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PAR
Philippe Danjou
membre du Board de l’IASB,
ancien Directeur des affaires
comptables de l’AMF
L’extension du domaine…
des IFRS
Le 1er janvier 2015 marque le dixième anniversaire de l’application des
IFRS en Europe. Une bonne date pour faire le point : quels pays rendent
ces normes obligatoires, autorisées, interdites ? La Fondation IFRS a rendu
publique une vaste étude dont Philippe Danjou, membre du Board de
l’IASB, nous détaille les résultats.
126 pays
se sont prononcés
en faveur des IFRS
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lyser 138 pays, sur les 197 que
reconnaît l’ONU. Dans prati-
quement tous, l’autorité com-
pétente a pris position en fa-
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référentiel d’information finan-
cière à vocation mondiale.
Ainsi, 126 pays se sont pro-
noncés de façon positive, dont
l’intégralité des pays représen-
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pays, toutefois, l’autorité com-
pétente ne s’est pas prononcée
publiquement (Belize, Ber-
muda, Iles Cayman, Egypte,
Macao, Suriname, Suisse et
Vietnam). Mais même dans les
grands pays qui ne les ont pas
encore adoptés, les IFRS sont
largement utilisés - nous y re-
viendrons.
114 pays
ont adopté les IFRS
Au-delà de la déclaration
d’intention, 114 pays (82%)
imposent les IFRS à toutes, ou
à l’essentiel de leurs sociétés
d’intérêt public. Parmi ces pays,
on note néanmoins une cer-
taine diversité. Dans le temps
tout d’abord : pour deux pays,
la décision est prise mais pas
encore effective (Colombie et
Bhoutan passent respective-
ment aux IFRS en 2015 et
2021). Ensuite, certains pays
appliquent les IFRS, mais ont
adopté des versions antérieures
des normes (Macédoine
(2009); Myanmar (2010); Sri
Lanka (2011); et Venezuela
(2008)). Selon les informations
disponibles, ces pays travaillent
à se mettre à jour. Enfin, cer-
tains pays, peu nombreux, ont
procédé à un aménagement
temporaire de certaines dispo-
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out » européen, qui a consisté à
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comptabilité de couverture.
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concerne qu’une vingtaine de
banques, parmi les 8 000 enti-
tés européennes cotées qui ap-
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Zélande. Dans ces pays, les
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mala, Honduras, Inde, Japon,
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nama, Paraguay, Suriname,
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sont autorisés et largement uti-
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ment international, c’est-à-dire
les sociétés dont les titres sont
susceptibles d’être acquis par
des investisseurs étrangers,
84% des sociétés appliquent les
IFRS, contre 16% les US GAAP.
Exception notable, la société
SWATCH a été autorisée à res-
ter cotée sur le compartiment
international, alors qu’elle a
abandonné les IFRS pour les
Swiss GAAP… au grand dam
de nombreux investisseurs
suisses. Il n’en va pas de même
pour les sociétés plus petites qui
ne recherchent pas d’investis-
seurs internationaux : dans ce
compartiment domestique, les
normes nationales l’emportent
(65%), les normes IFRS sont
minoritaires (7%), les US GAAP
ne sont pas représentés, et 28%
appliquent la loi bancaire. Les
sociétés étrangères cotées en
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sont autorisés depuis 2010,
sous certaines conditions. En
octobre 2013, le régulateur a
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tion volontaire des IFRS : de
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passé à plus de 4 000, soit la
quasi-totalité des sociétés co-
tées ou en passe de l’être. Ainsi
en février 2014, 34 sociétés
avaient fait le choix des IFRS.
Ce nombre est estimé à environ
60 actuellement et représente
un pourcentage significatif de
la capitalisation boursière. (Les
dernières en date étant Hitachi
et Toshiba qui ont annoncé en
janvier leur prochain passage
aux IFRS). Par ailleurs, les so-
ciétés étrangères cotées au Ja-
pon sont également autorisées
à appliquer les IFRS.
L’Inde permet également
l’application des IFRS, mais
seules 11 sociétés ont fait ce
choix. Il s’agit essentiellement
de sociétés dont les titres sont
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Finance&gestionmars2015
39
EXPERTISES
FINANCE
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gement en faveur des IFRS,
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les appliquent vraiment.Toute-
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pas du tout.
Aux Etats-Unis, les IFRS sont
présents de deux façons.
