Evaluation EY de la contribution de la France au Fonds européen de développem...Arnauld Bertrand
Rapport EY d'évaluation de la contribution de la France au Fonds européen de développement réalisé sous la supervision d'Arnauld Bertrand - 20 juin 2014
Evaluation EY de la contribution de la France au Fonds européen de développem...Arnauld Bertrand
Rapport EY d'évaluation de la contribution de la France au Fonds européen de développement réalisé sous la supervision d'Arnauld Bertrand - 20 juin 2014
Del Click al Cash: Google AdWords y la Conversion WebGorka Garmendia
Ponencia presentada en el III Foro de Marketing organizado por el Club de Marketing de la Rioja. 19 junio 2009. Cómo conseguir visitas con AdWords de Google y cómo convertirlas en clientes, explicado entorno a un caso de éxito: la clinica EUGIN, 1º centro de Cataluña (España)
La madera es un material fibroso obtenido de árboles que ha sido ampliamente utilizado por los seres humanos. Es fácil de trabajar, flota en el agua, aísla el calor y la electricidad, y varía en dureza dependiendo del tipo. Si bien es una recurso disponible globalmente, se debe cuidar su explotación y repoblar los bosques para un futuro sostenible.
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Valtech - L’impact des médias sociaux sur les Mutuelles et les Assurances Valtech
L’impact des médias sociaux sur les Mutuelles et les Assurances
Christophe Gazeau, Directeur Conseil Entreprise 2.0 - Valtech
christophe.gazeau@valtech.fr
"Les Fonds européens structurels et d'investissement (FESI) représentent une importante source de financement pour les associations, fédérations et réseaux. Cette fiche synthétise les informations utiles pour comprendre le système de distribution de ces fonds entre 2014 et 2020, en particulier le Fonds social européen (FSE). Le demandeur y trouvera les critères pour en bénéficier ou encore les nouvelles modalités de calcul des coûts."
Rapport de la Banque de France sur l'épargne réglementée 2019Société Tripalio
Un document qui fait le point sur les près de 800 milliards € placés sur des livrets d'épargne réglementés. Ce rapport met en évidence le coût de certains livrets.
Protection sociale : Faire baisser les 42 milliards de coûts de gestion Fondation iFRAP
En France, les dépenses de protection sociale atteignent 746,6 milliards d’euros en 2015. Au titre des seuls coûts de gestion la France
se situe à 4,31 % des dépenses de prestations selon Eurostat là où l’Union européenne est à 3 % et la zone euro à 15 pays à 3,51 %, soit
de 5 à 9 milliards d’euros de coûts supplémentaires par rapport à nos partenaires européens. Et encore, ces dépenses ne tiennent pas
compte des frais financiers, ni des frais de gestion liés au versement des prestations sociales financées par l’État et les collectivités
locales, frais conventionnellement estimés à… 0. Les coûts de gestion réels restent donc largement sous-évalués.
La Fondation iFRAP est parvenue à l’évaluation suivante : les coûts de gestion réels de la protection sociale représentent au
moins 42 milliards d’euros. Un montant substantiel qui laisse envisager d’importantes pistes d’économies, insuffisamment
exploitées, alors qu’elles sont souvent relayées dans des rapports parlementaires, rapports d’inspection ou de la Cour des
comptes. Par exemple, notre enquête sur l’absentéisme dans les CPAM montre un nombre de jours d’absences très élevé, en
moyenne de 36,8 jours par agent.
Ces chantiers, auxquels aucun gouvernement n’a pour l’heure osé s’attaquer, ont déjà été lancés chez nos voisins anglais,
allemands ou néerlandais, lesquels ont su réformer leur système de protection sociale afin d’en améliorer l’efficience. Aujourd’hui,
la maîtrise des frais de gestion est indissociable d’une réforme en profondeur de notre modèle social.
Emmanuel Macron avait durant sa campagne déclaré vouloir créer un versement social unique et automatique en matière d’aides
sociales pour lutter contre le non-recours. Il s’est aussi déclaré pour un régime universel de retraites pour en finir avec la
complexité du système. La Fondation iFRAP estime qu’il est possible à l’horizon du quinquennat d’envisager au moins 5 milliards
d’euros d’économies annuelles sur la gestion de notre système social.
Les coûts de gestion de la protection sociale représentent 42 milliards d’euros dont 6,9 milliards de frais financiers et au moins
4,1 milliards pour les frais liés aux prestations de l’État et des collectivités locales.
Il est possible d’économiser de 5 à 9,5 milliards d’euros sur les coûts de gestion à l'horizon 2025 une fois que toutes les
réformes d'ampleur de la protection sociale auront été menées, dont :
❙ 2 à 3 milliards d’euros sur les retraites ;
❙ 2,5 milliards d'euros sur les prestations de solidarité logement-pauvreté-famille et 5 milliards à terme avec une réforme
complète de l'allocation sociale unique (ASU) ;
❙ santé : 0 à 1 milliard d'euros ;
❙ emploi : 0,5 milliard d'euros.
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Un document qui fait le point sur les près de 800 milliards € placés sur des livrets d'épargne réglementés. Ce rapport met en évidence le coût de certains livrets.
Protection sociale : Faire baisser les 42 milliards de coûts de gestion Fondation iFRAP
En France, les dépenses de protection sociale atteignent 746,6 milliards d’euros en 2015. Au titre des seuls coûts de gestion la France
se situe à 4,31 % des dépenses de prestations selon Eurostat là où l’Union européenne est à 3 % et la zone euro à 15 pays à 3,51 %, soit
de 5 à 9 milliards d’euros de coûts supplémentaires par rapport à nos partenaires européens. Et encore, ces dépenses ne tiennent pas
compte des frais financiers, ni des frais de gestion liés au versement des prestations sociales financées par l’État et les collectivités
locales, frais conventionnellement estimés à… 0. Les coûts de gestion réels restent donc largement sous-évalués.
La Fondation iFRAP est parvenue à l’évaluation suivante : les coûts de gestion réels de la protection sociale représentent au
moins 42 milliards d’euros. Un montant substantiel qui laisse envisager d’importantes pistes d’économies, insuffisamment
exploitées, alors qu’elles sont souvent relayées dans des rapports parlementaires, rapports d’inspection ou de la Cour des
comptes. Par exemple, notre enquête sur l’absentéisme dans les CPAM montre un nombre de jours d’absences très élevé, en
moyenne de 36,8 jours par agent.
Ces chantiers, auxquels aucun gouvernement n’a pour l’heure osé s’attaquer, ont déjà été lancés chez nos voisins anglais,
allemands ou néerlandais, lesquels ont su réformer leur système de protection sociale afin d’en améliorer l’efficience. Aujourd’hui,
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d’euros d’économies annuelles sur la gestion de notre système social.
Les coûts de gestion de la protection sociale représentent 42 milliards d’euros dont 6,9 milliards de frais financiers et au moins
4,1 milliards pour les frais liés aux prestations de l’État et des collectivités locales.
Il est possible d’économiser de 5 à 9,5 milliards d’euros sur les coûts de gestion à l'horizon 2025 une fois que toutes les
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❙ 2 à 3 milliards d’euros sur les retraites ;
❙ 2,5 milliards d'euros sur les prestations de solidarité logement-pauvreté-famille et 5 milliards à terme avec une réforme
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❙ santé : 0 à 1 milliard d'euros ;
❙ emploi : 0,5 milliard d'euros.
Mémoire sur Aide Publique au Développement (APD) et Aide pour le Commerce du cadre intégré renforcé (CIR). Cela fait partie de la série Trade Funding Insights.
La destination finale des placements financiers des ménages français
Adeline BACHELLERIE
Direction des Statistiques monétaires et financières
Service d’Étude et Statistiques
des Opérations Financières
Omar BIROUK
Direction des Statistiques monétaires et financières
Service d’Analyse des Investisseurs Institutionnels
Christian PFISTER
Direction générale des Études
et des Relations internationales
Bulletin de la Banque de France • N° 184 • 2e trimestre 2011
La réduction des dotations de l'Etat aux collectivités locales est enclenchée, et le Premier Ministre a fait des annonces. Cette présentation est l'état des lieux de la situation et pointe les manques de précisions sur les annonces du Gouvernement
Similaire à Etude de la Fondation iFRAP : "Fonds structurels européens : stop au saupoudrage sans contrepartie !" (20)
Le gouvernement a de son côté prévu de mettre au point avec les partenaires sociaux un ensemble de cinq réformes qui ont fait
l’objet d’une lettre de cadrage. Instituer une indemnisation pour les démissionnaires et pour les travailleurs indépendants est à
la fois non souhaitable et contre-indiqué financièrement. La troisième réforme concernant la limitation par pénalisation des CDD
courts n’a qu'un enjeu limité, et lorsque nécessaire, devrait plutôt conduire à diminuer l'indemnisation qu'à pénaliser l'employeur.
Le contrôle accru des chômeurs est en revanche souhaitable. Enfin, le remplacement de certaines cotisations par la CSG ne saurait
justifier la participation de l’État à la gouvernance de l’Unedic.
Mais le gouvernement se garde bien d’évoquer certains autres sujets de fond qui fâchent, à savoir que de moins en moins
l’assurance chômage conserve son caractère assurantiel, dans la mesure où l’État exige de l’Unedic, dont les ressources pèsent
directement sur le coût du travail marchand, qu’elle finance des politiques publiques de solidarité qui devraient reposer sur l’impôt.
Ce faisant, l’État est responsable des déficits de l’Unedic, et ne craint pas de les augmenter encore avec l’indemnisation annoncée
des démissionnaires et des travailleurs indépendants. Nos préconisations prioritaires sont les suivantes :
❙ équilibrer le financement par l’Unedic des points de retraite acquis pendant les périodes de chômage (déséquilibre de 2 milliards) ;
❙ annuler ou réduire fortement le financement par l’Unedic de Pôle emploi (3,3 milliards) ;
❙ faire participer les entreprises publiques à l’assurance chômage (plusieurs milliards) ;
❙ mettre à la charge de l’État les indemnisations qui ressortissent à un objectif de solidarité nationale : intermittents du spectacle,
exonérations spéciales et éviter les subventions croisées (1 milliard pour les intermittents, 1 milliard pour les autres subventions).
Enfin des réformes paramétriques devraient aussi être menées :
❙ augmenter le ratio d’éligibilité en passant la durée minimum d’affiliation de 4 à 6 mois, et ultérieurement à 8 mois, sur une période
de 18 mois (1,8 milliard) ;
❙ baisser, au minimum, à 0,9 de jour indemnisé pour un jour cotisé le taux de transformation (1,2 milliard) ;
❙ supprimer les revenus de remplacement proches des revenus du travail ou supérieurs ;
❙ et en fonction de la mise en oeuvre des réformes ci-dessus, baisser le taux des cotisations patronales et salariales.
Une démarche inquiétante, alors que les résultats de l’incursion directe de l’État dans la politique industrielle de l’énergie (Areva, Alstom, EDF, éolien, solaire, agrocarburants) devraient inciter les gouvernements à se concentrer sur la fixation d’objectifs et non pas à la façon dont les acteurs les atteignent. Deuxième producteur mondial d’électricité, EDF est une entreprise prestigieuse, mais le niveau de son cours de bourse, 8 à 10 euros contre 32 en 2005 à l’ouverture de son capital, donne la mesure de son affaiblissement. Une situation d’autant plus inquiétante que le paysage énergétique est bouleversé : fin probable des tarifs réglementés, liberté de choix des consommateurs, concurrents français et étrangers, nouveaux modes de production, contestation du nucléaire et des éoliennes, surcoût des énergies renouvelables. Et des doutes existent sur le fondement même de la transition énergétique, le dernier bilan prévisionnel du gestionnaire du réseau de transport électrique (RTE) présentant des scénarios où la consommation d’électricité augmenterait au lieu de diminuer comme décidé dans la loi de 2015.
Avec 85 % du capital d’EDF, l’État français peut difficilement esquiver sa responsabilité. Une stratégie de l’État actionnaire caractérisée par le court-termisme, utilisant EDF pour enjoliver, jusqu’aux élections suivantes, le taux de chômage, l’inflation, le niveau de vie des Français ou le budget de l’État. Une tentation irrésistible quand il n’existe pas de contre-pouvoirs diversifiés comme le sont les actionnaires privés des grandes entreprises. Pour surmonter définitivement ces dysfonctionnements et redonner confiance aux salariés, aux clients et aux actionnaires, le seul levier efficace au niveau français consiste à réduire les interventions de l’État. Au niveau européen, c’est l’application à l’électricité des règles classiques du commerce international.
