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Savoir écrire
pour être lu
LIVRE BLANC
Livre blanc - Savoir écrire pour être lu
INTRODUCTION
On n’a jamais autant écrit qu’aujourd’hui : Facebook, SMS, Snap, newsletters, médias,
communication des entreprises, blogs…
C’est naturel de s’exprimer et contre-intuitif d’écrire pour être lu.
Il est nécessaire de professionnaliser ses écrits car le niveau d’exigence du lecteur
a augmenté, contrairement à ce que l’on croit : beaucoup d’écrits impliquent pour le
rédacteur d’aller à l’essentiel pour que le lecteur comprenne tout de suite ce qui est
important. Ecrire en allant à l’essentiel permet de faire gagner du temps à son lecteur
et de se démarquer en tant qu’auteur.
Aujourd’hui, beaucoup de formats d’écriture sont imposés : Twitter, Snapchat, etc. Ces
plateformes exigent des formats extrêmement courts. Si le rédacteur ne maitrise pas
les fondamentaux de l’écrit, il peut rater sa communication.
Le public est aujourd’hui noyé sous des quantités importantes d’informations. On parle
d’info-bésité. Tout l’enjeu pour un rédacteur est de savoir comment porter un message
simple à des cerveaux saturés d’informations.
Ce livre blanc vous aidera à vous sentir plus à l’aise pour diffuser vos messages à l’écrit,
tout en étant efficace.
À l’issue de ce livre blanc, vous serez en mesure de rédiger des textes précis et vivants,
centrés sur vos lecteurs.
2
3
À PROPOS
DES EXPERTS
Anne Pichon exerce aujourd’hui comme jour-
naliste indépendante après avoir travaillé dans
différentes rédactions magazines, soit comme
rédactrice, soit comme manager de l’équipe
éditoriale.
Elle a développé des activités de conseil pour
accompagner des journaux en mutation, soit
dans leur organisation, soit dans la refonte de
leur contenu. Anne Pichon anime également des
formations à l’écriture au CFPJ depuis plusieurs
années, aussi bien pour des rédacteurs profes-
sionnels que pour des contrats de professionna-
lisation.
Journaliste en presse écrite en presse nationale,
régionale, magazine, animateur d’un blog jazz
sur www.liberation.fr, Bruno Pfeiffer anime des
stages de créativité rédactionnelle au CFPJ.
Anne Pichon
Bruno Pfeiffer
Livre blanc - Savoir écrire pour être lu
SOMMAIRE
Chapitre 1 L’écriture informative
Décoder l’écriture informative
	 Quels sont les ressorts du lecteur ? (Habitudes de lecture et lois de proximité)
	 Comment formuler l’essentiel ?
	 Comment trouver son fil conducteur ?
	 Comment organiser l’information ?
	 Combien de genres journalistiques pour une information ?
Chapitre 2 Le style
Soigner son style
	 Quel style d’écriture choisir ?
	 Comment décrire des faits ?
	 Comment marquer les esprits ?
	 Quelle check-list pour se relire ?
Chapitre 3 Les nouveaux formats éditoriaux
(ou Quoi de neuf dans les formats éditoriaux ?)
Jouer avec les nouveaux formats éditoriaux
	 Qu’est-ce qu’écrire multicanal ?
	 Comment mettre ses textes en valeur ?
	 Comment devenir l’architecte de ses écrits ?
p.6
p.8
4
p.10
p.17
p.19
p.21
p.23
p.26
p.28
p.30
Livre blanc - Savoir écrire pour être lu
p.12
p.14
5
CHAPITRE 1
L’ÉCRITURE INFORMATIVE
Les articles ont eux aussi un seul émetteur, le
rédacteur, et d’innombrables lecteurs. Et ce n’est pas
parce que le rédacteur ne sait pas qui va le lire qu’il
doit pour autant renoncer à s’adresser à ses lecteurs.
Ils ont leurs propres attentes et les connaître, aide
à activer leur intérêt dans ses
écrits.
Tout d’abord, les lecteurs
sont des zappeurs. Dans la
moitié des cas, la lecture d’un
article s’interrompt avant la
fin de la première colonne.
Sur internet, c’est encore pire.
15 % seulement des lecteurs lisent mot à mot sur
le web. Ce qui veut dire que 85 % des internautes
se contentent d’une lecture en diagonale. Il vaut
donc mieux organiser un fil de lecture rapide via le
hors texte : légende, intertitre, exergue pour donner
l’information principale et inviter le lecteur à passer
en lecture profonde.
Connaissez-vous le principe du broadcast : un seul point d’émission, des milliers de
point de réception. C’est un principe issu de la radio qui gouverne tous les médias :
télévision, journaux et sites d’information.
A contrario, s’il ne lit pas tout, il n’aura pas perdu son
temps.
Lire demande un effort que le lecteur consent parce
qu’il assouvit une motivation particulière. En lisant,
en s’informant, les lecteurs cherchent à satisfaire des
besoins identifiés
par le psychologue
Abraham Maslow
dès les années 40.
Des besoins
o r g a n i q u e s
comme respirer,
boire ou manger,
des besoins fondamentaux, comme l’envie de sécurité,
de stabilité.
Des aspirations plus conformistes, comme le désir
d’appartenir à un groupe, et aussi une aspiration vers
l’accomplissement personnel, vers un idéal.
Que faire avec des enfants à Paris ce week-end ? Quel
Smartphone choisir ? Ces titres courus dans la .../...
Dans la moitié des cas,
la lecture d’un article
s’interrompt avant la fin de
la première colonne.
Quels sont les ressorts
du lecteur ? (Habitudes de lecture et lois de proximité)
6
Comprendre les centres d’intérêt des lecteurs, découvrir les lois de proximité
et leur impact sur la rédaction d’un texte.
Chapitre 1 - L’écriture informative
À retenir
Ecrire pour une multitude
de lecteurs, c’est écrire
pour chacun d’entre eux.
Les lecteurs ont
des exigences identifiées,
sociales et individuelles.
Les « lois de proximité́ »
donnent priorité aux
préoccupations du lecteur.
7
> par des frontières (la France et les Français)
> des passions (comme l’automobile),
> ou des valeurs (celles d’aujourd’hui ou passées)
.../... presse font bien sûr écho aux besoins
fondamentaux ou conformistes de Maslow.
Les médias s’adressent à une audience, à un
lectorat, en fait à un groupe social. Chaque groupe
social est constitué soit :
Chaque groupe social a des attentes particulières
vis à vis de son média. Les lois de proximité aident
à les identifier.
Il existe 4 lois principales : l’axe géographique (un
mort près de chez moi m’intéresse plus que 10 000
morts au Bengladesh.), l’axe du temps (maintenant
est plus intéressant que dans longtemps) l’axe social
(mon argent m’intéresse plus que la dette de la
France)... l’axe affectif (mes enfants, ma famille
plus que ma communauté, que mon village).
Les lois de proximité définissent tout ce qui nous
touche en somme, de loin et surtout... de très très
près !
Prenons le Brexit, par exemple : la conséquence
c’est 40  000 banquiers qui pourraient quitter la City
pour un axe social, tandis qu’avec un axe affectif, la
conséquence est le retrait du prince Philip... Même
sujet mais des prismes différents. Tout ça, pour
ramener l’information à l’échelle du lecteur, dans
une préoccupation donnée.
Chapitre 1 - L’écriture informative
Cromagnon, au fond de sa caverne, a peur. Il a peur qu’un ours déboule pour le dévorer
tout cru, lui et sa tribu. En matière d’information, son besoin est très bien identifié...
Il veut savoir s’il y a un ours dans les parages. Inutile de le baratiner.
Comment formuler l’essentiel ?
Maîtriser les éléments du message essentiel : les 5 W.
8
Mais quelle que soit la langue utilisée,
une seule question l’emporte.
Quoi de neuf ?
Être informé vite fait, bien fait. Et si possible, de
la manière la plus synthétique. C’est ce que nous
voulons tous, depuis des millénaires. Les journalistes
ont mis au point un outil pour cela : ils parlent de
message essentiel. Le message essentiel définit
une information en répondant à des questions
basiques : Qui ? Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Où ?
Quand ? Bien sûr, nous connaissons la version anglo-
américaine des célèbres 5 W - Who?, what?, why?,
where? et when?. Auxquels on ajoute le H de How.
Mais ne faisons pas trop les malins.
Mais quelle que soit la langue utilisée, une seule
question l’emporte. Quoi de neuf ? Cette question
justifieàelleseulel’achatd’unjournal,laconsultation
d’un site. Qu’ est-ce qui s’est passé ? Qui a provoqué
cette action ? C’est le quoi et le qui d’une information.
Le « Qui » peut -être l’auteur d’une action, un
groupe, une entité, une entreprise, une tendance...
c’est Cromagnon, le fauve... la tribu. Ce choix engage
évidemment profondément la
séquence d’information.
Le « Quoi », c’est l’action bien sûr. Dans un message
essentiel, elle s’exprime par un verbe : Cromagnon
se terre, le fauve attaque, l’humanité survit... L’action
aimante l’information, induit des circonstances, des
modalités, des descriptions.
Le « Comment » s’intéresse aux modalités de l’ac-
tion. Par quels effets, par quels moyens ? Comment
se terre-t-on aux temps préhistoriques, comment les
ours attaquent-ils ?
Où et quand... Le lieu et la durée d’une action ne
sont pas aussi évidents qu’il y parait. L’homme a-t-
il été poursuivi par l’ours un instant ou pendant un
millénaire ? Était-ce dans la grotte de Vallon-Pont-
d’Arc ou dans le Sud-Ouest de l’Europe ? Les Où et les
Qui sont eux aussi à focales relatives. Leur prisme
donne aussi un sens à l’information.
Quant aux « Pourquoi », ils font souvent l’objet
d’analyse ou de conjectures lorsque les raisons ne
sont pas connues. Et, il faut l’admettre, ce ne sont
pas eux qui intéressent en premier les lecteurs. .../...
Chapitre 1 - L’écriture informative
À retenir
Le message essentiel donne
des limites à une information.
Le « qui » et le « quoi »
déterminent les
protagonistes et l’action.
Les informations les plus
importantes sont placées
en premier.
9
.../...
Cromagnon, lui, peut souhaiter prioritairement une
information sur le « quand » et sur le « quoi ». Ce
qui donne, dans le bon ordre : « C’est à la tombée
de la nuit que l’ours sauvage est attendu aux abords
de la caverne ». A quelle heure exactement  ?
Naturellement, nous espérons toujours plus de
précisions. C’est pourquoi il n’est jamais inutile de
bien refermer les portes en précisant, ici, que :
« l’heure exacte de la tombée de la nuit n’est pas
connue à cette époque de la préhistoire ».
Chapitre 1 - L’écriture informative
10
L’aventurier et écrivain Gaston Rebuffat, disait que « l’alpiniste est un homme qui
conduit son corps là où, un jour, ses yeux ont regardé... » Face à un sommet à gravir,
un alpiniste se dit rarement : je vais monter tout droit jusqu’en haut. Face à un sujet, la
tentation existe de foncer sans regarder où l’on va. Ça marche rarement.
Comment trouver
le fil conducteur ?
Découvrir les éléments sur lesquels s’appuyer pour dégager un angle aiguisé dans son article.
Regarder, voir un sujet, imaginer un chemin à
parcourir et montrer la voie au lecteur afin qu’il le
suive, c’est le travail de l’angle. L’angle permet de
choisir une voie, même tortueuse, pour arriver au
résultat espéré.
Si l’angle peut se formuler en question, c’est mieux.
Le rédacteur peut ainsi vérifier qu’elle intéresse les
lecteurs. Et aussi si l’article apporte une réponse à la
question posée.
