Ce texte revient sur les idéologies portées par les « radios libres ». Il s’intéresse notamment à la légitimation par les « radiolibristes » et la délégitimation (« diabolisation ») par les opposants de l’existence, de la parole et des combats des « radios libres » en s’appuyant sur l’exemple de Radio Ici et Maintenant qui souhaitait donner la parole à tout le monde.
« Radio Ici et Maintenant face à la normalisation », in « L’année radiophonique 1987 », in Thierry Lefebvre (sous la direction de), Cahiers d’histoire de la radiodiffusion, n°133, juillet-septembre 2017, http://cohira.fr/cahier-n-133-juillet-septembre-2017/
Le reenchantement du récit radiophonique comme reenchantement du monde Dr Sebastien Poulain
« Le réenchantement du récit radiophonique comme réenchantement du monde », in Frédéric Antoine (sous la direction de), « Radio et narration : de l’enchantement au réenchantement », Recherches en Communication, n°37, 2013, 13 pages, http://sites.uclouvain.be/rec/index.php/rec/article/view/9373/6953, https://ojs.uclouvain.be/index.php/rec/article/view/50653/48853 https://ojs.uclouvain.be/index.php/rec/article/view/50653
Porte voix du mouvement nuitdebout radio debout occupe l espace mediatiqueDr Sebastien Poulain
Référence : DOYEN Claire, « Porte-voix du mouvement Nuitdebout, Radio debout "occupe l'espace médiatique" », Agence France Presse, 22/04/16, https://lesradioslibres.wordpress.com/2016/09/12/radio-debout-une-radio-libre/
Présentation de la presse underground naît dans les années 60 et se développant dans les années 70. Ce type de média révolutionne les méthodes de presse traditionnelle de par son contenu et son esthétique.
Position de thèse, « Les radios alternatives : l’exemple de Radio Ici et Maintenant », Le Temps des Médias, n°25, 2015/2, https://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2015-2-p-293.htm
Radios libres : retour sur le « big bang » de la democratisation mediatiqueDr Sebastien Poulain
Thierry Lefebvre et Sebastien Poulain, « Radios libres : retour sur le « big bang » de la démocratisation médiatique », The Conversation, 7 décembre 2021, 22h24, https://theconversation.com/radios-libres-retour-sur-le-big-bang-de-la-democratisation-mediatique-171377
« Une Église radiophonique, Ici et maintenant », in Frédéric Antoine et David Douyère (sous la direction de), « Religions & Médias », Revue française des sciences de l'information et de la communication, n°13, 2018, https://journals.openedition.org/rfsic/3743
« Radio Ici et Maintenant face à la normalisation », in « L’année radiophonique 1987 », in Thierry Lefebvre (sous la direction de), Cahiers d’histoire de la radiodiffusion, n°133, juillet-septembre 2017, http://cohira.fr/cahier-n-133-juillet-septembre-2017/
Le reenchantement du récit radiophonique comme reenchantement du monde Dr Sebastien Poulain
« Le réenchantement du récit radiophonique comme réenchantement du monde », in Frédéric Antoine (sous la direction de), « Radio et narration : de l’enchantement au réenchantement », Recherches en Communication, n°37, 2013, 13 pages, http://sites.uclouvain.be/rec/index.php/rec/article/view/9373/6953, https://ojs.uclouvain.be/index.php/rec/article/view/50653/48853 https://ojs.uclouvain.be/index.php/rec/article/view/50653
Porte voix du mouvement nuitdebout radio debout occupe l espace mediatiqueDr Sebastien Poulain
Référence : DOYEN Claire, « Porte-voix du mouvement Nuitdebout, Radio debout "occupe l'espace médiatique" », Agence France Presse, 22/04/16, https://lesradioslibres.wordpress.com/2016/09/12/radio-debout-une-radio-libre/
Présentation de la presse underground naît dans les années 60 et se développant dans les années 70. Ce type de média révolutionne les méthodes de presse traditionnelle de par son contenu et son esthétique.
Position de thèse, « Les radios alternatives : l’exemple de Radio Ici et Maintenant », Le Temps des Médias, n°25, 2015/2, https://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2015-2-p-293.htm
Radios libres : retour sur le « big bang » de la democratisation mediatiqueDr Sebastien Poulain
Thierry Lefebvre et Sebastien Poulain, « Radios libres : retour sur le « big bang » de la démocratisation médiatique », The Conversation, 7 décembre 2021, 22h24, https://theconversation.com/radios-libres-retour-sur-le-big-bang-de-la-democratisation-mediatique-171377
« Une Église radiophonique, Ici et maintenant », in Frédéric Antoine et David Douyère (sous la direction de), « Religions & Médias », Revue française des sciences de l'information et de la communication, n°13, 2018, https://journals.openedition.org/rfsic/3743
Les théories de la propagande étudient et perfectionnent l'utilisation des mass medias depuis plus d'un siècle. Influence, leader d'opinion, opinion publique, élite... comment l'usage des mass medias permet aux élites d'une société d'agir sur les représentations du monde de la masse pour ordonner la société en amont.
Note de lecture Thierry LEFEBVRE L’Aventurier des radios libres Jean Ducarroi...Dr Sebastien Poulain
Source : Note de lecture, « Thierry Lefebvre, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003), Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p. », RadioMorphoses, n°9, 2023, https://journals.openedition.org/radiomorphoses/3930
9 | 2023
Notes, conduites, synopsis, partitions : écrire et composer la radio
Note de lecture
Thierry LEFEBVRE, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003)
Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p.
Sébastien Poulain
https://doi.org/10.4000/radiomorphoses.3930
Référence(s) :
Thierry LEFEBVRE, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003). Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p.
Plan | Texte | Citation | Auteur
Plan
Historiographie réparatrice
Le radiolibriste aventurier et sa chute
Conclusions post-radiolibristes
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1Ayant rendu compte de la structure de l’ouvrage L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003) et de la place de J. Ducarroir dans l’histoire de la radio (Questions de communication, n°40, 2021, p. 568-572), je vais insister ici sur la place « réparatrice » de ce livre dans l’historiographie radiolibriste et sur le mystère de la « chute » post-radiolibriste de J. Ducarroir.
Historiographie réparatrice
2Négliger L’Aventurier du fait de l’importance de La bataille des radios libres. 1977-1981 (2008) – qui est aujourd’hui une référence pour toute recherche sur les « radios libres », voire sur les médias militants - parce qu’elle ne concernerait qu’un seul acteur - et de surcroit un acteur peu connu - serait une erreur. En fait, La bataille constitue la matrice dont Thierry Lefebvre tire les fils dans ses ouvrages suivants - notamment Carbone 14 : Légende et histoire d’une radio pas comme les autres (2012) et François Mitterrand pirate des ondes. L’affaire Radio Riposte (2019) -, et en particulier dans L’Aventurier qui permet d’humaniser davantage le mouvement et de nous informer sur ses acteurs et leur quotidien de militant. En effet, T. Lefebvre publie des archives inédites, dont certaines auraient pu figurer dans La bataille : photos, retranscriptions d’émission, de réunions, scénario de film, articles de journalistes, archives de J. Ducarroir, d’autres radiolibristes et de l’INA. Comme dans La bataille, L’Aventurier comprend des annexes avec des « repères chronologiques », un index des patronymes et un index des stations. Si L’Aventurier (280 p.) contient moins de pages que La bataille (424 p.), T. Lefebvre cite 156 radios dans L’Aventurier contre 226 dans La bataille. J. Ducarroir permet à T. Lefebvre de revisiter et approfondir une grande partie de cette « bataille » sur laquelle il travaille depuis le début des années 2000 et pour laquelle il a cherché vainement « à contacter ce personnage incontournable » (p. 12) alors que ce dernier décède justement à ce moment-là, en 2003.
Avec Jacques Attali (conseiller d’État, auteur de Histoire des médias), Francis Lec (président de Radio Amiens), Jean-Louis Auduc (professeur agrégé d’histoire, fondateur de Radio Risposte, membre du Conseil des sages de la laïcité), Stéphane Demilly (sénateur de la Somme), Henri Sannier (journaliste), Guy Vadepied (député honoraire), « Les 40 ans des radios libres et de Radio Amiens. Liberté d’expression, économie, médias et jeunes », Conseil départemental de la Somme, Amiens, 9 novembre 2021, https://lesradioslibres.wordpress.com/2021/11/08/9-novembre-2021-les-40-ans-des-radios-libres-et-de-radio-amiens/
Radios internationales : des outils de mobilisation du grand public en pleine...Dr Sebastien Poulain
Source : Thierry Lefebvre et Sebastien Poulain, « Radios internationales : des outils de mobilisation du grand public en pleine transformation », The Conversation, 28 mars 2023, 21h30, https://theconversation.com/radios-internationales-des-outils-de-mobilisation-du-grand-public-en-pleine-transformation-200325
Partout dans le monde, les autorités politiques ont longtemps détenu le monopole aussi bien des radios locales et nationales que des radios internationales, ce qui leur permettait de faire passer les messages souhaités à leurs propres populations, mais aussi à celles des pays étrangers vers lesquels leurs radios diffusaient.
Nos recherches récentes montrent que ce modèle ancien est désormais largement dépassé.
La désétatisation de la radio et son internationalisation grâce à sa numérisation/webification ont modifié les rapports de force communicationnels.
On distingue aujourd'hui trois types de radios de mobilisation. Les radios étatiques de mobilisation (REM) ont d’abord cédé du terrain face aux radios civiles de mobilisation) (RCM, lesquelles sont devenues, grâce à Internet, accessibles dans le monde entier, se muant donc en radios civiles de mobilisation internationales (RCMI). Ces trois types de radios cohabitent de nos jours dans un paysage médiatique qui n'a plus grand-chose à voir avec celui d'il y a une vingtaine d'années.
Les monopoles nationaux des radios étatiques de mobilisation (REM) durant les guerres internationales
La radio fut un enjeu politique dès l’origine : citons les causeries de Franklin D. Roosevelt, les radios « blanches » et « noires » durant la « drôle de guerre » – qui amorce la « guerre des ondes » –, les instructions aux résistants diffusées par « Radio Londres »…
Durant la guerre froide (et jusqu’à aujourd’hui pour certaines radios), les Alliés s’installèrent sur les ondes pour continuer leur travail hétéronomique (c’est-à-dire visant à imprégner les auditeurs de lois/normes politiques, sociales et culturelles). Par exemple, le gouvernement américain multiplia les stations : Voice of America, RIAS (Radio in the American Sector, principalement tournée vers l’Allemagne de l’Est), Radio Free Europe/Radio Liberté et Radio Free Asia, Azadi (destinée à l’Afghanistan) ou encore Farda (diffusant en farsi vers l’Iran)…
Selon la chercheuse Anne-Chantal Lepeuple, toutes ces radios visaient à favoriser la diffusion des idées libérales au sein des peuples des pays ciblés, en mettant en place une « politique d’érosion graduelle » des régimes en place.
Aujourd’hui, RFE/RL diffuse en 27 langues et dans 23 pays « où la liberté de la presse est menacée et où la désinformation est omniprésente ». Elle joue son rôle de « radio de substitution », selon l’expression de Jacques Sémelin désignant les radios qui se substituent aux radios locales et se distinguent des « radios de représentation » – celles qui promeuvent les États qui les financent, à l’instar de la BBC, de Deutsche Welle ou de RFI.
Démocratisation des médias : Source : POULAIN Sebastien,« L’audiovisuel public est-il vraiment public ? », The Conversation, 17 mars 2021, https://theconversation.com/debat-laudiovisuel-public-est-il-vraiment-public-156794
Avec Thierry Lefebvre « Introduction », in Thierry Lefebvre et Sebastien Poulain (sous la direction de), Radios libres, 30 ans de FM°: la parole libérée ?, INA/L’Harmattan, collection « Les médias en actes », Paris, 2016, https://lesradioslibres.wordpress.com/2016/11/08/introduction-sur-les-radios-libres-de-thierry-lefebvre-et-sebastien-poulain/
Compte-rendu, « Colloque international "Radios libres, 30 ans de FM°: la parole libérée°?", organisé par le Groupe de Recherches et d’Études sur la Radio, Paris, 20-21 mai 2011 », Le Temps des Médias, n°17, 2011, http://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2011-2-p-208.htm
Analyse d'un numéro de La Libre Parole de 1936, journal antisémite de Henry Coston qui relate une conférence organisée par le Centre de Documentation et de Propagande de Henri-Robert Petit au cours de laquelle Raoul Follereau côtoie divers théoriciens de l'antisémitisme.
Retour en paleo-radio ? Polemiques autour de Stephane Guillon et Didier Porte...Dr Sebastien Poulain
« Retour en paléo-radio ? Polémiques autour de Stéphane Guillon et Didier Porte à France Inter », in « Les scènes de l'humour », Marie Duret-Pujol et Nelly Quemener (sous la direction de), Cahiers d’Artes, n°16, 2020, http://www.pub-editions.fr/index.php/catalogsearch/result/?q=cahiers+d%27artes&x=0&y=0
Note de lecture Laurence Corroy Education aux medias en Europe. Histoire, enj...Dr Sebastien Poulain
POULAIN Sebastien, « Laurence Corroy (dir.), Éducation aux médias en Europe. Histoire, enjeux et perspectives », Questions de communication, n° 44, 2023/2, p. 478-480, https://www.cairn.info/revue-questions-de-communication-2023-2-page-478.htm
1Cet ouvrage dirigé par Laurence Corroy est publié dans une collection – « Éducation et médias » – fondée et dirigée par elle-même et Francis Barbey en 2016 chez L’Harmattan. Il se divise en dix articles correspondant à 1’étude de dix pays : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Italie, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Suisse. C’est une réussite en soi car il fallait trouver des chercheur·es francophones spécialistes d’EMI (éducation aux médias et à l’information). Ces chapitres sont précédés d’un court « avant-propos » de L. Corroy où elle présente chacun d'eux.
