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Dieu, y es-tu ?
« Ce n’est pas parce qu’une
chose est bonne que nous la
désirons, c’est parce que nous la
désirons que nous la jugeons
bonne » Spinoza
Michel Bruley novembre 2022
Dieu, y es-tu ? 1/68
Introduction
J’ai consacré pendant une quarantaine de mois, d’avril 2019 à juillet 2022, de
trente à soixante minutes par jour à me documenter sur la religion chrétienne et
son histoire. J’ai lu divers textes, à commencer par la bible, les deux tomes
d’histoire générale du christianisme, la vie de Jésus d’Ernest Renan …, visionné
une douzaine de documentaires et bien sûr effectué de très nombreuses
recherches sur internet.
Dans tous les cas, j’ai pris des notes que j’ai largement utilisées pour rédiger mes
différents documents. Finalement, j’ai formalisé les fascicules suivants :
1. Dieu est une invention instrumentalisée par des manipulateurs
(page 3)
2. Le christianisme est un chef-d’œuvre de marketing et de management
(page 25)
3. Du Ve au XVe – expansion et effondrement de l’empire chrétien unifié
(page 44)
4. De la renaissance à nos jours : fin de l’emprise chrétienne sur le monde
(page 55)
J’ai clos tout cela par la lecture d’un livre sur l’athéisme qui m’a amené à écrire
une dernière page : en conclusion (page 67).
Finalement, j’ai relu et finalisé cette compilation en novembre 2022.
Bonne lecture
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Dieu est une invention
instrumentalisée
par des manipulateurs
Dieu, y es-tu ? 3/68
Préface
J’ai le sentiment que jamais je n’ai été croyant, Adam & Ève, Noé … je n’y ai jamais trop cru, le
père, le fils, le Saint-Esprit, le trois en un, j’ai toujours trouvé cela incompréhensible. Les curés,
les gesticulations et les contraintes religieuses m’ont toujours été rébarbatifs. En un mot
comme en cent, je pense que j’ai toujours eu un athéisme instinctif.
Au printemps 2019, préparant une commande de livres, je me suis avisé que je n’avais jamais
lu le livre le plus publié au monde, à savoir la Bible. J’ai donc décidé de la lire et comme j’avais
chez moi la Bible de ma belle-mère, je me suis mis à lire à raison d’environ six pages par jour,
les 1638 pages de l’Ancien et du Nouveau Testament.
Commencée le 29/04/2019, j’ai achevé ma lecture le 08/03/2020. J’ai de plus lu des dossiers
de la revue Le Point, « Histoire des textes sacrés », « Comment Dieu est né ». J’ai fait aussi des
recherches sur internet, j’ai regardé un documentaire sur « Les manuscrits de la mer morte ».
Lors de toute cette recherche, j’ai pris beaucoup de notes qui m’ont fourni la matière de ce
document.
J’avais déjà travaillé le sujet des religions en 2005 en lisant le « Larousse des Religions » qui
m’avait permis d’avoir une vision d’ensemble, mais m’avait laissé sur ma faim. Aujourd’hui,
tout est pour moi beaucoup plus clair, et je suis passé d’un athéisme instinctif à un athéisme
argumenté où Dieu est une création de l’homme et les religions sont instrumentalisées par
des manipulateurs malins.
Dans les pages qui suivent, j’ai regroupé différentes notes et remarques qui reviennent
plusieurs fois sur certains faits, mais j’ai laissé ces redondances, car elles portent sur des points
qui m’ont particulièrement marqué. L’ensemble est structuré de la façon suivante : d’abord,
je fais un rappel de l’historique de ma relation avec la religion, puis je tente d’expliquer
pourquoi je pense que les religions sont des constructions humaines, ensuite j’ai placé mes
remarques sur la Bible, remarques sur le fond, remarques sur la forme. Enfin, j’ai conclu par
une synthèse de ce que finalement je pense de Dieu et des religions.
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Sommaire
1 - Historique de ma relation avec la religion page 5
Enfance à Troyes
Au collège en Suisse
Dans ma vie
2 - Les religions sont des constructions humaines page 7
Quand, comment … a commencé le fait religieux ?
La multiplication des croyances fruit de l’imagination humaine
Dieu vu par les philosophes
Pourquoi les religions ont-elles eu autant de succès ?
Quelle place les religions ont-elles eue dans l’histoire ?
En résumé, que sont les religions ?
3 - Bible : remarques sur le fond page 11
Premières impressions
Qu’en est-il de Dieu ?
Relation de Dieu et des hommes
Que faire ?
Au-delà de la crainte recommandée, il y a des consignes
Les testaments concernent qui ?
De la crucifixion
Morale/Éthique
Prêtres
La vérité serait dans les écritures
Qu'en est-il de l’apport des consignes de la bible à la société ?
4 - Bible : remarque sur la forme page 16
Remarque générale sur la forme
Remarque particulière sur la naissance de Moïse copiée sur celle de Sargon
Les auteurs de la bible
Les textes d’un point de vue littéraire
Autres remarques sur les textes
5 - Synthèse de ce que je pense de Dieu et des religions page 19
Dieu est une invention utile
Les religions sont instrumentalisées par des manipulateurs
Les Écritures saintes sont des fables
Les rites religieux sont archaïques et parfois barbares
Dieu, né du désir des sages (cf. Le Véda), dois rester une affaire privée
Annexes page 21
Tableau des religions (nombre de croyants)
Tableau de l’expansion des religions via les routes de la soie
Table générale de la bible
Quelques dessins humoristiques
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1 - Historique de ma relation à la religion
Enfance à Troyes
Mes parents n’étaient pas pratiquants. Je ne les ai jamais vus dans une église, en dehors de baptêmes,
communions des enfants, mariages, enterrements ou visites touristiques, comme lorsque nous
sommes allés voir le magnifique jubé en bois de l’église de Villemaur sur Vanne.
Le dimanche lorsque j’habitais Troyes et que j’avais déjà un certain âge, peut-être 7 ans, mes sœurs et
moi allions à la messe. Nous allions à l’église de la Madeleine (magnifique jubé en pierre) qui était à
200 mètres de la maison pour assister à la sortie de la messe et voir des amis. Nous arrivions un peu
avant la fin de l’office, restions dans l’entrée, côté gauche, près du bénitier et sortions les premiers dès
"l’ite missa est". En fait, je suivais mes sœurs et quand elles sont parties en pension je ne suis plus allé
à la messe à Troyes. Mes sœurs « allaient à la messe » uniquement pour voir leurs copines à la sortie.
Nous restions à discuter puis les gens se dispersaient et nous rentrions.
Bien que je fusse au Lycée public, j’ai été inscrit au catéchisme. J’en garde un très mauvais souvenir,
car j’ai souvent été puni, probablement pour dissipation, et je me souviens des punitions qui
consistaient à rester à genoux pendant suffisamment longtemps pour avoir vraiment mal. Une fois, j’ai
dû en plus d’être à genoux mettre les bras en croix. Je ne faisais pas que chahuter, j’écoutais aussi et
posais des questions qui n’obtenaient pas de réponses satisfaisantes à mes yeux, car invariablement il
s’agissait de croire et d’avoir la foi, ce qui est un peu court. À l’époque, j’ai cru qu’il y avait des réponses,
mais que le prêtre écourtait la discussion, car j’étais trop jeune pour entendre des explications
complètes. Ces absences de réponse et cette éducation traumatisante étaient peu efficaces pour
m’amener à apprendre.
À l’occasion de ma communion solennelle, j’ai dû passer un examen de catéchisme que j’ai raté, le
prêtre ne voulait pas que je fasse ma communion. Ma mère a dit au prêtre que si je ne la faisais pas
cette année-là, mon père ne voudrait pas que je la fasse l’année d’après. Le prêtre a cédé, la réception
familiale avec ma cousine qui faisait aussi sa communion a bien eu lieu, ma mère était soulagée.
Au collège en Suisse
Quand je me suis retrouvé à l’Institut Florimont à Genève à la rentrée de septembre 1962, j’ai été
amené à participer aux prières deux fois par jour (matin et soir) et à assister à la messe du dimanche
plus toutes sortes de messes spéciales tout au long de l’année à l’occasion de fêtes religieuses. La
première année de pensionnat, je me suis même laissé entraîner par un copain à servir la messe deux
ou trois fois, cela l’amusait, il mangeait des hosties et goûtait le vin de messe, cela ne m’a pas emballé.
Pendant les six ans de mon internat, j’ai donc été amené à participer à beaucoup de moments religieux.
Aux questions que nous avons pu poser mes camarades et moi nous n’avons pas obtenu de réponses
plus intéressantes qu’à Troyes et tout se résume à la grâce de la foi. D’un point de vue plus positif, la
messe du dimanche donnait l’occasion d’entendre une belle chorale, car un groupe de chanteurs
venait œuvrer à la chapelle et leur prestation était retransmise en direct par une radio suisse. En
revanche, les prêches et prières à la chapelle à la longue ont fini par vraiment m’insupporter.
Pour ma dernière année à Florimont, comme il ne me voulait plus à l’internat, j’étais dans une famille
qui habitait à quelques centaines de mètres de l’institut. Si j’ai dès lors échappé aux prières, je suis allé
pendant plusieurs mois avec eux à la messe le dimanche, car sans être des forcenés de la religion, il
faisait partie de la chorale de leur église au Petit Lancy. Au bout d’un moment, je n’y suis plus allé.
Dieu, y es-tu ? 6/68
Dans ma vie
Après le collège, j’ai adopté la pratique de mes parents n’allant dans les églises que pour les baptêmes,
communions, mariages, enterrements ou visites touristiques. Même les parents d’Annick qui à
l’époque pratiquait n’ont pas réussi à m’entraîner à les suivre, ils ont eux-mêmes relâché leurs
pratiques par après. Annick et moi nous sommes cependant mariés à l’église et plus tard Damien a été
baptisé et a fait sa communion, bien qu’entre temps nous ne soyons jamais allés à un office.
Cependant, plusieurs fois dans ma vie j’ai essayé de m’intéresser à la religion, mais je n’ai jamais
accroché. Une des choses que je ne supporte pas du tout, ce sont les rites et tout le charabia qui va
avec. Les prêches sont, la plupart du temps, incompréhensibles et le tout se résume à, on ne comprend
rien, mais il faut y croire. Au-delà de mon absence de foi, quand j’étais jeune, je ne supportais pas la
pression sociale que la religion exerçait sur nos faits et gestes. J’ai donc pendant longtemps « bouffer
du curé » comme on disait à l’époque. Puis la religion catholique s’est mise à régresser en France, à ne
plus représenter grand-chose et je ne m’en suis plus préoccupé.
Si je vis très bien sans religion, j’apprécie les cérémonies religieuses pour les enterrements. Je crois
que pour ceux qui restent, il est nécessaire d’avoir une cérémonie pour célébrer le défunt et lui dire
au revoir. Il est intéressant de noter que justement l’Église catholique cherche aujourd’hui à limiter ses
interventions dans ce domaine, alors qu’il y a une demande. Il faudrait créer des cérémonies civiles
dans des lieux qui peuvent accueillir du monde. Enfin pour les enfants il faudrait aussi remplacer la
religion qui parlait de morale, de relation aux autres … par une éducation adéquate qui n’intègre pas
de surnaturel, de culpabilisation, de rites inutiles et surtout de paroles incompréhensibles auxquelles
il faut croire sous peine d’être damné pour l’éternité.
1° Communion à Troyes : je suis au 1° plan le 4e
en partant de la droite
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2 - Les religions sont des constructions humaines
Quand, comment … a commencé le fait religieux ?
Pour le philosophe anglais Herbert Spencer (1820-1903), le culte des ancêtres serait à l'origine même
de la religion. L’admiration, la crainte, du chef remarquable (par sa force ou sa bravoure, du grand
inventeur ou d’un conquérant …) qu'il faut se rendre propice, même après sa mort. Par conséquent, à
l'origine de toute religion se trouverait la peur d'un homme puissant et supérieur. Autrement dit, les
dieux ne seraient que la transformation ultérieure des ancêtres ou des héros divinisés.
La divinisation est le fait d'élever au rang de dieu une personne, un animal ou une chose. Dans
l'Antiquité grecque, l'évhémérisme postulait que les dieux étaient des personnages réels qui avaient
été divinisés après leur mort. Les souverains de différentes civilisations ont été divinisés, à différentes
périodes comme chez les Égyptiens, dont le pharaon devenait l'incarnation d'Horus, dans le culte
impérial des Romains ou encore celui de l'Empereur du Japon, divinité incarnée. Dans de nombreuses
civilisations, le chef, le roi, s’il n’est pas un dieu, est un interlocuteur des dieux.
Soleil, terre (Pachamama), montagnes, feu, vent … ont été divinisés : dans la mythologie grecque,
Hélios est le dieu du Soleil personnifié. Le Soleil est un symbole très puissant pour les hommes. Il
occupe une place dominante dans chaque culture. Souvent, le Soleil représente le pouvoir. Cet astre
donne la vie et si le Soleil venait à disparaître, ou même si ses rayons ne nous parvenaient plus, la vie
s’éteindrait sur Terre, d’où le symbole de vie (donneur de vie). Les montagnes étaient filles de la Terre.
On les regardait presque comme des lieux sacrés, souvent même on les adorait comme des divinités.
Etc.
Les rituels funéraires datent de la nuit des temps (cf. tombe de néandertalien ayant plus de 100 000
ans). Aucune civilisation, de la plus fruste à la plus civilisée, n'a pu échapper à l'angoisse de la mort.
Établir un rite, c'est donner un cadre, des balises, un rythme qui peut soutenir et canaliser la peur, la
rendre plus compréhensible aussi.
Les religions animistes se caractérisent par l’importance du culte des ancêtres et des forces de la
nature, elles conçoivent les choses comme étant vivantes et douées d'intention. L’animisme est une
forme primitive de causalité dans laquelle la réalité tout entière tend à être conçue comme peuplée
d’êtres animés, dotés d’un vouloir être et d’un vouloir faire plus ou moins conscient. Ainsi les nuages
bougent parce qu’ils veulent bouger, comme le font les animaux lorsqu’ils se déplacent. Pour la
mentalité animiste, la cause première des phénomènes est considérée comme interne aux êtres qui y
sont impliqués. Les animismes renvoient aux mythologies foisonnantes des débuts de l’humanité, mais
ce ne sont pas des religions révélées, adossées à des Écritures sacrées, un corpus doctrinal organisé
par des institutions et des pouvoirs hiérarchiques.
La théorie de Spencer est contestée et les animismes ne sont peut-être pas les plus anciennes religions.
En fait, personne ne sait répondre à la question : quand, comment … le fait religieux a commencé ?
Mais l’origine du sacré comme résultat du processus, langage, abstraction, pensée métaphysique,
sépulture, animisme … semble très possible.
La multiplication des croyances fruit de l’imagination humaine
Quoi qu’il en soit, on constate qu’il existe et a existé un très grand nombre de mythologies, de
croyances, de religions dans le monde à travers les millénaires, fruits d’une imagination humaine
débordante : théories mésopotamiennes, dieux égyptiens, védisme, bouddhisme, dieux grecs,
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romains, dogons, invention du dieu unique, monothéisme radical de l’islam avec Al-Ilâh appelé Allah
par les musulmans.
Les premières religions n’ont probablement pas été créées ex nihilo, mais ont été le résultat d’un
processus de création progressive de mythologies inventées par des hommes pour répondre à des
questions (création du monde : qui, comment …), création de l’homme (pourquoi imparfait, sens de
l’existence …), à des peurs (puissance des éléments, des êtres vivants …), que se passe-t-il après la mort
(croyance dans une vie après la mort), crainte des morts, besoin de maîtriser l’environnement, de fixer
des bonnes conduites de vie, pratiques, prières pour se concilier les morts, le(s) dieu(x) (qu’attendent-
ils des hommes) …
Quelque soit leurs origines, leurs formes, les religions se sont multipliées et sophistiquées,
s’empruntant des éléments, s’empilant les unes sur les autres comme le judaïsme, le christianisme,
l’islam tout en conservant des rites, des fêtes, des dates clés païennes ou de religions plus anciennes
(fête de printemps, de la saint jean, sacrifice des moutons …).
Typologie des différentes formes de croyance :
• Le polythéisme admet l'existence de plusieurs dieux. Ex. : l'hindouisme, le paganisme grec et
romain …
• L'hénothéisme désigne un système polythéiste dans lequel une divinité occupe une place plus
importante que les autres. Ex. : selon Thomas Römer, la religion israélite ancienne est un
hénothéisme.
• Le monothéisme, par opposition au polythéisme, n'admet qu'un seul dieu, distinct du monde,
transcendant. Ex. : le christianisme, l'islam.
• Le théisme admet l'existence d'un dieu créateur du monde, personnel, juge, rémunérateur
• Le déisme, par opposition au théisme, admet Dieu, créateur du monde, organisateur, mais pas
qu'il soit personnel et juge.
• Le panthéisme identifie Dieu au monde. Ex. : le stoïcisme, Spinoza.
Il faut noter qu’au XXIe siècle il naît toujours des religions que l’on a tendance à considérer comme des
sectes, comme les Romains ont fait à propos du christianisme à l’époque.
Dieu vu par les philosophes
Le sujet de l’existence ou non d’un ou plusieurs dieux, est si crucial pour les hommes qu’au-delà des
religions, ils l’ont de tout temps réfléchi au sein ou en dehors des religions.
Dieu vu par les philosophes et d’autres :
• Xénophane (Dieu unique et dominateur),
• Platon (ordre dans le chaos),
• Aristote (Dieu comme intellect),
• Épicure (Dieu impassible et bienheureux),
• Plotin (monde émanation de l’intelligence même),
• Augustin (un créateur infiniment bon),
• Spinoza (Dieu est le monde),
• Leibniz (Dieu du meilleur des mondes possibles),
• Feuerbach (Dieu création de l’homme),
• Pascal (le pari),
• Kant (impossible d’affirmer l’existence de Dieu),
• Hegel (la logique c’est Dieu),
• Nietzsche (Dieu est mort)
Dieu, y es-tu ? 9/68
• Sartre (se libérer de l’existence de Dieu),
• Freud (Dieu permet de se libérer d’une réalité angoissante),
• Lacan (la notion de faute originelle est sadique)
Conclusion : l’homme a construit des explications et a cru à ses illusions inventées, mais de fait, les
religions ont confiné l’homme dans des impensables anxiogènes.
Pourquoi les religions ont-elles eu autant de succès ?
Les religions ont eu un immense succès parce qu’elles ont été utiles aux pratiquants en leur apportant
des explications, en calmant leurs peurs, en leur offrant des moyens d’agir, en reliant les personnes
par le partage des mythes. Le mot religion est un mot emprunté au latin ‘religio’ à l’étymologie
controversée, mais que les chrétiens se plaisent à rattacher au verbe ‘religare’ (relier) et ainsi la religion
aurait pour objet les relations que l’on entretient avec la divinité.
Les religions ont eu du succès aussi, car elles ont été instrumentalisées, « confisquées » par les élites
(chefs, prêtres …) pour avoir du pouvoir sur les populations. Machiavel a dit « celui qui contrôle la peur
des gens devient le maître de leurs âmes ». Les religions appellent toutes, entre autres, à la soumission
aux divinités.
Il est clair que les castes dirigeantes ont trouvé dans les religions, même en dehors de théocratie, le
moyen par la manipulation des croyances d’avoir du pouvoir sur les hommes. Les sources de pouvoirs
ne sont pas si nombreuses, la force, l’argent, la séduction … l’escroquerie, l’instrumentalisation des
peurs et des espoirs facilités par l’ignorance … l’exploitation de questionnements …
Il est certain aussi que les religions font la promotion de règles très utiles aux gouvernants. Exemples
tirés de la bible :
• L’homme né coupable, il y a des fautes collectives, il doit se soumettre à Dieu (et aux autorités),
• La sagesse c’est de craindre Dieu (et les autorités),
• Les femmes doivent se soumettre en tout à leur mari (et les maris aux autorités),
• Esclaves obéissez à vos maîtres (et aux autorités),
• Soyez soumis, à cause du seigneur, à toute autorité humaine (page 1611 de ma bible),
• Enfin, si malgré vos bons comportements vous êtes dans les problèmes, la parole magique « les
voies du seigneur sont impénétrables » permet d’éluder toute explication.
Quelle place les religions ont-elles eue dans l’histoire ?
Dans de nombreuses civilisations, le chef est considéré comme un dieu, ou à défaut il est l’interlocuteur
privilégié des dieux, si ce n’est pas le cas le chef doit alors composer avec des prêtres qui ont souvent
beaucoup de pouvoir (cf. problème rencontré par Akhenaton) et avec qui il faut composer, quelques
fois de façon très profitable (cf. la conversion de Clovis qui obtient ainsi le soutien des évêques bien
implantés auprès de la majorité de la population qui n’était pas franque).
La religion est aussi, souvent, un bon moyen pour mobiliser les populations et servir des desseins
politiques : c’est le cas de l’Islam qui a su amener les Arabes à la conquête du monde ou du
Catholicisme pour les croisades au Moyen-Orient, la reconquête en Espagne … Enfin, je constate que
même en dehors des théocraties (toujours présentent : Tibet/Dalaï-Lama, Iran …) et du mélange des
genres entre temporel et spirituel, les religions ont participé aux malheurs des peuples par le
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déclenchement ou l’association à de nombreuses guerres ou exactions (conversions forcées, statut
inférieur, assassinat légal du non-croyant …).
La politique explique aussi les nombreuses divisions au sein des religions (schismes, hérésies …) qui
génèrent des séparations, des luttes fratricides (catholiques/orthodoxes, sunnites/chiites …), car les
causes religieuses sont souvent dérisoires et les enjeux de liberté/pouvoir expliquent bien mieux ses
antagonismes.
Aujourd’hui encore les religions, ces mythes qui tuent, sont très importantes dans de nombreux
pays (Italie, USA … Maroc, Arabie Saoudite … Inde …), et les islamistes mènent une guerre partout dans
le monde pour essayer d’imposer leur vue et soumettre les infidèles à leurs mythologies soi-disant
révélées et formalisées au VIIe siècle de notre ère.
En résumé, que sont les religions ?
Les religions sont des constructions humaines, dont on ne sait pas bien ni quand ni comment, les
hommes ont commencé à les multiplier.
Les religions ont eu du succès parce qu’elles ont apporté aux croyants quelque chose, de façon non
exhaustive : explication du monde, exorcisation de la mort, effet communautaire … solution aux
remords (il n’y a pas de péché que Dieu ne pardonne pas, si le repentir est sincère), espérance (je vais
à l’église parce qu’on y parle de vie éternelle), etc.
Les religions ont aussi eu du succès, car elles ont été utilisées par les élites qui voulant maîtriser le
peuple, instrumentalisent, les peurs, les questions existentielles que les hommes se posent et leur
besoin de se relier, de faire communauté, face aux difficultés de la vie. L'anthropologie, l'ethnographie
et plus généralement toutes les sciences humaines montrent, à la plupart des époques connues,
l'association systématique de concepts religieux extrêmement variés dans la naissance de toutes les
sociétés examinées et permettent ainsi de conclure que le religieux et le politique sont toujours
associés, pour le meilleur parfois et pour le pire (guerre, inquisition …) très souvent.
