« Retour en paléo-radio ? Polémiques autour de Stéphane Guillon et Didier Porte à France Inter », in « Les scènes de l'humour », Marie Duret-Pujol et Nelly Quemener (sous la direction de), Cahiers d’Artes, n°16, 2020, http://www.pub-editions.fr/index.php/catalogsearch/result/?q=cahiers+d%27artes&x=0&y=0
#15MinPasPlus sur des notions de média à placer dans un dinerLes Gaulois
Hugo, Chargé d'Etudes Médias à l'agence Les Gaulois nous présente ce vendredi 9 décembre pour les #15MinPasPlus, quelques notions de Média à placer dans un diner !
A la fin, un super Quiz ludique où l'on apprend pas mal de choses !
Le reenchantement du récit radiophonique comme reenchantement du monde Dr Sebastien Poulain
« Le réenchantement du récit radiophonique comme réenchantement du monde », in Frédéric Antoine (sous la direction de), « Radio et narration : de l’enchantement au réenchantement », Recherches en Communication, n°37, 2013, 13 pages, http://sites.uclouvain.be/rec/index.php/rec/article/view/9373/6953, https://ojs.uclouvain.be/index.php/rec/article/view/50653/48853 https://ojs.uclouvain.be/index.php/rec/article/view/50653
Les radios libres ou la diabolisation de la FM : qu'est-ce que libérer la par...Dr Sebastien Poulain
Ce texte revient sur les idéologies portées par les « radios libres ». Il s’intéresse notamment à la légitimation par les « radiolibristes » et la délégitimation (« diabolisation ») par les opposants de l’existence, de la parole et des combats des « radios libres » en s’appuyant sur l’exemple de Radio Ici et Maintenant qui souhaitait donner la parole à tout le monde.
« Radio Ici et Maintenant face à la normalisation », in « L’année radiophonique 1987 », in Thierry Lefebvre (sous la direction de), Cahiers d’histoire de la radiodiffusion, n°133, juillet-septembre 2017, http://cohira.fr/cahier-n-133-juillet-septembre-2017/
Radios libres : retour sur le « big bang » de la democratisation mediatiqueDr Sebastien Poulain
Thierry Lefebvre et Sebastien Poulain, « Radios libres : retour sur le « big bang » de la démocratisation médiatique », The Conversation, 7 décembre 2021, 22h24, https://theconversation.com/radios-libres-retour-sur-le-big-bang-de-la-democratisation-mediatique-171377
#15MinPasPlus sur des notions de média à placer dans un dinerLes Gaulois
Hugo, Chargé d'Etudes Médias à l'agence Les Gaulois nous présente ce vendredi 9 décembre pour les #15MinPasPlus, quelques notions de Média à placer dans un diner !
A la fin, un super Quiz ludique où l'on apprend pas mal de choses !
Le reenchantement du récit radiophonique comme reenchantement du monde Dr Sebastien Poulain
« Le réenchantement du récit radiophonique comme réenchantement du monde », in Frédéric Antoine (sous la direction de), « Radio et narration : de l’enchantement au réenchantement », Recherches en Communication, n°37, 2013, 13 pages, http://sites.uclouvain.be/rec/index.php/rec/article/view/9373/6953, https://ojs.uclouvain.be/index.php/rec/article/view/50653/48853 https://ojs.uclouvain.be/index.php/rec/article/view/50653
Les radios libres ou la diabolisation de la FM : qu'est-ce que libérer la par...Dr Sebastien Poulain
Ce texte revient sur les idéologies portées par les « radios libres ». Il s’intéresse notamment à la légitimation par les « radiolibristes » et la délégitimation (« diabolisation ») par les opposants de l’existence, de la parole et des combats des « radios libres » en s’appuyant sur l’exemple de Radio Ici et Maintenant qui souhaitait donner la parole à tout le monde.
« Radio Ici et Maintenant face à la normalisation », in « L’année radiophonique 1987 », in Thierry Lefebvre (sous la direction de), Cahiers d’histoire de la radiodiffusion, n°133, juillet-septembre 2017, http://cohira.fr/cahier-n-133-juillet-septembre-2017/
Radios libres : retour sur le « big bang » de la democratisation mediatiqueDr Sebastien Poulain
Thierry Lefebvre et Sebastien Poulain, « Radios libres : retour sur le « big bang » de la démocratisation médiatique », The Conversation, 7 décembre 2021, 22h24, https://theconversation.com/radios-libres-retour-sur-le-big-bang-de-la-democratisation-mediatique-171377
Le journalisme a toujours joué un rôle essentiel dans la formation de l’opinion publique, la diffusion de l’information et la responsabilisation des gouvernants.
« Le "off" : processus d'évolution et impact des médias sociaux » - Conséq...Cyprien Rose
Censé relever du domaine de la discrétion le « off » est un outil qui fait souvent parler de lui, certains journalistes dénoncent les dérives de la pratique alors que d’autres en font leur “fonds de commerce”.
Au départ respecté, le « off » se voit transgressé au fil des années, puis rubriqué sur la plupart des supports de presse. Par ailleurs, la profession doit constamment affirmer sa position face aux stratégies des politiques et des communicants. Dans ce contexte les rapports entre le journaliste et ses sources dépendent également des intérêts de chacun.
Si des différences culturelles de la pratique du « off » existent, elles s’amenuisent, particulièrement depuis l’arrivée des réseaux sociaux et des chaînes d’info en continu. Les médias sociaux bouleversent le processus de construction de l’information et amplifient considérablement la diffusion des informations.
Les politiques et les communicants s’approprient ce nouvel environnement médiatique, et une fois de plus la presse doit tirer son épingle du jeu ; le journaliste se doit d’être vigilant pour ne pas se laisser manipuler et instrumentaliser par le politique.
Ce mémoire montre que l’évolution de la pratique du « Off The Record » impacte directement la sphère politico-médiatique, notamment par ses dérives axées sur la communication ; un phénomène amplifié par l’arrivée des réseaux sociaux. Cette situation fragilise davantage la presse déjà touchée par un contexte économique difficile. La profession peut également paraître moins crédible aux yeux de l’opinion, et doit anticiper son évolution au sein des nouvelles technologies.
« 100 jours, Regard sur les Affaires publiques » constitue bien plus qu’un outil d’information sur l'ensemble des initiatives gouvernementales - projets et propositions de lois, concertations publiques ou négociations internationales.
Porte voix du mouvement nuitdebout radio debout occupe l espace mediatiqueDr Sebastien Poulain
Référence : DOYEN Claire, « Porte-voix du mouvement Nuitdebout, Radio debout "occupe l'espace médiatique" », Agence France Presse, 22/04/16, https://lesradioslibres.wordpress.com/2016/09/12/radio-debout-une-radio-libre/
Challenges Radio : Bolloré n'enraye pas la chute des audiences à Europe 1 Dr Sebastien Poulain
Interview avec Guillaume Echelard pour l'article « Radio: le virage éditorial de Bolloré à Europe 1 n'enraye pas la chute des audiences », challenges.fr, 14 janvier 2022 à 18h22, https://www.challenges.fr/media/radio-le-virage-editorial-de-bollore-a-europe-1-nenraye-pas-la-chute-des-audiences_796648
Démocratisation des médias : Source : POULAIN Sebastien,« L’audiovisuel public est-il vraiment public ? », The Conversation, 17 mars 2021, https://theconversation.com/debat-laudiovisuel-public-est-il-vraiment-public-156794
Communication politique : ''entre hypercommunication et silence, il y a une a...Damien ARNAUD
Ancien conseiller ministériel, Frédéric Vallois (@fvallois) est actuellement Plume pour la Direction Générale d’une grande entreprise et enseignant en communication politique à Sciences Po Paris.
Plaidoyer pour un nouveau projet socialisteMarc Jutier
[…] Une seule solution pour les États : reprendre le pouvoir de la monnaie… En effet, je dénonce depuis plus de 20 ans l’escroquerie à la base du système capitaliste : le système monétaire de Réserves Fractionnaires que pratique les banques depuis plus de deux siècles. Avec ce système, la planche à billet a toujours été une affaire privée pour les particuliers et les entreprises, mais depuis 40 ans, depuis le 3 janvier 1973 pour la France pour être plus précis, l’État, sous pression des banquiers, c’est interdit à lui même de créer la monnaie dont il a besoin. C’est évidemment une trahison des Messieurs Pompidou et Giscard et donc depuis le gouvernement se refuse à lui-même un privilège qu’il a accordé aux banques par la loi, il se fait le serviteur des banquiers et méprise le peuple. Pour qu’un gouvernement soit vraiment souverain, il faut qu’il reprenne son droit de créer un argent libre de dette.
Je finissais l’article (NEXUS) en disant que la « crise économique et financière globale serait un bienfait pour l’humanité. D’abord, on arrêterait de travailler, consommer et polluer en toute inconscience, et ensuite, ce pourrait être l’occasion d’une émancipation extraordinaire. Concrètement, matériellement, rien ne serait perdu. Seule la possibilité de mobiliser l’énergie humaine, le pouvoir sur l’autre est aboli. C’est une vraie révolution, une réelle abolition des privilèges. » Et que « les grands perdants seront les grands manipulateurs de finances. Pour 99 % de la population, cela ne sera pas bien grave. L’énergie de tout un chacun sera libérée du carcan, des chaînes de la finance internationale et de ses geôliers : les financiers. Certains pourraient se sentir un peu déboussolé et sans l’État et les processus démocratiques, les choses pourraient dégénérer. Mais restons calmes : la richesse, la vraie, notre énergie, n’aura pas disparu. Il n’y a pas eu de guerre en Europe depuis des dizaines d’années et grâce au travail et au génie humain nous avons des moyens de production d’une extraordinaire efficacité ; en fait, nous n’avons jamais été aussi riches. Le jour où les peuples réaliseront cela, nous pourrons enfin mettre en place une société de convivialité, de temps choisi, d’harmonie et de respect. »
Pour sortir de la crise monétaire absurde dans laquelle nous sommes englué, je propose donc depuis des années, les solutions du « 100 % money » et de l’assouplissement monétaire pour les peuples, c’est à dire, premièrement un contrôle de la totalité de la masse monétaire en circulation par l’ État et deuxièmement un revenu d’existence pour tout un chacun. Et il est évident que ces réformes ne pourront se faire qu’au niveau de l’État français en commençant par la nationalisation de toutes les banques françaises sans indemnités pour les actionnaires bien évidemment. En effet, comment se mettre d’acc
Avec Jacques Attali (conseiller d’État, auteur de Histoire des médias), Francis Lec (président de Radio Amiens), Jean-Louis Auduc (professeur agrégé d’histoire, fondateur de Radio Risposte, membre du Conseil des sages de la laïcité), Stéphane Demilly (sénateur de la Somme), Henri Sannier (journaliste), Guy Vadepied (député honoraire), « Les 40 ans des radios libres et de Radio Amiens. Liberté d’expression, économie, médias et jeunes », Conseil départemental de la Somme, Amiens, 9 novembre 2021, https://lesradioslibres.wordpress.com/2021/11/08/9-novembre-2021-les-40-ans-des-radios-libres-et-de-radio-amiens/
Qui imaginait il y a 6 mois que nous aurions à vivre un reconfinement ?
Certes la deuxième vague a alimenté les conversations. Elle a opposé les optimistes et les pessimistes, mais il y a encore quelques semaines rares étaient ceux qui parlaient de reconfinement. D’ailleurs, un simple couvre-feu, accompagné d’une invitation à partir et profiter des vacances a rassuré toute le monde avant que ne tombe le couperet de l’annonce du Président de la République la semaine dernière. Un reconfinement inattendu si on en juge aussi par les publicités qui tournent cette semaine encore à la télé pour aller à Disneyland Paris ou à la radio pour faire l’acquisition d’un camping car.
Mais si pour beaucoup le reconfinement rappelle des souvenirs, il ne ressemble pas tant que cela au précédent confinement. D’abord parce qu’il est plus souple mais surtout parce qu’il est moins largement approuvé. Cette fois pas de trêve politique, pas de belle
unanimité chez les français, pas d’applaudissements aux balcons pour les soignants,... Et surtout, paradoxe du reconfinement : c’est sans doute parce qu’il sera insuffisamment
efficace qu’il faudra le prolonger au-delà des 4 semaines annoncées...
Radios internationales : des outils de mobilisation du grand public en pleine...Dr Sebastien Poulain
Source : Thierry Lefebvre et Sebastien Poulain, « Radios internationales : des outils de mobilisation du grand public en pleine transformation », The Conversation, 28 mars 2023, 21h30, https://theconversation.com/radios-internationales-des-outils-de-mobilisation-du-grand-public-en-pleine-transformation-200325
Partout dans le monde, les autorités politiques ont longtemps détenu le monopole aussi bien des radios locales et nationales que des radios internationales, ce qui leur permettait de faire passer les messages souhaités à leurs propres populations, mais aussi à celles des pays étrangers vers lesquels leurs radios diffusaient.
Nos recherches récentes montrent que ce modèle ancien est désormais largement dépassé.
La désétatisation de la radio et son internationalisation grâce à sa numérisation/webification ont modifié les rapports de force communicationnels.
On distingue aujourd'hui trois types de radios de mobilisation. Les radios étatiques de mobilisation (REM) ont d’abord cédé du terrain face aux radios civiles de mobilisation) (RCM, lesquelles sont devenues, grâce à Internet, accessibles dans le monde entier, se muant donc en radios civiles de mobilisation internationales (RCMI). Ces trois types de radios cohabitent de nos jours dans un paysage médiatique qui n'a plus grand-chose à voir avec celui d'il y a une vingtaine d'années.
Les monopoles nationaux des radios étatiques de mobilisation (REM) durant les guerres internationales
La radio fut un enjeu politique dès l’origine : citons les causeries de Franklin D. Roosevelt, les radios « blanches » et « noires » durant la « drôle de guerre » – qui amorce la « guerre des ondes » –, les instructions aux résistants diffusées par « Radio Londres »…
Durant la guerre froide (et jusqu’à aujourd’hui pour certaines radios), les Alliés s’installèrent sur les ondes pour continuer leur travail hétéronomique (c’est-à-dire visant à imprégner les auditeurs de lois/normes politiques, sociales et culturelles). Par exemple, le gouvernement américain multiplia les stations : Voice of America, RIAS (Radio in the American Sector, principalement tournée vers l’Allemagne de l’Est), Radio Free Europe/Radio Liberté et Radio Free Asia, Azadi (destinée à l’Afghanistan) ou encore Farda (diffusant en farsi vers l’Iran)…
Selon la chercheuse Anne-Chantal Lepeuple, toutes ces radios visaient à favoriser la diffusion des idées libérales au sein des peuples des pays ciblés, en mettant en place une « politique d’érosion graduelle » des régimes en place.
