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outre-mer art contemporain
   à l’orangerie du Sénat
outre-mer art contemporain
   à l’orangerie du Sénat
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Sommaire
                                                                     entréeS pour l’imaginaire
                                                                     Rodrigue Glombard 18 * Jean-François Manicom 20 * Philippe Thomarel 22


                                                                     24
                                                                     Quand le peintre réinvente l’eSpace
                                                                     Thierry Alet 26 * Stéphanie Hoareau 28 * Raymond Médélice 30
                                                                     Michel Rovélas 34 * Thierry Tian-Sio-Po 32


                                                                     36
                                                                     de Soi à l’autre, la vérité deS apparenceS
6                                                                    François-Louis Athénas 38 * Christian Bertin 40 * Mirto Linguet 42
                                                                     Nicolas Nabajoth 44 * Cynthia Phibel 46 * Luz Severino 48
préfaceS
Gérard Larcher, président du Sénat                                   50
Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication
Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l’Outre-mer                 l’arboreScence ou
                                                                     leS ramificationS du monde
10                                                                   Jack Beng-Thi 52 * Serge Hélénon 54 * Jean-Claude Jolet 56 * Louis Laouchez 58

« ceS plaSticienS Sont libreS d’inventer
leur paSSé et notre préSent »                                        60
par Daniel Maximin                                                   verS un nouvel humaniSme
                                                                     Ernest Breleur 62 * Thierry Fontaine 64 * Bruno Pédurand 66
12                                                                   Yohann Queland de Saint-Pern 68

« la relation au monde
                                                                     70
réunit vingt-deux artiSteS »
par Tran Arnault                                                     la fondation clément
l’ ar t contemporain en outre-mer



     « La relation au monde réunit
     vingt-deux artistes »
     tran arnault, commissaire de l’exposition « oma », revient sur le choix d’un intitulé significatif,
     retrace les étapes du projet et dit ses objectifs pérennes.




                                                                          P
                                                                                  arce qu’il rassemble le corpus          installations pensées en dialogue avec
                                                                                  artistique de quatre régions            leurs initiateurs. Le commissariat est
                                                                                  (Guadeloupe, Guyane, Martinique,        allé vers les artistes en sorte d’établir un
                                                                          La Réunion) aujourd’hui « à l’œuvre »,          lien de qualité qui permette la concréti-
                                                                          « OMA » crée le flux depuis la Caraïbe et       sation d’un événement qui ouvre des            Christian Bertin, Li Diab La, 2009. Performance à Paris.
                                                                          l’océan Indien jusqu’à la capitale.             perspectives futures. Il est toujours
                                                                                                                          émouvant de visiter les créateurs dans
                                                                          « oma » incarne le signal                       leurs ateliers en projetant l’exposition       Se garder de toute                                La notion de pittoresque, moins appuyée,        qui lui a été rendu au Panthéon le 6 avril
                                                                          porté par vingt-deux artistes                   des œuvres choisies dans un espace             connotation exotique                              a parfois relayé celle d’exotisme, et la ten-   dernier dans le cadre de l’année des
                                                                          L’exposition constitue un nouveau jalon         dédié. Le regard du public représente          Présenter vingt-deux signatures ne peut se        tative ségalienne – avant-gardiste – d’in-      outre-mer donne à l’homme toute sa sta-
                                                                          de diffusion et de reconnaissance d’une         forcément l’aboutissement attendu, une         résumer à une exposition quadripartite,           troduire celle d’« exote » pour désigner        ture. Envisager le pluralisme comme fon-
                                                                          expression contemporaine remarquable.           conquête trop souvent raréfiée en raison       chacun des artistes se ralliant à un              celui qui se déplace à la fois dans le désir    dement, sans le réduire à l’universalité,
     tran arnault                                                         Le site de l’orangerie du palais du             des distances, de l’insularité, de la          pavillon. Un salon d’art plastique sous           et l’intelligence pourrait bien combler         concept utilisé sur tous les fronts, souvent
     Commissaire indépendante,                                            Luxembourg et de ses alentours mis à            concentration des marchés et de struc-         bannière séparée grenobloise, lilloise et         une lacune d’actualité.                         à tort et à travers, incarne une avancée
     est membre de l’Association                                          disposition par le Sénat fait idéalement        tures territoriales muséales qui font          lyonnaise serait-il concevable ? De même,                                                         qui doit énormément à la signature du
     internationale des critiques d’art.
                                                                          écho à la manifestation inscrite au pro-        encore défaut. Le talent, l’obstination        « OMA » entend se garder de toute conno-          contexte intellectuel                           penseur. En 1987, lors de la conférence
     Elle a dirigé la revue Cimaise.
                                                                          gramme de l’année 2011 des outre-mer.           des signatures réunies ont décidé de           tation exotique instaurée sur le registre         et émergence de talents                         hémisphérique des peuples noirs de la
                                                                          Le ferment historique et géographique           l’étape cruciale qui saura engager             d’un imaginaire tropical. Qui, mieux que          Il s’agit avant tout de donner ici à com-       diaspora organisée par l’Université inter-
                                                                          qui façonne chaque homme et la com-             d’autres opportunités. Des conférences         Victor Segalen, un siècle en arrière, pour        prendre les démarches et expérimenta-           nationale de Floride à Miami, Aimé
                                                                          munauté à laquelle il appartient s’entre-       de presse ont été organisées en amont          lever les malentendus et entrevoir toute la       tions qui savent s’extraire de la gangue        Césaire déclare : « Je pense à une identité
                                                                          voit, au-delà, en termes de circulations,       dans les quatre régions, car il ne s’agit      richesse du « divers » ? Le médecin de la         des idéologies – de celle aussi induite par     non pas archaïsante dévoreuse de soi-
                                                                          de rencontres et de confrontations. L’es-       pas d’instaurer une visibilité à sens          marine qui séjourna deux années en                l’éloignement géographique pour tous            même, mais dévorante du monde, c’est-
                                                                          pace véritablement perméable fait se            unique, mais de fédérer des énergies en        Océanie écrit en 1908 : « Avant tout,             ceux qui ont choisi d’habiter la terre          à-dire faisant main basse sur tout le pré-
                                                                          rejoindre l’originel et l’ailleurs, la racine   conviant Guyanais, Guadeloupéens,              déblayer le terrain. Jeter par-dessus bord        d’origine, au profit de la relation au          sent pour préparer le futur 2. » Autre
                                                                          et le fruit. Il fait s’entrecroiser les pay-    Martiniquais et Réunionnais à saluer la        tout ce que contient de médusé et de rance        monde. Cette relation aujourd’hui mise          grande figure, Édouard Glissant – dis-
                                                                          sages envisagés comme environnement             détermination de leurs artistes à réper-       ce mot d’exotisme. Le dépouiller de tous          en avant constitue un enchaînement his-         paru l’hiver dernier – donne, lui aussi,
                                                                          physique aussi bien que mental.                 cuter, en ambassadeurs avisés de leur          ses oripeaux : le palmier et le chameau ; et      torique : la question, essentielle, de          l’exemple de la projection sans laquelle
     1. Victor Segalen, Essai sur l’exotisme, une esthétique du divers,
     Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 1995, p. 22, 29.
                                                                          Parmi la centaine de pièces montrées            culture, une image forte et durable. Le        du même coup se débarrasser de tous ceux          l’identité était le questionnement incon-       les cultures se figent 3. Dénonçant le créo-
     2. Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme suivi                  figure un choix d’œuvres issues de la           vernissage de l’exposition « OMA » en          qui les employèrent avec une faconde              tournable, inhérent au postcolonialisme.        lisme longtemps diffusé par une littéra-
     de Discours sur la négritude, Paris, Présence africaine, 2004.
     Voir aussi A. Césaire, Cahier d’un retour au pays natal, Paris,      collection de la Fondation Clément,             présence de tous ses participants, dans        niaise. […] Exote, celui-là qui, Voyageur-        La sphère intellectuelle et politique reçut     ture complaisamment doudouiste, il dit la
     Présence africaine, [1971] 2000.
     3. Édouard Glissant, Le Discours antillais,                          des œuvres sélectionnées dans les ate-          ce lieu chargé d’histoire que représente       né, dans les mondes aux diversités mer-           beaucoup d’Aimé Césaire portant haut            créolisation du monde inéluctable et
     Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1997. Voir aussi É. Glissant,
     Tout-monde, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2010.                 liers, celles enfin qui concernent les          l’orangerie du Sénat, signifie beaucoup.       veilleuses, sent toute la saveur du Divers1. »    l’affirmation de la « négritude ». L’hommage    féconde. Son « Tout-monde 3 » à lui, loin