2 L’ouvrage suit la publication de L’Éducation aux médias. Un point de vue africain (2017) de F. Barbey dans la même collection, et coïncide avec la publication dirigée par Éric Delamotte : Recherches francophones sur les éducations aux médias, à l’information et au numérique. Points de vue et dialogues (Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2022). Cette internationalisation comparative est-elle une coïncidence ? Est-ce parce que nous avons besoin de chercher des solutions ailleurs à des problèmes complexes et fortement évolutifs qui dépassent les capacités de réaction des autorités et acteur·ices de l’éducation ? Est-ce parce que les institutions supranationales jouent un rôle de plus en plus important dans l’EMI ? Est-ce parce que les États vont de plus en plus appliquer les mêmes politiques face aux mêmes problèmes ?
3 En effet, les États font face à l’apparition des mêmes médias (radio et télévision au XXe siècle et l’internet au XXIe siècle), des mêmes phénomènes (fake news, cyberharcèlement…), et sont en interaction avec les mêmes institutions supranationales (Commission européenne, Unesco – Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture –, Unicef – Fonds des Nations unies pour l’enfance –, Conseil de l’Europe). Au niveau de l’Union européenne (UE), on peut citer les réglementations ePrivacy, RGPD – règlement général sur la protection des données –, DMA – législation sur les marchés numériques –, DSA – législation sur les services numériques –, AMS – Advance Manifest System –, voire la décision de censurer le média RT (Russia Today) et l’agence Sputnik. Ce ne sont pas directement des outils de politique d’EMI, mais elles visent à protéger les usagers/usagères du média internet. D’ailleurs, il manque peut-être un article sur les politiques d’EMI des institutions supranationales – Commission européenne, Conseil de l’Europe, Unesco et Unicef – dans un ouvrage intitulé Éducation aux médias en Europe où plusieurs auteurs/autrices font référence aux définitions et aux actions-programmes de ces institutions qui vont sans doute prendre toujours plus d’importance dans l’avenir.
Genealogie meta-radiophonique d’une normalisation post-monopolistiqueDr Sebastien Poulain
Généalogie méta-radiophonique d’une normalisation post-monopolistique : les aléas des politiques d’éducation par les radios scolaires
lundi 27 novembre 2023 Canopé 23 rue du Maréchal Juin Strasbourg
Il s’agit dans ce document de faire une étude critique des politiques publiques du Ministère de l’Education d’éducation aux médias à travers les publications du CLEMI concernant les radios scolaires. La thèse défendue consiste à dire que les évolutions de la définition de ce qu’est une radio - et en particulier une radio scolaire - a eu des effets sur la possibilité de développer des radios scolaires. Dans les années 1980-1990, il y a une tentative de « radiophonisation » du scolaire dans le sens où les scolaires doivent se soumettre au monde radiophonique : règles administratives, technologies, gestion, personnels... Les RS sont alors principalement définies comme des radios associatives locales hertziennes mises en place par des acteurs et actrices du milieu scolaire et diffusant des contenus scolaires. Dans les années 2000-2020, il y a « scolarisation » de la radio dans le sens où les scolaires se libèrent des contraintes du monde radiophonique pour se focaliser sur les questions scolaires. Les radios scolaires sont alors principalement définies comme des contenus sonores – appelés « webradios » ou « podcasts » - à caractère scolaire mis en ligne sur internet par des acteurs et actrices du milieu scolaire. Cette évolution de la définition de « radiophonisation » du scolaire vers la « scolarisation » de la radio a fait passer d’une trentaine à des centaines de radios scolaires, c’est-à-dire d’un échec d’une politique d’éducation aux médias à une réussite. Toutefois, d’autres facteurs ont joué un rôle important : économiques (de nouveaux financements spécifiques), techniques (le développement d’internet) et politiques (la montée des enjeux de l’éducation aux médias liée aux attentats, au cyberharcèlement…).
Muriel Béasse, Sabine Bosler, Aise Celik, Faouzia Cherifi, Jean-Jacques Cheval, Matthieu Claure, Christelle Corgiat, Raphaël Dapzol, Marine De Lassalle, Christophe Deleu, Marcy Delsione Ovoundaga, Etienne Damome, Antoine Deiana, Christophe Deleu, Séverine Equoy Hutin, Carole Fagadé, Anne-Caroline Fiévet, Guillaume Garçon, Monica Ghiţă Stoica, Caroline Gillet, Hervé Glevarec, Fatima Gomis, Marc Gonon, Isabel Guglielmone, Nicolas Horber, Sylvain Joseph, Thierry Lefebvre, Florence Michaux-Colin, Sébastien Michon, Claire Moutarde, Sebastien Poulain, Laurence Prevost, Olivia Probst, Sébastien Rochat, Elsie Russier, Rachid Sadaoui, Blandine Schmidt, Eric Schweitzer, Elodie Tapsoba
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Note de lecture Thierry LEFEBVRE L’Aventurier des radios libres Jean Ducarroi...Dr Sebastien Poulain
Source : Note de lecture, « Thierry Lefebvre, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003), Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p. », RadioMorphoses, n°9, 2023, https://journals.openedition.org/radiomorphoses/3930
9 | 2023
Notes, conduites, synopsis, partitions : écrire et composer la radio
Note de lecture
Thierry LEFEBVRE, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003)
Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p.
Sébastien Poulain
https://doi.org/10.4000/radiomorphoses.3930
Référence(s) :
Thierry LEFEBVRE, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003). Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p.
Plan | Texte | Citation | Auteur
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Historiographie réparatrice
Le radiolibriste aventurier et sa chute
Conclusions post-radiolibristes
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1Ayant rendu compte de la structure de l’ouvrage L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003) et de la place de J. Ducarroir dans l’histoire de la radio (Questions de communication, n°40, 2021, p. 568-572), je vais insister ici sur la place « réparatrice » de ce livre dans l’historiographie radiolibriste et sur le mystère de la « chute » post-radiolibriste de J. Ducarroir.
Historiographie réparatrice
2Négliger L’Aventurier du fait de l’importance de La bataille des radios libres. 1977-1981 (2008) – qui est aujourd’hui une référence pour toute recherche sur les « radios libres », voire sur les médias militants - parce qu’elle ne concernerait qu’un seul acteur - et de surcroit un acteur peu connu - serait une erreur. En fait, La bataille constitue la matrice dont Thierry Lefebvre tire les fils dans ses ouvrages suivants - notamment Carbone 14 : Légende et histoire d’une radio pas comme les autres (2012) et François Mitterrand pirate des ondes. L’affaire Radio Riposte (2019) -, et en particulier dans L’Aventurier qui permet d’humaniser davantage le mouvement et de nous informer sur ses acteurs et leur quotidien de militant. En effet, T. Lefebvre publie des archives inédites, dont certaines auraient pu figurer dans La bataille : photos, retranscriptions d’émission, de réunions, scénario de film, articles de journalistes, archives de J. Ducarroir, d’autres radiolibristes et de l’INA. Comme dans La bataille, L’Aventurier comprend des annexes avec des « repères chronologiques », un index des patronymes et un index des stations. Si L’Aventurier (280 p.) contient moins de pages que La bataille (424 p.), T. Lefebvre cite 156 radios dans L’Aventurier contre 226 dans La bataille. J. Ducarroir permet à T. Lefebvre de revisiter et approfondir une grande partie de cette « bataille » sur laquelle il travaille depuis le début des années 2000 et pour laquelle il a cherché vainement « à contacter ce personnage incontournable » (p. 12) alors que ce dernier décède justement à ce moment-là, en 2003.
Avec Jacques Attali (conseiller d’État, auteur de Histoire des médias), Francis Lec (président de Radio Amiens), Jean-Louis Auduc (professeur agrégé d’histoire, fondateur de Radio Risposte, membre du Conseil des sages de la laïcité), Stéphane Demilly (sénateur de la Somme), Henri Sannier (journaliste), Guy Vadepied (député honoraire), « Les 40 ans des radios libres et de Radio Amiens. Liberté d’expression, économie, médias et jeunes », Conseil départemental de la Somme, Amiens, 9 novembre 2021, https://lesradioslibres.wordpress.com/2021/11/08/9-novembre-2021-les-40-ans-des-radios-libres-et-de-radio-amiens/
Radios internationales : des outils de mobilisation du grand public en pleine...Dr Sebastien Poulain
Source : Thierry Lefebvre et Sebastien Poulain, « Radios internationales : des outils de mobilisation du grand public en pleine transformation », The Conversation, 28 mars 2023, 21h30, https://theconversation.com/radios-internationales-des-outils-de-mobilisation-du-grand-public-en-pleine-transformation-200325
Partout dans le monde, les autorités politiques ont longtemps détenu le monopole aussi bien des radios locales et nationales que des radios internationales, ce qui leur permettait de faire passer les messages souhaités à leurs propres populations, mais aussi à celles des pays étrangers vers lesquels leurs radios diffusaient.
Nos recherches récentes montrent que ce modèle ancien est désormais largement dépassé.
La désétatisation de la radio et son internationalisation grâce à sa numérisation/webification ont modifié les rapports de force communicationnels.
On distingue aujourd'hui trois types de radios de mobilisation. Les radios étatiques de mobilisation (REM) ont d’abord cédé du terrain face aux radios civiles de mobilisation) (RCM, lesquelles sont devenues, grâce à Internet, accessibles dans le monde entier, se muant donc en radios civiles de mobilisation internationales (RCMI). Ces trois types de radios cohabitent de nos jours dans un paysage médiatique qui n'a plus grand-chose à voir avec celui d'il y a une vingtaine d'années.
Les monopoles nationaux des radios étatiques de mobilisation (REM) durant les guerres internationales
La radio fut un enjeu politique dès l’origine : citons les causeries de Franklin D. Roosevelt, les radios « blanches » et « noires » durant la « drôle de guerre » – qui amorce la « guerre des ondes » –, les instructions aux résistants diffusées par « Radio Londres »…
Durant la guerre froide (et jusqu’à aujourd’hui pour certaines radios), les Alliés s’installèrent sur les ondes pour continuer leur travail hétéronomique (c’est-à-dire visant à imprégner les auditeurs de lois/normes politiques, sociales et culturelles). Par exemple, le gouvernement américain multiplia les stations : Voice of America, RIAS (Radio in the American Sector, principalement tournée vers l’Allemagne de l’Est), Radio Free Europe/Radio Liberté et Radio Free Asia, Azadi (destinée à l’Afghanistan) ou encore Farda (diffusant en farsi vers l’Iran)…
Selon la chercheuse Anne-Chantal Lepeuple, toutes ces radios visaient à favoriser la diffusion des idées libérales au sein des peuples des pays ciblés, en mettant en place une « politique d’érosion graduelle » des régimes en place.
Aujourd’hui, RFE/RL diffuse en 27 langues et dans 23 pays « où la liberté de la presse est menacée et où la désinformation est omniprésente ». Elle joue son rôle de « radio de substitution », selon l’expression de Jacques Sémelin désignant les radios qui se substituent aux radios locales et se distinguent des « radios de représentation » – celles qui promeuvent les États qui les financent, à l’instar de la BBC, de Deutsche Welle ou de RFI.
Démocratisation des médias : Source : POULAIN Sebastien,« L’audiovisuel public est-il vraiment public ? », The Conversation, 17 mars 2021, https://theconversation.com/debat-laudiovisuel-public-est-il-vraiment-public-156794
Avec Thierry Lefebvre « Introduction », in Thierry Lefebvre et Sebastien Poulain (sous la direction de), Radios libres, 30 ans de FM°: la parole libérée ?, INA/L’Harmattan, collection « Les médias en actes », Paris, 2016, https://lesradioslibres.wordpress.com/2016/11/08/introduction-sur-les-radios-libres-de-thierry-lefebvre-et-sebastien-poulain/
Compte-rendu, « Colloque international "Radios libres, 30 ans de FM°: la parole libérée°?", organisé par le Groupe de Recherches et d’Études sur la Radio, Paris, 20-21 mai 2011 », Le Temps des Médias, n°17, 2011, http://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2011-2-p-208.htm
Analyse d'un numéro de La Libre Parole de 1936, journal antisémite de Henry Coston qui relate une conférence organisée par le Centre de Documentation et de Propagande de Henri-Robert Petit au cours de laquelle Raoul Follereau côtoie divers théoriciens de l'antisémitisme.
Retour en paleo-radio ? Polemiques autour de Stephane Guillon et Didier Porte...Dr Sebastien Poulain
« Retour en paléo-radio ? Polémiques autour de Stéphane Guillon et Didier Porte à France Inter », in « Les scènes de l'humour », Marie Duret-Pujol et Nelly Quemener (sous la direction de), Cahiers d’Artes, n°16, 2020, http://www.pub-editions.fr/index.php/catalogsearch/result/?q=cahiers+d%27artes&x=0&y=0
Note de lecture Laurence Corroy Education aux medias en Europe. Histoire, enj...Dr Sebastien Poulain
POULAIN Sebastien, « Laurence Corroy (dir.), Éducation aux médias en Europe. Histoire, enjeux et perspectives », Questions de communication, n° 44, 2023/2, p. 478-480, https://www.cairn.info/revue-questions-de-communication-2023-2-page-478.htm
1Cet ouvrage dirigé par Laurence Corroy est publié dans une collection – « Éducation et médias » – fondée et dirigée par elle-même et Francis Barbey en 2016 chez L’Harmattan. Il se divise en dix articles correspondant à 1’étude de dix pays : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Italie, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Suisse. C’est une réussite en soi car il fallait trouver des chercheur·es francophones spécialistes d’EMI (éducation aux médias et à l’information). Ces chapitres sont précédés d’un court « avant-propos » de L. Corroy où elle présente chacun d'eux.
