En France, les dépenses de protection sociale atteignent 746,6 milliards d’euros en 2015. Au titre des seuls coûts de gestion la France
se situe à 4,31 % des dépenses de prestations selon Eurostat là où l’Union européenne est à 3 % et la zone euro à 15 pays à 3,51 %, soit
de 5 à 9 milliards d’euros de coûts supplémentaires par rapport à nos partenaires européens. Et encore, ces dépenses ne tiennent pas
compte des frais financiers, ni des frais de gestion liés au versement des prestations sociales financées par l’État et les collectivités
locales, frais conventionnellement estimés à… 0. Les coûts de gestion réels restent donc largement sous-évalués.
La Fondation iFRAP est parvenue à l’évaluation suivante : les coûts de gestion réels de la protection sociale représentent au
moins 42 milliards d’euros. Un montant substantiel qui laisse envisager d’importantes pistes d’économies, insuffisamment
exploitées, alors qu’elles sont souvent relayées dans des rapports parlementaires, rapports d’inspection ou de la Cour des
comptes. Par exemple, notre enquête sur l’absentéisme dans les CPAM montre un nombre de jours d’absences très élevé, en
moyenne de 36,8 jours par agent.
Ces chantiers, auxquels aucun gouvernement n’a pour l’heure osé s’attaquer, ont déjà été lancés chez nos voisins anglais,
allemands ou néerlandais, lesquels ont su réformer leur système de protection sociale afin d’en améliorer l’efficience. Aujourd’hui,
la maîtrise des frais de gestion est indissociable d’une réforme en profondeur de notre modèle social.
Emmanuel Macron avait durant sa campagne déclaré vouloir créer un versement social unique et automatique en matière d’aides
sociales pour lutter contre le non-recours. Il s’est aussi déclaré pour un régime universel de retraites pour en finir avec la
complexité du système. La Fondation iFRAP estime qu’il est possible à l’horizon du quinquennat d’envisager au moins 5 milliards
d’euros d’économies annuelles sur la gestion de notre système social.
Les coûts de gestion de la protection sociale représentent 42 milliards d’euros dont 6,9 milliards de frais financiers et au moins
4,1 milliards pour les frais liés aux prestations de l’État et des collectivités locales.
Il est possible d’économiser de 5 à 9,5 milliards d’euros sur les coûts de gestion à l'horizon 2025 une fois que toutes les
réformes d'ampleur de la protection sociale auront été menées, dont :
❙ 2 à 3 milliards d’euros sur les retraites ;
❙ 2,5 milliards d'euros sur les prestations de solidarité logement-pauvreté-famille et 5 milliards à terme avec une réforme
complète de l'allocation sociale unique (ASU) ;
❙ santé : 0 à 1 milliard d'euros ;
❙ emploi : 0,5 milliard d'euros.
Une démarche inquiétante, alors que les résultats de l’incursion directe de l’État dans la politique industrielle de l’énergie (Areva, Alstom, EDF, éolien, solaire, agrocarburants) devraient inciter les gouvernements à se concentrer sur la fixation d’objectifs et non pas à la façon dont les acteurs les atteignent. Deuxième producteur mondial d’électricité, EDF est une entreprise prestigieuse, mais le niveau de son cours de bourse, 8 à 10 euros contre 32 en 2005 à l’ouverture de son capital, donne la mesure de son affaiblissement. Une situation d’autant plus inquiétante que le paysage énergétique est bouleversé : fin probable des tarifs réglementés, liberté de choix des consommateurs, concurrents français et étrangers, nouveaux modes de production, contestation du nucléaire et des éoliennes, surcoût des énergies renouvelables. Et des doutes existent sur le fondement même de la transition énergétique, le dernier bilan prévisionnel du gestionnaire du réseau de transport électrique (RTE) présentant des scénarios où la consommation d’électricité augmenterait au lieu de diminuer comme décidé dans la loi de 2015.
Avec 85 % du capital d’EDF, l’État français peut difficilement esquiver sa responsabilité. Une stratégie de l’État actionnaire caractérisée par le court-termisme, utilisant EDF pour enjoliver, jusqu’aux élections suivantes, le taux de chômage, l’inflation, le niveau de vie des Français ou le budget de l’État. Une tentation irrésistible quand il n’existe pas de contre-pouvoirs diversifiés comme le sont les actionnaires privés des grandes entreprises. Pour surmonter définitivement ces dysfonctionnements et redonner confiance aux salariés, aux clients et aux actionnaires, le seul levier efficace au niveau français consiste à réduire les interventions de l’État. Au niveau européen, c’est l’application à l’électricité des règles classiques du commerce international.
France : définir un chemin réaliste de transition énergétique.
Ramener immédiatement à 70 % la part de l’État au capital d’EDF.
Nommer une majorité d’administrateurs indépendants de l’État, français et étrangers.
Séparer les activités régulées de réseau des activités concurrentielles de production et de vente d’électricité : privatiser les réseaux électriques et leurs gestionnaires.
Voter une loi engageant l’État à réduire à 30 % sa part dans le capital d’EDF en 2022, après la mise en route des trois premières centrales EPR (Flamanville, Finlande, Chine).
Europe : faire appliquer par Bruxelles les règles de la concurrence internationale, ouverture du marché de l'électricité, mais interdiction des politiques de subventions-dumping qui perturbent les systèmes électriques étrangers.
Réformer le syndicalisme : mandats, financement, représentativité Fondation iFRAP
Dans quelle mesure la paix qui a présidé dans les négociations ayant abouti à la réforme n’a-t-elle pas eu pour contrepartie l’assurance donnée aux syndicats qu’on ne changerait rien au syndicalisme ? Quoi qu’il en soit, il y a à regretter que la réforme ambitieuse du droit du travail ne se soit pas accompagnée de son indispensable complément. Raison de plus pour s’atteler à la tâche.
Les propositions de la Fondation iFRAP
Mesures concernant le fonctionnement du syndicalisme dans les entreprises :
❙ En complément des réformes bienvenues des ordonnances en faveur des TPE et PME, augmenter les seuils d’application, augmenter les matières où les dérogations aux accords de branches sont autorisées, permettre les consultations par les employeurs jusqu’à 50 salariés, supprimer la différenciation entre DP mandatés et DP non mandatés.
Supprimer le monopole de présentation au premier tour des élections professionnelles.
Diminuer les heures légales et supprimer les heures extra-légales de délégation dans les secteurs public et privé.
Limiter à un seul renouvellement de 4 ans les mandats des représentants du personnel et supprimer la règle de l’insaisissabilité des biens des syndicats.
Interdire pour une seule personne le cumul d'heures de délégation supérieur à 50 % du temps de travail.
Objectif : diminuer d'un tiers le nombre de mandats de représentants des salariés.
Mesures concernant le financement des syndicats :
Assurer une véritable transparence financière à tous les niveaux syndicaux.
Supprimer les financements extra-légaux, les « caisses noires », les financements restants provenant du paritarisme, et le financement de l’AGFPN.
Tout mettre en oeuvre pour assurer un financement par les cotisations des adhérents qui doit remplacer l’audience électorale comme critère d’attribution des ressources.
Instaurer sous certaines conditions le « chèque syndical ».
Bilan 2007-2017 : Fiscalité, dette, dépenses publiques, chômageFondation iFRAP
Au moment crucial de la préparation de la mandature 2017-2022, il est temps pour les candidats de réfléchir aux réformes qu’ils souhaitent mettre en oeuvre au cours du prochain quinquennat pour redresser notre économie et restaurer notre indépendance financière. Nous avons pris le parti de regarder cette décennie passée à l’aune des indicateurs suivants : dépenses publiques et emploi public, prélèvements obligatoires, dette et déficit, chômage et emplois aidés, emploi marchand et création d’entreprises, simplification. Des thèmes sur lesquels, les présidents avaient pris des engagements sur les deux derniers quinquennats.
Avec un décryptage des mesures engagées et de l’évolution de ces indicateurs dans d’autres pays d’Europe, nous voulons montrer que diminuer la part des dépenses publiques dans la richesse nationale, réduire le déficit et la dette par rapport au PIB, baisser les impôts et le taux de prélèvements obligatoires pour relancer la création d’emplois marchands et renouer avec une croissance au-dessus de 2 % par an, tout cela est possible et nécessite une stratégie. Si le prochain gouvernement veut voir le fruit de son travail se réaliser sur le quinquennat, il devra mettre en oeuvre les réformes nécessaires, et ce, dès les premiers jours de son mandat.
Les systèmes de retraite et de santé français constituent les postes de dépenses de loin les plus importants de notre protection sociale. Et avec respectivement 14 % et 12 % du PIB, ils se situent parmi les plus chers des pays d’Europe. Compte tenu du vieillissement de la population et des changements dans les risques sanitaires que ce vieillissement entraîne (prédominance des maladies chroniques et liées à la dépendance), mais aussi compte tenu du poids de la dette sociale (135 milliards d’euros restent à amortir par la Cades) ces deux piliers de notre protection sociale doivent être réformés, ce qui implique de ne pas avoir peur de repenser notre modèle social.
Mais les réformes à mener ne sont pas les mêmes : la retraite est un risque au sens de la Sécurité sociale certain. Le gérant doit assurer un travail simple: collecter les cotisations, prévoir le nombre d’actifs et de retraités, verser les retraites en appliquant des règles précises. Il doit surtout assurer l’équilibre en fonction de paramètres limités et, pour certains, sur lesquels il ne peut quasiment pas agir (démographie). Il dispose de peu de latitude : l’âge, le montant de la pension et le taux de cotisation. Le déficit de compétitivité de la France écarte la possibilité d’augmenter les cotisations pour financer le système. Dès lors, il faut :
Reporter l’âge l’égal à 65 ans en 2028 ;
Créer un régime unique et universel par points ;
Aligner les systèmes de retraite public et privé ;
Introduire une part de capitalisation sans augmenter le montant total des cotisations.
La santé est un risque aléatoire et la qualité de la prestation de soin (hôpital, médecine de ville, médicaments) est très variable. La responsabilité du gérant d’un système d’assurance maladie est très différente puisqu’il va devoir choisir, parmi un large panel de solutions, la meilleure solution au meilleur coût. La santé est par ailleurs un domaine où – contrairement à la retraite – l’innovation joue un rôle essentiel. Face à cela, le gérant doit se poser plusieurs questions : quel prix accepter de payer ? Quel fournisseur de soins recommander à ses assurés ? Quels progrès thérapeutiques encourager ? C’est ce rôle complexe qui justifie une diversité de gérants de l’assurance maladie et leur mise en concurrence par les assurés. D’où nos propositions :
Etat actionnaire : 33 milliards d'euros de privatisations Fondation iFRAP
L’État actionnaire, c’est 1 750 participations directes, pour une valeur comptable de 98,9 milliards d’euros et 538,6 milliards de chiffre d’affaires en 2015. Au sein de l’OCDE, la France est de loin le pays dans lequel les entreprises publiques emploient le plus (800 000 personnes soit 3,3 % des emplois salariés contre 2,5 % en moyenne pour l’OCDE).
Le gouvernement a de son côté prévu de mettre au point avec les partenaires sociaux un ensemble de cinq réformes qui ont fait
l’objet d’une lettre de cadrage. Instituer une indemnisation pour les démissionnaires et pour les travailleurs indépendants est à
la fois non souhaitable et contre-indiqué financièrement. La troisième réforme concernant la limitation par pénalisation des CDD
courts n’a qu'un enjeu limité, et lorsque nécessaire, devrait plutôt conduire à diminuer l'indemnisation qu'à pénaliser l'employeur.
Le contrôle accru des chômeurs est en revanche souhaitable. Enfin, le remplacement de certaines cotisations par la CSG ne saurait
justifier la participation de l’État à la gouvernance de l’Unedic.
Mais le gouvernement se garde bien d’évoquer certains autres sujets de fond qui fâchent, à savoir que de moins en moins
l’assurance chômage conserve son caractère assurantiel, dans la mesure où l’État exige de l’Unedic, dont les ressources pèsent
directement sur le coût du travail marchand, qu’elle finance des politiques publiques de solidarité qui devraient reposer sur l’impôt.
Ce faisant, l’État est responsable des déficits de l’Unedic, et ne craint pas de les augmenter encore avec l’indemnisation annoncée
des démissionnaires et des travailleurs indépendants. Nos préconisations prioritaires sont les suivantes :
❙ équilibrer le financement par l’Unedic des points de retraite acquis pendant les périodes de chômage (déséquilibre de 2 milliards) ;
❙ annuler ou réduire fortement le financement par l’Unedic de Pôle emploi (3,3 milliards) ;
❙ faire participer les entreprises publiques à l’assurance chômage (plusieurs milliards) ;
❙ mettre à la charge de l’État les indemnisations qui ressortissent à un objectif de solidarité nationale : intermittents du spectacle,
exonérations spéciales et éviter les subventions croisées (1 milliard pour les intermittents, 1 milliard pour les autres subventions).
Enfin des réformes paramétriques devraient aussi être menées :
❙ augmenter le ratio d’éligibilité en passant la durée minimum d’affiliation de 4 à 6 mois, et ultérieurement à 8 mois, sur une période
de 18 mois (1,8 milliard) ;
❙ baisser, au minimum, à 0,9 de jour indemnisé pour un jour cotisé le taux de transformation (1,2 milliard) ;
❙ supprimer les revenus de remplacement proches des revenus du travail ou supérieurs ;
❙ et en fonction de la mise en oeuvre des réformes ci-dessus, baisser le taux des cotisations patronales et salariales.
Baisser de 100 milliards les impôts et cotisationsFondation iFRAP
Cet écart trouve sa cause dans nos cotisations employeur qui sont bien supérieures à celles des Britanniques et des Allemands (11,6 points de PIB face à 4,1 et 6,6). À noter que les cotisations salariées sont plus faibles au Royaume-Uni mais plus lourdes en Allemagne car plus équilibrées entre employeur et employé. Ajouter à cela, le poids terrible des taxes sur la production (98 milliards d’euros en France, 19 en Allemagne, 36 au Royaume-Uni). Et, pour l’impôt sur les sociétés, les entreprises britanniques et allemandes paient 6 milliards d’euros de moins que les entreprises françaises.
Pour les ménages, l’addition de l’impôt sur le revenu aux taxes locales et à la CSG fait apparaÎtre que les premiers niveaux de revenus sont bien moins imposés en France qu’au Royaume-Uni et cela certainement car les revenus de la solidarité sont imposés outre-Manche comme les revenus du travail. Pour les ménages au niveau médian de revenus (entre 2 200 euros et 3 200 euros par mois), le taux d’impôt payé est à peu près comparable au Royaume-Uni. Pour les dernières tranches, le poids de l’impôt est comparable aux autres pays uniquement grâce à l’existence des niches fiscales tant décriées.
En matière de fiscalité du capital des ménages, le taux d’imposition est clairement exorbitant. Nous sommes le seul pays à conserver un impôt sur la fortune aussi lourd doublonnant avec les taxes foncières. Sur les revenus du capital, les Britanniques ont baissé la pression fiscale ces dernières années, tandis que la France l’a énormément augmentée, en imposant au barème de l’impôt sur le revenu les revenus du capital, situation unique en Europe. Les Allemands paient au final 58 milliards d’euros de moins que les Français sur le patrimoine (revenus et stocks).
Plutôt que d’un grand soir fiscal c’est d’une réforme pensée et réfléchie dont nous avons besoin, afin de reconstituer des marges de manoeuvre et de renforcer l’attractivité de notre économie, permettant de faire revenir nos fortunes, nos créateurs et nos talents. Nous formulons 10 propositions à 80 % sur les entreprises et à 20 % sur le capital, telle est la recette pas politiquement correcte qui nous permettra de créer à nouveau des entreprises et des emplois en France. Mais il sera indispensable de faire des économies pour 100 milliards d’euros car la pression fiscale est partout au maximum dans l’Hexagone.
Une démarche inquiétante, alors que les résultats de l’incursion directe de l’État dans la politique industrielle de l’énergie (Areva, Alstom, EDF, éolien, solaire, agrocarburants) devraient inciter les gouvernements à se concentrer sur la fixation d’objectifs et non pas à la façon dont les acteurs les atteignent. Deuxième producteur mondial d’électricité, EDF est une entreprise prestigieuse, mais le niveau de son cours de bourse, 8 à 10 euros contre 32 en 2005 à l’ouverture de son capital, donne la mesure de son affaiblissement. Une situation d’autant plus inquiétante que le paysage énergétique est bouleversé : fin probable des tarifs réglementés, liberté de choix des consommateurs, concurrents français et étrangers, nouveaux modes de production, contestation du nucléaire et des éoliennes, surcoût des énergies renouvelables. Et des doutes existent sur le fondement même de la transition énergétique, le dernier bilan prévisionnel du gestionnaire du réseau de transport électrique (RTE) présentant des scénarios où la consommation d’électricité augmenterait au lieu de diminuer comme décidé dans la loi de 2015.
Avec 85 % du capital d’EDF, l’État français peut difficilement esquiver sa responsabilité. Une stratégie de l’État actionnaire caractérisée par le court-termisme, utilisant EDF pour enjoliver, jusqu’aux élections suivantes, le taux de chômage, l’inflation, le niveau de vie des Français ou le budget de l’État. Une tentation irrésistible quand il n’existe pas de contre-pouvoirs diversifiés comme le sont les actionnaires privés des grandes entreprises. Pour surmonter définitivement ces dysfonctionnements et redonner confiance aux salariés, aux clients et aux actionnaires, le seul levier efficace au niveau français consiste à réduire les interventions de l’État. Au niveau européen, c’est l’application à l’électricité des règles classiques du commerce international.
France : définir un chemin réaliste de transition énergétique.
Ramener immédiatement à 70 % la part de l’État au capital d’EDF.
Nommer une majorité d’administrateurs indépendants de l’État, français et étrangers.
Séparer les activités régulées de réseau des activités concurrentielles de production et de vente d’électricité : privatiser les réseaux électriques et leurs gestionnaires.
Voter une loi engageant l’État à réduire à 30 % sa part dans le capital d’EDF en 2022, après la mise en route des trois premières centrales EPR (Flamanville, Finlande, Chine).
Europe : faire appliquer par Bruxelles les règles de la concurrence internationale, ouverture du marché de l'électricité, mais interdiction des politiques de subventions-dumping qui perturbent les systèmes électriques étrangers.
Réformer le syndicalisme : mandats, financement, représentativité Fondation iFRAP
Dans quelle mesure la paix qui a présidé dans les négociations ayant abouti à la réforme n’a-t-elle pas eu pour contrepartie l’assurance donnée aux syndicats qu’on ne changerait rien au syndicalisme ? Quoi qu’il en soit, il y a à regretter que la réforme ambitieuse du droit du travail ne se soit pas accompagnée de son indispensable complément. Raison de plus pour s’atteler à la tâche.
Les propositions de la Fondation iFRAP
Mesures concernant le fonctionnement du syndicalisme dans les entreprises :
❙ En complément des réformes bienvenues des ordonnances en faveur des TPE et PME, augmenter les seuils d’application, augmenter les matières où les dérogations aux accords de branches sont autorisées, permettre les consultations par les employeurs jusqu’à 50 salariés, supprimer la différenciation entre DP mandatés et DP non mandatés.
Supprimer le monopole de présentation au premier tour des élections professionnelles.
Diminuer les heures légales et supprimer les heures extra-légales de délégation dans les secteurs public et privé.
Limiter à un seul renouvellement de 4 ans les mandats des représentants du personnel et supprimer la règle de l’insaisissabilité des biens des syndicats.
Interdire pour une seule personne le cumul d'heures de délégation supérieur à 50 % du temps de travail.
Objectif : diminuer d'un tiers le nombre de mandats de représentants des salariés.
Mesures concernant le financement des syndicats :
Assurer une véritable transparence financière à tous les niveaux syndicaux.