France : définir un chemin réaliste de transition énergétique.
Ramener immédiatement à 70 % la part de l’État au capital d’EDF.
Nommer une majorité d’administrateurs indépendants de l’État, français et étrangers.
Séparer les activités régulées de réseau des activités concurrentielles de production et de vente d’électricité : privatiser les réseaux électriques et leurs gestionnaires.
Voter une loi engageant l’État à réduire à 30 % sa part dans le capital d’EDF en 2022, après la mise en route des trois premières centrales EPR (Flamanville, Finlande, Chine).
Europe : faire appliquer par Bruxelles les règles de la concurrence internationale, ouverture du marché de l'électricité, mais interdiction des politiques de subventions-dumping qui perturbent les systèmes électriques étrangers.
Réformer le syndicalisme : mandats, financement, représentativité Fondation iFRAP
Dans quelle mesure la paix qui a présidé dans les négociations ayant abouti à la réforme n’a-t-elle pas eu pour contrepartie l’assurance donnée aux syndicats qu’on ne changerait rien au syndicalisme ? Quoi qu’il en soit, il y a à regretter que la réforme ambitieuse du droit du travail ne se soit pas accompagnée de son indispensable complément. Raison de plus pour s’atteler à la tâche.
Les propositions de la Fondation iFRAP
Mesures concernant le fonctionnement du syndicalisme dans les entreprises :
❙ En complément des réformes bienvenues des ordonnances en faveur des TPE et PME, augmenter les seuils d’application, augmenter les matières où les dérogations aux accords de branches sont autorisées, permettre les consultations par les employeurs jusqu’à 50 salariés, supprimer la différenciation entre DP mandatés et DP non mandatés.
Supprimer le monopole de présentation au premier tour des élections professionnelles.
Diminuer les heures légales et supprimer les heures extra-légales de délégation dans les secteurs public et privé.
Limiter à un seul renouvellement de 4 ans les mandats des représentants du personnel et supprimer la règle de l’insaisissabilité des biens des syndicats.
Interdire pour une seule personne le cumul d'heures de délégation supérieur à 50 % du temps de travail.
Objectif : diminuer d'un tiers le nombre de mandats de représentants des salariés.
Mesures concernant le financement des syndicats :
Assurer une véritable transparence financière à tous les niveaux syndicaux.
Supprimer les financements extra-légaux, les « caisses noires », les financements restants provenant du paritarisme, et le financement de l’AGFPN.
Tout mettre en oeuvre pour assurer un financement par les cotisations des adhérents qui doit remplacer l’audience électorale comme critère d’attribution des ressources.
Instaurer sous certaines conditions le « chèque syndical ».
Modernisation de la vie publique : les propositions de la Fondation iFRAPFondation iFRAP
la suppression de la réserve parlementaire ;
l’interdiction des emplois familiaux ;
le non-cumul des mandats – que nous proposons toutefois d’étendre aux mandats de même nature et non plus
seulement identiques ;
la mise en place d’un registre des déports – en attirant cependant l’attention sur les cas de conflits d’intérêts
public-public ;
l’encadrement des activités parallèles de conseil.
Nous proposons d’aller plus loin avec :
une réduction du nombre de parlementaires : une des propositions phare de modernisation des institutions du candidat Macron, pour l’heure « oubliée ». Il s’agit selon nous de faire passer le nombre de députés de 577 à 350 et le nombre de sénateurs de 348 à 150. Cette mesure permettrait 256 millions d’euros d’économies ;
les fonds ainsi dégagés seraient utilisés à la revalorisation du traitement des parlementaires liée au renforcement de leurs attributions (pouvoirs d’évaluation et de contrôle) ;
un renforcement des sanctions pour les absentéistes ;
la transparence totale des indemnités (pour les parlementaires et les élus locaux) et la centralisation de la gestion des crédits collaborateurs ;
un renforcement du contrôle éthique au Parlement ;
le perfectionnement du registre des représentants d’intérêts.
Le quinquennat à venir porte la lourde responsabilité de mener les réformes nécessaires au pays. Il faut non seulement un exécutif efficace, mais aussi – et c’est essentiel – un pouvoir législatif rénové, qui inspire confiance aux Français et se montre exemplaire en toutes circonstances.
Etat actionnaire : 33 milliards d'euros de privatisations Fondation iFRAP
L’État actionnaire, c’est 1 750 participations directes, pour une valeur comptable de 98,9 milliards d’euros et 538,6 milliards de chiffre d’affaires en 2015. Au sein de l’OCDE, la France est de loin le pays dans lequel les entreprises publiques emploient le plus (800 000 personnes soit 3,3 % des emplois salariés contre 2,5 % en moyenne pour l’OCDE).
Le ministère de la Défense est le ministère qui s’est le plus réformé et réorganisé ces dernières décennies, sous la pression des coupes budgétaires successives. Avec les conséquences que l’on sait : même si notre armée reste théoriquement capable de mener n’importe quel type de mission, les nombreuses baisses d’effectifs dans les forces de combat et surtout dans les fonctions de soutien, mettent clairement en danger notre capacité à gagner les guerres présentes et à venir.
Alors que les menaces et risques s’accroissent, diminuer sans cesse notre effort nous rendrait incapables de conserver à terme un outil militaire capable d’engagements de haute intensité. Même si les attentats récents ont brutalement remis en lumière ces questions dans nos sociétés occidentales, inverser la tendance sur le long terme nécessitera d’y investir un capital politique très conséquent. Il est temps de modifier profondément les équilibres. La question se pose alors : quelle est la trajectoire budgétaire envisageable pour atteindre l’objectif de 2% du PIB en dépenses annuelles de Défense ? Il existe deux trajectoires possibles, l’une pour atteindre cet objectif dès 2022, l’autre en 2025.
C’est en faveur de la première que nous nous positionnons. Concrètement, nous proposons une impulsion budgétaire importante une fois les élections présidentielles achevées : il s’agirait de réaliser et de voter une nouvelle loi de programmation militaire 2018-2023 à l’automne 2017, comprenant quelque 240 milliards d’euros (constants 2017) sur sa période d’exécution. Cela représenterait quelque 50 milliards d’euros supplémentaires par rapport à la loi de programmation militaire initiale 2014-2019. Notons que le critère des 2% n’est pas suffisant, particulièrement à cause de notre dissuasion nucléaire. À terme, c’est certainement les 3% du PIB qu’il faut viser comme seuil des dépenses militaires, soit quelque 65 milliards d’euros par an. Mais les 2% sont déjà une étape indispensable.
Objectifs généraux de la prochaine LPM :
Atteindre un budget de Défense annuel correspondant à 2% du PIB en 2022 et adopter ce chiffre comme plancher absolu ;
Adapter notre outil militaire aux engagements actuels et futurs, notamment en poursuivant l’augmentation des forces de combat et le soutien qui y sont associés ;
Résorber les déficits capacitaires en totalité sans aucunement délaisser les investissements concernant la préparation de l’avenir et les équipements de générations suivantes, y compris les équipements liés à la dissuasion nucléaire.
Plus que d'un grand soir fiscal, il s'agit d'envoyer un message fort à nos fortunes (expatriées ou non), nos créateurs et nos talents pour leur redonner confiance et libérer leur potentiel d’innovation. D’urgentes mesures de réforme de la fiscalité du patrimoine s’imposent alors que la France figure parmi les pays où la fiscalité est la plus lourde dans ce domaine. Pour frapper fort, nous proposons de supprimer l’ISF et l’exit tax dès 2017, de revenir au prélèvement forfaitaire libératoire, de renforcer les mesures favorisant l’investissement au capital des entreprises et de mettre en place un plafonnement global à 60 %. D’autre part, notre impôt sur le revenu se caractérise par une grande complexité et une très forte concentration sur la minorité de foyers qui y sont soumis (45%). La première mesure à prendre est l'abandon du projet fou du prélèvement à la source, une «usine à gaz» qui viendrait étouffer, dans une nouvelle couche de complexité inutile, nos entreprises. Ensuite, il faut préparer une réforme de l’impôt sur le revenu pour l'appuyer sur une assiette clarifiée et sur un nombre plus important de contributeurs, notamment en s’assurant qu’un euro perçu au titre de la solidarité soit imposé comme un euro issu du travail (avec comme idée, qu'à terme, notre système de redistribution et de solidarité passe dans une logique de crédit d'impôt pour les foyers concernés). Pour préparer ces chantiers et fixer un cadre pour la prochaine mandature, il est nécessaire d’agir dès les premiers mois et d’envoyer des signaux forts aux Français et aux investisseurs. C’est pour cela que nous recommandons de graver dans le marbre d'une loi de finances rectificative 2017 (en juillet 2017), les premières mesures de ce choc fiscal. Attendre le projet de budget 2018 pour réformer, c'est prendre le risque de manquer encore une fois l'occasion d'assainir les finances publiques françaises. Souvenons-nous lorsqu'un Premier ministre nous promettait une remise à plat fiscale en 2013 : nous l'attendons toujours. Voici pourquoi dès 2017 nous proposons de :
Supprimer l'ISF ;
Supprimer l'exit tax ;
Renforcer l’investissement en faveur du financement des entreprises ;
Mettre en place un plafonnement fiscal global à 60%;
Abroger le prélèvement à la source ;
Réformer et simplifier l'impôt sur le revenu ;
Revenir au prélèvement forfaitaire libératoire ;
Imposer au premier euro les droits sociaux ;
Baisser les dotations aux collectivités locales.
Le cadrage budgétaire de ces mesures est présenté en page 24 et le texte de la loi de finance.
Bilan 2007-2017 : Fiscalité, dette, dépenses publiques, chômageFondation iFRAP
Au moment crucial de la préparation de la mandature 2017-2022, il est temps pour les candidats de réfléchir aux réformes qu’ils souhaitent mettre en oeuvre au cours du prochain quinquennat pour redresser notre économie et restaurer notre indépendance financière. Nous avons pris le parti de regarder cette décennie passée à l’aune des indicateurs suivants : dépenses publiques et emploi public, prélèvements obligatoires, dette et déficit, chômage et emplois aidés, emploi marchand et création d’entreprises, simplification. Des thèmes sur lesquels, les présidents avaient pris des engagements sur les deux derniers quinquennats.
Avec un décryptage des mesures engagées et de l’évolution de ces indicateurs dans d’autres pays d’Europe, nous voulons montrer que diminuer la part des dépenses publiques dans la richesse nationale, réduire le déficit et la dette par rapport au PIB, baisser les impôts et le taux de prélèvements obligatoires pour relancer la création d’emplois marchands et renouer avec une croissance au-dessus de 2 % par an, tout cela est possible et nécessite une stratégie. Si le prochain gouvernement veut voir le fruit de son travail se réaliser sur le quinquennat, il devra mettre en oeuvre les réformes nécessaires, et ce, dès les premiers jours de son mandat.
Intérieur, Renseignement, Défense, Justice : La nécessaire remise à niveauFondation iFRAP
Malheureusement, il apparaît que l’État ne se donne plus les moyens de telles ambitions dans le domaine, et ce depuis plusieurs années déjà. Les dépenses régaliennes dans le périmètre retenu dans cette étude, à savoir l’Intérieur, le Renseignement, la Défense, la Justice3 n’ont cessé de diminuer depuis des décennies. Si elles représentaient 6,5 % de la richesse nationale en 1965, elles avaient chuté à 4,5 % au début des années 1990 avant de tomber à à peine 2,8 % du PIB en 2015. Cette diminution est symptomatique et liée au fait que, sous le poids accru des transferts sociaux, l’État-providence a progressivement relégué l’État régalien au second plan. Dans une perspective internationale, la comparaison des dépenses régaliennes avec nos voisins européens met également en évidence notre retard. Comparable à la France par son poids économique, sa population mais aussi les menaces qui pèsent sur lui, le Royaume-Uni a consacré 2,2 % de son PIB à la Défense en 2014 là où la France dépensait 1,7 % et 2 % aux missions de sécurité et d'ordre public là où la France n'investissait que 1,6 % de son PIB.
