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Ecologie
« La décroissance est déjà une réalité »
Entretien avec Jean-MarcJancovici
Propos recueillis par Fabien Niezgoda
Engagédanslaréductiondesémissionsde gazàeffet de serre,Jean-MarcJancovicimilite pour unetaxecarboneet
pourle maintiendelaproductiond'énergienucléairecivile.Pourle présidentdu groupederéflexionTheShiftProject,
je modèledessociétésoccidentalesestvouéà ladécroissance.Rencontre.
ÉLÉMENTS : Ces deux dernières années, le
mouvement des grèves pour le climat a
montré une préoccupation croissante
pour le réchauffement global, au sein des
jeunes générations en particulier.
Toutefois, la figure de Greta Thunberg a
pu également agacer, par sajeunesse, son
caractère ou ses autres prises de position
sociétales, et l'on a pu observer
parallèlement le regain du déni
climatique. Que vous inspire cette bataille
de l'opinion, toujours à recommencer?
JEAN-MARC JANCOVICI . Je comprends
que sefaire donner la leçon par une adoles
cente soit irritant, mais Greta Thunberg a
raison : sans bonne compréhension des en
jeux, l’action publique « tape au hasard », et
son effet est au mieux nul, au pire contre-
productif. Cette jeune fille irrite avant tout
ceux qui se sentent coupables de ne pas
avoir compris ou de ne pas avoir su traiter
le problème !
De même, le « climatoscepticisme » n ’est
en fait qu ’une manifestation de désarroi
venant de quelqu ’un qui n’accepte pas de
perdre une rente (économique, de répu
tation ou de notoriété, culturelle...). Ce
courant de pensée continuera à exister
même si la terre brûle de partout !
ÉLÉMENTS : En juin dernier, le Shift
Project a publié une analyse inédite
mettant en lumière une probable
contraction de l'approvisionnement
pétrolier de l'Union européenne d'ici
2030, contraction supérieure au rythme
actuel de décrue de la consommation.
Dans le contexte énergétique mondial,
la situation de l'Europe est-elle
particulièrement délicate ?
JEAN-MARC JANCOVICI Réponse courte :
oui. Pour le comprendre, il faut repartir
de la physique où l’énergie est la grandeur
qui quantifie la transformation de notre
environnement. Dès que l ’on chauffe, dé
place, déforme, élève, transforme, etc.,
l ’énergie intervient, et la quantité d ’éner
gie mobilisée caractérise l ’ampleur de
cette transformation.
Or, en première approximation, une so
ciété humaine est un système qui extrait,
transforme, travaille et déplace des res
sources minérales ou biologiques puisées
dans l’environnement - et incidemment
gratuites par convention -, et les trans
forme, grâce à des machines actionnées
par de l’énergie, afin de produire les biens
et les services mis à disposition des indi
vidus que nous sommes.
Nos machines constituent désormais
un gigantesque exosquelette - un cos
tume de Superman en quelque sorte - qui
a permis un accroissement massif de la
productivité du travail et l’expansion éco
nomique, sociale et démographique des
sociétés humaines.
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JOURNALISTE :Fabien Niezgoda
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Aujourd ’hui, la puissance mécanique
du parc mondial de machines dépasse
plusieurs centaines de fois celle des mus
cles de l ’humanité. Supprimons les ma
chines, donc l’énergie, et le PIB mondial
sera divisé par 100 à 200. On comprend
mieux que cela dépasse le seul sujet du
prix des carburants !
Pétrole, gaz et charbon ont un temps de
reconstitution qui se compte en dizaines
de millions d ’années. Ils ne sont donc pas
« L’ énergie disponible en
Europe va décroître . Faire
l ’autruche et scander
“ croissance , croissance ”
EN PENSANT QUE CELA VA LA
FAIRE REVENIR, C'EST
MALHEUREUSEMENT SE METTRE
LE DOIGT DANS L ’ ŒIL. »
« renouvelables » à l ’échelle des temps
historiques. Leur approvisionnement est
mathématiquement condamné à connaî
tre un maximum un jour, puis à décliner
ensuite. Pour le pétrole dit « convention
nel » (tout sauf le pétrole de schiste et les
sables bitumineux du Canada), le maxi
mum mondial est passé en 2008, ce qui a
un lien direct avec le déclenchement de la
crise dite des « subprimes ». Le pétrole de
schiste provient pour l ’essentiel d'une in
dustrie qui n ’a jamais gagné d ’argent, et
dont la production maximum a peut-être
été passée en 2019.
L’ Europe importe 90 % de son pétrole.
La mer du Nord fournit environ 25 % de
notre or noir, mais cette dernière a passé
son pic autour des années 2000, et sa pro
duction est désormais en déclin. En
outre, elle est exploitée par les Norvé
giens, qui ne font pas partie de l ’Union, et
les Britanniques, qui en sortent. Le reste
(3,4 milliards de barils en 2019) est im
porté, pour la bagatelle de 220 milliards
d ’euros l ’an. En raison de la compétition
croissante avec la consommation domes
tique des pays producteurs et avec les im
portations des émergents, notre potentiel
d ’importation est voué au déclin.
The Shift Project estime à 10 % environ
le déclin d ’ici 2030 (il y a déjà eu 14 % de
2007 à 2019). Pour le gaz, la chanson est
presque la même : 50 % du gaz européen
vient de la mer du Nord, qui a entamé son
déclin - lent pour le moment - en 2005.
Ce déclin va s ’accélérer, quand la Norvège
- un tiers de la production de la zone -
passera son pic. Les Russes et le gaz natu
rel liquéfié (GNL) ne compenseront pas la
différence.
Enfin, le charbon produit en Europe a
vu sa production divisée par 4 depuis le
début des années 1980, et tous les pays eu
ropéens sont en déclin, parce que cela fait
deux siècles que nous piochons dans nos
mines !
Climat ou pas, nous allons donc avoir
moins d ’énergie en Europe. Et moins
d ’énergie, c ’est moins de machines en ac
tion, donc moins de production, moins de
biens et services disponibles pour les Eu
ropéens.
ÉLÉMENTS : Une des conséquences de
l'abondance énergétique qui a
caractérisé notre ère thermo
industrielle, c'est une humanité à
plusieurs milliards d'individus. Prévoir
l'après-fossile, est-ce aussi anticiper la
décrue démographique ?
JEAN-MARC JANCOVICI . Depuis la révo
lution industrielle au XIX esiècle, la popu
lation humaine a été multipliée par un
facteur 10 et, à l ’évidence, cela est dû pour
partie à l ’abondance énergétique qui a
permis l’augmentation des rendements
agricoles et les transports (l ’ensemble
permet la sécurité alimentaire), la pro
phylaxie (adduction d ’eau potable et éva
cuation des déjections qui auparavant
souillaient les puits), la préservation des
extrêmes (trop chaud, trop froid...), etc.
Dans un monde aux ressources en dé
croissance, tout ce qui ne sera pas gagné
sur les ressources par individu risque
donc de l’être sur la taille de la popula
tion. Et les décrues involontaires et ra
pides de la population ne sont jamais des
événements très sympathiques...
ÉLÉMENTS : Votre livre Le plein s'il vous
plaît! (Le Seuil, 2006) avait contribué à
placer la taxe carbone parmi les outils
essentiels pour préparer l'après-pétrole.
En quoi votre position a-t-elle évolué
depuis, comme on avait pu le constater
notamment au début de la crise des
Gilets jaunes, que vous aviez alors
qualifiés de « lanceurs d'alerte » ?
JEAN-MARC JANCOVICI . Si nous voulons
baisser la consommation de combusti
bles fossiles dans notre pays, il y a deux
options: attendre que l ’insuffisance de
production nous y force ou nous obliger
nous-mêmes. La première option a deux
inconvénients : elle engendre des chocs
économiques qui tapent au hasard et ren
forcent l’iniquité et, par ailleurs, elle oc
casionne régulièrement des chocs de
prix, qui transfèrent alors des sommes
d ’argent importantes depuis nos poches
jusque dans celles des pays producteurs.
