Présentation par Nicolas Clément pour la journée d’étude « la musique en bibliothèque, no future ? » organisée par Intermedia78 le jeudi 17 octobre 2019 à Versailles
2. Plan de l’intervention
Les origines du projet : le désir de coopérer et de faire vivre une communauté
professionnelle (adocacy)
Les ambitions du projet : investir le numérique et devenir des acteurs de la scène musicale
locale
Pourquoi proposer un site internet sur la musique ?
Le contexte :
un siècle d’innovations technologiques et industrielles qui bouleversèrent
l’écoute musicale (1877-1999) : l’évolution de l’écoute musicale
1999-2019 : 20 années qui ébranlèrent l’industrie du disque
Une nouvelle donne économique : Musique et Big Data
Le défi des bibliothèques : repenser le modèle de la discothèque de prêt
Mettre en scène les collections des bibliothèques
(Re)Penser les collections musicales à l’heure de la patrimonialisation des
biens culturels : le passé revisité, repenser la médiation
Le recyclage culturel
« Do-it-yourself » : la renaissance du faire-soi-même (exemple du MusicLab à
Rouen)
Faire face à la fragmentation des pratiques et des publics
3. Le défi des bibliothèques : repenser le modèle de la discothèque de prêt (suite)
Faire face à un nouveau type d’auditeur : mélomane et bibliothécaire
Capter l’attention, comprendre la logique de dissémination des œuvres musicales
Faire face à la portabilité des contenus et au désir des objets connectés
Pistes à explorer : de la musique avant toute chose !
La Gironde Music, un outil de captation de l’attention des mélomanes, un outil de valorisation de nos
actions :
Un site en licence ouverte
Un site qui répond aux critères du « Responsive design »
Une charte graphique et une charte éditoriale
Un espace de travail simplifié ouvert à tous
Une base de données constituée de 1200 fiches signalétiques
Un site 2.0 présent sur les réseaux sociaux musicaux
Enrichir l’offre documentaire des portails de bibliothèque
Communiquer autrement : des contenus directement exportables sur les portails de
bibliothèques : articles, QR Code, sélections musicales, cartographies, ligne du
temps…
Coopérer avec d’autres acteurs culturels de son territoire
La musique au service de thématiques élargies : art, sport, histoire, écologie,
citoyenneté…
Bilan et perspectives :
Le festival 33 Tour : instaurer un temps fort de l’action culturelle à l’échelle d’un réseau
Conclusion
5. Coopérer c’est sortir d’un
forme d’isolement
Dès 2010, les bibliothécaires musicaux de notre territoire ont émis le
désir de se réunir autour d’un projet fédérateur afin de redonner du
sens à leur travail dans un contexte fait d’incertitudes (la fameuse
« crise du disque ») et de discours démobilisateurs (« la fin
programmée de la bibliothèque de prêt, « la bibliothèque sans
collections »,…).
S’inspirant de l’emusicbox initié la BMVR de Limoges, un projet de
site internet autour de la scène locale s’est développé sous l’égide
de l’ACIM dont l’une des missions est de fédérer les groupes ou
associations de professionnels de la musique.
6. Coopérer c’est militer
Pour les bibliothèques municipales comme universitaires
françaises, la promotion de la bibliothèque et de son rôle sur le
territoire qu’elle sert est devenue aujourd’hui un véritable enjeu. Il
s’agit avant tout de renouer avec une tradition de militantisme de la
lecture et de l’éducation, (advocacy)
La constitution d’un groupe régional de l’ACIM nous a semblé la
solution qui corresponde le mieux à nos aspirations (coopérer) et
qui nous permette de dépasser nos différences (mutualiser) : les
BiMudAq (Bibliothécaires Musicaux d’Aquitaine) se sont
constitués et l’hébergement du site actuel, la Gironde Music Box, a
trouvé tout naturellement sa place sur le serveur de l’ACIM
1ère mise en ligne en 2012. Refonte intégrale du site fin 2016.
7. 11 bibliothèques collaborent à l’alimentation et à
l’actualisation du site :
Bibliothèque municipale de Bègles
Bibliothèque de Bordeaux
Médiathèque de Cestas
Médiathèque Jean Degoul d'Eysines
Bibliothèque Départementale de Prêt de la Gironde
Médiathèque Jean Vautrin de Gradignan
Médiathèque du Bois Fleuri de Lormont
Médiathèque municipale de Mérignac
Médiathèque Jacques Ellul de Pessac
Médiathèque de Saint-Médard-en-Jalles
Médiathèque municipale du Taillan-Médoc
8. Coopérer c’est faire vivre une communauté
professionnelle
Depuis 2016, la bibliothèque de
Bordeaux positionne un chargé de
projet au sein de la délégation à la
coopération entre bibliothèques.