Dans cette étude, la Fondation iFRAP dresse un panorama de l'État régalien en passant au crible les moyens mis à sa disposition et les effets des réformes de ces dernières années. Pour chacun des trois ministères régaliens nous formulerons des recommandations pour renforcer l'efficacité de ces missions essentielles dans le contexte exigeant qui est le nôtre aujourd'hui.
Ces recommandations demandent un effort budgétaire important de l'ordre de 2,1 milliards d'euros de dépenses supplémentaires annuelles entre 2018 et 2022, qui se concentre dans des investissements supplémentaires en matière pénitentiaire (500 millions d'euros), seule façon de parvenir à un objectif d'encellulement individuel en 2025 et dans la Défense (accélération du renouvellement des matériels en cours) pour 1,6 milliard d'euros. Cet effort s'accompagnera également d'embauches d'environ 15 000 agents dans les ministères régaliens (Justice, Défense, Police/Gendarmerie) d'ici 2022. Et pourra en partie s'appuyer sur des ressources tirées d'une réorganisation des personnels et des conditions de travail, de la mutualisation ou de l'externalisation de fonctions support, de la rationalisation/redéfinition de certaines missions des forces de sécurité
Les systèmes de retraite et de santé français constituent les postes de dépenses de loin les plus importants de notre protection sociale. Et avec respectivement 14 % et 12 % du PIB, ils se situent parmi les plus chers des pays d’Europe. Compte tenu du vieillissement de la population et des changements dans les risques sanitaires que ce vieillissement entraîne (prédominance des maladies chroniques et liées à la dépendance), mais aussi compte tenu du poids de la dette sociale (135 milliards d’euros restent à amortir par la Cades) ces deux piliers de notre protection sociale doivent être réformés, ce qui implique de ne pas avoir peur de repenser notre modèle social.
Mais les réformes à mener ne sont pas les mêmes : la retraite est un risque au sens de la Sécurité sociale certain. Le gérant doit assurer un travail simple: collecter les cotisations, prévoir le nombre d’actifs et de retraités, verser les retraites en appliquant des règles précises. Il doit surtout assurer l’équilibre en fonction de paramètres limités et, pour certains, sur lesquels il ne peut quasiment pas agir (démographie). Il dispose de peu de latitude : l’âge, le montant de la pension et le taux de cotisation. Le déficit de compétitivité de la France écarte la possibilité d’augmenter les cotisations pour financer le système. Dès lors, il faut :
Reporter l’âge l’égal à 65 ans en 2028 ;
Créer un régime unique et universel par points ;
Aligner les systèmes de retraite public et privé ;
Introduire une part de capitalisation sans augmenter le montant total des cotisations.
La santé est un risque aléatoire et la qualité de la prestation de soin (hôpital, médecine de ville, médicaments) est très variable. La responsabilité du gérant d’un système d’assurance maladie est très différente puisqu’il va devoir choisir, parmi un large panel de solutions, la meilleure solution au meilleur coût. La santé est par ailleurs un domaine où – contrairement à la retraite – l’innovation joue un rôle essentiel. Face à cela, le gérant doit se poser plusieurs questions : quel prix accepter de payer ? Quel fournisseur de soins recommander à ses assurés ? Quels progrès thérapeutiques encourager ? C’est ce rôle complexe qui justifie une diversité de gérants de l’assurance maladie et leur mise en concurrence par les assurés. D’où nos propositions :
Mandats politiques : Passer de 645 000 à 114 000 élusFondation iFRAP
Dans le cadre des élections présidentielles, les candidats commencent à parler d’une baisse du nombre de parlementaires. La réduction du nombre de députés à environ 350 et du nombre de sénateurs autour de 150 est devenue une évidence. Mais la France ne doit pas être en reste et le prochain quinquennat sera l’occasion d’entamer avec courage la baisse du nombre de strates et du nombre de mandats locaux.
À commencer par les communes ! Il faudra réduire le nombre de conseillers dans les grandes villes mais aussi fusionner les communes de moins de 5 000 habitants avec, d’ici à 2020, 10 000 supercommunes de 5 000 habitants au lieu des 36 000 communes que l’on compte actuellement. Cette refonte de la carte communale s’accompagnerait d’une suppression de l’échelon intercommunal. Cela permettrait aussi de renforcer l’indemnisation des conseillers municipaux pour ne plus les inciter à multiplier les mandats. La France se singularise encore par une pratique quasi généralisée du cumul des mandats. 80 % des parlementaires français cumulent leur mandat avec une fonction exécutive locale, contre 24 % en Allemagne et 3 % au Royaume-Uni. Il sera nécessaire également de réduire le très grand nombre de conseillers régionaux aujourd’hui au nombre de 1 880. Le bon objectif serait d’arriver à environ 660 conseillers régionaux, soit une cinquantaine par région. Avec de telles réformes, le nombre d’élus baisserait substantiellement de 645 124 à 114 000 élus et ramènerait la France dans un taux de représentation équivalent à celui de l’Allemagne ou des États-Unis, soit environ un élu pour 600 habitants.
Les propositions de la Fondation iFRAP ;
1 élu pour 100 habitants en France contre 1 élu pour 500 en Allemagne et 1 pour 600 aux États-Unis ;
La France compte 645 124 élus, objectif : réduire à 114 000 d’ici 2022, soit un élu pour 600 habitants ;
Pour y parvenir, supprimer les strates intercommunales et départementales ;
Réduire le nombre de maires et de conseillers municipaux mais mieux les indemniser en regroupant les communes de façon à atteindre 5 000 habitants minimum ;
Réduire le nombre de parlementaires à 350 députés et 150 sénateurs ;
Enfin, pour permettre le renouvellement de la vie politique, il faut introduire une limitation des mandats dans le temps (deux ou trois consécutifs) et au même titre l’obligation de démission de la fonction publique dans le cadre d’un engagement politique d’un agent public.
Refonder la croissance énergétique sans oublier la croissance ! Fondation iFRAP
Réduire les émissions de CO2 de 40 % en 2030 et 75 % en 2050, par rapport à 1990 ;
Réduire la consommation finale d’énergie de 20 % en 2030, 50 % en 2050 ;
Porter la part des énergies renouvelables à 23 % en 2020, 32 % en 2030 ;
Réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 33 % d’ici 2025.
Un plan qui n’aurait pas dû négliger deux objectifs essentiels :
Minimiser les prix de l’énergie pour les consommateurs ;
Maximiser l’indépendance énergétique de la France.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES, principalement le CO2) est un objectif clair, mais les méthodes imposées pour y parvenir soulèvent de sérieux doutes. La faisabilité de la baisse de la consommation d’énergie est peu crédible. Elle n’est pas effective malgré dix ans de crise économique, d’investissements dans les économies
d’énergie et de campagnes massives de communication. De son côté, le coût brut des nouvelles énergies renouvelables, de deux à huit fois supérieur au niveau du marché de gros en ce qui concerne l’électricité, est insupportable pour les ménages et les entreprises. Quant à la baisse d’un tiers de la part du nucléaire d’ici 2025, elle est contradictoire avec l’objectif CO2 et irréaliste.
La consommation française d’énergie est modérée par rapport aux autres pays industrialisés, et ses émissions de gaz à effet de serre sont très faibles. Avec 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, notre pays ne peut pas sacrifier seul son économie.
Libérer nos écoles, nos collèges et nos lycéesFondation iFRAP
En juillet dernier, une hausse du budget éducation de 2 milliards d’euros a été annoncée pour 2017. Une annonce qui résume bien la politique éducative des derniers gouvernements successifs : le saupoudrage de chèques, c’est la seule solution quand on ne veut pas lancer les réformes nécessaires et qu’on craint des grèves d’enseignants particulièrement médiatisées. Et pourtant, plus personne n’est satisfait : ni élèves, ni enseignants, ni parents d’élèves. Tous se plaignent des classes surchargées. Et pourtant, 855 028 enseignants, cela revient à compter 15,3 élèves par enseignant. Tous se plaignent du manque de moyens. Et pourtant, en comparant la dépense d’éducation des enseignements public et privé, on constate que ce dernier produit le même résultat pour 34,5 milliards d’euros de moins. La vérité, c’est que la France a fait le choix d’une fausse décentralisation. On a multiplié les strates, les niveaux de décision avec l’État qui emploie les enseignants aux travers de ses 30 académies (et 17 nouvelles régions académiques !) et 97 directions académiques. Les communes ont en charge uniquement les bâtiments des écoles et leurs effectifs techniques, les départements pour leur part, les bâtiments des collèges et les transports d’élèves handicapés, les régions supervisent les bâtiments des lycées et les effectifs techniques, une partie de la formation en alternance, des lycées professionnels et des transports scolaires… Une organisation unique en son genre et que personne ne nous envie. La réforme de notre système éducatif est une question capitale à laquelle les gouvernements n’ont pas voulu s’atteler. Plus inquiétant, pour l’instant on entend trop peu les candidats à la présidence de la République proposer vraiment des réformes structurelles.
Pourtant, si nous voulons un système éducatif dont les résultats ne s’enfoncent plus année après année, les maîtres mots doivent être :
La décentralisation du pilotage de l’Éducation au niveau des régions et des communes ;
La responsabilisation des chefs d’établissement qui doivent devenir les vrais managers des équipes ;
L’autonomisation grandissante des établissements sur la gestion RH et la gestion du budget ;
La délégation de gestion des établissements publics doit être possible quand les décideurs locaux le souhaitent ;
La suppression du « plafond de verre » des accords Lang-Couplet (1993) qui fixent les moyens du privé sous contrat à 20 % du budget global de l’action éducatrice de l’État ;
L’innovation en encourageant la créativité pédagogique des enseignants et en facilitant la création d’écoles hors contrat.
Fonction publique : Statut, primes, évaluation, temps de travailFondation iFRAP
Réformera ou réformera pas ? S’agissant de la fonction publique, beaucoup a été dit, peu a été fait. Le nombre d’agents et le coût pour les finances publiques augmentent invariablement quel que soit le Gouvernement au pouvoir. Nous comptions 5,2 millions d’agents dans les trois fonctions publiques (État, collectivités locales, hôpitaux publics) en 2008 et 5,4 en 2014.
Avec 278 milliards d’euros de dépenses en 2014, la masse salariale des personnels publics de la France représente toujours 13 % de notre richesse nationale quand les Allemands sont à 7,7 % et les Britanniques, à 9,5 %. On constate que tous les pays, y compris les plus connus pour leur État-providence, sont passés à des embauches de leurs personnels publics non plus sous statut, mais sous contrat et donc sans emploi « à vie ». La Suède compte plus de 99 % d’agents contractuels, le Royaume-Uni, 90 %, l’Allemagne, 60 %, quand la France en compte à peine 17 %.
Dans la perspective de 2017, les objectifs doivent être les suivants :
Réduire de 440 000 le nombre de postes d’ici 2022 dans les trois fonctions publiques (sauf dans le régalien où nous prévoyons d’embaucher 15 000 agents) ;
Ramener à 11 % le poids des rémunérations des agents publics dans le PIB, soit 15 milliards d’euros d’économies d’ici 2022.
Pour cela, la Fondation iFRAP formule 15 propositions parmi lesquelles :
Geler les embauches pendant cinq ans ;
Embaucher sous contrat de droit privé les nouveaux entrants dans la fonction publique et permettre à ceux qui veulent passer du statut au contrat de le faire ;
Favoriser les départs volontaires et créer une bourse locale de l’emploi public ;
Mettre fin au principe d’unicité de la fonction publique en matière de points d’indice et introduire une part de rémunération au mérite ;
Réduire le pouvoir devenu trop important des commissions paritaires ;
Remonter le temps de travail des agents à 1 750 heures annuelles contre 1 607 heures théoriques actuellement.
