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Sommaire
entréeS pour l’imaginaire
Rodrigue Glombard 18 * Jean-François Manicom 20 * Philippe Thomarel 22
24
Quand le peintre réinvente l’eSpace
Thierry Alet 26 * Stéphanie Hoareau 28 * Raymond Médélice 30
Michel Rovélas 34 * Thierry Tian-Sio-Po 32
36
de Soi à l’autre, la vérité deS apparenceS
6 François-Louis Athénas 38 * Christian Bertin 40 * Mirto Linguet 42
Nicolas Nabajoth 44 * Cynthia Phibel 46 * Luz Severino 48
préfaceS
Gérard Larcher, président du Sénat 50
Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication
Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l’Outre-mer l’arboreScence ou
leS ramificationS du monde
10 Jack Beng-Thi 52 * Serge Hélénon 54 * Jean-Claude Jolet 56 * Louis Laouchez 58
« ceS plaSticienS Sont libreS d’inventer
leur paSSé et notre préSent » 60
par Daniel Maximin verS un nouvel humaniSme
Ernest Breleur 62 * Thierry Fontaine 64 * Bruno Pédurand 66
12 Yohann Queland de Saint-Pern 68
« la relation au monde
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réunit vingt-deux artiSteS »
par Tran Arnault la fondation clément
4. l’ ar t contemporain en outre-mer
« La relation au monde réunit
vingt-deux artistes »
tran arnault, commissaire de l’exposition « oma », revient sur le choix d’un intitulé significatif,
retrace les étapes du projet et dit ses objectifs pérennes.
P
arce qu’il rassemble le corpus installations pensées en dialogue avec
artistique de quatre régions leurs initiateurs. Le commissariat est
(Guadeloupe, Guyane, Martinique, allé vers les artistes en sorte d’établir un
La Réunion) aujourd’hui « à l’œuvre », lien de qualité qui permette la concréti-
« OMA » crée le flux depuis la Caraïbe et sation d’un événement qui ouvre des Christian Bertin, Li Diab La, 2009. Performance à Paris.
l’océan Indien jusqu’à la capitale. perspectives futures. Il est toujours
émouvant de visiter les créateurs dans
« oma » incarne le signal leurs ateliers en projetant l’exposition Se garder de toute La notion de pittoresque, moins appuyée, qui lui a été rendu au Panthéon le 6 avril
porté par vingt-deux artistes des œuvres choisies dans un espace connotation exotique a parfois relayé celle d’exotisme, et la ten- dernier dans le cadre de l’année des
L’exposition constitue un nouveau jalon dédié. Le regard du public représente Présenter vingt-deux signatures ne peut se tative ségalienne – avant-gardiste – d’in- outre-mer donne à l’homme toute sa sta-
de diffusion et de reconnaissance d’une forcément l’aboutissement attendu, une résumer à une exposition quadripartite, troduire celle d’« exote » pour désigner ture. Envisager le pluralisme comme fon-
expression contemporaine remarquable. conquête trop souvent raréfiée en raison chacun des artistes se ralliant à un celui qui se déplace à la fois dans le désir dement, sans le réduire à l’universalité,
tran arnault Le site de l’orangerie du palais du des distances, de l’insularité, de la pavillon. Un salon d’art plastique sous et l’intelligence pourrait bien combler concept utilisé sur tous les fronts, souvent
Commissaire indépendante, Luxembourg et de ses alentours mis à concentration des marchés et de struc- bannière séparée grenobloise, lilloise et une lacune d’actualité. à tort et à travers, incarne une avancée
est membre de l’Association disposition par le Sénat fait idéalement tures territoriales muséales qui font lyonnaise serait-il concevable ? De même, qui doit énormément à la signature du
internationale des critiques d’art.