12                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        13
Cynthia PhiBel
     Where do you come from ? (détail), 2011
     Projet d’installation en cours réunissant
     cinquante portraits : photographie couleur.
                                                   « L’appel à la fraternité                                                                       les paysages urbains, patrimoniaux et
                                                                                                                                                   ceux du littoral rapportent ici, en prise
                                                                                                                                                   avec le réel, la manière dont hommes et

                                                   n’est pas un vœu pieux                                                                          femmes vivent et cohabitent dans un
                                                                                                                                                   même pays, entité unique géographique-


                                                   et naïf, mais une nécessaire
                                                                                                                                                   ment dispersée. (François-Louis Athénas,
                                                                                                                                                   Christian Bertin, Mirto Linguet, Nicolas
                                                                                                                                                   Nabajoth, Cynthia Phibel, Luz Severino)

                                                   reconnaissance de l’Autre »                                                                     L’arborescence ou
                                                                                                                                                   les ramifications du monde
                                                                                                                                                   La Caraïbe consciente de ses racines afri-
                                                                                                                                                   caines, La Réunion érigée à l’aune du syn-
                                                                                                                                                   crétisme, ces grands pôles incarnent la
                                                   de recouper la mondialisation écono-            pour rythmer l’architecture verticale de        richesse de la créolisation. En penseurs du
                                                   mique et son pendant, l’uniformisation,         l’orangerie du Sénat :                          monde, les artistes s’emparent très tôt du
                                                   prône l’aspiration à la diversité émanci-                                                       constat historique pour nourrir l’œuvre
                                                   pée de toute idéologie autoproclamée.           Entrées pour l’imaginaire                       des cultures fondatrices rassemblées.
                                                   Vision de poète, avanceront les sceptiques      Le sablier, les dragons et les ponts sont       Sous leur férule, les icônes se soustraient
                                                   – Édouard Glissant comme Aimé Césaire           prétexte à métaphores. Ils résonnent en         à l’oubli pour engager un devenir. (Jack
                                                   déploient en effet une langue magni-            chacun de nous en relation avec notre           Beng-Thi, Serge Hélénon, Jean-Claude
                                                   fique –, toujours est-il que l’analyse          histoire intime, ils interrogent, ramènent      Jolet, Louis Laouchez)
                                                   visionnaire joliment baptisée pensée du         le regardeur à la quête essentielle. À
                                                   tremblement trouve déjà écho dans nos           l’instar des contes, ils ont vocation à lais-   Vers un nouvel humanisme
                                                   modes de vie. L’appel à la fraternité n’est     ser entrevoir, au-delà d’une première           La circulation de l’information favorise
                                                   pas un vœu pieux et naïf, mais une néces-       approche, les grands desseins de l’âme          l’avènement de nouveaux modes d’expo-
                                                   saire reconnaissance de l’Autre, de tous        humaine. (Rodrigue Glombard, Jean-              sition. C’est moins le médium qu’il s’agit
                                                   les autres pour s’accorder à soi-même. Il       François Manicom, Philippe Thomarel)            de remettre en question que sa percep-
                                                   apparaissait utile, sans pouvoir citer ici                                                      tion : portrait qui n’en est plus un, gesta-
                                                   tous ses contributeurs illustres, de rappe-     Quand le peintre réinvente l’espace             tion de la photographie en sculpture,
                                                   ler un contexte nourri avec discernement,       La peinture a ceci de magique qu’elle tra-      image vidéo comme support philoso-
                                                   et dans un esprit de compagnonnage avec         duit depuis toujours ce que nous ne             phique, autels érigés en symbolique
                                                   les tenants de la création artistique.          savons pas exprimer par le biais du seul        contemporaine, autant de troubles susci-
                                                                                                   langage parlé ou écrit. Sonner le glas d’un     tés pour catalyser la transformation du
                                                   cinq approches pour découvrir                   médium – les stigmatisations à répétition       regard sur l’art. Les pistes proposées
                                                   la création ultramarine                         sont demeurées lettre morte – est pure          engagent à la fois leurs initiateurs et le
                                                   Le parcours de l’exposition « OMA » met         folie, juste avancée pour désapprendre.         public alerté par la pertinence d’une
                                                   donc en situation un espace ouvert et les       Les artistes présentés livrent une proposi-     renaissance annoncée. (Ernest Breleur,
                                                   hommes qui lui donnent sens. Il fait se         tion très personnelle qui démontre les          Thierry Fontaine, Bruno Pédurand,
                                                   répondre et s’articuler les différents          potentiels inépuisables de la spatialité        Yohann Queland de Saint-Pern)
                                                   médiums : peinture, sculpture, photo-           appliquée à la surface du tableau. (Thierry
                                                   graphie, installation et vidéo. D’une           Alet, Stéphanie Hoareau, Raymond                Œuvres en prise avec le sol, les autres en
                                                   sphère l’autre, le visiteur ne franchit pas     Médélice, Michel Rovélas, Thierry               suspension, va-et-vient orchestré entre
                                                   de portes successives : chaque espace tra-      Tian-Sio-Po)                                    l’intérieur de l’architecture de l’orange-
                                                   versé annonce naturellement le suivant.                                                         rie du Sénat et l’extérieur des jardins, la
                                                   Il est invitation à la rencontre et, partant,   De soi à l’autre,                               ligne d’énergie qui relie ici chacun des
                                                   à la connaissance de l’art contemporain         la vérité des apparences                        artistes se joue des limites dessinées par
                                                   ultramarin. Dès lors, les axes de la scéno-     Le cliché n’existe que pour ceux qui s’ac-      la seule cartographie. Elle sort, essaime,
                                                   graphie, au nombre de cinq, suscitent           commodent (s’encombrent) d’images               métaphore en somme de l’idée qui ne
                                                   une manière de respiration conçue aussi         confortables. Les portraits, les intérieurs,    prend corps que partagée.




