du bâtiment opère sur des temps longs, cela lui vaut souvent des critiques peu fondées de secteurs réfractaires au changement et peu agile… mais quel secteur économique a autant d’impact sur la société, les paysages, les citoyens pour les 50 prochaines années? La santé, l’alimentation peut-être, des secteurs réputés bien plus technologiques que le bâtiment, sont sur des cycles équivalents. Donc, seules les décisions prises dans les prochains jours auront un impact de correction de trajectoire à 2030, compte tenu de ces cycles. C’est là la grande caractéristique du secteur du bâtiment, il rapporte peu à court terme, les mesures que prendrait la prochaine équipe gouvernementale auront leur plein effet pendant le mandat 2027. Le «point mort politique et médiatique» n’est pas à court terme, rarement moins de 5 ans. Plus que de prendre des décisions sur les 100 premiers jours, c’est aussi de plus d’efficacité, dont nous avons besoin; formulons le souhait qu’au-delà de la quantité d’argent public mobilisé pour soutenir la transformation du secteur, chaque euro investi délivre bien à 5 ans une rentabilité et une efficacité environnementale et sociétale suffisante, donc une rentabilité économique, puisqu’il faudra bien un jour intégrer le coût de la facture environnementale dans l’économie réelle. Le secteur du bâtiment et de la construction c’est 145Mt2 d’émissions de CO2e par an soit 30 % des émissions nationales ; celles-ci ont augmenté de 8 % entre 2014 et 2017 pour ensuite enregistrer une baisse entre 2019 et 2021 dans le contexte inédit de la pandémie. Le périmètre de ces émissions comprend les émissions d’usage, c’est-à-dire l’énergie pour chauffer ou refroidir les bâtiments, y vivre (scope 1 2), mais également les émissions liées à la phase de travaux (neuf et rénovation, scope 3), c’est-à-dire celles de l’industrie des matériaux de construction. En réalité le secteur du bâtiment et de la construction, occupe la première place ex-aequo avec le secteur des transports en termes d’émissions de CO2 (scope 1+2+3), si l’on prend en compte les émissions liées aux process industriels pour fabriquer les composants du bâtiment (matériaux par exemple) et pas seulement l’usage. Il est donc stratégique et tout aussi critique pour réussir la trajectoire de décarbonation du pays. La nouvelle équipe, pleinement en place après les élections législatives, devra créer les conditions capables de faire travailler toutes les parties prenantes, au service d’un objectif commun et intelligible pour les citoyens. 100 jours ! GUILLAUME LOIZEAUD, Directeur de la Division Construction de RX France, Directeur du Mondial du Bâtiment et de Batimat INTRO DUCTION — 3 —
  • 6. –01– RÉNOVER EN 10 ANS LE PARC EXISTANT DES LOGEMENTS ÉNERGIVORES — 4 —
  • 8. C es émissions sont liées à la quantité et au mix énergétique, à savoir la nature et la prove- nance des énergies utilisées. En 2019, 39,8 % des consommations du parc résidentiel sont d’origine fossile (gaz naturel, charbon, pétrole/fioul), seu- lement 23,2 % de sources dites renouvelables et pour le reste d’énergie nucléaire1 . Pour le parc tertiaire, en 2020, la part d’hydrocarbure s’élève à 49,3 %, contre 3,4 % d’énergie renouvelable et 47,7 % d’énergie nucléaire2 . Maintenir le niveau de consommation actuel des bâtiments existants, cela revient à émettre 1290,5 millions de tonnes de CO2e sur les 10 prochaines années3 à parc et mix énergétique constants, auxquelles s’ajouteraient les nouvelles consom- mations des bâtiments neufs. Si 1 m² de bâtiment neuf émet 1,5 tonne de CO2e sur 50 ans, maintenir le rythme de chantiers autorisés revient à émettre chaque année 2,2 Mt de CO2e supplémentaires4 . Cela revient en quelque sorte à «creuser un déficit» de 2,8 % par an, en plus des tonnes déjà émises chaque année, toutes choses égales par ailleurs. Depuis 2007, date du Grenelle de l’environnement, le secteur s’est progressivement emparé du sujet de la rénovation des bâtiments ; un marché de travaux de rénovation énergétique s’est créé en 15 ans grâce aux plans successifs des pouvoirs publics et à l’investissement des acteurs privés. Oui, mais nos émissions sur le secteur résidentiel ne baissent pas! Si on compare les émissions du secteur de l’année 1990 à celles les plus récentes de l’année 2019, la variation est quasi-nulle5 ! Les émissions ne baissent pas, d’une part parce que les sources d’émissions sont toujours majoritairement aussi «carbonées» (mix énergétique majoritairement fossile), mais surtout parce que l’augmentation du nombre de logements (+13 mil- lions de logements entre 1982 et 20206 ) et des surfaces sont venues «annuler» en quelque sorte la baisse des émissions liée aux travaux de rénovation énergétique des bâtiments existants. Dit autrement, les émissions liées aux consommations des nouveaux logements construits sont supérieures aux émissions évitées par les travaux de réno- vation énergétique du parc existant. Le travail des pouvoirs publics depuis 3 ans pour améliorer les dispositifs d’aide aux travaux de rénovation a généré une forte augmen- tation de la demande et du volume de travaux (700000 demandes de dossiers MaPrimeRénov’ en 2021), mais sur des travaux qui en réalité ont un «ROI environnemental» insuffisant, puisqu’ils génèrent une faible réduction des consommations, donc des émissions. Le mix des travaux de rénovation énergétique est essentiellement constitué de postes isolés (changement de menuiseries, de système de production de chauffage, isolation d’une paroi), il en résulte une évolution des gains énergétiques assez faible et pas de changement significatif des classes énergétiques (seuls 6 % des travaux de rénovations de maisons individuelles en 2019 permettent un saut de 2 classes ou plus de DPE)7 . Donc le système actuel génère un marché plus important en volume de travaux mais assez peu de réductions des consommations, donc des émissions, par la nature des travaux réalisés. Bien sûr, quelques expérimentations existent, menées par des bailleurs sociaux à l’échelle d’un bâtiment ou faisant l’objet des prémices d’un nouveau modèle comme la démarche Energiesprong, toutes ces expérimentations ont, dans certains cas, dépassé le stade de prototype avec des projets sur quelques milliers de logements; il faut changer d’échelle, nous engageons beau- coup de travaux mais réalisons assez peu de baisse des émissions liées aux consommations en pratique. Puisqu’il s’agit de massifier la demande de travaux, il faudrait aussi prendre en compte l’impact carbone des matériaux utilisés. Les émissions liées au chauffage et à la climatisation représentent 66 % des émissions des bâtiments à usage résidentiel. –01– RÉNOVER EN 10 ANS LE PARC EXISTANT DES LOGEMENTS ÉNERGIVORES — 6 — — 6 —
  • 9. Quels changements D’ÉCHELLE ?  La SNBC fixe à 500000, le nombre de rénovations par an pour avoir converti en 2050 l’ensemble du parc actuel au niveau BBC. Nous rénovons au rythme actuel 20000 logements environ au niveau BBC8 ; il faudrait donc multiplier ce chiffre par 25. Sans cette accélération, il nous faudra 700 ans9 pour rénover le parc existant et ainsi atteindre le niveau de la stratégie SNBC. Rénover au rythme fixé par la SNBC, avec au moins +3 étiquettes GES, permettrait de réduire chaque année les émissions de 2,7 Mt CO2e, soit 21,6 Mt évitées d’ici 203010 , soit une diminution de nos émissions de -16 %, liée à la rénovation des bâtiments, sur les 54 % fixés par la SNBC, c’est-à-dire une contribution de 30 % de l’acte de rénover à l’effort fixé par la trajectoire SNBC. Le potentiel annuel de réduction d’émissions lié à l’accélération de travaux de rénovation énergétique performante des logements est de 2,7 Mt CO2e/an, soit 22 Mt CO2e à 2030 ; l’ordre de grandeur du coût annuel de ces mesures est de 25 milliards d’euros, soit environ 1 % du PIB annuel de la France. Sur la base d’une hypothèse de prise en charge par l’État à 50 %, c’est environ 12 milliards d’euros d’argent public qu’il faut mobiliser, soit 9 milliards de plus que le rythme actuel. Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable 01. Simplifier et unifier le parcours MaPrimeRénov’ et le programme Habiter mieux dans le cas d’une rénovation globale. 02. Faire évoluer le dispositif MaPrimeRénov’ vers une prise en charge à 100 % dans le cas d’une rénovation glo- bale et performante pour les ménages modestes et une prise en charge à 50 % pour les revenus plus élevés. 03. Inciter les banques à distribuer 100 000 eco-ptz par an (seulement 35 000 en 2019), allonger la durée à 20 ans et le plafond à 50 000 €. 04. Baisser de 50 % les droits de succession, dans le cas d’une rénovation globale et performante. 05. Permettre la déduction fiscale des intérêts d’emprunt dans le cas d’une rénovation globale et performante d’un logement énergivore pour les 3 premières années après l’achat du bien. 05. Rendre obligatoire, dans le cas d’une rénovation globale, l’installation d’un outil connecté de pilotage des consommations (smart-home). 06. Interdire à la location les logements avec un DPE de classe G dès 202312 et ceux des classes E et F dès 2025. 07. Former 1 000 personnes en deux ans au métier MonAccompagnateurRénov’. 08.Encouragerlesnouveauxmodèlesvisantàmassifierles rénovationsénergétiquesperformantes(Energiesprong,PREP, Bysprong,Territoirezéroexclusionénergétiqueparexemple). Quels changements DE PRATIQUES ?  Passer d’un marché de travaux de rénovation par élément avec obligation de moyens à un marché de travaux de rénovation globale et performante avec obligation ou contrôle du résultat, une rénovation dite globale et performante permet un changement de 2 classes énergétiques minimum.  Une rénovation globale et performante comprend 6 postes de travaux incontournables : isolation des murs, de la toiture, du plancher bas, remplacement des menuiseries extérieures, systèmes de ventilation et de chauffage/ECS.  Pour les logements construits avant 1982, rénover par éléments ne permet pas d’atteindre le niveau de performance BBC sur la moyenne du parc au-delà de 2 étapes de rénovations11 . Par exemple, une rénovation en 3 ou 4 étapes sur l’ensemble de ces logements engendrerait une consommation moyenne supérieure de +15 % au niveau BBC, plus les étapes sont nombreuses, plus l’écart entre l’objectif et la consommation réelle est élevé. — 7 —