écho à la manifestation inscrite au pro- encore défaut. Le talent, l’obstination « OMA » entend se garder de toute conno- contexte intellectuel penseur. En 1987, lors de la conférence
Elle a dirigé la revue Cimaise.
gramme de l’année 2011 des outre-mer. des signatures réunies ont décidé de tation exotique instaurée sur le registre et émergence de talents hémisphérique des peuples noirs de la
Le ferment historique et géographique l’étape cruciale qui saura engager d’un imaginaire tropical. Qui, mieux que Il s’agit avant tout de donner ici à com- diaspora organisée par l’Université inter-
qui façonne chaque homme et la com- d’autres opportunités. Des conférences Victor Segalen, un siècle en arrière, pour prendre les démarches et expérimenta- nationale de Floride à Miami, Aimé
munauté à laquelle il appartient s’entre- de presse ont été organisées en amont lever les malentendus et entrevoir toute la tions qui savent s’extraire de la gangue Césaire déclare : « Je pense à une identité
voit, au-delà, en termes de circulations, dans les quatre régions, car il ne s’agit richesse du « divers » ? Le médecin de la des idéologies – de celle aussi induite par non pas archaïsante dévoreuse de soi-
de rencontres et de confrontations. L’es- pas d’instaurer une visibilité à sens marine qui séjourna deux années en l’éloignement géographique pour tous même, mais dévorante du monde, c’est-
pace véritablement perméable fait se unique, mais de fédérer des énergies en Océanie écrit en 1908 : « Avant tout, ceux qui ont choisi d’habiter la terre à-dire faisant main basse sur tout le pré-
rejoindre l’originel et l’ailleurs, la racine conviant Guyanais, Guadeloupéens, déblayer le terrain. Jeter par-dessus bord d’origine, au profit de la relation au sent pour préparer le futur 2. » Autre
et le fruit. Il fait s’entrecroiser les pay- Martiniquais et Réunionnais à saluer la tout ce que contient de médusé et de rance monde. Cette relation aujourd’hui mise grande figure, Édouard Glissant – dis-
sages envisagés comme environnement détermination de leurs artistes à réper- ce mot d’exotisme. Le dépouiller de tous en avant constitue un enchaînement his- paru l’hiver dernier – donne, lui aussi,
physique aussi bien que mental. cuter, en ambassadeurs avisés de leur ses oripeaux : le palmier et le chameau ; et torique : la question, essentielle, de l’exemple de la projection sans laquelle
1. Victor Segalen, Essai sur l’exotisme, une esthétique du divers,
Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 1995, p. 22, 29.
Parmi la centaine de pièces montrées culture, une image forte et durable. Le du même coup se débarrasser de tous ceux l’identité était le questionnement incon- les cultures se figent 3. Dénonçant le créo-
2. Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme suivi figure un choix d’œuvres issues de la vernissage de l’exposition « OMA » en qui les employèrent avec une faconde tournable, inhérent au postcolonialisme. lisme longtemps diffusé par une littéra-
de Discours sur la négritude, Paris, Présence africaine, 2004.
Voir aussi A. Césaire, Cahier d’un retour au pays natal, Paris, collection de la Fondation Clément, présence de tous ses participants, dans niaise. […] Exote, celui-là qui, Voyageur- La sphère intellectuelle et politique reçut ture complaisamment doudouiste, il dit la
Présence africaine, [1971] 2000.
3. Édouard Glissant, Le Discours antillais, des œuvres sélectionnées dans les ate- ce lieu chargé d’histoire que représente né, dans les mondes aux diversités mer- beaucoup d’Aimé Césaire portant haut créolisation du monde inéluctable et
Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1997. Voir aussi É. Glissant,
Tout-monde, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2010. liers, celles enfin qui concernent les l’orangerie du Sénat, signifie beaucoup. veilleuses, sent toute la saveur du Divers1. » l’affirmation de la « négritude ». L’hommage féconde. Son « Tout-monde 3 » à lui, loin
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5. Cynthia PhiBel
Where do you come from ? (détail), 2011
Projet d’installation en cours réunissant
cinquante portraits : photographie couleur.