14                                                                                                                                                                                                15
e n tr é eS pour l’imaginaire
                                                                                                                                                                                                                                                     demeurée inachevée, faute de moyens


     Regarder l’essentiel
                                                                                                                                                                                                                                                     sans doute. Dès lors, il s’abstrait et prend
                                                                                                                                                                                                                                                     le nom d’« Open », l’arche se dessinant
                                                                                                                                                                                                                                                     partiellement tel un arc-en-ciel amputé.
                                                                                                                                                                                                                                                     Il n’y a pas là de tragique déclaré. À l’ins-
     trois artistes convoquent l’imaginaire à travers des médiums différents (installation,                                                                                                                                                          tar d’un Caspar David Friedrich, la nos-
     photographie et peinture) pour amener le regardeur à voir au-delà de l’œuvre et s’interroger                                                                                                                                                    talgie certes s’entrevoit, mais l’œuvre,
     sur les grands desseins de l’âme humaine.                                                                                                                                                                                                       avant tout, met en perspective un espace
                                                                                                                                                                                                                                                     poétisé. On est frappé par le traitement
                                                                                                                                                                                                                                                     pictural proche de certaines signatures
                                                                                                                                                                                                                                                     de l’Europe du Nord. Le registre chro-
                                                                                                                                                                                                                                                     matique ténu (retenu) et le format d’en-
     rodrigue glombard                             grains de sable descendent à l’intérieur     aux architectures du Pays dogon dont les                                                                                                             vergure ne sont pas sans évoquer Anselm
     Que l’artiste depuis l’origine désigne le     d’un espace tridimensionnel que l’on         recouvrements successifs figurent l’en-                                                                                                              Kiefer. Thomarel, qui peint la nuit, par-
     temps comme une composante fonda-             retourne afin de nous donner une image       chaînement des générations. La perfor-                                                                                                               fois à la lueur de seules bougies, se pré-
     mentale de l’œuvre est une évidence.          du temps que l’on croirait réversible,       mance Derrame y tiempo met en scène un                                                                                                               serve de la lumière naturelle qui égare
     Roman Opałka, qui peint depuis le             comme l’objet lui-même 1. » S’il choisit     corps intemporel circulant lentement                                                                                                                 par son intensité. Chez lui, le pont est
     début des années 1960 la progression des      ici le sablier pour réifier le temps,        entre des charges suspendues au moyen         “Tournautour” (chef de meute)                   Le tournautour est une espèce endémique
                                                                                                                                                                                                                                                     finalement prétexte à la circulation de
     chiffres, par définition sans clôture pos-    Rodrigue Glombard en appelle lui aussi       de cordes et lestées par des roches. Le       16° 09’ 51” N                                   n’ayant pas les moyens de s’éloigner des côtes.        l’œil dans l’espace entier du tableau. La
                                                                                                                                              61° 52’ 12” W                                   Il vit en meute et se nourrit de résidus émotionnels
     sible, en est l’exemple contemporain le       à une irréversibilité appuyée dans son       sable, en s’échappant des masses, pro-        alt ~ 3 200 ft                                  qui définissent sa couleur et sa taille.               coulure renvoie à la terre boueuse, et les
                                                                                                                                              07/01/2011
     plus obstiné. Exposant sa démarche, il        œuvre sous des formes différentes, ainsi     duit un son régulier qui semble redou-                                                                                                               lignes verticales aux limites d’un terri-
     écrit à propos du sablier en tant qu’ins-     qu’en témoignent ses œuvres char-            bler l’équilibre précaire qui menace.         Jean-François ManicoM, Tournautour (chef de meute), 2011                                               toire. L’entière construction se joue entre
                                                                                                                                              Photographie couleur, 100 × 150 cm.
     trument de mesure que « […] la démons-        nières. Le projet Une peinture par jour,     C’est moins du choix d’un médium et                                                                                                                  les plans, plus précisément dans l’ar-
     tration du principe est simple et convain-    entrepris en 1997, consigne sans rupture     d’un résultat escompté que d’un proces-                                                                                                              chéologie des plans qui font se rejoindre
     cante, il n’y a aucun doute au moins sur      la relation au dessin et à la peinture. La   sus engagé que l’artiste nous entretient.     résidus émotionnels qui définissent sa          tableau son point de focalisation, l’ar-               la rapidité d’exécution et les strates
     le début et la fin du mouvement : les         série Comme des cases à palabres se réfère   Le processus comme écho à la « machine        couleur et sa taille ». On l’aura compris,      tiste semble la convoquer pour mieux                   d’une mémoire ancienne.                 T.A.
                                                                                                temps » qui impose son avancée face à         sous l’habillage scientifique faussement        l’effacer, et cela doublement : le pont est
                                                                                                l’éphémère passage de l’homme.                léger, les photographies inventorient les       « souvenir » qui peu à peu s’émousse,                  1. Roman Opałka, « Rencontre par la séparation »,
                                                                                                                                                                                                                                                     dans OPAŁKA 1965/1-∞, cat. expo., Ljubljana,
                                                                                                                                              attentes et les projections des hommes en       mais il évoque aussi une construction                  Moderna galerija Ljubljana, Mala galerija, 1991.

                                                                                                Jean-françois manicom                         regard de leur héritage culturel. La série
                                                                                                Le dragon n’est pas la créature griffue,      s’inscrit dans le prolongement des
                                                                                                menaçante et cracheuse de feu volontiers      recherches patrimoniales menées en
                                                                                                imaginée. Il en existe une grande variété     Guadeloupe par Jean-François Mani-
                                                                                                dont la formation dans le ciel s’observe      com. En guetteur infatigable, l’artiste ne
                                                                                                principalement au lever et au coucher du      cesse, jour après jour, de collecter les
                                                                                                soleil. Chaque espèce se révèle comme         images qu’il accompagne de relevés
                                                                                                un indicateur précieux des états émo-         méthodiques. Une fois réuni, le corpus
                                                                                                tionnels, individuels et collectifs, des      pourrait bien constituer l’ouvrage de
                                                                                                humains qui peuplent les zones étudiées.      référence en la matière (inédite).
                                                                                                L’histoire complexe, le métissage et l’in-
                                                                                                sularité font de la Caraïbe un observa-       philippe thomarel
                                                                                                toire privilégié de la migration des dra-     Les toiles Open Bridge de grand format
                                                                                                gons. Jean-François Manicom l’affirme,        constituent une série où l’inconscient a
                                                                                                et évoque sans sourire une nomenclature       sa part. Philippe Thomarel, qui vit à
                                                                                                « encyclopédique », espèces et conditions     Paris, ne renie ni l’ancrage guadelou-
                                                                                                environnementales savamment listées à         péen de l’enfance, ni ses paysages qui
                                                                                                l’appui. Le Tournautour, à titre d’exemple,   ressurgissent dans la mémoire, parfois en
                                                                                                constitue « une espèce endémique              rêve. Le pont de la Gabarre, qui fut le
     rodrigue glomBard, S’oublier de temps en temps, 2011                                       n’ayant pas les moyens de s’éloigner des      théâtre de ses jeux, revient souvent. Si la
     Dessin préparatoire : encre sur papier, 28 × 30 cm.                                        côtes. Il vit en meute et se nourrit de       structure architecturale donne au               PhiliPPe thomarel, Open Bridge, 2007. Émulsion, huile sur toile, 300 × 200 cm.