2 L’ouvrage suit la publication de L’Éducation aux médias. Un point de vue africain (2017) de F. Barbey dans la même collection, et coïncide avec la publication dirigée par Éric Delamotte : Recherches francophones sur les éducations aux médias, à l’information et au numérique. Points de vue et dialogues (Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2022). Cette internationalisation comparative est-elle une coïncidence ? Est-ce parce que nous avons besoin de chercher des solutions ailleurs à des problèmes complexes et fortement évolutifs qui dépassent les capacités de réaction des autorités et acteur·ices de l’éducation ? Est-ce parce que les institutions supranationales jouent un rôle de plus en plus important dans l’EMI ? Est-ce parce que les États vont de plus en plus appliquer les mêmes politiques face aux mêmes problèmes ?
3 En effet, les États font face à l’apparition des mêmes médias (radio et télévision au XXe siècle et l’internet au XXIe siècle), des mêmes phénomènes (fake news, cyberharcèlement…), et sont en interaction avec les mêmes institutions supranationales (Commission européenne, Unesco – Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture –, Unicef – Fonds des Nations unies pour l’enfance –, Conseil de l’Europe). Au niveau de l’Union européenne (UE), on peut citer les réglementations ePrivacy, RGPD – règlement général sur la protection des données –, DMA – législation sur les marchés numériques –, DSA – législation sur les services numériques –, AMS – Advance Manifest System –, voire la décision de censurer le média RT (Russia Today) et l’agence Sputnik. Ce ne sont pas directement des outils de politique d’EMI, mais elles visent à protéger les usagers/usagères du média internet. D’ailleurs, il manque peut-être un article sur les politiques d’EMI des institutions supranationales – Commission européenne, Conseil de l’Europe, Unesco et Unicef – dans un ouvrage intitulé Éducation aux médias en Europe où plusieurs auteurs/autrices font référence aux définitions et aux actions-programmes de ces institutions qui vont sans doute prendre toujours plus d’importance dans l’avenir.
Genealogie meta-radiophonique d’une normalisation post-monopolistiqueDr Sebastien Poulain
Généalogie méta-radiophonique d’une normalisation post-monopolistique : les aléas des politiques d’éducation par les radios scolaires
lundi 27 novembre 2023 Canopé 23 rue du Maréchal Juin Strasbourg
Il s’agit dans ce document de faire une étude critique des politiques publiques du Ministère de l’Education d’éducation aux médias à travers les publications du CLEMI concernant les radios scolaires. La thèse défendue consiste à dire que les évolutions de la définition de ce qu’est une radio - et en particulier une radio scolaire - a eu des effets sur la possibilité de développer des radios scolaires. Dans les années 1980-1990, il y a une tentative de « radiophonisation » du scolaire dans le sens où les scolaires doivent se soumettre au monde radiophonique : règles administratives, technologies, gestion, personnels... Les RS sont alors principalement définies comme des radios associatives locales hertziennes mises en place par des acteurs et actrices du milieu scolaire et diffusant des contenus scolaires. Dans les années 2000-2020, il y a « scolarisation » de la radio dans le sens où les scolaires se libèrent des contraintes du monde radiophonique pour se focaliser sur les questions scolaires. Les radios scolaires sont alors principalement définies comme des contenus sonores – appelés « webradios » ou « podcasts » - à caractère scolaire mis en ligne sur internet par des acteurs et actrices du milieu scolaire. Cette évolution de la définition de « radiophonisation » du scolaire vers la « scolarisation » de la radio a fait passer d’une trentaine à des centaines de radios scolaires, c’est-à-dire d’un échec d’une politique d’éducation aux médias à une réussite. Toutefois, d’autres facteurs ont joué un rôle important : économiques (de nouveaux financements spécifiques), techniques (le développement d’internet) et politiques (la montée des enjeux de l’éducation aux médias liée aux attentats, au cyberharcèlement…).
Muriel Béasse, Sabine Bosler, Aise Celik, Faouzia Cherifi, Jean-Jacques Cheval, Matthieu Claure, Christelle Corgiat, Raphaël Dapzol, Marine De Lassalle, Christophe Deleu, Marcy Delsione Ovoundaga, Etienne Damome, Antoine Deiana, Christophe Deleu, Séverine Equoy Hutin, Carole Fagadé, Anne-Caroline Fiévet, Guillaume Garçon, Monica Ghiţă Stoica, Caroline Gillet, Hervé Glevarec, Fatima Gomis, Marc Gonon, Isabel Guglielmone, Nicolas Horber, Sylvain Joseph, Thierry Lefebvre, Florence Michaux-Colin, Sébastien Michon, Claire Moutarde, Sebastien Poulain, Laurence Prevost, Olivia Probst, Sébastien Rochat, Elsie Russier, Rachid Sadaoui, Blandine Schmidt, Eric Schweitzer, Elodie Tapsoba
Référence : FERRAND-BECHMANN Dan et POULAIN Sebastien, « Festivals, associations, services publics : les bénévoles font-ils tourner la France ? », The Conversation, 10 août 2023, 23h17, https://theconversation.com/festivals-associations-services-publics-les-benevoles-font-ils-tourner-la-france-209446
Ce sont près de 21 millions « participations bénévoles » – un même bénévole pouvant avoir plusieurs participations – qui irriguent le monde du bénévolat selon l’Insee. Ces « participations » représentant 580 000 emplois en équivalent temps plein dans 1,25 million d’associations (là où a traditionnellement lieu l’activité bénévole).
Plus récemment, on observe une montée de groupes informels : collectifs radicaux, ZAD, réseaux sociaux, gilets jaunes, engagements à la carte. Les bénévoles s’y engagent sans contrepartie financière, librement et pour aider d’autres personnes, y compris pour la gestion administrative de ces structures et souvent pour défendre une cause. Ce phénomène a pris beaucoup d’ampleur depuis plusieurs décennies. Les motifs ? Un désir d’aider les autres (matériellement ou psychologiquement), une envie de lien social, d’être un citoyen actif ou de militer, parfois parce qu’on est concerné (associations de malades). Beaucoup de secteurs attirent les bénévoles : droits humains, écologie, culture, patrimoine, sécurité, etc.
Multiplication des dispositifs de travail bénévole
Cette attraction pour le bénévolat est encouragée par l’État. Au-delà des atouts fiscaux traditionnels dont les associations bénéficient sur les dons (66 % de réduction) et sur leur imposition, l’État utilise les bénévoles pour mettre en œuvre ses politiques climatiques, antiterroristes ou démographiques, etc. Pour cela, il « désétatise » et délègue des missions d’intérêt général aux associations, et même à des structures lucratives.
Créées par une loi de 2001, les Sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) où collaborent des associations, des collectivités territoriales et des entreprises sont de plus en plus plébiscitées. La loi Économie sociale et solidaire de 2014 a créé l’agrément « Entreprise solidaire d’utilité sociale ». La loi dite Pacte de 2019 a imposé de prendre en considération les impacts sociaux et environnementaux, et encourage les sociétés à but lucratif à « redéfinir leur raison d’être ».
Multiplication des dispositifs de travail bénévole
Cette attraction pour le bénévolat est encouragée par l’État. Au-delà des atouts fiscaux traditionnels dont les associations bénéficient sur les dons (66 % de réduction) et sur leur imposition, l’État utilise les bénévoles pour mettre en œuvre ses politiques climatiques, antiterroristes ou démographiques, etc. Pour cela, il « désétatise » et délègue des missions d’intérêt général aux associations, et même à des structures lucratives.
Les médias peuvent-ils changer le monde pour le rendre durable, soutenable, écologique ? Vaste question ! On se doute qu’ils ont des effets non négligeables compte-tenu de leurs rôles dans nos vies. Mais quels sont les médias qui veulent changer ce monde ? C’est l’objet du présent article.
Nous sommes habitués à recevoir des informations plutôt déplaisantes depuis le 18ème siècle où a été créé la presse papier. Face à l’apocalypse socio-écologique que nous sommes en train de créer et vivre, il semble que nous ayons besoin d’informations qui nous redonnent de l’espoir.
D’autant plus que les médias traditionnels (presse écrite, radio et télévision) sont critiqués de toute part et souffrent d’un manque de confiance comme le montre le baromètre annuel de La Croix sur la confiance dans les médias qui montre que le média radio est celui qui inspire le plus confiance.
Et 32% des personnes interrogées par le Reuters Institute dans sa dernière étude annuelle évitent régulièrement ou parfois les actualités, tandis que 52% sont plus enclins à lire plus d’articles du même journal et 60% à partager l’article lorsque l’on propose une solution selon Nina Fasciaux, rédactrice et coordinatrice du Solutions Journalism Network en Europe, qui est intervenue lors du Festival de l’Info Locale fin juin à Nantes.
D’où l’apparition du journalisme positif, d’impact, de solutions, de construction qui se distingue des formes de journalisme habituels. Selon l’étude du Solutions Journalism Network et l’Engaging News Project menée auprès de 755 Américains adultes, le journalisme orienté vers la solution est prometteur sur au moins trois dimensions :
• Le lecteur a davantage le sentiment d’être bien informé par ce type de journalisme orienté solution
• La confiance se renforce entre le lectorat et les organes de presse promouvant ce type de journalisme
• L’engagement des lecteurs augmente : nombre de partages sociaux, du nombre de lectures sur le site, du même auteur, sur le même sujet…
Une soirée de Convergences – jeudi 5 septembre 2019 19h00–21h00 (voir annexe 1 ci-dessous) – était justement intitulée « Pour changer le monde, commençons par le raconter autrement » et avait 3 problématiques :
• De quelle façon les médias peuvent-ils contribuer à faire évoluer les représentations et les comportements vers un monde plus durable ?
• Comment faire émerger de nouveaux récits pour inspirer le plus grand nombre et provoquer des déclics ?
• Comment les leviers de l’information, de la fiction et du divertissement peuvent-ils être mobilisés pour accélérer la transition écologique, sociale et démocratique ?
Ci-dessus une photo de la soirée du 6 septembre 2019 #YouthWeCan ! “Les jeunes s’engagent pour le climat” à Convergences.
POULAIN Sebastien, « Une micro-radio d’organisation douce : les postradiomorphoses entre mobilisation, décélération et communication », in Pascal Ricaud et Lara Van Dievoet (sous la direction de), « Radio en mobilité : Programmes, pratiques, techniques et perspectives », RadioMorphoses, n°7, 2021, https://journals.openedition.org/radiomorphoses/2257
Les « micro-radios d’organisation » sont une nouvelle génération de postradiomorphoses issues des radios d’organisation, webradios et podcasts. Au-delà de leur utilité informationnelle, communicationnelle, RH, marketing pour les organisations qui les mettent en place, elles peuvent avoir d’autres fonctions dans les sociétés urbaines contemporaines en tentant de modifier le cours des flux urbains. L’étude de l’une de ces radios permet de mettre en exergue plusieurs effets envisageables de celles-ci : mobilisation, attraction, fixation, localisation, décélération des acteurs mobiles urbains. Si ces radios « lentes » ou « douces » font face à des difficultés, elles sont susceptibles de jouer un nouveau rôle dans le « continuum sociotechnique » pour faire société autrement et ouvrir le champ des possibles.
Organizational micro-radios are a new generation of postradiomorphoses originate in organizational radios, webradios and podcasts. Beyond their information, communication, HR and marketing usefulness for the organizations that set them up, they can have other functions in contemporary urban societies by trying to modify the course of urban flows. The study of one of these radios makes it possible to highlight several possible effects of these: mobilization, attraction, fixation, localization, deceleration of urban mobile actors. If these “slow” or “soft” radios face difficulties, they are likely to play a new role in the “socio-technical continuum” to create society differently and open up the field of possibilities.
Las microradios organizacionales son una nueva generación de postradiomorfosis originadas en radios organizacionales, webradios y podcasts. Más allá de su utilidad de información, comunicación, RRHH y marketing para las organizaciones que los establecieron, pueden tener otras funciones en las sociedades urbanas contemporáneas al tratar de modificar el curso de los flujos urbanos de la "sociedad líquida". El estudio de una de estas radios, permite destacar varios posibles efectos de estas: movilización, atracción, fijación, localización, desaceleración de los actores móviles urbanos. Si estas radios "lentas" o "blandas" enfrentan dificultades, es probable que desempeñen un nuevo papel en el "continuo socio-técnico" para crear una sociedad diferente y abrir el campo de posibilidades.
« Le podcast comme outil faustien de gafamisation de la radio ? », 10e Colloque international du GRER, « La radio dans l’univers audio Expressions, concurrences et contextes », 10e Colloque international du GRER (Groupe de recherches et d’études sur la radio)
Département d’information et de communication
Université Laval à Québec
9 au 11 novembre 2022
https://radiodansuniversaudio.com/
Jour 1 (09 Nov) - Salle CSL 3788
09:00 Ouverture du colloque et mots de bienvenue par Henri Assogba Professeur titulaire à l’Université Laval et responsable du comité d’organisation, Étienne Damome Maître de conférences HDR à l’Université Bordeaux Montaigne et président du GRER, Guylaine Martel Directrice du département d’information et de communication, Université Laval, Guillaume Pinson Doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines, Université Laval
09:30 La radio dans l'univers audio : sociologie d'une fragmentation Conférence inaugurale par Hervé Glevarec Directeur de recherche au CNRS, Université de Paris Cité
10:30 Pause-café
10:45 Table ronde d’ouverture : « Mutations de l’univers audio du point de vue des acteurs »
par Julien Morissette Directeur artistique de Transistor Média et fondateur du Festival de la radio numérique à Gatineau / Québec, Jean-Nicolas Gagné, Directeur général de Qub Radio, la radio numérique de Québécor / Québec, Natacha Mercure Première directrice stratégie et contenus audionumériques à Radio-Canada, Silvain Gire, Cofondateur et directeur éditorial d'Arte Radio / France,
Modératrices, Colette Brin Professeure titulaire à l’Université Laval, Marie-Laurence Rancourt, Directrice artistique et générale de Magnéto
12:00 Pause déjeuner
12:00 Pause déjeuner
1er panel scientifique présidé par Jean-Jacques Cheval, Professeur à l’Université Bordeaux Montaigne
14:00 Radiophonique ou radionumérique : l'un dans l'autre ou l'autre dans l’un par Séverine Equoy Hutin professeure des Universités en sciences de l'information et de la communication à l'Université de Bourgogne Franche-Comté / France.
