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Volume 23, Série 4, Septembre 2023,
Email: manuscrit.tma@gmail.com
ISSN :95979871
2
Editions Comerci, ‘Journal Of African Management Trends’
Directeur de Publication
Pr. Dr. Alain Ndedi
Secrétariat scientifique de rédaction :
Pr. Dr Emmanuel Innocents Edoun
Pr. Dr Paulin Mbecke
Pr. Dr. Francis Kemegue
Comité éditorial :
Dr. Nurudeen Oyekola, BoT Chair, Global Confederation of Certified
Entrepreneurship and Innovation Institutes (GCCEI)/Registrar Institute of Classic
Entrepreneurship (ICEnt)
Dr. Bamidele Wale-Oshinowo, University of Lagos, Nigeria
Pr. Dr. Rose Ikelle, ESSEC, Université de Douala, Cameroun
Pr Dr Jules Banaken, Banque de Développement des Etats de l'Afrique Centrale
Pr Dr Pierre-Joubert Nguetse Tegoum, Ministère de l’économie et de la
Planification, Cameroun
Pr. Dr. Alain Ndedi, International Council for Family Business /Prime Light
University
Pr. Dr. Francis Kemegue, Boston Insights and Analytics, USA
Pr. Dr Emmanuel Innocents Edoun, Université de Johannesburg /Tshwane
University of Technology, RSA
Pr. Dr Paulin Mbecke, Université du Moyen Lualaba, DRC
Dr Polycarpe Feussi, Université de Johannesburg, RSA
Pr Dr Essombe Edimo Jean Roger, Université de Yaoundé II-Soa, Cameroun
Pr Dr Tchouassi Gérard, Université de Yaoundé II-Soa, Cameroun
Pr Dr Thierry Levy Tadjine, Université Paris 8, France
Pr Dr Mantsie Rufin W., Université Marien Ngouabi, Congo Brazzaville
Dr Kok Lawrence, University of Johannesburg, RSA
Pr Dr Makosso Bethuel, Université Marien Ngouabi, Congo Brazzaville
Dr Florence Nisabwe, President and CEO, Rise and Shine.
Volume 23, Série 4, Septembre 2023,
Email : manuscrit.tma@gmail.com
ISSN : 95979871
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TABLE DES MATIERES
Pp 5-10
INTRODUCTION
Pp. 11-28
Les pratiques de La gestion efficiente de la santé mentale en entreprise
Pr Dr Ndedi Alain Aimé
Dr Goufan A Eroume Hilde Marlyse
Pp. 29-54
Logistique urbaine et mobilité dans la ville de Yaoundé : L’urgence d’une dynamique
des Collectivités Territoriales Décentralisées
Dr Onguene Ateba Julien Grégoire
Mme Ndzomo Eboga Carine
Pp. 55-79
Analyse de la Perception des clients du processus de gestion des réclamations
bancaires dans la Zone CEMAC
Dr Midja Essogo J P,
Mr Mahou Midja Martial Petty
Pp. 80-90
L’imposition coloniale de la diffusion de l’historicité de l’Etat africain
Dr Sango Amel Simon,
Pp. 91-111
Regard sur le christianisme face à la l’assortement des religions en Afrique
Mr Wamba Ngano Joël
Pp. 112-140
Analysis of decentralisation, poverty, exclusion and public transfers in Cameroon
Pr Dr Nguetse Tegoum Pierre Joubert
Mr Chapda Nana Lucien
Pp. 141-162
Renewable digital transformation and cybersecurity management in Africa
Mr Djekoundayom Bemba
Pp. 163-172
The Role of Early warning responses to curb the Boko Haram insurgencies in the Lake
Chad Basin
Mr Satadjim Succès Noel
4
5
INTRODUCTION
Le numéro 4 du volume 23 du Journal of African Management Trends
(JAMT) du mois de septembre 2023 s’inscrit dans le management ‘mode
BRICS’, où les organisations doivent intégrer toutes leurs ressources pour
une compétitivité centrée sur l’humain conduisant à une croissance
soutenue. Une brève introduction du concept BRICS. En 2001, la banque
Goldman Sachs publie un rapport pour alerter sur la rapide croissance
économique de quatre pays non membres du G7, à savoir le Brésil, la
Russie, l’Inde et la Chine (BRIC) qui, selon elle, vont accéder aux
premières places de l’économie mondiale. La remarque de Goldman Sachs
voit la nécessité de réformer le G7 pour y incorporer ces quatre pays. Cette
remarque restera lettre morte. La Russie lance, en 2006, en marge de
l’assemblée générale des Nations-Unies, le processus de création d’un
groupe de coopération et d’échange avec la Chine, le Brésil et l’Inde,
groupe appelé BRIC. Les chefs d’État de ces pays se réunissent pour la
première fois à Ekaterinbourg (Russie), le 16 juin 2009 au cours duquel ces
quatre pays déclarent vouloir développer leur coopération pour faire
advenir un monde multipolaire ‘plus démocratique et plus juste,’ en
réclamant notamment la réforme des institutions de Breton Woods
(Banque mondiale et Fonds Monétaire International) et leur plus grande
ouverture aux économies émergentes. Depuis lors, les BRICS réitèrent
leurs demandes et affinent le rôle qu’ils entendent voir jouer par leur
groupe dans tous les champs des relations internationales avec les Nations
Unies comme point central. Ils présentent leur stratégie comme une
volonté de réforme de l’existant ; Russie et Chine sont membres
permanents du Conseil de sécurité des Nations-Unies et plaident pour y
faire accéder entre autre pays l’Inde, plutôt que de remplacement. Pour
cela, ils s’organisent afin de coordonner leurs positions dans les réunions
et organisations internationales et mettre en place des coopérations
sectorielles entre eux.
Cette année, le sommet des pays émergents des BRICS (Brésil, Russie,
Inde, Chine, Afrique du Sud) s'est déroulé à Johannesburg avec, au
centre des discussions, l'élargissement du bloc qui veut étendre son
influence politique et économique mondiale.
Une quarantaine de nations ont demandé leur adhésion ou manifesté
leur intérêt pour rejoindre le ‘club des cinq’, qui produit plus du quart
de la richesse mondiale et rassemble 42% de la population du globe.
En 2014, les BRICS ont créé la Nouvelle banque de développement (NBD),
dotée de 250 milliards de dollars, afin de prêter aux pays émergents de
6
l'argent pour leur développement. Des pays non membres des BRICS, tels
que l'Égypte et les Émirats arabes unis, ont rejoint la NBD. Parmi les autres
questions à l'ordre du jour des réunions du BRICS figurent la lutte contre
le changement climatique, le développement du commerce, des
opportunités d'investissement et de l'innovation dans les pays en
développement, ainsi que la réforme des systèmes de gouvernance
mondiale afin que les pays en développement aient davantage un droit de
parole.
Revenons à notre revue, le Journal of African Management Trends
(JAMT). Le volume 23, la série 4 aborde des sujets variés qui affectent les
organisations africaines dans leur ensemble.
La première contribution de cette série 4 qui est le chef d’œuvre des
auteurs, Pr Dr Alain Ndedi et Dr Goufan A Eroume Hilde Marlyse sous
le thème : Les pratiques de La gestion efficiente de la santé mentale en
entreprise aborde une question souvent reléguée au second rang. D’après
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (2022) et l’Organisation
Internationale du Travail (OIT) (2022), la santé mentale ne se définit pas
comme une absence de pathologies liées à la souffrance ou à l’épuisement
au travail, mais plutôt comme : ‘un état de bien-être dans lequel une
personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie,
accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté.
Cet article, à partir d’une revue de littérature variée, montre comment
gérer les causes et certains symptômes de la santé mentale des employés
au travail.
Le but de cette deuxième communication intitulée ‘Logistique urbaine et
mobilité dans la ville de Yaoundé : L’urgence d’une dynamique des
Collectivités Territoriales Décentralisées’ conjointement écrit par Dr
Onguene Ateba Julien Grégoire et Mme Ndzomo Eboga Carine est de
démontrer que l’organisation d’une bonne logistique urbaine dans la ville
de Yaoundé (Cameroun) peut contribuer à la mobilité urbaine si les
collectivités territoriales décentralisées sont impliquées au regard du
transfert des compétences. La logistique urbaine est au centre de la
mobilité urbaine des flux des entreprises et des personnes dans les délais
et à moindre coût. La logistique urbaine permet d’optimiser les flux de
marchandises et de personnes dans les centres urbains, les
agglomérations, les périphéries et même les flux interurbains, de produire
et créer rapidement des revenus et par conséquent, le Cameroun y tire de
la croissance économique, améliorant la mobilité urbaine et le bien-être
7
des populations dans la ville de Yaoundé. Ce travail s’appuie sur l’enquête
de terrain et l’analyse des sources diachroniques et synchroniques
existantes sur la ville de Yaoundé et de ses localités périurbaines.
L’approche qualitative par observation n’est pas en reste pour l’analyse
de l’impact de cette logistique urbaine sur la mobilité urbaine. Il ressort
des résultats empiriques, que la logistique urbaine de la ville de Yaoundé
ne contribue pas assez à la mobilité urbaine à cause de la mauvaise
politique urbaine des acteurs des CTD, des politiques de transports
inadaptées aux villes modernes. Autrement dit, des infrastructures en
déphasage avec des villes nouvelles ou villes neuves. L’originalité de cette
recherche est double : Comprendre l’impact que la logistique urbaine peut
avoir sur la mobilité des populations et le lien entre démographie et
mobilité urbaine dans la ville de Yaoundé.
Dr Midja Essogo J P, et Mr Mahou Midja Martial Petty, abordent
l’Analyse de la Perception des clients du processus de gestion des
réclamations bancaires dans la Zone CEMAC et pour objectif de
contribuer à une meilleure compréhension de la relation entre le client et
sa banque. Basé sur une étude empirique, l’article s’intéresse à la
perception que les consommateurs des produits et services bancaires ont
de la gestion de leurs réclamations par les professionnels des institutions
bancaires. L’échantillon choisi pour y arriver couvre 08 banques gérant
plus de 80% des comptes des clients particuliers au Cameroun. L’approche
quantitative menée pour la collecte des données permet une analyse
descriptive aux fins de constituer une base de données utile à chaque
partie prenante des échanges bancaires. La théorie de la justice
procédurale est convoquée pour déterminer les variables à évaluer dans
la gestion des réclamations. Comme dans la plupart des études menées
dans le domaine, les résultats obtenus placent le problème de gestion des
cartes bancaires parmi les problèmes les plus récurrents avec un taux de
26, 56%. Contrairement à la littérature existante, plus de 64% des clients
enquêtés trouvent lent le traitement des réclamations dans la zone
CEMAC, avec 51% des enquêtés trouvant les voies de recours accessibles.
In fine, ces différentes récriminations interpellent toutes les parties
prenantes des échanges bancaires pour des actions mélioratives.
Dr Sango Amel aborde le sujet de l’imposition coloniale de la diffusion de
l’historicité de l’Etat africain. Ce papier se focalise sur le point de vue de
Weber qui est cette communauté humaine, qui à l’intérieur d’un territoire
déterminé (...) revendique pour elle-même et parvient à imposer le
8
monopole de la violence physique légitime. L’État est cette communauté
humaine, qui à l’intérieur d’un territoire déterminé (...) revendique pour
elle-même et parvient à imposer le monopole de la violence physique
légitime. (Weber, 2003) L’universalité de l’Etat à travers l’imposition
coloniale et la réappropriation postcoloniale, la dépendance culturelle des
élites du tiers-monde par rapport à la culture occidentale, permet de
rendre compte de l’Etat au sein des diverses sociétés africaines.
Sur le plan de l’analyse sociologique rigoureuse, il convient alors de
rompre l’auteur le démontre, avec le nominalisme car, l’identité du terme
Etat ne parvient pas à camoufler des réalités diverses. Dans le
nominalisme, le droit est le reflet de la nature des choses, le droit est
congruent de la nature des choses, il construit le fait accompli que lui
dictent les rapports de forces entre seigneurs et vassaux. Dans son sens
philosophique, l’Etat est une abstraction qui se manifeste à travers des
productions symboliques. Un autre philosophe appelé REVEL dira ainsi
que ‘je ne déjeune pas avec l’Etat’. En d’autres termes, au-delà de l’identité
du terme Etat, il importe de prendre en considération la diversité, le
pluralisme des modes de structuration de l’Etat. Dit autrement, pour
comprendre l’inscription de l’Etat dans l’ordre de la domination politique
en Afrique, il convient de se référer à des actions concrètes prises elles-
mêmes dans des situations concrètes. Le rapport de l’Etat africain à la
science politique telle qu’imposé par les colons et reçu par les pays
africains, peut s’organiser autour de deux constats : le constat de
l’adversité de l’approche d’une part, et le constat de la crise de l’Etat
d’autre part.
La contribution scientifique de cette série intitulée : Regard sur le
christianisme face à la l’assortement des religions en Afrique est le
produit de Mr Wamba Ngano Joël. L’auteur, par une analyse
herméneutique et heuristique, porte un regard sur les courants religieux
et spirituels arc-boutant le christianisme en Afrique subsaharienne. Il
consiste à interroger la résistance, la persistance mieux l’existence du
christianisme face à l’ensemble des doctrines théosophiques qui tantôt
hissent la raison comme mythe thuriféraire, tantôt l’enlise comme jalon
théogonique pour expliquer et comprendre l’élan du sujet vers Dieu. Ces
courants contribuent à bouleverser les valeurs christianiques. Ce qui, dans
un relativisme dévoilé, interpelle la portée mystique du christianisme à se
réinventer.
The paper entitled: Analysis of decentralisation, poverty, exclusion and
9
public transfers in Cameroon, is written by Pr Dr Nguetse Tegoum
Pierre Joubert and Mr Chapda Nana Lucien. Since 2004, when the first
competencies being transferred, Cameroon, according to the authors has
shown relatively satisfactory economic performance with an average
growth rate of 4.5% over the period 2010-2019. However, several facts
question the inclusive nature of this growth. Indeed, there is an increase
in income inequality which translates into a 13% increase in the Gini
index. In addition, poverty has declined in some regions while it has
increased considerably in others, particularly the northern regions.
This paper raises the question of whether the decentralization process
initiated for more than fifteen years has favoured a more inclusive socio-
economic development in Cameroon. Specifically, it analyses the
evolution and allocation of investment transfers from the State to the
municipalities from the perspective of equity and in relation to poverty.
The data used comes mainly from household surveys carried out by the
National Institute of Statistics and from the Ministry of the Economy.
The results show that the share of the public investment budget on
internal resources allocated to municipalities has increased from 4.7% to
22.3% between 2016 and 2021. But this paper does not take into account
the level of development of communities. The econometric analyses show
that the municipality's poverty rate decreases as the volume of public
investment transfers per capita increases. For a given municipality, a 1%
increase in the public investment transfers per inhabitant would lead to a
drop in the poverty rate of 3.7%. Regarding local governance, there is a
strong political exclusion of populations in the management of
municipalities. The paper recommends that the State develop a fairer
mechanism for allocating the resources transferred to the municipalities,
which are, for their part, invited to institutionalize the participatory
budget.
Mr Djekoundayom Bemba contribution under the title ‘Renewable
digital transformation and cybersecurity management in Africa’ raises
worldwide issues that companies are facing, namely climate change, digital
transformation and cybersecurity risks. These threats could seriously affect
their future business growths and sustainable business profitability. In
particular, renewable companies have to develop appropriate digital
transformation strategies to improve their performance and efficiency
whilst maintaining high cybersecurity. Cybersecurity improvements are
key to protect renewable companies against growing cyber-attacks and
risks of fraud. There should be strong management support for the
10
elimination of legacy systems and organisational reforms to accelerate
digital reforms and improve cybersecurity. Different interlinkages
between climate change, renewables, digital transformation and
cybersecurity are discussed in this article with the application on Africa.
Mr Satadjim Succès Noel discusses the Role of Early warning responses
to curb the Boko Haram insurgency in the Lake Chad Basin. For decades,
the four Lake Chad Basin (LCB) countries have grappled with various
forms of insecurity including banditry, abduction, highway robbery and
cattle rustling among other challenges. In addition, the most significant
security challenges confronting the LCB remain the Boko Haram crisis. In
this regard, Cameroon, Chad, Niger and Nigeria have all been impacted
by violent extremism that impedes State functionality and its capacity and
willingness to provide human security. The focus on conflict dynamics in
the LCB must therefore been seen as a critical issue and look at a wide
spectrum of actors, structures and processes that spawn insecurity in the
region while still centring the Boko Haram phenomenon and its
connections with other conflict or security dynamics. The article based on
an empirical research was carried out in the eight
provinces/states/regions directly affected by the Boko Haram
insurgency: Far North and North regions (Cameroon), Hadjer Lamis and
Lac provinces (Chad), Diffa region (Niger), Adamawa, Borno and Yobe
states (Nigeria) with the aim to understand if early warning systems are
fully used and implemented. The findings show that there is not enough
use of early warning systems to combat Boko Haram insurgencies. This
article intends to fill that gap by bringing forward strategies to deal with
this crisis.
Au nom du comité éditorial, mes sincères remerciements à tous les
contributeurs et à leurs institutions respectives, et une bonne lecture à
tous.
Nous vous remercions de bien vouloir envoyer vos contributions au plus
tard le 28 Octobre 2023 et commentaires par courriel aux adresses
suivantes: ndediaa@gmail.com et manuscrit.tma@gmail.com (secrétariat)
Prof. Dr. Alain Ndedi
11
Les pratiques de La gestion efficiente de la santé mentale en entreprise
Pr Dr Ndedi Alain Aimé
President: Centre of Entrepreneurship and
Small Business Management (www.cesbm.education)
Dr Goufan A Eroume Hilde Marlyse
Responsable RH, Sonatrel, Yaoundé
Email: marlysegb@yahoo.fr
Cite cet article: Ndedi, A, A et Goufan A Eroume, H, M, (2023), Les pratiques de La
gestion efficiente de la santé mentale en entreprise. Journal of African Management
Trends, Volume 23, Série 4, Aout 2023. Pp. 11-28
RESUME
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (2022) et
l’Organisation Internationale du Travail (OIT) (2022), la santé mentale ne
se définit pas comme une absence de pathologies liées à la souffrance ou
à l’épuisement au travail, mais plutôt comme : ‘un état de bien-être dans
lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de
la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa
communauté. Cet article, à partir d’une revue de littérature variée, montre
comment gérer les causes et certains symptômes de la santé mentale des
employés au travail.
Mots clés : Santé mentale, entreprise, rendement.
INTRODUCTION
On a souvent tendance à dire qu’une bonne santé mentale correspond à
une absence de manifestations de troubles mentaux. Si on ne rentre pas
dans la case de l’anxiété, du stress, de la dépression, du burn-out, bore-out
ou brown-out, c’est que tout va bien, non ? Et bien ce n’est pas si
simple. Pour l’OMS (2020), la santé mentale ne se définit pas comme une
absence de pathologies liées à la souffrance ou à l’épuisement au travail,
mais plutôt comme : ‘un état de bien-être dans lequel une personne peut
se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail
productif et contribuer à la vie de sa communauté.’ D’après Villani (2023),
pour déterminer si une entreprise est saine, il faut d’abord apprendre à
observer les facteurs de risque. En identifiant et en comprenant les signaux
12
d’alerte au niveau santé et sécurité, on est à mesure d’agir plus
efficacement pour inverser la tendance. Les responsables d’entreprise
devraient de poser de bonnes questions, Vallini (2023) :
 Est-ce que le poste de travail est adapté aux compétences du salarié
(sur ou sous qualification) ?
 Est-ce que la charge de travail ne plonge pas le collaborateur sous
l’eau ?
 Est-ce que les délais sont raisonnables et les missions bien
définies ?
 Est-ce que l’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle est
bien respecté ?
Le contexte actuel caractérisé entre autre par la compétitivité, pousse les
diverses organisations à être de plus en plus performantes pour ne pas
rester à la traîne. L’individu étant au centre de l’activité de l’organisation,
une attention particulière lui est accordée pour qu’il soit toujours capable
de fournir le meilleur de lui-même, pour le rayonnement et la
performance de l’entreprise. L’harmonisation entre les valeurs
individuelles (réalisation de soi, épanouissement personnel, qualité de
vie) et les exigences de performance des organisations dans un contexte
de mondialisation constitue donc un défi de taille. La synergie entre la
réalisation de soi et la performance de l’organisation est tout à fait réaliste
puisque la personne épanouie à son travail devrait apporter à
l’organisation les éléments nécessaires à son succès. La santé de l’agent est
primordiale pour atteindre cet objectif, qui plus est la santé mentale au
travail. Cette réflexion sur la santé mentale au travail trouve ainsi sa
pertinence dans ce contexte.
Cet article s’articulera autour de parties : la santé mentale au travail, les
troubles de la santé mentale au travail (les causes, les risques, les
conséquences) et le rôle nouveau stratégique des Ressources Humaines
dans la santé mentale au travail.
1. QU’EST-CE QUE LA SANTE MENTALE AU TRAVAIL
Lorsque l’on parle de santé, on pense d'abord à la santé physique et
souvent, on oublie la santé mentale. Alors qu'elle est tout aussi importante
pour notre bien-être. Selon le dictionnaire Larousse, la santé mentale est
aptitude du psychisme à fonctionner de façon harmonieuse, agréable,
efficace et à faire face avec souplesse aux situations difficiles en étant
capable de retrouver son équilibre.
La santé mentale est une composante de notre santé aussi importante que
la santé physique. ‘Il n’y pas de santé sans santé mentale’, rappelle
13
l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour définir la santé au sens
large, l’OMS (2022), énumère ses trois dimensions indispensables: La
santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne
consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. (ILO,
2022) Il n’existe pas une manière unique de définir la santé mentale. Elle
correspond à l’état psychologique ou émotionnel de la personne, à un
moment donné.
Pour l’OMS (2022), la santé mentale est ‘un état de bien-être dans lequel
une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie,
accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté’.
Cette définition propose une vision positive de la santé mentale.
Néanmoins, elle pourrait laisser penser – à tort – que sans emploi, une
personne ne peut pas connaître un état de bien-être.
Nous pouvons conclure que la santé mentale au travail est un état sain de
l’esprit dans son activité professionnelle ou l’aptitude de l’esprit à
fonctionner de manière harmonieuse et à faire face aux situations difficiles
en étant capable de retrouver son équilibre. Elle ne dépend pas que des
employés, du tempérament des employés ou de leur vécu, comme on le
croit trop souvent. La santé mentale se consolide ou se détériore en
fonction de nombreux facteurs. Certains sont propres aux employés,
d’autres sont liés à la société et à l’environnement dans lequel ces
employés évoluent. (Goufan A Eroume, 2000)
Voici les principaux facteurs qui influencent notre santé mentale :
Ceux qui relèvent de l’individu
 La personnalité,
 Le patrimoine génétique,
 La capacité à faire face à aux émotions,
 L’estime personnelle,
 Les événements marquants de l’existence comme les rencontres, les
séparations, les deuils.