16                                                                                                                                                                                                                                                                                                       17
entréeS pour l’imaginaire




     rodrigue glombard
     S’oublier de temps en temps (détail), 2011
     InstallatIon murale : 48 sablIers suspendus, 40 × 10 cm (chacun).




     Le verre a ceci de magique qu’il capte les images alentour
     plus subtilement que le miroir. Diffractés, mystérieux, les
     reflets ne sont piégés que momentanément. Le sable en
     s’écoulant imprime au galbe transparent quelques rejets
     fugaces. Le verre et le sable rassemblent symboliquement
     les aléas du temps. C’est pourquoi les hommes, épris de
     folie, inventèrent le sablier qui rendit comptabilisable ce
     qui ne l’était pas. S’oublier de temps en temps incarne
     l’image de la sagesse.


     Rodrigue Glombard est né en 1963 à Fort-de-France (Martinique).
     Il vit et travaille à Lyon. Depuis janvier 1997, il réalise Une peinture chaque
     jour, consignation au quotidien d’une peinture dans un carnet
     (plus de 3 000 dessins à ce jour).

     Ex POSITIONS (sélection)

     2009 « Le Temps passe, et ! », exposition personnelle, Le François
     (Martinique), Fondation Clément.

     2008 « Marché d’art contemporain du Marin », exposition collective,
     Le Marin (Martinique), galerie Arts pluriels. « Le Fil du temps »,
     exposition personnelle, Lyon, galerie OBJ’M.

     2007 « Les Dessins quotidiens des nuits de pleine lune », exposition
     personnelle, Échirolles, Soirée pleine lune. « Les Carnets de Rodrigue »,
     exposition personnelle, Chambéry, galerie du Larith. « Les Murs
     du temps », exposition personnelle, Lyon, galerie Visken.




18
expoSition                                             Commissariat « 2011, année des outre-mer »      Crédits photographiques
« OMA, outre-mer art contemporain »                    Daniel Maximin, Laurent Laviolette,             © Beaux Arts/TTM Group 2011
10 juin-8 juillet 2011                                 Sylvie Poujade, Caroline Bourgine               © ADAGP, Paris 2011 pour toutes les œuvres de ses
Orangerie du Sénat                                     FRAC Réunion                                    membres : Jack Beng-Thi (p. 50, 53) ; Serge Hélénon
                                                       Nathalie Gonthier                               (p. 50, 55) ; Jean-Claude Jolet (p. 51, 56, 57) ; Louis
Commissaire                                                                                            Laouchez (p. 51, 59) ; Thierry Fontaine (p. 65)
Tran Arnault                                           Galerie Béatrice Binoche, La Réunion
                                                                                                       Couverture : © Luz Severino/Photo Anne Chopin
                                                       Yvana Vaïtilingon (hexode)
Scénographie                                                                                           p. 7 : © François Maréchal. p. 8 : © Didier Plowy/
Jeanne Dumont,                                                                                         MCC. p. 9 : © DICOM/Ministère de l’Intérieur.
assistée de Julie Delaittre-Vichnievsky                fondation clément                               p. 10 : © Simonet. p. 11 : © Tom Sam You. p. 12 :
Conception graphique                                   Président                                       © Elizabeth Prouvost. p. 13 : © Luc Jennepin.
Pierre-Alexis Delaplace (voici-voilà)                  Bernard Hayot                                   p. 14 : © Phibel. p. 16 : © Rodrigue Glombard.
                                                                                                       p. 17 : © Manicom/© Thomarel. p. 19 : © Rodrigue
Communication                                          Coordination                                    Glombard. p. 21 : © Manicom. p. 23 : © Philippe
Marie-Christine Duval (agence comecla)                 Florent Plasse,                                 Thomarel. p. 24 : © Médélice. p. 25 : © Marc
et Priscille Reneaume (image 7)                        Célia Sainville,                                Chamaillard. p. 27 : © Alet. p. 29 : © Felix Mura.
Production des œuvres                                  Colette Sorel                                   p. 31 : © Médélice. p. 33 : © Gérard Germain.
Steeve Bauras (kaput production)                       Communication                                   p. 35 : © Marc Chamaillard. p. 36 : © Athénas.
Tirage des œuvres photographiques                      Laurence Sauphanor                              p. 37 : © Mirto Linguet/© Nabajoth. p. 39 : © Athénas.
Picto, Digital Service                                 Relations institutionnelles                     p. 41 : © Robert Charlotte. p. 43 : © Mirto Linguet.
                                                       Grégoire Guéden                                 p. 45 : © Nabajoth. p. 47 : © Cynthia Phibel.
Fabrication des décors et éclairages                                                                   p. 49 : © Anne Chopin. p. 50 : © DR/© Serge Ephraïm.
David et Michel Heulin (un point trois)                Services techniques                             p. 51 : © Jean-Claude Jolet/© Gérard Germain.
Accrochage des œuvres                                  Frantz Cadet-Petit                              p. 53 : © Thierry Hoarau. p. 55 : © Serge Ephraïm.
Olivier Lazard (jetlagk)                               Gestion des collections                         p. 56-57 : © Jean-Claude Jolet. p. 59 : © Gérard
Transport                                              Régine Bonnaire                                 Germain. p. 60 : © Jean-Philippe Breleur. p. 61 :
Sabine Estrabaud (affretair/amm)                                                                       © Pédurand/© Queland de Saint-Pern. p. 63 : © Jean-
Sonia Duchamp (set cargo)                                                                              Philippe Breleur. p. 65 : © Fontaine. p. 67 : © Gérard
                                                       une publication                                 Germain. p. 68-69 : © Queland de Saint-Pern.
Alexandre Petrelluzzi (agence petrelluzzi transit)
                                                       ttm éditionS/beaux artS éditionS                p. 70 : © Henri Salomon. p. 71 : © Robert Charlotte.
Remerciements
                                                       Président                                       p. 72 : © Robert Charlotte. p. 73 : © Henri Salomon.
Les artistes
                                                       Thierry Taittinger                              p. 74 : © Henri Salomon.
Thierry Alet, François-Louis Athénas, Jack Beng-Thi,
Christian Bertin, Ernest Breleur, Thierry Fontaine,    Directeur                                       Légende de couverture
Rodrigue Glombard, Serge Hélénon, Stéphanie            Claude Pommereau                                Luz Severino
Hoareau, Jean-Claude Jolet, Louis Laouchez,            Éditrice                                        Avançons tous ensemble
Mirto Linguet, Jean-François Manicom, Raymond          Camille Aguignier                               Installation. Fer oxydé et tôle soudée (détail).
Médélice, Nicolas Nabajoth, Bruno Pédurand,
Cynthia Phibel, Yohann Queland de Saint-Pern,          Conception graphique
Michel Rovélas, Luz Severino, Philippe Thomarel,       Aurore Jannin
Thierry Tian-Sio-Po.                                   Iconographe
Sénat                                                  Florelle Guillaume
Marie-Christine Aubert, Catherine Escoffé,             Secrétaire de rédaction
Bertrand Pellé, Lionel Quelennec                       Franck Antoni
Ministère chargé de l’Outre-mer                        Dépôt légal mai 2011 | isbn 978-2-84278-847-6
Jean-Baptiste Rotsen                                   Achevé d’imprimer en France, mai 2011,
Ministère de la Culture et de la Communication         sur les presses de l’imprimerie Loire offset,
Pierre Lungheretti                                     Saint-Étienne