Prenons un exemple rebattu : les fêtes de Noël.
Ce sujet paraît simple mais concrètement, il est
impossible à traiter. De quoi parler  ? Par quoi
commencer ? Quelle source interroger ? Tentons une
pisteconnue,sousformedequestion:quelscadeaux
de Noël au pied du sapin ? Piste connue, mais très
glissante : un parfum ? Un livre ? Un voyage ? Des
cadeaux pour des enfants ? Pour des adultes ?
Ce qui est constaté dans cet exemple, c’est que
derrière une question trop vaste, surgissent
beaucoup de petites questions.
Et c’est tant mieux : ce sont autant de sous-angles,
qui portent la promesse d’articles plus tendus,
d’informations encore plus précises, encore plus
concrètes.
Nombreux sont les bénéfices d’avoir
un angle serré :
côté rédacteur, il sait plus aisément ce
qu’il doit fournir comme information, où
etcommentlestrouver;etcôtélecteurs,
tous comprennent immédiatement
leur intérêt à lire l’article, le contrat de
lecture. Voilà le paradoxe : au moment
de la conception d’un sujet, il y a .../...
Lorsque la proposition n’est pas
anglée, les idées convenues
s’invitent car l’article est difficile
à justifier.
Chapitre 1 - L’écriture informative
11
À retenir
L’angle est une question que
le lecteur peut se poser et à
laquelle l’article répond.
Plus l’angle est précis
et plus la promesse
de l’article est facile à
formuler.
Les sujets peu anglés
invitent aux propos
creux.
Chapitre 1 - L’écriture informative
.../... toujours une hésitation à en réduire l’angle.
Et pourtant, ce que nous réduisons sont autant de
chances d’être singulier, d’être intéressant... et
efficace ! Une vague liste de cadeaux de Noël a peu
dechanced’êtrelue.Etc’estbienplusdifficileàfaire!
Le rédacteur craint toujours d’affûter ses angles
trop loin. Aurai-je assez à dire  ? Qu’il se fasse
confiance : si l’angle est trop étroit, il le verra par
lui-même. Et c’est lorsque la proposition n’est pas
anglée, que les idées convenues s’invitent car
l’article est difficile à justifier.
12
J’ai une nouvelle à vous annoncer : « Mademoiselle Rose a tué le Colonel Moutarde à
coup de tisonnier hier soir dans le salon ». Ce message essentiel est donné ici sous
forme de brève, très laconique (concise) : qui, quoi, où, quand, comment. Vous voyez ?
Comment organiser
l’information ?
Apprendre à structurer ses textes en utilisant le plan en pyramide inversée.
importante. Ce plan se nomme la pyramide inversée.
Il efface toute tentative de suspense puisqu’il délivre
l’information en entier au plus vite et d’un seul coup.
Si mademoiselle Rose a tué le Colonel Moutarde à
coup de tisonnier hier soir dans le salon, le lecteur
s’attend à une description de l’action, puis à un
portrait de mademoiselle Rose et ainsi de suite. C’est
un exemple de pyramide inversée.
D’autres voies sont bien sûr possibles. Mais la
logique du plan pyramidal inversé est qu’une fois le
message essentiel posé, il déploie les informations
de ce message essentiel. Son application rigoriste
serait de consacrer un paragraphe à chaque
membre du message essentiel. Paragraphe 1 : le
message essentiel. Paragraphe 2, le qui : le portrait
de mademoiselle Rose. Paragraphe 3, le quoi : le
déroulé des événements et ainsi de suite. .../...
Plus le cerveau en sait, plus il a envie
d’en savoir
Le lecteur sait déjà tout. Mais il y a encore bien
d’autres informations à lui prodiguer. Comment s’y
prendre sans le perdre, sachant que plus de la moitié
des lecteurs ne lisent pas la première colonne d’un
article jusqu’au bout ?
Eh bien, justement, pour ne pas le perdre, il vaut
mieux lui délivrer l’information, toute l’information et
rien que l’information dans les 15 premières lignes du
texte. Maisalors,s’ilsaittout,pourquoipoursuivrait-il
la lecture ? Parce que plus le cerveau en sait, plus il
a envie d’en savoir. Croyez-le ou non : le suspense
est un frein de lecture.
Le cerveau aime suivre un ordre logique d’acqui-
sition de l’information. Pour lui faciliter la tâche, le
mieuxestdoncdeposerlemessageessentieldutexte
enentier.Puisdedévelopperlesinformationsposées
par ce message, une à une par ordre d’apparition. Et
si tout va bien et que votre
message essentiel a été bien
pensé, vous développez vos
informations comme vous les
avez données en premier : de
la plus importante à la moins
Chapitre 1 - L’écriture informative
13
À retenir
L’information délivrée dans
les 15 premières lignes du
texte rassure le lecteur.
Les informations sont
installées dans un texte
par ordre d’importance
décroissante.
Le plan pyramidal inversé
permet d’organiser
rapidement ses
informations.
.../...
De paragraphe en paragraphe, le plan pyramidal
inversé épuise le sujet mais pas le lecteur. Chaque
paragraphe est l’occasion de proposer un nouveau
point de vue, une nouvelle approche dans un sujet
déjà très bien balisé par le message essentiel. Il
permet aussi de soutenir le rythme de l’article en
ramassant le propos en début de paragraphe et de
surprendre, sans jamais désarçonner le lecteur.
Le plan pyramidal inversé est un véritable « 4 X 4 »
du plan journalistique. Il sert pour les portraits, les
analyses... Il est pratique. La preuve : le premier
paragraphe figure la brève d’actu qui reste et tient.
Même si on est obligé de couper tout le reste, il reste,
par définition, l’essentiel.
Chapitre 1 - L’écriture informative
1414
Imaginons. Imaginons que vous êtes invités à un dîner très mondain en ville. Les
convives se connaissent tous, sauf un. Comment le maître de maison va-t-il s’y prendre
pour introduire cet inconnu ?
Combien de genres
journalistiques pour
une information ?
Découvrir les principaux genres journalistiques et repérer lequel choisir
marche. L’interview suit les règles universelles : elle
porte un angle et un message essentiel. Et ce, avec
une contrainte supplémentaire : il s’agit de respecter
le verbatim de l’interlocuteur. Autant dire que c’est
tout sauf une conversation libre. L’interview se
conçoit et s’écrit comme tout article, mais elle
se prépare, s’anticipe et se motive car, une fois
l’entretien passé, c’est trop tard.
«Tirer le portrait» de quelqu’un, c’est délivrer
une somme d’informations sur une personne. Mais
surtout dire ce qui, chez cette personne, est nouveau
et intéressant. Car si vous avez choisi cette personne
à ce moment de sa vie, c’est que son expérience .../...
selon l’information que l’on veut diffuser.
L’interview suit les règles
universelles : elle porte un angle
et un message essentiel.
Plusieurs solutions : il procède à une présentation
rapide, un bref compte-rendu. Ou alors, il pose
quelques questions bien ciblées ; il interviewe,
en somme. Ou bien encore, il se lance dans un
monologue, un portrait. Un seul sujet, un même
public et plusieurs genres. Le choix fait par le maître
de maison donne surtout des indications sur ses
intentions.
Se donner un genre journalistique n’est jamais
anodin. Bon ou mauvais, ce n’est pas la question car,
quel que soit celui choisi, il porte une intention.
Parmi les grands classiques du genre, citons-en
trois : l’interview, le portrait, le reportage.
L’interview ressemble au niveau 0 du traitement
journalistique. Tendre un micro, faire parler
l’interlocuteur et hop, c’est dans la boîte. Tous ceux
qui ont essayé savent que ce n’est pas ainsi que cela
Chapitre 1 - L’écriture informative
15
À retenir
Un genre, comme un angle,
porte une intention qui doit
être lisible et assumée.
Un genre commande un
traitement en tenant
compte des techniques
de l’angle et du message
essentiel.
Internet et ses nouveaux
outils ont créé de
nouveaux genres
journalistiques dits
hybrides.
15
est intéressante ou exemplaire pour les lecteurs. Et
cela, quand bien même elle n’est pas à l’affiche de
l’Olympia !
Troisième genre évoqué ici, le reportage. L’objectif
est de restituer un spectacle vivant : la vie, ici et
maintenant. L’œil du reporter fait office de caméra.
Au moment d’écrire, il s’agit de faire avec des mots
ce que font une caméra et un micro. Le résultat est
bien plus fort car c’est l’imaginaire du lecteur qui
se met au travail lorsqu’il lit des mots. Aussi faut-il
user de toutes les armes de l’écriture et mobiliser les
ressources de l’imaginaire du lecteur.
La liste des genres n’est pas close, encore
moins figée. Internet, notamment, s’est emparé
des dénominations des genres «  enquête  » ou
« portrait », mais pour mieux les déployer.
Autour des textes, des diaporamas, des vidéos et des
sons viennent étayer la lecture. En fin de compte,
l’important n’est pas le respect d’une norme mais
que ça marche.
Chapitre 1 - L’écriture informative
.../...
1616
CHAPITRE 2
SOIGNER SON STYLE
17
Lequel d’entre vous n’a pas été surpris de lire un texte avec un plaisir que sa longueur
n’émoussait pas ? Absorbé à en ignorer votre voisinage. C’est ce qui arrive quand le
contenu est rédigé avec style.
Quel style d’écriture choisir ?
Identifier les points sur lesquels porter son attention et à retravailler pour donner du
relief à son texte.
Le lecteur dévore l’article ou le document rédigé avec
un supplément d’écriture. Dans ce cas-là, la longueur
importe peu. L’auteur qui fignole le style installe le
destinataire dans une position de confort. Le style ?
C’est un cadeau, une surprise faite au lecteur. La
règle ? Le surprendre. Quasiment à chaque mot. Pour
cela, trois recettes efficaces.
D’abord, supprimer le langage appauvri. Ensuite,
chasser les tics d’écriture. Enfin, faire marcher ses
5 sens.
Première recette : supprimer le langage appauvri,
prévisible, sans originalité.
Echapper à la dictature
du stéréotype. En un mot :
traquer le cliché. Comment
les repérer ? Les clichés, c’est
la facilité  : les termes qui
viennent immédiatement à l’esprit. Dans le monde
des clichés, les abîmes sont toujours insondables ;
les manques, cruels ; les attentats, lâches (comme
s’il en existait des courageux) ; les chemins, semés
d’embûches ; les marches, triomphales ; les plaies
béantes et les leaders droits dans leurs bottes. Le
cliché donne l’assurance d’un texte figé, immobile,
immuable, éteint. Voire ridicule. Exemple : le
candidat « caracole » dans les sondages. Sait-on
que le sens exact de caracole signifie : sautiller
comme un cheval  ? Pourquoi ne pas choisir : les
sondages donnent le candidat gagnant ? Plutôt que
notre candidat tire les marrons du feu, l’on choisira
qu’il tire les marrons du scrutin.
Deuxième recette, chasser les tics d’écriture.
Un tic, c’est un mouvement qui revient presque
automatiquement sous la plume. L’auteur ne peut
empêcher, au risque de caler, la récurrence de
verbes (surtout les verbes passe-partout comme
mettre, faire ou les auxiliaires) ; d’adjectifs
(marquant, beau)  ; d’adverbes (pauvres en
informations) ; de formules (c’est ainsi que) ; de
conjonctions (mais, et, car, etc.) ; de démonstratifs
ou de possessifs. La solution pour éclaircir le texte :
passer le brouillon au crible à plusieurs reprises. La
copie ainsi allégée prendra de la hauteur. .../...
Chasser les tics d’écriture,
faire marcher ses 5 sens.
Chapitre 2 - Soigner son style
À retenir
Un contenu rédigé avec style
capte le lecteur, lui offre de
belles surprises de lecture.
