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Je tiens en premier lieu à remercier ma tutrice de mémoire, Mireille
NYS ainsi que mon tuteur de stage Gaël HEMERY de m’avoir
permis d’intégrer le Domaine de la Palissade pour ce stage de
muséographie. J’aimerais témoigner ma reconnaissance à l’équipe et
plus particulièrement à Lydie Catala-Malkas, Claire Tetrel et
Emmanuel Vialet pour leur partage, leur curiosité et leur
disponibilité.
Je tiens également à remercier tous ceux qui ont pris le temps de
m’écouter, d’entendre mes doutes et d’y répondre. Ceux qui ont
aussi partagé mes découvertes et mes surprises.
Enfin, ce sont toutes ces personnes qui ont énormément aidé à la
rédaction de ce mémoire que je souhaite remercier :
de nouveau Lydie Catala-Malkas, mon compagnon et mes parents.
3
32
37
31
I. INTRODUCTION
1. Présentation générale du domaine de la Palissade
• De la Camargue à la Palissade
La Camargue est une zone humide d'intérêt patrimonial international située dans le
département du Gard et des Bouches-du-Rhône, à l'ouest de la région Provence-Alpes-Côtes-d'Azur.
Dans les années 70-80, la dégradation de ses espaces naturels fut observée bien que faible par
rapport à la plupart des autres zones humides de la planète. A partir de ce constat inquiétant, divers
organismes tels que le Conservatoire du littoral et la fédération des Parcs naturels régionaux se sont
mobilisés pour la sauvegarde et la préservation de ces espaces à valeur patrimoniale en appliquant
les mesures de protection existantes (Loi n° 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la
nature). Après presque 40 ans de conservation, la mosaïque de milieux se dessine encore sous nos
yeux aujourd'hui, d'une Camargue fluvio-lacustre1 à la frange littorale, celle de la côte
méditerranéenne, en passant par la zone laguno-marine.
Faisant partie de la commune d'Arles mais éloigné de son centre de 45km, à 18km de Port-Saint-
Louis-du-Rhône et à 8km de Salin de Giraud, le domaine de la Palissade (43°21'N, 4°48'E) est situé
à l'extrémité sud-est de la Camargue, aux confins du Rhône. Relativement isolé, on y accède par la
route départementale 36d qui se termine à la plage de Piémanson. (fig.1)
Ce site, tel qu'il est aujourd'hui, résulte de l'action conjuguée du Rhône et de la mer et forme un
triangle bordé à l'Est par le grand Rhône, à l'Ouest par le grau de Piémanson et au sud par la mer. Il
est le seul territoire de Camargue non endigué et donc fréquemment soumis aux crues du Rhône et
aux submersions marines. Les échanges constants d'eau douce issue du fleuve et d'eau salée de la
mer font du domaine un lieu à la biodiversité très marquée où différents milieux cohabitent et
évoluent sans cesse.
Sa situation géographique lui confère un caractère bien spécifique à étudier, comprendre et
présenter afin de valoriser ce patrimoine naturel.
1 (Traduction personnelle)
fluvio-lacustre : relative aux rivières et aux lacs.
4
• Sa richesse biologique
On retrouve sur le domaine de la Palissade les principales espèces animales et végétales du
delta camarguais. Cette appartenance géographique et biologique à une zone humide
méditerranéenne, ensemble d’écosystèmes devenu mondialement rare et menacé, justifie les
mesures de protection prises pour cet espace naturel.
La proximité du Grand-Rhône, de son embouchure et de la mer Méditerranée place la Palissade
dans un contexte écologique où l’instabilité est forte. De cette contrainte naturelle est née une pa -
lette de paysages différents. Cette diversité d’habitats est source d’une richesse biologique qui ren-
force la nécessité de protéger ce site et de transmettre ses valeurs.
Quelques données chiffrées connues sur le domaine de La Palissade :
- étendue de 702 hectares, très proche des conditions naturelles du delta du Rhône qui fait d’elle l'un
des derniers sites naturels en Camargue
-10 types de milieu : la ripisylve2, la pelouse à saladelles3, la sansouïre4, la jonchaie, la roselière, le
marais saumâtre, la lagune, la mare temporaire, la montille5,
- 278 espèces végétales (soit 27,8% du delta), dont 5 sont protégées au niveau international,
- 234 espèces d’oiseaux (soit 73% du delta),
- 40 espèces de poissons
Si ces chiffres pris indépendamment n’ont pas tous une égale importance sur un plan de conserva-
tion, l’existence de tous ces êtres vivants sur un espace somme toute assez petit, est une richesse
peu commune de nos jours, qu’il convient de préserver.
2 Collectif, L'encyclopédie de la Camargue, ed. Buchet, Chastel, 2013
Ripisylve : "jungles méditerranéennes", forêts alluviales formant des manchons plus ou moins étroits le long
du Petit et du Grand Rhône ainsi que le long d'anciens bras morts, à la Capelière ou à la Tour du Valat par exemple.
Constituées d'essences à feuilles caduques, elles introduisent un micro-climat frais apparenté à celui des forêts de plaine
de l'Europe tempérée.
3 Ibid.
Saladelle : nommées ailleurs "lilas" ou "lavandes de mer" en raison de leurs fleurs mauves, sont des plantes
des rivages méditerranéens ou atlantiques appartenant au genre Limonium, dont plus de 150 espèces sont décrites autour
du bassin méditerranéen.
4 Ibid.
Sansouïre : du provençal sansouiro, paysage et formation végétale dominés par des salicornes sur des terrains peu ou
pas irrigués, où le sel affleure lors des grandes chaleurs, formant des plaques blanchâtres.
5 Ibid.
Montille (mountiho) : petite dune ou butte de sédiments sableux ou coquilliers, située à l'intérieur des terres, en
opposition aux dunes du cordon littoral.
5
2. Contexte historique et géomorphologique
Le domaine de la Palissade s'est structuré au XVIIIe siècle. Auparavant, la mer s'étendait sur
l'ensemble du territoire que nous connaissons actuellement. C'est entre autre par l'intervention de
l'homme et grâce à la construction de digues que le site a évolué, initialement composé de l'ancien
they6 de Bericlès. En effet, le Rhône n'ayant plus la possibilité de déposer ses alluvions7 lors des
crues sur les rives en amont de l'embouchure, la mer en fut le principal réceptacle. De là, une île est
sortie de l'eau. Un récit plus ou moins réel selon les géomorphologues raconte que le naufrage de
bateaux fut à la source même de la naissance de ce territoire. Des sédiments se seraient déposés
contre les navires échoués. Ces même navires ont donné leur nom aux theys de Bériclès et de la
Gracieuse. Comme la plupart des noms de site à l'embouchure de la Camargue, les ancêtres de la
Palissade sont issus d'un des noms de bateaux échoués ou de leurs capitaines tel que Roustan8.
A cette époque là, le delta du Rhône était formé de trois bras distincts se jetant en mer
Méditerrannée. C'est par les campagnes d'urbanisation du territoire au début du règne de Napoléon
III que le territoire évolua. Pour faciliter la navigation sur le fleuve, la mission était de barrer deux
graus9 (celui de Roustan et de Piémanson) pour qu'un courant plus puissant se concentre sur le bras
restant. La palissade était le nom donné à ces barrages, d'où le terme éponyme du territoire
d'aujourd'hui. Finalement, le grau de Roustan s'est rouvert (cours actuel du fleuve) et les ouvrages
réalisés n'eurent pas l'effet escompté.
En perpétuelle évolution, ce territoire instable fut la possession de nombreux propriétaires :
- Messieurs Pascal, Sauran, Arnaud et Naquet possédants chacun une partie du territoire jusqu'en
1858. A cette date, les parcelles de terrains sont vendues à l'Etat pour des travaux d'amélioration de
l'embouchure.
- M. Canaple Wulfran Charles acquiert le 8 janvier 1906 le they de Bériclès et le 25 avril 1908 une
autre partie du domaine, bien de M. Pascal Joseph Ambroise vendu aux enchères publiques.
- Décès de M. Canaple Wulfran Charles le 26 mai 1913.
6 HEMERY Gaël, Les noms de lieux en Camargue toponymie, ed.Sansouïre, 2014
They : avancée sableuse littorale qui se développe à proximité des embouchures actives du Rhône. Les
embouchures orientales du fleuve, plus puissantes, ont crée la majorité des theys encore présents dans la toponymie. La
maîtrise du fleuve, débutée avec l'endiguement de 1856 et accélérée durant le XXe siècle avec l'installation des
barrages, ne permet plus la création de theys.
7 Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales - CNRTL
Alluvions : dépôt argileux ou sableux émergé qu'ont laissé des eaux par des sédimentations successives.
Alluvions d'eau douce, alluvions fluviales, alluvions marines.
8 (Traduction personnelle)
Roustan : rive ouest du Grand Rhône (du nom du capitaine d'un bâtiment échoué à la fin du XVIIIe siècle)
9 HEMERY Gaël, Les noms de lieux en Camargue toponymie, ed.Sansouïre, 2014
Grau : du latin gradus, passage, chenal naturel ou artificiel faisant communiquer les lagunes et la mer. Ce
terme s'applique également aux anciennes embouchures du fleuve.
6
- Son fils, Edmond Canaple hérite du domaine le 4 juin de la même année.
- M. Olive et sa Société Civile Immobilière, propriétaire de 1948 à 1975
En 1977, après une vente décisive par M. Olive, privilégiant l'organisme public de protection des
littoraux, le Conservatoire du Littoral acquiert l'ensemble du domaine (deux privés étaient intéressés
mais M. Olive avait comme souhait la préservation de cet environnement d’où la vente à
l’établissement public pour la protection de la nature). Le Conservatoire du Littoral a su saisir
l’opportunité d´acquérir le Domaine de la Palissade afin de le soustraire aux menaces de
l’urbanisation.
3. Gestion
Pour donner quelques chiffres précis, les 702,04 hectares du site sont la propriété du
Conservatoire du littoral auxquels s'ajoutent 266,28 hectares en délégation d’attribution du
Domaine Public Maritime. Ce territoire occupe donc une superficie totale de 968,32 hectares.
Appartenant au Conservatoire du Littoral depuis 1977, il fut géré par le Syndicat Mixte du Domaine
de la Palissade de 1981 à fin 2013 et, depuis le 1er janvier 2014, a fusionné avec le syndicat mixte
ouvert élargi du Parc naturel régional de Camargue. Un parc naturel régional est à la fois un
territoire rural et un organisme reconnu au niveau national pour sa forte valeur patrimoniale et
paysagère, qui s'organise autour d'un projet concerté de développement durable, fondé sur la
protection et la valorisation de son patrimoine.
Depuis son acquisition par le Conservatoire du littoral, des orientations précises ont été
définies par le Plan de gestion, le dernier en date pour la période 2008-2013, non renouvelé à l'heure
actuelle, à savoir :
 Contribuer à la protection de l’environnement naturel de l’embouchure du Grand Rhône,
 Favoriser sur le domaine, le contexte évolutif naturel de l’embouchure du Grand Rhône,
 Développer, par la recherche scientifique, la valorisation et la reconnaissance du
fonctionnement et de l’évolution du système deltaïque par la mise en place d’un dispositif
d’observation et étudier les conséquences des changements climatiques, en collaboration
avec l’Observatoire Camargue,
 Développer l’accueil du public et l’éducation à l’environnement et au territoire, dans le
respect de l’équilibre écologique du site,
7
 Promouvoir et mettre en œuvre les principes du développement durable. C'est ainsi que le
domaine accueille des activités socio-économiques locales dans le respect des milieux
naturels (un éleveur de chevaux de race Camargue, un apiculteur…).
Le programme de réaménagement intérieur et extérieur lancé au début de l'année 2018
répond à l'objectif d'ouverture au public mais aussi à la volonté de dynamiser et de rendre attractif
ce territoire dans le respect des autres points évoqués.
4. Mon rôle : muséographe ou médiateur ?
Cette mission de muséographie vient servir l'orientation « Développer l’accueil du public et
l’éducation à l’environnement et au territoire, dans le respect de l’équilibre écologique du site »
mais s'inscrit également dans toutes les missions de gestion de protection de la nature. En effet,
intégrée au sein d'une équipe de botanistes, ornithologues, naturalistes, l'enjeu principal de mon
stage est de présenter de manière attractive et vulgarisée cet environnement naturel protégé.
Mes objectifs sont de:
 restaurer et repenser l'espace muséographique du site de la Palissade
 augmenter les capacités d'attractivité du site
 positionner le site au sein des autres espaces naturels ouverts au public de Camargue
Ce travail a été découpé en trois phases : dans un premier temps, les recherches et diagnostic
sur le site ; dans un deuxième temps, la mise en place de thématiques et leur organisation spatiale ;
dans un troisième et dernier temps, la définition et conception des modules d’exposition. (ann. 1)
- phase 1 : des recherches et diagnostic
 Faire un état des lieux du dispositif en place et des éléments d'archives à valoriser dans le
futur (lettres, cartes, photographies, oiseaux naturalisés)
 Consulter les fonds anciens patrimoniaux relatifs à l'embouchure du Rhône (Gallica BNF,
médiathèque, archives communales)
 Visite d'autres espaces muséographiques en Camargue (les marais du Vigueirat et la
Capelière en Grande Camargue; la Maison du Grand Site, le Scamandre en Camargue
Gardoise)
8
- phase 2 : thématiques et organisation
Les orientations retenues sont :
 Replacer le site de la Palissade dans le contexte international, national et local. Une
comparaison avec deux autres deltas (le Guadalquivir et le delta du Danube) permettra à la
fois de définir ce qu'est une embouchure et les richesses de ces territoires tout en faisant
ressortir les spécificités de la Camargue et plus précisément de son embouchure.
 Décrire et exposer de façon ludique les particularités et les richesses du site (faune, flore,
pratiques) en les mettant en regard d'un système naturel et hors digue et en valorisant son
intérêt au niveau du contexte infra local (histoire de Salin de Giraud, exploitation salicole,
plages etc...). En profitant du programme de revitalisation /revalorisation de la ville de Salin
de Giraud (action menée par le PNRC) et sans parler de l'historique de la ville, j’exposerais
les relations entre ces deux territoires limitrophes. Lieu de passage entre la ville et la plage,
il est nécessaire, à la fois du point de vue touristique mais aussi écologique, que la
muséographie du domaine de la Palissade traite des deux topologies de site dans le but de
faire comprendre et sensibiliser les visiteurs à ce patrimoine naturel bien différent.
 Développer un module spécifique sur l'inondation qu'elle soit fluviale ou marine : à la fois
risque et atout biologique.
 Valoriser un engin de pêche patrimonial (le calun) et encore présent sur le site par la
restitution d'une maquette qui sera intégrée à l'intérieur de la cabane du pêcheur restaurée.
Ces travaux sont à intégrer dans le budget total de la muséographie.
 Articuler les orientations muséographiques avec la réflexion en cours par le Conservatoire
du littoral sur l'aménagement du site et ses abords.
C'est au sein de cette phase que les thématiques et sous-thématiques des différents espaces
d'exposition sont définies. Le contenu écrit ou illustré est prêt à être réparti entre l'équipe interne et
le réseau du Parc en fonction des compétences et qualification de chacun.
9
- phase 3 : définition et conception des modules
Après avoir choisi les différentes thématiques et organisations spatiales de l'exposition, une
première ébauche du cahier des charges a été rédigée. Elle fut envoyée, en complément du dossier
de devis nécessaires au projet, au Conservatoire du littoral et au département. Ces documents ont
été demandés rapidement, en vue de la date butoir des demandes de subvention fin juin. Bien que le
projet n'ait pas été réfléchi entièrement à ce moment-là, cet envoi était nécessaire pour recevoir une
réponse courant septembre. En effet, un délai de deux à trois mois est requis avant la validation du
projet. La réponse sera donnée postérieurement à la fin de mon stage mais au vu du projet culturel
entrepris, plusieurs réalisations peuvent être envisagées en amont. Ainsi, la réalisation de quelques
maquettes et la numérisation de diapositives peuvent être lancées pendant mon stage.
Pour le reste, un Cahier des Clauses Techniques Particulières (CCTP) est à rédiger. Il se compose
d'une liste de matériaux et de côtes de chacun des éléments intégrés dans l'espace d'exposition ainsi
que d'une liste de prestataires techniques nécessaires à la concrétisation du projet. (Cloisons,
«soclage» ou fixation au sol, éclairage, branchements, audio-visuel-multimédia, restauration,
numérisation.) Une quatrième phase sera alors ajoutée post-stage, de la conception à la réalisation.
L'interrogation «muséographe ou médiateur ?» m'amène à réfléchir sur le rôle et les
compétences de ces deux corps de métiers ainsi que sur les relations plus ou moins évidentes à
établir entre eux. Présent de manière implicite durant les différentes phases d'action de mon stage,
ce questionnement va me permettre d'approfondir, au cours de cette étude, le rôle du muséographe,
à savoir comment présenter un espace naturel au sein d'une muséographie adéquate et
cohérente ?
Dans un premier temps, nous verrons que la sensibilisation à l'environnement passe par les
transmissions orales et écrites des différents acteurs du domaine dans lequel il s'inscrit. Ensuite,
nous analyserons le slogan du Domaine de la Palissade "préserver, sensibiliser, comprendre" à
travers l'ouverture au public du site. Enfin, nous exposerons la muséographie intérieure qui œuvre à
la fois pour la justesse du discours scientifique transmis et l'attractivité du territoire si particulier.
10
I. LA TRANSMISSION COMME MOYEN DE SENSIBILISER
1. Les archives
1. une continuité de l'histoire
Avant d'imaginer, de dessiner, de concevoir, un espace muséographique, il m'a fallu de
profondes recherches en archives pour décrypter tous les souvenirs, toutes les traces, toute l'histoire
de ce domaine qui m'était encore inconnu il y a quelques mois. Tout en m'imprégnant du site, j’ai
essayé de garder en tête ce profil de l'inconnu, du primo-visiteur, du regard extérieur essentiel à ma
réflexion muséographique, pour que le discours final soit le plus accessible possible, ce dont nous
parlerons en deuxième partie.
Des recherches poussées au domaine de la Palissade, au sein des bibliothèques du siège du Parc (au
Mas du Pont de Rousty) et d'Arles, dans les archives communales de la ville et sur les plateformes
Gallica et la Joconde m'ont permis de trouver le plus grand nombre de documents sur ses origines et
son historique : des écrits, des cartes, des maquettes, des diapos, photographies... La plus ancienne
carte relevée aux archives communales de la Ville d'Arles est datée de 1591 (fig.2). Elle est
essentielle dans mes recherches puisqu'en comparant cette dernière à la géomorphologie actuelle du
delta, on constate que le territoire est mouvant et en évolution constante. En effet, ce que l'on
nomme aujourd'hui Domaine de la Palissade était constitué du they de Bériclès.
J'ai donc découvert puis approfondi sur l'histoire du site, sur ses anciens occupants et notamment
sur sa gestion actuelle afin de détacher les spécificités du lieu : la proximité de l'eau du Rhône et de
la mer qui font de lui une zone humide très dynamique, le fait que le territoire soit hors digue et
bordé de territoires industrialisés et agricoles endigués etc. Sur cette dernière recherche, une
interrogation reste en suspend, à savoir pourquoi la digue à la mer10 n'a pas été érigée jusqu'à
l'embouchure ? Ni les cartes, ni les écrits ne répondent à ce sujet pourtant propre à la Palissade. En
effet, les grands travaux de protection de la Camargue par la construction de digues ont vu le jour
après l'inondation de 1856 sous Napoléon III. Une digue rhodanienne nommée Palissade fut établie
afin de créer un nouveau bras du Rhône. Cet ouvrage n'a pas tenu face à la pression du fleuve qui
reprit ses droits en créant une brèche située à l'actuel méandre du Rhône. Par ailleurs, la digue à la
mer s'étendit jusqu'à l'extrémité ouest de la plage de Piémanson et aucun programme, à ma
connaissance n'avait prévu de poursuivre l'ouvrage jusqu'à l'embouchure du fleuve.
10 Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales.
Digue à la mer : Longue construction destinée à faire obstacle aux eaux pour protéger les côtes de l'érosion
marine et les terrains bas de l'envahissement par la mer.
11
Ainsi faire l'inventaire, c'est comprendre l'existence du lieu et connaître ses archives, ses
atouts comme ses limites, afin d'en faire la synthèse puis de les réutiliser dans l'objectif de
transmettre une idée, un propos. Il faut traduire/appréhender son passé pour avancer dans le présent
et préparer son futur.
2. une pérennité de la mémoire
En consultant les écrits conservés sur le Domaine, j’ai découvert des actes de propriété, des
procès-verbaux, des signatures etc. Les marques de propriétaires successifs, de terrains privés, de
règlementations sont essentielles à la compréhension du site et à son évolution. On se doit de lier le
patrimoine à la mémoire d'un site, d'une population passée. Des écrits d’homme, d’une manière de
vivre… un héritage à respecter pour faire vivre perpétuellement le lieu. C’est cette mémoire des
lieux et des gens qui est à la source même des relations actuelles que l'homme entretient avec son
milieu naturel. Autrement dit, par les archives et la mémoire des anciens, on peut analyser et
comprendre les milieux naturels et sociaux spécifiques.
Sans être un des thèmes spécifiques à l’exposition, la mémoire est un des aspects que je souhaite
mettre en avant dans le programme muséographique, par le témoignage oral du dernier pêcheur, par
des vidéos de terrain... Concernant l’enregistrement du pêcheur, celle-ci représente à la fois la
mémoire d’une activité passée sur le site de la Palissade et celle d’une technique, d’un savoir-faire
traditionnel en déclin, presque oublié sur le territoire. Cette pêcherie perdure grâce à l’empreinte
matérielle dans le sol des restes de l’installation et par le patrimoine immatériel qu’est la voix du
pêcheur qui résonne encore aujourd’hui. Ainsi, cette pêcherie était déjà en place du temps de Mr
Olive, dernier propriétaire de la Palissade de 1948 à 1975. Elle demeura en activité par succession
de cinq pêcheurs jusqu'à fin juillet 2007 et se maintiendra de façon pérenne par ces traces
matérielles et immatérielles.
3. une empreinte d'un territoire
La mémoire d’une population et l’histoire d’un site sont deux aspects des archives essentiels
bien qu'ils soient à eux seuls, lacunaires par rapport au patrimoine naturel protégé du site du
Domaine de la Palissade. Les facteurs environnementaux, territoriaux et géomorphologiques sont le
dernier point sur lequel la recherche en archive est fondamentale. Comment comprendre ce site sans
avoir suivi l’évolution géomorphologique du territoire, de l’embouchure du Rhône, du delta ?
12
L’instabilité, la fragilité et la richesse du domaine s’illustrent par ces archives cartographiques,
photographiques ou filmographiques. Le suivi et la gestion se traduisent par ces marques écrites et
orales qui retracent les variations de faune et de flore, de paysage en fonction des saisons, des
années, des changements climatiques etc. Les archives sont donc une des manières de comprendre
le site actuel, sa géomorphologie, son évolution ainsi que sa gestion.
En première sous-partie, je donnais l’exemple d’une comparaison entre une carte historique de 1591
et une carte actuelle. Dans l’exposition, sera présentée de la même façon l’évolution
géomorphologique du site par une sélection de cartes comme marqueurs d’un territoire. Ainsi, le
visiteur constatera que les bras du Rhône furent, avant la construction des digues, au nombre de
trois, et mouvants sur le territoire camarguais. Le Domaine de la Palissade n’avait pas la forme
triangulaire bien établie d'aujourd’hui. En effet, l’étendue du site actuel était reliée
géomorphologiquement aux theys de Roustan et d’Eugène, désormais sur la rive gauche du Rhône.