Aujourd’hui, RFE/RL diffuse en 27 langues et dans 23 pays « où la liberté de la presse est menacée et où la désinformation est omniprésente ». Elle joue son rôle de « radio de substitution », selon l’expression de Jacques Sémelin désignant les radios qui se substituent aux radios locales et se distinguent des « radios de représentation » – celles qui promeuvent les États qui les financent, à l’instar de la BBC, de Deutsche Welle ou de RFI.
Note de lecture Laurence Corroy Education aux medias en Europe. Histoire, enj...Dr Sebastien Poulain
POULAIN Sebastien, « Laurence Corroy (dir.), Éducation aux médias en Europe. Histoire, enjeux et perspectives », Questions de communication, n° 44, 2023/2, p. 478-480, https://www.cairn.info/revue-questions-de-communication-2023-2-page-478.htm
1Cet ouvrage dirigé par Laurence Corroy est publié dans une collection – « Éducation et médias » – fondée et dirigée par elle-même et Francis Barbey en 2016 chez L’Harmattan. Il se divise en dix articles correspondant à 1’étude de dix pays : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Italie, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Suisse. C’est une réussite en soi car il fallait trouver des chercheur·es francophones spécialistes d’EMI (éducation aux médias et à l’information). Ces chapitres sont précédés d’un court « avant-propos » de L. Corroy où elle présente chacun d'eux.
2 L’ouvrage suit la publication de L’Éducation aux médias. Un point de vue africain (2017) de F. Barbey dans la même collection, et coïncide avec la publication dirigée par Éric Delamotte : Recherches francophones sur les éducations aux médias, à l’information et au numérique. Points de vue et dialogues (Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2022). Cette internationalisation comparative est-elle une coïncidence ? Est-ce parce que nous avons besoin de chercher des solutions ailleurs à des problèmes complexes et fortement évolutifs qui dépassent les capacités de réaction des autorités et acteur·ices de l’éducation ? Est-ce parce que les institutions supranationales jouent un rôle de plus en plus important dans l’EMI ? Est-ce parce que les États vont de plus en plus appliquer les mêmes politiques face aux mêmes problèmes ?
3 En effet, les États font face à l’apparition des mêmes médias (radio et télévision au XXe siècle et l’internet au XXIe siècle), des mêmes phénomènes (fake news, cyberharcèlement…), et sont en interaction avec les mêmes institutions supranationales (Commission européenne, Unesco – Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture –, Unicef – Fonds des Nations unies pour l’enfance –, Conseil de l’Europe). Au niveau de l’Union européenne (UE), on peut citer les réglementations ePrivacy, RGPD – règlement général sur la protection des données –, DMA – législation sur les marchés numériques –, DSA – législation sur les services numériques –, AMS – Advance Manifest System –, voire la décision de censurer le média RT (Russia Today) et l’agence Sputnik. Ce ne sont pas directement des outils de politique d’EMI, mais elles visent à protéger les usagers/usagères du média internet. D’ailleurs, il manque peut-être un article sur les politiques d’EMI des institutions supranationales – Commission européenne, Conseil de l’Europe, Unesco et Unicef – dans un ouvrage intitulé Éducation aux médias en Europe où plusieurs auteurs/autrices font référence aux définitions et aux actions-programmes de ces institutions qui vont sans doute prendre toujours plus d’importance dans l’avenir.
Genealogie meta-radiophonique d’une normalisation post-monopolistiqueDr Sebastien Poulain
Généalogie méta-radiophonique d’une normalisation post-monopolistique : les aléas des politiques d’éducation par les radios scolaires
lundi 27 novembre 2023 Canopé 23 rue du Maréchal Juin Strasbourg
Il s’agit dans ce document de faire une étude critique des politiques publiques du Ministère de l’Education d’éducation aux médias à travers les publications du CLEMI concernant les radios scolaires. La thèse défendue consiste à dire que les évolutions de la définition de ce qu’est une radio - et en particulier une radio scolaire - a eu des effets sur la possibilité de développer des radios scolaires. Dans les années 1980-1990, il y a une tentative de « radiophonisation » du scolaire dans le sens où les scolaires doivent se soumettre au monde radiophonique : règles administratives, technologies, gestion, personnels... Les RS sont alors principalement définies comme des radios associatives locales hertziennes mises en place par des acteurs et actrices du milieu scolaire et diffusant des contenus scolaires. Dans les années 2000-2020, il y a « scolarisation » de la radio dans le sens où les scolaires se libèrent des contraintes du monde radiophonique pour se focaliser sur les questions scolaires. Les radios scolaires sont alors principalement définies comme des contenus sonores – appelés « webradios » ou « podcasts » - à caractère scolaire mis en ligne sur internet par des acteurs et actrices du milieu scolaire. Cette évolution de la définition de « radiophonisation » du scolaire vers la « scolarisation » de la radio a fait passer d’une trentaine à des centaines de radios scolaires, c’est-à-dire d’un échec d’une politique d’éducation aux médias à une réussite. Toutefois, d’autres facteurs ont joué un rôle important : économiques (de nouveaux financements spécifiques), techniques (le développement d’internet) et politiques (la montée des enjeux de l’éducation aux médias liée aux attentats, au cyberharcèlement…).
Muriel Béasse, Sabine Bosler, Aise Celik, Faouzia Cherifi, Jean-Jacques Cheval, Matthieu Claure, Christelle Corgiat, Raphaël Dapzol, Marine De Lassalle, Christophe Deleu, Marcy Delsione Ovoundaga, Etienne Damome, Antoine Deiana, Christophe Deleu, Séverine Equoy Hutin, Carole Fagadé, Anne-Caroline Fiévet, Guillaume Garçon, Monica Ghiţă Stoica, Caroline Gillet, Hervé Glevarec, Fatima Gomis, Marc Gonon, Isabel Guglielmone, Nicolas Horber, Sylvain Joseph, Thierry Lefebvre, Florence Michaux-Colin, Sébastien Michon, Claire Moutarde, Sebastien Poulain, Laurence Prevost, Olivia Probst, Sébastien Rochat, Elsie Russier, Rachid Sadaoui, Blandine Schmidt, Eric Schweitzer, Elodie Tapsoba
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Au départ respecté, le « off » se voit transgressé au fil des années, puis rubriqué sur la plupart des supports de presse. Par ailleurs, la profession doit constamment affirmer sa position face aux stratégies des politiques et des communicants. Dans ce contexte les rapports entre le journaliste et ses sources dépendent également des intérêts de chacun.
Si des différences culturelles de la pratique du « off » existent, elles s’amenuisent, particulièrement depuis l’arrivée des réseaux sociaux et des chaînes d’info en continu. Les médias sociaux bouleversent le processus de construction de l’information et amplifient considérablement la diffusion des informations.
Les politiques et les communicants s’approprient ce nouvel environnement médiatique, et une fois de plus la presse doit tirer son épingle du jeu ; le journaliste se doit d’être vigilant pour ne pas se laisser manipuler et instrumentaliser par le politique.
Ce mémoire montre que l’évolution de la pratique du « Off The Record » impacte directement la sphère politico-médiatique, notamment par ses dérives axées sur la communication ; un phénomène amplifié par l’arrivée des réseaux sociaux. Cette situation fragilise davantage la presse déjà touchée par un contexte économique difficile. La profession peut également paraître moins crédible aux yeux de l’opinion, et doit anticiper son évolution au sein des nouvelles technologies.
« 100 jours, Regard sur les Affaires publiques » constitue bien plus qu’un outil d’information sur l'ensemble des initiatives gouvernementales - projets et propositions de lois, concertations publiques ou négociations internationales.
Porte voix du mouvement nuitdebout radio debout occupe l espace mediatiqueDr Sebastien Poulain
Référence : DOYEN Claire, « Porte-voix du mouvement Nuitdebout, Radio debout "occupe l'espace médiatique" », Agence France Presse, 22/04/16, https://lesradioslibres.wordpress.com/2016/09/12/radio-debout-une-radio-libre/
Challenges Radio : Bolloré n'enraye pas la chute des audiences à Europe 1 Dr Sebastien Poulain
Interview avec Guillaume Echelard pour l'article « Radio: le virage éditorial de Bolloré à Europe 1 n'enraye pas la chute des audiences », challenges.fr, 14 janvier 2022 à 18h22, https://www.challenges.fr/media/radio-le-virage-editorial-de-bollore-a-europe-1-nenraye-pas-la-chute-des-audiences_796648
Démocratisation des médias : Source : POULAIN Sebastien,« L’audiovisuel public est-il vraiment public ? », The Conversation, 17 mars 2021, https://theconversation.com/debat-laudiovisuel-public-est-il-vraiment-public-156794
Communication politique : ''entre hypercommunication et silence, il y a une a...Damien ARNAUD
Ancien conseiller ministériel, Frédéric Vallois (@fvallois) est actuellement Plume pour la Direction Générale d’une grande entreprise et enseignant en communication politique à Sciences Po Paris.
Plaidoyer pour un nouveau projet socialisteMarc Jutier
[…] Une seule solution pour les États : reprendre le pouvoir de la monnaie… En effet, je dénonce depuis plus de 20 ans l’escroquerie à la base du système capitaliste : le système monétaire de Réserves Fractionnaires que pratique les banques depuis plus de deux siècles. Avec ce système, la planche à billet a toujours été une affaire privée pour les particuliers et les entreprises, mais depuis 40 ans, depuis le 3 janvier 1973 pour la France pour être plus précis, l’État, sous pression des banquiers, c’est interdit à lui même de créer la monnaie dont il a besoin. C’est évidemment une trahison des Messieurs Pompidou et Giscard et donc depuis le gouvernement se refuse à lui-même un privilège qu’il a accordé aux banques par la loi, il se fait le serviteur des banquiers et méprise le peuple. Pour qu’un gouvernement soit vraiment souverain, il faut qu’il reprenne son droit de créer un argent libre de dette.
Je finissais l’article (NEXUS) en disant que la « crise économique et financière globale serait un bienfait pour l’humanité. D’abord, on arrêterait de travailler, consommer et polluer en toute inconscience, et ensuite, ce pourrait être l’occasion d’une émancipation extraordinaire. Concrètement, matériellement, rien ne serait perdu. Seule la possibilité de mobiliser l’énergie humaine, le pouvoir sur l’autre est aboli. C’est une vraie révolution, une réelle abolition des privilèges. » Et que « les grands perdants seront les grands manipulateurs de finances. Pour 99 % de la population, cela ne sera pas bien grave. L’énergie de tout un chacun sera libérée du carcan, des chaînes de la finance internationale et de ses geôliers : les financiers. Certains pourraient se sentir un peu déboussolé et sans l’État et les processus démocratiques, les choses pourraient dégénérer. Mais restons calmes : la richesse, la vraie, notre énergie, n’aura pas disparu. Il n’y a pas eu de guerre en Europe depuis des dizaines d’années et grâce au travail et au génie humain nous avons des moyens de production d’une extraordinaire efficacité ; en fait, nous n’avons jamais été aussi riches. Le jour où les peuples réaliseront cela, nous pourrons enfin mettre en place une société de convivialité, de temps choisi, d’harmonie et de respect. »
Pour sortir de la crise monétaire absurde dans laquelle nous sommes englué, je propose donc depuis des années, les solutions du « 100 % money » et de l’assouplissement monétaire pour les peuples, c’est à dire, premièrement un contrôle de la totalité de la masse monétaire en circulation par l’ État et deuxièmement un revenu d’existence pour tout un chacun. Et il est évident que ces réformes ne pourront se faire qu’au niveau de l’État français en commençant par la nationalisation de toutes les banques françaises sans indemnités pour les actionnaires bien évidemment. En effet, comment se mettre d’acc
Avec Jacques Attali (conseiller d’État, auteur de Histoire des médias), Francis Lec (président de Radio Amiens), Jean-Louis Auduc (professeur agrégé d’histoire, fondateur de Radio Risposte, membre du Conseil des sages de la laïcité), Stéphane Demilly (sénateur de la Somme), Henri Sannier (journaliste), Guy Vadepied (député honoraire), « Les 40 ans des radios libres et de Radio Amiens. Liberté d’expression, économie, médias et jeunes », Conseil départemental de la Somme, Amiens, 9 novembre 2021, https://lesradioslibres.wordpress.com/2021/11/08/9-novembre-2021-les-40-ans-des-radios-libres-et-de-radio-amiens/
Qui imaginait il y a 6 mois que nous aurions à vivre un reconfinement ?
Certes la deuxième vague a alimenté les conversations. Elle a opposé les optimistes et les pessimistes, mais il y a encore quelques semaines rares étaient ceux qui parlaient de reconfinement. D’ailleurs, un simple couvre-feu, accompagné d’une invitation à partir et profiter des vacances a rassuré toute le monde avant que ne tombe le couperet de l’annonce du Président de la République la semaine dernière. Un reconfinement inattendu si on en juge aussi par les publicités qui tournent cette semaine encore à la télé pour aller à Disneyland Paris ou à la radio pour faire l’acquisition d’un camping car.
Mais si pour beaucoup le reconfinement rappelle des souvenirs, il ne ressemble pas tant que cela au précédent confinement. D’abord parce qu’il est plus souple mais surtout parce qu’il est moins largement approuvé. Cette fois pas de trêve politique, pas de belle
unanimité chez les français, pas d’applaudissements aux balcons pour les soignants,... Et surtout, paradoxe du reconfinement : c’est sans doute parce qu’il sera insuffisamment
efficace qu’il faudra le prolonger au-delà des 4 semaines annoncées...
Radios internationales : des outils de mobilisation du grand public en pleine...Dr Sebastien Poulain
Source : Thierry Lefebvre et Sebastien Poulain, « Radios internationales : des outils de mobilisation du grand public en pleine transformation », The Conversation, 28 mars 2023, 21h30, https://theconversation.com/radios-internationales-des-outils-de-mobilisation-du-grand-public-en-pleine-transformation-200325
Partout dans le monde, les autorités politiques ont longtemps détenu le monopole aussi bien des radios locales et nationales que des radios internationales, ce qui leur permettait de faire passer les messages souhaités à leurs propres populations, mais aussi à celles des pays étrangers vers lesquels leurs radios diffusaient.
Nos recherches récentes montrent que ce modèle ancien est désormais largement dépassé.
La désétatisation de la radio et son internationalisation grâce à sa numérisation/webification ont modifié les rapports de force communicationnels.
On distingue aujourd'hui trois types de radios de mobilisation. Les radios étatiques de mobilisation (REM) ont d’abord cédé du terrain face aux radios civiles de mobilisation) (RCM, lesquelles sont devenues, grâce à Internet, accessibles dans le monde entier, se muant donc en radios civiles de mobilisation internationales (RCMI). Ces trois types de radios cohabitent de nos jours dans un paysage médiatique qui n'a plus grand-chose à voir avec celui d'il y a une vingtaine d'années.