Le style s’allège en
supprimant les tics
d’écriture : verbes
passe-partout, adjectifs,
conjonctions…
En plus des mains, un
texte s’écrit avec ses yeux,
son nez, sa bouche et ses
oreilles.
18
Les bruits, aussi. Le martèlement des pas, un
brouhaha de cour d’école, le murmure d’une rigole,
le vrombissement d’un insecte, le claquement d’une
porte : pourquoi ne pas les pointer ?
Le toucher (âpre, soyeux) et le goût (amer, poivré,
etc.) apportent beaucoup à un texte. Le moyen
de s’assurer du meilleur recueil d’informations ?
Pratiquer une prise de notes obsessionnelle sur
le terrain (ou « en situation », car les sensations
volatiles par essence s’évaporent très vite de notre
esprit.)
Troisième recette, écrire avec les 5 sens.
Lorsque l’on recueille des informations, se contenter
deglaneruntexte,undocument,uncompterendu,ne
suffit pas. Il convient d’activer les sens, d’observer
les couleurs, les formes, les mouvements, les bruits
et de les consigner en des termes exacts.
Un pantalon vert, voilà un bon début de description ;
mais un pantalon vert olive présente nettement plus
decharme.Lelecteurestsensibleàlaprécision.Pour
les odeurs, idem. On en relève si peu dans les textes
que l’on croit que les rédacteurs travaillent le nez
bouché. Pourtant, que d’odeurs ! Un marché, la rue, le
métro, un restaurant, ne sentent pas inévitablement
un arôme de sous-bois ou la fragrance du lilas.
.../...
Chapitre 2 - Soigner son style
« on est frappé par l’odeur de bière en entrant dans le
pub ». En s’identifiant aisément au rédacteur, dont
les antennes s’allongent dans le texte, le lecteur ne
perd rien du fil du texte.
Deuxième étape, entamer le premier jet
de l’écriture : le brouillon. C’est le moment
d’organiser les informations autour d’un propos,
de se poser la question : qu’est-ce que je veux
exprimer ? Et de le dire en captant son lecteur.
Le récit se construit autour d’un fil directeur. La
manière idéale ? Raconter une histoire. Avec une
situation initiale, une perturbation, des péripéties,
une résolution et une situation finale. C’est le
schéma classique, en 5 points.
Exemple : Le Petit Poucet. Vous vous rappelez ? .../...
19
Raconter ce qui s’est passé se déroule en trois étapes. Avoir recueilli suffisamment
d’informations. Puis, rédiger un premier jet de son texte. Enfin, enrichir son texte pour
en livrer la version définitive.
Comment décrire des faits ?
Découvrir les différentes étapes à dérouler pour livrer un texte complet et accrocheur.
Il est plus facile de décrire les faits quand un récit, une
trame, un rail, se présente. Une histoire, tout le monde
veut en découvrir la fin, non ?
Raconter suppose un préalable :
Posséder suffisamment d’informations. Pour dé-
crire les faits, encore faut-il collecter suffisamment
d’éléments pour un récit dense et complet. Amasser
les informations, éclaircir les informations écrites,
labourer le terrain, représentent la première phase
de l’opération. Phase d’autant plus nourrie que la col-
lecte ne se limite pas à lire des documentations, ou
simplement ouvrir les yeux.
Percevoir une réalité implique également de sentir
les odeurs, écouter les bruits, toucher les objets,
éventuellement goûter. Rien de plus volatile qu’une
sensation. Ce qui n’est pas consigné est perdu.
Pendant le recueil des diverses informations, un
conseil : notez tout. Et exploitez ce matériel. Autre
indication : le lecteur doit relever que vous étiez bien
au milieu de la scène ou de l’action. Par exemple :
Chapitre 2 - Soigner son style
20
À retenir
Raconter les faits, c’est
recueillir les informations,
rédiger un premier jet et
enrichir son texte.
La collecte d’informations
doit être exhaustive et
démontrer que vous êtes au
cœur de l’action.
Un texte se construit à
partir d’un brouillon qui
s’enrichit, rendant les
informations plus claires.
20
Une famille heureuse, surviennent la pauvreté,
l’abandon dans la forêt, la suppression de l’ogre et le
retour de la fortune grâce aux bottes de sept lieues.
Il est plus facile de décrire les faits quand un récit,
une trame, un rail, se présente. Une histoire, tout
le monde veut en découvrir la fin, non ? Hélas, tous
les discours ne peuvent pas se dérouler comme un
récit. En tout cas, on rédige la première mouture. Et
l’on revient dessus, pour la copie définitive.
.../...
Troisième étape, l’enrichissement
Une fois passé le travail de lisibilité, s’offre la
possibilitéderendrelesinformationsplusclaires.Il
existeuneformuledestyleidéale:lacomparaison.
Ainsi, plutôt que d’écrire : « le Costa Concordia est
un paquebot gigantesque ». Préciser : « la hauteur
du Costa Concordia atteint celle d’un immeuble de
onze étages ». La comparaison aide à restituer une
vérité. Quand le journaliste Albert Londres arrive au
bagne, il note : il y fait chaud comme dans un four de
boulanger. Le texte change de dimension.
Chapitre 2 - Soigner son style
21
Lorsqu’il s’agit de mobiliser l’auditoire, pour éveiller
les consciences, et parce que le public croule sous
les informations, il est nécessaire de trouver
la formule qui fait mouche. D’avoir
consciencedumessageàtransmettre.Et
de commencer par distinguer nettement
le profil des destinataires. Une fois le
niveau de la cible connu, on doit libeller
le message de la manière la plus forte.
Formuler un message qui marque : un message
dense, plein, fort. De la première à la dernière ligne,
du titre à la chute voire la signature de son écrit.
Sans forcément exploiter une formule de répétition…
Pour frapper un grand coup, commencer dès le titre.
Celui-ci comprend impérativement l’information
principale. Sans mot superflu. Exemple : « La qualité
de l’air se dégrade à Paris ». La rédaction de l’énoncé
est à l’actif, au présent, sous forme de phrase-choc.
Le procédé vaut tout aussi bien pour les mails ou
les tweets. Plus les mots retenus pour le titre sont
riches de sens, plus ils marqueront. Le vocabulaire
« Moi Président » ! Qui aura oublié la formule de style utilisée par le candidat François
Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012 ? La formule - il s’agit d’une
anaphore – consiste à répéter un mot en début de phrase à plusieurs reprises. On peut
en effet marquer les esprits par les mots, comme certains passent par l’expression, le
timbre de la voix, ou l’apparence.
Comment marquer les esprits ?
Se familiariser avec différentes formes de rhétorique pour surprendre ses lecteurs
de la langue française recèle des trésors de mots
courts. Vie, mort, ciel, terre, homme, femme, etc.
Exercez-vous à chercher des mots courts riches de
sens. En vous rappelant par exemple la sentence de
Racine, « le jour n’est pas plus pur que le fond de mon
cœur » (Phèdre, 1677). Les mots concrets marquent
davantage que les généralités. C’est ainsi que la liste
de 100 mots simples - mais non simplistes - à fort
pouvoir associatif, établie par les chercheurs Kent
et Rosanoff (table, nourriture, mains, etc.) a permis
de déclencher des séquences de réveil chez des
malades autistes.
Il s’agit de mots-ressorts qui ébranlent le lecteur.
L’ensemble du texte doit majoritairement être
composé de phrases courtes, si possible : sujet .../...
et leur offrir un plaisir de lecture.
Plus les mots retenus pour
le titre sont riches de sens, plus
ils marqueront
Chapitre 2 - Soigner son style
22
À retenir
Pour marquer les esprits,
il faut tenir compte de son
lecteur et choisir un message
fort.
Pour marquer les esprits,
il faut utiliser le présent et
des mots riches de sens.
Pour marquer les esprits, il
faut privilégier les phrases
courtes et recourir à la
rhétorique.
verbe-complément (déjà dit 10 lignes au-dessus), car
la structure présente une unité de signification
perçue immédiatement. Cette structure est aussi
un gage de densité du texte. En effet, un sujet, un
verbe, un complément : un acteur - une action - un
objet. C’est dire l’univers de sens qui apparaît entre
deux points.
Les formules de rhétorique enrichissent un texte…
Et son impact ! On en revient aux bons vieux
classiques. Jean Racine : « Pour qui sont ces
serpents qui sifflent sur vos têtes ? ». Pareille
phrase imprime aussitôt l’esprit. La formule joue
sur la sonorité. Elle se dénomme une allitération.
On peut aussi avoir recours à d’autres figures.
Ainsi Mme Thatcher, la Première ministre
anglaise, restera-t-elle comme «  La Dame de
fer  ». Une métaphore… pour le moins efficace.
A vous d’en trouver d’autres, appropriées à votre
démonstration, qui marqueront les esprits, comme
en Une de l’hebdomadaire Le Point en 2015 sur
Bachar el Assad (« Le bourreau de Damas »).
.../...
Chapitre 2 - Soigner son style
23
Devant nos textes, les petites pétouilles et grosses
bévues nous sautent moins aux yeux que nos défauts
du miroir. Car, même si nous sommes d’excellents
correcteurs pour les autres, nous sommes souvent
incapables de mettre nos textes à la bonne distance.
Pour éviter ce biais, le mieux est de procéder à
des relectures thématiques. Elles conduisent l’œil
en dehors des ornières d’une relecture classique.
La relecture mot à mot et de A à Z risque de vous
embarquer sur le fond et non sur la forme. Détaillons
ensemble une check-list de trois relectures
thématiquesenmodebalayagequiafaitsespreuves.
Pour le premier passage, concentrez-vous sur les
signes de ponctuation de votre texte.
Vous obtiendrez l’image du rythme de votre texte.
Repérez les phrases très longues, qui peuvent
perturber la fluidité de lecture. Coupez. Recréez
une ou plusieurs phrases pour cette séquence
d’information en vous rapprochant le plus possible
de la base : sujet+verbe+complément. Une syntaxe
Se relire avant envoi, c’est un peu comme vérifier qu’une feuille de salade ne s’est pas
coincée entre ses dents avant de sortir de chez soi.
Quelle check-list pour se relire ?
Découvrir et appliquer une méthodologie pour améliorer ses écrits.
plate permet de revenir à l’information simple
lorsque la phrase est alambiquée.
Au deuxième passage, surveillez les verbes et rien
que les verbes.
Le verbe soutient la phrase comme un os, il
dessine le squelette d’un texte. Les auxiliaires être,
avoir ou faire, les verbes d’état comme sembler,
ressembler, paraître sont proscrits. La raison en est
que ces verbes ne portent pas d’action. En optant
pour un verbe mou, vous ratez une bonne occasion
d’apporter du souffle, du nerf, d’ébouriffer vos
phrases. Echangez vos verbes, tentez plus d’effet ou
plus de nuances.
Autour du verbe, deux ou trois choses à vérifier. Le
sujet et le verbe adorent se frotter. Le chat mange la
souris. Le chat, qui souffre d’embonpoint, mange la
sourismais,forcément,c’estbeaucoupmoinsdigeste.
Autour du verbe, encore, gravitent les adverbes.
A côté du verbe, ils béquillent le verbe, pour en
corriger l’effet. Je marche rapidement, je marche très
rapidement, autant dire que
je presse le pas, ou alors, est-
ce que je ne suis pas en train
de courir ? Dites-le avec des
verbes ! Et ne les mettez .../...
Faire de la marque elle-même un
influenceur crédible et entendu !
Chapitre 2 - Soigner son style
24
À retenir
Une relecture thématique
en trois temps est la plus
efficace pour améliorer son
style.
Les verbes d’action
dynamisent les phrases,
musclez-les !