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3 - Bible : remarques sur le fond
Premières impressions
La première chose qui m’a sauté aux yeux à la lecture de la bible, c’est la faible place des éléments de
fond. Dans l’Ancien Testament, qui dans la version que j’ai lue fait 1277 pages, il y aurait d’après les
experts 613 commandements, dont les femmes doivent se soumettre en tout à leur mari et esclave
obéissez à vos maîtres. La moitié des 613 commandements sont dans le Lévitique qui traite pour
l’essentiel de rites. Dans la même ligne, j’ai noté que les 10 commandements sont évoqués par deux
fois dans Le Décalogue, à chaque fois en une demi-page, alors que des dizaines de pages dans d’autres
parties sont dévolues au culte, aux accessoires, à l’habillement & aux prérogatives des prêtres,
notamment à leurs parts des offrandes …
Les descriptions de l’histoire d’Israël et de Juda, ce ne sont que luttes contre les autres peuples,
guerres, meurtres, complots. Par exemple, la conquête de Canaan a amené la prise de villes et le
massacre de ses habitants (hommes, femmes, enfants) passés au fil de l’épée, mais on gardait le gros
et le petit bétail. En fait, peu de choses moralement remarquables dans l’Ancien Testament, le tout
présenté de façon partisane, où par exemple Dalila qui est une résistante philistine qui n’a pas de sang
sur les mains est présentée comme une salope, alors que Judith qui est une résistante israélienne qui
a du sang sur les mains est une héroïne.
Il y a aussi beaucoup d’histoires qui se résument à : « tu suis Yahvé sinon tu auras des problèmes » et
au fait qu’être sage, c’est craindre Dieu. La sagesse c’est la crainte de Dieu : « crains Dieu et révère ses
prêtres ». Le discours des sages, c’est d’eux que tu apprendras à servir les grands. Même si le Nouveau
Testament prend parfois des distances par rapport à l’Ancien, comme pour la loi du Talion remplacée
par la charité envers tous les hommes, même les ennemis, les apôtres rapportent que Jésus a dit « si
vous croyez Moïse (auteur du Pentateuque), vous me croirez aussi ».
Qu’en est-il de Dieu ?
Le dictionnaire nous dit : « Dieu serait l’être suprême, créateur et incréé, souverainement bon et juste,
dont tout dépend et qui ne dépend de rien ».
Dans l’Ancien Testament, Dieu a différents noms (El Shadddaï, Membré …), celui de Yahvé apparaît
plus récemment dans les textes vers -800 av. J.-C. Yahvé dans un premier temps, a des rivaux, mais il
les surpasse tous, il est le dieu des dieux, puis le Dieu unique, même si l’on cite Dieu le père, le christ,
le fils, le paraclet l’Esprit saint, mais que le tout ne fait qu’un. Le Christ quant à lui est un peu magicien
(il fait des guérisons, multiplie les pains, marche sur l’eau, se fait obéir par le vent & la mer). Cependant
pour la fin du monde le Christ dit que seul le père connaît le jour et l’heure ; l’unité du père, du fils, du
Saint-Esprit, n’empêche pas les différences !
Les prophètes nous parlent d’un dieu de justice (Amos), d’amour (Osée), de sainteté (Isaïe). Cependant
quel que soit son nom, Dieu dans l’Ancien Testament a des caractéristiques très humaines : jaloux,
colérique … il demande des meurtres … il se venge et lui-même parfois va trop loin dans sa vengeance.
Yahvé est colérique, même s’il est plusieurs fois précisé qu’il est lent à la colère. « Yahvé visite les
peuples pour les punir, les éprouver ou leur faire du bien », « l’épée de Yahvé est pleine de sang ».
Matthieu citant le Christ rapporte qu’il a dit « je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive ».
Tant dans l’Ancien Testament que dans le nouveau, je comprends que Dieu s’intéresse surtout au
peuple élu, les juifs des douze tribus d’Israël. Par exemple : Dieu a aidé à la conquête sanglante de
Dieu, y es-tu ? 12/68
Canaan durant laquelle les autochtones ont été ou massacrés ou réduits en esclavage ; Dieu s’en est
pris à Tyr, pays d’incirconcis qui était contre Babylone, avait abandonné Jérusalem et s’était réjoui de
sa chute ; Jésus cité par Matthieu aurait dit « je n’ai été envoyé que pour les brebis perdues d’Israël ».
C’est, semble-t-il, Paul qui s’intéresse aux non-juifs et va leur prêcher la bonne parole, mais dans
l’Apocalypse de Jean seront sauvés ceux qui sont marqués du sceau de Dieu soit 144 000 personnes,
et précisément 12 000 par tribu (12 000 x 12 tribus d’Israël =144 000).
Relation de Dieu et des hommes
Notre relation avec Dieu commence mal, car il nous a condamnés à naître impurs, à mourir ..., c’est la
conséquence d’une punition collective à la suite de la faute d’Adam et Ève. Nous sommes tous
coupables, mais nous pouvons être sauvés, obtenir la vie éternelle ... si nous avons la foi. Il n’est pas
nécessaire de comprendre, l’important c’est la foi.
Tout le bien vient de Dieu, tout le mal vient de nous : mea culpa, mea maxima culpa. Il faut comprendre
que Dieu est bon, mais il peut te mettre à l’épreuve et t’en faire baver. Dans l’Ancien Testament, Dieu
fait un tas d’interventions, souvent terribles, pour montrer aux hommes qu’il est Dieu. Il peut aussi te
mettre des choses dans l’esprit pour te pousser au bien ou au mal. Dans le Nouveau Testament, il est
écrit : « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde ». Jésus
dit « nul ne peut venir à moi, si le père qui m’a envoyé ne l’attire ». Enfin, de façon constante dans
l’Ancien et le Nouveau Testament, il est écrit que la sagesse se résume à la crainte de Dieu. Pierre
dit « celui qui le craint et pratique la justice lui est agréable ». Enfin, il est recommandé de suivre « le
discours des sages, c’est d’eux que tu apprendras à servir les grands ».
Que devons-nous faire ?
La Bible comporte beaucoup d’histoires édifiantes qui se résument à : tu suis Yahvé sinon tu auras des
problèmes. Il est recommandé de chercher la justice, l’humilité … et peut-être serons-nous à l’abri au
jour de la colère de Yahvé. Dans le Pater, la partie « ne nous soumets pas à la tentation » qui a été
corrigée récemment est pourtant bien dans l’esprit de l’Ancien Testament.
C’est d’après nos paroles que nous serons justifiés ou condamnés (quid des actes ?). Seule la foi sauve.
Celui qui aura tenu bon jusqu’au bout sera sauvé. Celui qui croira sera sauvé, celui qui ne croira pas ne
sera pas sauvé (quid des actes ?). Il nous est recommandé de nous abandonner à la providence (??).
Pour Paul, les païens convertis n’ont pas besoin de suivre toutes les lois, les rites des juifs, dont la
circoncision ; la pratique des lois ne justifiera personne, seule la foi compte. Enfin, tu ne seras pas fêté
si tu t’es échiné à bien faire ; la fête c’est pour le fils prodige, car « doit-on avoir gré au serviteur d’avoir
fait ce qui est prescrit ? ».
Au-delà de la crainte recommandée, il y a des consignes
L’Ancien Testament, d’après les experts, contient 613 lois, dont la moitié sont dans le Lévitique qui est
structuré en quatre chapitres (1 - rituels et sacrifices, 2 - investiture des prêtres, 3 - règles relatives au
pur et l’impur : animaux, contacts impurs, maladie …, 4 - lois de sainteté : immolation & sacrifices,
adultères … le grand prêtre ne peut épouser qu’une vierge pas une veuve …). Par ailleurs, j’ai constaté
que dans le Pentateuque, les 10 commandements sont cités deux fois et expédiés à chaque fois en une
demi-page, alors que tout ce qui concerne les prêtres (services, habits, repas sacrés, impôts …) fait
l’objet de long développement.
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Si l’Ancien Testament contient de nombreuses lois, dont les dix commandements, le Nouveau
Testament en apporte d’autres dont en particulier le « tu aimeras ton prochain comme toi-même »,
dont l’esprit est remarquable, mais qui met la barre haute, ou le fait qu’il faut se séparer de tout (biens,
personnes y compris ses parents) selon l’évangile de Luc, ce qui est particulièrement inhumain pour ce
qui concerne les parents/frères/sœurs. Ces deux extrêmes sont étonnants.
Sauf erreur de ma part, le Nouveau Testament ne contient pas d’interdits alimentaires, ni de fêtes, ni
de carêmes … toutes choses qui ont dû être ajoutées par la suite pour animer/maîtriser le troupeau et
commémorer la vie du Christ tout au long de l’année (naissance … ascension). Ces rites de création
« récente » sont acceptables au XXIe siècle, au contraire de ceux de l’Ancien Testament qui sont
« d’époque » avec sacrifices d’animaux, statut des femmes & des concubines, esclaves … Dans le code
Deutéronomique par exemple, il y a l’étonnant statut de la captive (cela doit dater de la conquête de
Canaan). Comment traiter la captive : d’abord, on lui rase les cheveux, on la laisse pleurer pendant un
mois, puis on peut la prendre pour femme, mais si ou bout d’un certain temps on n’en veut plus, on
peut lui rendre sa liberté, mais on n’a pas le droit de la vendre (si on ne la pas prise pour femme on
peut la vendre).
Les testaments concernent qui ?
Pour ce qui est de l’Ancien Testament, il n’y a aucun doute, il concerne les juifs, les circoncis (peuple
élu, alliance …). On peut s’étonner que le créateur, s’il existe, ait privilégié un petit peuple de nomades
(cf. le recensement de Moïse dans le livre « Les Nombres » de 603 550 hommes de 20 ans et plus, hors
Lévites et leur tribu patriarcale, soit probablement ~3 millions au total), alors que la terre compte ~160
millions d’habitants à cette époque (-1200 av. J.-C.).
Pour le Nouveau Testament, c’est moins évident. Certes, Paul a prêché l’universalité du message du
Christ et dit que les païens, les incirconcis sont concernés, mais il dit aussi que lors de sa traversée de
l’Asie Mineure, « il parcourut la Phrygie et le territoire galate, le Saint-Esprit l’ayant empêché
d’annoncer la bonne parole en Asie ». Il dit aussi dans l’Épître aux Romains « Israël demeure le peuple
élu ». En fait hors Paul, tout pointe plutôt vers les juifs. Luc rapporte que le Christ a promis comme
récompense aux apôtres « vous mangerez et boirez à ma table en mon royaume, et vous siégerez sur
des trônes, pour juger les douze tribus d’Israël ». Enfin, la nouvelle Jérusalem messianique de
l’apocalypse fait référence aux douze tribus d’Israël.
De la crucifixion
Le Christ se distingue en expliquant particulièrement bien les écritures, ces prêches attirent beaucoup
de monde, il y a beaucoup de guérisons, de miracles … de faits magiques (multiplication des pains,
marche sur l’eau …), enfin il est crucifié et ressuscite. Cependant, il n’est peut-être pas si clair que cela
puisqu’il s’étonne lui-même que les apôtres parfois ne comprennent pas, il leur dit même « vous avez
l’esprit bouché ». Mais la doctrine frappe les esprits et on relate en exemple la conversion d’un
proconsul, pour montrer que des instruits aussi étaient séduits.
La passion est évidemment l’événement le plus fort. Dieu a envoyé son fils et ce dernier se sacrifie
pour sauver le monde. Cependant pour moi la crucifixion est dans la lignée de l’Ancien Testament et
de ces nombreux sacrifices d’animaux pour complaire à Dieu et de même que l’on mangeait une partie
des animaux sacrifiés, on mange le Christ avec l’eucharistie. C’est la même logique de sacrifice à Dieu.
Dieu, y es-tu ? 14/68
En fin de compte, les bonnes paroles du Christ sont largement dépassées par la violence de
l’événement, j’ai l’impression que la foi se fonde plus sur la folie du message de la crucifixion que sur
la morale proposée.
Morale/Éthique
Morale et éthique viennent de deux mots, l’un latin, l’autre Grec qui signifie à peu près la même chose
(les mœurs, les caractères, les façons de vivre et d’agir). La morale qui se veut une règle impérative de
conduite, s’intéresse à ce que l’on doit faire en distinguant le bien et le mal, alors que l’éthique,
cherche à définir une norme de ce qu’il serait bon de faire, distingue les bonnes conduites
souhaitables, des mauvaises.
Toutes les sociétés décrètent des obligations, des interdits et promeuvent des valeurs. Suivant les
lieux, les époques, les obligations et les interdits peuvent être différents. Cependant, les valeurs
humaines sont, semble-t-il, plus universelles : sincérité plutôt que mensonge, générosité plutôt
qu’égoïsme, courage plutôt que lâcheté, honnêteté plutôt que malhonnêteté,
douceur/compatissance/amour plutôt que violence, cruauté, haine … Il s’agit de normes que
l’humanité, par expérience, a sélectionnées parce qu’elles sont favorables à la vie en société, au
développement du groupe … et que des choix inverses (mensonge … vol … meurtre … haine …) seraient
invivables.
Toutes les religions définissent leur morale, leurs obligations, leurs interdits. La bible contient donc
tout cela. Cependant, je note que l’Ancien et le Nouveau Testament ne sont pas toujours en phase,
par exemple : loi du Talion / pardon des offenses … la circoncision, de nombreux rites, des interdits
alimentaires sont spécifiques à l’Ancien Testament … le Nouveau Testament n’impose rien dans ces
domaines …
Prêtres
Dans l’Ancien Testament, de nombreuses pages sont consacrés aux « prêtres », détaillant leurs
prérogatives, les rites, les habits et accessoires. Nul doute que leur statut leur donne du pouvoir dans
la communauté. Pouvoir spirituel, mais aussi temporel et ceux à toutes les époques. Le temple de
Jérusalem au temps de Josias était un lieu de perception et de conservation des impôts.
En prenant exemple avec la religion catholique, je constate que le prêtre de base est très tourné vers
le spirituel, que sa hiérarchie s’occupe aussi de temporel et s’éloigne aussi souvent beaucoup de ses
missions. Les papes qui ont eu des enfants sont nombreux, sans parler des grands politiques comme
en France Richelieu. La religion a d’abord été instrumentalisée par les prêtres avant d’être récupérée
par les dirigeants comme Constantin par exemple qui y ont vu l’outil idéal de soumission.
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La vérité serait dans les écritures
Les religions poussent l’idée qu’elles détiennent la vérité, et pour celles qui ont un « LIVRE » que la
vérité est dans ce livre. Par exemple dans les Actes des Apôtres il est dit qu’un proconsul, c’est-à-dire
une personne instruite, embrasse la foi parce qu’il est vivement frappé par la doctrine, les écritures
démontrant que Jésus est le christ.
Les écritures fixent des règles, il paraît que l’Ancien Testament contient 613 lois, mais si d’une part on
se relie aux traditions juives de l’Ancien Testament, d’autre part on s’en différencie et il est dit en
plusieurs endroits que le chrétien n’a pas à suivre la loi juive. Cependant, il est dit aussi que le Christ
n’est pas venu abolir la loi, mais la parfaire. Si les juifs ont des interdits alimentaires, il n’y en a pas
dans le Nouveau Testament, ni carême, ni …
Dans le Coran tous les textes n’ont pas le même niveau de vérité il existe la notion de versets abrogés
par un verset plus exigeant. Par exemple, il est dit dans différents versets : 1° le vin apporte du bon et
du mauvais, mais le mauvais l’emporte. 2° il est interdit d’être saoul quand on doit prier. 3° il faut
s’éloigner du vin. Au départ, il existait différentes versions du Coran, puis on a fixé un texte, puis les
sunnites ont voulu qu’on le prenne de façon littérale. Le Coran est dit incréé et donc intouchable. On
notera au passage que Mahomet n’a pas fixé de rites, ils sont venus après.
Les textes détiendraient la vérité, mais celle -ci ne serait donc pas toujours si évidente (4 évangiles et
versions plurielles de la foi, versets abrogés …). D’ailleurs pour les Juifs, les textes ne se lisent pas, ils
s’étudient et s’interprètent, pour ouvrir sa pensée et s’interpréter nous-mêmes. Il y a d’ailleurs la Tora
écrite / orale, le Talmud qui est un ensemble de nombreux commentaires et de synthèses.
Le XXIe siècle verra-t-il la fin de la puissance des livres ? Résisteront-ils au monde numérique, au
partage de connaissances, à l’accès analytique assisté aux textes religieux qui permettent de traquer
la « vérité » ?
Quid de l’apport des consignes de la bible à la société
La bible contient des consignes qui n’ont pas toutes le même intérêt, certaines sont positives à suivre
comme règles de conduite pour les hommes, pour la vie en société, d’autres sont négatives et certaines
interrogent (???). Par exemple :
• Positif : Aimer ses frères comme soi-même
• Négatif : Mea culpa (toutes les fautes viennent des hommes)
• ??? : résurrection des morts
• Positif : Universalité (la religion est pour tout le monde)
• Positif : Pardonner, mais négatif tendre l’autre joue
• ??? : L’homme à l’image de Dieu
• Positif : les 10 commandements, mais ils sont un peu justes si on les compare aux codex
mésopotamiens d’Ur-Nammu (-2100), de Lipit-Ishtar (-1930) d’Hammurabi (-1750, visible au
Louvre, 282 articles)
• Positif : Contre-pouvoir des religieux à la loi du plus fort
• Négatif : Guerres (croisades, djihads, colonisations chrétiennes ou musulmanes, destructions de
cultures …)
• Négatif : Religion et savoir (les religions ont été un frein, cf. la condamnation de Galilée)
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4 - Bible : remarque sur la forme
Remarque générale sur la forme
La Bible est un ensemble de textes narratifs, qui racontent des histoires écrites par un grand nombre
d’auteurs différents, histoires qui ont été sélectionnées au fil du temps pour former un ensemble. En
ce qui concerne le Nouveau Testament, la première liste complète des 27 livres, ne date que de 367,
même si l’essentiel des livres faisait déjà l’objet d’un consensus bien avant. Les premiers textes de la
Bible sont très anciens et par rapport à notre ère dateraient de -1250 ans et les plus récents du premier
siècle.
Ces textes à l’origine ont été écrits dans différentes langues et ont fait l’objet de nombreuses
traductions, ce qui crée de l’incertitude et nécessite parfois de prendre des distances. Ainsi, quand il y
a des propositions moralement curieuses, alors on a en note la remarque que « la traduction est
incertaine ». Mais la traduction est bonne pour « Fais travailler ton esclave, tu trouveras le repos »,
« Ne parais pas devant le seigneur les mains vides », « Une femme accepte n’importe quel mari »,
« Pourquoi se révolter contre le bon plaisir du Très-Haut ».
Moïse aurait écrit le Pentateuque : Genèse, Exode, Lévitique …, mais au-delà du fait que le dernier
chapitre décrit sa mort, les experts nous disent aujourd’hui que ce texte a été composé à partir de
quatre sources différentes, ce qui explique bien des variations, des versions différentes …. Par
exemple : Dieu a de nombreux noms différents selon les textes, dont Shaddaï & Yahvé, ce dernier nom
n’apparaissant jamais dans les textes antérieurs à -800 ; le Dieu des textes les plus anciens a des rivaux,
puis au fil du temps il est le plus grand des dieux, pour finir par être le seul Dieu ; il existe deux versions
de la création de l’homme et de la femme, dans l’une mâle et femelle furent créés à la fois, dans l’autre
la femme est créée à partir d’une côte de l’homme.
Remarque particulière sur la naissance de Moïse copiée sur celle de Sargon
L’histoire de Moïse, bébé « sauvé des eaux » – c’est ce que son nom signifie –, semble s’être inspirée
de celle de Sargon d’Akkad (personnage historique incontestable) qui a régné entre -2335 et -2279,
bien avant l’existence présumée de Moïse (l’exode est généralement situé entre -1250 et -1230).
Sargon fut un grand roi qui a fait l’objet de nombreuses légendes, dont celle concernant sa naissance,
qui est aujourd’hui consultable au Musée du Louvre, sur trois tablettes trouvées à Ninive. Les textes
concernant Sargon et Moïse ont tellement de similitudes qu’il est probable que l’un soit un plagiat de
l’autre, ou que les deux aient été influencés par une source commune.
Dans les deux récits, on retrouve :
• Un enfant aux humbles origines (C’est mieux perçu là où la majorité de la population est pauvre.
La population peut plus facilement s’identifier à son ascension)
• Une mère qui craint pour la vie de son enfant
• Un enfant envoyé sur un fleuve dans un panier de roseaux enduit de bitume
• Un enfant recueilli et adopté (l’adoption de Sargon légitime sa royauté tandis que celle de Moïse
l’introduit dans la cour du roi égyptien)
• L’enfant ne connaît pas son père
• Il est destiné à un avenir prometteur : devenir un grand leader
• Le crédit est donné à un dieu.
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En conclusion, je suis de ceux qui pensent que les scribes judéens ont construit la figure de Moïse à
l’image du fondateur de la dynastie assyrienne.
Les auteurs de la bible
Les auteurs de tous ces textes sont des hommes, il n’y a aucune femme, certains disent parler au
nom de Dieu (Isaïe dit le seigneur m’a donné une langue de disciple) ou rapporter les paroles du fils
de Dieu (les apôtres). Des textes sont reconnus par les chrétiens comme inspirés, les livres des
Maccabées par exemple, même si on a du mal à voir ce qu’ils apportent en matière de moral ou de
foi.
Des auteurs ont des orientations politiques spécifiques à leur temps, dont on a du mal à comprendre
en quoi elles nous concernent, par exemple Jérémie et Ezéchiel sont pro-Babylone (inclinez votre
nuque et servez le roi de Babylone), le grand état qui a asservi les juifs qui seront libérés par les
Perses, à la chute de Babylone.
Au fil du temps, les auteurs prennent des distances avec les premiers textes. Par exemple, les
premières descriptions, de la conquête de la terre promise, citent ouvertement le passage au fil de
l’épée des habitants des villes conquises, revendiquant que l’on peut tout faire au nom de Dieu. Puis
un autre texte de la Bible dit que c’est Dieu qui les a exterminés devant les israélites le peuple élu.
Ce sont les premiers chrétiens qui ont conçu la bible en sélectionnant des textes pour créer quelque
chose d’harmonieux et exclure le surnaturel de type magique, nous disent les experts. Les manuscrits
de la mer morte, dont certains sont de -200 avant notre ère, nous montrent une diversité de textes,
de versions, où par exemple Yahvé n’aurait pas toujours été célibataire et il aurait eu des fils. En fin
de compte, je comprends que la bible a été créée à partir de nombreux textes différents, écrits,
réécrits, traduits, calibrés avec des visions théologiques, des visions de communication … L’ordre de
rédaction du Nouveau Testament (Marc, Matthieu, Luc) va du plus simple au plus littéraire avec ajout
d’éléments théologiques, les textes se recoupent, se complètent et certains éléments figurent dans
les manuscrits de la mer morte pourtant très antérieurs, les experts imaginent des sources
aujourd’hui disparues ayant inspiré les apôtres.
Les textes d’un point de vue littéraire
Les textes de l’Ancien et du Nouveau Testament sont des narrations qui d’un point de vue littéraire
peuvent être assimilées, selon les cas, à des contes, de l’histoire romancée, de la propagande … avec
beaucoup de faits brutaux relatés (meurtres, batailles, massacres), des visions fantastiques ou
horrifiques. Certains experts ont parlé d’une littérature de diaspora avec la saga qui va d’Abraham à
Joseph en 42 générations ; pour moi :
• Les discours sur la création ou l’arche de Noé sont de jolis contes, qui sont analogues à l’Épopée
de Gilgamesh, l’une des œuvres littéraires les plus anciennes de l’humanité, dont la première
version connue a été rédigée à Babylone au XVIIIe siècle avant notre ère
• Les plaies, la sortie d’Égypte, la conquête de Canaan … c’est de l’histoire romancée
• Les grandes batailles rangées où Dieu intervient pour la victoire sont la relation de guerres
souvent très violentes, avec lors de la conquête de la terre promise, la prise de nombreuses villes
qui amène : à passer au fil de l’épée les hommes, les femmes et les enfants, mais à préserver le
gros et le petit bétail
• La vision du char de Yahvé décrite par Ezéchiel, tous les archanges et les anges que l’on retrouve
régulièrement relèvent du genre fantastique où dominent des éléments surnaturels
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• La mort de Razis qui s’arrache lui-même ses entrailles, la prophétie contre Gog où les vainqueurs
seront invités par Yahvé à manger la chair des héros, et l’Apocalypse de Jean, relèvent du genre
littéraire de l’horreur
• L’avènement du roi juste est un summum de promesses politiques décrivant un temps où :
mourir à 100 ans sera mourir jeune, le loup et l’agnelet paîtront ensemble …
Autres remarques sur les textes
Très souvent, les textes disent que certains faits sont les réalisations de prophéties, mais on ne
retrouve pas les prophéties en question avec les moteurs de recherches par mots clés. D’autre part,
certains moments importants de la vie de Jésus sont décrits de façon différente dans les quatre
évangiles, ce qui n’est pas fondamentalement étrange puisqu’il y a quatre témoignages. Cependant
par exemple, le chemin de croix, tel qu’on l’a dans les églises avec ses nombreuses stations, semble en
partie inventé, car on ne retrouve de loin pas tous les éléments dans les évangiles. Parmi les moments
clés qui me posent aussi des problèmes, il y a l’arrestation, la condamnation et la mort où pour ce
dernier événement par exemple, Jean est le seul à nous parler de la présence de Marie et du coup de
lance.