Ses missions sont l’animation et la
coordination des activités de cette
communauté : faire vivre
l’information documentaire
(publications régulières sur la
Gironde Music Box), dynamiser
l’action culturelle entre
établissements (création du festival
33 tour), etc…
Elargissement de la communauté
musicale à l’ensemble des 28
communes du territoire
Animation régulière du réseau
professionnel (réunion, création de
documents…)
Accompagnement et expertise
9. Mettre en place les outils de la coopération : service de
messagerie électronique (Gmail), service de stockage et de
partage de fichiers dans le cloud (Google Drive), utilisation
d’un réseau social en ligne (facebook), création d’un
trombinoscope en ligne (Trombino)
10. Les ambitions du projet :
Investir le numérique en questionnant nos pratiques professionnelles et
prendre en compte les nouvelles pratiques d’écoute.
Travailler à l’émergence d’un projet numérique, mutualisé et collaboratif.
Devenir un acteur de l’information musicale et de la vie culturelle (la question
de la légitimité)
Documenter la scène musicale locale (créations de fiches signalétiques) et
promouvoir des contenus éditoriaux (billets de blogs, sélections musicales)
Donner de la visibilité aux bibliothèques et aux bibliothécaires musicaux en donnant
de la visibilité aux acteurs de la vie musicale du département (artistes, associations,
institutions, manifestations)
Le numérique au service des publics et des bibliothèques : promouvoir un temps fort
d’action culturelle : le festival 33 tour
12. Parce que le champ musical a connu de profonds
bouleversements correspondant à une refonte complète du
modèle économique de la musique mais aussi à une refonte
de la consommation musicale (très impactée par le
développement du numérique - internet et les réseaux
sociaux - et par l’explosion du marché des appareils mobiles
- smartphone, tablette...)
13. Depuis quelques années les médiathèques tentent de
soutenir et de valoriser la production musicale locale
en proposant à leur public des fonds spécifiques qui
rassemblent les disques des musiciens et des éditeurs
phonographiques mais aussi les ouvrages des
éditeurs de la région.
Ces fonds ont le mérite d'offrir un panorama de la
création locale, mais ce panorama reste très incomplet
dans la mesure où il ne concerne que les musiciens
ayant à faire valoir une production discographique sur
support physique (compact disc ou livre)
14. Nos collections, constituées principalement de documents ou
supports physiques, rendent-elles compte à elles seules de la
vie musicale de notre territoire ?
15. Proposer une alternative aux offres numériques
payantes qui n’offrent pas de vitrine à la scène locale :
une base de données sélective à destination des
mélomanes et des professionnels qui s’inscrit dans
une démarche locale de développement culturel de
proximité.
Promouvoir nos bibliothèques en proposant une offre
documentaire à distance aux auditeurs.
16. Le contexte :
un siècle d’innovations technologiques et
industrielles qui bouleversèrent l’écoute musicale
(1877-1999)
17. L’évolution de l’écoute musicale : de
l’écoute collective à l’ écoute individuelle,
de l’écoute statique à l’écoute en ligne, de
l’écoute attentive à l’écoute furtive
1877 – invention du phonographe
1888 – invention du gramophone
1948 – invention du microsillon
Années 1950 – invention du système audio
personnel (ancêtre de la chaîne hifi)
1962 – invention de la cassette audio
1982 – commercialisation du disque compact
1999 – création de Napster (plateforme de
téléchargement)
2001 – l’ipod change la donne
2007 – Smartphone (inter connectivité et
nomadisme)
2008 – le cloud (stockage en ligne)
Depuis 2013 – streaming et enceintes
connectées cohabitent avec le retour en
vogue des « objets » / supports dédiés à
l’écoute (vinyles et… CD)
18. De l’invention du phonographe à l’arrivée du CD en passant par le
succès de la musique « dématérialisée », notre manière d’écouter
la musique n’a jamais cessé d’évoluer au cours de ces dernières
décennies. L’écoute musicale est intimement liée aux avancées
technologiques et la façon de consommer la musique enregistrée
est conditionnée à une logique industrielle.
19. 1999-2019 : 20 années qui ébranlèrent
l’industrie du disque
20. « Le CD tout-puissant, les albums vendus par millions, les
maisons de disques qui dépensaient sans compter... Si cette
époque de la musique semble bien loin aujourd'hui, elle n'a
pourtant qu'une vingtaine d'années. Depuis, un tourbillon
incontrôlé a emporté ce monde qui n'était pas préparé. Tout a
commencé par l'invention du mp3, que les maisons de disques
n'ont pas voulu voir. Puis le mp3 a atteint le grand public grâce au
peer-to-peer, et la bombe a explosé. »
« Boulevard du stream: du MP3 à Deezer, la musique libérée »
de Sophian Fanen
21. Avec l’invention du mp3, pour la première fois, un
bouleversement technologique a affecté le marché
musical sans que celui-ci provienne des bureaux d'étude
de l'industrie musicale.