La dernière relecture
traque le superflu : les
concepts imprécis,
adjectifs plats, adverbes.
pas dans le coma. Le participe présent et le passif
éteignent l’action. J’arrive en me hâtant. J’arrive, je
me hâte, c’est déjà mieux. Réveillez vos verbes : tous
à l’actif !
Le troisième passage de l’œil se fait à l’envers.
Attrapezvotretextephraseàphraseencommençant
par la fin. Enlevez tous les mots inutiles : les
mots concepts qui ne portent aucun sens concret,
(analyse, problème, signification...), les adjectifs
sans relief, les précisions imprécises (petit, grand,
gros) et tous les affreux modérateurs de discour :
(assez, plutôt, un peu, vraiment...) : comme les
adverbes, ils jouent à moduler des propos flous au
lieu de fixer de belles idées, des images précises, des
odeurs fines.
.../...
Chapitre 2 - Soigner son style
25
CHAPITRE 3
LES NOUVEAUX
FORMATS ÉDITORIAUX
Jouer avec les nouveaux formats éditoriaux
26
Touslesfleuvessontirriguésdelamêmeeau.Ecrirepourplusieurscanauxdediffusion -
le Web, le papier, les réseaux sociaux - ne change en rien l’information, pas plus qu’elle
ne l’altère. Comme un réseau hydraulique, les divers canaux de l’Internet acheminent
l’information dans des débits différents, vers des publics aux attentes différentes.
Qu’est-ce qu’écrire multicanal ?
Penser son sujet en amont afin de le concevoir en tenant compte des différents supports
La principale préoccupation est que l’information
reste cohérente partout, tout le temps. La clé, c’est
le couple message essentiel - angle. Le message
essentiel définit et précise l’information à traiter.
L’angle adapte le message essentiel à un média en
particulier, à un public en particulier, en l’appliquant à
une histoire en particulier.
Ainsi, si un journaliste apprend que mademoiselle
Rose a tué le colonel Moutarde à coups de tisonnier,
il va d’abord décider par quel média commencer,
comment adresser cette histoire à chaque canal de
diffusion : Twitter, Facebook, le papier, les vidéos. Un
seul message essentiel pour tous les médias mais un
angle distinct pour chacun.
Par quel média commencer ?
Le premier train qui part est le bon. Ne
pas se précipiter, vérifier l’information
avant publication fait loi, bien sûr.
Mais la prime à l’équipe ou au média
qui s’empare d’un sujet en premier
est réelle. C’est elle que Google
favorisera sur ce sujet par la suite. .../...
Une même personne peut avoir envie de lire l’article
d’un journal le matin et de suivre le déroulement de
cette information toute la journée sur son Smart-
phone.C’estlamêmepersonne,maiselleadesattentes
différentes. À partir d’une même information, un
média s’efforce donc d’alimenter plusieurs canaux
de diffusion Web et papier. Il vise une seule et même
audience mais dans des moments de vie différents,
des moyens et des temps de lecture différents.
Le journaliste pourvoyeur de l’information devient
un véritable chef d’orchestre. À sa disposition, une
palette d’outils éditoriaux : l’écrit, le fil d’actualité, le
diaporama photo, la vidéo... À lui de décider quand il
doit activer quoi sur quel canal de diffusion.
sur lesquels il sera diffusé.
Un seul message essentiel pour
tous les médias mais un angle
distinct pour chacun.
Chapitre 3 - Les nouveaux formats éditoriaux
27
Un seul message essentiel est répété, et même
martelé d’un article à l’autre, afin que le lecteur vous
repère dans la forêt des fenêtres ouvertes sur son
écran - une moyenne de sept sur l’écran d’un cadre.
Ce message essentiel est un marqueur important
dans un univers multicanal.
Les angles, eux, s’appliquent à des temps et des
moments de lecture différents. Dans l’urgence de la
découverte des faits : 140 signes, une brève sur un fil
d’actu. Les jours suivants, des angles de plus en plus
affinés à mesure que l’information sort de l’urgence
(qui était la victime, qui était la coupable ? Puis plus
tard : comment la relation victime/coupable a-t-elle
déclenché un passage à l’acte) ?
Et à un moment, le jeu se retourne : c’est l’article
« somme » dans le journal qui crée l’événement : par
exemple, le portrait fouillé de la coupable, l’analyse
finale.
À retenir
Même s’il existe plusieurs
canaux de diffusion,
l’information traitée reste
inchangée.
Plus on met en cohérence
les différents canaux
(en choisissant un seul
message essentiel pour
tous les canaux) et plus
on gagne en visibilité sur
l’ensemble du travail.
Le premier train qui part
est le bon. Ne retardez
la publication d’une
information que pour
une seule bonne raison :
la vérification
de l’information.
.../...
Les autres médias se mettent à la disposition
du papier pour soutenir l’effort éditorial.
Chapitre 3 - Les nouveaux formats éditoriaux
28
Comment mettre ses textes
en valeur
Ne craignez surtout pas
de déflorer votre information !
Muscler l’editing de ses écrits pour inciter le lecteur à poursuivre sa lecture jusqu’au bout.
Vous le savez, une immense majorité d’internautes, 85 % précisément, déclarent ne
pas lire mot à mot à l’écran. Le regard glisse sur l’écran, l’œil suit un parcours en
F. Il recherche des mots clés, des repères de lecture. S’ajoutent à cela les temps de
mémorisation, jusqu’à sept fois plus longs à l’écran.
vence avec le lecteur. Avec la tactique informative,
le rédacteur veut se faire comprendre vite, tout dire
explicitement. Quand Le Monde titre « Simenon est
mort », Libération répond par un « Maigret casse
sa pipe ». L’incitatif de Libé frappe juste ceux qui
connaissent Simenon et son personnage fétiche. Les
autres repasseront. Par temps de lecture zapping,
place à l’explicite, l’informatif, au pédagogique.
Le hors texte assure une forme de service
minimum. Il dit l’essentiel. Au pire, votre lecteur
zappeur aura l’impression que vous avez assuré
le job, même s’il n’a pas lu votre texte, et c’est déjà
beaucoup. Au moment de rédiger votre hors texte,
veillez à ce que l’essentiel de l’information existe
autour de l’article. Par exemple, les informations sur
le protagoniste de l’action sous la photo qui .../...
Résultat : informer sur le Web, c’est donner un
maximum d’informations aux lecteurs zappeurs. Le
hors texte sur le Web sert à délivrer les informations
les plus importantes de l’article. Mais aussi peut être
le lien vers d’autres articles. Et c’est surtout une mine
de mots clés pour le référencement naturel de votre
article.
Le rôle du hors texte est en premier d’habiller
l’article  : autour du ruban de mots gris, des
titres et sous-titres, relances,
éventuellement exergues, c’est
tout un dispositif souvent écrit
en gros et en gras et parfois en
couleurs. La plupart du temps,
une synthèse de ce que l’article dit
de mieux existe sous le titre. Dans
le jargon journalistique, cela se nomme un chapo.
Deux tactiques s’appliquent pour attirer le lecteur
vers les textes : la tactique incitative et la tactique
informative. Dans la tactique incitative, le rédacteur
intrigue, joue avec les mots, recherche la conni-
Chapitre 3 - Les nouveaux formats éditoriaux
29
À retenir
L’existence de multiples
canaux de diffusion donne
différentes temporalités à
l’information.
L’information multicanale =
un seul message essentiel
décliné en plusieurs angles
selon chaque canal.
Les différentes
temporalités de
l’information permettent
d’aller des faits à des
angles plus affinés.
le présente, une relance dans le texte pour donner le
contexte et bien sûr, l’information synthétisée dans
votre chapo....
Ne craignez surtout pas de déflorer votre
information ! C’est un mantra : plus le lecteur en
sait et plus il a en envie d’en savoir plus.
Faites clignoter l’information en allant au plus
simple et direct, sans fioriture. « Les incendies
se multiplient dans la région » peut donner : « c’est
le septième départ de feu près de Vannes en trois
mois ». Là arrive la belle surprise : l’exercice pousse
à la précision et à la pertinence. Et ces informations-
repères (les nombres, les lieux précis) sont autant
de bons mots clés pour le référencement naturel
qui font monter vos articles dans le classement de
Google.
.../...
Chapitre 3 - Les nouveaux formats éditoriaux
30
SurInternet,unarticlepeutencacherunautre.Derrièrelepanneaudel’article,d’autres
panneaux peuvent apparaître et derrière, encore d’autres. Les liens hypertextes et des
médias (photos et vidéos) sont autant de chemins vers d’autres textes. Aujourd’hui,
les articles se lisent « en profondeur ». La plupart des séquences de lecture se
déclenchent depuis la fenêtre de Google. Un mot clé conduisant à un article, ouvrant à
tout un ensemble d’éclairages, puis d’autres éclairages vers d’autres sujets. On va du
synthétique vers l’exhaustif.
Comment devenir l’architecte
de ses écrits
Dans cette logique, tout article doit se présenter
comme un mini site. Du coup, au moment de
la conception, c’est bien d’imaginer son sujet
comme un tronc commun avec tout ce qui pourra
bourgeonner à partir de ce tronc. Si un texte figure
cetronc,leprincipepourraitêtrequ’àlafindechaque
paragraphe il soit possible d’ouvrir un nouveau volet,
avec un nouveau titre cliquable et, derrière, un
nouvel écran qui donne un nouvel éclairage encore
plus précis sur cet aspect de la question. C’est un
sujet à tiroirs. Une fois tous les tiroirs refermés, le
sujet se tient. La clé, c’est bien entendu le plan. Et
le bonheur pour architecturer des sujets à tiroir, c’est
le plan pyramidal inversé.
En France, 90 % des navigations
se font depuis Google.
Connaître les différents formats numériques pour enrichir ses écrits
sur les supports digitaux
Tout un sujet peut ainsi jouer les poupées gigognes.
Par exemple, le compte-rendu d’un match de tennis
peut pointer vers la biographie du vainqueur qui peut
pointer vers le classement des meilleurs gauchers de
tous les temps qui pointe vers les pires esclandres
de John McEnroe. Sujet gigogne ? Mais le plus petit
des sujets gigognes, ici John McEnroe, possède aussi
des mots clés et des bons, qui peuvent le faire sortir
très haut dans le classement de Google. Et dans ce
cas, c’est lui qui pourra servir de porte d’entrée à la
navigation. Car les liens hypertextes marchent dans
les deux sens. L’une des conséquences, c’est qu’un
article doit être relié à d’autres mais surtout il doit
pouvoir se lire indépendamment de tous les autres.
Attention à varier les formats.
Derrière un lien hypertexte, un
autre texte ne s’impose pas. Au
rédacteur de proposer peut-
être une vidéo, un son, .../...
Chapitre 3 - Les nouveaux formats éditoriaux
31
À retenir
Sur Internet, chaque article
est une porte d’entrée vers
d’autres articles.
Un article doit pouvoir se
lire indépendamment de
tous les autres.
La longévité d’une
information se pense
dès sa conception.
En France, 90 % des navigations se font depuis
Google. Dans 90 % des cas, l’internaute a tapé un mot
clé dans Google pour arriver à un article. L’internaute
ne connait pas forcément votre média et ce n’est pas
sa préoccupation : il attend une réponse directe à
une question qu’il se pose. Il est indispensable de lui
donner le contexte de votre information, d’en faire la
synthèse de votre info au début de l’article.
Mais vous commencez à comprendre !
.../...
