1. Le 1er décembre 2014, une conférence sur le climat s'est ouverte à Lima au Pérou afin de prendre rapidement des mesures globales pour enrailler le
réchauffement climatique. Pourtant la France semble avoir déjà pris les choses en main. En effet depuis février 2014 le Parlement a adopté une
législation réduisant les émissions de CO2 des véhicules. L'objectif d'ici 2020 est donc simple : réduire les émissions de CO2 à 95g à compter de 2021
contre 160 gr actuellement. Or, le secteur des transports est la première source d'émission de gaz à effet de serre en France. Cela nous a donc paru
évident de commencer nos recherches sur les améliorations qui devaient avoir lieu dans le secteur des transports pour atteindre l'objectif fixé. La
voiture et autres transports électriques nous ont alors parus tout désignés. Le parc automobile actuel ne comprend que peu de voitures électriques
(seulement 3,1% de part de marché) même si le marché est en pleine expansion. Ainsi, chaque grande marque automobile y va de son nouveau modèle
hybride ou totalement électrique. Ces nouveaux modèles engendrent -ils des répercussions et des adaptations techniques chez les concessionnaires ou
ne sont-ils que de la poudre aux yeux, un effet de mode encouragé par les gouvernements qui cherchent à se donner une image de bons élèves ?
Pour répondre à cette problématique nous avons
décidés d'interroger deux types d'acteurs du secteur : les
différents concessionnaires automobiles qui, aujourd'hui,
développent des voitures électriques et les institutions
publiques, possiblement clientes.
La première institution qui nous a intéressés (même si nous
n’avons pas pu les interroger) est la Poste puisqu’elle est la
première entreprise française à avoir modifié son
comportement et à posséder aujourd'hui plus de 4000 voitures
électriques en service. Cette organisation nous a fait prendre
conscience de l'enjeu écologique qui est, d'après le site internet
de la Poste, triple : « devenir l’opérateur de référence en
matière de logistique urbaine responsable, réduire de 20% ses
émissions de CO2 par foyer desservi (entre 2008 et 2020) et
améliorer les conditions de vie au travail des facteurs. ». Si on
observe de plus près la formulation et l'ordre des enjeux, on
constate qu'il s'agit d'abord d'une question d'image : devenir
une référence. Il s'agirait donc bien de se donner une image de
bon élève. Est-ce également le cas pour les mairies ? En
effet, beaucoup d'entre elles ont désormais recours à la voiture
électrique, c'est le cas de la ville d'Aix-en-Provence et de sa
« Diabline » (petit bus électrique et silencieux qui transporte au
maximum 8 personnes dans les petites rues piétonnes et pavées
de la vieille ville) et même si la mairie n'a pas souhaité nous
répondre, ce véhicule semble très bien accepté par les riverains
même s'il paraît surtout utilisé par les personnes âgés. Le
directeur de la Métropole de Nice cote d'Azur, Monsieur Turco,
a accepté de répondre à nos questions. Nous avons alors
découvert que son entreprise possédait plus de 110 voitures
électriques à la disposition des employés. Il parle d’un réel
changement des mentalités. Au tout début, l’utilisation de la
voiture était perçue comme une punition pour les
professionnels alors qu’aujourd’hui il y aurait même plus de
demandeurs que de propositions. Quand nous évoquons la
question du prix, il avoue qu’à ses débuts, la voiture électrique
était très chère mais ce n’est plus le cas des nouvelles comme
Zoé qui sont désormais créés en plus grande quantité. Pour lui
l’intérêt de la voiture électrique en ville est triple : moins
polluante, moins bruyante et elle abîme moins les bâtiments.
Cependant selon lui, les maisons mères donnent peu
d’informations aux vendeurs et garagistes, ce qui se répercute
sur les clients. L’intérêt pour les marques serait purement
économique.
Nous avons tout de suite constaté les difficultés du
secteur. Le premier concessionnaire, interrogé était le
Volkswagen d'Antibes qui nous a expliqué que leur
concession (de taille moyenne) n'avait pas eu la place
d'installer les bornes de recharge et ils ne pouvaient donc
pas en vendre. Ainsi donc la fabrication de la voiture
électrique implique des modifications dans l'espace de
vente et sans doute un coût. La concession Renault
interrogée était mieux équipée. Sébastien Boylé a souligné
le confort de ses nouvelles voitures mais a admis le
manque de formation des garagistes et le manque de recul
sur le produit. Le manque de formation a été appuyé par un
apprenti, Dorian Gazaix, qui nous a expliqué que les
formations étaient peu nombreuses et non obligatoires.
Pourtant, Frédéric Gazaix, directeur d’un garage dans la
région de Montpelier a souligné la dangerosité des moteurs
pour les garagistes et la nécessité d’être formé et équipé
pour la réparation (travail sous haute tension électrique).
La voiture électrique est dite écologique mais
est-ce seulement le cas ? Dans l'idée évidemment :
électricité pollue moins que le gaz à effet de serre.
Cependant, le représentant de Volkswagen a souligné
un point primordial : la fabrication d'électricité, (elle),
est polluante. En effet, pour produire en France de
l'électricité on passe par le nucléaire (avec 15% de
voiture électrique en France, il faudrait l’équivalent de 5 à
15 réacteurs nucléaires en plus pour les alimenter) et c'est
encore pire en Allemagne et en Chine ou on passe par le
charbon. De même le représentant de Renault a
souligné que la fabrication des batteries électriques
était elle aussi plus polluante que le moteur à
combustion. Il existe donc un véritable coût écologique
à la fabrication de la voiture électrique mais pas
seulement. Le coût est aussi économique. A terme, le
développement de la voiture électrique sonnerait la
mort des petites concessions qui n'ont ni les revenus ni
les infrastructures nécessaires pour s'adapter à ce
nouveau marché. Sur le marché français, cependant, les
habitudes ont la vie dure et le marché ne semble pas
entièrement prêt à l'arrivée de cette petite nouvelle.
D'après les différents professionnels que nous avons
rencontrés, le vrai futur de la voiture électrique se situe
dans les pays en développement ou en pleine
croissance (notamment la Chine). La voiture électrique
européenne n'a cependant pas encore dit son dernier
mot puisque le représentant de Volkswagen nous a
confié que deux projets étaient en préparation, l'un pour
augmenter le nombre de bornes électriques en
collaboration avec Renault et Nissan et l'autre pour
produire de l'électricité verte avec des champs d'éoliennes.
Ainsi donc, beaucoup d'institutions publiques, d'entreprises
mais aussi de particuliers ont désormais recours à la voiture
électrique et même si cela représente une faible part du parc
automobile, les concessionnaires ont du s'adapter à l'ouverture
de ce marché en pleine expansion. Les concessions ont-elles
du modifier leur comportement, sont-elles bien réparées?
Nous avons interrogé deux grandes marques .
La voiture électrique est encore en phase de projet et les professionnels avouent que même si la voiture électrique n'est pas réellement
un effet de mode, elle ne tient pas non plus toutes ses promesses écologiques .