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L'influence
1. Une Nation sous influence
Par Benoît Fabre, le 27/01/2006
Dans ces réflexions, nous présenterons comment se forge l’esprit intuitif d’une
nation, et comment il est véhiculé en vue de sa reproduction dans le temps. Nous
utiliserons quelques notions psychologiques, sociologiques et linguistiques.
I) Définition de l’histoire officielle
80% des informations utiles en politique étrangère comme en politique intérieure
sont aisément accessibles dans la culture historique officielle.
La culture historique officielle est issue d’une négociation entre les chercheurs
universitaires (partie progressiste d’un état) et l’administration politique (partie
conservatrice). L’administration politique pèse de tout son poids, les idées
progressistes universitaires n’étant largement diffusées qu’en cas de révolution
(période historique courte et explosive, universelle par sa distribution sur toutes
les nations du globe, elle ne dure que tant que l’administration n’a pas repris le
pouvoir, par exemple : les états généraux suivis de la révolution française, la
prise d’indépendance américaine, la Russie entre 1917 et 1921, la révolution
Kémaliste en Turquie, la « grande marche » de Mao, la protestation non-violente
de Gandhi, la révolution cubaine, les événements de Prague en Tchécoslovaquie
communiste, mai 68 en France, l’élection de Salvador Allende au Chili suivi de
son assassinat, l’épisode Sukarno en Indonésie, les grèves organisées à Gdansk
par le syndicat polonais Solidarnosc, la destitution de Ceausescu en Roumanie,
la guérilla Sandiniste au Nicaragua, les évènements de la place Tienanmen en
Chine, les idées d’Antsanksouki en Birmanie, les mouvements de la jeunesse
étudiante dans de nombreux pays, l’élection du syndicaliste Lula au Brésil)
II) Les vecteurs d’influence
II.1) L’école
Une fois élaborée, la culture historique officielle est distillée par les états, via
l’enseignement programmé par les ministères de l’Education Nationale. Cette
culture officielle est donc largement partagée dans les nations respectives.
II.2) La télévision
La télévision est un vecteur d’influence de masse, car la ligne éditoriale est
menée par des directeurs de l’information acquis à la cause des propriétaires de
leur média. Les grilles d’émission sont bâties de manière idéologique, et les
présentateurs vedettes sont soigneusement sélectionnés en fonction de la
conformité de leurs opinions personnelles avec la ligne éditoriale.
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2. Par exemple en France actuellement :
• TF1, dont les actionnaires Bouygues et Bolloré promeuvent la
mondialisation libérale, et décomplexent leurs auditeurs a propos des
gains facile d’argent. Autrement dit, la « pédagogie » des jeux télévisés
pousse les téléspectateurs à accepter comme étant normaux les gains
mirobolants et magiques des PDG et des gros actionnaires.
• Antenne 2, où l’état actionnaire choisit les directeurs lors des « chasses
aux sorcières » grossières après chaque alternance politique. Ceci prouve
bien l’importance accordée par tous les gouvernements au choix des
sujets, et à la présentation des informations associées.
• France 3, où l’état actionnaire encadre la politique de régionalisation.
• France 5, où l’état actionnaire essaie de favoriser l’éducation populaire.
• Arte, au service de la diffusion de l’entente gouvernementale Franco-
Allemande dans le grand public, et chargé également de la promotion des
institutions européennes.
• Canal+, contrepartie de TF1 (à Droite) accordée à la Gauche « soft », ou
Bobo « BOurgeois BOhème », Gauche qui s’autoproclame « de
gouvernement », rejetant les gauches radicales, et donc Gauche agrée par
la norme de l’administration (qui finance cette contrepartie à la droite « de
gouvernement »).
• M6, dont les actionnaires veulent gagner de l’argent par n’importe quel
moyen.
• Les diverses retransmissions sportives sur toutes ces chaînes de télévision
servent à s’attirer l’audience et la sympathie des téléspectateurs, préalable
nécessaire à l’imprégnation politique via les fameux « journaux télévisés ».
II.3) Les groupes de presse
Dans cette grande course à l’influence, nous n’oublierons pas de mentionner que
les grands actionnaires capitalistes se sont orientés vers la possession de média
de communication depuis la fin de la guerre froide en 1989, en délaissant
l’industrie de l’armement devenue moins rentable, mais aussi parce que,
rassasiés d’argent, ils ont voulu acheter plus de pouvoir et d’influence (leur
médiocrité intellectuelle ne pouvant leur permettre l’accès au pouvoir dans des
élections libres). D’autre part, lorsqu’on a tout l’argent et le pouvoir, mais qu’on
n’est pas aimé, la tentation est forte de vouloir changer l’autre (ici le public-
citoyen) en exerçant de toutes ses forces son influence. Citons entre autres :
Havas, Vivendi, Dassault, Bouygues, Lagardère, Maxwell, etc.
