1. 1
Investir dans les populations rurales
ÉTUDE SUR LE POTENTIEL
AGRICOLE DES ZONES
AGROÉCOLOGIQUES DU
SÉNÉGAL
ORIENTATIONS COSOP (2019-2024)
Par :
Dr. Saliou NDIAYE (Ingénieur agronome, PhD), expert principal & experts associés.
Avec l’appui du Hub FIDA d’Afrique de l’Ouest.
Novembre 2018 à Mars 2019
3. Préface
Le Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA), agence spécialisée des Nations
Unies et institution financière internationale, investit essentiellement dans les zones rurales où se trouvent
80% des populations les plus pauvres. Au Sénégal, celles-ci pratiquent une agriculture essentiellement
pluviale, vulnérable aux changements climatiques et sont caractérisées par une pauvreté exacerbée par les
impacts du changement climatique. Les interventions du FIDA s’inscrivent dans la stratégie pays ou COSOP,
opérationnalisée à travers la mise en œuvre de différents projets.
Dans le cadre de la définition de son nouveau programme pays pour le Sénégal, COSOP (2019-2024),
le FIDA a commandité cette étude sur le potentiel agricole des zones agro écologiques du Sénégal dans un
contexte de changement climatique. Ceci afin de contribuer à mieux structurer et cibler les investissements du
FIDA, tout en impulsant une dynamique de développement au niveau des terroirs « pour une agriculture qui
nourrit, emploie et enrichit le producteur et son pays ».
Cette étude a consisté en deux rapports détaillés (tome 1 et 2) et qui ont ensuite fait l’objet d’une
synthèse (ci-après présenté), pour en faciliter la lecture et permettre de capter les messages clés à retenir
(sans prétendre être exhaustif).
Ce rapport aborde d’abord les questions soulevées en relation avec les zones agroécologiques (ZAE),
qui ont été définies et caractérisées (paramètres abiotiques et biotiques, développement agro-sylvo-pastoral
et changements climatiques). Cependant, un des problèmes est que les données collectées ne sont pas
disponibles à cette échelle des ZAE, mais plutôt selon les 14 régions du Sénégal. Par ailleurs, pour une
meilleure prise en compte des problèmes au sein des populations et communautés ciblées, il est important
de faire une analyse au niveau de ces zones agroécologiques du Sénégal. Ceci est d’autant plus pertinent
que l’analyse en relation avec les changements climatiques est plus conforme avec la prise en compte de ces
zones agro écologiques.
Puis une seconde partie de ce rapport (voire en Annexe) tente de faire une synthèse globale des
informations clés recueillies dans les 14 régions du Sénégal, et les analyses menées portent sur diverses
thématiques : les atouts – opportunités économiques, les contraintes et les perspectives, l’évaluation des
tendances futures du potentiel agro-pastoral et les questions de spécialisation ou de diversification de chaque
région. À cela s’ajoute une analyse spécifique des chaînes de valeurs les plus typiques par région, telles que
ressorties par les données collectées et leurs analyses afin de mieux connaitre leurs tendances et les potentiels
de modernisation.
La référence au Sommaire du rapport permettra au lecteur de repérer le ou les élément(s) de son centre
d’intérêt pour mieux se focaliser sur ses préoccupations propres et ses sollicitudes majeures.
Le présent exercice est également l’ébauche d’une investigation à un temps donné, mais dont l’objectif
majeur pour le FIDA, est d’aider à proposer quelques orientations et recommandations d’ampleur national.
Ceci devrait contribuer à une meilleure prise en compte du changement climatique dans ses interventions
futures, partant des potentialités, et opportunités des régions, et des dynamiques locales des groupes cibles,
tout en renforçant les capacités d’adaptation et de résilience des populations bénéficiaires.
En mettant ce rapport à disposition du public et des partenaires du Développement au Senegal, le FIDA souhaite
contribuer à l’amélioration des connaissances du secteur agro-sylvo-pastoral et à l’échange d’information
pour la modernisation du secteur selon les orientations du Programme Senegal Emergent.
Benoit THIERRY
Représentant Régional Afrique de l’Ouest,
Fonds International pour le Developpement Agricole - FIDA
4. ii
SOMMAIRE DU RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE
LISTE DES FIGURES ______________________________________________________________________iii
LISTE DES TABLEAUX_____________________________________________________________________iv
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS. ________________________________________________________ v
I. INTRODUCTION _________________________________________________________ 1
I.1- Contexte général de l’étude____________________________________________________ 1
I.2- Approche méthodologique ____________________________________________________ 2
II. CARACTÉRISTIQUES MAJEURES DU SÉNÉGAL _________________________________ 4
II.1 - Quelques tendances majeures sur le Sénégal. ____________________________________ 4
II.2- La situation géographique du Sénégal ___________________________________________ 5
II.3- Présentation selon les zones éco-géographiques du Sénégal. ________________________ 6
II.4- Sécurité alimentaire et nutritionnelle ___________________________________________ 9
III. RÉSULTATS CLÉS DE L’ÉTUDE ET TENDANCES MAJEURES. _____________________ 12
III.1- Tendances majeures sur les changements climatiques au Sénégal & leurs impacts______ 12
III.1.1- Les tendances climatiques au Sénégal ________________________________________________ 12
III.1.1. 1- Une augmentation constante de la température ___________________________________ 13
III.1.1.2. Une baisse constante et une variabilité de la pluviométrie non homogènes ______________ 13
III.1.2- Les impacts globaux et la vulnérabilité des secteurs productifs ____________________________ 14
III.1.3- Les manifestations des changements climatiques au Sénégal _____________________________ 16
III.2- Caractérisation des principales chaines de valeurs agricoles et mode d'organisation des
acteurs_______________________________________________________________________ 19
III.3- Opportunités et défis des marchés transrégionaux et transfrontaliers sur la valorisation du
potentiel agricole de chaque zone ;________________________________________________ 24
III.3.1- Flux internes (céréales et légumineuses) ______________________________________________ 24
III.3.2- Flux externes. ___________________________________________________________________ 25
III.3.2.1- Flux des céréales sèches._______________________________________________________ 26
III.3.2.2- Flux du bétail.________________________________________________________________ 26
III.4- Évaluation des tendances futures du potentiel agricole & des questions de spécialisation ou
de diversification de chaque région du Sénégal.______________________________________ 29
III.5- L’analyse fine des stratégies développées par les exploitations agricoles pour préserver le
potentiel agricole existant dans un contexte de changement climatique. _________________ 37
III.5.1- Les stratégies développées par les exploitations agricoles pour préserver le potentiel agricole __ 37
III.5.1- Orientations stratégiques suggérées pour un développement durable ______________________ 38
IV. CONCLUSION GÉNÉRALE ET ENSEIGNEMENTS TIRES DE L’ÉTUDE _______________ 40
V. BIBLIOGRAPHIE CONSULTÉE ______________________________________________ 41
5. iii
VI. ANNEXES. ____________________________________________________________ i
VI.1- RÉCAPITULATIF PAR RÉGION DES INFORMATIONS CLÉS._____________________________ i
VI.1.1- RÉGION DE DAKAR _________________________________________________________________i
VI.1.2- RÉGION DE DIOURBEL______________________________________________________________iii
VI.1.3- RÉGION DE FATICK ________________________________________________________________ v
VI.1.4- RÉGION DE KAFFRINE _____________________________________________________________viii
VI.1.5 - RÉGION DE KAOLACK ______________________________________________________________xi
VI.1.6- RÉGION DE KEDOUGOU ___________________________________________________________xiii
VI.1.7- RÉGION DE KOLDA _______________________________________________________________xvi
VI.1.8- RÉGION DE LOUGA ______________________________________________________________xviii
VI.1.9- RÉGION DE MATAM ______________________________________________________________xxi
VI.1.10- RÉGION DE SAINT LOUIS_________________________________________________________ xxiv
VI.1.11- RÉGION DE SEDHIOU ___________________________________________________________ xxvi
VI.1.12- RÉGION DE TAMBA COUNDA _____________________________________________________ xxix
VI.1.13- RÉGION DE THIES _____________________________________________________________ xxxii
VI.1.14- RÉGION DE ZIGUINCHOR _______________________________________________________ xxxvi
VI.2- EXPERTS ET ÉQUIPE DE TRAVAIL ____________________________________________ xxxix
i. Équipe des experts et personnels associés au travail____________________________________ xxxix
ii. Enquêteurs de terrain ____________________________________________________________ xxxix
VI.3- Guide d’entretien (pour les focus groupes à réaliser dans chaque région). __________ xxxix
LISTE DES FIGURES
Figure n° 1. Carte administrative du Sénégal (CSE, 2018). ................................................................. 5
Figure n° 2. Zones éco-géographiques du Sénégal (CSE, 2011).......................................................... 6
Figure n° 3. Utilisation des terres au Sénégal (source : CIAT ; BFS/USAID). ....................................... 8
Figure n° 4. Exemple d’indicateurs de la sécurité alimentaire au Sénégal....................................... 10
Figure n° 5. Sécurité alimentaire, nutrition et santé au Sénégal (source : CIAT ; BFS/USAID, 2016)10
Figure n° 6. Prévalence de l’insécurité alimentaire selon les régions du Sénégal (ENSAN 2013).... 11
Figure n° 7. Carte climat du Sénégal (Source: ANACIM)................................................................... 12
Figure n° 8. Variabilité spatiale de la température moyenne annuelle pour les scenarios moyens
(RCP4.5) et extrême (RCP8.5)................................................................................................................ 13
Figure n° 9. Recul des isohyètes vers le sud du Sénégal, (la translation méridienne des isohyètes
dessinées pour la période 1931-60 d'une part et 1961-90) ; source IRD.............................................. 17
Figure n° 10. Schéma du marché extérieur pour les céréales 2010 (source : ANSD)..................... 18
Figure n° 11. Prévalence de l’insécurité alimentaire au Sénégal (source ANSD, PAM, 2013)........ 18
Figure n° 12. Carte des flux internes commerciaux des produits agricoles au Sénégal................. 24
Figure n° 13. Typologie simplifiée des marchés du bassin ouest (CILSS & al., 2010). .................... 25
6. iv
Figure n° 14. Flux des céréales sèches au Sénégal et les pays environnants (source : CILSS & al.,
2010). 26
Figure n° 15. Flux du bétail en Afrique de l’Ouest (source : CILSS & al., 2010). ............................. 28
Figure n° 16. Carte administrative de la région de Dakar.................................................................. i
Figure n° 17. Carte administrative de la région de Diourbel. ...........................................................iv
Figure n° 18. Carte administrative de la région de Fatick.................................................................vi
Figure n° 19. Carte administrative de la région de Kaffrine. ............................................................ix
Figure n° 20. Carte administrative de la région de Kaolack..............................................................xi
Figure n° 21. Carte administrative de la région de Kédougou........................................................xiv
Figure n° 22. Carte administrative de la région de Kolda...............................................................xvi
Figure n° 23. Carte administrative de la région de Louga. .............................................................xix
Figure n° 24. Carte administrative de la région de Matam. ..........................................................xxii
Figure n° 25. Carte administrative de la région de Saint Louis..................................................... xxiv
Figure n° 26. Carte administrative de la région de Sédhiou........................................................ xxvii
Figure n° 27. Carte administrative de a région de Tamba counda. ............................................... xxx
Figure n° 28. Carte administrative de la région de Thiès............................................................ xxxiii
Figure n° 29. Carte administrative de la région de Ziguinchor................................................... xxxvi
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n° I. Occupation et types de sols des zones agro-écologiques, et problèmes rencontrés. 7
Tableau n° II. Régions éco-géographiques du Sénégal et circonscriptions administratives ............. 8
Tableau n° III. Changement moyen de la pluviométrie (en mm) et de la température projeté (en
degré Celsius) par zone et par scenario. ............................................................................................... 14
Tableau n° IV. Principaux impacts et vulnérabilités sur l’agriculture, l’élevage, la pêche, les
ressources en eau et la biodiversité...................................................................................................... 15
Tableau n° V. Présentation de la synthèse par région des principales chaines de valeurs, des
opportunités de marché et des défis des marchés............................................................................... 20
Tableau n° VI. Présentation du résumé selon les régions, des Tendances futures du potentiel
agricole, de la spécialisation ou de diversification................................................................................ 30
7. v
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS.