l a fo n dation c lément, fondation d’entrepri Se de gbh
GBH exerce des activités diversifiées (automobile, grande distribution, activités industrielles) outre-mer, en France
métropolitaine, au Maroc, en Algérie et en Chine. Depuis toujours, GBH a la volonté de contribuer au développement
économique et social durable des territoires dans lesquels il est implanté et de répondre aux attentes des populations
en matière d’environnement, d’insertion des jeunes et de valorisation du patrimoine culturel.
Bernard Hayot, fondateur et président de GBH, a créé la Fondation Clément pour mener des actions de mécénat en
faveur des arts et du patrimoine architectural et culturel dans la Caraïbe et l’océan Indien. La Fondation Clément sou-
tient la création contemporaine avec l’organisation d’expositions, la constitution d’une collection d’œuvres et la
coédition de monographies sur les artistes. Elle a présenté au public plus de trente-cinq expositions individuelles et
collectives réunissant plus de soixante-quinze plasticiens de la Caraïbe. Aujourd’hui, elle accentue ses efforts pour
favoriser l’émergence des jeunes artistes et la visibilité des plasticiens au-delà de leurs frontières.

                                                                                                                                                                 75

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Extrait catalogue oma

  • 1. outre-mer art contemporain à l’orangerie du Sénat
  • 2. outre-mer art contemporain à l’orangerie du Sénat
  • 3. 16 Sommaire entréeS pour l’imaginaire Rodrigue Glombard 18 * Jean-François Manicom 20 * Philippe Thomarel 22 24 Quand le peintre réinvente l’eSpace Thierry Alet 26 * Stéphanie Hoareau 28 * Raymond Médélice 30 Michel Rovélas 34 * Thierry Tian-Sio-Po 32 36 de Soi à l’autre, la vérité deS apparenceS 6 François-Louis Athénas 38 * Christian Bertin 40 * Mirto Linguet 42 Nicolas Nabajoth 44 * Cynthia Phibel 46 * Luz Severino 48 préfaceS Gérard Larcher, président du Sénat 50 Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l’Outre-mer l’arboreScence ou leS ramificationS du monde 10 Jack Beng-Thi 52 * Serge Hélénon 54 * Jean-Claude Jolet 56 * Louis Laouchez 58 « ceS plaSticienS Sont libreS d’inventer leur paSSé et notre préSent » 60 par Daniel Maximin verS un nouvel humaniSme Ernest Breleur 62 * Thierry Fontaine 64 * Bruno Pédurand 66 12 Yohann Queland de Saint-Pern 68 « la relation au monde 70 réunit vingt-deux artiSteS » par Tran Arnault la fondation clément
  • 4. l’ ar t contemporain en outre-mer « La relation au monde réunit vingt-deux artistes » tran arnault, commissaire de l’exposition « oma », revient sur le choix d’un intitulé significatif, retrace les étapes du projet et dit ses objectifs pérennes. P arce qu’il rassemble le corpus installations pensées en dialogue avec artistique de quatre régions leurs initiateurs. Le commissariat est (Guadeloupe, Guyane, Martinique, allé vers les artistes en sorte d’établir un La Réunion) aujourd’hui « à l’œuvre », lien de qualité qui permette la concréti- « OMA » crée le flux depuis la Caraïbe et sation d’un événement qui ouvre des Christian Bertin, Li Diab La, 2009. Performance à Paris. l’océan Indien jusqu’à la capitale. perspectives futures. Il est toujours émouvant de visiter les créateurs dans « oma » incarne le signal leurs ateliers en projetant l’exposition Se garder de toute La notion de pittoresque, moins appuyée, qui lui a été rendu au Panthéon le 6 avril porté par vingt-deux artistes des œuvres choisies dans un espace connotation exotique a parfois relayé celle d’exotisme, et la ten- dernier dans le cadre de l’année des L’exposition constitue un nouveau jalon dédié. Le regard du public représente Présenter vingt-deux signatures ne peut se tative ségalienne – avant-gardiste – d’in- outre-mer donne à l’homme toute sa sta- de diffusion et de reconnaissance d’une forcément l’aboutissement attendu, une résumer à une exposition quadripartite, troduire celle d’« exote » pour désigner ture. Envisager le pluralisme comme fon- expression contemporaine remarquable. conquête trop souvent raréfiée en raison chacun des artistes se ralliant à un celui qui se déplace à la fois dans le désir dement, sans le réduire à l’universalité, tran arnault Le site de l’orangerie du palais du des distances, de l’insularité, de la pavillon. Un salon d’art plastique sous et l’intelligence pourrait bien combler concept utilisé sur tous les fronts, souvent Commissaire indépendante, Luxembourg et de ses alentours mis à concentration des marchés et de struc- bannière séparée grenobloise, lilloise et une lacune d’actualité. à tort et à travers, incarne une avancée est membre de l’Association disposition par le Sénat fait idéalement tures territoriales muséales qui font lyonnaise serait-il concevable ? De même, qui doit énormément à la signature du internationale des critiques d’art. écho à la manifestation inscrite au pro- encore défaut. Le talent, l’obstination « OMA » entend se garder de toute conno- contexte intellectuel penseur. En 1987, lors de la conférence Elle a dirigé la revue Cimaise. gramme de l’année 2011 des outre-mer. des signatures réunies ont décidé de tation exotique instaurée sur le registre et émergence de talents hémisphérique des peuples noirs de la Le ferment historique et géographique l’étape cruciale qui saura engager d’un imaginaire tropical. Qui, mieux que Il s’agit avant tout de donner ici à com- diaspora organisée par l’Université inter- qui façonne chaque homme et la com- d’autres opportunités. Des conférences Victor Segalen, un siècle en arrière, pour prendre les démarches et expérimenta- nationale de Floride à Miami, Aimé munauté à laquelle il appartient s’entre- de presse ont été organisées en amont lever les malentendus et entrevoir toute la tions qui savent s’extraire de la gangue Césaire déclare : « Je pense à une identité voit, au-delà, en termes de circulations, dans les quatre régions, car il ne s’agit richesse du « divers » ? Le médecin de la des idéologies – de celle aussi induite par non pas archaïsante dévoreuse de soi- de rencontres et de confrontations. L’es- pas d’instaurer une visibilité à sens marine qui séjourna deux années en l’éloignement géographique pour tous même, mais dévorante du monde, c’est- pace véritablement perméable fait se unique, mais de fédérer des énergies en Océanie écrit en 1908 : « Avant tout, ceux