En France,les contrats-cadres,qui permettent de négocier à l’échelle d’un groupe des tarifs avantageux auprès de quelques fournisseurs,sont très prisés par les grandes entreprises.Cependant,ces dernières ne les utilisent
pas toujours à bon escient et pourraient faire davantage d’économies. Anaïs Trebaul - Option Finances
1. Entreprise & finance
C
ertaines de vos dépenses
sont-elles chapeautées
par un contrat-cadre ? Si
vous êtesun groupe avec diffé-
rents établissements, certaine-
ment. En effet, les entreprises
sont particulièrement friandes
de ce type d’offre, permettant de
conclure descontrats à l’échelle
de leur groupe, avec un nombre
de fournisseurs réduit et par
nature de frais. Et pour cause,
les économies attendues sont
parfois très importantes. «Les
entreprisespeuvent passerd’une
centaineà deux ou trois fournis-
seurs par catégorie d’achat, ce
qui facilite le traitement des fac-
tures, explique François Perrin,
associé chez Euklead. Ce fai-
sant, en achetant massivement
auprès de quelques opérateurs,
elles peuvent négocier destarifs
avantageux. Selon la nature des
prestations, ceux-ci peuvent
danscertains cas êtredivisés par
deux, comme pour les fourni-
tures de bureaux par exemple.»
La solution est d’autant plus
intéressante qu’elle s’adresseà
un large spectre d’entreprises.
«Qu’unesociétéait 5 ou 100 sites,
elle peut tout à fait recourir à
un contrat-cadre», poursuit
FrançoisPerrin.
Une adhésion trop faible
Cependant, ceux-ci ne sont
pas toujours utilisés de façon
appropriée. «Ces dernières
années, les entreprises ont par-
fois eu tendance à vouloir cou-
vrir la plupart de leurs dépenses
par descontrats-cadres, observe
Hicham Abbad Andaloussi,
partner chez KLB Group. Or,
s’ils peuvent être particuliè-
rement utiles pour certaines
dépenses (catégories de pro-
duction, matériel informatique,
intérim, location longue durée,
etc.) cen’est pasle levier princi-
pal pour d’autres catégories de
frais. Par exemple, les contrats-
cadres peuvent être inappro-
priés lorsqu’ils sont utilisés
pour des projets innovants :
les entreprises peuvent en effet
passer à côté de fournisseurs
qui proposent de nouvelles
idées.»
Car en cherchant à encadrer
toutes leurs dépenses,les direc-
tions se focalisent moins sur le
suivi descontrats. «Nousconsta-
tons que sila plupart desbesoins
desgroupessont couverts parun
contrat-cadre,letaux d’adhésion,
c’est-à-dire la part de dépenses
qui transitent par ces contrats,
est souvent faible, remarque
Hicham Abbad Andaloussi. En
effet, il est fréquent que plu-
sieurs filiales ou services ne les
utilisent pas, parce qu’ils n’ont
pas connaissance de l’existence
de ces contrats ou parce qu’ils
considèrent qu’ils ne sont pas
pertinents pour leurs besoins.
Les entreprises doivent avant
tout vérifi er queles contrats sont
bien utilisés par les acheteurs
lorsqu’ils commandent un bien
ou serviceencadrépar une telle
offre.»
Certes, lorsque les entreprises
disposentd’un systèmeinforma-
tique global au sein du groupe,
ce genre de risque est limité.
«LesERP achats permettent de
verrouiller les commandes aux
seuls fournisseurs avec lesquels
un contrat-cadre a été signé»,
indique François Perrin. Mais
lorsque les entreprises fonc-
tionnent avecun systèmedécen-
tralisé dans lequel chaquebusi-
ness unit a son propre outil, il
est plus diffi cile de vérifi er que
cetype de contrat est bien appli-
qué. «Lorsqueles systèmesinfor-
matiques (achats/comptables)
sont différents ou que le groupe
vient de mener une opération de
croissanceexterne,les directions
doivent mettre en place plusieurs
fois par an desréunions de coor-
dinations ou au moins commu-
niquer avec les acheteurs par
typologie de dépenses»,conseille
Hicham Abbad Andaloussi.
L’idéeestqu’ils puissentpartager
leurs chiffres, leur méthodologie
et leur benchmark afin des’assu-
rer que les contrats-cadres sont
utilisés à bon escient.
Anaïs Trebaul @AnaisTrebaul
Fraisgénéraux -Attention à bien
utiliser vos contrats-cadres
EnFrance,lescontrats-cadres,qui permettentde négocierà l’échelle d’un
groupe des tarifsavantageux auprèsde quelquesfournisseurs,sonttrès
priséspar lesgrandes entreprises.Cependant,cesdernièresne lesutilisent
pas toujoursà bon escientet pourraient faire davantage d’économies.
Pour les entreprisesde plus petite taille qui n’ont pas la
possibilité de mettre en place un contrat-cadre en interne ou
de faire desachats en masse,de nombreuses centralesde
référencement existent aussi.«Celles-ciproposent diverses
catégories de biens et servicesdont les tarifs ont été négociés,
ce qui permet aux PMEde bénéficier de tarifs avantageux,
précise FrançoisPerrin, associéchez Euklead. Certainesd’entre
elles sontmême spécialiséespar métier, ilexiste par exemple
une centrale d’achat dédiée aux métiers du bâtiment (PME
Centrale), une pour la distribution spécialisée(CMEM),etc.»
Des centrales d’achat pour les PME
«Avec les
contrats-cadres,
les prix d’achat
peuvent dans
certains cas être
divisés par deux.»
François Perrin, associé, Euklead
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PAYS :France
PAGE(S) :22
SURFACE :85 %
PERIODICITE :Hebdomadaire
RUBRIQUE :Entreprise et finance
DIFFUSION :(20000)
JOURNALISTE :Anaïs Trebaul
7 janvier 2019 - N°1492