Présentation d'A. Zarbo sur l’éducation aux médias et la parentalité dans le cadre du Colloque international « Cultures médiatiques de la petite enfance », Paris, avril 2016.
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Parents (dé)connectés a. zarbo colloque cultures médiatiques_ paris 2016
1. Des parents (dé)connectés?
De la nécessité d’impliquer les familles dans
l’éducation aux médias
Arnaud ZARBO
Psychologue
Thérapeute et formateur
2. Sommaire
I. Contexte de travail
II. Des enjeux changeants
III. Dr. Professionnel et Mr. Parent
1. Confusion à tous les étages
2. Des inquiétudes similaires
IV. Des professionnels en question
I. Une vision linéaire des pratiques médiatiques
V. Espaces de formation
1. Développer une vision contextuelle et partagée
2. Renforcer les compétences familiales
3. Stratégies pour mobiliser et soutenir les familles
VI. Prise en charge familiale
3. Contexte de travail: le Centre Nadja
• L’association Nadja est un centre belge agréé et spécialisé en
assuétudes
Créée en 1978, cette association s’est spécialisée dans l’information, la
prévention et le traitement des dépendances.
Une même lecture de la problématique des assuétudes, fondée sur les
théories de la communication, imprègne les différents axes de son travail.
• 3 services interconnectés:
– Prévention
– Documentation
– Thérapie
• Une activité transversale : la formation
www.nadja-asbl.be
4. Des spécialistes de l’addiction en
éducation aux médias?
• Spécificité du réseau d’éducation et de prise en charge en Belgique francophone
• Une collaboration avec de nombreux acteurs et secteurs (dont l’éducation aux
médias)
• Un service pionner sur les questions des « nouveaux » médias
– Dans la pratique thérapeutique
– Dans la formation aux professionnels
– Dans l’intervention auprès des équipes
• Une implication dans la recherche:
– Les Usages problématiques d’Internet et des jeux vidéo : synthèse, regard critique et
recommandations, 2010.
– Projet Compulsive Computer use and Knowledge needs in Belgium: A multimethod
approach (CLICK), 2014;
– Les usages jeunes des espaces numériques dédiés aux jeux d’argent et de hasard : vers
une meilleure connaissance des usages problématiques et des nouveaux enjeux, 2015.
5. Des enjeux changeants
Les débats sur les loisirs infantiles ont évolué selon le temps, les
modes et les cultures.
• Enjeux socioculturels (traditions, tabous, etc.).
• Enjeux politiques:
– Castes sociales et raciales (loisirs des élites et distractions populaires)
– Maintenir une certaine vision des rapports sociaux (jeux et jouets liés
au genre)
• Enjeux économiques
• Enjeux de santé et de protection:
– Protection des mineurs
– Protection de genre
– Éducation
– Épanouissement
6. « Dr. Professionnel et Mr. Parent »
Les parents et les professionnels que nous rencontrons au Centre Nadja
arrivent bien souvent dans un contexte de grande tension et d’inquiétude,
voire de conflit.
• Les parents arrivent avec une demande floue et des inquiétudes
généralisées et difficilement nommées. Elle concerne la pratique
médiatique d’un enfant (ou d’un jeune), sans qu’ils en aient clairement
identifié les aspects qui les préoccupent.
• On remarque également les mêmes inquiétudes et croyances du coté des
professionnels (école, aide à la jeunesse, etc.), ainsi que les mêmes
difficultés à nommer précisément ce qui les inquiète.
Dans les deux cas, la pratique médiatique est vue comme un risque plutôt
que comme un levier développemental ou un moment de plaisir.
7. Confusion à tous les étages
• Cela engendre des conflits (en tout cas de l’incompréhension)
à tous les niveaux:
– Entre parents
– Entre parents et professionnels
– Entre professionnels
– … et entre adultes et enfant.
8. Des inquiétudes similaires
Les inquiétudes adultes se répartissent en trois pôles :
1. La pratique du média elle-même : (jeu vidéo, Internet, réseaux sociaux,
tablette, TV, etc.)
Durée de jeu, violence des contenus, immersion dans le virtuel, rencontres
virtuelles, intelligence et niveau culturel du contenu).