SIGLES SIGNIFICATION
AMP Aires Marines Protégées
ANACIM Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie
ANAT Agence nationale d’aménagement du territoire
ANSD Agence national de la statistique et de la démographie
BAME Bureau d’analyse macroéconomique
CNCR Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux
CPDN Contribution prévue déterminée nationale
CSE Centre de suivi écologique
CSS Compagnie sucrière sénégalaise
DAPSA Direction de l'Analyse, de la Prévision et des Statistiques Agricoles
EU Union européenne
EG éco-géographique
FAO Food and Agriculture Organisation
FIDA Fonds International pour le Développement Agricole
GES Gaz à effets de serres
GIEC Groupe d’experts inter-gouvernemental sur l’évolution du climat
GRN Gestion des ressources naturelles
IPAR Initiative prospective agricole et rurale
ISRA Institut sénégalaises de recherche agricole
ODD Organisme pour le développement durable
OMVS Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal
ONG Organisation non gouvernementale
PADAER Programme d’Appui au Développement Agricole et l’Equipement Rural
PAFA Projet d’Appui au Filières Agricoles
PARFA Projet d’Appui à la Résilience des Filières Agricoles
PFNL Produits forestiers non ligneux
PNAR programme national d’autosuffisance en riz
PNIA Programme National d’Investissement Agricole
PNNK Parc national du Niokolo Koba
PRACAS Programme de relance et d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise
PRODAC Programme des Domaines Agricoles Communautaires
PSE Plan Sénégal Emergent
PTF Partenaires Techniques et Financiers
RGPHAE Recensement général de la Population et de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Élevage
RNA Régénération naturelle assistée
SIG Système d’information géographique
SOCAS Société de conservation alimentaire au Sénégal
PIB Produit intérieure brute
TDR Termes de Références
ZEG Zone éco-géographique
ZIC Zone d’intérêt cynégétique
8. 1
I. INTRODUCTION
I.1- Contexte général de l’étude
Les aléas climatiques (variations pluviométriques, inondations, cyclones, élévation du niveau
de la mer, températures extrêmes, etc.) ont des répercussions considérables sur le
développement socioéconomique. Au Sénégal, le changement climatique est une menace
déjà sensible et plusieurs faits peuvent l’illustrer : une baisse de la pluviométrie d’environ 300
mm en 30 ans (1961 - 1990) ; des pluies plus intenses et de plus courtes durées ; une
augmentation de la température d’environ 1,7 °C en 30 ans ; etc. Les impacts négatifs sont
également multiples : avancée de la mer ; érosion côtière ; recul des zones forestières ;
réduction des superficies de mangrove ; perte de terres arables et de pâturages ; réduction de
la disponibilité de l’eau pour l’irrigation, la boisson et autres activités productrices, etc.
À ces défis s’ajoute la marginalisation de certaines couches sociales (notamment les femmes,
les enfants et les groupes vulnérables), qui sont confrontées à des obstacles formels et
informels dans l’accès et le contrôle des ressources productives comme la terre, aux services
de l’État et aux marchés. Tous les secteurs clefs ciblés par le Plan Sénégal Émergent (PSE) pour
la relance de l’économie tels que l’agriculture, l’élevage, la pêche, le tourisme, la santé et la
nutrition, l’accès à l’eau, la protection sociale, demeurent plus ou moins sensibles aux impacts
du changement climatique.
Pour apporter des réponses à cette situation et impulser une dynamique de développement
au niveau des terroirs, l’État depuis les indépendances à nos jours, met en œuvre des projets
et programmes de développement. L’État est appuyé dans cette dynamique par ses
partenaires qui interviennent dans plusieurs domaines du secteur productif et d’appui au
développement durable des communautés locales. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les
interventions du FIDA au Sénégal à travers la mise en œuvre de différents projets déclinés
dans les documents de stratégie pays ou COSOP.
Le Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA), agence spécialisée des Nations
Unies et institution financière internationale, investit essentiellement dans les zones rurales
où se trouvent 80% des populations les plus pauvres. Celles-ci dépendent pour la majorité
d’une agriculture pluviale, d’où leur vulnérabilité aux changements climatiques. La pauvreté
des populations rurales, surtout en Afrique Subsaharienne, risque de s’exacerber dans un
contexte de réchauffement climatique. En Afrique de l’Ouest, les projections climatiques
futures prévoient une tendance générale au réchauffement, avec une augmentation moyenne
de la température pouvant atteindre 0,5°C par décennie ; une baisse globale des précipitations
de 0,5 à 40% d'ici 2025 et une diminution moyenne de 10 à 20% ; une élévation moyenne du
niveau de la mer de 0,5 à 1 m au cours du prochain siècle.
À travers ces projets et programmes, le FIDA contribue à la réduction de la pauvreté,
l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le renforcement de la résilience
des populations les plus vulnérables aux effets des changements climatiques. Le FIDA
reconnait les risques liés aux enjeux sociaux, environnementaux et climatiques et des efforts
9. 2
sont consentis pour une prise en compte transversale de ces risques dans les projets et
programmes. Les investissements du FIDA qui reposent sur des stratégies pays ou COSOP sont
d’autant plus importants qu’ils s’inscrivent dans un contexte de mise en œuvre des Objectifs
de Développement Durable, où il ne faut laisser personne de côté d’ici 2030.
Au Sénégal, le FIDA a approuvé trois stratégies pays (COSOP) dans le cadre desquelles 16
projets ont été financés depuis 1979 dont le PADAER et le PAFA-Extension/PARFA en cours de
mise en œuvre. Le FIDA a validé un nouveau COSOP intégré à 2 cycles de financements sur la
période 2019-2024. Ce nouveau programme pays est aligné au PSE, notamment sa phase II,
et de manière plus spécifique au PRACAS II.
Dans le cadre de la définition de ce nouveau programme pays, COSOP (2019-2024), une étude
sur le potentiel agricole des zones agro écologiques du Sénégal dans un contexte de
changement climatique a été jugée nécessaire pour mieux structurer et cibler les
investissements du FIDA au Sénégal.
C’est dans cette perspective que s’inscrit ce présent rapport qui analyse les tendances du
potentiel agricole des zones agro écologiques dans un contexte de changement climatique.
Ceci est d'autant plus pertinent si l'on considère l'incidence que ce changement climatique
pourrait avoir sur le développement socio-économique des populations et sur les secteurs clés
de l’économie tels que l’agriculture, l’élevage, les productions forestières, la pêche et les
activités du secteur informel qui offrent plus de 69% des emplois (ANAT/PNADT, 2018). Le
présent rapport propose des orientations et recommandations pour une meilleure prise en
compte du changement climatique dans les interventions futures du FIDA, partant des
potentialités et opportunités des régions et de la vulnérabilité des groupes cibles, pour
renforcer les capacités d’adaptation et de résilience des populations bénéficiaires. Le défi de
la prise en compte de l’adaptation dans les politiques, projets et programmes reste entier
pour les pays en développement et en particulier pour les pays les moins avancés (PMA) à
cause de leurs faibles capacités résultant en partie d'une situation socio-économique peu
favorable.
I.2- Approche méthodologique
L’approche méthodologique qui a guidé l’intervention durant l’étude a été itérative et
ouverte, mais également participative et inclusive, impliquant les parties prenantes clés tels
que les services techniques régionaux et services d’appui au développement local, les projets
et programmes, les Organisations de Producteurs (OP). Ainsi, elle a permis de mieux
appréhender les réalités des terroirs visités afin d'orienter les attentes et préoccupations des
acteurs rencontrés.
Le processus suivi sous la supervision de l’équipe du FIDA a consisté en trois grandes phases :
- Une phase de lancement de l’étude (sélection des consultants, contractualisation et
validation des TDR et de l’approche méthodologique et de contractualisation) ;
10. 3
- Une phase de diagnostic participatif et d’analyse socioéconomique et agro écologique
des zones éco géographiques du Sénégal et élaboration du premier draft du rapport ;
- Une phase d’élaboration et de validation de l’étude sur le potentiel agricole des zones
agro écologique dans un contexte de changement climatique.
La revue documentaire a été complétée par des activités de terrain qui ont concerné des
entretiens avec les services techniques régionaux de l’agriculture, de l’élevage, de la
foresterie, des pêches et d’appui au développement local. Des focus group ont été également
réalisés dans les départements avec les OP, les coordonnateurs et staff de projets et
programmes de développement, ainsi que quelques représentants du secteur informel. La
synthèse des données est réalisée suivant une approche d’analyse à la fois thématique,
évolutive et contextuelle partant des données de l'Agence Nationale de l’Aviation Civile et de
la Météorologie –ANACIM- sur les tendances futures projetées du climat pour l’horizon 2035.
L’ensemble des données biophysiques et socioéconomiques collectées ont été traitées,
analysées et interprétées avant d’être présentées pour validation.
11. 4
II. CARACTÉRISTIQUES MAJEURES DU SÉNÉGAL
II.1 - Quelques tendances majeures sur le Sénégal.
Superficie : 197 161 km2
;
Terres Arables : 3,8 millions ha (20% de la surface du pays), 2,5 millions d’ha emblavés en
moyenne par an ;
Climat : Soudano -Sahélien permettant trois saisons de culture (Hivernage ; CS sèche ; CS
Fluviale).
Pluviométrie : Nord environ 300 mm/an ; Centre environ 600-800 mm / an ; Sud – Est environ
1200 mm / an ;
Ressources en eau : 35 milliards m3
(Eaux de surface : 31 milliards m3
Eaux souterraines : 4
milliards m3
) ;
Potentiel Irrigable : 350 000 ha dont seulement 130 000 ha aménagés ;
Population : 13 207 880 habitants (60 % vit en milieu rural et 2/3 ont moins de 25 ans) selon les
données de l'ANSD, 2013.
Cultures majeures : L’essentiel des superficies est dominé par les cultures pluviales (mil, sorgho,
maïs, arachide, coton), avec 96 % des emblavures. Les superficies irriguées ne représentant que
4%. Les principales cultures du pays sont les céréales (mil, sorgho, maïs et riz), les cultures de
rente (arachide et coton) et le secteur horticole (maraîchage, arboriculture fruitière). La
production locale disponible est passée de 120 kg/habitant en 1988, à 80 kg/habitant en 2006.
Type agriculture : Agriculture familiale (environ 90% d’exploitations familiales), Agro-business /
Agriculture industrielle (Investissements Nationaux et Internationaux).
L’Agriculture ainsi que la Pêche jouent un rôle majeur dans l’économie sénégalaise. Les ressources
les plus importantes du pays sont la pêche, le tourisme et dans le secteur agricole, la production
d’arachides (principale culture de rente du pays). Le secteur agricole, essentiellement à caractère
saisonnier et pluvial, emploie presque 70% de la population mais contribue seulement à hauteur de
13,7% du PIB (ANSD, 2013). En 2018, le taux de croissance du PIB réel est estimé à 6,7% contre 7,1%
en 2017. En effet, la croissance en 2018 est tirée par les secteurs primaire (+7,9%), secondaire
(+6,7%) et tertiaire (+6,3%) ; (PDEE, 2018).
