Article publié le 4 mars 2012 Voix du Nord, Edition Lille http://www.lavoixdunord.fr/region/alain-chopin-ancien-prof-de-lettres-passionne-publie-son-premier-roman-jna19b0n326457

1. LA VOIX DU NORD
DIMANCHE 4 MARS 2012
LILLE
16
AUJOURD’HUI
BONJOUR ៑ Un plaisir de lecteur
Le dernier jour de Kids Parc
Si la lecture est un voyage, parfois
l’excursion ne va pas plus loin que
le coin de la rue. Dans son premier
roman, le Lillois Alain Chopin décrit
des lieux connus de tous : le quai
du Wault, les cafés de la Treille, le
quartier Saint-Michel, la Grand-
៑ Ce sont les dernières heu-
res (de 10 h à 18 h 30) pour profiter des 11 000 m2 de jeux et
de structures gonflables à Lille
Grand Palais. Pour les enfants
de 1 à 16 ans. 8 € enfants/4 €
adultes/gratuit - 80 cm. ᔡ
Place... Autant de points de repère
qui donnent relief et réalité à son
histoire, qui aident le lecteur à mettre ses pas dans ceux de son héros, Antoine. C’est sur ce clin d’œil,
cette connivence, que joue aussi
la collection Polars en Nord. Triple
PENSEZ-Y !
meurtre à Hazebrouck, Les Fantômes de Roubaix, Café Quinquin,
Dans les brumes de Saint-Omer...
Rien qu’à lire le titre du livre, l’amateur d’énigmes imagine, se projette, espérant trouver un peu de
sa vie sur le papier. ᔡ C. P.
Journée des femmes ៑ Mer-
credi 7 mars, la ville sera féminine avec une soirée au Tri
postal (dès 19 h) pour célébrer
le jour mondial de lutte pour
l’égalité. Toutes les Lilloises y
sont conviées. Inscription sur
le site www.mairie-lille.fr ᔡ
LE VISAGE DU DIMANCHE
Alain Chopin, ancien prof de lettres
passionné, publie son premier roman
« 100 % Breton, 100 % Lillois »,
voilà comment se décrit Alain
Chopin, professeur de lettres
à la retraite depuis quatre ans.
Une double identité dont il joue
volontiers dans son deuxième
livre intitulé « Il la regarde ».
Le roman aborde aussi la
question de la mémoire et de
l’attention portée aux autres.
Des thématiques directement
puisées dans le quotidien de
l’auteur. Le livre sort jeudi.
® L’ESSENTIEL
Alain Chopin
en quelques dates
1946 : naissance à Lannion,
en Bretagne.
1965 : Alain Chopin découvre
Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard,
un grand moment
cinématographique.
1967 : Il part faire ses études à
Lille. Il enseignera pendant trentesept ans la littérature dans des
lycées professionnels de la
métropole, jusqu’en 2008.
PAR JULIETTE DEKEYSER
lille@lavoixdunord.fr
PHOTO PIB
1986 : naissance de Simon, son
fils.
1988 : Alain Chopin traverse la
Manche à la voile et arrive à Cork,
en Irlande.
Ni peintre ni sculpteur, Alain Chopin a pourtant des airs de Pablo Picasso. Les yeux pétillants, les cheveux crème, jean et pull marin. Cet
ancien professeur parle clairement,
utilise les bons mots et accompagne ses phrases d’un petit rire.
Tout simplement charmant.
Alain Chopin partage sa vie entre
Lille et la Bretagne. « Je ne me sens
ni cocorico breton ni cocorico lillois,
s’exclame-t-il quand on lui demande de quel côté penche son
cœur. Je ne trouve pas cela contradictoire et je suis persuadé qu’il est
possible d’avoir plusieurs identités. » Né en 1946 à Lannion, une
petite ville des Côtes d’Armor,
Alain Chopin grandit en Bretagne
et part vivre à Lille pour ses études.