1. L’état de l’enfant :
Troubles du sommeil, résultats scolaires, isolement, négligence de l’hygiène,
agressivité et irascibilité, image de soi, dépendance.
1. Les relations adulte-enfant :
Difficultés de communication, étiolement des moments d’échange et de
partages, etc..
9. Des professionnels en question
On peut classer les demandes en deux catégories:
1. Celles qui ont trait à un enfant en particulier
Dans ce cas, on pointe des difficultés de comportement et des écarts
par rapport à la norme (de l’institution, des autres enfants, d’autres
familles).
2. Celles qui concernent l’équipe ou l’institution
Ici, les difficultés ont trait au sentiment d’incompétence, à
l’incompréhension face aux pratique médiatiques du public. Plus
largement, cela concerne aussi la politique même de l’institution « en
décalage » avec les usages médiatiques actuels.
Face à ces difficultés, les professionnels
demandent à mieux pouvoir « repérer » pour
agir et orienter.
Réflexe diagnostic
centré sur la personne
et les risques
10. Création d’espaces de formation sur base de plusieurs constats:
• Bien que les services spécialisés en éducation aux médias partagent une
vision centrée sur les leviers (thérapeutiques, d’apprentissage,
relationnels, affectifs, etc.), bon nombre de professionnels privilégient des
initiatives axées sur les comportements à risque.
• Cette vision renforce la croyance que les profils à risque et les situations
problématiques appartiennent à la norme.
• En terme d’éducation, se focaliser sur le pathologique (ou le
problématique) pour expliquer la normalité est contreproductif.
Cela ne correspond pas à la majorité des usages et finit même,
ironiquement, par relativiser exagérément les situations problématiques
lorsqu’elles apparaissent.
Espaces de formation: des écrans aux relations
11. Une vision linéaire des pratiques médiatiques
des enfants
• Cette vision est centrée sur le média et tient peu compte du contexte dans lequel se
déroule la ou les pratiques médiatiques.
• De plus, elle est exclusivement centrée sur les difficultés.
• Elle génère de la culpabilité chez les parents et de l’incompréhension entre les
adultes.
Difficulté(s)
Enfant
Professionnels
Parents
Objet/média
(Internet et réseaux sociaux
numériques, tv, tablette, etc.)
Diagnostic
Jugement
Vision linéaire
12. Comment aider les professionnels à renforcer les
compétences des parents ?
Professionnels/
Parents
Objet/média
(Internet et réseaux sociaux
numériques, tv, tablette, etc.)
Enfant
Usages médiatiques
Sens ÉducationAccompagnement
Développer une vision contextuelle et partagée
Éducation aux médias
13. Comment aider les professionnels à renforcer
les compétences des parents ?
Lors de situations problématiques
• Identifier ce qui pose problème:
– Le média
– L’usage
– Le sens
– L’accès
• Déterminer ce qui a déjà été tenté par les familles pour résoudre le
problème
• Tenir compte du niveau de développement (psychoaffectif, cognitif et
social) de l’enfant.
• Tenir compte des possibilités de changement actuelles.
• Et à qui?
- Un ou plusieurs professionnels
- Un ou plusieurs parents
- L’enfant
- L’entourage de la famille
14. Quelles stratégies développer pour soutenir et
mobiliser les familles ?
• Instaurer un dialogue entre les professionnels et leur public
– Reconnaître les usages
– Rechercher le sens de la pratique
– Baliser les usages
• Faire alliance avec les parents
– La connaissance technique importe moins que la qualité relationnelle:
• les parents ne sont pas venus chercher des informaticiens mais des
professionnels de l’enfance, de la santé et de l’éducation
– Déculpabiliser les pratiques médiatiques familiales
– Encourager le dialogue sur les pratiques médiatiques en famille
15. Quelles stratégies développer pour soutenir et
mobiliser les familles ?
• Rappeler le rôle de l’adulte:
– Ralentir
– Prendre du recul
– Répondre (et pas seulement réagir)
– Encourager
• Encourager la curiosité plutôt que la prudence
– Dialoguer avec l’enfant sur ses pratiques
– Guider et partager des activités médiatiques entre parents et enfants.