(fig.3 et fig.4)
Outre les cartes anciennes, la photographie est aussi un des médiums de sauvegarde du
patrimoine naturel du Domaine de la Palissade évoluant sans cesse. C’est l’outil le plus probant
pour suivre le paysage année après année. La photographie devient donc document, utilisée
autrement que pour son esthétique ou son art. Ainsi, le suivi paysager débuté en 1995 est
aujourd’hui révélateur de l’évolution du territoire par un simple avant/après photographique. La
juxtaposition de clichés des mêmes milieux de 1995 et de 2015 témoigne bien de ce changement
paysager à tel point qu’on ne reconnaitrait plus l'endroit où a été prise une photographie. (fig.5)
Dans l’article de la Revue Hermès n°22, La photographie, pont jeté entre science et art,
publié en 1998, Monique Sicard cite : « Les images dites scientifiques sont ainsi définies par le type
de relation qu'elles entretiennent entre leur objet et leur figuration. L'impression de réalité leur serait
offerte, en quelque sorte, comme un supplément d'âme. En matière de photographie, le passage du
champ scientifique vers le champ artistique ne constitue pas une simple circulation. De tels
transferts ne s'effectuent pas de manière passive, mais bien active. L'image déplacée est une autre
image: elle change de signification. Le tableau du peintre n'est pas le même s'il est appuyé sur le
mur de 1'atelier ou accroché au musée des Beaux-arts. »11 Ainsi, la photographie d’un oiseau rare en
Camargue tel que le faucon Hobereau, ou bien d’un paysage inondé n’aura pas la même
signification aux yeux des scientifiques ou des visiteurs. La science et l’art ont sur les sites naturels,
une frontière floue puisqu’en fonction du regard et de l’objectif, le sens de la même image sera
quant à lui bien différent. C’est ainsi que le rôle du médiateur, ici muséographe, est à placer entre le
11 SICARD Monique, Revue Hermès n°22, la photographie, pont jeté entre science et art, 1998, p.68
https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-1998-1-page-67.htm
13
scientifique et le visiteur, de sorte à ce que le regard de l’un et de l’autre se croisent et dialoguent au
sein d’un même espace. L’image photographique sera donc un des atouts d’attractivité auprès du
public, aidant à la compréhension et à la sensibilisation de ce dernier.
2. Les sources orales : une réelle marque patrimoniale
« la voix qui guide ou entrave, la voix qui résonne ou fait résonner, la voix qui ouvre la résonance
et rend possible l'harmonie » (M. Coppey)
1. Tables rondes entre professionnels internes et externes.
(avec l'équipe : Lydie Catalas-Malkas, Emmanuel Vialet, Gaël Hemery, Claire Tetrel
mais aussi Philippe Rigaud, Estelle Rouquette, Jean-Paul Guiol, Vincent Poncet, Florine Escot, le
bureau d'Alep...)
Les archives écrites spécifiques au Domaine étant peu nombreuses, la voix fut un des
instruments de travail le plus développé pour mes recherches sur l'histoire du site, sa
géomorphologie, ses richesses ainsi que sa gestion. Tout le long de mon stage, un réel travail de
médiation orale m’a permis de comprendre, de traduire, d'interpréter puis de transmettre à nouveau
sous une autre forme de langage. Les rencontres diverses entre professionnels, que ce soit l'équipe
de la Palissade ou bien les acteurs extérieurs m'ont amené une vision différente et complémentaire
du Domaine, de par leur compétences, leur relation au site, leur vécu. Ainsi, ces témoignages oraux
ont été, pour mon travail, de même importance que les archives écrites. Ils sont à considérer au
même titre, comme de vraies marques patrimoniales, faisant partie intégrante de cette imprégnation
du territoire et de son histoire. J'aimerais comparer ces narrations aux histoires que nous contaient
nos parents, grands-parents et qui restent dans notre mémoire parfois bien plus qu'un écrit lu par
nous-mêmes. Au fil de ce mémoire, je citerai des petites anecdotes contées durant ce stage, utiles à
ma réflexion sur la future muséographie et ce qui doit en découler.
Afin de retranscrire les diverses rencontres que j'ai pu faire sans toutes les énumérer, j'ai
choisi de développer trois types de transmission bien distincts : les entrevues régulières avec Lydie
Catala Malkas travaillant sur le site de la Palissade depuis plus de trente ans; la rencontre avec
Philippe Rigaud, chercheur spécialiste des périodes médiévales et modernes sur la piraterie et la
guerre de course en Méditerranée occidentale et membre de la Commission française d'histoire
14
maritime, ayant visité la Palissade lors de l'exposition "Vision d'un paysage en mouvement : les
bouches du Rhône" inaugurée sur le site en 2001; la rencontre professionnelle avec Jean-Paul Guiol,
artisan maquettiste n'ayant pas connaissance de l'existence même du site. E n fonction des personnes
rencontrées et de l'objectif de ces rencontres, pour des recherches approfondies ou pour des projets
à réaliser, le discours tenu ne sera pas le même tout comme ma place au sein de cette conversation.
De la simple écoute à la transmission d'une idée, c'est cette multitude d'approches orales qu'il
convient ici d'approfondir.
La première sert de référence pour tous les dialogues internes, qui m'ont permis d'avancer à
la fois au cours de mon stage et dans la réflexion de ce mémoire. Travaillant au sein d'une équipe de
scientifiques intellectuels ou purement "pratico-pratiques" comme ils se nomment, la
communication orale est l'un des instruments de travail le plus sollicité entre eux mais aussi vis à
vis de moi. Ce fut donc le cas des entrevues quotidiennes avec Lydie Catala-Malkas, doyenne de
l'équipe de la Palissade, qui m’a transmis à la fois son propre vécu, ses ressentis et sa vision du site
naturel protégé mais aussi son rôle et sa place parmi l'équipe et plus récemment au sein du Parc
naturel régional dans son ensemble. Ici, la médiation est interprétée « dans le sens de quelqu'un qui
aide à apprendre ou à expérimenter par soi-même. »
La rencontre avec le chercheur historien Philippe Rigaud a été une transmission de savoir,
au delà de la thématique recherchée, soit celle de l'histoire des trois bras rhodanien de l'embouchure
et principalement celle du Grand Rhône. Du fait de ses spécialités, seulement quelques informations
me furent utiles dans mes recherches spécifiques sur l'embouchure. Par ailleurs, toutes ses
anecdotes sur le Rhône, sur ses recherches en tant qu'historien, sur son histoire à lui, sur sa passion
pour les bateaux, m'ont fasciné et m'ont ouvert les portes de l'imaginaire sur la légende des bateaux
échoués, sur les trajets en bateau que Mr Canaple, premier propriétaire de la bâtisse faisait avec ses
acolytes au début du XXe siècle, de Marseille au petit embarcadère de la Palissade, sur la traversée
fluviale d'avant 1963 nécessaire pour accéder au Domaine, immergé par les eaux. Il serait
intéressant de présenter une vidéo de ce chercheur dans l’exposition. En effet, tout geste vocal et
corporel produit par un orateur, ici historien spécialisé sur le transport naval, va indubitablement
induire chez son auditoire des réactions, même si celui-ci est extérieur au sujet traité. Ici, la
médiation est interprétée dans dans le sens «d'une délivrance d'un savoir de quelqu'un qui sait (M.
Rigaud) vers quelqu'un qui ne sait pas (moi ou le visiteur) ».
A l'inverse, le dernier type de transmission est issu des commandes diverses entre nous, le
Parc naturel régional de Camargue et les professionnels. Un travail de médiation de ma part a ainsi
15
été nécessaire auprès de l'artisan maquettiste de Pont de Crau, pour qui nous avions une commande
bien précise. L'objectif de cette rencontre était de lui exposer de manière la plus détaillée possible
notre vision de la future maquette des submersions marines pour qu'il traduise plastiquement mon
propos et mes dessins. Cette médiation était nécessaire afin d'être la mieux comprise pour que la
maquette ait le rendu attendu. Savoir transmettre pour être compris puis réinterprété par les
récepteurs du message, c'est le fil conducteur de mes missions de muséographie, bien avant la
réalisation in situ des espaces d'expositions. En effet, en amont du projet de l'aménagement réel
prévu en 2019, le cahier des charges, le Cahier des Clauses Techniques Particulières, les diverses
réunions, les échanges de mails etc. furent les supports de médiation avec les professionnels
extérieurs nécessaires à l'avancée du projet et ses objectifs techniques, au-delà de mes compétences
de stagiaire.
2. les sorties "sur le terrain", entre protection et partage
Le travail de collecte et de conservation reste nécessaire mais non suffisant pour
l'élaboration d'une exposition d'un site naturel protégé. Le musée est ici à mettre en lien direct avec
le terrain qu'il analyse et reflète.
• Mon intégration au sein de l’équipe
Bien que celles-ci ne soient pas directement liées à mon travail muséographique, ces visites
ont été essentielles à ma compréhension et à mes imprégnations du site lui-même. Comme je
l'expliquais en introduction, le Domaine de la Palissade offre un panel de milieux naturels riches en
faune et flore. Emprunter ses trois parcours pédestres et les chemins hors piste, toujours guidée,
m'ont appris à observer le paysage, à le ressentir, à le comprendre. Par ailleurs, j'ai pu être intégrée
dès le début de mon stage dans différents suivis scientifiques, tel que le baguage de passereaux de
roselière dont la panure à moustaches12 avec l'ornithologue Benjamin Vollot, les relevés de salinité
avec Emmanuel Vialet, les points d'écoutes de chants d'oiseaux nommés STOC avec Claire Tetrel.
Ces visites en dehors de mes horaires quotidiens, à l'aube ou en fin de journée ont été à la fois
instructives d'un point de vue scientifique et contemplatif grâce à ces nouveaux paysages qui se
12 Le guide ornitho, le guide le plus complet des oiseaux d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient,
ed.Delachaux et Niestlé, 2015
Panure à moustaches, du latin panurus biarmicus : « Niche en colonies; vastes roselières des lacs et marais de
plaine. Surtout sédentaire mais erratique, avec déplacements en automne, pour une part au moins, semble-t-il, vers des
territoires hivernaux plus au sud. Caractéristiques : petite, brun jaunâtre pâle, longue queue brun-jaune [...]
16
dressaient devant moi. La lumière, l'eau, le souffle du vent, les chants d'oiseaux, le bruit des
feuilles... une poésie de la nature qui m'a initiée à la patience, à l'observation, au silence et à
l'écoute.
Je pris l'initiative de suivre quotidiennement les visites matinales d'Emmanuel Vialet pour
découvrir tous ces changements de paysages et ces oiseaux que je ne connaissais pas. J'ai donc
admiré, depuis l'observatoire du Clos d'Argent, les parades nuptiales au début du printemps, les
nidifications sur îlot suivis des nouveaux nés éclos petit à petit. J'ai ainsi pu voir grandir les
poussins de foulques macroules13, à la tête rouge les premières semaines; de nettes rousses14, de
colverts, de cygnes et de biens d’autres oiseaux. Mais, ce qui m'a le plus interpellé au cours de ces
visites, c'est l'observation instantanée à laquelle je ne suis pas habituée, autrement dit celle de
pouvoir identifier un oiseau que l'on n'aura pas la chance de revoir. En tant que migrateurs, ils se
posent juste quelques heures au cours de leur voyage. Apprendre à observer au delà du seuil de la
curiosité est une notion que j'aimerais retranscrire dans l'espace muséographique, soit par un
module interactif soit par jeux audio-visuels. C’est parce que j’ai vécu ces expériences que
j’aimerais les faire partager aux visiteurs.
• Animations, projets pédagogiques proposés sur plusieurs thématiques : le patrimoine
naturel et humain, la culture, le bâti, les paysages ou encore l'organisation du territoire.
Comprendre pour agir et préserver, une orientation directrice percutante qui place la
pédagogie à la source même de la sensibilisation de l'homme à son environnement ou aux milieux
naturels qu'il côtoie. Cette approche sensible de l'environnement peut porter ses fruits seulement si
un travail de médiation est mis en place en amont. Il ne suffit pas de déballer des connaissances
scientifiques, en visite guidée ou sur panneaux explicatifs, pour être compris et sensibiliser le
visiteur. La mission de l'animateur est de savoir vulgariser, partager des connaissances en les
mettant à la portée du grand public. Selon la cible des visiteurs, grand public ou bien classes, le
discours tenu ne sera pas le même, mais étudié afin d'être compris par la majeure partie du groupe.
13Le guide ornittho, le guide le plus complet des oiseaux d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient,
ed.Delachaux et Niestlé, 2015
Foulque macroule : poule d'eau de forme arrondie, au plumage entièrement noir, rehaussé par un bec et un
écusson frontal blanc pur. Elle a un corps de canard avec un bec pointu, des yeux ronds et rouges, des rémiges
secondaires bordées de blanc et des pattes verdâtres.
14Ibid.
Nettes rousses, du latin netta rufina : lacs et étangs de plaine, grands marais à roselières, lagunes et étangs
saumâtres peu profonds. Migratrice seulement au nord.[...] Moyennement grande, avec un corps long et robuste et une
grosse tête ronde.
17
Ainsi, plusieurs façons de transmettre et ainsi, de sensibiliser vont être développées par trois études
de cas aux cibles bien différentes : la classe locale de CE2 avec qui un réel projet de plusieurs mois
a été lancé; deux classes de licence 3, l'une en SVT, parcours homme et milieux et l'autre en
environnement venus une demi journée sur le site; un groupe lambda tout public.
En collaboration avec Hélène Dattler, architecte diplômée travaillant aujourd'hui en tant
qu'intermittent du spectacle au sein du centre national des arts de la rue "le Citron Jaune", Lydie
Catala-Malkas, animatrice sur le site de la Palissade, a mené un projet sur plusieurs mois dès le
début du printemps avec une classe de CE2 de Salin-de-Giraud. J'ai pu participer à deux de ces
animations pédagogiques, la première séance de découverte sur le site de la Palissade et la dernière
du projet, celle du rendu final devant la mairie de Salin-de-Giraud. Le projet était de comprendre la
relation entre l'homme et son milieu naturel à travers l'architecture. Un dialogue entre ces deux
territoires, l'un naturel, l'autre anthropisé, s'est créé, par la construction de cabanes en bois flotté et
autres matériaux recyclés (fil de fer, tissu, osier) implantées dans la pinède de la Palissade jusqu'à la
présentation d'une petite exposition de leur réalisation sur le parvis de la mairie du village. (fig.6)
Notre rôle était de guider les enfants dans leur réflexion sur leur habitat, son environnement et son
évolution tout en leur apprenant à travailler ensemble, en équipe. S'écouter, s'entraider,
communiquer, des notions qui n'ont en soit rien à voir avec le patrimoine naturel mais dont ce
dernier sert de support à une pédagogie de base pour apprendre ensuite à être sensible et
respectueux envers son territoire et ses habitants.
Bien que la cible soit différente, l'animation sur une demi-journée avec deux classes
d'étudiants de licence traitait de la même thématique, étudiée d'une autre manière du fait du public
sollicité. En effet, l'objectif précis attendu par Claude Vella pour ses élèves était «l'impact de
l'anthropisation sur un espace naturel». Une visite guidée du site a été menée par Lydie Catala-
Malkas avec une approche plus philosophique, élargie au sujet de «qu'est ce que la protection de la
nature ?» et «comment la gérer sans croire que l'être humain est tout puissant ?». En reprenant
l'historique de ces notions de préservation et de conservation, elle a amené l'étudiant à réfléchir sur
les risques majeurs de cette anthropisation, sur l'évolution des mentalités vis à vis de la gestion de
l'environnement et sur le pour et le contre de l'impact de l'homme sur son milieu naturel. Il me
parait nécessaire de soulever ces questionnements sans véritable réponse au sein de la
muséographie, afin de faire comprendre au visiteur que la nature ne peut être domptée sans impact
ultérieur et que l'homme ne peut vivre sans son milieu naturel. Le cycle de vie, la chaîne
alimentaire, tout fonctionne ensemble, avec son environnement, son voisin, son entourage proche
ou lointain. Si une espèce est menacée, une autre espèce pourrait en souffrir... si des arbres sont
18
abattus, peu à peu la planète périra, si une poubelle est jetée, c'est la terre et l'air qui en seront
impactés. Pour autant ce ne doit pas être un discours pessimiste et menaçant mais juste un constat
de ce qui se produit à l'échelle du site de la Palissade dont la réflexion peut être étendue à d'autres
territoires. Tout comme dans le projet avec les CE2, il faut apprendre à être en symbiose, entre nous,
êtres humains, mais aussi avec notre environnement.
Enfin, j'évoquerai les dernières cibles, celles qui correspondent aux visites tout public,
familial ou associatif, en citant pour commencer, Johann Wolfgang von Goethe, à méditer :
« Si vous traitez un individu en fonction de ce qu'il est, il le restera ; mais si vous le traitez comme
s'il était déjà ce qu'il pourrait être, il le deviendra. »
Ce paragraphe est issu de mes diverses discussions avec les deux animateurs du site, n'ayant
pu assister à l'une de ces visites au cours de mon stage. Deux démarches sont mises en place par le
site d'accueil : un programme de visites thématiques semestrielles telles que la migration des
oiseaux ou la floraison printanière et des visites « à la carte » où le public est plus en attente de
découverte de la Camargue. Ces derniers viennent pour voir des flamants roses, des sansouïres et
tout ce qui est caractéristique au delta. Par ailleurs, la situation du site, à l'embouchure du Rhône,
est prise en compte dans leur choix. Dans les deux cas, la personnalité de l'animateur va influer sur
le contenu de la visite, du discours purement scientifique au propos narratif plus conté. Comme
l'exprime Joseph Cornell dans l'ouvrage Les joies de la nature, il existe « deux ingrédients clefs »
pour sensibiliser au patrimoine naturel : « le premier est l'attitude que nous adoptons pour
enseigner. [...] « éducation » vient d'un mot grec signifiant « faire surgir ». Pour faire naître un réel
intérêt pour les activités de nature, nous devons éprouver profondément nous-mêmes l'amour et le
souci fraternel de la nature que nous espérons éveiller chez les autres. Le second principe est de
révéler en chacun le potentiel d'appréciation sincère de la nature pour l'aider à l'approfondir. »15
La nature de la visite peut aussi varier selon le groupe et la météorologie du jour. L'animateur doit
alors s'adapter aux circonstances et aux conditions journalières. En effet, il ne faut pas oublier
d'évoquer le côté spontané de l'observation de l'environnement lié à l'instabilité du territoire. Le
propos ne sera jamais le même, écrit à l'avance ou chronométré, sur cet espace naturel qui évolue
constamment. Bien que différentes, ces visites guidées ont un seul et même objectif : celui de
sensibiliser le public au milieu naturel.
15 CORNELL Joseph, Les joies de la nature, découvertes et partages pour tous les âges, Editions Jouvence,1992, p.54
19
II. UN ESPACE OUVERT AU PUBLIC :
«PRÉSERVER, SENSIBILISER ET COMPRENDRE »
L'un des objectifs du Parc naturel régional est de rendre la population locale, territoriale,
européenne, consciente des enjeux de la préservation et de la responsabilisation quant à une
démarche éco citoyenne. De ce fait, la vocation du site, en plus d'assurer la protection des milieux
naturels remarquables, d'être le seul point d’observation de la dynamique deltaïque du fait de sa
situation hors-digue, est de sensibiliser le public si divers soit-il, à l’environnement naturel.
1.Relation entre pédagogie et muséographie ; « la médiation comme passage »
« une réorientation du regard qui change ce que le musée rend visible »
La bâtisse est actuellement le lieu d’accueil, de billetterie et d’information du site du
Domaine de la Palissade. Des photographies y sont exposées, sans relation avec l’espace
environnant très spécifique. Elle n’a jamais été un musée à proprement parlé et ne sera pas
considérée comme tel. En effet, propriété du Conservatoire du littoral, elle est indissociable de
l’espace naturel qui l’entoure. Le contraste entre naturel et artificiel peut être intéressant tel que
l’ont fait les enfants de CE2 avec les cabanes en tissus recyclés dans le respect du paysage qu’elles
occupaient. On peut d’ailleurs citer l’artiste plasticien japonais Tadashi Kawamata qui, en plus de
créer un bateau implanté sur le terrain de pique-nique, conçut une maquette conceptuelle de la
Palissade que nous aimerions exposer dès l’accueil. Ces petits ajouts décalés du site et de son
histoire peuvent présenter un intérêt si les domaines scientifiques et esthétiques du lieu sont déjà
évoqués. Ainsi, le rez-de-chaussée de la bâtisse doit être en parfaite fusion avec l’aménagement
extérieur. De là, l’exposition sera l'un des piliers pédagogiques du territoire, présentant ses
spécificités, ses atouts comme ses limites pour ainsi sensibiliser et faire comprendre l’espace
extérieur en intérieur.
J'évoquerais six éléments caractéristiques pour rendre la muséographie la plus pédagogique
et la plus compréhensible possible afin de «[…] mieux informer, orienter et former les publics,
directement ou par l'intermédiaire de relais de plus en plus variés »16 :
16 CAILLET Elisabeth, A l'approche du musée, la Médiation culturelle, Presses universitaires de Lyon, 1998, p.2
« la médiation culturelle recouvre l’ensemble des dispositifs grâce auxquels les musées cherchent à mieux informer,
orienter et former leur publics, directement ou par l’intermédiaire de relais de plus en plus variés ».
20
 le thème
Dans l’approche des musées, médiation culturelle, publié en 1987, Natali Martinand
répertorie trois types de «thématisation» pour les musées : «[...] l'une est interdisciplinaire et insiste
sur l'articulation des points de vue disciplinaires entre eux , la seconde est globale et montre en un
même lieu phénomènes, démarches, expérimentations, modèles, connaissances, réflexions
critiques ; la dernière est expressive en ce qu'elle exprime le point de vue du concepteur. Il s'agit là
des modes de présentation voulus par le concepteur pour aboutir à ses objectifs de manière la plus
claire possible pour le visiteur. [...]» L’objectif à atteindre doit être réfléchi en amont pour choisir
quel type de caractéristique sera établie en fonction du propos à transmettre. Sur le site du Domaine
de la Palissade, si j'avais à rentrer la future muséographie dans l'une de ces catégories, c’est le type
de thématisation globale qui ressortirait. En effet, c’est le lieu qui est présenté ici, bien qu’une
muséographie ait été préalablement dessinée et conçue de ma propre main. Par ailleurs, ce n’est pas
mon point de vue qui est exprimé ici, mais le regard de toute l’équipe et les différents types de
témoignages qui constituent l’ensemble de l’exposition. Que ce soit pour les thèmes d’exposition
temporaires (l'eau, les artisans locaux, le bois flotté) ou pour l’exposition permanente (le Rhône, le
littoral), tous les éléments trouveront leurs origines au sein du site de la Palissade. La définition, la
formulation de l’idée et du cadre dans lequel un projet va se développer, est le point de départ. Dès
cette étape, il s'agit de muséographie.