À 25 ans, il devient professeur de
lettres et enseigne pendant trentesept ans dans des lycées professionnels de la métropole. « Un métier
très agréable, où l’on fait de belles
rencontres. » Reconnaissant, il partage son expérience dans un premier livre, sorti en 2008. Dans
Flaubert est un blaireau, Alain Chopin raconte des anecdotes sur des
lycéens qui ont suivi ses cours. Le livre est un succès. L’auteur croise
parfois d’anciens élèves. « Certains
me disent qu’ils continuent à lire,
de l’Apollinaire par exemple. Cela
me touche beaucoup. »
Dans sa maison de Saint-MauricePellevoisin, des dessins d’enfants,
ses petites nièces qui courent
autour de lui, des photographies
en noir et blanc, et un papier peint
1228.
2004 : voyage de classe
à Marseille, sur les traces de
l’écrivain Jean-Claude Izzo.
2010 : sortie de son premier
livre, Flaubert est un blaireau,
aux éditions Dialogues
8 mars 2012 : sortie
d’Il la regarde, son premier roman,
chez le même éditeur.
Dans sa maison de Saint-Maurice-Pellevoisin, Alain Chopin apprécie sa nouvelle vie d’écrivain.
« Quand je me promène,
j’écris des bribes de mots
pour ne pas les oublier,
sur un paysage… »
floral atypique. On ressent le désir
d’évasion et une âme d’artiste. Seulement trois mois pour écrire son
premier livre, mais quatre ans
pour le deuxième. Dans ce dernier,
Alain Chopin n’écrit plus sur ses
élèves, mais il fait tout de même un
lien entre les deux ouvrages. « L’attention et le regard portés à l’autre,
encore ancrés dans ce roman. Antoine, le personnage principal, essaie d’avoir cette empathie. » Un
message suggéré dans le titre. Il la
regarde, sous-entendu la ville, son
histoire passée ou encore la jeune
femme qui l’attire. « Antoine regarde Anne avec attention, mais il
n’arrive pas à la voir entièrement.
Elle a quelque chose d’insaisissable.
C’est comme si un rayon de soleil
venait l’éblouir et blanchir son visage. »
Des lieux bien réels
Dans le roman, Antoine rompt
avec son passé breton à cause
d’une histoire douloureuse. Il part
à Lille et devient critique de cinéma
à La Voix du Nord. Il retourne plus
de vingt ans après à Lannion et rencontre par hasard une jeune
femme, Anne, dont la vision le
trouble. À travers elle, il renoue
avec son passé et chacun retrouve
la mémoire.
Pour Alain Chopin, le livre n’est
pas autobiographique puisque
« l’histoire est imaginaire. En revanche, les lieux sont bien réels ».
L’auteur ne se sépare jamais de son
petit carnet. « Quand je me promène, j’écris des bribes de mots
pour ne pas les oublier, sur un paysage, une personne. Dans le livre, je
décris par exemple le quai du
Wault, où habite Antoine. Les endroits qu’il aime : les cafés de la
Treille, le quartier Saint-Michel ou
encore la Grand-Place de Lille. »
Passionné par les livres, Alain Chopin ne considère pourtant pas la
lecture comme un divertissement.
« Elle fait partie intégrante de ma
vie. Des phrases de bouquins surgissent çà et là. C’est ce que j’ai voulu
aussi partager dans mon livre. Un
voyage entre différents artistes qui
vient l’enrichir. » Parmi eux, le romancier italien Giorgio Bassani, le
poète anglais Malcolm Lowry,
mais aussi le peintre belge Luc Tuimans et le cinéaste Jean-Luc Godard. « Ils ont tous un point commun, difficilement explicable. Leur
rapport à l’infini peut-être. La mer
que filme Jean-Luc Godard est incroyable. Ce n’est pas une mer
bleue et uniforme, mais bien une
mer qui vit. »
Celui qui ne se déplace à Lille qu’à
vélo est un sacré observateur et un
joyeux rêveur. « Quand je passe rue
Faidherbe, il y a toujours cette
même dame qui fait la manche. Elle
a un très joli visage, je l’observe. Le
titre lui est un peu dédié. » Une
énergie lilloise et des souvenirs bretons qui raviront certainement les
lecteurs. ᔡ
៑ « Il la regarde », aux éditions Dialogues, sort jeudi en librairie (248 pages,
19,90 €).