Supprimer les financements extra-légaux, les « caisses noires », les financements restants provenant du paritarisme, et le financement de l’AGFPN.
Tout mettre en oeuvre pour assurer un financement par les cotisations des adhérents qui doit remplacer l’audience électorale comme critère d’attribution des ressources.
Instaurer sous certaines conditions le « chèque syndical ».
Bilan 2007-2017 : Fiscalité, dette, dépenses publiques, chômageFondation iFRAP
Au moment crucial de la préparation de la mandature 2017-2022, il est temps pour les candidats de réfléchir aux réformes qu’ils souhaitent mettre en oeuvre au cours du prochain quinquennat pour redresser notre économie et restaurer notre indépendance financière. Nous avons pris le parti de regarder cette décennie passée à l’aune des indicateurs suivants : dépenses publiques et emploi public, prélèvements obligatoires, dette et déficit, chômage et emplois aidés, emploi marchand et création d’entreprises, simplification. Des thèmes sur lesquels, les présidents avaient pris des engagements sur les deux derniers quinquennats.
Avec un décryptage des mesures engagées et de l’évolution de ces indicateurs dans d’autres pays d’Europe, nous voulons montrer que diminuer la part des dépenses publiques dans la richesse nationale, réduire le déficit et la dette par rapport au PIB, baisser les impôts et le taux de prélèvements obligatoires pour relancer la création d’emplois marchands et renouer avec une croissance au-dessus de 2 % par an, tout cela est possible et nécessite une stratégie. Si le prochain gouvernement veut voir le fruit de son travail se réaliser sur le quinquennat, il devra mettre en oeuvre les réformes nécessaires, et ce, dès les premiers jours de son mandat.
Les systèmes de retraite et de santé français constituent les postes de dépenses de loin les plus importants de notre protection sociale. Et avec respectivement 14 % et 12 % du PIB, ils se situent parmi les plus chers des pays d’Europe. Compte tenu du vieillissement de la population et des changements dans les risques sanitaires que ce vieillissement entraîne (prédominance des maladies chroniques et liées à la dépendance), mais aussi compte tenu du poids de la dette sociale (135 milliards d’euros restent à amortir par la Cades) ces deux piliers de notre protection sociale doivent être réformés, ce qui implique de ne pas avoir peur de repenser notre modèle social.
Mais les réformes à mener ne sont pas les mêmes : la retraite est un risque au sens de la Sécurité sociale certain. Le gérant doit assurer un travail simple: collecter les cotisations, prévoir le nombre d’actifs et de retraités, verser les retraites en appliquant des règles précises. Il doit surtout assurer l’équilibre en fonction de paramètres limités et, pour certains, sur lesquels il ne peut quasiment pas agir (démographie). Il dispose de peu de latitude : l’âge, le montant de la pension et le taux de cotisation. Le déficit de compétitivité de la France écarte la possibilité d’augmenter les cotisations pour financer le système. Dès lors, il faut :
Reporter l’âge l’égal à 65 ans en 2028 ;
Créer un régime unique et universel par points ;
Aligner les systèmes de retraite public et privé ;
Introduire une part de capitalisation sans augmenter le montant total des cotisations.
La santé est un risque aléatoire et la qualité de la prestation de soin (hôpital, médecine de ville, médicaments) est très variable. La responsabilité du gérant d’un système d’assurance maladie est très différente puisqu’il va devoir choisir, parmi un large panel de solutions, la meilleure solution au meilleur coût. La santé est par ailleurs un domaine où – contrairement à la retraite – l’innovation joue un rôle essentiel. Face à cela, le gérant doit se poser plusieurs questions : quel prix accepter de payer ? Quel fournisseur de soins recommander à ses assurés ? Quels progrès thérapeutiques encourager ? C’est ce rôle complexe qui justifie une diversité de gérants de l’assurance maladie et leur mise en concurrence par les assurés. D’où nos propositions :
Etat actionnaire : 33 milliards d'euros de privatisations Fondation iFRAP
L’État actionnaire, c’est 1 750 participations directes, pour une valeur comptable de 98,9 milliards d’euros et 538,6 milliards de chiffre d’affaires en 2015. Au sein de l’OCDE, la France est de loin le pays dans lequel les entreprises publiques emploient le plus (800 000 personnes soit 3,3 % des emplois salariés contre 2,5 % en moyenne pour l’OCDE).
Le gouvernement a de son côté prévu de mettre au point avec les partenaires sociaux un ensemble de cinq réformes qui ont fait
l’objet d’une lettre de cadrage. Instituer une indemnisation pour les démissionnaires et pour les travailleurs indépendants est à
la fois non souhaitable et contre-indiqué financièrement. La troisième réforme concernant la limitation par pénalisation des CDD
courts n’a qu'un enjeu limité, et lorsque nécessaire, devrait plutôt conduire à diminuer l'indemnisation qu'à pénaliser l'employeur.
Le contrôle accru des chômeurs est en revanche souhaitable. Enfin, le remplacement de certaines cotisations par la CSG ne saurait
justifier la participation de l’État à la gouvernance de l’Unedic.
Mais le gouvernement se garde bien d’évoquer certains autres sujets de fond qui fâchent, à savoir que de moins en moins
l’assurance chômage conserve son caractère assurantiel, dans la mesure où l’État exige de l’Unedic, dont les ressources pèsent
directement sur le coût du travail marchand, qu’elle finance des politiques publiques de solidarité qui devraient reposer sur l’impôt.
Ce faisant, l’État est responsable des déficits de l’Unedic, et ne craint pas de les augmenter encore avec l’indemnisation annoncée
des démissionnaires et des travailleurs indépendants. Nos préconisations prioritaires sont les suivantes :
❙ équilibrer le financement par l’Unedic des points de retraite acquis pendant les périodes de chômage (déséquilibre de 2 milliards) ;
❙ annuler ou réduire fortement le financement par l’Unedic de Pôle emploi (3,3 milliards) ;
❙ faire participer les entreprises publiques à l’assurance chômage (plusieurs milliards) ;
❙ mettre à la charge de l’État les indemnisations qui ressortissent à un objectif de solidarité nationale : intermittents du spectacle,
exonérations spéciales et éviter les subventions croisées (1 milliard pour les intermittents, 1 milliard pour les autres subventions).
Enfin des réformes paramétriques devraient aussi être menées :
❙ augmenter le ratio d’éligibilité en passant la durée minimum d’affiliation de 4 à 6 mois, et ultérieurement à 8 mois, sur une période
de 18 mois (1,8 milliard) ;
❙ baisser, au minimum, à 0,9 de jour indemnisé pour un jour cotisé le taux de transformation (1,2 milliard) ;
❙ supprimer les revenus de remplacement proches des revenus du travail ou supérieurs ;
❙ et en fonction de la mise en oeuvre des réformes ci-dessus, baisser le taux des cotisations patronales et salariales.
Baisser de 100 milliards les impôts et cotisationsFondation iFRAP
Cet écart trouve sa cause dans nos cotisations employeur qui sont bien supérieures à celles des Britanniques et des Allemands (11,6 points de PIB face à 4,1 et 6,6). À noter que les cotisations salariées sont plus faibles au Royaume-Uni mais plus lourdes en Allemagne car plus équilibrées entre employeur et employé. Ajouter à cela, le poids terrible des taxes sur la production (98 milliards d’euros en France, 19 en Allemagne, 36 au Royaume-Uni). Et, pour l’impôt sur les sociétés, les entreprises britanniques et allemandes paient 6 milliards d’euros de moins que les entreprises françaises.
Pour les ménages, l’addition de l’impôt sur le revenu aux taxes locales et à la CSG fait apparaÎtre que les premiers niveaux de revenus sont bien moins imposés en France qu’au Royaume-Uni et cela certainement car les revenus de la solidarité sont imposés outre-Manche comme les revenus du travail. Pour les ménages au niveau médian de revenus (entre 2 200 euros et 3 200 euros par mois), le taux d’impôt payé est à peu près comparable au Royaume-Uni. Pour les dernières tranches, le poids de l’impôt est comparable aux autres pays uniquement grâce à l’existence des niches fiscales tant décriées.
En matière de fiscalité du capital des ménages, le taux d’imposition est clairement exorbitant. Nous sommes le seul pays à conserver un impôt sur la fortune aussi lourd doublonnant avec les taxes foncières. Sur les revenus du capital, les Britanniques ont baissé la pression fiscale ces dernières années, tandis que la France l’a énormément augmentée, en imposant au barème de l’impôt sur le revenu les revenus du capital, situation unique en Europe. Les Allemands paient au final 58 milliards d’euros de moins que les Français sur le patrimoine (revenus et stocks).
Plutôt que d’un grand soir fiscal c’est d’une réforme pensée et réfléchie dont nous avons besoin, afin de reconstituer des marges de manoeuvre et de renforcer l’attractivité de notre économie, permettant de faire revenir nos fortunes, nos créateurs et nos talents. Nous formulons 10 propositions à 80 % sur les entreprises et à 20 % sur le capital, telle est la recette pas politiquement correcte qui nous permettra de créer à nouveau des entreprises et des emplois en France. Mais il sera indispensable de faire des économies pour 100 milliards d’euros car la pression fiscale est partout au maximum dans l’Hexagone.
Plus que d'un grand soir fiscal, il s'agit d'envoyer un message fort à nos fortunes (expatriées ou non), nos créateurs et nos talents pour leur redonner confiance et libérer leur potentiel d’innovation. D’urgentes mesures de réforme de la fiscalité du patrimoine s’imposent alors que la France figure parmi les pays où la fiscalité est la plus lourde dans ce domaine. Pour frapper fort, nous proposons de supprimer l’ISF et l’exit tax dès 2017, de revenir au prélèvement forfaitaire libératoire, de renforcer les mesures favorisant l’investissement au capital des entreprises et de mettre en place un plafonnement global à 60 %. D’autre part, notre impôt sur le revenu se caractérise par une grande complexité et une très forte concentration sur la minorité de foyers qui y sont soumis (45%). La première mesure à prendre est l'abandon du projet fou du prélèvement à la source, une «usine à gaz» qui viendrait étouffer, dans une nouvelle couche de complexité inutile, nos entreprises. Ensuite, il faut préparer une réforme de l’impôt sur le revenu pour l'appuyer sur une assiette clarifiée et sur un nombre plus important de contributeurs, notamment en s’assurant qu’un euro perçu au titre de la solidarité soit imposé comme un euro issu du travail (avec comme idée, qu'à terme, notre système de redistribution et de solidarité passe dans une logique de crédit d'impôt pour les foyers concernés). Pour préparer ces chantiers et fixer un cadre pour la prochaine mandature, il est nécessaire d’agir dès les premiers mois et d’envoyer des signaux forts aux Français et aux investisseurs. C’est pour cela que nous recommandons de graver dans le marbre d'une loi de finances rectificative 2017 (en juillet 2017), les premières mesures de ce choc fiscal. Attendre le projet de budget 2018 pour réformer, c'est prendre le risque de manquer encore une fois l'occasion d'assainir les finances publiques françaises. Souvenons-nous lorsqu'un Premier ministre nous promettait une remise à plat fiscale en 2013 : nous l'attendons toujours. Voici pourquoi dès 2017 nous proposons de :
Supprimer l'ISF ;
Supprimer l'exit tax ;
Renforcer l’investissement en faveur du financement des entreprises ;
Mettre en place un plafonnement fiscal global à 60%;
Abroger le prélèvement à la source ;
Réformer et simplifier l'impôt sur le revenu ;
Revenir au prélèvement forfaitaire libératoire ;
Imposer au premier euro les droits sociaux ;
Baisser les dotations aux collectivités locales.
Le cadrage budgétaire de ces mesures est présenté en page 24 et le texte de la loi de finance.
La croissance est annoncée pour la France par la Commission européenne à 1,4 % en 2016, ce qui ne suffira pas à relancer la création d'emplois marchands. Et la croissance spontanée des recettes publiques et donc le redressement des comptes sont intimement liés à la croissance et à la création d'emplois. 2016 s'annonce pour nous plutôt autour de 3,8 % de déficit public et 2017 devrait tutoyer les 3,5 %. Bien loin des engagements du gouvernement, qui annonçait un déficit public autour de 1 % en 2017 dans la loi de programmation 2012-2017. Autre motif d'inquiétude: nous allons droit vers les 100 % de dette publique, avec déjà plus de 97 %. La seule manière de redresser les comptes est de baisser les dépenses publiques, mais aucun gouvernement n'a réussi à concrétiser cet objectif. Les dépenses publiques seront passées sur la durée du quinquennat de 1 150 milliards d'euros par an à plus de 1 280 milliards. Tout cela avec une inflation négligeable et une croissance atone. Autant dire que rien n'a été fait pour réellement freiner la dérive. On reste dans l'affichage.
Cet aggiornamento de la politique budgétaire gouvernementale implique, non pas comme l’a évoqué le président de la République le 16 novembre dernier devant le Congrès réuni à Versailles de faire primer « le pacte de sécurité sur le pacte de stabilité », mais de permettre de renforcer la stabilité budgétaire de la France, en respectant nos engagements européens et de nous redonner des capacités d’actions.
Or, 2016 est une année charnière sur le plan budgétaire puisque ce devrait être la dernière année à présenter un déficit public supérieur à 3 % avant de se redresser en 2017 à 2,7 % de déficit. C’est aussi l’année où les efforts d’économies devraient être les plus massifs à cause des effets de l’inflation basse en2015 qui en a reporté la charge sur 2016, notamment en matière de dépenses de Sécurité sociale. Or, il apparaît que :
Toutes administrations confondues, les économies non documentées oscillent entre 3,5 et 4,3 milliards d’euros pour 2016 (hors gages éventuels de 815 millions d’euros pour les mesures de sécurité du 13 novembre 2015) ;
La hausse des effectifs de l’État et de la masse salariale, désormais acquise, rend difficile la stabilisation du solde de l’État qui concentre tous les déficits ;
Les collectivités territoriales pour maîtriser leurs dépenses devraient geler l’évolution de leur masse salariale (ce qui n’est pas crédible) ;
Sur la Sécurité sociale, les économies liées à l’Ondam sont comparables à celles de 2015, alors même qu’il faudrait renforcer l’effort ;
La Fondation iFRAP estime un risque de dérapage sur les dépenses publiques de 7,6 milliards d’euros ;
Par ailleurs, nous estimons qu’il existe un risque de moindres recettes dû à des hypothèses macroéconomiques optimistes de 5,75 milliards d’euros.
PIB marchand et prélèvements obligatoires, le grand décalageFondation iFRAP
Dette publique à près de 100% du PIB, déficit public en faible amélioration (4% du PIB), dépenses publiques à plus de 57% du PIB, prélèvements obligatoires au plus haut (48% du PIB), croissance du PIB en berne, chômage à 11%. Bref, ça ne va pas dans la bonne direction. Malgré des aménagements comme le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), les prélèvements obligatoires continuent d’augmenter plus vite que la croissance. Alors, quelle est la bonne politique ?
Modernisation de la vie publique : les propositions de la Fondation iFRAPFondation iFRAP
la suppression de la réserve parlementaire ;
l’interdiction des emplois familiaux ;
le non-cumul des mandats – que nous proposons toutefois d’étendre aux mandats de même nature et non plus
seulement identiques ;
la mise en place d’un registre des déports – en attirant cependant l’attention sur les cas de conflits d’intérêts
public-public ;
l’encadrement des activités parallèles de conseil.
Nous proposons d’aller plus loin avec :
une réduction du nombre de parlementaires : une des propositions phare de modernisation des institutions du candidat Macron, pour l’heure « oubliée ». Il s’agit selon nous de faire passer le nombre de députés de 577 à 350 et le nombre de sénateurs de 348 à 150. Cette mesure permettrait 256 millions d’euros d’économies ;
les fonds ainsi dégagés seraient utilisés à la revalorisation du traitement des parlementaires liée au renforcement de leurs attributions (pouvoirs d’évaluation et de contrôle) ;
un renforcement des sanctions pour les absentéistes ;
la transparence totale des indemnités (pour les parlementaires et les élus locaux) et la centralisation de la gestion des crédits collaborateurs ;
un renforcement du contrôle éthique au Parlement ;
le perfectionnement du registre des représentants d’intérêts.
Le quinquennat à venir porte la lourde responsabilité de mener les réformes nécessaires au pays. Il faut non seulement un exécutif efficace, mais aussi – et c’est essentiel – un pouvoir législatif rénové, qui inspire confiance aux Français et se montre exemplaire en toutes circonstances.
La même semaine, le Conseil d’orientation des retraites (COR) et la Cour des comptes ont livré deux visions radicalement différentes de l’avenir des retraites. Le COR explique que la dernière réforme des retraites a redressé la trajectoire des retraites dans leur ensemble, tandis que la Cour des comptes indique qu’il y a urgence à sauver les retraites complémentaires du privé, sans traiter des retraites du public pourtant déjà sous perfusion. Cette cacophonie tient à la complexité de notre système de retraite, qui le rend aujourd’hui impossible à piloter. Mais contrairement aux rapports qui se veulent rassurants et aux indicateurs biaisés, la Fondation iFRAP montre dans cette étude que notre système de retraite, qui représente 293 milliards d’euros de prestations servies, est à bout de souffle. Derrière des déficits cachés, les régimes de retraite vivent d’expédients et au final, notre système ne survit qu’au prix d’une augmentation continue des cotisations et prélèvements qui menace la compétitivité des entreprises et grève les budgets de l’État, des collectivités locales et des hôpitaux. La complexité masque également des coûts de gestion parmi les plus élevés en Europe (entre 1,6 et 2 % alors que la moyenne européenne est à 1,2 % des prestations versées). La complexité masque aussi le problème central de l’équité du système : grâce à cette étude nous montrons qu’en appliquant les règles de cotisation et de liquidation du privé à la fonction publique, c’est jusqu’à 4 milliards d’euros d’économies potentielles annuellement qu’il serait possible de réaliser. La complexité pose enfin la question du financement des éléments de solidarité de notre système de retraite, qui compte tenu de leurs coûts – 20 % du total des prestations versées – doivent être remis à plat.
La seconde aire urbaine française est souvent citée comme modèle dans sa gestion et dans son développement
économique. Lyon a en effet connu un véritable boom ces dix dernières années sous l’impulsion de Gérard
Collomb : aménagement des berges du Rhône, quartier Confluence… Les Lyonnais peuvent être satisfaits
d’habiter dans une ville dynamique. Pour autant ce développement est loin de se faire sans dommage pour le
contribuable. Entre le budget astronomique du Musée des Confluences, l’augmentation de la rémunération des
élus ou encore le statut des fonctionnaires territoriaux, plusieurs aspects peuvent venir entacher une copie
plutôt bonne.
La Fondation iFRAP dresse donc le bilan de la métropole lyonnaise. Si l’initiative prise par Gérard Collomb
participe des changements voulus par le gouvernement pour une meilleure organisation territoriale, elle pose
des questions sur la gouvernance, sur la redéfinition des rôles avec la région et avec les territoires limitrophes
à la métropole. Elle implique aussi une maîtrise claire des moyens de fonctionnement et notamment de la
question du personnel pour que cette nouvelle étape ne se transforme pas en hausse des dépenses pour le
contribuable. En cela l’expérience lyonnaise peut servir de guide de bonnes pratiques pour les futures
métropoles.
❚❚ Des impôts locaux inférieurs aux autres grandes villes de province…
mais en hausse de 5 % pour l’année 2015.
❚❚Des dépenses sociales en hausse et des doublons entre maisons du
Rhône et CCAS.
❚❚Une métropole qui tend à simplifier le mille-feuille territorial mais dont la
politique reste encore vague.
❚❚Un territoire économiquement attractif et dynamique.