La trajectoire 2017-2027 des finances publiques pour la croissanceFondation iFRAP
Les objectifs à atteindre ? Diminuer la part des dépenses publiques dans la richesse nationale, réduire le déficit et la dette par rapport au PIB, baisser les impôts et le taux de pré- lèvements obligatoires. Non pas pour faire plaisir à la Commission européenne mais pour relancer la création d’emplois marchands et renouer avec une croissance au-dessus de 2 % par an, ce dont nous sommes loin depuis 2012. Pour cela, il faut une stratégie. Chaque projet de réforme devra être accompagné d’un chiffrage et d’un calendrier précis. L'erreur faite en 2012 a été de lancer des augmentations d’impôts tous azimuts pour redresser les comptes publics sans avoir calculé ce que cela créerait comme mauvais chocs sur notre économie. Si le gouvernement a compris que le matraquage fiscal décidé était allé trop loin, le virage a été trop tardif pour en voir les fruits avant la fin du quinquennat. Si le prochain gouvernement ne veut pas travailler pour le suivant, il devra mettre à profit tout le temps imparti dès les premiers jours. La Fondation iFRAP propose dans cette étude une modélisation de la trajectoire des finances publiques pour 2017-2027 pour retrouver le plein-emploi et la croissance. Cette trajectoire consiste en : ❙ des économies de dépenses (100 milliards d’euros de baisse, dont 23 milliards de cessions d’immobilier de l’État ou des collectivités) concentrées sur la période 2017-2022 sauf pour ce qui concerne les retraites où les réformes durent jusqu’en 2027 ; ❙des baisses de prélèvements obligatoires (environ 90 milliards d’euros) étalées jusqu’en 2024 ; ❙des cessions d’actifs venant augmenter exceptionnellement les recettes publiques (20 milliards d’euros d’ici 2024) pour accélérer le désendettement et atteindre moins de 80 % de dette par rapport au PIB dès 2026. Nous proposons de fixer un maximum de 50 % de dépenses publiques par rapport au PIB en 2022. Dès les cinq premières années, la baisse des prélèvements obligatoires donnera la priorité à la baisse de la fiscalité sur le capital et à la diminution de la fiscalité sur les entreprises. Le plan de redressement modélisé par la Fondation iFRAP offre un motif d’espoir. Si nos pré- conisations sont appliquées, le PIB marchand de la France devrait remonter fortement d’ici à 2022 et atteindre, cette année-là, 1 723 milliards d’euros. C’est fondamental car la création de valeur ajoutée marchande permet la création d’emplois marchands : 739 000 d’ici 2022. Nous ne sommes pas condamnés au marasme
Le résultat n’est pourtant pas à la hauteur de cet effort. Dans les zones tendues, où la crise du logement se concentre, la puissance publique est incapable de trancher entre loger les plus pauvres et « faire de la mixité sociale ». D’où un paradoxe stupéfiant. En zone urbaine, les locataires les plus pauvres (premier décile de revenus) sont majoritairement logés dans le parc privé tandis que 25 % des occupants de logements sociaux appartiennent aux cinq derniers déciles de revenus.
Dès lors, la construction de logements sociaux est une fuite en avant : il en faut toujours plus. Entre 1985 et 2011, on observe une augmentation de 53 % du parc social. Sur la même période, les bailleurs privés ont été peu à peu dégoûtés à cause d’une fiscalité exorbitante passée de 37 milliards d’euros en 2000 à 63 milliards en 2013. Avec la loi SRU renforcée en 2013 et aujourd’hui le projet de loi « égalité et citoyenneté », c’est une nouvelle étape qui est franchie dans la bureaucratisation du logement. On a trop longtemps stérilisé l’épargne des Français en canalisant subventions et prêts sur fonds du livret A. Simplification des structures, simplification des financements, baisse des coûts de gestion, il est temps de poser la question de la réforme du logement social.
La politique publique du logement coûte 2,3 % du PIB, un chiffre deux fois supérieur à la moyenne européenne ;
500 organismes de logement social gère un parc de 4,7 millions de logements. En Île-de-France ils sont 143 organismes ;
Les aides publiques en direction des bailleurs sociaux représentent 9 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent 7 milliards d’aides personnelles que perçoivent directement les bailleurs sociaux ;
Les HLM présentent une trésorerie égale à sept mois de loyers, soit 10 milliards d’euros, ou l’équivalent de 20 années d’aides à la pierre ;
Les aides personnelles au logement sont avant tout des aides sociales : leur montant (17 milliards d’euros) est supérieur aux allocations familiales (12,5 Mds) ou encore au RSA socle (7,8 Mds).
Le paritarisme français est à bout de souffle. C’est un système éclaté, comptant des dizaines de milliers
de mandats paritaires, sujet aux financements opaques. Dans ce paritarisme, les partenaires sociaux n’ont
pas joué le rôle qui aurait dû être le leur. Ils n’ont jamais proposé des pistes d’amélioration sérieuses
du système, ni de réformes crédibles. Aucun d’eux n’a jamais remis en cause un fonctionnement et une
gouvernance en panne depuis des années. Pourquoi ? Parce qu’au lieu de faire vivre le paritarisme, les
organisations syndicales ont préféré en vivre en assurant la gestion courante du système.
Les centaines d’heures de négociations paritaires, largement médiatisées, n’aboutissent qu’à des mesures
paramétriques là où elles devraient donner lieu, entre autres, à une refonte globale de la gouvernance paritaire.
Les dizaines de milliers de mandats paritaires et la mauvaise gestion qui va avec sont la source d’un
surcoût considérable de la protection sociale française, et de la perte de confiance des Français dans
les organisations syndicales.
Le paritarisme de gestion en particulier a perdu sa légitimité et doit disparaître au profit d’un paritarisme
de négociation. C’est pourquoi la Fondation iFRAP émet les propositions suivantes :
❙ instaurer un chèque syndical en lieu et place de l’ensemble des financements actuels du paritarisme
pour que les syndicats ne vivent plus que des cotisations de leurs adhérents ;
❙ rendre obligatoire la présentation d’un budget pour les organisations syndicales afin de faire apparaître
clairement les subventions et aides publiques de toute nature ;
❙ supprimer le paritarisme de gestion pour passer à un paritarisme de négociation ;
❙ mettre les caisses d’Assurance maladie en concurrence ;
❙ prévoir un retour complet de la branche famille dans le giron exclusif de l’État* ;
❙ adopter un régime universel de retraite et supprimer l’ensemble des régimes spéciaux ;
❙ régionaliser Pôle emploi et mettre en place une assurance chômage unique ;
❙ externaliser au secteur privé l’accompagnement des demandeurs d’emploi ;
❙ confier aux seules entreprises et branches professionnelles la formation des salariés du privé.
Etude de la Fondation iFRAP : "Fonds structurels européens : stop au saupoudrage sans contrepartie !"
1. Politique européenne ❚ dossier
fonds structurels européens
stop au saupoudrage
sans contrepartie
À l'heure où les pays européens compriment leurs budgets, ne faudrait-il pas repenser
la structure de la politique de cohésion de l'Union européenne (UE) et le fonctionnement
de son instrument principal, les fonds structurels ? La Fondation iFRAP relève un défaut majeur
de cet outil financier : quel sens cela a-t-il de voir l'administration européenne redonner
d'une main ce qu'elle a pris de l'autre ? Dans chaque pays, des montants d'argent très
importants sont prélevés pour être réalloués finalement sur son propre territoire, ce qui
occasionne inévitablement des coûts supplémentaires d'administration, tant chez les États
membres qu'au sein même du budget de l'UE, notamment au titre des frais de contrôle. Au total,
la vraie redistribution entre les États membres ne représente que la moitié des fonds distribués.
Est-ce vraiment ce que nous attendons de la politique européenne ? Au lieu de se réduire à une
dérisoire discussion de « marchands de tapis », le sommet européen de Bruxelles aurait dû être
l'occasion de repenser le dimensionnement et les objectifs de cette politique de cohésion qui
représente pas moins de 347 milliards d'euros sur la période 2007-2013 et 325 milliards pour
la période 2014-2020, deuxième poste budgétaire après la politique agricole commune (PAC).
❚❚La moitié des fonds structurels ne correspond à aucune redistribution réelle entre États
membres : il s'agit d'argent qui provient des États membres, transite par l'Europe,
et revient aux États membres.
❚❚La France contribue ainsi pour 6,3 milliards d'euros par an et reçoit en retour 1,9 milliard.
❚❚La logique du saupoudrage domine dans la gestion des fonds structurels, notamment à travers
le Feder, le principal fonds européen, avec des subventions moyennes en France de 250 000 euros
mais plus de la moitié en dessous de 70 000 euros.
❚❚Les fonds Feder financent des frais d'administration que nous estimons au minimum à
46 millions d'euros en France et à environ 5 % des fonds distribués en y ajoutant les frais
communautaires. Un pourcentage qui représente des fonds considérables (10 milliards d'euros
de 2007 à 2013) si on l'applique à l'échelle de l'UE à 27.
❚❚De l'aveu même des instances européennes, contrôle des abus et gestion de la performance
pourraient être sérieusement améliorés.
❚❚Les propositions de la Fondation iFRAP : couper la moitié des fonds structurels qui ne sont
pas de la vraie redistribution; mettre en place un Fonds de cohésion rénové, consacré seulement
à verser une contribution aux pays les moins riches de l'Union, avec une stricte conditionnalité.
Étude réalisée par l'équipe de la fondation iFRAP ▪▪▪
Société Civile n° 132 ❚ Février 2013
2. dOSSIEr ❚ Politique euroPéeNNe
i. présentation
Les fonds structurels sont les instruments notamment à destination des entreprises ; et
10 financiers de la politique de cohésion (ancien- le Fonds social européen (FSE), qui cherche
ne « politique régionale »). Celle-ci se fixe à favoriser l'insertion professionnelle des
pour objectif de réduire les écarts de déve- chômeurs et des catégories désavantagées de
loppement entre les régions et les États mem- la population. Il faut y joindre le Fonds de
bres1. Pour la période 2007-2013, la dotation cohésion, créé plus récemment (1994), qui a
fi nancière allouée à la politique régionale pour objectif de réduire les disparités écono-
était de 347 milliards d'euros2. Il s’agit du miques et sociales sur le territoire de l'Union.
deuxième poste budgétaire en importance Il est destiné, sous certaines conditions, aux
(environ un tiers du budget de l’UE) après pays dont le PIB moyen par habitant est infé-
la politique agricole commune. rieur à 90 % de la moyenne communautaire.
Il existe deux fonds structurels : le Fonds Pour la période 2007-2013, la politique de
européen de développement régional (Feder) cohésion représente 201 milliards d'euros
est actuellement le plus important. Il soutient pour le Feder, 76 milliards d'euros pour le
la réalisation d'infrastructures et les inves- FSE et 70 milliards d'euros pour le fonds de
tissements productifs créateurs d'emplois, cohésion.
répartition des dépenses de l'union européenne sur la période 2007-2013
Feder
Fonds PAC :
Cohésion : de cohésion 412
347 Fse
croissance et
emploi : 90 sécurité et
administration : citoyenneté : 12
55 relations
extérieures :
56
❚ 1 Voir
l’article 174
du Traité La moitié des fonds structurels, soit 174 milliards
sur le fonc-
tionnement d'euros, correspond réellement à de la redistribution
de l’Union
européenne
(TFUE).
entre États membres : une économie possible
❚ 2 Pour la
pour le futur budget de l'UE ?
période
2014-2020,
le montant
proposé par
principes de la politique de cohésion ❚ la programmation : la politique de cohésion
la Commis- La politique de cohésion affiche quatre grands finance des programmes nationaux pluriannuels
sion pour
la politique principes : de 7 ans en lien avec les objectifs définis ;
de cohésion ❚ la concentration des ressources sur les régions ❚ le partenariat : chaque programme est éla-
était de
336 milliards et les États membres les plus pauvres et sur des boré dans le cadre d’un processus collectif qui
d’euros. objectifs spécifiques (voir tableau p. 11) ; associe les autorités européennes, régionales et
Société Civile n° 132 ❚ Février 2013
3. Politique européenne ❚ dossier
locales, ainsi que les partenaires économiques vent pas remplacer les dépenses nationales
et sociaux et les organisations de la société des États membres. Le soutien des fonds
civile ; structurels et du Fonds de cohésion se fait
❚ l’additionnalité : les financements alloués systématiquement sous la forme d’un cofi- 11
par les fonds structurels européens ne peu- nancement.