L’élément majeur du climat au Sénégal est la grande variabilité spatiale des précipitations qui varient
en moyenne entre plus de 1000 mm au sud et moins de 300 mm au nord. La répartition spatiale des
précipitations permet de diviser le pays en deux grandes régions climatiques de part et d’autre de
l’isohyète 500 mm (voir la figure 2). L’évolution climatique récente au Sénégal se traduit par : (i) une
diminution de l’ordre de 30% de la pluviométrie ; (ii) une augmentation des températures de l’ordre
de 0,9°C ; (iii) une aridification de plus en plus importante de la partie nord ; (iv) une tendance forte
vers l’aridité des régions centrales et (v) une tendance plus ou moins forte vers la semi aridité des
régions méridionales.
Les rendements des cultures apparaissent très sensibles aux changements à la fois de la
pluviométrie et de la température. Le changement climatique aura un impact négatif sur les
indicateurs de qualité des sols comme le carbone qui détermine la fertilité. Les conséquences sont
une baisse des rendements des cultures.
Les importations agricoles représentent 1/3 des importations totales, tandis que les exportations
agricoles atteignent à peine 1/5 des exportations totales. Les importations alimentaires se sont
régulièrement accrues sur la période 2001-2007 avec un taux de croissance moyen de 12,1 % sur la
période. Les produits alimentaires les plus importés sont le riz (30,8 %), le blé (9,3 %), le lait (7,1 %),
l’huile de soja et ses fractions (6,8 %) et les produits agricoles les plus exportés sont les poissons
frais et congelés (27,6 %), les mollusques (16,2 %), l’huile d’arachide et ses fractions (12,0 %) et les
crustacés (11,7 %).
12. 5
II.2- La situation géographique du Sénégal
Situé à l'extrême ouest du continent africain, entre 12°20’ et 16°40’ de latitude nord et 11°20’ et 17°30’
de longitude ouest, le Sénégal couvre une superficie de 196 720 km2
. Il est limité au nord par la
Mauritanie, à l'est par le Mali, au sud-est par la Guinée, au sud par la Guinée-Bissau. La République de
Gambie dessine une enclave de 300 km de long sur 20 km de large.
Figure n° 1. Carte administrative du Sénégal (CSE, 2018).
Le pays, divisé en quatorze régions et quarante-cinq départements (figure n° 1), partage ses frontières
au Centre avec la Gambie, au Nord avec la Mauritanie, à l’Est avec le Mali et au Sud avec la Guinée et
la Guinée-Bissau. Trois fleuves parcourent le pays, le fleuve Sénégal (long de 1700 km), le fleuve
Gambie (long de 750 km) et le fleuve Casamance (long de 300 km). Ils prennent leur source dans le
Sud-Est du pays, aux montagnes du Fouta Djallon.
Le relief du Sénégal est dans l’ensemble assez plat (altitudes inférieures à 50 m sur près de 75 % du
territoire). Les plus fortes altitudes (point culminant 581 m) se retrouvent à l’extrême sud-est sur les
contreforts du Fouta Djallon.
Le Sénégal dispose d’une façade maritime longue d’environ 700 km. Son espace maritime s’étend sur
198 000 km2
; sa zone économique exclusive est de 200 milles marins et son plateau continental a une
superficie de 23 800 km2
qui regorge de beaucoup de ressources halieutiques. Plusieurs facteurs, à
savoir la présence d’un upwelling côtier, de l’apport terrigène des cours d’eau et des conditions
climatiques favorables (température et insolation) expliquent la richesse de cette importante
biodiversité. Ainsi, l’essentiel des activités de pêche s’effectue dans la zone dite côtière et marine du
Plateau Continental.
13. 6
II.3- Présentation selon les zones éco-géographiques du Sénégal.
Le Sénégal est subdivisé sur la base des caractéristiques climatiques, édaphiques et floristiques en six
grandes zones éco-géographiques (voir figure n° 1). On distingue : la zone de la vallée du fleuve
Sénégal, la zone des Niayes, la zone du Bassin arachidier, la zone sylvo-pastorale (Ferlo), la zone de la
Casamance et la zone du Centre-Est et Sud-Est (Sénégal oriental).
Figure n° 2. Zones éco-géographiques du Sénégal (CSE, 2011)1
Les six zones éco-géographiques (EG) du Sénégal sont relativement homogènes sur la base de
caractéristiques bio-physiques et socio-économiques afin d’appréhender les mutations des
écosystèmes (CSE, 2011). Les différentes zones sont :
i. La vallée du fleuve Sénégal qui s’étend de la zone du delta au sud de Bakel. Elle couvre une
superficie de 9 658 km2
, pour l’essentiel des zones riveraines du fleuve.
ii. La zone sylvo-pastorale, au sud du fleuve Sénégal : elle a une superficie de 55 561 km2
. Elle est
l’une des zones les plus vastes du pays ; l’élevage y est l’activité dominante.
iii. La zone des Niayes est une bande de terre longeant le littoral Nord entre Dakar et le sud du
Delta du fleuve Sénégal. Avec 2 759 km2
, elle est découpée en dépressions inter dunaires
laissant affleurer la nappe phréatique.
iv. Le Bassin arachidier qui couvre une superficie de 46 367 km2
constitue la zone de l’arachide.
v. La Casamance se présente avec une relative abondance des formations forestières ; elle couvre
28 324 km2
.
vi. Le Centre-Est et Sud-Est correspond pour l’essentiel au Sénégal oriental. Il couvre une
importante superficie : 51 958 km2
mais présente des reliefs très accidentés, avec des plateaux
cuirassés et les contreforts du Fouta Djallon.
1
Mais cette carte (EG) est en cours de révision.
14. 7
Dans le tableau suivant, sont résumés les principales caractéristiques de ces zones agroécologiques du
Sénégal (source : CSE, 2000 & 2009).
Tableau n° I. Occupation et types de sols des zones agroécologiques, et problèmes rencontrés.
Zones Types de sols Mode d'occupation Problèmes
Sylvo-
pastorale
1. Sols ferrugineux tropicaux faiblement
évolués (à sables siliceux)
2. Sols ferrugineux tropicaux peu lessivés
(sablo-argileux ou à concrétion
ferrugineuse)
3. Sols bruns subarides
4. Sols bruns rouges subarides.
Parcours ; Arachide
Parcours ; Arachide
Mil
Niébé
• Baisse de la pluviométrie
• Érosion éolienne
• Disparition du couvert végétal
• Très faible aptitude agricole
• Feux de brousse
• Surexploitation des pâturages
• Insuffisance des eaux de surface.
Fleuve
1. Sols peu évolués d’origine non climatiques
d’érosion à texture grossière, pierreuse ou
caillouteuse d’apports hydromorphes
(légèrement humifère en surface avec des
traînes ferrugineuses en profondeur) ou
faiblement halomorphes.
2. Sols bruns subarides hydromorphes
3. Sols ferrugineux tropicaux lessivés en fer
4. Sols halomorphes non dégradés
5. Sols hydromorphes minéraux à pseudo-
gley.
1.Aptitudes agricoles très
réduites, limitées aux
parcours d’hivernage,
Culture du riz inondé
Pâturage de saison sèche
2.Sorgho, mil chandelle et
arachide,
Arachide
Riz irrigué ou sorgho de
décrue
Sorgho de décrue ou
maïs.
• Salinisation et acidification
• Appauvrissement des terres
• Disparition du couvert végétal
Bassin
Arachidier
nord
1. Sols ferrugineux tropicaux peu lessivés (ou
sols Dior) très sableux, souvent dégradés
2. Sols bruns subarides (ou sols deck)
intergrades hydromorphes présentant un
déficit de drainage.
Très favorables à
l’arachide (mais aptitude
souvent limitée par leur
appauvrissement et le
déficit pluviométrique)
Terrain de parcours en
saison sèche et culture
du sorgho en saison des
pluies.
• Erosion éolienne
• Disparition de la jachère
• Pauvreté des sols
• Baisse de la pluviométrie
• Surexploitation et dégradation
des pâturages
Bassin
Arachidier
sud
1. Sols ferrugineux tropicaux lessivés (ou sols
beiges) avec une texture sableuse et un
lessivage d’argile.
2. Sols peu évolués d’origine non climatiques
gravillonnaires sur cuirasse latéritique.
3. Sols ferrugineux tropicaux lessivés et à
tâches et concrétions ferrugineuses
(" terres neuves ").
Arachide
Sorgho ; vocation
pastorale croissante ;
sols peu épais et inaptes
à la culture mais
favorables au parcours.
Arachide
• Très dégradés par la culture de
l’arachide
• Erosion éolienne
• Disparition de la jachère
• Pauvreté des sols
• Baisse de la pluviométrie
• Surexploitation et dégradation
des pâturages
• Salinisation et acidification
• Erosion hydrique
• Disparition du couvert végétal
Niayes
1. Sols hydromorphes moyennement
organique à gley
2. Sols lithomorphes (argile noires pauvres en
matières organiques
3. Sols minéraux bruts
4. Sols peu évolués
Maraîchage
Sorgho
Reboisement
Reboisement
• Salinisation et acidification
• Baisse de la nappe phréatique
• Ensablement des cuvettes
• Pression démographique
Basse et
Moyenne
Casamance
1. Sols ferrugineux tropicaux lessivés à
concrétion et cuirasse
2. Sols faiblement ferralitiques
3. Sols halomorphes non dégradés
4. Sols hydromorphes moyennement
organiques
Arachide
Arachide, mil et maïs
Riz irrigué
Riz sur billons
• Salinisation et acidification
• Erosion éolienne et hydrique
• Baisse de la pluviométrie
• Dégradation du couvert végétal.
Sénégal
oriental et
Haute
Casamance
1. Sols hydromorphes (alluvions argileux)
2. Sols lithiques sur diabases
3. Sols ferrugineux tropicaux lessivés à
concrétion ferrugineuse
4. Sols ferrugineux tropicaux lessivés à
pseudo-gley
5. Sols hydromorphes moyennement
organiques à pseudo-gley
Coton
Coton
Arachide, coton et mil
Parcours
Riz
• Pauvreté des sols
• Erosion hydrique et éolienne
• Pauvreté des sols
• Baisse de la pluviométrie
• Dégradation du couvert végétal
15. 8
Source : CSE, 2000 & 2009 : Etat de l’environnement au Sénégal.
Le tableau suivant fait la relation entre ces zones agroécologiques et les circonscriptions
administratives qu’ils intègrent.
Tableau n° II. Régions éco-géographiques du Sénégal et circonscriptions administratives
Régions agricoles naturelles Circonscriptions administratives correspondantes
Région du Fleuve Sénégal
Région de Saint-Louis : bande comprise entre le fleuve et la route du jeeri,
extrême Nord arrondissement de Bakel (Région de Tamba)
Région du Ferlo ou Zone
Sylvo-pastorale
Région de Saint-Louis : Départements de Dagana, Podor et Matam au Sud et
à l'Ouest de la route du jeeri ; Département de Linguère et extrême Nord
Département de Louga (Région de Louga) et Nord du Département de Tamba
(Région de Tamba)
Bassin Arachidier
Régions de Kaolack, Diourbel et Fatick, une partie des régions de Louga et de
Thiès
Sénégal Oriental
Région de Tamba : Centre et Sud du Département de Bakel, moitié Sud du
Département de Tamba, Département de Kédougou
Casamance Régions de Kolda et Ziguinchor
Niayes Grande côte du Nord : frange Ouest des régions de Louga, Thiès et Dakar
Source : Plan d’action foncier (1996) & BM (WB), 2010.
L’utilisation des terres au Sénégal en 2016 peut se résumer comme dans le schéma suivant.
Au cours des quatre dernières
décennies, la superficie
emblavée est demeurée
relativement stable à un niveau
estimé à environ 2,5 millions
d’hectares par an, soit 13 % de la
superficie du pays (sur les 3,8
millions d’hectares de terres
considérés comme cultivables).
Figure n° 3. Utilisation
des terres au Sénégal
(source : CIAT ;
BFS/USAID).