La trajectoire 2017-2027 des finances publiques pour la croissanceFondation iFRAP
Les objectifs à atteindre ? Diminuer la part des dépenses publiques dans la richesse nationale, réduire le déficit et la dette par rapport au PIB, baisser les impôts et le taux de pré- lèvements obligatoires. Non pas pour faire plaisir à la Commission européenne mais pour relancer la création d’emplois marchands et renouer avec une croissance au-dessus de 2 % par an, ce dont nous sommes loin depuis 2012. Pour cela, il faut une stratégie. Chaque projet de réforme devra être accompagné d’un chiffrage et d’un calendrier précis. L'erreur faite en 2012 a été de lancer des augmentations d’impôts tous azimuts pour redresser les comptes publics sans avoir calculé ce que cela créerait comme mauvais chocs sur notre économie. Si le gouvernement a compris que le matraquage fiscal décidé était allé trop loin, le virage a été trop tardif pour en voir les fruits avant la fin du quinquennat. Si le prochain gouvernement ne veut pas travailler pour le suivant, il devra mettre à profit tout le temps imparti dès les premiers jours. La Fondation iFRAP propose dans cette étude une modélisation de la trajectoire des finances publiques pour 2017-2027 pour retrouver le plein-emploi et la croissance. Cette trajectoire consiste en : ❙ des économies de dépenses (100 milliards d’euros de baisse, dont 23 milliards de cessions d’immobilier de l’État ou des collectivités) concentrées sur la période 2017-2022 sauf pour ce qui concerne les retraites où les réformes durent jusqu’en 2027 ; ❙des baisses de prélèvements obligatoires (environ 90 milliards d’euros) étalées jusqu’en 2024 ; ❙des cessions d’actifs venant augmenter exceptionnellement les recettes publiques (20 milliards d’euros d’ici 2024) pour accélérer le désendettement et atteindre moins de 80 % de dette par rapport au PIB dès 2026. Nous proposons de fixer un maximum de 50 % de dépenses publiques par rapport au PIB en 2022. Dès les cinq premières années, la baisse des prélèvements obligatoires donnera la priorité à la baisse de la fiscalité sur le capital et à la diminution de la fiscalité sur les entreprises. Le plan de redressement modélisé par la Fondation iFRAP offre un motif d’espoir. Si nos pré- conisations sont appliquées, le PIB marchand de la France devrait remonter fortement d’ici à 2022 et atteindre, cette année-là, 1 723 milliards d’euros. C’est fondamental car la création de valeur ajoutée marchande permet la création d’emplois marchands : 739 000 d’ici 2022. Nous ne sommes pas condamnés au marasme
Intérieur, Renseignement, Défense, Justice : La nécessaire remise à niveauFondation iFRAP
Malheureusement, il apparaît que l’État ne se donne plus les moyens de telles ambitions dans le domaine, et ce depuis plusieurs années déjà. Les dépenses régaliennes dans le périmètre retenu dans cette étude, à savoir l’Intérieur, le Renseignement, la Défense, la Justice3 n’ont cessé de diminuer depuis des décennies. Si elles représentaient 6,5 % de la richesse nationale en 1965, elles avaient chuté à 4,5 % au début des années 1990 avant de tomber à à peine 2,8 % du PIB en 2015. Cette diminution est symptomatique et liée au fait que, sous le poids accru des transferts sociaux, l’État-providence a progressivement relégué l’État régalien au second plan. Dans une perspective internationale, la comparaison des dépenses régaliennes avec nos voisins européens met également en évidence notre retard. Comparable à la France par son poids économique, sa population mais aussi les menaces qui pèsent sur lui, le Royaume-Uni a consacré 2,2 % de son PIB à la Défense en 2014 là où la France dépensait 1,7 % et 2 % aux missions de sécurité et d'ordre public là où la France n'investissait que 1,6 % de son PIB.
Dans cette étude, la Fondation iFRAP dresse un panorama de l'État régalien en passant au crible les moyens mis à sa disposition et les effets des réformes de ces dernières années. Pour chacun des trois ministères régaliens nous formulerons des recommandations pour renforcer l'efficacité de ces missions essentielles dans le contexte exigeant qui est le nôtre aujourd'hui.
Ces recommandations demandent un effort budgétaire important de l'ordre de 2,1 milliards d'euros de dépenses supplémentaires annuelles entre 2018 et 2022, qui se concentre dans des investissements supplémentaires en matière pénitentiaire (500 millions d'euros), seule façon de parvenir à un objectif d'encellulement individuel en 2025 et dans la Défense (accélération du renouvellement des matériels en cours) pour 1,6 milliard d'euros. Cet effort s'accompagnera également d'embauches d'environ 15 000 agents dans les ministères régaliens (Justice, Défense, Police/Gendarmerie) d'ici 2022. Et pourra en partie s'appuyer sur des ressources tirées d'une réorganisation des personnels et des conditions de travail, de la mutualisation ou de l'externalisation de fonctions support, de la rationalisation/redéfinition de certaines missions des forces de sécurité
Fonction publique : Statut, primes, évaluation, temps de travailFondation iFRAP
Réformera ou réformera pas ? S’agissant de la fonction publique, beaucoup a été dit, peu a été fait. Le nombre d’agents et le coût pour les finances publiques augmentent invariablement quel que soit le Gouvernement au pouvoir. Nous comptions 5,2 millions d’agents dans les trois fonctions publiques (État, collectivités locales, hôpitaux publics) en 2008 et 5,4 en 2014.
Avec 278 milliards d’euros de dépenses en 2014, la masse salariale des personnels publics de la France représente toujours 13 % de notre richesse nationale quand les Allemands sont à 7,7 % et les Britanniques, à 9,5 %. On constate que tous les pays, y compris les plus connus pour leur État-providence, sont passés à des embauches de leurs personnels publics non plus sous statut, mais sous contrat et donc sans emploi « à vie ». La Suède compte plus de 99 % d’agents contractuels, le Royaume-Uni, 90 %, l’Allemagne, 60 %, quand la France en compte à peine 17 %.
Dans la perspective de 2017, les objectifs doivent être les suivants :
Réduire de 440 000 le nombre de postes d’ici 2022 dans les trois fonctions publiques (sauf dans le régalien où nous prévoyons d’embaucher 15 000 agents) ;
Ramener à 11 % le poids des rémunérations des agents publics dans le PIB, soit 15 milliards d’euros d’économies d’ici 2022.
Pour cela, la Fondation iFRAP formule 15 propositions parmi lesquelles :
Geler les embauches pendant cinq ans ;
Embaucher sous contrat de droit privé les nouveaux entrants dans la fonction publique et permettre à ceux qui veulent passer du statut au contrat de le faire ;
Favoriser les départs volontaires et créer une bourse locale de l’emploi public ;
Mettre fin au principe d’unicité de la fonction publique en matière de points d’indice et introduire une part de rémunération au mérite ;
Réduire le pouvoir devenu trop important des commissions paritaires ;
Remonter le temps de travail des agents à 1 750 heures annuelles contre 1 607 heures théoriques actuellement.
Le résultat n’est pourtant pas à la hauteur de cet effort. Dans les zones tendues, où la crise du logement se concentre, la puissance publique est incapable de trancher entre loger les plus pauvres et « faire de la mixité sociale ». D’où un paradoxe stupéfiant. En zone urbaine, les locataires les plus pauvres (premier décile de revenus) sont majoritairement logés dans le parc privé tandis que 25 % des occupants de logements sociaux appartiennent aux cinq derniers déciles de revenus.
Dès lors, la construction de logements sociaux est une fuite en avant : il en faut toujours plus. Entre 1985 et 2011, on observe une augmentation de 53 % du parc social. Sur la même période, les bailleurs privés ont été peu à peu dégoûtés à cause d’une fiscalité exorbitante passée de 37 milliards d’euros en 2000 à 63 milliards en 2013. Avec la loi SRU renforcée en 2013 et aujourd’hui le projet de loi « égalité et citoyenneté », c’est une nouvelle étape qui est franchie dans la bureaucratisation du logement. On a trop longtemps stérilisé l’épargne des Français en canalisant subventions et prêts sur fonds du livret A. Simplification des structures, simplification des financements, baisse des coûts de gestion, il est temps de poser la question de la réforme du logement social.
La politique publique du logement coûte 2,3 % du PIB, un chiffre deux fois supérieur à la moyenne européenne ;
500 organismes de logement social gère un parc de 4,7 millions de logements. En Île-de-France ils sont 143 organismes ;
Les aides publiques en direction des bailleurs sociaux représentent 9 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent 7 milliards d’aides personnelles que perçoivent directement les bailleurs sociaux ;
Les HLM présentent une trésorerie égale à sept mois de loyers, soit 10 milliards d’euros, ou l’équivalent de 20 années d’aides à la pierre ;
Les aides personnelles au logement sont avant tout des aides sociales : leur montant (17 milliards d’euros) est supérieur aux allocations familiales (12,5 Mds) ou encore au RSA socle (7,8 Mds).
Aujourd’hui, en France, il n’est pas toujours plus intéressant de travailler que de cumuler des aides sociales, surtout pour les petits revenus. Cette situation n’est pas nouvelle mais, enfin, les Français manifestent leur ras-le-bol face aux fraudeurs, aux aides pour tout et n’importe quoi, à la lourdeur de l’administration et au coût dangereusement tangent de notre protection sociale. Désormais, tous les états-majors des candidats à l’élection présidentielle de 2017 planchent sur l’idée d’une allocation sociale unique. Notre proposition, chiffrée et ficelée, est désormais sur la table.
Les boîtes noires de la formation professionnelleFondation iFRAP
Tout juste réformés en 2015, notre système de formation professionnelle et son financement restent incompréhensibles pour nombre d’acteurs et d’observateurs. La dernière réforme n’aura rien modifié sur le fond et s’est encore moins attaquée au tabou de la répartition des milliards de la formation professionnelle versés par les entreprises aux organismes collecteurs qui sont devenus, au fil des années, les véritables pilotes de cette politique publique. Aujourd’hui, on compte plus de 100 organismes collecteurs publics et privés en train de se constituer des réserves financières grâce aux contributions versées par plus de 3 millions d’entreprises, travailleurs indépendants et plus de 36 000 employeurs publics, qui doivent ensuite s’y retrouver entre les plus de 62 600 organismes de formations reconnus
ETI, les contraintes fiscales et sociales qui les détournent de la FranceFondation iFRAP
Le secteur industriel de la France est avec 12,6 % du PIB le plus faible de l’Europe à 14. Certes, tous les pays en question ont subi une désindustrialisation marquée entre 2000 et 2010, mais la France est dans le peloton de tête, avec - 5,1 %.1 Les trois pays, qui vont faire l’objet du « benchmark » auquel nous allons nous livrer à partir de l’examen de deux groupes industriels français, font nettement mieux : pour l’Allemagne avec 23,7 %, ce n’est pas une surprise, mais ça l’est plus pour le Royaume-Uni avec 15,7 et 16,6 % pour la Belgique.
Libérer le droit du travail : temps de travail, représentation syndicale, fle...Fondation iFRAP
La France est championne d’Europe de l’impôt. Elle caracole à plus de 45% de taux de prélèvements obligatoires, quand le Royaume-Uni est à 36% et l’Allemagne à 38%. Avec 360 taxes et impôts, la France est médaille d’or de la complexité fiscale et du mille-feuille de taxes. Pourtant, quand il s’agit de savoir ce qu’il faut réformer dans notre système d’imposition, il n’y a plus personne. Le débat se partage entre ceux qui assurent qu’on ne peut pas baisser la fiscalité car on est déjà en déficit et ceux qui veulent carrément une révolution fiscale.
La réalité française sur la fiscalité ?
Nous n’avons plus aucune marge de manœuvre. Il va donc falloir baisser les prélèvements partout. La raison est simple : sur les entreprises et sur les ménages, nous sommes allés trop loin. Le premier élément qui saute aux yeux : nos entreprises tricolores paient en points de PIB beaucoup plus que les entreprises allemandes ou britanniques, plus de 18 points de PIB de fiscalité, quand les Britanniques sont à 8,6% et les Allemands à 10,2%. Les chiffres sont éloquents : l’écart de fiscalité pesant sur les entreprises que nous avons avec l’Allemagne est de 160 milliards, avec le Royaume-Uni, de 200 milliards. Rien que ça.
Alors que tout le monde s’interroge sur
les surcoûts inévitables liés aux fusions et
à la nouvelle répartition des compétences,
la Fondation iFRAP montre qu’il n’y a
pas de fatalité et que de réelles marges de
manoeuvre existent. Grâce à cette étude, on
constate qu’il est possible d’économiser :
▪ 2,99 milliards d’euros sur les dépenses de
fonctionnement ;
▪ 4,08 milliards d’euros sur les dépenses
d’investissement ;
▪ 2 237 ETP sur 80 000 agents en réduisant le
niveau de l’absentéisme (voir page 24).
La question du futur rôle des départements est doublement sous les feux de l’actualité : d’une part, avec les élections des conseils départementaux des 22 et 29 mars prochains ; d’autre part avec la loi NOTRe (nouvelle organisation territoriale de la République) en cours de discussion au Parlement. Cette loi sera la 3e étape de la réforme territoriale après la loi sur les métropoles, et celle sur la fusion des régions. Elle doit s’attaquer au sujet brûlant du partage des compétences entre les différents échelons territoriaux.
Si le gouvernement avait proposé initialement la suppression du département, la question n’a pas fait long feu. Les élus départementaux ont résisté et une nouvelle répartition des compétences semble se dessiner, résumée ainsi par le secrétaire d’État à la Réforme territoriale, André Vallini : "Aux régions, l'économie ; aux départements, la solidarité ; au bloc communal, les services publics de proximité."
En effet plus des deux tiers des dépenses de fonctionnement des départements sont des dépenses sociales. C’est la raison pour laquelle la Fondation iFRAP a, depuis son étude d’avril 2014, « Réorganiser la France », considéré que l’avenir des départements est dans la fusion avec le réseau des CAF pour devenir des agences de protection sociale.
La suppression de l’échelon départemental et une décision de moyen terme pas encore vraiment actée. En attendant, il est nécessaire de conditionner le versement des dotations au respect d’indicateurs financiers et sociaux de bonne gestion. En effet, en conservant la même organisation territoriale, on pourrait déjà économiser 3 milliards d’euros en s’alignant sur les meilleurs gestionnaires. Car on constate des différences parfois très importantes entre départements pour les dépenses totales, les charges de personnel, les effectifs ou encore l’absentéisme. La Fondation iFRAP passe au crible la gestion des départements.
Finances publiques : Le plan AAA pour sauver la FranceFondation iFRAP
Car ce n'est malheureusement pas le gel des dépenses de l'État et des dotations aux collectivités annoncé qui résoudra l'équation. Sur le long terme, il faudra aller beaucoup plus loin en s'inspirant de l'exemple britannique pour plafonner les aides sociales, de l'exemple allemand pour réduire le nombre d'agents publics, de l'exemple italien pour fusionner les communes et réduire le nombre d'élus, de l'exemple britannique encore pour baisser les salaires des hauts fonctionnaires. En clair : un vrai plan de rigueur.
Tout le monde est d'accord sur le constat mais personne ne va plus loin. Où couper, que faire ? Ces questions semblent sans réponse. Ce dossier vise à montrer que, sur le court terme, on peut mettre au point un vrai plan d'économies pour garder notre AAA sans pour autant casser la croissance. Cela demande de jouer en partie sur les dépenses sociales (prestations sociales, assurance-maladie, retraites), les dépenses des collectivités locales, celles de l'État, mais aussi de vendre des participations de l'État dans les entreprises. En faisant cela sur les trois volets (État, collectivités et Sécurité sociale), on peut aisément économiser 8,8 milliards d'euros par an sur les dépenses et obtenir 1,8 milliard de recettes fiscales nouvelles. Et la France peut aussi réaliser 20 milliards d'euros deux ans de suite grâce à la cession de ses participations. C'est ce que nous détaillons dans ce dossier. Voilà pour le court terme. Pour le long terme, il faut, pour que notre pays renoue avec la croissance, relancer la création d'entreprises et d'emplois, remettre l'entreprise au cœur de notre système et consolider le contrôle de l'efficience de nos dépenses publiques par la Cour des comptes et le Parlement, pour qu'enfin nos parlementaires puissent faire de vraies propositions d'économies.
Le ministère de la Défense est le ministère qui s’est le plus réformé et réorganisé ces dernières décennies, sous la pression des coupes budgétaires successives. Avec les conséquences que l’on sait : même si notre armée reste théoriquement capable de mener n’importe quel type de mission, les nombreuses baisses d’effectifs dans les forces de combat et surtout dans les fonctions de soutien, mettent clairement en danger notre capacité à gagner les guerres présentes et à venir.
Alors que les menaces et risques s’accroissent, diminuer sans cesse notre effort nous rendrait incapables de conserver à terme un outil militaire capable d’engagements de haute intensité. Même si les attentats récents ont brutalement remis en lumière ces questions dans nos sociétés occidentales, inverser la tendance sur le long terme nécessitera d’y investir un capital politique très conséquent. Il est temps de modifier profondément les équilibres. La question se pose alors : quelle est la trajectoire budgétaire envisageable pour atteindre l’objectif de 2% du PIB en dépenses annuelles de Défense ? Il existe deux trajectoires possibles, l’une pour atteindre cet objectif dès 2022, l’autre en 2025.
C’est en faveur de la première que nous nous positionnons. Concrètement, nous proposons une impulsion budgétaire importante une fois les élections présidentielles achevées : il s’agirait de réaliser et de voter une nouvelle loi de programmation militaire 2018-2023 à l’automne 2017, comprenant quelque 240 milliards d’euros (constants 2017) sur sa période d’exécution. Cela représenterait quelque 50 milliards d’euros supplémentaires par rapport à la loi de programmation militaire initiale 2014-2019. Notons que le critère des 2% n’est pas suffisant, particulièrement à cause de notre dissuasion nucléaire. À terme, c’est certainement les 3% du PIB qu’il faut viser comme seuil des dépenses militaires, soit quelque 65 milliards d’euros par an. Mais les 2% sont déjà une étape indispensable.
Objectifs généraux de la prochaine LPM :
Atteindre un budget de Défense annuel correspondant à 2% du PIB en 2022 et adopter ce chiffre comme plancher absolu ;
Adapter notre outil militaire aux engagements actuels et futurs, notamment en poursuivant l’augmentation des forces de combat et le soutien qui y sont associés ;
Résorber les déficits capacitaires en totalité sans aucunement délaisser les investissements concernant la préparation de l’avenir et les équipements de générations suivantes, y compris les équipements liés à la dissuasion nucléaire.
Plus que d'un grand soir fiscal, il s'agit d'envoyer un message fort à nos fortunes (expatriées ou non), nos créateurs et nos talents pour leur redonner confiance et libérer leur potentiel d’innovation. D’urgentes mesures de réforme de la fiscalité du patrimoine s’imposent alors que la France figure parmi les pays où la fiscalité est la plus lourde dans ce domaine. Pour frapper fort, nous proposons de supprimer l’ISF et l’exit tax dès 2017, de revenir au prélèvement forfaitaire libératoire, de renforcer les mesures favorisant l’investissement au capital des entreprises et de mettre en place un plafonnement global à 60 %. D’autre part, notre impôt sur le revenu se caractérise par une grande complexité et une très forte concentration sur la minorité de foyers qui y sont soumis (45%). La première mesure à prendre est l'abandon du projet fou du prélèvement à la source, une «usine à gaz» qui viendrait étouffer, dans une nouvelle couche de complexité inutile, nos entreprises. Ensuite, il faut préparer une réforme de l’impôt sur le revenu pour l'appuyer sur une assiette clarifiée et sur un nombre plus important de contributeurs, notamment en s’assurant qu’un euro perçu au titre de la solidarité soit imposé comme un euro issu du travail (avec comme idée, qu'à terme, notre système de redistribution et de solidarité passe dans une logique de crédit d'impôt pour les foyers concernés). Pour préparer ces chantiers et fixer un cadre pour la prochaine mandature, il est nécessaire d’agir dès les premiers mois et d’envoyer des signaux forts aux Français et aux investisseurs. C’est pour cela que nous recommandons de graver dans le marbre d'une loi de finances rectificative 2017 (en juillet 2017), les premières mesures de ce choc fiscal. Attendre le projet de budget 2018 pour réformer, c'est prendre le risque de manquer encore une fois l'occasion d'assainir les finances publiques françaises. Souvenons-nous lorsqu'un Premier ministre nous promettait une remise à plat fiscale en 2013 : nous l'attendons toujours. Voici pourquoi dès 2017 nous proposons de :
Supprimer l'ISF ;
Supprimer l'exit tax ;
Renforcer l’investissement en faveur du financement des entreprises ;
Mettre en place un plafonnement fiscal global à 60%;
Abroger le prélèvement à la source ;
Réformer et simplifier l'impôt sur le revenu ;
Revenir au prélèvement forfaitaire libératoire ;
Imposer au premier euro les droits sociaux ;
Baisser les dotations aux collectivités locales.