Les monopoles nationaux des radios étatiques de mobilisation (REM) durant les guerres internationales
La radio fut un enjeu politique dès l’origine : citons les causeries de Franklin D. Roosevelt, les radios « blanches » et « noires » durant la « drôle de guerre » – qui amorce la « guerre des ondes » –, les instructions aux résistants diffusées par « Radio Londres »…
Durant la guerre froide (et jusqu’à aujourd’hui pour certaines radios), les Alliés s’installèrent sur les ondes pour continuer leur travail hétéronomique (c’est-à-dire visant à imprégner les auditeurs de lois/normes politiques, sociales et culturelles). Par exemple, le gouvernement américain multiplia les stations : Voice of America, RIAS (Radio in the American Sector, principalement tournée vers l’Allemagne de l’Est), Radio Free Europe/Radio Liberté et Radio Free Asia, Azadi (destinée à l’Afghanistan) ou encore Farda (diffusant en farsi vers l’Iran)…
Selon la chercheuse Anne-Chantal Lepeuple, toutes ces radios visaient à favoriser la diffusion des idées libérales au sein des peuples des pays ciblés, en mettant en place une « politique d’érosion graduelle » des régimes en place.
Aujourd’hui, RFE/RL diffuse en 27 langues et dans 23 pays « où la liberté de la presse est menacée et où la désinformation est omniprésente ». Elle joue son rôle de « radio de substitution », selon l’expression de Jacques Sémelin désignant les radios qui se substituent aux radios locales et se distinguent des « radios de représentation » – celles qui promeuvent les États qui les financent, à l’instar de la BBC, de Deutsche Welle ou de RFI.
Note de lecture Laurence Corroy Education aux medias en Europe. Histoire, enj...Dr Sebastien Poulain
POULAIN Sebastien, « Laurence Corroy (dir.), Éducation aux médias en Europe. Histoire, enjeux et perspectives », Questions de communication, n° 44, 2023/2, p. 478-480, https://www.cairn.info/revue-questions-de-communication-2023-2-page-478.htm
1Cet ouvrage dirigé par Laurence Corroy est publié dans une collection – « Éducation et médias » – fondée et dirigée par elle-même et Francis Barbey en 2016 chez L’Harmattan. Il se divise en dix articles correspondant à 1’étude de dix pays : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Italie, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Suisse. C’est une réussite en soi car il fallait trouver des chercheur·es francophones spécialistes d’EMI (éducation aux médias et à l’information). Ces chapitres sont précédés d’un court « avant-propos » de L. Corroy où elle présente chacun d'eux.
2 L’ouvrage suit la publication de L’Éducation aux médias. Un point de vue africain (2017) de F. Barbey dans la même collection, et coïncide avec la publication dirigée par Éric Delamotte : Recherches francophones sur les éducations aux médias, à l’information et au numérique. Points de vue et dialogues (Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2022). Cette internationalisation comparative est-elle une coïncidence ? Est-ce parce que nous avons besoin de chercher des solutions ailleurs à des problèmes complexes et fortement évolutifs qui dépassent les capacités de réaction des autorités et acteur·ices de l’éducation ? Est-ce parce que les institutions supranationales jouent un rôle de plus en plus important dans l’EMI ? Est-ce parce que les États vont de plus en plus appliquer les mêmes politiques face aux mêmes problèmes ?
3 En effet, les États font face à l’apparition des mêmes médias (radio et télévision au XXe siècle et l’internet au XXIe siècle), des mêmes phénomènes (fake news, cyberharcèlement…), et sont en interaction avec les mêmes institutions supranationales (Commission européenne, Unesco – Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture –, Unicef – Fonds des Nations unies pour l’enfance –, Conseil de l’Europe). Au niveau de l’Union européenne (UE), on peut citer les réglementations ePrivacy, RGPD – règlement général sur la protection des données –, DMA – législation sur les marchés numériques –, DSA – législation sur les services numériques –, AMS – Advance Manifest System –, voire la décision de censurer le média RT (Russia Today) et l’agence Sputnik. Ce ne sont pas directement des outils de politique d’EMI, mais elles visent à protéger les usagers/usagères du média internet. D’ailleurs, il manque peut-être un article sur les politiques d’EMI des institutions supranationales – Commission européenne, Conseil de l’Europe, Unesco et Unicef – dans un ouvrage intitulé Éducation aux médias en Europe où plusieurs auteurs/autrices font référence aux définitions et aux actions-programmes de ces institutions qui vont sans doute prendre toujours plus d’importance dans l’avenir.
Genealogie meta-radiophonique d’une normalisation post-monopolistiqueDr Sebastien Poulain
Généalogie méta-radiophonique d’une normalisation post-monopolistique : les aléas des politiques d’éducation par les radios scolaires
lundi 27 novembre 2023 Canopé 23 rue du Maréchal Juin Strasbourg
Il s’agit dans ce document de faire une étude critique des politiques publiques du Ministère de l’Education d’éducation aux médias à travers les publications du CLEMI concernant les radios scolaires. La thèse défendue consiste à dire que les évolutions de la définition de ce qu’est une radio - et en particulier une radio scolaire - a eu des effets sur la possibilité de développer des radios scolaires. Dans les années 1980-1990, il y a une tentative de « radiophonisation » du scolaire dans le sens où les scolaires doivent se soumettre au monde radiophonique : règles administratives, technologies, gestion, personnels... Les RS sont alors principalement définies comme des radios associatives locales hertziennes mises en place par des acteurs et actrices du milieu scolaire et diffusant des contenus scolaires. Dans les années 2000-2020, il y a « scolarisation » de la radio dans le sens où les scolaires se libèrent des contraintes du monde radiophonique pour se focaliser sur les questions scolaires. Les radios scolaires sont alors principalement définies comme des contenus sonores – appelés « webradios » ou « podcasts » - à caractère scolaire mis en ligne sur internet par des acteurs et actrices du milieu scolaire. Cette évolution de la définition de « radiophonisation » du scolaire vers la « scolarisation » de la radio a fait passer d’une trentaine à des centaines de radios scolaires, c’est-à-dire d’un échec d’une politique d’éducation aux médias à une réussite. Toutefois, d’autres facteurs ont joué un rôle important : économiques (de nouveaux financements spécifiques), techniques (le développement d’internet) et politiques (la montée des enjeux de l’éducation aux médias liée aux attentats, au cyberharcèlement…).
Muriel Béasse, Sabine Bosler, Aise Celik, Faouzia Cherifi, Jean-Jacques Cheval, Matthieu Claure, Christelle Corgiat, Raphaël Dapzol, Marine De Lassalle, Christophe Deleu, Marcy Delsione Ovoundaga, Etienne Damome, Antoine Deiana, Christophe Deleu, Séverine Equoy Hutin, Carole Fagadé, Anne-Caroline Fiévet, Guillaume Garçon, Monica Ghiţă Stoica, Caroline Gillet, Hervé Glevarec, Fatima Gomis, Marc Gonon, Isabel Guglielmone, Nicolas Horber, Sylvain Joseph, Thierry Lefebvre, Florence Michaux-Colin, Sébastien Michon, Claire Moutarde, Sebastien Poulain, Laurence Prevost, Olivia Probst, Sébastien Rochat, Elsie Russier, Rachid Sadaoui, Blandine Schmidt, Eric Schweitzer, Elodie Tapsoba
Référence : FERRAND-BECHMANN Dan et POULAIN Sebastien, « Festivals, associations, services publics : les bénévoles font-ils tourner la France ? », The Conversation, 10 août 2023, 23h17, https://theconversation.com/festivals-associations-services-publics-les-benevoles-font-ils-tourner-la-france-209446
Ce sont près de 21 millions « participations bénévoles » – un même bénévole pouvant avoir plusieurs participations – qui irriguent le monde du bénévolat selon l’Insee. Ces « participations » représentant 580 000 emplois en équivalent temps plein dans 1,25 million d’associations (là où a traditionnellement lieu l’activité bénévole).
Plus récemment, on observe une montée de groupes informels : collectifs radicaux, ZAD, réseaux sociaux, gilets jaunes, engagements à la carte. Les bénévoles s’y engagent sans contrepartie financière, librement et pour aider d’autres personnes, y compris pour la gestion administrative de ces structures et souvent pour défendre une cause. Ce phénomène a pris beaucoup d’ampleur depuis plusieurs décennies. Les motifs ? Un désir d’aider les autres (matériellement ou psychologiquement), une envie de lien social, d’être un citoyen actif ou de militer, parfois parce qu’on est concerné (associations de malades). Beaucoup de secteurs attirent les bénévoles : droits humains, écologie, culture, patrimoine, sécurité, etc.
Multiplication des dispositifs de travail bénévole
Cette attraction pour le bénévolat est encouragée par l’État. Au-delà des atouts fiscaux traditionnels dont les associations bénéficient sur les dons (66 % de réduction) et sur leur imposition, l’État utilise les bénévoles pour mettre en œuvre ses politiques climatiques, antiterroristes ou démographiques, etc. Pour cela, il « désétatise » et délègue des missions d’intérêt général aux associations, et même à des structures lucratives.
Créées par une loi de 2001, les Sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) où collaborent des associations, des collectivités territoriales et des entreprises sont de plus en plus plébiscitées. La loi Économie sociale et solidaire de 2014 a créé l’agrément « Entreprise solidaire d’utilité sociale ». La loi dite Pacte de 2019 a imposé de prendre en considération les impacts sociaux et environnementaux, et encourage les sociétés à but lucratif à « redéfinir leur raison d’être ».
Multiplication des dispositifs de travail bénévole
Cette attraction pour le bénévolat est encouragée par l’État. Au-delà des atouts fiscaux traditionnels dont les associations bénéficient sur les dons (66 % de réduction) et sur leur imposition, l’État utilise les bénévoles pour mettre en œuvre ses politiques climatiques, antiterroristes ou démographiques, etc. Pour cela, il « désétatise » et délègue des missions d’intérêt général aux associations, et même à des structures lucratives.
Les médias peuvent-ils changer le monde pour le rendre durable, soutenable, écologique ? Vaste question ! On se doute qu’ils ont des effets non négligeables compte-tenu de leurs rôles dans nos vies. Mais quels sont les médias qui veulent changer ce monde ? C’est l’objet du présent article.
Nous sommes habitués à recevoir des informations plutôt déplaisantes depuis le 18ème siècle où a été créé la presse papier. Face à l’apocalypse socio-écologique que nous sommes en train de créer et vivre, il semble que nous ayons besoin d’informations qui nous redonnent de l’espoir.
D’autant plus que les médias traditionnels (presse écrite, radio et télévision) sont critiqués de toute part et souffrent d’un manque de confiance comme le montre le baromètre annuel de La Croix sur la confiance dans les médias qui montre que le média radio est celui qui inspire le plus confiance.
Et 32% des personnes interrogées par le Reuters Institute dans sa dernière étude annuelle évitent régulièrement ou parfois les actualités, tandis que 52% sont plus enclins à lire plus d’articles du même journal et 60% à partager l’article lorsque l’on propose une solution selon Nina Fasciaux, rédactrice et coordinatrice du Solutions Journalism Network en Europe, qui est intervenue lors du Festival de l’Info Locale fin juin à Nantes.
D’où l’apparition du journalisme positif, d’impact, de solutions, de construction qui se distingue des formes de journalisme habituels. Selon l’étude du Solutions Journalism Network et l’Engaging News Project menée auprès de 755 Américains adultes, le journalisme orienté vers la solution est prometteur sur au moins trois dimensions :
• Le lecteur a davantage le sentiment d’être bien informé par ce type de journalisme orienté solution
• La confiance se renforce entre le lectorat et les organes de presse promouvant ce type de journalisme
• L’engagement des lecteurs augmente : nombre de partages sociaux, du nombre de lectures sur le site, du même auteur, sur le même sujet…
Une soirée de Convergences – jeudi 5 septembre 2019 19h00–21h00 (voir annexe 1 ci-dessous) – était justement intitulée « Pour changer le monde, commençons par le raconter autrement » et avait 3 problématiques :
• De quelle façon les médias peuvent-ils contribuer à faire évoluer les représentations et les comportements vers un monde plus durable ?
• Comment faire émerger de nouveaux récits pour inspirer le plus grand nombre et provoquer des déclics ?
• Comment les leviers de l’information, de la fiction et du divertissement peuvent-ils être mobilisés pour accélérer la transition écologique, sociale et démocratique ?
Ci-dessus une photo de la soirée du 6 septembre 2019 #YouthWeCan ! “Les jeunes s’engagent pour le climat” à Convergences.
Note de lecture Thierry LEFEBVRE L’Aventurier des radios libres Jean Ducarroi...Dr Sebastien Poulain
Source : Note de lecture, « Thierry Lefebvre, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003), Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p. », RadioMorphoses, n°9, 2023, https://journals.openedition.org/radiomorphoses/3930
9 | 2023
Notes, conduites, synopsis, partitions : écrire et composer la radio
Note de lecture
Thierry LEFEBVRE, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003)
Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p.
Sébastien Poulain
https://doi.org/10.4000/radiomorphoses.3930
Référence(s) :
Thierry LEFEBVRE, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003). Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p.
Plan | Texte | Citation | Auteur
Plan
Historiographie réparatrice
Le radiolibriste aventurier et sa chute
Conclusions post-radiolibristes
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1Ayant rendu compte de la structure de l’ouvrage L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003) et de la place de J. Ducarroir dans l’histoire de la radio (Questions de communication, n°40, 2021, p. 568-572), je vais insister ici sur la place « réparatrice » de ce livre dans l’historiographie radiolibriste et sur le mystère de la « chute » post-radiolibriste de J. Ducarroir.
Historiographie réparatrice
2Négliger L’Aventurier du fait de l’importance de La bataille des radios libres. 1977-1981 (2008) – qui est aujourd’hui une référence pour toute recherche sur les « radios libres », voire sur les médias militants - parce qu’elle ne concernerait qu’un seul acteur - et de surcroit un acteur peu connu - serait une erreur. En fait, La bataille constitue la matrice dont Thierry Lefebvre tire les fils dans ses ouvrages suivants - notamment Carbone 14 : Légende et histoire d’une radio pas comme les autres (2012) et François Mitterrand pirate des ondes. L’affaire Radio Riposte (2019) -, et en particulier dans L’Aventurier qui permet d’humaniser davantage le mouvement et de nous informer sur ses acteurs et leur quotidien de militant. En effet, T. Lefebvre publie des archives inédites, dont certaines auraient pu figurer dans La bataille : photos, retranscriptions d’émission, de réunions, scénario de film, articles de journalistes, archives de J. Ducarroir, d’autres radiolibristes et de l’INA. Comme dans La bataille, L’Aventurier comprend des annexes avec des « repères chronologiques », un index des patronymes et un index des stations. Si L’Aventurier (280 p.) contient moins de pages que La bataille (424 p.), T. Lefebvre cite 156 radios dans L’Aventurier contre 226 dans La bataille. J. Ducarroir permet à T. Lefebvre de revisiter et approfondir une grande partie de cette « bataille » sur laquelle il travaille depuis le début des années 2000 et pour laquelle il a cherché vainement « à contacter ce personnage incontournable » (p. 12) alors que ce dernier décède justement à ce moment-là, en 2003.