Ceux qui relèvent de la société
 Les conditions de travail, de logement, de sécurité,
 Le niveau de vie,
 La solidarité,
 L’accès à l’éducation
 L’accès aux soins,
 La culture dans laquelle l’on évolue,
 Les discriminations subies du fait de l’origine, la religion, le genre,
et l’orientation sexuelle (Goufan A Eroume, 2000)
14
Ainsi, les employés ne sont pas les seuls responsables de leur état
psychologique. Il dépend, pour une grande part, de l’environnement
professionnel et social dans lesquels ils évoluent.
2. LES TROUBLES DE LA SANTE MENTALE AU TRAVAIL
Mais la plupart des employés dans une organisation n’arrivent pas à
trouver l’équilibre et être de ce fait épanouis dans leurs lieux de travail.
Mais quelles en sont les causes ?
2.1 Les causes des troubles de la santé mentale au travail
Pour Goufan A Eroume (2000), les causes des troubles de la santé mentale
au travail sont diverses et nous pouvons citer entre autres :
 Déséquilibre entre vie personnelle et vie professionnelle
 Manque de soutien social (hiérarchie, collègues)
 Manque de confiance et d’autonomie
 Mauvaise communication
 Harcèlement et discrimination (moral, sexuel)
 Comportement toxique (agression dans l’expression)
 Compétition excessive
 Changements dans l’organisation non accompagnés
(réorganisation, nouvelle stratégie)
 Rareté de l’emploi, insécurité de l’emploi
 Télétravail
 Stress au travail
 Turn over
 Rareté des talents
 Mauvaise gestion des talents, mauvais recrutements et la mauvaise
gestion de carrières. (Goufan A Eroume, 2000)
2.2 Les risques pour la santé mentale au travail
Quels seraient donc les risques pour la santé mentale au travail, encore
appelés risques psychosociaux professionnels ? Nous citerons, Ndedi
(2015) :
 La sous-utilisation des compétences ou le fait d’être sous-qualifié ;
 Une charge de travail ou un rythme de travail excessif, le manque
de personnel ;
 Des horaires prolongés, rigides ou incompatibles avec la vie sociale ;
 Le manque d’influence sur la définition des tâches ou la charge de
travail ;
15
 Des conditions de travail dangereuses ou pénibles ;
 Une culture organisationnelle qui permet des comportements
négatifs ;
 Le soutien limité des collègues ou un encadrement autoritaire ;
 La violence, le harcèlement ou l’intimidation ;
 La discrimination et l’exclusion ;
 Des fonctions mal définies ;
 Une sous-promotion ou une sur promotion ;
 L’insécurité de l’emploi, un salaire insuffisant ou un manque
d’investissement dans l’organisation des carrières ;
 L’incompatibilités entre les exigences et professionnelles et
familiales ;
 La discrimination et les inégalités fondées sur des facteurs tels que
la race, le sexe, la tribu, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, le
handicap, l’origine sociale, le statut de migrant, la religion ou l’âge.
3. LES CONSEQUENCES DES TROUBLES DE LA SANTE MENTALE
AU TRAVAIL
3.1 Quand santé mentale rime avec productivité
Une santé mentale en berne est souvent synonyme d’un désengagement
des salariés, mais aussi d’une concentration en roue libre, d’une baisse de
la motivation, des arrêts maladie plus fréquents, d’un taux de burn-out qui
explose, d’une hausse des pannes d’oreiller et d’un absentéisme croissant.
(Vallini, 2023) A ceci, il faut ajouter la dégradation des rapports entre les
salariés et du climat social. Une santé mentale ignorée amène son lot de
malheur pour l’entreprise, l’effet inverse fonctionne aussi. En revanche,
prendre soin du bien être des salariés contribue à augmenter les
performances de l’entreprise. (Vallini, 2023)
3.2 Les conséquences des problèmes de santé mentale
Les conséquences des troubles ou d’une mauvaise santé mentale au travail
sont désastreuses pour les ressources humaines te même pour
l’organisation. Nous déroulerons deux conséquences majeures : l’Anxiété
et le Stress.
3.2.1 L’Anxiété
L’anxiété c’est lorsque les émotions ne peuvent pas être exprimées. Ce qui
entraîne la fatigue ou l’épuisement professionnel (burn out), une baisse de
16
l’estime de soi, des troubles de sommeil, des douleurs sur le corps
physique.
3.2.2 Le stress
Les recherches sur le stress bénéficient d’une légitimité certaine et d’une
grande popularité dans les cercles scientifiques d’outre-Atlantique et de
l’Europe du Nord depuis les années 1970. Selon Le Petit Larousse (1999),
le stress est défini comme ‘un ensemble de perturbations biologiques et
psychiques provoquées par une agression quelconque sur un organisme’.
On peut aussi le définir comme une ‘réponse de l’organisme à toute
demande qui lui est adressée’ (Selye, 1956) ou plus simplement une
‘réaction de l’organisme à une agression, cette agression pouvant provenir
de l’intérieur ou de l’extérieur de l’organisme’ (Goufan A Eroume, 2000).
Le stress provoque ainsi une perturbation à tous les niveaux de vie d’un
individu; avec cette perturbation dépendant de la personnalité de
l’individu et de son environnement.
Un individu a deux types de réactions face au stress :
Une réaction dite syntoxique où le sujet crée les conditions pour coexister
avec l’agent stresseur (exemple : évitement passif). Les hormones
syntoxiques les plus efficaces de l’organisme sont les corticoïdes. Une
réaction dite catatoxique où le sujet met en place un dispositif de défense
(exemple : fuite). L’adrénaline est l’hormone de combat par excellence de
l’organisme.
Le stress est un puissant agent de motivation. Mais la mauvaise gestion
du stress aboutit aux maladies dites de l’adaptation. Mais encore, le stress
est un phénomène très important, car il peut totalement détruire un
individu et le mener à la mort. Mais, comment le stress se manifeste-t-il
dans le milieu professionnel ?
Il est appelé stress organisationnel ou professionnel (stress au travail).
Nicole Aubert et Max Pages pensent que les tenants de la ‘Fit Theory’,
théorie de l’ajustement (French, Rogers et Cobb, n.d) définissent le stress
comme étant une discordance entre les capacités d’une personne et les
exigences de sa tâche d’une part, et une discordance entre les besoins de
la personne et ce pouvant être satisfaits par l’environnement d’autre part.
Quant à Kets De Vries (1981), il pense que le stress en milieu professionnel
serait :
 Un processus multifactoriel parce qu’il prend en compte
l’environnement non occupationnel contemporain c’est-à-dire les
activités de loisirs, la dynamique de la vie familiale,
17
 Un élément d’évaluation d’une organisation : c’est un indicateur
social reflétant l’impact de l’organisation sur l’individu. Il permet
également d’évaluer la santé d’une organisation.
Qu’est-ce qui est donc la cause du stress au travail, les facteurs
organisationnels du stress? Les médecins du travail constatent depuis bien
d’années une recrudescence importante des ulcères, de l’hypertension
artérielle, des maladies cardiaques et même des suicides et en sont
inquiets. Dans l’organisation, le stress est nécessaire parce qu’il a des effets
positifs comme la motivation : c’est le stress fonctionnel. Il devient
dysfonctionnel lorsqu’il est en excès. Ainsi les différences de personnalité
font de ‘l’ingénierie du stress’ une tâche difficile. (Ndedi, 2015) Nous
pouvons citer quatre catégories de facteurs contribuant au stress
organisationnel, OMS (2020) :
L’effet du design organisationnel : le type ; le modèle d’organisation dans sa
structure, sa fonction, son organisation en général.
o Les éléments de l’organisation productive moderne tels que la
hiérarchie d’autorité, la division en départements ou en
services ;
o Les conditions matérielles du milieu de travail (bruit, chaleur,
longues heures de travail,
o La structure des organisations (infrastructure et
suprastructure) détermine le degré de conflit et d’ambiguïté
qu’éprouvera l’individu dans l’organisation
o La surcharge qualitative et quantitative de travail
o Le passage des frontières pratiqué par ‘ces agents
d’intégration’ comme par exemple le directeur des projets.
Les processus interpersonnels : influencent la motivation, les attitudes, la
satisfaction et la productivité.
o L’augmentation soudaine de la communication
interpersonnelle verticale et latérale,
o La nature de l’interaction,
o La nature de la participation aux décisions,
o Le type de métier exercé,
o Le style de leadership ou la pratique managériale,
o Le mode de gestion taylorien,
o Le mode de gestion techno-bureaucratique,
o Les modes de gestion fondés sur l’idée de compétitivité
18
o Le mode de gestion participatif
o La solitude du pouvoir
o Le stress relié à la tâche et l’urgence d’agir
L’influence de la carrière : il y a des facteurs qui nuisent au plein
épanouissement des expériences et des activités tout au long de la vie au
travail :
o Les occupations de niveau inférieur
o Les trois moments du cycle de vie de la carrière : le début de
la carrière (sensation de choc de la réalité…) ; la mi-carrière ou
‘la crise du milieu de vie’ (la personne devient plus consciente
du vieillissement physique et de la proximité croissante de la
mort) et l’approche de la retraite (éveille des images comme
celles d’être inutile, prêt à être jeté au rebus)
o La mutation à un poste inférieur ou un congédiement
o Les changements dans la carrière
Autres évènements
o Le contrôle fiscal
o L’inadaptation professionnelle
o Le surmenage
o Les voyages trop fréquents (OMS, 2020)
Comment se manifeste le stress organisationnel ? Le burn-out ou
l’épuisement professionnel, d’après Chanlat (1996) comme ‘un syndrome
d’épuisement physique et émotionnel impliquant le développement
d’images négatives de soi-même, des attitudes défavorables envers le
travail et une perte d’intérêt à l’égard des clients’. Il n’est pas seulement
relié à la quantité de travail à exécuter, mais il est surtout une conséquence
de la difficulté à composer avec le stress. On peut aussi relever la
dépression et l’accoutumance aux alcools et aux drogues. Enfin, on pourra
citer quelques conséquences du stress au travail telles que l’absentéisme,
les conflits maritaux, les divorces, les conflits interpersonnels, les tensions
dans le travail, le turn-over ou taux de roulement, les accidents de travail,
la baisse de performance ou de productivité au travail, les mises à pied.
(Chanlat, 1996)
19
4. LA SANTE MENTALE AU TRAVAIL : UN NOUVEL ENJEU
STRATEGIQUE DES RESSOURCES HUMAINES
4.1 La prise en charge de la santé mentale au travail
L’état d’esprit et le bien-être sont deux puissants moteurs d’engagement
et de productivité professionnelle. Par contre la détresse psychique a elle
aussi des conséquences désastreuses sur notre capacité à remplir
correctement les missions qui nous sont confiées. Face aux incertitudes et
aux inquiétudes que provoquent ces détresses au travail, le rôle des
professionnels des ressources humaines évolue. Il englobe désormais de
plus larges responsabilités, notamment en ce qui concerne la santé
mentale au travail. (Chanlat, 1996)
Toutes les études se penchant sur la santé mentale au travail mettent en
évidence l’importance croissante du sujet. Mais aussi, l’urgence pour les
entreprises de s’emparer de la question. Un enjeu de taille que les
entreprises auraient tort d’ignorer. (OIT, 2022) Les difficultés à mener à
bien vie professionnelle et vie personnelle sont une des causes de la
détresse qui cache un trouble mental.
Une augmentation des problèmes de santé mentale au travail est relevée
également par l’OCDE. En effet, sur 4 travailleurs présentant un trouble
mental, trois présentent des conséquences telles que la baisse de
productivité, l’absentéisme. En outre, près de la moitié des demandes de
pensions d’invalidité sont désormais motivées par une mauvaise santé
mentale. Les principaux facteurs d’aggravation des problèmes de santé
mentale étant la précarisation des emplois et la pression comme méthode
managériale. (OMS, 2022)
Pour tout ce qui précède, les entreprises sont appelées à agir car dit-on
‘vaut mieux prévenir que guérir’. Les entreprises et leurs équipes RH
devraient trouver de nouvelles méthodes pour venir en aide aux
travailleurs dans le besoin, en garantissant de bonnes conditions de travail
et un suivi systématique, surtout que la plupart des problèmes de santé
mentale y compris le stress au travail, peuvent être soignés.
Pour y parvenir, OMS (2022), recommande quelques mesures pour une
meilleure prise en charge de la santé mentale au travail:
 Identifier les personnes éprouvant des problèmes de santé
mentale en cultivant un environnement propice au dialogue :
planifier des échanges réguliers, en groupe et individuels.
Pour l’OIT (2022), les responsables RH devront se former à la prévention
des troubles de santé mentale au travail en apprenant à repérer les signes
20
indiquant qu’un collaborateur pourrait être en souffrance : changement
dans l’apparence ou dans le comportement, demander ou prendre plus de
congés, des difficultés à remplir ses missions habituelles, le retrait
volontaire des activités sociales.
 Accroître la sensibilisation pour ne pas tomber dans la
stigmatisation, en évitant les maladresses qui pourraient empêcher
un collaborateur de demander de l’aide en cas de besoin : La peur
d’une réaction négative de ses collègues et supérieurs, d’être mis de
côté ou traité différemment peut en effet le pousser à rester dans le
déni, ou à taire ses problèmes. Se renseigner aussi sur le langage le
plus approprié vis-à-vis de vos collaborateurs, pour éviter qu’ils ne
se sentent jugés, comprendre l’approche à adopter pour apporter
son soutien, pensez en outre à aborder les questions de
confidentialité et les solutions discrètes qui peuvent changer la
donne sans alarmer le reste de l’équipe. (OMS, 2022)
 Fournir des ressources et s’appuyer sur des experts. Les équipes RH
même formées, ne pourront jamais se substituer complètement à
l’approche de professionnels plus expérimentés et neutres. C’est
d’autant plus le cas si les troubles que rencontre l’un de vos
collaborateurs sont trop aigus pour être pris en charge par vos
soins. (OMS, 2022)
En matière de prévention, des ressources utiles existent pour sensibiliser
vos équipes, et leur fournir une aide personnalisée : bilan de bien-être et
d’épuisement professionnel, des fiches de conseils actionnables et
programmes d’e-learning dédiés, les mécanismes de réactivité au stress
pour apprendre à mieux le gérer pour prévenir l’anxiété chronique. Autre
élément à ne pas négliger : votre programme de retour au travail pour les
collaborateurs en leur permettant par exemple d’aménager leur emploi du
temps après avoir pris du bon temps pour eux-mêmes. (OIT, 2022)
 Encourager l’empathie à tous les niveaux. Historiquement, les
dirigeants se sont largement reposés sur les ressources humaines
pour communiquer avec leurs collaborateurs sur des sujets ayant
principalement trait à la performance et la formation. Ils ont
souvent mis de côté tout ce qui pouvait avoir trait à la santé en
général, et à la santé mentale au travail en particulier. (OMS, 2022)
21
Des efforts concrets doivent désormais être menés pour encourager une
culture interne plus empathique en entreprise. Le nouvel enjeu des RH est
ainsi de s’assurer qu’à tous les niveaux de l’entreprise, la bienveillance, le
sens de l’écoute, et la reconnaissance de tels troubles sont la norme. Les
responsabilités d’un responsable en santé mentale comprennent
l’évaluation des prestations et la garantie de l’accès au traitement. (OIT,
2022) Mais aussi, le monitoring du bien-être et des besoins en santé
mentale des collaborateurs, ainsi que la gestion des programmes liés à la
santé comportementale. Un nouveau job à part entière, qui devient plus
stratégique d’année en année.
4.2 Agir pour la santé mentale au travail
Les pouvoirs publics, les employeurs, les organisations qui représentent
les travailleurs et les employeurs, ainsi que d’autres acteurs responsables
de la santé et de la sécurité des travailleurs peuvent contribuer à améliorer
la santé mentale au travail en prenant des mesures pour, OIT (2020) :
 Éviter les problèmes de santé mentale d’origine professionnelle en
parant aux risques pour la santé mentale au travail : La prévention
des problèmes de santé mentale au travail consiste à gérer les
risques psychosociaux en milieu professionnel. Pour cela, l’OMS
(2022) recommande aux employeurs des interventions
organisationnelles qui consistent à évaluer les risques pour la santé
mentale sur le lieu de travail, puis à les atténuer, les modifier ou les
éliminer.
 Protéger et promouvoir la santé mentale au travail : La protection et
la promotion de la santé mentale au travail consistent à renforcer
l’aptitude, en particulier celle du personnel d’encadrement, à
déceler les problèmes de santé mentale au travail et à prendre des
mesures en conséquence. (OIT, 2022)
Pour protéger la santé mentale, l’OMS (2022) recommande :
 De former les cadres aux questions de santé mentale afin de les aider à
percevoir la détresse émotionnelle de leurs subalternes et à agir en
conséquence ; de développer les compétences relationnelles telles que la
communication ouverte et l’écoute active ; et de faire mieux comprendre
comment les facteurs de stress au travail affectent la santé mentale et
comment on peut y faire face ;
 De former les travailleurs pour qu’ils soient mieux sensibilisés et aient de
meilleures connaissances en santé mentale et pour que les personnes
22
ayant des problèmes de santé mentale au travail soient moins
stigmatisées ; et
 De mettre en place des interventions destinées aux individus pour leur
apprendre à gérer le stress et à réduire les symptômes en cas de problème
de santé mentale, y compris des interventions psychosociales et des
possibilités d’exercer une activité physique dans le cadre des loisirs.
 Aider les travailleurs ayant des problèmes de santé mentale à
participer et à s’épanouir au travail : Les personnes atteintes de
troubles mentaux ont le droit de participer pleinement et
équitablement au monde du travail. La Convention des Nations
Unies relative aux droits des personnes handicapées est un accord
international destiné à promouvoir les droits des personnes
souffrant de handicaps (dont les handicaps psychosociaux), y
compris au travail. L’OMS (2022) recommande trois interventions
pour aider les personnes ayant des problèmes de santé mentale à
acquérir un emploi, à le conserver et à participer au monde du
travail :
1. Des aménagements raisonnables permettent d’adapter le cadre
professionnel aux capacités, aux besoins et aux préférences d’un
travailleur ayant un problème de santé mentale. Il peut s’agir
d’instaurer des horaires de travail souples, d’accorder du temps
supplémentaire pour accomplir les tâches, de modifier celles-ci
pour réduire le stress, d’octroyer des congés pour des rendez-
vous médicaux ou d’organiser des réunions de soutien régulières
avec le personnel d’encadrement.
2. Les programmes de retour au travail associent des mesures
portant sur les modalités de travail (comme des aménagements
raisonnables ou une reprise progressive) à des soins cliniques
continus pour aider les travailleurs à retourner au travail après
une absence due à des problèmes de santé mentale, tout en
cherchant aussi à réduire les symptômes.
3. Les initiatives d’aide à l’emploi aident les personnes atteintes de
troubles mentaux graves à trouver un emploi rémunéré et à
conserver leur temps de travail tout en continuant à bénéficier
d’un soutien en santé mentale et d’une aide professionnelle.
(OMS, 2022)
 Créer un environnement propice au changement : Les pouvoirs
publics et les employeurs, en concertation avec les principaux
23
acteurs, peuvent contribuer à améliorer la santé mentale au travail
en créant un environnement propice au changement. En pratique,
cela suppose, Chanlat (1996) :
1. De prendre des initiatives et de s’engager en faveur de la santé
mentale au travail, par exemple en intégrant celle-ci dans les
politiques professionnelles.
2. D’investir suffisamment de fonds et de ressources, par
exemple en prévoyant des budgets spéciaux pour les mesures
visant à améliorer la santé mentale au travail et en mettant à
la disposition des entreprises qui manquent de ressources des
services conjuguant santé mentale et emploi.
3. De défendre le droit de participer au monde du travail, par
exemple en alignant les lois et règlements en matière d’emploi
sur les instruments internationaux relatifs aux droits de
l’homme et en appliquant des politiques de non-
discrimination au travail.
4. D’intégrer la santé mentale en milieu professionnel dans tous
les secteurs, par exemple en l’incorporant aux systèmes
existants de sécurité et de santé au travail.
5. D’associer les travailleurs à la prise de décisions, par exemple
en organisant en temps voulu des consultations constructives
avec les travailleurs, leurs représentants et les personnes
ayant une expérience concrète des problèmes de santé
mentale.
6. De rassembler des données factuelles sur les risques
psychosociaux et l’efficacité des interventions, par exemple en
veillant à ce que toutes les orientations données et toutes les
mesures prises dans le domaine de la santé mentale au travail
soient fondées sur les données les plus récentes.
7. De veiller au respect des lois, règlements et
recommandations, par exemple en intégrant la santé mentale
dans la mission des inspections nationales du travail et
d’autres mécanismes de contrôle. (Chanlat, 1996)
CONCLUSION
Arrivé à la fin de cet article, nous dirons qu’un cadre de travail sûr et sain
n’est pas seulement un droit fondamental, il peut aussi limiter les conflits
et les tensions au travail, contribuer à fidéliser le personnel, améliorer la
performance et la productivité. (Goufan A Eroume, 2022) Par contre,
l’absence de structure et de soutien de qualité au travail, en particulier
24
pour les personnes souffrant de problèmes de santé mentale, peut altérer
la capacité à apprécier et à bien faire son travail. Alors, concrètement,
qu’est-ce qu’on fait pour préserver la santé mentale en entreprise ?
Dans le domaine de la santé au travail, il vaut mieux prévenir que guérir.
Vallini (2023) propose qu’il faut simplement mettre en place toutes les
mesures possibles avant que les choses se dégradent. D’abord, il faut
normaliser le sujet de la santé mentale dans l’entreprise pour éviter la
stigmatisation. Pour ça, les entreprises peuvent aborder la question
régulièrement dans leur communication interne, que ce soit dans les
newsletters ou au cours de journées d’information consacrées à la santé
psychologique.
En plus de ces actions, les entreprises doivent instaurer une
formation pour les managers et les chefs de poste afin de les sensibiliser à
la préservation de la santé mentale. De cette manière, ils seront également
plus vigilants et pourront orienter les salariés anxieux, dépressifs ou les
personnes atteintes d’un trouble mental vers une solution adaptée
(médecine du travail, psychologue d’entreprise, rendez-vous en
psychiatrie, etc.). (Goufan A Eroume, 2022)
Pour Vallini (2023), afin d’établir un baromètre de la situation
psychologique en interne, les entreprises pourraient mener des enquêtes
avec des sondages anonymes. De cette manière, elles auront des éléments
concrets pour mener des actions en fonction des facteurs de risque
soulevés par les collaborateurs.