• le graphisme
D'après l'ouvrage A l'approche du musée, la médiation culturelle, concernant les expositions
scientifiques : «Chez les visiteurs regarder précède lire et l'iconographie est le référent cen-
tral. »17 De manière générale, « rares sont ceux qui lisent les textes en entier, même en situation
d'évaluation formative ». Les lectures se font en étapes : « d'abord l'iconographie ; ensuite, le titre,
les sous-titres ; enfin, les légendes (retour à l'iconographie) et les textes. » d'où l'intérêt de dévelop-
per des stratégies conjuguant textes et images, des données scripturales et iconographiques. Le gra-
phisme a donc une importance tout aussi cruciale dans l’expression des contenus. Les graphistes
donnent forme aux textes, bien sûr, mais aussi aux images fixes (iconographies, cartes, schémas,
frises, etc.), aux habillages des films, des interactifs, à la signalétique didactique, à la signalétique
directionnelle…
17 CAILLET Elisabeth, A l'approche du musée, la Médiation culturelle, Presses universitaires de Lyon, 1998, p.185
21
À toutes les phases de la conception, entre muséographie et scénographie/graphisme, se
produisent des échanges, du dialogue, des ajustements entre fond et forme. Ces approches
complémentaires se conjuguent autour d’un même projet et s’enrichissent mutuellement. C'est
pourquoi je serai de nouveau sollicitée hors stage, pour rencontrer le scénographe choisi afin de lui
présenter mon travail, mes propositions et pour ajuster ensemble les espaces d'exposition. En effet,
l'aspect technique de la muséographie est en dehors de mes compétences et de celles de l'équipe. Un
appel d'offre de prestataires (graphistes et scénographes) sera alors lancé dès réception de
l'acceptation des subventions du Conservatoire du littoral et du département des Bouches-du-Rhône
courant septembre.
 la signalétique
Bien que cet aspect puisse se recouper avec le précédent, elle est présente à part entière au
sein de l'exposition et du Domaine dans son ensemble. Il est nécessaire de réfléchir sur la
signalétique intérieure voulue, indépendamment de la question du graphisme. Elle signale, dirige,
informe et aide le public à suivre le propos de l'exposition de l'entrée à la sortie du site. Elle a aussi
un rôle de repérage explicitant simplement les autorisations et les interdits (essentiels dans un site
naturel protégé) mais aussi les services en place (aire de pique-nique, toilettes, futur foodtruck,
exposition...). Afin d'être interprétés par tout visiteur, quelque soit sa culture et sa langue, les
pictogrammes sont les plus utilisés.
La mise en valeur de la muséographie dépend donc inconsciemment de la qualité de la signalétique
et de son graphisme. J'aimerais la comparer à la ponctuation d'un écrit, où chaque virgule, point,
parenthèse guident le lecteur à travers le texte. Elles rythment toutes deux le propos et permettent la
compréhension de ce qui pourrait être illisible ou totalement inaccessible.
 l'artefact muséographique
« En tant qu’artefact muséographique, la maquette est sans aucun doute un dispositif pertinent
pour donner à voir l’une des facettes majeures du discours scientifique archéologique : la
reconstitution des édifices détruits et du mode de vie d’une civilisation disparue. »18 Il n'est pas
question ici de reconstitution d'édifice puisqu'il s'agit d'une présentation d'un patrimoine naturel. La
maquette est un dispositif pour voir le territoire vu du dessus, dans sa globalité. La vue aérienne ou
bien schématisée permet d'apporter un discours scientifique différent en fonction du rendu choisi.
Elle se doit d'être la plus pertinente et la plus compréhensible pour le visiteur. C'est un « objet qui
18 JACOBI Daniel, Les musées sont-ils condamnés à séduire ? Et autres écrits muséologiques, Les essais médiatiques,
2017, p. 122
22
n'existe pas et qui a été conçu spécialement pour être exposé. Dans les musées scientifiques et
souvent dans les musées techniques, il se substitue à un concept scientifique ou à un dispositif
technique, considérés comme impossibles à présenter tels quels. Dans les musées d’art, c’est
l’œuvre définalisée, suspendue, arrachée à son contexte. Il s'agit d'un être imaginaire, que le visiteur
n'a jamais vu et ne reverra jamais hors du musée, construit pour lui permettre de comprendre le
réel : le véritable dispositif technique, la découverte scientifique, la signification du tableau. »
Ainsi, deux sortes de maquettes seront présentées dans l'exposition, une simulée du réel et l'autre
schématisée et tactile pour simplifier le discours transmis par l'objet. Deux maquettes en relief et
projetées ouvriront et fermeront le discours sur le Rhône. L'une de la source et l'autre du delta
seront réalisées de la même manière, par courbes de niveaux relevées à partir des cartes IGN.
Toutes blanches, elles serviront de support à un petit film explicatif sur le phénomène des crues,
avant et après construction de digues. Créés à l'aide de cartes aériennes issues de Géo-portail, les
dernières inondations majeures de 1993 et 2003 seront restituées ainsi que les solutions apportées
pour y remédier. (fig.7)
Les maquettes tactiles ont été réalisées et livrées au cours de mon stage. Elles furent traitées
indépendamment du budget compris pour la muséographie. En effet, elles découlent d'un appel à
projet lancé par le Pôle-relais lagunes méditerranéennes, partenaire de l'Agence de l’eau Rhône-
Méditerranée-Corse (ann.2). Sans entrer dans les détails de la candidature, quatre maquettes ont pu
ainsi être financées et livrées début août sur le site. Deux maquettes mobiles seront utilisées par les
animateurs au cours des visites guidées sur le terrain, ou bien prêtées à d’autres organismes publics.
L’un des principaux critères de l'appel à projet était de concevoir un outil à la fois prêtable et
reproductible.
 l'interactivité
D'après la définition du Larousse, « interactif se dit d'un support de communication
favorisant un échange avec le public »19. Ce sens assez large est donc associé à toute sorte de
média permettant un « échange » avec le spectateur. Ici, c'est l'implication que le médiateur,
animateur ou muséographe cherche à provoquer chez le visiteur lui-même, que l'on peut appeler
interactivité. L'intégration du public au cœur du module interactif va créer une simulation du réel
qu'il comprendra grâce à ses propres gestes. L'interactivité est donc fortement liée à la pédagogie.
Apprendre en jouant ne serait-il pas plus intéressant ? Ce questionnement est à prendre en compte
19 Le dictionnaire Le Larousse
Interactif, interactive : adj., Se dit d'un support de communication favorisant un échange avec le pu-
blic : Émission, exposition, livre interactifs.
23
pour tout propos tenu dans l'exposition. J’exposerais en dernière partie certains modules qui
nécessitent d'être complétés d'un objet interactif, soit d'une maquette comme je l'ai cité
précédemment, soit d'un petit jeu éducatif.
Même si il est très courant d'associer le numérique à l'interactif, les panneaux photovoltaïques
limitent les capacités électriques de l'exposition. Des jeux audiovisuels simples seront donc choisis
pour présenter le site du Domaine de la Palissade.
 l'audiovisuel
En effet, bien que l'électricité du site soit produite par des panneaux photovoltaïques,
l'installation audio-visuelle au sein des espaces d'exposition reste nécessaire pour accrocher le
public. Sans pour autant présenter une carte numérique du delta (visible au musée de la Camargue)
ou d'autres ouvrages trop consommateurs d'énergie, des jeux simples avec son et images peuvent
rythmer les espaces d'exposition et rendre la muséographie actuelle, à l’image du XXIe siècle.
Ainsi, présenter le patrimoine naturel environnant sans y présenter ces jeux sonores, c'est oublier
toute la vie qui s'y trouve. Sans savoir sous quelle forme définitive ces sons rythmeront l'exposition,
je peux déjà suggérer les chants d'oiseaux (Rossignols, Cisticoles des joncs20, Guêpiers d’Europe21,
etc.) qui trouvent leur habitat parmi les divers milieux présents à la Palissade. Mais ces sons ne se
suffisent pas à eux-mêmes pour évoquer l'embouchure du Rhône... Le vent est l'un des facteurs
spécifiques au delta et à la région en général. Il convient donc d'ajouter des sensations de souffle en
parcimonie qui participeront à l'univers présenté par la muséographie. C'est en effet l'un des facteurs
climatiques des phénomènes de crues du Rhône et des submersions marines de la mer Méditerranée.
Outre le son, les images fixes ou mobiles sont aussi essentielles pour parler
d'environnement, de paysages, de saisons. Elles présenteront au public les espèces à voir au moment
où celui-ci visitera le site mais aussi les paysages en fonction des saisons et des heures de la
journée. Ajouté à cela, un petit espace sera dédié à la projection de films de terrain abordant la
gestion de la protection de la nature par des actions diverses. Une vidéo montre la fermeture d’une
20 Le guide ornitho, le guide le plus complet des oiseaux d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient,
ed.Delachaux et Niestlé, 2015
Cisticoles des joncs : Parmi les hautes herbes ou dans les champs, préfère les zones sèches. Sédentaire. Petite,
trapue, courte queue, brun sableux à raies sombres. [...] Chant : bref son aigu, métallique, répété sans relâche durant de
longs moments, à intervalles réguliers d'une seconde environ, dzic...dzic...dzic...
21 Ibid.
Guêpiers : du latin Merops apiaster. En zones couvertes ensoleillées, cultures, prairies sèches, marais,...
Visiteur d'été (mai-août). Taille moyenne. Plum. bariolé d'oiseau exotique. Gorge jaune vif, dessous bleuâtre, calotte,
dos et dessus du bras brun-roux.
24
martellière22 et les bancs d’anguillons sautant dans la roubine23, une autre le sauvetage sur la plage
de Piémanson d'un dauphin échoué après tempête... Ces films seront choisis au sein de l'équipe et
défileront en boucle dans l'exposition. Le public aura le choix de rentrer dans cet espace pour
visionner ces courts-métrages ou bien de poursuivre le cheminement des salles d'exposition.
Les types de visiteurs varient en fonction de l'univers exposé, d’où l’importance de la cible
des messages que l'on souhaite transmettre. Dans l’espace d’exposition de la Palissade, il faut
réussir à atteindre le même public que celui qui visite l’extérieur, pour les parcours pédestres ou
équestres. Ceux qui ne font pas de cheval mais qui attendent leurs proches, ceux qui souhaitent se
reposer avant/après la visite du site, ceux qui sont curieux et veulent en savoir d'avantage dès
l’entrée au Domaine. La muséographie se doit d’être ouverte au plus grand nombre grâce au propos
tenu et aux différents supports choisis pour mieux le traduire et le transmettre. Elle a ce rôle de
médiation entre des savoirs et des publics.
2.Rendre accessible au plus grand nombre
Concernant les espaces naturels protégés gérés par le Parc de Camargue, une mission
d'accueil, d'éducation et d'information est demandée et inscrite dans la Charte des Parcs. Son but est
de contribuer à la connaissance des territoires et à la prise de conscience de la fragilité de
l'environnement par le plus grand nombre possible d'habitants et de visiteurs. Conscients que la
meilleure protection passe par le partage, le Conservatoire du Littoral et le Parc naturel régional de
Camargue ouvrent largement le site aux visiteurs, leur offrant différents moyens de découverte. Il
est ouvert tous les jours (variable selon les saisons) de 9h à 17h, jusqu’à 18 h du 15 juin au 15
septembre. L'accès à la billetterie se fait dans le bâtiment d’accueil, future porte d'entrée à l'espace
muséographique.
Deux offres de visite sont proposées au visiteur :
- Les visites pédestres : trois itinéraires pédestres (de 1,5 km à 8 kms) permettent de découvrir les
principaux paysages typiques de la basse Camargue ainsi que la faune qui y séjourne. Deux for-
mules sont proposées : les visites libres et les visites accompagnées (les groupes, adultes ou sco -
laires, sous la conduite d’un animateur) (fig.9)
- Les visites équestres : en pleine saison, du 1er avril au 31 octobre.
22 Collectif, L'encyclopédie de la Camargue, ed. Buchet, Chastel, 2013
Martelière : du provençal marteliero, marteiero, vanne d'un moulin, d'une écluse. Ici, plaque de bois ou de
métal permettant de couper ou de détourner l'eau d'un petit canal.
23 ibid.
Roubine : du provençal roubino, canal creusé ou aménagé par l'homme, servant à l'écoulement des eaux.
25
Tout en réfléchissant au discours que l'on veut porter dans l'exposition, nous devons com-
prendre, connaître et prendre en compte le public du site. En écho avec les visites extérieures, la
muséographie se doit d'être accessible à tous. Cette cible de visiteurs potentiels nous permettra
d'élargir notre propos et de le vulgariser afin de sensibiliser un maximum d'individus. Le bilan de
fréquentation de 2016 (fig.10) dénombre 65 % de visiteurs français dont 1/3 viennent du départe-
ment des Bouches-du-Rhône et 35% d'étrangers. Ce dernier pourcentage, pas des moindres,
m'amène à réfléchir à la forme du contenu d’exposition et plus spécifiquement au choix linguistique
des panneaux et cartels : seront-ils bilingues, trilingues ou bien seulement français avec des flyers
de différentes langues proposés à l'accueil ? Les locaux sont aussi nombreux que les visiteurs étran-
gers. La mission est donc d’interpeller les deux corps de visiteurs, du connaisseur territorial à l'ama-
teur curieux. A l'échelle mensuelle, si nous comparons deux récapitulatifs de découverte pédestre,
celui du mois de février, hors saison, avec celui du mois de juillet, en pleine saison, nous constatons
que le public n'est pas le même (fig.11). Outre l'implantation géographique, les envies sont aussi di-
vergentes. De la simple découverte à la photographie de faune et de flore, les attentes seront plus ou
moins exigeantes. La difficulté est donc d'ouvrir l'espace d'exposition à un public le plus large pos -
sible, en vulgarisant le discours scientifique et en se servant d'outils interactifs pédagogiques et lu -
diques.
Afin d'être accessible au plus grand nombre de visiteurs, un partenariat a été recherché avec
l'organisme tourisme et handicap de Bouches-du-Rhône Tourisme concernant la mise aux normes
de l'espace d'exposition et les types d'handicaps sollicités. (ann.3) La marque Tourisme et Handicap
est une reconnaissance de la fiabilité et de la qualité de la prestation touristique en direction de la
clientèle handicapée. Elle permet aussi de valoriser les équipements touristiques qui l’ont obtenue
par différents moyens de promotion. Ainsi, je me suis intéressée à la circulation physique
intérieur/extérieur, à la question de la perception sensorielle des différents espaces et enfin à la
compréhension intellectuelle du parcours, des panneaux et des objets présentés.
26
II.UNE MUSÉOGRAPHIE AU SERVICE DU DISCOURS SCIENTIFIQUE ET
D'UN ENVIRONNEMENT NATUREL
1.Présentation des futurs espaces d'exposition du Domaine de la Palissade
Après cette phase de partage et d'acquisition de savoirs sur le site naturel, ma mission finale
est d'exposer, d'exprimer le plus clairement possible ma proposition scénographique. Ce travail de
médiation «miroir» a été essentiel tout au long de mon stage, lors des rendez-vous avec le
maquettiste, lors des appels téléphoniques professionnels ou même lors de réunions internes... En
plus de mes croquis, mon propos se devait d'être clair et concis pour être compris. Ainsi, une
muséographie s'est dessinée, faite de dialogues, de rencontres, de documentation, d'anecdotes et de
création. Dans cette dernière partie, je vais donc exposer mon projet muséographique comme si je
vous présentais à vous, personne extérieure, le futur aménagement du Domaine de la Palissade. Ce
projet a pour but de montrer le site naturel dans son contexte près de l'embouchure et sa valeur
patrimoniale historique. Il n'est pas encore totalement abouti puisqu'un appel d'offre de
scénographes qualifiés sera lancé dès réception des réponses de subventions, courant septembre. Le
scénographe retenu aura pour mission de reprendre mes propositions, de les faire évoluer pour
certaines, afin d'aboutir à une phase d'exécution en 2019. Un cahier des charges fut rédigé en fin de
stage pour le guider au mieux dans ses missions de scénographie.
Au rez-de-chaussée d'une bâtisse du début du XXe siècle, l'espace muséographique
comprendra une salle principale d'une superficie de 38m2, trois annexes (un couloir, un cabinet de
curiosité et une salle d'exposition temporaire) en plus de l'accueil combinant salle de lecture et coin
boutique. Cette ancienne demeure de plaisance, implantée sur la partie nord-est du site qui s'étend
sur plus de 700 hectares, est un atout historique de ce lieu fortement connecté au fleuve (visible à
20m du bâti).
A ce jour, aucune exposition permanente n’est valorisée au sein de ces espaces intérieurs. La
salle principale sert ponctuellement de salle d'exposition temporaire. Elle est occupée actuellement
par l'exposition photographique «BLEU» présentée par l'Association des Amis de la Tour du Valat.
(fig.12) La pièce du futur cabinet de curiosité n’a pas été repensée depuis la première ouverture au
public , présentant le long de ses murs des vitrines d'animaux naturalisés et en son centre un iMac
de première génération. (fig.12) Ce module interactif liste les différentes espèces présentes sur le
site mais n'est plus mis à jour, ni au goût du jour. Enfin, la dernière salle qui servira pour les
expositions temporaires avait été conçue au départ pour simuler un observatoire. Réalisé à partir de
27
planche de bois, l'espace était couvert d'un plafond en pente et divisé en deux par une cloison. Une
fente permettait d'observer, de l'autre côté, non pas de réels oiseaux mais un diorama d'étangs
camarguais réalisé par le peintre animalier Serge Nicolle. Bien que les planches en bois soient
toujours en place, la pièce est aujourd'hui utilisée comme entrepôt.
Un deuxième espace d'exposition prendrait place dans l'ancienne pêcherie située sur le
sentier de la Palun, à 4km de distance du bâtiment d'accueil.
Deux espaces muséographiques bien distincts mais fusionnant tout deux avec l'environnement
extérieur. Un réel dialogue entre intérieur et extérieur est donc essentiel pour concevoir ces modules
d'expositions et leurs contenus.
Pour plus de clarté, je vais suivre le futur sens de circulation des visiteurs, de leur entrée
dans la bâtisse à la sortie du côté est donnant sur l'aire de pique-nique. Une description salle par
salle est donc la plus adéquate :
 L’accueil / boutique / salle de lecture
Cette première pièce occupe déjà la fonction d’accueil et de boutique. La banque d’accueil
en bois flotté existante donne l’univers au sein duquel s’inscrira toute la muséographie. Créé à partir
de matériaux locaux, ce module fusionne le naturel à l’artificiel, le côté rustique à la pure création.
La scénographie s'intégrera dans ces espaces de la même manière, sans réel contraste avec la bâtisse
en pierre brute. Au centre de la salle, un pivot central, composé de la maquette de la Palissade
réalisée par l’artiste plasticien Tadashi Kawamata, prendra place pour permettre au visiteur de se
situer dès son arrivée. Enfin, le premier des modules « pôle moustique », disséminés tout le long du
parcours, présentera de manière ludique l’insecte, ses piqures et les astuces pour les repousser.
Le coin lecture se situera coté ouest dans l’espace plus petit, ouvert sur l’accueil. Deux
univers sont proposés pour l'instant, ce sera au scénographe retenu de choisir en fonction de
l’intégration de cet espace au sein de l’ensemble de la muséographie et de la capacité à réaliser le
projet sélectionné.
- L’univers «bateaux échoués» : imprégné de la légende de formation géologique de la Palissade
selon laquelle ce serait grâce aux naufrages de bateaux et aux dépôts de sédiments que certains
lieux, dont le site de la Palissade auraient vu le jour. Ce coin lecture reprendrait dans la forme cette
image de bateau cassé. Deux assises de part et d’autre de la pièce seraient constituées de coques de
bateaux découpées et dont les deux bouts feraient office de dossier (fig.13). Ajoutés à cela, un banc,
28
deux ou trois tabourets et une table taille enfant reprendraient cet univers, réalisés à partir de bois
taillé par l’homme (planches, palettes, caissons...) Un contraste entre le coin boutique fait de
matériaux naturels trouvés tels quels et de bois défini pour les besoins de l’homme évoquerait le
contraste extérieur environnant.
- L’univers «comme à la maison» : En échos avec la dernière pièce annexe de la muséographie
reprenant l’idée d’un bureau transformé en cabinet de curiosité, cet espace évoquerait le salon que
l’on a chez soi. En effet, anciennement demeure de plaisance, les différentes salles avaient une
fonction qui leur était propre. Ici, c’est ce souvenir de maison qui est à retrouver. Les vieux fauteuils
en bois, la table basse, les tapis et rideaux prendraient place, éclairés d’une lumière tamisée
jaunâtre. La niche du mur nord serait comblée d’étagères en bois. Cette bibliothèque d’ouvrages sur
la faune et la flore serait placée en libre-service. Le visiteur viendrait choisir son livre et
s’installerait confortablement dans ce fauteuil imposant bien douillet.
• Le couloir
Cet espace tout en longueur présenterait en face à face l’évolution géomorphologique de
l’embouchure du Rhône et la chronologie des propriétaires successifs du Domaine. Sur le mur nord,
l’évolution serait représentée à l’aide de cartes anciennes numérisées, de 1591 à nos jours. Une
sélection de cartes marqueurs d’un état géomorphologique seraient cadrées spécifiquement sur
l’embouchure et disposées de façon linéaire le long du mur (telle une frise chronologique),
accompagnant le visiteur de la porte d’accueil à celle de sortie. De la même manière, la chronologie
lui faisant face reprendrait les différentes figures et dates historiques du site, aboutissant près de la
porte de sortie, sur la fusion du syndicat mixte de la Palissade à celui du Parc naturel régional de
Camargue en 2014.
Pour compléter le panneau sur l’évolution géomorphologique, pas très accessible pour les enfants,
un module ludique et pédagogique en dessous de chaque carte reprendrait l’idée à l’aide d’un
puzzle du territoire : des pièces en bois à la forme des theys visibles sur chacune des cartes
présentées seraient à disposition du jeune visiteur. Le but du jeu serait de retrouver et de placer la
forme du territoire pour chaque période, à l’aide des cartes anciennes juste au-dessus.
Un long banc reprenant l’univers du coin lecture, à la forme d’un surf ou d’un aviron, permettrait
aux visiteurs de s’asseoir face au panneau mur nord (le plus spécifique au site du Domaine de la
Palissade).
Un deuxième module «pôle moustique» mobile serait implanté contre l’escalier, privatisant l’espace
sous ce dernier faisant office d’entrepôt de matériel. Sur roulettes, il serait possible de le décaler par
l’équipe.
29
 La salle d’exposition
La pièce principale d’une superficie d'environ 40m2 regrouperait les thématiques
dominantes du site, à savoir le Rhône et le littoral.
La moitié est de la pièce occuperait la thématique du Rhône, de la source à l’embouchure. Deux
cloisons en bois flotté réparties de part et d’autre des murs sud et nord inviteraient le visiteur à
entrer dans l’espace dédié au fleuve. Un premier panneau explicatif de l’exposition serait accroché
aux branches de bois flotté verticales. Au verso de cette cloison, une maquette en relief de la source
du Rhône serait posée au sol. Teinte en blanc, elle serait conçue pour accueillir une projection
cartographique. Son pendant serait placé au verso de la cloison nord, représentant le delta du fleuve.
Le phénomène de crue serait alors simulé, faisant déborder le cours du fleuve sur ses abords. Afin
d’être la plus scientifique et la plus réelle possible, les cartes aériennes lors des fortes inondations
de 2003 seront utilisées et réinterprétées pour la projection. Au côté de chacune des deux maquettes,
un panneau explicatif de la situation géographique du fleuve et du phénomène de crue sera apposé
au mur en pierre brute.
Sur l'autre cloison en bois flotté, un panneau sur « les méandres de Rhône » expliquerait la
vie en eau douce et les répercussions sur la faune et la flore. Ajouté à cela, un module interactif et
ludique sur ce que rapporte le Rhône (bois flotté, végétation, déchets) serait placé à hauteur d’un
enfant.
Si l’on continue le parcours du visiteur, après la source viennent les activités diverses sur le cours
du Rhône. Un «couloir» plus ou moins fermé expliquerait les quatre occupations de l’homme sur le
fleuve, à savoir : la navigation, la production d’électricité, la pêche et le loisir. Ce dernier point
occuperait les dernières cloisons les plus ouvertes sur l’extérieur et sur la vue du Rhône de la
fenêtre est.