L'apparition de nouveaux modes de diffusion a pris de
court cette industrie, habituée à initier et à maîtriser le
progrès technologique plutôt qu'à le subir.
22. Pour la première fois, les majors ont dû faire face à l'émergence
de nouveaux acteurs, provenant de l'industrie informatique
(fournisseurs d'accès Internet, producteurs de matériels de
stockage et de diffusion tels Apple, plateformes de streaming tels
Itunes, Spotify, Deezer, Youtube), s'imposant sur le marché
musical, avec pour objectif de faire de la musique et des
périphériques liés à la musique des produits d'appel pour d'autres
produits ou services à plus forte valeur ajoutée. »
"Musique en ligne : quel avenir pour l'industrie musicale ?" par Pierre Pichère
23. Le cœur de métier de l'industrie musicale est en quelque sorte
devenu le gadget des industriels de l'informatique.
"Musique en ligne : quel avenir pour l'industrie musicale ?" par Pierre Pichère
24. « C'est finalement le streaming qui est venu proposer une sortie de crise
et changer en profondeur la façon dont nous écoutons la musique ».
« Boulevard du stream: du MP3 à Deezer, la musique libérée » de Sophian Fanen
27. Mais au-delà de l’économie du streaming, les données en ligne
sont un gisement de prospection pour les producteurs. Le pari des
plateformes d’écoute en ligne afin de gagner le plus d’auditeurs et
offrir des espaces publicitaires très ciblés aux annonceurs.
Et pour attirer ces annonceurs, quoi de plus profitable que la masse
gigantesque de données collectée par les grandes plate-forme de
streaming.
« Le big data à votre écoute » in L’influx (2018)
28. “
”
Anticiper les envies, alimenter les tendances,
piloter la découverte, connaître l’internaute mieux
qu’il-elle ne se connaît, là sont les marges de
croissance… Mais peut-on vraiment enfermer les
oreilles dans une bulle de données, les rendre
imperméables au hasard, aux amis, aux
rencontres.. ? Probablement pas.
« LE BIG DATA À VOTRE ÉCOUTE » IN L’INFLUX (2018)
29. Le défi des bibliothèques :
repenser le modèle de la
discothèque de prêt
30. Mettre en scène les collections des
bibliothèques
« A l’heure du numérique, il me semble que l’effort des bibliothèques doit aussi porter sur la mise en scène
des collections. Si l’on observe les sites marchands, les blogs et les sites communautaires autour des
livres ou des disques, nous trouvons une multiplicité de manière de mettre en valeur et d’attirer l’attention
sur les contenus. Alors qu’une bibliothèque offre surtout un mur de livres classés sur la tranche avec par-
ci par-là des présentations thématiques ou de nouveautés.
La présentation physique des collections devrait fait sa révolution en bibliothèque: présenter davantage de
documents de face (quitte à avoir moins de documents dans les espaces publics) et/ou mettre en scène
la collection avec une visée pédagogique. (…) L’effet est immédiat sur la visibilité et l’attractivité des
documents. Nos collègues américains et des pays du nord de l’Europe se sont engagés depuis quelques
années dans cette voie.
Je m’interroge sur l’approche figée qu’induit nos classifications, notamment concernant les documentaires ou
les CD, que ce soit la Dewey ou la PCDM4 (Plan de Classement des Documents Musicaux, version 4).
De nombreuses bibliothèques ont fait le choix de regroupements thématiques s’affranchissant de la
Dewey et cela me parait salutaire. Bien que très récente, je pense que les collègues bibliothécaires
musicaux pourraient aussi bousculer un peu cette PCDM4 par des rapprochements ou une mise en avant
de certaines musiques. »
Pour surprendre nos usagers et faire de la visite de la bibliothèque quelque chose de plus, il me
semble que l’une des pistes est de rendre vivante et plus évolutive la mise en espace de nos
collections.
Xavier Galaup - « Réflexions et notes sur les bibliothèques et leur environnement » (2010)
31. (Re)Penser les collections musicales à
l’heure de la patrimonialisation des biens
culturels : le passé revisité.