La politique de cohésion : trois objectifs prioritaires
Près de 347 milliards d’euros répartis entre toutes les régions de l’Union européenne
sur la période 2007-2013
Objectifs Rôles Montants Fonds structurels
Améliorer les conditions
283 milliards Fonds de
Convergence de croissance pour les régions Feder FSE
d’euros cohésion
les moins développées
Renforcer la compétitivité
Compétitivité régionale
et l’attractivité des régions 55 milliards d’euros Feder FSE
et emploi
ainsi que l’emploi
Renforcer la coopération
Coopération territoriale
transfrontalière, transnationale 9 milliards d’euros Feder
européenne
et interrégionale
Source : www.europe-centre.eu/fr/2/Programmes_et_fonds_europeens_comment_a_marche_.html
Principes de la répartition
La répartition des fonds européens est différen- La Commission négocie avec les États mem-
ciée en fonction des objectifs et du type de fonds. bres sur la base des documents de program-
En ce qui concerne l’objectif « convergence », sont mation qu’ils ont fournis. Elle effectue ensuite
éligibles à un financement par les fonds structu- une répartition indicative des fonds pour cha-
rels toutes les régions dont le PIB par habitant que intervention et pour chaque État membre.
calculé sur la période 2000-2002 était inférieur Chaque pays décide au sein de l'enveloppe
à 75 % du PIB moyen de l’UE à 25. Les États qu'il reçoit de l'allocation des crédits. Parmi
membres éligibles à un financement par le Fonds les régions « éligibles », s’opère un arbitrage
de cohésion sont ceux dont le revenu national pour choisir les projets qui seront financés. Ces
brut (RNB) est inférieur à 90 % du RNB moyen règles organisent un gigantesque jeu politique
de l’UE à 25. Pour l’objectif « coopération ter- pour l'obtention des fonds structurels. Il n'est
ritoriale européenne », sont éligibles les régions pas étonnant, dans ce contexte, que les bénéfi-
de l’Union situées le long des frontières terrestres ciaires potentiels de ces fonds soient incités à
intérieures et de certaines frontières terrestres exté- investir dans leur présence à Bruxelles. En 2004,
rieures, ainsi que les régions situées le long des la Bavière inaugurait sa nouvelle représentation
frontières maritimes. En ce qui concerne l’objectif permanente à Bruxelles : un immeuble impres-
« compétitivité régionale et emploi », les régions sionnant évalué à près de 30 millions d’euros
éligibles sont celles qui ne sont pas couvertes au et employant plus de 30 fonctionnaires régio-
titre de l’objectif « convergence ». Loin de cibler naux. En comparaison, la région Midi-Pyrénées
seulement les régions ou les pays les plus pauvres, louait « seulement » deux bureaux dans un
la politique de cohésion s'étend donc par construc- immeuble pour le chef de bureau, sa secrétaire
tion à la totalité du territoire de l'Europe : en toute et deux stagiaires. La répartition des subsi-
logique clientéliste, aucune parcelle de ce terri- des devient un jeu d'influence coûteux où les
toite, aussi riche soit-elle, ne doit se sentir exclue régions les plus puissantes sont aussi celles qui
du bénéfice de la manne des fonds structurels. peuvent investir le plus dans leur « lobbying ».
Société Civile n° 132 ❚ Février 2013
4. dossier ❚ Politique européenne
II. Un paradoxe : la moitié des fonds structurels
ne correspond à aucune redistribution réelle
12
entre États membres
Ce surcoût politique est d'autant plus lourd que miquement vers les pays qui en ont le plus besoin.
l'ensemble des pays membres de l'UE sont simul- Nous avons schématisé cette situation au
tanément contributeurs et bénéficiaires des fonds moyen du tableau suivant mettant en évidence
structurels, alors qu'il serait beaucoup plus simple le bénéfice ou la contribution de chaque pays
de répondre à l'objectif de cohésion en se limitant au titre des fonds structurels pour 2009 (voir
à des transferts des pays les plus développés écono- l'encadré note de méthodologie, ci-contre).
Classement des Classement des
Solde net en M€
bénéficiaires en M€ contributeurs en M€
1 Pologne 6 082,00 1 Allemagne 7 298,10 1 Pologne 5 144,32
2 Espagne 4 174,20 2 France 6 299,66 2 Portugal 1 934,96
3 Allemagne 3 311,40 3 Italie 4 805,03 3 Hongrie 1 904,09
4 Portugal 2 433,60 4 Espagne 3 337,93 4 Rép. Tchèque 1 574,48
5 Italie 2 413,30 5 Royaume-Uni 2 169,72 5 Grèce 1 521,11
6 Grèce 2 259,20 6 Pays-Bas 1 435,32 6 Lituanie 1 084,14
7 Hongrie 2 174,40 7 Belgique 1 113,42 7 Espagne 836,27
8 Rép. Tchèque 1 974,90 8 Pologne 937,68 8 Roumanie 503,12
9 France 1 920,40 9 Suède 805,41 9 Estonie 473,38
10 Royaume-Uni 1 274,90 10 Autriche 796,07 10 Lettonie 402,13
11 Lituanie 1 176,80 11 Danemark 742,20 11 Slovaquie 371,56
12 Roumanie 918,10 12 Grèce 738,09 12 Slovénie 249,76
13 Slovaquie 584,80 13 Finlande 560,57 13 Bulgarie 155,67
14 Estonie 517,30 14 Portugal 498,64 14 Chypre 19,64
15 Lettonie 469,70 15 Irlande 441,32 15 Malte 17,30
16 Belgique 370,80 16 Roumanie 414,98 16 Luxembourg -83,32
17 Slovénie 368,30 17 Rép. Tchèque 400,42 17 Irlande -320,02
18 Bulgarie 267,00 18 Hongrie 270,31 18 Finlande -366,67
19 Pays-Bas 242,30 19 Slovaquie 213,24 19 Autriche -554,87
20 Autriche 241,20 20 Slovénie 118,54 20 Suède -593,21
21 Suède 212,20 21 Bulgarie 111,33 21 Danemark -685,70
22 Finlande 193,90 22 Lituanie 92,66 22 Belgique -742,62
23 Irlande 121,30 23 Luxembourg 90,42 23 Royaume-Uni -894,82
24 Chypre 74,10 24 Lettonie 67,57 24 Pays-Bas -1 193,02
25 Danemark 56,50 25 Chypre 54,46 25 Italie -2 391,73
26 Malte 35,30 26 Estonie 43,92 26 Allemagne -3 986,70
27 Luxembourg 7,10 27 Malte 18,00 27 France -4 379,26
Société Civile n° 132 ❚ Février 2013
5. Politique européenne ❚ dossier
Bénéfice ou contribution de chaque pays au titre des fonds structurels
(en % du PIB en standard de pouvoir d'achat*, 2009)
3,00% 13
❚ 3 Voir rap-
2,50%
port annuel de
la Cour des
2,00% comptes
européenne,
1,50% illustration
graphique VI,
p. 237 (2009),
1,00%
puis 245
(2010).
0,50%
❚ 4 Ibidem,
illustration
0,00% graphique V,
p. 235 (2009)
-0,50% et 243 (2010).
Lituanie
Estonie
Lettonie
Hongrie
Portugal
Pologne
Rép. tchèque
Grèce
Slovénie
Slovaquie
Malte
Roumanie
Bulgarie
Chypre
Espagne
Royaume-Uni
Italie
Allemagne
Autriche
Suède
Pays-Bas
Irlande
Belgique
Finlande
France
Luxembourg
Danemark
❚ 5 Rapport
« Europe –
Providence
ou Europe
des Nations,
l’avenir des
* Les unités standardisées de pouvoir d'achat (SPA) permettent de rendre comparable le PIB d'un pays à l'autre. fonds struc-
turels », Par-
lement euro-
Il faut tout d'abord noter que les contributions chiffre est en augmentation par rapport à 1997 péen, octo-
sont toujours importantes, même pour les pays où il était estimé à 41 %. Cette augmentation bre 1997.
les plus fortement bénéficiaires, et jamais infé- peut s’expliquer par l’arrivée des pays plus ❚ 6 Total des
rieures à 0,14 % de leur PIB. Toutes les régions pauvres de l’Europe de l’Est. Cela met toute- fonds reçus
par les béné-
de l’Europe sont éligibles aux fonds structurels fois en évidence le fait que la part des fonds ficiaires nets
dans la mesure où si 85 % des fonds vont aux ne correspondant pas à une véritable redis- (16 191,9 M€)
/total des
pays bénéficiaires du Fonds de cohésion et aux tribution entre Etats reste très élevée (52 % contributions
régions de PIB inférieur à 75 % de la moyenne en 2009 et 47 % en 2010), alors même que (33 875 M€) =
48 %.
de l’UE, le reliquat de 15 % est redistribué l’objectif d’une politique de cohésion aurait
sur les autres régions. Le taux réel de redis- dû être d'allouer prioritairement les fonds aux ❚ 7 Belgique,
Danemark,
tribution que nous avons calculé pour 2009 pays les plus pauvres ! On relève à ce propos Allemagne,
et 2010 reprend une méthodologie déjà mise que les 12 pays les plus riches, tous contribu- Irlande, Fran-
ce, Italie,
en œuvre pour les crédits de 1984 à 19975. teurs nets7 ont reçu en 2009 30,6 % du total Luxembourg,
On constate que le taux de redistribution réel des fonds structurels, soit 10 milliards d’euros. Pays-Bas,
Autriche, Fin-
est de 48 % en 20096 et de 53 % en 2010. Ce Dans le même temps, ils participaient aux res- lande, Suède,
Royaume-
Uni.
Note de méthodologie
Il faut calculer pour chaque État membre le solde entre ce fet, en plus ou en moins, de la « correction » en faveur du
qu’il reçoit et ce qu’il verse au titre des fonds structurels. Royaume-Uni et des réductions en faveur des Pays-Bas
Les fonds structurels payés dans chaque État sont connus et de la Suède. Le montant total des contributions ainsi
pour les années 2009 et 2010 grâce au graphique VI du corrigées dépasse celui des fonds structurels. Comme ces
rapport annuel de la Cour des comptes européenne3 où on ressources sont celles qui équilibrent le budget européen,
isole uniquement la ligne relative aux politiques de cohé- ce sont elles qui diminueraient si les fonds structurels
sion. On évalue les contributions finançant ces dépenses n'existaient pas. Il est donc possible de déterminer, par
en prenant pour base, parmi les ressources propres des une simple règle de trois, quel est le montant de la ressour-
États membres affectées au budget de l’UE, les ressources ce RNB corrigée qui, dans chaque pays, contribue à finan-
RNB (cf. graphique V du rapport annuel de la Cour des cer les fonds structurels. La différence, pour chaque pays,
comptes européenne4), c’est-à-dire les ressources complé- entre le montant qu'il reçoit et le montant qu'il verse, ainsi
mentaires servant à équilibrer le budget européen calcu- calculés, donne un solde qui est le montant net qui lui est
lées en proportion du revenu national brut (RNB) de chaque distribué (s'il est positif) ou prélevé (s'il est négatif) au titre
État. On corrige pour chaque pays ces ressources de l'ef- des fonds structurels.
Société Civile n° 132 ❚ Février 2013
6. dossier ❚ Politique européenne
sources à hauteur de 78,4 %, soit 26,5 mil- mais a contribué à hauteur de 3,3 milliards
liards d’euros. Enfin, on peut découvrir quels d’euros en 2009 (idem en 2010). Quel intérêt
sont les pays qui « s’en sortent le mieux » en au nom même du principe de subsidiarité8 y
14 optimisant leur place de contributeur et de a-t-il à passer par le budget européen pour
bénéficiaire des fonds structurels. On vérifie ensuite réinvestir ces sommes vers l’Espagne
par exemple les positionnements avantageux plutôt que de passer directement par le bud-
du Royaume-Uni et de l'Espagne. La position get espagnol ? Ces chiffres démontrent que les
❚ 8 Le princi-
pe de subsi-
de l’Espagne est la plus choquante. Elle est circuits de financement des fonds structurels et
diarité au le second bénéficiaire en recevant en 2009 à travers eux la politique de cohésion doivent
sens euro-
péen signifie
près de 4,2 milliards d’euros (5,1 en 2010) être profondément remis en question.
que l'Union
européenne
III. Que finance le Feder en France ?
agit dans les
limites des
compéten-
ces qui lui
sont confé- Nombre de Subventions Coût total Part du
rées et des Année 2012
projets aidés Feder en € des projets en € financement Feder
objectifs qui
lui sont assi- Alsace 241 33 716 712 175 450 475 19,2 %
gnés. Autre-
ment dit, Aquitaine 389 121 019 017 418 639 667 28,9 %
dans les do-
maines qui Auvergne 282 47 989 397 186 994 532 25,7 %
ne relèvent
pas de sa
Basse-Normandie 234 40 076 384 155 837 638 25,7 %
compétence Bourgogne 283 48 844 189 205 575 505 23,8 %
exclusive, la
Communau- Bretagne 194 42 153 101 142 977 590 29,5 %
té n'inter-
vient que si Centre 333 48 003 519 154 499 809 31,1 %
les objectifs
de l'action
Champagne-Ardenne 257 33 288 395 161 158 207 20,7 %
envisagée ne Corse 210 36 259 691 85 756 322 42,3 %
peuvent pas
être réalisés Franche-Comté 194 31 857 152 109 805 316 29,0 %
de manière
suffisante Haute-Normandie 125 38 075 320 104 184 464 36,5 %
par les États
membres.