Bien que la plupart des cultures soient produites à travers le pays, certaines prédominent par
rapport à d’autres dans les zones de la Vallée du fleuve (riz irrigué, légumineuses) ; des Niayes
(80 % des produits horticoles du pays) ; du Bassin arachidier (arachide et petit mil) ;
16. 9
sylvopastorale (élevage) ; de l’Est du Sénégal et de la Haute-Casamance (riz pluvial) et de la
Basse-Casamance (riz pluvial).
II.4- Sécurité alimentaire et nutritionnelle
Le seuil d’insécurité alimentaire est défini comme la dépense alimentaire qui permet de se
procurer un niveau de consommation minimal de 2400 calories par jour et par équivalent-
adulte2. Les ressources financières nécessaires pour se procurer le panier de denrées
alimentaires qui fournit cet apport calorifique sont estimées dans l’évaluation de la Situation
du Pays (ESP) à 3 320 FCFA, soit 12,54 $ US par équivalent-adulte et par mois3.
L’insécurité alimentaire touche au Sénégal 16 % d’une population inégalement répartie à
travers le pays (2% sont considérés comme souffrant de malnutrition sévère et 14 % de
malnutrition modérée). Par exemple, 15 % des ménages ruraux souffrent d’insécurité
alimentaire, contre 8 % de ménages urbains (selon CIAT, BFS/USAID. 2016). Et l4'insécurité
alimentaire est passée de 15,1% (AGVSAN, 2010) à 25,1% (ENSAN, 2013), ensuite de 28% en
2014 à 30,43% en 2017 (PAM, 2017). Les ménages en insécurité alimentaire sont plus
importants en milieu rural (21%) comparé au milieu urbain (9%).
Les ménages les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire sont ceux qui dépendent de l’aide
ou de la mendicité, ainsi que les ménages pratiquant l’agriculture de subsistance et l’élevage.
Au nombre des facteurs qui favorisent l’insécurité alimentaire dans le pays figurent l’accès
limité au marché, la volatilité des prix ainsi que les facteurs climatiques qui affectent la
production agricole -variabilité de la pluviométrie, sécheresse et inondations.
Au niveau régional, la situation de l’insécurité alimentaire varie mais avec une prévalence
élevée à Sédhiou (58%), Kolda (42%), Ziguinchor (39%), Matam (38%) et Kédougou (33%). Les
régions de Tambacounda (22%), Louga (15%) et Fatick (13%) ont également des taux assez
importants d’insécurité alimentaire5. La prépondérance de l’insécurité alimentaire est
relativement plus faible à Dakar avec 7%des ménages en insécurité alimentaire (2014). Dans
toutes les régions, une proportion importante de la population (de 29% dans la région de Thiès
à 59% dans la région de Tambacounda) est en sécurité alimentaire limite (voir figure n° 6).
Au niveau départemental, la situation de l’insécurité alimentaire (modérée ou sévère) est
critique dans certains départements où elle touche plus de la moitié des ménages enquêtés.
Il s’agit des départements de Goudomp (62%), Matam (59%), Vélingara et Bounkiling (57%),
Sédhiou (55%), Oussouye (52%) et Médina Yoro Foulah (51%).
Le taux de malnutrition élevé (16,4% chez les enfants de moins de cinq ans), est dû en partie
à de mauvaises habitudes alimentaires, au manque d'hygiène, au faible taux d'alphabétisation
et à la timide sensibilisation des populations sur les questions de nutrition, surtout chez les
2 Diagne et al. 2009
3 DPS, 1999
4
CIAT, BFS/USAID. 2016 : « https://hdl.handle.net/10568/89147 »
5 WFP. 2014. AGVSAN
17. 10
femmes. La malnutrition chronique est deux fois plus élevée en milieu rural qu'en milieu
urbain (voir figure n° 10, AGVSAN 2010). La prévalence de la carence en fer est préoccupante
puisqu’elle affecte plus de 70 pour cent des femmes et des enfants de moins de 5 ans.
En milieu rural, les enfants de 6-59 mois
souffrant de mal nutrition aiguë (MAG) sont
concentrés dans les régions de Tambacounda
(14,7%) et Matam (22,7%) où les taux
dépassent respectivement les seuils d’alerte et
critique, mais ils sont aussi importants dans les
régions de Diourbel, Kaffrine, Kolda et Louga.
Les enfants souffrant de retard de croissance se
trouvent principalement dans les régions de
l’Est et du Sud (Kolda, Kédougou et Sédhiou) et
dans le département de Koumpentoum de la
région de Tambacounda où les prévalences
avoisinent ou dépassent 30% (voir figure n° 6).
Quelques indicateurs de la sécurité alimentaire
sont fournis par CIAT – USAID (2016), voir figure
n° 4 : stabilité, disponibilité, utilisation et accès.
Figure n° 4. Exemple d’indicateurs de la
sécurité alimentaire au Sénégal
La figure 5 (de CIAT – USAID, 2016) présente une schématisation d’indicateurs clés de la
sécurité alimentaire au Sénégal.
Figure n° 5. Sécurité alimentaire, nutrition et santé au Sénégal (source : CIAT ; BFS/USAID,
2016)
18. 11
Figure n° 6. Prévalence de l’insécurité alimentaire selon les régions du Sénégal (ENSAN
2013).
Selon l’Enquête de Suivi de la Pauvreté au Sénégal (ESPS-II), la proportion des ménages
pauvres au niveau national était de 46,5 pour cent en 2011. La proportion des ménages pauvre
est plus élevée en zone rurale (57,3%) contre 41,2 pour cent dans les autres centres urbains
et 26,1 pour cent à Dakar. La proportion de ménages pauvres est plus élevée dans les régions
de Kolda (76,6%), Kédougou (71,3%), Fatick (69,8%) et Sédhiou (69,1%). Dakar, Saint-Louis et
Thiès sont les seules régions avec des taux de pauvreté en dessous de 40 pour cent. Et cela
fait bien le lien entre les régions les plus pauvres et celles où l'insécurité alimentaire est la plus
élevée (voir ci-dessus).
19. 12
III. RÉSULTATS CLÉS DE L’ÉTUDE ET TENDANCES MAJEURES.
La synthèse repose sur les éléments détaillés dans les recommandations figurant dans les objectifs
spécifiques des TDR de l’étude. Nous résumons les tendances majeures à retenir. Plus de détails
figurent dans la version longue du rapport.
III.1- Tendances majeures sur les changements climatiques au Sénégal & leurs impacts
III.1.1- Les tendances climatiques au Sénégal
L’environnement au Sénégal est caractérisé par un climat de type soudano-sahélien, une vulnérabilité
aux variations pluviométriques et une forte pression exercée sur les ressources naturelles par une
population pauvre.
La pluviométrie moyenne annuelle suit un gradient décroissant du Sud au Nord du pays. Elle passe de
1200 mm au Sud à 300 mm au Nord, avec des variations d’une année à l’autre6
. Le pays comprend cinq
(05) types de domaines climatiques (carte) :
La zone sahélienne, au nord de la région de Saint-Louis, est le domaine de la steppe arborée ou
arbustive.
La zone sahélo-soudanienne, comprenant les régions de Dakar, Thiès, Diourbel, Louga, Matam, a
une savane arborée et sèche.
La zone soudanienne, avec les
régions de Fatick, Kaolack, tout
le nord et le centre de la région
de Tambacounda a une
végétation de type savane.
La zone soudano-guinéenne,
avec au nord les régions de
Ziguinchor, Kolda, et au sud la
région de Tambacounda, est
une zone de forêts ainsi que
de grandes savanes très
denses.
La zone guinéenne, avec le sud
des régions de Ziguinchor et
Kolda, est la zone la plus
humide, avec des forêts assez
denses.
Figure n° 7. Carte
climat du Sénégal
(Source: ANACIM)
6
Deuxième CN du Sénégal (2012)
20. 13
III.1.1. 1- Une augmentation constante de la température
Le réchauffement du climat ne fait aucun doute et est désormais attesté par l'augmentation
observée des températures moyennes de l'air et de l'océan, et l'augmentation du niveau
moyen de la mer. Ainsi, la température moyenne à la surface du globe a augmenté de + 1°C
de 1901 à 2012. Au niveau du Sénégal ces tendances s’observent avec des prévisions
alarmantes :
Tendances actuelles : hausse globale observée surtout pour les températures
minimales entre 1961 et 2010
Tendances futures : les prévisions indiquent une variation moyenne entre +1,17 et
1,41 degré Celsius à l’horizon 20357 (tableau).
Aux horizons 2035, toutes les simulations climatiques montrent une augmentation de la
température moyenne allant de 0,5 au centre ouest à 1,7◦C Au Nord-est. Les localités du nord-
est, du centre-est et de l’extrême sud-est enregistrent les valeurs maximales. L'augmentation
de la température moyenne avec le scenario RCP8.5 semble être plus élevée que celle du
scenario RCP4.5 du futur proche au futur lointain.
Figure n° 8. Variabilité spatiale de la température moyenne annuelle pour les scenarios
moyens (RCP4.5) et extrême (RCP8.5).
Source : Anacim/CDN 2017
III.1.1.2. Une baisse constante et une variabilité de la pluviométrie non homogènes
La variabilité climatique, notamment pluviométrique, en Afrique de l’Ouest en général et au
Sénégal en particulier, n’est plus à démontrer. Les variables afférentes aux pluies telles que
les fréquences de jours de pluies et les durées des saisons pluvieuses, ont été généralement
perturbées par les effets du Changement climatique (FVC : Programme Pays du Sénégal, 2018
– 2035) :
7 Données de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM)
21. 14
Tendances actuelles : l’évolution moyenne de la pluviométrie dans les quatre zones
de 1951 à 2010, montre globalement une diminution des précipitations de 1951 à 2000
sur les stations de référence8 avec toutefois, une tendance à une reprise des pluies
notée entre 2000 et 2010.
Tendances futures : les tendances futures seront en générale à la baisse (négatif) vers
l’horizon 2035. La zone nord du Sénégal verra une baisse de 16mm en moyenne par
rapport à la période de référence (1976-2005). Partout ailleurs, la baisse serait plus
prononcée et serait en moyenne de 89 mm comme illustré dans le tableau. Il faut noter
que cette baisse n’est pas homogène dans l’espace et dans le temps et il peut y avoir
des poches qui pourraient connaître de légères hausses mais non significatives. En
effet, cette inhomogénéité des changements sur l’ensemble du Sénégal et la
dispersion des scénarii montrent l'incertitude à laquelle nous pourrons faire face.
Tableau n° III. Changement moyen de la pluviométrie (en mm) et de la température projeté (en degré
Celsius) par zone et par scenario.
Scénarii Nord Sud-Est Sud-Ouest Centre-
Ouest
Pluie
RCP4.5 -16 -89 -89 -89
RCP8.5 -8 -61 -61 -61
Température
RCP4.5 +1,18 +1,17 +1,17 +1,17
RCP8.5 +1,41 +1,37 +1,37 +1,37
Source : CDN 2017
Il faut retenir que les tendances futures de la température et de la pluviométrie pourraient
aussi être associées à l’occurrence d’événements climatiques extrêmes telles que
l’augmentation des vagues de chaleur, de la fréquence, de l’intensité et/ou des quantités de
pluies (inondations) (forte évidence), accompagné d’une forte variabilité spatio-temporelle
ainsi qu’à une augmentation de l’intensité et de la fréquence des sécheresses (évidence
moyenne)9. Le Sénégal, à l’instar d’autres pays africains, présente une forte vulnérabilité aux
changements climatiques et ne contribue pourtant qu’à une faible part aux émissions de GES.
La quantité de GES émise par le Sénégal est estimée à 13 076 Gg ECO210 (2005) (CPDN, 2015).
Si des mesures préventives d’adaptation ne sont pas entreprises, ces prévisions pourraient
entrainer une grande vulnérabilité et un degré d’exposition élevé de certains écosystèmes et
de nombreux systèmes humains.