Par exemple, entre 2000 et 2008, le prix
du pétrole a fortement augmenté, et le
Le Shift Project :
sortir de la dépendance
aux énergies fossiles
C
réé en 2010 et présidé par Jean-Marc
Jancovici, le Shift Project inscrit sa
réflexion et son action de lobbying aux
échelles nationale et européenne, d’où des
publications en anglais aussi bien qu’en
français. Il a pour objet de réorienter nos
économies face à la « contrainte carbone »,
autrement dit de leur permettre de répondre à
un double défi : atténuer le changement
climatique, sortir de la dépendance aux
énergies fossiles. Le Shift Project réunit un
comité d’experts (économistes comme Gaël
Giraud ou Alain Grandjean, climatologues
comme Hervé Le Treut, physiciens,
ingénieurs, juristes, etc.), ainsi qu’une équipe
d’une dizaine de salariés dirigés depuis 2016
par Matthieu Auzanneau (auteur en 2015 du
remarquable Or noir, la grande histoire du
pétrole à La Découverte).
Parmi les travaux du Shift, relayés par le
réseau de bénévoles des Shifters, on pourra
signaler notamment le « Manifeste pour
décarboner l’Europe » (propositions
synthétisées dans Décarbonons !, Odile
Jacob, 2017), une participation au «Grand
débat » de 2019 dans les domaines de la
mobilité et du logement, des analyses sur la
fiscalité appliquée à l’aviation ou la
«stratégie nationale bas carbone », des
rapports sur l’ impact environnemental du
numérique ou l’approvisionnement pétrolier
de l’UE, ou encore un vaste chantier lancé au
printemps 2020, destiné à construire un
« Plan de transformation de l’économie
française », décliné en une vingtaine de
secteurs et chantiers: mobilité, santé,
défense,forêts, villes, emploi,finance... F. N.
< theshiftproject.org >
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consommateur a dû payer l’équivalent
d ’une taxe carbone passant progressive
ment de o à 200 euros la tonne de C02.
Mais le produit de cette hausse n’a pas ali
menté les finances publiques, qui peu
vent ensuite servir à remplacer le
chauffage au fioul par des pompes à cha
leur, construire des pistes cyclables ou
aider l ’agriculture à devenir plus durable,
mais elle a au contraire alimenté les re
cettes budgétaires des pays exportateurs
de pétrole, ce qui ne nous est d’aucune
utilité pour financer notre propre transi
tion.
La deuxième option est de provoquer
nous-mêmes une baisse de la consomma
tion. Il y a deux manières de faire : créer
des contraintes réglementaires (par
exemple interdire la possibilité de rem
placer une chaudière à fioul par une
chaudière à fioul, ou interdire la vente de
tel type de voiture, ou limiter la vitesse...)
ou bien monter le prix de l’énergie fossile
(carburants, fioul et gaz de chauffage).
La taxe carbone fait donc partie de la
panoplie possible. Sa logique repose sur
« Le débat public se nourrit
DE NOS CONTRADICTIONS.
NOUS VOULONS MOINS DE
CO 2 MAIS PLUS DE POUVOIR
D ’ACHAT, MOINS DE VOITURE
MAIS LA LIBERTÉ D ’ UTILISER LA
NÔTRE. »
le renchérissement de ce qui est carboné
(les énergies fossiles) afin d’orienter le
choix des consommateurs vers des pro
duits moins carbonés. Son inconvénient
principal est qu ’elle doit s’appliquer dans
un monde avec des alternatives, sinon les
gens se sentent « pris à la gorge », et en dé
mocratie c’est la fin de l’histoire. La taxe
n ’est pas une politique à elle toute seule.
Pour permettre aux alternatives d’arriver,
il faut que la hausse soit lente et régulière.
La taxe est donc une bonne solution
quand on a le temps. En 2006, nous
Jean-Marc Jancovici,
mieux qu'un expert
La position de l'ingénieur debout
Par Fabien Niezgoda
L
a nomination de Jean-Marc
Jancovici au sein du Haut Conseil
pour le climat, créé auprès du
Premier ministre, pouvait apparaître, en
2018, comme une consécration.
Récemment encore, sa chaîne YouTube
a dépassé les 100 000 abonnés, en
particulier à l’occasion d ’une série
d’interventions confinées au printemps
dernier, redonnant une visibilité à des
dizaines de conférences et de cours
percutants et documentés. Cette
audience croissante ne peut que réjouir
ceux qui ont découvert il y a bientôt
vingt ans cet ingénieur issu de l’École
polytechnique qui, après un premier
livre en 2001 sur L'effet de serre (cosigné
avec Hervé Le Treut), publiait en 2002
L'avenir climatique, dont les derniers
chapitres esquissaient déjà des
propositions, développées par la suite
dans une série d ’ouvrages (parfois écrits
avec l ’économiste Alain Grandjean)
mêlant analyses et pistes d’action.
Promoteur de la taxe carbone
En parallèle de son activité de consultant
spécialisé dans le bilan carbone des
entreprises, qu ’il met au point avec
l’Ademe, Jancovici s'engage dès les années
2000 dans le débat public. À la veille de la
campagne présidentielle de 2007, il
contribue au sein du Comité de veille
écologique de la fondation Nicolas-Hulot à
la rédaction du Pacte écologique, qui
inspire bientôt le Grenelle de
l’environnement. Jancovici est alors l’un
de ceux qui promeuvent en France l ’idée
de la taxe carbone (Le plein s ’il vous plait !,
2006), reconnaissant néanmoins, au
moment de la crise des Gilets jaunes
(qualifiés de « lanceurs d ’alerte »), que cet
outil fiscal, aussi fondé soit-il, ne saurait
répondre à lui seul aux enjeux
énergétiques et climatiques : « Sans un
plan d’action dont la colonne vertébrale
est la baisse continue de notre
consommation de pétrole, de gaz et de
charbon, la transition écologique est
vouée à l’échec. »'
Vulgarisateur indispensable sur les
questions de climat et d ’énergie, Jean-
Marc Jancovici manie volontiers la règle
de trois et ce qu ’il nomme ses « calculs
de coin de table », lui permettant de
rétablir quelques ordres de grandeur et
de tordre le cou à plus d’une idée reçue.
Bousculant l ’illusion d’une transition
énergétique qui reposerait
principalement sur la promotion des
énergies renouvelables, défendant le
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nucléaire, Jean-Marc Jancovici fait
souvent grincer les dents de certains
militants écologistes, mais rallie autour
de ses analyses de plus en plus de
personnes, en particulier parmi la jeune
génération d ’ingénieurs.
Bien que Jean-Marc Jancovici,
précisément, ait souvent défendu la
position particulière de l’ingénieur,
« intermédiaire entre le scientifique et le
public le plus large » dont le métier
consiste à « s’efforcer de traduire les
découvertes faites par d’autres en objets
quotidiens ou en actions concrètes, pour
ce qu ’il pense être le bénéfice du plus
grand nombre »12, son apport ne relève
pourtant ni de la simple vulgarisation ni
de l’expertise technocratique. Dès ses
premiers ouvrages apparaît en effet une
vision de la société et de la politique -
Tocqueville y côtoie en bibliographie les
rapports du GIEC ou du Commissariat
général au plan.
1. Tribune de Jean-Marc Jancovici et Matthieu
Auzanneau, Sud Ouest, 26 novembre 2018.
2. L'avenir climatique. Quel temps ferons-nous ?,
Le Seuil, 2002, p. 7.
3. Décarbonons ! 9 propositions pour que l'Europe
change d’ère, Odile Jacob, 2017.