Comme le souligne l’article, les employés ont une part importante dans la
préservation de leur santé mentale. L’Organisation mondiale de la santé
(OMS), donne quelques conseils pratiques comme celui de trouver
l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle en établisant les limites
entre les deux vies (Ndedi, 2015), la clarification des missions et des
objectifs au poste de travail, favoriser une bonne communication autour
des employés, faire confiance aux autres, à ses proches, rester en contact
avec ses proches, famille ou amis, s’investir pour les autres, par l’entraide,
la solidarité.
RECOMMENDATIONS SUR LA PROTECTION ET LA PROMOTION
DE LA SANTE MENTALE AU TRAVAIL
La protection et la promotion de la santé mentale au travail consistent à
renforcer l’aptitude, en particulier celle du personnel d’encadrement, à
déceler les problèmes de santé mentale au travail et à prendre des mesures
en conséquence.
Pour protéger la santé mentale, l’OMS (2022) recommande :
25
 De former les cadres aux questions de santé mentale afin de les aider
à percevoir la détresse émotionnelle de leurs subalternes et à agir en
conséquence ; de développer les compétences relationnelles telles que
la communication ouverte et l’écoute active ; et de faire mieux
comprendre comment les facteurs de stress au travail affectent la santé
mentale et comment on peut y faire face ;
 De former les travailleurs pour qu’ils soient mieux sensibilisés et aient
de meilleures connaissances en santé mentale et pour que les
personnes ayant des problèmes de santé mentale au travail soient
moins stigmatisées ; et
 De mettre en place des interventions destinées aux individus pour
leur apprendre à gérer le stress et à réduire les symptômes en cas de
problème de santé mentale, y compris des interventions
psychosociales et des possibilités d’exercer une activité physique dans
le cadre des loisirs. (OMS, 2022)
Les personnes atteintes de troubles mentaux ont le droit de participer
pleinement et équitablement au monde du travail. La Convention des
Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées est un accord
international destiné à promouvoir les droits des personnes souffrant de
handicaps (dont les handicaps psychosociaux), y compris au travail.
L’OMS (2022) recommande trois interventions pour aider les personnes
ayant des problèmes de santé mentale à acquérir un emploi, à le conserver
et à participer au monde du travail :
 Des aménagements raisonnables permettent d’adapter le cadre
professionnel aux capacités, aux besoins et aux préférences d’un
travailleur ayant un problème de santé mentale. Il peut s’agir
d’instaurer des horaires de travail souples, d’accorder du temps
supplémentaire pour accomplir les tâches, de modifier celles-ci pour
réduire le stress, d’octroyer des congés pour des rendez-vous
médicaux ou d’organiser des réunions de soutien régulières avec le
personnel d’encadrement.
 Les programmes de retour au travail associent des mesures portant
sur les modalités de travail (comme des aménagements raisonnables
ou une reprise progressive) à des soins cliniques continus pour aider
les travailleurs à retourner au travail après une absence due à des
problèmes de santé mentale, tout en cherchant aussi à réduire les
symptômes.
 Les initiatives d’aide à l’emploi aident les personnes atteintes de
troubles mentaux graves à trouver un emploi rémunéré et à conserver
26
leur temps de travail tout en continuant à bénéficier d’un soutien en
santé mentale et d’une aide professionnelle. (OIT, 2022)
Pour San Román Rodríguez (2023), les pouvoirs publics et les employeurs,
en concertation avec les principaux acteurs, peuvent contribuer à
améliorer la santé mentale au travail en créant un environnement propice
au changement. En pratique, cela suppose :
 De prendre des initiatives et de s’engager en faveur de la santé
mentale au travail, par exemple en intégrant celle-ci dans les
politiques professionnelles.
 D’investir suffisamment de fonds et de ressources, par exemple en
prévoyant des budgets spéciaux pour les mesures visant à améliorer
la santé mentale au travail et en mettant à la disposition des
entreprises qui manquent de ressources des services conjuguant santé
mentale et emploi.
 De défendre le droit de participer au monde du travail, par exemple
en alignant les lois et règlements en matière d’emploi sur les
instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme et en
appliquant des politiques de non-discrimination au travail.
 D’intégrer la santé mentale en milieu professionnel dans tous les
secteurs, par exemple en l’incorporant aux systèmes existants de
sécurité et de santé au travail.
 D’associer les travailleurs à la prise de décisions, par exemple en
organisant en temps voulu des consultations constructives avec les
travailleurs, leurs représentants et les personnes ayant une expérience
concrète des problèmes de santé mentale.
 De rassembler des données factuelles sur les risques psychosociaux et
l’efficacité des interventions, par exemple en veillant à ce que toutes
les orientations données et toutes les mesures prises dans le domaine
de la santé mentale au travail soient fondées sur les données les plus
récentes.
 De veiller au respect des lois, règlements et recommandations, par
exemple en intégrant la santé mentale dans la mission des inspections
nationales du travail et d’autres mécanismes de contrôle. (San Román
Rodríguez, 2023)
Les statistiques montrent que 12 milliards de journées de travail sont
perdues chaque année pour cause de dépression ou d’anxiété, ce qui coûte
près de mille milliards de dollars à l'économie mondiale. (OMS, 2022) Les
directives mondiales de l'OMS sur la santé mentale au travail
27
recommandent des mesures pour lutter contre les risques pour la santé
mentale tels que les charges de travail lourdes, les comportements négatifs
et d'autres facteurs qui créent de la détresse au travail. L'OMS
recommande une formation des dirigeants, afin de renforcer leur capacité
à prévenir les environnements de travail stressants et à répondre aux
travailleurs en détresse. (OMS, 2022 ; OIT, 2022)
Le même Rapport de l’OMS (2022), indique que sur un milliard de
personnes vivant avec un trouble mental en 2019, 15 % des adultes en âge
de travailler ont connu un trouble mental. De plus, le travail amplifie les
problèmes sociétaux plus larges qui ont un impact négatif sur la santé
mentale, notamment la discrimination et l'inégalité. Enfin, l'intimidation
et la violence psychologique sont les principales plaintes liées au
harcèlement au travail qui ont un impact négatif sur la santé mentale.
Pourtant, discuter de la santé mentale ou la révéler reste un tabou dans les
milieux professionnels du monde entier. L’OMS (2022), donne des
directives qui recommandent également de mieux prendre en compte les
besoins des travailleurs souffrant de troubles mentaux, de proposer des
interventions qui favorisent leur retour au travail et, pour ceux qui
souffrent de troubles mentaux graves, de prévoir des interventions qui
facilitent l'accès à un emploi rémunéré. Il est important de noter que les
directives préconisent des interventions visant à protéger les travailleurs
de la santé, de l'humanitaire et de l'urgence. (OMS, 2022)
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entreprise saine ? Ressources Humaines.
29
Logistique urbaine et mobilité dans la ville de Yaoundé : L’urgence
d’une dynamique des Collectivités Territoriales Décentralisées
Dr Onguene Ateba Julien Grégoire
Economiste / Logisticien des transports
Enseignant à la Sorbonne Institut de Paris
Enseignant vacataire à l’Université de Bertoua,
Douala et dans les IPES
Tel : (237) 699 260 367 / (237) 676 531 537
E-mail: alandesstyles2016@gmail.com
Mme Ndzomo Eboga Carine
Chercheure en Master professionnel de
Politique Urbaine et Gestion des Collectivités
Territoriales décentralisées,
Université de Yaoundé 2
Tel : (237) 694735538 / (237) 671995848
Cite cet article : Onguene Ateba J. G, et Ndzomo Eboga, C, (2023), Logistique urbaine
et mobilité dans la ville de Yaoundé : L’urgence d’une dynamique des Collectivités
Territoriales Décentralisées. Journal of African Management Trends. Volume 23, Série 4.
Pp 29-54
RESUME
Le but de cette communication est de démontrer que l’organisation d’une
bonne logistique urbaine dans la ville de Yaoundé (Cameroun) peut
contribuer à la mobilité urbaine si les collectivités territoriales
décentralisées sont impliquées au regard du transfert des compétences. La
logistique urbaine est au centre de la mobilité urbaine des flux des
entreprises et des personnes dans les délais et à moindre coût. La
logistique urbaine permet d’optimiser les flux de marchandises et de
personnes dans les centres urbains, les agglomérations, les périphéries et
même les flux interurbains, de produire et créer rapidement des revenus
et par conséquent, le Cameroun y tire de la croissance économique,
améliorant la mobilité urbaine et le bien-être des populations dans la ville
de Yaoundé. Ce travail s’appuie sur l’enquête de terrain et l’analyse des
sources diachroniques et synchroniques existantes sur la ville de Yaoundé
et de ses localités périurbaines. L’approche qualitative par observation
n’est pas en reste pour l’analyse de l’impact de cette logistique urbaine sur
30
la mobilité urbaine. Il ressort des résultats empiriques, que la logistique
urbaine de la ville de Yaoundé ne contribue pas assez à la mobilité urbaine
à cause de la mauvaise politique urbaine des acteurs des CTD, des
politiques de transports inadaptées aux villes modernes. Autrement dit,
des infrastructures en déphasage avec des villes nouvelles ou villes
neuves. L’originalité de cette recherche est double : Comprendre l’impact
que la logistique urbaine peut avoir sur la mobilité des populations et le
lien entre démographie et mobilité urbaine dans la ville de Yaoundé.
Mots clés : Logistique urbaine, mobilité urbaine, flux.
ABSTRACT
The aim of this paper is to demonstrate that the organization of good
urban logistics in the city of Yaoundé (Cameroon) can contribute to urban
mobility. Urban logistics is at the center of urban mobility, the flow of
companies and people in time and at a lower cost. Urban logistics makes
it possible to optimize the flow of goods and people in urban centers,
agglomerations, peripheries and even interurban flows, to quickly
produce and create income and consequently, Cameroon derives
economic growth, improving urban mobility and the well-being of people
in the city of Yaoundé.
This work is based on field investigation and analysis of existing
diachronic and synchronic sources on the city of Yaoundé and its peri-
urban localities. The qualitative observational approach is not to be
outdone for the analysis of the impact of this urban logistics on urban
mobility.
The empirical results demonstrate that the urban logistics of the city of
Yaoundé does not contribute enough to urban mobility because of bad
urban policy and transport policies, which are unsuited to modern cities.
In other words, infrastructures out of step with new towns.
The originality of this research is twofold: To understand the impact that
urban logistics can have on the mobility of population and the link
between demography and urban mobility in the city of Yaoundé.
Keywords: Urban Logistics, Urban Mobility, Flow, Well-Being, New City
INTRODUCTION
Depuis plus de deux décennies l’observation de la logistique urbaine dans
la ville de Yaoundé, comme dans la majorité des grandes métropoles
Africaines, laisse apparaître une faiblesse de la mobilité urbaine qui ne
31
réalise de nos jours que moins de 2% des déplacements quotidiens. La
logistique urbaine étant la pratique des méthodes de la logistique
traditionnelle pour une gestion optimisée des flux de marchandises et de
personnes dans les centres urbains, les agglomérations, les périphéries et
même les flux interurbains. Cette pratique se différencie de la logistique
traditionnelle fondamentalement par sa prépondérance à s’intéresser aux
implantations des infrastructures de logistique et transport et au
développement du réseau des transports urbains Onguene Ateba (2021).
La finalité de la logistique urbaine est de faciliter la mobilité urbaine. Il
s’agit d’organiser dans les meilleures conditions de temps et de coûts, les
flux entrants, les flux internes et les flux sortants dans les centres urbains,
les villes ou les agglomérations. La logistique urbaine dans la ville de
Yaoundé se caractérise par une extension urbaine rapide, échappant aux
règles de planification des villes modernes. Dans les années 1980, la ville
de Yaoundé occupait à peine 16% de son espace communal. En 2022, nous
en sommes à 97% d’occupation. La forte pression de l’exode rural qu’elle
subit (Pape, Chenal, et Kemajou, 2017) couplée à une planification urbaine
mal maîtrisée par l’Etat (Tchékoté et al, 2015) sont à l’origine de l’extension
actuelle de l’emprise urbaine, qui représentait déjà 52% en 2015 (INS,
2015). Cet étalement urbain donne progressivement naissance à une
logistique urbaine de plus en plus saturée, ce qui entraine des besoins de
diversification des outils de mobilité urbaine.
Ces enjeux, comme le soulignent Motcho et Saidou (2012), ne sont pas
suffisamment desservis par le transport institutionnel et sont moins
viabilisées en termes d’infrastructures de transport. Pourtant, l’extension
des couronnes périurbaines fait du secteur de l’automobile l’un des
moyens de mobilité incontournables (Dominique et al., 2007). La mobilité
quotidienne est dominée par des taxis collectifs de petite capacité dont la
part modale est estimée à plus de 71% (CUY, 2020), et un système collectif
de moto-taxis de plus en plus conquérant à hauteur 25%. Le mode de
transport collectif de petite capacité qui domine la scène des transports à
Yaoundé aujourd’hui est apparu au lendemain de la crise du transport
public qui a abouti à la cessation des activités de la SOTUC au milieu des
années 90. En fait, le fonctionnement des taxis et moto-taxis à Yaoundé est
caractérisé par des arrêts fréquents et désordonnés, qui entrainent des
externalités négatives importantes dans la logistique urbaine comme la
congestion, les accidents et la pollution, conduisant à des coûts monétaires
élevés à supporter par les usagers (Mfoulou et al., 2013).
Cette difficulté qu’éprouve l’Etat à répondre efficacement aux besoins en
déplacements des populations, a laissé entrevoir, dès 1975, le
32
développement d’un transport alternatif, dit ‘clandestin’ par certains
scientifiques (Kengne, 1985 entre autres) ou encore qualifié de ‘artisanal’
par d’autres chercheurs (Godard, 1985 ; 2002 ; 2008a ; 2008b ; Fabianski,
2008; Chidiac, 2008 ; Boubakour, 2008 entre autres). Ainsi, ce travail
cherche à répondre à la question recherche suivante : la logistique urbaine
de la ville de Yaoundé peut-elle favoriser la mobilité urbaine des
populations ? Autrement dit, dans un contexte de mondialisation actuelle,
la logistique urbaine de la ville de Yaoundé cadre-t-elle avec les
dynamiques de la ville nouvelle en Afrique ? La réponse à cette question
se trouve dans la structure de ce papier. Notamment, la Revue de la
littérature (2), Le visage de la logistique urbaine et de la mobilité urbaine
dans la ville Yaoundé (3), L’urgence d’une dynamique de logistique
urbaine en lien avec une ville nouvelle (4) et la conclusion (5).
1. REVUE DE LA LITTERATURE
Il faut remonter aux travaux de Clark (1951), Alonso (1964), Muth (1969)
et Mills (1972) pour analyser la corrélation qui existe entre logistique
urbaine et mobilité urbaine. Ces travaux, affiliés à ceux de Von Thünen
(1783-1850) s’intéressaient à l’occupation de l’espace et montraient le lien
entre les coûts de transport et la rente des terrains cultivés. Ils posaient les
bases de la prise en compte de l’espace dans l’analyse microéconomique1.
Pour Routhier, Toilier et Post-Print (2011), les transports de marchandises
sont aujourd'hui rarement pris en compte dans la modélisation de la
mobilité urbaine. Il y a deux raisons essentielles à cela. D'une part, les
collectivités n'ont manifesté pendant longtemps que peu d'intérêt pour
cette fonction pourtant essentielle de l'économie urbaine ; il n'existe pas en
effet d'autorité organisatrice de transport public des marchandises,
contrairement à la mobilité des personnes. D'autre part, les questions
méthodologiques pour appréhender le sujet n'ont été partiellement
résolues que récemment. Touzi, (2021), estime que la durabilité des
systèmes de mobilité et de la logistique urbaine est de plus en plus
considérée comme une condition essentielle de la planification urbaine.
Selon Fathiya, (2019), la logistique urbaine traite la façon de transporter
les marchandises en optimisant les divers flux qui circulent au sein du
centre d’une ville. Celle-ci intègre dans sa fonctionnalité plusieurs enjeux
environnementaux, économiques, d’urbanisations. Or, les activités
commerciales ne peuvent être effectuées sans l’activité transport urbain2.
1 Mfoulou Olugu Jean Patrick, Communauté Urbaine de Yaoundé
2 Cette étude a pour principal objectif de rechercher les déterminants existants en logistique urbaine
dans les pays développés pour améliorer la conception de la logistique urbaine à DJIBOUTI.
33
Beaucoup portent sur les marchandises de type messagerie, sans se
préoccuper d'un domaine d'activité en particulier, d'autres au contraire
sont ciblées sur un secteur précis (Delaitre, Breuil, Molet ; 2007). Pour
Bardin, Bonet, Chanut (2010), dans un contexte global d'intensification des
échanges entre régions, pays et continents, la logistique des grands flux a
bénéficié d'innovations technologiques et organisationnelles assurant
efficacité et efficience, conjuguant maîtrise des coûts et optimisation de la
qualité de service. Si cette dynamique opère efficacement à l'échelle
globale, il n'en va pas de même à l'échelle urbaine, plus particulièrement
dans les centres-villes.
Les travaux de Chanut et Paché (2013) démontrent que l’urgence sociétale
du développement durable, oblige à repenser les schémas de logistique
urbaine de manière à limiter les effets néfastes de la livraison des
marchandises en centre-ville, tout en intégrant les évolutions récentes du
commerce3. À cet effet, la réflexion est centrée sur la maîtrise de la
logistique urbaine ainsi que sur l’organisation de transport urbain
considéré comme un moyen efficace et une réponse indispensable pour
un bon fonctionnement et rayonnement de la ville (Belkhiri et Madani,
2016).
Pour Dicko, (2021), à l’image des grandes métropoles d’Afrique
subsaharienne, l’analyse des circuits d’approvisionnement et de
redistribution à Bamako met en évidence une pluralité de modes de
transport utilisés (moyens motorisés et non motorisés) par différents
acteurs commerciaux pour pouvoir mener à bien leurs activités.
Analysant la périurbanisation de la ville de Yaoundé, elle se caractérise
par une extension urbaine rapide, échappant aux règles de planification
des villes modernes. Dans les années 1980, la ville de Yaoundé occupait à
peine 16% de son espace communal. La forte pression démographique
qu’elle subit Pape, Chenal, et Kemajou (2017) couplée à une planification
urbaine mal maîtrisée par l’Etat (Tchékoté et al, 2015) sont à l’origine de
l’extension actuelle de l’emprise urbaine, qui représentait déjà 52% en 2015
(INS, 2015). Ces périphéries, comme le soulignent Motcho et Saidou
(2012), ne sont pas suffisamment desservies par le transport institutionnel
et sont moins viabilisées en termes d’infrastructures de transport. C’est un
mode transport instauré par l’Etat qui investit dans un service public et
impose les contraintes de desserte dont, en général, les coûts ne peuvent
être supportés par les usagers. C’est l’exploitation à une échelle
individuelle de véhicules de transport public dont la propriété est
3
Retour au commerce urbain de proximité et croissance de l’Internet marchand.
34
atomisée, c'est-à-dire répartie entre de nombreux propriétaires. Cette
exploitation peut s’intégrer dans des règles collectives plus ou moins
contraignantes élaborées par des organisations professionnelles ou
syndicales (Godard, 2008). Ces dernières définissent les voies de dessertes,
payent les taxes et fixent les coûts à l’unanimité avec les autorités
administratives.
Chanut, Paché et Wagenhausen (2012) démontre que les questions
relatives à la logistique urbaine occupent désormais une place centrale
dans la recherche en management. Longtemps confinée à des approches
opérationnelles, notamment en termes d’organisation optimale des
transports de marchandises dans des villes saturées, la logistique urbaine
retient l’attention des chercheurs et des praticiens à partir de modèles
stratégiques originaux, mettant l’accent sur l’importance d’une
mutualisation des ressources entre entreprises concurrentes. Selon
Morana, Gonzalez-Feliu, (2011) le transport urbain de marchandises par
camion représente une importante source d’emplois, il est également
associé à des problèmes liés à la congestion et au respect de
l’environnement.
Ainsi, Gonzalez-Feliu, Ambrosini, Gardrat et Routhier (2012) arrivent à
des conclusions selon lesquelles les déplacements d'achats des ménages
représentent plus de la moitié des kilomètres parcourus sur l'ensemble des
flux de transport de marchandises dans la ville. Ces déplacements,
souvent considérés comme faisant partie des déplacements de personnes,
peuvent avoir un intérêt en termes de transport de marchandises, tant
pour les collectivités qui réfléchissent à la logistique urbaine comme pour
les activités commerciales et les acteurs de la grande distribution dans
leurs stratégies commerciales et leurs services de livraison au
consommateur. Pour Morana (2015), la logistique urbaine représente
aujourd'hui un enjeu majeur dans la gestion de la chaîne logistique. La
croissance de la population au sein des villes instaure une augmentation
des échanges de marchandises. En cela, dès aujourd'hui, la logistique
urbaine doit penser et pratiquer durabilité4.
Ces travaux théoriques interrogent sur les facteurs urbains susceptibles
d’influencer le choix et le coût de la mobilité dans une agglomération
comme Yaoundé. En fait, la très forte croissance urbaine à Yaoundé et
4 Elle propose un Modèle de Maturité qui permet d'appréhender la progression de la logistique urbaine,
dans son acception macro-économique. Parce que les moyens de livraison doivent être durables
(économique, écologique et social/sociétal). Il s’agit d’un panorama des possibilités à travers (approche
de la slowness logistics), du pigeon voyageur (livraison par voie aérienne) et de la téléportation
(transmission quantique de l'information).
35
l’émergence des nouveaux quartiers périphériques offrent un visage de la
ville de Yaoundé et une mobilité à analyser à l’ère des dynamiques des
villes nouvelles.
1. LA LOGISTIQUE URBAINE ET DE LA MOBILITE URBAINE DE LA
VILLE DE YAOUNDE
Le périmètre global de l’étude couvre la totalité du territoire des sept
communes constituant la ville de Yaoundé ainsi qu’une partie des
territoires des communes de ce qui est considéré comme l’aire
métropolitaine: Lobo et Okola à l’Ouest, Obala et Soa au Nord,
Nkolafamba et Mfou à l’Est et au Sud, puis Mbankomo et Bikok
(département de la Mefou et-Akono) au Sud-Ouest. Le périmètre
directement concerné couvre une superficie totale d’environ 700 km2
dont 304 km2 dans les limites administratives de la ville de Yaoundé.
Figure 1 : L'aire métropolitaine de Yaoundé
Source : PMUS-CUY (2019)
Dans le cadre de cette étude et en vue de faire une synthèse des
phénomènes de la logistique urbaine et de la mobilité dans la ville de
Yaoundé, la méthodologie de recherche utilisée est analytique. L’étude
36
est faite sur : des observations de terrain, la recherche documentaire, et
les entretiens menés non seulement, auprès des personnes physiques et
morales qui gèrent les déplacements des flux de personnes et des
marchandises à Yaoundé. Certaines informations ont été collectées
auprès des acteurs institutionnels en charge du transport au Cameroun.