À l’angle nord-est, deux maquettes fixes de la Palissade pour l’une et de Salin-de-Giraud
pour l'autre, seront intégrées dans l’espace de telle sorte que, même si aucun lien n'est visible entre
elles, la relation entre ces deux maquettes soit évidente pour le visiteur. Elles furent réalisées et
livrées fin juillet dans le cadre de l’appel à projets Pôle-relais lagunes méditerranéennes. Les
phénomènes de submersions rhodaniennes et marines sont ainsi représentés de la même manière sur
les deux territoires. Par ailleurs, sur la maquette de Salin-de-Giraud, la digue bloque ces avancées
d’eau alors que le Domaine de la Palissade est inondé sur une grande partie du site. L’impact de
l’eau sera expliqué par ces maquettes, l’une endiguée, l’autre non. Une explication écrite en français
sera apposée au-dessus de chaque maquette. Elle présentera les relations entre les deux territoires
voisins ainsi que leurs différences.
30
Pour finir, un prisme triangulaire sera agencé/mis en place au centre de la partie Rhône, comparant
l’embouchure du Rhône avec celles de deux autres fleuves au-delà des frontières nationales. Le rôle
de ce module sera d’exposer la place de la Camargue par rapport à deux autres étendues bien
distinctes : le delta du Guadalquivir et celui du Danube.
Après la partie Rhône, le visiteur arrive au pôle gestion, présenté sur un module central
carré. Le public pouvant tourner autour librement, un espace assez grand doit donc être prévu entre
le module et les cloisons proches. Le visiteur doit pouvoir lire aisément les informations qui
l’intéressent, placées aléatoirement sans fil directeur. Plusieurs thématiques de gestion de territoires
sont ainsi traitées individuellement : un coin météo, une partie sur l’impact de l’homme dans un
espace naturel, une sur l’évolution du paysage. Elles présenteront à la fois iconographies, objets et
cartels explicatifs. Huit photographies avant/après du suivi paysager, déjà évoqué précédemment,
seront suspendues au-dessus du pôle. Sur le module même, deux tablettes numériques ainsi qu'un
videoprojecteur serviront de support aux iconographies des différents suivis sur le terrain et de la
pluralité de milieux visibles sur le site, en fonction du temps et des saisons.
En continuant aux abords de la partie dédiée au littoral, trois cloisons basses prenant la forme de
chardons des dunes présenteront les organismes du Conservatoire du Littoral dont le logo est le
motif du chardon, propriétaire du site, et du Parc naturel régional de Camargue, gestionnaire. Elles
seront placées de biais, disséminées dans l’espace, rappelant la végétation. Des cartels d’explication
présenteront le Cdl d’un côté et le Parc de l’autre.
À l’angle nord-ouest, un panneau mural courbe expliquera la thématique du littoral. Trois
sous thématiques feront pendant à la cloison « les méandres du Rhône ». En effet, au lieu de parler
de l’eau douce, ce sera ici l’eau salée, au lieu de parler des crues, ce sera l’impact des submersions
marines et enfin, les répercutions sur la faune et la flore.
Pour finir sur la partie littoral, l’angle sud-ouest sera occupé par la zone laguno-marine (fig.14). En
reprenant la forme des contours d’une lagune, les panneaux seront accrochés au mur de façon à
créer trois courbes. Ils mettront en lien le littoral au territoire et au Rhône par :
- le mélange des eaux douces et salées, nommées saumâtres
- le cycle des poissons qui arrivent petits et repartent en fin de croissance
- la migration des oiseaux qui traversent la méditerranée et se posent sur le site avant de suivre le
cours du Rhône vers le nord.
Cette dernière zone fut rajoutée au cours de mes dernières réflexions. Elle n’est pas aussi définie
que les autres espaces. Le scénographe aura la liberté de conception de cette thématique.
31
 Le futur cabinet de curiosité
C’est l’espace le plus petit de l’exposition où la création est à l’honneur. Cette pièce très
étroite est occupée de vitrines d’angles sur toute la hauteur et la largeur de deux de ses murs. Elles
sont à garder au sein de la future muséographie. Par ailleurs, des jeux de remplissages de vitrines,
d’ouverture d’une des deux fenêtres extérieure, d’irrégularité entre les étagères peuvent être
envisagés. Ainsi, décaler cet esprit monotone et vieillot de la vitrine pourrait lui donner un petit
coup de modernité et de vie.
De manière générale, l’univers de l’exposition peut se décliner de deux manières selon
l'envie du scénographe :
- rester en symbiose avec l’extérieur, en gardant l’aspect nature, rustique, brut. Attention au risque
d’être trop vieillot.
- contraster complètement, en amenant des éléments modernes, géométriques, épurés et neutres.
Dans son temps, mais attention à ne pas perdre l’esprit du lieu.
Pour ma part, mes plans et mes croquis (fig.15) servent la deuxième proposition, à savoir
l'esprit moderne de la muséographie. J'ai fait attention, tout au long de mes réflexions, à mêler
l'histoire du lieu et son patrimoine naturel à la muséographie actuelle. Bien que le site soit relié à
des panneaux photovoltaïques ne permettant guère toutes libertés en matière de nouvelles
technologies, réalités virtuelles ou autre, d'autres moyens ont été trouvés pour faire du Domaine de
la Palissade un site d'accueil évoluant avec son temps. L'ère du numérique, du sonore, de l'image est
à amener au sein des espaces d'exposition, tout comme l'implication du visiteur au sein de celle-ci.
Comme le citait déjà Elisabeth Caillet dans l’ouvrage A l'approche du musée, la Médiation
culturelle publié en 199824 : « le développement des musées et la volonté de les ouvrir à de plus
larges publics ont modifié la relation qu’ils entretenaient avec les visiteurs. Alors que ceux qui les
fréquentaient possédaient les clés de lecture nécessaires à la délectation des collections, les
nouveaux publics ont besoin qu’on leur en facilite l’accès, afin d’y trouver intérêt scientifique et
intérêt esthétique. » En 2018, exactement vingt ans après la publication de cet ouvrage, cette
citation est toujours d’actualité voire bien plus évidente aujourd’hui. Il ne faut plus considérer le
visiteur comme un être passif et contemplatif, à seulement regarder et écouter pour être intéressé.
La muséographie et la médiation se doivent de le rendre actif et dynamique au sein de la visite afin
qu'il se concentre et comprenne mieux le propos conté. Ce sont ces deux moyens à mettre en œuvre
pour atteindre l'objectif de rendre le Domaine de la Palissade attractif et ouvert à tous.
24 CAILLET Elisabeth, A l'approche du musée, la Médiation culturelle, Presses universitaires de Lyon, 1998
32
2. La conception d'un écomusée...
Bien que ce ne soit pas un musée national ni même un musée en tant que tel (géré par le
ministère de la Culture), la structure d'exposition peut être comparée à un écomusée. En effet, selon
Claude Lévi-Strauss, «Les écomusées ont pour but de préserver ou de reconstituer sur les lieux
mêmes des bâtiments, des types d'activité dont le passage du temps nous a coupés depuis un ou
deux siècles, parfois à peine quelques décennies.»25. Un écomusée vise avant tout à valoriser le
patrimoine matériel (outils, habitat…) et immatériel (savoir-faire, métier…) d’un territoire et d’une
population. Le site du Domaine de la Palissade retrace l'histoire d'une population du début du XXe
siècle, qui bâtit cette demeure de plaisance pour y chasser et y pêcher. Elle valorise notamment le
métier du pêcheur encore existant en Camargue mais ayant perdu toutes les techniques et le savoir-
faire ancestral de la pêche au calun. Ainsi, la pêcherie fait partie des trois dernières installations de
cette technique dite au «caleun» (terme provençal) dans le département. La préservation de la
mémoire de ces propriétaires successifs, de cette culture de chasse et de pêche ainsi que ces deux
corps de métiers historiques rapproche le nouvel aménagement du site à la vision de l’écomusée de
Levi-Strauss. Il est à la fois un instrument de diffusion et de réflexion. Je vais aussi dans le sens de
l’ouvrage issu de l’acte des Premières rencontres nationales des écomusées qui affirme que ce
dernier « met en scène la mémoire des lieux et des populations pour mieux déceler les
mécanismes de régulation ou d'innovation qui jalonnent le temps et l'espace des sociétés. Il est
nécessaire de « remonter aux sources des cultures locales pour mieux comprendre les réalités
présentes, celles qui justement marquent du sceau de l'originalité les territoires et les populations
qui les revendiquent. »26
Ce n'est ni une exposition de tableaux, de sculptures ou même de cartes mais la présentation
d'un patrimoine naturel, immatériel où les sens seront mis en éveil pour comprendre le site
environnant. Il faut apprendre à écouter, à observer, à sentir pour être sensible à la richesse des
milieux alentours. Une petite anecdote percutante à ce sujet me fut contée : un couple allemand
venu découvrir le site se plaignit auprès de l'accueil de n'avoir vu aucun oiseau et demanda le
remboursement du droit d’entrée. L'animatrice de l'environnement répondit autrement à cette
demande en les accompagnant tout le long du parcours pédestre afin de les sensibiliser à
l'observation dans cette nature si riche même sans oiseaux. C'est cette imprévisibilité et surtout cette
patience nécessaire qui doivent être mises en exergue au sein de la muséographie. L'écomusée traite
25 LEVI-STRAUSS Claude, Territoires de la mémoire, Editions de l’Albaron 1992, préface :
« Les écomusées ont pour but de préserver ou de reconstituer sur les lieux mêmes des bâtiments, des types d'activité
dont le passage du temps nous a coupés depuis un ou deux siècles, parfois à peine quelques décennies. »
26 Fédération Française des Ecomusées et des musées de société, En avant la mémoire ! Ecomusées en France, Acte des
Premières rencontres nationales des éco-musées, 1986
33
de l'architecture et des pratiques culturelles mais aussi des relations que l'homme entretient avec son
milieu.
3. … dans un site bien particulier : la rencontre d'un fleuve et de la mer.
Je terminerai mon propos en développant les deux thèmes dominants de l'exposition, le
Rhône et le littoral qui recouvrent à eux deux pratiquement toute la surface de la salle principale
d'exposition.
1.le Rhône et son embouchure
«Raconter ces deux domaines (les marais du Vigueirat et le domaine de la Palissade) sans raconter
un peu le Rhône et son delta reviendrait à expliquer la feuille en oubliant l'arbre. »27
«(c'est) de part et d'autre de cette ultime trajectoire du fleuve que le béton a enfin cessé de
poursuivre, le tableau se compose de deux triangles irréguliers et de surfaces inégales. Le triangle
ouest est celui du domaine de la Palissade,
les taches bleues qui couvrent 75% de sa superficie sont l'étang de la Grande Palun, la baisse Claire,
la Sableuse, le trou de l'Oie, le Capouillet, la baisse de Michel. »28
Situé hors digue, le Domaine de la Palissade est au cœur de la dynamique deltaïque de
l’embouchure. De ce fait, des crues régulières du fleuve et submersions marines ponctuelles
façonnent le paysage et en font des milieux écologiques remarquables. Comme facteur essentiel de
ce paysage environnant, il est nécessaire de faire du Rhône un des thèmes dominant de l’espace
muséographique. C’est d’ailleurs par cette idée de fleuve et de méandre que j’ai commencé à
concevoir l’espace principal d’exposition. Bien qu'il y ait aujourd'hui des roubines créées par
l'homme afin de diriger l'eau dans les étangs, cette zone humide est restée naturelle et peu
aménagée. La faune et la flore présentes sur le site dépendent principalement du fleuve. En cas de
crue, l'eau douce inonde progressivement, s'étale puis s'infiltre dans le sol. Cet apport d'eau douce,
non contrôlé, favorise la formation de milieux (paysages) tels que les mares temporaires, la
ripisylve, la jonchaie, etc.
27 PICON Bernard, Les marais du Vigueirat et le domaine de la Palissade, Conservatoire du Littoral, 1999
28 Ibid.
34
2.le littoral, une répercussion sur la faune et la flore
Le littoral, à la frontière du Domaine de la Palissade est géré comme tout le territoire
maritime national, par le Domaine Public Maritime. Le Parc naturel régional de Camargue se place
partenaire/co-gestionnaire et aide à travers des actions plus ou moins liées à la préservation du
patrimoine naturel. Ainsi, des écogardes sont employés l'été par le Parc afin de sensibiliser les
vacanciers, plaisanciers et locaux ou de dresser des bilans de fréquentation des plages
environnantes. Les frontières entre littoral et site sont donc à abolir lorsque l'on parle de gestion de
la nature, de faune ou de flore. En effet, des espèces visibles sur le site sont là et uniquement là
grâce au milieu maritime. Que ce soit les poissons qui viennent grandir dans les étangs puis
ressortent en mer à la fin de leur croissance, les espèces patrimoniales végétales qui poussent sur le
littoral, les dunes ou en milieux saumâtres ou bien les oiseaux qui se posent juste après leur
traversée en mer, la richesse du site est dépendante du littoral qui le jouxte. Pour ce qui est des
milieux présents sur le site, l'apport d'eau salée entraîne une salinisation du sol ou des étangs
favorisant une végétation halophile29 (sansouïre, herbier aquatique...) qui participe à la biodiversité
du delta.
Au cour des années, la pénétration de la mer (2 à 6mm/an actuellement) est facilitée par
l'élévation du niveau marin jusqu'à créer des zones laguno-marines. Ces territoires se concentrent au
sud du delta, composé à 70% de lagunes et d'étangs saumâtres à hypersalés. Elles servent d'interface
entre l'eau salée et l'eau douce mais aussi entre la mer et la terre. Sur le site du Domaine de la
Palissade, seule la lagune de la Palun évoque ce milieu. Elle sera présentée dans l'espace
muséographique comme lien entre la partie littoral et la partie Rhône.
Enfin, le risque des submersions marines de plus en plus importantes sera exposé dans le but
de sensibiliser le visiteur aux changements climatiques de plus en plus évidents. Les tempêtes et les
submersions marines sont des facteurs alarmants qui rendront les territoires touchés bien plus
difficiles à protéger. Dans de telles conditions, le delta pourrait être partiellement envahi par la mer
au cours du siècle à venir (80 cm d’élévation du niveau marin). Le Domaine de la Palissade ne
serait donc plus visible, sous les eaux maritimes. Les bassins de Salin-de-Giraud et le village des
Saintes-Maries-de-la-mer seraient quant à eux menacés. Bien qu'ils ne fassent pas partie du
29 Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
halophile, adj. et subst. masc.: (organisme) qui vit dans les milieux salés Bactérie, protozoaire, champignon,
algue halophile; plante halophile (synon. de halophyte, s.v. halo-1) . Une flore halophile croît, loin des rivages
maritimes, sur les territoires salés (terrains salés de Lorraine, prairies salées des stations thermales
d'Auvergne) (Bot., 1960, pp. 1294-1295 [Encyclop. de La Pléiade]).Il apparaît que chaque cru de fromages est
caractérisé par une florule fongique responsable de sa saveur. Les espèces caséicoles utiles sont en général des
halophiles ((Bot., 1960, p. 357 [Encyclop. de La Pléiade])
35
Domaine de la Palissade, il est important d'exposer les relations entre ces sites camarguais puisqu'un
territoire n'évolue jamais seul. C'est ainsi qu'une des maquettes mobiles déjà présentée fut réalisée
pour présenter ce phénomène de submersion marine sur trois zones distinctes : le Domaine de la
Palissade, Salin-de-Giraud et les anciens salins.
36
CONCLUSION
Toutes ces missions ont été réalisées en amont d'un travail scénographique plus poussé. La
muséographie n'est que l'une des compétences nécessaires à la création d'une exposition, mais sa
fonction est coordinatrice. En effet, elle sert de lien entre différents acteurs, ce qui suppose dans un
premier temps un travail de médiation puis d'interprétation. Ces deux notions sont nécessaires et
indissociables aux deux autres compétences du muséographe : celles de l'imagination et de la
création. C'est pourquoi j'ai concentré la réflexion de ce mémoire sur le rôle de médiation interne et
externe au site du Domaine de la Palissade. C'est en communiquant qu'on arrive à mieux se
comprendre et à transmettre ensuite un propos plus juste et adéquat. L'espace d'exposition résultera
d'une œuvre collective, issue de dialogues, de transmission et de sensibilisation afin de présenter au
mieux le site naturel protégé dans lequel il est inscrit. Après l'étude complète du Domaine, de l'état
des lieux aux propositions muséographiques, ma dernière mission a été de rédiger une note finale.
Cette dernière servira de "fiche d'action" pour le scénographe sélectionné dès réception des accords
de subventions lors du lancement concret de l'aménagement intérieur. Elle complétera le Cahier des
Clauses Techniques Particulières (CCTP) envoyé pour l'appel à projet aux différents intéressés. Le
scénographe retenu travaillera à son tour, en collaboration avec toute une équipe technique, pour se
servir au mieux des qualifications de chacun au sein des espaces d'exposition. Un menuisier serait
peut-être sollicité pour les fauteuils en bois du coin lecture, un technicien son et lumière pourrait
s'occuper de tous les branchements dans l'espace d'exposition, un graphiste serait amené à trouver
une charte, en accord avec celle du Parc naturel régional, pour tous les panneaux et cartels présentés
etc. De nombreuses compétences, hors de ma portée, sont donc essentielles avant l'aboutissement
du projet. L'aménagement d'une exposition est un projet à long terme, qui nécessite une réelle
synergie d'équipe, à la fois en interne sur le site de la Palissade et en externe, par les différents
professionnels sollicités.
Pour finir, ces espaces d'exposition devront faciliter la sensibilisation et la préservation du
milieu naturel environnant. Tous les éléments exposés le seront dans un but pédagogique de
sensibilisation à l'environnement. Bien que ces espaces d'exposition soient ouverts à tous et voulus
pour être accessibles et compréhensibles par le plus grand nombre, il n'est pas question ici de faire
de la bâtisse un espace de jeu, où chaque module interactif ne servirait qu'à distraire le visiteur. Le
37
propos tenu est là pour sensibiliser le visiteur dès son entrée au site, pour l'initier aux paysages, aux
zones humides et à tous les éléments naturels spécifiques au site. Sans lui en dire trop, ni pas assez,
l'espace ouvre les portes du visiteur sur cet extérieur volontairement peu aménagé. Je vais dans le
sens de Georges Henri Rivière, cité par Anna Gruner Schlumberger dans la muséologie selon
Georges Henri Rivière 30 : «Vois-tu [...] le succès d'un musée ne se mesure pas au nombre de
visiteurs qu'il reçoit, mais au nombre de visiteurs auxquels il a enseigné quelque-chose. Il ne se
mesure pas au nombre d'objets qu'il montre, mais au nombre d'objets qui ont pu être perçus par les
visiteurs dans leur environnement humain. Il ne se mesure pas à son étendue, mais à la quantité
d'espace que le public aura pu raisonnablement parcourir pour en tirer un véritable profit. C'est cela
le musée. Sinon, ce n'est qu'une espèce d'abattoir culturel [...]». Cette citation est d'autant plus juste
dans cet environnement naturel où la contemplation du paysage se suffit presque à elle-même. La
muséographie est alors sollicitée pour apporter des clefs de lecture au visiteur, pour qu'il perçoive
l'intérêt de ce territoire spécifique et de son propre rapport à l'environnement. L'objectif est
d'éveiller la conscience du visiteur au-delà de sa venue sur le site, afin qu'il interprète à son tour le
propos exposé et garde à l'esprit l'impact que l'homme a sur son milieu, plus ou moins proche.
Préserver et sensibiliser sont des notions communes à toute valorisation du patrimoine, qu'il
soit naturel ou bien bâti. C’est pourquoi les connaissances acquises en protection du patrimoine
durant mes études m’ont permis de m’intégrer facilement au sein de cet espace naturel protégé. Ces
connaissances, alliées à mes compétences artistiques, imaginatives et créatrices m'ont servie à
proposer une muséographie la plus adéquate à l’environnement. La relation entre l'homme et son
milieu naturel est l'un des aspects que j'aimerais approfondir dans mes projets futurs, stage de
master 2, service civique ou premier emploi... En effet, la vie humaine est indissociable de son
environnement naturel. Nous devons donc continuer ou bien réapprendre à vivre avec nos milieux,
si riches et si diversifiés à l'échelle nationale. Participer à la valorisation du patrimoine d'un pays
d'Art et d'Histoire, d'un Parc national ou bien d'un autre Parc naturel régional me permettrait ainsi
de continuer à conjuguer nature, homme et bâti à travers mes missions. Après avoir passé six mois
sur un territoire pour ainsi dire très plat, près de la mer, pourquoi ne pas poursuivre ma voie sur les
hauteurs cévenoles, ardéchoises ou alpines, ce qui serait pour moi un retour aux sources puisque je
suis originaire de ces régions ? Et plus généralement, explorer la richesse du territoire français par
son patrimoine local.
30 SCHLUMBERGER Anne Gruner, la muséologie selon George Henri Rivière [en ligne], Dunod, 1989, p.7
38
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages consultés pour la rédaction du mémoire :
• Fed. Française des Ecomusées et des musées de société, En avant la mémoire ! Ecomusées
en France, Acte des Premières rencontres nationales des éco-musées, 1986
• CAILLET Elisabeth, A l'approche du musée, la Médiation culturelle, Presses universitaires
de Lyon, 1998
• GALLAND Bruno, Les archives, Que sais-je ?, Puf, 2016
• HOLLENSTEIN Albert, Audiovisuel à vues fixes. Communication et langages, n°1, 1969
• HOTTIN Christian, POTIN Yann (dir.) « Archives et enjeux de société », Culture et
recherche n° 129, hiver 2013-2014.
• LEFEUVRE Jean-Claude, De la protection de la nature à la gestion du patrimoine naturel,
JEUDY Henri Pierre (dir.), Patrimoines en folie [en ligne], Éditions de la Maison des
sciences de l’homme, Ministère de la Culture, 1990
Disponible sur : https://books.openedition.org/editionsmsh/3764
• A l'école du parc, une invitation à vivre un projet pédagogique avec un Parc naturel
régional, guide enseignant niveau primaire, Cycle 1,2 et 3, Parcs naturels régionaux de
France, 2001
• DEPRAZ Samuel, Protéger, préserver ou conserver la nature ?, Notion à la une de
Géoconfluences [en ligne], 2013
Disponible sur : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/a-la-une-
proteger-preserver-ou-conserver-la-nature
Ouvrages principaux consultés pendant le stage :
Ouvrages généraux :
• Collectif, Livre d'or de la Camargue : Le pays, les mas et les châteaux le Rhône camarguais,
Camariguo, 1984
• Collectif, Encyclopédie de la Camargue, Buchet-Chastel, 2013
39
• LANDURÉ Corinne, VELLA Claude, CHARLET Marion (dir.), La Camargue, au détour
d’un méandre. Etudes archéologiques et environnementales du Rhône d’Ulmet, Musée
départemental d'Arles antique, 2015
• PICON Bernard, L’espace et le temps en Camargue, 3e éd. Acte sud, 2008
le Domaine de la Palissade :
• PICON Bernard, Les marais du Vigueirat et le domaine de la Palissade, Conservatoire du
Littoral, 1999
• VICENTE Vanessa, Analyse de la politique de Communication du Domaine de la Palissade,
Rapport de Stage, Université d’Avignon, 2010
• Rapport d’activité 2015-2016, Site du Domaine de la Palissade, Parc naturel régional de
Camargue
• Charte du Parc naturel régional de Camargue, Objectif 2022, 2009
le Rhône :
• Les embouchures du Rhône, PICHARD et al., revue Méditerranée, 2014
• MAILLET Grégoire M., VELLA Claude, PROVANSAL Mireille, SABATIER François,
Connexions entre le Rhône et son delta (partie 2) : évolution de l’embouchure du Rhône
depuis le début du XVIIIe siècle, 2006
• PASTOUREAU M., J.-M., HOMET, PICHARD G., Rivages et terres de Provence, Alain
Barthelemy, 1996
• RIGAUD Philippe, Arles, le Rhône et la Mer. Catalogue des sources de l'histoire maritime
et fluviale d'Arles d'après les fonds des Archives communales le fonds ancien de la
médiathèque d'Arles (XIVe-XIXe siècles), Arles, Allège du Rhône, 1996, 197 p.