Si les textes sont normalement influencés par le contexte des époques où ils ont été écrits, ce qui
explique la piètre place de la femme, la pratique de l’esclavage, les sacrifices des animaux pour plaire
aux dieux (Shaddaï, Yahvé …) … ; les libertés prises avec l’histoire ou la géographie sont plus
étonnantes. Il faudrait aussi parler : des exagérations quantitatives (ex. des batailles opposant 400 000
hommes à 800 000 hommes avec 500 000 morts, à comparer à Qadesh où les Égyptiens sont 20 000 &
les Hittites 50 000) ; de la réécriture de l’histoire comme pour Ezéchias et Sennachérib dans les
chroniques ; de l’oracle d’Ezéchiel contre l’Égypte qui n’a rien à voir avec la réalité (cf. Ahmosis II) ;
d’Hérode le grand qui mort en -4 n’a pu ordonner le massacre des Innocents, ce qui a amené Voltaire
à le contester ; de l’annonce de la fin du monde moult fois répétée « cette génération ne passera pas
que tout soit arrivé ».
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5 - Synthèse de ce que je pense de Dieu & des religions
Dieu est une invention utile
Dans le monde une très large majorité de personnes sont adeptes d’une religion, ceci depuis la nuit
des temps, et de nouveaux avatars religieux naissent régulièrement. Les religions semblent répondre
à un besoin né des questions, des angoisses des hommes face à l’univers, à la vie en général, à leur
origine, à leur destinée mortelle, au sens de tout cela et en particulier de leur vie. Alors face à ce besoin
ils ont inventé des réponses, des histoires et en particulier ils ont inventé des êtres extraordinaires aux
pouvoirs infinis, les dieux qu'il faut craindre et adorer.
Les religions ont eu et ont encore du succès, car elles sont bénéfiques aux croyants qui ont la foi ou
que cela arrange d’y croire. Dans son livre « Le Celte », Mario Vargas Llosa fait dire à son héros des
remarques qui me semblent très révélatrices même si elles n’épuisent pas le sujet :
« Notre religion (la religion catholique) est surtout faite pour ceux qui souffrent. Les humiliés, les
affamés, les vaincus. C’est cette foi qui nous empêche de nous désintégrer ».
« Au sujet de Dieu, il faut croire, et non raisonner. Si on raisonne, Dieu part en fumée comme une
bouffée de cigarette ».
Les religions sont instrumentalisées par des manipulateurs
Non seulement les religions sont utiles aux croyants, mais aussi aux élites qui les instrumentalisent.
Fortes de leurs vérités, les religions ont autorité sur le croyant et prônent la soumission, le respect des
responsables, des dirigeants : rends à César ce qui est à César, dit la Bible. Pour le Coran, l’homme est
au plus près de Dieu quand dans la prière il a le nez à terre en signe de soumission. La voie du
Taoïsme consiste au lâcher-prise, au refus de l’excès de vouloir.
Conditionnés par les religions, les hommes deviennent des moutons que le bon berger peut conduire,
peut manipuler. Au-delà de l’instrumentalisation des peurs, des désarrois, les religions créent des
communautés qui entre autres sécurisent les individus et permettent de mobiliser les hommes pour
de grandes réalisations collectives. Si les constructions de cathédrales, de mosquées … peuvent être
vues comme des aventures collectives bénéfiques, les guerres de religion, les croisades, les djihads …
les conversions forcées au catholicisme ou à l’islam par exemple sont des crimes contre l’humanité.
Les Écritures saintes sont des fables
Pour le croyant, la vérité est dans les Écritures saintes, et peu importe le grand décalage entre les
vérités des textes et celles des scientifiques en général, des historiens ou des archéologues en
particulier. Lors d’un débat sur le célibat des prêtres catholiques, Benoît XVI a fait valoir que le célibat
avait ses racines dans l’Ancien Testament. Cependant, il ne faut sans doute pas prendre les textes au
pied de la lettre (création, déluge, Noé … passage de la mer Rouge …), ni les juger à l’aune
d’aujourd’hui, car à ce jeu, Mahomet pourrait être accusé de pédophilie, à 52 ans il épouse Aïcha qui
a 6 ans et a des relations sexuelles avec elle 3 ans plus tard. Quand on lit les textes sacrés, il faut bien
prendre en compte le contexte de leurs auteurs, autres temps, autres mœurs.
Les textes disent que Dieu a créé l’homme à son image, la réalité est plutôt que l’homme a inventé des
dieux à son image du fait de son incapacité à imaginer autre chose. Dès lors, les dieux imaginés ont
beaucoup de caractéristiques humaines comme la colère par exemple, la bible dit « Dieu est en colère
après les païens ». Il est en colère parce que tous les hommes ne croient pas alors que « la voix des
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prédicateurs a retenti partout dans le monde ». On notera qu’à l’époque de Saint Paul il y a 250 millions
d’habitants sur terre et que seul un infime pourcentage a été en contact avec un prédicateur chrétien.
Les rites religieux sont archaïques et parfois barbares
Comme les religions se sont construites dans le temps, elles gardent des traces de comportements
archaïques comme les sacrifices d’animaux dans l’Islam. Dans la même ligne, la passion du christ
consiste à répéter les sacrifices des animaux du passé, mais avec le fils de dieu, et de même que l’on
mangeait une partie des animaux sacrifiés, on mange le christ avec l’eucharistie. On est bien dans une
logique de sacrifice à dieu.
Si l’Ancien Testament contient de nombreuses lois, il est intéressant de noter que ni Jésus ni Mahomet
n’ont établi tous les rites qui sont imposés aux croyants, rites qui ont été créés pour contrôler le
troupeau au profit des religieux, des rois qui se trouvent facilement des ascendances divines, des
onctions divines permettant d’asseoir leur pouvoir. Le bon peuple lui doit porter à perpétuité la faute
originelle de ses ancêtres Adam et Ève.
Dieu, né du désir des sages (cf. Le Véda), dois rester une affaire privée
Enfin, j’ai bien conscience qu’il est facile de discourir de l’existence ou non d’un Dieu quand on est
confortablement installé chez soi, quand on a toujours été dans le confort, on aborde différemment
les questions existentielles, privilégiant Woody Allen « La vie est une maladie mortelle, sexuellement
transmissible », aux Écritures saintes qui veulent vous faire porter la faute d’hypothétiques ancêtres.
Finalement, je pense que les croyances relèvent de la vie privée et n’ont pas à interférer dans la société,
ni surtout générer des guerres.
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Annexe 1 – Tableau des religions
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Annexe 2 – Expansion des religions par les routes de la soie
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Annexe 3 - Table générale de la bible
La bible se compose de deux grandes parties :
1° - L’Ancien Testament (78% de la Bible) :
• Le pentateuque (15% - Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome)
o La création et la chute, Le déluge, Noé, Abraham, Sodome et Gomorrhe, Isaac et
Jacob, Joseph
o L’Exode, Moïse, Les plaies d’Égypte, Le passage de la mer des roseaux, La marche
au désert
o L’alliance au Sinaï, Le Lévitique, Etapes au désert, Le code Deutéronomique
• Les livres Historiques (23%)
o La terre promise, Jéricho, Dalila, Booz épouse Ruth, Généalogie de David
o David, Goliath, Le jugement de Salomon, Judith et d’Holopherne
• Les livres poétiques et sapientiaux (23%)
• Les livres prophétiques (19%)
2° - Le Nouveau Testament (22% de la Bible) :
• Les évangiles synoptiques : Matthieu, Marc, Luc
• L’évangile et les épîtres de Jean
• Epitres de Paul
• Epitres catholiques
• Apocalypse de Jean
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Annexe 4 – Quelques dessins humoristiques
Pour le Véda : Dieu nait du désir des sages
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Le christianisme est un chef d’œuvre
de marketing et de management
« L’imagination ne sait pas inventer, c’est l’action qui invente » Alain.
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Introduction
Après avoir lu la bible et fait quelques recherches sur le thème des religions, j’ai écrit mon
fascicule intitulé « Dieu est une invention instrumentalisée par des manipulateurs ». Compte
tenu du sentiment que j’avais eu à la lecture de la bible, j’étais interloqué par le succès du
christianisme, et j’ai voulu comprendre. J’ai donc creusé ma connaissance du Christ et lu « La
vie de Jésus » de Renan, ainsi que d’autres textes. Il en ressort que les évangiles sont des
légendes et que finalement je n’ai pas trouvé de réponse à mes interrogations sur le succès
du christianisme.
Dès lors, je me suis intéressé aux premiers chrétiens qui ont lancé le christianisme et à l’église
qui a inventé la religion chrétienne. Pour cela, je me suis documenté dans deux directions, sur
les premiers chrétiens et sur l’Empire romain. Concrètement, j’ai vu une dizaine de films d’Arte
sur l’origine du christianisme, lu la première partie d'« Histoire générale du christianisme »,
partie consacrée aux sept premiers siècles, lu « Infographie de la Rome antique », lu le Ch15
d'« Histoire et décadence de l’Empire romain », consacré aux causes de l’accroissement du
christianisme et fait de nombreuses recherches ponctuelles d'affinage ou de recoupement sur
internet.
Les pages qui suivent sont une synthèse structurée de mes notes prises tout au long de mes
lectures et recherches, elles couvrent les six premiers siècles du christianisme.
0. Vie de Jésus - p27
1. Religions dans l’Empire romain – p28
2. Disciples de Jésus – p29
3. Premiers chrétiens – p30
4. Premières églises – p31
5. Textes saints – p32
6. Querelles théologiques – p33
7. Luttes de pouvoirs – p34
8. Barbares et christianisme – p35
9. Évêques et organisation de l’église – p36
10. Christianisation de la société – p37
11. Étapes du développement du christianisme – p38
12. Raisons du succès du christianisme – p39
Annexes
1 - L’Empire romain à la mort de Constantin - L’évolution du christianisme – p41
2 - Les invasions barbares - l’organisation de l’église à l’époque de Justinien – p42
3 – Le développement du christianisme en résumé – p43
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0 – Vie de Jésus
Le christianisme démarre avec Jésus. Il se développe grâce aux apôtres, avec en particulier Paul qui
l’oriente fortement, grâce aux premiers chrétiens et surtout à l’église qui adaptera ou inventera la
plupart des dogmes ou des pratiques. Donc tout commence avec Jésus qui est pris pour le messie des
Juifs, ce que l’immense majorité de ces derniers ne reconnaîtront pas, car il ne correspond pas aux
attentes, notamment avec sa mort sur la croix.
L’une des grandes questions qui animeront le monde chrétien des premiers temps est celle de la nature
du Christ. Est-il un dieu, un homme, l’un ou l’autre, les deux à la fois, de même nature/niveau que Dieu
le père ou subordonné … ? Lui-même ne s’est jamais dit dieu, mais fils de Dieu, ce qui n’éclaire pas
totalement le sujet. L’église au concile de Chalcédoine en 451 a opté pour le trithéisme (père/fils/Saint-
Esprit) avec Jésus vrai dieu et vrai homme (les ariens, les monophysites … sont sur une autre ligne).
Jésus est né à Nazareth quelques années avant l’an 1, il avait des frères, des sœurs dont il semble qu’il
ait été l’aîné. Après sa mort, la communauté de ses fidèles comprend des membres de sa famille, sa
mère et en particulier son frère Jacques. Ce dernier est largement cité dans les textes. Paul parle de
Jacques, Marc parle d’un frère de Jésus, Jacques est pour Luc un personnage clé… Cependant
finalement pour l’église Jésus n’a ni frère ni sœur et Marie a toujours été vierge.
Jésus a peu fréquenté l’école et n’eut aucune connaissance de l’état du monde, il semble ignorer la
Pax Romana. Il ne connut pas plus les sciences grecques qui excluent les forces surnaturelles et ne
différait pas de ses compatriotes qui croyaient qu’en priant on peut changer la marche des nuages, de
la maladie … Jésus n’attache jamais beaucoup d’importance aux événements politiques. C’était un
charpentier. Aucun de ses disciples n’appartenait à une classe sociale élevée. La vie de Jésus ne
s’écoule que dans le monde fermé du Judaïsme, mieux quasi uniquement en Galilée. L’entourage de
Jésus, des gens simples, ignorants, croyant aux spectres, ayant une instruction juive fort incomplète.
Jésus s’est révolté contre l’autorité paternelle, et sa famille ne semble pas l’avoir aimé, il est dur avec
elle. Sa famille conteste sa mission divine, y compris sa mère. Ce n’est qu’après la mort de Jésus que
sa mère s’attire une grande considération. Jésus à quelques égards est un anarchiste, il veut anéantir
la richesse et pourquoi pas s’en emparer, intervertir les rangs, les derniers seront les premiers.
Cependant, grâce à Jésus, les vies les plus abominables ont leur échappée sur un coin du ciel : vie
simple et joyeuse, pas d’ascétisme, donner aux pauvres, c’est prêter à Dieu. Le royaume de Dieu
appartient aux enfants, il faut devenir enfants pour y entrer. La bonne nouvelle / le paradis est un
grand jardin où l’on vivrait bien.
Jésus reconnaît la supériorité de Jean le baptiste tant qu’il est avec lui. Après la mort de Jean le baptiste,
le mot d’ordre est la bonne nouvelle, l’annonce que le règne de Dieu est proche, que Dieu vengera ses
saints. Pas d’influence grecque ou autre, sauf peut-être les principes d’Hillel et surtout les livres de
l’Ancien Testament. Trois temps dans les prophéties de Jésus : 1° aphorismes empruntés, 2° belles
prédications morales, 3° politique décidée (la loi sera abolie, c’est lui qui révélera le royaume de Dieu).
Maximes empruntées : ne fait pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on fasse à toi-même et il allait à
l’excès : joue droite/joue gauche, aimez vos ennemis, si ton œil est une occasion de chute, arrache-le
et jette-le loin de toi, ne jugez pas vous ne serez pas jugé ...
Intransigeance de Jésus : « qui n’est pas avec moi est contre moi ». Rapport de Jésus avec les païens et
les samaritains : le prochain dans le judaïsme était surtout le coreligionnaire. Il est possible que Jésus
ait varié sur ce point, les disciples ont peut-être fléchi les idées dans le sens des préjugés, des
habitudes.
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Toute l’antiquité, à l’exception des écoles scientifiques de la Grèce, admettait le miracle. Jésus
professait qu’avec la foi et la prière l’homme a tout pouvoir sur la nature. Miracles : guérisons,
expulsion des démons. Imposition des mains, onction d’huile … des pratiques très répandues dans
l’Église primitive.
Aucune trace d’une morale appliquée ni d’un droit coranique dans l’enseignement de Jésus (exception
le mariage, il se prononce contre le divorce), nulle théologie, quelques vues indéterminées sur le
Père/le fils/le Saint-Esprit. Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même et me suive
(Luc XIV 33).
Renan dit : finalement, l’évangile est devenu une utopie (célibat, pauvreté … et la famille, l’amitié, la
patrie n’ont aucun sens) que bien peu s’inquiètent de réaliser. Deux règles : l’une médiocrement
héroïque pour le commun, l’autre parfaite pour les exaltés. Ce que Jésus « exigeait » le plus
impérativement, c’était la foi (Matth. VIII 10, mais on n’oublie pas que « nul ne peut venir à moi si le
Père qui m'a envoyé ne l'attire » Jean, VI 44). Rendez à César … marque la séparation du temporel et
du spirituel (à chaque manipulateur, son domaine).
Les discours prêtés à Jésus n’ont aucune authenticité. Son œuvre fut de créer un cercle de disciple, il
s’est fait aimer et après sa mort on ne cesse de l’aimer, sa doctrine est très peu dogmatique, mais c’est
un esprit nouveau, on adhère à Jésus en vue du royaume de Dieu. La philosophie ne suffit pas au grand
nombre, il lui faut la sainteté. Jésus a annoncé le royaume et c’est l’église qui est venue. Jésus crucifié
en avril 30, un trahit, un renie, les autres fuient, seules quelques femmes regardèrent de loin. Jésus
n’a pas organisé sa succession, persuadé que le royaume arriverait tout de suite. La crucifixion et la
résurrection surprennent, prennent à contre-pieds par rapport aux attentes vis-à-vis du messie. Jésus
est ressuscité, il va revenir bientôt, Paul dit, nous le verrons revenir, il doit vaincre toutes les forces
opposées. Jésus n’a pas pensé créer une nouvelle religion !
Jésus ne se s’est jamais déclaré dieu, seulement fils de Dieu (quid du trithéisme). Dieu carotte et bâton,
un père indigne : si tu es sage je t’aimerais toujours, si tu désobéis tu y iras chez celui qui fait souffrir.
Dieu justicier, mystérieux et obscur, tyrannique (carotte et bâton). Dieu peut-il demander aux hommes
de pardonner à leurs ennemis et lui-même ne pas le faire (faites ce que je dis, pas ce que je fais) ? Dieu
n’est que le miroir des préoccupations humaines. Dieu qui prêche le pardon des fautes, n’en donne
pas l’exemple et nous demande d’être meilleur que lui (jugement enfer/vie éternelle, seul un petit
nombre sera sauvé). Cependant, il y a la dédramatisation de la mort.
1 - Religions dans l’Empire romain
La religion chrétienne naît en Palestine du temps de l’Empire romain, la crucifixion de Jésus a lieu le 7
avril 30 sur ordre de Ponce Pilate, gouverneur de Judée sous le règne de l’Empereur Tibère (14-37).
Dans un premier temps, les chrétiens ne se distinguent pas vraiment des juifs et par exemple en 62 ces
derniers ne les considèrent pas comme des schismatiques. À l’époque, 8% de la population de l’Empire
est juive soit 6 à 7 millions, mais il existe différents judaïsmes :
• Sadducéens = hommes du temple, se fondent sur la Torah et cherchent à convertir les païens,
• Pharisiens = hommes des synagogues, se fondent sur la Torah et les Prophètes, ne cherchent pas
les païens,
• Esséniens = ils s’isolent, se fondent sur les mêmes textes, plus d’autres écrits et rejettent les païens,
• Sicaires, Zélotes … tenants d’une solution violente contre Rome.
La première mention des chrétiens par les Romains daterait de ~100 du temps de Trajan (98-117), à
propos de persécutions de personnes refusant de pratiquer, reconnaître les cultes romains, dont ceux
dus aux empereurs déifiés.
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Dans l’Empire romain, il existait une pluralité de religions. Les Romains, en plus de leurs nombreuses
divinités, admettaient l’existence de celles des autres, trouvaient des équivalences avec les leurs, et
ont adopté de nombreux mythes des peuples qu’ils ont conquis. Chaque cité (2000 à 3000 citées dans
l’Empire) pouvait avoir sa propre religion publique, ainsi que chaque famille (dieux du foyer, mânes
des ancêtres : le père de famille en étant le prêtre) et chaque groupe privé (association, groupe
professionnel, etc.). Seule l’adhésion à une association relevait d’une décision, pour les autres, les
religions s’imposaient du fait de la naissance, de l’adoption, de l’obtention de la nationalité, de
l’affranchissement.
La religion de la ville de Rome s’appuyait sur le mythe de sa fondation et a évoluée, au début de la
république elle se fonde sur la triade Jupiter, Minerve, Junon, cette dernière étant une adoption, car
elle était historiquement la déesse tutélaire de la cité voisine de Veies. Les mythes des dieux romains
sont largement inspirés de la mythologie grecque et à l’époque de l’Empire des correspondances sont
établies (un syncrétisme) avec les divinités des peuples conquis (par exemple, le dieu gaulois Teutatès
est assimilé à Mars).
Parmi les dieux, il y avait des êtres d’exception qui avaient accédé à l’immortalité, ainsi des hommes
étaient divinisés et avait droit à un culte, à des prêtres (cf. le mythe d’Hercule). Les empereurs morts,
incinérés, devenaient des êtres divinisés. Dans l’Est de l’empire, les empereurs recevaient de leur
vivant des honneurs équivalents aux dieux, sans être encore divinisés, dans l’Ouest, c’est leur génie,
leur double divin qui recevait un culte.
Pour les Romains, la puissance des dieux est inquiétante, il faut grâce au culte, aux rites, aux
consultations divinatoires, vivre en bonne entente avec eux, rechercher la paix des dieux, leur
protection, attirer leur appui (victoire, succès dans les entreprises). Le calendrier romain consacre 109
jours aux dieux, dont 61 de fêtes publiques (cérémonies avec sacrifices ou rites, consultations des
dieux) ou de jeux. Par exemple, les Saturnales aux alentours du solstice d’hiver du 17 au 24 décembre.
La religion pour les Romains, c’est de la diplomatie, beaucoup plus des rites que de la foi, elle ne se
préoccupe pas non plus de consoler l’homme des malheurs qui lui arrive sur terre, elle ne fournit pas
plus de réponses sur une possible survie après la mort. Ce n’est qu’au contact des peuples qui se
posaient ces questions que les Romains vont s’en préoccuper, par exemple certains suivront ainsi le
culte d'Isis ou de Mithra et plus tard le christianisme, qui promettent la résurrection à leurs adeptes.
Polythéiste, la religion romaine était importante pour la cohésion de l’État qui de façon généralement
tolérante déterminait si d’autres cultes étaient licites. Le judaïsme avait obtenu un statut de religion
licite et même le droit de faire des offrandes pour Rome ou les empereurs à leur propre dieu. Au début,
le christianisme fut interdit, notamment parce que les chrétiens refusaient de participer au culte de la
religion romaine or la participation aux rites était une exigence de citoyenneté, d’implication dans la
communauté, de plus ils se réclamaient d’un homme condamné à mort pour rébellion.
2 - Disciples de Jésus
Jésus n’a pas fondé l’église, mais une forme de croyance du judaïsme avec quelques signes d’ouverture
vers les païens. Le christ n’a pas été accepté par la majorité des juifs, car un Messie crucifié ce n’est
pas ce qui était attendu dans l’Ancien Testament.
Quand Jésus est crucifié, les disciples sont défaillants. Le groupe se reconstitue cependant après la
résurrection qui fait l’objet de nombreuses relations différentes, et dans un premier temps ne convainc
pas tout le monde (cf. Matthieu).
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« Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église » (Matthieu ch16). De quand date cette parole,
est-elle vraiment de Jésus, si exact pourquoi Marc et Luc n’en parlent pas ? Pierre n’a pas eu un pouvoir
particulier, mais Pierre est une figure symbolique. Dans le Ch18 de Matthieu, les apôtres sont désignés
comme les continuateurs, successeurs de Jésus, cependant, à côté des disciples dont Pierre … et plus
tard Paul, il y a la famille de Jésus dont son frère Jacques.