Chapitre 3 - Les nouveaux formats éditoriaux
ou, un diaporama. Ce travail demande plus de
temps de production. Mais c’est surtout le temps
de conception qui compte, pour imaginer toutes
les ramifications possibles dans une temporalité
donnée. Que se passera-t-il trois semaines, trois
mois après la publication première ? C’est bien
de l’imaginer dès le départ pour augmenter la
durée de vie des informations, leur effet longue
traine. Ainsi, la fête des brodeuses de Pont l’abbé
est un événement local qui peut être traité de mille
manières. Mais se concentrer sur les motifs des
broderies qui ornent la célèbre coiffe en forme de
tube, dérouler le diaporama de ces motifs
en expliquant leur signification est un petit
travail d’ethnographie qui résistera aux
années.
3232
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Savoir écrire pour être lu

  • 1. Savoir écrire pour être lu LIVRE BLANC
  • 2. Livre blanc - Savoir écrire pour être lu INTRODUCTION On n’a jamais autant écrit qu’aujourd’hui : Facebook, SMS, Snap, newsletters, médias, communication des entreprises, blogs… C’est naturel de s’exprimer et contre-intuitif d’écrire pour être lu. Il est nécessaire de professionnaliser ses écrits car le niveau d’exigence du lecteur a augmenté, contrairement à ce que l’on croit : beaucoup d’écrits impliquent pour le rédacteur d’aller à l’essentiel pour que le lecteur comprenne tout de suite ce qui est important. Ecrire en allant à l’essentiel permet de faire gagner du temps à son lecteur et de se démarquer en tant qu’auteur. Aujourd’hui, beaucoup de formats d’écriture sont imposés : Twitter, Snapchat, etc. Ces plateformes exigent des formats extrêmement courts. Si le rédacteur ne maitrise pas les fondamentaux de l’écrit, il peut rater sa communication. Le public est aujourd’hui noyé sous des quantités importantes d’informations. On parle d’info-bésité. Tout l’enjeu pour un rédacteur est de savoir comment porter un message simple à des cerveaux saturés d’informations. Ce livre blanc vous aidera à vous sentir plus à l’aise pour diffuser vos messages à l’écrit, tout en étant efficace. À l’issue de ce livre blanc, vous serez en mesure de rédiger des textes précis et vivants, centrés sur vos lecteurs. 2
  • 3. 3 À PROPOS DES EXPERTS Anne Pichon exerce aujourd’hui comme jour- naliste indépendante après avoir travaillé dans différentes rédactions magazines, soit comme rédactrice, soit comme manager de l’équipe éditoriale. Elle a développé des activités de conseil pour accompagner des journaux en mutation, soit dans leur organisation, soit dans la refonte de leur contenu. Anne Pichon anime également des formations à l’écriture au CFPJ depuis plusieurs années, aussi bien pour des rédacteurs profes- sionnels que pour des contrats de professionna- lisation. Journaliste en presse écrite en presse nationale, régionale, magazine, animateur d’un blog jazz sur www.liberation.fr, Bruno Pfeiffer anime des stages de créativité rédactionnelle au CFPJ. Anne Pichon Bruno Pfeiffer Livre blanc - Savoir écrire pour être lu
  • 4. SOMMAIRE Chapitre 1 L’écriture informative Décoder l’écriture informative Quels sont les ressorts du lecteur ? (Habitudes de lecture et lois de proximité) Comment formuler l’essentiel ? Comment trouver son fil conducteur ? Comment organiser l’information ? Combien de genres journalistiques pour une information ? Chapitre 2 Le style Soigner son style Quel style d’écriture choisir ? Comment décrire des faits ? Comment marquer les esprits ? Quelle check-list pour se relire ? Chapitre 3 Les nouveaux formats éditoriaux (ou Quoi de neuf dans les formats éditoriaux ?) Jouer avec les nouveaux formats éditoriaux Qu’est-ce qu’écrire multicanal ? Comment mettre ses textes en valeur ? Comment devenir l’architecte de ses écrits ? p.6 p.8 4 p.10 p.17 p.19 p.21 p.23 p.26 p.28 p.30 Livre blanc - Savoir écrire pour être lu p.12 p.14
  • 6. Les articles ont eux aussi un seul émetteur, le rédacteur, et d’innombrables lecteurs. Et ce n’est pas parce que le rédacteur ne sait pas qui va le lire qu’il doit pour autant renoncer à s’adresser à ses lecteurs. Ils ont leurs propres attentes et les connaître, aide à activer leur intérêt dans ses écrits. Tout d’abord, les lecteurs sont des zappeurs. Dans la moitié des cas, la lecture d’un article s’interrompt avant la fin de la première colonne. Sur internet, c’est encore pire. 15 % seulement des lecteurs lisent mot à mot sur le web. Ce qui veut dire que 85 % des internautes se contentent d’une lecture en diagonale. Il vaut donc mieux organiser un fil de lecture rapide via le hors texte : légende, intertitre, exergue pour donner l’information principale et inviter le lecteur à passer en lecture profonde. Connaissez-vous le principe du broadcast : un seul point d’émission, des milliers de point de réception. C’est un principe issu de la radio qui gouverne tous les médias : télévision, journaux et sites d’information. A contrario, s’il ne lit pas tout, il n’aura pas perdu son temps. Lire demande un effort que le lecteur consent parce qu’il assouvit une motivation particulière. En lisant, en s’informant, les lecteurs cherchent à satisfaire des besoins identifiés par le psychologue Abraham Maslow dès les années 40. Des besoins o r g a n i q u e s comme respirer, boire ou manger, des besoins fondamentaux, comme l’envie de sécurité, de stabilité. Des aspirations plus conformistes, comme le désir d’appartenir à un groupe, et aussi une aspiration vers l’accomplissement personnel, vers un idéal. Que faire avec des enfants à Paris ce week-end ? Quel Smartphone choisir ? Ces titres courus dans la .../... Dans la moitié des cas, la lecture d’un article s’interrompt avant la fin de la première colonne. Quels sont les ressorts du lecteur ? (Habitudes de lecture et lois de proximité) 6 Comprendre les centres d’intérêt des lecteurs, découvrir les lois de proximité et leur impact sur la rédaction d’un texte. Chapitre 1 - L’écriture informative
  • 7. À retenir Ecrire pour une multitude de lecteurs, c’est écrire pour chacun d’entre eux. Les lecteurs ont des exigences identifiées, sociales et individuelles. Les « lois de proximité́ » donnent priorité aux préoccupations du lecteur. 7 > par des frontières (la France et les Français) > des passions (comme l’automobile), > ou des valeurs (celles d’aujourd’hui ou passées) .../... presse font bien sûr écho aux besoins fondamentaux ou conformistes de Maslow. Les médias s’adressent à une audience, à un lectorat, en fait à un groupe social. Chaque groupe social est constitué soit : Chaque groupe social a des attentes particulières vis à vis de son média. Les lois de proximité aident à les identifier. Il existe 4 lois principales : l’axe géographique (un mort près de chez moi m’intéresse plus que 10 000 morts au Bengladesh.), l’axe du temps (maintenant est plus intéressant que dans longtemps) l’axe social (mon argent m’intéresse plus que la dette de la France)... l’axe affectif (mes enfants, ma famille plus que ma communauté, que mon village). Les lois de proximité définissent tout ce qui nous touche en somme, de loin et surtout... de très très près ! Prenons le Brexit, par exemple : la conséquence c’est 40  000 banquiers qui pourraient quitter la City pour un axe social, tandis qu’avec un axe affectif, la conséquence est le retrait du prince Philip... Même sujet mais des prismes différents. Tout ça, pour ramener l’information à l’échelle du lecteur, dans une préoccupation donnée. Chapitre 1 - L’écriture informative
  • 8. Cromagnon, au fond de sa caverne, a peur. Il a peur qu’un ours déboule pour le dévorer tout cru, lui et sa tribu. En matière d’information, son besoin est très bien identifié... Il veut savoir s’il y a un ours dans les parages. Inutile de le baratiner. Comment formuler l’essentiel ? Maîtriser les éléments du message essentiel : les 5 W. 8 Mais quelle que soit la langue utilisée, une seule question l’emporte. Quoi de neuf ? Être informé vite fait, bien fait. Et si possible, de la manière la plus synthétique. C’est ce que nous voulons tous, depuis des millénaires. Les journalistes ont mis au point un outil pour cela : ils parlent de message essentiel. Le message essentiel définit une information en répondant à des questions basiques : Qui ? Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Où ? Quand ? Bien sûr, nous connaissons la version anglo- américaine des célèbres 5 W - Who?, what?, why?, where? et when?. Auxquels on ajoute le H de How. Mais ne faisons pas trop les malins. Mais quelle que soit la langue utilisée, une seule question l’emporte. Quoi de neuf ? Cette question justifieàelleseulel’achatd’unjournal,laconsultation d’un site. Qu’ est-ce qui s’est passé ? Qui a provoqué cette action ? C’est le quoi et le qui d’une information. Le « Qui » peut -être l’auteur d’une action, un groupe, une entité, une entreprise, une tendance... c’est Cromagnon, le fauve... la tribu. Ce choix engage évidemment profondément la séquence d’information. Le « Quoi », c’est l’action bien sûr. Dans un message essentiel, elle s’exprime par un verbe : Cromagnon se terre, le fauve attaque, l’humanité survit... L’action aimante l’information, induit des circonstances, des modalités, des descriptions. Le « Comment » s’intéresse aux modalités de l’ac- tion. Par quels effets, par quels moyens ? Comment se terre-t-on aux temps préhistoriques, comment les ours attaquent-ils ? Où et quand... Le lieu et la durée d’une action ne sont pas aussi évidents qu’il y parait. L’homme a-t- il été poursuivi par l’ours un instant ou pendant un millénaire ? Était-ce dans la grotte de Vallon-Pont- d’Arc ou dans le Sud-Ouest de l’Europe ? Les Où et les Qui sont eux aussi à focales relatives. Leur prisme donne aussi un sens à l’information. Quant aux « Pourquoi », ils font souvent l’objet d’analyse ou de conjectures lorsque les raisons ne sont pas connues. Et, il faut l’admettre, ce ne sont pas eux qui intéressent en premier les lecteurs. .../... Chapitre 1 - L’écriture informative
  • 9. À retenir Le message essentiel donne des limites à une information. Le « qui » et le « quoi » déterminent les protagonistes et l’action. Les informations les plus importantes sont placées en premier. 9 .../... Cromagnon, lui, peut souhaiter prioritairement une information sur le « quand » et sur le « quoi ». Ce qui donne, dans le bon ordre : « C’est à la tombée de la nuit que l’ours sauvage est attendu aux abords de la caverne ». A quelle heure exactement  ? Naturellement, nous espérons toujours plus de précisions. C’est pourquoi il n’est jamais inutile de bien refermer les portes en précisant, ici, que : « l’heure exacte de la tombée de la nuit n’est pas connue à cette époque de la préhistoire ». Chapitre 1 - L’écriture informative
  • 10. 10 L’aventurier et écrivain Gaston Rebuffat, disait que « l’alpiniste est un homme qui conduit son corps là où, un jour, ses yeux ont regardé... » Face à un sommet à gravir, un alpiniste se dit rarement : je vais monter tout droit jusqu’en haut. Face à un sujet, la tentation existe de foncer sans regarder où l’on va. Ça marche rarement. Comment trouver le fil conducteur ? Découvrir les éléments sur lesquels s’appuyer pour dégager un angle aiguisé dans son article. Regarder, voir un sujet, imaginer un chemin à parcourir et montrer la voie au lecteur afin qu’il le suive, c’est le travail de l’angle. L’angle permet de choisir une voie, même tortueuse, pour arriver au résultat espéré. Si l’angle peut se formuler en question, c’est mieux. Le rédacteur peut ainsi vérifier qu’elle intéresse les lecteurs. Et aussi si l’article apporte une réponse à la question posée. Prenons un exemple rebattu : les fêtes de Noël. Ce sujet paraît simple mais concrètement, il est impossible à traiter. De quoi parler  ? Par quoi commencer ? Quelle source interroger ? Tentons une pisteconnue,sousformedequestion:quelscadeaux de Noël au pied du sapin ? Piste connue, mais très glissante : un parfum ? Un livre ? Un voyage ? Des cadeaux pour des enfants ? Pour des adultes ? Ce qui est constaté dans cet exemple, c’est que derrière une question trop vaste, surgissent beaucoup de petites questions. Et c’est tant mieux : ce sont autant de sous-angles, qui portent la promesse d’articles plus tendus, d’informations encore plus précises, encore plus concrètes. Nombreux sont les bénéfices d’avoir un angle serré : côté rédacteur, il sait plus aisément ce qu’il doit fournir comme information, où etcommentlestrouver;etcôtélecteurs, tous comprennent immédiatement leur intérêt à lire l’article, le contrat de lecture. Voilà le paradoxe : au moment de la conception d’un sujet, il y a .../... Lorsque la proposition n’est pas anglée, les idées convenues s’invitent car l’article est difficile à justifier. Chapitre 1 - L’écriture informative
  • 11. 11 À retenir L’angle est une question que le lecteur peut se poser et à laquelle l’article répond. Plus l’angle est précis et plus la promesse de l’article est facile à formuler. Les sujets peu anglés invitent aux propos creux. Chapitre 1 - L’écriture informative .../... toujours une hésitation à en réduire l’angle. Et pourtant, ce que nous réduisons sont autant de chances d’être singulier, d’être intéressant... et efficace ! Une vague liste de cadeaux de Noël a peu dechanced’êtrelue.Etc’estbienplusdifficileàfaire! Le rédacteur craint toujours d’affûter ses angles trop loin. Aurai-je assez à dire  ? Qu’il se fasse confiance : si l’angle est trop étroit, il le verra par lui-même. Et c’est lorsque la proposition n’est pas anglée, que les idées convenues s’invitent car l’article est difficile à justifier.