• Delta du Rhône, Camargue antique, médiévale, moderne, Bulletin Archéologique de
Provence, Suppl.2, 2004
40
Memoire de stage volume 1 - muséographie

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Memoire de stage volume 1 - muséographie

  • 1.
  • 2. 2 Je tiens en premier lieu à remercier ma tutrice de mémoire, Mireille NYS ainsi que mon tuteur de stage Gaël HEMERY de m’avoir permis d’intégrer le Domaine de la Palissade pour ce stage de muséographie. J’aimerais témoigner ma reconnaissance à l’équipe et plus particulièrement à Lydie Catala-Malkas, Claire Tetrel et Emmanuel Vialet pour leur partage, leur curiosité et leur disponibilité. Je tiens également à remercier tous ceux qui ont pris le temps de m’écouter, d’entendre mes doutes et d’y répondre. Ceux qui ont aussi partagé mes découvertes et mes surprises. Enfin, ce sont toutes ces personnes qui ont énormément aidé à la rédaction de ce mémoire que je souhaite remercier : de nouveau Lydie Catala-Malkas, mon compagnon et mes parents.
  • 4. I. INTRODUCTION 1. Présentation générale du domaine de la Palissade • De la Camargue à la Palissade La Camargue est une zone humide d'intérêt patrimonial international située dans le département du Gard et des Bouches-du-Rhône, à l'ouest de la région Provence-Alpes-Côtes-d'Azur. Dans les années 70-80, la dégradation de ses espaces naturels fut observée bien que faible par rapport à la plupart des autres zones humides de la planète. A partir de ce constat inquiétant, divers organismes tels que le Conservatoire du littoral et la fédération des Parcs naturels régionaux se sont mobilisés pour la sauvegarde et la préservation de ces espaces à valeur patrimoniale en appliquant les mesures de protection existantes (Loi n° 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature). Après presque 40 ans de conservation, la mosaïque de milieux se dessine encore sous nos yeux aujourd'hui, d'une Camargue fluvio-lacustre1 à la frange littorale, celle de la côte méditerranéenne, en passant par la zone laguno-marine. Faisant partie de la commune d'Arles mais éloigné de son centre de 45km, à 18km de Port-Saint- Louis-du-Rhône et à 8km de Salin de Giraud, le domaine de la Palissade (43°21'N, 4°48'E) est situé à l'extrémité sud-est de la Camargue, aux confins du Rhône. Relativement isolé, on y accède par la route départementale 36d qui se termine à la plage de Piémanson. (fig.1) Ce site, tel qu'il est aujourd'hui, résulte de l'action conjuguée du Rhône et de la mer et forme un triangle bordé à l'Est par le grand Rhône, à l'Ouest par le grau de Piémanson et au sud par la mer. Il est le seul territoire de Camargue non endigué et donc fréquemment soumis aux crues du Rhône et aux submersions marines. Les échanges constants d'eau douce issue du fleuve et d'eau salée de la mer font du domaine un lieu à la biodiversité très marquée où différents milieux cohabitent et évoluent sans cesse. Sa situation géographique lui confère un caractère bien spécifique à étudier, comprendre et présenter afin de valoriser ce patrimoine naturel. 1 (Traduction personnelle) fluvio-lacustre : relative aux rivières et aux lacs. 4
  • 5. • Sa richesse biologique On retrouve sur le domaine de la Palissade les principales espèces animales et végétales du delta camarguais. Cette appartenance géographique et biologique à une zone humide méditerranéenne, ensemble d’écosystèmes devenu mondialement rare et menacé, justifie les mesures de protection prises pour cet espace naturel. La proximité du Grand-Rhône, de son embouchure et de la mer Méditerranée place la Palissade dans un contexte écologique où l’instabilité est forte. De cette contrainte naturelle est née une pa - lette de paysages différents. Cette diversité d’habitats est source d’une richesse biologique qui ren- force la nécessité de protéger ce site et de transmettre ses valeurs. Quelques données chiffrées connues sur le domaine de La Palissade : - étendue de 702 hectares, très proche des conditions naturelles du delta du Rhône qui fait d’elle l'un des derniers sites naturels en Camargue -10 types de milieu : la ripisylve2, la pelouse à saladelles3, la sansouïre4, la jonchaie, la roselière, le marais saumâtre, la lagune, la mare temporaire, la montille5, - 278 espèces végétales (soit 27,8% du delta), dont 5 sont protégées au niveau international, - 234 espèces d’oiseaux (soit 73% du delta), - 40 espèces de poissons Si ces chiffres pris indépendamment n’ont pas tous une égale importance sur un plan de conserva- tion, l’existence de tous ces êtres vivants sur un espace somme toute assez petit, est une richesse peu commune de nos jours, qu’il convient de préserver. 2 Collectif, L'encyclopédie de la Camargue, ed. Buchet, Chastel, 2013 Ripisylve : "jungles méditerranéennes", forêts alluviales formant des manchons plus ou moins étroits le long du Petit et du Grand Rhône ainsi que le long d'anciens bras morts, à la Capelière ou à la Tour du Valat par exemple. Constituées d'essences à feuilles caduques, elles introduisent un micro-climat frais apparenté à celui des forêts de plaine de l'Europe tempérée. 3 Ibid. Saladelle : nommées ailleurs "lilas" ou "lavandes de mer" en raison de leurs fleurs mauves, sont des plantes des rivages méditerranéens ou atlantiques appartenant au genre Limonium, dont plus de 150 espèces sont décrites autour du bassin méditerranéen. 4 Ibid. Sansouïre : du provençal sansouiro, paysage et formation végétale dominés par des salicornes sur des terrains peu ou pas irrigués, où le sel affleure lors des grandes chaleurs, formant des plaques blanchâtres. 5 Ibid. Montille (mountiho) : petite dune ou butte de sédiments sableux ou coquilliers, située à l'intérieur des terres, en opposition aux dunes du cordon littoral. 5
  • 6. 2. Contexte historique et géomorphologique Le domaine de la Palissade s'est structuré au XVIIIe siècle. Auparavant, la mer s'étendait sur l'ensemble du territoire que nous connaissons actuellement. C'est entre autre par l'intervention de l'homme et grâce à la construction de digues que le site a évolué, initialement composé de l'ancien they6 de Bericlès. En effet, le Rhône n'ayant plus la possibilité de déposer ses alluvions7 lors des crues sur les rives en amont de l'embouchure, la mer en fut le principal réceptacle. De là, une île est sortie de l'eau. Un récit plus ou moins réel selon les géomorphologues raconte que le naufrage de bateaux fut à la source même de la naissance de ce territoire. Des sédiments se seraient déposés contre les navires échoués. Ces même navires ont donné leur nom aux theys de Bériclès et de la Gracieuse. Comme la plupart des noms de site à l'embouchure de la Camargue, les ancêtres de la Palissade sont issus d'un des noms de bateaux échoués ou de leurs capitaines tel que Roustan8. A cette époque là, le delta du Rhône était formé de trois bras distincts se jetant en mer Méditerrannée. C'est par les campagnes d'urbanisation du territoire au début du règne de Napoléon III que le territoire évolua. Pour faciliter la navigation sur le fleuve, la mission était de barrer deux graus9 (celui de Roustan et de Piémanson) pour qu'un courant plus puissant se concentre sur le bras restant. La palissade était le nom donné à ces barrages, d'où le terme éponyme du territoire d'aujourd'hui. Finalement, le grau de Roustan s'est rouvert (cours actuel du fleuve) et les ouvrages réalisés n'eurent pas l'effet escompté. En perpétuelle évolution, ce territoire instable fut la possession de nombreux propriétaires : - Messieurs Pascal, Sauran, Arnaud et Naquet possédants chacun une partie du territoire jusqu'en 1858. A cette date, les parcelles de terrains sont vendues à l'Etat pour des travaux d'amélioration de l'embouchure. - M. Canaple Wulfran Charles acquiert le 8 janvier 1906 le they de Bériclès et le 25 avril 1908 une autre partie du domaine, bien de M. Pascal Joseph Ambroise vendu aux enchères publiques. - Décès de M. Canaple Wulfran Charles le 26 mai 1913. 6 HEMERY Gaël, Les noms de lieux en Camargue toponymie, ed.Sansouïre, 2014 They : avancée sableuse littorale qui se développe à proximité des embouchures actives du Rhône. Les embouchures orientales du fleuve, plus puissantes, ont crée la majorité des theys encore présents dans la toponymie. La maîtrise du fleuve, débutée avec l'endiguement de 1856 et accélérée durant le XXe siècle avec l'installation des barrages, ne permet plus la création de theys. 7 Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales - CNRTL Alluvions : dépôt argileux ou sableux émergé qu'ont laissé des eaux par des sédimentations successives. Alluvions d'eau douce, alluvions fluviales, alluvions marines. 8 (Traduction personnelle) Roustan : rive ouest du Grand Rhône (du nom du capitaine d'un bâtiment échoué à la fin du XVIIIe siècle) 9 HEMERY Gaël, Les noms de lieux en Camargue toponymie, ed.Sansouïre, 2014 Grau : du latin gradus, passage, chenal naturel ou artificiel faisant communiquer les lagunes et la mer. Ce terme s'applique également aux anciennes embouchures du fleuve. 6
  • 7. - Son fils, Edmond Canaple hérite du domaine le 4 juin de la même année. - M. Olive et sa Société Civile Immobilière, propriétaire de 1948 à 1975 En 1977, après une vente décisive par M. Olive, privilégiant l'organisme public de protection des littoraux, le Conservatoire du Littoral acquiert l'ensemble du domaine (deux privés étaient intéressés mais M. Olive avait comme souhait la préservation de cet environnement d’où la vente à l’établissement public pour la protection de la nature). Le Conservatoire du Littoral a su saisir l’opportunité d´acquérir le Domaine de la Palissade afin de le soustraire aux menaces de l’urbanisation. 3. Gestion Pour donner quelques chiffres précis, les 702,04 hectares du site sont la propriété du Conservatoire du littoral auxquels s'ajoutent 266,28 hectares en délégation d’attribution du Domaine Public Maritime. Ce territoire occupe donc une superficie totale de 968,32 hectares. Appartenant au Conservatoire du Littoral depuis 1977, il fut géré par le Syndicat Mixte du Domaine de la Palissade de 1981 à fin 2013 et, depuis le 1er janvier 2014, a fusionné avec le syndicat mixte ouvert élargi du Parc naturel régional de Camargue. Un parc naturel régional est à la fois un territoire rural et un organisme reconnu au niveau national pour sa forte valeur patrimoniale et paysagère, qui s'organise autour d'un projet concerté de développement durable, fondé sur la protection et la valorisation de son patrimoine. Depuis son acquisition par le Conservatoire du littoral, des orientations précises ont été définies par le Plan de gestion, le dernier en date pour la période 2008-2013, non renouvelé à l'heure actuelle, à savoir :  Contribuer à la protection de l’environnement naturel de l’embouchure du Grand Rhône,  Favoriser sur le domaine, le contexte évolutif naturel de l’embouchure du Grand Rhône,  Développer, par la recherche scientifique, la valorisation et la reconnaissance du fonctionnement et de l’évolution du système deltaïque par la mise en place d’un dispositif d’observation et étudier les conséquences des changements climatiques, en collaboration avec l’Observatoire Camargue,  Développer l’accueil du public et l’éducation à l’environnement et au territoire, dans le respect de l’équilibre écologique du site, 7
  • 8.  Promouvoir et mettre en œuvre les principes du développement durable. C'est ainsi que le domaine accueille des activités socio-économiques locales dans le respect des milieux naturels (un éleveur de chevaux de race Camargue, un apiculteur…). Le programme de réaménagement intérieur et extérieur lancé au début de l'année 2018 répond à l'objectif d'ouverture au public mais aussi à la volonté de dynamiser et de rendre attractif ce territoire dans le respect des autres points évoqués. 4. Mon rôle : muséographe ou médiateur ? Cette mission de muséographie vient servir l'orientation « Développer l’accueil du public et l’éducation à l’environnement et au territoire, dans le respect de l’équilibre écologique du site » mais s'inscrit également dans toutes les missions de gestion de protection de la nature. En effet, intégrée au sein d'une équipe de botanistes, ornithologues, naturalistes, l'enjeu principal de mon stage est de présenter de manière attractive et vulgarisée cet environnement naturel protégé. Mes objectifs sont de:  restaurer et repenser l'espace muséographique du site de la Palissade  augmenter les capacités d'attractivité du site  positionner le site au sein des autres espaces naturels ouverts au public de Camargue Ce travail a été découpé en trois phases : dans un premier temps, les recherches et diagnostic sur le site ; dans un deuxième temps, la mise en place de thématiques et leur organisation spatiale ; dans un troisième et dernier temps, la définition et conception des modules d’exposition. (ann. 1) - phase 1 : des recherches et diagnostic  Faire un état des lieux du dispositif en place et des éléments d'archives à valoriser dans le futur (lettres, cartes, photographies, oiseaux naturalisés)  Consulter les fonds anciens patrimoniaux relatifs à l'embouchure du Rhône (Gallica BNF, médiathèque, archives communales)  Visite d'autres espaces muséographiques en Camargue (les marais du Vigueirat et la Capelière en Grande Camargue; la Maison du Grand Site, le Scamandre en Camargue Gardoise) 8
  • 9. - phase 2 : thématiques et organisation Les orientations retenues sont :  Replacer le site de la Palissade dans le contexte international, national et local. Une comparaison avec deux autres deltas (le Guadalquivir et le delta du Danube) permettra à la fois de définir ce qu'est une embouchure et les richesses de ces territoires tout en faisant ressortir les spécificités de la Camargue et plus précisément de son embouchure.  Décrire et exposer de façon ludique les particularités et les richesses du site (faune, flore, pratiques) en les mettant en regard d'un système naturel et hors digue et en valorisant son intérêt au niveau du contexte infra local (histoire de Salin de Giraud, exploitation salicole, plages etc...). En profitant du programme de revitalisation /revalorisation de la ville de Salin de Giraud (action menée par le PNRC) et sans parler de l'historique de la ville, j’exposerais les relations entre ces deux territoires limitrophes. Lieu de passage entre la ville et la plage, il est nécessaire, à la fois du point de vue touristique mais aussi écologique, que la muséographie du domaine de la Palissade traite des deux topologies de site dans le but de faire comprendre et sensibiliser les visiteurs à ce patrimoine naturel bien différent.  Développer un module spécifique sur l'inondation qu'elle soit fluviale ou marine : à la fois risque et atout biologique.  Valoriser un engin de pêche patrimonial (le calun) et encore présent sur le site par la restitution d'une maquette qui sera intégrée à l'intérieur de la cabane du pêcheur restaurée. Ces travaux sont à intégrer dans le budget total de la muséographie.  Articuler les orientations muséographiques avec la réflexion en cours par le Conservatoire du littoral sur l'aménagement du site et ses abords. C'est au sein de cette phase que les thématiques et sous-thématiques des différents espaces d'exposition sont définies. Le contenu écrit ou illustré est prêt à être réparti entre l'équipe interne et le réseau du Parc en fonction des compétences et qualification de chacun. 9
  • 10. - phase 3 : définition et conception des modules Après avoir choisi les différentes thématiques et organisations spatiales de l'exposition, une première ébauche du cahier des charges a été rédigée. Elle fut envoyée, en complément du dossier de devis nécessaires au projet, au Conservatoire du littoral et au département. Ces documents ont été demandés rapidement, en vue de la date butoir des demandes de subvention fin juin. Bien que le projet n'ait pas été réfléchi entièrement à ce moment-là, cet envoi était nécessaire pour recevoir une réponse courant septembre. En effet, un délai de deux à trois mois est requis avant la validation du projet. La réponse sera donnée postérieurement à la fin de mon stage mais au vu du projet culturel entrepris, plusieurs réalisations peuvent être envisagées en amont. Ainsi, la réalisation de quelques maquettes et la numérisation de diapositives peuvent être lancées pendant mon stage. Pour le reste, un Cahier des Clauses Techniques Particulières (CCTP) est à rédiger. Il se compose d'une liste de matériaux et de côtes de chacun des éléments intégrés dans l'espace d'exposition ainsi que d'une liste de prestataires techniques nécessaires à la concrétisation du projet. (Cloisons, «soclage» ou fixation au sol, éclairage, branchements, audio-visuel-multimédia, restauration, numérisation.) Une quatrième phase sera alors ajoutée post-stage, de la conception à la réalisation. L'interrogation «muséographe ou médiateur ?» m'amène à réfléchir sur le rôle et les compétences de ces deux corps de métiers ainsi que sur les relations plus ou moins évidentes à établir entre eux. Présent de manière implicite durant les différentes phases d'action de mon stage, ce questionnement va me permettre d'approfondir, au cours de cette étude, le rôle du muséographe, à savoir comment présenter un espace naturel au sein d'une muséographie adéquate et cohérente ? Dans un premier temps, nous verrons que la sensibilisation à l'environnement passe par les transmissions orales et écrites des différents acteurs du domaine dans lequel il s'inscrit. Ensuite, nous analyserons le slogan du Domaine de la Palissade "préserver, sensibiliser, comprendre" à travers l'ouverture au public du site. Enfin, nous exposerons la muséographie intérieure qui œuvre à la fois pour la justesse du discours scientifique transmis et l'attractivité du territoire si particulier. 10
  • 11. I. LA TRANSMISSION COMME MOYEN DE SENSIBILISER 1. Les archives 1. une continuité de l'histoire Avant d'imaginer, de dessiner, de concevoir, un espace muséographique, il m'a fallu de profondes recherches en archives pour décrypter tous les souvenirs, toutes les traces, toute l'histoire de ce domaine qui m'était encore inconnu il y a quelques mois. Tout en m'imprégnant du site, j’ai essayé de garder en tête ce profil de l'inconnu, du primo-visiteur, du regard extérieur essentiel à ma réflexion muséographique, pour que le discours final soit le plus accessible possible, ce dont nous parlerons en deuxième partie. Des recherches poussées au domaine de la Palissade, au sein des bibliothèques du siège du Parc (au Mas du Pont de Rousty) et d'Arles, dans les archives communales de la ville et sur les plateformes Gallica et la Joconde m'ont permis de trouver le plus grand nombre de documents sur ses origines et son historique : des écrits, des cartes, des maquettes, des diapos, photographies... La plus ancienne carte relevée aux archives communales de la Ville d'Arles est datée de 1591 (fig.2). Elle est essentielle dans mes recherches puisqu'en comparant cette dernière à la géomorphologie actuelle du delta, on constate que le territoire est mouvant et en évolution constante. En effet, ce que l'on nomme aujourd'hui Domaine de la Palissade était constitué du they de Bériclès. J'ai donc découvert puis approfondi sur l'histoire du site, sur ses anciens occupants et notamment sur sa gestion actuelle afin de détacher les spécificités du lieu : la proximité de l'eau du Rhône et de la mer qui font de lui une zone humide très dynamique, le fait que le territoire soit hors digue et bordé de territoires industrialisés et agricoles endigués etc. Sur cette dernière recherche, une interrogation reste en suspend, à savoir pourquoi la digue à la mer10 n'a pas été érigée jusqu'à l'embouchure ? Ni les cartes, ni les écrits ne répondent à ce sujet pourtant propre à la Palissade. En effet, les grands travaux de protection de la Camargue par la construction de digues ont vu le jour après l'inondation de 1856 sous Napoléon III. Une digue rhodanienne nommée Palissade fut établie afin de créer un nouveau bras du Rhône. Cet ouvrage n'a pas tenu face à la pression du fleuve qui reprit ses droits en créant une brèche située à l'actuel méandre du Rhône. Par ailleurs, la digue à la mer s'étendit jusqu'à l'extrémité ouest de la plage de Piémanson et aucun programme, à ma connaissance n'avait prévu de poursuivre l'ouvrage jusqu'à l'embouchure du fleuve. 10 Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. Digue à la mer : Longue construction destinée à faire obstacle aux eaux pour protéger les côtes de l'érosion marine et les terrains bas de l'envahissement par la mer. 11
  • 12. Ainsi faire l'inventaire, c'est comprendre l'existence du lieu et connaître ses archives, ses atouts comme ses limites, afin d'en faire la synthèse puis de les réutiliser dans l'objectif de transmettre une idée, un propos. Il faut traduire/appréhender son passé pour avancer dans le présent et préparer son futur. 2. une pérennité de la mémoire En consultant les écrits conservés sur le Domaine, j’ai découvert des actes de propriété, des procès-verbaux, des signatures etc. Les marques de propriétaires successifs, de terrains privés, de règlementations sont essentielles à la compréhension du site et à son évolution. On se doit de lier le patrimoine à la mémoire d'un site, d'une population passée. Des écrits d’homme, d’une manière de vivre… un héritage à respecter pour faire vivre perpétuellement le lieu. C’est cette mémoire des lieux et des gens qui est à la source même des relations actuelles que l'homme entretient avec son milieu naturel. Autrement dit, par les archives et la mémoire des anciens, on peut analyser et comprendre les milieux naturels et sociaux spécifiques. Sans être un des thèmes spécifiques à l’exposition, la mémoire est un des aspects que je souhaite mettre en avant dans le programme muséographique, par le témoignage oral du dernier pêcheur, par des vidéos de terrain... Concernant l’enregistrement du pêcheur, celle-ci représente à la fois la mémoire d’une activité passée sur le site de la Palissade et celle d’une technique, d’un savoir-faire traditionnel en déclin, presque oublié sur le territoire. Cette pêcherie perdure grâce à l’empreinte matérielle dans le sol des restes de l’installation et par le patrimoine immatériel qu’est la voix du pêcheur qui résonne encore aujourd’hui. Ainsi, cette pêcherie était déjà en place du temps de Mr Olive, dernier propriétaire de la Palissade de 1948 à 1975. Elle demeura en activité par succession de cinq pêcheurs jusqu'à fin juillet 2007 et se maintiendra de façon pérenne par ces traces matérielles et immatérielles. 3. une empreinte d'un territoire La mémoire d’une population et l’histoire d’un site sont deux aspects des archives essentiels bien qu'ils soient à eux seuls, lacunaires par rapport au patrimoine naturel protégé du site du Domaine de la Palissade. Les facteurs environnementaux, territoriaux et géomorphologiques sont le dernier point sur lequel la recherche en archive est fondamentale. Comment comprendre ce site sans avoir suivi l’évolution géomorphologique du territoire, de l’embouchure du Rhône, du delta ? 12