POULAIN Sebastien, « Une micro-radio d’organisation douce : les postradiomorphoses entre mobilisation, décélération et communication », in Pascal Ricaud et Lara Van Dievoet (sous la direction de), « Radio en mobilité : Programmes, pratiques, techniques et perspectives », RadioMorphoses, n°7, 2021, https://journals.openedition.org/radiomorphoses/2257
Les « micro-radios d’organisation » sont une nouvelle génération de postradiomorphoses issues des radios d’organisation, webradios et podcasts. Au-delà de leur utilité informationnelle, communicationnelle, RH, marketing pour les organisations qui les mettent en place, elles peuvent avoir d’autres fonctions dans les sociétés urbaines contemporaines en tentant de modifier le cours des flux urbains. L’étude de l’une de ces radios permet de mettre en exergue plusieurs effets envisageables de celles-ci : mobilisation, attraction, fixation, localisation, décélération des acteurs mobiles urbains. Si ces radios « lentes » ou « douces » font face à des difficultés, elles sont susceptibles de jouer un nouveau rôle dans le « continuum sociotechnique » pour faire société autrement et ouvrir le champ des possibles.
Organizational micro-radios are a new generation of postradiomorphoses originate in organizational radios, webradios and podcasts. Beyond their information, communication, HR and marketing usefulness for the organizations that set them up, they can have other functions in contemporary urban societies by trying to modify the course of urban flows. The study of one of these radios makes it possible to highlight several possible effects of these: mobilization, attraction, fixation, localization, deceleration of urban mobile actors. If these “slow” or “soft” radios face difficulties, they are likely to play a new role in the “socio-technical continuum” to create society differently and open up the field of possibilities.
Las microradios organizacionales son una nueva generación de postradiomorfosis originadas en radios organizacionales, webradios y podcasts. Más allá de su utilidad de información, comunicación, RRHH y marketing para las organizaciones que los establecieron, pueden tener otras funciones en las sociedades urbanas contemporáneas al tratar de modificar el curso de los flujos urbanos de la "sociedad líquida". El estudio de una de estas radios, permite destacar varios posibles efectos de estas: movilización, atracción, fijación, localización, desaceleración de los actores móviles urbanos. Si estas radios "lentas" o "blandas" enfrentan dificultades, es probable que desempeñen un nuevo papel en el "continuo socio-técnico" para crear una sociedad diferente y abrir el campo de posibilidades.
« Le podcast comme outil faustien de gafamisation de la radio ? », 10e Colloque international du GRER, « La radio dans l’univers audio Expressions, concurrences et contextes », 10e Colloque international du GRER (Groupe de recherches et d’études sur la radio)
Département d’information et de communication
Université Laval à Québec
9 au 11 novembre 2022
https://radiodansuniversaudio.com/
Jour 1 (09 Nov) - Salle CSL 3788
09:00 Ouverture du colloque et mots de bienvenue par Henri Assogba Professeur titulaire à l’Université Laval et responsable du comité d’organisation, Étienne Damome Maître de conférences HDR à l’Université Bordeaux Montaigne et président du GRER, Guylaine Martel Directrice du département d’information et de communication, Université Laval, Guillaume Pinson Doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines, Université Laval
09:30 La radio dans l'univers audio : sociologie d'une fragmentation Conférence inaugurale par Hervé Glevarec Directeur de recherche au CNRS, Université de Paris Cité
10:30 Pause-café
10:45 Table ronde d’ouverture : « Mutations de l’univers audio du point de vue des acteurs »
par Julien Morissette Directeur artistique de Transistor Média et fondateur du Festival de la radio numérique à Gatineau / Québec, Jean-Nicolas Gagné, Directeur général de Qub Radio, la radio numérique de Québécor / Québec, Natacha Mercure Première directrice stratégie et contenus audionumériques à Radio-Canada, Silvain Gire, Cofondateur et directeur éditorial d'Arte Radio / France,
Modératrices, Colette Brin Professeure titulaire à l’Université Laval, Marie-Laurence Rancourt, Directrice artistique et générale de Magnéto
12:00 Pause déjeuner
12:00 Pause déjeuner
1er panel scientifique présidé par Jean-Jacques Cheval, Professeur à l’Université Bordeaux Montaigne
14:00 Radiophonique ou radionumérique : l'un dans l'autre ou l'autre dans l’un par Séverine Equoy Hutin professeure des Universités en sciences de l'information et de la communication à l'Université de Bourgogne Franche-Comté / France.
14:25 « Flux vs stock : le direct sauve-t-il la radio face à l’audio ? » par Frédéric Antoine Professeur à l’Université de Namur / Belgique
14:50 « The Serial productions, from remediation to innovation » par Ella Waldmann Doctorante à l’Université Paris Cité / France
15:15 Pause-café
Jour 1 (09 Nov) - Salle CSL 3788
2e panel scientifique présidé par Nozha Smati, Enseignante-chercheure à l’Université de Lille
15:45 « La Radio Tunisienne dans l’univers audio : Réflexion sur les nouveaux contextes professionnels, les enjeux technologiques et les défis de contenus médiatiques » par Soumaya Berjeb, IPSI - Université de la Manouba / Tunisie
16:10 « Le podcast comme outil faustien de gafamisation de la radio ? » par Sébastien Poulain Chercheur associé au MICA - l’Université Bordeaux Montaigne / France
Référence : « "Une autre redevance est possible" : quelles alternatives à la suppression de la Contribution à l'Audiovisuel Public ? », interview de Simon Becquet, RAM 05, 4 juillet 2022, https://ram05.fr/une-autre-redevance-est-possible-quelles-alternatives-a-la-suppression-de-la-contribution-a-laudiovisuel-public
Note de lecture Thierry Lefebvre - L Aventurier des radios libres : Jean Duc...Dr Sebastien Poulain
Référence : POULAIN Sebastien, note de lecture, « Thierry Lefebvre, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003). Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p. », Questions de communication, n°40, 2021, http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/27690, https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.27690 et https://www.cairn.info/revue-questions-de-communication-2021-2-page-568.htm
Bien qu’il existe aujourd’hui de nombreux articles de scientifiques sur le monde radiophonique, cela reste moins traité que sur les autres médias. Thierry Lefebvre est actuellement le seul universitaire français à publier régulièrement des ouvrages sur ce sujet (entre ses autres ouvrages sur l’histoire des sciences). Spécialiste des « radios libres », il a commencé son travail de recherche par une approche globale du mouvement radiolibriste dans La Bataille des radios libres. 1977-1981 (Paris, Nouveau Monde Éd., 2008). Dans cette même dynamique, il a dirigé plusieurs livraisons des Cahiers d’histoire de la radiodiffusion sur la fin des années 1970 et le début des années 1980. Puis, il choisit une approche plus individuelle à travers l’étude d’une station de radio dans Carbone 14. Légende et histoire d’une radio pas comme les autres (Bry-sur-Marne, Éd. de l’INA, 2012). Malgré sa programmation très libre et ses émissions illégales, cette radio ne peut pas être qualifiée de « radio libre » au sens du livre précédent – c’est-à-dire une radio qui milite contre le monopole principalement entre 1977 et 1981. Par la suite, il a étudié un événement-radio (ou radio-événement) politique via l’étude de Radio Riposte dans François Mitterrand pirate des ondes. L’affaire Radio Riposte (Paris, Éd. Le Square, 2019). Malgré le travail de préparation et les conséquences, cette radio n’a duré que quelques minutes, avant son brouillage et sa saisie.
Je me permets de signaler que T. Lefebvre et moi avons dirigé deux ouvrages. D’abord, Radios libres, 30 ans de FM : la parole libérée ? (Paris, Éd. L’Harmattan, 2016) qui a permis d’élargir le spectre d’étude grâce à des approches de chercheurs internationaux, de professionnels de la radio, d’archivistes et d’une cinéaste – ce sont les actes du premier colloque sur les radios libres organisé par le Groupe de recherches et d’études de la radio (Grer). Ensuite, Les Radios locales : histoires, territoires et réseaux (Paris, Éd. L’Harmattan, 2021) qui permet, quant à lui, d’étendre le spectre temporel avec l’étude de radios plus anciennes (les toutes premières expériences radiophoniques ou Radio Solitude en Cévennes de France Culture) et de radio beaucoup plus récentes (les webradios locales).
Avec Françoise Dumaine, Alain Zanotti, Benoît Dumaine, Sebastien Poulain, « Généraliser l'Empreinte Solidaire® dans la gestion d'actifs », axes « Quel modèle social pour « faire avec » nos vulnérabilités ? » et « Quelle voie pour une économie soutenable ? », Contribution – « Covid-19 : pour un « après » soutenable », séminaire « Soutenabilités » cycle 1 février-juillet 2020, France stratégie, juillet 2020, https://www.strategie.gouv.fr/projets/seminaire-soutenabilites, https://www.strategie.gouv.fr/publications/covid-19-un-apres-soutenable-synthese-contributions, https://www.strategie.gouv.fr/actualites/modele-social-faire-nos-vulnerabilites, https://www.strategie.gouv.fr/actualites/une-economie-soutenable, https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/seminaire_soutenabilite_-_covid-19_-_contributions_web.pdf et https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/generaliser_l_empreinte_solidairer_dans_la_gestion_d_actifs.pdf
New deal, refondation, résilience, soutenabilité : la finalité est claire. Nous avons la connaissance
des besoins, il y a urgence à agir. L'Empreinte Solidaire®, comme marqueur de l'engagement
inclusif des grands investisseurs institutionnels et une loi Pacte élargie sur l'Assurance-vie
(l'enveloppe). La doctrine AMF sur "engagement" et critères ESG évolue, les cadres d'application
doivent innover pour répondre à cette ouverture et l'urgence du monde d'après. Pour un
changement d'échelle renforçant le S de ESG, dans sa profondeur solidaire. Face à la récession
en formation, aux laissés-pour-compte à venir, les jeunes notamment, il faut une réponse massive
public-privé. La réponse se veut innovante et pragmatique, avec une réelle intentionnalité pour
embarquer les acteurs et les inciter à agir sur le terrain d'un solidaire dédié au post-covid. https://
www.empreinte-solidaire.com/
Référence : préparation en français de l’article « Kein Programm links von der Mitte. Öffentlich-rechtlicher Rundfunk in Frankreich », fondation Friedrich-Ebert, mars 2022, https://www.fes.de/themenportal-geschichte-kultur-medien-netz/artikelseite/kein-programm-links-von-der-mitte-oeffentlich-rechtlicher-rundfunk-in-frankreich, http://library.fes.de/pdf-files/a-p-b/19078.pdf et https://fr.slideshare.net/SebastienPoulain/kein-programm-links-von-der-mitte-ffentlichrechtlicher-rundfunk-in-frankreich
Kein Programm links von der Mitte. Öffentlich-rechtlicher Rundfunk in FrankreichDr Sebastien Poulain
Note « Kein Programm links von der Mitte. Öffentlich-rechtlicher Rundfunk in Frankreich », fondation Friedrich-Ebert, Paris, mars 2022, https://www.fes.de/themenportal-geschichte-kultur-medien-netz/artikelseite/kein-programm-links-von-der-mitte-oeffentlich-rechtlicher-rundfunk-in-frankreich et http://library.fes.de/pdf-files/a-p-b/19078.pdf
Le bénévolat d’entreprise sociale : une nouvelle forme d'engagement des citoy...Dr Sebastien Poulain
Camille Morel (PACTE, Université Grenoble-Alpes et chargée de recherche) et Sebastien Poulain (Mica, Université Bordeaux Montaigne)
, « Le bénévolat d’entreprise sociale : une nouvelle forme d'engagement des citoyens et ses limites », sous la responsabilité de Dan Ferrand Bechmann et Damiano de Facci (Réseau thématique-RT 35 « Sociologie des mondes associatifs » de l’Association française de sociologie-AFS), séminaire « (R)évolutions des formes de l'engagement, sociologie du bénévolat », groupe de travail (GT) 32, Association Internationale des Sociologues de Langue Française (AISLF), 22 mars 2022, 14h00-17h30, https://www.aislf.org/revolutions-des-formes-de-lengagement
Amélie Deschenaux et Sandrine Cortessis, Potentielles nouvelles modalités d’engagement et résistances au sein d’une forme traditionnelle d’engagement bénévole de visite à l’hôpital (Suisse)Sebastien Poulain et Camille Morel, Le bénévolat d’entreprise sociale : une nouvelle forme d'engagement des citoyens et ses limites Marie-Anne Dujarier, présentation de Trouble dans le travail : sociologie d'une catégorie de pensée
Damiano De Facci, La solidarité par le bas, comment répondre à la crise sanitaire (France)
Eric Gagnon, Les impacts de la pandémie, du confinement et des mesures sanitaires sur les organisations où œuvrent les bénévoles ainés et sur les bénévoles eux-mêmes. stratégies organisationnelles et stratégies individuelles visant à maintenir cet engagement.
Yves Raibaud, Travail gratuit et bénévolat dans une perspective féministe "Qui encaisse le travail gratuit“ et ”trouble dans le bénévolat": ces deux énoncés, posés côte à côte, sont stimulants. Le travail gratuit est historiquement et universellement le travail des femmes, ce qui fait penser aux care studies. Trouble fait inévitablement penser à Gender Trouble. Y-a-t-il du trouble dans le bénévolat lorsque certains hommes, certaines femmes, certains autres, ne sont pas à la place où on les attend ?Dan Ferrand-Bechmann, Nouvelles formes de bénévolat, l'écoute à distance : les incontournables deviennent contournables, conclusion sur la valeur du bénévolat.