III) Les individus historiques générateurs de culture officielle
III.1) La thèse des individus historiques
Ma thèse est que seuls quelques individus historiques ont été capables de
générer une postérité historique dans chaque nation.
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3. Un individu historique est caractérisé par la parfaite adéquation entre son
intelligence et son action d’une part, et les difficultés du moment. S’il en allait
autrement, il aurait été oublié, c’est le sort commun.
Pour illustration, en épistémologie des sciences, il est bien connu que de
nombreuses découvertes avaient été en fait déjà réalisées puis oubliées, car le
problème résolu ne faisait pas partie des préoccupations de la communauté
scientifique du moment. Par exemple, le moine Mendel et la génétique
descriptive ; la découverte des antibiotiques ; la découverte des vaccins ; etc.
III.2) Portée explicative de la connaissance des individus historique d’une nation
En politique étrangère, il est puissant de connaître les individus reconnus comme
historiques par l’histoire officielle d’une nation, pour prévoir la réaction intuitive
des autorités et des peuples étrangers. Une connaissance même superficielle de
la postérité de ces quelques individus est suffisante.
Par exemple, pour comprendre la France, il faut connaître :
Jésus (inspirateur des valeurs de charité et d’entraide)
Louis XI (politique d’agrandissement du territoire Français)
Descartes (décomposition rationnelle des problèmes, perte de l’intuition)
Napoléon (code civil, organisation de l’administration centralisée ; L’oppression
lors de son occupation des territoires germaniques provoque la haine des
habitants, germe des guerres de 1871, 1914, 1939)
De Gaulle (constitution de la V°république actuelle, stratégie industrielle
nationale, indépendance militaire)
Pour l’Iran :
Zarathoustra, Muhammad (Religion)
Hafez, Saadi, Molavi (Poésie populaire)
Reza Pahlavi, Mohammad Reza, Khomeiny (Politique)
NB. Il faut aussi connaître les faits historiques nationaux suivants : l’empire
Perse, la conquête Arabe, la conquête Mongole.
IV) Un exemple d’influence analysé par la linguistique intuitive : les titres
d’émissions télévisées
Exercice : lire les titres suivants d’émissions politiques diffusées en 2006 en direct
sur France2 à 20h50, une heure de grande écoute (donc susceptible du
maximum d’influence). Ces émissions sont présentées par la directrice de
l’information de France2.
Noter sa première impression.
• « la Gauche est-elle prête pour gouverner en 2007 ? »
• « la France doit-elle avoir honte de son passé ? »
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4. La réponse immédiate intuitive d’un français est « non » aux deux questions. En
ce qui concerne le premier titre, l’école enseigne à tous les petits français qu’on
n’est jamais complètement prêt pour un examen ou une interrogation, ce qui est
transposable ici pour la fonction élective majeure. En ce qui concerne le
deuxième titre, l’école enseigne aux élèves la fierté de la France.
Par conséquent, si le lecteur du programme TV ne regarde pas l’émission, il aura
tout de même noté que la chaîne France2 dit que la Gauche n’est pas prête pour
gouverner dans un horizon si proche, et que la France ne doit pas avoir honte de
son passé (de tout son passé, et donc en particulier, de son passé colonial). Si le
téléspectateur regarde l’émission, il a déjà un préjugé sur la réponse, et son
écoute sera sélective, pour confirmer sa première impression. A cela s’ajoutera
les questions pièges de la présentatrice (sur le fond), la formulation des questions
(sur la forme), la distribution de la parole (conférant de l’autorité et donc de
l’influence à la journaliste), la répartition quantitative de la parole (l’invité préféré
par la journaliste sera favorisé), l’intonation donnée par la journaliste dans ses
questions (c’est l’aspect affectif : l’empathie du téléspectateur français va
naturellement au « chef » du débat).
Maintenant, essayons de formuler autrement ces titres d’émission :
• « Programme de gouvernement pour la Gauche en 2007»
• « Débat sur les conséquences de la colonisation française »
Bien que pas totalement neutres non plus, ces titres essaient de rester purement
informatifs. Le téléspectateur devra regarder l’émission avant de porter un
jugement, jugement qui de plus sera complexe (la réponse binaire
« oui »/ « non » est écartée).
Est-il besoin de rappeler que France2 est une télévision d’état, et que c’est la
Droite qui est au pouvoir actuellement ? Pour ma part, je juge l’influence exercée
à la fois honteuse et grossière …
V) Un exemple de culture populaire analysé par la sociolinguistique : le son
« kh »
Constat de départ : Pour un iranien ou un français, le son « kh » prononcé par un
arabophone semble agressif. Il dévalorise l’arabophone, taxé d’agressivité.
