La notion de « temps réel » constitue l'un des enjeux majeurs du web de demain : nous entrons dans l'ère de l'instantanéité ou « nowism ». Cette tendance prend de plus en plus d'ampleur, du fait de l'usage grandissant des nouveaux médiaux sociaux, du web mobile et des smartphones. De nombreux moteurs temps réel, de nouveaux outils de veille et de suivi de l'e-reputation sont apparus au cours de l'année. Quelles sont les implications pour les professionnels de la recherche d'information et de la veille ? Qui a besoin, dans les entreprises ou organismes, d'une telle instantanéité ? Quelle est la réaction des moteurs de recherche classiques face à cette nouvelle concurrence ? Comment envisager dans ce contexte de nouvelles formes de production, de recherche et de diffusion d'information ?
Véronique Mesguich, directrice de l'Infothèque du pôle Léonard-de-Vinci et co-auteur de NetRecherche 2010, fait le point sur ces nombreux enjeux du temps réel pour les professionnels de l'information et de la veille.
2. Qui a besoin du temps réel ?
• Signaux faibles dans le bruit documentaire
: éléments à caractère anticipatif
• Nécessité de contextualiser et de
recouper les données brutes afin de leur
donner du sens.
• Le veilleur professionnel est moins à l’affut
du « scoop » que de l’ « information de
rupture »
3. Pour quel besoin ?
• Pour surveiller mais aussi pour anticiper
• Pour mieux faire circuler l’information dans
l’entreprise
• Pour offrir plus de réactivité
• Pour interagir en temps réel : notion de
« synaptic web » où les membres interagissent
en très grand nombre et avec des temps de
réaction toujours plus courts, à l’instar des
synapses du cerveau
4. Différencier les besoins
d’information
•
Type de
besoin
Besoin
d’information
instrumental
Besoin
d’information
conceptuelle
Besoin
d’information
décisionnelle
Objectif Rôle
opérationnel
dans un
processus
d’action
Enrichissement
de la
connaissance et
de la réflexion
Rôle d’influence
dans le
processus de
décision
Mise en
oeuvre
Recherche
d’informations:
recherche
factuelle,
recherche de
documents
Recherche ou
veille
documentaire:
Recherche de
documents,
collecte
régulière
d’information
Veille
stratégique :
Recherche de
documents,
recherche de
sources, collecte
régulière
d’information,
analyse
5. Des secteurs concernés par
l’immédiateté
• Actualité et news
• Finance et trading
• Jeu en ligne, paris…
• Questions/réponses en ligne:
Aardvark, (racheté par Google),
utilise le temps réel pour pour
déterminer si une personne située
dans le social graph d’un de ses
utilisateur est susceptible de
répondre à sa question.
• Recommandation en ligne :
Recommandation en temps réel de
lieux ou services aux internautes en
fonction de leurs goûts et affinités (ex
: Nomao).
6. Quels impacts dans les
pratiques professionnelles ?
• Quel type de collecte ?
• Quel type d’analyse ? Analyse en temps
réel ? Ou analyse d’informations
collectées en temps réel ?
• Quel type de diffusion ? Diffusion temps
réel ou différée ?
• Le shéma « collecte-traitement-diffusion »
est-il toujours adapté ?
7. E-reputation et temps réel
• Veille image et temps réel : suivi de
l’actualité d’une personne, d’une
entreprise ou d’une marque à la minute
prés
• Les marques sont très présentes sur les
réseaux sociaux (étude Penn State
University)
• Mais comment distinguer l’information de
la rumeur ?
8. Qualification des « sources »
• Sur Twitter, comment déterminer la source
d’information ? La question des URL
raccourcies
• Le cas des Retweet : que dire d’une
information non fiable relayée par une
source fiable ?
• La source à surveiller est-elle celle qui
émet l’information ? Celle qui crée de
l’influence ?
9. L’économie de l’attention
• Le professeur de journalisme Jay Rosen
affirme que le web temps réel crée un
sens du flux d’information comparable, en
terme d’expérience utilisateur, à ce que la
télévision utilisait jusqu’ici pour capter
notre attention.
11. Le scoop n’est plus
l’apanage du journaliste?
• Expérience début 2010 :
5
journalistes coupés du monde,
avec pour seules sources
d’information
Facebook et Twitter
•
Sentiment de l’un des « cobayes » : Le journaliste reconnaît
bien en Twitter un formidable moyen d'alerte sur l'actualité,
mais attaque les auteurs de mini-messages, selon lui un
"public jeune et branché, qui ne lit plus, qui n’écoute pas la
radio et qui ne regarde plus la TV".
12. Qui détient le scoop ?
• Extrait du règlement de
l’agence Reuters :
«Gardez votre distance
critique, conseille
l’agence. Il est très simple
de partager un lien sur
Twitter ou Facebook,
mais si ce lien se révèle
être un canular, vous
engagez votre crédibilité
et celle de Reuters.»
Le règlement stipule néanmoins que,
lorsqu’un scoop
paraît sur Twitter,
et qu’il n’est pas signé Reuters,
les journalistes de l’agence ont le
droit de le retweeter,
c’est-à-dire citer le tweet de
l’auteur en question.
13. Nouvelles formes de production,
enrichissement, diffusion
de l'information ?
• Le journalisme de liens (ex : Aaliens)
• Le journalisme citoyen (ex : Rue 89)
• Digital storytelling
• Où et qui sont les faiseurs d’opinion ?
14. Deux extrêmes…
Une information
rare et chère,
issue de sources classiques
(bases de données bibliographiques et
full text, revues à comité de lecture)
Une information institutionnelle ou commerciale
(sites web classiques, médias traditionnels)
Une information surabondante
et gratuite, provenant des nouveaux outils de l’instantanéité.
15. En guise de conclusion…
• « Google a organisé notre mémoire. La
recherche temps réel organise notre
conscience »
Edo Segal, pionnier du web temps réel cité dans
le magazine Wired
• Conscience individuelle, mais aussi conscience
collective qui réagit en temps réel aux
événements extérieurs