Le benevolat d’entreprises entre nouvelle delegation de service public et app...Dr Sebastien Poulain
Camille Morel et Sebastien Poulain, « Le bénévolat d’entreprises entre nouvelle délégation de service public et appropriation entrepreneuriale », « Richesses et ambiguïtés du travail bénévole », in Nicolas Da Silva et Pascale Molinier (sous la direction de), Nouvelle revue de psychosociologie, n°32, automne 2021, https://www.editions-eres.com/ouvrage/4830/le-travail-benevole
Gouvernance inclusive et alliances inédites pour un territoire plus innovantDr Sebastien Poulain
Camille Morel et Sebastien Poulain, « Gouvernance inclusive et alliances inédites pour un territoire plus innovant : le cas de la SCIC Citeomix à Mirecourt dans les Vosges », Session 1 « Innovations sociales, projets alternatifs et réseautage : des leviers pour une transition des territoires durable ? », animée par Nassima Hakimi (laboratoire Pacte) et Iharivola Randrianasolo (laboratoire CITERES), Journée d’étude à destination des jeunes chercheur.euse.s « Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires », laboratoire CITERES (Université de Tours) et PACTE (Université de Grenoble), https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/, Cité des Territoires, Grenoble, 15 novembre 2018, https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/data/pages/20181115_Programme_Journee_Jeunes_Chercheurs_2018_modifie.pdf, https://www.slideshare.net/SebastienPoulain/gouvernance-inclusive-et-alliances-indites
Camille Morel et Sebastien Poulain, « Gouvernance inclusive et alliances inédites pour un territoire plus innovant : le cas de la SCIC Citeomix à Mirecourt dans les Vosges », Session 1 « Innovations sociales, projets alternatifs et réseautage : des leviers pour une transition des territoires durable ? », animée par Nassima Hakimi (laboratoire Pacte) et Iharivola Randrianasolo (laboratoire CITERES), Journée d’étude à destination des jeunes chercheur.euse.s « Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires », laboratoire CITERES (Université de Tours) et PACTE (Université de Grenoble), https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/, Cité des Territoires, Grenoble, 15 novembre 2018, https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/data/pages/20181115_Programme_Journee_Jeunes_Chercheurs_2018_modifie.pdf (actes non publiés)
Le benevolat d entreprises sociales une nouvelle forme de benevolat condition...Dr Sebastien Poulain
Camille Morel et Sebastien Poulain, « Le bénévolat d’entreprises sociales : une nouvelle forme de bénévolat conditionnée par l’éthique » (Communication #1775), Groupes de travail émergents (GTE) 09 - Sociologie du bénévolat « Le bénévolat entre travail, éthique et engagement », 17h00-19h00, jeudi 15 juillet 2021, « La société morale », XXIème congrès de l’Association Internationale des Sociologues de Langue Française (AISLF) Tunis, 12-16 juillet 2021, https://congres2021.aislf.org/, https://congres2021.aislf.org/pages/38-prog.php?groupe=GTE09
« La radio de demain s'invente aujourd'hui », « C'est déjà demain », émission animée par Églantine Éméyé, France Bleu, 15-16h, 2/06/2021, https://www.francebleu.fr/emissions/c-est-deja-demain/la-radio-de-demain-s-invente-aujourd-hui et https://radiodufutur.wordpress.com/2021/07/09/france-bleu-la-radio-de-demain/
BERTIN Marie, « Rythmes & formats : “Silence, s’il vous plaît !” De la place accordée aujourd’hui au silence à la radio », syntone.fr, 28 novembre 2012, http://syntone.fr/rythmes-formats-silence-sil-vous-plait/
MARCHAIS Clémentine, « Dingues d’aliens », Cosmos, Ecole de journalisme de l’Institut Français de Presse Paris II, mars 2014, p33-36, http://issuu.com/ifpparis2/docs/cosmos_04
Retour en paleo-radio ? Polemiques autour de Stephane Guillon et Didier Porte a France Inter
1. « Retour enpaléo-radio? Lecas
de censure de Stéphane Guillonet
Didier Porteà France Inter »
« Retour en paléo-radio ? Polémiques autour de Stéphane Guillon et
Didier Porte à France Inter », in « Les scènes de l'humour », Marie
Duret-Pujol et Nelly Quemener (sous la direction de), Cahiers
d’Artes, n°16, 2020, http://www.pub-
editions.fr/index.php/catalogsearch/result/?q=cahiers+d%27artes
&x=0&y=0
2. L
Sébastien Poulain
« Retour enpaléo-radio? Lecas
de censure de Stéphane Guillonet
Didier Porteà France Inter »
a plupart des dizaines de milliers de licenciements
annuels restent confidentiels à quelques exceptions près :
une contestation aux prud’hommes, une médiatisation syndicale,
le licenciement d’une personnalité connue. Cette dernière situation est
celle des chroniqueurs-humoristes Didier Porte et Stéphane Guillon
à la fin de la saison 2009-2010. Didier Porte fait à l’époque une
chronique hebdomadaire appelée L’humeur de à 7h55 depuis 2008 et
cinq chroniques à 12h05 dans l’émission Le fou du roi depuis 2006
après avoir travaillé à France Inter de 1994 à 1997 et depuis 1999.
De son côté, Stéphane Guillon a fait deux puis trois chroniques par
semaine à 7h55 depuis 2008 après avoir travaillé en 2003 dans cette
même émission Le fou du roi. Or, les deux humoristes voient leurs
« contrats de grille » non-renouvelés fin juin 2010 par Jean-Luc Hees
et Philippe Val respectivement PDG de Radio France (RF) et direc-
teur de France Inter (FI) depuis le printemps 2009.
Dans la présente étude, il s’agit de se demander ce qui a
rendu possible cette fin de contrat qui a été jugée aux prud’hommes
comme un licenciement sans cause réelle et sérieuse et que les humo-
ristes considèrent comme une censure politique. Pour comprendre le
3.
4. Sébastien Poulain
104
processus qui mène au licenciement, il apparaît important de revenir
d’abord sur les carrières des deux humoristes qui font leur spécificité
dans les médias, sur scène ainsi que dans leur travail de publication.
Au-delà de leurs parcours personnels, ceux-ci interviennent dans un
espace radiophonique nouveau où des chroniques humoristiques font
leur apparition dans les matinales d’information. Ceci dans un espace
politique qui évolue avec l’arrivée à l’Élysée de Nicolas Sarkozy qui
réforme l’audiovisuel public. C’est dans ce contexte que naissent
des polémiques sur les chroniques humoristiques qui traitent des
politiques et parfois des dirigeants de médias. Déplaisant à ces derniers,
ces chroniques aboutissent à un conflit médiatisé entre les humoristes,
les politiques et les dirigeants de RF (Jean-Luc Hees et Philippe Val),
ce qui pose la question de la liberté d’expression des humoristes et
des limites de leur humour. Pour défendre cette liberté, les humo-
ristes décident de saisir les prud’hommes, et de réagir publiquement :
interviews, chroniques, édition de livres. À travers les récits de l’affaire
écrits avec humour, ils donnent leur version des faits, produisent des
analyses, définissent le métier d’humoriste et ses missions sociales et/
ou politiques, défendent leur thèse de la censure politique pour tenter
de réhabiliter leur travail et de retrouver de la légitimité.
Cette étude se situe donc au carrefour des très abondantes
histoires du rire, des médias et de la censure. FI est moins soumise
à la censure liée au « champ économique »1
que les radios généra-
listes privées commerciales dépendantes du groupe mère, des annon-
ceurs, de l’audience2
. Toutefois, l’audience est loin d’être négligée par
les dirigeants de radio publique et si les baisses de budget obligent à
chercher de nouvelles sources de financement et à diminuer les
dépenses. En revanche, cette radio est davantage soumise au «
champ politique » pour le choix des dirigeants, le niveau de
financement, le cahier des charges, le contrat d’objectifs et de
moyens.
1 Pierre Bourdieu, Sur la télévision, suivi de L’emprise du journalisme,Paris, Liber, 1996, p. 95.
2 Sebastien Poulain, « La 55 000 ou l’avènement de la radiométrie moderne », Cahiers
d’histoire de la radiodiffusion, n° 129, 2016.
5. «Retourenpaléo-radio?LecasdecensuredeStéphaneGuillonetDidier
Porte…
105
Il s’agit de vérifier ici s’il y a actualisation des recherches de
Béatrice Donzelle3
sur les pressions de la tutelle étatique qui ont pesé
sur le journal parlé de FI dans les années 1960. Ces pressions qui
s’exerçaient dans la « paléo-radio »4
sur un mode explicite, objectif,
formel au moment de la fondation de la radio en 1963, tendent à
passer à un mode plus implicite, subjectif, informel au fur et à mesure
de la libéralisation de l’audiovisuel5
où apparaît la « néo-radio ».
Or, les humoristes ont une place spécifique dans les médias, surtout
lorsqu’ils interviennent dans des tranches d’information, et surtout
lorsque celles-ci appartiennent à une radio dite « d’État » qui dispose
de beaucoup d’audience et fait donc l’objet d’une grande attention
médiatique, syndicale et politique.
La présente étude vise donc à mieux éclairer comment peut
s’exercer la censure dans la « néo-radio » vis-à-vis d’acteurs sociaux
spécifiques que sont les humoristes. Ceux-ci sont vus ici comme des
opposants politiques à évacuer de l’espace médiatique par un
pouvoir sarkozyste particulièrement regardant sur la presse et qui
dispose d’un pouvoir quasiment hiérarchique sur la programmation
du fait de la nomination de la direction de la radio publique. Face à ce
travail de répression qui rappelle la « paléo-radio » et qui vise à
empêcher la déstabilisation d’un ordre dominant par la limitation de
la parole, il s’agit de rendre compte des outils dont disposent des
humoristes pour maintenir un rapport de force symbolique à défaut
de pouvoir inverser le rapport de force hiérarchique.
Nous allons voir d’abord dans quel contexte médiatique,
professionnel, politique, a lieu cette censure, c’est-à-dire la scène
radiophonique sur laquelle se déploient les polémiques. Nous verrons
ensuite comment se déroulent les polémiques qui portent aussi bien
3 Beatrice Donzelle, « Le journal parlé de France Inter danslesannées1960. Journalisme
de service public et propagande en démocratie », RadioMorphoses [En ligne], n° 2, 2017.
URL : http://www.radiomorphoses.fr/index.php/2017/02/21/journal-france-inter/
4 Sebastien Poulain, « La prospective radiophonique à l’approche de la guerre entre exal-
tations technicistes et pacifistes », Cahiers d’histoire de la radiodiffusion, n° 132, 2017.
5 Beatrice Donzelle, « Les relations internationales dans les journaux parlés de France
Inter de 1964 à 1994 : “gallocentrisme” et “Voix de la France” », Le Temps des médias,
vol. 8, n° 1, 2007, p. 177-192.
6. Sébastien Poulain
106
sur les chroniques que sur les chroniqueurs et les chroniqués : quelle
est la mise en scène radiophonique des polémiques ? Enfin, nous allons
voir le travail littéraire de réhabilitation a posteriori que produisent les
humoristes : les critiques et autocritiques radiophoniques.
La scène radiophonique :Le contexte professionnel,médiatique
et politique de réapparition de La « paléo-radio »
Guillon et Porte ont pour point commun d’être de la même
génération (Porte est né en 1958, Guillon en 1963), d’avoir travaillé
à FI sur la même période et de se faire licencier le même jour (le 23
juin 2010) suite à des polémiques concernant leurs chroniques. Par
ailleurs, ces polémiques, et plus globalement leurs passages à FI ont
largement contribué à les faire connaître et changer la trajectoire de
leur carrière. Ils se distinguent aussi sur plusieurs points. L’un, Guillon,
a joué dans des films (une vingtaine), des téléfilms (une dizaine) et
des pièces de théâtre (une demi-douzaine). Il a travaillé dans peu de
médias et surtout à la télévision6
tandis que, l’autre, Porte, a exclusi-
vement œuvré pour un nombre important de médias (presse écrite,
radio, télévision et numérique7
).
Leur passage dans deux médias a joué un rôle important dans
leur carrière : Canal + et FI. Porte est le premier à arriver à FI en 1994
pour chroniquer8
avant d’être licencié une première fois par la station
en 1996 pour « inhumanité » puis de revenir en 1999 lors de l’arri-
vée de Jean-Luc Hees à la direction de FI pour une chronique quoti-
dienne à 12h059
. S’ajoute en 2008 une chronique hebdomadaire dans
6 Guillon a travaillé pour Canal +, Comédie !, C8, France 4, Libération.
7 Porte a travaillé dansla presse écrite (Dépêche du Midi, Le Matin de Paris, L’Étudiant, Siné
Hebdo), radiophonique (TSF 93, Canal 102, Radio France Melun, RMC Moyen-Orient,
RFM, Europe 2, Ouï FM, Europe 1, RMC, RTL, France Inter), télévisuelle (M6, Paris
Première, Canal +, La Cinquième, France 2) et numérique (Arrêt sur images, Mediapart,
Là-bas si j’y suis).
8 Il est successivement chroniqueur dans Zappinge de Gilbert Denoyan, Zoom et
Audimatraquage d’Isabelle Motrot, Rien à cirer, Les P’tits Déj’s et Changement de direction de
Laurent Ruquier.
9 Porte travaille pour l’émission Rien à voir de Laurence Boccolini et reste quand celle-ci
7. «Retourenpaléo-radio?LecasdecensuredeStéphaneGuillonetDidier
Porte…
107
la matinale du jeudi à 7h55. Guillon arrive à FI plus de 10 ans après
Porte – en 2003 – dans la même émission de fin de matinée : Le fou du
roi. Il ne reste toutefois qu’une année car il suit Bern à Canal +10
. Porte
a aussi travaillé pour Canal +, mais bien moins que Guillon : il est
coauteur avec Anne Magnien de l’émission « La Nuit de la connerie »
le samedi 22 janvier 1994. Guillon revient à FI en 2008 sur invita-
tion de Frédéric Schlesinger. Les humoristes sont donc tous les deux
recrutés (Guillon) ou renouvelés (Porte) par Hees quand celui-ci est
directeur de FI, puis licenciés par Hees quand il devient PDG de RF.
Dans sa chronique de 12h05, Porte traite pêle-mêle les acteurs de la
vie politique, les chaînes de télévision ou les émissions de télé-réalité.
Les chroniques de 7h55 de Porte et Guillon sont quant à elles consa-
crées aux invités de la matinale après le journal de 8h, c’est-à-dire très
souvent des femmes et hommes politiques.
En parallèle et surtout grâce aux médias, Porte et Guillon
jouent sur scène. Guillon a une formation en la matière. Il débute en
1990 avec un premier spectacle solo qu’il présente au café-théâtre Le
Movies. Il intervient ensuite dans La Grosse Émission sur Comédie !
(2001-2002) puis il est à nouveau sur scène avec 5 spectacles entre
2002 et 201811
. En 2010, Guillon doit refuser 200 personnes par soir
au théâtre Dejazet (700 places) pour son spectacle Liberté (très)
surveillée12
(une référence à la surveillance dont il fait l’objet à FI). Il
totalise 45 000 entrées vendues13
. De son côté, Porte a une forma-
tion en économie (maîtrise à l’université Paris-X Nanterre) mais pour
lui aussi, les médias jouent un rôle important dans ses débuts sur
scène. Licencié de FI en 1997, il crée 7 spectacles entre 1998 et 201614
.
est remplacée par Stéphane Bern qui présente Le Fou du roi de 2000 à 2011.
10 Guillon travaille pour Bern dans 20h10 pétantes de Canal + où il assure une chronique
quotidienne entre 2003 et 2005. Après l’arrêt de l’émission, il continue sur la même
chaîne dans Salut les Terriens ! avec Thierry Ardisson de 2006 à 2012 et de 2015 à 2017.