Le cadrage budgétaire de ces mesures est présenté en page 24 et le texte de la loi de finance.
La croissance est annoncée pour la France par la Commission européenne à 1,4 % en 2016, ce qui ne suffira pas à relancer la création d'emplois marchands. Et la croissance spontanée des recettes publiques et donc le redressement des comptes sont intimement liés à la croissance et à la création d'emplois. 2016 s'annonce pour nous plutôt autour de 3,8 % de déficit public et 2017 devrait tutoyer les 3,5 %. Bien loin des engagements du gouvernement, qui annonçait un déficit public autour de 1 % en 2017 dans la loi de programmation 2012-2017. Autre motif d'inquiétude: nous allons droit vers les 100 % de dette publique, avec déjà plus de 97 %. La seule manière de redresser les comptes est de baisser les dépenses publiques, mais aucun gouvernement n'a réussi à concrétiser cet objectif. Les dépenses publiques seront passées sur la durée du quinquennat de 1 150 milliards d'euros par an à plus de 1 280 milliards. Tout cela avec une inflation négligeable et une croissance atone. Autant dire que rien n'a été fait pour réellement freiner la dérive. On reste dans l'affichage.
Cet aggiornamento de la politique budgétaire gouvernementale implique, non pas comme l’a évoqué le président de la République le 16 novembre dernier devant le Congrès réuni à Versailles de faire primer « le pacte de sécurité sur le pacte de stabilité », mais de permettre de renforcer la stabilité budgétaire de la France, en respectant nos engagements européens et de nous redonner des capacités d’actions.
Or, 2016 est une année charnière sur le plan budgétaire puisque ce devrait être la dernière année à présenter un déficit public supérieur à 3 % avant de se redresser en 2017 à 2,7 % de déficit. C’est aussi l’année où les efforts d’économies devraient être les plus massifs à cause des effets de l’inflation basse en2015 qui en a reporté la charge sur 2016, notamment en matière de dépenses de Sécurité sociale. Or, il apparaît que :
Toutes administrations confondues, les économies non documentées oscillent entre 3,5 et 4,3 milliards d’euros pour 2016 (hors gages éventuels de 815 millions d’euros pour les mesures de sécurité du 13 novembre 2015) ;
La hausse des effectifs de l’État et de la masse salariale, désormais acquise, rend difficile la stabilisation du solde de l’État qui concentre tous les déficits ;
Les collectivités territoriales pour maîtriser leurs dépenses devraient geler l’évolution de leur masse salariale (ce qui n’est pas crédible) ;
Sur la Sécurité sociale, les économies liées à l’Ondam sont comparables à celles de 2015, alors même qu’il faudrait renforcer l’effort ;
La Fondation iFRAP estime un risque de dérapage sur les dépenses publiques de 7,6 milliards d’euros ;
Par ailleurs, nous estimons qu’il existe un risque de moindres recettes dû à des hypothèses macroéconomiques optimistes de 5,75 milliards d’euros.
PIB marchand et prélèvements obligatoires, le grand décalageFondation iFRAP
Dette publique à près de 100% du PIB, déficit public en faible amélioration (4% du PIB), dépenses publiques à plus de 57% du PIB, prélèvements obligatoires au plus haut (48% du PIB), croissance du PIB en berne, chômage à 11%. Bref, ça ne va pas dans la bonne direction. Malgré des aménagements comme le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), les prélèvements obligatoires continuent d’augmenter plus vite que la croissance. Alors, quelle est la bonne politique ?
Modernisation de la vie publique : les propositions de la Fondation iFRAPFondation iFRAP
la suppression de la réserve parlementaire ;
l’interdiction des emplois familiaux ;
le non-cumul des mandats – que nous proposons toutefois d’étendre aux mandats de même nature et non plus
seulement identiques ;
la mise en place d’un registre des déports – en attirant cependant l’attention sur les cas de conflits d’intérêts
public-public ;
l’encadrement des activités parallèles de conseil.
Nous proposons d’aller plus loin avec :
une réduction du nombre de parlementaires : une des propositions phare de modernisation des institutions du candidat Macron, pour l’heure « oubliée ». Il s’agit selon nous de faire passer le nombre de députés de 577 à 350 et le nombre de sénateurs de 348 à 150. Cette mesure permettrait 256 millions d’euros d’économies ;
les fonds ainsi dégagés seraient utilisés à la revalorisation du traitement des parlementaires liée au renforcement de leurs attributions (pouvoirs d’évaluation et de contrôle) ;
un renforcement des sanctions pour les absentéistes ;
la transparence totale des indemnités (pour les parlementaires et les élus locaux) et la centralisation de la gestion des crédits collaborateurs ;
un renforcement du contrôle éthique au Parlement ;
le perfectionnement du registre des représentants d’intérêts.
Le quinquennat à venir porte la lourde responsabilité de mener les réformes nécessaires au pays. Il faut non seulement un exécutif efficace, mais aussi – et c’est essentiel – un pouvoir législatif rénové, qui inspire confiance aux Français et se montre exemplaire en toutes circonstances.
La même semaine, le Conseil d’orientation des retraites (COR) et la Cour des comptes ont livré deux visions radicalement différentes de l’avenir des retraites. Le COR explique que la dernière réforme des retraites a redressé la trajectoire des retraites dans leur ensemble, tandis que la Cour des comptes indique qu’il y a urgence à sauver les retraites complémentaires du privé, sans traiter des retraites du public pourtant déjà sous perfusion. Cette cacophonie tient à la complexité de notre système de retraite, qui le rend aujourd’hui impossible à piloter. Mais contrairement aux rapports qui se veulent rassurants et aux indicateurs biaisés, la Fondation iFRAP montre dans cette étude que notre système de retraite, qui représente 293 milliards d’euros de prestations servies, est à bout de souffle. Derrière des déficits cachés, les régimes de retraite vivent d’expédients et au final, notre système ne survit qu’au prix d’une augmentation continue des cotisations et prélèvements qui menace la compétitivité des entreprises et grève les budgets de l’État, des collectivités locales et des hôpitaux. La complexité masque également des coûts de gestion parmi les plus élevés en Europe (entre 1,6 et 2 % alors que la moyenne européenne est à 1,2 % des prestations versées). La complexité masque aussi le problème central de l’équité du système : grâce à cette étude nous montrons qu’en appliquant les règles de cotisation et de liquidation du privé à la fonction publique, c’est jusqu’à 4 milliards d’euros d’économies potentielles annuellement qu’il serait possible de réaliser. La complexité pose enfin la question du financement des éléments de solidarité de notre système de retraite, qui compte tenu de leurs coûts – 20 % du total des prestations versées – doivent être remis à plat.
La seconde aire urbaine française est souvent citée comme modèle dans sa gestion et dans son développement
économique. Lyon a en effet connu un véritable boom ces dix dernières années sous l’impulsion de Gérard
Collomb : aménagement des berges du Rhône, quartier Confluence… Les Lyonnais peuvent être satisfaits
d’habiter dans une ville dynamique. Pour autant ce développement est loin de se faire sans dommage pour le
contribuable. Entre le budget astronomique du Musée des Confluences, l’augmentation de la rémunération des
élus ou encore le statut des fonctionnaires territoriaux, plusieurs aspects peuvent venir entacher une copie
plutôt bonne.
La Fondation iFRAP dresse donc le bilan de la métropole lyonnaise. Si l’initiative prise par Gérard Collomb
participe des changements voulus par le gouvernement pour une meilleure organisation territoriale, elle pose
des questions sur la gouvernance, sur la redéfinition des rôles avec la région et avec les territoires limitrophes
à la métropole. Elle implique aussi une maîtrise claire des moyens de fonctionnement et notamment de la
question du personnel pour que cette nouvelle étape ne se transforme pas en hausse des dépenses pour le
contribuable. En cela l’expérience lyonnaise peut servir de guide de bonnes pratiques pour les futures
métropoles.
❚❚ Des impôts locaux inférieurs aux autres grandes villes de province…
mais en hausse de 5 % pour l’année 2015.
❚❚Des dépenses sociales en hausse et des doublons entre maisons du
Rhône et CCAS.
❚❚Une métropole qui tend à simplifier le mille-feuille territorial mais dont la
politique reste encore vague.
❚❚Un territoire économiquement attractif et dynamique.
La trajectoire 2017-2027 des finances publiques pour la croissanceFondation iFRAP
Les objectifs à atteindre ? Diminuer la part des dépenses publiques dans la richesse nationale, réduire le déficit et la dette par rapport au PIB, baisser les impôts et le taux de pré- lèvements obligatoires. Non pas pour faire plaisir à la Commission européenne mais pour relancer la création d’emplois marchands et renouer avec une croissance au-dessus de 2 % par an, ce dont nous sommes loin depuis 2012. Pour cela, il faut une stratégie. Chaque projet de réforme devra être accompagné d’un chiffrage et d’un calendrier précis. L'erreur faite en 2012 a été de lancer des augmentations d’impôts tous azimuts pour redresser les comptes publics sans avoir calculé ce que cela créerait comme mauvais chocs sur notre économie. Si le gouvernement a compris que le matraquage fiscal décidé était allé trop loin, le virage a été trop tardif pour en voir les fruits avant la fin du quinquennat. Si le prochain gouvernement ne veut pas travailler pour le suivant, il devra mettre à profit tout le temps imparti dès les premiers jours. La Fondation iFRAP propose dans cette étude une modélisation de la trajectoire des finances publiques pour 2017-2027 pour retrouver le plein-emploi et la croissance. Cette trajectoire consiste en : ❙ des économies de dépenses (100 milliards d’euros de baisse, dont 23 milliards de cessions d’immobilier de l’État ou des collectivités) concentrées sur la période 2017-2022 sauf pour ce qui concerne les retraites où les réformes durent jusqu’en 2027 ; ❙des baisses de prélèvements obligatoires (environ 90 milliards d’euros) étalées jusqu’en 2024 ; ❙des cessions d’actifs venant augmenter exceptionnellement les recettes publiques (20 milliards d’euros d’ici 2024) pour accélérer le désendettement et atteindre moins de 80 % de dette par rapport au PIB dès 2026. Nous proposons de fixer un maximum de 50 % de dépenses publiques par rapport au PIB en 2022. Dès les cinq premières années, la baisse des prélèvements obligatoires donnera la priorité à la baisse de la fiscalité sur le capital et à la diminution de la fiscalité sur les entreprises. Le plan de redressement modélisé par la Fondation iFRAP offre un motif d’espoir. Si nos pré- conisations sont appliquées, le PIB marchand de la France devrait remonter fortement d’ici à 2022 et atteindre, cette année-là, 1 723 milliards d’euros. C’est fondamental car la création de valeur ajoutée marchande permet la création d’emplois marchands : 739 000 d’ici 2022. Nous ne sommes pas condamnés au marasme
Intérieur, Renseignement, Défense, Justice : La nécessaire remise à niveauFondation iFRAP
Malheureusement, il apparaît que l’État ne se donne plus les moyens de telles ambitions dans le domaine, et ce depuis plusieurs années déjà. Les dépenses régaliennes dans le périmètre retenu dans cette étude, à savoir l’Intérieur, le Renseignement, la Défense, la Justice3 n’ont cessé de diminuer depuis des décennies. Si elles représentaient 6,5 % de la richesse nationale en 1965, elles avaient chuté à 4,5 % au début des années 1990 avant de tomber à à peine 2,8 % du PIB en 2015. Cette diminution est symptomatique et liée au fait que, sous le poids accru des transferts sociaux, l’État-providence a progressivement relégué l’État régalien au second plan. Dans une perspective internationale, la comparaison des dépenses régaliennes avec nos voisins européens met également en évidence notre retard. Comparable à la France par son poids économique, sa population mais aussi les menaces qui pèsent sur lui, le Royaume-Uni a consacré 2,2 % de son PIB à la Défense en 2014 là où la France dépensait 1,7 % et 2 % aux missions de sécurité et d'ordre public là où la France n'investissait que 1,6 % de son PIB.
Dans cette étude, la Fondation iFRAP dresse un panorama de l'État régalien en passant au crible les moyens mis à sa disposition et les effets des réformes de ces dernières années. Pour chacun des trois ministères régaliens nous formulerons des recommandations pour renforcer l'efficacité de ces missions essentielles dans le contexte exigeant qui est le nôtre aujourd'hui.
Ces recommandations demandent un effort budgétaire important de l'ordre de 2,1 milliards d'euros de dépenses supplémentaires annuelles entre 2018 et 2022, qui se concentre dans des investissements supplémentaires en matière pénitentiaire (500 millions d'euros), seule façon de parvenir à un objectif d'encellulement individuel en 2025 et dans la Défense (accélération du renouvellement des matériels en cours) pour 1,6 milliard d'euros. Cet effort s'accompagnera également d'embauches d'environ 15 000 agents dans les ministères régaliens (Justice, Défense, Police/Gendarmerie) d'ici 2022. Et pourra en partie s'appuyer sur des ressources tirées d'une réorganisation des personnels et des conditions de travail, de la mutualisation ou de l'externalisation de fonctions support, de la rationalisation/redéfinition de certaines missions des forces de sécurité
Fonction publique : Statut, primes, évaluation, temps de travailFondation iFRAP
Réformera ou réformera pas ? S’agissant de la fonction publique, beaucoup a été dit, peu a été fait. Le nombre d’agents et le coût pour les finances publiques augmentent invariablement quel que soit le Gouvernement au pouvoir. Nous comptions 5,2 millions d’agents dans les trois fonctions publiques (État, collectivités locales, hôpitaux publics) en 2008 et 5,4 en 2014.
Avec 278 milliards d’euros de dépenses en 2014, la masse salariale des personnels publics de la France représente toujours 13 % de notre richesse nationale quand les Allemands sont à 7,7 % et les Britanniques, à 9,5 %. On constate que tous les pays, y compris les plus connus pour leur État-providence, sont passés à des embauches de leurs personnels publics non plus sous statut, mais sous contrat et donc sans emploi « à vie ». La Suède compte plus de 99 % d’agents contractuels, le Royaume-Uni, 90 %, l’Allemagne, 60 %, quand la France en compte à peine 17 %.
Dans la perspective de 2017, les objectifs doivent être les suivants :
Réduire de 440 000 le nombre de postes d’ici 2022 dans les trois fonctions publiques (sauf dans le régalien où nous prévoyons d’embaucher 15 000 agents) ;
Ramener à 11 % le poids des rémunérations des agents publics dans le PIB, soit 15 milliards d’euros d’économies d’ici 2022.
Pour cela, la Fondation iFRAP formule 15 propositions parmi lesquelles :
Geler les embauches pendant cinq ans ;
Embaucher sous contrat de droit privé les nouveaux entrants dans la fonction publique et permettre à ceux qui veulent passer du statut au contrat de le faire ;
Favoriser les départs volontaires et créer une bourse locale de l’emploi public ;
Mettre fin au principe d’unicité de la fonction publique en matière de points d’indice et introduire une part de rémunération au mérite ;
Réduire le pouvoir devenu trop important des commissions paritaires ;
Remonter le temps de travail des agents à 1 750 heures annuelles contre 1 607 heures théoriques actuellement.
Le résultat n’est pourtant pas à la hauteur de cet effort. Dans les zones tendues, où la crise du logement se concentre, la puissance publique est incapable de trancher entre loger les plus pauvres et « faire de la mixité sociale ». D’où un paradoxe stupéfiant. En zone urbaine, les locataires les plus pauvres (premier décile de revenus) sont majoritairement logés dans le parc privé tandis que 25 % des occupants de logements sociaux appartiennent aux cinq derniers déciles de revenus.
Dès lors, la construction de logements sociaux est une fuite en avant : il en faut toujours plus. Entre 1985 et 2011, on observe une augmentation de 53 % du parc social. Sur la même période, les bailleurs privés ont été peu à peu dégoûtés à cause d’une fiscalité exorbitante passée de 37 milliards d’euros en 2000 à 63 milliards en 2013. Avec la loi SRU renforcée en 2013 et aujourd’hui le projet de loi « égalité et citoyenneté », c’est une nouvelle étape qui est franchie dans la bureaucratisation du logement. On a trop longtemps stérilisé l’épargne des Français en canalisant subventions et prêts sur fonds du livret A. Simplification des structures, simplification des financements, baisse des coûts de gestion, il est temps de poser la question de la réforme du logement social.
La politique publique du logement coûte 2,3 % du PIB, un chiffre deux fois supérieur à la moyenne européenne ;
500 organismes de logement social gère un parc de 4,7 millions de logements. En Île-de-France ils sont 143 organismes ;
Les aides publiques en direction des bailleurs sociaux représentent 9 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent 7 milliards d’aides personnelles que perçoivent directement les bailleurs sociaux ;
Les HLM présentent une trésorerie égale à sept mois de loyers, soit 10 milliards d’euros, ou l’équivalent de 20 années d’aides à la pierre ;
Les aides personnelles au logement sont avant tout des aides sociales : leur montant (17 milliards d’euros) est supérieur aux allocations familiales (12,5 Mds) ou encore au RSA socle (7,8 Mds).
Aujourd’hui, en France, il n’est pas toujours plus intéressant de travailler que de cumuler des aides sociales, surtout pour les petits revenus. Cette situation n’est pas nouvelle mais, enfin, les Français manifestent leur ras-le-bol face aux fraudeurs, aux aides pour tout et n’importe quoi, à la lourdeur de l’administration et au coût dangereusement tangent de notre protection sociale. Désormais, tous les états-majors des candidats à l’élection présidentielle de 2017 planchent sur l’idée d’une allocation sociale unique. Notre proposition, chiffrée et ficelée, est désormais sur la table.
Les boîtes noires de la formation professionnelleFondation iFRAP
Tout juste réformés en 2015, notre système de formation professionnelle et son financement restent incompréhensibles pour nombre d’acteurs et d’observateurs. La dernière réforme n’aura rien modifié sur le fond et s’est encore moins attaquée au tabou de la répartition des milliards de la formation professionnelle versés par les entreprises aux organismes collecteurs qui sont devenus, au fil des années, les véritables pilotes de cette politique publique. Aujourd’hui, on compte plus de 100 organismes collecteurs publics et privés en train de se constituer des réserves financières grâce aux contributions versées par plus de 3 millions d’entreprises, travailleurs indépendants et plus de 36 000 employeurs publics, qui doivent ensuite s’y retrouver entre les plus de 62 600 organismes de formations reconnus
ETI, les contraintes fiscales et sociales qui les détournent de la FranceFondation iFRAP
Le secteur industriel de la France est avec 12,6 % du PIB le plus faible de l’Europe à 14. Certes, tous les pays en question ont subi une désindustrialisation marquée entre 2000 et 2010, mais la France est dans le peloton de tête, avec - 5,1 %.1 Les trois pays, qui vont faire l’objet du « benchmark » auquel nous allons nous livrer à partir de l’examen de deux groupes industriels français, font nettement mieux : pour l’Allemagne avec 23,7 %, ce n’est pas une surprise, mais ça l’est plus pour le Royaume-Uni avec 15,7 et 16,6 % pour la Belgique.