  • 12. d ’abord au niveau européen en 2008 avec la Directive cadre 2008/98/CE relative aux déchets, qui fixe à 70 % les objectifs de valorisation des matières et déchets issus du BTP (en vue du réemploi, recyclage ou autre valorisation)1 , puis sa transcription en 2015 en France, par la loi de transition énergétique qui fixe un objectif de recyclage et de valori- sation, à l’horizon 2020, de 70 % des déchets du secteur du bâtiment. Cette prise de conscience collective relève d’une double démarche, qui consiste à diminuer les émissions en donnant une seconde vie aux déchets produits et réduire l’enfouissement, exutoire le plus courant pour les déchets inertes. Tout cela a dépassé le cadre de démarches volon- taires, c’est inscrit dans la loi, tant la priorité est élevée pour le secteur du BTP, puisqu’il reste la première source de déchets en France avec près de 224 millions de tonnes de déchets produits par an. Les seuls déchets du bâtiment représentent 46 Mt par an2 soit plus que les déchets ména- gers (30 Mt). Plus de 90 % des déchets du BTP proviennent de la déconstruction et de la réhabilitation3 . L’objectif de 70 % des déchets du BTP recyclés fixé pour 2020 par la loi AGEC semble atteint, des progrès restent à faire car les résultats par filière ne sont pas homogènes4 . D’une filière à l’autre, la complexité pour collecter, structu- rer un réseau, séparer les constituants et ensuite trouver et développer des voix de revalorisation est très différente. Ainsi, l’acier peut être fabriqué presque indifféremment à partir de minerai de fer primaire ou à partir de minerai de fer et de ferrailles récupérées (jusqu’à 30 %) dans des aciéries de conversion ou à partir de ferrailles récupérées à 100 % dans des aciéries électriques ; 40 % de la produc- tion d’acier provient du recyclage de ferrailles récupérées. Ses caractéristiques physiques ne changent pas selon sa provenance. Son usage reste le même et c’est vertueux car 1 tonne d’acier recyclé économise plus de deux fois son poids en matière première, 70 % de son poids en énergie, 1,5 fois son poids en CO2e, 57 % de réduction des émissions et 40 % de la consommation énergétique nécessaire à la production de 1 tonne d’acier primaire5 . Une autre filière est très en avance sur l’objectif : les déchets inertes ou matériaux minéraux (béton, granu- lats, tuiles, briques, pierre…) qui ont atteint 80 % en 2018 et couvrent 28 % des besoins en granulats en France6 . L’UNICEM s’est fixé comme objectif un taux de valorisation des déchets inertes porté à 90 % à horizon 2025 et une couverture de plus de 30 % des besoins de granulats pour la construction en France. Le plâtre, lui, est en deçà de l’objectif ; en 2019, 107000 tonnes de déchets ont été revalorisés pour un objectif à 250000 tonnes. Le béton, lui, est assez bien revalorisé ; en 2019, la production de granulats recyclés issus de bétons a été estimée à 6,6 millions de tonnes, soit environ 66 % du potentiel de gisement recyclable. On pourrait même aller plus loin ; la limite est règlementaire car la norme EN 206/CN en limite l’emploi à 30 % sur des emplois en structure por- teuses avec des contraintes mécaniques importantes7 . Des expérimentations montrent que l’on pourrait aller à 100 % sur des emplois moins exigeants que les ouvrages d’art, certains logements par exemple ; certains pays comme la Suisse sont en avance avec des pourcentages de bétons recyclés dans le descriptif des bâtiments neufs. Parmi les labels environnementaux internationaux du réseau Green Building Council, les labels BREAM, VERDE et MINERGIE sont en avance et incitent ou rendent obligatoire l’utilisation de bétons recyclés8 . La REP bâtiment9 , bien que reportée à 2023, a fait naître des acteurs nouveaux, des éco-organismes et occasionné une mobilisation des producteurs de déchets sans précédent. Une nouvelle priorité est donnée aux acteurs pour les déchets du bâtiment, –02– RÉEMPLOYER POUR NE PAS ÉMETTRE UNE 2e FOIS — 10 — — 10 —
  • 13. Quels changements D’ÉCHELLE ?  Recycler à 100 % les bétons en fin de vie : rapportée à la taille de l’actuel gisement que repré- sentent les bétons de déconstruction du bâtiment (estimés à 18 Mt), la réduction des émissions de CO2 pourrait représenter plus de 3,5 Mt CO2e/an, soit plus de 30 % des émissions liées à la production de ciment en France10 . Le potentiel de réduction d’émissions annuel lié au recyclage à 100 % des bétons en fin de vie est de 3,5 Mt CO2e/an, soit 28 Mt CO2e à 2030 ; la demande pourrait être stimulée par l’évolution des référentiels normatifs et l’intégration de critères exigeants pour les bâtiments exemplaires. Ce sont les conditions à remplir pour accélérer le marché et encourager les acteurs à investir dans des plateformes de recyclage. Quels changements DE PRATIQUES ?  Faire évoluer les normes qui limitent parfois l’emploi de matériaux revalorisés.  Supprimer progressivement la notion de déchets au profit d’une terminologie nouvelle de nouveau produit issue d’un acte de revalorisation.  Définir un standard d’utilisation de matériau revalorisé dans les bâtiments publics. Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable 01. Définir un référentiel d’usages et des marchés d’appli- cation pour lesquels les niveaux de contraintes appliqués aux matériaux revalorisés permettent d’atteindre 70 % et 100 % d’utilisation. 02.Encouragerlesacteursparfilière,enfonctionduniveau decontraintes,pardel’investissementdansdesplateformes de stockage et de collecte pour couvrir le territoire. 03. Exiger dans les marchés publics un pourcentage de granulats recyclés dans les appels d’offres (lorsque les distances de transport ne dépassent pas 25 km entre la centrale à béton et la plateforme de recyclage). 04. Faire évoluer le référentiel RE2020 des bâtiments neufs pour une meilleure prise en compte de l’usage de matériaux recyclés, et mettre en place une caractérisation par l’évolution des FDES. 05. Intégrer dans les référentiels volontaires de bâtiments exemplaires (HQE, futur label RE2020) un % de granulat de bétons recyclés (GBC). — 11 —
  • 16. R éemployer les matériaux est source d’un évitement considérable d’émissions de CO2, puisque l’emploi des matériaux permet de ne pas émettre une deuxième fois par rapport aux émissions primaires lors du premier usage. Ce principe, appliqué à un bâtiment, présente un grand intérêt, tant pour l’évitement d’émissions générées sur les matériaux consti- tuants que pour la sobriété de la démarche en matière d’artificialisation des sols. Il n’existe pas de données conso- lidées nationales sur la démolition des bâtiments existants ; pourtant, dans le parc tertiaire, la démolition complète d’un immeuble de bureaux par exemple est souvent privilégiée par rapport à un projet, plus complexe mais bien plus sobre, de réhabilitation du bâtiment. Le diagnostic des matériaux existants lors d’un chantier de démolition est une pratique qui devient courante, pour en favoriser le réemploi ou le tri vers les exutoires pertinents, c’est à la source du projet que l’on pourrait de façon plus systématique s’interroger sur la nécessité de démolir au profit d’une démarche de réhabilitation-reconversion. L’enjeu est significatif dans les grandes agglomérations, ainsi, en Île-de-France, « 3 à 6 millions de mètres car- rés seraient voués à devenir vacants dans les 10 ans à venir avec la montée en puissance du télétravail »1 . L’Observatoire régional de l’immobilier d’entreprise en Île-de-France (Orie) estime entre 140000 et 240000 par an le nombre de mètres carrés de bureaux qui deviendraient inadaptés à la demande dans les années à venir, sur le seul parc des biens construits de 1981 à 20002 . Même si tous les projets ne peuvent faire l’objet d’une transformation, une partie d’entre eux pourraient en bénéficier, c’est là une approche nouvelle pour les maîtres d’ouvrage et les investisseurs qui ont bien compris l’opportunité de créa- tion de valeur ou d’une dépréciation plus faible lorsqu’un bâtiment suit une approche plus durable. Cette nouvelle approche pourrait s’appliquer à une partie du marché rési- dentiel, car la construction neuve d’une maison individuelle consomme 40 fois plus de matériaux que sa rénovation et 80 fois plus pour un bâtiment de logement collectif3 . Un bâtiment réhabilité a un potentiel d’émission plus faible (environ 420 kg de CO2e/m²)4 comparé au même projet en construction neuve (1500 kg de CO2e/m² en moyenne sur 50 ans)5 . C’est vertueux si son usage n’engendre pas plus d’émissions que le projet en neuf, même dans le cas d’un différentiel de performance entre les deux projets. Il fau- drait 50 ans pour que le projet neuf, aux performances plus élevées, soit moins émissif sur l’ensemble du cycle de vie. Cette approche qui créée plus de sobriété dans l’usage des matériaux et donc évite l’émission de CO2, assure également la préservation d’un puits carbone. En effet, l’extension urbaine des 50 dernières années avec pour conséquence l’artificialisation des sols, convertit, pour chaque projet de construction, un espace de biodiversité qui a lui pour avantage de séquestrer le CO2. Avec le plan biodiversité6 , le débat sur la ZAN, «zéro arti- ficialisation nette», est lancé. C’est un sujet d’une grande complexité qu’il est très difficile d’aborder à l’échelle du pays ; il touche à l’aménagement du territoire, à l’offre de logements et au développement économique. En France, entre 20000 et 30000 hectares sont artificialisés chaque année, l’artificialisation augmente presque 4 fois plus vite que la population, mais ce sujet doit être regardé à l’échelle d’un territoire ; la ZAN ne doit pas signifier l’arrêt de la construction, un nouvel équilibre doit voir le jour conciliant enjeux économiques, sobriété foncière et développement de l’offre de logements là où ils sont essentiels. Et si l’économie circulaire s’appliquait à l’échelle d’un bâtiment ou même d’un quartier ! -03- RÉHABILITER PLUTÔT QUE CONSTRUIRE, QUAND C’EST POSSIBLE — 14 — — 14 —
  • 17. Quels changements D’ÉCHELLE ?  Pour l’ensemble du parc résidentiel d’ici à 2050, la construction neuve représenterait 1,3 Mds de tonnes de matériaux dont 85 % uniquement pour les granulats, sable et ciment. Tandis que la rénovation en BBC consommerait 74 Mt de matériaux (près de 18 fois moins)7 . Le potentiel annuel de réduction d’émissions lié au développement des projets de réhabilitation- reconversion vs la démolition et la construction neuve est difficile à apprécier de manière globale ; à l’échelle d’un projet, c’est proche d’un facteur 4 en matière de différentiel d’émissions. Ainsi, si 1 million de mètres carrés de surface SHON (1 % de la surface construite chaque année) font l’objet d’une réhabilitation plutôt que d’une démolition suivie d’une construction neuve, c’est un évitement d’émissions de 1 million de tonnes de CO2e. Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable 01. Mettre en place une base de données nationale des projets de démolition et de reconversion. 02. Mettre en place un diagnostic volontaire avec une étude d’impact du scénario de démolition puis construction neuve vs un scénario de réhabilitation et de reconversion de la structure existante. 03. Inciter et engager les acteurs investisseurs dans une démarche de sobriété foncière et de préservation de la biodiversité inscrite dans les rapports RSE. Quels changements DE PRATIQUES ?  Systématiser la collecte, le tri et la revalorisation de déchets lors d’un projet de démolition.  Inciter les acteurs de la maîtrise d’ouvrage à la transformation et la reconversion sur les gros projets. — 15 —
  • 20. L e concept de «puits de carbone» repose sur la croissance naturelle de ces matériaux qui, par l’effet de la photosynthèse, captent le carbone déjà présent dans l’atmosphère (déjà émis) pour le transformer en matière organique. L’exemple le plus probant est le bois : un arbre pour sa croissance capte en moyenne1 1 tonne de CO2 par m3 ; ce même arbre avant sa transformation en bois d’œuvre pour la construction aura capté2 70 à 80 kg de CO2 par mètre carré au cours de sa croissance. Cela est vrai à condition que son process de transformation (scierie) soit peu «carboné », mais sur- tout à condition que l’impact carbone lié à son transport jusqu’à l’usine de première ou seconde transformation et au chantier soit faible ou inexistant. C’est dans le cas d’une production locale proche du chantier de construc- tion (circuit court) que le bénéfice environnemental est maximal3 ; mais gardons à l’esprit que 1 tonne de bois capte 80 kg de CO2 grâce à la photosynthèse quel que soit le lieu où grandit cet arbre sur la planète. Bien évi- demment, c’est le circuit court qu’il faut privilégier, en raccourcissant la distance entre le lieu de croissance de l’arbre et le lieu où on l’utilise pour son emploi dans la construction. C’est là l’objection formulée couramment par les détracteurs de la construction bois, compte tenu que notre réserve nationale forestière couvre seulement 63 % de nos besoins en bois4 , une part non négligeable du bois utilisé dans la construction est donc importée (pays de l’Est, Scandinavie…). Ainsi on entend souvent qu’il n’est pas pertinent d’encourager le bois dans la construction en raison des émissions liées à son importation; c’est une idée fausse, puisque cette tonne de bois remplace pour chaque mètre carré utilisé un matériau dont le process est plus émissif en carbone (béton par exemple) alors que le bois n’émet pas de carbone et, même importé, il reste contributeur d’un solde positif en CO2 de 40 kg par mètre carré, le fameux «puits de carbone» lors de la croissance de l’arbre. Même dans le scénario le plus défavorable (émissions liées au transport égales au carbone stocké par photosynthèse), le bois reste un matériau non émissif. Le bois reste pourtant en France peu employé dans la construction, sa part de marché est stable et est estimée à 6,5 % en construction résidentielle neuve5 . Le matériau bois présente de nombreux atouts, pour autant la filière bois doit questionner son mode de production et de culture sur l’impact de la biodiversité; deux visions se confrontent actuellement, l’une qui défend une approche d’une forêt plantée et cultivée homogène et renouvelée par coupe rase, l’autre plus respectueuse de la biodiversité et de la richesse d’un écosystème varié. Le développement de la part du marché du bois ne doit pas conduire à un appauvrissement massif des sols et de la biodiversité. La filière doit poursuivre sa réflexion avant de définir sa feuille de route face à ce choix décisif. D’autres matériaux biosourcés présentent un intérêt : la paille, le chanvre, propres à un usage d’isolant pour la construction ou les géosourcés (terre crue, pierre sèche) propres à un usage de structure ; eux sont produits localement, à proximité du chantier donc avec peu d’émissions liées au transport. Ils sont disponibles en quantité abondante ; réutiliser seulement 5 % de la paille qui retourne au sol chaque année permet- trait d’isoler 500000 logements/an; la France est le premier producteur de chanvre en Europe6 . Tous ces modes constructifs anciens et oubliés bénéfi- cient d’un regain d’intérêt récent, leur part de marché reste faible (8 % pour les isolants biosourcés7 ) mais souffrent d’un déficit d’image et surtout d’un manque de référentiel technique et normatif pour en favoriser l’em- ploi. À titre d’exemple, la construction en paille dispose d’une Appréciation Technique d’Expérimentation (ATEX) seulement depuis 2019, la terre crue ne dispose pas de référentiel normatif à ce jour, donc rien qui permet d’en reconnaitre et d’en assurer son emploi. Par ailleurs, la production des isolants biosourcés est beaucoup moins énergivore que celle des isolants traditionnels : la fabri- cation de la ouate de cellulose requiert 98 kWh/m3 , contre plus de 250 kWh/m3 pour les laines minérales et plus de 850 kWh/m3 pour le polystyrène expansé8 . Certainsmatériauxsontparnaturedes«puitsdecarbone», leuremploinegénèrepasd’émissionsnouvelles,ilsn’accen- tuent pas ou ne creusent pas notre « déficit d’émissions » maisaucontrairesontvertueuxetpermettentdeleréduire. -04- STOCKER LE CARBONE PLUTÔT QU’ÉMETTRE — 18 — — 18 —