11 Petites horreurs entre amis (2002), En avant la musique (2006),Liberté(très)surveillée(2010),
Certifié Conforme (2015), PremiersAdieux (2018).
12 Augustin Scalbert, La voix de son maître ? France Inter et le pouvoir politique 1963-2012,
Paris, Nova édition, 2012, p. 261.
13 Interview d’Élise Lucet, Le 13h, France 2, 18 janvier 2011.
14 L’ami des vedettes (1998), Entracte manqué (1999), Didier Porte joue et gagne à être connu
8. Sébastien Poulain
108
Enfin, les médias sont importants dans leur carrière littéraire.
Porte publie un premier ouvrage en 1994 suite à une émission sur
Canal +, puis il publie régulièrement quand il redevient chroniqueur
à FI (2003) ou, du moins, devient connu grâce à l’émission Le fou du
roi15
. De son côté, Guillon commence à publier lorsqu’il devient chro-
niqueur à Canal + (2005) grâce à un partenariat de la chaîne avec Albin
Michel. Il aurait vendu 100 000 exemplaires de On m’a demandé de vous
virer qui rassemble les chroniques de l’année de son licenciement16
.
Guillon et Porte participent au changement de programma-
tion radiophonique dans les matinales des radios généralistes. C’est
sous la direction de Hees à FI que sont introduites paradoxalement
(car c’est aussi lui qui voudra supprimer cette possibilité 10 ans plus
tard) des chroniques humoristiques dans la matinale, via l’arrivée de
Guy Carlier. Les radios généralistes nationales privées suivent dans la
deuxième partie des années 2000 avec des humoristes imitateurs, à
l’exception de RMC qui choisit le format « info, talk et sport »17
.
Guillon est recruté fin 2008 pour remplacer Carlier et « concurrencer
Canteloup et Gerra qui font un véritable carton sur leur radios
respectives »18
. Avec 1,984 million d’auditeurs19
lors de leur chronique
matinale, les humoristes détiennent un pouvoir de nuisance politique
non négligeable.
Quand Nicolas Sarkozy devient Président de la République
(2007-2012), les humoristes sont au début de leur montée en puis-
sance médiatique au sein de FI. Or, ils font face à une « hyper
présidence » très interventionniste, en particulier médiatiquement.
Dans son ouvrage consacré aux liens entre FI et le pouvoir20
,
(2001), DidierPorte aime les gens (2009), Didier Porte fait rire les masses (2011),Didier Porte à
droite ! (2013), Jusqu’au bout ! (2016).
15 Il publie 9 ouvrages entre 2003 et 2016 dont la plupart sont des recueils de
chroniques radiophoniques.
16 Interview d’Élise Lucet, Le 13h, France 2, 18 janvier 2011.
17 Il y a d’abord Guy Carlier entre 2001 et 2002 puis entre 2006 et 2008 sur FI, Nicolas
Canteloup depuis 2005 sur Europe 1 et Laurent Gerra depuis 2008 sur RTL.
18 Stéphane Guillon, Je me suis bien amusé, merci!, Paris, Seuil,2012,p. 21.
19 Audience entre 7h45 et 8h en avril-juin 2010 selon Médiamétrie.
20 Augustin Scalbert, op. cit., 2012.
9. «Retourenpaléo-radio?LecasdecensuredeStéphaneGuillonetDidier
Porte…
109
le journaliste Augustin Scalbert défend la thèse selon laquelle Sarkozy
rétablit la tutelle directe de l’Élysée sur les PDG de l’audiovisuel
public par la loi n° 2009-258 du 5 mars 2009. Avec cette loi « relative
à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de
la télévision », le Président peut nommer et révoquer librement les
PDG de l’audiovisuel. La procédure prévoit simplement un avis
conforme du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) et s’il existe l’«
illusoire garantie »21
de l’article 13 de la Constitution qui impose
l’intervention des commissions culturelles des deux assemblées
pouvant opposer leur véto à ces nominations à la majorité des 3/5ème
.
En réalité, il s’agit de rendre explicite, publique, officielle cette
« tutelle », terme régulièrement employé avec celui d’« actionnaire »22
.
En effet, il apparaît difficile de devenir PDG d’un média public sans
avoir une proximité personnelle et/ou politique avec le Président, en
tout cas un projet appliquant sa politique via les Contrats d’objectifs
et de moyens dits « COM ». D’où l’idée défendue par Sarkozy de justi-
fier cette loi par l’objectif de mettre fin à « l’hypocrisie » qui consiste
à faire croire que ce n’est pas le Président de la République qui décide
qui est le PDG de Radio France parce qu’ils sont nommés par le CSA
(pratique légale antérieure à la réforme de Sarkozy et rétablie par le
Président François Hollande par la suite) :
Il faut mettre fin à une hypocrisie. Je ne vois pas pourquoi
l’actionnaire principal de France Télévisions, en l’occurrence l’État,
ne nommerait pas son président », a-t-il dit, en faisant référence aux
entreprises publiques comme EDF, la SNCF ou la RATP. « Voilà un
système démocratique où on comprend qui fait quoi et comment », a
précisé M. Sarkozy.23
Ainsi, Nicolas Sarkozy choisit lors du Conseil des ministres du 6 mai
2009 de nommer le PDG de Radio France, Jean-Luc Hees.
21 Serge Regourd, « Archéologie du service public audiovisuel : quel passé pour quel
futur ? », Les Enjeux de l’information et de la communication, vol. 14, n° 2, 2013, p. 27-37.
22 Le terme d’« actionnaire » est à l’origine d’une polémique quand Philippe Val le
prononce fin 2009 ce qui donne lieu à une chronique de la part de Porte et Guillon.
23 Lemonde.fr, 1er
décembre 2008.
10. Sébastien Poulain
110
On voit donc que les humoristes sont au plus haut de leur
carrière au moment où ils se font licencier : ils interviennent et
sont intervenus sur divers médias, bénéficient d’une grande noto-
riété et d’une grande liberté d’expression « néo-radiophonique »
quand le Président Sarkozy va dans le sens inverse et impose une
législation plus restrictive et une pratique plus interventionniste
de type « paléo-radiophonique ».
La mise en scène radiophonique : Les polémiques sur les chro-
niques, chroniqueurs et chroniqués dues à La confrontation
« paléo »/« néo » radiophonique
Nous l’avons dit, le double non-renouvellement de « contrat
de grille » est qualifié de licenciement sans cause réelle et sérieuse
par les prud’hommes, et de licenciement politique par les humoristes.
En effet, certaines de leurs chroniques ont créé des polémiques à FI
et dans l’espace politico-médiatique. En ce qui concerne Guillon, les
polémiques commencent bien avant l’arrivée de Val et Hees au
pouvoir à RF/FI. Il est d’ailleurs sans doute en partie recruté dans
cet objectif par Frédéric Schlesinger, directeur de FI. En plus de l’au-
dience, il y a les effets médiatiques des chroniques qui comptent, c’est-
à-dire le « buzz ». Or, Guillon fait état du « premier gros buzz » lors
d’une chronique sur les jeux paralympiques (9 septembre 2008)24
dont
« l’impact durera plusieurs semaines ». Cette chronique fait exploser le
standard de FI et il aurait fallu « dix longues années » pour répondre
à tous les mails « tous très favorables ». Guillon se vante aussi d’avoir
obtenu « 500 000 connexions internet, les honneurs du Zapping, des
articles à la pelle et, cerise sur le gâteau, Paul Amar qui consacre une
émission entière à l’événement », ou encore la présence d’handicapés
de « plus en plus nombreux » à son spectacle.
24 Guillon analyse lesavantageset lesinconvénientsparalympiques d’été selon leshandi-
caps, les disciplines, lesnationalités… : tir à l’arc pour non-voyant («exceptionnellement,
l’accès aux tribunes est gratuit »), la natation synchronisée (« le fait d’être siamoises, c’est
un avantage »), l’hymne national (« pour les sourds, non »), le Rwanda (un « très grand
nombre d’athlètes amputés »). Il recommencera le procédé pour les jeux paralympiques
d’hiver le mercredi 17 mars 2010.
11. «Retourenpaléo-radio?LecasdecensuredeStéphaneGuillonetDidier
Porte…
111
Mais les premiers buzz sont bien inférieurs à celui de sa chro-
nique sur Dominique Strauss-Kahn du 17 février 200925
, qui prend
une tournure internationale car le chroniqué est directeur du FMI et
ancien ministre. Le Président Sarkozy critique la chronique lors d’un
G7 et le New York Times veut interviewer Guillon. C’est un « moment
incroyable, joyeux et excitant » de « gloire » : il est élu « Homme de la
semaine » par Libération, fait la couverture de Télérama, fait l’objet d’un
portrait dans L’Express et d’un reportage d’Envoyé spécial sur France2,
reçoit une demande d’interview de Mireille Dumas… Il devient une
« star de l’humour » comme le dit Porte. Guillon considère les effets
de ses chroniques comme une réussite personnelle.
À partir de ce moment, ses chroniques sont l’objet d’une
plus grande attention, notamment celles concernant des politiques
et des ministres : celles sur Martine Aubry décrite en « petit pot à
tabac » (19 novembre 2008 et 18 février 2009), celle sur Nicolas Hulot
décrit en « écotartuffe » (6 octobre 2009), celle sur la légion d’honneur
que vient d’obtenir Hees (11 janvier 2010), ou encore celle sur Éric
Besson décrit avec « des yeux de fouine, un menton fuyant, un vrai
profil à la Iago » (personnage d’Othello de Shakespeare) et « taupe du
Front national »26
(22 mars 2010).
En ce qui concerne Porte, la chronique qui serait à l’origine
de son licenciement arrive plus tard, le 20 mai 2010. Dans celle-ci, il
fait dire à un Dominique de Villepin atteint du syndrome Gilles de la
Tourette « J’encule Sarkozy » à plusieurs reprises. Porte s’appuie sur
la connaissance assez répandue de la mésentente particulièrement
forte entre Sarkozy et de Villepin. Par ailleurs, de Villepin est aussi
connu pour proférer quotidiennement des injures en privé dans les
ministères. Le même jour à 12h05, Porte fait référence à une affaire de
logement de Christian Estrosi. La chronique entraîne une demande
de droit de réponse, qu’Estrosi ne parvient pas à obtenir, mais ne fait
pas beaucoup parler d’elle.
25 Dans la chronique du 17 février 2009, Guillon fait référence à l’affaire « Piroska
Nagy » (responsable du département Afrique du FMIet maitresse de Dominique Strauss-
Kahn) de 2008 et il incite le personnel féminin de FIà se protéger de Dominique Strauss-Kahn,
nommé à la tête du FMI par le président Sarkozy.
26 Sa chronique sur Besson fait un million de vues sur YouTube et Dailymotion.
12. Sébastien Poulain
112
Porte et Guillon relatent toutes les réactions à leurs
chroniques : celles des politiques et les articles de presse très nombreux
pendant cette affaire Guillon-Porte. La spécificité des effets des chro-
niques est double : d’une part les chroniques et l’affaire font l’objet de
publications sous la forme de livres, d’autre part elles font réagir les
employés de RF : dirigeants, syndicats, journalistes.
En ce qui concerne les publications d’ouvrages, plusieurs
journalistes font référence ou relatent l’affaire. Porte est interviewé sur
FI par Martin Leprince qui publie Fini de rigoler. Peut-on encore se marrer
quand on est de gauche (2010)27
. Leprince s’appuie sur plusieurs affaires
(les caricatures de Mahomet à Charlie Hebdo et licenciement de Siné
du même hebdo) pour analyser les pressions qui limitent la liberté des
humoristes. Après le départ de FI de Porte, Gérard Davet et Fabrice
Lhomme l’interviewent pour raconter l’affaire. Les deux journalistes
publient Sarko m’a tuer (2011)28
où ils regroupent les témoignages de
27 personnalités affirmant avoir subi colère ou représailles de la part
du président Sarkozy. Dans La voix de son maître ? France Inter et le pouvoir
politique 1963-2012, Augustin Scalbert se focalise sur FI et toutes les
interactions avec les représentants des pouvoirs depuis la création de
la radio29
. Un autre ouvrage est publié bien après l’affaire mais déploie
un point de vue favorable à Sarkozy, Hees et Val : La saga France Inter.
Amour, grèves et beautés publié à l’occasion de l’anniversaire des 50 ans
de FI (2013)30
.
Ceux qui publient le plus d’ouvrages sur cette affaire sont
toutefois les humoristes eux-mêmes, avec deux types de publication :
les recueils de chroniques et les récits de l’affaire. Porte publie ses
chroniques des saisons 2007-200831
et 2008-200932
, au même titre que
27 Martin Leprince, Fini de rigoler. Peut-on encore se marrer quand on est de gauche ?, Paris,
Jacob-Duvernet, 2010.
28 Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Sarko m’a tuer, Paris, Stock, 2011.
29 Augustin Scalbert, op. cit., 2012.
30 Anne-Marie Gustave et Valérie Peronnet, La saga France Inter.Amour, grèves et beautés,
Paris, Flammarion, 2013.
31 Didier Porte, Porte flingue. Ses pires chroniquesdu « Fou du roi », Paris, Ramsay, 2008.
32 Didier Porte, Les pipoles à la Porte ! Chroniques énervéesdu Fou du roi et de la matinale de
France Inter, Paris, La Découverte, 2009.
13. «Retourenpaléo-radio?LecasdecensuredeStéphaneGuillonetDidier
Porte…
113
Guillon (2008-200933
et 2009-201034
). Porte ne publie pas de recueil
de ses chroniques cette année-là, mais il cite certaines d’entre elles –
36 entre 2006 et 2010 – dans son récit de l’affaire, et il publie en 2011
des chroniques prononcées entre 2008 et 201035
. Guillon quant à lui
publie son récit de l’affaire en 2012, qu’il fait débuter quand il est
recruté à FI (fin 2008) et termine quand Dominique Strauss-Kahn se
fait arrêter au Sofitel de New York (mai 2011).
Les dirigeants aussi publient des ouvrages, mais une fois sortis
de RF et FI. Il s’agit d’autobiographies sous la forme, côté Jean-Luc
Hees, de cartes postales de ses déplacements et sa vie à l’étranger36
,
et, côté Philippe Val, du récit de toute sa vie37
. Hees ne parle pas de
l’affaire Guillon-Porte tandis que Val y consacre quelques lignes (sur
864 pages). Sans doute souhaitent-ils, à l’inverse des humoristes,
évacuer cette affaire de leur carrière. Malheureusement pour eux, ils
continuent d’être interviewés dessus 10 ans après lors de confé-
rences38
ou interviews39
(de même pour les humoristes40
).
En ce qui concerne les réactions des employés de RF, la spéci-
ficité est qu’une partie d’entre elles sont publiques. Ainsi, beaucoup
des polémiques aboutissent à des interviews de Val et Hees pour
connaître leur point de vue : Val annonce la fin de l’humour dans la
matinale41
, tandis que Hees communique sur les licenciements42
.