La communauté qui se réfère à Jésus après sa mort se compose donc des disciples et de sa famille. On
notera que les catholiques n’ont jamais reconnu que Jésus avait des frères et sœurs. Marie est restée
vierge et immaculée. Marc (ch6) parle du fils de Marie (un enfant illégitime ? cf. littérature polémique
juive, le père de Jésus serait un légionnaire romain du nom de Ben Panthera). Pour certains, ce sont
des demi-frères, ils sont les enfants de Joseph déjà vieux quand il accueille Marie. Pour Jérôme, les
frères sont les enfants d’une autre Marie, Jacques est donc un cousin. On joue aussi sur le langage,
frère en Sémite signifie qu’on est de la même famille (cousin), alors qu’en grec il y a deux mots et frère
est différent de cousin, les textes grecs parlent de frères.
Paul (1° aux Corinthiens) et les actes donnent une figure différente de Jacques. Dans l’épître de Paul
aux Galates (en 50) il y a une citation de Jacques. Dans l’évangile de Marc (fin des années 60) pas de
Jacques, mais un frère de Jésus. Dans les Actes, Jacques est un personnage clé de la communauté de
Jérusalem. À la disparition de Pierre de Palestine correspond la prise de pouvoir de Jacques (les actes
ch12). Pourquoi Jacques a-t-il succédé à Pierre ? Pourquoi une autorité forte a-t-elle été donnée à
quelqu’un qui ne faisait pas partie des 12 ?
Jacques le juste, frère de Jésus, est un juif très pieux qui va au temple, est dans le judaïsme, est très
conservateur ; l’épître de Jacques, montre qu’il n’est pas favorable aux gentils (païens convertis) ; c’est
un ascète qui meurt à Jérusalem en 62 à cause d’un responsable juif qui craint son autorité. Au fur et
à mesure du développement de l'église, Jacques est marginalisé, puis oublié, on lui fait perdre son
identité, Jésus n’a pas de frère, Jacques est victime de la déjudaïsation de l’église.
3 - Premiers chrétiens (chrestos = partisan du messie)
Les premiers disciples de Jésus se considèrent comme juifs, mais ils auront assez rapidement trois rites
particuliers : baptême, imposition des mains qui donne l’esprit, fraction du pain. Parce que le royaume
de Dieu est proche, que Jésus a dit « Je vous le dis en vérité, cette génération ne passera point, que
tout cela n'arrive » (Matth. XXIV, 34), les premiers chrétiens se mettent à vivre en communauté pour
porter la bonne parole et attendre ensemble le moment proche du jugement dernier.
Il semblerait que ces premières communautés aient fonctionné comme des sectes « communisantes »
avec mise en commun des biens, prédominance de la communauté sur l’individu, capacité de remettre
les péchés, à exclure, préparation à la vie éternelle … La communauté est exigeante comme le montre
l’épisode d’Ananie et Saphire qui seraient morts foudroyés par Dieu de n’avoir pas donné tout le
produit de la vente d’un terrain - Actes des Apôtres (5. 1-11). Il y a aussi une attitude antifamiliale, du
fait d’un suivi strict d’une assertion de Jésus « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est
pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » (Matth. X,
37) et un renoncement à la sexualité, à la reproduction qui n’a aucun sens avec l’arrivée imminente du
royaume de Dieu.
Au concile de 49, on décide de supprimer tout ce qui fait obstacle à la conversion des païens, personne
n’est obligé de devenir juif pour être chrétien (en 52 les non juifs peuvent ne pas se faire circoncire).
L’église s’affirme universelle (catholicos en grec signifie universel). Le christianisme se développe dans
le monde romain, tolérant envers les cultes étrangers à condition de ne pas remettre en question la
religion romaine. Le premier chrétien persécuté en 64, Étienne un diacre de Jérusalem l’a été, car il fut
accusé de blasphème par le chef de la religion juive.
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Pour les Romains juifs et chrétiens, c’est pareil. Cependant rapidement, les chrétiens refusent le culte
impérial (IIe siècle), déclarent que les dieux romains sont de faux dieux, remettent en cause les
inégalités de la société romaine. Des persécutions ont lieu périodiquement jusqu’en 313, souvent à
cause de dénonciation comme à Lyon en 177. Au IIe et au début du IIIe, la religion chrétienne est même
interdite par certains empereurs qui organisent des persécutions, alors que d’autres prennent des
édits de tolérance.
Le nombre de chrétiens reste très faible jusqu’à la fin du IIe siècle (0,40% de la population de l’Empire),
au moment de l’édit de Tolérance de l’Empereur Gallien en 260, ils représentent 2%. Au début du IIIe
ils sont ~10%, ce qui montre une forte croissance sur un siècle et que la politique de répression ne
fonctionne pas, ce qui pousse Galère à autoriser le culte chrétien en 311. Puis avec par exemple l’édit
de Tolérance de Constantin (Milan 313), l’interdiction des sacrifices païens (341), la fermeture des
temples païens en Orient (356), le rejet du polythéisme comme religion d’État (382), les destructions
de temples en Syrie, Égypte, Afrique (386), l’interdiction des cultes privés à Rome (391), la destruction
des temples païens ruraux (399), le nombre de chrétiens dépasse les 50% dans la deuxième moitié du
IIIe siècle et Théodose proclame le christianisme comme seule « Religion d’État ».
On notera cependant que la progression des mesures favorables aux chrétiens n’a pas été aussi linéaire
que décrite ci-dessus, il y eut aussi des édits demandant à tous de sacrifier aux dieux romains (249,
257), des persécutions (de 303 à 313), des tentatives de retour en arrière par exemple, l’édit de Daïa
contre les chrétiens (312) ou le rétablissement du paganisme et les mesures contre les chrétiens en
361 par l’Empereur Julien que les chrétiens feront passer à la postérité sous le nom de Julien l’Apostat.
4 - Premières églises
Pour les premiers chrétiens, Jésus ressuscité va revenir bientôt, Paul, dans l’Épître aux Thessaloniciens,
dit "nous le verrons revenir", il croit qu’il sera encore vivant quand Jésus viendra établir le royaume de
Dieu. 20 ans plus tard, il le dit encore aux Romains, puis quand il est en prison, il envisage que lui ne le
verrait pas. Le temps passant, il faut s’installer dans la durée. Au lieu du royaume espéré, c’est l’église
qui s’est installée.
Les églises sont des communautés qui ont des pouvoirs pour annoncer la bonne nouvelle, relier les
personnes, juger, exclure … À la fin du 1° siècle, il existe des communautés (surtout des juifs chrétiens
qui professent Jésus), mais les églises ne s’organiseront vraiment comme un tout qu’au IVe siècle. On
ignore comment les 1° communautés ont proliféré. Il existait des petits groupes (groupe = EKKLESIA
en grec, le terme va s’imposer) qui ont la même foi, mais ne constituent pas une organisation
structurée.
Cependant en 100, Ignace d’Antioche décrit l’organisation des églises autour des évêques, des
presbytères, et des diacres. L’objectif de l’organisation est de sauvegarder l’unité autour d’un seul chef
de la communauté, l’évêque qui au départ est le surveillant des équipes, lui-même sous le contrôle de
la communauté, sélectionné avec soin (mari d’une seule femme, sobre, pondéré, de bonne tenue,
hospitalier, capable d’enseigner, ni buveur, ni batailleur, ni querelleur, ni cupide, mais doux).
À partir du IIe et au IIIe on constate l’accroissement des pouvoirs de l’évêque, une concentration
monarchique des pouvoirs versus un pouvoir collégial, il est chef, gestionnaire, recruteur … Élu par la
communauté, en fait par l’élite, le peuple est simple témoin, puis au IVe il y a des interventions du
pouvoir civil (parfois directement les empereurs), il est ratifié, élu par ses pairs. Finalement, l’empereur
Justinien (527-565) impose que les évêques soient exclusivement recrutés chez les célibataires
(notamment pour éviter les problèmes liés aux successions).
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Le commerce a joué un grand rôle dans le développement du christianisme. Une église (une
communauté par exemple : 155 hommes, 1500 veuves et des nécessiteux) c’est : une bibliothèque ;
un entrepôt (tuniques, voiles, chaussures, ceintures …) ; une assistance aux pauvres (soupe populaire
– comme cela existait chez les juifs et chez les Romains avec l’évergétisme = un riche qui fait profiter
des pauvres de sa fortune) ; le soin des morts (fossoyeurs, cimetière communautaire, tombes pour
attendre la résurrection) ; et un commerce, ce dernier sera finalement interdit en 345.
5 - Textes saints : la bible
La Bible contient ~1,2 million de mots, et le message du christianisme a donc des caractéristiques de
volume, de valeur, de véracité … qui le rend complexe à interpréter (nombreuses contradictions) et
donc à comprendre. La Bible se compose de l’Ancien Testament, repris des juifs et du Nouveau
Testament spécifique aux chrétiens. Ce dernier comprend 4 évangiles et les actes des apôtres. Au IIe
siècle, il existe une cinquantaine de textes, une quinzaine « d’évangiles » dont celui de l’apôtre
Thomas. Au début, chaque église a ses textes, et ses compromis locaux (pratiques, croyance …). Paul
lui-même adapte ses discours à ses auditoires. La culture est surtout orale, avec des lectures à haute
voix, des lettres aux églises pour lecture publique. La langue des 1° églises est le grec, puis il y a des
traductions en latin (vieille Latine), syriaque, copte (150, 250).
C’est Marcion (85-160) qui crée un 1° canon des écritures, mais dissident de la grande église, il ne sera
pas retenu. Irénée de Lyon (130-202) dit que les 4 évangiles sont fidèles à la réalité et aux dits
originaux. Le canon se fixe au IIe siècle, mais n’est définitivement adopté qu’au IVe, tous les textes non
retenus dans le canon sont alors considérés comme apocryphe. La technique du codex (livre de feuilles
de papyrus reliées) se développe, les chrétiens l’adoptent. Il existe même de toutes petites éditions
d’évangile que l’on porte comme amulette.
Comme on croyait le monde prêt de finir (cf. la bonne nouvelle du Royaume de Dieu qui est proche),
on ne s’est pas soucié dans un premier temps de composer des livres pour l’avenir. Finalement, des
apôtres, seul Thomas a écrit et ses textes n’ont pas été retenus pour le Nouveau Testament écrit par
de nombreux auteurs qui au mieux sont des hommes qui ont vu un ou plusieurs hommes qui ont vu
l’homme Jésus. On a donc une totale incertitude sur les rédacteurs des évangiles, et la conviction que
de nombreuses retouches ont été faites, que tous les textes sont des recompositions. Quand on a deux
récits d’un même fait, il est extrêmement rare qu’ils soient d’accord, et quand on en a qu’un, n’est-ce
pas une raison de plus d’être perplexe.
Les évangiles sont des biographies légendaires qui n’ont pas été écrites avec la participation d’une
divinité, elles peuvent contenir de l’histoire, mais tout n’est pas historique, il est clair que les miracles
racontés par les évangiles n’ont pas eu de réalité. Ces légendes ne sont pas nées toutes seules, on les
a aidées à naître. Les actes des apôtres, par exemple, sont une œuvre de littérature, une
démonstration, une reconstruction historique. Quand ce texte est écrit, il y a déjà rupture entre les
différents courants des premiers chrétiens, mais les actes présentent la communauté unie, à la
différence des évangiles où l’on insiste sur les aspects négatifs de la famille de Jésus, à l’exception de
sa mère. Jean dit même que ses frères ne croyaient pas en lui.
La théologie cherche à construire une unité, à faire des ponts entre différentes choses. Les actes, écrits
en 80/90 soit ~30 ans plus tard que les épîtres de Paul, passent sous silence les épîtres (c’est étonnant)
ainsi que les différences entre les courants (c’est moins étonnant). Les épîtres de Paul prennent des
distances avec la loi juive, Luc (l’auteur des actes) dit que Paul est respectueux de la loi juive, car il
cherche à enraciner Paul à Jérusalem et à judaïser ses propos.
La bible est pleine d’obscurités et de contradictions, on peut lui faire dire ce que l’on veut. Elle dit
même que Dieu demande aux hommes de pardonner à leurs ennemis, alors que lui-même ne le fait
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pas (cf. l’enfer). Faites ce que je dis, pas ce que je fais. La Bible décrit un univers magique avec des
forces obscures ou divines, très loin d’un univers rationnel avec des lois de la physique, de la biologie
… C’est la foi face à la science, qui seule cherche la vérité pure. Enfin, on notera que l’annonce de la
bonne nouvelle (évangile = bonne nouvelle en grec) a été tardive et limitée, l’homo sapiens existait
depuis plus de 300 000 ans, mais elle prétend quand même que tout le monde va être jugé, alors que
la bonne nouvelle n’a pas été diffusée à l’immense majorité des personnes vivant sur terre.
6 - Querelles théologiques
Si l’on excepte Thomas, dont l’évangile n’a pas été retenu dans le canon, les apôtres n’ont laissé aucun
écrit qui nous soit parvenu. Plus la communauté compte de gentils (des païens convertis) plus elle se
déjudaïse (par exemple au niveau du manger, du shabbat) et la Torah est acceptée pour son éthique,
mais pas toujours pour les pratiques. Il y a au début deux courants centrifuges, les Hébreux qui parlent
araméen sont très attachés à la loi de Moïse, à la Torah, les Hellénistes des juifs libéraux (de culture
helléniste - Égypte, Inde … - à l’époque, 15% de la population parlait grec) sont pour abolir le temple
et la loi. Paul s’inscrit dans la ligne helléniste. Enfin, l’ensemble des premiers acteurs, y compris Paul,
meurt avant la destruction du temple de Jérusalem en 70 (répression des Romains suite à la rébellion
juive de 66), avant le développement du judaïsme rabbinique et la rédaction des actes des apôtres.
Au IIe siècle, il existe 3 écoles de théologie en parallèle : Justin (apôtres), Valentin (helléniste), Marcion
(paulinien).
Marcion (85-160) qui s’appuie exclusivement sur Paul et un Nouveau Testament (sans Luc) met en
lumière les contradictions entre Anciens Testaments et Jésus. Par exemple : œil pour œil, versus, si on
te frappe une joue, tend l’autre. Il en déduit que Jésus n’est pas l’envoyé du dieu de la Torah. Des
communautés marcionites se développeront jusqu’au IVe siècle où persécutées (pour les catholiques
se sont des hérétiques) elles disparaîtront au Ve.
Valentin se différencie principalement sur différents points : la résurrection charnelle est un leurre, le
seul éveil qui vaille est celui de l’esprit, possible dès cette vie ; la chute originelle ne vient pas d’un
péché, mais d’un désir de connaissance ; il faut s’initier aux mystères qui anticipent la vie future
(méditation, éveil de l’esprit, connaissance). C’est une des formes du gnosticisme : la connaissance
(gnosis) prolonge la foi (pistis).
Il existera 80 versions différentes du gnosticisme rivalisant d’extravagances, apportant leurs réponses
à d’où vient le mal, le salut dépend du savoir pas de la conduite, avec une grande variété de pratiques
allant de l’ascèse à la grande licence. Pour répliquer aux gnostiques, la grande église a dû se constituer
un Nouveau Testament (cf. le premier, celui de Muratori ~150) et marquer que la rédemption par la
grâce est différente de la rédemption par la connaissance.
La diversité au IIe siècle concerne aussi l’unité de Dieu, par exemple Jésus est-il un homme-dieu, un
homme seulement, une apparence humaine seulement. Il est aujourd’hui difficile de connaître les
théories de l’époque {dithéisme (père/fils) ; trithéisme (père/fils/Saint-Esprit) ; 1 seul sous deux noms},
car il ne reste que les réfutations de la grande église.
Au IIIe siècle se développeront d’autres divergences avec les montanistes, les novatiens, les donatistes,
les mélitiens et surtout en Mésopotamie, les manichéens. Mani (216 – 274/277), un ange lui est apparu
et il s’est fait prophète comme Bouddha ou Zoroastre ... Il se dit apôtre de Jésus, développe un
syncrétisme avec sa propre genèse. Soutenu par un empereur perse, il finira par être persécuté par les
successeurs de celui-ci, et ses adeptes aussi dans l’Empire romain. Mais son mouvement a continué
(cf. Saint-Augustin qui fut adepte de 373 à 382), il finit par disparaître dans le monde méditerranéen
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au VIe, mais perdurera jusqu’au XVIIe au Turkestan (dans un syncrétisme fortement marqué par le
bouddhisme).
Au IVe siècle se développe la crise de l’arianisme autour de la nature divine de Jésus. Arius (250-336)
professe que Dieu est unique, non engendré, sa substance ne peut être divisée et tout ce qui est en
dehors de lui, est créé ex nihilo de par sa volonté ; le verbe est un intermédiaire entre Dieu et le monde,
antérieur au monde matériel, mais non éternel ; Jésus est une créature distincte du Père, il lui est donc
subordonné, et sa substance fait l’objet de débats avec différentes versions de l’arianisme
(dissemblance du père et du fils, ressemblance, substance semblable). Le concile de Nicée (325) ne
permettra pas de régler le problème et l’empereur Théodose 380 par un édit et le concile de
Constantinople de 381, définit comme hérétique toute position non conforme à Nicée
(consubstantialité : Jésus est de la substance de son père) et à la formule trinitaire.
Au Ve siècle il y a d’autres crises, la nestorienne (428) qui affirme que deux natures séparées, l'une
divine, l'autre humaine, coexistent en Jésus-Christ et la crise monophysite qui affirme que le Jésus n'a
qu'une seule nature, qui est divine, et qui a absorbé sa nature humaine. L’église de Rome,
généralement soutenue sur ce sujet par les empereurs, retient la formule du concile de Chalcédoine
(451) définissant le dyophysisme, c'est-à-dire les deux natures du Christ, vrai dieu et vrai homme,
parfait dans sa divinité comme dans son humanité (les catholiques, les orthodoxes, les protestants
sont toujours sur cette ligne). Les diverses tentatives de surpasser ces divergences échouent (cf.
concile de Constantinople II en 553).
Il faut noter que les églises nées des schismes dépendent de sièges épiscopaux, d’aires culturelles et
linguistiques de différentes nations, ce qui laisse penser qu’il n’y a pas que des différences doctrinales
comme cause de leur création. Il faut aussi comprendre que tout cela a donné lieu à de multiples
synodes, conciles, des pressions physiques, jusqu’à la mort d’un archevêque à la suite de mauvais
traitements (cf. l’épisode du brigandage d’Éphèse), à des arrestations, des meurtres en Égypte, en Syrie
… de nombreuses disputes entre Rome (rattachée à l’apôtre Pierre) et Constantinople (nouvelle Rome
de l’empereur) pour la nomination d’évêques.
7 - Luttes de pouvoirs internes à l’église et avec les empereurs
En plus d’être l’un des cinq sièges apostoliques, dont la tradition dit qu’ils ont été initiés par l’un des
apôtres du Christ, Rome a toujours revendiqué la primauté, car l’église y a été fondée par Pierre (tu es
Pierre …). À chaque controverse, la question de la primauté revient, de plus Rome fait la promotion
d’un principe d’indépendance juridictionnelle par rapport à Constantinople (la nouvelle Rome) et
cherche à cantonner les interventions des empereurs en matière religieuse et surtout théologique.
Au-delà des premiers édits de tolérance, les interventions au sein de l’église on prit de l’ampleur avec
Constantin (272-337) qui conquiert l’orient en champion des chrétiens alors opprimés par le
coempereur Maxence qu’il va abattre. Constantin édicte de nombreuses prescriptions favorables aux
chrétiens et confisque les biens précieux des cultes païens, au profit de la construction d’églises.
Constantin se présente comme chrétien dès 312, même s’il repousse son baptême à son lit de mort
(pour ne pas être sous la coupe de l’église ?), il institue aussi que le clergé est un groupe social privilégié
(évêques jugés par leur pair).
À partir du moment où Constantin devient le seul maître de l’empire (324), le processus pro chrétien
s’accélère, mais les possibilités d’interventions ont des limites, car « les conciles des évêques sont
inspirés par Dieu, même l’empereur n’a pas l’autorité pour contrarier leurs discours ». Constance II
(337-361) comme son père Constantin pensait avoir la mission divine de propager le christianisme, il
le fit en Occident par des contraintes progressives et imposa un credo commun à l’Orient et l’Occident
(plus réticent).
Dieu, y es-tu ? 35/68
Il y a aura une contre-réforme manquée avec le coempereur Julien l’Apostat (361-363) qui en voulait
à Constantin qui avait massacré sa famille. Puis Jovien (363-364) rétablit le christianisme, mais pas dans
la même situation que du temps de Constantin ou Constance II, il réduit les subventions, les tolérances
religieuses … Plus tard, Théodose (379/395) empereur d’Orient institue l’orthodoxie de Nicée
(destruction des temples partout) ; Gratien empereur d’Occident (367-383) suit avec un peu de retard
la même voie.
De 343 (au Concile de Sardique – Sofia - convoqué par les empereurs Constant et Constance II), à 545
où le pape Vigile est embarqué de force pour Constantinople, les relations entre Rome et les
empereurs ont été tumultueuses. De très nombreux conciles ont été organisés pour gérer les positions
sur différents sujets, les affrontements idéologiques, les querelles dogmatiques, les schismes dans un
contexte où interviennent les différents sièges apostoliques, mais aussi les empereurs et les évêques
qui leur sont proches. La controverse sur l’emploi de l’expression « Patriarche œcuménique » qui
définit le garant de l’orthodoxie est révélatrice. Il faudra attendre 607 pour que le Pape Grégoire le
grand décide que le siège apostolique de St Pierre de Rome sera le chef de toutes les églises.
8 - Barbares et christianisme
Depuis déjà un siècle, les Wisigoths étaient à la frontière de l’Empire romain sur la mer Noire au-delà
du Danube, mais l’avancée des Huns les pousse à se réfugier en deçà du bas Danube avec l’accord de
l’empereur Valens (364-378). Une mutinerie de fédérés goths provoque une bataille en 378 à
Andrinople (aujourd’hui Edirne en Turquie) qui se solde par un désastre pour l’armée romaine et même
la mort de Valens.
En 410, les Wisigoths conduits par Alaric prennent et pillent Rome durant trois jours. Rome incapable
de l’empêcher tolère l’installation d’envahisseurs qui dans un premier temps coopèrent, puis prennent
leur indépendance, l’empereur d’occident Romulus Augustule est finalement déposé en 476 par le
barbare Odoacre qui lui-même succombe aux Ostrogoths de Théodoric, avec l’assentiment de
l’empereur de Constantinople Zénon. Les Francs petit à petit prennent le contrôle de la gaule.
Les barbares sont vus par les Romains et les chrétiens de façon très raciste et négative, mais aussi par
les chrétiens comme une punition divine due à la mauvaise conduite des Romains. Un parallèle est fait
entre les Goths et Gog l’ennemi d’Israël qui vient du nord, c’est vu comme un signe de vieillissement
du monde, de déclin, de fin du monde. Cependant, certains chrétiens voient les barbares comme des
êtres comme tout le monde appelé à la rédemption et pas des sauvages fatalement perdus. Enfin les
Goths sont présentés de façon favorable par différents historiens de l’époque : nombreuses qualités,
vertus, respect des catholiques alors qu’ils sont ariens.
Les barbares étaient majoritairement chrétiens, mais hérétiques ariens (cependant très hétérodoxes).
L’évêque Ulfila (un Wisigoth couronné en 341) adopte la position de l’arianisme et traduit la bible en
gothique (de langue parlée le gothique devient langue écrite). Le christianisme a pénétré le monde
barbare par les prisonniers, les marchands, les anciens de l’armée romaine qui s’étaient christianisés
et retournaient chez eux ; par l’installation d’église officielle sur leur territoire ; par leur installation
dans des territoires dépendants de l’Empire romain (ex. des Wisigoths).