32. (Re)Penser les collections musicales à
l’heure de la patrimonialisation des biens
culturels : repenser la médiation
33. Finalement, le disque
dur(e)… une chance
pour les collections
"Le vinyle est de retour. Mais pour
certains il n a jamais disparu. Objet
de décoration ou d’amusement
pour certains, il est pour les
collectionneurs une affaire de
transmission. Et une quête d
authenticité (…) Pour beaucoup,
s’attacher aux disques, c’est faire
un pas vers l’immortalité. Préserver
une histoire de plus en plus dense,
de plus en plus fragmentée, et qui
menace toujours de partir en
fumée » Laurent Rigoulet ,
Télérama Avril 2015
« Quand on collectionne des
disques, on défend des cultures
suburbaines On crée de l’ordre
dans le chaos » Thurston Moore
(entretien « VinylJunkies »)
34. L’impact des innovations
technologiques sur la
culture : L’exhumation du
passé ou « Rétromania »
« Les innovations technologiques
des années 2000 (internet, MP3)
n’ont pas entraîné de révolution
musicale mais exhumé au contraire
toutes les strates du passé. Les
archives mondiales de la culture
moderne sont en accès libre sur
YouTube. Le rétro n’a rien de
nouveau. Bien sûr, il a simplement
pris de l’importance. Il touche en
premier la musique, le cinéma, la
mode et le design en général ».
Simon Reynolds (2012 – entretien –
Les Inrockuptibles)
35. Le recyclage culturel : Quels sont les mythes et les symboles qui peuplent
l’imaginaire d’aujourd’hui ? Comment expliquer le désert actuel d’inventions culturelles,
l’absence des sommets révolutionnaires, la disparition des courants artistiques ? Ou
alors, s’agit-il d’une forme postmoderne d’originalité - la réécriture - dans tout domaine
de la culture ? De nos jours, dans notre vie quotidienne comme dans nos
représentations symboliques, le recyclage – à savoir la réutilisation de ce qui a déjà
servi - constitue un élément incontournable. C’est l’ère du remake.
36. En résumé,
La patrimonialisation des biens culturels nous impose à réfléchir à la
richesse de nos collections musicales. La politique documentaire
étant un élément clé de cette dimension.
La nouveauté (par ailleurs très médiatisée sur internet) n’est peut être
plus un axe de développement aussi important de nos collections.
Se poser la question de l’actualisation des fonds et de l’expertise :
l’importance croissante des rééditions, exhumations, éditions
limitées ou « deluxe » est l’un des axes de développement de
l’industrie du disque (physique et numérique) dans tous les genres
musicaux. L’industrie du disque préférant exhumer le passé que
développer la carrière de nouveaux talents. Cet axe est souvent mal
documenté en bibliothèque.
37. La présentation des documents (la mise en scène des
collections) et leur valorisation (la médiation) deviennent
des éléments clés de l’espace musique.
38. « Do-it-yourself » : la
renaissance du faire-soi-
même
« Le studio » à la Bibliothèque Mériadeck de Bordeaux (2013) ou « le MusicLab » à
la bibliothèque Saint-Sever de Rouen (2018) : deux exemples d’offres de services
en bibliothèque.
39. Signe d’une société en quête de sens, le do-it-yourself revient en grâce :
« On a vécu le premier âge un peu utopique du do-it-yourself où l’idée était de se
réapproprier son quotidien. Désormais, on vit le deuxième âge : celui du DIY aidé » (Rémy
Oudghiri, sociologue).
« Aujourd’hui, la plupart des gens exercent des métiers intellectuels, où ils se retrouvent
enfermés toute la journée dans des bureaux, sans jamais voir le fruit de leur travail ». Pour
se reconnecter avec le réel, ils sont de plus en plus nombreux à se construire à côté une
deuxième vie, plus créative, qui leur permet de se faire plaisir, de s’épanouir et de remettre
du sens dans leur quotidien. » (Ronan Chastellier)
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/07/le-renaissance-du-faire-soi-meme_5486548_3234.html
40. Le MusicLab :
Un nouvel espace insonorisé ouvre à l’accueil de la bibliothèque Saint-
Sever (Rouen): le MusicLab !
Ce mini studio de répétition et d’enregistrement amateur est dédié à
l’expérimentation et à la création musicale.
Besoin d’un local où répéter avec son groupe ? D’un espace où venir travailler
la batterie numérique entre deux rendez-vous ? Envie de tester des logiciels
de MAO (Musique Assistée par Ordinateur) ou de numériser ses vinyles et
VHS ?
Le Musiclab est fait pour vous !
Attention, vous devrez utiliser cet espace de manière autonome.
Ce qu’on peut y faire :
- Utiliser des instruments de musique sur place (clavier et batterie numériques,
guitares, ukulélé)
- S’enregistrer via les logiciels Audacity et Reaper
- Numériser ses vinyles et VHS cultes
41. Faire face à la fragmentation des
pratiques et des publics
avec le développement du numérique et de l’Internet , on
assiste à un renouvellement des pratiques d’écoute : à
l’écoute musicale traditionnelle adossée à un support dédié
(vinyle, CD), au concert, à l’écoute radiodiffusée s’ajoute
aujourd’hui une myriade de supports d’écoute (Baladeur
numérique, tablette, smartphone), de formats musicaux (mp3,
wave, flac…) et de canaux de diffusion en téléchargement
payant ou en ligne (streaming) favorisant le développement
d’une écoute tantôt statique tantôt nomade, fragmentée (« le
soniel »), volatile et connecté aux nuages (le cloud).