D’abord, on compte environ
500 sociétés cotées qui ap-
pliquent les IFRS. Il s’agit des
Foreign Private Issuers, les socié-
tés non américaines, qui lèvent
des capitaux1
aux USA (les plus
grandes entreprises du monde,
européennes ou Japonaises :
Daimler, Nestlé, Total, Sanofi,
etc.). L’un des principaux béné-
fices du passage aux IFRS a été
pour ces entreprises la fin de
l’obligation de préparer et pu-
blier un rapprochement entre
leurs comptes émis dans leur
pays d’origine et les US GAAP.
Depuis 2008, si les comptes
sont préparés en IFRS (sans
restriction), ils sont admis aux
États Unis sans rapprochement
comptable. Le rapprochement
était une source de coûts et de
complexité pour ces grandes
entreprises.
Ensuite, les normes améri-
caines convergent avec les
normes IFRS. Du côté euro-
péen, on a tendance à ne voir
que les efforts consentis pour
converger avec les US GAAP,
mais les US GAAP se rap-
prochent aussi des IFRS. Par
exemple, en mai 2014, la
norme IFRS 15 sur la recon-
naissance du revenu est parue
au même moment que la nou-
velle norme américaine sur le
sujet. Ces deux normes sont
totalement identiques. Les tra-
vaux continuent sur le sujet
des contrats de location et sur
d’autres sujets, même s’il n’est
pas garanti que les normes
soient totalement identiques à
l’arrivée. Bien que la décision
américaine de passer aux IFRS
ne soit pas venue, les travaux
de convergence continuent et
l’écart se réduit entre les deux
référentiels. Enfin, il ne faut pas
oublier que les investisseurs
américains achètent massive-
ment des titres d’entreprises en
IFRS et sont donc de grands
utilisateurs de ce référentiel.
En Chine, l’application des
IFRS est plus ambigüe. En effet,
les IFRS ne sont pas autorisées
pour les sociétés cotées en
Chine, et les sociétés étrangères
ne peuvent pas y lever de capi-
taux. Mais la première place de
cotation des sociétés chinoises
reste Hong-Kong, où les IFRS
sont autorisés. Ainsi les plus
importantes sociétés chinoises
cotées à Hong-Kong ont choisi
d’appliquer les IFRS. Par ail-
leurs, certaines de ces sociétés
appliquaient déjà les normes
Hongkongaises, qui sont désor-
mais exactement les mêmes
que les IFRS . De ce fait, la
grande majorité des sociétés
chinoises cotées à Hong-Kong
(84% en nombre et 95% en
capitalisation) sont désormais
« en IFRS ». Les IFRS sont bien
un référentiel comptable signi-
ficatif pour la Chine.
Par ailleurs, la Chine est elle
aussi engagée dans un proces-
sus de convergence de ses
normes comptables avec les
IFRS. La Chine a adopté en
2006 un « paquet » de normes
comptables « substantiellement
convergées » et a adopté en
2010 une feuille de route pour
la poursuite de la convergence.
Il n’est pas question de lister ici
les différences entre les IFRS et
les normes chinoises, mais il est
intéressant d’en noter quelques
unes : la réévaluation des im-
mobilisations n’est pas autori-
sée, la reprise d’un impairment
n’est pas autorisée, la méthode
du goodwill complet n’est pas
autorisée (en IFRS, la réévalua-
tion ou le full goodwill ne sont
d’ailleurs que des options
comptables), le reclassement
des actifs financiers à la juste
valeur par résultat n’est pas
autorisé. Ces exemples
montrent que les différences
sont limitées. D’ailleurs, pour
une entreprise qui n’est pas
concernée par les sujets ci-des-
sus ou qui choisit de ne pas uti-
liser ces options IFRS, les deux
référentiels sont similaires.
Au final, cette étude est riche
d’enseignements. Le plus im-
portant est la mise en évidence
du rôle désormais prééminent
des IFRS dans le monde. Non
seulement la grande majorité
des pays se sont engagés en fa-
veur des IFRS, mais ceux qui les
appliquent représentent plus de
la moitié de la richesse mon-
diale, malgré l’absence appa-
rente de la Chine et des Etats-
Unis. Mais même dans ces pays,
les IFRS ont un rôle majeur. Au
final, les IFRS sont le référentiel
de plus de 52% des plus
grandes sociétés mondiales,
d’après le classement Fortune
500. Les US GAAP sont le deu-
xième référentiel le plus impor-
tant au monde avec 29% des
sociétés de ce classement.