33 Stéphane Guillon, « On m’a demandé de vous calmer », Paris, Stock, 2009.
34 Stéphane Guillon, « On m’a demandé de vous virer », Paris, Stock, 2010.
35 Didier Porte, Incorrigible ! Chroniques d’un multirécidiviste, Paris,First-Gründ, 2011.
36 Jean-Luc Hees, Voyage, Paris,Cherche midi, 2015.
37 Philippe Val, Tu finiras clochard commeton Zola, Paris, l’Observatoire, 2019.
38 Voir la conférence «Itinéraire d’un bourlingueur desondes»de Heesà L’Observatoire
des médias de l’Université permanente de Nantes animée par Jean-Claude Charrier et
Madie Magimel le 27 novembre 2015.
39 Voir On n’est pas couché animée par Laurent Ruquier et les critiques Christine Angot et
Charles Consigny, France 2, le 26 janvier 2019, dans laquelle Val est invité pour son livre
Tu finiras clochard comme ton Zola.
40 Interview de Didier Porte par Antoine Dhulster, dans Le parti d’en rire, avec Alain
Vaillant par Hervé Gardette, France Culture, 09 juin 2018 ; Interview de Stéphane
Guillon, Les Grande Gueules, RMC, 21 février 2019.
41 Télé-Loisirs, 15 juin 2010.
42 « Jean-Luc Hees : “Je ne m’appelle pas Domenech” », Le Monde, 23 juin 2010.
14. Sébastien Poulain
114
En parallèle, les dirigeants de RF s’excusent auprès des politiques :
Frédéric Schlesinger s’excuse auprès de Strauss-Kahn qui boycotte
l’antenne de FI43
; Hees s’excuse auprès de Hulot et lui conseille de
porter plainte44
. Besson rédige une tribune contre Guillon45
et fait
savoir qu’il souhaite lui casser la figure et que lui ou sa compagne
hésite à porter plainte. Nicolas Hulot écrit une tribune46
et boycotte
l’antenne de FI jusqu’au 14 avril 2011.
Les salariés de RF rédigent aussi des tribunes. Hees réagit à
la chronique sur Besson47
, ce qui pousse des syndicalistes à réagir à
leur tour48
. C’est ensuite à Porte d’être attaqué par son collègue
Thomas Legrand qui chronique la politique quelques minutes avant
dans la matinale49
. Enfin, le licenciement est validé par une tribune
d’Ivan Levaï50
et un article d’une journaliste qui ne donne la parole
qu’à des salariés favorables à la direction51
. Les collègues matinaliers
vont même à Canal +52
où ils se désolidarisent et attaquent Porte
deux semaines après sa chronique. Ce n’est donc pas une intervention
d’énervement épidermique « spontanée », mais bien un choix profes-
sionnel qui est d’ailleurs critiqué en interne53
.
43 Augustin Scalbert, op. cit., 2012, p. 254.
44 Bérengère Bonte, Sain Nicolas, Paris, Éditions du Moment, 6 mai 2010.
45 Éric Besson, « Des propos de facho mal déguisés sous un look bobo », Libération,
29 mars 2010.
46 NicolasHulot, «La réponse de Hulot à Guillon », Journal du dimanche, 11 octobre 2009.
47 Jean-Luc Hees, « Je persiste et signe : l’humour a ses frontières. Pas d’attaques “au
faciès” ! », Le Monde, 1er
avril 2010.
48 Valeria Emanuele (secrétaire SNJ-RF) et Patrick Balbastre (secrétaire SUD-RF),
« La caricature, ça doit faire mal », Le Monde, 6 avril 2010.
49 Thomas Legrand, « J’ai la terrible impression d’avoir été piégé par Didier Porte »,
Rue89.com, 8 juin 2010.
50 Ivan Levaï, « Les “malpolis” n’ont pas leur place sur France Inter ! », Le Monde,
6 juillet 2010.
51 Annick Cojean, « Le paradoxe France Inter », Le Monde, 10 juillet 2010.
52 Thomas Legrand, NicolasDemorand, Bernard Guetta et Philippe Lefébure, Le Grand
journal, Canal +, 3 juin 2010.
53 Nicolas Demorand découvrira sa caricature sur la machine à café avec marqué en
dessous « traitre ».
15. «Retourenpaléo-radio?LecasdecensuredeStéphaneGuillonetDidier
Porte…
115
Si FI n’a pas le monopole de ce type d’expression, elle en a
peut-être davantage l’habitude que d’autres médias, et c’est particu-
lièrement visible dans cette affaire. En plus des fuites dans la presse
issues de ce que Guillon qualifie de « ruche » de 5000 employés
(RF), il y a externalisation des rapports de force par la publicisation
de la polémique. Les humoristes sont accusés – dans une circulaire
interne à FI ou dans la presse – par les dirigeants de « privatiser » et
d’« instrumentaliser » l’antenne « à des fins personnelles » (en parlant
des dirigeants et des salariés dans leurs chroniques) tandis que les
dirigeants sont accusés par les humoristes de gérer les ressources
humaines « par média interposé ». Au-delà d’une « hypertrophie de
l’ego », d’une question de concurrence professionnelle qui conduit à
« laver [le] linge sale en direct à la télévision », Guillon fait une
hypothèse sur la stratégie de communication derrière les
interventions publiques des dirigeants : il s’agit de décrédibiliser les
humoristes à partir d’extraits saillants de leurs chroniques. Porte
abonde dans ce sens : il s’agirait de « lancer une campagne de presse
contre [s]a pomme, pour [l]e dénigrer, afin de [l]e dégommer plus
facilement »54
.
Les reproches visent à imposer une limitation quant aux
sujets susceptibles de produire du rire et du traitement de ceux-ci.
En ce qui concerne les sujets traités, Val, qui a consacré une grande
partie de sa carrière (en tant que chansonnier) à produire du rire ou à
en faire produire (à Charlie Hebdo), déclare lors d’un RDV avec
Guillon en mars 2010, qu’il ne faut pas mêler humour et politique :
« Tu sais, ça fait des années que j’y pense, que j’y réfléchis… et je crois
que mélanger l’humour à la politique, c’est au fond une atteinte à la
démocratie, oui c’est ça, une atteinte à la démocratie ! » Val confirme
ce discours : « Dans une tranche matinale vouée à l’info, il n’est pas
nécessaire de sortir son nez de clown, c’est déplacé. »55
Pour Hees, il
ne faut pas s’attaquer à la famille des personnes dont on rit comme
ça a été le cas pour son père qui a été assimilé à Sarkozy par Guillon :
« On ne peut pas dire que mon deuxième papa, c’est Sarkozy car un
papa, je n’en ai qu’un. Il se trouve que je suis très fier de mon père
54 Didier Porte, op. cit., 2010, p. 61.
55 Télé-Loisirs,15 juin 2010.
16. Sébastien Poulain
116
donc c’était pas acceptable. »56
Enfin, il ne faut pas rire de la hiérarchie
professionnelle, du moins si cela nuit à la gestion de l’organisation :
« C’était pas moi Philippe Val, c’était le directeur qui était remis en
cause très fort, donc l’autorité de la chaîne. Et quand je me faisais
insulter à l’antenne tous les jours, moi je m’en fous qu’on m’insulte,
mais qu’on insulte le directeur de France Inter, ça rendait la maison
ingouvernable. »57
En ce qui concerne le traitement des sujets, il ne faut pas se
moquer du physique d’une personne selon les dirigeants : « On ne
peut pas dire à Monsieur machin qu’il a une gueule de fouine » selon
Hees58
qui fait référence à la description du ministre Éric Besson. Lors
de sa convocation devant Philippe Val et Laurence Bloch, nouvelle
directrice adjointe, le 20 mai, Porte se souvient que Val qualifie
d’« ordurier, obscène et sexiste » le mot « enculé » prononcé dans la
chronique du matin-même. Pour justifier le licenciement, les diri-
geants appuient leur raisonnement sur des arguments professionnels
et nient toute intervention politique. Ainsi pour Hees : « Je crois que
Sarkozy n’en avait rien à foutre de Guillon mais en tout cas il ne m’en
a jamais parlé. Je le jure sur la tête de ma mère, sur la tête de mon père,
sur la tête de mon chien, ma femme, ma fille. » Val va encore plus loin
puisqu’il affirme que Sarkozy a déconseillé de licencier les humoristes :
« Tu n’as que des coups à prendre, on s’en fout… »59
Ce n’est pas du tout le point de vue des humoristes qui font
régulièrement référence aux liens Val-Hees-Sarkozy. Contre la
citation de Val de Sarkozy, Guillon utilise une autre citation de ce
même Sarkozy qui précède la nomination de Hees à la direction de
RF. Lors d’un « off » dans l’avion qui le ramène de Rome où se tient
le G7 le 24 février 2009, Sarkozy attaque directement : « Guillon,
c’est injurieux, c’est vulgaire, c’est méchant. Vous vous rendez
compte de ce qu’il a dit, à l’heure de la plus grande écoute sur la vie
privée de Strauss-Kahn [dans la chronique du 17 février] ou sur le
physique
56 Conférence de Hees, op. cit., 2015.
57 Interview de Val à On n’est pas couché sur France 2 le 26 janvier 2019.
58 Conférence de Hees, op. cit., 2015.
59 Philippe Val, op. cit., 2019, p. 838.
17. «Retourenpaléo-radio?LecasdecensuredeStéphaneGuillonetDidier
Porte…
117
de Martine Aubry [dans les chroniques des 19 novembre 2008 et 18
février 2009]. Mais dans quel pays vit-on ? ». Cette citation montre
donc l’intérêt que Sarkozy porte à Guillon (globalement, Sarkozy est
connu pour s’intéresser à tout ce qui se passe dans les médias, a fortiori
si cela le concerne.). Attaquer Guillon à propos de Strauss-Kahn ou
Aubry est une manière indirecte de se défendre lui-même car Sarkozy
est attaqué bien plus souvent que les autres politiques dans les
chroniques. Ainsi, il ne fait pas vraiment de doute pour les humoristes
que leur licenciement est politique.
Scalbert, Guillon et Porte consacrent leurs livres à démon-
trer une censure politique. Chacune des 36 chroniques citées dans le
livre de Porte vient en appui des arguments sur lesquels il s’appuie
pour montrer l’illégitimité de son licenciement du fait de la faible
gravité politique de ses chroniques. Toutefois, les humoristes peuvent
eux-mêmes semer le doute dans la tête de leurs lecteurs. Guillon, qui
arrive à la fin d’un livre consacré entièrement à cette affaire, fait part
d’un doute – peut-être en partie rhétorique – sur une raison politique
à leur licenciement : « Le fait que [s]on éviction soit une éviction
politique ne fait presque plus débat. »60
Il se souvient que l’humoriste
qu’il a remplacé, Guy Carlier, est lui aussi parti à cause de sa mauvaise
relation avec le PDG de l’époque, Jean-Paul Cluzel. En effet, l’hu-
moriste aurait fait des allusions à sa vie privée. Or, les PDG de RF
« ont toujours été soupes au lait » même si se moquer d’eux apparaît à
Guillon comme une tradition.
Les plus grandes colères des dirigeants racontées par Guillon
sont liées à des attaques personnelles plutôt qu’à des attaques de
femmes et d’hommes politiques. Ces attaques personnelles sont
pourtant aussi politiques puisqu’elles font le lien entre les dirigeants
et le pouvoir. Guillon retranscrit aussi une conversation qu’il a en
privé dans le bureau de Val le 13 mai 2010 où ce dernier estime qu’il
l’a laissé s’exprimer librement. La question de la censure est totale-
ment évacuée par Val qui va jusqu’à se considérer lui-même comme
une victime qui aurait été harcelée par Guillon : « Qu’est-ce qui peut
60 Stéphane Guillon, op. cit., 2012, p. 251.
18. Sébastien Poulain
118
justifier tes attaques, le fait de t’en prendre sans arrêt à nous… de
privatiser l’antenne… dans quel but… ? » Guillon n’est pas convaincu
et pense qu’il s’agit de l’amadouer pour qu’il cesse d’évoquer l’affaire
à l’antenne en attendant le licenciement.
Ainsi, même en partant du principe que les dirigeants avaient
pour mission de se séparer de Guillon et Porte, ces derniers ont
aussi mené une bataille d’une féroce « violence symbolique »61
pour
légitimer les licenciements avec tous les moyens disponibles dans une
« néo-radio » sous forte pression « paléo-radiophonique ».
Les critiques radiophoniques : Le travail de réhabilitation
littéraire anti-« paléo-radiophonique »
Avec la publication des recueils de leurs chroniques, Porte et
Guillon semblent se lancer dans une guerre symbolique qui commence
par les chroniques, se poursuit par des interviews (pour des articles
et des livres journalistiques) et la publication des livres, et se termine
par des plaintes aux prud’hommes et la publication de leurs récits
de l’affaire. Leur travail d’écriture prend la forme d’une investigation
journalistique sur la période menant à leur licenciement. Ils critiquent
le travail des dirigeants, des journalistes (y compris à FI), animateurs
et font même des autocritiques.
Pour apporter des preuves soutenant leur thèse, les humo-
ristes citent des SMS, des transcriptions de discussion, quelques
ouvrages, mais surtout des articles de journaux, des émissions de télé-
vision ou radio et leurs chroniques. Ils racontent leur expérience de
FI qu’ils rejoignent le temps de leur chronique. Guillon explique qu’il
finit d’écrire sa chronique la veille de son passage. Il ne fait que croiser
les journalistes, producteurs ou chroniqueurs dont certains sont en
train d’écrire la leur quand il arrive dans la maison ronde, à l’instar
du chroniqueur économique libéral Jean-Marc Sylvestre. Porte, qui se
lève à 2h du matin pour rédiger ses chroniques et qui habite à Vanves,
61 Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, La Reproduction. Éléments pour une théorie du
système d’enseignement, Paris, Éditionsde Minuit, 1970.
19. «Retourenpaléo-radio?LecasdecensuredeStéphaneGuillonetDidier
Porte…
119
a le temps de rentrer chez lui entre sa chronique du jeudi à 7h55
(pendant 2 ans et demi) et sa chronique quotidienne à 12h05 dans Le
fou du roi pour laquelle il part de chez lui à 11h15.
Les humoristes s’aperçoivent d’un décalage entre le ressenti
subjectif lié au temps investi dans la préparation des chroniques, aux
effets des chroniques sur le personnel et les auditeurs d’une part, et
la présence physique et relationnelle c’est-à-dire la socialisation
professionnelle dans la radio d’autre part. Ils ne font pas partie de la
rédaction, ni des équipes administratives de la radio tout en pouvant
faire l’objet d’une communication externe : des affiches 4 par 3 et
une bâche de 12 mètres sur 6 de Guillon sur la façade de la maison
de la radio à la rentrée 2008. Leur manque de socialisation au sein
du champ radiophonique précarise leur position. Ils disent avoir été
surpris et déconcertés car ils avaient l’impression de participer de la
réussite des programmes en apportant du buzz, de l’audience, du rire,
et de faire donc intégralement partie de la radio.