Libérer le droit du travail : temps de travail, représentation syndicale, fle...Fondation iFRAP
La France est championne d’Europe de l’impôt. Elle caracole à plus de 45% de taux de prélèvements obligatoires, quand le Royaume-Uni est à 36% et l’Allemagne à 38%. Avec 360 taxes et impôts, la France est médaille d’or de la complexité fiscale et du mille-feuille de taxes. Pourtant, quand il s’agit de savoir ce qu’il faut réformer dans notre système d’imposition, il n’y a plus personne. Le débat se partage entre ceux qui assurent qu’on ne peut pas baisser la fiscalité car on est déjà en déficit et ceux qui veulent carrément une révolution fiscale.
La réalité française sur la fiscalité ?
Nous n’avons plus aucune marge de manœuvre. Il va donc falloir baisser les prélèvements partout. La raison est simple : sur les entreprises et sur les ménages, nous sommes allés trop loin. Le premier élément qui saute aux yeux : nos entreprises tricolores paient en points de PIB beaucoup plus que les entreprises allemandes ou britanniques, plus de 18 points de PIB de fiscalité, quand les Britanniques sont à 8,6% et les Allemands à 10,2%. Les chiffres sont éloquents : l’écart de fiscalité pesant sur les entreprises que nous avons avec l’Allemagne est de 160 milliards, avec le Royaume-Uni, de 200 milliards. Rien que ça.
Alors que tout le monde s’interroge sur
les surcoûts inévitables liés aux fusions et
à la nouvelle répartition des compétences,
la Fondation iFRAP montre qu’il n’y a
pas de fatalité et que de réelles marges de
manoeuvre existent. Grâce à cette étude, on
constate qu’il est possible d’économiser :
▪ 2,99 milliards d’euros sur les dépenses de
fonctionnement ;
▪ 4,08 milliards d’euros sur les dépenses
d’investissement ;
▪ 2 237 ETP sur 80 000 agents en réduisant le
niveau de l’absentéisme (voir page 24).
La question du futur rôle des départements est doublement sous les feux de l’actualité : d’une part, avec les élections des conseils départementaux des 22 et 29 mars prochains ; d’autre part avec la loi NOTRe (nouvelle organisation territoriale de la République) en cours de discussion au Parlement. Cette loi sera la 3e étape de la réforme territoriale après la loi sur les métropoles, et celle sur la fusion des régions. Elle doit s’attaquer au sujet brûlant du partage des compétences entre les différents échelons territoriaux.
Si le gouvernement avait proposé initialement la suppression du département, la question n’a pas fait long feu. Les élus départementaux ont résisté et une nouvelle répartition des compétences semble se dessiner, résumée ainsi par le secrétaire d’État à la Réforme territoriale, André Vallini : "Aux régions, l'économie ; aux départements, la solidarité ; au bloc communal, les services publics de proximité."
En effet plus des deux tiers des dépenses de fonctionnement des départements sont des dépenses sociales. C’est la raison pour laquelle la Fondation iFRAP a, depuis son étude d’avril 2014, « Réorganiser la France », considéré que l’avenir des départements est dans la fusion avec le réseau des CAF pour devenir des agences de protection sociale.
La suppression de l’échelon départemental et une décision de moyen terme pas encore vraiment actée. En attendant, il est nécessaire de conditionner le versement des dotations au respect d’indicateurs financiers et sociaux de bonne gestion. En effet, en conservant la même organisation territoriale, on pourrait déjà économiser 3 milliards d’euros en s’alignant sur les meilleurs gestionnaires. Car on constate des différences parfois très importantes entre départements pour les dépenses totales, les charges de personnel, les effectifs ou encore l’absentéisme. La Fondation iFRAP passe au crible la gestion des départements.
Finances publiques : Le plan AAA pour sauver la FranceFondation iFRAP
Car ce n'est malheureusement pas le gel des dépenses de l'État et des dotations aux collectivités annoncé qui résoudra l'équation. Sur le long terme, il faudra aller beaucoup plus loin en s'inspirant de l'exemple britannique pour plafonner les aides sociales, de l'exemple allemand pour réduire le nombre d'agents publics, de l'exemple italien pour fusionner les communes et réduire le nombre d'élus, de l'exemple britannique encore pour baisser les salaires des hauts fonctionnaires. En clair : un vrai plan de rigueur.
Tout le monde est d'accord sur le constat mais personne ne va plus loin. Où couper, que faire ? Ces questions semblent sans réponse. Ce dossier vise à montrer que, sur le court terme, on peut mettre au point un vrai plan d'économies pour garder notre AAA sans pour autant casser la croissance. Cela demande de jouer en partie sur les dépenses sociales (prestations sociales, assurance-maladie, retraites), les dépenses des collectivités locales, celles de l'État, mais aussi de vendre des participations de l'État dans les entreprises. En faisant cela sur les trois volets (État, collectivités et Sécurité sociale), on peut aisément économiser 8,8 milliards d'euros par an sur les dépenses et obtenir 1,8 milliard de recettes fiscales nouvelles. Et la France peut aussi réaliser 20 milliards d'euros deux ans de suite grâce à la cession de ses participations. C'est ce que nous détaillons dans ce dossier. Voilà pour le court terme. Pour le long terme, il faut, pour que notre pays renoue avec la croissance, relancer la création d'entreprises et d'emplois, remettre l'entreprise au cœur de notre système et consolider le contrôle de l'efficience de nos dépenses publiques par la Cour des comptes et le Parlement, pour qu'enfin nos parlementaires puissent faire de vraies propositions d'économies.
Le ministère de la Défense est le ministère qui s’est le plus réformé et réorganisé ces dernières décennies, sous la pression des coupes budgétaires successives. Avec les conséquences que l’on sait : même si notre armée reste théoriquement capable de mener n’importe quel type de mission, les nombreuses baisses d’effectifs dans les forces de combat et surtout dans les fonctions de soutien, mettent clairement en danger notre capacité à gagner les guerres présentes et à venir.
Alors que les menaces et risques s’accroissent, diminuer sans cesse notre effort nous rendrait incapables de conserver à terme un outil militaire capable d’engagements de haute intensité. Même si les attentats récents ont brutalement remis en lumière ces questions dans nos sociétés occidentales, inverser la tendance sur le long terme nécessitera d’y investir un capital politique très conséquent. Il est temps de modifier profondément les équilibres. La question se pose alors : quelle est la trajectoire budgétaire envisageable pour atteindre l’objectif de 2% du PIB en dépenses annuelles de Défense ? Il existe deux trajectoires possibles, l’une pour atteindre cet objectif dès 2022, l’autre en 2025.
C’est en faveur de la première que nous nous positionnons. Concrètement, nous proposons une impulsion budgétaire importante une fois les élections présidentielles achevées : il s’agirait de réaliser et de voter une nouvelle loi de programmation militaire 2018-2023 à l’automne 2017, comprenant quelque 240 milliards d’euros (constants 2017) sur sa période d’exécution. Cela représenterait quelque 50 milliards d’euros supplémentaires par rapport à la loi de programmation militaire initiale 2014-2019. Notons que le critère des 2% n’est pas suffisant, particulièrement à cause de notre dissuasion nucléaire. À terme, c’est certainement les 3% du PIB qu’il faut viser comme seuil des dépenses militaires, soit quelque 65 milliards d’euros par an. Mais les 2% sont déjà une étape indispensable.
Objectifs généraux de la prochaine LPM :
Atteindre un budget de Défense annuel correspondant à 2% du PIB en 2022 et adopter ce chiffre comme plancher absolu ;
Adapter notre outil militaire aux engagements actuels et futurs, notamment en poursuivant l’augmentation des forces de combat et le soutien qui y sont associés ;
Résorber les déficits capacitaires en totalité sans aucunement délaisser les investissements concernant la préparation de l’avenir et les équipements de générations suivantes, y compris les équipements liés à la dissuasion nucléaire.
Note du Conseil d'Analyse Économique sur la baisse des dépenses publiquesSociété Tripalio
Note du mois de juillet 2017 proposant entre autres une baisse des dépenses de logement, une autre gouvernance de l'assurance maladie et une réforme de la formation professionnelle
Rapport de la Banque de France sur l'épargne réglementée 2019Société Tripalio
Un document qui fait le point sur les près de 800 milliards € placés sur des livrets d'épargne réglementés. Ce rapport met en évidence le coût de certains livrets.
Comment mesurer les économies sur les dépenses publiques ?France Stratégie
Cette note présente les difficultés posées par la mesure objective des économies de dépenses publiques. Elle présente sur cette base un chiffrage des économies nécessaires pour atteindre les objectifs que le pays s’est donné dans ce domaine.
En savoir plus :
https://www.strategie.gouv.fr/publications/mesurer-economies-depenses-publiques
Similaire à Protection sociale : Faire baisser les 42 milliards de coûts de gestion (20)
Mandats politiques : Passer de 645 000 à 114 000 élusFondation iFRAP
Dans le cadre des élections présidentielles, les candidats commencent à parler d’une baisse du nombre de parlementaires. La réduction du nombre de députés à environ 350 et du nombre de sénateurs autour de 150 est devenue une évidence. Mais la France ne doit pas être en reste et le prochain quinquennat sera l’occasion d’entamer avec courage la baisse du nombre de strates et du nombre de mandats locaux.
À commencer par les communes ! Il faudra réduire le nombre de conseillers dans les grandes villes mais aussi fusionner les communes de moins de 5 000 habitants avec, d’ici à 2020, 10 000 supercommunes de 5 000 habitants au lieu des 36 000 communes que l’on compte actuellement. Cette refonte de la carte communale s’accompagnerait d’une suppression de l’échelon intercommunal. Cela permettrait aussi de renforcer l’indemnisation des conseillers municipaux pour ne plus les inciter à multiplier les mandats. La France se singularise encore par une pratique quasi généralisée du cumul des mandats. 80 % des parlementaires français cumulent leur mandat avec une fonction exécutive locale, contre 24 % en Allemagne et 3 % au Royaume-Uni. Il sera nécessaire également de réduire le très grand nombre de conseillers régionaux aujourd’hui au nombre de 1 880. Le bon objectif serait d’arriver à environ 660 conseillers régionaux, soit une cinquantaine par région. Avec de telles réformes, le nombre d’élus baisserait substantiellement de 645 124 à 114 000 élus et ramènerait la France dans un taux de représentation équivalent à celui de l’Allemagne ou des États-Unis, soit environ un élu pour 600 habitants.
Les propositions de la Fondation iFRAP ;
1 élu pour 100 habitants en France contre 1 élu pour 500 en Allemagne et 1 pour 600 aux États-Unis ;
La France compte 645 124 élus, objectif : réduire à 114 000 d’ici 2022, soit un élu pour 600 habitants ;
Pour y parvenir, supprimer les strates intercommunales et départementales ;
Réduire le nombre de maires et de conseillers municipaux mais mieux les indemniser en regroupant les communes de façon à atteindre 5 000 habitants minimum ;
Réduire le nombre de parlementaires à 350 députés et 150 sénateurs ;
Enfin, pour permettre le renouvellement de la vie politique, il faut introduire une limitation des mandats dans le temps (deux ou trois consécutifs) et au même titre l’obligation de démission de la fonction publique dans le cadre d’un engagement politique d’un agent public.
Refonder la croissance énergétique sans oublier la croissance ! Fondation iFRAP
Réduire les émissions de CO2 de 40 % en 2030 et 75 % en 2050, par rapport à 1990 ;
Réduire la consommation finale d’énergie de 20 % en 2030, 50 % en 2050 ;
Porter la part des énergies renouvelables à 23 % en 2020, 32 % en 2030 ;
Réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 33 % d’ici 2025.
Un plan qui n’aurait pas dû négliger deux objectifs essentiels :
Minimiser les prix de l’énergie pour les consommateurs ;
Maximiser l’indépendance énergétique de la France.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES, principalement le CO2) est un objectif clair, mais les méthodes imposées pour y parvenir soulèvent de sérieux doutes. La faisabilité de la baisse de la consommation d’énergie est peu crédible. Elle n’est pas effective malgré dix ans de crise économique, d’investissements dans les économies
d’énergie et de campagnes massives de communication. De son côté, le coût brut des nouvelles énergies renouvelables, de deux à huit fois supérieur au niveau du marché de gros en ce qui concerne l’électricité, est insupportable pour les ménages et les entreprises. Quant à la baisse d’un tiers de la part du nucléaire d’ici 2025, elle est contradictoire avec l’objectif CO2 et irréaliste.
La consommation française d’énergie est modérée par rapport aux autres pays industrialisés, et ses émissions de gaz à effet de serre sont très faibles. Avec 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, notre pays ne peut pas sacrifier seul son économie.
Libérer nos écoles, nos collèges et nos lycéesFondation iFRAP
En juillet dernier, une hausse du budget éducation de 2 milliards d’euros a été annoncée pour 2017. Une annonce qui résume bien la politique éducative des derniers gouvernements successifs : le saupoudrage de chèques, c’est la seule solution quand on ne veut pas lancer les réformes nécessaires et qu’on craint des grèves d’enseignants particulièrement médiatisées. Et pourtant, plus personne n’est satisfait : ni élèves, ni enseignants, ni parents d’élèves. Tous se plaignent des classes surchargées. Et pourtant, 855 028 enseignants, cela revient à compter 15,3 élèves par enseignant. Tous se plaignent du manque de moyens. Et pourtant, en comparant la dépense d’éducation des enseignements public et privé, on constate que ce dernier produit le même résultat pour 34,5 milliards d’euros de moins. La vérité, c’est que la France a fait le choix d’une fausse décentralisation. On a multiplié les strates, les niveaux de décision avec l’État qui emploie les enseignants aux travers de ses 30 académies (et 17 nouvelles régions académiques !) et 97 directions académiques. Les communes ont en charge uniquement les bâtiments des écoles et leurs effectifs techniques, les départements pour leur part, les bâtiments des collèges et les transports d’élèves handicapés, les régions supervisent les bâtiments des lycées et les effectifs techniques, une partie de la formation en alternance, des lycées professionnels et des transports scolaires… Une organisation unique en son genre et que personne ne nous envie. La réforme de notre système éducatif est une question capitale à laquelle les gouvernements n’ont pas voulu s’atteler. Plus inquiétant, pour l’instant on entend trop peu les candidats à la présidence de la République proposer vraiment des réformes structurelles.
Pourtant, si nous voulons un système éducatif dont les résultats ne s’enfoncent plus année après année, les maîtres mots doivent être :
La décentralisation du pilotage de l’Éducation au niveau des régions et des communes ;
La responsabilisation des chefs d’établissement qui doivent devenir les vrais managers des équipes ;
L’autonomisation grandissante des établissements sur la gestion RH et la gestion du budget ;
La délégation de gestion des établissements publics doit être possible quand les décideurs locaux le souhaitent ;
La suppression du « plafond de verre » des accords Lang-Couplet (1993) qui fixent les moyens du privé sous contrat à 20 % du budget global de l’action éducatrice de l’État ;
L’innovation en encourageant la créativité pédagogique des enseignants et en facilitant la création d’écoles hors contrat.
Le paritarisme français est à bout de souffle. C’est un système éclaté, comptant des dizaines de milliers
de mandats paritaires, sujet aux financements opaques. Dans ce paritarisme, les partenaires sociaux n’ont
pas joué le rôle qui aurait dû être le leur. Ils n’ont jamais proposé des pistes d’amélioration sérieuses
du système, ni de réformes crédibles. Aucun d’eux n’a jamais remis en cause un fonctionnement et une
gouvernance en panne depuis des années. Pourquoi ? Parce qu’au lieu de faire vivre le paritarisme, les
organisations syndicales ont préféré en vivre en assurant la gestion courante du système.
Les centaines d’heures de négociations paritaires, largement médiatisées, n’aboutissent qu’à des mesures
paramétriques là où elles devraient donner lieu, entre autres, à une refonte globale de la gouvernance paritaire.
Les dizaines de milliers de mandats paritaires et la mauvaise gestion qui va avec sont la source d’un
surcoût considérable de la protection sociale française, et de la perte de confiance des Français dans
les organisations syndicales.
Le paritarisme de gestion en particulier a perdu sa légitimité et doit disparaître au profit d’un paritarisme
de négociation. C’est pourquoi la Fondation iFRAP émet les propositions suivantes :
❙ instaurer un chèque syndical en lieu et place de l’ensemble des financements actuels du paritarisme
pour que les syndicats ne vivent plus que des cotisations de leurs adhérents ;
❙ rendre obligatoire la présentation d’un budget pour les organisations syndicales afin de faire apparaître
clairement les subventions et aides publiques de toute nature ;
❙ supprimer le paritarisme de gestion pour passer à un paritarisme de négociation ;
❙ mettre les caisses d’Assurance maladie en concurrence ;
❙ prévoir un retour complet de la branche famille dans le giron exclusif de l’État* ;
❙ adopter un régime universel de retraite et supprimer l’ensemble des régimes spéciaux ;
❙ régionaliser Pôle emploi et mettre en place une assurance chômage unique ;
❙ externaliser au secteur privé l’accompagnement des demandeurs d’emploi ;
❙ confier aux seules entreprises et branches professionnelles la formation des salariés du privé.
Le regard de Paul Hernu sur la gestion décentralisée des collectivités territ...Fondation iFRAP
Paul Hernu, Conseil maître honoraire à la Cour des comptes, et auteur d’un ouvrage récent sur les
finances publiques : Finances publiques, une gestion de crise, les outils pour y faire face (éd. du
Papyrus, 2015).
Les collectivités territoriales françaises ont longtemps été soumises à l’empire d’un
Etat unitaire centralisé. Si la loi municipale du 5 avril 1884 disposait que : «Le conseil
municipal règle, par ses délibérations, les affaires de la commune », les communes
demeuraient sous la tutelle administrative et financière de l’Etat et il a fallu attendre la loi du
2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions
pour reconnaître aux départements et aux régions la même compétence générale que celle
reconnue aux communes pour régler les affaires sur leur territoire respectif et, d’une manière
générale, pour supprimer la tutelle administrative et financière de l’Etat sur toutes les
catégories de collectivités territoriales.
Ainsi était né, à travers une quarantaine de lois et quelque trois cents décrets, ce qu’il
est devenu coutumier d’appeler l’Acte I de la décentralisation, nouveau régime de
décentralisation administrative à la française formant le socle des développements qui lui ont
été donnés par la suite.
Les réformes successives du cadre juridique et financier de la gestion décentralisée
des collectivités locales ont sans cesse accru leur autonomie de gestion, mais le plein exercice
de cette autonomie continue à buter sur des obstacles ou des freins qui entretiennent
l’incompréhension, voire certaines formes de conflits, dans les relations avec l’Etat.
Revue de dépense exonérations et exemptions de charges sociales spécifiquesFondation iFRAP
Revue de dépense exonérations et exemptions de charges sociales spécifiques - Inspection générale des finances - Inspection générale des affaires sociales / juin 2015
Revue des dépenses des écoles publiques d’ingénieursFondation iFRAP
La revue des dépenses des écoles publiques d’ingénieurs porte sur 59 écoles publiques dotées de
l’autonomie juridique et budgétaire qui accueillent environ 90 000 étudiants, soit près de la moitié
de l’effectif étudiant des écoles d’ingénieurs françaises. L’enjeu budgétaire que représentent ces
écoles est relativement modeste : 1,4Md€ pour l’Etat, soit 0,3 % des dépenses. Il est néanmoins
constant face à la progression structurelle du nombre d’étudiants (1% par an) et à la mondialisation
de l’enseignement supérieur qui impose des investissements de modernisation, des regroupements
de sites, une pression à la hausse sur la rémunération des enseignants et des chercheurs.
