Le personnel soignant à l’épreuve du covid-19, guide pratique destiné aux professionnels de la santé.
Les aspects psychologiques
Pr A.BOUT, Pr C.AARAB, Pr R. AALOUANE
✔ Faculté de Médecine et de Pharmacie de Fès
✔ Université Sidi Mohamed Ben Abdellah
✔ Service de Psychiatrie CHU Hassan II de Fès
LE POURQUOI DE CE DOCUMENT :
❖ Offrir un outil pour comprendre les enjeux psychologiques de la situation
❖ Apporter des mesures pouvant aider à prévenir la détresse psychologique chez les soignants
1. LE PERSONNEL SOIGNANT À L’ÉPREUVE DU COVID-19
GUIDE PRATIQUE DESTINÉ AUX PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ
Service Homme Service Femme
1ere Equipe Dr Bouniter Assia
Dr Cheikh Fadel
Dr Ouadoud Hajar
2eme Equipe Dr Tabril Toufiq Dr Ouazzani Youssef
Les aspects psychologiques
Pr A.BOUT, Pr C.AARAB, Pr R. AALOUANE
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Fès
Université Sidi Mohamed Ben Abdellah
Service de Psychiatrie
2. LE POURQUOI DE CE DOCUMENT:
Offrir un outil pour comprendre les enjeux psychologiques de la
situation
Apporter des mesures pouvant aider à prévenir la détresse
psychologique chez les soignants
3. ETRE BIEN POUR POUVOIR FAIRE DU BIEN AUX
AUTRES…
Il s’agit pour le personnel soignant de répondre à une
situation d’urgence d’ampleur mondiale liée à une infection
hautement contagieuse pouvant se compliquer de détresse
respiratoire.
le personnel soignant est posté en première ligne avec
l’impératif et le devoir d’apporter des soins aux malades
tout en assurant sa propre protection contre le virus, mais
aussi et c’est l’objet de ce document, de conserver sa
propre intégrité psychique.
Ceci implique dans un premier temps une bonne
compréhension et une prise de conscience de la
situation=>
4. C’EST UNE RUPTURE AVEC NOTRE
FONCTIONNEMENT ANTÉRIEUR…
La situation est nouvelle et inhabituelle
Elle s’accompagne d’une série de changements qui
rompent avec notre routine quotidienne, impactent
fortement nos émotions , nos comportements et
modifient nos relations avec les autres
Ces changements qui peuvent être déstabilisants vont
solliciter nos mécanismes adaptatifs et c’est ces
derniers qui vont nous permettre de faire face.
5. A QUOI DOIT ON S’ADAPTER ?
La peur d’être contaminé, ou celle de porter le virus. La peur d’ être
exposé à des malades contaminés pendant notre exercice
De part même notre connaissance de la maladie il est possible que
nous nous focalisions sur les éventuelles complications et les
conséquences d’une possible infection par le virus (ne penser qu’à
ça, imaginer le pire…)
la peur de contaminer des collègues, d’autres patients mais surtout
nos familles (notamment les plus vulnérables)
…Je suis censé aider les autres pas les rendre malades…
6. A QUOI DOIT ON S’ADAPTER… ?
Ce sentiment de responsabilité face à nos proches
peut être vécu péniblement et peut se transformer en
sentiment de culpabilité et d’auto-accusation
Dans les cas ou le personnel et amené à être isolé de
ses proches, ceci peut donner lieu à une privation
affective et une frustration notamment à une période
où le soutien de la famille est important
Cela peut être vécu également comme un
manquement à nos devoir envers nos proches (visiter
les parents, prendre soins des enfants…)
7. A QUOI DOIT ON S’ADAPTER… ?
Dans d’autres cas, les ami(e)s ou des membres de la
famille peuvent se montrer distant ou évitant, et donner
un sentiment d’isolement affectif, de solitude.
Cette stigmatisation risque de s’aggraver si on a été en
contact avec des patients COVID+ ou si l’on est nous
même suspectés d’ être infectés ou porteur du virus.
Cet évitement peut être vécu comme un traumatisme
Les gens me fuient je me sens marginalisé, écarté,…
8. A QUOI DOIT ON S’ADAPTER… ?
On peut être une proie à de multiples Interrogations sur notre rôle à jouer et sur la place à
occuper dans la lutte contre le virus
Que faire, par quoi commencer, que faut il éviter… ?
Sur un possible changement de rôle en rapport a une éventuelle mobilisation
Des questionnement sur l’efficacité de nos interventions et notre capacité à faire face
correctement aux différentes situations
Je ne me sens pas apte à faire à face à…
Le rapport au devoir que nous confère notre position de soignant et notre rôle de donner
l’exemple aux autres et les éduquer.
Parfois le sentiment d’impuissance peut être paralysant
9. A QUOI DOIT ON S’ADAPTER… ?
Le souci permanent d’information et le sentiment
d’être pas assez ou mal informé
En contre partie, il y a le risque de surexposition
aux informations avec une submersion d’infos
parfois contradictoires pas toujours pertinentes
10. A QUOI DOIT ON S’ADAPTER ?
Le bouleversement des habitudes qui apportent en
temps normal un élément de stabilité psychique
Les activités qui permettent de se ressourcer (sports,
sorties, spectacles…) diminuent considérablement
ce qui peut laisser plus de temps aux inquiétudes ou
faire régner un sentiment de vide
Les excès de soucis, la fatigue, la peur, peuvent
retentir sur l’humeur et se manifester par des
symptômes d’anxiété ou de dépression…
11. Tous ces facteurs peuvent s’associer et s’accumuler
Néanmoins, nous disposons tous de facultés adaptatives
parfois insoupçonnées qui vont nous permettre de
rebondir
La plupart des difficultés sus décrites peuvent être
transitoires et peuvent jouer un rôle positif dans la prise
en main de la situation
12. COMMENT FAIRE ALORS ?
Sans être complètement exhaustif ce
document apporte quelques
recommandations utiles mais qui ne
remplacent pas une consultation chez un
psychiatre si des symptômes sévères ou
invalidants apparaissent
13. LES INQUIÉTUDES
Il est normal de se sentir sous pression dans la situation
actuelle. Le stress et toutes les émotions qui y sont
associées ne doivent en aucun cas être interprétés comme
une faiblesse.