  • 21. L’impact sur les émissions annuelles de l’augmentation de la part de marché des matériaux biosourcés et de séquestration du carbone est significatif, il génèrerait une réduction des émissions de l’ordre de 11 Mt CO2e par an soit 7,5 % des émissions du secteur (émissions évitées vs matériaux plus «carbonés»), il permettrait de capter 5,5 Mt CO2e/an soit 3,8 % des émissions du secteur. L’ordre de grandeur du coût annuel d’une bonification MaPrimeRénov’ en faveur des matériaux biosourcés est de 400 M€, soit 36 € par tonne évitée. Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable 01. Introduire une bonification MaPrimeRénov’ systéma- tique sur l’emploi des isolants biosourcés pour les rénova- tions globales et performantes. 02. Faire évoluer le contenu du DPE et les recommanda- tions de travaux en intégrant des indices de poids carbone par nature de travaux réalisés et des matériaux utilisés. 03. Créer un centre de recherche national dédié aux maté- riaux bio et géosourcés. 04. Accélérer les travaux des parties prenantes normatives pour doter en 3 ans les filières biosourcés et géosourcés d’un référentiel de techniques courantes (DTU ou équivalent). 05. Donner des objectifs à la filière bois sur la quantité de bois produit pour un usage en bois d’œuvre de construction. 06. Rendre obligatoire une étude d’impact et de diagnostic des ressources locales d’approvisionnements biosourcés et géosourcés sur les nouveaux projets de construction neuve. Quels changements D’ÉCHELLE ?  Passer à 30 % la part de marché du bois dans la construction neuve, c’est ainsi éviter jusqu’à 1,3 Mt d’émissions de CO2e par an9 vs les émissions des techniques traditionnelles et capter près de 5 Mt de CO2e déjà émis10 .  Passer de 8 % à 30 % d’isolants biosourcés, en remplaçant 7 points de part de marché des isolants PSX et 16 points de part de marché des laines minérales (ces dernières passeraient de 50 % de pdm à 34 %) on évite 10 Mt de CO2/an auxquelles s’ajoutent 0,5 Mt de CO2e captées (chaque année au rythme de construction neuve de 2018)11 . Quels changements DE PRATIQUES ?  Mettre en place un référentiel normatif robuste pour tous les matériaux biosourcés.  Soutenir par une communication positive l’image des matériaux biosourcés et géosourcés.  Encourager les acteurs dès la conception à effectuer un diagnostic des ressources biosourcées et géosourcées locales, c’est-à-dire proche du site de construction. — 19 —
  • 24. F ruit de plusieurs années de concertation avec les acteurs du secteur, avec pour origine les expérimentations E+C- et une ambition fixée par la SNBC, cette nouvelle règlementation n’a rien d’une règlementation thermique, même si elle remplace la RT 2012. C’est pour la première fois une approche complète de la somme des impacts des émissions de GES tout au long du cycle de vie des bâtiments qui est prise en compte, tant sur les besoins énergétiques, le mix énergétique, le confort d’été, que la nature des com- posants caractérisés en fonction des émissions de leurs procédés industriels de fabrication. C’est sur le plan de la méthode un pas immense, une série de 6 indicateurs (dont 4 nouveaux) fixent et caractérisent les bâtiments neufs sur les thématiques Énergie, Carbone et Confort d’été. Elle engage les acteurs vers un effort d’environ 30 % à 20302 sur les réductions des consommations énergé- tiques, une décarbonation quasi-totale du type d’énergie utilisée, un recours à la chaleur renouvelable, ainsi qu’un changement des modes constructifs de la phase chantier pour réduire d’environ 30 % à 2030 le poids carbone de l’acte de construire lui-même. Une phase d’adaptation est bien nécessaire tant les changements sont nombreux et exigeants, mais on gagnerait à engager une série de mesures pour permettre au secteur de passer ce cap plus rapidement en stimulant la demande pour permettre aux maîtres d’ouvrage d’atteindre une taille critique plus rapidement. Un changement majeur vient de se produire : la mise en application d’une règlementation non plus thermique mais environnementale pour les bâtiments neufs, qu’il s’agisse des logements (1er janvier 2022) comme des bâtiments non-résidentiels (tertiaire au 1er juillet 2022)1 . -05- RENDRE LES BÂTIMENTS NEUFS EXEMPLAIRES DÈS MAINTENANT — 22 — — 22 —
  • 25. Le potentiel annuel de réduction d’émissions lié à l’accélération de l’atteinte de l’objectif 2030 de la RE 2020 en stimulant la demande par la déduction des intérêts d’emprunt les 3 premières années est de 50 millions d’euros par an ; il permettrait, sur une hypothèse de 40000 projets concernés, un évitement annuel d’environ 1 million de tonnes de CO2e avant 2030. Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable 01. Encourager dès 2023 les acteurs à atteindre les niveaux énergie/carbone de référence de 2030, avec une stimulation de la demande pour ce type de logements par le rembourse- ment des intérêts d’emprunts des 3 premières années pour les constructions de résidence principale. 02. Maintien du dispositif Pinel+ jusqu’à 2025 sans réduc- tion des taux et des zones pour les logements qui atteignent le niveau énergie/carbone de référence de 2030. 03. Introduire dans les logements la mise en place obliga- toire d’équipements connectés et pilotables des consomma- tions (smart home). Quels changements DE PRATIQUES ?  Recours aux énergies renouvelables, isolation des parois, abandon progressif de l’énergie gaz, recours aux systèmes de protection solaire et aux matériaux biosourcés. Quels changements D’ÉCHELLE ?  L’adoption de la RE 2020 fixe pour objectifs -30 % à -40 % d’émissions d’ici 2030 pour la construc- tion neuve3 . Cela reviendrait à 9,9 Mt de CO2e évitée chaque année après 2030 (à volume de logements constants).  Prévoyant une adoption progressive, les pouvoirs publics anticipent une diminution de 15 % en 20244 , soit 5 Mt de CO2e évitée chaque année à partir de 2024 (à volume de logements constants). — 23 —
  • 26. -06- ADOPTER LES MÉTHODES MODERNES DE CONSTRUCTION, LE HORS-SITE, LA CULTURE LEAN — 24 —
  • 28. f inancer la baisse de ses émissions par un change- ment drastique des pratiques, absorber les surcoûts liés à l’accroissement des exigences des consom- mateurs, de celles de la règlementation, du coût des matières premières et de l’énergie, rester compétitif par rapport à l’urgence sociale qui consiste à donner à chacun un logement décent et un reste à vivre suffisant. La rentabilité d’une entreprise de construction ne peut absorber ces impacts sans un changement de modèle, au risque d’un effet ciseau sur le modèle économique de l’en- treprise. La priorité des chefs d’entreprise est devenue la productivité et c’est bien là le sujet! Le secteur du bâtiment est le secteur pour lequel les gains de productivité (indice de valeur ajoutée par heure travaillée) sont quasi nuls ces 20 dernières années, voire sa productivité a baissé de 19,3 % entre 2001 et 20181 . Le phénomène n’est pas propre à la France, on l’observe à des degrés divers dans tous les pays du monde, il ne s’agit pas d’un problème de compétitivité nationale mais d’un problème de compétiti- vité structurelle du secteur et du modèle actuel de l’acte de construire; c’est donc aussi le process de construction d’un bâtiment ou d’une rénovation qu’il faut changer. Chaque maître d’ouvrage, et même un particulier, porte un projet unique, cela engendre un cahier des charges et une conception qui est bien souvent complètement réinventée à chaque projet, même pour les besoins les plus réplicables comme un hôtel, une école, ou un EHPAD. La réalisation sur chantier est elle aussi une somme et une succession d’interventions et d’acteurs avec un enchaînement séquen- tiel des tâches qui conduit à une dérive des délais et bien souvent des surcoûts. Une nouvelle approche est possible, c’est celle qui s’est répandue dans les grands secteurs de l’industrie avec la culture du LEAN MANAGEMENT dans les années 1980. Elle consiste à optimiser la conception et l’enchaînement des tâches et ce contrairement aux idées reçues au bénéfice du consommateur. Ainsi les progrès industriels du secteur automobile des 30 dernières années ont engendré la logique de plateformisation des modèles, tout en développant la richesse de l’offre des options et en faisant un saut conséquent sur la sécurité et les émissions des véhicules. Ce secteur est confronté à un nouveau défi, celui de l’abandon rapide des énergies fossiles et là ce sont les progrès qui ne suffiront plus, c’est le modèle même de la mobilité qui est remis en cause! Le parallèle avec le secteur du bâtiment est troublant, toute la filière gagnerait à adopter rapidement ces nouvelles Méthodes Modernes de Construction, au premier rang desquelles la construction hors-site des sous-éléments d’un bâtiment ou du bâtiment complet. La construction hors-site consiste à standardiser tout ce qui peut l’être dans un bâtiment ou un mode constructif pour obtenir de la réplicabilité, donc une augmentation des tailles de lots et une optimisation des temps de construction à valeur ajou- tée. Ce modèle est en cours d’adoption en Angleterre (le département de l’éducation souhaite construire 100 écoles en hors-site d’ici 2023 avec un budget de 8 Mds de livres)2 ; même les acteurs du logement sont en train de l’adopter (la construction modulaire a atteint 6 % de la construction résidentielle neuve en 2020)3 . On note un engouement et une grande curiosité en France depuis 3 ans, cela génère beaucoup d’espoir et d’envie des acteurs (47 % des acteurs interrogés l’ont déjà mis en place dans au moins un projet, 82 % des non-utilisateurs envisagent d’y recourir4 ) mais moins de 1 % des bâtiments neufs sont construits en hors- site aujourd’hui5 . Les bénéfices pourtant sont multiples : meilleure maîtrise des coûts, amélioration des conditions de travail, voire réduction des émissions de GES de 30 % à 40 % par rapport à une construction traditionnelle6 . Il va falloir rapidement encourager les acteurs à appréhender ce basculement et créer les conditions favorables, et ce bien sûr pas au détriment d’une standardisation architec- turale, ce qui est l’objection formulée couramment mais qui reste en pratique infondée. Le secteur du bâtiment est confronté à un triple défi : -06- ADOPTER LES MÉTHODES MODERNES DE CONSTRUCTION, LE HORS-SITE, LA CULTURE LEAN — 26 — — 26 —