L’arianisme des Wisigoths se propage à d’autres peuples germaniques (Ostrogoths, Vandales,
Burgondes …). Il y a cependant des persécutions en 348 et 370 de Goths chrétiens (ariens ou
catholiques) par un roi goth Athanaric défenseur des traditions gothiques, cela provoque une
migration en 348 vers l’Empire romain. Les barbares étaient plus facilement ariens que catholiques
pour affirmer leur différence, indépendance avec l’Empire romain, d’hôtes et fédérées à l’empire, les
nations barbares cherchaient leur autonomie. Ils manifestaient parfois de l’intolérance, attaquant les
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Réflexion sur les religions : Dieu y es-tu ?

  • 1. Dieu, y es-tu ? « Ce n’est pas parce qu’une chose est bonne que nous la désirons, c’est parce que nous la désirons que nous la jugeons bonne » Spinoza Michel Bruley novembre 2022
  • 2. Dieu, y es-tu ? 1/68 Introduction J’ai consacré pendant une quarantaine de mois, d’avril 2019 à juillet 2022, de trente à soixante minutes par jour à me documenter sur la religion chrétienne et son histoire. J’ai lu divers textes, à commencer par la bible, les deux tomes d’histoire générale du christianisme, la vie de Jésus d’Ernest Renan …, visionné une douzaine de documentaires et bien sûr effectué de très nombreuses recherches sur internet. Dans tous les cas, j’ai pris des notes que j’ai largement utilisées pour rédiger mes différents documents. Finalement, j’ai formalisé les fascicules suivants : 1. Dieu est une invention instrumentalisée par des manipulateurs (page 3) 2. Le christianisme est un chef-d’œuvre de marketing et de management (page 25) 3. Du Ve au XVe – expansion et effondrement de l’empire chrétien unifié (page 44) 4. De la renaissance à nos jours : fin de l’emprise chrétienne sur le monde (page 55) J’ai clos tout cela par la lecture d’un livre sur l’athéisme qui m’a amené à écrire une dernière page : en conclusion (page 67). Finalement, j’ai relu et finalisé cette compilation en novembre 2022. Bonne lecture
  • 3. Dieu, y es-tu ? 2/68 Dieu est une invention instrumentalisée par des manipulateurs
  • 4. Dieu, y es-tu ? 3/68 Préface J’ai le sentiment que jamais je n’ai été croyant, Adam & Ève, Noé … je n’y ai jamais trop cru, le père, le fils, le Saint-Esprit, le trois en un, j’ai toujours trouvé cela incompréhensible. Les curés, les gesticulations et les contraintes religieuses m’ont toujours été rébarbatifs. En un mot comme en cent, je pense que j’ai toujours eu un athéisme instinctif. Au printemps 2019, préparant une commande de livres, je me suis avisé que je n’avais jamais lu le livre le plus publié au monde, à savoir la Bible. J’ai donc décidé de la lire et comme j’avais chez moi la Bible de ma belle-mère, je me suis mis à lire à raison d’environ six pages par jour, les 1638 pages de l’Ancien et du Nouveau Testament. Commencée le 29/04/2019, j’ai achevé ma lecture le 08/03/2020. J’ai de plus lu des dossiers de la revue Le Point, « Histoire des textes sacrés », « Comment Dieu est né ». J’ai fait aussi des recherches sur internet, j’ai regardé un documentaire sur « Les manuscrits de la mer morte ». Lors de toute cette recherche, j’ai pris beaucoup de notes qui m’ont fourni la matière de ce document. J’avais déjà travaillé le sujet des religions en 2005 en lisant le « Larousse des Religions » qui m’avait permis d’avoir une vision d’ensemble, mais m’avait laissé sur ma faim. Aujourd’hui, tout est pour moi beaucoup plus clair, et je suis passé d’un athéisme instinctif à un athéisme argumenté où Dieu est une création de l’homme et les religions sont instrumentalisées par des manipulateurs malins. Dans les pages qui suivent, j’ai regroupé différentes notes et remarques qui reviennent plusieurs fois sur certains faits, mais j’ai laissé ces redondances, car elles portent sur des points qui m’ont particulièrement marqué. L’ensemble est structuré de la façon suivante : d’abord, je fais un rappel de l’historique de ma relation avec la religion, puis je tente d’expliquer pourquoi je pense que les religions sont des constructions humaines, ensuite j’ai placé mes remarques sur la Bible, remarques sur le fond, remarques sur la forme. Enfin, j’ai conclu par une synthèse de ce que finalement je pense de Dieu et des religions.
  • 5. Dieu, y es-tu ? 4/68 Sommaire 1 - Historique de ma relation avec la religion page 5 Enfance à Troyes Au collège en Suisse Dans ma vie 2 - Les religions sont des constructions humaines page 7 Quand, comment … a commencé le fait religieux ? La multiplication des croyances fruit de l’imagination humaine Dieu vu par les philosophes Pourquoi les religions ont-elles eu autant de succès ? Quelle place les religions ont-elles eue dans l’histoire ? En résumé, que sont les religions ? 3 - Bible : remarques sur le fond page 11 Premières impressions Qu’en est-il de Dieu ? Relation de Dieu et des hommes Que faire ? Au-delà de la crainte recommandée, il y a des consignes Les testaments concernent qui ? De la crucifixion Morale/Éthique Prêtres La vérité serait dans les écritures Qu'en est-il de l’apport des consignes de la bible à la société ? 4 - Bible : remarque sur la forme page 16 Remarque générale sur la forme Remarque particulière sur la naissance de Moïse copiée sur celle de Sargon Les auteurs de la bible Les textes d’un point de vue littéraire Autres remarques sur les textes 5 - Synthèse de ce que je pense de Dieu et des religions page 19 Dieu est une invention utile Les religions sont instrumentalisées par des manipulateurs Les Écritures saintes sont des fables Les rites religieux sont archaïques et parfois barbares Dieu, né du désir des sages (cf. Le Véda), dois rester une affaire privée Annexes page 21 Tableau des religions (nombre de croyants) Tableau de l’expansion des religions via les routes de la soie Table générale de la bible Quelques dessins humoristiques
  • 6. Dieu, y es-tu ? 5/68 1 - Historique de ma relation à la religion Enfance à Troyes Mes parents n’étaient pas pratiquants. Je ne les ai jamais vus dans une église, en dehors de baptêmes, communions des enfants, mariages, enterrements ou visites touristiques, comme lorsque nous sommes allés voir le magnifique jubé en bois de l’église de Villemaur sur Vanne. Le dimanche lorsque j’habitais Troyes et que j’avais déjà un certain âge, peut-être 7 ans, mes sœurs et moi allions à la messe. Nous allions à l’église de la Madeleine (magnifique jubé en pierre) qui était à 200 mètres de la maison pour assister à la sortie de la messe et voir des amis. Nous arrivions un peu avant la fin de l’office, restions dans l’entrée, côté gauche, près du bénitier et sortions les premiers dès "l’ite missa est". En fait, je suivais mes sœurs et quand elles sont parties en pension je ne suis plus allé à la messe à Troyes. Mes sœurs « allaient à la messe » uniquement pour voir leurs copines à la sortie. Nous restions à discuter puis les gens se dispersaient et nous rentrions. Bien que je fusse au Lycée public, j’ai été inscrit au catéchisme. J’en garde un très mauvais souvenir, car j’ai souvent été puni, probablement pour dissipation, et je me souviens des punitions qui consistaient à rester à genoux pendant suffisamment longtemps pour avoir vraiment mal. Une fois, j’ai dû en plus d’être à genoux mettre les bras en croix. Je ne faisais pas que chahuter, j’écoutais aussi et posais des questions qui n’obtenaient pas de réponses satisfaisantes à mes yeux, car invariablement il s’agissait de croire et d’avoir la foi, ce qui est un peu court. À l’époque, j’ai cru qu’il y avait des réponses, mais que le prêtre écourtait la discussion, car j’étais trop jeune pour entendre des explications complètes. Ces absences de réponse et cette éducation traumatisante étaient peu efficaces pour m’amener à apprendre. À l’occasion de ma communion solennelle, j’ai dû passer un examen de catéchisme que j’ai raté, le prêtre ne voulait pas que je fasse ma communion. Ma mère a dit au prêtre que si je ne la faisais pas cette année-là, mon père ne voudrait pas que je la fasse l’année d’après. Le prêtre a cédé, la réception familiale avec ma cousine qui faisait aussi sa communion a bien eu lieu, ma mère était soulagée. Au collège en Suisse Quand je me suis retrouvé à l’Institut Florimont à Genève à la rentrée de septembre 1962, j’ai été amené à participer aux prières deux fois par jour (matin et soir) et à assister à la messe du dimanche plus toutes sortes de messes spéciales tout au long de l’année à l’occasion de fêtes religieuses. La première année de pensionnat, je me suis même laissé entraîner par un copain à servir la messe deux ou trois fois, cela l’amusait, il mangeait des hosties et goûtait le vin de messe, cela ne m’a pas emballé. Pendant les six ans de mon internat, j’ai donc été amené à participer à beaucoup de moments religieux. Aux questions que nous avons pu poser mes camarades et moi nous n’avons pas obtenu de réponses plus intéressantes qu’à Troyes et tout se résume à la grâce de la foi. D’un point de vue plus positif, la messe du dimanche donnait l’occasion d’entendre une belle chorale, car un groupe de chanteurs venait œuvrer à la chapelle et leur prestation était retransmise en direct par une radio suisse. En revanche, les prêches et prières à la chapelle à la longue ont fini par vraiment m’insupporter. Pour ma dernière année à Florimont, comme il ne me voulait plus à l’internat, j’étais dans une famille qui habitait à quelques centaines de mètres de l’institut. Si j’ai dès lors échappé aux prières, je suis allé pendant plusieurs mois avec eux à la messe le dimanche, car sans être des forcenés de la religion, il faisait partie de la chorale de leur église au Petit Lancy. Au bout d’un moment, je n’y suis plus allé.
  • 7. Dieu, y es-tu ? 6/68 Dans ma vie Après le collège, j’ai adopté la pratique de mes parents n’allant dans les églises que pour les baptêmes, communions, mariages, enterrements ou visites touristiques. Même les parents d’Annick qui à l’époque pratiquait n’ont pas réussi à m’entraîner à les suivre, ils ont eux-mêmes relâché leurs pratiques par après. Annick et moi nous sommes cependant mariés à l’église et plus tard Damien a été baptisé et a fait sa communion, bien qu’entre temps nous ne soyons jamais allés à un office. Cependant, plusieurs fois dans ma vie j’ai essayé de m’intéresser à la religion, mais je n’ai jamais accroché. Une des choses que je ne supporte pas du tout, ce sont les rites et tout le charabia qui va avec. Les prêches sont, la plupart du temps, incompréhensibles et le tout se résume à, on ne comprend rien, mais il faut y croire. Au-delà de mon absence de foi, quand j’étais jeune, je ne supportais pas la pression sociale que la religion exerçait sur nos faits et gestes. J’ai donc pendant longtemps « bouffer du curé » comme on disait à l’époque. Puis la religion catholique s’est mise à régresser en France, à ne plus représenter grand-chose et je ne m’en suis plus préoccupé. Si je vis très bien sans religion, j’apprécie les cérémonies religieuses pour les enterrements. Je crois que pour ceux qui restent, il est nécessaire d’avoir une cérémonie pour célébrer le défunt et lui dire au revoir. Il est intéressant de noter que justement l’Église catholique cherche aujourd’hui à limiter ses interventions dans ce domaine, alors qu’il y a une demande. Il faudrait créer des cérémonies civiles dans des lieux qui peuvent accueillir du monde. Enfin pour les enfants il faudrait aussi remplacer la religion qui parlait de morale, de relation aux autres … par une éducation adéquate qui n’intègre pas de surnaturel, de culpabilisation, de rites inutiles et surtout de paroles incompréhensibles auxquelles il faut croire sous peine d’être damné pour l’éternité. 1° Communion à Troyes : je suis au 1° plan le 4e en partant de la droite
  • 8. Dieu, y es-tu ? 7/68 2 - Les religions sont des constructions humaines Quand, comment … a commencé le fait religieux ? Pour le philosophe anglais Herbert Spencer (1820-1903), le culte des ancêtres serait à l'origine même de la religion. L’admiration, la crainte, du chef remarquable (par sa force ou sa bravoure, du grand inventeur ou d’un conquérant …) qu'il faut se rendre propice, même après sa mort. Par conséquent, à l'origine de toute religion se trouverait la peur d'un homme puissant et supérieur. Autrement dit, les dieux ne seraient que la transformation ultérieure des ancêtres ou des héros divinisés. La divinisation est le fait d'élever au rang de dieu une personne, un animal ou une chose. Dans l'Antiquité grecque, l'évhémérisme postulait que les dieux étaient des personnages réels qui avaient été divinisés après leur mort. Les souverains de différentes civilisations ont été divinisés, à différentes périodes comme chez les Égyptiens, dont le pharaon devenait l'incarnation d'Horus, dans le culte impérial des Romains ou encore celui de l'Empereur du Japon, divinité incarnée. Dans de nombreuses civilisations, le chef, le roi, s’il n’est pas un dieu, est un interlocuteur des dieux. Soleil, terre (Pachamama), montagnes, feu, vent … ont été divinisés : dans la mythologie grecque, Hélios est le dieu du Soleil personnifié. Le Soleil est un symbole très puissant pour les hommes. Il occupe une place dominante dans chaque culture. Souvent, le Soleil représente le pouvoir. Cet astre donne la vie et si le Soleil venait à disparaître, ou même si ses rayons ne nous parvenaient plus, la vie s’éteindrait sur Terre, d’où le symbole de vie (donneur de vie). Les montagnes étaient filles de la Terre. On les regardait presque comme des lieux sacrés, souvent même on les adorait comme des divinités. Etc. Les rituels funéraires datent de la nuit des temps (cf. tombe de néandertalien ayant plus de 100 000 ans). Aucune civilisation, de la plus fruste à la plus civilisée, n'a pu échapper à l'angoisse de la mort. Établir un rite, c'est donner un cadre, des balises, un rythme qui peut soutenir et canaliser la peur, la rendre plus compréhensible aussi. Les religions animistes se caractérisent par l’importance du culte des ancêtres et des forces de la nature, elles conçoivent les choses comme étant vivantes et douées d'intention. L’animisme est une forme primitive de causalité dans laquelle la réalité tout entière tend à être conçue comme peuplée d’êtres animés, dotés d’un vouloir être et d’un vouloir faire plus ou moins conscient. Ainsi les nuages bougent parce qu’ils veulent bouger, comme le font les animaux lorsqu’ils se déplacent. Pour la mentalité animiste, la cause première des phénomènes est considérée comme interne aux êtres qui y sont impliqués. Les animismes renvoient aux mythologies foisonnantes des débuts de l’humanité, mais ce ne sont pas des religions révélées, adossées à des Écritures sacrées, un corpus doctrinal organisé par des institutions et des pouvoirs hiérarchiques. La théorie de Spencer est contestée et les animismes ne sont peut-être pas les plus anciennes religions. En fait, personne ne sait répondre à la question : quand, comment … le fait religieux a commencé ? Mais l’origine du sacré comme résultat du processus, langage, abstraction, pensée métaphysique, sépulture, animisme … semble très possible. La multiplication des croyances fruit de l’imagination humaine Quoi qu’il en soit, on constate qu’il existe et a existé un très grand nombre de mythologies, de croyances, de religions dans le monde à travers les millénaires, fruits d’une imagination humaine débordante : théories mésopotamiennes, dieux égyptiens, védisme, bouddhisme, dieux grecs,
  • 9. Dieu, y es-tu ? 8/68 romains, dogons, invention du dieu unique, monothéisme radical de l’islam avec Al-Ilâh appelé Allah par les musulmans. Les premières religions n’ont probablement pas été créées ex nihilo, mais ont été le résultat d’un processus de création progressive de mythologies inventées par des hommes pour répondre à des questions (création du monde : qui, comment …), création de l’homme (pourquoi imparfait, sens de l’existence …), à des peurs (puissance des éléments, des êtres vivants …), que se passe-t-il après la mort (croyance dans une vie après la mort), crainte des morts, besoin de maîtriser l’environnement, de fixer des bonnes conduites de vie, pratiques, prières pour se concilier les morts, le(s) dieu(x) (qu’attendent- ils des hommes) … Quelque soit leurs origines, leurs formes, les religions se sont multipliées et sophistiquées, s’empruntant des éléments, s’empilant les unes sur les autres comme le judaïsme, le christianisme, l’islam tout en conservant des rites, des fêtes, des dates clés païennes ou de religions plus anciennes (fête de printemps, de la saint jean, sacrifice des moutons …). Typologie des différentes formes de croyance : • Le polythéisme admet l'existence de plusieurs dieux. Ex. : l'hindouisme, le paganisme grec et romain … • L'hénothéisme désigne un système polythéiste dans lequel une divinité occupe une place plus importante que les autres. Ex. : selon Thomas Römer, la religion israélite ancienne est un hénothéisme. • Le monothéisme, par opposition au polythéisme, n'admet qu'un seul dieu, distinct du monde, transcendant. Ex. : le christianisme, l'islam. • Le théisme admet l'existence d'un dieu créateur du monde, personnel, juge, rémunérateur • Le déisme, par opposition au théisme, admet Dieu, créateur du monde, organisateur, mais pas qu'il soit personnel et juge. • Le panthéisme identifie Dieu au monde. Ex. : le stoïcisme, Spinoza. Il faut noter qu’au XXIe siècle il naît toujours des religions que l’on a tendance à considérer comme des sectes, comme les Romains ont fait à propos du christianisme à l’époque. Dieu vu par les philosophes Le sujet de l’existence ou non d’un ou plusieurs dieux, est si crucial pour les hommes qu’au-delà des religions, ils l’ont de tout temps réfléchi au sein ou en dehors des religions. Dieu vu par les philosophes et d’autres : • Xénophane (Dieu unique et dominateur), • Platon (ordre dans le chaos), • Aristote (Dieu comme intellect), • Épicure (Dieu impassible et bienheureux), • Plotin (monde émanation de l’intelligence même), • Augustin (un créateur infiniment bon), • Spinoza (Dieu est le monde), • Leibniz (Dieu du meilleur des mondes possibles), • Feuerbach (Dieu création de l’homme), • Pascal (le pari), • Kant (impossible d’affirmer l’existence de Dieu), • Hegel (la logique c’est Dieu), • Nietzsche (Dieu est mort)
  • 10. Dieu, y es-tu ? 9/68 • Sartre (se libérer de l’existence de Dieu), • Freud (Dieu permet de se libérer d’une réalité angoissante), • Lacan (la notion de faute originelle est sadique) Conclusion : l’homme a construit des explications et a cru à ses illusions inventées, mais de fait, les religions ont confiné l’homme dans des impensables anxiogènes. Pourquoi les religions ont-elles eu autant de succès ? Les religions ont eu un immense succès parce qu’elles ont été utiles aux pratiquants en leur apportant des explications, en calmant leurs peurs, en leur offrant des moyens d’agir, en reliant les personnes par le partage des mythes. Le mot religion est un mot emprunté au latin ‘religio’ à l’étymologie controversée, mais que les chrétiens se plaisent à rattacher au verbe ‘religare’ (relier) et ainsi la religion aurait pour objet les relations que l’on entretient avec la divinité. Les religions ont eu du succès aussi, car elles ont été instrumentalisées, « confisquées » par les élites (chefs, prêtres …) pour avoir du pouvoir sur les populations. Machiavel a dit « celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes ». Les religions appellent toutes, entre autres, à la soumission aux divinités. Il est clair que les castes dirigeantes ont trouvé dans les religions, même en dehors de théocratie, le moyen par la manipulation des croyances d’avoir du pouvoir sur les hommes. Les sources de pouvoirs ne sont pas si nombreuses, la force, l’argent, la séduction … l’escroquerie, l’instrumentalisation des peurs et des espoirs facilités par l’ignorance … l’exploitation de questionnements … Il est certain aussi que les religions font la promotion de règles très utiles aux gouvernants. Exemples tirés de la bible : • L’homme né coupable, il y a des fautes collectives, il doit se soumettre à Dieu (et aux autorités), • La sagesse c’est de craindre Dieu (et les autorités), • Les femmes doivent se soumettre en tout à leur mari (et les maris aux autorités), • Esclaves obéissez à vos maîtres (et aux autorités), • Soyez soumis, à cause du seigneur, à toute autorité humaine (page 1611 de ma bible), • Enfin, si malgré vos bons comportements vous êtes dans les problèmes, la parole magique « les voies du seigneur sont impénétrables » permet d’éluder toute explication. Quelle place les religions ont-elles eue dans l’histoire ? Dans de nombreuses civilisations, le chef est considéré comme un dieu, ou à défaut il est l’interlocuteur privilégié des dieux, si ce n’est pas le cas le chef doit alors composer avec des prêtres qui ont souvent beaucoup de pouvoir (cf. problème rencontré par Akhenaton) et avec qui il faut composer, quelques fois de façon très profitable (cf. la conversion de Clovis qui obtient ainsi le soutien des évêques bien implantés auprès de la majorité de la population qui n’était pas franque). La religion est aussi, souvent, un bon moyen pour mobiliser les populations et servir des desseins politiques : c’est le cas de l’Islam qui a su amener les Arabes à la conquête du monde ou du Catholicisme pour les croisades au Moyen-Orient, la reconquête en Espagne … Enfin, je constate que même en dehors des théocraties (toujours présentent : Tibet/Dalaï-Lama, Iran …) et du mélange des genres entre temporel et spirituel, les religions ont participé aux malheurs des peuples par le
  • 11. Dieu, y es-tu ? 10/68 déclenchement ou l’association à de nombreuses guerres ou exactions (conversions forcées, statut inférieur, assassinat légal du non-croyant …). La politique explique aussi les nombreuses divisions au sein des religions (schismes, hérésies …) qui génèrent des séparations, des luttes fratricides (catholiques/orthodoxes, sunnites/chiites …), car les causes religieuses sont souvent dérisoires et les enjeux de liberté/pouvoir expliquent bien mieux ses antagonismes. Aujourd’hui encore les religions, ces mythes qui tuent, sont très importantes dans de nombreux pays (Italie, USA … Maroc, Arabie Saoudite … Inde …), et les islamistes mènent une guerre partout dans le monde pour essayer d’imposer leur vue et soumettre les infidèles à leurs mythologies soi-disant révélées et formalisées au VIIe siècle de notre ère. En résumé, que sont les religions ? Les religions sont des constructions humaines, dont on ne sait pas bien ni quand ni comment, les hommes ont commencé à les multiplier. Les religions ont eu du succès parce qu’elles ont apporté aux croyants quelque chose, de façon non exhaustive : explication du monde, exorcisation de la mort, effet communautaire … solution aux remords (il n’y a pas de péché que Dieu ne pardonne pas, si le repentir est sincère), espérance (je vais à l’église parce qu’on y parle de vie éternelle), etc. Les religions ont aussi eu du succès, car elles ont été utilisées par les élites qui voulant maîtriser le peuple, instrumentalisent, les peurs, les questions existentielles que les hommes se posent et leur besoin de se relier, de faire communauté, face aux difficultés de la vie. L'anthropologie, l'ethnographie et plus généralement toutes les sciences humaines montrent, à la plupart des époques connues, l'association systématique de concepts religieux extrêmement variés dans la naissance de toutes les sociétés examinées et permettent ainsi de conclure que le religieux et le politique sont toujours associés, pour le meilleur parfois et pour le pire (guerre, inquisition …) très souvent.