Guillon dit connaître depuis longtemps la raison de cette
désocialisation professionnelle. Cet « ostracisme », où les humoristes
sont simplement « tolérés », est lié aux différences de traitement d’in-
formation : « l’humoriste et son “nez rouge” ne sont pas forcément
les bienvenus » « dans une matinale façonnée d’infos sérieuses, de
rubriques politiques, sociales, économiques, d’invités prestigieux. »
L’ex-directeur de FI, Frédéric Schlesinger lui a expliqué que les
humoristes sont « de passage » tandis que les journalistes arrivent à
20 ans et partent au moment de la retraite. Ainsi, des marques de
soutien pourraient avoir des effets délétères à terme sur leur carrière,
surtout pour les plus précaires (pigistes, stagiaires, chroniqueurs,
producteurs) qui doivent eux aussi se battre pour rester dans la radio.
Grâce à leurs ouvrages, les humoristes essayent de renverser a
posteriori la situation d’étrangeté et de « stigmatisation »62
et la position
« outsider »63
dans laquelle ils se trouvent à FI. Ils tentent de convertir
62 Erving Goffman, Stigmate. Les usages sociaux des handicaps,Paris, Éditionsde Minuit,
1975 [1963], p. 175.
63 Howard S. Becker, Outsiders. Études de sociologie de la déviance, Paris,Métailié,1985
[1963], p. 248.
20. Sébastien Poulain
120
leur perte de légitimité sur la scène radiophonique en fierté, et même
en réussite personnelle et professionnelle. Leur extériorité permettrait
d’avoir un autre regard sur la société et même leur employeur, et de se
démarquer d’autres acteurs médiatiques. Ils tentent aussi de valoriser
leur liberté qui est pour eux consubstantielle à leur métier : ils ne sont
soumis ni aux pouvoirs politiques (contrairement à l’encadrement de
RF) ni à la direction de FI (contrairement aux salariés et producteurs).
La censure en tient lieu d’attestation. Quitte à subir celle-ci, ils tentent
de reconvertir cette exclusion en notoriété, audience, ventes de livres,
places achetées à un spectacle, articles, invitations dans des médias…
Compte-tenu de la perte d’audience que constitue le départ de FI, il
s’agit de faire fructifier ce qui est encore possible de l’être en termes
de capitaux symboliques et économiques, voire politiques.
Les humoristes se font particulièrement attaquer sur les
aspects économiques. Thomas Legrand va jusqu’à accuser Porte
d’avoir fait une chronique qui visait à le faire licencier pour se faire
connaître64
. Porte s’inscrit en faux compte-tenu de ses « 52 piges, une
pension alimentaire, quatre gamins, dont deux de 24 et 9 mois, un
crédit sur le dos »65
. De fait, le jour où son licenciement est rendu
public le 23 juin, il « passe son après-midi à répondre à des journalistes
et à refuser des invitations à la télé sur un ton altier et un rien condes-
cendant ». Porte étant moins connu que Guillon, il reconnaît d’ailleurs
que ce licenciement « lui a apporté un peu de notoriété en plus » et
que « ça [l’]arrange bien d’avoir été viré par Sarko ». En effet, il vend
entre 10 000 et 20 000 exemplaires de ses livres à l’époque.
Porte est d’ailleurs celui qui se plaint le plus de la perte de
ses chroniques : il y fait référence dans son livre, les interviews et les
livres de Davet/Lhomme ou Scalbert. Guillon dispose de davantage
de ressources pour rebondir. Mais Guillon n’en veut pas moins aux
dirigeants. Quand RF perd son procès aux prud’hommes le 28 janvier
2011 et doit verser 212 011 € de dommages et intérêts, il publie un
communiqué de presse : « En tant que salarié foutu dehors, je suis ravi
64 Thomas Legrand, « J’ai la terrible impression d’avoir été piégé par Didier Porte »,
Rue89.com, 8 juin 2010.
65 Didier Porte, op. cit., 2010, p. 64.
21. «Retourenpaléo-radio?LecasdecensuredeStéphaneGuillonetDidier
Porte…
121
de cette décision judiciaire. En tant que contribuable, je suis scanda-
lisé qu’une société d’État ait préféré perdre autant d’argent et d’audi-
teurs pour faire taire un humoriste ».
Les humoristes ont donc tout intérêt à passer pour des martyrs
des puissants. Porte se présente comme un « humoriste maudit » dans
la micro-biographie de son compte twitter. D’où le titre de son livre,
Insupportable ! Chronique d’un licenciement bien mérité, qui est en partie
repris dans son livre de chroniques d’après Incorrigible ! Chroniques d’un
multirécidiviste. Il s’agit de se positionner comme un rebelle, imperti-
nent, politiquement incorrect, amoral, à la limite de la légalité pouvant
aller jusqu’au bout du dicible, de la liberté d’expression face aux puis-
sants (les politiques et les chefs d’entreprise). Son précèdent recueil de
chroniques de FI dans Le fou du roi était d’ailleurs intitulé Porte flingue.
Les pires chroniques du fou du roi. Guillon a une stratégie de communi-
cation similaire dans les titres de ses livres66
, particulièrement dans
Journal d’un infréquentable où il raconte à nouveau les mois précédant un
licenciement de C8 en 2017.
Guillon se pense avant tout comme un « amuseur » qui doit
garder cette ligne éditoriale, même lorsque la « machine médiatique »
est « emballée », comme lors de la polémique avec Éric Besson :
« Le piège étant l’explication, la justification, ou pire : penser qu’on a
une mission, un message à délivrer ! Dans ces moments-là, tout est
fait pour vous pousser à quitter votre métier d’amuseur et toute la
difficulté consiste à rester un amuseur. »67
En tant qu’amuseur, Guillon
dit jouer un rôle et faire un travail artistique (lui qui est comédien),
même lorsqu’il fait un travail « critique » et « pamphlétaire » « flirtant
parfois avec les limites » : « Cela reste un travail, un exercice de style. »
Porte, qui a été journaliste avant d’être humoriste, pense que les
humoristes sont des « journalistes de complément »68
.
66 Guillon aggrave son cas (2006),On m’a demandéde vous calmer(2009), On m’a demandé de vous
virer (2010),Je me suisbien amusé, merci (2012), Journal Incorrect 2016-2017 (2017), Journal d’un
infréquentable. 2016-2017 (2018).
67 Stéphane Guillon, op. cit., 2012, p. 45.
68 Interview de Didier Porte par l’association Cactus « Univers-Cités », « Didier Porte :
l’humoriste, “un journaliste de complément” », univers-cites.fr, 30 octobre 2013.
22. Sébastien Poulain
122
N’ayant pas de rédacteur en chef, Guillon s’appuie sur son
expérience et les relectures de sa femme, Muriel Cousin. Celle-ci
« est partie prenante dans [s]on travail, réécrivant chaque chronique,
validant chaque sujet, chaque angle ». Et c’est lorsqu’il n’écoute pas son
alerte que se produit une des plus grosses polémiques (sur le physique
de Besson). En ce qui concerne l’expérience, les deux humoristes
connaissent le « champ humoristique » et ses limites. Porte sait qu’il
prend un risque lorsqu’il fait sa chronique litigieuse, hésite à utiliser le
verbe « enculer », annonce à ses collègues de la matinale que celle-ci
est un peu « borderline », que c’est la dernière de sa carrière, s’aper-
çoit qu’elle « ne fonctionne pas très bien » en la lisant, et, plus tard,
reconnaît « volontiers qu’elle était un peu ratée » tout en l’assumant
« complètement ». Sa compagne Elodie valide la chronique – « Moi,
ça me fait marrer » – alors qu’il ne lui demande pas habituellement de
le relire, tout en la qualifiant de « spin doctoresse préférée » au début
de son livre. Mais Porte pense que toute chronique se situe sur le
« fil du rasoir » tandis que Guillon pense qu’« il est impossible de ne
jamais commettre d’erreur » « lorsque vous écrivez un papier par
jour ».
Selon les humoristes, les dirigeants de RF auraient de toute
façon forcément trouvé une raison de les licencier : « si cela n’avait
pas été les “yeux de fouines” pour moi et le verbe “enculer” pour
Porte, on aurait trouvé autre chose. »69
Guillon fait même référence
à une « liste noire fournie par l’Élysée, de gens à éjecter » et à l’appel
de l’épouse d’une connaissance qui lui aurait appris la future nomi-
nation de Val et Hees mais aussi la programmation de leur exclusion.
Le récit de Guillon prend alors une tournure complotiste : « Consigne
avait été donnée de “faire notre affaire”, le moindre prétexte aurait
été bon. » Avec humour, il s’imagine en David Vincent dans la série
Les envahisseurs. Avec plus de gravité, il dit avoir « compris comment
techniquement une dictature pouvait se mettre en place »70
.
69 Stéphane Guillon, op. cit., 2012, p. 165.
70 Ibid., p. 169.
23. «Retourenpaléo-radio?LecasdecensuredeStéphaneGuillonetDidier
Porte…
123
Dans cette bataille, les humoristes utilisent toutes les
ressources symboliques dont ils disposent pour résister à la puissance
« paléo-radiophonique », « inverser »71
le « stigmate » et réhabiliter leur
travail. Toutefois, c’est insuffisant pour pouvoir changer le rapport de
force hiérarchique soutenu et légitimé par leur « diabolisation »72
.
conclusion
Nous avons vu que cette affaire apparait dans un contexte
médiatique « néo-radiophonique » (forte concurrence radiophonique,
nouveau type de programme humoristique dans des matinales très
politiques, un média dont les membres se vantent d’avoir une liberté
d’expression importante73
…) et politique (l’arrivée d’une nouvelle
manière de gouverner, un intérêt appuyé pour ce qui est diffusé dans
les médias…) particulier74
. Les humoristes sont très expérimentés
multi-médiatiquement (les scènes publiques, média- tiques,
littéraires) mais ils font l’objet de critiques à connotations « paléo-
radiophoniques » à cause de leur liberté d’expression, et jusqu’à leurs
licenciements. Ces licenciements ont plusieurs spécificités :
judiciarisation, médiatisation et politisation sur une temporalité
relativement longue et par divers acteurs. Dans cette feuilletonnisation
politico-humoristique, un rapport de force symbolico-hiérarchique a
été mis en place entre les dirigeants – qui justifient principalement les
71 Alain Vaillant, La Civilisation du rire, Paris, CNRS Éditions, 2016, p. 290.
72 Sébastien Poulain, « Les radios libres ou la diabolisation de la FM : qu’est-ce que
libérer la parole veut dire ? », dans Thierry Lefebvre et Sébastien Poulain (dir.), Radios
libres, 30 ans de FM : la parole libérée ?, Paris, INA/L’Harmattan, 2016, p. 286.
73 Sébastien Poulain, « Pourquoi a-t-on autant confiance en la radio ? », INAGlobal.fr,
28 février 2017.
74 Nelly Quemener et Marie Duret-Pujol ont montré l’importance du contexte sociohis-
torique pour la production du rire : Nelly Quemener : « Une bouffonnerie désengagée ?
Du comique anti-système à la critique hyperpersonnalisée », dans Patrick Charaudeau
(dir.), Humour et engagement politique, Limoges, Éditions Lambert-Lucas, 2015, p. 89-112 ;
Marie Duret-Pujol, Coluche président : Histoire de la candidature d’un con, Lormont, Le Bord
de l’eau, 2018.
24. Sébastien Poulain
124
licenciements par des raisons disciplinaires et internes – et les humo-
ristes qui refusent ces licenciements et considèrent que leur éviction
est en réalité politique et donc une forme de censure.
Face à cette situation « paléo-radiophonique », Porte et
Guillon ont lancé des opérations symboliques : tribunes, interviews,
chroniques jusqu’aux livres. Ils considèrent la scène radiophonique, à
laquelle ils n’ont de toute façon plus accès au moment où ils entrent
sur la scène littéraire, comme insuffisante pour exprimer leurs points
de vue. Compte-tenu de la pluralité, l’éphémérité, l’instantanéité, la
subjectivité, la partialité, le morcellement des récits constitués des
chroniques, des interviews, des éditoriaux, et des articles des
nombreux acteurs médiatiques (journalistes, présentateurs, anima-
teurs…) qui se sont intéressés à cette affaire, Porte et Guillon ont
besoin d’instituer leurs récits dans une version écrite, longue et étayée,
c’est-à-dire un livre. Ils estiment que cette affaire mérite d’être relatée
pour être dénoncée et leurs points de vue d’être défendus. Guillon
explique qu’il a « enduré chaque mensonge, chaque perfidie, chaque
mystification avec l’unique consolation [qu’il allait] raconter un jour ce
qu’il s’était réellement passé »75
. Les récits de la présente affaire sont
liés à des périodes de désocialisation dues aux licenciements. Ce sont
des moments violents, de perte de sens, de souffrance, de retour sur
soi, de regrets… pour lesquels l’écriture et la publication d’un livre
peut servir comme un outil pour se défouler, se réparer, se rattra-
per, reprendre le contrôle, passer à autre chose… Alors qu’ils sont
évacués de la scène radiophonique, ils choisissent la scène littéraire
pour se reconstruire symboliquement, socialement, économiquement
et politiquement.
Il en ressort surtout que les humoristes qui s’intéressent à la
politique continuent aujourd’hui à intéresser les politiques eux-mêmes
et particulièrement dans certaines circonstances : forte audience,
média public, proximité avec des interventions de politiques… La
« néo-radio », représentée par FI, continue d’être une radio dont la
liberté d’expression est fragile, que ce soit dans le travail quotidien
75 Stéphane Guillon, op. cit., 2012, p. 256.
25. «Retourenpaléo-radio?LecasdecensuredeStéphaneGuillonetDidier
Porte…
125
où a lieu l’autocensure et a fortiori en période de crise où la censure
pèse davantage76
, ne serait-ce que parce qu’elle continue de dépendre
par nature du financement des pouvoirs publics, comme son ancêtre,
la « paléo-radio », qui n’est finalement pas si lointaine. S’il n’y a pas
de modèle économique parfait de média dans le triptyque finance-
ment/liberté/audience, la présence d’humoristes politisés peut servir
de thermomètre démocratique pertinent s’il leur est laissé une liberté
impertinente.
Sebastien Poulain
Docteur en science de l’information et de la communication,
Université Bordeaux Montaigne, laboratoire Mica
76 Claire Bruyère et Henriette Touillier-Feyrabend, « La censure et ses masques »,
Ethnologie française,vol. 36, n° 1, 2006, p. 5-9.