  • 29. Quels changements D’ÉCHELLE ?  Passer à 20 % de construction hors-site sur les bâtiments neufs permettrait de réduire de 30 % les émissions du secteur et de réaliser des gains de productivité de 30 à 40 %. Soit environ 2 Mt de CO2e évitées chaque année7 . Le potentiel annuel de réduction d’émissions liée au développement de la part de marché de la construction neuve hors-site est de 2 Mt CO2e/an, soit 16 Mt CO2e à 2030, c’est aussi un formidable levier d’accroissement de la productivité et donc de la marge des constructeurs. Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable 01. Rendre obligatoire la construction hors-site pour les grands projets urbains au-delà de 5 000 m2 de SHON dans les villes de plus de 100 000 habitants. 02. Généraliser la construction hors-site à toutes les opé- rations d’envergure du secteur de la santé et de l’éducation, construction de collèges, lycées et CHU. 03. Encourager et former les acteurs du logement social à adopter la construction hors-site. 04. Introduire dans toutes les formations à partir du bac professionnel jusqu’aux écoles d’ingénieur un module sur la connaissance des process de construction hors-site. 05. Mettre en place un observatoire de la productivité du secteur de la construction neuve et en publier les résultats. — 27 —
  • 32. À titre d’exemple, la communication la plus courante sur les émissions du secteur du bâtiment et de la construction est de 145 Mt de CO2e, occupant la 2e place juste derrière les transports. Ce périmètre comprend l’exploitation, c’est-à- dire l’ensemble des émissions générées par l’usage, mais pas l’impact des émissions industrielles liées à la fabri- cation des composants et matériaux (béton, acier, verre, plâtre); ces données sont comptabilisées dans l’industrie en général. Ainsi le secteur est analysé souvent sur la base de ses émissions d’usage, liées au chauffage et à la climatisation, sans forcément comptabiliser les émissions des matériaux finis utilisés dans la construction neuve ou la rénovation. Ainsi les émissions liées à l’industrie des matériaux minéraux (hors acier) sont de 18,3 Mt CO2 eq par an soit 21,8 % des émissions de toute l’industrie française1 . Il est plus juste et cohérent d’intégrer les composants pour fabriquer les bâtiments. La conversion vers une société moins décarbonée n’est pas seulement une question de changement de mix énergétique ; pour tenir la trajectoire de la SNBC il faut convertir des éléments intrinsèques du secteur, ses constituants, ses procédés de fabrication, ses modes constructifs. La SNBC est hors d’atteinte si on résume le sujet à la rénovation des bâtiments et aux sources d’énergie. Il s’agit d’adapter les procédés de fabri- cation eux-mêmes qui utilisent tous une grande quantité d’énergie pour dans la majorité des cas transformer des matériaux inertes qui sont des minerais et leur enlever soit une molécule d’eau soit de calcium. Ainsi on chauffe à très haute température le clinker pour évacuer une molécule de calcium, il en est de même pour le plâtre, on le chauffe à très haute température pour enlever une molécule d’eau au gypse naturel et en faire du plâtre. Ces matériaux sont tous naturels, ce sont les procédés de transformation qui sont fortement consommateurs d’énergie, il s'agit dans la majorité des cas de fours à très haute température à énergie gaz. Le clinker est un constituant de base du ciment : 10,75 Mt CO2eq, dont 60 % liées à la décarbona- tion du calcaire (émissions procédés) et 40 % liées à la combustion2 . Le verre : 2,7 Mt CO2eq, dont 2200 kt liées à la combustion et 500 kt liées à la décarbonatation des matières premières3 . Les émissions des tuiles et briques (0,65 Mt CO2eq, 157 kg CO2eq par tonne de produit) et du plâtre 0,12 Mt CO2eq sont plus faibles4 . Bien sûr, il est plus simple de prendre une posture «d’inquisition» vis-à-vis du béton, c’est bien souvent ce que l’on observe, mais avec une telle part de marché en tant que mode constructif, ce sont grosso modo toutes les pratiques qu’il faut chan- ger! Nous ne remplacerons pas 100 % des pratiques en quelques années, d’autant qu’aucune autre technologie n’est capable de les remplacer dans les mêmes propor- tions en volume et dans certains cas, le béton domine par ses caractéristiques mécaniques sur certains types de bâtiment (IGH, infrastructures routières). C’est donc l’énergie pour fabriquer le béton qu’il faut remplacer et non le béton lui-même lorsque l’on parle d’im- pact sur le changement climatique. On prend la mesure évidente du caractère incontournable pour atteindre la trajectoire de la SNBC du secteur de la construction et même pour l’économie tout entière. Cette filière est stra- tégique, elle devrait faire l’objet d’une attention de premier plan, de soutiens particuliers à la hauteur de l’enjeu, il est surprenant qu’elle ne fasse pas partie de France 2030 et des programmes d’investissements d’avenir. Les communications sur les émissions du secteur du bâtiment intègrent rarement les impacts de la fabrication des matériaux. -07- DÉCARBONER LES FILIÈRES INDUSTRIELLES — 30 — — 30 —
  • 33. Le potentiel annuel de réduction d’émissions liée à la décarbonation des émissions de process de fabrication du ciment est de 2,4 Mt CO2e/an soit 19 Mt CO2e à 2030 ; l’ordre de grandeur du montant des investissements industriels nécessaires est de 3 milliards d’euros. Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable 01. Introduire un référentiel normatif de définition des ciments dits « bas-carbone » afin d’en définir les proprié- tés, les caractéristiques et d’interdire les communications approximatives voire abusives sur ce sujet (greenwashing). 02. Intégrer dès 2025 des critères environnementaux et sociaux dans la commande publique favorisant les ciments bas-carbone. 03. Intégrer dans France 2030 et le plan résilience un budget supplémentaire pour financer la RD des tech- nologies de pointe. 04. Rassembler les acteurs-clés de l’industrie et les engager dans une démarche volontaire mais contrôlée et cohérente avec la SNBC, soit une réduction des émissions de -54 % dès 2030, qui implique une réduction de -1,2 Mt des émissions supplémentaires chaque année (-9,9 Mt en cumulé d’ici 2030) soit 11,1 % de l’objectif global du secteur (industriel). Quels changements D’ÉCHELLE ?  Industrie du béton/fabrication du clinker = 10 Mt CO2e par an, cible 2030 -24 % et -80 % à 2050, soit -8 Mt par an5 .  Soit une cible 2050 pour 1 tonne de béton = 131 kg de CO2e/t vs 800 kg aujourd’hui. Quels changements DE PRATIQUES ?  Progressivement supprimer les combustibles fossiles pour la cuisson du clinker par le recours à des énergies décarbonées (biomasse par exemple).  Favoriser l’emploi de ciments décarbonés. — 31 —
  • 36. T out doit être mis en œuvre pour «coller» au plus prêt à la trajectoire de +2 °C (accord de Paris), mais soyons lucides pour admettre qu’il faudra de toutes façons aussi tout mettre en œuvre pour nous adapter à ces dérèglements. Tenter de rendre les villes plus respirables et donc viables par forte chaleur est une priorité qui se rappelle à notre bon souvenir chaque été et à celui des climatosceptiques et négationnistes des travaux scientifiques. Parmi les pistes envisageables, il y a une mesure forte qui consiste à introduire plus de végétalisation en milieu urbain. Ce sujet, trop souvent perçu comme une utopie environnementaliste, commence à être documenté et à faire l’objet d’études scientifiques aux conclusions peu contestables. Les bénéfices sont multiples, un arbre à maturité en milieu urbain c’est : 20 kg de particules pié- gées, plus de biodiversité (246 espèces d’insectes abritées par le saule blanc) et une augmentation de l’effet «puits de carbone» (5 tonnes CO2e séquestrée par un érable champêtre et 10 tonnes CO2e par un chêne pédonculé)1 . Les arbres sont surtout de formidables îlots de fraîcheur puisque la diminution de la chaleur sous un arbre est assez importante pour être ressentie physiquement. Lors d’une canicule, par exemple, il n’est pas rare de relever une différence supérieure à 10 °C, entre les mesures prises au sein des îlots de fraîcheur par rapport à celles d’une rue non végétalisée. Ainsi, en végétalisant ¼ de la sur- face d’une ville on peut en abaisser sa température de 2 à 4 °C, à condition bien sûr de maintenir le processus d’évapotranspiration en cas de canicule, c’est-à-dire un arrosage suffisant. L’impact en journée est considérable, entre 1 à 3 °C sur toute la durée de l’épisode caniculaire et 3 à 5 °C à un instant donné, et ce d’autant plus que le taux de végétation est élevé2 . Abaisser la température moyenne des villes c’est éga- lement diminuer le besoin de climatisation. 30 % des déperditions thermiques passent par la toiture, lorsque celle-ci est végétalisée on cumule 4 effets vertueux3 : une meilleure absorption du rayonnement solaire, moins de convection d’air chaud renvoyé dans l’atmosphère, une conduction plus faible dans le bâtiment par une couche isolante supplémentaire et le phénomène d’évapotranspi- ration; c’est une toiture bioclimatique! On parle souvent de « lutte contre le changement climatique », il s’agit en fait de tenter de ne pas augmenter davantage l’élévation de la température moyenne entre +2,7 °C et +4 °C, source de conséquences irréversibles pour les habitants. -08- VÉGÉTALISER ET GÉNÉRER DES ÎLOTS DE FRAÎCHEUR — 34 — — 34 —