Dans les propositions du Shift Project
(celles de 2017 pour la décarbonisation
de l ’Europe 3ou celles, en cours
d ’élaboration, du Plan de transformation
de l’économie française), il s’agit non pas
de simplement fournir clé en main un
modèle alternatif en négligeant la
question de sa mise en œuvre, mais bien
d’identifier au sein de la société les
forces capables de trouver du sens et de
l ’intérêt aux mutations visées, en ayant
bien conscience des inévitables tensions
et rapports de force. En cela, la
démarche de Jancovici nous semble
éminemment plus politique que l’idée
répandue selon laquelle l ’urgence
suffirait en elle-même à commander une
action unanime. Face aux sollicitations
empressées qu ’il reçoit parfois de la part
de ceux qui suivent ses analyses, il
écarte l ’idée de briguer un mandat ou
d ’accepter quelque portefeuille
ministériel. On l ’imaginerait volontiers,
tel cet autre polytechnicien qu ’était
Michel Chevalier conseillant Napoléon
III, mettre ses compétences au service
d ’un gouvernement qui voudrait tourner
le dos au court-termisme et à
l’électoralisme superficiel, et réhabiliter
l’État-stratège et le sens du bien
commun. »
Le problème aujourd'hui, c'est que nous transformons les ressources de la nature en déchets
bien plus vite que la nature ne peut transformer ces déchets en nouvelles ressources. Un tel
gaspillage n'a pas vocation à durer, sauf à créer les conditions de nouvelles guerres pour l'accès
aux ressources.
avions plus le temps. Aujourd ’hui, nous
avons pris trop de retard pour que la taxe
puisse encore être l’instrument principal
d ’une action résolue.
ÉLÉMENT S : À la différence des militants
de la « décroissance », vous ne présentez
pas celle-ci comme un objectif en soi ou
comme un idéal pour la société: la
« sobriété heureuse » ne pourra guère
séduire au-delà de cercles franciscains
minoritaires. Vous considérez que la
décroissance, souhaitée ou non, est tout
simplement une évolution inéluctable à
prendre en compte. En quoi ce qui
pourrait apparaître comme du fatalisme
peut-il néanmoins mobiliser et aiguiller
l'action?
JEAN-MARC JANCOVICI . Effectivement, je
prends la décroissance comme une réalité
que nous allons devoir gérer, et que nous
gérons déjà en Europe si lon’ regarde les in
dicateurs pertinents, c ’est-à-dire la quan
tité d ’objets et de services que nous
utilisons dans le « monde réel ». C’est en
2007 - soit un an après le maximum éner
gétique en Europe évoqué plus haut - que
nous avons passé le maximum des surfaces
construites en Europe dans l’année, par
exemple, ou encore le maximum des
tonnes chargées dans les camions. Depuis,
nous avons surtout eu de la « fausse crois
sance », basée sur l’augmentation de prix
des actifs (immobilier, actions, œuvres
d ’art...) et financée par une envolée rapide
de la dette, mais ce qui relève de la consom
mation des ménages n ’augmente plus.
Et après la pandémie de la Covid, mon
sentiment est que la « décrue physique »
va s’amplifier en tendance, parce que
l ’énergie disponible en Europe va décroî
tre, même si nous ne le voulons pas. Faire
l’autruche face à ce problème et scander
« croissance, croissance » en pensant que
cela va la faire revenir, c ’est malheureuse
ment se mettre le doigt dans l’œil.
Il se trouve que de lutter contre le chan
gement climatique ou subir la décrue
énergétique, c ’est quasiment la même di
rection économique globale, à ceci près
que la première option c ’est l’action, avec
certes sa part de sueur, tandis que la
deuxième c ’est être ballotté par les événe
ments, et l’histoire montre que ça se
passe généralement moins bien. La so
ciété de consommation sans limites a
vécu, mais il s’agit de sauver l’essentiel : la
paix, l ’espoir, et bien assez de confort ma
tériel pour ne pas trop avoir à se plaindre
au regard du paysan d ’il y a deux siècles.
Faire la transition bas-carbone et nous
préparer à la dérive climatique d ’ores et
déjà inexorable, devrait devenir la co
lonne vertébrale de nos plans pour l’ave
nir. Ce qui est en jeu, il ne faut pas s ’y
tromper, c ’est d’éviter le retour de la bar
barie, parce que nous ne saurons pas faire
face collectivement et de manière organi
sée et planifiée à une adversité crois
sante. Ce qui nous arrive en ce moment
relève un peu de la tectonique des
plaques : les forces en mouvement créent
des tensions croissantes, et si l’on ne fait
rien, cela produit à intervalles réguliers,
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L'économisteJean-Baptiste Say(1767-1832),l’un despères du libre-échangisme, professait que
les richessesnaturelles n’ont pasà faire l’objet de la scienceéconomique, étant inépuisables.
Postulat plus que discutable. Lesressourcespétrolières ou minières (ici du minerai de fer) ne sont
pas renouvelables indéfiniment.
et sans que l’on voie le coup venir très à
l ’avance, des « craquements » qui seront
de plus en plus délétères.
ÉLÉMENTS : Vous présentez le nucléaire
comme un « amortisseur de la
contraction », autrement dit une partie
de la solution davantage qu ’ un
problème. Pourtant, selon un sondage
BVA de juin 2019, 69 % des Français
considéraient que cette énergie
contribue au dérèglement climatique, et
les Verts se sont récemment réjouis de la
fermeture de Fessenheim...
JEAN-MARC JANCOVICI . Malheureuse
ment, la seule conclusion valable que l’on
peut tirer de ce sondage, c’est que ni la
presse ni l’Éducation nationale ne font
correctement leur travail en ce qui
concerne le nucléaire ! Car, de fait, casser
un noyau d’uranium en deux n’est pas la
même chose qu ’oxyder un atome de car
bone, ce dernier processus s’appelant
aussi... la combustion.
Il se trouve que le nucléaire est, avec
l’hydroélectricité, le seul mode de pro
duction électrique qui soit décarboné, pi-
lotable et capable de produire de grandes
puissances nécessaires en tête de réseau.
À cause de ses caractéristiques phy
siques, c’est donc le mode qui peut sup
primer le plus vite le charbon et le gaz
dans la génération électrique. Pour limi
ter la dérive climatique, c’est ça l ’action
prioritaire.
La filière nucléaire utilise certes un peu
de combustibles fossiles (dans les mines,
dans la construction de la centrale, dans
le cycle des matières fissiles), mais rap
porté à l’énergie produite c’est très peu. Il
y a une raison physique à cela : fissionner
un gramme d ’uranium produit autant
d’énergie que brûler une tonne de pé
trole. Avec le nucléaire, on manipule donc
de toutes petites quantités de matière
pour avoir de très grandes quantités
d ’énergie, et cela explique à la fois sa
grande concentration, ses très faibles
émissions de C02 et la faible quantité (en
poids) de déchets produits.
Que les Verts se réjouissent de la baisse
du nucléaire est normal: ce mouvement
est né autour de l ’opposition au nucléaire,
à une époque où le changement clima
tique n ’existait pas dans le débat public.
Ils n ’ont pas changé de hiérarchie des
priorités - ce qui aurait signifié de faire
du charbon leur ennemi n° 1, et du nu
cléaire leur nouvel ami. C’est leur droit,
mais cela ne signifie pas que leur point de
vue est scientifiquement fondé.
ÉLÉMENTS : Selon vous, l’État allemand
fait « fausse route » et part « dans le
décor », et une stratégie européenne sur
l’énergie et le climat nécessiterait que les
autres pays se coalisent pour établir un
rapport de force...
JEA N-MARC JANCOVICI . L’Allemagne a
décidé en 2002, sous la houlette de Ger
hard Schrôder, de sortir du nucléaire.
Contrairement à une croyance couram
ment répandue, cette décision ne date pas
du tout de 2011 - Fukushima n ’a eu
comme seul effet que d ’empêcher Merkel
d’inverser la tendance, ce qu ’elle avait fait
en 2010 en faisant voter une prolongation
de la durée de vie des réacteurs
« condamnés » au titre des accords de
2002. Cette décision correspond à une vi
sion du monde où le charbon est plus dé
sirable que le nucléaire, qui n’est pas la
mienne. La conséquence est que l’Alle
magne a choisi de conserver plus long
temps des émissions élevées, et donc de
contribuer plus longtemps à la dérive cli
matique. Je ne la remercie pas pour cela.
Comme l’Allemagne est le pays économi
quement dominant en Europe, elle in
fluence fortement la politique
communautaire, qui est aujourd'hui
quelque part entre hésitante et hostile au
nucléaire. Pour y faire contrepoint, il faut
nécessairement une alliance de plusieurs
pays. C’est du rapport de forces classique.