  • 12. Dieu, y es-tu ? 11/68 3 - Bible : remarques sur le fond Premières impressions La première chose qui m’a sauté aux yeux à la lecture de la bible, c’est la faible place des éléments de fond. Dans l’Ancien Testament, qui dans la version que j’ai lue fait 1277 pages, il y aurait d’après les experts 613 commandements, dont les femmes doivent se soumettre en tout à leur mari et esclave obéissez à vos maîtres. La moitié des 613 commandements sont dans le Lévitique qui traite pour l’essentiel de rites. Dans la même ligne, j’ai noté que les 10 commandements sont évoqués par deux fois dans Le Décalogue, à chaque fois en une demi-page, alors que des dizaines de pages dans d’autres parties sont dévolues au culte, aux accessoires, à l’habillement & aux prérogatives des prêtres, notamment à leurs parts des offrandes … Les descriptions de l’histoire d’Israël et de Juda, ce ne sont que luttes contre les autres peuples, guerres, meurtres, complots. Par exemple, la conquête de Canaan a amené la prise de villes et le massacre de ses habitants (hommes, femmes, enfants) passés au fil de l’épée, mais on gardait le gros et le petit bétail. En fait, peu de choses moralement remarquables dans l’Ancien Testament, le tout présenté de façon partisane, où par exemple Dalila qui est une résistante philistine qui n’a pas de sang sur les mains est présentée comme une salope, alors que Judith qui est une résistante israélienne qui a du sang sur les mains est une héroïne. Il y a aussi beaucoup d’histoires qui se résument à : « tu suis Yahvé sinon tu auras des problèmes » et au fait qu’être sage, c’est craindre Dieu. La sagesse c’est la crainte de Dieu : « crains Dieu et révère ses prêtres ». Le discours des sages, c’est d’eux que tu apprendras à servir les grands. Même si le Nouveau Testament prend parfois des distances par rapport à l’Ancien, comme pour la loi du Talion remplacée par la charité envers tous les hommes, même les ennemis, les apôtres rapportent que Jésus a dit « si vous croyez Moïse (auteur du Pentateuque), vous me croirez aussi ». Qu’en est-il de Dieu ? Le dictionnaire nous dit : « Dieu serait l’être suprême, créateur et incréé, souverainement bon et juste, dont tout dépend et qui ne dépend de rien ». Dans l’Ancien Testament, Dieu a différents noms (El Shadddaï, Membré …), celui de Yahvé apparaît plus récemment dans les textes vers -800 av. J.-C. Yahvé dans un premier temps, a des rivaux, mais il les surpasse tous, il est le dieu des dieux, puis le Dieu unique, même si l’on cite Dieu le père, le christ, le fils, le paraclet l’Esprit saint, mais que le tout ne fait qu’un. Le Christ quant à lui est un peu magicien (il fait des guérisons, multiplie les pains, marche sur l’eau, se fait obéir par le vent & la mer). Cependant pour la fin du monde le Christ dit que seul le père connaît le jour et l’heure ; l’unité du père, du fils, du Saint-Esprit, n’empêche pas les différences ! Les prophètes nous parlent d’un dieu de justice (Amos), d’amour (Osée), de sainteté (Isaïe). Cependant quel que soit son nom, Dieu dans l’Ancien Testament a des caractéristiques très humaines : jaloux, colérique … il demande des meurtres … il se venge et lui-même parfois va trop loin dans sa vengeance. Yahvé est colérique, même s’il est plusieurs fois précisé qu’il est lent à la colère. « Yahvé visite les peuples pour les punir, les éprouver ou leur faire du bien », « l’épée de Yahvé est pleine de sang ». Matthieu citant le Christ rapporte qu’il a dit « je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive ». Tant dans l’Ancien Testament que dans le nouveau, je comprends que Dieu s’intéresse surtout au peuple élu, les juifs des douze tribus d’Israël. Par exemple : Dieu a aidé à la conquête sanglante de
  • 13. Dieu, y es-tu ? 12/68 Canaan durant laquelle les autochtones ont été ou massacrés ou réduits en esclavage ; Dieu s’en est pris à Tyr, pays d’incirconcis qui était contre Babylone, avait abandonné Jérusalem et s’était réjoui de sa chute ; Jésus cité par Matthieu aurait dit « je n’ai été envoyé que pour les brebis perdues d’Israël ». C’est, semble-t-il, Paul qui s’intéresse aux non-juifs et va leur prêcher la bonne parole, mais dans l’Apocalypse de Jean seront sauvés ceux qui sont marqués du sceau de Dieu soit 144 000 personnes, et précisément 12 000 par tribu (12 000 x 12 tribus d’Israël =144 000). Relation de Dieu et des hommes Notre relation avec Dieu commence mal, car il nous a condamnés à naître impurs, à mourir ..., c’est la conséquence d’une punition collective à la suite de la faute d’Adam et Ève. Nous sommes tous coupables, mais nous pouvons être sauvés, obtenir la vie éternelle ... si nous avons la foi. Il n’est pas nécessaire de comprendre, l’important c’est la foi. Tout le bien vient de Dieu, tout le mal vient de nous : mea culpa, mea maxima culpa. Il faut comprendre que Dieu est bon, mais il peut te mettre à l’épreuve et t’en faire baver. Dans l’Ancien Testament, Dieu fait un tas d’interventions, souvent terribles, pour montrer aux hommes qu’il est Dieu. Il peut aussi te mettre des choses dans l’esprit pour te pousser au bien ou au mal. Dans le Nouveau Testament, il est écrit : « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde ». Jésus dit « nul ne peut venir à moi, si le père qui m’a envoyé ne l’attire ». Enfin, de façon constante dans l’Ancien et le Nouveau Testament, il est écrit que la sagesse se résume à la crainte de Dieu. Pierre dit « celui qui le craint et pratique la justice lui est agréable ». Enfin, il est recommandé de suivre « le discours des sages, c’est d’eux que tu apprendras à servir les grands ». Que devons-nous faire ? La Bible comporte beaucoup d’histoires édifiantes qui se résument à : tu suis Yahvé sinon tu auras des problèmes. Il est recommandé de chercher la justice, l’humilité … et peut-être serons-nous à l’abri au jour de la colère de Yahvé. Dans le Pater, la partie « ne nous soumets pas à la tentation » qui a été corrigée récemment est pourtant bien dans l’esprit de l’Ancien Testament. C’est d’après nos paroles que nous serons justifiés ou condamnés (quid des actes ?). Seule la foi sauve. Celui qui aura tenu bon jusqu’au bout sera sauvé. Celui qui croira sera sauvé, celui qui ne croira pas ne sera pas sauvé (quid des actes ?). Il nous est recommandé de nous abandonner à la providence (??). Pour Paul, les païens convertis n’ont pas besoin de suivre toutes les lois, les rites des juifs, dont la circoncision ; la pratique des lois ne justifiera personne, seule la foi compte. Enfin, tu ne seras pas fêté si tu t’es échiné à bien faire ; la fête c’est pour le fils prodige, car « doit-on avoir gré au serviteur d’avoir fait ce qui est prescrit ? ». Au-delà de la crainte recommandée, il y a des consignes L’Ancien Testament, d’après les experts, contient 613 lois, dont la moitié sont dans le Lévitique qui est structuré en quatre chapitres (1 - rituels et sacrifices, 2 - investiture des prêtres, 3 - règles relatives au pur et l’impur : animaux, contacts impurs, maladie …, 4 - lois de sainteté : immolation & sacrifices, adultères … le grand prêtre ne peut épouser qu’une vierge pas une veuve …). Par ailleurs, j’ai constaté que dans le Pentateuque, les 10 commandements sont cités deux fois et expédiés à chaque fois en une demi-page, alors que tout ce qui concerne les prêtres (services, habits, repas sacrés, impôts …) fait l’objet de long développement.
  • 14. Dieu, y es-tu ? 13/68 Si l’Ancien Testament contient de nombreuses lois, dont les dix commandements, le Nouveau Testament en apporte d’autres dont en particulier le « tu aimeras ton prochain comme toi-même », dont l’esprit est remarquable, mais qui met la barre haute, ou le fait qu’il faut se séparer de tout (biens, personnes y compris ses parents) selon l’évangile de Luc, ce qui est particulièrement inhumain pour ce qui concerne les parents/frères/sœurs. Ces deux extrêmes sont étonnants. Sauf erreur de ma part, le Nouveau Testament ne contient pas d’interdits alimentaires, ni de fêtes, ni de carêmes … toutes choses qui ont dû être ajoutées par la suite pour animer/maîtriser le troupeau et commémorer la vie du Christ tout au long de l’année (naissance … ascension). Ces rites de création « récente » sont acceptables au XXIe siècle, au contraire de ceux de l’Ancien Testament qui sont « d’époque » avec sacrifices d’animaux, statut des femmes & des concubines, esclaves … Dans le code Deutéronomique par exemple, il y a l’étonnant statut de la captive (cela doit dater de la conquête de Canaan). Comment traiter la captive : d’abord, on lui rase les cheveux, on la laisse pleurer pendant un mois, puis on peut la prendre pour femme, mais si ou bout d’un certain temps on n’en veut plus, on peut lui rendre sa liberté, mais on n’a pas le droit de la vendre (si on ne la pas prise pour femme on peut la vendre). Les testaments concernent qui ? Pour ce qui est de l’Ancien Testament, il n’y a aucun doute, il concerne les juifs, les circoncis (peuple élu, alliance …). On peut s’étonner que le créateur, s’il existe, ait privilégié un petit peuple de nomades (cf. le recensement de Moïse dans le livre « Les Nombres » de 603 550 hommes de 20 ans et plus, hors Lévites et leur tribu patriarcale, soit probablement ~3 millions au total), alors que la terre compte ~160 millions d’habitants à cette époque (-1200 av. J.-C.). Pour le Nouveau Testament, c’est moins évident. Certes, Paul a prêché l’universalité du message du Christ et dit que les païens, les incirconcis sont concernés, mais il dit aussi que lors de sa traversée de l’Asie Mineure, « il parcourut la Phrygie et le territoire galate, le Saint-Esprit l’ayant empêché d’annoncer la bonne parole en Asie ». Il dit aussi dans l’Épître aux Romains « Israël demeure le peuple élu ». En fait hors Paul, tout pointe plutôt vers les juifs. Luc rapporte que le Christ a promis comme récompense aux apôtres « vous mangerez et boirez à ma table en mon royaume, et vous siégerez sur des trônes, pour juger les douze tribus d’Israël ». Enfin, la nouvelle Jérusalem messianique de l’apocalypse fait référence aux douze tribus d’Israël. De la crucifixion Le Christ se distingue en expliquant particulièrement bien les écritures, ces prêches attirent beaucoup de monde, il y a beaucoup de guérisons, de miracles … de faits magiques (multiplication des pains, marche sur l’eau …), enfin il est crucifié et ressuscite. Cependant, il n’est peut-être pas si clair que cela puisqu’il s’étonne lui-même que les apôtres parfois ne comprennent pas, il leur dit même « vous avez l’esprit bouché ». Mais la doctrine frappe les esprits et on relate en exemple la conversion d’un proconsul, pour montrer que des instruits aussi étaient séduits. La passion est évidemment l’événement le plus fort. Dieu a envoyé son fils et ce dernier se sacrifie pour sauver le monde. Cependant pour moi la crucifixion est dans la lignée de l’Ancien Testament et de ces nombreux sacrifices d’animaux pour complaire à Dieu et de même que l’on mangeait une partie des animaux sacrifiés, on mange le Christ avec l’eucharistie. C’est la même logique de sacrifice à Dieu.
  • 15. Dieu, y es-tu ? 14/68 En fin de compte, les bonnes paroles du Christ sont largement dépassées par la violence de l’événement, j’ai l’impression que la foi se fonde plus sur la folie du message de la crucifixion que sur la morale proposée. Morale/Éthique Morale et éthique viennent de deux mots, l’un latin, l’autre Grec qui signifie à peu près la même chose (les mœurs, les caractères, les façons de vivre et d’agir). La morale qui se veut une règle impérative de conduite, s’intéresse à ce que l’on doit faire en distinguant le bien et le mal, alors que l’éthique, cherche à définir une norme de ce qu’il serait bon de faire, distingue les bonnes conduites souhaitables, des mauvaises. Toutes les sociétés décrètent des obligations, des interdits et promeuvent des valeurs. Suivant les lieux, les époques, les obligations et les interdits peuvent être différents. Cependant, les valeurs humaines sont, semble-t-il, plus universelles : sincérité plutôt que mensonge, générosité plutôt qu’égoïsme, courage plutôt que lâcheté, honnêteté plutôt que malhonnêteté, douceur/compatissance/amour plutôt que violence, cruauté, haine … Il s’agit de normes que l’humanité, par expérience, a sélectionnées parce qu’elles sont favorables à la vie en société, au développement du groupe … et que des choix inverses (mensonge … vol … meurtre … haine …) seraient invivables. Toutes les religions définissent leur morale, leurs obligations, leurs interdits. La bible contient donc tout cela. Cependant, je note que l’Ancien et le Nouveau Testament ne sont pas toujours en phase, par exemple : loi du Talion / pardon des offenses … la circoncision, de nombreux rites, des interdits alimentaires sont spécifiques à l’Ancien Testament … le Nouveau Testament n’impose rien dans ces domaines … Prêtres Dans l’Ancien Testament, de nombreuses pages sont consacrés aux « prêtres », détaillant leurs prérogatives, les rites, les habits et accessoires. Nul doute que leur statut leur donne du pouvoir dans la communauté. Pouvoir spirituel, mais aussi temporel et ceux à toutes les époques. Le temple de Jérusalem au temps de Josias était un lieu de perception et de conservation des impôts. En prenant exemple avec la religion catholique, je constate que le prêtre de base est très tourné vers le spirituel, que sa hiérarchie s’occupe aussi de temporel et s’éloigne aussi souvent beaucoup de ses missions. Les papes qui ont eu des enfants sont nombreux, sans parler des grands politiques comme en France Richelieu. La religion a d’abord été instrumentalisée par les prêtres avant d’être récupérée par les dirigeants comme Constantin par exemple qui y ont vu l’outil idéal de soumission.
  • 16. Dieu, y es-tu ? 15/68 La vérité serait dans les écritures Les religions poussent l’idée qu’elles détiennent la vérité, et pour celles qui ont un « LIVRE » que la vérité est dans ce livre. Par exemple dans les Actes des Apôtres il est dit qu’un proconsul, c’est-à-dire une personne instruite, embrasse la foi parce qu’il est vivement frappé par la doctrine, les écritures démontrant que Jésus est le christ. Les écritures fixent des règles, il paraît que l’Ancien Testament contient 613 lois, mais si d’une part on se relie aux traditions juives de l’Ancien Testament, d’autre part on s’en différencie et il est dit en plusieurs endroits que le chrétien n’a pas à suivre la loi juive. Cependant, il est dit aussi que le Christ n’est pas venu abolir la loi, mais la parfaire. Si les juifs ont des interdits alimentaires, il n’y en a pas dans le Nouveau Testament, ni carême, ni … Dans le Coran tous les textes n’ont pas le même niveau de vérité il existe la notion de versets abrogés par un verset plus exigeant. Par exemple, il est dit dans différents versets : 1° le vin apporte du bon et du mauvais, mais le mauvais l’emporte. 2° il est interdit d’être saoul quand on doit prier. 3° il faut s’éloigner du vin. Au départ, il existait différentes versions du Coran, puis on a fixé un texte, puis les sunnites ont voulu qu’on le prenne de façon littérale. Le Coran est dit incréé et donc intouchable. On notera au passage que Mahomet n’a pas fixé de rites, ils sont venus après. Les textes détiendraient la vérité, mais celle -ci ne serait donc pas toujours si évidente (4 évangiles et versions plurielles de la foi, versets abrogés …). D’ailleurs pour les Juifs, les textes ne se lisent pas, ils s’étudient et s’interprètent, pour ouvrir sa pensée et s’interpréter nous-mêmes. Il y a d’ailleurs la Tora écrite / orale, le Talmud qui est un ensemble de nombreux commentaires et de synthèses. Le XXIe siècle verra-t-il la fin de la puissance des livres ? Résisteront-ils au monde numérique, au partage de connaissances, à l’accès analytique assisté aux textes religieux qui permettent de traquer la « vérité » ? Quid de l’apport des consignes de la bible à la société La bible contient des consignes qui n’ont pas toutes le même intérêt, certaines sont positives à suivre comme règles de conduite pour les hommes, pour la vie en société, d’autres sont négatives et certaines interrogent (???). Par exemple : • Positif : Aimer ses frères comme soi-même • Négatif : Mea culpa (toutes les fautes viennent des hommes) • ??? : résurrection des morts • Positif : Universalité (la religion est pour tout le monde) • Positif : Pardonner, mais négatif tendre l’autre joue • ??? : L’homme à l’image de Dieu • Positif : les 10 commandements, mais ils sont un peu justes si on les compare aux codex mésopotamiens d’Ur-Nammu (-2100), de Lipit-Ishtar (-1930) d’Hammurabi (-1750, visible au Louvre, 282 articles) • Positif : Contre-pouvoir des religieux à la loi du plus fort • Négatif : Guerres (croisades, djihads, colonisations chrétiennes ou musulmanes, destructions de cultures …) • Négatif : Religion et savoir (les religions ont été un frein, cf. la condamnation de Galilée)
  • 17. Dieu, y es-tu ? 16/68 4 - Bible : remarque sur la forme Remarque générale sur la forme La Bible est un ensemble de textes narratifs, qui racontent des histoires écrites par un grand nombre d’auteurs différents, histoires qui ont été sélectionnées au fil du temps pour former un ensemble. En ce qui concerne le Nouveau Testament, la première liste complète des 27 livres, ne date que de 367, même si l’essentiel des livres faisait déjà l’objet d’un consensus bien avant. Les premiers textes de la Bible sont très anciens et par rapport à notre ère dateraient de -1250 ans et les plus récents du premier siècle. Ces textes à l’origine ont été écrits dans différentes langues et ont fait l’objet de nombreuses traductions, ce qui crée de l’incertitude et nécessite parfois de prendre des distances. Ainsi, quand il y a des propositions moralement curieuses, alors on a en note la remarque que « la traduction est incertaine ». Mais la traduction est bonne pour « Fais travailler ton esclave, tu trouveras le repos », « Ne parais pas devant le seigneur les mains vides », « Une femme accepte n’importe quel mari », « Pourquoi se révolter contre le bon plaisir du Très-Haut ». Moïse aurait écrit le Pentateuque : Genèse, Exode, Lévitique …, mais au-delà du fait que le dernier chapitre décrit sa mort, les experts nous disent aujourd’hui que ce texte a été composé à partir de quatre sources différentes, ce qui explique bien des variations, des versions différentes …. Par exemple : Dieu a de nombreux noms différents selon les textes, dont Shaddaï & Yahvé, ce dernier nom n’apparaissant jamais dans les textes antérieurs à -800 ; le Dieu des textes les plus anciens a des rivaux, puis au fil du temps il est le plus grand des dieux, pour finir par être le seul Dieu ; il existe deux versions de la création de l’homme et de la femme, dans l’une mâle et femelle furent créés à la fois, dans l’autre la femme est créée à partir d’une côte de l’homme. Remarque particulière sur la naissance de Moïse copiée sur celle de Sargon L’histoire de Moïse, bébé « sauvé des eaux » – c’est ce que son nom signifie –, semble s’être inspirée de celle de Sargon d’Akkad (personnage historique incontestable) qui a régné entre -2335 et -2279, bien avant l’existence présumée de Moïse (l’exode est généralement situé entre -1250 et -1230). Sargon fut un grand roi qui a fait l’objet de nombreuses légendes, dont celle concernant sa naissance, qui est aujourd’hui consultable au Musée du Louvre, sur trois tablettes trouvées à Ninive. Les textes concernant Sargon et Moïse ont tellement de similitudes qu’il est probable que l’un soit un plagiat de l’autre, ou que les deux aient été influencés par une source commune. Dans les deux récits, on retrouve : • Un enfant aux humbles origines (C’est mieux perçu là où la majorité de la population est pauvre. La population peut plus facilement s’identifier à son ascension) • Une mère qui craint pour la vie de son enfant • Un enfant envoyé sur un fleuve dans un panier de roseaux enduit de bitume • Un enfant recueilli et adopté (l’adoption de Sargon légitime sa royauté tandis que celle de Moïse l’introduit dans la cour du roi égyptien) • L’enfant ne connaît pas son père • Il est destiné à un avenir prometteur : devenir un grand leader • Le crédit est donné à un dieu.
  • 18. Dieu, y es-tu ? 17/68 En conclusion, je suis de ceux qui pensent que les scribes judéens ont construit la figure de Moïse à l’image du fondateur de la dynastie assyrienne. Les auteurs de la bible Les auteurs de tous ces textes sont des hommes, il n’y a aucune femme, certains disent parler au nom de Dieu (Isaïe dit le seigneur m’a donné une langue de disciple) ou rapporter les paroles du fils de Dieu (les apôtres). Des textes sont reconnus par les chrétiens comme inspirés, les livres des Maccabées par exemple, même si on a du mal à voir ce qu’ils apportent en matière de moral ou de foi. Des auteurs ont des orientations politiques spécifiques à leur temps, dont on a du mal à comprendre en quoi elles nous concernent, par exemple Jérémie et Ezéchiel sont pro-Babylone (inclinez votre nuque et servez le roi de Babylone), le grand état qui a asservi les juifs qui seront libérés par les Perses, à la chute de Babylone. Au fil du temps, les auteurs prennent des distances avec les premiers textes. Par exemple, les premières descriptions, de la conquête de la terre promise, citent ouvertement le passage au fil de l’épée des habitants des villes conquises, revendiquant que l’on peut tout faire au nom de Dieu. Puis un autre texte de la Bible dit que c’est Dieu qui les a exterminés devant les israélites le peuple élu. Ce sont les premiers chrétiens qui ont conçu la bible en sélectionnant des textes pour créer quelque chose d’harmonieux et exclure le surnaturel de type magique, nous disent les experts. Les manuscrits de la mer morte, dont certains sont de -200 avant notre ère, nous montrent une diversité de textes, de versions, où par exemple Yahvé n’aurait pas toujours été célibataire et il aurait eu des fils. En fin de compte, je comprends que la bible a été créée à partir de nombreux textes différents, écrits, réécrits, traduits, calibrés avec des visions théologiques, des visions de communication … L’ordre de rédaction du Nouveau Testament (Marc, Matthieu, Luc) va du plus simple au plus littéraire avec ajout d’éléments théologiques, les textes se recoupent, se complètent et certains éléments figurent dans les manuscrits de la mer morte pourtant très antérieurs, les experts imaginent des sources aujourd’hui disparues ayant inspiré les apôtres. Les textes d’un point de vue littéraire Les textes de l’Ancien et du Nouveau Testament sont des narrations qui d’un point de vue littéraire peuvent être assimilées, selon les cas, à des contes, de l’histoire romancée, de la propagande … avec beaucoup de faits brutaux relatés (meurtres, batailles, massacres), des visions fantastiques ou horrifiques. Certains experts ont parlé d’une littérature de diaspora avec la saga qui va d’Abraham à Joseph en 42 générations ; pour moi : • Les discours sur la création ou l’arche de Noé sont de jolis contes, qui sont analogues à l’Épopée de Gilgamesh, l’une des œuvres littéraires les plus anciennes de l’humanité, dont la première version connue a été rédigée à Babylone au XVIIIe siècle avant notre ère • Les plaies, la sortie d’Égypte, la conquête de Canaan … c’est de l’histoire romancée • Les grandes batailles rangées où Dieu intervient pour la victoire sont la relation de guerres souvent très violentes, avec lors de la conquête de la terre promise, la prise de nombreuses villes qui amène : à passer au fil de l’épée les hommes, les femmes et les enfants, mais à préserver le gros et le petit bétail • La vision du char de Yahvé décrite par Ezéchiel, tous les archanges et les anges que l’on retrouve régulièrement relèvent du genre fantastique où dominent des éléments surnaturels
  • 19. Dieu, y es-tu ? 18/68 • La mort de Razis qui s’arrache lui-même ses entrailles, la prophétie contre Gog où les vainqueurs seront invités par Yahvé à manger la chair des héros, et l’Apocalypse de Jean, relèvent du genre littéraire de l’horreur • L’avènement du roi juste est un summum de promesses politiques décrivant un temps où : mourir à 100 ans sera mourir jeune, le loup et l’agnelet paîtront ensemble … Autres remarques sur les textes Très souvent, les textes disent que certains faits sont les réalisations de prophéties, mais on ne retrouve pas les prophéties en question avec les moteurs de recherches par mots clés. D’autre part, certains moments importants de la vie de Jésus sont décrits de façon différente dans les quatre évangiles, ce qui n’est pas fondamentalement étrange puisqu’il y a quatre témoignages. Cependant par exemple, le chemin de croix, tel qu’on l’a dans les églises avec ses nombreuses stations, semble en partie inventé, car on ne retrouve de loin pas tous les éléments dans les évangiles. Parmi les moments clés qui me posent aussi des problèmes, il y a l’arrestation, la condamnation et la mort où pour ce dernier événement par exemple, Jean est le seul à nous parler de la présence de Marie et du coup de lance. Si les textes sont normalement influencés par le contexte des époques où ils ont été écrits, ce qui explique la piètre place de la femme, la pratique de l’esclavage, les sacrifices des animaux pour plaire aux dieux (Shaddaï, Yahvé …) … ; les libertés prises avec l’histoire ou la géographie sont plus étonnantes. Il faudrait aussi parler : des exagérations quantitatives (ex. des batailles opposant 400 000 hommes à 800 000 hommes avec 500 000 morts, à comparer à Qadesh où les Égyptiens sont 20 000 & les Hittites 50 000) ; de la réécriture de l’histoire comme pour Ezéchias et Sennachérib dans les chroniques ; de l’oracle d’Ezéchiel contre l’Égypte qui n’a rien à voir avec la réalité (cf. Ahmosis II) ; d’Hérode le grand qui mort en -4 n’a pu ordonner le massacre des Innocents, ce qui a amené Voltaire à le contester ; de l’annonce de la fin du monde moult fois répétée « cette génération ne passera pas que tout soit arrivé ».