  • 37. L’impact de la plantation d’arbres en ville est relatif sur le plan des émissions de CO2 mais conséquent sur la diminution des îlots de chaleur, 1 arbre de plus pour 100 habitants c’est un abaissement de la température de jusqu’à 2 °C pour un coût d’environ 70 millions pour une agglomération de 1 million d’habitants. Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable 01. Encourager quand c’est possible sur le plan architectural l’adoption des toitures végétalisées dans les projets de construction neuve. 02. Introduire dans chaque projet de construction neuve une étude d’impact de préservation de la biodiversité, comme cela est le cas à l’échelle locale dans certains territoires. 03. Engager les 50 premières villes françaises dans un plan volontaire de végétalisation. Quels changements DE PRATIQUES ?  Repenser les permis de végétaliser en ville (après l’échec de l’initiative parisienne)7 .  Connecter les espaces végétalisés par des «corridors écologiques continus» afin de permettre la circulation de la faune et la flore8 . Quels changements D’ÉCHELLE ?  À Paris, il faudrait végétaliser 1,9 million de m² de toiture pour baisser en moyenne de 1 à 2 °C la température de la ville. Le plan biodiversité de la capitale, prévoyait d’atteindre 100 hectares de toits et murs végétalisés en 2020, soit déjà la moitié nécessaire pour atteindre le seuil4 .  Chaque degré Celsius supplémentaire entraîne une augmentation de la consommation d’énergie pour la climatisation de 9 % à 12,6 %5 . Pour rappel, la climatisation représente environ 6 % de la consommation d’électricité en France.  Un arbre peut stocker environ 167 kg de CO2 par an, soit 1 tonne de CO2e/an pour 6 arbres arrivés à maturité. Pour compenser les 11,2 tonnes de CO2eq (par citoyen) émises en moyenne chaque année par notre mode de vie, il faudrait donc planter plus de 67 arbres par habitant chaque année6 .  On compte 300000 arbres à Paris (forêts) + 200000 en ville. Avec ses 2,16 millions d’habitants, planter un arbre supplémentaire pour chaque centaine de Parisiens permettrait de capter une fois à maturité plus de 3600 tonnes de CO2e/an. À l’échelle de la France, +1 arbre pour 100 habitants, c’est 113000 tonnes de CO2e captées chaque année. D’ici 2030, c’est près de 1 Mt de CO2e captées, et plus de 3,1 Mt d’ici 2050. — 35 —
  • 38. -09- FORMER ET PRÉPARER LA GÉNÉRATION DE PROFESSIONNELS CITOYENS DU CLIMAT — 36 —
  • 40. C ’est autant dans la formation des professionnels en exercice que dans la prochaine génération qu’il faut investir le champ des compétences. Toutes les mutations annoncées, qu’elles soient d’ordres technologiques ou au niveau des pratiques, introduisent des référentiels de connaissances et de compétences qui sont au mieux une évolution mais, dans bien des cas, un champ de compétences complètement nouveau par rapport aux bases acquises par les profes- sionnels en exercice, formés ces 20 dernières années; les exemples sont nombreux et concernent pratiquement tous les métiers : compétences pour l’installation de pompes à chaleur vs chaudière gaz, calcul de structure bois vs béton, rénovation par geste mono-produit vs rénovation globale performante, caractéristiques des matériaux réemployés, des matériaux biosourcés et géosourcés vs matériaux industriels traditionnels. Il y a d’abord un défi qualitatif pour réussir à adapter les connaissances et les compétences à ces nouvelles pratiques, donc au besoin des entreprises. Ainsi, sur 84000 apprentis dans le secteur en 2021, seulement 28 % suivent une des 99 formations en lien avec les métiers de la rénovation énergétique1 , on recense un seul diplôme ou titre national dédié aux matériaux biosourcés et géosourcés et seulement deux organismes de formation capables de le délivrer, il y a aussi quelques initiatives remarquables mais trop isolées (amico, réseau des Campus des Métiers et Qualification, quelques CFA pionniers comme celui d’Ocquerre). C’est également un défi quantitatif pour former 1,342 million de professionnels en exercice. En 2020, les acteurs de la formation ont formé 253389 sala- riés de la construction, soit 18,9 % des professionnels en formation continue, l’ensemble des dispositifs de formation professionnelle a formé 402602 personnes (contrats d’ap- prentissage, de professionnalisation, formation initiale)2 . La capacité actuelle du dispositif de formation national est insuffisante par rapport au besoin des entreprises, le sec- teur est déjà en tension3 ; il va falloir dans les 5 prochaines années augmenter la capacité du volume de formation, des nouveaux entrants comme des professionnels en exercice tout en réalisant un «aggiornamento» des com- pétences pour mieux les adapter aux besoins futurs des entreprises. Les solutions existantes (CPF) sont faiblement appréciées par les chefs d’entreprises car ils privilégient l’apprentissage par la pratique de terrain, de chantier, la fameuse formation «sur le tas» ou en situation de travail (AFEST). Ne faut-il pas aussi revoir notre rapport au temps sur les diplômes, c’est-à-dire l’évolution dans le temps de l’adéquation des diplômes par rapport au besoin des entreprises? Est-ce qu’un diplôme acquis à un instant t peut rester adapté aux besoins des entreprises des 20 pro- chaines années? Le défi est aussi quantitatif, sur le nombre d’emplois; il y a une pénurie parfaitement annoncée sur les métiers de la rénovation énergétique, la tendance de 500000 chantiers de rénovation globale par an à 2030 fait apparaître un déficit de 250000 emplois par an. Ainsi on estime à 167000 le nombre d'emplois dans la filière pour les métiers de la rénovation énergétique en 2020, il en faudrait 406000 en 20304 ! Il s’agit donc d’attirer, de recruter et de former 150000 nouveaux entrants, soit un rythme deux fois supérieur au rythme actuel. La compétence, la formation sont les maillons importants et même critiques pour réussir la trajectoire de « décarbonation » du secteur du bâtiment et de la construction, cette transformation s’opérera avec des professionnels, hommes et femmes, bien formés, car c’est eux qui mettront en œuvre cette trajectoire. -09- FORMER ET PRÉPARER LA GÉNÉRATION DE PROFESSIONNELS CITOYENS DU CLIMAT — 38 — — 38 —
  • 41. Le coût pour former une personne aux compétences nécessaires à la rénovation énergétique globale et performante est d’environ 5000€. Si l’on considère qu’il faut former les 150000 professionnels nouveaux entrants dans la filière avec une prise en charge à 100 % par l’Etat, l’ordre de grandeur est de 750 millions d'euros par an à 2030 ; cette formation serait prioritairement en faveur de la reconversion des salariés, elle ne répond pas au besoin de renforcement des compétences des professionnels en exercice. Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable 01. Introduire dans tous les cursus (niveaux 1 à 4) un module de sensibilisation aux enjeux du climat et de l’environnement (type fresque du climat, fresque de la construction ou équivalent). 02. Créer plusieurs diplômes (RNCP) dédiés aux métiers de la filière biosourcée et géosourcée. 03. Construire un référentiel de compétences communes sur les fondamentaux de demain (le numérique, la pré- vention et la sécurité, l’environnement) et le déployer dans tous les établissements et tous les niveaux grâce aux applications digitales performantes (ex. : plateforme PIX de l’éducation nationale). 04. Former les réseaux de proximité (distributeurs, agents immobiliers) aux bonnes pratiques de la réno- vation globale. 05. Introduire un cursus de rénovation énergétique glo- bale et performante dans tous les diplômes. 06. Encourager avec plus de moyens, les initiatives locales comme le Campus des Métiers et Qualification, le réseau des éco clusters. 07. Promouvoir les nouvelles pratiques de formation en situation de travail (type AFEST) pour les métiers de la rénovation énergétique et reconnaître l’AFEST dans le dispositif CPF. 08. Créer un dispositif incitant à la reconversion des personnes venant d’autres secteurs vers les métiers de la rénovation énergétique en créant un « pass-reconver- sion » métiers de la transition écologique. Quels changements DE PRATIQUES ?  Développer une culture commune sur les métiers de la transition écologique, cela doit devenir la nouvelle compétence de base, en plus du savoir-faire des gestes des métiers.  Valoriser par une communication puissante et positive ces métiers pour leur rôle citoyen et essentiel pour l’avenir. Quels changements D’ÉCHELLE ?  Attirer chaque année +150 000 candidats nouveaux entrants vers les métiers de la rénovation énergétique.  Former 1 million de professionnels à un socle de connaissances et de culture communes aux défis de la transition écologique. — 39 —