ÉLÉMENT S: Vous soulignez souvent
l ’incapacité des économistes, depuis au
moins Jean-Baptiste Say, à intégrer à
leur réflexion les limites du monde
physique. À quoi est-ce dû, et surtout
comment y remédier ?
JEAN-MARC JANCOVICI . Jean-Baptiste
Say était un économiste du début du
XIX e siècle qui a explicitement écrit que
les ressources naturelles devaient être
gratuites par convention dans la forma
tion des prix. Et, de fait, quand vous ache
tez une fourchette, vous n’achetez pas
l ’existence du minerai de fer que Mère
Nature nous a fourni sans que personne
ne paye le moindre centime pour cela. Il
en va de même pour le minerai de cuivre,
l ’existence d ’un océan, le code génétique
du sapin, le pétrole ou la pluie qui tombe :
tout cela existe sans que cela ne nous ait
coûté le moindre centime. La nature n ’en
voie pas de facture. Lorsque vous payez
pour un bien ou un service aujourd ’hui,
ce que vous payez, c’est « juste » les sa
laires et les rentes des êtres humains qui
prennent place le long de la chaîne de va
leur qui va des ressources naturelles -
gratuites - au bien ou service final en
question.
Au moment où cette théorie écono
mique conventionnelle s’est formée, le
stock de capital naturel disponible était
tellement grand devant ce que nous pré
levions qu ’il paraissait inépuisable. Dès
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1 décembre 2020 - N°187
lors, sa diminution était « sans coût ».
Mais aujourd ’hui, alors que les flux de
prélèvement ont été multipliés par 100,
1000, ou plus même, on considère tou
jours que ces ressources sont inépuisa
bles et gratuites. Cela conduit les
économistes à manier des outils (et des
prix) qui sont de plus en plus déconnectés
du monde physique, et la représentation
du monde réel avec ces outils est ainsi de
plus en plus mauvaise...
ÉLÉMENTS : La crise provoquée par le
coronavirus pourra-t-elle être
surmontée ? Comment saisir ce moment
pour dessiner le « monde d'après » ?
JEAN-MARC JANCOVICI . D’ une façon ou
d ’une autre, il y aura un « après » le coro
navirus. À quelque chose il faut que mal
heur soit bon: cet épisode a
probablement renforcé chez bon nombre
de nos concitoyens le sentiment qu ’il était
urgent de ne pas « repartir comme avant »
parce que l ’on sent bien que notre modèle
s’essouffle. Cette « nouvelle direction »
doit être porteuse d’espoir, alors même
« En sortant du nucléaire ,
l ’A llemagne a choisi de
CONSERVER PLUS LONGTEMPS
DES ÉMISSIONS ÉLEVÉES ET DE
CONTRIBUER PLUS LONGTEMPS
À LA DÉRIVE CLIMATIQUE. »
que nous allons devoir pas mal transpirer.
Il faut accepter l’idée que préserver l’es
sentiel - la paix, la sécurité alimentaire,
les libertés élémentaires, la solidarité na
tionale, et un minimum de confort maté
riel - va paradoxalement de pair avec
l’abandon d ’une partie du superflu.
ÉLÉMENTS : Dans les propositions de
2017 du Shift Project (Décarbonons!),
vous ne vous contentiez pas de fournir clé
en main un modèle alternatif, mais
réfléchissiez à la possibilité de sa mise en
œuvre, en particulier en identifiant au
sein de la société les forces capables de
trouver du sens et de l'intérêt aux
mutations visées, et d'accompagner
celles-ci, voire de les porter. Cette
démarche nous semble rejoindre la
définition que donnait Julien Freund de la
politique, quand il rappelait le caractère
incontournable de « la diversité et la
divergence des opinions et des intérêts ».
Sans doute comprenez-vous mieux ce
qu'est la politique que ceux des
écologistes qui imaginent qu'une action
unanime découlera d'elle-même de la
prise de conscience de l'urgence, et qu'il
suffit donc de sonner l'alarme...
JEAN-MARC JANCOVICI . Sonner l’alarme
est nécessaire pour que nous nous préoc
cupions d ’un sujet, même si c’est ensuite
pour constater que nous nous sommes fait
peur pour rien. Derrière l’alarme, il y a
donc un premier niveau de réaction, qui est
de comprendre si l’alarme est justifiée.
Parfois, on réalise que l ’alarme n ’a pas lieu
d ’exister à ce point, et d ’autres fois au
contraire, que nous aurions dû être encore
plus effrayés. Dans le cas du climat, ce ne
sont pas les ONG environnementales qui
sont légitimes pour décrire le problème :
c’est le monde scientifique. Mais ce dernier
n’est en revanche pas le mieux placé pour
réfléchir aux solutions. Il faut alors que la
société civile s’empare du sujet, et qu ’émer
gent des propositions adaptées qui pour
ront être mises en œuvre.
Faire de la politique, c ’est justement
prendre le relais de ceux qui ont la charge
de décrire les faits pour en tirer les règles
du jeu pour la société des hommes. Avec
cette acception, le débat politique inclut
toutes les entités qui essaient de faire va
loir leur point de vue dans la décision col
lective. Faire de la politique n ’est donc pas
réservé aux élus !
La difficulté, c ’est que le débat public se
nourrit de nos contradictions. Nous vou
lons moins de CO2 mais plus de pouvoir
d’achat. Moins de voiture au global, mais
la liberté d’utiliser la nôtre. Moins de pes
ticides dans les champs, mais pas de
hausse du prix des aliments, etc. Les res
ponsables politiques ont en conséquence
beaucoup de difficultés à introduire de la
cohérence dans leur action : ils doivent
faire droit à de multiples préoccupations
qu ’une partie de la population considère
à chaque fois comme prioritaire !
ÉLÉMENTS : Le Shift Project a mis en
chantier ces derniers mois un « Plan de
transformation de l'économie
française »; nos lecteurs pourront en
découvrir le détail sur votre site. Pouvez-
vous résumer les grandes lignes et
surtout l'esprit général de ce plan ?
JEAN-MARC JANCOVICI . L ’esprit général
de ce plan est de jouer « pour de vrai » au
jeu de la baisse des émissions de gaz à effet
de serre à la bonne vitesse, et d ’imaginer
quelle économie le permettra. Pour ne pas
dépasser 2°C de réchauffement en 2100, ce
qui est déjà suffisant pour tuer l’essentiel
des coraux une partie significative des fo
rêts en France, créer des migrations im
portantes (et déstabilisatrices), et autres
joyeusetés, il faut que les émissions plané
taires de gaz à effet de serre baissent de
5 % par an. Or, 5 %de baisse, c’est ce que
nous aurons dans le monde en 2020 à
cause de la Covid. Ça donne une idée de
l’ampleur du chantier, actuellement tota
lement sous-estimée par la classe poli
tique, tous bords confondus. »
Le climat
en 100 questions
I
dées reçues et connaissances
approximatives abondent autour du
climat, question transdisciplinaire
mobilisant sciences physiques et sciences
naturelles. Une telle situation, couplée à
l’ importance des enjeux politiques qui
tournent autour du changement climatique,
entraîne trop souvent des postures où
l’idéologie l’emporte sur le froid examen
des données du problème (cf. notre mise
au point dans le n° 180 d ’Eléments
d’octobre-novembre 2019). On conseillera
donc cet utile vade-mecum, structuré
comme le veut la collection en chapitres
synthétiques et brefs, mais suffisamment
nombreux pour dresser un panorama
roboratif sur le sujet. Le paléoclimatologue
Gilles Ramstein, directeur de recherches au
CEA, auteur en 2015 d’un passionnant
Voyage à travers les climats de la Terre
(Odile Jacob), s ’est chargé de la première
moitié du livre, consacrée à l’ histoire et aux
mécanismes du climat, tandis que le
journaliste Sylvestre Huet, vulgarisateur de
la question depuis une vingtaine d ’années,
aborde dans la seconde partie la question
du changement climatique : nature de
l’ expertise du GIEC, évaluation des risques,
articulation de la question avec celle de
l’énergie, implications économiques et
géopolitiques. F. N.