Île-de-France 238 82 863 416 296 672 063 27,9 %
Languedoc-Roussillon 345 37 107 631 127 678 094 29,1 %
Limousin 284 22 699 391 130 561 955 17,4 %
Lorraine 461 99 216 084 461 257 185 21,5 %
Midi-Pyrénées 666 109 840 276 370 831 179 29,6 %
Nord-Pas-de-Calais 448 193 708 507 613 007 145 31,6 %
Pays de la Loire 241 106 583 097 417 630 599 25,5 %
Picardie 278 55 955 094 224 007 657 25,0 %
Poitou-Charentes 330 37 349 052 162 723 333 23,0 %
Provence-Alpes-Côte d’Azur 385 100 744 717 267 204 824 37,7 %
Rhône-Alpes 485 101 841 629 277 458 490 36,7 %
Guadeloupe 263 174 206 247 347 775 143 50,1 %
Guyane 144 81 773 997 189 011 824 43,3 %
La Réunion 322 158 152 455 338 451 104 46,7 %
Martinique 229 95 887 431 221 439 015 43,3 %
Source : Cartobenef, retraitement Fondation iFRAP.
Société Civile n° 132 ❚ Février 2013
7. Politique euroPéeNNe ❚ dOSSIEr
La politique de cohésion au travers du Feder des 7 859 subventions accordées par le Feder en
finance plusieurs types de projets en France. Il France s’élève à 1,98 milliard d’euros. Le coût
s’agit de projets d’infrastructures, d’éducation ou total des projets est de 6,375 milliards d’euros,
de recherche (par exemple, l’opération « Villes et les subventions du Feder représentant entre 0,4 15
territoires numériques » grâce à laquelle plus de et 100 % du coût total du projet. En moyenne,
2 000 personnes ont été formées aux nouvelles le Feder accorde une subvention de 251 935 €.
technologies de l’information et de la commu- Mais cette moyenne recouvre des situations très
nication, un partenariat transfrontalier entre la disparates puisque 80 % des subventions accor-
Lorraine et la Sarre pour développer l’industrie dées se situent en dessous de cette moyenne.
plastique), d’aménagements portuaires ou de En réalité, la moitié des subventions s’élèvent
liaisons ferroviaires (lignes à grande vitesse, lignes à moins de 70 000 euros. Ainsi, 8 subventions
Rennes-Brest ou Rennes-Quimper), d’infras- accordées par le Feder en 2012 sont en dessous ❚ 9 Datar,
« Bilan inter-
tructures de télécommunication, de rénovation de 1 000 €, la plus petite étant de 122 € accordés médiaire de
urbaine (en Bretagne, les travaux de réhabilitation au Parc naturel régional du Morvan pour une la program-
mation
de la Citadelle Vauban de Belle-Île-en-Mer ainsi « Étude de marketing des grands lacs du Morvan ». FEDER
que l’aménagement du site de la Pointe du Raz L'autre interrogation que l'on peut avoir, c'est la et FSE
(2007-
dans le Finistère ; en Normandie, les opérations cohérence des projets soutenus avec l'objectif du 2011) »,
de désensablement du Mont Saint-Michel) ou Feder de soutenir les investissements productifs dossier thé-
matique,
des infrastructures culturelles (l’implantation créateurs d'emplois, notamment à destination des janvier 2012,
du Louvre à Lens)9. En 2012, le total renseigné entreprises. p. 11.
Quels types de projets sont subventionnés par le Feder ?
répartition des subventions allouées par thématique Note :
les subven-
transport, énergie : autres : 148 M€ tions sont
répertoriées
145 M€ en fonction
de la région
tourisme, culture : où est
130 M€ implanté
l’organisme
Formation : bénéficiaire,
même si la
218 M€ subvention
développement durable
et prévention des risques : est destinée
536 M€ à réaliser
un projet
innovation, tic : création d’activité et d’emploi : dans une
664 M€ 156 M€ autre région.
Exemple :
non renseigné : inclusion sociale : les sub-
137 M€ ventions à
396 M€
Réseau ferré
de France
sont locali-
Les subventions sont réparties entre 8 thémati- moyenne de 960 578 €. À l’inverse, la thémati- sées à Paris
ques : Création d’activité et d’emploi, Développe- que « Création d’activité et d’emploi », pourtant alors que
le projet est
ment durable et prévention des risques, Formation, cruciale actuellement, dispose de la plus faible localisé en
Inclusion sociale, Innovation et TIC (technologies subvention moyenne : seulement 158 782 €. La Bretagne;
idem pour
de l'information et de la communication), Tou- thématique « Développement durable » est un une subven-
risme et culture, Transport et énergie, et « Autres » « fourre-tout » qui regroupe 39 % des projets sub- tion à GDF
Suez pour
(thématique dans laquelle on retrouve la plupart ventionnés, mais seulement 27 % du volume total une installa-
des rémunérations de personnels et des frais des subventions, du fait de l’éparpillement des cré- tion photo-
voltaïque en
d’administration). La thématique « Transport et dits accordés. On y trouve différents programmes Charente-
énergie » est la mieux dotée, avec une subvention de conservation d’espèces plus ou moins mena- Maritime…
Société Civile n° 132 ❚ Février 2013
8. dossier ❚ Politique européenne
cées (voir tableau ci-dessous) ; de très nombreux lui ont été accordées en 2012. Les constats sont
projets de réhabilitation BBC (bâtiment basse les mêmes à propos du Fonds social européen
consommation) de logements et d’installations (FSE). Dans son rapport public annuel de 2012,
16 de panneaux solaires ou de chaudières à bois ; la Cour des comptes relève le saupoudrage des
mais aussi des projets culturels, notamment une actions soutenues, même si des améliorations
❚ 10 Il est subvention pour le « Centre eurorégional des ont été apportées aux modalités de gestion : « les
impossible
actuellement cultures urbaines » à Lille, la rénovation d’un actions financées restent marquées par une grande
de connaître bâtiment dans le Haut-Rhin pour y installer un dispersion et une absence de priorités préjudiciables
le nombre
d’agents pu- musée de la moto, et divers festivals. Certaines à l'action du fonds ». Et d'insister : « La grande
blics locaux associations sont particulièrement demandeuses diversité des opérations financées a nui à la visi-
qui s’occu-
pent des de subventions. C’est le cas par exemple de la bilité de l'action du FSE et à l'évaluation de la
thématiques Ligue de protection des oiseaux : 26 subventions valeur ajoutée de son intervention. »
européen-
nes. Certai-
nes grandes Top 10 des animaux les plus subventionnés par le Feder en 2012
villes ont leur
propre cellu-
le Europe. Le Total des subventions Nombre de subventions
SGAR de
Basse- 1 Poissons migrateurs 1 789 053 13
Normandie
employait 2 Saumon 987 001 7
début 2013 3 Tortue marine 478 512 2
treize per-
sonnes dans 4 Anguille 433 063 10
sa cellule
Europe, « Dragon »
5 318 809 4
l’organi- (amphibiens et reptiles)
gramme du
SGAR de 6 Papillon 251 954 4
Champagne-
Ardenne in-
7 Esturgeon 236 553 1
dique 10 8 Chauve-souris 222 997 4
personnes,
14 au SGAR 9 Brochet 162 652 4
de la région
Auvergne, Invertébrés marins
10 154 000 1
mais seule- de Guadeloupe
ment 1 au
SGAR de
PACA, un
agent dédié
Autre particularité du Feder : son tropisme communal en particulier qui gère en direct
spécifique- en direction des entités publiques locales. En la plus grande partie de ces aides aux collec-
ment aux
programmes
2012, 12 subventions de plus de 10 millions tivités. Les préfectures ont un rôle à part : le
FSE, Feder, d’euros (sur 14) ont bénéficié à des entités préfet de région assure la responsabilité de la
Feader et
Fep. En
publiques locales pour la construction notam- mise en œuvre des fonds structurels européens
Alsace, où la ment de deux collèges, trois centres de recher- et du Feader (Fonds européen agricole pour le
gestion
d’une partie
ches, mais aussi un « grand équipement de développement rural), il est à la fois autorité
des fonds loisirs culturels dédié aux civilisations du vin de gestion et autorité de paiement. Le Feder
européens
est décen-
(CCV) » (12 millions d’euros pour la mairie prend ainsi en charge une partie, sinon la tota-
tralisée, le de Bordeaux) et « l’implantation du Louvre lité (dans certains cas) des frais occasionnés
SGARE
(Secrétariat
Lens (35 millions d’euros). C’est le niveau par cette gestion.
général pour
les affaires
régionales et
Le Feder finance aussi des personnels administratifs
européen- dédiés aux fonds européens
nes) de la
préfecture Le Feder finance directement ou indirecte- distribution et la promotion des fonds euro-
compte
néanmoins ment de nombreux agents publics10, à tous les péens. Leur montant total et précis est difficile
9 agents. échelons locaux, pour assurer la demande, la à retracer car ils ne figurent pas nommément
Société Civile n° 132 ❚ Février 2013
9. Politique européenne ❚ dossier
dans les projets subventionnés inventoriés par laquel il serait le plus à même de jouer un
le site Cartobenef. Les descriptifs des sub- rôle « d’arbitre »11. Les collectivités locales
ventions européennes évoquent les « cellules objectent que ce mode de gestion est parti-
Europe », les SGAR des préfectures (Secrétariat culièrement lent : d’après le rapport public 17
général pour les affaires régionales), des mis- 2007 du Conseil d’État 12, il s’écoule deux
sions « d’assistance technique », des « services ans en moyenne entre le moment où la com-
instructeurs »… Certains sont plus précis et mission décide de l’octroi des crédits, et le
parlent explicitement des rémunérations des moment où les collectivités les perçoivent
« personnels contractuels État » (région Centre, effectivement. Chez nos voisins européens,
Corse) ou de celles des stagiaires, vacataires et le délai moyen était de 6 mois… Des expé-
intérimaires (subvention de 1,8 million d’euros rimentations de gestion locale sont donc en
en 2012 pour la préfecture de Haute-Norman- cours, notamment en Alsace où le Conseil
die). Nous évaluons ces frais d’administrations régional gère depuis 2003 les crédits Feder
subventionnées par le Feder à, au minimum, et Feader (Fonds européen agricole pour le
46 millions d’euros, mais ce chiffre est certai- développement rural issu de la PAC). Un rap-
nement très en dessous de la réalité. port du cabinet Ernst&Young concluait en
Pour l’instant, la répartition des fonds alloués 2011 que les 10 emplois temps plein prévus
par le Feder est gérée au niveau de l’État en Alsace pour gérer les dossiers étaient insuf-
et largement déconcentrée au niveau pré- fisants, et recommandait de faire appel à un
fectoral (2/3 des crédits). Mais les régions prestataire externe pour la phase d’instruc-
et les départements réclament régulière- tion des dossiers. Le rapport recommandait
ment une décentralisation de cette gestion aussi de limiter les micro-subventions pour
à leur propre niveau. Pour le moment, l’État « donner la priorité aux projets aux montants
refuse, arguant de la nécessité d’une gestion les plus significatifs », et ainsi optimiser les
« efficace, cohérente et bien articulée », pour ressources humaines et financières.
IV. La gestion des fonds structurels
Gestion et contrôle d’un programme relevant des fonds structurels
Contrôle
de premier
Promoteur niveau
Contrôles Audits
de projet
Autorité de gestion/ Déclaration de
Promoteur Dépense Dépenses Autorité de dépenses Commission
Organisme européenne
de projet encourues consolidées paiement certifiée
intermédiaire
Promoteur Paiement
de projet Contrôle de premier niveau
Organisme
Contrôle de second niveau indépendant/Organisme de
clôture Rapport annuel et
déclaration de clôture
Source : Cour des comptes européenne, rapport spécial n° 3/2012.