  • 44. L e champ des transformations à réaliser est vaste et doit relever d’une approche globale et systémique. Il n’y aura pas de transformation sans une mesure de l’exécution, une évaluation des progrès et de l’avancement, en quelque sorte une mesure scientifique et partagée chaque année d’où nous en sommes sur la trajectoire. Il n’existe pas à ce jour de contenu qui quantifie de façon consolidée et complète un tel plan. Nous mesurons partiellement nos émissions, nous mesurons le volume de travaux de rénovation, mais de façon partielle la quantité d’émissions évitées par ces travaux, nous ne disposons pas de cartographie des pro- fils d’émissions carbone des bâtiments neufs construits chaque année, nous n’évaluons pas l’adéquation des com- pétences des professionnels d’aujourd’hui et de demain aux besoins du secteur. Et pourtant nous disposons de toutes les compétences, tant dans la fonction publique en charge du secteur qu’au niveau des acteurs privés ou des parties prenantes; c’est d’une vision consolidée dont nous avons besoin, capable d’agréger les travaux de tous les segments du secteur. Exécuter un tel plan nécessite d’écouter, d’impliquer et d’embarquer les acteurs, de les considérer, de valoriser et promouvoir les bonnes pratiques. Un tel plan ne doit pas comporter de posture «punitive» qui nivelle par le bas, mais bien au contraire, cela nécessite une concertation, une vision partagée, des engagements concrets, robustes et réciproques des parties prenantes, donc des formes de contrôle, assumons-le! Enfin, il s’agit de valoriser les champions du secteur, nous valorisons très bien, et tant mieux, les licornes de la Tech, pourquoi ne pas valoriser les champions de l’environnement et du climat, les licornes du climat! Pourquoi ne pas valoriser les centaines de mil- liers d’artisans professionnels qui exerceront un métier citoyen et seront les garants de l’atteinte des trajectoires ! Il s’agit de créer un contexte propice à toutes ces transformations, de créer les conditions de la qualité de l’exécution. -10- MESURER, VALORISER, PROMOUVOIR — 42 — — 42 —
  • 45. Quelques initiatives qui pourraient créer un contexte favorable 01. Mettre en place une gouvernance et un rendez-vous annuel de partage de la feuille de route globale et des pro- grès au niveau du Premier ministre, puisqu’un tel plan concerne plusieurs ministères. Ce rendez-vous doit ras- sembler toutes les parties prenantes du secteur. 02. Créer un observatoire public du plan de transforma- tion et de modernisation du secteur, intégrant le champ le plus large des actions de transformation et des données. 03. Engager les acteurs industriels, par la voix de leurs organisations professionnelles, dans une démarche volontaire de bilan carbone certifié (sur les scopes 1, 2 et 3), valoriser les meilleures pratiques et les progrès réalisés, publier les résultats. 04. Interdire les communications approximatives de neutralité carbone sans contenu explicite des promesses, rendre obligatoire le recours à des méthodes approuvées et robustes du type Science Based Targets. Nous disposons bien d’une agence sanitaire ou du CSA pour contrôler la communication sur des secteurs clés, faisons-le également pour le climat. 05. Réaliser une publication annuelle des données avec une analyse consolidée et pour les consommateurs une information objective et explicite. 06. Reconduire et faire connaître l’observatoire de la réno- vation en y intégrant une approche globale et un bilan des actions et des budgets engagés pour introduire une notion de « ROI environnemental ». 07. Créer un outil de mesure des qualifications des profes- sionnels permettant de mesurer l’adéquation des compé- tences par rapport au besoin des entreprises. 08. Créer un observatoire des appels à projets du secteur avec une analyse des résultats et de l’efficacité des actions. 09. Engager la communication publique dans un plan plu- riannuel de communication sur l’attractivité de ces métiers. 10. Rendre obligatoire une communication explicite et transparente des actions engagées par les acteurs, pas uni- quement sur un horizon « à 2050 » mais prioritairement sur les actions mises en œuvre d’ici 2030. — 43 —
  • 46. CONCLUSION L e défi est immense et nous n’avons d’autre choix que de saisir toutes ces opportunités avec l’intelligence collective et l’humilité qu’elles nécessitent. Beaucoup d’experts ont démontré et étayé scientifiquement l’urgence des choix stratégiques et sociétaux qui s’imposent, restent à créer les conditions pour que cette transformation ait lieu. Ce recueil de propo- sitions esquisse une feuille de route mais doit faire l’objet d’un travail approfondi, pour créer le «Masterplan de la décarbonation du secteur»; le cumul de ces chantiers en année pleine d’émissions évitées ou de séquestration est de 30 Mt annuelles, soit 20 % des émissions annuelles du secteur! Les changements de pratiques et de process associés doivent constituer l’objectif de tous les acteurs dès 2030. La filière sous la conduite des pouvoirs publics doit s’en emparer pour poursuivre et amender ce travail, cela doit prendre la forme d’un plan avec des objectifs, des jalons et bien sûr une dose d’obligation et d’incitations avec des contreparties pour créer les conditions pour les acteurs; chacun doit prendre une posture positive avec des engagements réciproques, ne pas discriminer certaines filières et éviter les postures dogmatiques. Le secteur est constitué d’hommes et de femmes passion- nés et hautement qualifiés, tout le monde a globalement envie d’agir, mais c’est de l’audace, de l’écoute et d’une dynamique nationale dont nous avons besoin ; le dernier rapport du GIEC a précisé que l’horizon de temps pour engager les actions de réductions de nos émissions est de 3 ans, nous sommes déjà en retard, FAISONS-LE ! — 44 — — 44 —
  • 47.
  • 48. INTRODUCTION 1. Chiffres clés du climat, I4CE, ministère de la Transition écologique et solidaire, 2019. 2. Le bâtiment, un secteur en première ligne des objectifs de neutralité carbone de la France en 2050, Carbone 4, 2019. 01 – RÉNOVER EN 10 ANS LE PARC EXISTANT DES LOGEMENTS ÉNERGIVORES 1. https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/ – Consommation d’énergie dans le secteur tertiaire, 2020, tous usages. Ibid – Chiffres clés de l’énergie, 2021, p.33, Résidentiel 2019. *33,7 % pour l’électricité dont origine nucléaire, et une part négligeable de chaleur commercialisée. 2. Ibid. 3. Ibid. 4. Surface non-résidentielle construite en 2019 = 42,2 M de m² autorisés (https://www.batiactu.com/edito/construction- 2019-a-fait-moins-bien-que-2018-58628.php#:~:text=Sur%20l’ensemble%20de%20l,chantier%20 (% 2B7%2C2%25). Surface autorisée de logements = 449400 logements (ibid) x 69,4 m² en moyenne, soit 31,2M de m² en 2019. Pour un total de 73,4M de m² autorisé chaque année, cela fait 110,1 Mt de CO2 émises sur 50 ans, soit 2,2 Mt CO2 supplémentaires chaque année. 5. https://www.carbone4.com/article-batiment-snbc 122 Mt CO2eq en 1990, 145 Mt en 2019 (cf. note 4). 6. https://www.insee.fr/fr/statistiques/4985385 7. https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2021/06/TSP-PTEF-Habiter-dans-une-societe-bas-carbone-RI-juin-2021-VF.pdf 8. Rénovation énergétique : une décennie de perdue (reporterre.net) en 10 ans on a rénové 200000 logements au niveau BBC Negawatt. 9. 25*28 (années restantes avant 2050) : 25 fois en dessous des objectifs de la SNBC de 2050, dans 28 (les rénovations en retard sur les années depuis la publication de la SNBC ne sont pas comptabilisées). 10. https://www.construction21.org/france/articles/h/combien-de-co2-pour-un-plan-de-renovation-energetique-de-500- 000-logements-par-an.html – Tableau Hypothèses de coûts de travaux de rénovation énergétique pour 500 000 logements, Hypothèse B, Gain de 3 niveaux sur les étiquettes GES, 2014. 