14:25 « Flux vs stock : le direct sauve-t-il la radio face à l’audio ? » par Frédéric Antoine Professeur à l’Université de Namur / Belgique
14:50 « The Serial productions, from remediation to innovation » par Ella Waldmann Doctorante à l’Université Paris Cité / France
15:15 Pause-café
Jour 1 (09 Nov) - Salle CSL 3788
2e panel scientifique présidé par Nozha Smati, Enseignante-chercheure à l’Université de Lille
15:45 « La Radio Tunisienne dans l’univers audio : Réflexion sur les nouveaux contextes professionnels, les enjeux technologiques et les défis de contenus médiatiques » par Soumaya Berjeb, IPSI - Université de la Manouba / Tunisie
16:10 « Le podcast comme outil faustien de gafamisation de la radio ? » par Sébastien Poulain Chercheur associé au MICA - l’Université Bordeaux Montaigne / France
Référence : « "Une autre redevance est possible" : quelles alternatives à la suppression de la Contribution à l'Audiovisuel Public ? », interview de Simon Becquet, RAM 05, 4 juillet 2022, https://ram05.fr/une-autre-redevance-est-possible-quelles-alternatives-a-la-suppression-de-la-contribution-a-laudiovisuel-public
Note de lecture Thierry Lefebvre - L Aventurier des radios libres : Jean Duc...Dr Sebastien Poulain
Référence : POULAIN Sebastien, note de lecture, « Thierry Lefebvre, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003). Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p. », Questions de communication, n°40, 2021, http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/27690, https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.27690 et https://www.cairn.info/revue-questions-de-communication-2021-2-page-568.htm
Bien qu’il existe aujourd’hui de nombreux articles de scientifiques sur le monde radiophonique, cela reste moins traité que sur les autres médias. Thierry Lefebvre est actuellement le seul universitaire français à publier régulièrement des ouvrages sur ce sujet (entre ses autres ouvrages sur l’histoire des sciences). Spécialiste des « radios libres », il a commencé son travail de recherche par une approche globale du mouvement radiolibriste dans La Bataille des radios libres. 1977-1981 (Paris, Nouveau Monde Éd., 2008). Dans cette même dynamique, il a dirigé plusieurs livraisons des Cahiers d’histoire de la radiodiffusion sur la fin des années 1970 et le début des années 1980. Puis, il choisit une approche plus individuelle à travers l’étude d’une station de radio dans Carbone 14. Légende et histoire d’une radio pas comme les autres (Bry-sur-Marne, Éd. de l’INA, 2012). Malgré sa programmation très libre et ses émissions illégales, cette radio ne peut pas être qualifiée de « radio libre » au sens du livre précédent – c’est-à-dire une radio qui milite contre le monopole principalement entre 1977 et 1981. Par la suite, il a étudié un événement-radio (ou radio-événement) politique via l’étude de Radio Riposte dans François Mitterrand pirate des ondes. L’affaire Radio Riposte (Paris, Éd. Le Square, 2019). Malgré le travail de préparation et les conséquences, cette radio n’a duré que quelques minutes, avant son brouillage et sa saisie.
Je me permets de signaler que T. Lefebvre et moi avons dirigé deux ouvrages. D’abord, Radios libres, 30 ans de FM : la parole libérée ? (Paris, Éd. L’Harmattan, 2016) qui a permis d’élargir le spectre d’étude grâce à des approches de chercheurs internationaux, de professionnels de la radio, d’archivistes et d’une cinéaste – ce sont les actes du premier colloque sur les radios libres organisé par le Groupe de recherches et d’études de la radio (Grer). Ensuite, Les Radios locales : histoires, territoires et réseaux (Paris, Éd. L’Harmattan, 2021) qui permet, quant à lui, d’étendre le spectre temporel avec l’étude de radios plus anciennes (les toutes premières expériences radiophoniques ou Radio Solitude en Cévennes de France Culture) et de radio beaucoup plus récentes (les webradios locales).
Avec Françoise Dumaine, Alain Zanotti, Benoît Dumaine, Sebastien Poulain, « Généraliser l'Empreinte Solidaire® dans la gestion d'actifs », axes « Quel modèle social pour « faire avec » nos vulnérabilités ? » et « Quelle voie pour une économie soutenable ? », Contribution – « Covid-19 : pour un « après » soutenable », séminaire « Soutenabilités » cycle 1 février-juillet 2020, France stratégie, juillet 2020, https://www.strategie.gouv.fr/projets/seminaire-soutenabilites, https://www.strategie.gouv.fr/publications/covid-19-un-apres-soutenable-synthese-contributions, https://www.strategie.gouv.fr/actualites/modele-social-faire-nos-vulnerabilites, https://www.strategie.gouv.fr/actualites/une-economie-soutenable, https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/seminaire_soutenabilite_-_covid-19_-_contributions_web.pdf et https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/generaliser_l_empreinte_solidairer_dans_la_gestion_d_actifs.pdf
New deal, refondation, résilience, soutenabilité : la finalité est claire. Nous avons la connaissance
des besoins, il y a urgence à agir. L'Empreinte Solidaire®, comme marqueur de l'engagement
inclusif des grands investisseurs institutionnels et une loi Pacte élargie sur l'Assurance-vie
(l'enveloppe). La doctrine AMF sur "engagement" et critères ESG évolue, les cadres d'application
doivent innover pour répondre à cette ouverture et l'urgence du monde d'après. Pour un
changement d'échelle renforçant le S de ESG, dans sa profondeur solidaire. Face à la récession
en formation, aux laissés-pour-compte à venir, les jeunes notamment, il faut une réponse massive
public-privé. La réponse se veut innovante et pragmatique, avec une réelle intentionnalité pour
embarquer les acteurs et les inciter à agir sur le terrain d'un solidaire dédié au post-covid. https://
www.empreinte-solidaire.com/
Référence : préparation en français de l’article « Kein Programm links von der Mitte. Öffentlich-rechtlicher Rundfunk in Frankreich », fondation Friedrich-Ebert, mars 2022, https://www.fes.de/themenportal-geschichte-kultur-medien-netz/artikelseite/kein-programm-links-von-der-mitte-oeffentlich-rechtlicher-rundfunk-in-frankreich, http://library.fes.de/pdf-files/a-p-b/19078.pdf et https://fr.slideshare.net/SebastienPoulain/kein-programm-links-von-der-mitte-ffentlichrechtlicher-rundfunk-in-frankreich
Kein Programm links von der Mitte. Öffentlich-rechtlicher Rundfunk in FrankreichDr Sebastien Poulain
Note « Kein Programm links von der Mitte. Öffentlich-rechtlicher Rundfunk in Frankreich », fondation Friedrich-Ebert, Paris, mars 2022, https://www.fes.de/themenportal-geschichte-kultur-medien-netz/artikelseite/kein-programm-links-von-der-mitte-oeffentlich-rechtlicher-rundfunk-in-frankreich et http://library.fes.de/pdf-files/a-p-b/19078.pdf
Le bénévolat d’entreprise sociale : une nouvelle forme d'engagement des citoy...Dr Sebastien Poulain
Camille Morel (PACTE, Université Grenoble-Alpes et chargée de recherche) et Sebastien Poulain (Mica, Université Bordeaux Montaigne)
, « Le bénévolat d’entreprise sociale : une nouvelle forme d'engagement des citoyens et ses limites », sous la responsabilité de Dan Ferrand Bechmann et Damiano de Facci (Réseau thématique-RT 35 « Sociologie des mondes associatifs » de l’Association française de sociologie-AFS), séminaire « (R)évolutions des formes de l'engagement, sociologie du bénévolat », groupe de travail (GT) 32, Association Internationale des Sociologues de Langue Française (AISLF), 22 mars 2022, 14h00-17h30, https://www.aislf.org/revolutions-des-formes-de-lengagement
Amélie Deschenaux et Sandrine Cortessis, Potentielles nouvelles modalités d’engagement et résistances au sein d’une forme traditionnelle d’engagement bénévole de visite à l’hôpital (Suisse)Sebastien Poulain et Camille Morel, Le bénévolat d’entreprise sociale : une nouvelle forme d'engagement des citoyens et ses limites Marie-Anne Dujarier, présentation de Trouble dans le travail : sociologie d'une catégorie de pensée
Damiano De Facci, La solidarité par le bas, comment répondre à la crise sanitaire (France)
Eric Gagnon, Les impacts de la pandémie, du confinement et des mesures sanitaires sur les organisations où œuvrent les bénévoles ainés et sur les bénévoles eux-mêmes. stratégies organisationnelles et stratégies individuelles visant à maintenir cet engagement.
Yves Raibaud, Travail gratuit et bénévolat dans une perspective féministe "Qui encaisse le travail gratuit“ et ”trouble dans le bénévolat": ces deux énoncés, posés côte à côte, sont stimulants. Le travail gratuit est historiquement et universellement le travail des femmes, ce qui fait penser aux care studies. Trouble fait inévitablement penser à Gender Trouble. Y-a-t-il du trouble dans le bénévolat lorsque certains hommes, certaines femmes, certains autres, ne sont pas à la place où on les attend ?Dan Ferrand-Bechmann, Nouvelles formes de bénévolat, l'écoute à distance : les incontournables deviennent contournables, conclusion sur la valeur du bénévolat.
Challenges Radio : Bolloré n'enraye pas la chute des audiences à Europe 1 Dr Sebastien Poulain
Interview avec Guillaume Echelard pour l'article « Radio: le virage éditorial de Bolloré à Europe 1 n'enraye pas la chute des audiences », challenges.fr, 14 janvier 2022 à 18h22, https://www.challenges.fr/media/radio-le-virage-editorial-de-bollore-a-europe-1-nenraye-pas-la-chute-des-audiences_796648
Le benevolat d’entreprises entre nouvelle delegation de service public et app...Dr Sebastien Poulain
Camille Morel et Sebastien Poulain, « Le bénévolat d’entreprises entre nouvelle délégation de service public et appropriation entrepreneuriale », « Richesses et ambiguïtés du travail bénévole », in Nicolas Da Silva et Pascale Molinier (sous la direction de), Nouvelle revue de psychosociologie, n°32, automne 2021, https://www.editions-eres.com/ouvrage/4830/le-travail-benevole
Gouvernance inclusive et alliances inédites pour un territoire plus innovantDr Sebastien Poulain
Camille Morel et Sebastien Poulain, « Gouvernance inclusive et alliances inédites pour un territoire plus innovant : le cas de la SCIC Citeomix à Mirecourt dans les Vosges », Session 1 « Innovations sociales, projets alternatifs et réseautage : des leviers pour une transition des territoires durable ? », animée par Nassima Hakimi (laboratoire Pacte) et Iharivola Randrianasolo (laboratoire CITERES), Journée d’étude à destination des jeunes chercheur.euse.s « Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires », laboratoire CITERES (Université de Tours) et PACTE (Université de Grenoble), https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/, Cité des Territoires, Grenoble, 15 novembre 2018, https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/data/pages/20181115_Programme_Journee_Jeunes_Chercheurs_2018_modifie.pdf, https://www.slideshare.net/SebastienPoulain/gouvernance-inclusive-et-alliances-indites
Camille Morel et Sebastien Poulain, « Gouvernance inclusive et alliances inédites pour un territoire plus innovant : le cas de la SCIC Citeomix à Mirecourt dans les Vosges », Session 1 « Innovations sociales, projets alternatifs et réseautage : des leviers pour une transition des territoires durable ? », animée par Nassima Hakimi (laboratoire Pacte) et Iharivola Randrianasolo (laboratoire CITERES), Journée d’étude à destination des jeunes chercheur.euse.s « Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires », laboratoire CITERES (Université de Tours) et PACTE (Université de Grenoble), https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/, Cité des Territoires, Grenoble, 15 novembre 2018, https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/data/pages/20181115_Programme_Journee_Jeunes_Chercheurs_2018_modifie.pdf (actes non publiés)
Le benevolat d entreprises sociales une nouvelle forme de benevolat condition...Dr Sebastien Poulain
Camille Morel et Sebastien Poulain, « Le bénévolat d’entreprises sociales : une nouvelle forme de bénévolat conditionnée par l’éthique » (Communication #1775), Groupes de travail émergents (GTE) 09 - Sociologie du bénévolat « Le bénévolat entre travail, éthique et engagement », 17h00-19h00, jeudi 15 juillet 2021, « La société morale », XXIème congrès de l’Association Internationale des Sociologues de Langue Française (AISLF) Tunis, 12-16 juillet 2021, https://congres2021.aislf.org/, https://congres2021.aislf.org/pages/38-prog.php?groupe=GTE09
« La radio de demain s'invente aujourd'hui », « C'est déjà demain », émission animée par Églantine Éméyé, France Bleu, 15-16h, 2/06/2021, https://www.francebleu.fr/emissions/c-est-deja-demain/la-radio-de-demain-s-invente-aujourd-hui et https://radiodufutur.wordpress.com/2021/07/09/france-bleu-la-radio-de-demain/
BERTIN Marie, « Rythmes & formats : “Silence, s’il vous plaît !” De la place accordée aujourd’hui au silence à la radio », syntone.fr, 28 novembre 2012, http://syntone.fr/rythmes-formats-silence-sil-vous-plait/
MARCHAIS Clémentine, « Dingues d’aliens », Cosmos, Ecole de journalisme de l’Institut Français de Presse Paris II, mars 2014, p33-36, http://issuu.com/ifpparis2/docs/cosmos_04
Les radios libres ou la diabolisation de la FM : qu'est-ce que libérer la parole veut dire°?