Il s’agit des données empiriques collectées en janvier 2022 et
secondaires. Les données primaires sont le fruit des interviews auprès
des 11 entreprises de transport des personnes et marchandises dans la
ville de Yaoundé ; 50 chargeurs ou propriétaires des marchandises, des
passagers(étudiants, travailleurs, parents) sélectionnés au hasard et qui
doivent se mouvoir chaque jour, une quinzaine d’entrepôt et de plates-
formes de transport routier site d’embarquement ; 17 entreprisses
commerciales et industrielles, et enfin auprès des responsables du
ministère du transport en charge du transport urbain.
L’outil méthodologique (questionnaire) destiné aux enquêtés cherche à
comprendre la corrélation qui existe entre logistique urbaine et mobilité
urbaine. Ce qui permet de situer l’enjeu dans lequel s’effectue la mobilité
urbaine en fonction de la logistique urbaine, ainsi que son contexte
économique. Cet instrument permet d’analyser ce qui guide le choix de
chaque acteur dans leurs mouvements urbains. Ces échanges ont
contribué aux observations et aux données cartographiques pour
actualiser la base de données. Les données secondaires proviennent de la
revue de la littérature, des données issues des sites du Ministère des
transports et de la Communauté Urbaine de Yaoundé. Les données
collectées ont été traitées à l’aide d’Excel et des logiciels de traitement
d’image pour produire des cartes illustrant cette recherche.
2. ANALYSE DES RESULTATS
2.1 Logistique urbaine et dynamique démographique à Yaoundé
Selon le PMUS-CUY (2019), les prévisions démographiques ont été
calculées avec un taux de croissance de 3,1% pour les horizons 2025 et
2035. La croissance démographique est le principal moteur de
l'expansion de la zone urbanisée de Yaoundé. On suppose que la zone
urbanisée continuera à se développer, probablement à un rythme
semblable à celui d'aujourd'hui, et donc que la densité dans les zones
d’extension restera autour de ce qui est observé en 2018 tel qu’exposé
ci-dessus : 150 hab./ha en moyenne, non compris les grandes zones
d’équipements ; dont en tenant compte de cela en plus des zones
37
inconstructibles (hauts reliefs et basfonds), aurait une densité brute
plutôt de l’ordre de 100-120 hab./ha5.
Le tableau ci-après donne les chiffres de la capacité du site, par rapport à
ceux populations attendues en 2025 et 2035.
Tableau 1 : Comparaison de la capacité du site avec la population attendue en 2025 et 2035
Capacité du site Population attendue (hab.)
Superficie (Km2
) Population (hab.) en 2025 en 2035
Yaoundé 1 54,64 419 347 494 064 670 456
Yaoundé 2 22,56 389 574 385 429 523 035
Yaoundé 3 68,34 887 369 479 565 650 780
Yaoundé 4
Yaoundé 5
58,67 803 401 932 713 1 265 711
26,52 357 454 426 249 578 429
Yaoundé 6
Yaoundé 7
28,35 489 746 568 876 771 977
44,92 259 119 178 473 242 191
Ensemble 304,00 3 606 009 3 465 369 4 702 579
Source : PMUS-CUY (2019)
Il apparaît donc que les sites de Yaoundé 1, Yaoundé 5 et Yaoundé 6
seraient saturés dès l’horizon 2025. En 2035, il y aurait encore un peu de
marge sur Yaoundé 3 (dans la partie Sud-Ouest de la ville) et beaucoup
moins sur Yaoundé 7. Les surplus de chacune de ces zones viendraient
donc alimenter les communes alentour. Les évolutions récentes et les
tendances notées sur le terrain indiquent une croissance urbaine suivant
trois directions privilégiées : Nord / Nord-Est (RN1 et route de Soa), Est
(RN10 et route de Mfou), Sud (route de Nsimalen) et Sud-Ouest (dans
le prolongement de Simbok avec la nouvelle route de Kribi et dans une
certaine mesure de la RN3). Il s’agit globalement d’une urbanisation de
crêtes qui suit d’abord les principales sorties de la ville (RN1, RN2,
RN10, RN3 et routes de Soa et de Mfou) qui s’épaississent
progressivement. A l’Ouest, le développement est bloqué par les hauts
reliefs qui n’offrent guère que quelques poches à Oyomabang,
Nkolbisson et Leboudi qui se densifient progressivement mais avec une
capacité du site limitée.
L’observation des séries de photos satellite montre une très forte
poussée à l’Est, résultat d’une croissance spontanée (non volontariste)
5 En considérant, en fonction de la commune, 20% ou 30% de zones non occupées par l’habitat.
38
qui a dépassé les prévisions du PDU (2010) qui indiquait un blocage au
niveau des rivières Anga’a et Foulou, et par contre une plus forte
progression au Sud-Ouest (Afanoyoa). Dans le contexte actuel, rien ne
semble pouvoir arrêter ces tendances, avec une consommation effrénée
d’espace. Le Nord et le croissant Sud-Ouest/Sud/Est continueront
probablement à accueillir l’essentiel de la croissance urbaine.
Toutes ces zones sont principalement affectées à l’habitat, même si l’on
note une forte tendance de création spontanée d’une zone industrielle le
long de la RN3 en direction de Mbankomo. De même, aucun centre
secondaire ne semble se dessiner, en dehors de Mfou, Nkolafamba et Soa
qui seront probablement absorbés à terme. Il faut également noter la
disponibilité récente d’importantes réserves foncières de l’Etat au Nord
(Olembé dans la continuité des logements SIC6 et du futur stade), qui
offrent la possibilité de développer un pôle secondaire et surtout de
maîtriser l’occupation du site dans cette partie de la ville, à l’instar de ce
qui a été fait il y a 30 ans du côté du Sud-Ouest.
2.2 Polarisation des activités et emplois au Centre-ville de Yaoundé
D’une manière générale, la ville de Yaoundé regroupe 28% des
entreprises du pays7, avec une forte croissance sur les dernières
décennies, qui a conduit à un important rééquilibrage territorial à
l’échelle du pays, avec le recul net de Douala qui n’accueille plus que
35% des entreprises, mais 2 grandes entreprises sur 3 ont leur siège à
Douala.
Les activités et les emplois sont dominés par le secteur tertiaire (4
emplois sur 5)8 et, dans une moindre mesure, par le secondaire. Le
tertiaire formel, principalement constitué par l’Administration mais
aussi le secteur privé (banques, assurances etc.), est principalement
localisé en centre-ville, globalement sur les plateaux administratif et
commercial (jusqu’à l’Hôtel de Ville voire Nlongkak). L’Administration
est principalement localisée sur le Plateau Administratif, avec une
annexe en cours au Nord de la ville (Etoudi) à proximité du Palais
Présidentiel.
Le tertiaire est toutefois dominé par l’informel (39% des emplois
globaux de la ville) que l’on retrouve partout dans la ville, avec une
place prépondérante pour le commerce en termes d’emplois (28% des
6 Société Immobilière du Cameroun, opérateur public de logements.
7 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009), INS.
8 Les données sur l’emploi sont issues de la 2ème Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel au
Cameroun (EESI) 2), Rapport de Synthèse, Avril 2011
39
actifs). On note deux marchés de dimension métropolitaine : (i) le
marché de Messa-Mokolo (vivres et produits manufacturés) situé au
centre-ouest de la ville sur la radiale conduisant à l’ancienne route de
Douala ; (ii) le marché central (produits manufacturés) situé au cœur de
la ville sur le Plateau commercial. Trois autres pôles commerciaux
significatifs du point de vue des transports et de la circulation sont à
signaler : marché du Mfoundi (centre-ville), marché Etoudi (Nord) et
marché Mvog-Mbi (zone centrale, direction Sud).
Le secteur secondaire est également présent avec un pôle industriel
principal au Sud/Sud-Ouest (Mvan-Ahala, y compris zone MAGZI
(Mission d’Aménagement et de Gestion des Zones Industrielles). On
note par ailleurs quelques poches d’activités au Nord, à l’Ouest ainsi
que dans la partie centrale et le long de la sortie vers Mbankomo.
2.3 Des pôles de génération de déplacement éclatés sur l’aire
métropolitaine
On note plusieurs points principaux d’origine/destination du trafic
motorisé et piétonnier :
 Le Plateau Administratif au cœur de la zone centrale ;
 La zone industrielle au Sud (Mvan-Ahala) ;
 Les terminaux routiers interurbains de voyageurs :
 Un pôle Ouest constitué par la gare routière Ouest (Messa)
complété par des annexes aux quartiers Mokolo et Carrière
et qui desservent les directions Ouest et Nord-Ouest
(Ancienne route de Douala, Okola etc.) mais aussi l’Ouest
(Bafoussam, Bamenda par la RN1/RN4) ;
 un pôle Nord constitué par la gare routière d’Etoudi et les
gares privées de Tongolo et Manguiers (carrefour Sorciers),
qui desservent l’Est et le Nord du pays (par la RN10) ainsi
que l’Ouest du pays (RN1/RN4) et le Nord de la région
(Obala, Monatélé, Bafia etc.) ;
 la gare routière Est (Mimboman) qui dessert l’Est (RN10) et
l’Ouest du pays (RN1/RN4) ;
 le pôle Sud (Mvan), de loin le plus important, constitué d’un
ensemble de gares privées pour les directions Sud à travers
la RN2 (Sangmelima, Mbalmayo) et Littoral (Douala, Kribi
etc.) à travers la RN3 ;
 des pôles mineurs en divers points de la ville, consacrés au
transport intra-urbain ou globalement à l’intérieur de l’aire
métropolitaine : Oyomabang, Nkomo, Av. Mgr Vogt
40
(bureaux Camairco), Ngousso, derrière la Trésorerie
générale ;
 Les terminaux de transport aérien ou ferroviaire :
 l’aéroport international de Nsimalen au sud de l’Aire
métropolitaine (RN9) ;
 la gare ferroviaire de Mvolyé dans la zone
industrielle Sud-Ouest ;
 la gare Voyageurs et la gare
Marchandises situées dans la partie
centrale ;
 Les zones commerciales :
 le pôle marché central / marché du Mfoundi dans la partie
centrale de la ville ;
 le marché Messa/Mokolo, au centre Ouest ;
 le marché Etoudi au Nord et le marché Mvog-Mbi dans la
1ère couronne direction sud ;
 Des grands équipements :
 le stade Omnisport Ahmadou Ahidjo au Nord-Est ;
 le pôle Hôpital Général / Hôpital Gynéco-Obstétrique au
Nord-Est ;
 l’Hôpital Central direction Ouest au sein de la partie
centrale;
 l’université de Yaoundé II - Soa au Nord-Est de l’aire
métropolitaine ;
 le pôle constitué par l’université de Yaoundé I, le Lycée
Général Leclerc et le Centre Hospitalier et Universitaire
dans la 1ère couronne en direction du Sud-Ouest de la ville
 le stade d’Olembé au Nord ;
 Des cités-dortoirs de l’Aire métropolitaine
 la ville de Mfou au Sud-Est ;
 la ville de Soa au Nord-Est ;
 les localités de Mbankomo et Obala respectivement au Nord
et à l’Ouest.
Mise à part une concentration des administrations au centre de
Yaoundé, il apparaît que les principaux pôles générateurs de trafic se
répartissent sur l'ensemble du territoire. A noter que chaque quartier
dispose d'équipements scolaires et médicaux ainsi que de marchés de
proximité qui ne facilitent pas la mobilité urbaine.
41
2.4 L’état du réseau routier de la ville de Yaoundé
Dans la ville de Yaoundé, le réseau routier peut être globalement
caractérisé par les éléments suivants :
 des infrastructures bitumées limitée à 300 km sur l'ensemble de la
CUY, sur les 4 762 km de voiries. De nombreux quartiers ne sont
desservi que par des routes en terre ;
 des axes nationaux et communaux se dirigeant vers le centre
(structure principalement radiale)9, disposant de deux, voire trois,
voies de circulation par direction (N1, N10, ancienne route de
Douala / N3, rue Ewondo).
 un réseau secondaire maillant le réseau routier principal dans
certains secteurs de la ville, plutôt situés au sud.
 un réseau de desserte dans certains secteurs de la ville très souvent
non bitumé.
Figure 2 : Hiérarchisation du réseau viaire de Yaoundé et principe de
gestion des intersections
Source : PMUS-CUY (2019)
Il n'existe actuellement qu'un nombre limité de possibilités de
contourner le centre-ville. La plupart des déplacements doivent donc
passer par / à proximité du centre-ville, au niveau du carrefour de la
Poste et du carrefour Warda. Ces deux intersections sont des points de
passages presque obligés pour un grand nombre d'usagers.
Par ailleurs un grand nombre de quartiers ne sont desservis que par les
voiries extérieures et aucune voie interne n'est aménagée, faute d'espace
9
Voir Chapitre 1.1.4.
42
entre les différentes constructions ou de fonds disponibles pour la
construction de voirie. Ces poches, où aucune voirie bitumée n'est
offerte, peuvent s'étendre sur plusieurs kilomètres carrés et peuvent
former des entraves importantes pour la desserte globale du territoire
et le maillage du réseau.
A noter par ailleurs qu'un grand nombre d'intersections situées sur le
réseau principal ne sont pas clairement gérées et qu'aucune hiérarchie
"physique" du réseau routier n'est en place. Le nombre d'intersections à
feux, qui peut permettre de diriger et favoriser des flux de circulation,
est très limité, à savoir une petite quinzaine sur l'ensemble du territoire.
Aucune politique de gestion de ces points névralgiques n'est en place.
Et lorsque des problèmes sont rencontrés, c'est la police qui vient gérer
ces points, au lieu d'adapter le fonctionnement général / le phasage de
ceux-ci (carrefour Warda par exemple). Néanmoins, quand
l'aménagement est cohérent avec le fonctionnement voulu de
l'intersection (carrefour Nlongkak, à proximité du dépôt STECY), la
circulation se fait de façon correcte.
Parallèlement, l'entretien des différentes voiries, et notamment celles de
niveau secondaires ou inférieurs est très limité. Des nids-de poule
importants sont régulièrement rencontrés, d'où des pertes de capacités
importantes en section (au lieu d'avoir un véhicule toutes les 2-3
secondes, le temps entre deux véhicules peut atteindre 10 secondes,
donc perte de près de 80% de la capacité théorique de la voirie et/ou
perte d'une voie de circulation).
A noter que les traversées de la voie ferroviaire, en nombre limités,
peuvent aussi poser quelques problèmes car concentrent un grand
nombre de flux, souvent sur des axes réduits en ces points singuliers.
Finalement, le réseau à disposition est aussi occupé pour différents usages
pénalisant la fluidité de circulation :
 des taxis sur une ou deux voies de circulation, notamment pour
embarquer ou débarquer des clients. Ils s'arrêtent sur la chaussée
et limitent ainsi le nombre de voies de circulation pour les autres
usagers ;
 des piétons, qui, faute d'aménagement adaptés (trottoirs
encombrés, manques de trottoirs, stationnement, …), marchent
directement sur la route ;
 des manœuvres des autobus sur la chaussée au niveau des gares
routières.
43
2.5 Le transport collectif institutionnel de la ville de Yaoundé
Ces lignes sont par ailleurs en constante évolution et adaptation car
entre février 2018 et mai 2018, la longueur de ces neuf lignes est passée
d'environ 150 km à plus de 210 km, notamment pour aller chercher des
passagers dans des secteurs potentiellement intéressants. L'objectif reste
de disposer de 18 lignes, sur un linéaire de plus de 260 km à court terme.
Le réseau évolue et "cherche" à optimiser la desserte, d'où encore de
nombreuses adaptations à prévoir à court terme, avec l'expérience
acquise au fur-et-à-mesure.
La flotte est actuellement composée d'une cinquantaine de bus, d'une
capacité de 30 à 70 places selon les modèles, ce qui permet d'offrir trois
à cinq bus par ligne en moyenne, ce qui reste très inférieur à ce qui était
évoqué dans le PDU (passage de toutes les 5 minutes). Actuellement,
aucun aménagement n'est en place pour favoriser ce mode de transport.
Les bus circulent sur la même chaussée que les autres véhicules et sont
donc pénalisés par les congestions. Les vitesses commerciales sont
relativement faibles, surtout durant les périodes de pointe, et les
horaires / fréquences théoriques affichés ne peuvent être tenus.
Le tarif pour les déplacements est fixé à 200 CFA, mais peut être réduit
à 180 CFA si 5 billets sont achetés. Pour effectuer un déplacement, les
usagers doivent présenter leur ticket au chauffeur de bus, ce qui limite
fortement les risques de fraudes.
Figure 3 : Plan du réseau STECY (source STECY)
Source : PMUS-CUY (2019)
2.6 Le visage du transport artisanal de la ville de Yaoundé
Les minibus sont souvent perçus comme le mode archétypique du
transport artisanal en Afrique Subsaharienne. Les analyses les plus
courantes expliquent que les minibus sont initialement apparus comme
44
une solution aux manques d’offre résultant du retrait progressif des bus
institutionnels10. Aujourd’hui, le développement du secteur des minibus
sur le continent africain s’est vu bouleversé par l’arrivée de nouveaux
modes (tels que les motos-taxis et les taxis collectifs). Néanmoins, les
minibus gardent des parts modales significatives dans plusieurs villes
africaines ; ils sont une alternative valable et adaptée aux besoins de
mobilité urbains du continent
La place des minibus au sein du système de transports publics de
Yaoundé diffère substantiellement des exemples similaires de la région.
En effet, à Yaoundé, les minibus se cantonnent à l’exploitation de
services dits ‘périurbains’, soit dans les périphéries de la ville et sur des
itinéraires interurbains. Cette distinction est particulièrement
importante : les services interurbains, du fait que les véhicules se
remplissent à la gare de départ et que les itinéraires ont peu d’arrêts
intermédiaires, sont en théorie plus rentables que les services intra-
urbains. Les minibus circulent sur des lignes relativement bien définies,
au départ de points de chargement parfois de gare relativement
informelles et sûrement non planifiées – localisés sur des repères
urbains dans des quartiers périphériques. Huit lignes de minibus,
principalement à vocation périurbaines, sont actuellement en service.
Celle avec le plus d'offre (et donc de demande) relie le centre de
Yaoundé à Soa. Ces lignes desservent spatialement les principaux
quartiers de Yaoundé mais ne desservent pas les principales gares
routières.
Figure 4 : Réseau de minibus actuel
Source : PMUS-CUY (2019)
Les taxis collectifs, dans leur définition la plus simple, sont des véhicules
qui offrent des services de transport en commun soit (i) sur un itinéraire
10 Kumar et Barrett 2008.
45
bien défini comme c’est le cas en Amérique du Sud, soit (ii) entre deux
points de chargement suivant des itinéraires moyennement définis
comme c’est souvent le cas en Afrique Sub-saharienne. En général, dans
la plupart des cas, ils se distinguent facilement des taxis classiques ou
taxis compteurs qui, eux, proposent uniquement des déplacements à la
demande de l’usager. Cela n’est pas le cas à Yaoundé où les taxis
compteurs et les taxis collectifs forment un seul et unique groupe qui
peut basculer entre les deux formes de services sans restriction majeure.
Les formes d’exploitation sont :
 Le ramassage correspond aux services de taxi collectif entre deux
points ou repères urbains. Sans des itinéraires réellement établis,
ni des points d’attache avec une logique territoriale, les taxis en
‘ramassage’ circulent partout dans la ville. Le conducteur peut
prendre et déposer des usagers à son gré selon le trajet défini pour
les clients à bord du véhicule. En 2010, le tarif pour ce type de
services était de 200 FCFA par trajet par usager. Cette valeur est
maintenant passée à 250 FCFA.
 Le service de location par heure du véhicule. Le conducteur suit
les instructions de l’usager qui définit les itinéraires selon ses
besoins. En 2010, le tarif horaire de ce type de services était de 2
000 FCFA. Aujourd'hui le prix horaire est de 3 000 FCFA.
 Le dépôt est le service comparable à celui des taxis classiques. Il
s’agit donc de transport à la demande avec un prix qui se négocie
en fonction de la distance parcourue. Le véhicule est ‘loué’ par un
unique usager (ou un groupe de passagers partageant une origine
et une destination). Le tarif, en 2010, pouvait varier entre 1 000
FCFA et 1 500 FCFA. Actuellement, bien que négocié, il oscille
entre 1 500 et 2 000 FCFA.
Les motos-taxis sont souvent appelés le « degré zéro » de la mobilité
parce que, dans la théorie, c’est un mode qui permet à un seul passager
de monter, bien que cette règle ne soit pas toujours respectée (Diaz
Olvera et al 2007). Ils sont particulièrement adaptés aux conditions
urbaines en Afrique : manque de services de transport institutionnels,
des infrastructures de voirie défaillantes dans les périphéries et des
quartiers peu planifiés qui empêchent les autres modes de transport d’y
accéder.
46
2.7 Le mythe du stationnement de la ville de Yaoundé
Le stationnement est un élément essentiel du choix modal. En dehors
des parkings d'entreprises ou des ministères, différents secteurs de
Yaoundé disposent d'espaces de stationnement organisés et marqués
sur la voirie et notamment :
 dans le centre-ville de Yaoundé, au niveau du secteur administratif
et commercial ;
 le long de certains axes, notamment le long de la N2, à proximité
de l'intersection entre le rue Elig Efa et la rue 3.391, ainsi que sur
des petits tronçons ponctuels localisés à proximité des petites
centralisé. Mais ces réglementations sont mises en place au cas par
cas, plutôt pour essayer d'éviter du stationnement n'importe où,
que pour "gérer" le parking.
Dans le centre-ville, la répartition du statut des quelques 3'700 places est
de : 1250 places réservées ou privées, dont 340 directement sur la rue; 1650
places payantes, dont 650 hors rue. Le tarif est fixé à 100 CFA par heure et
un gardien s'occupe de récolter l'argent et surveiller une cinquantaine de
place. Ces places sont principalement situées à proximité des commerces
de la rue Kennedy, du marché central et de la place de l'indépendance.
2.8 La mobilité piétonne
La marche est le deuxième mode de déplacement le plus utilisé à
Yaoundé. Malgré sa popularité, elle n'est pas facilitée voir obstruée par les
différents aménagements urbains qui se succèdent. Les mobilités
piétonnes peuvent prendre des formes et des temporalités différentes :
comme mode de déplacement à part entière ou moyen de connexion d'un
mode de transport à un autre. Toutes ces formes de pratiques ainsi que les
différents usagers sont des éléments essentiels à la mobilité piétonne mais
qui entraînent des disparités : une hétérogénéité du tissu urbain qui
contraint les déplacements, des espaces conçus pour un type d'usagers, un
surdimensionnement des voies automobiles.