Or le son « j », « rota » espagnole, est très proche de l’ancêtre immédiat « kh »
arabe (ce qui est lié à l’occupation de l’Andalousie par les musulmans pendant
quelques sept siècles). Comment expliquer alors qu’un espagnol prononçant une
« rota » ne soit pas dévalorisé par l’auditeur français ?
L’explication est sociologique : Les arabophones font partie de la dernière vague
d’immigration en France. Ils sont rivaux des ouvriers français. Ce sont aussi les
plus pauvres (donc jugés socialement inférieurs par la bourgeoisie). Ce sont ceux
qui ont eu le moins de temps pour s’acculturer au système scolaire français (qui
est très discriminant pour désigner les élites du pays). Les espagnols, eux, font
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5. partie d’une vague d’immigration antérieure. Ils sont mieux acculturés, donc
mieux tolérés.
VI) Conclusion
L’auteur souhaite que vous reteniez que :
• La dynamique historique est initiée par quelques individus en phase
avec les problèmes clés de leur temps.
• L’enseignement de ce qui perdure de leurs idées à grands traits est
soumise à une lutte d’influence et à des rapports de force évolutifs.
• De nombreux vecteurs d’influence apparaissent en occident, et
renouvellent le jeu politique (TV, groupes de presse, Internet). La
situation respective des vecteurs d’influence anciens et nouveaux n’est
pas stabilisée.
• Des messages historiques oubliés peuvent ressurgir. Ce fut le cas lors
de la Renaissance européenne, où des savants byzantins, chassés lors
de la chute de Constantinople aux mains des Turcs, rapportèrent en
Italie les savoirs Grecs et Romains (le savoir musulman fut quant à lui
traduit par des Juifs en Andalousie).
• Des changements de point de vues civilisationnels (paradigmes) sont
attendus pour bientôt, grâce à l’observation de l’univers, les
biotechnologies, l’archéologie.
VII) Annexe : les individus historiques de la culture européenne
Pour mûrir une réflexion sur l’Europe, on pourra se reporter avec profit à la
sélection suivante :
L’évangile de Jésus, la Bible des prophètes (religion)
Freud (sexualité)
Marx, Keynes (économie)
Bourdieu (sociologie)
Sartre, Camus (littérature engagée)
Planck, Hubble (science physique, science de l’univers)
Shakespeare, Goethe, Hugo, Cervantès (littérature classique)
Mozart, Bach, Beethoven, Wagner (musique classique et religieuse)
Van Gog, Manet, Renoir, Raphaël, Leonard de Vinci, Michel Ange, Rembrandt
(arts plastiques)
Le théâtre grec. La civilisation grecque a inspiré à l’Europe la démocratie, la
déontologie, les mathématiques et la médecine.
Ouvrages collectifs : cathédrales romanes et gothiques, Tristan et Iseult, La quête
du Saint Graal.
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6. partie d’une vague d’immigration antérieure. Ils sont mieux acculturés, donc
mieux tolérés.
VI) Conclusion
L’auteur souhaite que vous reteniez que :
• La dynamique historique est initiée par quelques individus en phase
avec les problèmes clés de leur temps.
• L’enseignement de ce qui perdure de leurs idées à grands traits est
soumise à une lutte d’influence et à des rapports de force évolutifs.
• De nombreux vecteurs d’influence apparaissent en occident, et
renouvellent le jeu politique (TV, groupes de presse, Internet). La
situation respective des vecteurs d’influence anciens et nouveaux n’est
pas stabilisée.
• Des messages historiques oubliés peuvent ressurgir. Ce fut le cas lors
de la Renaissance européenne, où des savants byzantins, chassés lors
de la chute de Constantinople aux mains des Turcs, rapportèrent en
Italie les savoirs Grecs et Romains (le savoir musulman fut quant à lui
traduit par des Juifs en Andalousie).
• Des changements de point de vues civilisationnels (paradigmes) sont
attendus pour bientôt, grâce à l’observation de l’univers, les
biotechnologies, l’archéologie.
VII) Annexe : les individus historiques de la culture européenne
Pour mûrir une réflexion sur l’Europe, on pourra se reporter avec profit à la
sélection suivante :
L’évangile de Jésus, la Bible des prophètes (religion)
Freud (sexualité)
Marx, Keynes (économie)
Bourdieu (sociologie)
Sartre, Camus (littérature engagée)
Planck, Hubble (science physique, science de l’univers)
Shakespeare, Goethe, Hugo, Cervantès (littérature classique)
Mozart, Bach, Beethoven, Wagner (musique classique et religieuse)
Van Gog, Manet, Renoir, Raphaël, Leonard de Vinci, Michel Ange, Rembrandt
(arts plastiques)
Le théâtre grec. La civilisation grecque a inspiré à l’Europe la démocratie, la
déontologie, les mathématiques et la médecine.
Ouvrages collectifs : cathédrales romanes et gothiques, Tristan et Iseult, La quête
du Saint Graal.
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