1. Référence :
POULAIN Sebastien, « Les radios libres ou la diabolisation
de la FM : qu'est-ce que libérer la parole veut dire°? », in
Thierry Lefebvre et Sebastien Poulain (sous la direction
de), Radios libres, 30 ans de FM°: la parole libérée ?,
INA/L’Harmattan, collection « Les médias en actes »,
Paris, 2016, http://www.editions-
harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=5
2049 et
https://lesradioslibres.wordpress.com/2016/11/08/les-
radios-libres-ou-la-diabolisation-de-la-fm-quest-ce-que-
liberer-la-parole-veut-dire-de-sebastien-poulain/
Les radios libres ou la diabolisation de la FM : qu’est-ce
que libérer la parole veut dire ?
Dr. Sebastien Poulain
2. Alors que le président Valéry Giscard d’Estaing affirme en
1976 que « tout monopole est un abus potentiel »1, son
Premier ministre Raymond Barre estime, en mars 1979, que
le monopole hertzien est nécessaire car les « radios libres
recouvrent toutes des intérêts particuliers » et sont donc
susceptibles de remettre en cause la « cohésion de la
Nation » (septembre 1979) par le « germe puissant de
l’anarchie » et la cacophonie qu’elles introduisent sur la
FM. Techniquement, elles seraient susceptibles de
perturber les prérogatives régaliennes de l’État via des
services publics essentiels au contrôle et à l’organisation de
la société, puisque la police, les ambulances, l’armée et
l’aviation utilisent les mêmes ondes, comme l’explique
Jean Autin, président de TDF, société chargée de brouiller
les « radios libres » :
Quelqu’un qui est malade et pour lequel on appelle
une ambulance par radio, parce que, à ce moment-là,
quelqu’un est en train de faire « joujou » avec la
fréquence radio sur laquelle l’ambulance peut être
atteinte, ne sera pas transporté, risque d’être
transporté trop tard ! (Mai 1977.)
De plus, en cas de crise ou trouble politique, les « radios
libres » pourraient être les premiers relais d’appels à la
« guerre civile », selon le quotidien de droite L’Aurore qui
s’en inquiète dès 1976 :
Bientôt, un réseau serré de radios-pirates pourra
recouvrir l’ensemble du territoire. En cas de grande
crise politique, de troubles, ces radios pourront
émettre des mots d’ordre de guerre civile. En tout cas,
elles échappent dès à présent à tout contrôle.
1 Valéry Giscard d’Estaing, Démocratie française, Paris, Fayard, 1976,
p. 61.
3. Il s’agit donc, pour les plus hautes autorités de l’État, de se
prémunir contre les « attaques » et « atteintes » (Barre en
juin 1978) de l’anarchie, aussi bien « venue de l’extérieur
que celle venue de l’intérieur », selon Giscard (juin 1977)
qui reprend une formule de son ministre de la Culture et de
la Communication Jean Lecat à propos de la mini-
périphérique Radio K. En effet, le gaulliste Michel Debré
prévoit que des « puissances d’argent » publiques et
commerciales étrangère pourraient s’approprier la FM
« aux dépens des intérêts culturels, économiques et
politiques de la France » (décembre 1977). Giscard suppose
aussi que :
la mauvaise radio chasserait la bonne et loin d’assister
à un enrichissement de la communication, nous
risquerions de voir se multiplier des radios médiocres.
(Juin 1977)
Barre s’appuie sur l’exemple des « radios libres » italiennes
(assimilées aux Brigades rouges2 par le ministre de
l’Intérieur Christian Bonnet en mai 1978) : « Je pense à la
situation italienne et je dis : Grand Dieu ! Épargnons cela à
notre pays. » (Septembre 1980) De même, les politiciens et
médias conservateurs italiens diabolisent la fameuse et
iconoclaste radio autonomiste Alice, en l’accusant
« d’instigation à l’émeute et d’appel à la guérilla urbaine »,
et l’un de ses fondateurs - Franco Berardi - d’« association
de malfaiteurs dans le but de subvertir les institutions de
l’Etat » et d’« instigation à la haine de classe » lors des
émeutes de Bologne (mars 1977). Alice, pour qui
diabolisation est synonyme de libération, s’en vante :
2 Certaines y lisent en effet quelques communiqués de presse.
4. Le Diable est revenu sur terre sous de multiples
aspects. Le diable est Alice, et l’assaut total à l’état de
l’oppression, c’est notre sourire, et notre esprit qui se
pense, le diable est notre corps toujours plus beau et
plus libre, capable d’aimer3.
Selon Barre, qui souhaite éviter l’importation du diable
« radiolibriste », Dieu représente en quelque sorte l’État-
Nation. C’est un « symbole »4 universel et transcendant, qui
rassemble, unit, organise et civilise la Nation, alors que le
« diable »5 représente le « particulier » anarchique des
« radios libres » qui est susceptible de diviser, tromper,
créer la confusion. La « bataille des radios libres »6 est avant
tout une bataille de mots et de symboles pour savoir qui est
légitime ou dangereux, pirate ou libre. Lors des débats
parlementaires à propos de la loi de 1978 sanctionnant
l’atteinte au monopole, les « radios libres » sont d’ailleurs
traitées de « “graffitis sonores” badigeonnées dans quelque
“immense confessionnal” » (Lecat), et les « radiolibristes »
d’« aimables et ingénus poissons pilotes » à la recherche
d’une « halte-garderie » (Joël Le Tac) qui produisent un
3 Collectif A/Traverso (Luciano Capelli et Stefano Saviotti), Radio
Alice, Radio Libre, Paris, Jean-Pierre Delarge, 1977 (préfacé par Félix
Guattari : « Des millions d’Alice en puissance »), p. 53, traduction
d’Alice è il diavolo.Sulla strada di Majakowskij: testi per una pratica
di comunicazione sovversiva de 1976, réédité et augmenté par Berardi
et Ermanno Guarneri en 2002 (Alice è il diavolo. Storia di una radio
sovversiva). L’expression est reprise dans un feuillet « radiolibriste » -
La Radio ? Maisc’est le diable !Ou la beauté des pirates et des potages
en sachet (Paris, éditions Radio Technique Compelec, 1977) - et dans
l’article « La radio ? Mais, c’est le diable ! » de Pierre-Yves Bulteau
(Mouvements, n° 61, 2010).
4 Symballein : syn-, avec, et -ballein, jeter.
5 Diaballein : dia-, à travers.
6 Thierry Lefebvre, La Bataille des radios libres 1977-1981, Paris,
Nouveau Monde/Ina, 2008.
5. « journalisme parallèle, marron et “clochardisé” » (François
d’Aubert)…
La bataille de programmation et d’audience, qui concernera
surtout les radios publiques et commerciales quand ces
dernières pourront se développer, est donc précédée par la
bataille de communication et d’émission. À l’heure de la
« société de communication » (Érik Neveu), les
« radiolibristes » sont directement en débat et en lutte avec
les hommes politiques (il existe des relais bienveillants dans
les partis) et l’État (la police, la justice et TDF), via leur
surmédiatisation7. « Libérer la parole »8 est avant tout
émettre, car émettre est considéré comme un acte politique.
À défaut d’être réellement entendu, il s’agit de faire croire
en sa capacité à l’être. Beaucoup partagent, avec les
politiciens, l’idée que les « radios libres » pourraient
7 Il y a surmédiatisation de certaines actions, paroles, idées, radios,
revendications,audiences...de la part des journalistes de la presse écrite
qui peuvent avoir des liens et des affinités avec les « radiolibristes » et
qui ont aussi tendance à les homogénéiser. Or, les actions
« radiolibristes » étaient souvent sporadiques et éphémères, les
conditions d’émission et de réception difficiles, les revendications
plurielles (des statuts de radio associative ou commerciale ; des radios
financées par des dons, des aides publiques ou de la publicité), les
objectifs divers (changer la manière de faire de la radio, réaliser des
émissions politiques, donnerla parole à tous ou diffuser de la musique
thématisée ; diffuser à l’échelon de l’université, du quartier, de la ville,
de la région ou du pays ; viser un public indifférencié ou
communautaire), les réussites variables (saisie dès la première
émission ; disparition au bout de quelques unes ou quelques mois ;
vente de fréquence ; changement radical de ligne éditoriale ;
monopolisation de la parole par des animateurs issus de milieux
favorisés ; clonage des contenus diffusés ; notoriété, attractivité et
audience faibles)…
8 Sebastien Poulain, Compte-rendu, « Colloque international "Radios
libres, 30 ans de FM°: la parole libérée°?", organisé par le Groupe de
Recherches et d’Études surla Radio, Paris, 20-21 mai 2011 », Le Temps
des Médias, n°16, 2011, http://www.cairn.info/revue-le-temps-des -
medias-2012-2-page-245.htm.
6. influencer le jeu politique - ne serait-ce que par leur
« efficacité symbolique » (Claude Lévi-Strauss) - et
recommencer ou continuer Mai 68 par d’autres moyens : la
radio comme substitut d’une structure de coordination
(Anthony Oberschall). En bataillant sur le domaine public
hertzien, les « radiolibristes » diabolisent les ondes par leur
simple existence, qui dépossède de fait les divinités
étatiques du verbe, de la vérité, de la loi, de la lumière
qu’Autin appelle « objectivité » :
Pour moi, le monopole, c’est encore ce qu’on fait de
mieux dans l’intérêt de la population toute entière, car
il garantit l’objectivité. (Décembre 1977.)
La prise de parole « radiolibriste » remet en question la
« doxa démocratique » (Pierre Bourdieu) car elle
menace fondamentalement tous les systèmes
traditionnels de représentation sociale, [et] remet en
question une certaine conception du délégué, du
député, du porte-parole autorisé, du leader, du
journaliste...9
Les « radiolibristes » introduisent de l’autre, du dissonant,
du divergeant, dans une sorte d’entre soi audiovisuel
hégémonique et oligopolistique10 (bien commode pour les
autorités) à travers leur parole contre-culturelle. En tant que
« ressources cognitives » (William Gamson) hétérodoxes à
la « bonne parole » (Pierre-Yves Bulteau), ils semblent
pouvoir créer d’autres croyances collectives, systèmes de
valeur, représentations sociales, doctrines, idéologies,
9 Félix Guattari, « Les Radios libres populaires », La Nouvelle Critique,
n° 115, 1978, p. 77.
10 Antoine Lefébure, « Périphériques and CO », Interférences, n° 1,
décembre 1974.
7. catégories d’entendement et de perception des réalités
sociopolitiques. Ils interrogent les limites de la démocratie
et remettent en cause l’État unitaire et républicain dans sa
façon de raconter la vie politique et l’histoire du monde,
grâce à la possibilité de choisir, plus ou moins directement,
les personnes ayant droit de la relater et la manière de le
faire. Ils troublent l’ordre établi en contestant le « monopole
[divin] de la violence physique et symbolique légitime »
(Bourdieu) - dont la réinstauration pourrait être fixée
symboliquement à l’appel du 18 Juin11 -, grâce à la
possibilité qu’ils ouvrent de dire, à grande échelle et en
direct (en studio ou par téléphone12), autre chose, autrement
et par d’autres. Ils revendiquent le droit de faire parler, de
façon illégitime, des personnes illégitimes sur des sujets
illégitimes et des musiques illégitimes, notamment le hard
rock qui redonne vie au diabolicus in musica13 (Slayer,
Black Sabbath…). Ces personnes illégitimes -
régionalistes, anarchistes, communautaristes, immigrés,
féministes, homosexuels, prisonniers, handicapés, malades,
jeunes, ouvriers, pauvres, chômeurs, objecteurs de
conscience… - « dévient » (Howard Saul Becker) du
modèle du citoyen idéal du « bon père de famille »14, blanc,
hétérosexuel, cadre et propriétaire, et sont donc susceptibles
de salir et polluer le domaine public hertzien avec leurs
« stigmates » (Erving Goffman) et leurs paroles
potentiellement subversives, car potentiellement
11 Les 1res notes de musique de la 1re émission de Radio Verte (13 mai
1977) sont celles de la 5e symphonie de Beethoven, qui était l’indicatif
des émissions de la France Libre sur la BBC.
12 Sur l’utilisation du téléphone en direct : Franco Berardi, « Les radios
libres et l’émergence d’une sensibilité post-médiatique », Multitudes,
no 21, 2005, p. 20-21.
13 Jacques Sutter, « Musique et religion : l’emprise de l’esthétique »,
ASSR, no 94, 1996.
14 Ce n’est que le 21 janvier 2014 que cette expression a été supprimée
du droit français par un amendement adopté par l’Assemblée nationale.
8. pornographiques, mensongères, ironiques, vulgaires,
obscènes, amatrices, populaires, militantes, incontrôlables,
irrespectueuses, immorales, impolies, étrangères,
spontanées, poétiques, directes, donc libres en quelque
sorte. La parole est subversive et révolutionnaire par nature,
selon le groupe « Il Gatto Selveggio » (le chat sauvage), à
l’origine de la revue A/Traverso et d’Alice, et par ailleurs
inspiré par Dada et Maïakovski.