III.1.2- Les impacts globaux et la vulnérabilité des secteurs productifs
Dans l’évaluation de la vulnérabilité et des impacts liés au changement climatique, il est
essentiel de tenir compte des questions non climatiques notamment politiques (gouvernance)
et anthropiques (pratique et comportement) pouvant constituer des facteurs de
déclenchement de la vulnérabilité sous-jacente très souvent accentuée par le changement et
la variabilité climatique. Les différents impacts et vulnérabilités générés par les changements
8 Podor, Dakar, Ziguinchor, Tambacounda
9 Sr15_spm_final (GIEC, 2018)
22. 15
climatiques dans les secteurs productifs au niveau national sont consignés dans le tableau ci-
dessous.
Tableau n° IV. Principaux impacts et vulnérabilités sur l’agriculture, l’élevage, la pêche, les ressources
en eau et la biodiversité.
SECTEURS IMPACTS & VULNÉRABILITÉS
Agriculture Augmentation de l’évapotranspiration ;
Perturbation de la carte variétale ;
Perturbation du calendrier cultural ;
Recrudescence des mauvaises herbes et des insectes ravageurs ;
Perte fertilité des sols ;
Réduction des terres agricoles (2 500 000 ha de terres arables dégradées en
2014) ;
Baisse production agricole ;
Grande vulnérabilité de la population dépendant des productions agricoles
pour leur survie ;
Baisse contribution secteur agricole à la production du PIB ;
Baisse de 30% de la production céréalière attendue à l’horizon 2025
Elevage Changements dans la productivité et la qualité des fourrages ;
Raréfaction des ressources hydriques et fourragères ;
Faible disponibilité en eau pour le bétail
Baisse de la productivité de l’élevage ;
Dégradation de la santé animale ;
Apparition de maladies émergentes affectant le bétail ;
Changements dans la commercialisation et les prix des produits du bétail qui
pourraient fortement affecter les revenus des éleveurs
Vulnérabilité des communautés pastorales
Pêche
Augmentation de la température des eaux de surface ;
Diminution de la richesse trophique (éléments nutritifs) ;
Diminution de l’indice d’upwelling ;
Raréfaction et ou migration de stocks halieutiques
Perte massive d’emplois ;
Augmentation des accidents en mer et destruction d’équipements et
d’infrastructures liées à la pêche.
Accentuation du déficit de la balance commerciale du Sénégal ;
Appauvrissement des communautés de pêcheurs ;
Augmentation de l’émigration clandestine.
Ressources en
Eau
Glissement des isohyètes du Nord vers le Sud ;
Glissement du gradient de végétation ;
Effondrement des débits des cours d’eau ;
Assèchement par endroit des certains cours d’eau (Casamance, Sine Saloum)
ainsi que certaines rivières continentales, mares temporelles et autres plaines
d’inondation ;
Assèchement des rivières continentales, mares temporelles et autres plaines
d’inondation ;
Assèchement des zones humides ;
Baisse générale du niveau des nappes phréatiques ;
Disfonctionnement et/ou destruction des ouvrages hydrauliques ;
23. 16
SECTEURS IMPACTS & VULNÉRABILITÉS
Menaces sur la demande en eau douce ;
Dégradation de la qualité des eaux
Accentuation du stress hydrique ;
Vulnérabilité des écosystèmes et des secteurs agricoles et pastoraux
Biodiversité
Fragmentation des écosystèmes et pertes d’habitat ;
Évolution régressive des superficies de forêts de certaines espèces ;
Baisse de la productivité de certaines espèces et des services écosystémiques
Régression de la végétation naturelle de l’écosystème des Niayes de l’ordre de
57% entre 1972 et 2012
Régression de la superficie des forets galeries de l’ordre de 22% en Casamance
et 50% au Sénégal oriental entre 1972 et 2012
(Source : FVC, Document Pays, 2018)
Il faut noter que les impacts induits par les principales tendances climatiques observées au
Sénégal ces dernières décennies se manifestent rarement de manière isolée. Les impacts sur
un secteur donné, peuvent également se faire sentir sur d’autres secteurs. C’est ainsi que la
baisse de la pluviométrie et l’augmentation des températures affectent les territoires en
termes de :
- Hausse des températures et élévation du niveau de la mer ;
- Perturbation du réseau hydrographique ;
- Modification dans le fonctionnement des écosystèmes et la perturbation
physiologique chez certaines espèces ;
- Dégradation des sols et Réduction du couvert végétal ;
- Modifications de l ’hydrodynamisme et érosion côtière rapide ;
- Dégradation des équipements touristiques côtiers ;
- Baisse de la productivité des secteurs de l’agriculture et de l’élevage ;
- Migration et diminution des stocks de certaines espèces halieutiques.
III.1.3- Les manifestations des changements climatiques au Sénégal
Au Sénégal, la sécheresse se caractérise par une forte réduction des totaux pluviométriques
saisonniers avec pour conséquence un glissement vers le sud des isohyètes (figure n° 7, p. 16),
une forte variabilité dans la distribution temporelle des pluies et un raccourcissement de la
durée de la saison des pluies. Cela se traduit par des stress hydriques survenant à différents
stades de développement des plantes et dommageables pour leur productivité.
Le déplacement vers le sud de l'isohyète 400 mm sur près de 100 kilomètres a fragilisé les
cultures pluviales dans tout le nord du pays, et une translation d'une ampleur analogue de
l'isohyète 800 mm est l'une des causes du déplacement du bassin arachidier vers le sud et du
recul du coton au nord de la Gambie (IRD, Sécheresse).
24. 17
Figure n° 9. Recul des isohyètes vers le sud du Sénégal, (la translation méridienne des
isohyètes dessinées pour la période 1931-60 d'une part et 1961-90) ; source IRD
Concernant les cultures vivrières au Sénégal, la production de céréales s’est améliorée de
51,9%, en 2012, sous les effets conjugués de la hausse des superficies emblavées et des
rendements. En dehors du fonio qui a enregistré une baisse (13,7%), les autres spéculations
céréalières ont enregistré un accroissement de leur production, notamment le riz (54,6%), le
mil (37,8%), le sorgho (60,4%) et le maïs (92,6%).
La contribution de l’agriculture (agriculture vivrière et agriculture industrielle et
d’exportation) au PIB s’est accrue de 1,3 point passant de 5,9% en 2011 à 7,2% en 2012.
Les disponibilités nationales céréalières (production nette + stock initial) sont évaluées à 1 265
930 tonnes pour des besoins estimés à 2 576 870 tonnes, soit une couverture de 49,1%
représentant cinq (05) mois des besoins estimés. En tenant compte des importations de
céréales (1 190 000 tonnes dont 750 000 tonnes de riz et 350 000 tonne de blé) et des aides
alimentaires (24 700 tonnes), le solde net du bilan dégage un déficit de 96 240 tonnes. La
consommation annuelle apparente de céréales s’est élevée à 182 kg/habitant, légèrement
inférieure à la norme fixée à 185 kg/habitant par l’Organisation des Nations Unies pour
l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).
25. 18
Les céréales représentent la base de
l’alimentation de la population
sénégalaise et apportent au moins
70% des besoins caloriques
journaliers. Cependant, le pays
importe plus de la moitié de ses
besoins en céréales et 70% de son
approvisionnement alimentaire
global, montrant une forte
dépendance au marché extérieur
(voir figure n° 8).
Figure n° 10. Schéma du marché extérieur pour les céréales 2010 (source : ANSD).
Pour le calcul des besoins céréaliers du Sénégal, la norme de consommation de 185 kg/par
personne/an est utilisée. De 2008 à 2010, le taux de couverture des besoins céréaliers par la
production nationale a atteint à chaque fois 65 % des besoins annuels en céréales grâce au
bon niveau de la production enregistré.
Figure n° 11. Prévalence de l’insécurité alimentaire au Sénégal (source ANSD, PAM, 2013)
26. 19
III.2- Caractérisation des principales chaines de valeurs agricoles et mode d'organisation
des acteurs
Selon la zone agro-écologique concernée, chaque région a développé des chaînes de valeur
tenant compte des opportunités locales offertes, des produits agricoles pluviales (céréales,
arachides, coton, sésame, fonio, …), de contre-saison (légumes, fruits), des fruits sauvages de
cueillette ou PFNL (Mad -Saba-, Toll –Landolphia-, le Karité, le souchet, le miel, la gomme
Mbepp, les gousses, la gomme arabique, etc.). Dans certaines localités, comme à Kidira, des
ONG à travers divers projets ont équipé les femmes en mini-unités de transformation pour les
produits comme les jujubes et le Soump. Enfin des efforts de modernisation sont opérés avec
des produits bénéficiant de procédés de transformation plus adaptés aux besoins de certains
consommateurs urbains. Mais des efforts devront être encore faits pour limiter les pertes
élevées dues à ces limitations de transformation et de locaux adéquats de stockage et
conservations. Mais les populations locales repèrent assez vite au grès des opportunités, de
nouvelles chaînes de valeurs de produits agricoles, mais il s’avère nécessaire de garder une
vigilance pour un repérage en continue de ces opportunités.
27. 20
Tableau n° V. Présentation de la synthèse par région des principales chaines de valeurs, des opportunités de marché et des défis des marchés.
N° Régions
Principales chaines de valeurs
agricoles
Opportunités de marché Défis des marchés
1 Dakar
- Cultures horticoles (légumes,
fruits) ;
- Des produits amenés de
l’intérieur du pays (huiles, fruits
de cueillette, … ;
- divers marchés spécialisés (Thiaroye,
Castor) ;
- une population en agrandissement
continue avec l’exode rurale, la recherche
d’emplois ;
Capacités de stockage, de
conservation ;
Engorgement divers dans le transport,
les capacités de conservation, la faible
transformation ;
2 Diourbel
o PFNL (gousses de Kad, fruits
de Balanites, jujube) ;
o Volaille locale ;
o Vente gros vers marchés urbains (ex.
Dakar) ; vente en bord e route ou
marchés locaux ;
- Transformations permettant de
donner de la plus-value, stockage ;
3 Fatick
- Poissons, crevettes, frais ou
séchés ;
- Sels iodés en sacs ou petits
sachets ;
- Produits agriculture pluviale
(arachide, mil, niébé, …) ;
- Route N1 et sur divers axes routiers
secondaires ;
- Marchés hebdomadaires (ex. Passy,
foundiougne, …),
- Hôtels, campements, … ;
- Proximité de Kaolack, de Diourbel, … ;
- Capacités de stockage, de
conservation ;
- Emballage adéquat presque
inexistant ;
- Risque de pourriture, de perte de
produits ;
4 Kaffrine
- Arachides et produits dérivés
(huile, graines, tourteaux, …) ;
- Gommes diverses dont le
M’bepp (Sterculia setigera) ;
- Bétails divers (bœufs, moutons,
chèvres, volaille locale) ;
- Axes routiers (ex. N1 Dakar – Tamba – vers
le Mali) ;
- Marchés hebdomadaires dans divers
localités (Birkilane, Kaffrine, …) ;
- Campements, hôtels, grandes
agglomérations voisines (Tamba, Kaolack,
Touba, Mbacké, …) ;
- Peu ou pas de stockage et de
conditionnement ;
- Déficit d’emballage adéquat ;
- Conditions d’hygiène à améliorer et
process de transformation à mieux
adapter et appliquer ;
5 Kaolack
- Arachides et produits dérivés
(huile, graines, tourteaux, …) ;
- Maïs doux, arachides en frais,
précoce ;
- Sur des axes routiers majeurs (vers Mali,
Gambie, Guinée Bissau, Conakry) ;
- Transport vers grands centres urbains par
camions de retour de livraison ;
- Faible capacité de stockage, de
conservation ;
- Climat souvent chaud favorisant des
pertes de produits ;
28. 21
N° Régions
Principales chaines de valeurs
agricoles
Opportunités de marché Défis des marchés
- Sels iodés avec les salins du Sine
Saloum.