A ces problèmes d'aménagements s'ajoutent un manque de régulation
de l'usage des voiries publiques. Les piétons se retrouvent alors
contraints se déplacer sur les chaussées et d'une manière générale en
dehors des espaces qui leurs sont dédiés. La forte croissance urbaine et
démographique que connait l'agglomération ces dernières décennies
impacte les mobilités en rallongeant les déplacements et le nombre de
déplacements. Couplés à l'essor des véhicules motorisés,
l'aménagement urbain a été conçu en partie autour d'eux. Les
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  • 1. 1 Volume 23, Série 4, Septembre 2023, Email: manuscrit.tma@gmail.com ISSN :95979871
  • 2. 2 Editions Comerci, ‘Journal Of African Management Trends’ Directeur de Publication Pr. Dr. Alain Ndedi Secrétariat scientifique de rédaction : Pr. Dr Emmanuel Innocents Edoun Pr. Dr Paulin Mbecke Pr. Dr. Francis Kemegue Comité éditorial : Dr. Nurudeen Oyekola, BoT Chair, Global Confederation of Certified Entrepreneurship and Innovation Institutes (GCCEI)/Registrar Institute of Classic Entrepreneurship (ICEnt) Dr. Bamidele Wale-Oshinowo, University of Lagos, Nigeria Pr. Dr. Rose Ikelle, ESSEC, Université de Douala, Cameroun Pr Dr Jules Banaken, Banque de Développement des Etats de l'Afrique Centrale Pr Dr Pierre-Joubert Nguetse Tegoum, Ministère de l’économie et de la Planification, Cameroun Pr. Dr. Alain Ndedi, International Council for Family Business /Prime Light University Pr. Dr. Francis Kemegue, Boston Insights and Analytics, USA Pr. Dr Emmanuel Innocents Edoun, Université de Johannesburg /Tshwane University of Technology, RSA Pr. Dr Paulin Mbecke, Université du Moyen Lualaba, DRC Dr Polycarpe Feussi, Université de Johannesburg, RSA Pr Dr Essombe Edimo Jean Roger, Université de Yaoundé II-Soa, Cameroun Pr Dr Tchouassi Gérard, Université de Yaoundé II-Soa, Cameroun Pr Dr Thierry Levy Tadjine, Université Paris 8, France Pr Dr Mantsie Rufin W., Université Marien Ngouabi, Congo Brazzaville Dr Kok Lawrence, University of Johannesburg, RSA Pr Dr Makosso Bethuel, Université Marien Ngouabi, Congo Brazzaville Dr Florence Nisabwe, President and CEO, Rise and Shine. Volume 23, Série 4, Septembre 2023, Email : manuscrit.tma@gmail.com ISSN : 95979871
  • 3. 3 TABLE DES MATIERES Pp 5-10 INTRODUCTION Pp. 11-28 Les pratiques de La gestion efficiente de la santé mentale en entreprise Pr Dr Ndedi Alain Aimé Dr Goufan A Eroume Hilde Marlyse Pp. 29-54 Logistique urbaine et mobilité dans la ville de Yaoundé : L’urgence d’une dynamique des Collectivités Territoriales Décentralisées Dr Onguene Ateba Julien Grégoire Mme Ndzomo Eboga Carine Pp. 55-79 Analyse de la Perception des clients du processus de gestion des réclamations bancaires dans la Zone CEMAC Dr Midja Essogo J P, Mr Mahou Midja Martial Petty Pp. 80-90 L’imposition coloniale de la diffusion de l’historicité de l’Etat africain Dr Sango Amel Simon, Pp. 91-111 Regard sur le christianisme face à la l’assortement des religions en Afrique Mr Wamba Ngano Joël Pp. 112-140 Analysis of decentralisation, poverty, exclusion and public transfers in Cameroon Pr Dr Nguetse Tegoum Pierre Joubert Mr Chapda Nana Lucien Pp. 141-162 Renewable digital transformation and cybersecurity management in Africa Mr Djekoundayom Bemba Pp. 163-172 The Role of Early warning responses to curb the Boko Haram insurgencies in the Lake Chad Basin Mr Satadjim Succès Noel
  • 4. 4
  • 5. 5 INTRODUCTION Le numéro 4 du volume 23 du Journal of African Management Trends (JAMT) du mois de septembre 2023 s’inscrit dans le management ‘mode BRICS’, où les organisations doivent intégrer toutes leurs ressources pour une compétitivité centrée sur l’humain conduisant à une croissance soutenue. Une brève introduction du concept BRICS. En 2001, la banque Goldman Sachs publie un rapport pour alerter sur la rapide croissance économique de quatre pays non membres du G7, à savoir le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine (BRIC) qui, selon elle, vont accéder aux premières places de l’économie mondiale. La remarque de Goldman Sachs voit la nécessité de réformer le G7 pour y incorporer ces quatre pays. Cette remarque restera lettre morte. La Russie lance, en 2006, en marge de l’assemblée générale des Nations-Unies, le processus de création d’un groupe de coopération et d’échange avec la Chine, le Brésil et l’Inde, groupe appelé BRIC. Les chefs d’État de ces pays se réunissent pour la première fois à Ekaterinbourg (Russie), le 16 juin 2009 au cours duquel ces quatre pays déclarent vouloir développer leur coopération pour faire advenir un monde multipolaire ‘plus démocratique et plus juste,’ en réclamant notamment la réforme des institutions de Breton Woods (Banque mondiale et Fonds Monétaire International) et leur plus grande ouverture aux économies émergentes. Depuis lors, les BRICS réitèrent leurs demandes et affinent le rôle qu’ils entendent voir jouer par leur groupe dans tous les champs des relations internationales avec les Nations Unies comme point central. Ils présentent leur stratégie comme une volonté de réforme de l’existant ; Russie et Chine sont membres permanents du Conseil de sécurité des Nations-Unies et plaident pour y faire accéder entre autre pays l’Inde, plutôt que de remplacement. Pour cela, ils s’organisent afin de coordonner leurs positions dans les réunions et organisations internationales et mettre en place des coopérations sectorielles entre eux. Cette année, le sommet des pays émergents des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) s'est déroulé à Johannesburg avec, au centre des discussions, l'élargissement du bloc qui veut étendre son influence politique et économique mondiale. Une quarantaine de nations ont demandé leur adhésion ou manifesté leur intérêt pour rejoindre le ‘club des cinq’, qui produit plus du quart de la richesse mondiale et rassemble 42% de la population du globe. En 2014, les BRICS ont créé la Nouvelle banque de développement (NBD), dotée de 250 milliards de dollars, afin de prêter aux pays émergents de
  • 6. 6 l'argent pour leur développement. Des pays non membres des BRICS, tels que l'Égypte et les Émirats arabes unis, ont rejoint la NBD. Parmi les autres questions à l'ordre du jour des réunions du BRICS figurent la lutte contre le changement climatique, le développement du commerce, des opportunités d'investissement et de l'innovation dans les pays en développement, ainsi que la réforme des systèmes de gouvernance mondiale afin que les pays en développement aient davantage un droit de parole. Revenons à notre revue, le Journal of African Management Trends (JAMT). Le volume 23, la série 4 aborde des sujets variés qui affectent les organisations africaines dans leur ensemble. La première contribution de cette série 4 qui est le chef d’œuvre des auteurs, Pr Dr Alain Ndedi et Dr Goufan A Eroume Hilde Marlyse sous le thème : Les pratiques de La gestion efficiente de la santé mentale en entreprise aborde une question souvent reléguée au second rang. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (2022) et l’Organisation Internationale du Travail (OIT) (2022), la santé mentale ne se définit pas comme une absence de pathologies liées à la souffrance ou à l’épuisement au travail, mais plutôt comme : ‘un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté. Cet article, à partir d’une revue de littérature variée, montre comment gérer les causes et certains symptômes de la santé mentale des employés au travail. Le but de cette deuxième communication intitulée ‘Logistique urbaine et mobilité dans la ville de Yaoundé : L’urgence d’une dynamique des Collectivités Territoriales Décentralisées’ conjointement écrit par Dr Onguene Ateba Julien Grégoire et Mme Ndzomo Eboga Carine est de démontrer que l’organisation d’une bonne logistique urbaine dans la ville de Yaoundé (Cameroun) peut contribuer à la mobilité urbaine si les collectivités territoriales décentralisées sont impliquées au regard du transfert des compétences. La logistique urbaine est au centre de la mobilité urbaine des flux des entreprises et des personnes dans les délais et à moindre coût. La logistique urbaine permet d’optimiser les flux de marchandises et de personnes dans les centres urbains, les agglomérations, les périphéries et même les flux interurbains, de produire et créer rapidement des revenus et par conséquent, le Cameroun y tire de la croissance économique, améliorant la mobilité urbaine et le bien-être
  • 7. 7 des populations dans la ville de Yaoundé. Ce travail s’appuie sur l’enquête de terrain et l’analyse des sources diachroniques et synchroniques existantes sur la ville de Yaoundé et de ses localités périurbaines. L’approche qualitative par observation n’est pas en reste pour l’analyse de l’impact de cette logistique urbaine sur la mobilité urbaine. Il ressort des résultats empiriques, que la logistique urbaine de la ville de Yaoundé ne contribue pas assez à la mobilité urbaine à cause de la mauvaise politique urbaine des acteurs des CTD, des politiques de transports inadaptées aux villes modernes. Autrement dit, des infrastructures en déphasage avec des villes nouvelles ou villes neuves. L’originalité de cette recherche est double : Comprendre l’impact que la logistique urbaine peut avoir sur la mobilité des populations et le lien entre démographie et mobilité urbaine dans la ville de Yaoundé. Dr Midja Essogo J P, et Mr Mahou Midja Martial Petty, abordent l’Analyse de la Perception des clients du processus de gestion des réclamations bancaires dans la Zone CEMAC et pour objectif de contribuer à une meilleure compréhension de la relation entre le client et sa banque. Basé sur une étude empirique, l’article s’intéresse à la perception que les consommateurs des produits et services bancaires ont de la gestion de leurs réclamations par les professionnels des institutions bancaires. L’échantillon choisi pour y arriver couvre 08 banques gérant plus de 80% des comptes des clients particuliers au Cameroun. L’approche quantitative menée pour la collecte des données permet une analyse descriptive aux fins de constituer une base de données utile à chaque partie prenante des échanges bancaires. La théorie de la justice procédurale est convoquée pour déterminer les variables à évaluer dans la gestion des réclamations. Comme dans la plupart des études menées dans le domaine, les résultats obtenus placent le problème de gestion des cartes bancaires parmi les problèmes les plus récurrents avec un taux de 26, 56%. Contrairement à la littérature existante, plus de 64% des clients enquêtés trouvent lent le traitement des réclamations dans la zone CEMAC, avec 51% des enquêtés trouvant les voies de recours accessibles. In fine, ces différentes récriminations interpellent toutes les parties prenantes des échanges bancaires pour des actions mélioratives. Dr Sango Amel aborde le sujet de l’imposition coloniale de la diffusion de l’historicité de l’Etat africain. Ce papier se focalise sur le point de vue de Weber qui est cette communauté humaine, qui à l’intérieur d’un territoire déterminé (...) revendique pour elle-même et parvient à imposer le
  • 8. 8 monopole de la violence physique légitime. L’État est cette communauté humaine, qui à l’intérieur d’un territoire déterminé (...) revendique pour elle-même et parvient à imposer le monopole de la violence physique légitime. (Weber, 2003) L’universalité de l’Etat à travers l’imposition coloniale et la réappropriation postcoloniale, la dépendance culturelle des élites du tiers-monde par rapport à la culture occidentale, permet de rendre compte de l’Etat au sein des diverses sociétés africaines. Sur le plan de l’analyse sociologique rigoureuse, il convient alors de rompre l’auteur le démontre, avec le nominalisme car, l’identité du terme Etat ne parvient pas à camoufler des réalités diverses. Dans le nominalisme, le droit est le reflet de la nature des choses, le droit est congruent de la nature des choses, il construit le fait accompli que lui dictent les rapports de forces entre seigneurs et vassaux. Dans son sens philosophique, l’Etat est une abstraction qui se manifeste à travers des productions symboliques. Un autre philosophe appelé REVEL dira ainsi que ‘je ne déjeune pas avec l’Etat’. En d’autres termes, au-delà de l’identité du terme Etat, il importe de prendre en considération la diversité, le pluralisme des modes de structuration de l’Etat. Dit autrement, pour comprendre l’inscription de l’Etat dans l’ordre de la domination politique en Afrique, il convient de se référer à des actions concrètes prises elles- mêmes dans des situations concrètes. Le rapport de l’Etat africain à la science politique telle qu’imposé par les colons et reçu par les pays africains, peut s’organiser autour de deux constats : le constat de l’adversité de l’approche d’une part, et le constat de la crise de l’Etat d’autre part. La contribution scientifique de cette série intitulée : Regard sur le christianisme face à la l’assortement des religions en Afrique est le produit de Mr Wamba Ngano Joël. L’auteur, par une analyse herméneutique et heuristique, porte un regard sur les courants religieux et spirituels arc-boutant le christianisme en Afrique subsaharienne. Il consiste à interroger la résistance, la persistance mieux l’existence du christianisme face à l’ensemble des doctrines théosophiques qui tantôt hissent la raison comme mythe thuriféraire, tantôt l’enlise comme jalon théogonique pour expliquer et comprendre l’élan du sujet vers Dieu. Ces courants contribuent à bouleverser les valeurs christianiques. Ce qui, dans un relativisme dévoilé, interpelle la portée mystique du christianisme à se réinventer. The paper entitled: Analysis of decentralisation, poverty, exclusion and
  • 9. 9 public transfers in Cameroon, is written by Pr Dr Nguetse Tegoum Pierre Joubert and Mr Chapda Nana Lucien. Since 2004, when the first competencies being transferred, Cameroon, according to the authors has shown relatively satisfactory economic performance with an average growth rate of 4.5% over the period 2010-2019. However, several facts question the inclusive nature of this growth. Indeed, there is an increase in income inequality which translates into a 13% increase in the Gini index. In addition, poverty has declined in some regions while it has increased considerably in others, particularly the northern regions. This paper raises the question of whether the decentralization process initiated for more than fifteen years has favoured a more inclusive socio- economic development in Cameroon. Specifically, it analyses the evolution and allocation of investment transfers from the State to the municipalities from the perspective of equity and in relation to poverty. The data used comes mainly from household surveys carried out by the National Institute of Statistics and from the Ministry of the Economy. The results show that the share of the public investment budget on internal resources allocated to municipalities has increased from 4.7% to 22.3% between 2016 and 2021. But this paper does not take into account the level of development of communities. The econometric analyses show that the municipality's poverty rate decreases as the volume of public investment transfers per capita increases. For a given municipality, a 1% increase in the public investment transfers per inhabitant would lead to a drop in the poverty rate of 3.7%. Regarding local governance, there is a strong political exclusion of populations in the management of municipalities. The paper recommends that the State develop a fairer mechanism for allocating the resources transferred to the municipalities, which are, for their part, invited to institutionalize the participatory budget. Mr Djekoundayom Bemba contribution under the title ‘Renewable digital transformation and cybersecurity management in Africa’ raises worldwide issues that companies are facing, namely climate change, digital transformation and cybersecurity risks. These threats could seriously affect their future business growths and sustainable business profitability. In particular, renewable companies have to develop appropriate digital transformation strategies to improve their performance and efficiency whilst maintaining high cybersecurity. Cybersecurity improvements are key to protect renewable companies against growing cyber-attacks and risks of fraud. There should be strong management support for the
  • 10. 10 elimination of legacy systems and organisational reforms to accelerate digital reforms and improve cybersecurity. Different interlinkages between climate change, renewables, digital transformation and cybersecurity are discussed in this article with the application on Africa. Mr Satadjim Succès Noel discusses the Role of Early warning responses to curb the Boko Haram insurgency in the Lake Chad Basin. For decades, the four Lake Chad Basin (LCB) countries have grappled with various forms of insecurity including banditry, abduction, highway robbery and cattle rustling among other challenges. In addition, the most significant security challenges confronting the LCB remain the Boko Haram crisis. In this regard, Cameroon, Chad, Niger and Nigeria have all been impacted by violent extremism that impedes State functionality and its capacity and willingness to provide human security. The focus on conflict dynamics in the LCB must therefore been seen as a critical issue and look at a wide spectrum of actors, structures and processes that spawn insecurity in the region while still centring the Boko Haram phenomenon and its connections with other conflict or security dynamics. The article based on an empirical research was carried out in the eight provinces/states/regions directly affected by the Boko Haram insurgency: Far North and North regions (Cameroon), Hadjer Lamis and Lac provinces (Chad), Diffa region (Niger), Adamawa, Borno and Yobe states (Nigeria) with the aim to understand if early warning systems are fully used and implemented. The findings show that there is not enough use of early warning systems to combat Boko Haram insurgencies. This article intends to fill that gap by bringing forward strategies to deal with this crisis. Au nom du comité éditorial, mes sincères remerciements à tous les contributeurs et à leurs institutions respectives, et une bonne lecture à tous. Nous vous remercions de bien vouloir envoyer vos contributions au plus tard le 28 Octobre 2023 et commentaires par courriel aux adresses suivantes: ndediaa@gmail.com et manuscrit.tma@gmail.com (secrétariat) Prof. Dr. Alain Ndedi
  • 11. 11 Les pratiques de La gestion efficiente de la santé mentale en entreprise Pr Dr Ndedi Alain Aimé President: Centre of Entrepreneurship and Small Business Management (www.cesbm.education) Dr Goufan A Eroume Hilde Marlyse Responsable RH, Sonatrel, Yaoundé Email: marlysegb@yahoo.fr Cite cet article: Ndedi, A, A et Goufan A Eroume, H, M, (2023), Les pratiques de La gestion efficiente de la santé mentale en entreprise. Journal of African Management Trends, Volume 23, Série 4, Aout 2023. Pp. 11-28 RESUME D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (2022) et l’Organisation Internationale du Travail (OIT) (2022), la santé mentale ne se définit pas comme une absence de pathologies liées à la souffrance ou à l’épuisement au travail, mais plutôt comme : ‘un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté. Cet article, à partir d’une revue de littérature variée, montre comment gérer les causes et certains symptômes de la santé mentale des employés au travail. Mots clés : Santé mentale, entreprise, rendement. INTRODUCTION On a souvent tendance à dire qu’une bonne santé mentale correspond à une absence de manifestations de troubles mentaux. Si on ne rentre pas dans la case de l’anxiété, du stress, de la dépression, du burn-out, bore-out ou brown-out, c’est que tout va bien, non ? Et bien ce n’est pas si simple. Pour l’OMS (2020), la santé mentale ne se définit pas comme une absence de pathologies liées à la souffrance ou à l’épuisement au travail, mais plutôt comme : ‘un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté.’ D’après Villani (2023), pour déterminer si une entreprise est saine, il faut d’abord apprendre à observer les facteurs de risque. En identifiant et en comprenant les signaux
  • 12. 12 d’alerte au niveau santé et sécurité, on est à mesure d’agir plus efficacement pour inverser la tendance. Les responsables d’entreprise devraient de poser de bonnes questions, Vallini (2023) :  Est-ce que le poste de travail est adapté aux compétences du salarié (sur ou sous qualification) ?  Est-ce que la charge de travail ne plonge pas le collaborateur sous l’eau ?  Est-ce que les délais sont raisonnables et les missions bien définies ?  Est-ce que l’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle est bien respecté ? Le contexte actuel caractérisé entre autre par la compétitivité, pousse les diverses organisations à être de plus en plus performantes pour ne pas rester à la traîne. L’individu étant au centre de l’activité de l’organisation, une attention particulière lui est accordée pour qu’il soit toujours capable de fournir le meilleur de lui-même, pour le rayonnement et la performance de l’entreprise. L’harmonisation entre les valeurs individuelles (réalisation de soi, épanouissement personnel, qualité de vie) et les exigences de performance des organisations dans un contexte de mondialisation constitue donc un défi de taille. La synergie entre la réalisation de soi et la performance de l’organisation est tout à fait réaliste puisque la personne épanouie à son travail devrait apporter à l’organisation les éléments nécessaires à son succès. La santé de l’agent est primordiale pour atteindre cet objectif, qui plus est la santé mentale au travail. Cette réflexion sur la santé mentale au travail trouve ainsi sa pertinence dans ce contexte. Cet article s’articulera autour de parties : la santé mentale au travail, les troubles de la santé mentale au travail (les causes, les risques, les conséquences) et le rôle nouveau stratégique des Ressources Humaines dans la santé mentale au travail. 1. QU’EST-CE QUE LA SANTE MENTALE AU TRAVAIL Lorsque l’on parle de santé, on pense d'abord à la santé physique et souvent, on oublie la santé mentale. Alors qu'elle est tout aussi importante pour notre bien-être. Selon le dictionnaire Larousse, la santé mentale est aptitude du psychisme à fonctionner de façon harmonieuse, agréable, efficace et à faire face avec souplesse aux situations difficiles en étant capable de retrouver son équilibre. La santé mentale est une composante de notre santé aussi importante que la santé physique. ‘Il n’y pas de santé sans santé mentale’, rappelle
  • 13. 13 l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour définir la santé au sens large, l’OMS (2022), énumère ses trois dimensions indispensables: La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. (ILO, 2022) Il n’existe pas une manière unique de définir la santé mentale. Elle correspond à l’état psychologique ou émotionnel de la personne, à un moment donné. Pour l’OMS (2022), la santé mentale est ‘un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté’. Cette définition propose une vision positive de la santé mentale. Néanmoins, elle pourrait laisser penser – à tort – que sans emploi, une personne ne peut pas connaître un état de bien-être. Nous pouvons conclure que la santé mentale au travail est un état sain de l’esprit dans son activité professionnelle ou l’aptitude de l’esprit à fonctionner de manière harmonieuse et à faire face aux situations difficiles en étant capable de retrouver son équilibre. Elle ne dépend pas que des employés, du tempérament des employés ou de leur vécu, comme on le croit trop souvent. La santé mentale se consolide ou se détériore en fonction de nombreux facteurs. Certains sont propres aux employés, d’autres sont liés à la société et à l’environnement dans lequel ces employés évoluent. (Goufan A Eroume, 2000) Voici les principaux facteurs qui influencent notre santé mentale : Ceux qui relèvent de l’individu  La personnalité,  Le patrimoine génétique,  La capacité à faire face à aux émotions,  L’estime personnelle,  Les événements marquants de l’existence comme les rencontres, les séparations, les deuils. Ceux qui relèvent de la société  Les conditions de travail, de logement, de sécurité,  Le niveau de vie,  La solidarité,  L’accès à l’éducation  L’accès aux soins,  La culture dans laquelle l’on évolue,  Les discriminations subies du fait de l’origine, la religion, le genre, et l’orientation sexuelle (Goufan A Eroume, 2000)
  • 14. 14 Ainsi, les employés ne sont pas les seuls responsables de leur état psychologique. Il dépend, pour une grande part, de l’environnement professionnel et social dans lesquels ils évoluent. 2. LES TROUBLES DE LA SANTE MENTALE AU TRAVAIL Mais la plupart des employés dans une organisation n’arrivent pas à trouver l’équilibre et être de ce fait épanouis dans leurs lieux de travail. Mais quelles en sont les causes ? 2.1 Les causes des troubles de la santé mentale au travail Pour Goufan A Eroume (2000), les causes des troubles de la santé mentale au travail sont diverses et nous pouvons citer entre autres :  Déséquilibre entre vie personnelle et vie professionnelle  Manque de soutien social (hiérarchie, collègues)  Manque de confiance et d’autonomie  Mauvaise communication  Harcèlement et discrimination (moral, sexuel)  Comportement toxique (agression dans l’expression)  Compétition excessive  Changements dans l’organisation non accompagnés (réorganisation, nouvelle stratégie)  Rareté de l’emploi, insécurité de l’emploi  Télétravail  Stress au travail  Turn over  Rareté des talents  Mauvaise gestion des talents, mauvais recrutements et la mauvaise gestion de carrières. (Goufan A Eroume, 2000) 2.2 Les risques pour la santé mentale au travail Quels seraient donc les risques pour la santé mentale au travail, encore appelés risques psychosociaux professionnels ? Nous citerons, Ndedi (2015) :  La sous-utilisation des compétences ou le fait d’être sous-qualifié ;  Une charge de travail ou un rythme de travail excessif, le manque de personnel ;  Des horaires prolongés, rigides ou incompatibles avec la vie sociale ;  Le manque d’influence sur la définition des tâches ou la charge de travail ;
  • 15. 15  Des conditions de travail dangereuses ou pénibles ;  Une culture organisationnelle qui permet des comportements négatifs ;  Le soutien limité des collègues ou un encadrement autoritaire ;  La violence, le harcèlement ou l’intimidation ;  La discrimination et l’exclusion ;  Des fonctions mal définies ;  Une sous-promotion ou une sur promotion ;  L’insécurité de l’emploi, un salaire insuffisant ou un manque d’investissement dans l’organisation des carrières ;  L’incompatibilités entre les exigences et professionnelles et familiales ;  La discrimination et les inégalités fondées sur des facteurs tels que la race, le sexe, la tribu, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, le handicap, l’origine sociale, le statut de migrant, la religion ou l’âge. 3. LES CONSEQUENCES DES TROUBLES DE LA SANTE MENTALE AU TRAVAIL 3.1 Quand santé mentale rime avec productivité Une santé mentale en berne est souvent synonyme d’un désengagement des salariés, mais aussi d’une concentration en roue libre, d’une baisse de la motivation, des arrêts maladie plus fréquents, d’un taux de burn-out qui explose, d’une hausse des pannes d’oreiller et d’un absentéisme croissant. (Vallini, 2023) A ceci, il faut ajouter la dégradation des rapports entre les salariés et du climat social. Une santé mentale ignorée amène son lot de malheur pour l’entreprise, l’effet inverse fonctionne aussi. En revanche, prendre soin du bien être des salariés contribue à augmenter les performances de l’entreprise. (Vallini, 2023) 3.2 Les conséquences des problèmes de santé mentale Les conséquences des troubles ou d’une mauvaise santé mentale au travail sont désastreuses pour les ressources humaines te même pour l’organisation. Nous déroulerons deux conséquences majeures : l’Anxiété et le Stress. 3.2.1 L’Anxiété L’anxiété c’est lorsque les émotions ne peuvent pas être exprimées. Ce qui entraîne la fatigue ou l’épuisement professionnel (burn out), une baisse de