« L’appel à la fraternité les paysages urbains, patrimoniaux et
ceux du littoral rapportent ici, en prise
avec le réel, la manière dont hommes et
n’est pas un vœu pieux femmes vivent et cohabitent dans un
même pays, entité unique géographique-
et naïf, mais une nécessaire
ment dispersée. (François-Louis Athénas,
Christian Bertin, Mirto Linguet, Nicolas
Nabajoth, Cynthia Phibel, Luz Severino)
reconnaissance de l’Autre » L’arborescence ou
les ramifications du monde
La Caraïbe consciente de ses racines afri-
caines, La Réunion érigée à l’aune du syn-
crétisme, ces grands pôles incarnent la
de recouper la mondialisation écono- pour rythmer l’architecture verticale de richesse de la créolisation. En penseurs du
mique et son pendant, l’uniformisation, l’orangerie du Sénat : monde, les artistes s’emparent très tôt du
prône l’aspiration à la diversité émanci- constat historique pour nourrir l’œuvre
pée de toute idéologie autoproclamée. Entrées pour l’imaginaire des cultures fondatrices rassemblées.
Vision de poète, avanceront les sceptiques Le sablier, les dragons et les ponts sont Sous leur férule, les icônes se soustraient
– Édouard Glissant comme Aimé Césaire prétexte à métaphores. Ils résonnent en à l’oubli pour engager un devenir. (Jack
déploient en effet une langue magni- chacun de nous en relation avec notre Beng-Thi, Serge Hélénon, Jean-Claude
fique –, toujours est-il que l’analyse histoire intime, ils interrogent, ramènent Jolet, Louis Laouchez)
visionnaire joliment baptisée pensée du le regardeur à la quête essentielle. À
tremblement trouve déjà écho dans nos l’instar des contes, ils ont vocation à lais- Vers un nouvel humanisme
modes de vie. L’appel à la fraternité n’est ser entrevoir, au-delà d’une première La circulation de l’information favorise
pas un vœu pieux et naïf, mais une néces- approche, les grands desseins de l’âme l’avènement de nouveaux modes d’expo-
saire reconnaissance de l’Autre, de tous humaine. (Rodrigue Glombard, Jean- sition. C’est moins le médium qu’il s’agit
les autres pour s’accorder à soi-même. Il François Manicom, Philippe Thomarel) de remettre en question que sa percep-
apparaissait utile, sans pouvoir citer ici tion : portrait qui n’en est plus un, gesta-
tous ses contributeurs illustres, de rappe- Quand le peintre réinvente l’espace tion de la photographie en sculpture,
ler un contexte nourri avec discernement, La peinture a ceci de magique qu’elle tra- image vidéo comme support philoso-
et dans un esprit de compagnonnage avec duit depuis toujours ce que nous ne phique, autels érigés en symbolique
les tenants de la création artistique. savons pas exprimer par le biais du seul contemporaine, autant de troubles susci-
langage parlé ou écrit. Sonner le glas d’un tés pour catalyser la transformation du
cinq approches pour découvrir médium – les stigmatisations à répétition regard sur l’art. Les pistes proposées
la création ultramarine sont demeurées lettre morte – est pure engagent à la fois leurs initiateurs et le
Le parcours de l’exposition « OMA » met folie, juste avancée pour désapprendre. public alerté par la pertinence d’une
donc en situation un espace ouvert et les Les artistes présentés livrent une proposi- renaissance annoncée. (Ernest Breleur,
hommes qui lui donnent sens. Il fait se tion très personnelle qui démontre les Thierry Fontaine, Bruno Pédurand,
répondre et s’articuler les différents potentiels inépuisables de la spatialité Yohann Queland de Saint-Pern)
médiums : peinture, sculpture, photo- appliquée à la surface du tableau. (Thierry
graphie, installation et vidéo. D’une Alet, Stéphanie Hoareau, Raymond Œuvres en prise avec le sol, les autres en
sphère l’autre, le visiteur ne franchit pas Médélice, Michel Rovélas, Thierry suspension, va-et-vient orchestré entre
de portes successives : chaque espace tra- Tian-Sio-Po) l’intérieur de l’architecture de l’orange-
versé annonce naturellement le suivant. rie du Sénat et l’extérieur des jardins, la
Il est invitation à la rencontre et, partant, De soi à l’autre, ligne d’énergie qui relie ici chacun des
à la connaissance de l’art contemporain la vérité des apparences artistes se joue des limites dessinées par
ultramarin. Dès lors, les axes de la scéno- Le cliché n’existe que pour ceux qui s’ac- la seule cartographie. Elle sort, essaime,
graphie, au nombre de cinq, suscitent commodent (s’encombrent) d’images métaphore en somme de l’idée qui ne
une manière de respiration conçue aussi confortables. Les portraits, les intérieurs, prend corps que partagée.