  • 20. Dieu, y es-tu ? 19/68 5 - Synthèse de ce que je pense de Dieu & des religions Dieu est une invention utile Dans le monde une très large majorité de personnes sont adeptes d’une religion, ceci depuis la nuit des temps, et de nouveaux avatars religieux naissent régulièrement. Les religions semblent répondre à un besoin né des questions, des angoisses des hommes face à l’univers, à la vie en général, à leur origine, à leur destinée mortelle, au sens de tout cela et en particulier de leur vie. Alors face à ce besoin ils ont inventé des réponses, des histoires et en particulier ils ont inventé des êtres extraordinaires aux pouvoirs infinis, les dieux qu'il faut craindre et adorer. Les religions ont eu et ont encore du succès, car elles sont bénéfiques aux croyants qui ont la foi ou que cela arrange d’y croire. Dans son livre « Le Celte », Mario Vargas Llosa fait dire à son héros des remarques qui me semblent très révélatrices même si elles n’épuisent pas le sujet : « Notre religion (la religion catholique) est surtout faite pour ceux qui souffrent. Les humiliés, les affamés, les vaincus. C’est cette foi qui nous empêche de nous désintégrer ». « Au sujet de Dieu, il faut croire, et non raisonner. Si on raisonne, Dieu part en fumée comme une bouffée de cigarette ». Les religions sont instrumentalisées par des manipulateurs Non seulement les religions sont utiles aux croyants, mais aussi aux élites qui les instrumentalisent. Fortes de leurs vérités, les religions ont autorité sur le croyant et prônent la soumission, le respect des responsables, des dirigeants : rends à César ce qui est à César, dit la Bible. Pour le Coran, l’homme est au plus près de Dieu quand dans la prière il a le nez à terre en signe de soumission. La voie du Taoïsme consiste au lâcher-prise, au refus de l’excès de vouloir. Conditionnés par les religions, les hommes deviennent des moutons que le bon berger peut conduire, peut manipuler. Au-delà de l’instrumentalisation des peurs, des désarrois, les religions créent des communautés qui entre autres sécurisent les individus et permettent de mobiliser les hommes pour de grandes réalisations collectives. Si les constructions de cathédrales, de mosquées … peuvent être vues comme des aventures collectives bénéfiques, les guerres de religion, les croisades, les djihads … les conversions forcées au catholicisme ou à l’islam par exemple sont des crimes contre l’humanité. Les Écritures saintes sont des fables Pour le croyant, la vérité est dans les Écritures saintes, et peu importe le grand décalage entre les vérités des textes et celles des scientifiques en général, des historiens ou des archéologues en particulier. Lors d’un débat sur le célibat des prêtres catholiques, Benoît XVI a fait valoir que le célibat avait ses racines dans l’Ancien Testament. Cependant, il ne faut sans doute pas prendre les textes au pied de la lettre (création, déluge, Noé … passage de la mer Rouge …), ni les juger à l’aune d’aujourd’hui, car à ce jeu, Mahomet pourrait être accusé de pédophilie, à 52 ans il épouse Aïcha qui a 6 ans et a des relations sexuelles avec elle 3 ans plus tard. Quand on lit les textes sacrés, il faut bien prendre en compte le contexte de leurs auteurs, autres temps, autres mœurs. Les textes disent que Dieu a créé l’homme à son image, la réalité est plutôt que l’homme a inventé des dieux à son image du fait de son incapacité à imaginer autre chose. Dès lors, les dieux imaginés ont beaucoup de caractéristiques humaines comme la colère par exemple, la bible dit « Dieu est en colère après les païens ». Il est en colère parce que tous les hommes ne croient pas alors que « la voix des
  • 21. Dieu, y es-tu ? 20/68 prédicateurs a retenti partout dans le monde ». On notera qu’à l’époque de Saint Paul il y a 250 millions d’habitants sur terre et que seul un infime pourcentage a été en contact avec un prédicateur chrétien. Les rites religieux sont archaïques et parfois barbares Comme les religions se sont construites dans le temps, elles gardent des traces de comportements archaïques comme les sacrifices d’animaux dans l’Islam. Dans la même ligne, la passion du christ consiste à répéter les sacrifices des animaux du passé, mais avec le fils de dieu, et de même que l’on mangeait une partie des animaux sacrifiés, on mange le christ avec l’eucharistie. On est bien dans une logique de sacrifice à dieu. Si l’Ancien Testament contient de nombreuses lois, il est intéressant de noter que ni Jésus ni Mahomet n’ont établi tous les rites qui sont imposés aux croyants, rites qui ont été créés pour contrôler le troupeau au profit des religieux, des rois qui se trouvent facilement des ascendances divines, des onctions divines permettant d’asseoir leur pouvoir. Le bon peuple lui doit porter à perpétuité la faute originelle de ses ancêtres Adam et Ève. Dieu, né du désir des sages (cf. Le Véda), dois rester une affaire privée Enfin, j’ai bien conscience qu’il est facile de discourir de l’existence ou non d’un Dieu quand on est confortablement installé chez soi, quand on a toujours été dans le confort, on aborde différemment les questions existentielles, privilégiant Woody Allen « La vie est une maladie mortelle, sexuellement transmissible », aux Écritures saintes qui veulent vous faire porter la faute d’hypothétiques ancêtres. Finalement, je pense que les croyances relèvent de la vie privée et n’ont pas à interférer dans la société, ni surtout générer des guerres.
  • 22. Dieu, y es-tu ? 21/68 Annexe 1 – Tableau des religions
  • 23. Dieu, y es-tu ? 22/68 Annexe 2 – Expansion des religions par les routes de la soie
  • 24. Dieu, y es-tu ? 23/68 Annexe 3 - Table générale de la bible La bible se compose de deux grandes parties : 1° - L’Ancien Testament (78% de la Bible) : • Le pentateuque (15% - Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome) o La création et la chute, Le déluge, Noé, Abraham, Sodome et Gomorrhe, Isaac et Jacob, Joseph o L’Exode, Moïse, Les plaies d’Égypte, Le passage de la mer des roseaux, La marche au désert o L’alliance au Sinaï, Le Lévitique, Etapes au désert, Le code Deutéronomique • Les livres Historiques (23%) o La terre promise, Jéricho, Dalila, Booz épouse Ruth, Généalogie de David o David, Goliath, Le jugement de Salomon, Judith et d’Holopherne • Les livres poétiques et sapientiaux (23%) • Les livres prophétiques (19%) 2° - Le Nouveau Testament (22% de la Bible) : • Les évangiles synoptiques : Matthieu, Marc, Luc • L’évangile et les épîtres de Jean • Epitres de Paul • Epitres catholiques • Apocalypse de Jean
  • 25. Dieu, y es-tu ? 24/68 Annexe 4 – Quelques dessins humoristiques Pour le Véda : Dieu nait du désir des sages
  • 26. Dieu, y es-tu ? 25/68 Le christianisme est un chef d’œuvre de marketing et de management « L’imagination ne sait pas inventer, c’est l’action qui invente » Alain.
  • 27. Dieu, y es-tu ? 26/68 Introduction Après avoir lu la bible et fait quelques recherches sur le thème des religions, j’ai écrit mon fascicule intitulé « Dieu est une invention instrumentalisée par des manipulateurs ». Compte tenu du sentiment que j’avais eu à la lecture de la bible, j’étais interloqué par le succès du christianisme, et j’ai voulu comprendre. J’ai donc creusé ma connaissance du Christ et lu « La vie de Jésus » de Renan, ainsi que d’autres textes. Il en ressort que les évangiles sont des légendes et que finalement je n’ai pas trouvé de réponse à mes interrogations sur le succès du christianisme. Dès lors, je me suis intéressé aux premiers chrétiens qui ont lancé le christianisme et à l’église qui a inventé la religion chrétienne. Pour cela, je me suis documenté dans deux directions, sur les premiers chrétiens et sur l’Empire romain. Concrètement, j’ai vu une dizaine de films d’Arte sur l’origine du christianisme, lu la première partie d'« Histoire générale du christianisme », partie consacrée aux sept premiers siècles, lu « Infographie de la Rome antique », lu le Ch15 d'« Histoire et décadence de l’Empire romain », consacré aux causes de l’accroissement du christianisme et fait de nombreuses recherches ponctuelles d'affinage ou de recoupement sur internet. Les pages qui suivent sont une synthèse structurée de mes notes prises tout au long de mes lectures et recherches, elles couvrent les six premiers siècles du christianisme. 0. Vie de Jésus - p27 1. Religions dans l’Empire romain – p28 2. Disciples de Jésus – p29 3. Premiers chrétiens – p30 4. Premières églises – p31 5. Textes saints – p32 6. Querelles théologiques – p33 7. Luttes de pouvoirs – p34 8. Barbares et christianisme – p35 9. Évêques et organisation de l’église – p36 10. Christianisation de la société – p37 11. Étapes du développement du christianisme – p38 12. Raisons du succès du christianisme – p39 Annexes 1 - L’Empire romain à la mort de Constantin - L’évolution du christianisme – p41 2 - Les invasions barbares - l’organisation de l’église à l’époque de Justinien – p42 3 – Le développement du christianisme en résumé – p43
  • 28. Dieu, y es-tu ? 27/68 0 – Vie de Jésus Le christianisme démarre avec Jésus. Il se développe grâce aux apôtres, avec en particulier Paul qui l’oriente fortement, grâce aux premiers chrétiens et surtout à l’église qui adaptera ou inventera la plupart des dogmes ou des pratiques. Donc tout commence avec Jésus qui est pris pour le messie des Juifs, ce que l’immense majorité de ces derniers ne reconnaîtront pas, car il ne correspond pas aux attentes, notamment avec sa mort sur la croix. L’une des grandes questions qui animeront le monde chrétien des premiers temps est celle de la nature du Christ. Est-il un dieu, un homme, l’un ou l’autre, les deux à la fois, de même nature/niveau que Dieu le père ou subordonné … ? Lui-même ne s’est jamais dit dieu, mais fils de Dieu, ce qui n’éclaire pas totalement le sujet. L’église au concile de Chalcédoine en 451 a opté pour le trithéisme (père/fils/Saint- Esprit) avec Jésus vrai dieu et vrai homme (les ariens, les monophysites … sont sur une autre ligne). Jésus est né à Nazareth quelques années avant l’an 1, il avait des frères, des sœurs dont il semble qu’il ait été l’aîné. Après sa mort, la communauté de ses fidèles comprend des membres de sa famille, sa mère et en particulier son frère Jacques. Ce dernier est largement cité dans les textes. Paul parle de Jacques, Marc parle d’un frère de Jésus, Jacques est pour Luc un personnage clé… Cependant finalement pour l’église Jésus n’a ni frère ni sœur et Marie a toujours été vierge. Jésus a peu fréquenté l’école et n’eut aucune connaissance de l’état du monde, il semble ignorer la Pax Romana. Il ne connut pas plus les sciences grecques qui excluent les forces surnaturelles et ne différait pas de ses compatriotes qui croyaient qu’en priant on peut changer la marche des nuages, de la maladie … Jésus n’attache jamais beaucoup d’importance aux événements politiques. C’était un charpentier. Aucun de ses disciples n’appartenait à une classe sociale élevée. La vie de Jésus ne s’écoule que dans le monde fermé du Judaïsme, mieux quasi uniquement en Galilée. L’entourage de Jésus, des gens simples, ignorants, croyant aux spectres, ayant une instruction juive fort incomplète. Jésus s’est révolté contre l’autorité paternelle, et sa famille ne semble pas l’avoir aimé, il est dur avec elle. Sa famille conteste sa mission divine, y compris sa mère. Ce n’est qu’après la mort de Jésus que sa mère s’attire une grande considération. Jésus à quelques égards est un anarchiste, il veut anéantir la richesse et pourquoi pas s’en emparer, intervertir les rangs, les derniers seront les premiers. Cependant, grâce à Jésus, les vies les plus abominables ont leur échappée sur un coin du ciel : vie simple et joyeuse, pas d’ascétisme, donner aux pauvres, c’est prêter à Dieu. Le royaume de Dieu appartient aux enfants, il faut devenir enfants pour y entrer. La bonne nouvelle / le paradis est un grand jardin où l’on vivrait bien. Jésus reconnaît la supériorité de Jean le baptiste tant qu’il est avec lui. Après la mort de Jean le baptiste, le mot d’ordre est la bonne nouvelle, l’annonce que le règne de Dieu est proche, que Dieu vengera ses saints. Pas d’influence grecque ou autre, sauf peut-être les principes d’Hillel et surtout les livres de l’Ancien Testament. Trois temps dans les prophéties de Jésus : 1° aphorismes empruntés, 2° belles prédications morales, 3° politique décidée (la loi sera abolie, c’est lui qui révélera le royaume de Dieu). Maximes empruntées : ne fait pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on fasse à toi-même et il allait à l’excès : joue droite/joue gauche, aimez vos ennemis, si ton œil est une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi, ne jugez pas vous ne serez pas jugé ... Intransigeance de Jésus : « qui n’est pas avec moi est contre moi ». Rapport de Jésus avec les païens et les samaritains : le prochain dans le judaïsme était surtout le coreligionnaire. Il est possible que Jésus ait varié sur ce point, les disciples ont peut-être fléchi les idées dans le sens des préjugés, des habitudes.
  • 29. Dieu, y es-tu ? 28/68 Toute l’antiquité, à l’exception des écoles scientifiques de la Grèce, admettait le miracle. Jésus professait qu’avec la foi et la prière l’homme a tout pouvoir sur la nature. Miracles : guérisons, expulsion des démons. Imposition des mains, onction d’huile … des pratiques très répandues dans l’Église primitive. Aucune trace d’une morale appliquée ni d’un droit coranique dans l’enseignement de Jésus (exception le mariage, il se prononce contre le divorce), nulle théologie, quelques vues indéterminées sur le Père/le fils/le Saint-Esprit. Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même et me suive (Luc XIV 33). Renan dit : finalement, l’évangile est devenu une utopie (célibat, pauvreté … et la famille, l’amitié, la patrie n’ont aucun sens) que bien peu s’inquiètent de réaliser. Deux règles : l’une médiocrement héroïque pour le commun, l’autre parfaite pour les exaltés. Ce que Jésus « exigeait » le plus impérativement, c’était la foi (Matth. VIII 10, mais on n’oublie pas que « nul ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire » Jean, VI 44). Rendez à César … marque la séparation du temporel et du spirituel (à chaque manipulateur, son domaine). Les discours prêtés à Jésus n’ont aucune authenticité. Son œuvre fut de créer un cercle de disciple, il s’est fait aimer et après sa mort on ne cesse de l’aimer, sa doctrine est très peu dogmatique, mais c’est un esprit nouveau, on adhère à Jésus en vue du royaume de Dieu. La philosophie ne suffit pas au grand nombre, il lui faut la sainteté. Jésus a annoncé le royaume et c’est l’église qui est venue. Jésus crucifié en avril 30, un trahit, un renie, les autres fuient, seules quelques femmes regardèrent de loin. Jésus n’a pas organisé sa succession, persuadé que le royaume arriverait tout de suite. La crucifixion et la résurrection surprennent, prennent à contre-pieds par rapport aux attentes vis-à-vis du messie. Jésus est ressuscité, il va revenir bientôt, Paul dit, nous le verrons revenir, il doit vaincre toutes les forces opposées. Jésus n’a pas pensé créer une nouvelle religion ! Jésus ne se s’est jamais déclaré dieu, seulement fils de Dieu (quid du trithéisme). Dieu carotte et bâton, un père indigne : si tu es sage je t’aimerais toujours, si tu désobéis tu y iras chez celui qui fait souffrir. Dieu justicier, mystérieux et obscur, tyrannique (carotte et bâton). Dieu peut-il demander aux hommes de pardonner à leurs ennemis et lui-même ne pas le faire (faites ce que je dis, pas ce que je fais) ? Dieu n’est que le miroir des préoccupations humaines. Dieu qui prêche le pardon des fautes, n’en donne pas l’exemple et nous demande d’être meilleur que lui (jugement enfer/vie éternelle, seul un petit nombre sera sauvé). Cependant, il y a la dédramatisation de la mort. 1 - Religions dans l’Empire romain La religion chrétienne naît en Palestine du temps de l’Empire romain, la crucifixion de Jésus a lieu le 7 avril 30 sur ordre de Ponce Pilate, gouverneur de Judée sous le règne de l’Empereur Tibère (14-37). Dans un premier temps, les chrétiens ne se distinguent pas vraiment des juifs et par exemple en 62 ces derniers ne les considèrent pas comme des schismatiques. À l’époque, 8% de la population de l’Empire est juive soit 6 à 7 millions, mais il existe différents judaïsmes : • Sadducéens = hommes du temple, se fondent sur la Torah et cherchent à convertir les païens, • Pharisiens = hommes des synagogues, se fondent sur la Torah et les Prophètes, ne cherchent pas les païens, • Esséniens = ils s’isolent, se fondent sur les mêmes textes, plus d’autres écrits et rejettent les païens, • Sicaires, Zélotes … tenants d’une solution violente contre Rome. La première mention des chrétiens par les Romains daterait de ~100 du temps de Trajan (98-117), à propos de persécutions de personnes refusant de pratiquer, reconnaître les cultes romains, dont ceux dus aux empereurs déifiés.
  • 30. Dieu, y es-tu ? 29/68 Dans l’Empire romain, il existait une pluralité de religions. Les Romains, en plus de leurs nombreuses divinités, admettaient l’existence de celles des autres, trouvaient des équivalences avec les leurs, et ont adopté de nombreux mythes des peuples qu’ils ont conquis. Chaque cité (2000 à 3000 citées dans l’Empire) pouvait avoir sa propre religion publique, ainsi que chaque famille (dieux du foyer, mânes des ancêtres : le père de famille en étant le prêtre) et chaque groupe privé (association, groupe professionnel, etc.). Seule l’adhésion à une association relevait d’une décision, pour les autres, les religions s’imposaient du fait de la naissance, de l’adoption, de l’obtention de la nationalité, de l’affranchissement. La religion de la ville de Rome s’appuyait sur le mythe de sa fondation et a évoluée, au début de la république elle se fonde sur la triade Jupiter, Minerve, Junon, cette dernière étant une adoption, car elle était historiquement la déesse tutélaire de la cité voisine de Veies. Les mythes des dieux romains sont largement inspirés de la mythologie grecque et à l’époque de l’Empire des correspondances sont établies (un syncrétisme) avec les divinités des peuples conquis (par exemple, le dieu gaulois Teutatès est assimilé à Mars). Parmi les dieux, il y avait des êtres d’exception qui avaient accédé à l’immortalité, ainsi des hommes étaient divinisés et avait droit à un culte, à des prêtres (cf. le mythe d’Hercule). Les empereurs morts, incinérés, devenaient des êtres divinisés. Dans l’Est de l’empire, les empereurs recevaient de leur vivant des honneurs équivalents aux dieux, sans être encore divinisés, dans l’Ouest, c’est leur génie, leur double divin qui recevait un culte. Pour les Romains, la puissance des dieux est inquiétante, il faut grâce au culte, aux rites, aux consultations divinatoires, vivre en bonne entente avec eux, rechercher la paix des dieux, leur protection, attirer leur appui (victoire, succès dans les entreprises). Le calendrier romain consacre 109 jours aux dieux, dont 61 de fêtes publiques (cérémonies avec sacrifices ou rites, consultations des dieux) ou de jeux. Par exemple, les Saturnales aux alentours du solstice d’hiver du 17 au 24 décembre. La religion pour les Romains, c’est de la diplomatie, beaucoup plus des rites que de la foi, elle ne se préoccupe pas non plus de consoler l’homme des malheurs qui lui arrive sur terre, elle ne fournit pas plus de réponses sur une possible survie après la mort. Ce n’est qu’au contact des peuples qui se posaient ces questions que les Romains vont s’en préoccuper, par exemple certains suivront ainsi le culte d'Isis ou de Mithra et plus tard le christianisme, qui promettent la résurrection à leurs adeptes. Polythéiste, la religion romaine était importante pour la cohésion de l’État qui de façon généralement tolérante déterminait si d’autres cultes étaient licites. Le judaïsme avait obtenu un statut de religion licite et même le droit de faire des offrandes pour Rome ou les empereurs à leur propre dieu. Au début, le christianisme fut interdit, notamment parce que les chrétiens refusaient de participer au culte de la religion romaine or la participation aux rites était une exigence de citoyenneté, d’implication dans la communauté, de plus ils se réclamaient d’un homme condamné à mort pour rébellion. 2 - Disciples de Jésus Jésus n’a pas fondé l’église, mais une forme de croyance du judaïsme avec quelques signes d’ouverture vers les païens. Le christ n’a pas été accepté par la majorité des juifs, car un Messie crucifié ce n’est pas ce qui était attendu dans l’Ancien Testament. Quand Jésus est crucifié, les disciples sont défaillants. Le groupe se reconstitue cependant après la résurrection qui fait l’objet de nombreuses relations différentes, et dans un premier temps ne convainc pas tout le monde (cf. Matthieu).