- Mali et autres pays limitrophes (Burkina
Faso) ;
- Faible capacité de transport par
camion vue la forte demande en sel
vers le Mali, BF ;
6 Kédougou
- Mangues précoces (dès fin Mai
– juin) ;
- Miel, cire, huile de palme,
beurre de karité ;
- Bon développement de nouveaux marchés
avec l’installation de miniers ;
- Connaissance plus grande de ces produits
en zone urbaine (ex. Dakar) ;
- Éloignement de grands centres
urbains, risque perte de produits ;
- Caractère parfois très périssable de
ces produits ;
7 Kolda
- Fruits de cueillette (Mad, Tol,
palmiste) ;
- Miel, cire, huile de palme,
dérivé lait ;
- Bétail (bovins, produits laitiers,
…) ;
- Volaille locale (chair, œufs, …) ;
- Marché de Diawbé, pays limitrophes
(Guinée Bissau, Conakry, Gambie) ;
- De nombreux marchés hebdomadaires
dans la région ;
- Kolda sur un axe routier très fréquenté ;
- Qualité des routes, difficultés
d’accès de certaines localités ;
- Peu ou pas de transformation pour
une conservation plus longue, plus
de valeur ajoutée ;
8 Louga
- Fruitiers de la mer ver Potou
(poissons frais, séchés ;
- Fruits de cueillette locaux
(Dankh, soump, gomme, …) ;
- Bétail divers (moutons,
chèvres, poulet local)
- Zone de transit en direction de St Louis, de
la RIM, de Matam, … peu éloigné de
Touba ;
- Grands marchés de bétails bien connus
(Dara, Linguère, Barkédji, …) ;
- Divers marchés hebdomadaires et qui
rassemblent toujours davantage de
monde ;
- Faible capacité de stockage, de
transformation des produits
halieutiques ;
- Difficulté d’’accès dans certains
localités, dû à la qualité des pistes ;
- Marché souvent plus avantageux
aux commerçants qu’aux
producteurs ;
9 Matam
- Produits laitiers dérivés (huile,
lait) ;
- Bétails divers (moutons,
chèvres, bœufs, …) ;
- Riz local, divers légumes, … ;
- Marchés transfrontaliers avec la
Mauritanie, le Mali ;
- Divers marchés hebdomadaires dans la
zone, avec des accès parfois très difficile ;
- Distance de transport très long,
chaleur continental peu favorable
au stockage ;
29. 22
N° Régions
Principales chaines de valeurs
agricoles
Opportunités de marché Défis des marchés
- Zone de transit vers pays voisins (RIM,
Mali) ;
- Éloignement de certains grands
centres urbains (700 km de Dakar
par exemple) ;
10
Saint
Louis
- Riz de la vallée ;
- Légumes divers (oignon, patate
douce, melon, …) ;
- Poissons frais et transformés
séchés, fumés, … ;
- Axes routiers (N2) et voisinage de la
Mauritanie ;
- Marchés transfrontaliers (ex. Rosso,
Dagana, …) ;
- Profite d’autres grands centres urbains
comme Louga, Thiès, Dakar ;
- Logistique pas toujours appropriée ;
- Chaine de froid par toujours
continue ;
- Peu ou pas de transformation des
produits agricoles ;
11 Sédhiou
- Fruits de cueillette (Mad,
ditakh, …) ;
- Mangues, anacardes
- Plantes médicinales
- écoulement par camions vers grands
centres urbains côtiers (Mbour, …, Dakar) ;
marchés hebdomadaires, locaux ;
- techniques valorisantes de
transformation, permettant un
stockage plus long, donnant de la plus-
value aux produits.
12
Tamba
Counda
- Souchet et dérivés ;
- Produits de la transformation
des jujubes, Soump, … ;
- Fonio, sésame, sorgho
- Campements touristiques, marchés
transfrontaliers, voisinage de plusieurs
pays (Mali, Guinée, Mauritanie) ;
- Transport par camions de retour de
livraison ;
- Qualité de la route pour écoulement
vers grands centres urbains (Mbour,
Dakar, …) ;
- Transformation IAA ;
13 Thiès
- Mangues (variétés locales,
précoces) ;
- Légumes divers avec les Niayes
voisins ;
- Élevage de volailles (chair,
pondeuses, cailles, autres) ;
- grands marchés de légumes comme Notto
Gouye Diama,
- à proximité de grands axes routiers (N1 et
N2), proximité des grands hôtels à Saly,
Mbour, Petite côte ;
- hôtels, grandes villes, … ;
- exigences de qualité de plus en plus
affichées ;
- structures de stockage, de
conservations) ;
- logistique normalisée plus adaptée
au transport (chaine de froid,
emballage, …),
30. 23
N° Régions
Principales chaines de valeurs
agricoles
Opportunités de marché Défis des marchés
14 Ziguinchor
- Fruits de cueillette (mad, Tol,
palmier à huile, … ;
- Anacardes avec divers produits
dérivés (noix, huile, jus, …) ;
- Mangues, ananas, banane, … ;
-déserte du port de Ziguinchor par des
bateaux de transport, pont de Farafenié ;
- transport par divers camions avec les
facilités nouvelles de traversée de la
Gambie ;
- pays voisins comme la Gambie avec des
marchés transfrontaliers ;
- durée du transport raisonnable pour
faire arriver des produits de qualité,
non pourris ;
- profitant de marchés transfrontaliers
comme Diawbé, autres ;
31. 24
III.3- Opportunités et défis des marchés transrégionaux et transfrontaliers sur la
valorisation du potentiel agricole de chaque zone ;
III.3.1- Flux internes (céréales et légumineuses)
Selon WFP (2010), généralement les flux de denrées agricoles prennent la direction des zones
urbaines, notamment côtières, dont la forte demande exerce une puissante attraction sur le
marché régional. La troïka Touba-Dakar-Diaobé constitue l’épine dorsale du commerce des
produits agricoles dans le bassin ouest africain. En effet, les flux alimentaires dans le bassin
convergent vers Dakar et le nord-ouest sénégalais, zone urbanisée, à revenu relativement élevé,
dont la demande considérable exerce une forte influence sur les marchés des pays voisins.
Figure n° 12. Carte des flux internes commerciaux des produits agricoles au Sénégal
Source : « WFP-Commerce Transfrontalier et Sécurité Alimentaire WA 2010 ;
32. 25
III.3.2- Flux externes.
Les dynamiques du commerce transfrontalier jouent un rôle de premier plan dans la sécurité
alimentaire en Afrique de l’Ouest10
et au Sénégal.
Des études relatives aux dynamiques transfrontalières ont mis en évidence l’existence de
stratégies commerciales sous régionales en Sénégambie méridionale (Abdoul et al., 2007).
Certaines caractéristiques du commerce transfrontalier, identifiées dans le cas spécifique de la
Haute Casamance, – telles l’influence des réseaux religieux, le rôle de la réexportation gambienne,
la rente de situation pour le marché sénégalais de Diaobé – ont été mises en évidence par
Fanchette (2001).
En milieu rural, l’essentiel des échanges se produit sur des marchés hebdomadaires où les produits
du cru sont échangés contre des marchandises manufacturées.
Le schéma suivant illustre les principaux types de marchés observés au Sénégal et dans la sous-
région.
Figure n° 13. Typologie simplifiée des marchés du bassin ouest (CILSS & al., 2010).
Les « lumo » d’une même zone fonctionnent de façon coordonnée, chacun se tenant à tour de
rôle. Ces marchés hebdomadaires ruraux opèrent en étroite liaison avec un marché de
regroupement. Ces marchés de regroupement servent aux transactions entre grossistes, et
fonctionnent comme interface à la fois avec le port (et donc le marché international) et les
marchés urbains de consommation. Le marché urbain de consommation est approvisionné à la
fois par le marché de regroupement pour les produits locaux et le port pour les produits importés.
Le graphique ci-dessus schématise les liens qui existent entre ces différents types de marchés. On
10
CILSS, la FAO, le FEWS NET, le PAM, le RESIMAO, USAID, 2010. Commerce Transfrontalier et Sécurité
Alimentaire en Afrique de l’Ouest : Cas du Bassin Ouest ; Cas du Bassin Ouest : Gambie, Guinée-Bissau, Guinée,
Mali, Mauritanie, Sénégal ; 91 pages.
33. 26
notera que certains marchés associent différentes fonctions (par exemple regroupement et
consommation).
III.3.2.1- Flux des céréales sèches.
La production de céréales sèches est insuffisante pour couvrir les besoins de la population dans le
bassin ouest Afrique, dont la partie septentrionale est jalonnée de zones fortement déficitaires.
La production de céréales sèches dans le bassin, totalisant environ 2,5 millions de tonnes, est
principalement le fait de la Guinée et du Sénégal. Le commerce transfrontalier de céréales sèches
dans le bassin, illustré sur la figure n° 26, lie principalement le bassin arachidier sénégambien avec
les zones urbaines du nord-ouest Sénégalais et le sud de la Mauritanie. Un flux de céréales sèches
guinéennes arrivait au Sénégal dans le passé. L’instabilité politique et l’insécurité qu’a connue la
Guinée aurait interrompu ce flux depuis 2007. Les apports en maïs provenant du nord de la Côte
d’Ivoire, transitant par le Mali, comblent les déficits de la production propre du bassin.
Figure n° 14. Flux des céréales sèches au Sénégal et les pays environnants (source : CILSS &
al., 2010).
III.3.2.2- Flux du bétail.
Le Mali est l’origine principale des bovins commercialisés dans le bassin. La Mauritanie est le
premier fournisseur d’ovins et de caprins. Une partie du cheptel bovin de l’est mauritanien transite
34. 27
par le Mali avant de rejoindre le Sénégal, la Côte d’Ivoire et la Guinée (figure n° 27). L’OCDE (2008)
estime que la filière bétail contribue à hauteur de 44% au PIB agricole du Mali et 80% du PIB
agricole en Mauritanie.
D’après FAOSTAT, le Sénégal importe chaque année quelques 428 000 têtes de petits ruminants
dont la valeur commerciale atteint 28,5 millions de dollars. Pendant la même période, les
importations de bovins ont porté sur 10 000 têtes, valant environ 6 millions de dollars. FAOSTAT
rapporte le même volume d’exportations de bovins pour chaque année depuis 2005, indiquant
que ces derniers chiffres doivent être maniés avec précaution. Guibert et al. (2009 p. 26) citent
l’étude USAID/ATP de 2008, qui fait état d’une importation de quelques 85.000 têtes de bovins au
Sénégal en 2007. Au-delà du débat portant sur l’importance des flux de bétail, Guibert et al.
soulignent le caractère fortement saisonnier de la demande sénégalaise en petits ruminants. Cette
forte saisonnalité limite l’opportunité offerte aux producteurs de bétail.
Selon Bio Goura Soulé, (2018 - Hub rural11
), « la signature par quarante-quatre pays africains, le
21 mars 2018 à Kigali, de l’accord établissant la Zone de libre-échange continentale a relancé les
débats sur les enjeux du commerce transfrontalier en Afrique en général et dans les communautés
économiques régionales en particulier. Cette préoccupation doit être mise en relation avec l’un
des engagements contenus dans la déclaration adoptée par les chefs d’États de l’Union africaine
à Malabo en 2014, celui de tripler, à l’horizon 2025, la valeur des échanges commerciaux intra-
africains.