❚ 11 Source : rapport du Sénat sur le projet de loi relatif à l’expérimentation du transfert de la gestion des fonds structu-
rels européens, par Mme Catherine Troendle, 2007.
❚ 12 P. 332, Conseil d’État, rapport public 2007 : « L’administration française et l’Union européenne. Quelles influen-
ces ? Quelles stratégies ? ».
Société Civile n° 132 ❚ Février 2013
10. dossier ❚ Politique européenne
Concrètement, chaque État membre prépare ment de coûts fondé sur des déclarations de
un Cadre de référence stratégique national dépenses établies par les promoteurs de ce
(CRSN) en collaboration avec ses entités projet. Les États membres sont responsables de
18 régionales et locales qui doit être cohérent la prévention ou de la détection et de la cor-
avec les orientations stratégiques de la Com- rection des dépenses irrégulières, ainsi que de
mission. Puis, les États membres confient la leur notification à la Commission. En France,
responsabilité de la gestion quotidienne à des c’est la Délégation interministérielle à l’aména-
autorités de gestion (autorité publique ou gement du territoire et à l’attractivité régionale
organisme public ou privé national, régio- (DATAR) et la Direction de la modernisation et
nal ou local). Les projets sont ensuite mis de l’action territoriale du ministère de l’intérieur,
en œuvre par des particuliers, des associa- de l’outre-mer et des collectivités territoriales
tions, des entreprises privées ou publiques ou (DMAT) qui sont chargées du pilotage national
encore des organismes publics. Des autorités et régional des fonds Feder13. En ce qui concerne
de certification s’assurent des contrôles avant le FSE, c'est la Délégation générale à l'emploi et
de présenter les déclarations de dépenses à la à la formation professionnelle (DGEFP) qui est
❚ 13 La Commission. Enfin, des autorités d’audit sont en charge de la gestion. Les coûts de fonctionne-
France a en
effet choisi chargées de vérifier la régularité et l’efficacité ment de gestion des fonds structurels au niveau
de conser- des dépenses. national se révèlent particulièrement élevés.
ver la ges-
tion des Au début de chaque période de programma- La Cour des comptes a déploré qu'aucune enquête
fonds euro- tion, la Commission octroie des préfinancements approfondie n'ait été faite au niveau du FSE pour
péens au
niveau aux États membres. Le financement d’un projet estimer le coût de gestion.Néanmoins, une esti-
de l’État. prend généralement la forme d’un rembourse- mation officielle évaluant ces coûts à 3 000 euros
Les règles budgétaires européennes
Selon les articles 17 § 1, du Traité sur l’Union cadre financier pluriannuel a été dénoncée parce
européenne (TUE) et 317 du TFUE, la Commis- qu’elle entraînait une sous-consommation chro-
sion et les États membres se partagent la gestion nique des crédits. Ce problème de capacité d’ab-
des dépenses relevant des fonds structurels. La sorption était assorti, depuis 2000, de la règle dite
Commission est responsable en dernier ressort de « dégagement d’office »15 : toute part des cré-
de l’exécution du budget de l’UE. La Politique de dits engagés au plan communautaire de l‘année
cohésion de l’UE fait l’objet d’une planification très « n » non justifiés par des dépenses à la date du
rigoureuse engagée pour sept ans dans chaque 31 décembre de l’année « n+2 » était perdue ; elle
programme. Cette programmation pluriannuelle n’était réallouée ni au programme concerné, ni au
est soumise à des contraintes comme l’évaluation pays concerné. Cette règle aurait entraîné une
ex ante et ex post et l’earmarking, c’est-à-dire l’af- forte sous-consommation des crédits. Toutefois,
fectation prédéterminée d’un certain pourcentage celle-ci a été assouplie sur la période 2007-2013
des dépenses sur certaines priorités communau- puisque le dégagement des crédits intervient
taires (par exemple, la « stratégie de Lisbonne » désormais en « n+3 ».
qui prévoit de faire de l'Union européenne l'éco- Au-delà de l’allongement de ce délai, un assou-
nomie de la connaissance la plus compétitive et plissement de la linéarité des tranches de finance-
la plus dynamique). Compte tenu du fait que la ment pourrait également être bénéfique. En effet,
politique de cohésion relève d’une compétence les moyens financiers attribués à chaque projet
« partagée » entre l’UE et les États membres et sont divisés en tranches annuelles équivalentes. Il
du fait que la procédure est celle de la codécision faudrait donc adapter les crédits disponibles (mais
entre le Conseil et le Parlement, ce processus de devant être dépensés dans les 3 ans) annuellement
programmation est particulièrement long. Ainsi, en fonction des caractéristiques et de l’évolution
l’articulation des crédits de dépenses dans un des projets.
Société Civile n° 132 ❚ Février 2013
11. Politique européenne ❚ dossier
par dossier a été réalisée. Ce coût semble élevé si 38 OPCA (organisme paritaire collecteur agréé,
l'on considère par ailleurs que 10 000 organismes structure paritaire qui collecte les contribu-
ont été bénéficiaires d'une aide qui était pour tions financières des entreprises à la formation
la moitié d'entre eux inférieure à 50 000 euros. professionnelle), 171 PLIE (plans locaux pour 19
L’insuffisance de l’optimisation des procédures l'insertion et l'emploi, outil partenarial pour
d’instruction et de programmation des dossiers construire une politique d'aide aux personnes en
au niveau des autorités de gestion en est la cause difficulté) et une trentaine d'autres organismes.
principale14. « Cet éclatement de la gestion entre de multiples
La Cour des comptes, dans son rapport parti- organismes est une spécificité française en Euro-
culier de 2012, cite dans le cas du FSE les 300 pe. » Ainsi, la Cour indique que pour le même
organismes intermédiaires qui ont été agréés en volume de crédits, l'Angleterre ne dispose que
métropole dont 22 régions, 57 départements, de 50 organismes et le Portugal que de 10.
La compétence des administrations subsidiées
Cette question de la gestion des fonds structu- des activités cofinancées et la multiplicité des
rels pose le problème des disparités de compé- partenaires intervenant, à une échelle souvent
tences des administrations en Europe qui reçoi- modeste, dans la mise en œuvre des projets
vent et gèrent les fonds16. Cela se traduit par constituent des risques supplémentaires18. En
une information sur les programmes de finan- conséquence, les procédures administratives
cement européens qui n’est pas toujours bien des États membres relatives à ce type de projets
connue par les acteurs de terrain17. En effet, il sont particulièrement longues et fastidieuses.
est possible que les personnes ou les organismes Cette situation a parfois engendré des retards
qui interviennent dans la mise en œuvre des et des dépenses supplémentaires. Finalement,
programmes et des projets au niveau national les subsides européens perdent leur intérêt, ou
ou régional ne connaissent pas les règles applica- encore cela rend nécessaire un contrôle plus
bles ou ne sachent pas comment les interpréter renforcé. La compétence des administrations
correctement. Le grand nombre et la diversité locales est donc déterminante.
Contrôle de la gestion et des abus
Sur ce sujet particulièrement délicat, il existe européen de lutte anti-fraude.
un dispositif général de contrôle des dépenses : Si l’on peut saluer la « confiance » accordée par
la Commission soumet chaque année au Par- la Commission aux États membres et à leurs
lement européen et au Conseil les comptes de autorités pour lutter contre la fraude, on perçoit
l’exercice écoulé et le bilan ainsi qu’un rapport tout de suite les disparités qui pourraient exister
d’évaluation. Le rapport doit rendre claires et dans la capacité de contrôle des irrégularités par
lisibles les relations entre les indicateurs de per- les États membres.
formance, le montant des dépenses engagées et Ainsi, en 2011, une société avait falsifié ses
les résultats obtenus. Par ailleurs, il appartient qualifications et son expérience dans l’appel
à l’UE et à ses États membres de combattre la d’offres d’un projet de construction d’une usine
fraude et toutes les autres activités illégales. Ce en Bulgarie financé par le Fonds de cohésion. Le
qui a conduit à la création de l’OLAF, Office financement alloué à ce projet s’élevait à 34 mil-
❚ 14 Inspection générale des finances, « Le risque de dégagement d’office des fonds structurels européens »,
rapport n° 2009-M-103-03, mars 2012. ❚ 15 Pour une analyse critique de cette règle, voir Inspection générale des finan-
ces. ❚ 16 Sophie Briard-Auconie et Pierre Lequiller, « Premier bilan de l’utilisation en France des fonds structurels euro-
péens alloués pour la période 2007-2013 », rapport parlementaire, mai 2010, spéc. p. 80. ❚ 17 André Reichardt, « Rap-
port politique. Information et accès aux financements européens », Assemblée des régions d’Europe, octobre 2012,
spéc. p. 4. ❚ 18 Cour des comptes européenne, « Rapport annuel relatif à l’exercice 2010 », 8 septembre 2011 (JO C
326 du 10 novembre 2011, p. 1), spéc. p. 107.
Société Civile n° 132 ❚ Février 2013
12. dossier ❚ Politique européenne
lions d’euros. Une avance de 7 millions d’euros comptes européenne établisse un rapport
de la part de l’UE avait été effectuée pour le annuel après la clôture de chaque exercice
projet. L’enquête de l’OLAF a révélé que l’offre et la Cour peut présenter à tout moment ses
20 retenue a été préparée et présentée par le sou- observations. À ce titre, un rapport sur l’ef-
missionnaire gagnant d’une manière qui a donné ficacité du recours aux fonds structurels et
une image incorrecte et trompeuse de son expé- au Fonds de cohésion pour le développement
rience et de ses qualifications. En conséquence, des ports maritimes a, par exemple, dénoncé
l’OLAF a recommandé d’annuler le financement un projet mené à Campamento en Espagne21.
de l’UE alloué pour le projet et de récupérer les Ce projet prévoyait la reconversion d’une
7 millions d’euros déjà versés. L’OLAF a égale- friche portuaire en port d’éclatement pour
ment transmis le dossier aux autorités judiciaires conteneurs. Le cofinancement de l’UE pour
bulgares qui ont ouvert une enquête criminelle19. ce projet s’élevait à 16,6 millions d’euros. Ce
Cette affaire pose clairement la question de la rapport a également révélé que seuls 11 des
compétence des autorités locales dans le contrôle 27 projets examinés par la Cour répondaient
des projet et des contractants et de leur capacité efficacement aux objectifs de la politique des
à déceler les fraudes. transports. Certaines installations étaient
Selon un rapport de l’Office de lutte anti- inachevées, d’autres étaient inutilisées ou
fraude, les affaires se comptent par centai- nécessitaient des investissements supplé-
nes chaque année (463 exactement en 2011) mentaires considérables avant de pouvoir
dans les pays de l’Union européenne. L’an- être utilisées de manière efficace. Aucune
née 2011 a permis de recouvrer un mon- des régions visitées ne disposait d’un plan
tant exceptionnel de 691 millions d’euros de développement portuaire à long terme
au bénéfice du budget européen. Parmi ces et aucune évaluation des besoins n’avait été
affaires, 122 ont porté sur les membres du effectuée. En outre, les projets éligibles au
personnel de l’UE et 64 sur les fonds struc- financement faisaient défaut. L’UE a donc
turels qui, malgré leur nombre relativement procédé au financement a posteriori pour
peu élevé, ont quand même abouti au recou- absorber les fonds mis à disposition.
vrement de 524,7 millions d’euros, soit les Ces exemples confirment qu’il appartient
trois quarts du total de l’argent récupéré 20. aux États membres de faire preuve de plus
Au-delà de la fraude, se pose la question de rigueur dans l’examen des projets d'inves-
de l’efficacité : il est prévu que la Cour des tissement et de leur utilité économique.
L’absence d’évaluation performante
Selon un avis récent de la Cour des comptes ment accomplir la tâche de contrôle qui lui
européenne22, le contrôle par la Commission est assignée. D’autre part, elle semble n’avoir
du bon usage de ses deniers manque cruelle- aucun objectif en termes de résultats. Dans
ment de sérieux. D’une part, il indique que la son avis, la Cour suggère plusieurs pistes en
Commission ne sait manifestement pas com- vue de renforcer l’utilité du rapport annuel
❚ 19 « The OLAF report 2011. Twelfth report of the European Anti-Fraud Office. 1 January to 31 December 2011 »,
Luxembourg : Office des publications de l'Union européenne, 2012.