Les écoles d’ingénieurs françaises ont globalement une réputation d’excellence fondée sur la rigueur
des sélections à l’entrée, la qualité des enseignements et de l’ensemble des prestations offertes aux
étudiants, le niveau de la recherche, la densité des liens noués avec les entreprises. Cette réputation
d’excellence peine parfois à franchir les frontières de l’hexagone car ces écoles restent petites et
spécialisés (1524 étudiants par école en moyenne), ce qui les pénalise fortement dans les
classements mondiaux.
Dans leur diversité les écoles d’ingénieurs françaises peuvent être regroupées en deux grandes
catégories : celles qui sont aux avants postes de la compétition internationale, et celles qui, tout en
ayant une politique d’ouverture internationale, ont une vocation principalement territoriale liée à un
écosystème industriel local. Cette tension entre deux impératifs – international et territorial –
explique, sans nécessairement les justifier totalement, les difficultés des regroupements de sites ou
d’écoles. Le rapport présente dans ce domaine des pistes de travail plutôt que des propositions,
chaque situation particulière nécessitant une analyse approfondie.
Revue des dépenses des écoles publiques d’ingénieurs
Protection sociale : Faire baisser les 42 milliards de coûts de gestion
1. L E M E N S U E L D E L A F O N D AT I O N i F R A P
E n q u ê t e r p o u r r é f o r m e r N ° 183
S O C I É T É C I V I L E
Octobre2017-8 €
Faire baisser
les 42 milliards
de coûts de gestion
PROTECTION SOCIALE
2. 9
Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
ÉTUDE RÉALISÉE PAR JULES CRÉPIN ET SANDRINE GORRERI ▪▪▪
PROTECTIONSOCIALE :
faire baisser les 42 milliards
de coûts de gestion
EnFrance,lesdépensesdeprotectionsocialeatteignent746,6 milliardsd’eurosen2015.AutitredesseulscoûtsdegestionlaFrance
sesitueà4,31 %desdépensesdeprestationsselonEurostatlàoùl’Unioneuropéenneestà3 %etlazoneeuroà15paysà3,51 %,soit
de5à9 milliardsd’eurosdecoûtssupplémentairesparrapportànospartenaireseuropéens.Etencore,cesdépensesnetiennentpas
comptedesfraisfinanciers,nidesfraisdegestionliésauversementdesprestationssocialesfinancéesparl’Étatetlescollectivités
locales,fraisconventionnellementestimésà…0.Lescoûtsdegestionréelsrestentdonclargementsous-évalués.
La Fondation iFRAP est parvenue à l’évaluation suivante : les coûts de gestion réels de la protection sociale représentent au
moins 42 milliards d’euros. Un montant substantiel qui laisse envisager d’importantes pistes d’économies, insuffisamment
exploitées, alors qu’elles sont souvent relayées dans des rapports parlementaires, rapports d’inspection ou de la Cour des
comptes. Par exemple, notre enquête sur l’absentéisme dans les CPAM montre un nombre de jours d’absences très élevé, en
moyenne de 36,8 jours par agent.
Ces chantiers, auxquels aucun gouvernement n’a pour l’heure osé s’attaquer, ont déjà été lancés chez nos voisins anglais,
allemandsounéerlandais,lesquelsontsuréformerleursystèmedeprotectionsocialeafind’enaméliorerl’efficience.Aujourd’hui,
la maîtrise des frais de gestion est indissociable d’une réforme en profondeur de notre modèle social.
EmmanuelMacronavaitdurantsacampagnedéclarévouloircréerunversementsocialuniqueetautomatiqueenmatièred’aides
sociales pour lutter contre le non-recours. Il s’est aussi déclaré pour un régime universel de retraites pour en finir avec la
complexité du système. La Fondation iFRAP estime qu’il est possible à l’horizon du quinquennat d’envisager au moins 5 milliards
d’euros d’économies annuelles sur la gestion de notre système social.
Les coûts de gestion de la protection sociale représentent 42 milliards d’euros dont 6,9 milliards de frais financiers et au moins
4,1 milliards pour les frais liés aux prestations de l’État et des collectivités locales.
Il est possible d’économiser de 5 à 9,5 milliards d’euros sur les coûts de gestion à l'horizon 2025 une fois que toutes les
réformes d'ampleur de la protection sociale auront été menées, dont :
❙ 2 à 3 milliards d’euros sur les retraites ;
❙ 2,5 milliards d'euros sur les prestations de solidarité logement-pauvreté-famille et 5 milliards à terme avec une réforme
complète de l'allocation sociale unique (ASU) ;
❙ santé : 0 à 1 milliard d'euros ;
❙ emploi : 0,5 milliard d'euros.
3. Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
10
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
42 milliards de frais de gestion : un montant record
❚ 1 « La protec-
tion sociale
en France et
en Europe en
2015 », Drees,
juin 2017.
La France est championne d’Europe des
dépenses de protection sociale : 746 mil-
liards d'euros de dépenses dont 701 milliards
de prestations distribuées en 20151
, contre
621 milliards en 2010. Pour gérer l'ensemble
de ses prestations, la France dépense selon
Eurostat 4,31 % en fonctionnement (4,33 %
en 2014) soit environ 30 milliards d'euros.
Dépenses de fonctionnement de la protection sociale en Europe
En % du total des prestations
Ensembledesadministrations
publiques
Ensembledesadministrations
deSécuritésociale
Régimegénéral
Régimesdebase
denon-salariés
Régimescomplémentaires
Autresrégimesdesalariés
etfonds
Autres*
Administrationscentrale
etlocales
Ensembledesrégimesprivés
Régimed’interventionsociale
desISBLSM
Ensembledessociétés
financièresetnonfinancières**
Régimes des administrations publiques
Administrations de Sécurité sociale
Régimes privés
Ensemble
Total des prestations 701,2 636,6 511 252,9 27,7 86,5 76,6 67,3 125,7 64,6 23,7 40,9
Santé 245 200,2 184,7 100,3 9,8 0,5 8,8 65,2 15,5 44,8 16,2 28,5
Vieillesse-survie 319,7 312,3 250,5 112,6 17,6 86 34,3 - 61,8 7,4 - 7,4
Famille 54,2 49,2 37 35,4 0,2 - 0,3 1,1 12,2 5 4,6 0,4
Emploi 43,6 39 34 - - - 33,1 1 4,9 4,6 - 4,6
Logement 18,1 18,1 4,7 4,5 - - 0,2 0 13,4 - - -
Pauvreté-exclusion sociale 20,7 17,8 0,1 - 0 - 0 0 17,8 2,9 2,9 -
Prestations de protection sociale par risque et par type de régimes en 2015
(en milliards d'euros)
Source : Drees-CPS.
* Autres : régimes
d'intervention sociale
des hôpitaux publics
(urgences, AME) ;
fonds dépendant des
assurances sociales.
** Dont mutuelles
et prévoyance.
Le tableau suivant récapitule les prestations sociales par intervenants et par risque :
Source : Eurostat Note : dépenses hors frais financiers
8
6
4
2
0
Suisse
Irlande
Pays-Bas
France
Allemagne
Danemark
Zoneeuro(12pays)
Zoneeuro(15pays)
Belgique
UE(28pays)
Républiquetchèque
Slovaquie
Finlande
Lituanie
Pologne
Italie
Roumanie
Autriche
Suède
Bulgarie
Norvège
Espagne
Serbie
Croatie
Turquie
Grèce
Slovénie
Portugal
Luxembourg
Lettonie
Hongrie
Estonie
Malte
Chypre
Royaume-Uni
Islande
4. 11
Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
Estimation Fondation iFRAP des coûts de gestion de la protection sociale
En cause, les multiples strates qui se super-
posent :
❙ la Sécurité sociale : régime général, régimes
agricoles et de non-salariés, régimes spéciaux
et régimes employeurs ;
❙ les retraites complémentaires et le régime
d’assurance-chômage ;
❙ les régimes d’intervention sociale des adminis-
trations publiques, financés par l’impôt et qui
couvrent les prestations de solidarité ;
❙ les régimes privés avec les institutions sans but
lucratif au service des ménages (associations) ;
❙ les sociétés financières et non financières
(assurances, mutuelles, prévoyance).
Si l’on considère les seules dépenses des admi-
nistrations centrales et locales (hors Sécurité
sociale2
), elles représentent, en 2015, 125 mil-
liards d’euros de prestations effectuées avec des
frais de gestion estimés… à zéro.
Pour sa part, la Fondation iFRAP les évalue
à 4,1 milliards d’euros (voir Les interventions
sociales de l’État et des collectivités locales – Un
enchevêtrement surprenant des organismes).
Au total, de lourds frais de gestion – que la
Fondation iFRAP chiffre à 42 milliards d’eu-
ros - sont nécessaires pour gérer ce système,
soit près de 6 % du total des prestations 2015
selon la Drees. Une organisation marquée
par la complexité, à tel point que 18,6 % du
personnel de la Sécurité sociale assurent des
missions d’accompagnement et de compré-
hension des processus d’aides3
.
Coûts de gestion courante par risque (en millions d'euros) 2015
Retraite - Charges de gestion courante 5 869
- en pourcentage des prestations (moyenne) 1,84 %
Maladie - Charges de gestion courante* 16 551
- en pourcentage des prestations (moyenne) 6,76 %
Famille - Charges de gestion courante 2 876
- en pourcentage des prestations (moyenne) 5,31 %
Emploi - Charges de gestion courante 4 702
- en pourcentage des prestations (moyenne) 10,79 %
Logement - Charges de gestion courante 600
- en pourcentage des prestations (moyenne) 3,31 %
Pauvreté - exclusion - Charges de gestion courante 3 494
- en pourcentage des prestations (moyenne) 16,88 %
ACOSS - Charges de gestion courante 1 260
Frais financiers 6 900
TOTAL COÛTS DE GESTION PROTECTION SOCIALE 42 254
Prestations 701 210
En pourcentage des prestations 6,03 %
❚ 2 Les adminis-
trations de Sé-
curité sociale
(Asso) qui re-
groupent les hô-
pitaux et l’en-
semble des ré-
gimes de Sécuri-
té sociale - ré-
gime général et
régimes spé-
ciaux (à l’excep-
tion des « ré-
gimes d’em-
ployeur » par
lesquels l’em-
ployeur assure
lui-même ses
salariés contre
les risques so-
ciaux) - ainsi que
les régimes de
retraite complé-
mentaire (Agirc,
Arrco, Ircantec) ;
elles com-
prennent aussi
l’assurance chô-
mage. Enfin, la
Caisse d’amor-
tissement de la
dette sociale
(Cades) et le
Fonds de ré-
serve pour les
retraites (FRR)
appartiennent
également aux
Asso.
❚ 3 Voir l’étude
de la Fondation
iFRAP « Pour
une allocation
sociale unique ».
Hors frais financiers et frais de gestion identifiés pour les prestations versées par l’État et les
collectivités, la France se situe à 1,3 point de plus que la moyenne européenne (UE à 28) et
0,8 point par rapport à la zone euro à 15, soit respectivement entre 5 et 9 milliards de coûts de
gestion supplémentaires. D'autres classifications existent notamment la classification interna-
tionale des fonctions des administrations publiques (Cofog). Cette nomenclature identifie des
dépenses de protection sociale similaires à celles de la Drees (705 milliards d'euros en 2015).
* Y compris régime de la mutualité, d'assurance et de prévoyance.
5. Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
12
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
La Sécu : un système coûteux et complexe
Cnav Cnamts Cnaf Acoss RSI MSA IRC* RS** Total
Effectifs ETP 12 965 86 781 33 961 13 383 5 673 16 286 31 446 9 077 209 572
Coûts de gestion (M€) 1 329 6 772 2 238 1 265 813 1 296 2 233 511 16 458
Coût de gestion/agent
(en euros)
102 506 78 036 65 901 94 523 143 310 79 578 71 011 56 296 78 531
Sources : PLFSS 2017, Comptes de la Sécurité sociale 2016.
Les prestations sociales regroupent deux
grandes familles : les prestations contributives,
autrement dit des assurances sociales pour
lesquelles les actifs (salariés et non-salariés)
cotisent pour s’assurer pour un risque (santé,
vieillesse,AT-MP, chômage). Et les prestations
financées par l’impôt, sous conditions de res-
sources ou non, dans lesquelles on retrouve
le logement, une grande partie des prestations
d’invalidité, la lutte contre la pauvreté et les
minima sociaux. Les prestations familiales
font partie des prestations contributives mais
leur plafonnement et le basculement progres-
sif de leur financement des cotisations vers
l’impôt en font de plus en plus des prestations
non contributives.
Si l’on regarde le premier ensemble consti-
tué des assurances sociales, il correspond à
peu près au périmètre de la Sécu (régime
général et autres régimes obligatoires). His-
toriquement, les caisses locales ont été créées
en 1945 et organisées par branche, avant de
devenir obligatoires et qu’un échelon natio-
nal s’y ajoute4
. Ce qui explique que l'on
compte une myriade de 344 organismes du
régime général (CPAM, Carsat, Caf, etc.), à
côté desquelles on compte aussi la MSA avec
35 caisses, le RSI, constitué de 30 caisses (un
projet doit aboutir à 10 caisses régionales au
1er
janvier 2019), les retraites complémen-
taires Arrco-Agirc qui comptent respective-
ment 20 et 12 caisses gérées par 17 groupes
de protection sociale, les régimes spéciaux
de retraite (20 caisses), et les régimes où
l’employeur est son propre assureur (essen-
tiellement dans les administrations publiques,
notamment pour la maladie).
Si l’on considère le seul régime général,
il représente à lui seul près de la moitié
des dépenses de prestations sociales avec
343,7 milliards d’euros d’aides distribuées en
2016 selon le PLFSS, et supporte plus d’un
quart du total des frais de gestion de la pro-
tection sociale. Près de 12 milliards d’euros
sont ainsi nécessaires à son fonctionnement,
dont 60 % sont dévolus aux charges de per-
sonnel pour les 154 500 salariés du régime
général (contre 162 000 encore en 2010), les
40 % restants étant imputés aux autres frais
de fonctionnement courants5
.
Les rapports de la Cour des comptes sur
l’exécution des lois de financement de la
Sécurité sociale abondent de témoignages
sur la mauvaise organisation de notre système
social et des gisements de productivité au
sein des caisses de Sécu. Ces défauts révèlent
surtout un pilotage défaillant, qu’il s’agisse
des partenaires sociaux aux commandes
d’une gouvernance paritaire ou de l’État qui
signe avec les organismes des conventions
d’objectifs et de gestion peu suivies d’effets
sur le terrain.
*Institution de retraite complémentaire (caisses Agirc-Arrco)
**Régimes spéciaux (CRP SNCF, Cnieg, Camieg...)
La question des coûts de gestion est essen-
tielle : 10 % d’économies sur les coûts de
gestion de la protection sociale représentent
4,2 milliards d’euros, soit l’équivalent du
déficit de la Sécurité sociale pour cette année,
ou encore les économies annoncées dans le
domaine de la santé pour préparer le retour
à l’équilibre.
❚ 4 Par les
ordonnances
Jeanneney,
en 1967.
❚ 5 Achats
de biens et
services,
contingents et
participations
obligatoires,
indemnités et
frais de mission,
immobilier.
6. 13
Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
Un maillage territorial qui peine
à se réduire
Si les différents régimes de Sécurité sociale
ont lancé des réorganisations territoriales,
le maillage reste encore très dense : on
compte 102 CPAM et 101 Caf organisées
sur une base départementale. Les Urssaf se
sont lancées dans une réorganisation de plus
grande ampleur avec la régionalisation et
l’on compte aujourd’hui 22 caisses. Cepen-
dant, on comprend mal pourquoi les Pyré-
nées-Atlantiques comptent encore 2 CPAM
et 2 Caf, la Seine-Maritime et le Pas-de-
Calais 2 CPAM, ou encore 4 CPAM dans
le département du Nord. Quant à la masse
salariale brute du régime général, elle a pro-
gressé pour atteindre 5,4 milliards en 20156
.
Ce maillage a un impact sur les coûts de ges-
tion puisque au-delà des personnels liés aux
fonctions d’accueil et de conseil, il faut aussi
mobiliser des fonctions support et un patri-
moine immobilier important pour assurer le
fonctionnement de ces réseaux. La Cour cite
en exemple le RSI, où la taille des caisses reste
modeste : l’effectif réel moyen des 30 caisses,
CDD compris, était de 114 ETP en 2012 ;
celui des 26 caisses régionales de métropole
(hors professions libérales) de 121 ETP. Les
fonctions support y représentent encore plus
de 20 % des personnels7
.
Des salariés aux conditions d’emploi
très protectrices
Les salariés des organismes de Sécurité
sociale bénéficient d’un contrat de droit
privé avec un certain nombre d’avantages :
quasi-garantie de l’emploi à vie, niveaux de
rémunération en moyenne plus élevés que
dans la fonction publique, treizième mois de
salaire en fin d’année, une allocation équi-
valente à un mois de salaire à l’occasion des
vacances d’été, et une mobilité des person-
nels sévèrement encadrée, ce qui rend ces
structures incapables d’évoluer au rythme
des besoins et des technologies8
. La mobilité
se situe à 0,79 % en 2015 dans le régime
général9
. Pas de jour de carence non plus
pour ces salariés. Cela explique certaine-
ment l’impact sur le taux d’absentéisme que
la Cour évalue à 8,9 %, un niveau deux fois
plus élevé que dans le secteur privé (4,59 %).
La durée conventionnelle de travail se situe
autour de 1 550 heures annuelles au sein des
organismes de Sécurité sociale, contre les
1 607 heures prévues par le Code du travail.
S’agissant de l’absentéisme, non seulement le
problème est récurrent (la Cour des comptes
ayant déjà souligné ce dysfonctionnement en
2010, il apparaît que le taux n’a pratiquement
pas bougé entre 1997 – 5,28 % – et 2014 –
5,8 % pour la maladie) mais on constate une
très forte dispersion entre caisses (voir notre
étude sur l’absentéisme dans les CPAM en
encadré). La Cour des comptes conclut sévè-
rement à un manque d’attention à cette ques-
tion, d’autant moins justifié que les caisses
sont en première ligne dans le contrôle des
arrêts maladie du secteur privé.
Des salariés vieillissants
Les effectifs des organismes de Sécurité
sociale sont confrontés à un fort vieillisse-
ment, le nombre de départs en retraite ne
cessant d’augmenter chaque année avec
aujourd’hui près de 5 600 départs, contre
4 000 il y a encore dix ans d’après la Cour
des comptes. Dans la branche accidents du
travail, maladies professionnelles et vieil-
lesse, plus de 20 % des agents ont plus de
57 ans. Cette vague de départs naturels est
une fenêtre de tir unique pour engager les
réformes nécessaires à la réduction du poids
du personnel dans l’administration de la
Sécurité sociale. La masse salariale brute sera
directement impactée par cette évolution des
effectifs, et ce, de deux manières : d’abord
par un effet volume de réduction du nombre
de salariés, puis par un effet de noria induit
par des niveaux de salaires moindres des nou-
veaux arrivants sur ceux du personnel partant
à la retraite. À ce titre, la Cour des comptes
presse les responsables de mettre en œuvre
une analyse prévisionnelle à moyen (cinq ans)
et long terme (dix ans) des emplois.
❚ 6 Rapport
2016 sur la Sé-
curité sociale de
la Cour des
comptes, « La
gestion du per-
sonnel des orga-
nismes de Sécu-
rité sociale : une
stratégie de mo-
dernisation à
définir sans tar-
der ».
❚ 7 Rapport 2014
sur la Sécurité
sociale de la
Cour des
comptes, « Le
réseau du ré-
gime social des
indépendants :
une réorganisa-
tion à achever ».
❚ 8 Convention
collective natio-
nale de travail du
8 février 1957 du
personnel des
organismes de
Sécurité sociale.
❚ 9 Rapport sur
l'emploi 2016,
UCANSS.
7. Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
14
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
Les rémunérations
S’agissant des rémunérations, la Cour des
comptes précise que depuis 2011, au sein du
régime général et des régimes alignés, elles
sont soumises à une norme de progression.
Cette dernière a permis de contenir l’évolu-
tion de la masse salariale, par rapport à l’évo-
lution constatée dans le secteur privé ou la
fonction publique, même si cette norme n’a
finalement été respectée que sur les exercices
2014 et 2015. Pour les régimes Agirc-Arrco,
la Cour avait souligné que la rémunération
moyenne était supérieure de 25 % à celle
constatée à la Cnav à ancienneté égale10
.
Mobilité
Les dispositions relatives à la mobilité sont
fixées par les conventions collectives : il est
bien prévu que cette mobilité se fasse sur
la base du volontariat et qu’une proposition
de changement géographique ou fonction-
nel à l’initiative de l’employeur ne peut se
traduire par des sanctions en cas de refus du
salarié. Ces conditions affectent très forte-
ment les possibilités de réforme du réseau.
Récemment encore, le ministre de l’Action
et des Comptes publics, Gérald Darmanin,
a précisé que dans le cadre de l’adossement
du RSI au régime général, il n’y aurait pas
de mobilité imposée11
. La Cour des comptes
cite également l’exemple des restructurations
des sites informatiques de la Cnamts ou de la
Cnaf, où des protocoles d’accord garantissent
le maintien dans la localité ou sur le site. Ce
qui conduit d’autres sites en manque d’effec-
tifs à recruter de nouveaux agents ou à passer
des contrats avec des prestataires de services.
Le transfert des agents du site de Valence vers
celui de Saint-Étienne, qui a été abandonné
après un conflit social, a conduit au maintien
sur site des 24 agents employés à d’autres
tâches dont le soutien au secrétariat général
de la Cnamts (situé à Montreuil !), pendant
que le centre de traitement de Rhône-Alpes,
faute de transfert d’effectifs, a dû faire appel
à des prestataires externes12
.
Informatique
La Cour des comptes a très souvent sou-
ligné l’importance des organismes locaux
dans l’organisation d’origine de la fonction
informatique. Elle détaille ainsi que la fonc-
tion « études et développement », éclatée en
17 sites pour la branche vieillesse (comprenant
de 4 à 83 agents exprimés en ETP par site), 13
pour la branche famille (avec de 4 à 100 ETP),
9 pour l’activité de recouvrement (réunissant
de 17 à 70 ETP), 8 pour la branche maladie
(regroupant de 10 à 130 ETPMA) et 4 à la
MSA (intégrant de 10 à 238 ETPMA). Pour
l’année 2014, la Cour a procédé à une évalua-
tion des dépenses informatiques du périmètre
de la Sécurité sociale (RG, MSA, RSI) qui
atteignent près de 1,3 milliard d'euros.
La retraite : un système parmi les plus complexes
Selon l’OCDE, « la France se situe, avec la Grèce et le Japon, dans le trio de tête des pays où les systèmes sont
les plus fragmentés, [avec un] nombre de régimes différents extrêmement élevé ». Et pour cause, 35 régimes de
base sont impliqués dans la gestion de la branche retraite de la Sécu. Avec un coût de gestion global évalué par
la Fondation iFRAP à 5,753 milliards13
en 2015, il est difficile d’imaginer que des économies ne puissent être
dégagées. Une première mesure porte sur le rapprochement de la gestion informatique des retraites, dont la
complexitéestdirectementissuedeladiversitédesrèglesdegestion.Lesfraisdegestiondusystèmedesretraites
représententenmoyenne1,84 %dumontantdesprestationsverséesparlabranche,soitledoubledelamoyenne
européenne. Dès lors, ramener la France à cette moyenne européenne permettrait d’économiser chaque année
de 2 à 3 milliards ! Autre spécificité, la coexistence de régimes de base et de régimes complémentaires qui induit
une gestion coûteuse. Si la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) montre des frais de gestion évalués à
1,17 % du montant des prestations, ceux de l’Ircantec représentent 3,9 % et ceux de l'ERAFP près de 10 %.
❚ 10 Rapport
de la Cour des
comptes 2014,
« Garantir l'ave-
nir des retraites
complémentaires
(Agirc et Arrco) ».
❚ 11 Courrier du
8 août 2017 de
Gérald Darmanin
et Agnès Buzyn
confirmant la
suppression juri-
dique de la ges-
tion autonome
du Régime so-
cial des indé-
pendants (RSI).
❚ 12 Rapport
2016 sur la Sé-
curité sociale de
la Cour des
comptes : « La
fonction informa-
tique dans la Sé-
curité sociale :
un renforcement
indispensable ».
❚ 13 L’estimation
porte sur
29 régimes
de retraite.
Les comptes
des 6 régimes
spéciaux
restants sont
inaccessibles.
8. 15
Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
La santé : des frais de gestion conséquents pour l’une des branches principales de la protection sociale
Le risque santé représente 34,9 % de l’ensemble des prestations de protection sociale versées
en 201514
, dont les dépenses maladie constituent la composante principale. Un rapport15
conjoint de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l’Inspection générale des
finances (IGF) s’est intéressé en 2013 aux frais de gestion de l’assurance maladie. 86 opéra-
teurs gèrent ainsi 14 régimes obligatoires d’assurance-maladie (11 régimes spéciaux s’ajou-
tant aux 3 opérateurs principaux que sont la Cnamts, la MSA et le RSI). L’assurance complé-
mentaire est particulièrement éclatée puisque l’on comptait d’après le rapport 682 opérateurs
fin 2011. Les coûts de gestion de la branche maladie étaient alors évalués à 12,5 milliards
d’euros dont 6,5 milliards relevant de l’assurance maladie obligatoire et 6 milliards des com-
plémentaires. En 2015, le Conseil d’analyse économique a réévalué ce montant à 13,4 mil-
liards d’euros, avec respectivement 7,2 et 6,2 milliards d’euros en gestion pour les régimes
obligatoire et complémentaire.
L’efficience au sein de l’assurance-maladie obligatoire montre une grande variabilité (le coût
moyen de gestion par bénéficiaire oscillait de 1 à 5 entre les organismes en 2013 selon le rapport
de l’Igas-IGF). Aussi, en prenant en charge 90 % des remboursements de l’assurance maladie,
la Cnamts laisse finalement très peu de place aux complémentaires santé, dont les coûts sont,
en pourcentage, naturellement plus élevés (10 à 20 % contre 1,3 % du montant des prestations).
Et pour cause, à charges administratives similaires, les complémentaires santé ont à traiter des
montants individuels dix fois moindres et un nombre d’assurés 15 à 1 000 fois inférieur. C’est
pourquoi ce système à deux niveaux s’avère être inutilement complexe et coûteux. Les systèmes
à un seul niveau d’assurance sont plus performants puisqu’ils évitent le double traitement des
dossiers des assurés et du remboursement de leurs soins.
L’enquête de la Fondation iFRAP sur l’absentéisme dans les CPAM
L’étude porte sur les 102 caisses primaires d’assurance maladie. La Fondation iFRAP a adres-
sé dès le mois d’avril 2016 un courrier aux 102 caisses pour leur demander leur bilan social.
Suite à un certain nombre de refus, la Fondation iFRAP a saisi la Commission d’accès aux
documents administratifs qui, par un avis rendu en septembre 2016, a confirmé que le bilan
social d’une caisse primaire d'assurance maladie est un document administratif au sens de la
loi de 1978 et communicable à qui en fait la demande.
Nous avons relancé en février 2017 toutes les caisses qui n’avaient pas donné suite à notre
demande. Au 13 juin 2017, nous avons reçu 76 bilans sociaux, dans la grande majorité, rédigés
selon la convention collective nationale du travail du 8 février 1957 du personnel des organismes
de Sécurité sociale.
Au total : 7 caisses ont refusé, malgré toutes nos relances de nous fournir les documents deman-
dés. Il s’agit de la caisse des Pyrénées-Orientales, du Rhône, de Paris, de Versailles, de Bobigny
et de Créteil. 21 caisses ont un effectif de moins de 300 salariés et ne sont pas tenues de rédiger
un bilan social (certaines nous ont transmis des données sociales mais malheureusement
incomplètes donc non exploitables).
76 bilans sociaux ont été reçus : 55 ont des données complètes exploitables et 21 bilans sociaux
sont incomplets pour tout ou partie des indicateurs (seul l’indicateur accident du Travail est docu-
menté). La majorité des bilans sociaux est de 2015.
❚ 14 « La protec-
tion sociale en
France et en Eu-
rope », Drees,
juin 2017.
❚ 15 « Les coûts
de gestion de
l’assurance ma-
ladie », Igas-IGF,
septembre 2013.
9. Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
16
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
Moyenne des résultats des bilans significatifs
Moyenne Indicateurs* Moyenne
Toutes causes 181/111 36,82 jours
Maladie seule 182/111 21,67 jours
Toutes causes-parentalité 181-185/111 29,92 jours
Les trois meilleures caisses
Départements Villes Toutes causes/effectifs
Tarn Albi 21,38 jours
Dordogne Périgueux 22,48 jours
Drôme Valence 22,93 jours
Les trois plus mauvaises caisses
Départements Villes Toutes causes/effectifs
Hauts-de-Seine Nanterre 69,09 jours
Loire Roanne 61,54 jours
Nord Roubaix-Tourcoing 58,52 jours
Voicicequemontrel’analysedesrésultats :
*Les indicateurs sur les effectifs : 111 : effectif total - 112 : effectif permanent
Les indicateurs sur l’absentéisme : 181 : nombre total de journées d’absence* - 182 : nombre de journées d’absence pour maladie
183 : répartition inférieure ou supérieure à 1 mois - 184 : nombre de journées d’absence pour accidents du travail et trajet
185 : nombre de journées d’absence pour maternité - 186 : nombre de journées pour absences autorisées (événements familiaux, congés
spéciaux, etc.) hors congés annuels - 187 : nombre de journées d’absence pour d’autres causes.
Ces absences peuvent être exprimées en jours, demi-journées, heures.
*Ne sont pas comptés parmi les absences : les diverses sortes de congés annuels, les conflits et le service national.
Nous avons sollicité la CPAM des Hauts-de-Seine pour comprendre le chiffre particulièrement
élevé. Les responsables de la Caisse nous ont expliqué que figurent dans les effectifs 119 agents
classés en invalidité de 2e
catégorie. Ces agents, qui ne sont physiquement plus à la caisse
même s’ils y sont toujours rattachés, sont décomptés dans les jours d’absence pour maladie
ordinaire supérieure à 1 mois. Au total, ils représentent 40 333 jours sur 68 499, ce qui fait que,
si on les retire, il n’y a plus « que » 19,5 jours d’absence pour maladie ordinaire. Sans être un taux
exceptionnel, il se situe dans la moyenne constatée.
Nos statistiques mettent en évidence une fréquence élevée de maladie supérieure à 1 mois :
29 caisses sur 55 ont un ratio supérieur à 70 %. Selon les responsables de la caisse des Hauts-
de-Seine, il est probable que ce même phénomène soit à l’œuvre dans les autres caisses.
11. Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
18
Année
CPAM
(départements)
Effectif total
Absences toutes
causes (181)/
agent
Maladie
ordinaire/
agent
Parentalité/
agent
Toutes causes
moins
parentalité/agent
2014 Savoie 350 37,8 17,4 13 25,2
2015 Haute-Savoie 610 35,8 17,9 9 27,3
2014 Seine-Maritime 1 417 32,6 21,1 3 29,6
2015 Seine-Maritime 2 762 41,8 32,5 5 37,2
2015 Seine-et-Marne 1 124 32,3 21,4 5 27,1
2014 Deux-Sèvres 278 38,3 8,7 5 33,1
2015 Somme 584 47,6 15,3 6 42,1
2015 Tarn 429 21,4 12,5 6 15,8
2015 Vaucluse 485 27,6 17,0 6 21,5
2014 Vendée 441 27,6 12,4 8 19,3
2014 Vienne 384 46,4 22,7 5 41,6
2015 Haute-Vienne 351 38,0 24,8 5 33,3
2013 Vosges 321 33,3 16,5 2 31,7
2014 Territoire de Belfort 130 41,6 30,6 5 36,71
2015 Essonne 1 247 24,4 10,7 9 15,0
2015 Hauts-de-Seine 1 650 69,1 41,5 8 60,7
2015 Val d'Oise 1 118 36,2 21,1 8 27,7
Ces 119 personnes représentent cependant un effectif élevé et il est étonnant que l’impact sur les
statistiques du bilan social n’ait pas attiré l’attention. Selon les informations obtenues, chaque caisse
gère ce problème à sa façon : certaines préféreront se séparer du personnel et payer les indemnités de
licenciement,parfoislourdes,puisqu’ellescorrespondentàdupersonnelavecbeaucoupd’ancienneté.
LacaissedesHauts-de-Seineafaitlechoixdenepasseséparerdecesagentsquidetoutefaçonsont
pris en charge par les régimes de prévoyance.
Dans son rapport de 2016 sur les comptes de la Sécurité sociale, la Cour des comptes indique que
« bien qu’il s’agisse d’un sujet majeur, le niveau réel d’absentéisme selon ses différents motifs n’est pas
mesuréprécisémentdanslesrégimesdeSécuritésociale ».Detouteslesbranchesdurégimegénéral,
cesontlesCPAMquisontlesplustouchéesselonlaCourquisoulignequ’ilyaunefortedispersiondes
absences selon les caisses, les régions les plus touchées étant Paca, l’Île-de-France, le Nord-Pas-de-
Calais,laLorraineetlaCorse.EtlaCourdeconclureque« leconstatd’unabsentéismerécurrent,élevé
et fortement disparate selon les organismes, traduit la faible attention portée à cette question pourtant
majeure en termes de vie au travail, comme de productivité ».
Nous nous sommes également procuré le classement des CPAM sur critère de productivité, défini
comme le rapport entre les dépenses de référence et le nombre de bénéficiaires consommant pon-
déré(BCP).LeBCPmesurelachargedetravaildesCPAMselonunepondérationmiseàjouren201416
.
Il apparaît que la CPAM de Nanterre est la plus productive avec un coût de 45,63 € par BCP, suivi de
Mont-de-Marsan (47,84 €) et Rodez (48,36 €). Les moins productives sont celles de Bar-le-Duc
(71,40 €), Mende (79,28 €), Guéret (69,67 €). Il existe une forte dispersion de productivité entre dépar-
tements. L’Île-de-France par exemple regroupe en même temps la CPAM la plus productive, et celles
de Créteil, 98e
avec 66,77 €, Paris, 99e
avec 68,46 € et Evry, 96e
avec 66,11 €. La performance globale
desCPAMestenhausse,maisceseffortsdeproductivitésontàpoursuivreavecàlacléplusde750 mil-
lions d’euros d’économies. La pondération doit conduire à utiliser cet indicateur avec précaution.
❚ 16 Voir sur le
site de la Fonda-
tion iFRAP : Le
palmarès de pro-
ductivité des
CPAM, www.
ifrap.org/emploi-
et-politiques-so-
ciales/palmares-
de-productivite-
des-cpam.
12. 19
Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
PRESTATIONS DE SOLIDARITÉ
(En millions d’euros) 2015
Famille - Charges de gestion courante 2 877
Logement - Charges de gestion courante 600
Pauvreté-exclusion - Charges de gestion courante 3 494
Dépenses de prestations sociales par financeur
Dépenses
en
milliards
d’euros
Tous secteurs
institutionnels
Administrations
publiques
Administrations
de Sécurité
sociale
État Odac* Régions Départements Communes
2015 701,211 636,610 510,955 86,154 6,060 1,510 23,564 7,230
2011 635,248 576,429 463,037 79,628 5,033 1,106 20,56 6,053
Évolution 10 % 10 % 10 % 8 % 20 % 37 % 15 % 19 %
Source : La protection sociale en France et en Europe 2015, Drees. * Organismes divers d'administration centrale.
Les interventions sociales de l'État et des collectivités locales
Un saupoudrage de prestations
sociales
En 2015, 54,2 milliards d’euros17
de pres-
tations familiales (s’ajoutent aux presta-
tions familiales au sens strict, l’aide sociale
à l’enfance, l’accueil des jeunes enfants, des
compléments de rémunération…) ont été
distribués par les 102 Caisses d’allocations
familiales (Caf), qui sont de plus en plus en
charge des minima sociaux dont le finan-
cement se fait par l’impôt, et non par les
cotisations familiales que la branche famille
perçoit. Les 35 00018
agents des Caf ont ainsi
à appliquer 18 000 règles de droit et une
variété considérable de prestations, avec par
exemple 19 prestations familiales censées
correspondre à toutes les situations, dont les
coûts de gestion sont compris à chaque fois
entre 2 et 3 % du montant des prestations…
Bref, une complexité qui pèse lourdement sur
la branche famille : les coûts de gestion de la
Cnaf s’élèvent à 2,238 milliards d’euros en
2016, un montant équivalent à 5,36 % des
prestations versées.
Du côté du logement, trois aides composent
les dénommées « aides personnelles au loge-
ment » : l’allocation personnalisée au loge-
ment (APL), l’allocation de logement social
(ALS) et l’allocation de logement familial
(ALF). Le rapport Pupponi évalue le coût de
leur gestion courante à 600 millions d’euros,
dont 200 millions d’euros pour la seule APL.
Représentant un budget de 18 milliards d’eu-
ros, ces aides sont jugées inefficaces par le
Gouvernement qui a appliqué la technique
du rabot pour en maîtriser le coût19
.
Les prestations entrant dans le champ de
la pauvreté et de l’exclusion supportent
3,505 milliards d’euros de frais de gestion en
2016, pour un total de 20,7 milliards d’euros
de prestations selon la Drees. La Cour des
comptes dans un référé20
adressé au Premier
ministre d’alors, Manuel Valls, a dénoncé les
graves incohérences et une gestion complexe.
Les conditions d’attribution (montants garan-
tis, ressources prises en comptes, conditions
de cumul avec une rémunération d’activité…)
diffèrent d’un dispositif à un autre, sans qu’il
soit toujours facile de comprendre pourquoi.
Le contrôle de l’éligibilité des demandeurs est
❚ 17 « La protec-
tion sociale en
France et en Eu-
rope 2015»,
Drees, juin 2017.
❚ 18 « Rapport
d’activité 2015 »,
Cnaf, novembre
2016.
❚ 19 En plus des
frais de gestion
liés aux aides
personnelles, il
faut tenir compte
des frais de ges-
tion des bailleurs
sociaux de près
de 4,5 milliards
d’euros !
❚ 20 Référé
de la Cour
des comptes
n° 72597 en date
du 25 septembre
2015, objet : les
minima sociaux.
13. Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
20
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
d’emblée rendu compliqué ; l’on compterait
ainsi par exemple 11,4 % de non-éligibles
au RSA parmi ses bénéficiaires21
, alors qu’il
connaît dans le même temps un taux de non-
recours de 36 % (pour le RSA socle)… Les
minima sociaux ne remplissent plus non plus
l’objectif pour lequel ils ont été créés, à savoir
permettre à leurs bénéficiaires de sortir de la
pauvreté, en ce sens que seuls 2 à 4 % des
bénéficiaires parviennent à sortir du système
chaque année avec une réinsertion durable
sur le marché du travail. Pourtant, ces aides
entraînent des frais de gestion conséquents,
comme le montre le tableau ci-dessous.
Dépenses de prestations et de gestion des principales aides sociales
mises en œuvre par l’État et les collectivités locales
N.B. : ces cinq dispositifs représentaient en 2014 58,4 % des aides distribuées sous conditions de ressources, et cumulent
1,3 milliard d’euros de frais de gestion pour plus de 43 milliards d'euros de prestations.