L’autre enseignement est que si
l’Europe a eu un rôle décisif
dans l’adoption du référentiel
IFRS et reste un « client » ma-
jeur, ce n’est désormais plus le
client majoritaire : en effet, elle
représente 17 000 milliards de
dollars de PIB sur un total de
40 000 pour les pays qui à ce
jour utilisent les IFRS… et la
dynamique de croissance éco-
nomique ne fera que réduire
cette part. l
La mise en évidence du rôle désormais
prééminent des IFRS dans le monde
1. Ou qui ont une obligation de
reporting financier en raison de leurs
programmes d’actionnariat salarié.
2. Les normes de Hong Kong sont
désormais mot pour mot identiques
aux normes IFRS. Toutefois, les
modalités de transition ayant été
différentes, les transactions
antérieures à 2005 peuvent avoir été
traitées différemment.
L’étude complète est disponible
à l’adresse suivante : http://www.
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Finance: L'extension du domaine... des IFRS

  • 1. PAR Philippe Danjou membre du Board de l’IASB, ancien Directeur des affaires comptables de l’AMF L’extension du domaine… des IFRS Le 1er janvier 2015 marque le dixième anniversaire de l’application des IFRS en Europe. Une bonne date pour faire le point : quels pays rendent ces normes obligatoires, autorisées, interdites ? La Fondation IFRS a rendu publique une vaste étude dont Philippe Danjou, membre du Board de l’IASB, nous détaille les résultats. 126 pays se sont prononcés en faveur des IFRS La Fondation IFRS a pu ana- lyser 138 pays, sur les 197 que reconnaît l’ONU. Dans prati- quement tous, l’autorité com- pétente a pris position en fa- veur des IFRS comme seul référentiel d’information finan- cière à vocation mondiale. Ainsi, 126 pays se sont pro- noncés de façon positive, dont l’intégralité des pays représen- tés au G20. Ils représentent 96% du PIB mondial. Dans 8 pays, toutefois, l’autorité com- pétente ne s’est pas prononcée publiquement (Belize, Ber- muda, Iles Cayman, Egypte, Macao, Suriname, Suisse et Vietnam). Mais même dans les grands pays qui ne les ont pas encore adoptés, les IFRS sont largement utilisés - nous y re- viendrons. 114 pays ont adopté les IFRS Au-delà de la déclaration d’intention, 114 pays (82%) imposent les IFRS à toutes, ou à l’essentiel de leurs sociétés d’intérêt public. Parmi ces pays, on note néanmoins une cer- taine diversité. Dans le temps tout d’abord : pour deux pays, la décision est prise mais pas encore effective (Colombie et Bhoutan passent respective- ment aux IFRS en 2015 et 2021). Ensuite, certains pays appliquent les IFRS, mais ont adopté des versions antérieures des normes (Macédoine (2009); Myanmar (2010); Sri Lanka (2011); et Venezuela (2008)). Selon les informations disponibles, ces pays travaillent à se mettre à jour. Enfin, cer- tains pays, peu nombreux, ont procédé à un aménagement temporaire de certaines dispo- sitions des normes IFRS. Le plus notable est le fameux « carve- out » européen, qui a consisté à modifier légèrement la norme IAS 39 lors de son adoption en Europe pour en supprimer cer- tains paragraphes relatifs à la comptabilité de couverture. L’application du carve-out ne concerne qu’une vingtaine de banques, parmi les 8 000 enti- tés européennes cotées qui ap- pliquent les IFRS. D’autres aménagements temporaires effectués par certaines juridic- tions consistent à différer la date d’application de certaines normes. Ainsi, l’Europe a dif- féré à 2014 l’entrée en vigueur obligatoire des normes IFRS 10, 11 et 12. Parmi les 114 pays qui ap- pliquent les IFRS, certains ont édicté des normes nationales qui sont mot pour mot les IFRS. Les plus notables sont l’Austra- lie, Hong-Kong et la Nouvelle Zélande. Dans ces pays, les IFRS s’appliquent donc à toutes les sociétés, cotées ou non, pour leurs comptes consolidés comme individuels. 