qui ont choisi d’habiter la terre à-dire faisant main basse sur tout le pré- rejoindre l’originel et l’ailleurs, la racine conviant Guyanais, Guadeloupéens, déblayer le terrain. Jeter par-dessus bord d’origine, au profit de la relation au sent pour préparer le futur 2. » Autre et le fruit. Il fait s’entrecroiser les pay- Martiniquais et Réunionnais à saluer la tout ce que contient de médusé et de rance monde. Cette relation aujourd’hui mise grande figure, Édouard Glissant – dis- sages envisagés comme environnement détermination de leurs artistes à réper- ce mot d’exotisme. Le dépouiller de tous en avant constitue un enchaînement his- paru l’hiver dernier – donne, lui aussi, physique aussi bien que mental. cuter, en ambassadeurs avisés de leur ses oripeaux : le palmier et le chameau ; et torique : la question, essentielle, de l’exemple de la projection sans laquelle 1. Victor Segalen, Essai sur l’exotisme, une esthétique du divers, Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 1995, p. 22, 29. Parmi la centaine de pièces montrées culture, une image forte et durable. Le du même coup se débarrasser de tous ceux l’identité était le questionnement incon- les cultures se figent 3. Dénonçant le créo- 2. Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme suivi figure un choix d’œuvres issues de la vernissage de l’exposition « OMA » en qui les employèrent avec une faconde tournable, inhérent au postcolonialisme. lisme longtemps diffusé par une littéra- de Discours sur la négritude, Paris, Présence africaine, 2004. Voir aussi A. Césaire, Cahier d’un retour au pays natal, Paris, collection de la Fondation Clément, présence de tous ses participants, dans niaise. […] Exote, celui-là qui, Voyageur- La sphère intellectuelle et politique reçut ture complaisamment doudouiste, il dit la Présence africaine, [1971] 2000. 3. Édouard Glissant, Le Discours antillais, des œuvres sélectionnées dans les ate- ce lieu chargé d’histoire que représente né, dans les mondes aux diversités mer- beaucoup d’Aimé Césaire portant haut créolisation du monde inéluctable et Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1997. Voir aussi É. Glissant, Tout-monde, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2010. liers, celles enfin qui concernent les l’orangerie du Sénat, signifie beaucoup. veilleuses, sent toute la saveur du Divers1. » l’affirmation de la « négritude ». L’hommage féconde. Son « Tout-monde 3 » à lui, loin 12 13
  • 5. Cynthia PhiBel Where do you come from ? (détail), 2011 Projet d’installation en cours réunissant cinquante portraits : photographie couleur. « L’appel à la fraternité les paysages urbains, patrimoniaux et ceux du littoral rapportent ici, en prise avec le réel, la manière dont hommes et n’est pas un vœu pieux femmes vivent et cohabitent dans un même pays, entité unique géographique- et naïf, mais une nécessaire ment dispersée. (François-Louis Athénas, Christian Bertin, Mirto Linguet, Nicolas Nabajoth, Cynthia Phibel, Luz Severino) reconnaissance de l’Autre » L’arborescence ou les ramifications du monde La Caraïbe consciente de ses racines afri- caines, La Réunion érigée à l’aune du syn- crétisme, ces grands pôles incarnent la de recouper la mondialisation écono- pour rythmer l’architecture verticale de richesse de la créolisation. En penseurs du mique et son pendant, l’uniformisation, l’orangerie du Sénat : monde, les artistes s’emparent très tôt du prône l’aspiration à la diversité émanci- constat historique pour nourrir l’œuvre pée de toute idéologie autoproclamée. Entrées pour l’imaginaire des cultures fondatrices rassemblées. Vision de poète, avanceront les sceptiques Le sablier, les dragons et les ponts sont Sous leur férule, les icônes se soustraient – Édouard Glissant comme Aimé Césaire prétexte à métaphores. Ils résonnent en à l’oubli pour engager un devenir. (Jack déploient en effet une langue magni- chacun de nous en relation avec notre Beng-Thi, Serge Hélénon, Jean-Claude fique –, toujours est-il que l’analyse histoire intime, ils interrogent, ramènent Jolet, Louis Laouchez) visionnaire joliment baptisée pensée du le regardeur à la quête essentielle. À tremblement trouve déjà écho dans nos l’instar des contes, ils ont vocation à lais- Vers un nouvel humanisme modes de vie. L’appel à la fraternité n’est ser entrevoir, au-delà d’une première La circulation de l’information favorise pas un vœu pieux et naïf, mais une néces- approche, les grands desseins de l’âme l’avènement de nouveaux modes d’expo- saire reconnaissance de l’Autre, de tous humaine. (Rodrigue Glombard, Jean- sition. C’est moins le médium qu’il s’agit les autres pour s’accorder à soi-même. Il François Manicom, Philippe Thomarel) de remettre en question que sa percep- apparaissait utile, sans pouvoir citer ici tion : portrait qui n’en est plus un, gesta- tous ses contributeurs illustres, de rappe- Quand le peintre réinvente l’espace tion de la photographie en sculpture, ler un contexte nourri avec discernement, La peinture a ceci de magique qu’elle tra- image vidéo comme support philoso- et dans un esprit de compagnonnage avec duit depuis toujours ce que nous ne phique, autels érigés en symbolique les tenants de la création artistique. savons pas exprimer par le biais du seul contemporaine, autant de troubles susci- langage parlé ou écrit. Sonner le glas d’un tés pour catalyser la transformation du cinq approches pour découvrir médium – les stigmatisations à répétition regard sur l’art. Les pistes proposées la création ultramarine sont demeurées lettre morte – est pure engagent à la fois leurs initiateurs et le Le parcours de l’exposition « OMA » met folie, juste avancée pour désapprendre. public alerté par la pertinence d’une donc en situation un espace ouvert et les Les artistes présentés livrent une proposi- renaissance annoncée. (Ernest Breleur, hommes qui lui donnent sens. Il fait se tion très personnelle qui démontre les Thierry Fontaine, Bruno Pédurand, répondre et s’articuler les différents potentiels inépuisables de la spatialité Yohann Queland de Saint-Pern) médiums : peinture, sculpture, photo- appliquée à la surface du tableau. (Thierry graphie, installation et vidéo. D’une Alet, Stéphanie Hoareau, Raymond Œuvres en prise avec le sol, les autres en sphère l’autre, le visiteur ne franchit pas Médélice, Michel Rovélas, Thierry suspension, va-et-vient orchestré entre de portes successives : chaque espace tra- Tian-Sio-Po) l’intérieur de l’architecture de l’orange- versé annonce naturellement le suivant. rie du Sénat et l’extérieur des jardins, la Il est invitation à la rencontre et, partant, De soi à l’autre, ligne d’énergie qui relie ici chacun des à la connaissance de l’art contemporain la vérité des apparences artistes se joue des limites dessinées par ultramarin. Dès lors, les axes de la scéno- Le cliché n’existe que pour ceux qui s’ac- la seule cartographie. Elle sort, essaime, graphie, au nombre de cinq, suscitent commodent (s’encombrent) d’images métaphore en somme de l’idée qui ne une manière de respiration conçue aussi confortables. Les portraits, les intérieurs, prend corps que partagée. 14 15