  • 16. 16 l’estime de soi, des troubles de sommeil, des douleurs sur le corps physique. 3.2.2 Le stress Les recherches sur le stress bénéficient d’une légitimité certaine et d’une grande popularité dans les cercles scientifiques d’outre-Atlantique et de l’Europe du Nord depuis les années 1970. Selon Le Petit Larousse (1999), le stress est défini comme ‘un ensemble de perturbations biologiques et psychiques provoquées par une agression quelconque sur un organisme’. On peut aussi le définir comme une ‘réponse de l’organisme à toute demande qui lui est adressée’ (Selye, 1956) ou plus simplement une ‘réaction de l’organisme à une agression, cette agression pouvant provenir de l’intérieur ou de l’extérieur de l’organisme’ (Goufan A Eroume, 2000). Le stress provoque ainsi une perturbation à tous les niveaux de vie d’un individu; avec cette perturbation dépendant de la personnalité de l’individu et de son environnement. Un individu a deux types de réactions face au stress : Une réaction dite syntoxique où le sujet crée les conditions pour coexister avec l’agent stresseur (exemple : évitement passif). Les hormones syntoxiques les plus efficaces de l’organisme sont les corticoïdes. Une réaction dite catatoxique où le sujet met en place un dispositif de défense (exemple : fuite). L’adrénaline est l’hormone de combat par excellence de l’organisme. Le stress est un puissant agent de motivation. Mais la mauvaise gestion du stress aboutit aux maladies dites de l’adaptation. Mais encore, le stress est un phénomène très important, car il peut totalement détruire un individu et le mener à la mort. Mais, comment le stress se manifeste-t-il dans le milieu professionnel ? Il est appelé stress organisationnel ou professionnel (stress au travail). Nicole Aubert et Max Pages pensent que les tenants de la ‘Fit Theory’, théorie de l’ajustement (French, Rogers et Cobb, n.d) définissent le stress comme étant une discordance entre les capacités d’une personne et les exigences de sa tâche d’une part, et une discordance entre les besoins de la personne et ce pouvant être satisfaits par l’environnement d’autre part. Quant à Kets De Vries (1981), il pense que le stress en milieu professionnel serait :  Un processus multifactoriel parce qu’il prend en compte l’environnement non occupationnel contemporain c’est-à-dire les activités de loisirs, la dynamique de la vie familiale,
  • 17. 17  Un élément d’évaluation d’une organisation : c’est un indicateur social reflétant l’impact de l’organisation sur l’individu. Il permet également d’évaluer la santé d’une organisation. Qu’est-ce qui est donc la cause du stress au travail, les facteurs organisationnels du stress? Les médecins du travail constatent depuis bien d’années une recrudescence importante des ulcères, de l’hypertension artérielle, des maladies cardiaques et même des suicides et en sont inquiets. Dans l’organisation, le stress est nécessaire parce qu’il a des effets positifs comme la motivation : c’est le stress fonctionnel. Il devient dysfonctionnel lorsqu’il est en excès. Ainsi les différences de personnalité font de ‘l’ingénierie du stress’ une tâche difficile. (Ndedi, 2015) Nous pouvons citer quatre catégories de facteurs contribuant au stress organisationnel, OMS (2020) : L’effet du design organisationnel : le type ; le modèle d’organisation dans sa structure, sa fonction, son organisation en général. o Les éléments de l’organisation productive moderne tels que la hiérarchie d’autorité, la division en départements ou en services ; o Les conditions matérielles du milieu de travail (bruit, chaleur, longues heures de travail, o La structure des organisations (infrastructure et suprastructure) détermine le degré de conflit et d’ambiguïté qu’éprouvera l’individu dans l’organisation o La surcharge qualitative et quantitative de travail o Le passage des frontières pratiqué par ‘ces agents d’intégration’ comme par exemple le directeur des projets. Les processus interpersonnels : influencent la motivation, les attitudes, la satisfaction et la productivité. o L’augmentation soudaine de la communication interpersonnelle verticale et latérale, o La nature de l’interaction, o La nature de la participation aux décisions, o Le type de métier exercé, o Le style de leadership ou la pratique managériale, o Le mode de gestion taylorien, o Le mode de gestion techno-bureaucratique, o Les modes de gestion fondés sur l’idée de compétitivité
  • 18. 18 o Le mode de gestion participatif o La solitude du pouvoir o Le stress relié à la tâche et l’urgence d’agir L’influence de la carrière : il y a des facteurs qui nuisent au plein épanouissement des expériences et des activités tout au long de la vie au travail : o Les occupations de niveau inférieur o Les trois moments du cycle de vie de la carrière : le début de la carrière (sensation de choc de la réalité…) ; la mi-carrière ou ‘la crise du milieu de vie’ (la personne devient plus consciente du vieillissement physique et de la proximité croissante de la mort) et l’approche de la retraite (éveille des images comme celles d’être inutile, prêt à être jeté au rebus) o La mutation à un poste inférieur ou un congédiement o Les changements dans la carrière Autres évènements o Le contrôle fiscal o L’inadaptation professionnelle o Le surmenage o Les voyages trop fréquents (OMS, 2020) Comment se manifeste le stress organisationnel ? Le burn-out ou l’épuisement professionnel, d’après Chanlat (1996) comme ‘un syndrome d’épuisement physique et émotionnel impliquant le développement d’images négatives de soi-même, des attitudes défavorables envers le travail et une perte d’intérêt à l’égard des clients’. Il n’est pas seulement relié à la quantité de travail à exécuter, mais il est surtout une conséquence de la difficulté à composer avec le stress. On peut aussi relever la dépression et l’accoutumance aux alcools et aux drogues. Enfin, on pourra citer quelques conséquences du stress au travail telles que l’absentéisme, les conflits maritaux, les divorces, les conflits interpersonnels, les tensions dans le travail, le turn-over ou taux de roulement, les accidents de travail, la baisse de performance ou de productivité au travail, les mises à pied. (Chanlat, 1996)
  • 19. 19 4. LA SANTE MENTALE AU TRAVAIL : UN NOUVEL ENJEU STRATEGIQUE DES RESSOURCES HUMAINES 4.1 La prise en charge de la santé mentale au travail L’état d’esprit et le bien-être sont deux puissants moteurs d’engagement et de productivité professionnelle. Par contre la détresse psychique a elle aussi des conséquences désastreuses sur notre capacité à remplir correctement les missions qui nous sont confiées. Face aux incertitudes et aux inquiétudes que provoquent ces détresses au travail, le rôle des professionnels des ressources humaines évolue. Il englobe désormais de plus larges responsabilités, notamment en ce qui concerne la santé mentale au travail. (Chanlat, 1996) Toutes les études se penchant sur la santé mentale au travail mettent en évidence l’importance croissante du sujet. Mais aussi, l’urgence pour les entreprises de s’emparer de la question. Un enjeu de taille que les entreprises auraient tort d’ignorer. (OIT, 2022) Les difficultés à mener à bien vie professionnelle et vie personnelle sont une des causes de la détresse qui cache un trouble mental. Une augmentation des problèmes de santé mentale au travail est relevée également par l’OCDE. En effet, sur 4 travailleurs présentant un trouble mental, trois présentent des conséquences telles que la baisse de productivité, l’absentéisme. En outre, près de la moitié des demandes de pensions d’invalidité sont désormais motivées par une mauvaise santé mentale. Les principaux facteurs d’aggravation des problèmes de santé mentale étant la précarisation des emplois et la pression comme méthode managériale. (OMS, 2022) Pour tout ce qui précède, les entreprises sont appelées à agir car dit-on ‘vaut mieux prévenir que guérir’. Les entreprises et leurs équipes RH devraient trouver de nouvelles méthodes pour venir en aide aux travailleurs dans le besoin, en garantissant de bonnes conditions de travail et un suivi systématique, surtout que la plupart des problèmes de santé mentale y compris le stress au travail, peuvent être soignés. Pour y parvenir, OMS (2022), recommande quelques mesures pour une meilleure prise en charge de la santé mentale au travail:  Identifier les personnes éprouvant des problèmes de santé mentale en cultivant un environnement propice au dialogue : planifier des échanges réguliers, en groupe et individuels. Pour l’OIT (2022), les responsables RH devront se former à la prévention des troubles de santé mentale au travail en apprenant à repérer les signes
  • 20. 20 indiquant qu’un collaborateur pourrait être en souffrance : changement dans l’apparence ou dans le comportement, demander ou prendre plus de congés, des difficultés à remplir ses missions habituelles, le retrait volontaire des activités sociales.  Accroître la sensibilisation pour ne pas tomber dans la stigmatisation, en évitant les maladresses qui pourraient empêcher un collaborateur de demander de l’aide en cas de besoin : La peur d’une réaction négative de ses collègues et supérieurs, d’être mis de côté ou traité différemment peut en effet le pousser à rester dans le déni, ou à taire ses problèmes. Se renseigner aussi sur le langage le plus approprié vis-à-vis de vos collaborateurs, pour éviter qu’ils ne se sentent jugés, comprendre l’approche à adopter pour apporter son soutien, pensez en outre à aborder les questions de confidentialité et les solutions discrètes qui peuvent changer la donne sans alarmer le reste de l’équipe. (OMS, 2022)  Fournir des ressources et s’appuyer sur des experts. Les équipes RH même formées, ne pourront jamais se substituer complètement à l’approche de professionnels plus expérimentés et neutres. C’est d’autant plus le cas si les troubles que rencontre l’un de vos collaborateurs sont trop aigus pour être pris en charge par vos soins. (OMS, 2022) En matière de prévention, des ressources utiles existent pour sensibiliser vos équipes, et leur fournir une aide personnalisée : bilan de bien-être et d’épuisement professionnel, des fiches de conseils actionnables et programmes d’e-learning dédiés, les mécanismes de réactivité au stress pour apprendre à mieux le gérer pour prévenir l’anxiété chronique. Autre élément à ne pas négliger : votre programme de retour au travail pour les collaborateurs en leur permettant par exemple d’aménager leur emploi du temps après avoir pris du bon temps pour eux-mêmes. (OIT, 2022)  Encourager l’empathie à tous les niveaux. Historiquement, les dirigeants se sont largement reposés sur les ressources humaines pour communiquer avec leurs collaborateurs sur des sujets ayant principalement trait à la performance et la formation. Ils ont souvent mis de côté tout ce qui pouvait avoir trait à la santé en général, et à la santé mentale au travail en particulier. (OMS, 2022)
  • 21. 21 Des efforts concrets doivent désormais être menés pour encourager une culture interne plus empathique en entreprise. Le nouvel enjeu des RH est ainsi de s’assurer qu’à tous les niveaux de l’entreprise, la bienveillance, le sens de l’écoute, et la reconnaissance de tels troubles sont la norme. Les responsabilités d’un responsable en santé mentale comprennent l’évaluation des prestations et la garantie de l’accès au traitement. (OIT, 2022) Mais aussi, le monitoring du bien-être et des besoins en santé mentale des collaborateurs, ainsi que la gestion des programmes liés à la santé comportementale. Un nouveau job à part entière, qui devient plus stratégique d’année en année. 4.2 Agir pour la santé mentale au travail Les pouvoirs publics, les employeurs, les organisations qui représentent les travailleurs et les employeurs, ainsi que d’autres acteurs responsables de la santé et de la sécurité des travailleurs peuvent contribuer à améliorer la santé mentale au travail en prenant des mesures pour, OIT (2020) :  Éviter les problèmes de santé mentale d’origine professionnelle en parant aux risques pour la santé mentale au travail : La prévention des problèmes de santé mentale au travail consiste à gérer les risques psychosociaux en milieu professionnel. Pour cela, l’OMS (2022) recommande aux employeurs des interventions organisationnelles qui consistent à évaluer les risques pour la santé mentale sur le lieu de travail, puis à les atténuer, les modifier ou les éliminer.  Protéger et promouvoir la santé mentale au travail : La protection et la promotion de la santé mentale au travail consistent à renforcer l’aptitude, en particulier celle du personnel d’encadrement, à déceler les problèmes de santé mentale au travail et à prendre des mesures en conséquence. (OIT, 2022) Pour protéger la santé mentale, l’OMS (2022) recommande :  De former les cadres aux questions de santé mentale afin de les aider à percevoir la détresse émotionnelle de leurs subalternes et à agir en conséquence ; de développer les compétences relationnelles telles que la communication ouverte et l’écoute active ; et de faire mieux comprendre comment les facteurs de stress au travail affectent la santé mentale et comment on peut y faire face ;  De former les travailleurs pour qu’ils soient mieux sensibilisés et aient de meilleures connaissances en santé mentale et pour que les personnes
  • 22. 22 ayant des problèmes de santé mentale au travail soient moins stigmatisées ; et  De mettre en place des interventions destinées aux individus pour leur apprendre à gérer le stress et à réduire les symptômes en cas de problème de santé mentale, y compris des interventions psychosociales et des possibilités d’exercer une activité physique dans le cadre des loisirs.  Aider les travailleurs ayant des problèmes de santé mentale à participer et à s’épanouir au travail : Les personnes atteintes de troubles mentaux ont le droit de participer pleinement et équitablement au monde du travail. La Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées est un accord international destiné à promouvoir les droits des personnes souffrant de handicaps (dont les handicaps psychosociaux), y compris au travail. L’OMS (2022) recommande trois interventions pour aider les personnes ayant des problèmes de santé mentale à acquérir un emploi, à le conserver et à participer au monde du travail : 1. Des aménagements raisonnables permettent d’adapter le cadre professionnel aux capacités, aux besoins et aux préférences d’un travailleur ayant un problème de santé mentale. Il peut s’agir d’instaurer des horaires de travail souples, d’accorder du temps supplémentaire pour accomplir les tâches, de modifier celles-ci pour réduire le stress, d’octroyer des congés pour des rendez- vous médicaux ou d’organiser des réunions de soutien régulières avec le personnel d’encadrement. 2. Les programmes de retour au travail associent des mesures portant sur les modalités de travail (comme des aménagements raisonnables ou une reprise progressive) à des soins cliniques continus pour aider les travailleurs à retourner au travail après une absence due à des problèmes de santé mentale, tout en cherchant aussi à réduire les symptômes. 3. Les initiatives d’aide à l’emploi aident les personnes atteintes de troubles mentaux graves à trouver un emploi rémunéré et à conserver leur temps de travail tout en continuant à bénéficier d’un soutien en santé mentale et d’une aide professionnelle. (OMS, 2022)  Créer un environnement propice au changement : Les pouvoirs publics et les employeurs, en concertation avec les principaux
  • 23. 23 acteurs, peuvent contribuer à améliorer la santé mentale au travail en créant un environnement propice au changement. En pratique, cela suppose, Chanlat (1996) : 1. De prendre des initiatives et de s’engager en faveur de la santé mentale au travail, par exemple en intégrant celle-ci dans les politiques professionnelles. 2. D’investir suffisamment de fonds et de ressources, par exemple en prévoyant des budgets spéciaux pour les mesures visant à améliorer la santé mentale au travail et en mettant à la disposition des entreprises qui manquent de ressources des services conjuguant santé mentale et emploi. 3. De défendre le droit de participer au monde du travail, par exemple en alignant les lois et règlements en matière d’emploi sur les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme et en appliquant des politiques de non- discrimination au travail. 4. D’intégrer la santé mentale en milieu professionnel dans tous les secteurs, par exemple en l’incorporant aux systèmes existants de sécurité et de santé au travail. 5. D’associer les travailleurs à la prise de décisions, par exemple en organisant en temps voulu des consultations constructives avec les travailleurs, leurs représentants et les personnes ayant une expérience concrète des problèmes de santé mentale. 6. De rassembler des données factuelles sur les risques psychosociaux et l’efficacité des interventions, par exemple en veillant à ce que toutes les orientations données et toutes les mesures prises dans le domaine de la santé mentale au travail soient fondées sur les données les plus récentes. 7. De veiller au respect des lois, règlements et recommandations, par exemple en intégrant la santé mentale dans la mission des inspections nationales du travail et d’autres mécanismes de contrôle. (Chanlat, 1996) CONCLUSION Arrivé à la fin de cet article, nous dirons qu’un cadre de travail sûr et sain n’est pas seulement un droit fondamental, il peut aussi limiter les conflits et les tensions au travail, contribuer à fidéliser le personnel, améliorer la performance et la productivité. (Goufan A Eroume, 2022) Par contre, l’absence de structure et de soutien de qualité au travail, en particulier
  • 24. 24 pour les personnes souffrant de problèmes de santé mentale, peut altérer la capacité à apprécier et à bien faire son travail. Alors, concrètement, qu’est-ce qu’on fait pour préserver la santé mentale en entreprise ? Dans le domaine de la santé au travail, il vaut mieux prévenir que guérir. Vallini (2023) propose qu’il faut simplement mettre en place toutes les mesures possibles avant que les choses se dégradent. D’abord, il faut normaliser le sujet de la santé mentale dans l’entreprise pour éviter la stigmatisation. Pour ça, les entreprises peuvent aborder la question régulièrement dans leur communication interne, que ce soit dans les newsletters ou au cours de journées d’information consacrées à la santé psychologique. En plus de ces actions, les entreprises doivent instaurer une formation pour les managers et les chefs de poste afin de les sensibiliser à la préservation de la santé mentale. De cette manière, ils seront également plus vigilants et pourront orienter les salariés anxieux, dépressifs ou les personnes atteintes d’un trouble mental vers une solution adaptée (médecine du travail, psychologue d’entreprise, rendez-vous en psychiatrie, etc.). (Goufan A Eroume, 2022) Pour Vallini (2023), afin d’établir un baromètre de la situation psychologique en interne, les entreprises pourraient mener des enquêtes avec des sondages anonymes. De cette manière, elles auront des éléments concrets pour mener des actions en fonction des facteurs de risque soulevés par les collaborateurs. Comme le souligne l’article, les employés ont une part importante dans la préservation de leur santé mentale. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), donne quelques conseils pratiques comme celui de trouver l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle en établisant les limites entre les deux vies (Ndedi, 2015), la clarification des missions et des objectifs au poste de travail, favoriser une bonne communication autour des employés, faire confiance aux autres, à ses proches, rester en contact avec ses proches, famille ou amis, s’investir pour les autres, par l’entraide, la solidarité. RECOMMENDATIONS SUR LA PROTECTION ET LA PROMOTION DE LA SANTE MENTALE AU TRAVAIL La protection et la promotion de la santé mentale au travail consistent à renforcer l’aptitude, en particulier celle du personnel d’encadrement, à déceler les problèmes de santé mentale au travail et à prendre des mesures en conséquence. Pour protéger la santé mentale, l’OMS (2022) recommande :
  • 25. 25  De former les cadres aux questions de santé mentale afin de les aider à percevoir la détresse émotionnelle de leurs subalternes et à agir en conséquence ; de développer les compétences relationnelles telles que la communication ouverte et l’écoute active ; et de faire mieux comprendre comment les facteurs de stress au travail affectent la santé mentale et comment on peut y faire face ;  De former les travailleurs pour qu’ils soient mieux sensibilisés et aient de meilleures connaissances en santé mentale et pour que les personnes ayant des problèmes de santé mentale au travail soient moins stigmatisées ; et  De mettre en place des interventions destinées aux individus pour leur apprendre à gérer le stress et à réduire les symptômes en cas de problème de santé mentale, y compris des interventions psychosociales et des possibilités d’exercer une activité physique dans le cadre des loisirs. (OMS, 2022) Les personnes atteintes de troubles mentaux ont le droit de participer pleinement et équitablement au monde du travail. La Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées est un accord international destiné à promouvoir les droits des personnes souffrant de handicaps (dont les handicaps psychosociaux), y compris au travail. L’OMS (2022) recommande trois interventions pour aider les personnes ayant des problèmes de santé mentale à acquérir un emploi, à le conserver et à participer au monde du travail :  Des aménagements raisonnables permettent d’adapter le cadre professionnel aux capacités, aux besoins et aux préférences d’un travailleur ayant un problème de santé mentale. Il peut s’agir d’instaurer des horaires de travail souples, d’accorder du temps supplémentaire pour accomplir les tâches, de modifier celles-ci pour réduire le stress, d’octroyer des congés pour des rendez-vous médicaux ou d’organiser des réunions de soutien régulières avec le personnel d’encadrement.  Les programmes de retour au travail associent des mesures portant sur les modalités de travail (comme des aménagements raisonnables ou une reprise progressive) à des soins cliniques continus pour aider les travailleurs à retourner au travail après une absence due à des problèmes de santé mentale, tout en cherchant aussi à réduire les symptômes.  Les initiatives d’aide à l’emploi aident les personnes atteintes de troubles mentaux graves à trouver un emploi rémunéré et à conserver
  • 26. 26 leur temps de travail tout en continuant à bénéficier d’un soutien en santé mentale et d’une aide professionnelle. (OIT, 2022) Pour San Román Rodríguez (2023), les pouvoirs publics et les employeurs, en concertation avec les principaux acteurs, peuvent contribuer à améliorer la santé mentale au travail en créant un environnement propice au changement. En pratique, cela suppose :  De prendre des initiatives et de s’engager en faveur de la santé mentale au travail, par exemple en intégrant celle-ci dans les politiques professionnelles.  D’investir suffisamment de fonds et de ressources, par exemple en prévoyant des budgets spéciaux pour les mesures visant à améliorer la santé mentale au travail et en mettant à la disposition des entreprises qui manquent de ressources des services conjuguant santé mentale et emploi.  De défendre le droit de participer au monde du travail, par exemple en alignant les lois et règlements en matière d’emploi sur les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme et en appliquant des politiques de non-discrimination au travail.  D’intégrer la santé mentale en milieu professionnel dans tous les secteurs, par exemple en l’incorporant aux systèmes existants de sécurité et de santé au travail.  D’associer les travailleurs à la prise de décisions, par exemple en organisant en temps voulu des consultations constructives avec les travailleurs, leurs représentants et les personnes ayant une expérience concrète des problèmes de santé mentale.  De rassembler des données factuelles sur les risques psychosociaux et l’efficacité des interventions, par exemple en veillant à ce que toutes les orientations données et toutes les mesures prises dans le domaine de la santé mentale au travail soient fondées sur les données les plus récentes.  De veiller au respect des lois, règlements et recommandations, par exemple en intégrant la santé mentale dans la mission des inspections nationales du travail et d’autres mécanismes de contrôle. (San Román Rodríguez, 2023) Les statistiques montrent que 12 milliards de journées de travail sont perdues chaque année pour cause de dépression ou d’anxiété, ce qui coûte près de mille milliards de dollars à l'économie mondiale. (OMS, 2022) Les directives mondiales de l'OMS sur la santé mentale au travail
  • 27. 27 recommandent des mesures pour lutter contre les risques pour la santé mentale tels que les charges de travail lourdes, les comportements négatifs et d'autres facteurs qui créent de la détresse au travail. L'OMS recommande une formation des dirigeants, afin de renforcer leur capacité à prévenir les environnements de travail stressants et à répondre aux travailleurs en détresse. (OMS, 2022 ; OIT, 2022) Le même Rapport de l’OMS (2022), indique que sur un milliard de personnes vivant avec un trouble mental en 2019, 15 % des adultes en âge de travailler ont connu un trouble mental. De plus, le travail amplifie les problèmes sociétaux plus larges qui ont un impact négatif sur la santé mentale, notamment la discrimination et l'inégalité. Enfin, l'intimidation et la violence psychologique sont les principales plaintes liées au harcèlement au travail qui ont un impact négatif sur la santé mentale. Pourtant, discuter de la santé mentale ou la révéler reste un tabou dans les milieux professionnels du monde entier. L’OMS (2022), donne des directives qui recommandent également de mieux prendre en compte les besoins des travailleurs souffrant de troubles mentaux, de proposer des interventions qui favorisent leur retour au travail et, pour ceux qui souffrent de troubles mentaux graves, de prévoir des interventions qui facilitent l'accès à un emploi rémunéré. Il est important de noter que les directives préconisent des interventions visant à protéger les travailleurs de la santé, de l'humanitaire et de l'urgence. (OMS, 2022) REFERENCES Aubert,N.(1990),LanévroseprofessionnelleinChanlat, J.F.(op.cit.),pp.723-748. Cartuyvels, Y. (2015). Transformations dans la santé mentale : entre la science et le sujet. Criminologie, 48(1), 15–35. https://doi.org/10.7202/1029346ar Chanlat, J.F., (1996), Stress et détresse au travail, in Personnel–ANDCP – n° 375– décembre 1996, pp. 56-59. Kamdem, E. (1996), Nouveau regard sur les pratiques de management au Cameroun, Collectif, Organisations économiques et culturelles africaines: de l’hommeeconomicusàl’homositus,Paris,L’Harmattan,pp.249–271. Kets de Vries, M.F.R. (1990), L’envie, grande oubliée des facteurs de motivation en gestion,inCHANLAT,J.F.(op.cit.),pp.297–310. GoufanAEroume,H,M,(2022),ThèsedePhD,CharismaUniversity. GoufanàEroume,(2000),Production et gestion du stress en milieu industriel Camerounais, Mémoire de fin de cycle à l’ESSEC. Ndedi, A, A, (2015), worklife balance and happiness in the workplace. Lambert Academic publishing.