12 pays ne rendent pas les IFRS obligatoires, mais les autorisent Il s’agit des pays suivants : Bermuda, Iles Cayman, Guate- mala, Honduras, Inde, Japon, Madagascar, Nicaragua, Pa- nama, Paraguay, Suriname, Suisse. Les IFRS ne sont pas obligatoires en Suisse, mais sont autorisés et largement uti- lisés. Ainsi, dans le comparti- ment international, c’est-à-dire les sociétés dont les titres sont susceptibles d’être acquis par des investisseurs étrangers, 84% des sociétés appliquent les IFRS, contre 16% les US GAAP. Exception notable, la société SWATCH a été autorisée à res- ter cotée sur le compartiment international, alors qu’elle a abandonné les IFRS pour les Swiss GAAP… au grand dam de nombreux investisseurs suisses. Il n’en va pas de même pour les sociétés plus petites qui ne recherchent pas d’investis- seurs internationaux : dans ce compartiment domestique, les normes nationales l’emportent (65%), les normes IFRS sont minoritaires (7%), les US GAAP ne sont pas représentés, et 28% appliquent la loi bancaire. Les sociétés étrangères cotées en Suisse peuvent aussi appliquer les IFRS. De même, au Japon, les IFRS sont autorisés depuis 2010, sous certaines conditions. En octobre 2013, le régulateur a assoupli les conditions d’adop- tion volontaire des IFRS : de 600 sociétés éligibles, on est passé à plus de 4 000, soit la quasi-totalité des sociétés co- tées ou en passe de l’être. Ainsi en février 2014, 34 sociétés avaient fait le choix des IFRS. Ce nombre est estimé à environ 60 actuellement et représente un pourcentage significatif de la capitalisation boursière. (Les dernières en date étant Hitachi et Toshiba qui ont annoncé en janvier leur prochain passage aux IFRS). Par ailleurs, les so- ciétés étrangères cotées au Ja- pon sont également autorisées à appliquer les IFRS. L’Inde permet également l’application des IFRS, mais seules 11 sociétés ont fait ce choix. Il s’agit essentiellement de sociétés dont les titres sont également cotés dans un autre pays. Pour le reste, les normes nationales ont commencé leur convergence avec les IFRS de- puis 2007. 35 normes ont déjà été publiées et correspondent aux IFRS en vigueur au 1er avril 2011. Leur adoption officielle est attendue prochai- nement. Il convient de noter que cette liste exclut quelques Finance&gestionmars2015 39 EXPERTISES FINANCE
  • 2. FINANCE sujets considérés comme « sen- sibles ». Il s’agit surtout des instruments financiers (IFRS  9), de l’agriculture (IAS 41) et des concessions de service public (IFRIC 12). On attend également prochaine- ment la publication de la feuille de route pour la suite de la convergence. Quatre cas particuliers Deux pays imposent les IFRS aux seules banques (Arabie Saoudite et Ouzbékistan). La Thaïlande est en cours d’adop- tion des IFRS et l’Indonésie est en cours de convergence. Huit pays appliquent des règles nationales (Bolivie, Chine, Egypte, Gui- née-Bissau, Macao, Niger, Etats-Unis, Vietnam). Les deux principales écono- mies de la planète, la Chine et les Etats-Unis, ont pris un enga- gement en faveur des IFRS, comme tous les pays du G20, mais n’ont pas (encore ?) rendu celui-ci effectif. C’est la raison pour laquelle, bien que les pays qui se sont engagés en faveur des IFRS représentent 96% du PIB mondial, le score tombe à 58% en retenant les pays qui les appliquent vraiment.Toute- fois, il ne faudrait pas croire que les IFRS ne s’y appliquent pas du tout. Aux Etats-Unis, les IFRS sont présents de deux façons. D’abord, on compte environ 500 sociétés cotées qui ap- pliquent les IFRS. Il s’agit des Foreign Private Issuers, les socié- tés non américaines, qui lèvent des capitaux1 aux USA (les plus grandes entreprises du monde, européennes ou Japonaises : Daimler, Nestlé, Total, Sanofi, etc.). L’un des principaux béné- fices du passage aux IFRS a été pour ces entreprises la fin de l’obligation de préparer et pu- blier un rapprochement entre leurs comptes émis dans leur pays d’origine et les US GAAP. Depuis 2008, si les comptes sont préparés en IFRS (sans restriction), ils sont admis aux États Unis sans rapprochement comptable. Le rapprochement était une source de coûts et de complexité pour ces grandes entreprises. Ensuite, les normes améri- caines convergent avec les normes IFRS. Du côté euro- péen, on a tendance à ne voir que les efforts consentis pour converger avec les US GAAP, mais les US GAAP se rap- prochent aussi des