  • 31. Dieu, y es-tu ? 30/68 « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église » (Matthieu ch16). De quand date cette parole, est-elle vraiment de Jésus, si exact pourquoi Marc et Luc n’en parlent pas ? Pierre n’a pas eu un pouvoir particulier, mais Pierre est une figure symbolique. Dans le Ch18 de Matthieu, les apôtres sont désignés comme les continuateurs, successeurs de Jésus, cependant, à côté des disciples dont Pierre … et plus tard Paul, il y a la famille de Jésus dont son frère Jacques. La communauté qui se réfère à Jésus après sa mort se compose donc des disciples et de sa famille. On notera que les catholiques n’ont jamais reconnu que Jésus avait des frères et sœurs. Marie est restée vierge et immaculée. Marc (ch6) parle du fils de Marie (un enfant illégitime ? cf. littérature polémique juive, le père de Jésus serait un légionnaire romain du nom de Ben Panthera). Pour certains, ce sont des demi-frères, ils sont les enfants de Joseph déjà vieux quand il accueille Marie. Pour Jérôme, les frères sont les enfants d’une autre Marie, Jacques est donc un cousin. On joue aussi sur le langage, frère en Sémite signifie qu’on est de la même famille (cousin), alors qu’en grec il y a deux mots et frère est différent de cousin, les textes grecs parlent de frères. Paul (1° aux Corinthiens) et les actes donnent une figure différente de Jacques. Dans l’épître de Paul aux Galates (en 50) il y a une citation de Jacques. Dans l’évangile de Marc (fin des années 60) pas de Jacques, mais un frère de Jésus. Dans les Actes, Jacques est un personnage clé de la communauté de Jérusalem. À la disparition de Pierre de Palestine correspond la prise de pouvoir de Jacques (les actes ch12). Pourquoi Jacques a-t-il succédé à Pierre ? Pourquoi une autorité forte a-t-elle été donnée à quelqu’un qui ne faisait pas partie des 12 ? Jacques le juste, frère de Jésus, est un juif très pieux qui va au temple, est dans le judaïsme, est très conservateur ; l’épître de Jacques, montre qu’il n’est pas favorable aux gentils (païens convertis) ; c’est un ascète qui meurt à Jérusalem en 62 à cause d’un responsable juif qui craint son autorité. Au fur et à mesure du développement de l'église, Jacques est marginalisé, puis oublié, on lui fait perdre son identité, Jésus n’a pas de frère, Jacques est victime de la déjudaïsation de l’église. 3 - Premiers chrétiens (chrestos = partisan du messie) Les premiers disciples de Jésus se considèrent comme juifs, mais ils auront assez rapidement trois rites particuliers : baptême, imposition des mains qui donne l’esprit, fraction du pain. Parce que le royaume de Dieu est proche, que Jésus a dit « Je vous le dis en vérité, cette génération ne passera point, que tout cela n'arrive » (Matth. XXIV, 34), les premiers chrétiens se mettent à vivre en communauté pour porter la bonne parole et attendre ensemble le moment proche du jugement dernier. Il semblerait que ces premières communautés aient fonctionné comme des sectes « communisantes » avec mise en commun des biens, prédominance de la communauté sur l’individu, capacité de remettre les péchés, à exclure, préparation à la vie éternelle … La communauté est exigeante comme le montre l’épisode d’Ananie et Saphire qui seraient morts foudroyés par Dieu de n’avoir pas donné tout le produit de la vente d’un terrain - Actes des Apôtres (5. 1-11). Il y a aussi une attitude antifamiliale, du fait d’un suivi strict d’une assertion de Jésus « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » (Matth. X, 37) et un renoncement à la sexualité, à la reproduction qui n’a aucun sens avec l’arrivée imminente du royaume de Dieu. Au concile de 49, on décide de supprimer tout ce qui fait obstacle à la conversion des païens, personne n’est obligé de devenir juif pour être chrétien (en 52 les non juifs peuvent ne pas se faire circoncire). L’église s’affirme universelle (catholicos en grec signifie universel). Le christianisme se développe dans le monde romain, tolérant envers les cultes étrangers à condition de ne pas remettre en question la religion romaine. Le premier chrétien persécuté en 64, Étienne un diacre de Jérusalem l’a été, car il fut accusé de blasphème par le chef de la religion juive.
  • 32. Dieu, y es-tu ? 31/68 Pour les Romains juifs et chrétiens, c’est pareil. Cependant rapidement, les chrétiens refusent le culte impérial (IIe siècle), déclarent que les dieux romains sont de faux dieux, remettent en cause les inégalités de la société romaine. Des persécutions ont lieu périodiquement jusqu’en 313, souvent à cause de dénonciation comme à Lyon en 177. Au IIe et au début du IIIe, la religion chrétienne est même interdite par certains empereurs qui organisent des persécutions, alors que d’autres prennent des édits de tolérance. Le nombre de chrétiens reste très faible jusqu’à la fin du IIe siècle (0,40% de la population de l’Empire), au moment de l’édit de Tolérance de l’Empereur Gallien en 260, ils représentent 2%. Au début du IIIe ils sont ~10%, ce qui montre une forte croissance sur un siècle et que la politique de répression ne fonctionne pas, ce qui pousse Galère à autoriser le culte chrétien en 311. Puis avec par exemple l’édit de Tolérance de Constantin (Milan 313), l’interdiction des sacrifices païens (341), la fermeture des temples païens en Orient (356), le rejet du polythéisme comme religion d’État (382), les destructions de temples en Syrie, Égypte, Afrique (386), l’interdiction des cultes privés à Rome (391), la destruction des temples païens ruraux (399), le nombre de chrétiens dépasse les 50% dans la deuxième moitié du IIIe siècle et Théodose proclame le christianisme comme seule « Religion d’État ». On notera cependant que la progression des mesures favorables aux chrétiens n’a pas été aussi linéaire que décrite ci-dessus, il y eut aussi des édits demandant à tous de sacrifier aux dieux romains (249, 257), des persécutions (de 303 à 313), des tentatives de retour en arrière par exemple, l’édit de Daïa contre les chrétiens (312) ou le rétablissement du paganisme et les mesures contre les chrétiens en 361 par l’Empereur Julien que les chrétiens feront passer à la postérité sous le nom de Julien l’Apostat. 4 - Premières églises Pour les premiers chrétiens, Jésus ressuscité va revenir bientôt, Paul, dans l’Épître aux Thessaloniciens, dit "nous le verrons revenir", il croit qu’il sera encore vivant quand Jésus viendra établir le royaume de Dieu. 20 ans plus tard, il le dit encore aux Romains, puis quand il est en prison, il envisage que lui ne le verrait pas. Le temps passant, il faut s’installer dans la durée. Au lieu du royaume espéré, c’est l’église qui s’est installée. Les églises sont des communautés qui ont des pouvoirs pour annoncer la bonne nouvelle, relier les personnes, juger, exclure … À la fin du 1° siècle, il existe des communautés (surtout des juifs chrétiens qui professent Jésus), mais les églises ne s’organiseront vraiment comme un tout qu’au IVe siècle. On ignore comment les 1° communautés ont proliféré. Il existait des petits groupes (groupe = EKKLESIA en grec, le terme va s’imposer) qui ont la même foi, mais ne constituent pas une organisation structurée. Cependant en 100, Ignace d’Antioche décrit l’organisation des églises autour des évêques, des presbytères, et des diacres. L’objectif de l’organisation est de sauvegarder l’unité autour d’un seul chef de la communauté, l’évêque qui au départ est le surveillant des équipes, lui-même sous le contrôle de la communauté, sélectionné avec soin (mari d’une seule femme, sobre, pondéré, de bonne tenue, hospitalier, capable d’enseigner, ni buveur, ni batailleur, ni querelleur, ni cupide, mais doux). À partir du IIe et au IIIe on constate l’accroissement des pouvoirs de l’évêque, une concentration monarchique des pouvoirs versus un pouvoir collégial, il est chef, gestionnaire, recruteur … Élu par la communauté, en fait par l’élite, le peuple est simple témoin, puis au IVe il y a des interventions du pouvoir civil (parfois directement les empereurs), il est ratifié, élu par ses pairs. Finalement, l’empereur Justinien (527-565) impose que les évêques soient exclusivement recrutés chez les célibataires (notamment pour éviter les problèmes liés aux successions).
  • 33. Dieu, y es-tu ? 32/68 Le commerce a joué un grand rôle dans le développement du christianisme. Une église (une communauté par exemple : 155 hommes, 1500 veuves et des nécessiteux) c’est : une bibliothèque ; un entrepôt (tuniques, voiles, chaussures, ceintures …) ; une assistance aux pauvres (soupe populaire – comme cela existait chez les juifs et chez les Romains avec l’évergétisme = un riche qui fait profiter des pauvres de sa fortune) ; le soin des morts (fossoyeurs, cimetière communautaire, tombes pour attendre la résurrection) ; et un commerce, ce dernier sera finalement interdit en 345. 5 - Textes saints : la bible La Bible contient ~1,2 million de mots, et le message du christianisme a donc des caractéristiques de volume, de valeur, de véracité … qui le rend complexe à interpréter (nombreuses contradictions) et donc à comprendre. La Bible se compose de l’Ancien Testament, repris des juifs et du Nouveau Testament spécifique aux chrétiens. Ce dernier comprend 4 évangiles et les actes des apôtres. Au IIe siècle, il existe une cinquantaine de textes, une quinzaine « d’évangiles » dont celui de l’apôtre Thomas. Au début, chaque église a ses textes, et ses compromis locaux (pratiques, croyance …). Paul lui-même adapte ses discours à ses auditoires. La culture est surtout orale, avec des lectures à haute voix, des lettres aux églises pour lecture publique. La langue des 1° églises est le grec, puis il y a des traductions en latin (vieille Latine), syriaque, copte (150, 250). C’est Marcion (85-160) qui crée un 1° canon des écritures, mais dissident de la grande église, il ne sera pas retenu. Irénée de Lyon (130-202) dit que les 4 évangiles sont fidèles à la réalité et aux dits originaux. Le canon se fixe au IIe siècle, mais n’est définitivement adopté qu’au IVe, tous les textes non retenus dans le canon sont alors considérés comme apocryphe. La technique du codex (livre de feuilles de papyrus reliées) se développe, les chrétiens l’adoptent. Il existe même de toutes petites éditions d’évangile que l’on porte comme amulette. Comme on croyait le monde prêt de finir (cf. la bonne nouvelle du Royaume de Dieu qui est proche), on ne s’est pas soucié dans un premier temps de composer des livres pour l’avenir. Finalement, des apôtres, seul Thomas a écrit et ses textes n’ont pas été retenus pour le Nouveau Testament écrit par de nombreux auteurs qui au mieux sont des hommes qui ont vu un ou plusieurs hommes qui ont vu l’homme Jésus. On a donc une totale incertitude sur les rédacteurs des évangiles, et la conviction que de nombreuses retouches ont été faites, que tous les textes sont des recompositions. Quand on a deux récits d’un même fait, il est extrêmement rare qu’ils soient d’accord, et quand on en a qu’un, n’est-ce pas une raison de plus d’être perplexe. Les évangiles sont des biographies légendaires qui n’ont pas été écrites avec la participation d’une divinité, elles peuvent contenir de l’histoire, mais tout n’est pas historique, il est clair que les miracles racontés par les évangiles n’ont pas eu de réalité. Ces légendes ne sont pas nées toutes seules, on les a aidées à naître. Les actes des apôtres, par exemple, sont une œuvre de littérature, une démonstration, une reconstruction historique. Quand ce texte est écrit, il y a déjà rupture entre les différents courants des premiers chrétiens, mais les actes présentent la communauté unie, à la différence des évangiles où l’on insiste sur les aspects négatifs de la famille de Jésus, à l’exception de sa mère. Jean dit même que ses frères ne croyaient pas en lui. La théologie cherche à construire une unité, à faire des ponts entre différentes choses. Les actes, écrits en 80/90 soit ~30 ans plus tard que les épîtres de Paul, passent sous silence les épîtres (c’est étonnant) ainsi que les différences entre les courants (c’est moins étonnant). Les épîtres de Paul prennent des distances avec la loi juive, Luc (l’auteur des actes) dit que Paul est respectueux de la loi juive, car il cherche à enraciner Paul à Jérusalem et à judaïser ses propos. La bible est pleine d’obscurités et de contradictions, on peut lui faire dire ce que l’on veut. Elle dit même que Dieu demande aux hommes de pardonner à leurs ennemis, alors que lui-même ne le fait
  • 34. Dieu, y es-tu ? 33/68 pas (cf. l’enfer). Faites ce que je dis, pas ce que je fais. La Bible décrit un univers magique avec des forces obscures ou divines, très loin d’un univers rationnel avec des lois de la physique, de la biologie … C’est la foi face à la science, qui seule cherche la vérité pure. Enfin, on notera que l’annonce de la bonne nouvelle (évangile = bonne nouvelle en grec) a été tardive et limitée, l’homo sapiens existait depuis plus de 300 000 ans, mais elle prétend quand même que tout le monde va être jugé, alors que la bonne nouvelle n’a pas été diffusée à l’immense majorité des personnes vivant sur terre. 6 - Querelles théologiques Si l’on excepte Thomas, dont l’évangile n’a pas été retenu dans le canon, les apôtres n’ont laissé aucun écrit qui nous soit parvenu. Plus la communauté compte de gentils (des païens convertis) plus elle se déjudaïse (par exemple au niveau du manger, du shabbat) et la Torah est acceptée pour son éthique, mais pas toujours pour les pratiques. Il y a au début deux courants centrifuges, les Hébreux qui parlent araméen sont très attachés à la loi de Moïse, à la Torah, les Hellénistes des juifs libéraux (de culture helléniste - Égypte, Inde … - à l’époque, 15% de la population parlait grec) sont pour abolir le temple et la loi. Paul s’inscrit dans la ligne helléniste. Enfin, l’ensemble des premiers acteurs, y compris Paul, meurt avant la destruction du temple de Jérusalem en 70 (répression des Romains suite à la rébellion juive de 66), avant le développement du judaïsme rabbinique et la rédaction des actes des apôtres. Au IIe siècle, il existe 3 écoles de théologie en parallèle : Justin (apôtres), Valentin (helléniste), Marcion (paulinien). Marcion (85-160) qui s’appuie exclusivement sur Paul et un Nouveau Testament (sans Luc) met en lumière les contradictions entre Anciens Testaments et Jésus. Par exemple : œil pour œil, versus, si on te frappe une joue, tend l’autre. Il en déduit que Jésus n’est pas l’envoyé du dieu de la Torah. Des communautés marcionites se développeront jusqu’au IVe siècle où persécutées (pour les catholiques se sont des hérétiques) elles disparaîtront au Ve. Valentin se différencie principalement sur différents points : la résurrection charnelle est un leurre, le seul éveil qui vaille est celui de l’esprit, possible dès cette vie ; la chute originelle ne vient pas d’un péché, mais d’un désir de connaissance ; il faut s’initier aux mystères qui anticipent la vie future (méditation, éveil de l’esprit, connaissance). C’est une des formes du gnosticisme : la connaissance (gnosis) prolonge la foi (pistis). Il existera 80 versions différentes du gnosticisme rivalisant d’extravagances, apportant leurs réponses à d’où vient le mal, le salut dépend du savoir pas de la conduite, avec une grande variété de pratiques allant de l’ascèse à la grande licence. Pour répliquer aux gnostiques, la grande église a dû se constituer un Nouveau Testament (cf. le premier, celui de Muratori ~150) et marquer que la rédemption par la grâce est différente de la rédemption par la connaissance. La diversité au IIe siècle concerne aussi l’unité de Dieu, par exemple Jésus est-il un homme-dieu, un homme seulement, une apparence humaine seulement. Il est aujourd’hui difficile de connaître les théories de l’époque {dithéisme (père/fils) ; trithéisme (père/fils/Saint-Esprit) ; 1 seul sous deux noms}, car il ne reste que les réfutations de la grande église. Au IIIe siècle se développeront d’autres divergences avec les montanistes, les novatiens, les donatistes, les mélitiens et surtout en Mésopotamie, les manichéens. Mani (216 – 274/277), un ange lui est apparu et il s’est fait prophète comme Bouddha ou Zoroastre ... Il se dit apôtre de Jésus, développe un syncrétisme avec sa propre genèse. Soutenu par un empereur perse, il finira par être persécuté par les successeurs de celui-ci, et ses adeptes aussi dans l’Empire romain. Mais son mouvement a continué (cf. Saint-Augustin qui fut adepte de 373 à 382), il finit par disparaître dans le monde méditerranéen
  • 35. Dieu, y es-tu ? 34/68 au VIe, mais perdurera jusqu’au XVIIe au Turkestan (dans un syncrétisme fortement marqué par le bouddhisme). Au IVe siècle se développe la crise de l’arianisme autour de la nature divine de Jésus. Arius (250-336) professe que Dieu est unique, non engendré, sa substance ne peut être divisée et tout ce qui est en dehors de lui, est créé ex nihilo de par sa volonté ; le verbe est un intermédiaire entre Dieu et le monde, antérieur au monde matériel, mais non éternel ; Jésus est une créature distincte du Père, il lui est donc subordonné, et sa substance fait l’objet de débats avec différentes versions de l’arianisme (dissemblance du père et du fils, ressemblance, substance semblable). Le concile de Nicée (325) ne permettra pas de régler le problème et l’empereur Théodose 380 par un édit et le concile de Constantinople de 381, définit comme hérétique toute position non conforme à Nicée (consubstantialité : Jésus est de la substance de son père) et à la formule trinitaire. Au Ve siècle il y a d’autres crises, la nestorienne (428) qui affirme que deux natures séparées, l'une divine, l'autre humaine, coexistent en Jésus-Christ et la crise monophysite qui affirme que le Jésus n'a qu'une seule nature, qui est divine, et qui a absorbé sa nature humaine. L’église de Rome, généralement soutenue sur ce sujet par les empereurs, retient la formule du concile de Chalcédoine (451) définissant le dyophysisme, c'est-à-dire les deux natures du Christ, vrai dieu et vrai homme, parfait dans sa divinité comme dans son humanité (les catholiques, les orthodoxes, les protestants sont toujours sur cette ligne). Les diverses tentatives de surpasser ces divergences échouent (cf. concile de Constantinople II en 553). Il faut noter que les églises nées des schismes dépendent de sièges épiscopaux, d’aires culturelles et linguistiques de différentes nations, ce qui laisse penser qu’il n’y a pas que des différences doctrinales comme cause de leur création. Il faut aussi comprendre que tout cela a donné lieu à de multiples synodes, conciles, des pressions physiques, jusqu’à la mort d’un archevêque à la suite de mauvais traitements (cf. l’épisode du brigandage d’Éphèse), à des arrestations, des meurtres en Égypte, en Syrie … de nombreuses disputes entre Rome (rattachée à l’apôtre Pierre) et Constantinople (nouvelle Rome de l’empereur) pour la nomination d’évêques. 7 - Luttes de pouvoirs internes à l’église et avec les empereurs En plus d’être l’un des cinq sièges apostoliques, dont la tradition dit qu’ils ont été initiés par l’un des apôtres du Christ, Rome a toujours revendiqué la primauté, car l’église y a été fondée par Pierre (tu es Pierre …). À chaque controverse, la question de la primauté revient, de plus Rome fait la promotion d’un principe d’indépendance juridictionnelle par rapport à Constantinople (la nouvelle Rome) et cherche à cantonner les interventions des empereurs en matière religieuse et surtout théologique. Au-delà des premiers édits de tolérance, les interventions au sein de l’église on prit de l’ampleur avec Constantin (272-337) qui conquiert l’orient en champion des chrétiens alors opprimés par le coempereur Maxence qu’il va abattre. Constantin édicte de nombreuses prescriptions favorables aux chrétiens et confisque les biens précieux des cultes païens, au profit de la construction d’églises. Constantin se présente comme chrétien dès 312, même s’il repousse son baptême à son lit de mort (pour ne pas être sous la coupe de l’église ?), il institue aussi que le clergé est un groupe social privilégié (évêques jugés par leur pair). À partir du moment où Constantin devient le seul maître de l’empire (324), le processus pro chrétien s’accélère, mais les possibilités d’interventions ont des limites, car « les conciles des évêques sont inspirés par Dieu, même l’empereur n’a pas l’autorité pour contrarier leurs discours ». Constance II (337-361) comme son père Constantin pensait avoir la mission divine de propager le christianisme, il le fit en Occident par des contraintes progressives et imposa un credo commun à l’Orient et l’Occident (plus réticent).
  • 36. Dieu, y es-tu ? 35/68 Il y a aura une contre-réforme manquée avec le coempereur Julien l’Apostat (361-363) qui en voulait à Constantin qui avait massacré sa famille. Puis Jovien (363-364) rétablit le christianisme, mais pas dans la même situation que du temps de Constantin ou Constance II, il réduit les subventions, les tolérances religieuses … Plus tard, Théodose (379/395) empereur d’Orient institue l’orthodoxie de Nicée (destruction des temples partout) ; Gratien empereur d’Occident (367-383) suit avec un peu de retard la même voie. De 343 (au Concile de Sardique – Sofia - convoqué par les empereurs Constant et Constance II), à 545 où le pape Vigile est embarqué de force pour Constantinople, les relations entre Rome et les empereurs ont été tumultueuses. De très nombreux conciles ont été organisés pour gérer les positions sur différents sujets, les affrontements idéologiques, les querelles dogmatiques, les schismes dans un contexte où interviennent les différents sièges apostoliques, mais aussi les empereurs et les évêques qui leur sont proches. La controverse sur l’emploi de l’expression « Patriarche œcuménique » qui définit le garant de l’orthodoxie est révélatrice. Il faudra attendre 607 pour que le Pape Grégoire le grand décide que le siège apostolique de St Pierre de Rome sera le chef de toutes les églises. 8 - Barbares et christianisme Depuis déjà un siècle, les Wisigoths étaient à la frontière de l’Empire romain sur la mer Noire au-delà du Danube, mais l’avancée des Huns les pousse à se réfugier en deçà du bas Danube avec l’accord de l’empereur Valens (364-378). Une mutinerie de fédérés goths provoque une bataille en 378 à Andrinople (aujourd’hui Edirne en Turquie) qui se solde par un désastre pour l’armée romaine et même la mort de Valens. En 410, les Wisigoths conduits par Alaric prennent et pillent Rome durant trois jours. Rome incapable de l’empêcher tolère l’installation d’envahisseurs qui dans un premier temps coopèrent, puis prennent leur indépendance, l’empereur d’occident Romulus Augustule est finalement déposé en 476 par le barbare Odoacre qui lui-même succombe aux Ostrogoths de Théodoric, avec l’assentiment de l’empereur de Constantinople Zénon. Les Francs petit à petit prennent le contrôle de la gaule. Les barbares sont vus par les Romains et les chrétiens de façon très raciste et négative, mais aussi par les chrétiens comme une punition divine due à la mauvaise conduite des Romains. Un parallèle est fait entre les Goths et Gog l’ennemi d’Israël qui vient du nord, c’est vu comme un signe de vieillissement du monde, de déclin, de fin du monde. Cependant, certains chrétiens voient les barbares comme des êtres comme tout le monde appelé à la rédemption et pas des sauvages fatalement perdus. Enfin les Goths sont présentés de façon favorable par différents historiens de l’époque : nombreuses qualités, vertus, respect des catholiques alors qu’ils sont ariens. Les barbares étaient majoritairement chrétiens, mais hérétiques ariens (cependant très hétérodoxes). L’évêque Ulfila (un Wisigoth couronné en 341) adopte la position de l’arianisme et traduit la bible en gothique (de langue parlée le gothique devient langue écrite). Le christianisme a pénétré le monde barbare par les prisonniers, les marchands, les anciens de l’armée romaine qui s’étaient christianisés et retournaient chez eux ; par l’installation d’église officielle sur leur territoire ; par leur installation dans des territoires dépendants de l’Empire romain (ex. des Wisigoths). L’arianisme des Wisigoths se propage à d’autres peuples germaniques (Ostrogoths, Vandales, Burgondes …). Il y a cependant des persécutions en 348 et 370 de Goths chrétiens (ariens ou catholiques) par un roi goth Athanaric défenseur des traditions gothiques, cela provoque une migration en 348 vers l’Empire romain. Les barbares étaient plus facilement ariens que catholiques pour affirmer leur différence, indépendance avec l’Empire romain, d’hôtes et fédérées à l’empire, les nations barbares cherchaient leur autonomie. Ils manifestaient parfois de l’intolérance, attaquant les