42. Faire face à un nouveau type
d’auditeur : mélomane et
bibliothécaire
avec la culture de l’écran et le développement du Web 2.0
fondé sur le participatif, le social et l’intelligence collective,
les frontières entre culture, création, distraction et
communication sont de plus en plus poreuses : l’auditeur, le
mélomane, devient acteur, créateur, bibliothécaire : il peut
construire et déconstruire sa bibliothèque musicale à l’envie,
créer ses propres contenus, les promouvoir, être
prescripteur.
43. Capter l’attention, comprendre la
logique de dissémination des
œuvres musicales:
à l’économie de la rareté succède une économie de l’abondance, les œuvres
(albums) se disséminent en morceaux (fichiers numériques MP3) : “l’économie de
l’attention”.
Exemple avec la campagne publicitaire de Spotify (service de musique en ligne) pour son service de
découverte fondé sur le partage de playlists, podacts et de « story » sur Serge Gainsbourg
44. Faire face à la
portabilité des
contenus et au
désir des objets
connectés
« Ecoutez ce que vous voulez, où
vous voulez, comme vous voulez »
telle est la promesse des
industriels.
Notre rapport physique aux objets
est totalement modifié. Le
numérique se substitue à
l’analogique pour proposer des
objets « connectés » dont le design
est présenté comme une promesse
prête à combler tous nos désirs. Le
pouvoir de séduction est en pleine
action et ringardise le compact disc,
signe des temps passés…
45. Pistes à explorer : de la
musique avant toute chose
!
Développer une offre de services : expérimenter ! : proposer
des solutions numériques sur place et à distance, favoriser
la pratique musicale amateur (prêt d’instrument, local de
répétition, MAO)…
Les supports ne sont pas appelés à disparaître. Il faut
penser en termes de contenus et d’accès aux contenus :
nos collections sont notre richesse. Casser un peu l’aspect
de « mur de documents » rectiligne et moderniser le
mobilier.
Sortir de la culture du mono-support et privilégier une offre
documentaire multimédia : CD, DVD, vinyle, périodiques,
partitions, littérature musicale. Mieux valoriser les
documents (favoriser le « facing » et les notules sur les
documents)
Développer des espaces conviviaux dédiés à l’écoute sur
place dans l’idée de la bibliothèque troisième lieu
Réorienter l’action culturelle : « ce ne serait plus tant l’action
culturelle qui aurait besoin des collections pour exister ou se
ressourcer que les collections qui auraient besoin de l’action
culturelle pour s’exporter » (Arsène Ott Conservateur à la
Bibliothèque Municipale de Strasbourg, ancien président de
l'ACIM)
Ainsi, développer le partenariat avec la vie musicale locale
et documenter celle-ci
46. La Gironde Music, un outil de captation de
l’attention des mélomanes, un outil de
valorisation de nos actions
47. “
”
Aujourd’hui déjà, la musique et les images sont
numériques dans les bibliothèques. L’emprunt de
CD baisse fortement (surtout dans les grandes
villes) mais les discothèques ne disparaîtront pas
pour autant : les usagers ont besoin d’échanges,
de conseils, de lieux d’écoute. La médiation est
indispensable dans les océans musicaux présents
sur les serveurs.
« Voyage au pays des bibliothèques. Lire aujourd'hui, lire demain » - Erik Orsenna,
accompagné par Noël Corbin (2018)
48. “
”
Le bibliothécaire doit éditorialiser, proposer,
conseiller. Le numérique offre aux bibliothèques un
formidable levier pour se projeter sur tous les
territoires, y compris et surtout les plus isolés ;
nous pensons notamment aux zones rurales.
« Voyage au pays des bibliothèques. Lire aujourd'hui, lire demain » - Erik Orsenna,
accompagné par Noël Corbin (2018)
49. “
”
Il convient de soutenir le développement du fonds
local avec une conception élargie de celui-ci, c’est-
à-dire en l’étendant à tout ce qui est produit
localement, C’est un axe fondamental pour que la
bibliothèque musicale s’inscrive dans la vie
musicale locale afin d’attirer et de fidéliser son
public
Xavier Galaup - « Valoriser les collections de documents musicaux :
des espaces musique avec ou sans CD ? » - Musique en bibliothèque
(2012)
50. “
”
Du côté de la création, tout le monde peut relativement
facilement produire, s’exprimer, publier, être créateur.