  • 13. L’instabilité, la fragilité et la richesse du domaine s’illustrent par ces archives cartographiques, photographiques ou filmographiques. Le suivi et la gestion se traduisent par ces marques écrites et orales qui retracent les variations de faune et de flore, de paysage en fonction des saisons, des années, des changements climatiques etc. Les archives sont donc une des manières de comprendre le site actuel, sa géomorphologie, son évolution ainsi que sa gestion. En première sous-partie, je donnais l’exemple d’une comparaison entre une carte historique de 1591 et une carte actuelle. Dans l’exposition, sera présentée de la même façon l’évolution géomorphologique du site par une sélection de cartes comme marqueurs d’un territoire. Ainsi, le visiteur constatera que les bras du Rhône furent, avant la construction des digues, au nombre de trois, et mouvants sur le territoire camarguais. Le Domaine de la Palissade n’avait pas la forme triangulaire bien établie d'aujourd’hui. En effet, l’étendue du site actuel était reliée géomorphologiquement aux theys de Roustan et d’Eugène, désormais sur la rive gauche du Rhône. (fig.3 et fig.4) Outre les cartes anciennes, la photographie est aussi un des médiums de sauvegarde du patrimoine naturel du Domaine de la Palissade évoluant sans cesse. C’est l’outil le plus probant pour suivre le paysage année après année. La photographie devient donc document, utilisée autrement que pour son esthétique ou son art. Ainsi, le suivi paysager débuté en 1995 est aujourd’hui révélateur de l’évolution du territoire par un simple avant/après photographique. La juxtaposition de clichés des mêmes milieux de 1995 et de 2015 témoigne bien de ce changement paysager à tel point qu’on ne reconnaitrait plus l'endroit où a été prise une photographie. (fig.5) Dans l’article de la Revue Hermès n°22, La photographie, pont jeté entre science et art, publié en 1998, Monique Sicard cite : « Les images dites scientifiques sont ainsi définies par le type de relation qu'elles entretiennent entre leur objet et leur figuration. L'impression de réalité leur serait offerte, en quelque sorte, comme un supplément d'âme. En matière de photographie, le passage du champ scientifique vers le champ artistique ne constitue pas une simple circulation. De tels transferts ne s'effectuent pas de manière passive, mais bien active. L'image déplacée est une autre image: elle change de signification. Le tableau du peintre n'est pas le même s'il est appuyé sur le mur de 1'atelier ou accroché au musée des Beaux-arts. »11 Ainsi, la photographie d’un oiseau rare en Camargue tel que le faucon Hobereau, ou bien d’un paysage inondé n’aura pas la même signification aux yeux des scientifiques ou des visiteurs. La science et l’art ont sur les sites naturels, une frontière floue puisqu’en fonction du regard et de l’objectif, le sens de la même image sera quant à lui bien différent. C’est ainsi que le rôle du médiateur, ici muséographe, est à placer entre le 11 SICARD Monique, Revue Hermès n°22, la photographie, pont jeté entre science et art, 1998, p.68 https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-1998-1-page-67.htm 13
  • 14. scientifique et le visiteur, de sorte à ce que le regard de l’un et de l’autre se croisent et dialoguent au sein d’un même espace. L’image photographique sera donc un des atouts d’attractivité auprès du public, aidant à la compréhension et à la sensibilisation de ce dernier. 2. Les sources orales : une réelle marque patrimoniale « la voix qui guide ou entrave, la voix qui résonne ou fait résonner, la voix qui ouvre la résonance et rend possible l'harmonie » (M. Coppey) 1. Tables rondes entre professionnels internes et externes. (avec l'équipe : Lydie Catalas-Malkas, Emmanuel Vialet, Gaël Hemery, Claire Tetrel mais aussi Philippe Rigaud, Estelle Rouquette, Jean-Paul Guiol, Vincent Poncet, Florine Escot, le bureau d'Alep...) Les archives écrites spécifiques au Domaine étant peu nombreuses, la voix fut un des instruments de travail le plus développé pour mes recherches sur l'histoire du site, sa géomorphologie, ses richesses ainsi que sa gestion. Tout le long de mon stage, un réel travail de médiation orale m’a permis de comprendre, de traduire, d'interpréter puis de transmettre à nouveau sous une autre forme de langage. Les rencontres diverses entre professionnels, que ce soit l'équipe de la Palissade ou bien les acteurs extérieurs m'ont amené une vision différente et complémentaire du Domaine, de par leur compétences, leur relation au site, leur vécu. Ainsi, ces témoignages oraux ont été, pour mon travail, de même importance que les archives écrites. Ils sont à considérer au même titre, comme de vraies marques patrimoniales, faisant partie intégrante de cette imprégnation du territoire et de son histoire. J'aimerais comparer ces narrations aux histoires que nous contaient nos parents, grands-parents et qui restent dans notre mémoire parfois bien plus qu'un écrit lu par nous-mêmes. Au fil de ce mémoire, je citerai des petites anecdotes contées durant ce stage, utiles à ma réflexion sur la future muséographie et ce qui doit en découler. Afin de retranscrire les diverses rencontres que j'ai pu faire sans toutes les énumérer, j'ai choisi de développer trois types de transmission bien distincts : les entrevues régulières avec Lydie Catala Malkas travaillant sur le site de la Palissade depuis plus de trente ans; la rencontre avec Philippe Rigaud, chercheur spécialiste des périodes médiévales et modernes sur la piraterie et la guerre de course en Méditerranée occidentale et membre de la Commission française d'histoire 14
  • 15. maritime, ayant visité la Palissade lors de l'exposition "Vision d'un paysage en mouvement : les bouches du Rhône" inaugurée sur le site en 2001; la rencontre professionnelle avec Jean-Paul Guiol, artisan maquettiste n'ayant pas connaissance de l'existence même du site. E n fonction des personnes rencontrées et de l'objectif de ces rencontres, pour des recherches approfondies ou pour des projets à réaliser, le discours tenu ne sera pas le même tout comme ma place au sein de cette conversation. De la simple écoute à la transmission d'une idée, c'est cette multitude d'approches orales qu'il convient ici d'approfondir. La première sert de référence pour tous les dialogues internes, qui m'ont permis d'avancer à la fois au cours de mon stage et dans la réflexion de ce mémoire. Travaillant au sein d'une équipe de scientifiques intellectuels ou purement "pratico-pratiques" comme ils se nomment, la communication orale est l'un des instruments de travail le plus sollicité entre eux mais aussi vis à vis de moi. Ce fut donc le cas des entrevues quotidiennes avec Lydie Catala-Malkas, doyenne de l'équipe de la Palissade, qui m’a transmis à la fois son propre vécu, ses ressentis et sa vision du site naturel protégé mais aussi son rôle et sa place parmi l'équipe et plus récemment au sein du Parc naturel régional dans son ensemble. Ici, la médiation est interprétée « dans le sens de quelqu'un qui aide à apprendre ou à expérimenter par soi-même. » La rencontre avec le chercheur historien Philippe Rigaud a été une transmission de savoir, au delà de la thématique recherchée, soit celle de l'histoire des trois bras rhodanien de l'embouchure et principalement celle du Grand Rhône. Du fait de ses spécialités, seulement quelques informations me furent utiles dans mes recherches spécifiques sur l'embouchure. Par ailleurs, toutes ses anecdotes sur le Rhône, sur ses recherches en tant qu'historien, sur son histoire à lui, sur sa passion pour les bateaux, m'ont fasciné et m'ont ouvert les portes de l'imaginaire sur la légende des bateaux échoués, sur les trajets en bateau que Mr Canaple, premier propriétaire de la bâtisse faisait avec ses acolytes au début du XXe siècle, de Marseille au petit embarcadère de la Palissade, sur la traversée fluviale d'avant 1963 nécessaire pour accéder au Domaine, immergé par les eaux. Il serait intéressant de présenter une vidéo de ce chercheur dans l’exposition. En effet, tout geste vocal et corporel produit par un orateur, ici historien spécialisé sur le transport naval, va indubitablement induire chez son auditoire des réactions, même si celui-ci est extérieur au sujet traité. Ici, la médiation est interprétée dans dans le sens «d'une délivrance d'un savoir de quelqu'un qui sait (M. Rigaud) vers quelqu'un qui ne sait pas (moi ou le visiteur) ». A l'inverse, le dernier type de transmission est issu des commandes diverses entre nous, le Parc naturel régional de Camargue et les professionnels. Un travail de médiation de ma part a ainsi 15
  • 16. été nécessaire auprès de l'artisan maquettiste de Pont de Crau, pour qui nous avions une commande bien précise. L'objectif de cette rencontre était de lui exposer de manière la plus détaillée possible notre vision de la future maquette des submersions marines pour qu'il traduise plastiquement mon propos et mes dessins. Cette médiation était nécessaire afin d'être la mieux comprise pour que la maquette ait le rendu attendu. Savoir transmettre pour être compris puis réinterprété par les récepteurs du message, c'est le fil conducteur de mes missions de muséographie, bien avant la réalisation in situ des espaces d'expositions. En effet, en amont du projet de l'aménagement réel prévu en 2019, le cahier des charges, le Cahier des Clauses Techniques Particulières, les diverses réunions, les échanges de mails etc. furent les supports de médiation avec les professionnels extérieurs nécessaires à l'avancée du projet et ses objectifs techniques, au-delà de mes compétences de stagiaire. 2. les sorties "sur le terrain", entre protection et partage Le travail de collecte et de conservation reste nécessaire mais non suffisant pour l'élaboration d'une exposition d'un site naturel protégé. Le musée est ici à mettre en lien direct avec le terrain qu'il analyse et reflète. • Mon intégration au sein de l’équipe Bien que celles-ci ne soient pas directement liées à mon travail muséographique, ces visites ont été essentielles à ma compréhension et à mes imprégnations du site lui-même. Comme je l'expliquais en introduction, le Domaine de la Palissade offre un panel de milieux naturels riches en faune et flore. Emprunter ses trois parcours pédestres et les chemins hors piste, toujours guidée, m'ont appris à observer le paysage, à le ressentir, à le comprendre. Par ailleurs, j'ai pu être intégrée dès le début de mon stage dans différents suivis scientifiques, tel que le baguage de passereaux de roselière dont la panure à moustaches12 avec l'ornithologue Benjamin Vollot, les relevés de salinité avec Emmanuel Vialet, les points d'écoutes de chants d'oiseaux nommés STOC avec Claire Tetrel. Ces visites en dehors de mes horaires quotidiens, à l'aube ou en fin de journée ont été à la fois instructives d'un point de vue scientifique et contemplatif grâce à ces nouveaux paysages qui se 12 Le guide ornitho, le guide le plus complet des oiseaux d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, ed.Delachaux et Niestlé, 2015 Panure à moustaches, du latin panurus biarmicus : « Niche en colonies; vastes roselières des lacs et marais de plaine. Surtout sédentaire mais erratique, avec déplacements en automne, pour une part au moins, semble-t-il, vers des territoires hivernaux plus au sud. Caractéristiques : petite, brun jaunâtre pâle, longue queue brun-jaune [...] 16
  • 17. dressaient devant moi. La lumière, l'eau, le souffle du vent, les chants d'oiseaux, le bruit des feuilles... une poésie de la nature qui m'a initiée à la patience, à l'observation, au silence et à l'écoute. Je pris l'initiative de suivre quotidiennement les visites matinales d'Emmanuel Vialet pour découvrir tous ces changements de paysages et ces oiseaux que je ne connaissais pas. J'ai donc admiré, depuis l'observatoire du Clos d'Argent, les parades nuptiales au début du printemps, les nidifications sur îlot suivis des nouveaux nés éclos petit à petit. J'ai ainsi pu voir grandir les poussins de foulques macroules13, à la tête rouge les premières semaines; de nettes rousses14, de colverts, de cygnes et de biens d’autres oiseaux. Mais, ce qui m'a le plus interpellé au cours de ces visites, c'est l'observation instantanée à laquelle je ne suis pas habituée, autrement dit celle de pouvoir identifier un oiseau que l'on n'aura pas la chance de revoir. En tant que migrateurs, ils se posent juste quelques heures au cours de leur voyage. Apprendre à observer au delà du seuil de la curiosité est une notion que j'aimerais retranscrire dans l'espace muséographique, soit par un module interactif soit par jeux audio-visuels. C’est parce que j’ai vécu ces expériences que j’aimerais les faire partager aux visiteurs. • Animations, projets pédagogiques proposés sur plusieurs thématiques : le patrimoine naturel et humain, la culture, le bâti, les paysages ou encore l'organisation du territoire. Comprendre pour agir et préserver, une orientation directrice percutante qui place la pédagogie à la source même de la sensibilisation de l'homme à son environnement ou aux milieux naturels qu'il côtoie. Cette approche sensible de l'environnement peut porter ses fruits seulement si un travail de médiation est mis en place en amont. Il ne suffit pas de déballer des connaissances scientifiques, en visite guidée ou sur panneaux explicatifs, pour être compris et sensibiliser le visiteur. La mission de l'animateur est de savoir vulgariser, partager des connaissances en les mettant à la portée du grand public. Selon la cible des visiteurs, grand public ou bien classes, le discours tenu ne sera pas le même, mais étudié afin d'être compris par la majeure partie du groupe. 13Le guide ornittho, le guide le plus complet des oiseaux d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, ed.Delachaux et Niestlé, 2015 Foulque macroule : poule d'eau de forme arrondie, au plumage entièrement noir, rehaussé par un bec et un écusson frontal blanc pur. Elle a un corps de canard avec un bec pointu, des yeux ronds et rouges, des rémiges secondaires bordées de blanc et des pattes verdâtres. 14Ibid. Nettes rousses, du latin netta rufina : lacs et étangs de plaine, grands marais à roselières, lagunes et étangs saumâtres peu profonds. Migratrice seulement au nord.[...] Moyennement grande, avec un corps long et robuste et une grosse tête ronde. 17
  • 18. Ainsi, plusieurs façons de transmettre et ainsi, de sensibiliser vont être développées par trois études de cas aux cibles bien différentes : la classe locale de CE2 avec qui un réel projet de plusieurs mois a été lancé; deux classes de licence 3, l'une en SVT, parcours homme et milieux et l'autre en environnement venus une demi journée sur le site; un groupe lambda tout public. En collaboration avec Hélène Dattler, architecte diplômée travaillant aujourd'hui en tant qu'intermittent du spectacle au sein du centre national des arts de la rue "le Citron Jaune", Lydie Catala-Malkas, animatrice sur le site de la Palissade, a mené un projet sur plusieurs mois dès le début du printemps avec une classe de CE2 de Salin-de-Giraud. J'ai pu participer à deux de ces animations pédagogiques, la première séance de découverte sur le site de la Palissade et la dernière du projet, celle du rendu final devant la mairie de Salin-de-Giraud. Le projet était de comprendre la relation entre l'homme et son milieu naturel à travers l'architecture. Un dialogue entre ces deux territoires, l'un naturel, l'autre anthropisé, s'est créé, par la construction de cabanes en bois flotté et autres matériaux recyclés (fil de fer, tissu, osier) implantées dans la pinède de la Palissade jusqu'à la présentation d'une petite exposition de leur réalisation sur le parvis de la mairie du village. (fig.6) Notre rôle était de guider les enfants dans leur réflexion sur leur habitat, son environnement et son évolution tout en leur apprenant à travailler ensemble, en équipe. S'écouter, s'entraider, communiquer, des notions qui n'ont en soit rien à voir avec le patrimoine naturel mais dont ce dernier sert de support à une pédagogie de base pour apprendre ensuite à être sensible et respectueux envers son territoire et ses habitants. Bien que la cible soit différente, l'animation sur une demi-journée avec deux classes d'étudiants de licence traitait de la même thématique, étudiée d'une autre manière du fait du public sollicité. En effet, l'objectif précis attendu par Claude Vella pour ses élèves était «l'impact de l'anthropisation sur un espace naturel». Une visite guidée du site a été menée par Lydie Catala- Malkas avec une approche plus philosophique, élargie au sujet de «qu'est ce que la protection de la nature ?» et «comment la gérer sans croire que l'être humain est tout puissant ?». En reprenant l'historique de ces notions de préservation et de conservation, elle a amené l'étudiant à réfléchir sur les risques majeurs de cette anthropisation, sur l'évolution des mentalités vis à vis de la gestion de l'environnement et sur le pour et le contre de l'impact de l'homme sur son milieu naturel. Il me parait nécessaire de soulever ces questionnements sans véritable réponse au sein de la muséographie, afin de faire comprendre au visiteur que la nature ne peut être domptée sans impact ultérieur et que l'homme ne peut vivre sans son milieu naturel. Le cycle de vie, la chaîne alimentaire, tout fonctionne ensemble, avec son environnement, son voisin, son entourage proche ou lointain. Si une espèce est menacée, une autre espèce pourrait en souffrir... si des arbres sont 18
  • 19. abattus, peu à peu la planète périra, si une poubelle est jetée, c'est la terre et l'air qui en seront impactés. Pour autant ce ne doit pas être un discours pessimiste et menaçant mais juste un constat de ce qui se produit à l'échelle du site de la Palissade dont la réflexion peut être étendue à d'autres territoires. Tout comme dans le projet avec les CE2, il faut apprendre à être en symbiose, entre nous, êtres humains, mais aussi avec notre environnement. Enfin, j'évoquerai les dernières cibles, celles qui correspondent aux visites tout public, familial ou associatif, en citant pour commencer, Johann Wolfgang von Goethe, à méditer : « Si vous traitez un individu en fonction de ce qu'il est, il le restera ; mais si vous le traitez comme s'il était déjà ce qu'il pourrait être, il le deviendra. » Ce paragraphe est issu de mes diverses discussions avec les deux animateurs du site, n'ayant pu assister à l'une de ces visites au cours de mon stage. Deux démarches sont mises en place par le site d'accueil : un programme de visites thématiques semestrielles telles que la migration des oiseaux ou la floraison printanière et des visites « à la carte » où le public est plus en attente de découverte de la Camargue. Ces derniers viennent pour voir des flamants roses, des sansouïres et tout ce qui est caractéristique au delta. Par ailleurs, la situation du site, à l'embouchure du Rhône, est prise en compte dans leur choix. Dans les deux cas, la personnalité de l'animateur va influer sur le contenu de la visite, du discours purement scientifique au propos narratif plus conté. Comme l'exprime Joseph Cornell dans l'ouvrage Les joies de la nature, il existe « deux ingrédients clefs » pour sensibiliser au patrimoine naturel : « le premier est l'attitude que nous adoptons pour enseigner. [...] « éducation » vient d'un mot grec signifiant « faire surgir ». Pour faire naître un réel intérêt pour les activités de nature, nous devons éprouver profondément nous-mêmes l'amour et le souci fraternel de la nature que nous espérons éveiller chez les autres. Le second principe est de révéler en chacun le potentiel d'appréciation sincère de la nature pour l'aider à l'approfondir. »15 La nature de la visite peut aussi varier selon le groupe et la météorologie du jour. L'animateur doit alors s'adapter aux circonstances et aux conditions journalières. En effet, il ne faut pas oublier d'évoquer le côté spontané de l'observation de l'environnement lié à l'instabilité du territoire. Le propos ne sera jamais le même, écrit à l'avance ou chronométré, sur cet espace naturel qui évolue constamment. Bien que différentes, ces visites guidées ont un seul et même objectif : celui de sensibiliser le public au milieu naturel. 15 CORNELL Joseph, Les joies de la nature, découvertes et partages pour tous les âges, Editions Jouvence,1992, p.54 19
  • 20. II. UN ESPACE OUVERT AU PUBLIC : «PRÉSERVER, SENSIBILISER ET COMPRENDRE » L'un des objectifs du Parc naturel régional est de rendre la population locale, territoriale, européenne, consciente des enjeux de la préservation et de la responsabilisation quant à une démarche éco citoyenne. De ce fait, la vocation du site, en plus d'assurer la protection des milieux naturels remarquables, d'être le seul point d’observation de la dynamique deltaïque du fait de sa situation hors-digue, est de sensibiliser le public si divers soit-il, à l’environnement naturel. 1.Relation entre pédagogie et muséographie ; « la médiation comme passage » « une réorientation du regard qui change ce que le musée rend visible » La bâtisse est actuellement le lieu d’accueil, de billetterie et d’information du site du Domaine de la Palissade. Des photographies y sont exposées, sans relation avec l’espace environnant très spécifique. Elle n’a jamais été un musée à proprement parlé et ne sera pas considérée comme tel. En effet, propriété du Conservatoire du littoral, elle est indissociable de l’espace naturel qui l’entoure. Le contraste entre naturel et artificiel peut être intéressant tel que l’ont fait les enfants de CE2 avec les cabanes en tissus recyclés dans le respect du paysage qu’elles occupaient. On peut d’ailleurs citer l’artiste plasticien japonais Tadashi Kawamata qui, en plus de créer un bateau implanté sur le terrain de pique-nique, conçut une maquette conceptuelle de la Palissade que nous aimerions exposer dès l’accueil. Ces petits ajouts décalés du site et de son histoire peuvent présenter un intérêt si les domaines scientifiques et esthétiques du lieu sont déjà évoqués. Ainsi, le rez-de-chaussée de la bâtisse doit être en parfaite fusion avec l’aménagement extérieur. De là, l’exposition sera l'un des piliers pédagogiques du territoire, présentant ses spécificités, ses atouts comme ses limites pour ainsi sensibiliser et faire comprendre l’espace extérieur en intérieur. J'évoquerais six éléments caractéristiques pour rendre la muséographie la plus pédagogique et la plus compréhensible possible afin de «[…] mieux informer, orienter et former les publics, directement ou par l'intermédiaire de relais de plus en plus variés »16 : 16 CAILLET Elisabeth, A l'approche du musée, la Médiation culturelle, Presses universitaires de Lyon, 1998, p.2 « la médiation culturelle recouvre l’ensemble des dispositifs grâce auxquels les musées cherchent à mieux informer, orienter et former leur publics, directement ou par l’intermédiaire de relais de plus en plus variés ». 20
  • 21.  le thème Dans l’approche des musées, médiation culturelle, publié en 1987, Natali Martinand répertorie trois types de «thématisation» pour les musées : «[...] l'une est interdisciplinaire et insiste sur l'articulation des points de vue disciplinaires entre eux , la seconde est globale et montre en un même lieu phénomènes, démarches, expérimentations, modèles, connaissances, réflexions critiques ; la dernière est expressive en ce qu'elle exprime le point de vue du concepteur. Il s'agit là des modes de présentation voulus par le concepteur pour aboutir à ses objectifs de manière la plus claire possible pour le visiteur. [...]» L’objectif à atteindre doit être réfléchi en amont pour choisir quel type de caractéristique sera établie en fonction du propos à transmettre. Sur le site du Domaine de la Palissade, si j'avais à rentrer la future muséographie dans l'une de ces catégories, c’est le type de thématisation globale qui ressortirait. En effet, c’est le lieu qui est présenté ici, bien qu’une muséographie ait été préalablement dessinée et conçue de ma propre main. Par ailleurs, ce n’est pas mon point de vue qui est exprimé ici, mais le regard de toute l’équipe et les différents types de témoignages qui constituent l’ensemble de l’exposition. Que ce soit pour les thèmes d’exposition temporaires (l'eau, les artisans locaux, le bois flotté) ou pour l’exposition permanente (le Rhône, le littoral), tous les éléments trouveront leurs origines au sein du site de la Palissade. La définition, la formulation de l’idée et du cadre dans lequel un projet va se développer, est le point de départ. Dès cette étape, il s'agit de muséographie. • le graphisme D'après l'ouvrage A l'approche du musée, la médiation culturelle, concernant les expositions scientifiques : «Chez les visiteurs regarder précède lire et l'iconographie est le référent cen- tral. »17 De manière générale, « rares sont ceux qui lisent les textes en entier, même en situation d'évaluation formative ». Les lectures se font en étapes : « d'abord l'iconographie ; ensuite, le titre, les sous-titres ; enfin, les légendes (retour à l'iconographie) et les textes. » d'où l'intérêt de dévelop- per des stratégies conjuguant textes et images, des données scripturales et iconographiques. Le gra- phisme a donc une importance tout aussi cruciale dans l’expression des contenus. Les graphistes donnent forme aux textes, bien sûr, mais aussi aux images fixes (iconographies, cartes, schémas, frises, etc.), aux habillages des films, des interactifs, à la signalétique didactique, à la signalétique directionnelle… 17 CAILLET Elisabeth, A l'approche du musée, la Médiation culturelle, Presses universitaires de Lyon, 1998, p.185 21