  • 12. 12 J’ai une nouvelle à vous annoncer : « Mademoiselle Rose a tué le Colonel Moutarde à coup de tisonnier hier soir dans le salon ». Ce message essentiel est donné ici sous forme de brève, très laconique (concise) : qui, quoi, où, quand, comment. Vous voyez ? Comment organiser l’information ? Apprendre à structurer ses textes en utilisant le plan en pyramide inversée. importante. Ce plan se nomme la pyramide inversée. Il efface toute tentative de suspense puisqu’il délivre l’information en entier au plus vite et d’un seul coup. Si mademoiselle Rose a tué le Colonel Moutarde à coup de tisonnier hier soir dans le salon, le lecteur s’attend à une description de l’action, puis à un portrait de mademoiselle Rose et ainsi de suite. C’est un exemple de pyramide inversée. D’autres voies sont bien sûr possibles. Mais la logique du plan pyramidal inversé est qu’une fois le message essentiel posé, il déploie les informations de ce message essentiel. Son application rigoriste serait de consacrer un paragraphe à chaque membre du message essentiel. Paragraphe 1 : le message essentiel. Paragraphe 2, le qui : le portrait de mademoiselle Rose. Paragraphe 3, le quoi : le déroulé des événements et ainsi de suite. .../... Plus le cerveau en sait, plus il a envie d’en savoir Le lecteur sait déjà tout. Mais il y a encore bien d’autres informations à lui prodiguer. Comment s’y prendre sans le perdre, sachant que plus de la moitié des lecteurs ne lisent pas la première colonne d’un article jusqu’au bout ? Eh bien, justement, pour ne pas le perdre, il vaut mieux lui délivrer l’information, toute l’information et rien que l’information dans les 15 premières lignes du texte. Maisalors,s’ilsaittout,pourquoipoursuivrait-il la lecture ? Parce que plus le cerveau en sait, plus il a envie d’en savoir. Croyez-le ou non : le suspense est un frein de lecture. Le cerveau aime suivre un ordre logique d’acqui- sition de l’information. Pour lui faciliter la tâche, le mieuxestdoncdeposerlemessageessentieldutexte enentier.Puisdedévelopperlesinformationsposées par ce message, une à une par ordre d’apparition. Et si tout va bien et que votre message essentiel a été bien pensé, vous développez vos informations comme vous les avez données en premier : de la plus importante à la moins Chapitre 1 - L’écriture informative
  • 13. 13 À retenir L’information délivrée dans les 15 premières lignes du texte rassure le lecteur. Les informations sont installées dans un texte par ordre d’importance décroissante. Le plan pyramidal inversé permet d’organiser rapidement ses informations. .../... De paragraphe en paragraphe, le plan pyramidal inversé épuise le sujet mais pas le lecteur. Chaque paragraphe est l’occasion de proposer un nouveau point de vue, une nouvelle approche dans un sujet déjà très bien balisé par le message essentiel. Il permet aussi de soutenir le rythme de l’article en ramassant le propos en début de paragraphe et de surprendre, sans jamais désarçonner le lecteur. Le plan pyramidal inversé est un véritable « 4 X 4 » du plan journalistique. Il sert pour les portraits, les analyses... Il est pratique. La preuve : le premier paragraphe figure la brève d’actu qui reste et tient. Même si on est obligé de couper tout le reste, il reste, par définition, l’essentiel. Chapitre 1 - L’écriture informative
  • 14. 1414 Imaginons. Imaginons que vous êtes invités à un dîner très mondain en ville. Les convives se connaissent tous, sauf un. Comment le maître de maison va-t-il s’y prendre pour introduire cet inconnu ? Combien de genres journalistiques pour une information ? Découvrir les principaux genres journalistiques et repérer lequel choisir marche. L’interview suit les règles universelles : elle porte un angle et un message essentiel. Et ce, avec une contrainte supplémentaire : il s’agit de respecter le verbatim de l’interlocuteur. Autant dire que c’est tout sauf une conversation libre. L’interview se conçoit et s’écrit comme tout article, mais elle se prépare, s’anticipe et se motive car, une fois l’entretien passé, c’est trop tard. «Tirer le portrait» de quelqu’un, c’est délivrer une somme d’informations sur une personne. Mais surtout dire ce qui, chez cette personne, est nouveau et intéressant. Car si vous avez choisi cette personne à ce moment de sa vie, c’est que son expérience .../... selon l’information que l’on veut diffuser. L’interview suit les règles universelles : elle porte un angle et un message essentiel. Plusieurs solutions : il procède à une présentation rapide, un bref compte-rendu. Ou alors, il pose quelques questions bien ciblées ; il interviewe, en somme. Ou bien encore, il se lance dans un monologue, un portrait. Un seul sujet, un même public et plusieurs genres. Le choix fait par le maître de maison donne surtout des indications sur ses intentions. Se donner un genre journalistique n’est jamais anodin. Bon ou mauvais, ce n’est pas la question car, quel que soit celui choisi, il porte une intention. Parmi les grands classiques du genre, citons-en trois : l’interview, le portrait, le reportage. L’interview ressemble au niveau 0 du traitement journalistique. Tendre un micro, faire parler l’interlocuteur et hop, c’est dans la boîte. Tous ceux qui ont essayé savent que ce n’est pas ainsi que cela Chapitre 1 - L’écriture informative
  • 15. 15 À retenir Un genre, comme un angle, porte une intention qui doit être lisible et assumée. Un genre commande un traitement en tenant compte des techniques de l’angle et du message essentiel. Internet et ses nouveaux outils ont créé de nouveaux genres journalistiques dits hybrides. 15 est intéressante ou exemplaire pour les lecteurs. Et cela, quand bien même elle n’est pas à l’affiche de l’Olympia ! Troisième genre évoqué ici, le reportage. L’objectif est de restituer un spectacle vivant : la vie, ici et maintenant. L’œil du reporter fait office de caméra. Au moment d’écrire, il s’agit de faire avec des mots ce que font une caméra et un micro. Le résultat est bien plus fort car c’est l’imaginaire du lecteur qui se met au travail lorsqu’il lit des mots. Aussi faut-il user de toutes les armes de l’écriture et mobiliser les ressources de l’imaginaire du lecteur. La liste des genres n’est pas close, encore moins figée. Internet, notamment, s’est emparé des dénominations des genres «  enquête  » ou « portrait », mais pour mieux les déployer. Autour des textes, des diaporamas, des vidéos et des sons viennent étayer la lecture. En fin de compte, l’important n’est pas le respect d’une norme mais que ça marche. Chapitre 1 - L’écriture informative .../...