RSA APA
Aides au logement :
(APL, ALS, ALF)
PCH AAH
Montant total d’allocations (en Mds d'€) 10,6 5,7 17,2 1,7 8,0
Coûts de gestion (en millions d'€) 271,822
216,523
60024
127,525
86,4
Nombre de bénéficiaires 1 838 000 1 265 000 6 500 000 184 000 1 028 800
Coûts de gestion par bénéficiaire 147,86 € 171,15 € 92,31 € 693 € 84 € (2008)
Coûts de gestion en pourcentage
des prestations
2,57 % 3,80 % 3,50 % 7,5 % 1,11 %
Une complexité qui favorise la fraude
En 2006 a été créé le Répertoire national
commun de la protection sociale (RNCPS)
qui regroupait – pour les organismes chargés
d’un régime obligatoire de base, les collec-
tivités territoriales et CCAS entre autres
– l’identification des bénéficiaires, leur affi-
liation et la nature des risques couverts et
des avantages servis. Une dizaine d’années
après sa mise en place, son efficacité reste
toutefois très limitée, en ce sens qu’il ne rem-
plit « qu’imparfaitement son rôle d’échange
d’informations entre organismes, la fiabilité des
données qu’il contient étant insuffisante ». Ce
constat est issu du dernier rapport du Sénat
sur la fraude à la protection sociale26
qui se
chiffre à 504 millions d’euros en 2015 (dont
275 millions pour la seule branche famille).
Le rapport recommande notamment de ren-
forcer les échanges d’informations entre les
caisses (par exemple, les Caf ne disposent pas
automatiquement du montant des indem-
nités journalières et rentes d’accidents du
travail ou invalidité versées par l’assurance-
maladie).
Un enchevêtrement surprenant
des organismes
La multitude d’aides s’accompagne de nom-
breux organismes aux champs d’action entre-
mêlés qui handicapent l’administration du
système et pèsent lourdement sur ses frais
de gestion. En effet, l’identité du financeur,
du décideur et du prescripteur des presta-
tions sociales est rarement la même, de telle
sorte que si les prestations sont le plus sou-
vent payées par les Caf, les dossiers peuvent
devoir être déposés à d’autres services qui
les étudient et qui prennent une décision,
avant d’être généralement transmis à une
autre administration qui financera la presta-
tion. Dans le cas de l’AAH (allocation adulte
handicapé), l’État en est le financeur exclu-
sif et supporte donc seul cette dépense très
dynamique, alors qu’il est en réalité presque
totalement absent des circuits de décision.
L’aide doit être demandée à la Maison dépar-
tementale des personnes handicapées et mise
en place et animée par le conseil général,
alors que la décision relève pour sa part de la
commission des droits et de l’autonomie des
❚ 21 Comité na-
tional d’évalua-
tion du RSA,
décembre 2011.
❚ 22 Dans un rap-
port datant de
juillet 2015 sur
« les aides per-
sonnelles au lo-
gement », la Cour
évoquait tout de
même un coût
unitaire moyen
annuel de gestion
du RSA supérieur
de 60 % à celui
des aides au lo-
gement. La Fon-
dation iFRAP
évalue dès lors
les frais de ges-
tion courante des
RSA socle et ac-
tivité à 271,77
millions d’€ en
2016.
❚ 23 Montant
évalué selon les
frais de gestion
de l’APA par le
département de
l’Aude (qui
consacre
26,5 ETP à la ré-
munération char-
gée moyenne de
49 523 €, soit
3,8 % du mon-
tant des presta-
tions distribuées).
S’y ajoutent 60
millions d’euros
de frais de ges-
tion de la CNSA
(qui participe à
30 % du
concours
financier de
l’APA).
❚ 24 Conclusions
du groupe
de travail sur
les aides
personnelles
au logement,
M. Pupponi, dé-
puté, mai 2015.
14. 21
Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
personnes handicapées. Même chose pour
les APL financées par l’État mais instruites
et versées par les Caf. Les départements
consacrent annuellement environ 30 mil-
liards d’euros de dépenses d’interventions
sociales, desquels ils transfèrent 10 milliards
aux institutions sans but lucratif au service
des ménages (ISBLSM) accueillant princi-
palement des personnes handicapées ou des
personnes en difficulté sociale.
Aide Caisses intervenant dans la gestion commune de l’aide
RSA Conseils départementaux, Cnaf, MSA
Allocation de solidarité pour les personnes âgées Cnav, MSA, caisses des régimes spéciaux
AAH MDPH, Caf, MSA, conseils départementaux
Allocation supplémentaire d’invalidité Cnamts, Cnav, caisses de régimes spéciaux
Source : « Repenser les minima sociaux, vers une couverture socle commune », M. Sirugue, député – 2016.
Les départements concentrent un peu plus
des trois quarts des dépenses d’action sociale
des collectivités territoriales. À partir d’un
échantillon de 40 départements de France
métropolitaine, l’Odas évalue à 3,287 mil-
liards d’euros les frais de personnel dans
les dépenses d’aide sociale27
. De son côté,
la Drees28
évalue ceux des départements
à 2,7 milliards d’euros (gestion du RSA
comprise), d’après une enquête menée sur
97 départements de France métropolitaine.
Cela nous permet dès lors d’approcher la
charge en gestion de l’aide sociale pour les
ISBLSM, qui approche les 600 millions d’eu-
ros par an29
. S’y ajoutent les charges en ges-
tion des centres communaux d’action sociale
(CCAS), que la Fondation iFRAP évalue a
minima à 120 millions d’euros. En effet,
les CCAS disposent d’un budget de fonc-
tionnement global de 2,8 milliards d’euros
d’après la DGFIP, mais cela comprend une
multitude de services en nature. Les frais de
gestion purement administrative des CCAS
ne sont pas communiqués. En établissant la
moyenne des frais de gestion de quelques
références du secteur social ou médico-social
(branche maladie, Action contre la faim,
Emmaüs, Restos du cœur, associations ges-
tionnaires d’établissements sanitaires, sociaux
et médico-sociaux, et autres), qui se situe à
4,2 % de leurs dépenses, la Fondation iFRAP
a ainsi pu donner ne serait-ce qu'une valeur
plancher des frais de gestion supportés par
les 26 612 CCAS.
Un pilotage défaillant
Sécu : une illusion de pilotage
budgétaire
La Sécurité sociale se compose des caisses
appartenant à divers régimes (régime géné-
ral, régime agricole, régime des indépendants,
régimes spéciaux). Elles ont le statut d’orga-
nismes de droit privé chargés d’une mission
de service public. L’État exerce un droit de
regard sur la gestion des organismes de Sécu-
rité sociale.
Pour piloter ces organismes autonomes, des
Conventions d’objectifs et de gestion (Cog)
sont conclues entre l’État et les caisses natio-
nales des principaux régimes. Elles sont pré-
sentées par la direction de la Sécurité sociale
(DSS) comme un levier de modernisation.
Conclues pour 3 à 4 ans, entre la DSS (État)
et la Caisse nationale, ces conventions sont
ensuite déclinées au niveau local. Elles réca-
pitulent des objectifs de performance et des
indicateurs de mesure à la fois sur la qualité
de service des caisses mais aussi sur les coûts
de gestion. Les indicateurs sont extrême-
ment détaillés : on trouve par exemple dans
❚ 25 En 2011,
l’Igas-Iga visitait
un département
représentatif qui
supportait des
frais de gestion
de 7,5 % du
montant des
prestations pour
la PCH. Pour
évaluer les frais
de gestion de
l’aide au niveau
national, il s’agit
de le rapporter au
montant distribué
en 2016 (1,7 mil-
liard d’euros).
❚ 26 « Rapport
d’information fait
au nom de la
mission d’évalua-
tion et de
contrôle de la Sé-
curité sociale de
la commission
des affaires so-
ciales sur la lutte
contre la fraude
sociale », Mmes
Canayer et Éme-
ry-Dumas, séna-
teurs, juin 2017.
❚ 27 « Les dé-
penses d’aide
sociale des dé-
partements, bilan
et perspectives »,
Odas, no-
vembre 2013.
❚ 28 « Les dé-
penses d’aide
sociale départe-
mentale », Drees,
septembre 2016.
❚ 29 D’après l’In-
see, les associa-
tions œuvrant
dans l’action so-
ciale employaient
ainsi 860 510 per-
sonnes au 31 dé-
cembre 2012.
15. Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
22
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
la convention qui lie la Cnamts à l’État, le
« taux d’usagers reçus en moins de 20 minutes
dans les accueils physiques » avec une valeur
cible à atteindre de 85 %.
Le processus a également prévu une évaluation
par l’Inspection générale des affaires sociales
(Igas) des conventions signées avec l’État.L’Igas
explique sur son site que « l’État, malgré un dia-
logue de gestion annuel avec les caisses nationales
autour de tableaux de bord, reste en situation
d’asymétrie d’information face à un réseau ou à
une grande caisse nationale pour évaluer au bout
de quatre ans les résultats réellement obtenus ».
Dans son analyse de la convention 2009-2013
de la Cnav, l’Igas a ainsi relevé que « la mesure
de la performance au travers des indicateurs n’est
pas pleinement satisfaisante car la répartition de
ces derniers sur des objectifs est perfectible et les
cibles sont parfois trop facilement atteintes ». Il
est en effet assez fréquent que les Cog fassent
a posteriori l’objet de critiques. Des rapports
récents (Sénat, Cour des comptes, sur le RSI,
les régimes de retraite ou la fonction informa-
tique) pointent des indicateurs de suivi peu
spécifiques ou des objectifs peu ambitieux.
Le pilotage par l’État n’est donc pas très
convaincant : les conventions listent les inten-
tions de l’État et constatent si par la suite les
objectifs ont été réalisés. S’ils ne le sont pas,
et bien cela ne change pas grand-chose et les
objectifs seront reportés dans la prochaine
convention. Quant à inciter les organismes
de Sécurité sociale à de vraies réformes, on
en est loin.
Dans une note très virulente30
, parue dans la
revue de l’EN3S, Xavier Bonnet indique que
« le pilotage PLFSS-Cog ressemble à une archi-
tecture dont les responsables sont clairement
identifiés, dont les champs d’action sont définis,
mais dont les acteurs n’exercent pas pleinement
leur responsabilité. Le Parlement vote la LFSS
mais n’exige pas que le principe d’équilibre des
comptes posé à l’article L. 200-2 du Code de la
Sécurité sociale soit respecté.Les caisses nationales
dont les contrats traitent uniquement de gestion
des organismes sont placées dans une position
d’exécution qui se révèle finalement protectrice,
l’exécutant étant irresponsable. Profitant de l’abri
confortable que les Cog leur confèrent, les parte-
naires sociaux représentés dans les conseils des
caisses nationales, qui avaient pourtant dénoncé
leur mise en place, négligent les outils juridiques
à leur disposition pour faire des propositions de
réductions de dépenses qui pourtant relèvent de
leur champ de compétence ».
En effet, l’État n’est pas le seul responsable.À
cause des 200 000 mandats paritaires repré-
sentés à chaque échelon, personne ne souhaite
véritablement supprimer des strates, fusionner
des caisses ou des régimes.Par ailleurs,les man-
dats paritaires donnent souvent aux salariés
qui les exercent le statut de salarié protégé,
le paiement des heures de délégation et de
défraiements. Rien qu’au niveau du régime
général, le rapport Perruchot avait estimé le
coût des administrateurs à 65 millions d’euros.
Conséquence, les centaines d’heures de négo-
ciations médiatisées n’aboutissent qu’à des
micro-mesures paramétriques. Le système est
arrivé à la situation paradoxale où tous cogèrent
mais personne n’est responsable.
Les frais financiers de la protection sociale
Les coûts de gestion de la protection sociale incluent 6,9 milliards de frais financiers31
qui parti-
cipent également aux dépenses du système. Ils dépendent à la fois du niveau des taux d’intérêt
et de la stratégie de financement des organismes. La Cades a ainsi supporté 4,3 milliards
d’euros de frais financiers en 2015, dont par exemple 2,7 milliards sont relatifs à la dette de la
Sécurité sociale et 0,3 milliard à l’assurance-chômage32
… S’y ajoutent les frais financiers des
régimes privés et les activités de mutuelle et de prévoyance en particulier, qui représentent
2,6 milliards.
❚ 30 « Les Cog,
un mécanisme
vieillissant,
des ambitions
à réévaluer
(2e
partie) »,
Xavier Bonnet,
Regards, vol. 49,
no. 1, 2016, pp.
191-207.
❚ 31 « La protec-
tion sociale en
France et en
Europe 2015 »,
Drees, juin 2017.
❚ 32 « Rapport
sur les perspec-
tives de finance-
ment à moyen-
long terme des
régimes de pro-
tection sociale »,
Haut Conseil du
financement de
la protection so-
ciale, juin 2017.
16. 23
Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
La dette sociale, qui se porte aujourd’hui à 151,2 milliards d'euros33
(6,8 % du PIB), est le produit
des déficits annuels des différentes branches de la Sécurité sociale. La tendance est à la baisse
ces dernières années (-4,5 % depuis 2014), non pas grâce à la disparition des déficits, mais au
fait qu’ils soient depuis lors devenus inférieurs aux recettes affectées au remboursement de cette
dette sociale par la Cades, en raison principalement des 37 milliards de prélèvements obligatoires
supplémentaires depuis 2000. Si la Cades a déjà remboursé près de 120 milliards depuis sa
création, l’amortissement de la dette a déjà coûté près de 50 milliards d’intérêts. Le transfert de
la gestion de la dette sociale à l'agence France Trésor serait une source d'économies.
Dépenses sociales locales :
l’autonomie des collectivités
en question
Les aides locales, qu’elles soient à la charge
des départements ou des communes ou cofi-
nancées par l’État, posent la question du péri-
mètre de l’action sociale. C’est bien entendu
l’autonomie des collectivités locales qui est
responsable de cet état de fait. Le site inter-
net de la Ville de Paris recense pas moins de
85 aides (toutes aides confondues). Il y a par
exemple deux types différents d’aide pour la
coiffure à domicile, et autant pour la pédi-
curie à domicile… Ainsi on distingue au
sein de l'action des CCAS l’aide légale pour
la demande d’aide sociale, des aides extra-
légales qui recouvrent les aides d’urgence
(chèques alimentaires, exonérations de tarifs,
substitution au payeur – EDF, crédits). Mais
on constate de proche en proche, de nou-
velles thématiques : soutien à l’autonomie
sociale, préservation du lien social, politique
d’accès à la santé, aux loisirs. Dans les CCAS,
ces actions de cohésion sociale rentrent alors
directement en concurrence avec d’autres
politiques menées par d’autres acteurs
publics.
S’il faut mettre bout à bout et séparément
chacune des dépenses occasionnées par la
satisfaction pour tous de tous les droits, le
modèle social va nécessairement s'épuiser.
Les aides sociales doivent s'apprécier comme
un ensemble, ce pourquoi l’iFRAP plaide
depuis longtemps : pour l’allocation sociale
unique, que le bénéficiaire utilise comme il
l’entend.
Les exemples étrangers
Les réformes sociales au Royaume-Uni ont visé à centraliser le système au niveau de l’État pour
lutter contre un éparpillement des compétences qui entraîne une dépense publique incontrôlée.
Les collectivités territoriales y jouent un rôle mineur dans le financement et la gestion de la pro-
tection sociale, hormis pour la politique d’aide au logement. À ce titre, le Royaume-Uni a orga-
nisé l’entière informatisation du système social au niveau central et unifié en 2012 par le Welfare
Reform Act, les 51 allocations antérieures en une nouvelle : l’universal credit. Ce crédit universel
unique et plafonné au niveau du revenu moyen d’un foyer anglais s’applique progressivement
selon le revenu et s’accompagne d’une baisse du montant des aides et d’un durcissement des
conditions de versement. L’objectif central est de rendre le système des minima sociaux plus
lisible pour les allocataires, et d’aboutir à augmenter les incitations à l’activité. Le maître mot de
la réforme était « cohérence », via la simplification autour d’une seule prestation, et de la déma-
térialisation afin de lutter contre le non-recours. D’ici à 2023, le gouvernement espère investir
3 milliards de livres, pour une économie attendue de 37 milliards.
❚ 33 « Rapport
de la Cour des
comptes sur la
Sécurité so-
ciale », 2017.
17. Société Civile n° 183 ❚ Octobre 2017
24
MODÈLE SOCIAL ❚ Coûts de gestion
L’Allemagne tend également vers ce modèle. La protection sociale y est une compétence natio-
nale exercée par le ministère du Travail et des Affaires sociales, et par le ministère de la Santé.
La gestion décentralisée des aides sociales repose sur les centres d’action sociale (sozialänter)
qui sont responsables de toutes les aides sociales, hormis l’assurance chômage qui relève des
jobcenters, les services déconcentrés de l’Agence fédérale pour l’emploi. Un système universel
avec trois minima sociaux y est ainsi institué depuis les lois Hartz de 2004, avec une assistance
chômage qui consiste en la fusion de notre RSA et de notre allocation de solidarité spécifique
(ASS), une aide à la subsistance, et une allocation minimum pour les personnes âgées de plus
de 65 ans ou dans une situation d’incapacité permanente. De même, ce qui ressemble à une
allocation sociale unique a été mise en place en janvier 200534
: elle sert d’allocation chômage
(Transferleistungen sind insbesondere Arbeitslosengeld II), de revenu minimum pour les per-
sonnes âgées et les personnes en situation de pauvreté. Parmi un grand nombre de critères,
cette aide prend également en compte les frais d’hébergement, de telle sorte que les bénéfi-
ciaires de l’allocation logement, entre autres, sont assez peu nombreux.
Récapitulatif des économies sur les coûts de
gestion de la protection sociale à l'horizon
2025 :
❙ retraites : 2 à 3 milliards d'euros
❙ logement-pauvreté-famille : 2,5 milliards
d'euros ; 5 milliards à terme avec une réforme
complète de l'allocation sociale unique
(ASU)
❙ Santé : 0 à 1 milliard d'euros
❙ Emploi : 0,5 milliard d'euros
Total : 5 milliards d'euros minimum et jusqu'à
9,5 milliards d'euros, une fois que toutes les
réformes d'ampleur de la protection sociale
auront été menées.
La réforme des retraites est celle où les éco-
nomies de gestion ont été le plus clairement
identifiées. Les coûts représentent un peu
moins de 2 % des prestations retraites là où
ils se situent à moins de 1 % en moyenne
européenne selon différentes enquêtes. La
prestation de retraites est un risque certain où
d'importants gains de productivité peuvent
être réalisés en rationalisant le nombre de
caisses et les process.
La mise en place de l'ASU est une réforme
plus difficile : le calcul et la liquidation d'une
allocation unique sont une première étape,
la seconde étape est de rationaliser le back-
office très diffus comme on l'aura souligné
derrière les prestations pauvreté, logement,
handicap, autonomie, famille, etc. Dans
l'étude réalisée en mars 2016 par la Fonda-
tion iFRAP, il était prévu qu'à terme les ser-
vices fiscaux contrôlent les revenus et versent
les aides sous forme de crédit d'impôt. Un
dispositif qui permettra alors près de 5 mil-
liards d'euros d'économies. En attendant, une
étape intermédiaire serait la constitution de
caisses régionales regroupant les personnels
des différentes branches compétentes.
Pour la santé, le passage à un système de mise
en concurrence des caisses au premier euro, à
l'instar de ce qui est pratiqué en Allemagne
ou aux Pays-Bas, devrait permettre de faire
des économies sur les coûts de gestion actuels.
Cependant, le travail de suivi des patients et
de contrôle des paiements sera accru, ce qui
en définitive ne devrait pas modifier signifi-
cativement les coûts de gestion.
Enfin, concernant la branche emploi, la délé-
gation de service public pour l'accompagne-
ment des chômeurs confiés à des associations,
comme en Australie, devrait permettre de
réduire les frais de gestion de Pôle emploi.
❚ 34 General In-
formation Hou-
sing Assistance,
Federal Ministry
for the Environ-
ment, Nature
Conservation,
Building and Nu-
clear safety,
mars 2017.
Propositions