Ces « braconniers » (Michel de Certeau) de la « politique
symbolique » (Lucien Sfez) sont donc susceptibles de
déstabiliser la communication politique étatique, de
modifier l’agenda public, en introduisant de nouveaux
problèmes ou contre-problèmes publics grâce à l’« effet
d’engrenage » (Rainer Mathes et Barbara Pfetsch) qui
pousse les élites et institutions à prendre en compte les
actions et opinions illégitimes des entrepreneurs de causes
marginales (Howard Saul Becker), parce qu’elles sont
diffusées progressivement dans l’espace public « légitime »
(Jürgen Habermas). En médiatisant « l’humeur
contestataire » (Lilian Mathieu) et « anti-institutionnelle »
(Pierre Bourdieu), ils peuvent jusqu’à un certain degré
saper la sacralité, l’autorité, la crédibilité et la popularité
des gouvernants et institutions publiques, voire changer ou
dérégler le langage, les rituels et les règles du « jeu » ou
« champ » politique. À leur niveau, qui est à relativiser, ils
sont susceptibles d’ébranler les relations de domination
sociale et l’ordre social, en montrant son mode de
reproduction, ses hiérarchies, monopoles et inégalités
(Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon). Grâce à leur
pouvoir de séduction « diabolique » (nouveaux animateurs,
programmes, musiques), ils conquièrent les oreilles des
auditeurs et l’« âme » de l’opinion publique, pour laquelle
« le diable et le bon Dieu se livrent bataille »15 afin de
15 Jean-Loup Thébaud, « Le diable est dans les détails », Le Portique,
n° 12, 2003.
9. modifier les liens entre les individus et leur groupe
d’appartenance, donc les contours des communautés
politiques : quel ennemi, délinquant, étranger, anarchiste,
diaboliser ?
En s’autoproclamant « radios de substitution » et en
émettant en parallèle16 aux « radios de représentation »
(Jacques Semelin) étatiques et périphériques, les
« radiolibristes » choisissent la « désobéissance civile »
(Henry-David Thoreau) ou l’« illégalisme » (Michel
Foucault) « non-violent » (Lanza del Vasto) comme mode
d’action politique de « résistance à l’oppression » (John
Locke), susceptible de faire évoluer le paysage médiatique,
comme le justifie un appel de 1977 de l’Association pour la
libération des ondes (ALO) : « La loi est caduque lorsque
plus personne n’en veut. » Ils cessent d’obéir aux lois de la
cité, parce que celles-ci leur paraissent injustes et iniques,
donc illégitimes, sans valeur et sans autorité par rapport aux
droits de l’homme : Radio Fil-Bleu (fondée par des
membres du Parti Républicain) utilise l’article 10 de la
CEDH sur la liberté d’expression et de la presse devant les
juges en 1977. Ils décident de reprendre la souveraineté qui
a été transférée aux représentants politiques via le fameux
« contrat social » (Jean-Jacques Rousseau), afin de
reconstruire des micro-contrats sociaux pour des micro-
communautés constituant des « micro espaces » publics
(Daniel Dayan). Et c’est ce dont les autorités publiques
semblent se méfier et tenter d’« exorciser » (Giordana
Charuty), à travers le « mécanisme de contrôle social »17
16 La manière dont les fréquences prennent place aléatoirement sur la
FM - alors que les chaines TV sont numérotées et la presse inégalement
distribuée - peut donnerune impression d’égalité, alors que les moyens
à disposition sont incommensurables.
17 Julien Bonhomme, « Magie/sorcellerie », Dictionnaire des faits
religieux, PUF, Paris, 2010, p. 684.
10. que constitue la diabolisation symbolique des
« radiolibristes ».
L’exemple d’une radio « expressiviste » (Dominique
Cardon et Fabien Granjon) « diabolique »18 peut être
éclairant : Ici et Maintenant - l’une des radios « rebelles »
« “survivantes” se faisant l’écho du “mouvement social” »19
- est la plus ancienne des radios locales privées parisiennes
encore en activité, puisqu’elle débute ses émissions20 le 21
juin 1980 (« jour du soleil ») à 23h0021 sur 102 MHz22, au
son de Rainbow in Curved Air de Terry Riley, depuis un
appartement de l’avenue Victor-Hugo (16e) prêté pour
l’occasion.
La manière d’organiser le fonctionnement de cette radio
applique en grande partie l’utopie communicationnelle
« deleuzoguattarienne » d’Alice, mais saupoudrée de
principes bouddhistes : l’ici et maintenant devient le direct,
la suppression de l’ego devient l’absence de vedettariat…
Programmation :
18 En plus de son intérêt pour l’ésotérisme (partagé par beaucoup
d’animateurs de RIM), Jean-Paul Bourre - écrivain, journaliste et
animateur à RIM depuis 1982 - est connu pour son attrait pour le
satanisme, qu’il dit avoir expérimenté : Les Fils du Feu, 1971 ; Les
Sectes lucifériennes aujourd’hui, 1978 ; Le Sang, la mort et le diable,
1985 ; B.a.-ba satanisme, 2000.
19 Dominique Cardon et Isabelle Sommier, « La rébellion dans la
communication », La France rebelle, Paris, Michalon, 2002, p. 504.
20 2 000 affichettes orange fluorescentes (éditées par Claude Palmer, de
la FNRL) ont annoncé l’événement.
21 Heure où la TV cesse, le brouillage de TDF à 22h30, les flagrants
délits à 22h, Radio 7 à 1h, Musique à 2h.
22 En dehors des radios d’État (Radio 7 sur99.8 MHz, Musique sur97.6,
Culture sur 93.35, FIP sur 90.35, Inter sur 87.8), peu de radios libres
émettent (Ivre sur 88.8, OVNI sur 92.5, Montmartre sur 98.55) à Paris
quand RIM décide d’émettre tous les soirs.
11. - spontanée, improvisée (sans grille23) et animée par le Do
It Yourself, donc différente chaque jour ;
- antenne en direct, artistique, ouverte, expérimentale,
créative24 ;
- liberté d’expression25 (anonymat et non-sélection) et du
temps disponible26 ;
23 Jusqu’à l’arrivée au centre Pompidou, où sont créées une lettre
d’information et une grille diffusée sur 3615 club1 (1986-1987).
24 Exemples : lecture pendant trois jours et trois nuits du Bottin de Paris
jusqu’à la lettre b, création d’échos ou de boucles musicales grâce à une
rayure de pièce de monnaie surun vinyle (trois platines), multiplexage
de studios, jukebox électromagnétique branché à un ordinateur Apple
2, avec une carte d’émulation automatique connecté à un serveur
minitel, tentative de transmission d’images par le branchement de la
radio sur le minitel, quadriphonie avec deux émetteurs stéréo et deux
bandes synchro écoutés par quatre hauts parleurs, diffusion en
intégralité d’albums pour obliger les maisons de disques à en envoyer,
diffusion de Ludwig de Ferré pendant trois jours pour dénoncer le
matraquage commercial, musique répétitive pendant 26 heures,quatre-
vingt Dylan en deux nuits avec traduction de textes, neuf symphonies
de Beethoven à la suite,émission en se lavant les dents ou sous LSD (et
autres substances), zapping TV et radios internationales, parties
d’échec, lectures in extenso (L’Amant, Milarépa, Serpent à plume),
bande son de films (Jésus de Nazareth, Tusk, Hiroshima mon amour,
Mash, Allons z’enfants, Le Chagrin et la Pitié), petites annonces
matrimoniales…
25 Les incitations à la violence, au nazisme, à la pédophilie, le conflit
israélo-palestinien, obligeront à contrôler.
26 Le coût de l’appel est de 0,50 F/8h dans Paris.
12. - interactivité27, égalité28, multiplicité, simultanéité à
l’antenne (animateurs/invités/auditeurs) ;
- pas de fermeture du micro (y compris pendant la
musique) ;
- transparence29 et polyvalence
(producteur/standardiste/réalisateur/journaliste) des
animateurs ;
- démonopolisation de la production médiatique et
journalistique grâce à « l’auditeur-professionnel » ;
- valorisation et utilisation de toutes les technologies
communicationnelles et informatiques30.
27 Radio ping-pong utilise le répondeur pour mettre en présence deux
personnes en désaccord sur un thème choisi, tandis que les autres
« comptent les points » en fonction des arguments. Radio Solo donne
antenne libre à un auditeurentre 5 mn à 4 h.(Sebastien Poulain, « Guérir
de la société grâce à la radio : usages des libres antennes de Radio Ici
et Maintenant », GT13, AISLF, Istanbul, 7-11/07/2008,
http://web.univ-
pau.fr/RECHERCHE/SET/AISLFCR33/DOCS_SOCIO/istambul/Act
es_AISLF_GT13_Istambul_2008.pdf)
28 Tutoiement de rigueur.
29 Pour rendre les animateurs « neutres », RIM les appelle « Némo »,
les remplace par l’« animateur ultime » Éliza - un logiciel sur
Macintosh, issu des laboratoires du MIT, qui répond aux auditeurs en
s’adaptant à leurs propos en identifiant 2 000 concepts (trophée du
« Meilleur Programme » lors du 1er « Festival de la FM » en mai 1982)
- et les sort de l’antenne dans Radio Village.
30 En 1984, RIM possède un T07, un Sanyo PHC 25, un Commodore
64... L’émission Hot-line informatique de Sébastien Mayer collabore
avec TF1 et diffuse des logiciels à l’antenne pour des Sinclair ZX80,
Thomson MO5, Oric, Sanyo,Sharp 1350... 1er site internet en 1996 avec
l’ouvrage de Ram Dass en bilingue (déjà sur disque 3 " ½ et Minitel).
1er portail professionnelhttp://nseo.com/ payé par Ouaki (70 000 F) en
1997. Dans les années 2000, des webcaméras sont installées dans le
studio pour diffuser les images sur http://icietmaintenant.com/ grâce
aux logiciels VLC, Sopcast, Dedibox ou Flashplayer et ainsi créer la
« Télévision Ici et Maintenant Expérimentale ! » qu’elle tente de mettre
en place en 1982 puis 1984 (grâce à environ 100 000 F de Nouvelles
Frontières, et la tentative de fabrication sur plan d’un émetteur par
13. Organisation :
- réticulaire, non-hiérarchique, fluide, informelle ;
- studio chez soi31, un copain, une petite amie ou dans une
cabine téléphonique ;
- changements réguliers de lieu d’émission32 (pour
échapper à la police), puis de production (pour partager le
travail) ;
Wladimir du SAV de Darty). Il est désormais possible de trouver cette
télévision surson Iphone,grâce à l’application gratuite Ustream ou à la
télévision grâce au FAI Free. Ainsi, il existe aujourd’hui un site de
streaming qui permet de regarder des émissions filmées de RIM
(http://rimlive.com/), un site internet pour télécharger des émissions
(http://www.rimcast.fr/), de la plateforme
http://radioicietmaintenant.radio.fr/ qui ne fait que diffuser la radio, de
la Télévision Ici & Maintenant Expérimentale !
(http://icietmaintenant.com/TimeUstream.htm), du blog de Plaige de
veille ufologique (http://ovnis-usa.com/), du forum internet de la radio
(http://icietmaintenant.fr/SMF/), du blog de Plaige consacré à l’ouvrage
Protocole oracle (Chamanéditionuméric, Autrecourt, 2012) de Plaige
(http://protocole-oracle.com/), du blog de Plaige sur son projet de
création de radios pour les Communautés Shipibos au Pérou
(http://radio-shipibo.com), des réseaux sociaux numériques Twitter
(https://twitter.com/RIM952 avec 1 117 abonnés pour225 tweets le 30
mars 2015) et Facebook
(https://www.facebook.com/RadioIciMaintenant 2 360 « like » le 30
mars 2015). (Sur le rapport entre RIM et les technologies : Sebastien
Poulain, « Postmodernité et postradiomorphoses : contexte, enjeux et
limites », RadioMorphoses (en cours de publication))
31 Chaque animateur dispose de deuxplatines, un micro, des câbles,une
mixette à 4 voies et une ligne Télécom. Pour diffuser une musique, il
s’agit de dévisserles fils rouge et bleu attachés à la pastille de l’écouteur
annexe du téléphone, de les relier - via une pince crocodile ou du
chatterton - à une rallonge casque sectionnée à 1 cm de la fiche femelle
qui contient trois fils (deux de couleur à relier pourles rendre mono ; le
3e, soit noir soit en cuir, est la masse commune et reste indépendant) et
de brancher la rallonge sur la prise casque stéréo pour jack mâle 6.35
mm de l’amplificateur (idée d’un auditeur lors du premier Radio
Village).
32 Grâce à son réseau, RIM installe des antennes (de CB taillées de la
14. longueurde la fréquence) à diverses adresses dans Paris (il faut environ
trois jours pour repérer une antenne par triangulation) : 5e, 8e, 9e, 15e,
16e, 18e (chez Alain Blottière, écrivain, au sommet de Montmartre, où
est installé longtemps l’émetteur), Levallois-Perret. Les émissions sont
envoyées par téléphone. Il suffit de faire la ligne, brancher l’émetteur,
décrocher le téléphone, allumer l’émetteur (à recommencer lorsque la
ligne chauffe trop et saute). Le 1er émetteur de 10 W (FIP est à 12 kW)
a été acheté à des étudiants de Radio Babylone (Clermont-Ferrand) pour
2 000 F, l’antenne pour 300 F, le câble coaxial pour 500 F dans des
boutiques parisiennes. Lefébure prête un émetteur de 15 W après la
1re saisie. Cyprien Luraghi, technicien de feu Radio Paris 80, en achète
un en urgence auprès d’Andréa Zanobetti (technicien d’Alice) à
Bologne, où la surenchère de puissance entraine la revente des petits
émetteurs et où Luraghi retourne deux autres fois l’été 1980. Plaige et
Skornik achètent un 25 W à Milan à l’automne 1980, grâce au prêt
d’une Golf d’un client d’un restaurant de Saint-Germain souhaitant une
paire de chaussures,mais qui ne les aura pas. En juin 1981, ils achètent
un 100 W après un don de 40 000 F d’un ami informaticien de Mayer
(Padovani), puis un 500 W, 2,5 kW (1984), 12 kW de PAR (fort de
Romainville-TDF), 4 kW depuis 2001 (Mercuriale, Towercast-NRJ).