Gilles Ramstein et Sylvestre Huet, Le climat
en 100 questions, Tallandier, 382 p., 16,90€.
Tous droits de reproduction réservés
Eléments
PAYS :France
PAGE(S) :52-57
SURFACE :523 %
PERIODICITE :Trimestriel
JOURNALISTE :Fabien Niezgoda
1 décembre 2020 - N°187

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La decroissance est déjà une réalité - Interview de Jean-Marc Jancovici - décembre 2020

  • 1. Ecologie « La décroissance est déjà une réalité » Entretien avec Jean-MarcJancovici Propos recueillis par Fabien Niezgoda Engagédanslaréductiondesémissionsde gazàeffet de serre,Jean-MarcJancovicimilite pour unetaxecarboneet pourle maintiendelaproductiond'énergienucléairecivile.Pourle présidentdu groupederéflexionTheShiftProject, je modèledessociétésoccidentalesestvouéà ladécroissance.Rencontre. ÉLÉMENTS : Ces deux dernières années, le mouvement des grèves pour le climat a montré une préoccupation croissante pour le réchauffement global, au sein des jeunes générations en particulier. Toutefois, la figure de Greta Thunberg a pu également agacer, par sajeunesse, son caractère ou ses autres prises de position sociétales, et l'on a pu observer parallèlement le regain du déni climatique. Que vous inspire cette bataille de l'opinion, toujours à recommencer? JEAN-MARC JANCOVICI . Je comprends que sefaire donner la leçon par une adoles cente soit irritant, mais Greta Thunberg a raison : sans bonne compréhension des en jeux, l’action publique « tape au hasard », et son effet est au mieux nul, au pire contre- productif. Cette jeune fille irrite avant tout ceux qui se sentent coupables de ne pas avoir compris ou de ne pas avoir su traiter le problème ! De même, le « climatoscepticisme » n ’est en fait qu ’une manifestation de désarroi venant de quelqu ’un qui n’accepte pas de perdre une rente (économique, de répu tation ou de notoriété, culturelle...). Ce courant de pensée continuera à exister même si la terre brûle de partout ! ÉLÉMENTS : En juin dernier, le Shift Project a publié une analyse inédite mettant en lumière une probable contraction de l'approvisionnement pétrolier de l'Union européenne d'ici 2030, contraction supérieure au rythme actuel de décrue de la consommation. Dans le contexte énergétique mondial, la situation de l'Europe est-elle particulièrement délicate ? JEAN-MARC JANCOVICI Réponse courte : oui. Pour le comprendre, il faut repartir de la physique où l’énergie est la grandeur qui quantifie la transformation de notre environnement. Dès que l ’on chauffe, dé place, déforme, élève, transforme, etc., l ’énergie intervient, et la quantité d ’éner gie mobilisée caractérise l ’ampleur de cette transformation. Or, en première approximation, une so ciété humaine est un système qui extrait, transforme, travaille et déplace des res sources minérales ou biologiques puisées dans l’environnement - et incidemment gratuites par convention -, et les trans forme, grâce à des machines actionnées par de l’énergie, afin de produire les biens et les services mis à disposition des indi vidus que nous sommes. Nos machines constituent désormais un gigantesque exosquelette - un cos tume de Superman en quelque sorte - qui a permis un accroissement massif de la productivité du travail et l’expansion éco nomique, sociale et démographique des sociétés humaines. Tous droits de reproduction réservés Eléments PAYS :France PAGE(S) :52-57 SURFACE :523 % PERIODICITE :Trimestriel JOURNALISTE :Fabien Niezgoda 1 décembre 2020 - N°187
  • 2. Aujourd ’hui, la puissance mécanique du parc mondial de machines dépasse plusieurs centaines de fois celle des mus cles de l ’humanité. Supprimons les ma chines, donc l’énergie, et le PIB mondial sera divisé par 100 à 200. On comprend mieux que cela dépasse le seul sujet du prix des carburants ! Pétrole, gaz et charbon ont un temps de reconstitution qui se compte en dizaines de millions d ’années. Ils ne sont donc pas « L’ énergie disponible en Europe va décroître . Faire l ’autruche et scander “ croissance , croissance ” EN PENSANT QUE CELA VA LA FAIRE REVENIR, C'EST MALHEUREUSEMENT SE METTRE LE DOIGT DANS L ’ ŒIL. » « renouvelables » à l ’échelle des temps historiques. Leur approvisionnement est mathématiquement condamné à connaî tre un maximum un jour, puis à décliner ensuite. Pour le pétrole dit « convention nel » (tout sauf le pétrole de schiste et les sables bitumineux du Canada), le maxi mum mondial est passé en 2008, ce qui a un lien direct avec le déclenchement de la crise dite des « subprimes ». Le pétrole de schiste provient pour l ’essentiel d'une in dustrie qui n ’a jamais gagné d ’argent, et dont la production maximum a peut-être été passée en 2019. L’ Europe importe 90 % de son pétrole. La mer du Nord fournit environ 25 % de notre or noir, mais cette dernière a passé son pic autour des années 2000, et sa pro duction est désormais en déclin. En outre, elle est exploitée par les Norvé giens, qui ne font pas partie de l ’Union, et les Britanniques, qui en sortent. Le reste (3,4 milliards de barils en 2019) est im porté, pour la bagatelle de 220 milliards d ’euros l ’an. En raison de la compétition croissante avec la consommation domes tique des pays producteurs et avec les im portations des émergents, notre potentiel d ’importation est voué au déclin. The Shift Project estime à 10 % environ le déclin d ’ici 2030 (il y a déjà eu 14 % de 2007 à 2019). Pour le gaz, la chanson est presque la même : 50 % du gaz européen vient de la mer du Nord, qui a entamé son déclin - lent pour le moment - en 2005. Ce déclin va s ’accélérer, quand la Norvège - un tiers de la production de la zone - passera son pic. Les Russes et le gaz natu rel liquéfié (GNL) ne compenseront pas la différence. Enfin, le charbon produit en Europe a vu sa production divisée par 4 depuis le début des années 1980, et tous les pays eu ropéens sont en déclin, parce que cela fait deux siècles que nous piochons dans nos mines ! Climat ou pas, nous allons donc avoir moins d ’énergie en Europe. Et moins d ’énergie, c ’est moins de machines en ac tion, donc moins de production, moins de biens et services disponibles pour les Eu ropéens. ÉLÉMENTS : Une des conséquences de l'abondance énergétique qui a caractérisé notre ère thermo industrielle, c'est une humanité à plusieurs milliards d'individus. Prévoir l'après-fossile, est-ce aussi anticiper la décrue démographique ? JEAN-MARC JANCOVICI . Depuis la révo lution industrielle au XIX esiècle, la popu lation humaine a été multipliée par un facteur 10 et, à l ’évidence, cela est dû pour partie à l ’abondance énergétique qui a permis l’augmentation des rendements agricoles et les transports (l ’ensemble permet la sécurité alimentaire), la pro phylaxie (adduction d ’eau potable et éva cuation des déjections qui auparavant souillaient les puits), la préservation des extrêmes (trop chaud, trop froid...), etc. Dans un monde aux ressources en dé croissance, tout ce qui ne sera pas gagné sur les ressources par individu risque donc de l’être sur la taille de la popula tion. Et les décrues involontaires et ra pides de la population ne sont jamais des événements très sympathiques... ÉLÉMENTS : Votre livre Le plein s'il vous plaît! (Le Seuil, 2006) avait contribué à placer la taxe carbone parmi les outils essentiels pour préparer l'après-pétrole. En quoi votre position a-t-elle évolué depuis, comme on avait pu le constater notamment au début de la crise des Gilets jaunes, que vous aviez alors qualifiés de « lanceurs d'alerte » ? JEAN-MARC JANCOVICI . Si nous voulons baisser la consommation de combusti bles fossiles dans notre pays, il y a deux options: attendre que l ’insuffisance de production nous y force ou nous obliger nous-mêmes. La première option a deux inconvénients : elle engendre des chocs économiques qui tapent au hasard et ren forcent l’iniquité et, par ailleurs, elle oc casionne régulièrement des chocs de prix, qui transfèrent alors des sommes d ’argent importantes depuis nos poches jusque dans celles des pays producteurs. Par exemple, entre 2000 et 2008, le prix du pétrole a fortement augmenté, et le Le Shift Project : sortir de la dépendance aux énergies fossiles C réé en 2010 et présidé par Jean-Marc Jancovici, le Shift Project inscrit sa réflexion et son action de lobbying aux échelles nationale et européenne, d’où des publications en anglais aussi bien qu’en français. Il a pour objet de réorienter nos économies face à la « contrainte carbone », autrement dit de leur permettre de répondre à un double défi : atténuer le changement climatique, sortir de la dépendance aux énergies fossiles. Le Shift Project réunit un comité d’experts (économistes comme Gaël Giraud ou Alain Grandjean, climatologues comme Hervé Le Treut, physiciens, ingénieurs, juristes, etc.), ainsi qu’une équipe d’une dizaine de salariés dirigés depuis 2016 par Matthieu Auzanneau (auteur en 2015 du remarquable Or noir, la grande histoire du pétrole à La Découverte). Parmi les travaux du Shift, relayés par le réseau de bénévoles des Shifters, on pourra signaler notamment le « Manifeste pour décarboner l’Europe » (propositions synthétisées dans Décarbonons !, Odile Jacob, 2017), une participation au «Grand débat » de 2019 dans les domaines de la mobilité et du logement, des analyses sur la fiscalité appliquée à l’aviation ou la «stratégie nationale bas carbone », des rapports sur l’ impact environnemental du numérique ou l’approvisionnement pétrolier de l’UE, ou encore un vaste chantier lancé au printemps 2020, destiné à construire un « Plan de transformation de l’économie française », décliné en une vingtaine de secteurs et chantiers: mobilité, santé, défense,forêts, villes, emploi,finance... F. N. < theshiftproject.org > Tous droits de reproduction réservés Eléments PAYS :France PAGE(S) :52-57 SURFACE :523 % PERIODICITE :Trimestriel JOURNALISTE :Fabien Niezgoda 1 décembre 2020 - N°187
  • 3. consommateur a dû payer l’équivalent d ’une taxe carbone passant progressive ment de o à 200 euros la tonne de C02. Mais le produit de cette hausse n’a pas ali menté les finances publiques, qui peu vent ensuite servir à remplacer le chauffage au fioul par des pompes à cha leur, construire des pistes cyclables ou aider l ’agriculture à devenir plus durable, mais elle a au contraire alimenté les re cettes budgétaires des pays exportateurs de pétrole, ce qui ne nous est d’aucune utilité pour financer notre propre transi tion. La deuxième option est de provoquer nous-mêmes une baisse de la consomma tion. Il y a deux manières de faire : créer des contraintes réglementaires (par exemple interdire la possibilité de rem placer une chaudière à fioul par une chaudière à fioul, ou interdire la vente de tel type de voiture, ou limiter la vitesse...) ou bien monter le prix de l’énergie fossile (carburants, fioul et gaz de chauffage). La taxe carbone fait donc partie de la panoplie possible. Sa logique repose sur « Le débat public se nourrit DE NOS CONTRADICTIONS. NOUS VOULONS MOINS DE CO 2 MAIS PLUS DE POUVOIR D ’ACHAT, MOINS DE VOITURE MAIS LA LIBERTÉ D ’ UTILISER LA NÔTRE. » le renchérissement de ce qui est carboné (les énergies fossiles) afin d’orienter le choix des consommateurs vers des pro duits moins carbonés. Son inconvénient principal est qu ’elle doit s’appliquer dans un monde avec des alternatives, sinon les gens se sentent « pris à la gorge », et en dé mocratie c’est la fin de l’histoire. La taxe n ’est pas une politique à elle toute seule. Pour permettre aux alternatives d’arriver, il faut que la hausse soit lente et régulière. La taxe est donc une bonne solution quand on a le temps. En 2006, nous Jean-Marc Jancovici, mieux qu'un expert La position de l'ingénieur debout Par Fabien Niezgoda L a nomination de Jean-Marc Jancovici au sein du Haut Conseil pour le climat, créé auprès du Premier ministre, pouvait apparaître, en 2018, comme une consécration. Récemment encore, sa chaîne YouTube a dépassé les 100 000 abonnés, en particulier à l’occasion d ’une série d’interventions confinées au printemps dernier, redonnant une visibilité à des dizaines de conférences et de cours percutants et documentés. Cette audience croissante ne peut que réjouir ceux qui ont découvert il y a bientôt vingt ans cet ingénieur issu de l’École polytechnique qui, après un premier livre en 2001 sur L'effet de serre (cosigné avec Hervé Le Treut), publiait en 2002 L'avenir climatique, dont les derniers chapitres esquissaient déjà des propositions, développées par la suite dans une série d ’ouvrages (parfois écrits avec l ’économiste Alain Grandjean) mêlant analyses et pistes d’action. Promoteur de la taxe carbone En parallèle de son activité de consultant spécialisé dans le bilan carbone des entreprises, qu ’il met au point avec l’Ademe, Jancovici s'engage dès les années 2000 dans le débat public. À la veille de la campagne présidentielle de 2007, il contribue au sein du Comité de veille écologique de la fondation Nicolas-Hulot à la rédaction du Pacte écologique, qui inspire bientôt le Grenelle de l’environnement. Jancovici est alors l’un de ceux qui promeuvent en France l ’idée de la taxe carbone (Le plein s ’il vous plait !, 2006), reconnaissant néanmoins, au moment de la crise des Gilets jaunes (qualifiés de « lanceurs d ’alerte »), que cet outil fiscal, aussi fondé soit-il, ne saurait répondre à lui seul aux enjeux énergétiques et climatiques : « Sans un plan d’action dont la colonne vertébrale est la baisse continue de notre consommation de pétrole, de gaz et de charbon, la transition écologique est vouée à l’échec. »' Vulgarisateur indispensable sur les questions de climat et d ’énergie, Jean- Marc Jancovici manie volontiers la règle de trois et ce qu ’il nomme ses « calculs de coin de table », lui permettant de rétablir quelques ordres de grandeur et de tordre le cou à plus d’une idée reçue. Bousculant l ’illusion d’une transition énergétique qui reposerait principalement sur la promotion des énergies renouvelables, défendant le Tous droits de reproduction réservés Eléments PAYS :France PAGE(S) :52-57 SURFACE :523 % PERIODICITE :Trimestriel JOURNALISTE :Fabien Niezgoda 1 décembre 2020 - N°187
  • 4. nucléaire, Jean-Marc Jancovici fait souvent grincer les dents de certains militants écologistes, mais rallie autour de ses analyses de plus en plus de personnes, en particulier parmi la jeune génération d ’ingénieurs. Bien que Jean-Marc Jancovici, précisément, ait souvent défendu la position particulière de l’ingénieur, « intermédiaire entre le scientifique et le public le plus large » dont le métier consiste à « s’efforcer de traduire les découvertes faites par d’autres en objets quotidiens ou en actions concrètes, pour ce qu ’il pense être le bénéfice du plus grand nombre »12, son apport ne relève pourtant ni de la simple vulgarisation ni de l’expertise technocratique. Dès ses premiers ouvrages apparaît en effet une vision de la société et de la politique - Tocqueville y côtoie en bibliographie les rapports du GIEC ou du Commissariat général au plan. 1. Tribune de Jean-Marc Jancovici et Matthieu Auzanneau, Sud Ouest, 26 novembre 2018. 2. L'avenir climatique. Quel temps ferons-nous ?, Le Seuil, 2002, p. 7. 3. Décarbonons ! 