Comment parvenir à voir ou à se faire voir dans cet océan
d’informations ? Ce qui a de la valeur aujourd'hui, c’est le
temps et l’exposition, la visibilité, L’enjeu aujourd’hui est
d’organiser la rencontre entre l’œuvre (ou sa représentation)
et l’amateur de musique et d’accompagner celui-ci dans son
appropriation
Gilles Rettel - « L’évolution du paysage de la diffusion musicale » - Musique
en bibliothèque (2012)
51. La Gironde Music Box c’est un site internet sous
hébergeur Wordpress.
https://www.youtube.com/watch?v=uYXHGS8Peko&
t=15s
52. WordPress est un système de gestion de
contenu gratuit, libre et open-source. A ce titre,
le site a pour vocation d’être dupliqué par la
communauté professionnelle pour promouvoir
la musique d’autres territoires.
53. Xavier Bonin, musicien, graphiste et militant du Libre,
a travaillé sur le design et sur la charte graphique du
site.
54. La Gironde Music
Box répond aux
critères du
Responsive Design
Le Responsive Web Design (RWD) ajuste
automatiquement l’affichage d’une page web
à la taille d’écran du terminal utilisé. Cette
technique de conception de site web, ou
d’interface digitale, répond à un besoin des
utilisateurs, toujours plus nombreux à se
connecter sur le web depuis un appareil
mobile.
Le Responsive Design permet de faciliter la
navigation et d’améliorer l’expérience
utilisateur lorsqu’il s’agit de consulter le site
sur un appareil mobile.
55. Un espace de travail (back office) simplifié qui favorise la
contribution de tous les coopérateurs peu importe le
degré de compétence informatique. Il est accompagné
d’un vadémécum pour alimenter les fiches signalétiques.
56. La Gironde Music
Box propose une
charte éditoriale
La forme, Le comité éditorial, le planning de publication, le traitement
des rubriques en fonction des différents types d’informations, les
gabarits éditoriaux, les principes éditoriaux, les formats des documents
et les aspects juridiques y sont consignés
http://www.girondemusicbox.fr/wp-
content/uploads/2016/06/Girondemusicbox-Charte-%C3%A9ditoriale-
05-mai-2017.pdf
57. La Gironde Music Box c’est un répertoire de 800 fiches
d’artistes.
Chaque fiche signalétique et descriptive intègre des
informations inédites : biographie, discographie, liens vers les
sites et réseaux sociaux, extraits musicaux et vidéos…
58. La Gironde Music Box c’est un répertoire de 400 fiches du réseau des
acteurs musicaux : associations, labels musicaux, radios, presse
musicale, bars et salles de spectacles, disquaires…
Chaque fiche signalétique et descriptive intègre des informations
inédites : biographie, discographie, liens vers les sites et réseaux
sociaux, extraits musicaux et vidéos…
59. La Gironde Music Box c’est un site de
référencement de l’action culturelle en bibliothèque
Fiche signalétique et descriptive indexée en fonction du type d’intervention en
bibliothèque : concert, conférence, ciné-concert…
60. La Gironde Music Box permet un accès aux
dernières publications discographiques girondines
sur le site Discogs
61. La Gironde Music Box permet un accès aux
portails des concerts de la Gironde
62. La Gironde Music
Box est un site
d’information locale
actualisé
50 articles en ligne tirés de la presse locale et
du web girondin
63. La Gironde Music Box est présente sur les
Réseaux sociaux musicaux : Soundsgood (site
de curation musicale)
64. 75 playlists
125 000 vues
Des thématiques en lien avec
l’actualité musicale locale,
nationale ou internationale
Des thématiques en lien avec la vie
des services
Des thématiques en lien avec
l’action culturelle
65. La Gironde Music Box présente sur les Réseaux
sociaux musicaux : créations de vidéos ou
sélections musicales (playlists) hébergées sur
Youtube
66. La Gironde Music Box présente sur les Réseaux
sociaux musicaux : sélections musicales (playlists
audio) hébergées sous Soundcloud
67. La Gironde Music Box propose des contenus
éditorialisés au sein de la rubrique blog du site
68. La Gironde Music Box propose des contenus
rédactionnel au sein de la rubrique blog du site
69. La Gironde Music Box propose des contenus
éditorialisés comme des lignes du temps
(Timeline)
70. La Gironde Music Box enrichit ses contenus par la réalisation de
cartographies via Google Maps (service de cartographie en ligne et gratuit).
Nous repérons sur une carte tantôt les collections musicales présentes dans
les bibliothèques girondines, tantôt des lieux autour d’une manifestation
culturelle et proposons ainsi des données cartographiques inédites.