❚ 20 « L’UE déclare la guerre aux détournements de fonds européens », LeMonde.fr, 12 juillet 2012.
❚ 21 Cour des comptes européenne, « Rapport sur l’efficacité du recours aux fonds structurels et aux fonds de cohé-
sion pour le développement des ports maritimes », rapport spécial n° 4/2012.
❚ 22 Cour des comptes européenne, « Avis n° 4/2012 concernant le rapport de la Commission sur l’évaluation des fi-
nances de l’Union fondé sur les résultats obtenus, établi conformément à l’article 318 du traité sur le fonctionnement de
l’Union européenne », (JOUE C179/1 du 20 juin 2012).
❚ 23 Commission européenne, « Rapport de la commission au Parlement européen et au Conseil sur l’évaluation des fi-
nances de l’Union fondé sur les résultats obtenus », COM(2012) 40 final {SWD(2012) 4 final}, Bruxelles, 17 février 2012.
Société Civile n° 132 ❚ Février 2013
14. dossier ❚ Politique européenne
V. Conclusion
Alors que le budget européen va, à son tour, subir qui reçoivent les fonds. Mais cela relève d'abord
22 des restrictions, ce dossier montre que l'un des de réformes internes dans les pays bénéficiaires, et
piliers de la politique de l'Union, la politique de non pas d'un circuit bureaucratique de subventions
cohésion, deuxième budget de l'Europe après la européennes elles-mêmes soumises à la logique du
PAC, doit être profondément remis en question. clientélisme politique.
Notre dossier a démontré que seule la moitié de C'est exactement ce que révèle l'analyse de l'alloca-
ses fonds correspond réellement à de la redistribu- tion et de la gestion de ces fonds en France à travers
tion entre pays membres. Pour le reste, il s'agit de le Feder : l'addition des financements européens
l'argent de chaque État membre, argent qui, après aux financements nationaux et locaux a conduit
avoir transité par l'Europe, revient dans le même à une complexité et un éclatement des soutiens
État pour y financer des projets d'infrastructures, en direction d'une myriade de projets pour des
d'investissements productifs ou encore d'insertion montants unitaires souvent modestes. Pourquoi
professionnelle qui sont déjà largement soutenus passer par le Feder pour financer la refonte du site
par les politiques publiques nationales de chacun Internet d’une mairie ou la création d’un parking ?
de ces pays. Pourquoi, dès lors, passer par l'Eu- La Cour des comptes a par ailleurs identifié pas
rope pour distribuer de telles aides ? Pourquoi faire moins de 300 organismes concourant à la gestion
compliqué alors que l'on peut faire plus simple ? des fonds structurels. La complexité de tous ces
Plus généralement, il est difficile d'établir le rôle circuits entraîne des coûts de gestion élevés que
exact de la politique de cohésion de l’UE dans la nous estimons pour le seul Feder à environ 5 %
convergence et la croissance en Europe. Un bon des fonds distribués en France.
nombre d'études indiquent que les fonds struc- Il est donc nécessaire de remettre en question
turels ne réalisent pas pleinement leur potentiel, le bien-fondé des 325 milliards prévus pour les
notamment en raison de l'allocation et de la gestion 7 prochaines années. Rien qu’en évitant que les
inefficace des aides, et qu'ils peuvent être utilisés pays se reversent à eux-mêmes ce qu’ils ont cotisé,
pour réaliser de mauvais investissements. Il faudrait ce serait la moitié des fonds, soit 160 à 170 mil-
évaluer beaucoup mieux l’utilité, la viabilité des liards d’euros, que l’on pourrait économiser dans
projets et la capacité de gestion des administrations le budget européen sur les 7 prochaines années.
La Fondation iFRAP propose :
❚ supprimer les fonds structurels (Feder et FSE) ; pour les pays bénéficiaires nets de ces fonds, le
financement net qu'ils reçoivent à ce titre serait inclus dans un Fonds de cohésion rénové, unique-
ment consacré à verser, comme c'est le cas aujourd'hui, une contribution aux pays les moins riches
de l'Union ; cette contribution serait globale et non déclinée en objectifs ;
❚ lier le versement des aides du nouveau Fonds de cohésion à la réalisation des objectifs d'amé-
lioration de la gestion publique nécessités par l'assainissement de la situation financière des États,
selon le sain principe « Aide-toi, le Ciel t'aidera » ; si ces objectifs sont ceux du pacte de stabilité
issu du traité de Maastricht (3 % de déficit public et 60 % de dette publique par rapport au PIB),
on constate que tous les pays bénéficiaires nets des fonds structurels, à l'exception de la Bulgarie,
ne respectaient pas ces critères selon les dernières données disponibles (2011 pour le déficit public,
2012 pour la dette). La conditionnalité du Fonds de cohésion serait un puissant levier pour inciter
aux réformes structurelles internes, venant en complément des mécanismes déjà mis en œuvre pour
les pays ayant une situation financière particulièrement dégradée comme la Grèce. Le tourisme
et la défense des poissons sont certes des sujets importants, mais l’équilibre budgétaire et l’emploi
sont les défis qui se dressent devant l’Europe. Moins de déficits publics et plus d’emplois marchands
valent mieux que plus de ronds-points…
Société Civile n° 132 ❚ Février 2013
15. Politique européenne ❚ dossier
« Il y a des améliorations sensibles à appor-
ter au dispositif actuel des fonds structurels » 23
Alain Lamassoure est ancien conseiller à la Cour
des comptes, ancien député des Pyrénées-Atlantiques,
ministre des Affaires européennes, puis ministre du
Budget entre 1993 et 1997, il est aujourd’hui député
européen et conseiller régional d’Aquitaine. Il est vice-
président de la délégation française du groupe PPE.
❚ Fondation iFRAP : Sachant que la France est aujourd’hui le second pays contributeur
net du budget communautaire et le premier pays bénéficiaire de la PAC, quelle devrait
être sa position sur le budget dédié aux fonds structurels ?
Alain Lamassoure : Il faut sortir d’un système dans lequel chaque pays ne regarde que
son intérêt budgétaire stricto sensu et à court terme pour fixer sa position sur le budget
communautaire. D’où la nécessité de revenir à un financement du budget européen par
des ressources propres, comme cela est prévu par les traités, comme cela s’est appliqué
pendant une trentaine d’années, et comme le Parlement le demande pour le prochain
cadre financier. En attendant, je considère qu’il y a des améliorations sensibles à apporter
au dispositif actuel des fonds structurels. En y appliquant tout simplement le principe de
subsidiarité, alors que l’on s’inspire aujourd’hui de la philosophie contraire : on sollicite le
contribuable irlandais ou danois pour financer des milliers de micro-opérations au fin fond
de la campagne française – pour la seule région Aquitaine, 3 000 projets reçoivent chaque
année un financement du Feder ! – Sans que soit faite la moindre évaluation de leur effet
économique. L’argent de l’Europe sert ainsi à financer le clientélisme politique régional,
bien plus que le développement économique. À mon sens, il faudrait fixer un seuil mini-
mum d’importance de projet financé par les fonds structurels, et concentrer ceux-ci sur les
projets qui ont, soit une dimension européenne (LGV, grands programmes de recherche,
investissements d’avenir), soit un intérêt européen par leur caractère pilote (insertion de
populations fragiles dans des quartiers de banlieue, par exemple). Cet avis n’est malheu-
reusement partagé par personne, les élus de tous bords et de tous les pays ayant intérêt
au maintien du système actuel.
❚ Pensez-vous que la répartition des subsides est un jeu politique où les régions les
plus puissantes (ayant une grande capacité fiscale) sont aussi celles qui peuvent
investir le plus dans leur « lobbying », ce qui leur permet de faciliter leur candidature à
l’obtention de fonds européens ?
A. L. : Non, je n’ai pas ce sentiment. La répartition entre les régions ne se fait pas depuis
Bruxelles, chaque pays fixe ses propres règles. Le lobbying peut jouer pour des projets un
peu exceptionnels, qui sortiraient des critères habituels. Mais, par exemple, sur la LGV Sud-
Atlantique, pour les autorités communautaires, la position déterminante est celle du gouver-
nement français, pas celle des régions concernées. Et par définition, les régions qui reçoivent
relativement le plus d’argent sont au contraire les plus pauvres (objectif de convergence).
❚ Étant donné la capacité variable des administrations qui reçoivent les subventions
européennes, comment améliorer l’efficacité des procédures ?
A. L. : Je suis en faveur d’un système de conventions à passer entre la Commission et les
Société Civile n° 132 ❚ Février 2013
16. dossier ❚ Politique européenne
régions ou les administrations responsables de la gestion partagée des programmes cor-
respondants. Selon la qualité (compétence, honnêteté) de celles-ci, la Commission pourrait
accepter un degré de délégation variable, allant d’une gestion quasi autonome par le parte-
24
naire régional ou national à une gestion quasi directe par la Commission. C’est un peu délicat
à présenter politiquement (il faudrait éviter que toutes les régions de certains pays soient
considérées comme peu fiables), mais c’est déjà ce qui se fait pour la gestion de l’aide au
développement ou de l’aide à la pré-adhésion.
❚ Selon un avis récent de la Cour des comptes européenne, le contrôle par la Com-
mission du bon usage de ses deniers manque cruellement de sérieux. Pensez-vous
réellement que cela soit le cas ? Et si oui, comment faire pour l’améliorer ?
A. L. : La Commission manque surtout de moyens pour savoir ce qui se passe réellement
sur place. Une solution simple serait de mobiliser les Cours des comptes nationales, dont
le rôle en la matière est très inégal.
❚ Il ne fait aucun doute que les pays et les régions de l’UE convergent. Toutefois, à
l’intérieur des États membres, les disparités régionales sont à la hausse. Faut-il s’in-
quiéter de l’accroissement des disparités interrégionales ? À quoi sert une politique
« régionale » de « convergence » si les disparités entre régions augmentent à l’intérieur
des États membres ?
A. L. : Ce n’est pas parce qu’une politique ne réussit pas à 100 % qu’elle est mauvaise ! Le
véritable objectif politique des fonds structurels, derrière l’habillage régional, c’était en fait de
rééquilibrer entre les États, pour aider les plus pauvres à atteindre un niveau de développe-
ment de leurs réseaux et services publics leur permettant de lutter à armes égales avec les
plus riches. C’est la grande réussite de la politique dite de cohésion, d’abord avec les pays
méditerranéens, et aujourd’hui avec les pays d’Europe centrale.
Si des inégalités se creusent à l’intérieur des pays, voire, comme en France, à l’intérieur des
régions et surtout des agglomérations, ce n’est pas un problème européen, mais national.
Là encore, subsidiarité ! Un budget représentant 1 % du PIB ne peut pas aller au-delà de ce
qui est fait aujourd’hui dans la redistribution de la richesse en Europe. Et Bruxelles est à des
années-lumière de la situation concrète d’une agglomération écartelée entre ses quartiers
riches et ses banlieues misérables.
❚ Finalement, quelle est la légitimité du niveau de pouvoir européen dans la gestion de
compétences telles que l’aménagement du territoire et les infrastructures, l’environne-
ment, les transports, la promotion de la concurrence et de la compétitivité ou encore
l’emploi et les politiques de redistribution ? En d’autres termes, quel est le niveau de
pouvoir le plus approprié pour mettre en œuvre ces politiques ?
A. L. : Celui qui a été établi dans le traité de Lisbonne, tout simplement. Au sein de la
Convention européenne, qui a mis au point le texte devenu le Traité de Lisbonne, la répar-
tition des compétences entre l’Union et ses États membres, avec la distinction entre com-
pétences exclusives, compétences partagées et compétences d’appui, a été adoptée à
l’unanimité des participants. Cette question-là ne fait plus débat. En revanche, le problème
du financement des politiques communautaires, donc du montant, de la répartition et du
financement du budget de l’Union reste entier. C’est l’objet de la négociation engagée sur
le prochain cadre financier pluriannuel. Le Parlement a exigé et obtenu que l’on mette à
plat les deux volets : dépenses, mais aussi ressources. Nous allons voir si les décideurs ont
compris l’importance de l’enjeu et sont à la hauteur de leurs responsabilités historiques.
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