  • 28. 28 Selye, H. (1956), The stress of live, New York, McGraw – Hill. International Labour Organization; (2022), World employment and social outlook - Trends (2022), Geneva: disponible à: (https://www.ilo.org/global/research/global- reports/weso/trends2022/WCMS_834081/lang--en/index.htm, consulté le 1er Août 2023) International Labour Organization; (2022), World employment and social outlook-Trends 2022. Geneva: (https://www.ilo.org/global/research/global- reports/weso/trends2022/WCMS_834081/lang--en/index.htm, consulté le 26 août 2022) International Labour Organization; (2018), Women and men in the informal economy: a statistical picture. Geneva: Disponible à: (https://www.ilo.org/global/publications/books/WCMS_626831/lang --en/index.htm, consulté le 1 août 2023). San Román Rodríguez, Rafael, (2023), Pourquoi s’occuper de la santé mentale en entreprise ? Organisation mondiale de la santé (OMS) (2022), L'OMS et l'OIT appellent à de nouvelles mesures pour s'attaquer aux problèmes de santé mentale au travail. Communiqué de presse, 28 septembre 2022 Vallini, L, (2023), Santé mentale en entreprise : Êtes-vous dans une entreprise saine ? Ressources Humaines.
  • 29. 29 Logistique urbaine et mobilité dans la ville de Yaoundé : L’urgence d’une dynamique des Collectivités Territoriales Décentralisées Dr Onguene Ateba Julien Grégoire Economiste / Logisticien des transports Enseignant à la Sorbonne Institut de Paris Enseignant vacataire à l’Université de Bertoua, Douala et dans les IPES Tel : (237) 699 260 367 / (237) 676 531 537 E-mail: alandesstyles2016@gmail.com Mme Ndzomo Eboga Carine Chercheure en Master professionnel de Politique Urbaine et Gestion des Collectivités Territoriales décentralisées, Université de Yaoundé 2 Tel : (237) 694735538 / (237) 671995848 Cite cet article : Onguene Ateba J. G, et Ndzomo Eboga, C, (2023), Logistique urbaine et mobilité dans la ville de Yaoundé : L’urgence d’une dynamique des Collectivités Territoriales Décentralisées. Journal of African Management Trends. Volume 23, Série 4. Pp 29-54 RESUME Le but de cette communication est de démontrer que l’organisation d’une bonne logistique urbaine dans la ville de Yaoundé (Cameroun) peut contribuer à la mobilité urbaine si les collectivités territoriales décentralisées sont impliquées au regard du transfert des compétences. La logistique urbaine est au centre de la mobilité urbaine des flux des entreprises et des personnes dans les délais et à moindre coût. La logistique urbaine permet d’optimiser les flux de marchandises et de personnes dans les centres urbains, les agglomérations, les périphéries et même les flux interurbains, de produire et créer rapidement des revenus et par conséquent, le Cameroun y tire de la croissance économique, améliorant la mobilité urbaine et le bien-être des populations dans la ville de Yaoundé. Ce travail s’appuie sur l’enquête de terrain et l’analyse des sources diachroniques et synchroniques existantes sur la ville de Yaoundé et de ses localités périurbaines. L’approche qualitative par observation n’est pas en reste pour l’analyse de l’impact de cette logistique urbaine sur
  • 30. 30 la mobilité urbaine. Il ressort des résultats empiriques, que la logistique urbaine de la ville de Yaoundé ne contribue pas assez à la mobilité urbaine à cause de la mauvaise politique urbaine des acteurs des CTD, des politiques de transports inadaptées aux villes modernes. Autrement dit, des infrastructures en déphasage avec des villes nouvelles ou villes neuves. L’originalité de cette recherche est double : Comprendre l’impact que la logistique urbaine peut avoir sur la mobilité des populations et le lien entre démographie et mobilité urbaine dans la ville de Yaoundé. Mots clés : Logistique urbaine, mobilité urbaine, flux. ABSTRACT The aim of this paper is to demonstrate that the organization of good urban logistics in the city of Yaoundé (Cameroon) can contribute to urban mobility. Urban logistics is at the center of urban mobility, the flow of companies and people in time and at a lower cost. Urban logistics makes it possible to optimize the flow of goods and people in urban centers, agglomerations, peripheries and even interurban flows, to quickly produce and create income and consequently, Cameroon derives economic growth, improving urban mobility and the well-being of people in the city of Yaoundé. This work is based on field investigation and analysis of existing diachronic and synchronic sources on the city of Yaoundé and its peri- urban localities. The qualitative observational approach is not to be outdone for the analysis of the impact of this urban logistics on urban mobility. The empirical results demonstrate that the urban logistics of the city of Yaoundé does not contribute enough to urban mobility because of bad urban policy and transport policies, which are unsuited to modern cities. In other words, infrastructures out of step with new towns. The originality of this research is twofold: To understand the impact that urban logistics can have on the mobility of population and the link between demography and urban mobility in the city of Yaoundé. Keywords: Urban Logistics, Urban Mobility, Flow, Well-Being, New City INTRODUCTION Depuis plus de deux décennies l’observation de la logistique urbaine dans la ville de Yaoundé, comme dans la majorité des grandes métropoles Africaines, laisse apparaître une faiblesse de la mobilité urbaine qui ne
  • 31. 31 réalise de nos jours que moins de 2% des déplacements quotidiens. La logistique urbaine étant la pratique des méthodes de la logistique traditionnelle pour une gestion optimisée des flux de marchandises et de personnes dans les centres urbains, les agglomérations, les périphéries et même les flux interurbains. Cette pratique se différencie de la logistique traditionnelle fondamentalement par sa prépondérance à s’intéresser aux implantations des infrastructures de logistique et transport et au développement du réseau des transports urbains Onguene Ateba (2021). La finalité de la logistique urbaine est de faciliter la mobilité urbaine. Il s’agit d’organiser dans les meilleures conditions de temps et de coûts, les flux entrants, les flux internes et les flux sortants dans les centres urbains, les villes ou les agglomérations. La logistique urbaine dans la ville de Yaoundé se caractérise par une extension urbaine rapide, échappant aux règles de planification des villes modernes. Dans les années 1980, la ville de Yaoundé occupait à peine 16% de son espace communal. En 2022, nous en sommes à 97% d’occupation. La forte pression de l’exode rural qu’elle subit (Pape, Chenal, et Kemajou, 2017) couplée à une planification urbaine mal maîtrisée par l’Etat (Tchékoté et al, 2015) sont à l’origine de l’extension actuelle de l’emprise urbaine, qui représentait déjà 52% en 2015 (INS, 2015). Cet étalement urbain donne progressivement naissance à une logistique urbaine de plus en plus saturée, ce qui entraine des besoins de diversification des outils de mobilité urbaine. Ces enjeux, comme le soulignent Motcho et Saidou (2012), ne sont pas suffisamment desservis par le transport institutionnel et sont moins viabilisées en termes d’infrastructures de transport. Pourtant, l’extension des couronnes périurbaines fait du secteur de l’automobile l’un des moyens de mobilité incontournables (Dominique et al., 2007). La mobilité quotidienne est dominée par des taxis collectifs de petite capacité dont la part modale est estimée à plus de 71% (CUY, 2020), et un système collectif de moto-taxis de plus en plus conquérant à hauteur 25%. Le mode de transport collectif de petite capacité qui domine la scène des transports à Yaoundé aujourd’hui est apparu au lendemain de la crise du transport public qui a abouti à la cessation des activités de la SOTUC au milieu des années 90. En fait, le fonctionnement des taxis et moto-taxis à Yaoundé est caractérisé par des arrêts fréquents et désordonnés, qui entrainent des externalités négatives importantes dans la logistique urbaine comme la congestion, les accidents et la pollution, conduisant à des coûts monétaires élevés à supporter par les usagers (Mfoulou et al., 2013). Cette difficulté qu’éprouve l’Etat à répondre efficacement aux besoins en déplacements des populations, a laissé entrevoir, dès 1975, le
  • 32. 32 développement d’un transport alternatif, dit ‘clandestin’ par certains scientifiques (Kengne, 1985 entre autres) ou encore qualifié de ‘artisanal’ par d’autres chercheurs (Godard, 1985 ; 2002 ; 2008a ; 2008b ; Fabianski, 2008; Chidiac, 2008 ; Boubakour, 2008 entre autres). Ainsi, ce travail cherche à répondre à la question recherche suivante : la logistique urbaine de la ville de Yaoundé peut-elle favoriser la mobilité urbaine des populations ? Autrement dit, dans un contexte de mondialisation actuelle, la logistique urbaine de la ville de Yaoundé cadre-t-elle avec les dynamiques de la ville nouvelle en Afrique ? La réponse à cette question se trouve dans la structure de ce papier. Notamment, la Revue de la littérature (2), Le visage de la logistique urbaine et de la mobilité urbaine dans la ville Yaoundé (3), L’urgence d’une dynamique de logistique urbaine en lien avec une ville nouvelle (4) et la conclusion (5). 1. REVUE DE LA LITTERATURE Il faut remonter aux travaux de Clark (1951), Alonso (1964), Muth (1969) et Mills (1972) pour analyser la corrélation qui existe entre logistique urbaine et mobilité urbaine. Ces travaux, affiliés à ceux de Von Thünen (1783-1850) s’intéressaient à l’occupation de l’espace et montraient le lien entre les coûts de transport et la rente des terrains cultivés. Ils posaient les bases de la prise en compte de l’espace dans l’analyse microéconomique1. Pour Routhier, Toilier et Post-Print (2011), les transports de marchandises sont aujourd'hui rarement pris en compte dans la modélisation de la mobilité urbaine. Il y a deux raisons essentielles à cela. D'une part, les collectivités n'ont manifesté pendant longtemps que peu d'intérêt pour cette fonction pourtant essentielle de l'économie urbaine ; il n'existe pas en effet d'autorité organisatrice de transport public des marchandises, contrairement à la mobilité des personnes. D'autre part, les questions méthodologiques pour appréhender le sujet n'ont été partiellement résolues que récemment. Touzi, (2021), estime que la durabilité des systèmes de mobilité et de la logistique urbaine est de plus en plus considérée comme une condition essentielle de la planification urbaine. Selon Fathiya, (2019), la logistique urbaine traite la façon de transporter les marchandises en optimisant les divers flux qui circulent au sein du centre d’une ville. Celle-ci intègre dans sa fonctionnalité plusieurs enjeux environnementaux, économiques, d’urbanisations. Or, les activités commerciales ne peuvent être effectuées sans l’activité transport urbain2. 1 Mfoulou Olugu Jean Patrick, Communauté Urbaine de Yaoundé 2 Cette étude a pour principal objectif de rechercher les déterminants existants en logistique urbaine dans les pays développés pour améliorer la conception de la logistique urbaine à DJIBOUTI.
  • 33. 33 Beaucoup portent sur les marchandises de type messagerie, sans se préoccuper d'un domaine d'activité en particulier, d'autres au contraire sont ciblées sur un secteur précis (Delaitre, Breuil, Molet ; 2007). Pour Bardin, Bonet, Chanut (2010), dans un contexte global d'intensification des échanges entre régions, pays et continents, la logistique des grands flux a bénéficié d'innovations technologiques et organisationnelles assurant efficacité et efficience, conjuguant maîtrise des coûts et optimisation de la qualité de service. Si cette dynamique opère efficacement à l'échelle globale, il n'en va pas de même à l'échelle urbaine, plus particulièrement dans les centres-villes. Les travaux de Chanut et Paché (2013) démontrent que l’urgence sociétale du développement durable, oblige à repenser les schémas de logistique urbaine de manière à limiter les effets néfastes de la livraison des marchandises en centre-ville, tout en intégrant les évolutions récentes du commerce3. À cet effet, la réflexion est centrée sur la maîtrise de la logistique urbaine ainsi que sur l’organisation de transport urbain considéré comme un moyen efficace et une réponse indispensable pour un bon fonctionnement et rayonnement de la ville (Belkhiri et Madani, 2016). Pour Dicko, (2021), à l’image des grandes métropoles d’Afrique subsaharienne, l’analyse des circuits d’approvisionnement et de redistribution à Bamako met en évidence une pluralité de modes de transport utilisés (moyens motorisés et non motorisés) par différents acteurs commerciaux pour pouvoir mener à bien leurs activités. Analysant la périurbanisation de la ville de Yaoundé, elle se caractérise par une extension urbaine rapide, échappant aux règles de planification des villes modernes. Dans les années 1980, la ville de Yaoundé occupait à peine 16% de son espace communal. La forte pression démographique qu’elle subit Pape, Chenal, et Kemajou (2017) couplée à une planification urbaine mal maîtrisée par l’Etat (Tchékoté et al, 2015) sont à l’origine de l’extension actuelle de l’emprise urbaine, qui représentait déjà 52% en 2015 (INS, 2015). Ces périphéries, comme le soulignent Motcho et Saidou (2012), ne sont pas suffisamment desservies par le transport institutionnel et sont moins viabilisées en termes d’infrastructures de transport. C’est un mode transport instauré par l’Etat qui investit dans un service public et impose les contraintes de desserte dont, en général, les coûts ne peuvent être supportés par les usagers. C’est l’exploitation à une échelle individuelle de véhicules de transport public dont la propriété est 3 Retour au commerce urbain de proximité et croissance de l’Internet marchand.
  • 34. 34 atomisée, c'est-à-dire répartie entre de nombreux propriétaires. Cette exploitation peut s’intégrer dans des règles collectives plus ou moins contraignantes élaborées par des organisations professionnelles ou syndicales (Godard, 2008). Ces dernières définissent les voies de dessertes, payent les taxes et fixent les coûts à l’unanimité avec les autorités administratives. Chanut, Paché et Wagenhausen (2012) démontre que les questions relatives à la logistique urbaine occupent désormais une place centrale dans la recherche en management. Longtemps confinée à des approches opérationnelles, notamment en termes d’organisation optimale des transports de marchandises dans des villes saturées, la logistique urbaine retient l’attention des chercheurs et des praticiens à partir de modèles stratégiques originaux, mettant l’accent sur l’importance d’une mutualisation des ressources entre entreprises concurrentes. Selon Morana, Gonzalez-Feliu, (2011) le transport urbain de marchandises par camion représente une importante source d’emplois, il est également associé à des problèmes liés à la congestion et au respect de l’environnement. Ainsi, Gonzalez-Feliu, Ambrosini, Gardrat et Routhier (2012) arrivent à des conclusions selon lesquelles les déplacements d'achats des ménages représentent plus de la moitié des kilomètres parcourus sur l'ensemble des flux de transport de marchandises dans la ville. Ces déplacements, souvent considérés comme faisant partie des déplacements de personnes, peuvent avoir un intérêt en termes de transport de marchandises, tant pour les collectivités qui réfléchissent à la logistique urbaine comme pour les activités commerciales et les acteurs de la grande distribution dans leurs stratégies commerciales et leurs services de livraison au consommateur. Pour Morana (2015), la logistique urbaine représente aujourd'hui un enjeu majeur dans la gestion de la chaîne logistique. La croissance de la population au sein des villes instaure une augmentation des échanges de marchandises. En cela, dès aujourd'hui, la logistique urbaine doit penser et pratiquer durabilité4. Ces travaux théoriques interrogent sur les facteurs urbains susceptibles d’influencer le choix et le coût de la mobilité dans une agglomération comme Yaoundé. En fait, la très forte croissance urbaine à Yaoundé et 4 Elle propose un Modèle de Maturité qui permet d'appréhender la progression de la logistique urbaine, dans son acception macro-économique. Parce que les moyens de livraison doivent être durables (économique, écologique et social/sociétal). Il s’agit d’un panorama des possibilités à travers (approche de la slowness logistics), du pigeon voyageur (livraison par voie aérienne) et de la téléportation (transmission quantique de l'information).