  • 17. 17 Lequel d’entre vous n’a pas été surpris de lire un texte avec un plaisir que sa longueur n’émoussait pas ? Absorbé à en ignorer votre voisinage. C’est ce qui arrive quand le contenu est rédigé avec style. Quel style d’écriture choisir ? Identifier les points sur lesquels porter son attention et à retravailler pour donner du relief à son texte. Le lecteur dévore l’article ou le document rédigé avec un supplément d’écriture. Dans ce cas-là, la longueur importe peu. L’auteur qui fignole le style installe le destinataire dans une position de confort. Le style ? C’est un cadeau, une surprise faite au lecteur. La règle ? Le surprendre. Quasiment à chaque mot. Pour cela, trois recettes efficaces. D’abord, supprimer le langage appauvri. Ensuite, chasser les tics d’écriture. Enfin, faire marcher ses 5 sens. Première recette : supprimer le langage appauvri, prévisible, sans originalité. Echapper à la dictature du stéréotype. En un mot : traquer le cliché. Comment les repérer ? Les clichés, c’est la facilité  : les termes qui viennent immédiatement à l’esprit. Dans le monde des clichés, les abîmes sont toujours insondables ; les manques, cruels ; les attentats, lâches (comme s’il en existait des courageux) ; les chemins, semés d’embûches ; les marches, triomphales ; les plaies béantes et les leaders droits dans leurs bottes. Le cliché donne l’assurance d’un texte figé, immobile, immuable, éteint. Voire ridicule. Exemple : le candidat « caracole » dans les sondages. Sait-on que le sens exact de caracole signifie : sautiller comme un cheval  ? Pourquoi ne pas choisir : les sondages donnent le candidat gagnant ? Plutôt que notre candidat tire les marrons du feu, l’on choisira qu’il tire les marrons du scrutin. Deuxième recette, chasser les tics d’écriture. Un tic, c’est un mouvement qui revient presque automatiquement sous la plume. L’auteur ne peut empêcher, au risque de caler, la récurrence de verbes (surtout les verbes passe-partout comme mettre, faire ou les auxiliaires) ; d’adjectifs (marquant, beau)  ; d’adverbes (pauvres en informations) ; de formules (c’est ainsi que) ; de conjonctions (mais, et, car, etc.) ; de démonstratifs ou de possessifs. La solution pour éclaircir le texte : passer le brouillon au crible à plusieurs reprises. La copie ainsi allégée prendra de la hauteur. .../... Chasser les tics d’écriture, faire marcher ses 5 sens. Chapitre 2 - Soigner son style
  • 18. À retenir Un contenu rédigé avec style capte le lecteur, lui offre de belles surprises de lecture. Le style s’allège en supprimant les tics d’écriture : verbes passe-partout, adjectifs, conjonctions… En plus des mains, un texte s’écrit avec ses yeux, son nez, sa bouche et ses oreilles. 18 Les bruits, aussi. Le martèlement des pas, un brouhaha de cour d’école, le murmure d’une rigole, le vrombissement d’un insecte, le claquement d’une porte : pourquoi ne pas les pointer ? Le toucher (âpre, soyeux) et le goût (amer, poivré, etc.) apportent beaucoup à un texte. Le moyen de s’assurer du meilleur recueil d’informations ? Pratiquer une prise de notes obsessionnelle sur le terrain (ou « en situation », car les sensations volatiles par essence s’évaporent très vite de notre esprit.) Troisième recette, écrire avec les 5 sens. Lorsque l’on recueille des informations, se contenter deglaneruntexte,undocument,uncompterendu,ne suffit pas. Il convient d’activer les sens, d’observer les couleurs, les formes, les mouvements, les bruits et de les consigner en des termes exacts. Un pantalon vert, voilà un bon début de description ; mais un pantalon vert olive présente nettement plus decharme.Lelecteurestsensibleàlaprécision.Pour les odeurs, idem. On en relève si peu dans les textes que l’on croit que les rédacteurs travaillent le nez bouché. Pourtant, que d’odeurs ! Un marché, la rue, le métro, un restaurant, ne sentent pas inévitablement un arôme de sous-bois ou la fragrance du lilas. .../... Chapitre 2 - Soigner son style
  • 19. « on est frappé par l’odeur de bière en entrant dans le pub ». En s’identifiant aisément au rédacteur, dont les antennes s’allongent dans le texte, le lecteur ne perd rien du fil du texte. Deuxième étape, entamer le premier jet de l’écriture : le brouillon. C’est le moment d’organiser les informations autour d’un propos, de se poser la question : qu’est-ce que je veux exprimer ? Et de le dire en captant son lecteur. Le récit se construit autour d’un fil directeur. La manière idéale ? Raconter une histoire. Avec une situation initiale, une perturbation, des péripéties, une résolution et une situation finale. C’est le schéma classique, en 5 points. Exemple : Le Petit Poucet. Vous vous rappelez ? .../... 19 Raconter ce qui s’est passé se déroule en trois étapes. Avoir recueilli suffisamment d’informations. Puis, rédiger un premier jet de son texte. Enfin, enrichir son texte pour en livrer la version définitive. Comment décrire des faits ? Découvrir les différentes étapes à dérouler pour livrer un texte complet et accrocheur. Il est plus facile de décrire les faits quand un récit, une trame, un rail, se présente. Une histoire, tout le monde veut en découvrir la fin, non ? Raconter suppose un préalable : Posséder suffisamment d’informations. Pour dé- crire les faits, encore faut-il collecter suffisamment d’éléments pour un récit dense et complet. Amasser les informations, éclaircir les informations écrites, labourer le terrain, représentent la première phase de l’opération. Phase d’autant plus nourrie que la col- lecte ne se limite pas à lire des documentations, ou simplement ouvrir les yeux. Percevoir une réalité implique également de sentir les odeurs, écouter les bruits, toucher les objets, éventuellement goûter. Rien de plus volatile qu’une sensation. Ce qui n’est pas consigné est perdu. Pendant le recueil des diverses informations, un conseil : notez tout. Et exploitez ce matériel. Autre indication : le lecteur doit relever que vous étiez bien au milieu de la scène ou de l’action. Par exemple : Chapitre 2 - Soigner son style
  • 20. 20 À retenir Raconter les faits, c’est recueillir les informations, rédiger un premier jet et enrichir son texte. La collecte d’informations doit être exhaustive et démontrer que vous êtes au cœur de l’action. Un texte se construit à partir d’un brouillon qui s’enrichit, rendant les informations plus claires. 20 Une famille heureuse, surviennent la pauvreté, l’abandon dans la forêt, la suppression de l’ogre et le retour de la fortune grâce aux bottes de sept lieues. Il est plus facile de décrire les faits quand un récit, une trame, un rail, se présente. Une histoire, tout le monde veut en découvrir la fin, non ? Hélas, tous les discours ne peuvent pas se dérouler comme un récit. En tout cas, on rédige la première mouture. Et l’on revient dessus, pour la copie définitive. .../... Troisième étape, l’enrichissement Une fois passé le travail de lisibilité, s’offre la possibilitéderendrelesinformationsplusclaires.Il existeuneformuledestyleidéale:lacomparaison. Ainsi, plutôt que d’écrire : « le Costa Concordia est un paquebot gigantesque ». Préciser : « la hauteur du Costa Concordia atteint celle d’un immeuble de onze étages ». La comparaison aide à restituer une vérité. Quand le journaliste Albert Londres arrive au bagne, il note : il y fait chaud comme dans un four de boulanger. Le texte change de dimension. Chapitre 2 - Soigner son style
  • 21. 21 Lorsqu’il s’agit de mobiliser l’auditoire, pour éveiller les consciences, et parce que le public croule sous les informations, il est nécessaire de trouver la formule qui fait mouche. D’avoir consciencedumessageàtransmettre.Et de commencer par distinguer nettement le profil des destinataires. Une fois le niveau de la cible connu, on doit libeller le message de la manière la plus forte. Formuler un message qui marque : un message dense, plein, fort. De la première à la dernière ligne, du titre à la chute voire la signature de son écrit. Sans forcément exploiter une formule de répétition… Pour frapper un grand coup, commencer dès le titre. Celui-ci comprend impérativement l’information principale. Sans mot superflu. Exemple : « La qualité de l’air se dégrade à Paris ». La rédaction de l’énoncé est à l’actif, au présent, sous forme de phrase-choc. Le procédé vaut tout aussi bien pour les mails ou les tweets. Plus les mots retenus pour le titre sont riches de sens, plus ils marqueront. Le vocabulaire « Moi Président » ! Qui aura oublié la formule de style utilisée par le candidat François Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012 ? La formule - il s’agit d’une anaphore – consiste à répéter un mot en début de phrase à plusieurs reprises. On peut en effet marquer les esprits par les mots, comme certains passent par l’expression, le timbre de la voix, ou l’apparence. Comment marquer les esprits ? Se familiariser avec différentes formes de rhétorique pour surprendre ses lecteurs de la langue française recèle des trésors de mots courts. Vie, mort, ciel, terre, homme, femme, etc. Exercez-vous à chercher des mots courts riches de sens. En vous rappelant par exemple la sentence de Racine, « le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur » (Phèdre, 1677). Les mots concrets marquent davantage que les généralités. C’est ainsi que la liste de 100 mots simples - mais non simplistes - à fort pouvoir associatif, établie par les chercheurs Kent et Rosanoff (table, nourriture, mains, etc.) a permis de déclencher des séquences de réveil chez des malades autistes. Il s’agit de mots-ressorts qui ébranlent le lecteur. L’ensemble du texte doit majoritairement être composé de phrases courtes, si possible : sujet .../... et leur offrir un plaisir de lecture. Plus les mots retenus pour le titre sont riches de sens, plus ils marqueront Chapitre 2 - Soigner son style
  • 22. 22 À retenir Pour marquer les esprits, il faut tenir compte de son lecteur et choisir un message fort. Pour marquer les esprits, il faut utiliser le présent et des mots riches de sens. Pour marquer les esprits, il faut privilégier les phrases courtes et recourir à la rhétorique. verbe-complément (déjà dit 10 lignes au-dessus), car la structure présente une unité de signification perçue immédiatement. Cette structure est aussi un gage de densité du texte. En effet, un sujet, un verbe, un complément : un acteur - une action - un objet. C’est dire l’univers de sens qui apparaît entre deux points. Les formules de rhétorique enrichissent un texte… Et son impact ! On en revient aux bons vieux classiques. Jean Racine : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? ». Pareille phrase imprime aussitôt l’esprit. La formule joue sur la sonorité. Elle se dénomme une allitération. On peut aussi avoir recours à d’autres figures. Ainsi Mme Thatcher, la Première ministre anglaise, restera-t-elle comme «  La Dame de fer  ». Une métaphore… pour le moins efficace. A vous d’en trouver d’autres, appropriées à votre démonstration, qui marqueront les esprits, comme en Une de l’hebdomadaire Le Point en 2015 sur Bachar el Assad (« Le bourreau de Damas »). .../... Chapitre 2 - Soigner son style
  • 23. 23 Devant nos textes, les petites pétouilles et grosses bévues nous sautent moins aux yeux que nos défauts du miroir. Car, même si nous sommes d’excellents correcteurs pour les autres, nous sommes souvent incapables de mettre nos textes à la bonne distance. Pour éviter ce biais, le mieux est de procéder à des relectures thématiques. Elles conduisent l’œil en dehors des ornières d’une relecture classique. La relecture mot à mot et de A à Z risque de vous embarquer sur le fond et non sur la forme. Détaillons ensemble une check-list de trois relectures thématiquesenmodebalayagequiafaitsespreuves. Pour le premier passage, concentrez-vous sur les signes de ponctuation de votre texte. Vous obtiendrez l’image du rythme de votre texte. Repérez les phrases très longues, qui peuvent perturber la fluidité de lecture. Coupez. Recréez une ou plusieurs phrases pour cette séquence d’information en vous rapprochant le plus possible de la base : sujet+verbe+complément. Une syntaxe Se relire avant envoi, c’est un peu comme vérifier qu’une feuille de salade ne s’est pas coincée entre ses dents avant de sortir de chez soi. Quelle check-list pour se relire ? Découvrir et appliquer une méthodologie pour améliorer ses écrits. plate permet de revenir à l’information simple lorsque la phrase est alambiquée. Au deuxième passage, surveillez les verbes et rien que les verbes. Le verbe soutient la phrase comme un os, il dessine le squelette d’un texte. Les auxiliaires être, avoir ou faire, les verbes d’état comme sembler, ressembler, paraître sont proscrits. La raison en est que ces verbes ne portent pas d’action. En optant pour un verbe mou, vous ratez une bonne occasion d’apporter du souffle, du nerf, d’ébouriffer vos phrases. Echangez vos verbes, tentez plus d’effet ou plus de nuances. Autour du verbe, deux ou trois choses à vérifier. Le sujet et le verbe adorent se frotter. Le chat mange la souris. Le chat, qui souffre d’embonpoint, mange la sourismais,forcément,c’estbeaucoupmoinsdigeste. Autour du verbe, encore, gravitent les adverbes. A côté du verbe, ils béquillent le verbe, pour en corriger l’effet. Je marche rapidement, je marche très rapidement, autant dire que je presse le pas, ou alors, est- ce que je ne suis pas en train de courir ? Dites-le avec des verbes ! Et ne les mettez .../... Faire de la marque elle-même un influenceur crédible et entendu ! Chapitre 2 - Soigner son style