Il ne faut pas non plus avoir honte de les exprimer
Il est utile de ne pas lutter contre ces inquiétudes,
Le sentiment de maitrise et d’efficacité personnelle qui va
s’installer avec le temps va progressivement réduire le
stress
14. LE STRESS…
Ne pas hésiter à utiliser des techniques de gestion
du stress. Utilisez les moyens qui marchent déjà sur
vous (activités ludiques, musique…)
utiliser les techniques de relaxation largement
disponibles sur internet sous forme d’applications ou
vidéos
15. LE STRESS…
Il est important de savoir que ce qui conditionne notre
peur ce n’est pas le danger réel mais notre
représentation mentale du danger (comment on voit les
choses et comment on évalue le risque réel autour de
nous )
Il se trouve que parfois on surévalue le risque et on peut
être amené à dramatiser des situations qui ne sont pas
réellement source de danger imminent.
Alors il est important de rester rationnel et de mesurer
le danger. Il est important aussi de s’informer
correctement
16. PRENDRE SOINS DE SOI
Essayer d’avoir au moins du répit, sinon quelques vraies
pauses lors du travail ; manger équilibré et en quantité
suffisante, maintenir une activité physique pour réduire
le stress (il y a toujours moyen)
Ne pas se sentir coupable de prendre du temps pour soi
quand c’est possible
Certaines actions en revanche comme fumer, boire de
l’alcool ou consommer des drogues peuvent à moyen
terme aggraver votre santé mentale et physique.
17. S’INFORMER…
A des moments précis de la journée en privilégiant
les sources sûres et rompre avec le torrent
d’informations continues dans les réseaux
sociaux.
S’informer également de la situation dans la
formation où vous exercez et privilégier la
communication claire dans la passation des
consignes
Faciliter l’expression d’éventuelles difficultés entre
collègues
18. ENTRE COLLÈGUES…
Il faut s’entraider, communiquer, personne ne peut
faire face seul à la pandémie. Il faut être attentif
aux émotions des autres
Distanciation ne veut pas dire ne pas s’ouvrir aux autres
Repérer les situation d’anxiété, de colère, de
fatigue, de frustration… dans son entourage
professionnel, et apporter une écoute et un
soutien. Faire circuler l’information utile sans
dramatisation.
19. SOLITUDE ET ÉVITEMENT
La rupture des lien sociaux est un élément qu’il faut prendre
en compte. Notamment si certains proches se montrent
distants (…ne pas vous appeler , ne pas prendre de vos
nouvelles).
Il s’agit d’abord de ne pas juger le comportement des autres
même quand ce n’est pas rationnel. Accepter ce
changement et le considérer comme provisoire. Maintenir le
lien avec les amis et la famille même a distance.
Privilégier les appelles téléphoniques, ou les réunions
virtuelles par vidéo
20. HÉROÏSME ET SACRIFICE….??
Parfois les médias et l’entourage mettent les soignants
dans la position du héros et du sauveur. Ceci peut être
ressenti comme un appel au sacrifice, d’autant plus que
souvent le champ lexical guerrier et mis en avant
Première ligne, les héros de la guerre contre le virus…
Il est important d’intégrer l’idée que le professionnel de
santé n’est ni un martyr ni un guerrier mais qu’il est appelé
à répondre à une situation de crise qui concerne tout le
monde au même temps où il occupe une place axiale certes
mais ou il doit être aidé et accompagné et surtout équipé
Nous restons des humains avec des sentiments et des besoins
21. AVEC LES MALADES COVID-19
Apporter le soutien, les informations nécessaires et l’aide aux
patients. Plus ils se sentent compris et soutenus, moins il seront
sujets à des réaction émotionnelles violentes et participeront
efficacement au soins
Ne surtout pas stigmatiser un malade ou le rejeter à cause de la
maladie
Ne jamais déshumaniser la relation soignant-malade.
Expliquer le déroulement et le pourquoi de toutes les procédures
(prélèvement, gestes…)
Ne pas oublier que le port de tenue peut affecter la qualité de la
communication avec le malade et essayer de compenser avec une
communication verbale claire.
22. POINTS ESSETIELS
Ne pas douter de nos capacités de faire face
Accepter nos émotions négatives et les considérer
comme momentanées, et en parler
Ménager et bien utiliser nos ressources
Aider et se faire aider
Ne pas stigmatiser les malades
Garder le lien
Consulter si votre état émotionnel vous empêche
de fonctionner normalement
23. UNITE DE SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE
Unité de soutien psychologique pour le personnel du
CHU Hassan II de Fès assurée par l’équipe du service
de psychiatrie, du lundi au samedi (10 h – 18 h)
Contacter 0613 60 94 02
Consultations pour le personnel au service
universitaire de psychiatrie, mardi et jeudi, à partir de
10 h. Rendez-vous en ligne, du lundi au vendredi
(10 h – 14h) :
Contacter 0661 35 87 53