71. La Gironde Music Box propose des contenus
« augmentés » comme des QR Code réalisés dans
le cadre de l’action culturelle
72. Enrichir l’offre documentaire des
portails de bibliothèque
Portail de la bibliothèque de
Bordeaux Portail des médiathèques de Pessac
73. Communiquer autrement : des contenus
exportables sur les sites de bibliothèques : la
playlist musicale du mois sur le site de la Médiathèque Jean Vautrin de Gradignan
74. Communiquer autrement : des contenus
exportables sur les sites de bibliothèques :
article mensuel autour de l’action culturelle relayé sur le portail
« Médiathèques » de Bordeaux Métropole
75. Coopérer avec d’autres acteurs culturels de
son territoire
La Gironde Music Box s’associe à « La fabrique du citoyen », préambule à la saison
culturelle Liberté ! Bordeaux 2019
La Gironde Music Box participe à La Houle, web radio éphémère !
76. La musique au service de thématiques élargies
: art, écologie, citoyenneté…
La Gironde Music Box et la bibliothèque Grand Parc de Bordeaux
s’associent une exposition photographique à la Base sous marine
La Gironde Music Box et la médiathèque de Gradignan s’associent autour de la
thématique de la Semaine Européenne du Développement Durable
77. Bilan et perspectives
La Gironde Music Box est un site internet qui a trouvé sa place au sein du
web social (2.0).
Il est une expérimentation et une réponse tangible autres aux affirmations
parfois tronquées sur l’avenir incertain du métier bibliothécaire musical.
La Gironde Music Box est bien identifié par les musiciens locaux car ses
publications sont relayées au sein des réseaux sociaux (groupes
facebook notamment)
Notre communauté professionnelle a trouvé à travers ce site et ses
réseaux sociaux un moyen de questionner ses pratiques de travail et de
s’identifier à un objet commun, inclusif.
78. Bilan et perspectives
La force de ce projet c’est qu’il est collaboratif, fondé sur les principes de
l'intelligence collective où chaque individu trouve un bénéfice à collaborer,
où sa propre performance au sein du groupe est meilleure que s'il était
isolé (contribution à la carte fondée sur le partage et la mutualisation des
taches, les interactions multiples entre collaborateurs).
Notre communauté professionnelle a trouvé à travers ce site et ses
réseaux sociaux un moyen de renouveler le regard des acteurs
musicaux et des internautes à notre encontre.
enrichir l’offre documentaire des bibliothèques, communiquer autrement, mieux
faire connaitre nos activités et nos services, créer des partenariats avec les
salles de spectacles, les associations, les webzines, les radios afin de
disséminer nos recommandations auprès d’un public en quête de sens et de
découverte
Le code source du site et la charte éditoriale étant déposés en licence libre,
ce site a pour vocation à faire des émules sur l’ensemble du territoire français
(contactez nous !).
79. Pour appuyer notre propos, voici ce que Julie Le Mest de la Bibliothèque
municipale de Brest écrivait en avril 2013 dans le BBF à propos de la
stratégie en ligne des sites et blogs à l’ère du web 2.0 :
Voilà où nous en sommes : la lubie, étrange il y a quelques années, qui consistait à
créer des blogs et à aller sur les réseaux sociaux est aujourd’hui de plus en plus
légitime. À l’heure où plus un site ne se créée sans compte Facebook et où
community manager est devenu un métier, le fait de médiatiser les collections
et les actions en ligne tombe sous le sens.
Certains des espoirs disproportionnés du début ont dû être revus : il a fallu constater
que les publics ne se précipitent pas pour participer aux outils mis en place par la
bibliothèque, juste parce que ces outils existent.
Les promesses tenues par la médiation en ligne sont autres : c’est la possibilité
de médiatiser facilement des livres, des CD, des films, des événements peu
connus, c’est une réactivité accrue et un ton différent et plus proche que celui
employé dans une publication papier, c’est une nouvelle visibilité donnée à
l’action sur place et c’est un retour provenant des publics mais aussi des autres
professionnels, bibliothécaires ou partenaires locaux.
C’est, enfin, la possibilité de participer à de formidables projets transversaux,
amenant à découvrir les personnes et les compétences (on apprend à
découvrir et à admirer les talents méconnus de nos collègues) ou encore à
monter en compétence.
Dans un contexte de révolution numérique et de très forte évolution du métier, les
projets en ligne nous amènent à faire des expériences ensemble, à nous
approprier les évolutions et à nous interroger sur le sens de notre action.
