Bruno Descamps, écrivain et chargé de communication interne à la Métropole Européenne de Lille (MEL) répond à quelques questions pour le groupe LinkedIn sur "la communication interne dans le secteur public".
Le rôle des Secrétaires généraux de l'Elysée dans la mise en oeuvre de la com...
La communication interne de la Métropole Européenne de Lille (MEL)
1. Groupe numérique sur la communication interne dans le secteur public
Itw #11
« Il faut cesser de parler aux agents avec des mots creux »
Bruno Descamps, écrivain et chargé de communication interne à la Métropole Européenne de
Lille (MEL) répond à quelques questions pour le groupe LinkedIn sur "la communication
interne dans le secteur public".
Si vous deviez expliquer en quelques mots le terme "communication
interne", quelle serait votre définition ?
Bruno Descamps (B.D) : Il s'agit de donner du sens, de créer du lien et un sentiment
d’appartenance. La communication interne a également pour objectif de convaincre les agents
du bien-fondé des missions qu’on leur confie.
A quoi sert la communication interne au sein de la MEL ?
(B.D) : L’un des piliers majeurs de la communication interne est la conduite du changement
car elle permet de donner du sens aux décisions qui touchent à l’organisation et au
fonctionnement de la MEL. La communication interne est là pour informer les agents (via ses
supports papier et intranet), pour leur expliquer le sens de nos actions, qu’il s’agisse des
politiques internes ou des politiques publiques.
Comment est-elle perçue ? Existe-t-il un problème de légitimité ?
(B.D) : C’est assez difficile de répondre à cette question de la perception. Je pense en tout cas
que nous n’avons pas de problème de légitimité aux yeux du management, compte-tenu de
notre positionnement dans l’organigramme. Nous appartenons au Secrétariat général lequel
est directement rattaché au Directeur général des services.
Selon vous, quelles sont les différences importantes entre la communication
interne et externe ?
(B.D) : Il s’agit essentiellement d’une différence de cibles. La communication externe
s’adresse aux citoyens, à la presse, aux entreprises, etc. tandis que la communication interne
s’adresse aux agents. Ce qui induit des différences de méthodes, de supports et de messages.
Le principal outil de communication interne est souvent le magazine
interne. Selon vous, que faut-il pour qu’un magazine interne soit un
succès ?
(B.D) : La difficulté majeure réside dans l’absence d’une cible particulière puisqu’il s’agit
d’un journal destiné à tous les agents. Il faut donc s’appliquer à s’adresser à toutes les
sensibilités pour que chacun y trouve son compte. Il est nécessaire de construire les articles
avec plusieurs entrées. Le secret de la réussite ? Faire court, faire beau, faire simple, tout en
veillant à mettre du fond.
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Quelles sont pour vous les compétences professionnelles et personnelles
requises pour travailler dans la communication interne ?
(B.D) : Il s’agit essentiellement de savoir écrire, d’être créatif, d’avoir un esprit de synthèse et
en même temps être organisé, ce qui ne va pas toujours de soi pour un créatif. Il faut aussi de
la simplicité, du bon sens et une capacité d’empathie forte.
2. À l’heure du tout numérique, quel est à votre avis l’avenir des supports
papier ?
(B.D) : Je pense que malheureusement le papier n’a plus beaucoup d’avenir compte-tenu des
nouvelles pratiques et habitudes de lecture induites par les nouvelles technologies.
L’information passe désormais essentiellement par le numérique. C'est dommage car on
n’écrit pas et on ne lit pas de la même façon sur le web que sur un support papier. On ne peut
pas y dire les mêmes choses, en tout cas pas de la même façon. Pour le web, il faut faire court
et efficace, sinon le lecteur abandonne vite. Cela entraîne un appauvrissement progressif de
l’information.
Quelles sont les évolutions de la communication interne que vous imaginez
dans les prochaines années ?
(B.D) : Je ne sais pas, je n’ai pas de boule de cristal. On construit simplement le présent en
s’arc-boutant sur le passé. J’imagine quand même, malheureusement, que la communication
interne sera plus froide, moins humaine puisqu’elle passera essentiellement par le numérique.
Pour finir, avez-vous une autre idée à développer ?
(B.D) : Il faudrait, à mon avis, cesser de parler aux agents avec des mots creux comme
"efficience", "performance", "dynamisme", etc. Ce n’est pas cela qui peut les motiver. Peut-
être faudrait-il parler davantage de "plaisir", de "satisfaction personnelle" ou encore
"d’amitié".
Interview réalisée par Florence CAZIER dans le cadre du cours de "Communication interne",
dispensé par Damien ARNAUD, au sein de la licence professionnelle ''Gestion de la
communication publique'' – juin 2015