Selon les statistiques officielles, les échanges intra-communautaires représentent moins de 12
pourcent de la valeur du commerce global de la région, représentant environ 4,4 pourcent du PIB
et une valeur de 50 US$ de transactions par habitant en 2015. Les échanges de produits agro-
alimentaires représentent moins de 10 pourcent de la valeur des transactions intra-
communautaires, en dépit du potentiel de la région. L’Afrique de l’Ouest produit environ 65
millions de tonnes de céréales, dont moins de 3 pourcent alimentent le commerce intra régional,
et ce dans une région qui importe encore plus de 6 millions de tonnes de ce type de denrées
chaque année. Pour un cheptel composé de près de 200 millions de têtes, toutes espèces
confondues, le commerce transfrontalier porte sur moins 5 millions de têtes, confinant la région
dans une dépendance vis-à-vis du marché international à hauteur de près de 45 pourcent de ses
besoins en protéines animales. La situation est plus criante encore au niveau des tubercules et
racines, qui faute d’une valorisation suffisante, circulent encore très mal à l’intérieur de la région,
à l’exception de quelques dérivées phares (attiéké ivoirien et semoule d’igname provenant du
Ghana et du Nigeria) ».
11
Voir le site : « http://www.ictsd.org/bridges-news/passerelles/news/le-commerce-transfrontalier-ouest-
africain-dynamique-et-perspectives »;
35. 28
Figure n° 15. Flux du bétail en Afrique de l’Ouest (source : CILSS & al., 2010).
En conclusion, on peut retenir avec WFP (2010), que Le bassin ouest africain est parcouru de flux
commerciaux de longue distance qui sous-tendent les systèmes de vie et la sécurité alimentaire
de ménages vulnérables à l’insécurité alimentaire. Les commerces d’huile de palme, de bétail,
d’anacarde et d’arachide, quand ils fonctionnent sans entrave, sont autant d’opportunités de
revenus qui permettent aux ménages de renforcer leur sécurité alimentaire et de faire face aux
chocs. Ces flux transfrontaliers s’organisent de façon à approvisionner la côte, et notamment la
zone Dakar-Touba, par laquelle on accède par l’intermédiaire de marchés-relais, tels que Diaobé.
36. 29
III.4- Évaluation des tendances futures du potentiel agricole & des questions de
spécialisation ou de diversification de chaque région du Sénégal.
Le potentiel agricole dans les 14 régions du Sénégal s’est exprimé de plusieurs façons, selon les :
Ressources physiques propres (exemple des disponibilités en terre agricole, de sols avec de
bonnes aptitudes, des ressources en eau disponible toute l’année, sans une altération de sa
qualité, ex. par la salinité ;
Ressources humaines avec des réalités socio-économiques permettant d’impulser des
schémas locaux de développement et durable ;
Les contextes locaux intégrant divers paramètres à même de favoriser la bonne valorisation
des ressources locaux disponibles mais parfois dans un environnement avec des initiatives
individuelles, collectives, mais aussi des partenaires au développement attirés par la zone.
En fait, on verra que ce sera sans doute souvent nécessaire de faire le repérage certains atouts ou
opportunités locaux et voir quel scenario mettre en place pour sa bonne valorisation avec les
combinaisons de paramètres à même de pouvoir les optimiser. Le développement durable dans les
régions étudiées passe souvent par certains facteurs limitants pour :
Relever les niveaux d’équipement et renforcer certaines infrastructures ;
Organiser les schémas d’écoulement des productions et faciliter parfois leurs transformations
et conservations avec des structures adaptées et conformes ;
Renforcer les compétences et capacités des divers acteurs de chaînes de valeurs les plus
prometteurs localement et donner plus de valeurs à d’autres (ex. facilité logistique,
organisation de marchés appropriés, exploitation de toutes niches permettant leur
valorisation, études de marchés, …) ;
Procéder à des sensibilisations des autochtones et exploitants allochtones sur certains
impératifs et attitudes d’exploitation rationnelles des ressources disponibles, et des bonnes
manières pour assurer leur pérennisation ;
Organiser au mieux les acteurs divers selon des associations, des OP, et les fédérer pour mieux
optimiser le travail en équipe sur la base de schémas communautaires, en tirant avantage des
groupements ;
Impulser des politiques de développement de l’État avec divers partenaires au développement
de façon à impulser et créer un cadre local d’initiatives et de valorisation des ressources et
potentialités disponibles.
La plupart des ressources repérées dans les régions, même si auparavant elles avaient un certain
caractère renouvelable, ne le sont plus du fait des pressions d’exploitation, des contrôles insuffisants,
de la perte de rationalité dans leur exploitation pour une durabilité meilleure.
De plus les développements récents de grands axes routiers (autoroutes Dakar – Touba, vers Mbour –
Fatick et Kaolack) et certains infrastructures (ex. le pont de Farafénié), la confection ou la réfection de
plusieurs pistes de production, vont agir sur l’exploitation de certaines ressources locales et favoriser
leurs exploitation plus intensive. Cela étant aussi favorisé par la rapidité des mouvements, par la
mobilité encore meilleure. C’est pourquoi, il faudra plus de vigilance dans l’application de Plan de suivi
environnementaux des EIES des grands projets, avec aussi plus de valorisation des savoirs et pratiques
locaux, sur les bonnes pratiques de préservation durable des ressources et de l’environnement.
37. 30
Tableau n° VI. Présentation du résumé selon les régions, des tendances futures du potentiel agricole, de la spécialisation ou de diversification
N° Régions Tendances futures du potentiel agricole Spécialisation ou de diversification
1 Dakar
Développement de cultures ou produits à haute
valeur ajoutée (fraise, ail, chou-fleur, radis, betterave,
produits Bio) ; ou des spéculations particulières avec
les consommateurs urbains (pintades, lapins, caille,
…) ;
Création et développement local de marchés
spécialisées selon des aspirations de classes urbaines
(ex. des marchés Bio, des produits spécifiques à
certains terroirs, nouvelles présentation,
conditionnement et transformation de certains
produits locaux ;
o Toute spéculation pouvant valoriser le climat sub-canarien
relativement doux (aviculture, arbres fruitiers ex. agrumes) ;
o Produits brutes ou transformés pouvant profiter des premiums
que peuvent permettre le grand marché urbain à Dakar et
autour.
o Profiter de toutes les arrivées des produits de diverses régions
dans la capitale du pays ;
o Développement d’unités de transformation agro-alimentaire
valorisant divers produits arrivants ;
2 Diourbel
Valorisation et conditionnement des PFNL (exemple
Gommes des acacias, gousses, fourrages aériens,
fruits de cueillette : Soump, jujube, etc.).
Développement d’activités de commerce de produits
agricole, en transit ou en destination, avec les
nouveaux couloirs permis par le circuit sur Touba ;
o Production de légumes frais pour les marchés de Touba et
environ ;
o Intensification des productions animales pour répondre à la forte
demande de consommation de Touba, surtout pour le Magal ;
o Mieux profiter des grands marchés disponibles autour de
Touba ;
3 Fatick
Valorisation des sels produits par des procédés de
production, de transformation et conditionnement
pour plus de valeur ajouté au produit ;
Succès relatif dans la désalinisation des sols et
développement de cultures ex. horticoles tolérantes à
la salinité ;
Installation des structures de productions de glace, et
de conservations des produits de la pêche et cueillette
de ces eaux riches ;
o Développement dans des zones plus propices des cultures dans
certains bas-fonds fertiles et plus humides (maraichage, arbres
fruitiers) ;
o Zones de mangue, à valoriser avec certaines variétés de bonne
qualité ;
o Fruits de mer et divers produits de la pêche à valoriser (exemple,
les crevettes, huitres, arches, poissons séchés, fumés, …) ;
o Unités de transformation légères à mettre en place pour mieux
valoriser certains produits locaux ;
38. 31
N° Régions Tendances futures du potentiel agricole Spécialisation ou de diversification
Mais mieux contrôler la progression de la salinisation
de certains zones ;
4 Kaffrine
La transformation et le conditionnement meilleur de
divers produits locaux (arachide, céréales, bissap, …),
tout en profitant des marchés locaux (exemple de
Birkelane, le non éloignement de Touba, le rôle de
zone de transit avec le Mali, …) ;
Une meilleure valorisation des bas-fonds par des
aménagements adaptés pour bien valoriser dans
énormes stocks d’eau perdus et drainées vers le
fleuves Gambie ; et un bon contrôle des phénomènes
de salinisation par endroit ;
Poursuivre le développement de cultures innovantes
(riz de plaine, ex. de Nérica, des certaines cultures
maraîchères de saison des pluies ou de bas-fonds
(pastèques, tomates, gombo, …) ;
o Le développement de certaines cultures innovantes et avec des
potentialités locales (légumes de contresaison ; cultures
fourragères) ;
o Une sensibilisation poussée de certains acteurs de
développement local sur la préservation des milieux naturels, de
certaines ressources ;
o L’élevage local (bovins, ovins, pintades par exemple) pourra
profiter localement des opportunités disponibles (stocks
fourrages, espaces disponibles avec les forêts classées, marchés,
expériences locales ;
o Une meilleure valorisation de certains marchés transfrontaliers
(ex. Nganda) et développement des échanges ;
5 Kaolack
Une intensification plus raisonnée de certaines
cultures industrielles comme l’arachide, le maïs, et
divers produits transformés (huile, tourteaux, paille
d’arachide, …), avec un meilleur respect des processus
de restauration des sols, de protection de
l’environnement ;
Extension de la pratique de certaines cultures de
diversification (ex. pastèque, Bissap, maïs, sésame),
mais avec des approches plus protectrice des milieux
naturels ;
o Avec une approche de développement local qui intègre mieux
agriculture – élevage, et une bonne valorisation des marchés
locaux et de zone de transit vers diverses régions et d’autres
pays ;
o Une plus grande ouverture vers l’arboriculture fruitière à l’image
de la zone de Toubacouta (dans le Fatick), qui devient la 3ème
zone
de mangue au Sénégal, après les Niayes et la Casamance ;
o Amélioration de la production, du conditionnement du sel (ex.