15. - bénévolat33 et financement non-commercial34 (mais
dons35, partenariats36, audiotel37, FSER, location
d’antenne) ;
- statut associatif (Fondation Ici et Maintenant38) et
indépendance vis-à-vis des institutions (syndicales,
publiques, commerciales)…
Mais son modèle radiophonique, que Thierry Lefebvre
(animateur de 1985 à 1986) qualifie de « Zone Autonome
Temporaire » (Hakim Bey), va au-delà de la
communication libre. RIM propose des « nouvelles formes
de vie sociale », c’est-à-dire d’autres manières de :
- se déplacer (transport collectif, non polluant, gratuit) ;
33 La précarité de certains animateurs est compensée par leurs réseaux
et la plupart sont défrayés par Plaige : logement, téléphone, électricité,
alimentation, essence, matériel…
34 Investissement en 1980 : 10 000 F (2 000/pers. : Plaige, Skornik,
Caron, Cabanes,Reusser). Budget annuel : 200 000 F en 1983, 160 000
€ en 2006.
35 Ouaki se souvient avoir imité les animateurs de radios commerciales
pendant deux heures pour inciter les auditeurs. 120 000 F (dont un
chèque de 50 000 F de Paloma Picasso) ont ainsi été récoltés en 1983.
En 1984, 44 souscripteurs payent un écot mensuel et 2 000 personnes
ont une carte d’auditeur.
36 RIM obtient des accords avec le Salon micro-expo, le Grand Palais,
Marjolaine, Vivre Zen, Vivre autrement… en échange de financements
ou de matériel. Tati et Beaubourg prêtent un studio. RIM pratique le
publi-rédactionnel avec différents invités : médecines douces,
astrologues, associations. Autres : conférences, ventes de livres et
vinyles, exposition-vente d’œuvres offertes par des auditeurs et artistes
(Folon, Avoine, Cogolo, Sabatier, Soulas, Jean Teulé, Erik, Lochu,
Classe, Soucas de Vilar).
37 0,34 €/min et une audience de 5 000 auditeurs/j dans la deuxième
partie des années 2000 contre une audience de 186 000 auditeurs (dont
97 000 réguliers) selon un sondage, à relativiser, de l’agence Quotas-
Média des Autres de novembre-décembre 1983 (DUTEIL Christian,
« Radio Ici et Maintenant."La flibuste des ondes" »,Antenne Magazine,
1984) dont les résultats sont à prendre avec prudence.
38 Nom qui laisse supposer des ambitions au-delà de la radio.
16. - habiter (écovillages, développement durable, énergies
alternatives) ;
- s’alimenter (végétalisme, bio, jeûne, consom’action) ;
- se soigner physiquement (médecines alternatives,
magnétisme, vitamines) ;
- se soigner psychologiquement (développement personnel,
pensée positive) ;
- faire de la science (parascience, paramédical,
parapsychologie, télépathie) ;
- croire (ufologie39, spiritisme, spiritualisme, ésotérisme,
astrologie40) ;
- éduquer (lycée autogéré, école Steiner) ;
- se cultiver (friches culturelles, squats artistiques) ;
- écouter de la musique (country, world, new wave,musique
répétitive) ;
- militer (grève de la faim, non-violence, abstentionnisme,
contre-expertise critique) ;
- voir la politique (libertarisme, altermondialisme,
écologisme, complotisme) ;
- voir l’économie (troc, économie solidaire, décroissance,
anticapitalisme)…
À l’image des Cultural Creatives (Sherry Anderson et Paul
Ray), il s’agit de révolutionner la radio, voire au-delà, en
proposant de « mettre en pratique une nouvelle manière de
penser, de nouvelles valeurs, un nouveau rapport à soi, au
monde, à la nature, au temps ainsi qu’une nouvelle manière
d’envisager le vivre-ensemble et l’organisation de la
société »41, grâce à la création d’un « service public idéal »
39 Sebastien Poulain, « La fabrique des extraterrestres », Mots. Les
langages du politique, n° 92, mars 2010,
http://mots.revues.org/index19401.html
40 Sebastien Poulain, « Retour vers le futur ou l’ascendance
radiophonique de Madame Soleil », Radiography, 21 juin 2014,
http://radiography.hypotheses.org/1312
41 Emeline de Bouver, « La simplicité volontaire », La Consommation
17. en vue du « bien-être » et de l’« éveil », l’« épanouissement
des consciences », la « libération des tabous et des
conditionnements » des auditeurs dans un espace public
multimédiatique autonome (Frédéric Dubois et Andrea
Langlois), alternatif (Chris Atton), contre-culturel
(Clemencia Rodriguez), à l’intersection des nouveaux
mouvements religieux42, informationnels43 et sociaux.
Ses fondateurs (Didier de Plaige et Guy Skornik) et
animateurs sont comédiens, journalistes, écrivains, artistes,
technophiles, radiophiles, mélomanes, cinéphiles,
voyageurs, néo-bouddhistes44, libertaires (plutôt gauchistes
et écologistes et de parents gaullistes) et qualifiés de baba,
beatniks, hippies, freaks, truth seekers…
Ce sont très majoritairement des hommes, même si
l’appartement d’Élisabeth Caron sert longtemps de studio,
si Léna Cabanes (compagne de Plaige et dirigeante à
Nouvelles Frontières) participe à la fondation, si Ophélie
Grolade (1983-1986, de RFO et de la rosicrucienne Radio
3) crée le magazine « Science et conscience » et si
Supernana (1983-1986, 1988 et 1991) et la féministe
Isabelle Alonzo (2006-2007) en sont animatrices.
Ils ont majoritairement la trentaine et ont donc vu Mai 1968,
mais sans se politiser et monter sur les barricades, puisque
critique, Paris, Desclée de Brouwer, 2011, p. 191.
42 Un animateur issu du Mandarum reste quelque temps. Lama Denis,
Selo Black Crow, Soeur Marguerite, Deshimaru, Kalou Rinpoché et
autres mystiques... sont invités « au kilo » selon Alain Dubois. Des
représentants de Moon, l’Église universelle du royaume de Dieu,
Benjamin Creme, Eckhart Tolle louent de l’antenne (pratique existante
surles périphériques : Radio Évangile, avant les programmes matinaux
de RMC, de 1961 à 2006.).
43 Dominique Cardon et Fabien Granjon, Médiactivistes,Paris, Presses
de Science-Po, 2010
44 Une grande partie des animateurs de RIM sont issus de tradition
catholique et juive et se sont convertis au bouddhisme (y compris
Supernana !). Ouaki a publié un entretienavecle Dalaï-Lama, La Vie est à
nous (Paris,Albin Michel,1996) avant de retourner à ses origines juives.
18. plutôt réfractaires aux partis politiques (notamment au parti
communiste) et à la violence45.
La plupart ont le bac et parfois bien davantage grâce à des
capitaux socioculturels et économiques familiaux
importants. Ils estiment que la radio est un moyen de
remplacer l’école en entrant dans la vie des gens et en
découvrant les choses par procuration.
Mais certains ont décidé d’arrêter leurs études de la même
façon qu’ils ont rompu violemment avec leur éducation et
leur famille. La radio a donc pu servir de « communauté de
substitution ». En effet, l’équipe d’animation est restreinte,
les animateurs46 passent une grande partie de leur temps à
l’antenne (par tranche de 8 heures toutes les 24 heures) ou
à la préparer, et sont solidaires les uns des autres en
partageant repas, jobs, « bons plans ».
Mais il y a peu de réunions d’équipe. Peu d’animateurs
dépassent les deux ou quatre ans d’antenne. Par ailleurs,
peu d’entre eux ont souhaité vivre et vécu en communauté,
à l’exception d’une tournée théâtrale (Gérard Lemaire) ou
musicale (Jean-Michel Reusser), voire dans des pratiques
religieuses47.
45 La comparaison avec Alice est donc difficilement soutenable,même
si RIM a couvert des manifestations comme celle où Dubois (filleul du
résistant communiste et sociologue Jacques Maître) s’est retrouvé en
direct dans une cabine téléphonique entre les étudiants d’extrême droite
et les CRS (l’un d’entre eux lui arrachant le combiné).
46 Voici un organigramme (un peu artificiel) de RIM début 1984 (après
le départ de Skornik avec Élisabeth Caron, devenue Skornik) :
Direction : Plaige ; Information : Lemaire ; Relations extérieures :
Ouaki ; Développement informatique : Mayer ; Programmation
musicale : Reusser ; Direction littéraire : Blottière ; Reportages : de la
Croix, Bouton, Dubois, Henri Béhar ; Animation : Daniel Chartier,
Patrick Haoua, Jean-François Laurot, Marc Perez, Jean-Philippe
Thérond (longtemps animateur à RIM sur la BD), Serge Thomelin ;
Technique : Wladimir ; Réalisation : Frédéric Moir (luthier devenu
psychanalyste jungien et animateur à RIM sur l’analyse des rêves).
47 Formé au Centre européen de yoga fondé en 1970 à Paris par Jean
19. L’idée de communauté se retrouve dans le programme
Radio Village - qui débute sur Radio Gnome le 1er
décembre 1980 -, où il s’agit pour les auditeurs d’appeler la
station et passer automatiquement (du moins dans un
premier temps) à l’antenne pendant 4 minutes environ.
Mais ce programme est tout aussi collectif
qu’individualiste, puisqu’il y est paradoxalement
impossible de dialoguer directement (mais ce dialogue est
largement encouragé dans d’autres formats d’émissions).
Autre paradoxe, si les animateurs ont une vision très
démocratique et égalitariste de l’antenne, certains partagent
une idéologie élitiste et paternaliste, à l’instar de l’idée
platonicienne selon laquelle les sages « spirituels » seraient
les mieux à même de diriger la société grâce à une meilleure
« conscience » du monde. Certains ont d’ailleurs des
origines aristocratiques (ou veulent en donner l’image) et
sont, pour la plupart, issus de la petite et moyenne
bourgeoisie : fils d’industriels, de cadres supérieurs...
Fabien Ouaki va hériter de Tati. Plaige devait reprendre, de
son père, une franchise d’Havas à Brazzaville et trois
librairies après son BTS en publicité. Ainsi, la plupart ne
payent pas de loyer grâce à leurs familles48 et leurs amis -
un atout pour faire fonctionner une radio non commerciale.
De plus, beaucoup sont à la recherche d’une religiosité
Bernard Rishi (lui-même formé par Pattabhi Jois, fondateur de l’école
de Mysore),Plaige est professeurde yoga entre 1970 et 1972 à Dumfries
etau monastère Kagyupa Samye Ling -1er centre tibétain en Occident - dans
les Lowlands d’Écosse où il vit avec sa compagne et sa sœur (devenue
ensuite professeure de Shiatsu à 7 km du château de Plaige) et où il a
invité Ram Dass (rencontré à une conférence à Londres) et reçu Kalou
Rinpoché. Puis Plaige réunit 200 000 F pour acheter le château de
Plaige (avec l’idée de créer un centre multiconfessionnel) et participe
entre 1974 et 1978 à la construction du centre bouddhiste le plus
important d’Europe : Dashang Kagyu Ling ou Temple des mille
Bouddhas (Bourgogne).
48 Ouaki et Plaige possèdent des autos utiles en cas de soucitechnique.
20. supérieure, parce que syncrétique, naturelle, ésotérique, et
se distinguent culturellement en faisant intervenir à la radio
des artistes pointus, polyvalents, underground et
prestigieux49. Ainsi, ils s’estiment au-dessus des
« radiolibristes » ordinaires par leur recherche de
professionnalisme et leur conviction de construire un projet
solide et viable. Il faut dire que les animateurs ne sont pas
totalement des « radiolibristes » débutants :
49 Christophe Alévêque, Djamel Allam, Greame Allwright, Arno, Jean-
Louis Arti, Hugues Aufray, Robert Badinter, Joan Baez, Jules
Beaucarne, Julian Beck, Jacques Bertin, Richard Bohringer, Charles
Bukowski, Cabu, Jean-Patrick Capdevielle, Marie Cardinal, Jean-Paul
Chaillet, Charlebois, Hervé Christiani, Chick Corea, Charlélie Couture,
Michel Crépeau, Elisabeth D., les frères Dagar, Régis Debray, Jean-
Pierre Dessertine, Manu di Bango, André Diligent, Jango Edwards,
Brian Eno, Jean-Pierre Faye, Léo Ferré, Nino Ferrer, Alain
Finkielkraut, Dan Franck, Serge Gainsbourg, Gébé, Philip Glass, Jean-
Luc Godard, Jean-Jacques Goldman, Jimmy Guieu, Marc Guillaume,
Jacques Higelin, Pierre et Igor Hossein, Paula Jacques, Jean-Michel
Jarre, Alejandro Jodorowsky, Michel Jonas, François Jouffa, Marin
Karmitz, Philippe Lacoue-Labarthe, Valérie Lagrange, Brice Lalonde,
Jérôme Laperrousaz, André Laude, Maxime Le Forestier, Philippe
Léotard, Emmanuel Levinas, Michel Lonsdale, Fabrice Lucchini,
Colette Magny, Judith Malina, Gérard Manset, Phil Marso, Ahmad
Shah Massoud,Gabriel Matzneff, Gilbert Montagnier,Aguigui Mouna,
Georges Moustaki, Pierre Nora, Geoffrey Oryema, Jean-Pierre Perrin,
Bertrand Poirot-Delpech, Godfrey Reggio, Serge Safran, Henri
Salvador, Christine Sauzeau, Klaus Schulze, Philippe Sollers, Alan
Stivell, Lionel Stoléru, Jacques Taquet, René Tavernier, Pierre
Toureille, Jean-Louis Trintignant, Frédérick Tristan, Jean-Pierre Tuil,
Vangelis, Jacques Vergès, Marine Vlady, Jean-Luc Weyl…
21. - Plaige et Skornik ont travaillé à Antenne 250 et Inter51 et
visité deux « radios libres » : Onz’Débrouille (début mai
1980) et Paris 8052 (fin mai 1980) ;
- Plaige a co-écrit, avec Jean-Marie Leduc, Les Nouveaux
Prophètes (Paris, Buchet-Chastel, 1978), qui présente les
nouveaux mouvements religieux, et traduit Remember, ici
et maintenant : namasté ! (Paris, R. Dumas, 1976), une
autobiographie spirituelle de Richard Alpert, dit Ram Dass
(professeur de psychologie cofondateur du
psychédélisme) ;
- Skornik est chanteur, musicien (1er prix du conservatoire)
et auteur-compositeur (pour Michel Jonasz, Michel
Delpech et premier succès de Gérard Lenorman en 1971 :
Il )53 ;
50 En 1977, ils produisent le bimensuel « Ici et Maintenant » de 20
minutes vers 16h30, le mercredi, dans l’émission « Un sur cinq »
produite par Armand Jammot et présentée par Patrice Laffont à qui ils
ont proposé 200 sujets : un radiesthésiste distingue des clous et des
œufs, le moine zen Deshimaru se met en ondes alpha (8-12Hz),reportage
sur l’Arche (Lanza del Vasto)... Plaige participe en 1978 à
« Aujourd’hui magazine » (complément d’« Aujourd’hui madame »),
produit par Jammot et présenté parHenri Slotine : reportages et plateau
sur les Enfants de Dieu, un Réunionnais qui marche sur les braises...