  • 6. e n tr é eS pour l’imaginaire demeurée inachevée, faute de moyens Regarder l’essentiel sans doute. Dès lors, il s’abstrait et prend le nom d’« Open », l’arche se dessinant partiellement tel un arc-en-ciel amputé. Il n’y a pas là de tragique déclaré. À l’ins- trois artistes convoquent l’imaginaire à travers des médiums différents (installation, tar d’un Caspar David Friedrich, la nos- photographie et peinture) pour amener le regardeur à voir au-delà de l’œuvre et s’interroger talgie certes s’entrevoit, mais l’œuvre, sur les grands desseins de l’âme humaine. avant tout, met en perspective un espace poétisé. On est frappé par le traitement pictural proche de certaines signatures de l’Europe du Nord. Le registre chro- matique ténu (retenu) et le format d’en- rodrigue glombard grains de sable descendent à l’intérieur aux architectures du Pays dogon dont les vergure ne sont pas sans évoquer Anselm Que l’artiste depuis l’origine désigne le d’un espace tridimensionnel que l’on recouvrements successifs figurent l’en- Kiefer. Thomarel, qui peint la nuit, par- temps comme une composante fonda- retourne afin de nous donner une image chaînement des générations. La perfor- fois à la lueur de seules bougies, se pré- mentale de l’œuvre est une évidence. du temps que l’on croirait réversible, mance Derrame y tiempo met en scène un serve de la lumière naturelle qui égare Roman Opałka, qui peint depuis le comme l’objet lui-même 1. » S’il choisit corps intemporel circulant lentement par son intensité. Chez lui, le pont est début des années 1960 la progression des ici le sablier pour réifier le temps, entre des charges suspendues au moyen “Tournautour” (chef de meute) Le tournautour est une espèce endémique finalement prétexte à la circulation de chiffres, par définition sans clôture pos- Rodrigue Glombard en appelle lui aussi de cordes et lestées par des roches. Le 16° 09’ 51” N n’ayant pas les moyens de s’éloigner des côtes. l’œil dans l’espace entier du tableau. La 61° 52’ 12” W Il vit en meute et se nourrit de résidus émotionnels sible, en est l’exemple contemporain le à une irréversibilité appuyée dans son sable, en s’échappant des masses, pro- alt ~ 3 200 ft qui définissent sa couleur et sa taille. coulure renvoie à la terre boueuse, et les 07/01/2011 plus obstiné. Exposant sa démarche, il œuvre sous des formes différentes, ainsi duit un son régulier qui semble redou- lignes verticales aux limites d’un terri- écrit à propos du sablier en tant qu’ins- qu’en témoignent ses œuvres char- bler l’équilibre précaire qui menace. Jean-François ManicoM, Tournautour (chef de meute), 2011 toire. L’entière construction se joue entre Photographie couleur, 100 × 150 cm. trument de mesure que « […] la démons- nières. Le projet Une peinture par jour, C’est moins du choix d’un médium et les plans, plus précisément dans l’ar- tration du principe est simple et convain- entrepris en 1997, consigne sans rupture d’un résultat escompté que d’un proces- chéologie des plans qui font se rejoindre cante, il n’y a aucun doute au moins sur la relation au dessin et à la peinture. La sus engagé que l’artiste nous entretient. résidus émotionnels qui définissent sa tableau son point de focalisation, l’ar- la rapidité d’exécution et les strates le début et la fin du mouvement : les série Comme des cases à palabres se réfère Le processus comme écho à la « machine couleur et sa taille ». On l’aura compris, tiste semble la convoquer pour mieux d’une mémoire ancienne. T.A. temps » qui impose son avancée face à sous l’habillage scientifique faussement l’effacer, et cela doublement : le pont est l’éphémère passage de l’homme. léger, les photographies inventorient les « souvenir » qui peu à peu s’émousse, 1. Roman Opałka, « Rencontre par la séparation », dans OPAŁKA 1965/1-∞, cat. expo., Ljubljana, attentes et les projections des hommes en mais il évoque aussi une construction Moderna galerija Ljubljana, Mala galerija, 1991. Jean-françois manicom regard de leur héritage culturel. La série Le dragon n’est pas la créature griffue, s’inscrit dans le prolongement des menaçante et cracheuse de feu volontiers recherches patrimoniales menées en imaginée. Il en existe une grande variété Guadeloupe par Jean-François Mani- dont la formation dans le ciel s’observe com. En guetteur infatigable, l’artiste ne principalement au lever et au coucher du cesse, jour après jour, de collecter les soleil. Chaque espèce se révèle comme images qu’il accompagne de relevés un indicateur précieux des états émo- méthodiques. Une fois réuni, le corpus tionnels, individuels et collectifs, des pourrait bien constituer l’ouvrage de humains qui peuplent les zones étudiées. référence en la matière (inédite). L’histoire complexe, le métissage et l’in- sularité font de la Caraïbe un observa- philippe thomarel toire privilégié de la migration des dra- Les toiles Open Bridge de grand format gons. Jean-François Manicom l’affirme, constituent une série où l’inconscient a et évoque sans sourire une nomenclature sa part. Philippe Thomarel, qui vit à « encyclopédique », espèces et conditions Paris, ne renie ni l’ancrage guadelou- environnementales savamment listées à péen de l’enfance, ni ses paysages qui l’appui. Le Tournautour, à titre d’exemple, ressurgissent dans la mémoire, parfois en constitue « une espèce endémique rêve. Le pont de la Gabarre, qui fut le rodrigue glomBard, S’oublier de temps en temps, 2011 n’ayant pas les moyens de s’éloigner des théâtre de ses jeux, revient souvent. Si la Dessin préparatoire : encre sur papier, 28 × 30 cm. côtes. Il vit en meute et se nourrit de structure architecturale donne au PhiliPPe thomarel, Open Bridge, 2007. Émulsion, huile sur toile, 300 × 200 cm. 16 17