Salin du Sine Saloum) ou des producteurs locaux et une meilleure
organisation du marché, surtout vers des pays voisins ;
39. 32
N° Régions Tendances futures du potentiel agricole Spécialisation ou de diversification
Expansion de bonnes pratiques de certains schémas
d’aménagements hydroagricole, de rétention d’eau
de pluies, de limitation des phénomènes d’érosion
des sols, de dégradation des milieux naturels ;
o Développement de fermes privés orientées sur des spéculations
par exemple l’aviculture (poulet de chair, œufs, …), des mini
unités de collecte, de transformation du lait, de conservations ;
6 Kédougou
Une meilleure mise en valeur de certaines ressources
très spécifiques de la région, par des transformations,
le conditionnement et la mise en circuit de marché
plus optimisée ;
Profiter aussi des avantages économiques permis
avec les pays frontaliers et les marchés sous
régionaux ;
Une meilleure valorisation des énormes ressources en
eau disponible dans la région, avec l’organisation de
son étalement sur toute l’année ;
Développement de la filière Karité, avec des
productions de qualité vers l’export ;
o Donner plus de valeur ajoutée à certaines productions locales
(miel, fonio, sésame, divers produits de cueillette : Saba, plantes
médicinales) ;
o Un meilleur contrôle de l’extension de l’orpaillage surtout vers
certaines zones protégées (PNNK, F.C., zones amodiées, cours
d’eau, …), pour un bon suivi des nuisances occasionnées ;
o Bien accompagner l’expansion du développement touristique,
qui dispose de bonne potentialités de progression ;
7 Kolda
Une meilleure organisation du marché
transfrontalier de Diaobé et d’autres serait plus
bénéfique au la région ;
La valorisation des énormes potentiels agricoles
(terres, bas fond, disponibilités en eau, main d’œuvre)
de la région devrait permettre d’apporter plus de
revenus diversifiées aux populations locales ;
Impératif que le développement local soit
accompagné de meilleures drastiques et bien suivi de
préservation des grands massifs forestiers disponibles
o Introduction et développement de cultures à bon potentiel local
(ex. riz de bas-fonds ou de vallée, cultures maraîchères, arbres
fruitiers (agrumes, manguiers, papayes, ...) ;
o Meilleure organisation des divers acteurs des chaînes de valeur
locaux ;
o Développement d’unités de grandes capacités de stockage
(magasins, chambres froides), publiques ou privés, pour valoriser
les nombreux produits disponibles dans la région ;
o Un contrôle plus actif des actions sur l’environnement, avec
diverses actions de sensibilisation, de prise en charge de cela par
les locaux ;
40. 33
N° Régions Tendances futures du potentiel agricole Spécialisation ou de diversification
localement et ayant fait l’objet de classement par
exemple en forêts classées ;
8 Louga
Collecte et conservation du lait des éleveurs locaux
(saison des pluies), avec diverses technologies de
valorisation des énergies nouvelles et renouvelables
(ex. le solaire, l’éolienne) ;
Viande avec le bétail à abattre et conserver la viande
en bonne période ;
Mise en défens de certaines zones pour une
exploitation meilleure du fourrage ;
Meilleure organisation des circuits de production,
d’écoulement du poisson frais et des produits de mer
transformés, dans la région et d’autres zones dans le
pays ;
o Plantation d’acacia à gomme pour mieux exploiter cette
ressource ;
o Meilleure organisation des productions animales (bétail divers),
avec des infrastructures de conservation de viandes et circuits
mieux organisés pour la filière ;
o Meilleur développement de la zone du littoral (Potou) avec des
unités de conservation du poisson et de transformation de ces
produits ;
o Une meilleure organisation des producteurs divers, et pour
réduire les conflits agriculture –élevage ;
9 Matam
Une valorisation plus grande de certains
aménagements de périmètres avec la SAED, ou
d’initiatives de certains groupements de
producteurs ;
Diversification des cultures vers les légumes, certains
arbres fruitiers, avec diverses pratiques agro-
forestières ;
Profiter du marché transfrontalier avec la Mauritanie
d’écoulement par exemple de production horticoles ;
Une revalorisation de certaines cultures de décrues
dans certains endroits où cela est possible avec le
o Introduction et développement de certaines innovantes
(légumes divers, banane, citron, orange, …) ;
o Meilleure organisation des marchés et circuits d’écoulement de
certaines productions, avec la réfection de certaines pistes
d’accès, de mise en place d’unités de transformation, de
conservations ;
o Prise en compte dans les options de développement local
d’opportunités comme les acacias producteurs de gomme et
l’organisation de ces productions et leurs écoulements ;
o Extension de certaines cultures spécifiques de la zone (souchet,
patate douce, menthe, …) ;
41. 34
N° Régions Tendances futures du potentiel agricole Spécialisation ou de diversification
retour de certaines cultures (pastèques, citrouille,
sorgho, maïs, …) ;
Extension de plantation d’acacia pour la gomme et
développement d’unités de conditionnement et de la
filière ;
o Meilleure valorisation des productions animales (ovins, bovins)
avec développement de la filière lait (collecte, conservation en
chambre froide, utilisation des ENR) ;
10 Saint Louis
Progression du glissement de la zone des cultures
maraîchères dans le département de Podor et la
région de St Louis (la des productions de légumes en
2015) ;
Poursuite du développent de certaines exploitation
agro-alimentaire ç l’image de la SOCAS, de la CSS, les
GDS, Senhuile, etc.) et renforcement des unités de
transformation et de stockage ;
Une meilleure adaptation à la salinisation des terres
du Gandiolais avec la brèche de Saint Louis (cultures
ou variétés plus tolérantes au sel) ;
o Mieux encadrer le développement agricole dans le Delta, par
rapport aux risques de remontée saline (en surface et selon la
nappe phréatique) et de dégradation environnementale de
diverses sortes ;
o Mieux accompagner les exploitations familiales par rapport aux
pressions des prives (protection sur le foncier, acquisition
d’équipements et d’intrants pour produire, schéma
d’organisation, de marché, …) ;
o Favoriser des approches de production diversifiée et organisée
selon un schéma annuel valorisant diverses opportunités ;
11 Sédhiou
Une Meilleure valorisation des productions locales
avec le désenclavement avec les routes, pistes de
production et le pont sur la Gambie (à Farafénié) ;
Un Risque d’exploitation plus intense de certains
produits locaux (bois, plantes médicinales, fruits
sauvages de cueillette, …), si des mesures de
protection, de sauvegarde ne sont pas pris assez vite ;
Une valorisation meilleure de l’eau de surface
disponible en grande quantité, avec des cultures hors
saison à pouvoir écouler avec les marchés
transfrontaliers (vers la Gambie et la Guinée Bissau) ;
o Plus de développement d’une agriculture qui valorise certains
bas-fonds (riz, légumes, arbres fruitiers) ;
o Meilleure encadrement de la filière anacarde, avec plus de
technologies et variétés plus performantes, des procédés et
unités de transformation donnant plus de valeur ajoutée ;
o Les poissons et divers productions aquacoles (crevettes,
mollusques) peuvent être exploités et avec des transformations
suivant des marchés ciblés et avec de la valeur ajoutée ;
o Les efforts de développement agricoles devront aussi bien veiller
à la protection de l’environnement, des ressources naturelles ;
42. 35
N° Régions Tendances futures du potentiel agricole Spécialisation ou de diversification
Le Développement de l’aquaculture et la pêche
continentale mais avec des accompagnements sur
l’exploitation raisonnée et durable de ces ressource,
de procédés de transformation et de
conditionnement pour une meilleure valorisation ;
o La filière miel et produits dérivés des abeilles est une bonne
opportunité pour la région ;
12
Tamba
Counda
Une agriculture diversifiée mais à davantage intégrer
à l’élevage, ainsi que la pêche continentale par
endroit ;
Installer plus d’unités de transformation pour une
valorisation meilleure des diverses productions ;
Mieux profiter des nombreux marchés sous régionaux
et du rôle de transit vers la Mali, la Guinée et la
Mauritanie ;
Développement de la filière de la gomme Mbepp
(Sterculia setigera), avec organisation de la
production, transformation et conditionnement ;
o Des cultures innovantes et pouvant avoir une bonne valeur
ajoutée (souchet, maïs, banane dans la zone de Gouloumbou,
…) ;
o Mieux orienter les options d’intensification de l’élevage avec
plus de stabulation, de valorisation des énormes disponibilités
locales (pailles, gousses, fourrage aérien, …) ;
o Favoriser l’installation de privés dans des spéculations pouvant
valoriser certaines ressources locales (arbres fruitiers, sésame,
cultures Bio, …) ;
13 Thiès
Légumes et arbres fruitiers (développement et
diversification) ;
Accroissement des productions horticoles vers
l’exportation (haricot vert, melon, tomate, mangue,
citron vert, …) ;
Modernisation de système de production halieutique
et leur transformation, puis conditionnement (Kayar,
Mbour, Joal) ;
Répondre à la forte demande en produits agricoles
bruts et transformés avec les sites hôteliers (Mbour –
Saly, Somone, Mbodienne, …) ;
o Développement de cultures maraîchères à haute valeur ajoutée
(fraise, ail, choux divers, …) ;
o Hausse de production de fruits et légumes d’exportation
(mangue, citron vert, melon, tomate, haricot vert, …) ;
o Ressources halieutiques à mieux gérer par des pratiques
d’exploitation plus respectueuses de l’environnement (avec
respect des repos biologique, des quotas de prélèvement, …) ;
o Meilleure promotion de l’artisanat local (Thiès, Ngaye Mbecké,
…) ;
43. 36
N° Régions Tendances futures du potentiel agricole Spécialisation ou de diversification
Développement plus important de l’agriculture et
élevage péri-urbain, en particulier la volaille (chair,
œufs, …) ;
14 Ziguinchor
Meilleure valorisation des disponibles en produits de
cueillette divers (Saba, Néré et sous-produits,
tamarins, …) et développements de capacités locales
de transformation, conservations et distributions ;
Plus de valorisation des potentialités locales de
développement agricole, avec des cultures à forte
valeur ajoutée (ananas, papaye, agrumes, mangues
de qualité, …) ;
Exploitation plus raisonnée des produits halieutiques,
et plus d’implication des acteurs locaux dans
l’exploitation et les préservations de ces ressources ;
Poursuite de la tendance à la restauration de la paix
et encadrement des schémas d’intensification dans le
développement local vers des approches plus
durables ;
Valorisation des bonnes connaissances et pratiques
locales sur l’exploitation raisonnée des ressources et
de développement durable ;
o Domestication de certains produits de cueillette (Saba,
Landolphia, néré, …) et organisation de ces productions hors
saison ;
o Une meilleure valorisation de certains PFNL (gousses, gomme,
fruits divers, plantes médicinales, …), avec des unités locales de
transformations et conservation plus adaptées ;
o Filière Anacarde en forte progression vue les potentialités et
l’engouement des populations et les retombées financières
notées ;
o Meilleure mis en culture des palmiers à huile (sylviculture au lieu
de l’approche cueillette jusque-là adoptée) ;
o Élevage des huitres et autres bivalves pour certains marchés
particuliers (restaurants, hôtels, …) ;
o Développement de certaines filières particulières (apiculture,
tourisme, artisanat, …, créatrice d’emplois ;
44. 37
III.5- L’analyse fine des stratégies développées par les exploitations agricoles pour
préserver le potentiel agricole existant dans un contexte de changement climatique.
III.5.1- Les stratégies développées par les exploitations agricoles pour préserver le
potentiel agricole
Plusieurs stratégies développées par les exploitations agricoles pour préserver le potentiel
agricole dans le contexte de changement climatique sont repérées (mais non exhaustives) :
i. La production et la conservation méticuleuse de variétés locales (riz, Bissap, citrouille,
sorgho, gombo, …), avec de bonnes adaptations locales mais aussi bien tolérantes
divers bio-agresseurs ;
ii. Le développement de race d’animaux locaux (chèvres, moutons, poulets du pays, …),
de façon à disposer des sujets bien adaptés aux conditions locales ;
iii. Certaines cultures considérées comme de rente (ex. l’arachide et ses dérivés) ont
tendance à devenir plus vivrières, vue les usages culinaires multiples ; de même en
sens inverse des cultures vivrières comme le mil, le niébé, le fonio sont d’une certaine
façon des cultures de rente dans certaines localités ;
iv. Le développement des populations locales semble passer de plus en plus vers des
actions en plus propres à la mise à la disposition ou une facilité à l’accès des intrants
de bonne qualité (semences, engrais, eau d’irrigation, méthodes de contrôle des
ennemis), vers des renforcements de compétences, le développement des procédés
de transformation, de conservation, d’emballage et des circuits de distribution
apportant de la valeur ajoutée aux produits ;
v. Certains produits à faible niveau de production locale vont présenter dans certaines
zones de la valeur ajoutée (ex. du karité, du fonio, du sésame, du souchet, …) ; cela va
ouvrir des niches nouvelles de développement pour certaines populations, si des
procédés de valorisation leur sont apportés ;
vi. Des scenarii de mise en contractualisation sont testés dans certaines localités avec
succès, et cela permet de limiter les nombre d’intermédiaires dans certaines chaînes
de valeur et apporter davantage de revenus aux producteurs locaux ;
vii. La diversification des productions agricoles observés par exemple dans le centre – Est
et sud du Sénégal, semble procéder de stratégies d’évitement des effets néfastes liés
aux changements climatiques, dès lors que les formes de sécheresse, de déficit en eau
ne sont pas les même d’une année à l’autre, selon les localités ; cela est très souvent
pratiqué dans les localités de Kolda, Kédougou, Tambacounda, Sédhiou et Ziguinchor ;
viii. Une certaine tendance vers des choix combinant aussi des variétés précoces est
souvent opérée (exemple cas du maïs doux dans le Nioro – Kaolack-, de l’arachide hâtif
de Séfa (cultivée dans les régions de Kaolack, Kaffrine) pour une vente en frais,
précoce ;
ix. De plus et dans certaines zones, une combinaison agriculture – élevage est de plus en
plus opérée, de façon à profiter de leur caractère complémentaire et d’une