9 propositions pour que l'Europe change d’ère, Odile Jacob, 2017. Dans les propositions du Shift Project (celles de 2017 pour la décarbonisation de l ’Europe 3ou celles, en cours d ’élaboration, du Plan de transformation de l’économie française), il s’agit non pas de simplement fournir clé en main un modèle alternatif en négligeant la question de sa mise en œuvre, mais bien d’identifier au sein de la société les forces capables de trouver du sens et de l ’intérêt aux mutations visées, en ayant bien conscience des inévitables tensions et rapports de force. En cela, la démarche de Jancovici nous semble éminemment plus politique que l’idée répandue selon laquelle l ’urgence suffirait en elle-même à commander une action unanime. Face aux sollicitations empressées qu ’il reçoit parfois de la part de ceux qui suivent ses analyses, il écarte l ’idée de briguer un mandat ou d ’accepter quelque portefeuille ministériel. On l ’imaginerait volontiers, tel cet autre polytechnicien qu ’était Michel Chevalier conseillant Napoléon III, mettre ses compétences au service d ’un gouvernement qui voudrait tourner le dos au court-termisme et à l’électoralisme superficiel, et réhabiliter l’État-stratège et le sens du bien commun. » Le problème aujourd'hui, c'est que nous transformons les ressources de la nature en déchets bien plus vite que la nature ne peut transformer ces déchets en nouvelles ressources. Un tel gaspillage n'a pas vocation à durer, sauf à créer les conditions de nouvelles guerres pour l'accès aux ressources. avions plus le temps. Aujourd ’hui, nous avons pris trop de retard pour que la taxe puisse encore être l’instrument principal d ’une action résolue. ÉLÉMENT S : À la différence des militants de la « décroissance », vous ne présentez pas celle-ci comme un objectif en soi ou comme un idéal pour la société: la « sobriété heureuse » ne pourra guère séduire au-delà de cercles franciscains minoritaires. Vous considérez que la décroissance, souhaitée ou non, est tout simplement une évolution inéluctable à prendre en compte. En quoi ce qui pourrait apparaître comme du fatalisme peut-il néanmoins mobiliser et aiguiller l'action? JEAN-MARC JANCOVICI . Effectivement, je prends la décroissance comme une réalité que nous allons devoir gérer, et que nous gérons déjà en Europe si lon’ regarde les in dicateurs pertinents, c ’est-à-dire la quan tité d ’objets et de services que nous utilisons dans le « monde réel ». C’est en 2007 - soit un an après le maximum éner gétique en Europe évoqué plus haut - que nous avons passé le maximum des surfaces construites en Europe dans l’année, par exemple, ou encore le maximum des tonnes chargées dans les camions. Depuis, nous avons surtout eu de la « fausse crois sance », basée sur l’augmentation de prix des actifs (immobilier, actions, œuvres d ’art...) et financée par une envolée rapide de la dette, mais ce qui relève de la consom mation des ménages n ’augmente plus. Et après la pandémie de la Covid, mon sentiment est que la « décrue physique » va s’amplifier en tendance, parce que l ’énergie disponible en Europe va décroî tre, même si nous ne le voulons pas. Faire l’autruche face à ce problème et scander « croissance, croissance » en pensant que cela va la faire revenir, c ’est malheureuse ment se mettre le doigt dans l’œil. Il se trouve que de lutter contre le chan gement climatique ou subir la décrue énergétique, c ’est quasiment la même di rection économique globale, à ceci près que la première option c ’est l’action, avec certes sa part de sueur, tandis que la deuxième c ’est être ballotté par les événe ments, et l’histoire montre que ça se passe généralement moins bien. La so ciété de consommation sans limites a vécu, mais il s’agit de sauver l’essentiel : la paix, l ’espoir, et bien assez de confort ma tériel pour ne pas trop avoir à se plaindre au regard du paysan d ’il y a deux siècles. Faire la transition bas-carbone et nous préparer à la dérive climatique d ’ores et déjà inexorable, devrait devenir la co lonne vertébrale de nos plans pour l’ave nir. Ce qui est en jeu, il ne faut pas s ’y tromper, c ’est d’éviter le retour de la bar barie, parce que nous ne saurons pas faire face collectivement et de manière organi sée et planifiée à une adversité crois sante. Ce qui nous arrive en ce moment relève un peu de la tectonique des plaques : les forces en mouvement créent des tensions croissantes, et si l’on ne fait rien, cela produit à intervalles réguliers, Tous droits de reproduction réservés Eléments PAYS :France PAGE(S) :52-57 SURFACE :523 % PERIODICITE :Trimestriel JOURNALISTE :Fabien Niezgoda 1 décembre 2020 - N°187
  • 5. L'économisteJean-Baptiste Say(1767-1832),l’un despères du libre-échangisme, professait que les richessesnaturelles n’ont pasà faire l’objet de la scienceéconomique, étant inépuisables. Postulat plus que discutable. Lesressourcespétrolières ou minières (ici du minerai de fer) ne sont pas renouvelables indéfiniment. et sans que l’on voie le coup venir très à l ’avance, des « craquements » qui seront de plus en plus délétères. ÉLÉMENTS : Vous présentez le nucléaire comme un « amortisseur de la contraction », autrement dit une partie de la solution davantage qu ’ un problème. Pourtant, selon un sondage BVA de juin 2019, 69 % des Français considéraient que cette énergie contribue au dérèglement climatique, et les Verts se sont récemment réjouis de la fermeture de Fessenheim... JEAN-MARC JANCOVICI . Malheureuse ment, la seule conclusion valable que l’on peut tirer de ce sondage, c’est que ni la presse ni l’Éducation nationale ne font correctement leur travail en ce qui concerne le nucléaire ! Car, de fait, casser un noyau d’uranium en deux n’est pas la même chose qu ’oxyder un atome de car bone, ce dernier processus s’appelant aussi... la combustion. Il se trouve que le nucléaire est, avec l’hydroélectricité, le seul mode de pro duction électrique qui soit décarboné, pi- lotable et capable de produire de grandes puissances nécessaires en tête de réseau. À cause de ses caractéristiques phy siques, c’est donc le mode qui peut sup primer le plus vite le charbon et le gaz dans la génération électrique. Pour limi ter la dérive climatique, c’est ça l ’action prioritaire. La filière nucléaire utilise certes un peu de combustibles fossiles (dans les mines, dans la construction de la centrale, dans le cycle des matières fissiles), mais rap porté à l’énergie produite c’est très peu. Il y a une raison physique à cela : fissionner un gramme d ’uranium produit autant d’énergie que brûler une tonne de pé trole. Avec le nucléaire, on manipule donc de toutes petites quantités de matière pour avoir de très grandes quantités d ’énergie, et cela explique à la fois sa grande concentration, ses très faibles émissions de C02 et la faible quantité (en poids) de déchets produits. Que les Verts se réjouissent de la baisse du nucléaire est normal: ce mouvement est né autour de l ’opposition au nucléaire, à une époque où le changement clima tique n ’existait pas dans le débat public. Ils n ’ont pas changé de hiérarchie des priorités - ce qui aurait signifié de faire du charbon leur ennemi n° 1, et du nu cléaire leur nouvel ami. C’est leur droit, mais cela ne signifie pas que leur point de vue est scientifiquement fondé. ÉLÉMENTS : Selon vous, l’État allemand fait « fausse route » et part « dans le décor », et une stratégie européenne sur l’énergie et le climat nécessiterait que les autres pays se coalisent pour établir un rapport de force... JEA N-MARC JANCOVICI . L’Allemagne a décidé en 2002, sous la houlette de Ger hard Schrôder, de sortir du nucléaire. Contrairement à une croyance couram ment répandue, cette décision ne date pas du tout de 2011 - Fukushima n ’a eu comme seul effet que d ’empêcher Merkel d’inverser la tendance, ce qu ’elle avait fait en 2010 en faisant voter une prolongation de la durée de vie des réacteurs « condamnés » au titre des accords de 2002. Cette décision correspond à une vi sion du monde où le charbon est plus dé sirable que le nucléaire, qui n’est pas la mienne. La conséquence est que l’Alle magne a choisi de conserver plus long temps des émissions élevées, et donc de contribuer plus longtemps à la dérive cli matique. Je ne la remercie pas pour cela. Comme l’Allemagne est le pays économi quement dominant en Europe, elle in fluence fortement la politique communautaire, qui est aujourd'hui quelque part entre hésitante et hostile au nucléaire. Pour y faire contrepoint, il faut nécessairement une alliance de plusieurs pays. C’est du rapport de forces classique. ÉLÉMENT S: Vous