Nous ne pouvons que sortir grandis de cette démarche »
81. « Face au désamour progressif des usagers pour les
collections, développer les activités d’animation a pu
apparaître à certains comme la solution d’avenir…
Cependant, pour valorisante que puisse être cette
activité, qui a toujours été pour certains plus « fun » que
le catalogage ou l’indexation, il ne faudrait surtout pas
non plus en faire une fin en soi, qui verrait le
bibliothécaire se transformer en organisateur
d’événements, mais la repenser davantage en fonction
des publics et de son ancrage dans la vie musicale
locale (…) la repenser en fonction de l’offre documentaire
musicale virtuelle »
Gilles Pierret – « Les bibliothèques face à la révolution des pratiques
d’écoutes et de création de la musique » - Musique en Bibliothèque
(2012)
Le festival 33 Tour : instaurer un temps
fort de l’action culturelle à l’échelle
d’un réseau
82. Le 1er festival de musique en bibliothèque s’est
déroulé en juin 2019 dans 11 établissements
de 9 bibliothèques et médiathèques de notre
territoire
83. Depuis trois ans, la coopération musicale mène un
travail de fédération des bibliothécaires via la mise en
place d’outils et de démarches posant les fondations
d’une culture de la coopération entre les référents
musicaux du réseau.
Il était donc logique qu’une action culturelle fédératrice
- dans la continuité du travail de fond mené jusqu’à
présent – se mette en place afin de rendre visible la
dynamique de coopération engagé depuis 2016.
84. Une programmation musicale éclectique :
12 manifestations musicales furent proposées en direction d’un public
intergénérationnel estimé à 600 personnes.
Un respect de la pluralité des genres musicaux :
10 esthétiques musicales furent proposées durant le festival afin de
rendre compte de la variété des genres musicaux de notre scène locale :
Chanson, Slam, Musique contemporaine, Musique du monde, Pop -
Rock, Jazz, ...
Une typologie des manifestions très variée : le choix a été fait de
proposer une typologie variée de manifestations afin que chaque
collectivité puisse trouver sa place au sein d’un évènement qui cherche
avant tout à mettre en lumière les formes variées des propositions
musicales dans nos établissements telles qu’elles se font tout au long de
l’année : concerts, conférences, expositions, rencontres, happenings,
ciné concert, projections…
85. Un festival sous le signe du partenariat :
Les collectivités n’ont pas hésité à faire appel à leurs partenaires
locaux pour penser leur programmation : SMAC ou salle
polyvalente (Le Rocher de Palmer, Le Krakatoa, La salle des fêtes
du Grand Parc, La Maison des savoirs partagés), des associations
(Ouvre le chien, Ar'Khan, Street Def records...), une école de
musique (Eysines), des écoles (Floirac)
Un relais auprès des professionnels des bibliothèques : L'ACIM
(Association pour la Coopération des Professionnels de
l'Information Musicale) a publié un long article sur notre
manifestation ce qui nous a permis de toucher une partie de la
profession.
86. Une présence affirmée sur Internet et sur les réseaux sociaux :
Afin de toucher des publics parfois éloignés de nos établissements mais sensibles à nos
actions et à nos recommandations, nous avons investis comme il se doit les outils
numériques que nous utilisons tout au long de l’année : les réseaux sociaux, le portail des
médiathèques, la Gironde Music Box et les sites de recommandations musicaux
(soundsgood, youtube).
Les chiffres montrent que le festival fut très bien suivi sur les réseaux sociaux :
24000 personnes ont regardé notre playlist vidéo sur soundsgood
https://play.soundsgood.co/playlist/festival-33-tour
11500 personnes ont suivi nos informations actualisées sur facebook
Un programme partagé auprès des internautes via le portail métropolitain et la Gironde music
Box
Une visibilité accrue grâce à la réalisation d’entretiens vidéos : « La musique en
bibliothèque... ce sont les artistes qui en parlent le mieux... »
https://www.youtube.com/watch?v=o9EG2flTA8A&t=43s
87. Un festival coordonné tout au long de l’année :
Le festival 33 Tour est coordonné par la délégation à la
coopération de la bibliothèque de Bordeaux. Trois réunions de
travail avec les référents musicaux des bibliothèques
participantes ont ainsi aidé à sa structuration.
88. Conclusion !
L’univers de la musique est traversé par de profonds bouleversements qui
touchent tout autant au modèle économique de la musique, à la
consommation musicale, au développement de l’internet et des NTIC
(notamment la portabilité des contenus musicaux numériques).
Ecouter, sélectionner, classifier, indexer et mettre en relation les acteurs et
les auditeurs restent plus que jamais des missions essentielles de notre
métier de bibliothécaire musical.
De prescripteurs et de prêteurs de biens culturels devenons nous aussi des
acteurs identifiés de la scène musicale qui nous entoure et a laquelle nous
ne pouvons plus nous soustraire !
Avec la Gironde Music Box, faisons découvrir la richesse de notre territoire
musical, communiquons sur nos actions culturelles et faisons connaître nos
services. Médiatisons enfin nos ressources documentaires auprès de
publics toujours plus mobiles et volatiles » ! (advcacy)
Pour nous contacter :
Nicolas Clément - n.clement@mairie-bordeaux.fr
Sylvette Peignon - speignon@ville-gradignan.fr
girondemusicbox@gmail.com