  • 24. 24 À retenir Une relecture thématique en trois temps est la plus efficace pour améliorer son style. Les verbes d’action dynamisent les phrases, musclez-les ! La dernière relecture traque le superflu : les concepts imprécis, adjectifs plats, adverbes. pas dans le coma. Le participe présent et le passif éteignent l’action. J’arrive en me hâtant. J’arrive, je me hâte, c’est déjà mieux. Réveillez vos verbes : tous à l’actif ! Le troisième passage de l’œil se fait à l’envers. Attrapezvotretextephraseàphraseencommençant par la fin. Enlevez tous les mots inutiles : les mots concepts qui ne portent aucun sens concret, (analyse, problème, signification...), les adjectifs sans relief, les précisions imprécises (petit, grand, gros) et tous les affreux modérateurs de discour : (assez, plutôt, un peu, vraiment...) : comme les adverbes, ils jouent à moduler des propos flous au lieu de fixer de belles idées, des images précises, des odeurs fines. .../... Chapitre 2 - Soigner son style
  • 25. 25 CHAPITRE 3 LES NOUVEAUX FORMATS ÉDITORIAUX Jouer avec les nouveaux formats éditoriaux
  • 26. 26 Touslesfleuvessontirriguésdelamêmeeau.Ecrirepourplusieurscanauxdediffusion - le Web, le papier, les réseaux sociaux - ne change en rien l’information, pas plus qu’elle ne l’altère. Comme un réseau hydraulique, les divers canaux de l’Internet acheminent l’information dans des débits différents, vers des publics aux attentes différentes. Qu’est-ce qu’écrire multicanal ? Penser son sujet en amont afin de le concevoir en tenant compte des différents supports La principale préoccupation est que l’information reste cohérente partout, tout le temps. La clé, c’est le couple message essentiel - angle. Le message essentiel définit et précise l’information à traiter. L’angle adapte le message essentiel à un média en particulier, à un public en particulier, en l’appliquant à une histoire en particulier. Ainsi, si un journaliste apprend que mademoiselle Rose a tué le colonel Moutarde à coups de tisonnier, il va d’abord décider par quel média commencer, comment adresser cette histoire à chaque canal de diffusion : Twitter, Facebook, le papier, les vidéos. Un seul message essentiel pour tous les médias mais un angle distinct pour chacun. Par quel média commencer ? Le premier train qui part est le bon. Ne pas se précipiter, vérifier l’information avant publication fait loi, bien sûr. Mais la prime à l’équipe ou au média qui s’empare d’un sujet en premier est réelle. C’est elle que Google favorisera sur ce sujet par la suite. .../... Une même personne peut avoir envie de lire l’article d’un journal le matin et de suivre le déroulement de cette information toute la journée sur son Smart- phone.C’estlamêmepersonne,maiselleadesattentes différentes. À partir d’une même information, un média s’efforce donc d’alimenter plusieurs canaux de diffusion Web et papier. Il vise une seule et même audience mais dans des moments de vie différents, des moyens et des temps de lecture différents. Le journaliste pourvoyeur de l’information devient un véritable chef d’orchestre. À sa disposition, une palette d’outils éditoriaux : l’écrit, le fil d’actualité, le diaporama photo, la vidéo... À lui de décider quand il doit activer quoi sur quel canal de diffusion. sur lesquels il sera diffusé. Un seul message essentiel pour tous les médias mais un angle distinct pour chacun. Chapitre 3 - Les nouveaux formats éditoriaux
  • 27. 27 Un seul message essentiel est répété, et même martelé d’un article à l’autre, afin que le lecteur vous repère dans la forêt des fenêtres ouvertes sur son écran - une moyenne de sept sur l’écran d’un cadre. Ce message essentiel est un marqueur important dans un univers multicanal. Les angles, eux, s’appliquent à des temps et des moments de lecture différents. Dans l’urgence de la découverte des faits : 140 signes, une brève sur un fil d’actu. Les jours suivants, des angles de plus en plus affinés à mesure que l’information sort de l’urgence (qui était la victime, qui était la coupable ? Puis plus tard : comment la relation victime/coupable a-t-elle déclenché un passage à l’acte) ? Et à un moment, le jeu se retourne : c’est l’article « somme » dans le journal qui crée l’événement : par exemple, le portrait fouillé de la coupable, l’analyse finale. À retenir Même s’il existe plusieurs canaux de diffusion, l’information traitée reste inchangée. Plus on met en cohérence les différents canaux (en choisissant un seul message essentiel pour tous les canaux) et plus on gagne en visibilité sur l’ensemble du travail. Le premier train qui part est le bon. Ne retardez la publication d’une information que pour une seule bonne raison : la vérification de l’information. .../... Les autres médias se mettent à la disposition du papier pour soutenir l’effort éditorial. Chapitre 3 - Les nouveaux formats éditoriaux
  • 28. 28 Comment mettre ses textes en valeur Ne craignez surtout pas de déflorer votre information ! Muscler l’editing de ses écrits pour inciter le lecteur à poursuivre sa lecture jusqu’au bout. Vous le savez, une immense majorité d’internautes, 85 % précisément, déclarent ne pas lire mot à mot à l’écran. Le regard glisse sur l’écran, l’œil suit un parcours en F. Il recherche des mots clés, des repères de lecture. S’ajoutent à cela les temps de mémorisation, jusqu’à sept fois plus longs à l’écran. vence avec le lecteur. Avec la tactique informative, le rédacteur veut se faire comprendre vite, tout dire explicitement. Quand Le Monde titre « Simenon est mort », Libération répond par un « Maigret casse sa pipe ». L’incitatif de Libé frappe juste ceux qui connaissent Simenon et son personnage fétiche. Les autres repasseront. Par temps de lecture zapping, place à l’explicite, l’informatif, au pédagogique. Le hors texte assure une forme de service minimum. Il dit l’essentiel. Au pire, votre lecteur zappeur aura l’impression que vous avez assuré le job, même s’il n’a pas lu votre texte, et c’est déjà beaucoup. Au moment de rédiger votre hors texte, veillez à ce que l’essentiel de l’information existe autour de l’article. Par exemple, les informations sur le protagoniste de l’action sous la photo qui .../... Résultat : informer sur le Web, c’est donner un maximum d’informations aux lecteurs zappeurs. Le hors texte sur le Web sert à délivrer les informations les plus importantes de l’article. Mais aussi peut être le lien vers d’autres articles. Et c’est surtout une mine de mots clés pour le référencement naturel de votre article. Le rôle du hors texte est en premier d’habiller l’article  : autour du ruban de mots gris, des titres et sous-titres, relances, éventuellement exergues, c’est tout un dispositif souvent écrit en gros et en gras et parfois en couleurs. La plupart du temps, une synthèse de ce que l’article dit de mieux existe sous le titre. Dans le jargon journalistique, cela se nomme un chapo. Deux tactiques s’appliquent pour attirer le lecteur vers les textes : la tactique incitative et la tactique informative. Dans la tactique incitative, le rédacteur intrigue, joue avec les mots, recherche la conni- Chapitre 3 - Les nouveaux formats éditoriaux
  • 29. 29 À retenir L’existence de multiples canaux de diffusion donne différentes temporalités à l’information. L’information multicanale = un seul message essentiel décliné en plusieurs angles selon chaque canal. Les différentes temporalités de l’information permettent d’aller des faits à des angles plus affinés. le présente, une relance dans le texte pour donner le contexte et bien sûr, l’information synthétisée dans votre chapo.... Ne craignez surtout pas de déflorer votre information ! C’est un mantra : plus le lecteur en sait et plus il a en envie d’en savoir plus. Faites clignoter l’information en allant au plus simple et direct, sans fioriture. « Les incendies se multiplient dans la région » peut donner : « c’est le septième départ de feu près de Vannes en trois mois ». Là arrive la belle surprise : l’exercice pousse à la précision et à la pertinence. Et ces informations- repères (les nombres, les lieux précis) sont autant de bons mots clés pour le référencement naturel qui font monter vos articles dans le classement de Google. .../... Chapitre 3 - Les nouveaux formats éditoriaux
  • 30. 30 SurInternet,unarticlepeutencacherunautre.Derrièrelepanneaudel’article,d’autres panneaux peuvent apparaître et derrière, encore d’autres. Les liens hypertextes et des médias (photos et vidéos) sont autant de chemins vers d’autres textes. Aujourd’hui, les articles se lisent « en profondeur ». La plupart des séquences de lecture se déclenchent depuis la fenêtre de Google. Un mot clé conduisant à un article, ouvrant à tout un ensemble d’éclairages, puis d’autres éclairages vers d’autres sujets. On va du synthétique vers l’exhaustif. Comment devenir l’architecte de ses écrits Dans cette logique, tout article doit se présenter comme un mini site. Du coup, au moment de la conception, c’est bien d’imaginer son sujet comme un tronc commun avec tout ce qui pourra bourgeonner à partir de ce tronc. Si un texte figure cetronc,leprincipepourraitêtrequ’àlafindechaque paragraphe il soit possible d’ouvrir un nouveau volet, avec un nouveau titre cliquable et, derrière, un nouvel écran qui donne un nouvel éclairage encore plus précis sur cet aspect de la question. C’est un sujet à tiroirs. Une fois tous les tiroirs refermés, le sujet se tient. La clé, c’est bien entendu le plan. Et le bonheur pour architecturer des sujets à tiroir, c’est le plan pyramidal inversé. En France, 90 % des navigations se font depuis Google. Connaître les différents formats numériques pour enrichir ses écrits sur les supports digitaux Tout un sujet peut ainsi jouer les poupées gigognes. Par exemple, le compte-rendu d’un match de tennis peut pointer vers la biographie du vainqueur qui peut pointer vers le classement des meilleurs gauchers de tous les temps qui pointe vers les pires esclandres de John McEnroe. Sujet gigogne ? Mais le plus petit des sujets gigognes, ici John McEnroe, possède aussi des mots clés et des bons, qui peuvent le faire sortir très haut dans le classement de Google. Et dans ce cas, c’est lui qui pourra servir de porte d’entrée à la navigation. Car les liens hypertextes marchent dans les deux sens. L’une des conséquences, c’est qu’un article doit être relié à d’autres mais surtout il doit pouvoir se lire indépendamment de tous les autres. Attention à varier les formats. Derrière un lien hypertexte, un autre texte ne s’impose pas. Au rédacteur de proposer peut- être une vidéo, un son, .../... Chapitre 3 - Les nouveaux formats éditoriaux
  • 31. 31 À retenir Sur Internet, chaque article est une porte d’entrée vers d’autres articles. Un article doit pouvoir se lire indépendamment de tous les autres. La longévité d’une information se pense dès sa conception. En France, 90 % des navigations se font depuis Google. Dans 90 % des cas, l’internaute a tapé un mot clé dans Google pour arriver à un article. L’internaute ne connait pas forcément votre média et ce n’est pas sa préoccupation : il attend une réponse directe à une question qu’il se pose. Il est indispensable de lui donner le contexte de votre information, d’en faire la synthèse de votre info au début de l’article. Mais vous commencez à comprendre ! .../... Chapitre 3 - Les nouveaux formats éditoriaux ou, un diaporama. Ce travail demande plus de temps de production. Mais c’est surtout le temps de conception qui compte, pour imaginer toutes les ramifications possibles dans une temporalité donnée. Que se passera-t-il trois semaines, trois mois après la publication première ? C’est bien de l’imaginer dès le départ pour augmenter la durée de vie des informations, leur effet longue traine. Ainsi, la fête des brodeuses de Pont l’abbé est un événement local qui peut être traité de mille manières. Mais se concentrer sur les motifs des broderies qui ornent la célèbre coiffe en forme de tube, dérouler le diaporama de ces motifs en expliquant leur signification est un petit travail d’ethnographie qui résistera aux années.
  • 32. 3232 Retrouvez nos formations en techniques de rédaction Écriture journalistique Écrire pour être lu Libérer son écriture ... Découvrez nos parcours vidéo en ligne, formez-vous à votre rythme, en tout lieu, à tout moment, sur tous supports ! « Savoir écrire pour être lu, ça s’apprend ! » et bien d’autres thèmes à retrouver sur le site du CFPJ En savoir + sur les programmes Je me forme en ligne Le digital learning by CFPJ Qui sommes-nous ? CFPJ est l’expert de référence dans la for- mation des professionnels du journalisme, de l’information et de la communication. Avec plus de 300 offres au catalogue, présentielles, e-learning, certifiantes, VOD, sur-mesure... et des équipes conseil et orientation engagées, le CFPJ accom- pagne ses clients dans leurs enjeux de digitalisation, leurs besoins de montée en compétences ou leurs projets d’évolution professionnelle. Pour aller plus loin...
  • 33. RETROUVEZ TOUTES NOS FORMATIONS SUR NOTRE SITE : WWW.CFPJ.COM Pour suivre nos actualités, nos événements et nos avis d’experts, rendez-vous sur notre blog et nos réseaux sociaux : blog.cfpj.com 35 RUE DU LOUVRE - 75002 PARIS 01 44 82 20 00 CFPJ EST UNE MARQUE DU GROUPE