  • 22. À toutes les phases de la conception, entre muséographie et scénographie/graphisme, se produisent des échanges, du dialogue, des ajustements entre fond et forme. Ces approches complémentaires se conjuguent autour d’un même projet et s’enrichissent mutuellement. C'est pourquoi je serai de nouveau sollicitée hors stage, pour rencontrer le scénographe choisi afin de lui présenter mon travail, mes propositions et pour ajuster ensemble les espaces d'exposition. En effet, l'aspect technique de la muséographie est en dehors de mes compétences et de celles de l'équipe. Un appel d'offre de prestataires (graphistes et scénographes) sera alors lancé dès réception de l'acceptation des subventions du Conservatoire du littoral et du département des Bouches-du-Rhône courant septembre.  la signalétique Bien que cet aspect puisse se recouper avec le précédent, elle est présente à part entière au sein de l'exposition et du Domaine dans son ensemble. Il est nécessaire de réfléchir sur la signalétique intérieure voulue, indépendamment de la question du graphisme. Elle signale, dirige, informe et aide le public à suivre le propos de l'exposition de l'entrée à la sortie du site. Elle a aussi un rôle de repérage explicitant simplement les autorisations et les interdits (essentiels dans un site naturel protégé) mais aussi les services en place (aire de pique-nique, toilettes, futur foodtruck, exposition...). Afin d'être interprétés par tout visiteur, quelque soit sa culture et sa langue, les pictogrammes sont les plus utilisés. La mise en valeur de la muséographie dépend donc inconsciemment de la qualité de la signalétique et de son graphisme. J'aimerais la comparer à la ponctuation d'un écrit, où chaque virgule, point, parenthèse guident le lecteur à travers le texte. Elles rythment toutes deux le propos et permettent la compréhension de ce qui pourrait être illisible ou totalement inaccessible.  l'artefact muséographique « En tant qu’artefact muséographique, la maquette est sans aucun doute un dispositif pertinent pour donner à voir l’une des facettes majeures du discours scientifique archéologique : la reconstitution des édifices détruits et du mode de vie d’une civilisation disparue. »18 Il n'est pas question ici de reconstitution d'édifice puisqu'il s'agit d'une présentation d'un patrimoine naturel. La maquette est un dispositif pour voir le territoire vu du dessus, dans sa globalité. La vue aérienne ou bien schématisée permet d'apporter un discours scientifique différent en fonction du rendu choisi. Elle se doit d'être la plus pertinente et la plus compréhensible pour le visiteur. C'est un « objet qui 18 JACOBI Daniel, Les musées sont-ils condamnés à séduire ? Et autres écrits muséologiques, Les essais médiatiques, 2017, p. 122 22
  • 23. n'existe pas et qui a été conçu spécialement pour être exposé. Dans les musées scientifiques et souvent dans les musées techniques, il se substitue à un concept scientifique ou à un dispositif technique, considérés comme impossibles à présenter tels quels. Dans les musées d’art, c’est l’œuvre définalisée, suspendue, arrachée à son contexte. Il s'agit d'un être imaginaire, que le visiteur n'a jamais vu et ne reverra jamais hors du musée, construit pour lui permettre de comprendre le réel : le véritable dispositif technique, la découverte scientifique, la signification du tableau. » Ainsi, deux sortes de maquettes seront présentées dans l'exposition, une simulée du réel et l'autre schématisée et tactile pour simplifier le discours transmis par l'objet. Deux maquettes en relief et projetées ouvriront et fermeront le discours sur le Rhône. L'une de la source et l'autre du delta seront réalisées de la même manière, par courbes de niveaux relevées à partir des cartes IGN. Toutes blanches, elles serviront de support à un petit film explicatif sur le phénomène des crues, avant et après construction de digues. Créés à l'aide de cartes aériennes issues de Géo-portail, les dernières inondations majeures de 1993 et 2003 seront restituées ainsi que les solutions apportées pour y remédier. (fig.7) Les maquettes tactiles ont été réalisées et livrées au cours de mon stage. Elles furent traitées indépendamment du budget compris pour la muséographie. En effet, elles découlent d'un appel à projet lancé par le Pôle-relais lagunes méditerranéennes, partenaire de l'Agence de l’eau Rhône- Méditerranée-Corse (ann.2). Sans entrer dans les détails de la candidature, quatre maquettes ont pu ainsi être financées et livrées début août sur le site. Deux maquettes mobiles seront utilisées par les animateurs au cours des visites guidées sur le terrain, ou bien prêtées à d’autres organismes publics. L’un des principaux critères de l'appel à projet était de concevoir un outil à la fois prêtable et reproductible.  l'interactivité D'après la définition du Larousse, « interactif se dit d'un support de communication favorisant un échange avec le public »19. Ce sens assez large est donc associé à toute sorte de média permettant un « échange » avec le spectateur. Ici, c'est l'implication que le médiateur, animateur ou muséographe cherche à provoquer chez le visiteur lui-même, que l'on peut appeler interactivité. L'intégration du public au cœur du module interactif va créer une simulation du réel qu'il comprendra grâce à ses propres gestes. L'interactivité est donc fortement liée à la pédagogie. Apprendre en jouant ne serait-il pas plus intéressant ? Ce questionnement est à prendre en compte 19 Le dictionnaire Le Larousse Interactif, interactive : adj., Se dit d'un support de communication favorisant un échange avec le pu- blic : Émission, exposition, livre interactifs. 23
  • 24. pour tout propos tenu dans l'exposition. J’exposerais en dernière partie certains modules qui nécessitent d'être complétés d'un objet interactif, soit d'une maquette comme je l'ai cité précédemment, soit d'un petit jeu éducatif. Même si il est très courant d'associer le numérique à l'interactif, les panneaux photovoltaïques limitent les capacités électriques de l'exposition. Des jeux audiovisuels simples seront donc choisis pour présenter le site du Domaine de la Palissade.  l'audiovisuel En effet, bien que l'électricité du site soit produite par des panneaux photovoltaïques, l'installation audio-visuelle au sein des espaces d'exposition reste nécessaire pour accrocher le public. Sans pour autant présenter une carte numérique du delta (visible au musée de la Camargue) ou d'autres ouvrages trop consommateurs d'énergie, des jeux simples avec son et images peuvent rythmer les espaces d'exposition et rendre la muséographie actuelle, à l’image du XXIe siècle. Ainsi, présenter le patrimoine naturel environnant sans y présenter ces jeux sonores, c'est oublier toute la vie qui s'y trouve. Sans savoir sous quelle forme définitive ces sons rythmeront l'exposition, je peux déjà suggérer les chants d'oiseaux (Rossignols, Cisticoles des joncs20, Guêpiers d’Europe21, etc.) qui trouvent leur habitat parmi les divers milieux présents à la Palissade. Mais ces sons ne se suffisent pas à eux-mêmes pour évoquer l'embouchure du Rhône... Le vent est l'un des facteurs spécifiques au delta et à la région en général. Il convient donc d'ajouter des sensations de souffle en parcimonie qui participeront à l'univers présenté par la muséographie. C'est en effet l'un des facteurs climatiques des phénomènes de crues du Rhône et des submersions marines de la mer Méditerranée. Outre le son, les images fixes ou mobiles sont aussi essentielles pour parler d'environnement, de paysages, de saisons. Elles présenteront au public les espèces à voir au moment où celui-ci visitera le site mais aussi les paysages en fonction des saisons et des heures de la journée. Ajouté à cela, un petit espace sera dédié à la projection de films de terrain abordant la gestion de la protection de la nature par des actions diverses. Une vidéo montre la fermeture d’une 20 Le guide ornitho, le guide le plus complet des oiseaux d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, ed.Delachaux et Niestlé, 2015 Cisticoles des joncs : Parmi les hautes herbes ou dans les champs, préfère les zones sèches. Sédentaire. Petite, trapue, courte queue, brun sableux à raies sombres. [...] Chant : bref son aigu, métallique, répété sans relâche durant de longs moments, à intervalles réguliers d'une seconde environ, dzic...dzic...dzic... 21 Ibid. Guêpiers : du latin Merops apiaster. En zones couvertes ensoleillées, cultures, prairies sèches, marais,... Visiteur d'été (mai-août). Taille moyenne. Plum. bariolé d'oiseau exotique. Gorge jaune vif, dessous bleuâtre, calotte, dos et dessus du bras brun-roux. 24
  • 25. martellière22 et les bancs d’anguillons sautant dans la roubine23, une autre le sauvetage sur la plage de Piémanson d'un dauphin échoué après tempête... Ces films seront choisis au sein de l'équipe et défileront en boucle dans l'exposition. Le public aura le choix de rentrer dans cet espace pour visionner ces courts-métrages ou bien de poursuivre le cheminement des salles d'exposition. Les types de visiteurs varient en fonction de l'univers exposé, d’où l’importance de la cible des messages que l'on souhaite transmettre. Dans l’espace d’exposition de la Palissade, il faut réussir à atteindre le même public que celui qui visite l’extérieur, pour les parcours pédestres ou équestres. Ceux qui ne font pas de cheval mais qui attendent leurs proches, ceux qui souhaitent se reposer avant/après la visite du site, ceux qui sont curieux et veulent en savoir d'avantage dès l’entrée au Domaine. La muséographie se doit d’être ouverte au plus grand nombre grâce au propos tenu et aux différents supports choisis pour mieux le traduire et le transmettre. Elle a ce rôle de médiation entre des savoirs et des publics. 2.Rendre accessible au plus grand nombre Concernant les espaces naturels protégés gérés par le Parc de Camargue, une mission d'accueil, d'éducation et d'information est demandée et inscrite dans la Charte des Parcs. Son but est de contribuer à la connaissance des territoires et à la prise de conscience de la fragilité de l'environnement par le plus grand nombre possible d'habitants et de visiteurs. Conscients que la meilleure protection passe par le partage, le Conservatoire du Littoral et le Parc naturel régional de Camargue ouvrent largement le site aux visiteurs, leur offrant différents moyens de découverte. Il est ouvert tous les jours (variable selon les saisons) de 9h à 17h, jusqu’à 18 h du 15 juin au 15 septembre. L'accès à la billetterie se fait dans le bâtiment d’accueil, future porte d'entrée à l'espace muséographique. Deux offres de visite sont proposées au visiteur : - Les visites pédestres : trois itinéraires pédestres (de 1,5 km à 8 kms) permettent de découvrir les principaux paysages typiques de la basse Camargue ainsi que la faune qui y séjourne. Deux for- mules sont proposées : les visites libres et les visites accompagnées (les groupes, adultes ou sco - laires, sous la conduite d’un animateur) (fig.9) - Les visites équestres : en pleine saison, du 1er avril au 31 octobre. 22 Collectif, L'encyclopédie de la Camargue, ed. Buchet, Chastel, 2013 Martelière : du provençal marteliero, marteiero, vanne d'un moulin, d'une écluse. Ici, plaque de bois ou de métal permettant de couper ou de détourner l'eau d'un petit canal. 23 ibid. Roubine : du provençal roubino, canal creusé ou aménagé par l'homme, servant à l'écoulement des eaux. 25
  • 26. Tout en réfléchissant au discours que l'on veut porter dans l'exposition, nous devons com- prendre, connaître et prendre en compte le public du site. En écho avec les visites extérieures, la muséographie se doit d'être accessible à tous. Cette cible de visiteurs potentiels nous permettra d'élargir notre propos et de le vulgariser afin de sensibiliser un maximum d'individus. Le bilan de fréquentation de 2016 (fig.10) dénombre 65 % de visiteurs français dont 1/3 viennent du départe- ment des Bouches-du-Rhône et 35% d'étrangers. Ce dernier pourcentage, pas des moindres, m'amène à réfléchir à la forme du contenu d’exposition et plus spécifiquement au choix linguistique des panneaux et cartels : seront-ils bilingues, trilingues ou bien seulement français avec des flyers de différentes langues proposés à l'accueil ? Les locaux sont aussi nombreux que les visiteurs étran- gers. La mission est donc d’interpeller les deux corps de visiteurs, du connaisseur territorial à l'ama- teur curieux. A l'échelle mensuelle, si nous comparons deux récapitulatifs de découverte pédestre, celui du mois de février, hors saison, avec celui du mois de juillet, en pleine saison, nous constatons que le public n'est pas le même (fig.11). Outre l'implantation géographique, les envies sont aussi di- vergentes. De la simple découverte à la photographie de faune et de flore, les attentes seront plus ou moins exigeantes. La difficulté est donc d'ouvrir l'espace d'exposition à un public le plus large pos - sible, en vulgarisant le discours scientifique et en se servant d'outils interactifs pédagogiques et lu - diques. Afin d'être accessible au plus grand nombre de visiteurs, un partenariat a été recherché avec l'organisme tourisme et handicap de Bouches-du-Rhône Tourisme concernant la mise aux normes de l'espace d'exposition et les types d'handicaps sollicités. (ann.3) La marque Tourisme et Handicap est une reconnaissance de la fiabilité et de la qualité de la prestation touristique en direction de la clientèle handicapée. Elle permet aussi de valoriser les équipements touristiques qui l’ont obtenue par différents moyens de promotion. Ainsi, je me suis intéressée à la circulation physique intérieur/extérieur, à la question de la perception sensorielle des différents espaces et enfin à la compréhension intellectuelle du parcours, des panneaux et des objets présentés. 26
  • 27. II.UNE MUSÉOGRAPHIE AU SERVICE DU DISCOURS SCIENTIFIQUE ET D'UN ENVIRONNEMENT NATUREL 1.Présentation des futurs espaces d'exposition du Domaine de la Palissade Après cette phase de partage et d'acquisition de savoirs sur le site naturel, ma mission finale est d'exposer, d'exprimer le plus clairement possible ma proposition scénographique. Ce travail de médiation «miroir» a été essentiel tout au long de mon stage, lors des rendez-vous avec le maquettiste, lors des appels téléphoniques professionnels ou même lors de réunions internes... En plus de mes croquis, mon propos se devait d'être clair et concis pour être compris. Ainsi, une muséographie s'est dessinée, faite de dialogues, de rencontres, de documentation, d'anecdotes et de création. Dans cette dernière partie, je vais donc exposer mon projet muséographique comme si je vous présentais à vous, personne extérieure, le futur aménagement du Domaine de la Palissade. Ce projet a pour but de montrer le site naturel dans son contexte près de l'embouchure et sa valeur patrimoniale historique. Il n'est pas encore totalement abouti puisqu'un appel d'offre de scénographes qualifiés sera lancé dès réception des réponses de subventions, courant septembre. Le scénographe retenu aura pour mission de reprendre mes propositions, de les faire évoluer pour certaines, afin d'aboutir à une phase d'exécution en 2019. Un cahier des charges fut rédigé en fin de stage pour le guider au mieux dans ses missions de scénographie. Au rez-de-chaussée d'une bâtisse du début du XXe siècle, l'espace muséographique comprendra une salle principale d'une superficie de 38m2, trois annexes (un couloir, un cabinet de curiosité et une salle d'exposition temporaire) en plus de l'accueil combinant salle de lecture et coin boutique. Cette ancienne demeure de plaisance, implantée sur la partie nord-est du site qui s'étend sur plus de 700 hectares, est un atout historique de ce lieu fortement connecté au fleuve (visible à 20m du bâti). A ce jour, aucune exposition permanente n’est valorisée au sein de ces espaces intérieurs. La salle principale sert ponctuellement de salle d'exposition temporaire. Elle est occupée actuellement par l'exposition photographique «BLEU» présentée par l'Association des Amis de la Tour du Valat. (fig.12) La pièce du futur cabinet de curiosité n’a pas été repensée depuis la première ouverture au public , présentant le long de ses murs des vitrines d'animaux naturalisés et en son centre un iMac de première génération. (fig.12) Ce module interactif liste les différentes espèces présentes sur le site mais n'est plus mis à jour, ni au goût du jour. Enfin, la dernière salle qui servira pour les expositions temporaires avait été conçue au départ pour simuler un observatoire. Réalisé à partir de 27
  • 28. planche de bois, l'espace était couvert d'un plafond en pente et divisé en deux par une cloison. Une fente permettait d'observer, de l'autre côté, non pas de réels oiseaux mais un diorama d'étangs camarguais réalisé par le peintre animalier Serge Nicolle. Bien que les planches en bois soient toujours en place, la pièce est aujourd'hui utilisée comme entrepôt. Un deuxième espace d'exposition prendrait place dans l'ancienne pêcherie située sur le sentier de la Palun, à 4km de distance du bâtiment d'accueil. Deux espaces muséographiques bien distincts mais fusionnant tout deux avec l'environnement extérieur. Un réel dialogue entre intérieur et extérieur est donc essentiel pour concevoir ces modules d'expositions et leurs contenus. Pour plus de clarté, je vais suivre le futur sens de circulation des visiteurs, de leur entrée dans la bâtisse à la sortie du côté est donnant sur l'aire de pique-nique. Une description salle par salle est donc la plus adéquate :  L’accueil / boutique / salle de lecture Cette première pièce occupe déjà la fonction d’accueil et de boutique. La banque d’accueil en bois flotté existante donne l’univers au sein duquel s’inscrira toute la muséographie. Créé à partir de matériaux locaux, ce module fusionne le naturel à l’artificiel, le côté rustique à la pure création. La scénographie s'intégrera dans ces espaces de la même manière, sans réel contraste avec la bâtisse en pierre brute. Au centre de la salle, un pivot central, composé de la maquette de la Palissade réalisée par l’artiste plasticien Tadashi Kawamata, prendra place pour permettre au visiteur de se situer dès son arrivée. Enfin, le premier des modules « pôle moustique », disséminés tout le long du parcours, présentera de manière ludique l’insecte, ses piqures et les astuces pour les repousser. Le coin lecture se situera coté ouest dans l’espace plus petit, ouvert sur l’accueil. Deux univers sont proposés pour l'instant, ce sera au scénographe retenu de choisir en fonction de l’intégration de cet espace au sein de l’ensemble de la muséographie et de la capacité à réaliser le projet sélectionné. - L’univers «bateaux échoués» : imprégné de la légende de formation géologique de la Palissade selon laquelle ce serait grâce aux naufrages de bateaux et aux dépôts de sédiments que certains lieux, dont le site de la Palissade auraient vu le jour. Ce coin lecture reprendrait dans la forme cette image de bateau cassé. Deux assises de part et d’autre de la pièce seraient constituées de coques de bateaux découpées et dont les deux bouts feraient office de dossier (fig.13). Ajoutés à cela, un banc, 28
  • 29. deux ou trois tabourets et une table taille enfant reprendraient cet univers, réalisés à partir de bois taillé par l’homme (planches, palettes, caissons...) Un contraste entre le coin boutique fait de matériaux naturels trouvés tels quels et de bois défini pour les besoins de l’homme évoquerait le contraste extérieur environnant. - L’univers «comme à la maison» : En échos avec la dernière pièce annexe de la muséographie reprenant l’idée d’un bureau transformé en cabinet de curiosité, cet espace évoquerait le salon que l’on a chez soi. En effet, anciennement demeure de plaisance, les différentes salles avaient une fonction qui leur était propre. Ici, c’est ce souvenir de maison qui est à retrouver. Les vieux fauteuils en bois, la table basse, les tapis et rideaux prendraient place, éclairés d’une lumière tamisée jaunâtre. La niche du mur nord serait comblée d’étagères en bois. Cette bibliothèque d’ouvrages sur la faune et la flore serait placée en libre-service. Le visiteur viendrait choisir son livre et s’installerait confortablement dans ce fauteuil imposant bien douillet. • Le couloir Cet espace tout en longueur présenterait en face à face l’évolution géomorphologique de l’embouchure du Rhône et la chronologie des propriétaires successifs du Domaine. Sur le mur nord, l’évolution serait représentée à l’aide de cartes anciennes numérisées, de 1591 à nos jours. Une sélection de cartes marqueurs d’un état géomorphologique seraient cadrées spécifiquement sur l’embouchure et disposées de façon linéaire le long du mur (telle une frise chronologique), accompagnant le visiteur de la porte d’accueil à celle de sortie. De la même manière, la chronologie lui faisant face reprendrait les différentes figures et dates historiques du site, aboutissant près de la porte de sortie, sur la fusion du syndicat mixte de la Palissade à celui du Parc naturel régional de Camargue en 2014. Pour compléter le panneau sur l’évolution géomorphologique, pas très accessible pour les enfants, un module ludique et pédagogique en dessous de chaque carte reprendrait l’idée à l’aide d’un puzzle du territoire : des pièces en bois à la forme des theys visibles sur chacune des cartes présentées seraient à disposition du jeune visiteur. Le but du jeu serait de retrouver et de placer la forme du territoire pour chaque période, à l’aide des cartes anciennes juste au-dessus. Un long banc reprenant l’univers du coin lecture, à la forme d’un surf ou d’un aviron, permettrait aux visiteurs de s’asseoir face au panneau mur nord (le plus spécifique au site du Domaine de la Palissade). Un deuxième module «pôle moustique» mobile serait implanté contre l’escalier, privatisant l’espace sous ce dernier faisant office d’entrepôt de matériel. Sur roulettes, il serait possible de le décaler par l’équipe. 29
  • 30.  La salle d’exposition La pièce principale d’une superficie d'environ 40m2 regrouperait les thématiques dominantes du site, à savoir le Rhône et le littoral. La moitié est de la pièce occuperait la thématique du Rhône, de la source à l’embouchure. Deux cloisons en bois flotté réparties de part et d’autre des murs sud et nord inviteraient le visiteur à entrer dans l’espace dédié au fleuve. Un premier panneau explicatif de l’exposition serait accroché aux branches de bois flotté verticales. Au verso de cette cloison, une maquette en relief de la source du Rhône serait posée au sol. Teinte en blanc, elle serait conçue pour accueillir une projection cartographique. Son pendant serait placé au verso de la cloison nord, représentant le delta du fleuve. Le phénomène de crue serait alors simulé, faisant déborder le cours du fleuve sur ses abords. Afin d’être la plus scientifique et la plus réelle possible, les cartes aériennes lors des fortes inondations de 2003 seront utilisées et réinterprétées pour la projection. Au côté de chacune des deux maquettes, un panneau explicatif de la situation géographique du fleuve et du phénomène de crue sera apposé au mur en pierre brute. Sur l'autre cloison en bois flotté, un panneau sur « les méandres de Rhône » expliquerait la vie en eau douce et les répercussions sur la faune et la flore. Ajouté à cela, un module interactif et ludique sur ce que rapporte le Rhône (bois flotté, végétation, déchets) serait placé à hauteur d’un enfant. Si l’on continue le parcours du visiteur, après la source viennent les activités diverses sur le cours du Rhône. Un «couloir» plus ou moins fermé expliquerait les quatre occupations de l’homme sur le fleuve, à savoir : la navigation, la production d’électricité, la pêche et le loisir. Ce dernier point occuperait les dernières cloisons les plus ouvertes sur l’extérieur et sur la vue du Rhône de la fenêtre est. À l’angle nord-est, deux maquettes fixes de la Palissade pour l’une et de Salin-de-Giraud pour l'autre, seront intégrées dans l’espace de telle sorte que, même si aucun lien n'est visible entre elles, la relation entre ces deux maquettes soit évidente pour le visiteur. Elles furent réalisées et livrées fin juillet dans le cadre de l’appel à projets Pôle-relais lagunes méditerranéennes. Les phénomènes de submersions rhodaniennes et marines sont ainsi représentés de la même manière sur les deux territoires. Par ailleurs, sur la maquette de Salin-de-Giraud, la digue bloque ces avancées d’eau alors que le Domaine de la Palissade est inondé sur une grande partie du site. L’impact de l’eau sera expliqué par ces maquettes, l’une endiguée, l’autre non. Une explication écrite en français sera apposée au-dessus de chaque maquette. Elle présentera les relations entre les deux territoires voisins ainsi que leurs différences. 30