soulignez souvent l ’incapacité des économistes, depuis au moins Jean-Baptiste Say, à intégrer à leur réflexion les limites du monde physique. À quoi est-ce dû, et surtout comment y remédier ? JEAN-MARC JANCOVICI . Jean-Baptiste Say était un économiste du début du XIX e siècle qui a explicitement écrit que les ressources naturelles devaient être gratuites par convention dans la forma tion des prix. Et, de fait, quand vous ache tez une fourchette, vous n’achetez pas l ’existence du minerai de fer que Mère Nature nous a fourni sans que personne ne paye le moindre centime pour cela. Il en va de même pour le minerai de cuivre, l ’existence d ’un océan, le code génétique du sapin, le pétrole ou la pluie qui tombe : tout cela existe sans que cela ne nous ait coûté le moindre centime. La nature n ’en voie pas de facture. Lorsque vous payez pour un bien ou un service aujourd ’hui, ce que vous payez, c’est « juste » les sa laires et les rentes des êtres humains qui prennent place le long de la chaîne de va leur qui va des ressources naturelles - gratuites - au bien ou service final en question. Au moment où cette théorie écono mique conventionnelle s’est formée, le stock de capital naturel disponible était tellement grand devant ce que nous pré levions qu ’il paraissait inépuisable. Dès Tous droits de reproduction réservés Eléments PAYS :France PAGE(S) :52-57 SURFACE :523 % PERIODICITE :Trimestriel JOURNALISTE :Fabien Niezgoda 1 décembre 2020 - N°187
  • 6. lors, sa diminution était « sans coût ». Mais aujourd ’hui, alors que les flux de prélèvement ont été multipliés par 100, 1000, ou plus même, on considère tou jours que ces ressources sont inépuisa bles et gratuites. Cela conduit les économistes à manier des outils (et des prix) qui sont de plus en plus déconnectés du monde physique, et la représentation du monde réel avec ces outils est ainsi de plus en plus mauvaise... ÉLÉMENTS : La crise provoquée par le coronavirus pourra-t-elle être surmontée ? Comment saisir ce moment pour dessiner le « monde d'après » ? JEAN-MARC JANCOVICI . D’ une façon ou d ’une autre, il y aura un « après » le coro navirus. À quelque chose il faut que mal heur soit bon: cet épisode a probablement renforcé chez bon nombre de nos concitoyens le sentiment qu ’il était urgent de ne pas « repartir comme avant » parce que l ’on sent bien que notre modèle s’essouffle. Cette « nouvelle direction » doit être porteuse d’espoir, alors même « En sortant du nucléaire , l ’A llemagne a choisi de CONSERVER PLUS LONGTEMPS DES ÉMISSIONS ÉLEVÉES ET DE CONTRIBUER PLUS LONGTEMPS À LA DÉRIVE CLIMATIQUE. » que nous allons devoir pas mal transpirer. Il faut accepter l’idée que préserver l’es sentiel - la paix, la sécurité alimentaire, les libertés élémentaires, la solidarité na tionale, et un minimum de confort maté riel - va paradoxalement de pair avec l’abandon d ’une partie du superflu. ÉLÉMENTS : Dans les propositions de 2017 du Shift Project (Décarbonons!), vous ne vous contentiez pas de fournir clé en main un modèle alternatif, mais réfléchissiez à la possibilité de sa mise en œuvre, en particulier en identifiant au sein de la société les forces capables de trouver du sens et de l'intérêt aux mutations visées, et d'accompagner celles-ci, voire de les porter. Cette démarche nous semble rejoindre la définition que donnait Julien Freund de la politique, quand il rappelait le caractère incontournable de « la diversité et la divergence des opinions et des intérêts ». Sans doute comprenez-vous mieux ce qu'est la politique que ceux des écologistes qui imaginent qu'une action unanime découlera d'elle-même de la prise de conscience de l'urgence, et qu'il suffit donc de sonner l'alarme... JEAN-MARC JANCOVICI . Sonner l’alarme est nécessaire pour que nous nous préoc cupions d ’un sujet, même si c’est ensuite pour constater que nous nous sommes fait peur pour rien. Derrière l’alarme, il y a donc un premier niveau de réaction, qui est de comprendre si l’alarme est justifiée. Parfois, on réalise que l ’alarme n ’a pas lieu d ’exister à ce point, et d ’autres fois au contraire, que nous aurions dû être encore plus effrayés. Dans le cas du climat, ce ne sont pas les ONG environnementales qui sont légitimes pour décrire le problème : c’est le monde scientifique. Mais ce dernier n’est en revanche pas le mieux placé pour réfléchir aux solutions. Il faut alors que la société civile s’empare du sujet, et qu ’émer gent des propositions adaptées qui pour ront être mises en œuvre. Faire de la politique, c ’est justement prendre le relais de ceux qui ont la charge de décrire les faits pour en tirer les règles du jeu pour la société des hommes. Avec cette acception, le débat politique inclut toutes les entités qui essaient de faire va loir leur point de vue dans la décision col lective. Faire de la politique n ’est donc pas réservé aux élus ! La difficulté, c ’est que le débat public se nourrit de nos contradictions. Nous vou lons moins de CO2 mais plus de pouvoir d’achat. Moins de voiture au global, mais la liberté d’utiliser la nôtre. Moins de pes ticides dans les champs, mais pas de hausse du prix des aliments, etc. Les res ponsables politiques ont en conséquence beaucoup de difficultés à introduire de la cohérence dans leur action : ils doivent faire droit à de multiples préoccupations qu ’une partie de la population considère à chaque fois comme prioritaire ! ÉLÉMENTS : Le Shift Project a mis en chantier ces derniers mois un « Plan de transformation de l'économie française »; nos lecteurs pourront en découvrir le détail sur votre site. Pouvez- vous résumer les grandes lignes et surtout l'esprit général de ce plan ? JEAN-MARC JANCOVICI . L ’esprit général de ce plan est de jouer « pour de vrai » au jeu de la baisse des émissions de gaz à effet de serre à la bonne vitesse, et d ’imaginer quelle économie le permettra. Pour ne pas dépasser 2°C de réchauffement en 2100, ce qui est déjà suffisant pour tuer l’essentiel des coraux une partie significative des fo rêts en France, créer des migrations im portantes (et déstabilisatrices), et autres joyeusetés, il faut que les émissions plané taires de gaz à effet de serre baissent de 5 % par an. Or, 5 %de baisse, c’est ce que nous aurons dans le monde en 2020 à cause de la Covid. Ça donne une idée de l’ampleur du chantier, actuellement tota lement sous-estimée par la classe poli tique, tous bords confondus. » Le climat en 100 questions I dées reçues et connaissances approximatives abondent autour du climat, question transdisciplinaire mobilisant sciences physiques et sciences naturelles. Une telle situation, couplée à l’ importance des enjeux politiques qui tournent autour du changement climatique, entraîne trop souvent des postures où l’idéologie l’emporte sur le froid examen des données du problème (cf. notre mise au point dans le n° 180 d ’Eléments d’octobre-novembre 2019). On conseillera donc cet utile vade-mecum, structuré comme le veut la collection en chapitres synthétiques et brefs, mais suffisamment nombreux pour dresser un panorama roboratif sur le sujet. Le paléoclimatologue Gilles Ramstein, directeur de recherches au CEA, auteur en 2015 d’un passionnant Voyage à travers les climats de la Terre (Odile Jacob), s ’est chargé de la première moitié du livre, consacrée à l’ histoire et aux mécanismes du climat, tandis que le journaliste Sylvestre Huet, vulgarisateur de la question depuis une vingtaine d ’années, aborde dans la seconde partie la question du changement climatique : nature de l’ expertise du GIEC, évaluation des risques, articulation de la question avec celle de l’énergie, implications économiques et géopolitiques. F. N. Gilles Ramstein et Sylvestre Huet, Le climat en 100 questions, Tallandier, 382 p., 16,90€. Tous droits de reproduction réservés Eléments PAYS :France PAGE(S) :52-57 SURFACE :523 % PERIODICITE :Trimestriel JOURNALISTE :Fabien Niezgoda 1 décembre 2020 - N°187