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6. e n tr é eS pour l’imaginaire
demeurée inachevée, faute de moyens
Regarder l’essentiel
sans doute. Dès lors, il s’abstrait et prend
le nom d’« Open », l’arche se dessinant
partiellement tel un arc-en-ciel amputé.
Il n’y a pas là de tragique déclaré. À l’ins-
trois artistes convoquent l’imaginaire à travers des médiums différents (installation, tar d’un Caspar David Friedrich, la nos-
photographie et peinture) pour amener le regardeur à voir au-delà de l’œuvre et s’interroger talgie certes s’entrevoit, mais l’œuvre,
sur les grands desseins de l’âme humaine. avant tout, met en perspective un espace
poétisé. On est frappé par le traitement
pictural proche de certaines signatures
de l’Europe du Nord. Le registre chro-
matique ténu (retenu) et le format d’en-
rodrigue glombard grains de sable descendent à l’intérieur aux architectures du Pays dogon dont les vergure ne sont pas sans évoquer Anselm
Que l’artiste depuis l’origine désigne le d’un espace tridimensionnel que l’on recouvrements successifs figurent l’en- Kiefer. Thomarel, qui peint la nuit, par-
temps comme une composante fonda- retourne afin de nous donner une image chaînement des générations. La perfor- fois à la lueur de seules bougies, se pré-
mentale de l’œuvre est une évidence. du temps que l’on croirait réversible, mance Derrame y tiempo met en scène un serve de la lumière naturelle qui égare
Roman Opałka, qui peint depuis le comme l’objet lui-même 1. » S’il choisit corps intemporel circulant lentement par son intensité. Chez lui, le pont est
début des années 1960 la progression des ici le sablier pour réifier le temps, entre des charges suspendues au moyen “Tournautour” (chef de meute) Le tournautour est une espèce endémique
finalement prétexte à la circulation de
chiffres, par définition sans clôture pos- Rodrigue Glombard en appelle lui aussi de cordes et lestées par des roches. Le 16° 09’ 51” N n’ayant pas les moyens de s’éloigner des côtes. l’œil dans l’espace entier du tableau. La
61° 52’ 12” W Il vit en meute et se nourrit de résidus émotionnels
sible, en est l’exemple contemporain le à une irréversibilité appuyée dans son sable, en s’échappant des masses, pro- alt ~ 3 200 ft qui définissent sa couleur et sa taille. coulure renvoie à la terre boueuse, et les
07/01/2011
plus obstiné. Exposant sa démarche, il œuvre sous des formes différentes, ainsi duit un son régulier qui semble redou- lignes verticales aux limites d’un terri-
écrit à propos du sablier en tant qu’ins- qu’en témoignent ses œuvres char- bler l’équilibre précaire qui menace. Jean-François ManicoM, Tournautour (chef de meute), 2011 toire. L’entière construction se joue entre
Photographie couleur, 100 × 150 cm.
trument de mesure que « […] la démons- nières. Le projet Une peinture par jour, C’est moins du choix d’un médium et les plans, plus précisément dans l’ar-
tration du principe est simple et convain- entrepris en 1997, consigne sans rupture d’un résultat escompté que d’un proces- chéologie des plans qui font se rejoindre
cante, il n’y a aucun doute au moins sur la relation au dessin et à la peinture. La sus engagé que l’artiste nous entretient. résidus émotionnels qui définissent sa tableau son point de focalisation, l’ar- la rapidité d’exécution et les strates
le début et la fin du mouvement : les série Comme des cases à palabres se réfère Le processus comme écho à la « machine couleur et sa taille ». On l’aura compris, tiste semble la convoquer pour mieux d’une mémoire ancienne. T.A.
temps » qui impose son avancée face à sous l’habillage scientifique faussement l’effacer, et cela doublement : le pont est
l’éphémère passage de l’homme. léger, les photographies inventorient les « souvenir » qui peu à peu s’émousse, 1. Roman Opałka, « Rencontre par la séparation »,
dans OPAŁKA 1965/1-∞, cat. expo., Ljubljana,
attentes et les projections des hommes en mais il évoque aussi une construction Moderna galerija Ljubljana, Mala galerija, 1991.