Pour l’enfant, la présence importe
plus que la compétence
16. Quelles stratégies développer pour soutenir et
mobiliser les familles ?
• Reconnaître les différences culturelles des usages médiatiques
– Contexte familial
– Usages des adultes
• Partir de là où sont les familles
– L’éducation aux médias ne doit pas se résumer à un retour à une
norme de santé appliquée de manière trop rigide.
– Elle doit viser à augmenter le bien-être des publics à travers leurs
usages médiatiques.
• Développer une approche interdisciplinaire et intersectorielle
17. Prise en charge familiale
Analyse des demandes
Une bonne part de ces demandes ne relève pas d’une problématique
spécifiquement liée aux médias mais plutôt de difficultés liées à l’enfance et
aux enjeux familiaux qui en découlent.
Dans la majorité des cas, ce sont les adultes qui sont en demande de soutien
face à un enfant qui ne manifeste pas explicitement qu’il a problème.
Ambivalence et culpabilité
Pour les parents que nous rencontrons, la pratique médiatique de l’enfant est
considérée comme un « mal nécessaire » - :
- Pratique à risque susceptible de générer des comportements
problématiques et de freiner le développement de l’enfant
- Garante d’une certaine « paix familiale ».
18. Quels dispositifs mettre en place ?
• La cristallisation autour du média occupe tout l’espace relationnel et augmente la
vigilance de chacun:
– Les parents sont à l’affut de la moindre réaction (négative) de leur enfant
– Les enfants surveillent les attitudes de leurs parents.
• Décentrer l’attention du média pour ouvrir au contexte:
– Cela renforce l’autonomie des membres du système familial.
– Responsabilise chacun sur ses usages sans culpabiliser
• Ne pas se braquer sur le temps d’écran mais explorer les temps partagés.
– Encourager l’utilisation positive du média dans les rituels familiaux
– Favoriser l’apprentissage mutuel « parent-enfant » à travers le média
• Partir à la rencontre du sens
– L’enfant est surtout guidé par le plaisir qu’il retire de ses usages
– C’est aux adultes de l’aider à mettre du sens
19. Quels espaces de rencontre créer ?
Les dispositifs d’éducation
aux médias doivent se
développer au carrefour
des enjeux adultes et des
motivations infantiles.
Il vaut mieux proposer des
balises contenantes plutôt
que des règles rigides.
Triptyque
adulte
Triade
enfantine
Découverte
Présent
Plaisir
Contrôle
Utilité
Temps
20. Peut-on intervenir au-delà de la demande
initiale ?
• Entre ce que le professionnel perçoit et ce que les familles
demandent, il peu y avoir un écart.
• De même, ce n’est pas parce que le problème n’est pas explicité par
la personne concernée (enfant ou adulte) qu’il n’existe pas.
• Le professionnel a le droit d’intervenir mais c’est de sa
responsabilité:
– De le faire éthiquement
– D’interroger ses propres représentations d’abord. « En quoi suis-je
heurté? En quoi cela me dérange? ».
– D’impliquer les familles dans le processus d’intervention
– D’explorer le contexte
– De tenir compte des enjeux développementaux
– De proposer une démarche écologique.
21. Utiliser l’expertise des familles
• Les espaces dédiés à la parentalité sont de formidables
opportunités de favoriser l’éducation aux médias.
– Favoriser le développement de « groupes-parents » animés par des
parents et coordonnés par des professionnels
– Partage d’expérience
– Soutien lors de situations difficiles
– Dédramatisation des usages médiatiques
22. Comment s'engager collectivement – enfants, parents
et professionnels – dans des attitudes d’éducation
aux médias ?
• Multiplier et renforcer les espaces de formation à destination
des professionnels
• Intégrer la dimension médiatique dans le soutien à la
parentalité
• Développer des projets incluant les publics (parents et
enfants) dans leur construction.
23. Merci de votre attention !
Arnaud ZARBO
Psychologue
Thérapeute et formateur
www.nadja-asbl.be
Nadja.prevention@gmail.com
Arnaud.zarbo@gmail.com