11. La rénovation performante par étapes, Rapport final, 2021. https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/4168- renovation-performante-par-etapes.html 12. https://www.gouvernement.fr/actualite/interdiction-a-la-location-des-logements-avec-une-forte-consommation-d- energie-des-2023 02 – RÉEMPLOYER POUR NE PAS ÉMETTRE UNE 2E FOIS 1. https://www.construction21.org/france/articles/h/economie-circulaire-et-batiment-de-quoi-parle-t-on.html 2. https://institut-economie-circulaire.fr/wp-content/uploads/2022/01/Dossier-de-presse-Livrable-Programme-Ecole- Circulaire-1.pdf 3. https://www.build-green.fr/reemploi-recyclage-est-ce-vraiment-pertinent-et-ecologique/ 4. ADEME, cité dans https://batiadvisor.fr/recyclage-btp/ 5. https://www.senat.fr/rap/r18-649-1/r18-649-121.html 6. https://www.environnement-magazine.fr/recyclage/article/2019/05/29/124600/plus-70-dechets-btp-recycles-par-industrie-extractive-2018 7. https://institut-economie-circulaire.fr/la-transition-circulaire-du-secteur-du-batiment-du-dechet-ressource-aux-materiaux-recycles/ 8. Le béton recyclé (ifsttar.fr). 9. https://www.actu-environnement.com/ae/news/REP-batiment-report-38565.php4 10. https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/5069-circo2beton.html#/44-type_de_produit-format_electronique 03 – RÉHABILITER PLUTÔT QUE CONSTRUIRE, QUAND C’EST POSSIBLE 1. https://www.bouygues-construction.com/blog/fr/rehabilitation-solution-viable/ https://www.lenouveleconomiste.fr/lesdossiers/immobilier-tertiaire-neuf-contre-rehabilitation-88366/ 2. Ibid. 3. https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/157-consommation-de-ressources-privilegier-la-renovation-plutot- que-la-construction-neuve-.html SOURCES ET RÉFÉRENCES — 46 —
  • 49. 4. https://www.driea.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/rehabilitation_vs_construction_neuve.pdf 5. https://conseils.xpair.com/actualite_experts/limiter-empreinte-carbone-construction.htm#:~:text=En%20moyenne%2C%20 la%20construction%20d,une%20dur%C3%A9e%20de%2050%20ans. 6. https://www.ecologie.gouv.fr/artificialisation-des-sols 7. https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/157-consommation-de-ressources-privilegier-la-renovation-plutot- que-la-construction-neuve-.html 04 – STOCKER LE CARBONE PLUTÔT QU’ÉMETTRE 1. Infographie Combien de CO2 absorbe un arbre, Office National des Forêts – Terre du futur. https://www.terre-du-futur.fr/combien-de-co2-absorbe-un-arbre/ 2. *Sur 100 ans. Chaire Économie du Climat, Potentiel de séquestration de carbone par le bois : études des constructions neuves dans le secteur du logement français, 2019. https://www.chaireeconomieduclimat.org/publications/potentiel-de- sequestration-de-carbone-par-le-bois-etude-des-constructions-neuves-dans-le-secteur-du-logement-francais/ 3. Près d’un cinquième des émissions évitées sont réémises par le transport international de ces produits-bois (i4ce.org). Étude Relocaliser la Filière Bois. https://www.i4ce.org/wp-core/wp-content/uploads/2019/05/I4CE-Etude- RelocaliserFiliereBois-1.pdf 4. https://www.filiere-3e.fr/2021/04/27/bois-impact-carbone-constructions/ 5. Construction de logement neuf 2020, France Bois Forêt, 2021. https://franceboisforet.fr/2021/10/11/la-construction-bois-2020-un-marche-en-devenir/#:~:text=En%20outre%2C%20 la%20part%20de,6%2C3%20%25%20en%202018 6. http://www.batirpourlaplanete.fr/wp-content/uploads/2015/08/Guide-materiaux-biosources.pdf 7. https://www-batirama-com.cdn.ampproject.org/c/s/www.batirama.com/amp/article/39152-isolants-biosources-plus- que-jamais-dans-la-course.html 8. https://www.revolution-energetique.com/isolants-biosources-quel-interet/ 9. CALCUL 2021 : 30 % de 126400 logements = 37920; *69,4 m² (moyenne neuf) = 2631648 m²; *75kgCO2e capturé = 197373,6 t de CO2/an capturé. À cela s’ajoutent les émissions évitées grâce à la substitution du bois à d’autres matériaux émetteurs (i.e. l’impact du bois est estimé entre -71 et -80kgCO2e/m² tandis que celui du béton est évalué entre 210 et 417kgCO2e/m²). Si l’augmentation du bois se fait au détriment de la filière béton seulement : entre 0,6MtCO2/an et 1,1MtCO2/an évitée en plus du carbone capturé. 10. https://vem-fb.fr/index.php/chiffres-cles/95-graphiques/144-chiffres-cles-filiere-dusage#:~:text=consommation%20 finale%20fran%C3%A7aise-,Dans%20la%20fili%C3%A8re%20d’usage%20bois%20d’%C5%93uvre%2C%20les,et%20 14%25%20des%20produits%20rabot%C3%A9s – 1 M m3 de bois d’œuvre utilisés dans la production finale en France, destiné à la mise en œuvre. Soit 1 Mt de CO2 captées durant la croissance de l’arbre (source 1), multiplié par 5 (passer de 6 % à 30 %, source 5). 11.  Les laines de verre représentent 50 % du marché et les PSE 28 %, les PSX 7 %, les biosourcés 7 % en 2018. https://www.actu-environnement.com/ae/news/isolants-croissance-32355.php4 – L’impact carbone des isolants biosourcés est en moyenne de -9,4 kg CO2eq/UF, pour +13,9 pour les isolants minéraux, 13 pour les PSE, 520 pour les PSX. https://www.construire-solidaire.fr/wp-content/uploads/2019/09/thermiquebiosource.pdf UF (unité fonctionnelle) signifie la quantité nécessaire pour réaliser une fonction d’isolation thermique sur 1 m² de paroi. Pour un marché de 230 M de m² en 2018, cela fait 115 M de m² pour les laines de verre (soit 1,6 Mt de CO2 émises), pour les PSX avec 16,1 M de m² posés on émet 8,4 Mt de CO2. Passer de 7 % à 30 % de biosourcés, en remplaçant les 7 % de PSX et 16 % de laines minérales, on évite 10 Mt de CO2/an auxquelles s’ajoute 0,5 Mt de CO2 captées (chaque année au rythme de construction neuve de 2018). 05 – RENDRE LES BÂTIMENTS NEUFS EXEMPLAIRES DÈS MAINTENANT 1. https://www.apave.fr/actualite/entree-en-application-de-la-re-2020-pour-les-batiments-tertiaires 2. https://re2020.fr/reglementation-environnementale-re2020-fr/ 3. https://www.cyrisea.com/le-blog-de-cyrisea/re2020-entree-vigueur-janvier-2022 4. Ibid. — 47 —
  • 50. 06 – ADOPTER LES MÉTHODES MODERNES DE CONSTRUCTION, LE HORS-SITE, LA CULTURE LEAN 1. Une étude exclusive sur la productivité et les principaux gisements actuels dans la construction, Observatoire de la Construction Tech – Batimat – Gimelec – Xerfi, 2020. 2. https://www.pbctoday.co.uk/news/mmc-news/dfe-offsite-schools-framework/50237/ 3. Taylor, 2020 — Cité dans Increasing the prevalence of Offsite construction in Housing association developments: conceptual and pragmatic challenges, Andrew Agapiou, Department of Architecture, University of Strathclyde, 2021. 4. Baromètre Hors-Site — 1re édition 2021 — Batimat, Campus Hors-Site, TBC Innovations. 5. Résidentiel Zéro Carbone à 2050 : Utopie ou Réalité?, Batimat, mars 2021. 6. https://www.batiweb.com/actualites/developpement-durable/la-construction-modulaire-hors-site-pour-gagner-en- productivite-36955 7. RésidentielZéroCarboneà2050:UtopieouRéalité?,Batimat,mars2021.Calcul:Neuf=33MtCO2/an,20%dumarchéduneufémet 6,6 Mt CO2/an, 30 %* de ces 6,6 Mt = -1,98 Mt CO2/an grâce au hors-site. *Cougnaud Construction dans Batiweb : https://www. batiweb.com/actualites/developpement-durable/la-construction-modulaire-hors-site-pour-gagner-en-productivite-36955? 07 – DÉCARBONER LES FILIÈRES INDUSTRIELLES 1. CSF IPC AIMCC, 2015 et https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2021/10/07/la-decarbonation-de-l-industrie-en- france#:~:text=L’industrie%20repr%C3%A9sente%20pr%C3%A8s%20de,efficacit%C3%A9%20carbone%20de%20la%20 production 2. CSF IPC AIMCC – 2015. 3. Émission verre, Ibid. 4. Émissions tuiles, Ibid. 5. Résidentiel Zéro Carbone à 2050 : Utopie ou Réalité?, Batimat, mars 2021. 08 – VÉGÉTALISER ET GÉNÉRER DES ÎLOTS DE FRAÎCHEUR 1. L'arbre en ville, découvrez un outil au service des territoires. (arbre-en-ville.fr) 2. Ibid. 3. https://www.ecovegetal.com/leffet-isolant-dune-toiture-vegetalisee/ 4. https://www.ecovegetal.com/wp-content/uploads/2020/02/Dossier-de-presse-municipales-2020.pdf (Végétaliser 6 % des toits d’une grande ville permet de réduire de 1 à 2 °C sa température). 5. Huang et al. 1990, cité dans Arbre-en-ville.fr, 2019. http://www.arbre-en-ville.fr/wp-content/uploads/2019/05/ Guide20l27arbre20acteur20du20climat20en20milieu20urbain202018.pdf Consommation Climatisation en France https://www.cacheclimatisation.com/climatisation/impact-environnement- statistiques-consommation/#:~:text=La%20climatisation%20repr%C3%A9sente%20environ%206,4%20944%20kwh%20 en%202017%20) 6. https://climate.selectra.com/fr/actualites/arbre-absorbe-co2 7. https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/01/18/a-paris-anne-hidalgo-signe-la-fin-des-permis-de- vegetaliser_6109929_823448.html 8. https://cdn.paris.fr/paris/2022/01/07/aa9e594acd2ff4a78de75f61887a00a0.pdf 09 – FORMER ET PRÉPARER LA PROCHAINE GÉNÉRATION 1. https://www.conseil-national-industrie.gouv.fr/files_cni/files/csf/construction/16-11-21_avenant_csf_ipc.pdf 2. Observatoire des Métiers du BTP, 2020. https://dataviz.metiers-btp.fr/ 3. https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/document/document/2021/09/dp_plan_reduction_tensions_ recrutement_270921_22h14.pdf 4. https://www.ccca-btp.fr/ et https://www.metiers-btp.fr/ Crédits photo : Florie Berger, iStock — 48 —