  • 35. 35 l’émergence des nouveaux quartiers périphériques offrent un visage de la ville de Yaoundé et une mobilité à analyser à l’ère des dynamiques des villes nouvelles. 1. LA LOGISTIQUE URBAINE ET DE LA MOBILITE URBAINE DE LA VILLE DE YAOUNDE Le périmètre global de l’étude couvre la totalité du territoire des sept communes constituant la ville de Yaoundé ainsi qu’une partie des territoires des communes de ce qui est considéré comme l’aire métropolitaine: Lobo et Okola à l’Ouest, Obala et Soa au Nord, Nkolafamba et Mfou à l’Est et au Sud, puis Mbankomo et Bikok (département de la Mefou et-Akono) au Sud-Ouest. Le périmètre directement concerné couvre une superficie totale d’environ 700 km2 dont 304 km2 dans les limites administratives de la ville de Yaoundé. Figure 1 : L'aire métropolitaine de Yaoundé Source : PMUS-CUY (2019) Dans le cadre de cette étude et en vue de faire une synthèse des phénomènes de la logistique urbaine et de la mobilité dans la ville de Yaoundé, la méthodologie de recherche utilisée est analytique. L’étude
  • 36. 36 est faite sur : des observations de terrain, la recherche documentaire, et les entretiens menés non seulement, auprès des personnes physiques et morales qui gèrent les déplacements des flux de personnes et des marchandises à Yaoundé. Certaines informations ont été collectées auprès des acteurs institutionnels en charge du transport au Cameroun. Il s’agit des données empiriques collectées en janvier 2022 et secondaires. Les données primaires sont le fruit des interviews auprès des 11 entreprises de transport des personnes et marchandises dans la ville de Yaoundé ; 50 chargeurs ou propriétaires des marchandises, des passagers(étudiants, travailleurs, parents) sélectionnés au hasard et qui doivent se mouvoir chaque jour, une quinzaine d’entrepôt et de plates- formes de transport routier site d’embarquement ; 17 entreprisses commerciales et industrielles, et enfin auprès des responsables du ministère du transport en charge du transport urbain. L’outil méthodologique (questionnaire) destiné aux enquêtés cherche à comprendre la corrélation qui existe entre logistique urbaine et mobilité urbaine. Ce qui permet de situer l’enjeu dans lequel s’effectue la mobilité urbaine en fonction de la logistique urbaine, ainsi que son contexte économique. Cet instrument permet d’analyser ce qui guide le choix de chaque acteur dans leurs mouvements urbains. Ces échanges ont contribué aux observations et aux données cartographiques pour actualiser la base de données. Les données secondaires proviennent de la revue de la littérature, des données issues des sites du Ministère des transports et de la Communauté Urbaine de Yaoundé. Les données collectées ont été traitées à l’aide d’Excel et des logiciels de traitement d’image pour produire des cartes illustrant cette recherche. 2. ANALYSE DES RESULTATS 2.1 Logistique urbaine et dynamique démographique à Yaoundé Selon le PMUS-CUY (2019), les prévisions démographiques ont été calculées avec un taux de croissance de 3,1% pour les horizons 2025 et 2035. La croissance démographique est le principal moteur de l'expansion de la zone urbanisée de Yaoundé. On suppose que la zone urbanisée continuera à se développer, probablement à un rythme semblable à celui d'aujourd'hui, et donc que la densité dans les zones d’extension restera autour de ce qui est observé en 2018 tel qu’exposé ci-dessus : 150 hab./ha en moyenne, non compris les grandes zones d’équipements ; dont en tenant compte de cela en plus des zones
  • 37. 37 inconstructibles (hauts reliefs et basfonds), aurait une densité brute plutôt de l’ordre de 100-120 hab./ha5. Le tableau ci-après donne les chiffres de la capacité du site, par rapport à ceux populations attendues en 2025 et 2035. Tableau 1 : Comparaison de la capacité du site avec la population attendue en 2025 et 2035 Capacité du site Population attendue (hab.) Superficie (Km2 ) Population (hab.) en 2025 en 2035 Yaoundé 1 54,64 419 347 494 064 670 456 Yaoundé 2 22,56 389 574 385 429 523 035 Yaoundé 3 68,34 887 369 479 565 650 780 Yaoundé 4 Yaoundé 5 58,67 803 401 932 713 1 265 711 26,52 357 454 426 249 578 429 Yaoundé 6 Yaoundé 7 28,35 489 746 568 876 771 977 44,92 259 119 178 473 242 191 Ensemble 304,00 3 606 009 3 465 369 4 702 579 Source : PMUS-CUY (2019) Il apparaît donc que les sites de Yaoundé 1, Yaoundé 5 et Yaoundé 6 seraient saturés dès l’horizon 2025. En 2035, il y aurait encore un peu de marge sur Yaoundé 3 (dans la partie Sud-Ouest de la ville) et beaucoup moins sur Yaoundé 7. Les surplus de chacune de ces zones viendraient donc alimenter les communes alentour. Les évolutions récentes et les tendances notées sur le terrain indiquent une croissance urbaine suivant trois directions privilégiées : Nord / Nord-Est (RN1 et route de Soa), Est (RN10 et route de Mfou), Sud (route de Nsimalen) et Sud-Ouest (dans le prolongement de Simbok avec la nouvelle route de Kribi et dans une certaine mesure de la RN3). Il s’agit globalement d’une urbanisation de crêtes qui suit d’abord les principales sorties de la ville (RN1, RN2, RN10, RN3 et routes de Soa et de Mfou) qui s’épaississent progressivement. A l’Ouest, le développement est bloqué par les hauts reliefs qui n’offrent guère que quelques poches à Oyomabang, Nkolbisson et Leboudi qui se densifient progressivement mais avec une capacité du site limitée. L’observation des séries de photos satellite montre une très forte poussée à l’Est, résultat d’une croissance spontanée (non volontariste) 5 En considérant, en fonction de la commune, 20% ou 30% de zones non occupées par l’habitat.
  • 38. 38 qui a dépassé les prévisions du PDU (2010) qui indiquait un blocage au niveau des rivières Anga’a et Foulou, et par contre une plus forte progression au Sud-Ouest (Afanoyoa). Dans le contexte actuel, rien ne semble pouvoir arrêter ces tendances, avec une consommation effrénée d’espace. Le Nord et le croissant Sud-Ouest/Sud/Est continueront probablement à accueillir l’essentiel de la croissance urbaine. Toutes ces zones sont principalement affectées à l’habitat, même si l’on note une forte tendance de création spontanée d’une zone industrielle le long de la RN3 en direction de Mbankomo. De même, aucun centre secondaire ne semble se dessiner, en dehors de Mfou, Nkolafamba et Soa qui seront probablement absorbés à terme. Il faut également noter la disponibilité récente d’importantes réserves foncières de l’Etat au Nord (Olembé dans la continuité des logements SIC6 et du futur stade), qui offrent la possibilité de développer un pôle secondaire et surtout de maîtriser l’occupation du site dans cette partie de la ville, à l’instar de ce qui a été fait il y a 30 ans du côté du Sud-Ouest. 2.2 Polarisation des activités et emplois au Centre-ville de Yaoundé D’une manière générale, la ville de Yaoundé regroupe 28% des entreprises du pays7, avec une forte croissance sur les dernières décennies, qui a conduit à un important rééquilibrage territorial à l’échelle du pays, avec le recul net de Douala qui n’accueille plus que 35% des entreprises, mais 2 grandes entreprises sur 3 ont leur siège à Douala. Les activités et les emplois sont dominés par le secteur tertiaire (4 emplois sur 5)8 et, dans une moindre mesure, par le secondaire. Le tertiaire formel, principalement constitué par l’Administration mais aussi le secteur privé (banques, assurances etc.), est principalement localisé en centre-ville, globalement sur les plateaux administratif et commercial (jusqu’à l’Hôtel de Ville voire Nlongkak). L’Administration est principalement localisée sur le Plateau Administratif, avec une annexe en cours au Nord de la ville (Etoudi) à proximité du Palais Présidentiel. Le tertiaire est toutefois dominé par l’informel (39% des emplois globaux de la ville) que l’on retrouve partout dans la ville, avec une place prépondérante pour le commerce en termes d’emplois (28% des 6 Société Immobilière du Cameroun, opérateur public de logements. 7 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009), INS. 8 Les données sur l’emploi sont issues de la 2ème Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel au Cameroun (EESI) 2), Rapport de Synthèse, Avril 2011
  • 39. 39 actifs). On note deux marchés de dimension métropolitaine : (i) le marché de Messa-Mokolo (vivres et produits manufacturés) situé au centre-ouest de la ville sur la radiale conduisant à l’ancienne route de Douala ; (ii) le marché central (produits manufacturés) situé au cœur de la ville sur le Plateau commercial. Trois autres pôles commerciaux significatifs du point de vue des transports et de la circulation sont à signaler : marché du Mfoundi (centre-ville), marché Etoudi (Nord) et marché Mvog-Mbi (zone centrale, direction Sud). Le secteur secondaire est également présent avec un pôle industriel principal au Sud/Sud-Ouest (Mvan-Ahala, y compris zone MAGZI (Mission d’Aménagement et de Gestion des Zones Industrielles). On note par ailleurs quelques poches d’activités au Nord, à l’Ouest ainsi que dans la partie centrale et le long de la sortie vers Mbankomo. 2.3 Des pôles de génération de déplacement éclatés sur l’aire métropolitaine On note plusieurs points principaux d’origine/destination du trafic motorisé et piétonnier :  Le Plateau Administratif au cœur de la zone centrale ;  La zone industrielle au Sud (Mvan-Ahala) ;  Les terminaux routiers interurbains de voyageurs :  Un pôle Ouest constitué par la gare routière Ouest (Messa) complété par des annexes aux quartiers Mokolo et Carrière et qui desservent les directions Ouest et Nord-Ouest (Ancienne route de Douala, Okola etc.) mais aussi l’Ouest (Bafoussam, Bamenda par la RN1/RN4) ;  un pôle Nord constitué par la gare routière d’Etoudi et les gares privées de Tongolo et Manguiers (carrefour Sorciers), qui desservent l’Est et le Nord du pays (par la RN10) ainsi que l’Ouest du pays (RN1/RN4) et le Nord de la région (Obala, Monatélé, Bafia etc.) ;  la gare routière Est (Mimboman) qui dessert l’Est (RN10) et l’Ouest du pays (RN1/RN4) ;  le pôle Sud (Mvan), de loin le plus important, constitué d’un ensemble de gares privées pour les directions Sud à travers la RN2 (Sangmelima, Mbalmayo) et Littoral (Douala, Kribi etc.) à travers la RN3 ;  des pôles mineurs en divers points de la ville, consacrés au transport intra-urbain ou globalement à l’intérieur de l’aire métropolitaine : Oyomabang, Nkomo, Av. Mgr Vogt
  • 40. 40 (bureaux Camairco), Ngousso, derrière la Trésorerie générale ;  Les terminaux de transport aérien ou ferroviaire :  l’aéroport international de Nsimalen au sud de l’Aire métropolitaine (RN9) ;  la gare ferroviaire de Mvolyé dans la zone industrielle Sud-Ouest ;  la gare Voyageurs et la gare Marchandises situées dans la partie centrale ;  Les zones commerciales :  le pôle marché central / marché du Mfoundi dans la partie centrale de la ville ;  le marché Messa/Mokolo, au centre Ouest ;  le marché Etoudi au Nord et le marché Mvog-Mbi dans la 1ère couronne direction sud ;  Des grands équipements :  le stade Omnisport Ahmadou Ahidjo au Nord-Est ;  le pôle Hôpital Général / Hôpital Gynéco-Obstétrique au Nord-Est ;  l’Hôpital Central direction Ouest au sein de la partie centrale;  l’université de Yaoundé II - Soa au Nord-Est de l’aire métropolitaine ;  le pôle constitué par l’université de Yaoundé I, le Lycée Général Leclerc et le Centre Hospitalier et Universitaire dans la 1ère couronne en direction du Sud-Ouest de la ville  le stade d’Olembé au Nord ;  Des cités-dortoirs de l’Aire métropolitaine  la ville de Mfou au Sud-Est ;  la ville de Soa au Nord-Est ;  les localités de Mbankomo et Obala respectivement au Nord et à l’Ouest. Mise à part une concentration des administrations au centre de Yaoundé, il apparaît que les principaux pôles générateurs de trafic se répartissent sur l'ensemble du territoire. A noter que chaque quartier dispose d'équipements scolaires et médicaux ainsi que de marchés de proximité qui ne facilitent pas la mobilité urbaine.
  • 41. 41 2.4 L’état du réseau routier de la ville de Yaoundé Dans la ville de Yaoundé, le réseau routier peut être globalement caractérisé par les éléments suivants :  des infrastructures bitumées limitée à 300 km sur l'ensemble de la CUY, sur les 4 762 km de voiries. De nombreux quartiers ne sont desservi que par des routes en terre ;  des axes nationaux et communaux se dirigeant vers le centre (structure principalement radiale)9, disposant de deux, voire trois, voies de circulation par direction (N1, N10, ancienne route de Douala / N3, rue Ewondo).  un réseau secondaire maillant le réseau routier principal dans certains secteurs de la ville, plutôt situés au sud.  un réseau de desserte dans certains secteurs de la ville très souvent non bitumé. Figure 2 : Hiérarchisation du réseau viaire de Yaoundé et principe de gestion des intersections Source : PMUS-CUY (2019) Il n'existe actuellement qu'un nombre limité de possibilités de contourner le centre-ville. La plupart des déplacements doivent donc passer par / à proximité du centre-ville, au niveau du carrefour de la Poste et du carrefour Warda. Ces deux intersections sont des points de passages presque obligés pour un grand nombre d'usagers. Par ailleurs un grand nombre de quartiers ne sont desservis que par les voiries extérieures et aucune voie interne n'est aménagée, faute d'espace 9 Voir Chapitre 1.1.4.
  • 42. 42 entre les différentes constructions ou de fonds disponibles pour la construction de voirie. Ces poches, où aucune voirie bitumée n'est offerte, peuvent s'étendre sur plusieurs kilomètres carrés et peuvent former des entraves importantes pour la desserte globale du territoire et le maillage du réseau. A noter par ailleurs qu'un grand nombre d'intersections situées sur le réseau principal ne sont pas clairement gérées et qu'aucune hiérarchie "physique" du réseau routier n'est en place. Le nombre d'intersections à feux, qui peut permettre de diriger et favoriser des flux de circulation, est très limité, à savoir une petite quinzaine sur l'ensemble du territoire. Aucune politique de gestion de ces points névralgiques n'est en place. Et lorsque des problèmes sont rencontrés, c'est la police qui vient gérer ces points, au lieu d'adapter le fonctionnement général / le phasage de ceux-ci (carrefour Warda par exemple). Néanmoins, quand l'aménagement est cohérent avec le fonctionnement voulu de l'intersection (carrefour Nlongkak, à proximité du dépôt STECY), la circulation se fait de façon correcte. Parallèlement, l'entretien des différentes voiries, et notamment celles de niveau secondaires ou inférieurs est très limité. Des nids-de poule importants sont régulièrement rencontrés, d'où des pertes de capacités importantes en section (au lieu d'avoir un véhicule toutes les 2-3 secondes, le temps entre deux véhicules peut atteindre 10 secondes, donc perte de près de 80% de la capacité théorique de la voirie et/ou perte d'une voie de circulation). A noter que les traversées de la voie ferroviaire, en nombre limités, peuvent aussi poser quelques problèmes car concentrent un grand nombre de flux, souvent sur des axes réduits en ces points singuliers. Finalement, le réseau à disposition est aussi occupé pour différents usages pénalisant la fluidité de circulation :  des taxis sur une ou deux voies de circulation, notamment pour embarquer ou débarquer des clients. Ils s'arrêtent sur la chaussée et limitent ainsi le nombre de voies de circulation pour les autres usagers ;  des piétons, qui, faute d'aménagement adaptés (trottoirs encombrés, manques de trottoirs, stationnement, …), marchent directement sur la route ;  des manœuvres des autobus sur la chaussée au niveau des gares routières.
  • 43. 43 2.5 Le transport collectif institutionnel de la ville de Yaoundé Ces lignes sont par ailleurs en constante évolution et adaptation car entre février 2018 et mai 2018, la longueur de ces neuf lignes est passée d'environ 150 km à plus de 210 km, notamment pour aller chercher des passagers dans des secteurs potentiellement intéressants. L'objectif reste de disposer de 18 lignes, sur un linéaire de plus de 260 km à court terme. Le réseau évolue et "cherche" à optimiser la desserte, d'où encore de nombreuses adaptations à prévoir à court terme, avec l'expérience acquise au fur-et-à-mesure. La flotte est actuellement composée d'une cinquantaine de bus, d'une capacité de 30 à 70 places selon les modèles, ce qui permet d'offrir trois à cinq bus par ligne en moyenne, ce qui reste très inférieur à ce qui était évoqué dans le PDU (passage de toutes les 5 minutes). Actuellement, aucun aménagement n'est en place pour favoriser ce mode de transport. Les bus circulent sur la même chaussée que les autres véhicules et sont donc pénalisés par les congestions. Les vitesses commerciales sont relativement faibles, surtout durant les périodes de pointe, et les horaires / fréquences théoriques affichés ne peuvent être tenus. Le tarif pour les déplacements est fixé à 200 CFA, mais peut être réduit à 180 CFA si 5 billets sont achetés. Pour effectuer un déplacement, les usagers doivent présenter leur ticket au chauffeur de bus, ce qui limite fortement les risques de fraudes. Figure 3 : Plan du réseau STECY (source STECY) Source : PMUS-CUY (2019) 2.6 Le visage du transport artisanal de la ville de Yaoundé Les minibus sont souvent perçus comme le mode archétypique du transport artisanal en Afrique Subsaharienne. Les analyses les plus courantes expliquent que les minibus sont initialement apparus comme
  • 44. 44 une solution aux manques d’offre résultant du retrait progressif des bus institutionnels10. Aujourd’hui, le développement du secteur des minibus sur le continent africain s’est vu bouleversé par l’arrivée de nouveaux modes (tels que les motos-taxis et les taxis collectifs). Néanmoins, les minibus gardent des parts modales significatives dans plusieurs villes africaines ; ils sont une alternative valable et adaptée aux besoins de mobilité urbains du continent La place des minibus au sein du système de transports publics de Yaoundé diffère substantiellement des exemples similaires de la région. En effet, à Yaoundé, les minibus se cantonnent à l’exploitation de services dits ‘périurbains’, soit dans les périphéries de la ville et sur des itinéraires interurbains. Cette distinction est particulièrement importante : les services interurbains, du fait que les véhicules se remplissent à la gare de départ et que les itinéraires ont peu d’arrêts intermédiaires, sont en théorie plus rentables que les services intra- urbains. Les minibus circulent sur des lignes relativement bien définies, au départ de points de chargement parfois de gare relativement informelles et sûrement non planifiées – localisés sur des repères urbains dans des quartiers périphériques. Huit lignes de minibus, principalement à vocation périurbaines, sont actuellement en service. Celle avec le plus d'offre (et donc de demande) relie le centre de Yaoundé à Soa. Ces lignes desservent spatialement les principaux quartiers de Yaoundé mais ne desservent pas les principales gares routières. Figure 4 : Réseau de minibus actuel Source : PMUS-CUY (2019) Les taxis collectifs, dans leur définition la plus simple, sont des véhicules qui offrent des services de transport en commun soit (i) sur un itinéraire 10 Kumar et Barrett 2008.
  • 45. 45 bien défini comme c’est le cas en Amérique du Sud, soit (ii) entre deux points de chargement suivant des itinéraires moyennement définis comme c’est souvent le cas en Afrique Sub-saharienne. En général, dans la plupart des cas, ils se distinguent facilement des taxis classiques ou taxis compteurs qui, eux, proposent uniquement des déplacements à la demande de l’usager. Cela n’est pas le cas à Yaoundé où les taxis compteurs et les taxis collectifs forment un seul et unique groupe qui peut basculer entre les deux formes de services sans restriction majeure. Les formes d’exploitation sont :  Le ramassage correspond aux services de taxi collectif entre deux points ou repères urbains. Sans des itinéraires réellement établis, ni des points d’attache avec une logique territoriale, les taxis en ‘ramassage’ circulent partout dans la ville. Le conducteur peut prendre et déposer des usagers à son gré selon le trajet défini pour les clients à bord du véhicule. En 2010, le tarif pour ce type de services était de 200 FCFA par trajet par usager. Cette valeur est maintenant passée à 250 FCFA.  Le service de location par heure du véhicule. Le conducteur suit les instructions de l’usager qui définit les itinéraires selon ses besoins. En 2010, le tarif horaire de ce type de services était de 2 000 FCFA. Aujourd'hui le prix horaire est de 3 000 FCFA.  Le dépôt est le service comparable à celui des taxis classiques. Il s’agit donc de transport à la demande avec un prix qui se négocie en fonction de la distance parcourue. Le véhicule est ‘loué’ par un unique usager (ou un groupe de passagers partageant une origine et une destination). Le tarif, en 2010, pouvait varier entre 1 000 FCFA et 1 500 FCFA. Actuellement, bien que négocié, il oscille entre 1 500 et 2 000 FCFA. Les motos-taxis sont souvent appelés le « degré zéro » de la mobilité parce que, dans la théorie, c’est un mode qui permet à un seul passager de monter, bien que cette règle ne soit pas toujours respectée (Diaz Olvera et al 2007). Ils sont particulièrement adaptés aux conditions urbaines en Afrique : manque de services de transport institutionnels, des infrastructures de voirie défaillantes dans les périphéries et des quartiers peu planifiés qui empêchent les autres modes de transport d’y accéder.
  • 46. 46 2.7 Le mythe du stationnement de la ville de Yaoundé Le stationnement est un élément essentiel du choix modal. En dehors des parkings d'entreprises ou des ministères, différents secteurs de Yaoundé disposent d'espaces de stationnement organisés et marqués sur la voirie et notamment :  dans le centre-ville de Yaoundé, au niveau du secteur administratif et commercial ;  le long de certains axes, notamment le long de la N2, à proximité de l'intersection entre le rue Elig Efa et la rue 3.391, ainsi que sur des petits tronçons ponctuels localisés à proximité des petites centralisé. Mais ces réglementations sont mises en place au cas par cas, plutôt pour essayer d'éviter du stationnement n'importe où, que pour "gérer" le parking. Dans le centre-ville, la répartition du statut des quelques 3'700 places est de : 1250 places réservées ou privées, dont 340 directement sur la rue; 1650 places payantes, dont 650 hors rue. Le tarif est fixé à 100 CFA par heure et un gardien s'occupe de récolter l'argent et surveiller une cinquantaine de place. Ces places sont principalement situées à proximité des commerces de la rue Kennedy, du marché central et de la place de l'indépendance. 2.8 La mobilité piétonne La marche est le deuxième mode de déplacement le plus utilisé à Yaoundé. Malgré sa popularité, elle n'est pas facilitée voir obstruée par les différents aménagements urbains qui se succèdent. Les mobilités piétonnes peuvent prendre des formes et des temporalités différentes : comme mode de déplacement à part entière ou moyen de connexion d'un mode de transport à un autre. Toutes ces formes de pratiques ainsi que les différents usagers sont des éléments essentiels à la mobilité piétonne mais qui entraînent des disparités : une hétérogénéité du tissu urbain qui contraint les déplacements, des espaces conçus pour un type d'usagers, un surdimensionnement des voies automobiles. A ces problèmes d'aménagements s'ajoutent un manque de régulation de l'usage des voiries publiques. Les piétons se retrouvent alors contraints se déplacer sur les chaussées et d'une manière générale en dehors des espaces qui leurs sont dédiés. La forte croissance urbaine et démographique que connait l'agglomération ces dernières décennies impacte les mobilités en rallongeant les déplacements et le nombre de déplacements. Couplés à l'essor des véhicules motorisés, l'aménagement urbain a été conçu en partie autour d'eux. Les