Jean-françois manicom regard de leur héritage culturel. La série
Le dragon n’est pas la créature griffue, s’inscrit dans le prolongement des
menaçante et cracheuse de feu volontiers recherches patrimoniales menées en
imaginée. Il en existe une grande variété Guadeloupe par Jean-François Mani-
dont la formation dans le ciel s’observe com. En guetteur infatigable, l’artiste ne
principalement au lever et au coucher du cesse, jour après jour, de collecter les
soleil. Chaque espèce se révèle comme images qu’il accompagne de relevés
un indicateur précieux des états émo- méthodiques. Une fois réuni, le corpus
tionnels, individuels et collectifs, des pourrait bien constituer l’ouvrage de
humains qui peuplent les zones étudiées. référence en la matière (inédite).
L’histoire complexe, le métissage et l’in-
sularité font de la Caraïbe un observa- philippe thomarel
toire privilégié de la migration des dra- Les toiles Open Bridge de grand format
gons. Jean-François Manicom l’affirme, constituent une série où l’inconscient a
et évoque sans sourire une nomenclature sa part. Philippe Thomarel, qui vit à
« encyclopédique », espèces et conditions Paris, ne renie ni l’ancrage guadelou-
environnementales savamment listées à péen de l’enfance, ni ses paysages qui
l’appui. Le Tournautour, à titre d’exemple, ressurgissent dans la mémoire, parfois en
constitue « une espèce endémique rêve. Le pont de la Gabarre, qui fut le
rodrigue glomBard, S’oublier de temps en temps, 2011 n’ayant pas les moyens de s’éloigner des théâtre de ses jeux, revient souvent. Si la
Dessin préparatoire : encre sur papier, 28 × 30 cm. côtes. Il vit en meute et se nourrit de structure architecturale donne au PhiliPPe thomarel, Open Bridge, 2007. Émulsion, huile sur toile, 300 × 200 cm.
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7. entréeS pour l’imaginaire
rodrigue glombard
S’oublier de temps en temps (détail), 2011
InstallatIon murale : 48 sablIers suspendus, 40 × 10 cm (chacun).
Le verre a ceci de magique qu’il capte les images alentour
plus subtilement que le miroir. Diffractés, mystérieux, les
reflets ne sont piégés que momentanément. Le sable en
s’écoulant imprime au galbe transparent quelques rejets
fugaces. Le verre et le sable rassemblent symboliquement
les aléas du temps. C’est pourquoi les hommes, épris de
folie, inventèrent le sablier qui rendit comptabilisable ce
qui ne l’était pas. S’oublier de temps en temps incarne
l’image de la sagesse.
Rodrigue Glombard est né en 1963 à Fort-de-France (Martinique).
Il vit et travaille à Lyon. Depuis janvier 1997, il réalise Une peinture chaque
jour, consignation au quotidien d’une peinture dans un carnet
(plus de 3 000 dessins à ce jour).
Ex POSITIONS (sélection)
2009 « Le Temps passe, et ! », exposition personnelle, Le François
(Martinique), Fondation Clément.
2008 « Marché d’art contemporain du Marin », exposition collective,
Le Marin (Martinique), galerie Arts pluriels. « Le Fil du temps »,
exposition personnelle, Lyon, galerie OBJ’M.
2007 « Les Dessins quotidiens des nuits de pleine lune », exposition
personnelle, Échirolles, Soirée pleine lune. « Les Carnets de Rodrigue »,
exposition personnelle, Chambéry, galerie du Larith. « Les Murs
du temps », exposition personnelle, Lyon, galerie Visken.
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