  • 31. Pour finir, un prisme triangulaire sera agencé/mis en place au centre de la partie Rhône, comparant l’embouchure du Rhône avec celles de deux autres fleuves au-delà des frontières nationales. Le rôle de ce module sera d’exposer la place de la Camargue par rapport à deux autres étendues bien distinctes : le delta du Guadalquivir et celui du Danube. Après la partie Rhône, le visiteur arrive au pôle gestion, présenté sur un module central carré. Le public pouvant tourner autour librement, un espace assez grand doit donc être prévu entre le module et les cloisons proches. Le visiteur doit pouvoir lire aisément les informations qui l’intéressent, placées aléatoirement sans fil directeur. Plusieurs thématiques de gestion de territoires sont ainsi traitées individuellement : un coin météo, une partie sur l’impact de l’homme dans un espace naturel, une sur l’évolution du paysage. Elles présenteront à la fois iconographies, objets et cartels explicatifs. Huit photographies avant/après du suivi paysager, déjà évoqué précédemment, seront suspendues au-dessus du pôle. Sur le module même, deux tablettes numériques ainsi qu'un videoprojecteur serviront de support aux iconographies des différents suivis sur le terrain et de la pluralité de milieux visibles sur le site, en fonction du temps et des saisons. En continuant aux abords de la partie dédiée au littoral, trois cloisons basses prenant la forme de chardons des dunes présenteront les organismes du Conservatoire du Littoral dont le logo est le motif du chardon, propriétaire du site, et du Parc naturel régional de Camargue, gestionnaire. Elles seront placées de biais, disséminées dans l’espace, rappelant la végétation. Des cartels d’explication présenteront le Cdl d’un côté et le Parc de l’autre. À l’angle nord-ouest, un panneau mural courbe expliquera la thématique du littoral. Trois sous thématiques feront pendant à la cloison « les méandres du Rhône ». En effet, au lieu de parler de l’eau douce, ce sera ici l’eau salée, au lieu de parler des crues, ce sera l’impact des submersions marines et enfin, les répercutions sur la faune et la flore. Pour finir sur la partie littoral, l’angle sud-ouest sera occupé par la zone laguno-marine (fig.14). En reprenant la forme des contours d’une lagune, les panneaux seront accrochés au mur de façon à créer trois courbes. Ils mettront en lien le littoral au territoire et au Rhône par : - le mélange des eaux douces et salées, nommées saumâtres - le cycle des poissons qui arrivent petits et repartent en fin de croissance - la migration des oiseaux qui traversent la méditerranée et se posent sur le site avant de suivre le cours du Rhône vers le nord. Cette dernière zone fut rajoutée au cours de mes dernières réflexions. Elle n’est pas aussi définie que les autres espaces. Le scénographe aura la liberté de conception de cette thématique. 31
  • 32.  Le futur cabinet de curiosité C’est l’espace le plus petit de l’exposition où la création est à l’honneur. Cette pièce très étroite est occupée de vitrines d’angles sur toute la hauteur et la largeur de deux de ses murs. Elles sont à garder au sein de la future muséographie. Par ailleurs, des jeux de remplissages de vitrines, d’ouverture d’une des deux fenêtres extérieure, d’irrégularité entre les étagères peuvent être envisagés. Ainsi, décaler cet esprit monotone et vieillot de la vitrine pourrait lui donner un petit coup de modernité et de vie. De manière générale, l’univers de l’exposition peut se décliner de deux manières selon l'envie du scénographe : - rester en symbiose avec l’extérieur, en gardant l’aspect nature, rustique, brut. Attention au risque d’être trop vieillot. - contraster complètement, en amenant des éléments modernes, géométriques, épurés et neutres. Dans son temps, mais attention à ne pas perdre l’esprit du lieu. Pour ma part, mes plans et mes croquis (fig.15) servent la deuxième proposition, à savoir l'esprit moderne de la muséographie. J'ai fait attention, tout au long de mes réflexions, à mêler l'histoire du lieu et son patrimoine naturel à la muséographie actuelle. Bien que le site soit relié à des panneaux photovoltaïques ne permettant guère toutes libertés en matière de nouvelles technologies, réalités virtuelles ou autre, d'autres moyens ont été trouvés pour faire du Domaine de la Palissade un site d'accueil évoluant avec son temps. L'ère du numérique, du sonore, de l'image est à amener au sein des espaces d'exposition, tout comme l'implication du visiteur au sein de celle-ci. Comme le citait déjà Elisabeth Caillet dans l’ouvrage A l'approche du musée, la Médiation culturelle publié en 199824 : « le développement des musées et la volonté de les ouvrir à de plus larges publics ont modifié la relation qu’ils entretenaient avec les visiteurs. Alors que ceux qui les fréquentaient possédaient les clés de lecture nécessaires à la délectation des collections, les nouveaux publics ont besoin qu’on leur en facilite l’accès, afin d’y trouver intérêt scientifique et intérêt esthétique. » En 2018, exactement vingt ans après la publication de cet ouvrage, cette citation est toujours d’actualité voire bien plus évidente aujourd’hui. Il ne faut plus considérer le visiteur comme un être passif et contemplatif, à seulement regarder et écouter pour être intéressé. La muséographie et la médiation se doivent de le rendre actif et dynamique au sein de la visite afin qu'il se concentre et comprenne mieux le propos conté. Ce sont ces deux moyens à mettre en œuvre pour atteindre l'objectif de rendre le Domaine de la Palissade attractif et ouvert à tous. 24 CAILLET Elisabeth, A l'approche du musée, la Médiation culturelle, Presses universitaires de Lyon, 1998 32
  • 33. 2. La conception d'un écomusée... Bien que ce ne soit pas un musée national ni même un musée en tant que tel (géré par le ministère de la Culture), la structure d'exposition peut être comparée à un écomusée. En effet, selon Claude Lévi-Strauss, «Les écomusées ont pour but de préserver ou de reconstituer sur les lieux mêmes des bâtiments, des types d'activité dont le passage du temps nous a coupés depuis un ou deux siècles, parfois à peine quelques décennies.»25. Un écomusée vise avant tout à valoriser le patrimoine matériel (outils, habitat…) et immatériel (savoir-faire, métier…) d’un territoire et d’une population. Le site du Domaine de la Palissade retrace l'histoire d'une population du début du XXe siècle, qui bâtit cette demeure de plaisance pour y chasser et y pêcher. Elle valorise notamment le métier du pêcheur encore existant en Camargue mais ayant perdu toutes les techniques et le savoir- faire ancestral de la pêche au calun. Ainsi, la pêcherie fait partie des trois dernières installations de cette technique dite au «caleun» (terme provençal) dans le département. La préservation de la mémoire de ces propriétaires successifs, de cette culture de chasse et de pêche ainsi que ces deux corps de métiers historiques rapproche le nouvel aménagement du site à la vision de l’écomusée de Levi-Strauss. Il est à la fois un instrument de diffusion et de réflexion. Je vais aussi dans le sens de l’ouvrage issu de l’acte des Premières rencontres nationales des écomusées qui affirme que ce dernier « met en scène la mémoire des lieux et des populations pour mieux déceler les mécanismes de régulation ou d'innovation qui jalonnent le temps et l'espace des sociétés. Il est nécessaire de « remonter aux sources des cultures locales pour mieux comprendre les réalités présentes, celles qui justement marquent du sceau de l'originalité les territoires et les populations qui les revendiquent. »26 Ce n'est ni une exposition de tableaux, de sculptures ou même de cartes mais la présentation d'un patrimoine naturel, immatériel où les sens seront mis en éveil pour comprendre le site environnant. Il faut apprendre à écouter, à observer, à sentir pour être sensible à la richesse des milieux alentours. Une petite anecdote percutante à ce sujet me fut contée : un couple allemand venu découvrir le site se plaignit auprès de l'accueil de n'avoir vu aucun oiseau et demanda le remboursement du droit d’entrée. L'animatrice de l'environnement répondit autrement à cette demande en les accompagnant tout le long du parcours pédestre afin de les sensibiliser à l'observation dans cette nature si riche même sans oiseaux. C'est cette imprévisibilité et surtout cette patience nécessaire qui doivent être mises en exergue au sein de la muséographie. L'écomusée traite 25 LEVI-STRAUSS Claude, Territoires de la mémoire, Editions de l’Albaron 1992, préface : « Les écomusées ont pour but de préserver ou de reconstituer sur les lieux mêmes des bâtiments, des types d'activité dont le passage du temps nous a coupés depuis un ou deux siècles, parfois à peine quelques décennies. » 26 Fédération Française des Ecomusées et des musées de société, En avant la mémoire ! Ecomusées en France, Acte des Premières rencontres nationales des éco-musées, 1986 33
  • 34. de l'architecture et des pratiques culturelles mais aussi des relations que l'homme entretient avec son milieu. 3. … dans un site bien particulier : la rencontre d'un fleuve et de la mer. Je terminerai mon propos en développant les deux thèmes dominants de l'exposition, le Rhône et le littoral qui recouvrent à eux deux pratiquement toute la surface de la salle principale d'exposition. 1.le Rhône et son embouchure «Raconter ces deux domaines (les marais du Vigueirat et le domaine de la Palissade) sans raconter un peu le Rhône et son delta reviendrait à expliquer la feuille en oubliant l'arbre. »27 «(c'est) de part et d'autre de cette ultime trajectoire du fleuve que le béton a enfin cessé de poursuivre, le tableau se compose de deux triangles irréguliers et de surfaces inégales. Le triangle ouest est celui du domaine de la Palissade, les taches bleues qui couvrent 75% de sa superficie sont l'étang de la Grande Palun, la baisse Claire, la Sableuse, le trou de l'Oie, le Capouillet, la baisse de Michel. »28 Situé hors digue, le Domaine de la Palissade est au cœur de la dynamique deltaïque de l’embouchure. De ce fait, des crues régulières du fleuve et submersions marines ponctuelles façonnent le paysage et en font des milieux écologiques remarquables. Comme facteur essentiel de ce paysage environnant, il est nécessaire de faire du Rhône un des thèmes dominant de l’espace muséographique. C’est d’ailleurs par cette idée de fleuve et de méandre que j’ai commencé à concevoir l’espace principal d’exposition. Bien qu'il y ait aujourd'hui des roubines créées par l'homme afin de diriger l'eau dans les étangs, cette zone humide est restée naturelle et peu aménagée. La faune et la flore présentes sur le site dépendent principalement du fleuve. En cas de crue, l'eau douce inonde progressivement, s'étale puis s'infiltre dans le sol. Cet apport d'eau douce, non contrôlé, favorise la formation de milieux (paysages) tels que les mares temporaires, la ripisylve, la jonchaie, etc. 27 PICON Bernard, Les marais du Vigueirat et le domaine de la Palissade, Conservatoire du Littoral, 1999 28 Ibid. 34
  • 35. 2.le littoral, une répercussion sur la faune et la flore Le littoral, à la frontière du Domaine de la Palissade est géré comme tout le territoire maritime national, par le Domaine Public Maritime. Le Parc naturel régional de Camargue se place partenaire/co-gestionnaire et aide à travers des actions plus ou moins liées à la préservation du patrimoine naturel. Ainsi, des écogardes sont employés l'été par le Parc afin de sensibiliser les vacanciers, plaisanciers et locaux ou de dresser des bilans de fréquentation des plages environnantes. Les frontières entre littoral et site sont donc à abolir lorsque l'on parle de gestion de la nature, de faune ou de flore. En effet, des espèces visibles sur le site sont là et uniquement là grâce au milieu maritime. Que ce soit les poissons qui viennent grandir dans les étangs puis ressortent en mer à la fin de leur croissance, les espèces patrimoniales végétales qui poussent sur le littoral, les dunes ou en milieux saumâtres ou bien les oiseaux qui se posent juste après leur traversée en mer, la richesse du site est dépendante du littoral qui le jouxte. Pour ce qui est des milieux présents sur le site, l'apport d'eau salée entraîne une salinisation du sol ou des étangs favorisant une végétation halophile29 (sansouïre, herbier aquatique...) qui participe à la biodiversité du delta. Au cour des années, la pénétration de la mer (2 à 6mm/an actuellement) est facilitée par l'élévation du niveau marin jusqu'à créer des zones laguno-marines. Ces territoires se concentrent au sud du delta, composé à 70% de lagunes et d'étangs saumâtres à hypersalés. Elles servent d'interface entre l'eau salée et l'eau douce mais aussi entre la mer et la terre. Sur le site du Domaine de la Palissade, seule la lagune de la Palun évoque ce milieu. Elle sera présentée dans l'espace muséographique comme lien entre la partie littoral et la partie Rhône. Enfin, le risque des submersions marines de plus en plus importantes sera exposé dans le but de sensibiliser le visiteur aux changements climatiques de plus en plus évidents. Les tempêtes et les submersions marines sont des facteurs alarmants qui rendront les territoires touchés bien plus difficiles à protéger. Dans de telles conditions, le delta pourrait être partiellement envahi par la mer au cours du siècle à venir (80 cm d’élévation du niveau marin). Le Domaine de la Palissade ne serait donc plus visible, sous les eaux maritimes. Les bassins de Salin-de-Giraud et le village des Saintes-Maries-de-la-mer seraient quant à eux menacés. Bien qu'ils ne fassent pas partie du 29 Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales halophile, adj. et subst. masc.: (organisme) qui vit dans les milieux salés Bactérie, protozoaire, champignon, algue halophile; plante halophile (synon. de halophyte, s.v. halo-1) . Une flore halophile croît, loin des rivages maritimes, sur les territoires salés (terrains salés de Lorraine, prairies salées des stations thermales d'Auvergne) (Bot., 1960, pp. 1294-1295 [Encyclop. de La Pléiade]).Il apparaît que chaque cru de fromages est caractérisé par une florule fongique responsable de sa saveur. Les espèces caséicoles utiles sont en général des halophiles ((Bot., 1960, p. 357 [Encyclop. de La Pléiade]) 35
  • 36. Domaine de la Palissade, il est important d'exposer les relations entre ces sites camarguais puisqu'un territoire n'évolue jamais seul. C'est ainsi qu'une des maquettes mobiles déjà présentée fut réalisée pour présenter ce phénomène de submersion marine sur trois zones distinctes : le Domaine de la Palissade, Salin-de-Giraud et les anciens salins. 36
  • 37. CONCLUSION Toutes ces missions ont été réalisées en amont d'un travail scénographique plus poussé. La muséographie n'est que l'une des compétences nécessaires à la création d'une exposition, mais sa fonction est coordinatrice. En effet, elle sert de lien entre différents acteurs, ce qui suppose dans un premier temps un travail de médiation puis d'interprétation. Ces deux notions sont nécessaires et indissociables aux deux autres compétences du muséographe : celles de l'imagination et de la création. C'est pourquoi j'ai concentré la réflexion de ce mémoire sur le rôle de médiation interne et externe au site du Domaine de la Palissade. C'est en communiquant qu'on arrive à mieux se comprendre et à transmettre ensuite un propos plus juste et adéquat. L'espace d'exposition résultera d'une œuvre collective, issue de dialogues, de transmission et de sensibilisation afin de présenter au mieux le site naturel protégé dans lequel il est inscrit. Après l'étude complète du Domaine, de l'état des lieux aux propositions muséographiques, ma dernière mission a été de rédiger une note finale. Cette dernière servira de "fiche d'action" pour le scénographe sélectionné dès réception des accords de subventions lors du lancement concret de l'aménagement intérieur. Elle complétera le Cahier des Clauses Techniques Particulières (CCTP) envoyé pour l'appel à projet aux différents intéressés. Le scénographe retenu travaillera à son tour, en collaboration avec toute une équipe technique, pour se servir au mieux des qualifications de chacun au sein des espaces d'exposition. Un menuisier serait peut-être sollicité pour les fauteuils en bois du coin lecture, un technicien son et lumière pourrait s'occuper de tous les branchements dans l'espace d'exposition, un graphiste serait amené à trouver une charte, en accord avec celle du Parc naturel régional, pour tous les panneaux et cartels présentés etc. De nombreuses compétences, hors de ma portée, sont donc essentielles avant l'aboutissement du projet. L'aménagement d'une exposition est un projet à long terme, qui nécessite une réelle synergie d'équipe, à la fois en interne sur le site de la Palissade et en externe, par les différents professionnels sollicités. Pour finir, ces espaces d'exposition devront faciliter la sensibilisation et la préservation du milieu naturel environnant. Tous les éléments exposés le seront dans un but pédagogique de sensibilisation à l'environnement. Bien que ces espaces d'exposition soient ouverts à tous et voulus pour être accessibles et compréhensibles par le plus grand nombre, il n'est pas question ici de faire de la bâtisse un espace de jeu, où chaque module interactif ne servirait qu'à distraire le visiteur. Le 37
  • 38. propos tenu est là pour sensibiliser le visiteur dès son entrée au site, pour l'initier aux paysages, aux zones humides et à tous les éléments naturels spécifiques au site. Sans lui en dire trop, ni pas assez, l'espace ouvre les portes du visiteur sur cet extérieur volontairement peu aménagé. Je vais dans le sens de Georges Henri Rivière, cité par Anna Gruner Schlumberger dans la muséologie selon Georges Henri Rivière 30 : «Vois-tu [...] le succès d'un musée ne se mesure pas au nombre de visiteurs qu'il reçoit, mais au nombre de visiteurs auxquels il a enseigné quelque-chose. Il ne se mesure pas au nombre d'objets qu'il montre, mais au nombre d'objets qui ont pu être perçus par les visiteurs dans leur environnement humain. Il ne se mesure pas à son étendue, mais à la quantité d'espace que le public aura pu raisonnablement parcourir pour en tirer un véritable profit. C'est cela le musée. Sinon, ce n'est qu'une espèce d'abattoir culturel [...]». Cette citation est d'autant plus juste dans cet environnement naturel où la contemplation du paysage se suffit presque à elle-même. La muséographie est alors sollicitée pour apporter des clefs de lecture au visiteur, pour qu'il perçoive l'intérêt de ce territoire spécifique et de son propre rapport à l'environnement. L'objectif est d'éveiller la conscience du visiteur au-delà de sa venue sur le site, afin qu'il interprète à son tour le propos exposé et garde à l'esprit l'impact que l'homme a sur son milieu, plus ou moins proche. Préserver et sensibiliser sont des notions communes à toute valorisation du patrimoine, qu'il soit naturel ou bien bâti. C’est pourquoi les connaissances acquises en protection du patrimoine durant mes études m’ont permis de m’intégrer facilement au sein de cet espace naturel protégé. Ces connaissances, alliées à mes compétences artistiques, imaginatives et créatrices m'ont servie à proposer une muséographie la plus adéquate à l’environnement. La relation entre l'homme et son milieu naturel est l'un des aspects que j'aimerais approfondir dans mes projets futurs, stage de master 2, service civique ou premier emploi... En effet, la vie humaine est indissociable de son environnement naturel. Nous devons donc continuer ou bien réapprendre à vivre avec nos milieux, si riches et si diversifiés à l'échelle nationale. Participer à la valorisation du patrimoine d'un pays d'Art et d'Histoire, d'un Parc national ou bien d'un autre Parc naturel régional me permettrait ainsi de continuer à conjuguer nature, homme et bâti à travers mes missions. Après avoir passé six mois sur un territoire pour ainsi dire très plat, près de la mer, pourquoi ne pas poursuivre ma voie sur les hauteurs cévenoles, ardéchoises ou alpines, ce qui serait pour moi un retour aux sources puisque je suis originaire de ces régions ? Et plus généralement, explorer la richesse du territoire français par son patrimoine local. 30 SCHLUMBERGER Anne Gruner, la muséologie selon George Henri Rivière [en ligne], Dunod, 1989, p.7 38
  • 39. BIBLIOGRAPHIE Ouvrages consultés pour la rédaction du mémoire : • Fed. Française des Ecomusées et des musées de société, En avant la mémoire ! Ecomusées en France, Acte des Premières rencontres nationales des éco-musées, 1986 • CAILLET Elisabeth, A l'approche du musée, la Médiation culturelle, Presses universitaires de Lyon, 1998 • GALLAND Bruno, Les archives, Que sais-je ?, Puf, 2016 • HOLLENSTEIN Albert, Audiovisuel à vues fixes. Communication et langages, n°1, 1969 • HOTTIN Christian, POTIN Yann (dir.) « Archives et enjeux de société », Culture et recherche n° 129, hiver 2013-2014. • LEFEUVRE Jean-Claude, De la protection de la nature à la gestion du patrimoine naturel, JEUDY Henri Pierre (dir.), Patrimoines en folie [en ligne], Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Ministère de la Culture, 1990 Disponible sur : https://books.openedition.org/editionsmsh/3764 • A l'école du parc, une invitation à vivre un projet pédagogique avec un Parc naturel régional, guide enseignant niveau primaire, Cycle 1,2 et 3, Parcs naturels régionaux de France, 2001 • DEPRAZ Samuel, Protéger, préserver ou conserver la nature ?, Notion à la une de Géoconfluences [en ligne], 2013 Disponible sur : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/a-la-une- proteger-preserver-ou-conserver-la-nature Ouvrages principaux consultés pendant le stage : Ouvrages généraux : • Collectif, Livre d'or de la Camargue : Le pays, les mas et les châteaux le Rhône camarguais, Camariguo, 1984 • Collectif, Encyclopédie de la Camargue, Buchet-Chastel, 2013 39
  • 40. • LANDURÉ Corinne, VELLA Claude, CHARLET Marion (dir.), La Camargue, au détour d’un méandre. Etudes archéologiques et environnementales du Rhône d’Ulmet, Musée départemental d'Arles antique, 2015 • PICON Bernard, L’espace et le temps en Camargue, 3e éd. Acte sud, 2008 le Domaine de la Palissade : • PICON Bernard, Les marais du Vigueirat et le domaine de la Palissade, Conservatoire du Littoral, 1999 • VICENTE Vanessa, Analyse de la politique de Communication du Domaine de la Palissade, Rapport de Stage, Université d’Avignon, 2010 • Rapport d’activité 2015-2016, Site du Domaine de la Palissade, Parc naturel régional de Camargue • Charte du Parc naturel régional de Camargue, Objectif 2022, 2009 le Rhône : • Les embouchures du Rhône, PICHARD et al., revue Méditerranée, 2014 • MAILLET Grégoire M., VELLA Claude, PROVANSAL Mireille, SABATIER François, Connexions entre le Rhône et son delta (partie 2) : évolution de l’embouchure du Rhône depuis le début du XVIIIe siècle, 2006 • PASTOUREAU M., J.-M., HOMET, PICHARD G., Rivages et terres de Provence, Alain Barthelemy, 1996 • RIGAUD Philippe, Arles, le Rhône et la Mer. Catalogue des sources de l'histoire maritime et fluviale d'Arles d'après les fonds des Archives communales le fonds ancien de la médiathèque d'Arles (XIVe-XIXe siècles), Arles, Allège du Rhône, 1996, 197 p. • Delta du Rhône, Camargue antique, médiévale, moderne, Bulletin Archéologique de Provence, Suppl.2, 2004 40