51 Encadrés par Jean-Louis Foulquier, ils remplacent Macha Béranger
et Claude Villers en congés en 1978. Ils y mettent en concurrence un
calculateur prodige et un ingénieur d’IBM, traitent l’autisme, le coma,
les séries de nombres, la cryogénisation,interviewent Lanza del Vasto,
Salvador Dali, René Dumont ou Isola Pisani (femme du ministre) sur
Mourir n’est pas mourir. Mémoires de vies antérieures (Paris, Robert
Laffont, 1978) et font intervenir les auditeurs en direct.
52 Radio militante (avec Jean Ducarroir et Patrick Farbiaz), installée
dans la communauté Ecoovie dans le 13e arrondissement de Paris.
53 Le 33T Namasté ! (Philips, 1976), écrit par Plaige, s’inspire d’un
voyage de 1974 à Sonada (résidence de Kalou Rinpoché), où Skornik,
Cabanes,Reusseret un ami de Reusser ont interrogé les Tibétains sur la
logique des nombres questionnée par l’alchimiste Jacques Breyer.
22. - Rémi Bouton et Alain Dubois sont des pionniers : Bastille
(1978), Gnome54 (été-déc. 1980), Graffiti (hiver 1981-
1982), Gulliver55 (10 mai-nov. 1981), Nemo56 (été 1981),
54 Gnome (inspirée d’un titre du groupe Gong), installée dans le studio
de Bouton à Madeleine, utilise un mat de 10 m (sur le toit d’un
commissariat fermé le week-end), un émetteur « bidouillé » de 40 W
(dans la cheminée) sur 96 MHz obtenu par Claude Genest
(Onz’Débrouille, Cortizone, FNRL), un tripole et du matériel dans un
placard. Les deux lycéens font du radio-trottoir, lisent Le Canard
enchainé et diffusent la cassette sur les diamants de Bokassa.
55 Gulliver débute le 10 mai 1981 à 2h du matin avec 40 W depuis le
studio de Dubois à République (studio qui sera déplacé aux Frigos à la
fin de l’été et cambriolé), après avoir changé de fréquence (95.7
obligeant l’animatrice Florence Bonvoisin à chercher un 25 W de
qualité en Italie), Cité Future s’étant installé sur 96 MHz (vendue par
Bouton à Bellanger pour 1400 F en juin) avec 500 W depuis
Montmartre. Elle est portée par « l’association pour le développement
des arts et des idées, expérimentale », diversifiée au niveau des
musiques (musiques d’agrément et légères, jazz, rock), programmes
(poésie, publicité, science) et communautés reçues. Plus politisée que
RIM, elle recrute Claude Halfen alias Mendel (Action Directe) à
Tomate (fondée par Bruno Guattari sous l’égide de son père et le
soutien, notamment, de militants autonomistes), qui anime le vendredi
soir « En attendant que l’immeuble s’écroule » sur l’anarchie, fait
relayer Radio Venceremos (Salvador), propose d’aider à diffuser
Kadhafi sur AM et invite un membre de l’IRA. Mendel y rencontre
Catherine, qui anime quelque temps une émission le samedi matin sur
les mystiques orientales, dont le studio sert à Action Directe et qui se
suicidera quelques mois après.
56 Dubois tente d’exporter RIM à Nice, où l’artiste Ben est animateur.
23. Liberté57 (juin 1981), Mercure 10458 (1982), Carbone 1459
(février-juillet 1986), Ouï FM60 (1988-1990) ;
- Reusser a animé France Musique et écrit pour L’autre
Monde61, Rock’nd Folk, Best, Le Figaro…
- Philip de la Croix, fils de Jacques de la Croix, compositeur
et directeur d’une radio à Nantes, a fondé le fanzine La
Pravdame, Pluriel FM (association Formes de modernités
plurielles), le label Ecm New Series et le Festival America,
travaillé à Inter, Musique, Europe 1, au Monde, Aden, JDD,
dirigé Mezzo…
Malgré la qualité des animateurs et le succès des premières
années62, RIM rencontre des difficultés semblables à bien
d’autres radios :
- deux saisies (30 août 1980 chez Caron, et 28 mars 1981
chez Plaige) ;
- condamnation par la 17e chambre correctionnelle le 8 avril
1981 (Skornik, Plaige, Lemaire à 1 500 F, Caron à 800 F) ;
- refus par la commission Holleaux et autorisation par
Galabert grâce au ministre Georges Fillioud ;
57 Aidés de dizaines de « radiolibristes », ils investissent le studio de
Radio Cosmos (15 place du Tertre, dans l’immeuble de Radio Cité
Future de Pierre Bellanger, et dont Patrick Vantroeyen coupe
l’émetteur), fondée par un éditeur et installée sur 95.7 avec 500 W.
Cette radio musicale devient pendant deux semaines « La grosse voix
des petites radios ».
58 Émission sur la publicité de Dubois.
59 Tentative de relance par Dominique Fenu, Supernana, SOS Racisme,
Bouton et de la Croix. Arthur, alias l’adjudant-chef Vacher, s’occupe
de « l’info ».
60 Chroniques quotidiennes sur la vie des médias de Bouton (seul
représentant syndical).
61 Revue mensuelle de vulgarisation ésotérique, où écrivent aussi
Bourre, Lemaire et Plaige.
62 Environ 340 articles ou références dans la presse entre mai 1980 et
fin 1984.
24. - partage de fréquence à partir de 1983 juridiquement, mais
effectivement63 en 1987 ;
- perte de fréquence de 1996 à 2001 (disproportionnée,
selon le Conseil d’État) à cause de propos antisémites d’un
auditeur ;
- trois grèves de la faim : 1982 contre la commission
Holleaux (Plaige et Skornik), 1986 contre l’arrivée de La
Voix du Lézard sur 96.2 MHz qui brouille RIM (Plaige,
Lemaire et Rosenberg), 1996 contre le CSA (Plaige et Nade
Fitzgerald) ;
- cinq grands déménagements de studio : rue de Greuse,
Tati, Pompidou, quai de Grenelle, rue Violet ;
- modèle économique insuffisant pour se développer, se
faire connaître, rémunérer correctement (donc
professionnaliser) ses animateurs, par souci
d’indépendance (refus de la publicité et de grands
partenariats privés64 ou publics) ;
- départ d’animateurs créatifs (les Skornik en 1983, Mayer65
en 1984, Ouaki66, Reusser67 et Dubois68 en 1985, Bouton69
63 102 MHz en 1980, 99.45 en 1981, 96.6 en 1983 (avec Pluriel FM et
Gulliver), 93.1 en 1987 (avec Aligre de Ben Keroubi), 88.2 en 1992
(EFM tenu par un psychiatre dans un hôpital du 13e et qui devient
Générations quand son fils la préside), 95.2 en 2001 (avec Néo).
64 Certains, comme Skornik, influencés par Actuel, auraient préféré
faire une radio commerciale du type de Nova (d’ailleurs invitée à
« épouser » RIM par la commission Holleaux).
65 1980, 1983-1984 ; devient architecte de réseauxet gérant de Briosoft,
revient en 2015.
66 1980-1985, 2001-2002, 2011 ; cofondateuren 1983 de Taktic Music
avec Reusser, avec qui il propose (sans réussite) au CSA Eléphant
(mélange de FIP, Info, Culture mais en catégorie D) lors de l’appel RNT
2008, cofondateur des éditions du Moment…
67 1980-1985 ; producteur à Taktic Music.
68 1982-1985 ; devient développeur informatique chez Ferma puis
eServGlobal.
69 1982-1986 ; devient journaliste à Yaourt, Écran total, Billboard,
Music & Media, chargé de communication chez Naïve.
25. en 1986, Lemaire70 en 1996…), qui retournent à leur
premier métier ou en cherchent un ;
- scission71 de 1986 menée par Jean-Louis Rosenberg72, qui
tente de s’allier à Voice of America et à Fréquence Gaie
(rachetée par Gai Pied Hebdo) pour fonder Future
Génération en 1987, et une autre en 2015 de Olivier Grieco,
Alexandre Prely, Lisandru Vivarelli, Clara Delpas qui
fondent la webradio http://libre-a-toi.org/...
La programmation très expérimentale73, culturelle,
musicale et littéraire des débuts devient davantage politico-
sociale, écologiste, New Age74 et thérapeutique75, tout en
gardant le fil directeur interactif, le goût de la liberté
d’expression et des projets alternatifs :
70 1980-1996 ; travaille une semaine à KYA à San Francisco en 1983,
douze jours à Radio Véronique sur le Mermoz en Atlantique nord en
1984 pourla fête des 450 ans de la découverte du Québec organisée par
l’OFQJ, est responsable des productions radiophoniques du Centre
Pompidou de 1985 à 1988, puis retourne au théâtre et cinéma et devient
animateur à Radio Aligre depuis 2001.
71 Rosenberg, Alain Dupuis alias Neil, Jules, Stéphane Leroy, Nicolas
Saada, Thierry Lefebvre...
72 Il obtient une fréquence partielle avec la SARL AAIM (Anciens
Animateurs d’Ici et Maintenant), qu’il transforme en agence de presse
Arts-Actualités-Informations-Médias qui existe toujours aujourd’hui à
Bordeaux.
73 Sebastien Poulain, « Radio Ici et Maintenant, pionnière en
expérimentations », Cahiers d’histoire de la radiodiffusion, n°121,
juil.-sept. 2014
74 Sebastien Poulain, « Le réenchantement du récit radiophonique
comme réenchantement du monde », Recherches en Communication,
n°37, 2013, http://sites.uclouvain.be/rec/index.php/rec/issue/view/613
et Sebastien Poulain, « Des médiums dans les médias ou les nouveaux
médiateurs du sacré », Esprit Critique. Revue internationale
francophone de Sciences sociales, vol. 19, juillet 2014
http://www.espritcritique.fr/publications/1901/esp1901.pdf
75 D’anciens animateurs la qualifie de « courdes miracles » (expression
déjà dans P.B., « Elles sont aujourd’hui une centaine dans la région
parisienne », Le Figaro, 30 septembre1981).
26. Plaige - toujours président de RIM et ex-producteur de « La
Vague d’OVNI(s) », devenue « HereNow ! », le mardi soir
à 23h - est l’auteur du roman de science fiction, Protocole
oracle (Chamanéditionuméric, 2012) - traitant des liens
entre le monde politico-financier et la précognition obtenue
grâce à l’Ayahuasca (un breuvage à base de lianes aux
effets purgatifs et hallucinogènes) -, dont les droits d’auteur
serviront au projet Radio-Shipibo - parrainé par Jan Kounen
-, qui vise à doter les communautés shamaniques
péruviennes Shipibo-Conibo - qui utilisent l’Ayahuasca
pour la transe et la thérapie - de radios solidaires et
contestataires.
Au-delà de RIM, la diabolisation de la FM n’a pas été
inutile, malgré de nombreux échecs et beaucoup de
déceptions. En plus d’accélérer la démonopolisation, elle a
contribué à une forme de libération/démocratisation de la
parole en agrandissant l’espace publique médiatique76 et en
lui donnant davantage d’indépendance par rapport aux
autorités politiques, ne serait-ce que par la création du Fond
de soutien à l’expression radiophonique qui a permis
l’existence d’un secteur radiophonique associatif
alternatif77, qui dynamise le monde associatif et militant. Ce
pluralisme et cette autonomie couplés à l’instauration de
nouvelles programmations, pratiques et tonalités ont permis
de redéfinir le « contrat d’écoute », redonner de la
crédibilité aux journalistes de radio, refonder la légitimité
du discours radiophonique, bouleverser l’audience et la
donne économique, donc réinventer le média radio, car les
76 Il faut attendre 20 ans avec l’arrivée d’internet, des forums, blogs et
réseaux sociaux numériques pour voir advenir un phénomène
semblable mais de plus grande ampleur.
77 Sebastien Poulain, Les radios alternatives : l’exemple de Radio Ici et
Maintenant, thèse de doctorat, sous la direction de Jean-Jacques
Cheval, Université Bordeaux Montagne, Bordeaux, 2015.
27. radios étatiques et périphériques ont bénéficié de ce
rafraîchissement infernal !