IFRS. Par exemple, en mai 2014, la norme IFRS 15 sur la recon- naissance du revenu est parue au même moment que la nou- velle norme américaine sur le sujet. Ces deux normes sont totalement identiques. Les tra- vaux continuent sur le sujet des contrats de location et sur d’autres sujets, même s’il n’est pas garanti que les normes soient totalement identiques à l’arrivée. Bien que la décision américaine de passer aux IFRS ne soit pas venue, les travaux de convergence continuent et l’écart se réduit entre les deux référentiels. Enfin, il ne faut pas oublier que les investisseurs américains achètent massive- ment des titres d’entreprises en IFRS et sont donc de grands utilisateurs de ce référentiel. En Chine, l’application des IFRS est plus ambigüe. En effet, les IFRS ne sont pas autorisées pour les sociétés cotées en Chine, et les sociétés étrangères ne peuvent pas y lever de capi- taux. Mais la première place de cotation des sociétés chinoises reste Hong-Kong, où les IFRS sont autorisés. Ainsi les plus importantes sociétés chinoises cotées à Hong-Kong ont choisi d’appliquer les IFRS. Par ail- leurs, certaines de ces sociétés appliquaient déjà les normes Hongkongaises, qui sont désor- mais exactement les mêmes que les IFRS . De ce fait, la grande majorité des sociétés chinoises cotées à Hong-Kong (84% en nombre et 95% en capitalisation) sont désormais « en IFRS ». Les IFRS sont bien un référentiel comptable signi- ficatif pour la Chine. Par ailleurs, la Chine est elle aussi engagée dans un proces- sus de convergence de ses normes comptables avec les IFRS. La Chine a adopté en 2006 un « paquet » de normes comptables « substantiellement convergées » et a adopté en 2010 une feuille de route pour la poursuite de la convergence. Il n’est pas question de lister ici les différences entre les IFRS et les normes chinoises, mais il est intéressant d’en noter quelques unes : la réévaluation des im- mobilisations n’est pas autori- sée, la reprise d’un impairment n’est pas autorisée, la méthode du goodwill complet n’est pas autorisée (en IFRS, la réévalua- tion ou le full goodwill ne sont d’ailleurs que des options comptables), le reclassement des actifs financiers à la juste valeur par résultat n’est pas autorisé. Ces exemples montrent que les différences sont limitées. D’ailleurs, pour une entreprise qui n’est pas concernée par les sujets ci-des- sus ou qui choisit de ne pas uti- liser ces options IFRS, les deux référentiels sont similaires. Au final, cette étude est riche d’enseignements. Le plus im- portant est la mise en évidence du rôle désormais prééminent des IFRS dans le monde. Non seulement la grande majorité des pays se sont engagés en fa- veur des IFRS, mais ceux qui les appliquent représentent plus de la moitié de la richesse mon- diale, malgré l’absence appa- rente de la Chine et des Etats- Unis. Mais même dans ces pays, les IFRS ont un rôle majeur. Au final, les IFRS sont le référentiel de plus de 52% des plus grandes sociétés mondiales, d’après le classement Fortune 500. Les US GAAP sont le deu- xième référentiel le plus impor- tant au monde avec 29% des sociétés de ce classement. L’autre enseignement est que si l’Europe a eu un rôle décisif dans l’adoption du référentiel IFRS et reste un « client » ma- jeur, ce n’est désormais plus le client majoritaire : en effet, elle représente 17 000 milliards de dollars de PIB sur un total de 40 000 pour les pays qui à ce jour utilisent les IFRS… et la dynamique de croissance éco- nomique ne fera que réduire cette part. l La mise en évidence du rôle désormais prééminent des IFRS dans le monde 1. Ou qui ont une obligation de reporting financier en raison de leurs programmes d’actionnariat salarié. 2. Les normes de Hong Kong sont désormais mot pour mot identiques aux normes IFRS. Toutefois, les modalités de transition ayant été différentes, les transactions antérieures à 2005 peuvent avoir été traitées différemment. L’étude complète est disponible à l’adresse suivante : http://www. ifrs.org/Use-around-the-world/ Pages/Jurisdiction-profiles.aspx ENSAVOIRPLUS Financegestionmars2015 40 EXPERTISES