  • 7. entréeS pour l’imaginaire rodrigue glombard S’oublier de temps en temps (détail), 2011 InstallatIon murale : 48 sablIers suspendus, 40 × 10 cm (chacun). Le verre a ceci de magique qu’il capte les images alentour plus subtilement que le miroir. Diffractés, mystérieux, les reflets ne sont piégés que momentanément. Le sable en s’écoulant imprime au galbe transparent quelques rejets fugaces. Le verre et le sable rassemblent symboliquement les aléas du temps. C’est pourquoi les hommes, épris de folie, inventèrent le sablier qui rendit comptabilisable ce qui ne l’était pas. S’oublier de temps en temps incarne l’image de la sagesse. Rodrigue Glombard est né en 1963 à Fort-de-France (Martinique). Il vit et travaille à Lyon. Depuis janvier 1997, il réalise Une peinture chaque jour, consignation au quotidien d’une peinture dans un carnet (plus de 3 000 dessins à ce jour). Ex POSITIONS (sélection) 2009 « Le Temps passe, et ! », exposition personnelle, Le François (Martinique), Fondation Clément. 2008 « Marché d’art contemporain du Marin », exposition collective, Le Marin (Martinique), galerie Arts pluriels. « Le Fil du temps », exposition personnelle, Lyon, galerie OBJ’M. 2007 « Les Dessins quotidiens des nuits de pleine lune », exposition personnelle, Échirolles, Soirée pleine lune. « Les Carnets de Rodrigue », exposition personnelle, Chambéry, galerie du Larith. « Les Murs du temps », exposition personnelle, Lyon, galerie Visken. 18
  • 8. expoSition Commissariat « 2011, année des outre-mer » Crédits photographiques « OMA, outre-mer art contemporain » Daniel Maximin, Laurent Laviolette, © Beaux Arts/TTM Group 2011 10 juin-8 juillet 2011 Sylvie Poujade, Caroline Bourgine © ADAGP, Paris 2011 pour toutes les œuvres de ses Orangerie du Sénat FRAC Réunion membres : Jack Beng-Thi (p. 50, 53) ; Serge Hélénon Nathalie Gonthier (p. 50, 55) ; Jean-Claude Jolet (p. 51, 56, 57) ; Louis Commissaire Laouchez (p. 51, 59) ; Thierry Fontaine (p. 65) Tran Arnault Galerie Béatrice Binoche, La Réunion Couverture : © Luz Severino/Photo Anne Chopin Yvana Vaïtilingon (hexode) Scénographie p. 7 : © François Maréchal. p. 8 : © Didier Plowy/ Jeanne Dumont, MCC. p. 9 : © DICOM/Ministère de l’Intérieur. assistée de Julie Delaittre-Vichnievsky fondation clément p. 10 : © Simonet. p. 11 : © Tom Sam You. p. 12 : Conception graphique Président © Elizabeth Prouvost. p. 13 : © Luc Jennepin. Pierre-Alexis Delaplace (voici-voilà) Bernard Hayot p. 14 : © Phibel. p. 16 : © Rodrigue Glombard. p. 17 : © Manicom/© Thomarel. p. 19 : © Rodrigue Communication Coordination Glombard. p. 21 : © Manicom. p. 23 : © Philippe Marie-Christine Duval (agence comecla) Florent Plasse, Thomarel. p. 24 : © Médélice. p. 25 : © Marc et Priscille Reneaume (image 7) Célia Sainville, Chamaillard. p. 27 : © Alet. p. 29 : © Felix Mura. Production des œuvres Colette Sorel p. 31 : © Médélice. p. 33 : © Gérard Germain. Steeve Bauras (kaput production) Communication p. 35 : © Marc Chamaillard. p. 36 : © Athénas. Tirage des œuvres photographiques Laurence Sauphanor p. 37 : © Mirto Linguet/© Nabajoth. p. 39 : © Athénas. Picto, Digital Service Relations institutionnelles p. 41 : © Robert Charlotte. p. 43 : © Mirto Linguet. Grégoire Guéden p. 45 : © Nabajoth. p. 47 : © Cynthia Phibel. Fabrication des décors et éclairages p. 49 : © Anne Chopin. p. 50 : © DR/© Serge Ephraïm. David et Michel Heulin (un point trois) Services techniques p. 51 : © Jean-Claude Jolet/© Gérard Germain. Accrochage des œuvres Frantz Cadet-Petit p. 53 : © Thierry Hoarau. p. 55 : © Serge Ephraïm. Olivier Lazard (jetlagk) Gestion des collections p. 56-57 : © Jean-Claude Jolet. p. 59 : © Gérard Transport Régine Bonnaire Germain. p. 60 : © Jean-Philippe Breleur. p. 61 : Sabine Estrabaud (affretair/amm) © Pédurand/© Queland de Saint-Pern. p. 63 : © Jean- Sonia Duchamp (set cargo) Philippe Breleur. p. 65 : © Fontaine. p. 67 : © Gérard une publication Germain. p. 68-69 : © Queland de Saint-Pern. Alexandre Petrelluzzi (agence petrelluzzi transit) ttm éditionS/beaux artS éditionS p. 70 : © Henri Salomon. p. 71 : © Robert Charlotte. Remerciements Président p. 72 : © Robert Charlotte. p. 73 : © Henri Salomon. Les artistes Thierry Taittinger p. 74 : © Henri Salomon. Thierry Alet, François-Louis Athénas, Jack Beng-Thi, Christian Bertin, Ernest Breleur, Thierry Fontaine, Directeur Légende de couverture Rodrigue Glombard, Serge Hélénon, Stéphanie Claude Pommereau Luz Severino Hoareau, Jean-Claude Jolet, Louis Laouchez, Éditrice Avançons tous ensemble Mirto Linguet, Jean-François Manicom, Raymond Camille Aguignier Installation. Fer oxydé et tôle soudée (détail). Médélice, Nicolas Nabajoth, Bruno Pédurand, Cynthia Phibel, Yohann Queland de Saint-Pern, Conception graphique Michel Rovélas, Luz Severino, Philippe Thomarel, Aurore Jannin Thierry Tian-Sio-Po. Iconographe Sénat Florelle Guillaume Marie-Christine Aubert, Catherine Escoffé, Secrétaire de rédaction Bertrand Pellé, Lionel Quelennec Franck Antoni Ministère chargé de l’Outre-mer Dépôt légal mai 2011 | isbn 978-2-84278-847-6 Jean-Baptiste Rotsen Achevé d’imprimer en France, mai 2011, Ministère de la Culture et de la Communication sur les presses de l’imprimerie Loire offset, Pierre Lungheretti Saint-Étienne l a fo n dation c lément, fondation d’entrepri Se de gbh GBH exerce des activités diversifiées (automobile, grande distribution, activités industrielles) outre-mer, en France métropolitaine, au Maroc, en Algérie et en Chine. Depuis toujours, GBH a la volonté de contribuer au développement économique et social durable des territoires dans lesquels il est implanté et de répondre aux attentes des populations en matière d’environnement, d’insertion des jeunes et de valorisation du patrimoine culturel. Bernard Hayot, fondateur et président de GBH, a créé la Fondation Clément pour mener des actions de mécénat en faveur des arts et du patrimoine architectural et culturel dans la Caraïbe et l’océan Indien. La Fondation Clément sou- tient la création contemporaine avec l’organisation d’expositions, la constitution d’une collection d’œuvres et la coédition de monographies sur les artistes. Elle a présenté au public plus de trente-cinq expositions individuelles et collectives réunissant plus de soixante-quinze plasticiens de la Caraïbe. Aujourd’hui, elle accentue ses efforts pour favoriser l’émergence des jeunes artistes et la visibilité des plasticiens au-delà de leurs frontières. 75