Revue SNIA, n° 204, Mai 2016
C’est à Halsted que revient le mérite d’avoir proposé la première préparation mécanique du côlon (PMC) avant chirurgie colorectale (CCR) dans le but de diminuer le taux des fistules et complications septiques postopératoires. La PMC inclut des régimes sans résidus, des lavements ou des lavages par voie orale avec du polyéthylène-glycol. Plus tard, on y a adjoint la préparation par antibiotiques oraux (PAO) la veille de l’intervention et la routine a été de combiner PMC et PAO.
Depuis 40 ans, divers travaux ont mis en doute l’intérêt de ces 2 types de préparations, accusant la PMC d’entraîner un déséquilibre ionique, et de prolonger l’iléus postopératoire, d’autres séries insistant au contraire sur les bénéfices qu’elles apportaient (diminution du taux des fistules et des infections). (...)
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Chirurgie colorectale : moins d’infections et de complications quand on prépare le côlon !
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DOSSIERCHIRURGIE
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Chirurgie colorectale : moins d’infections et de complications
quand on prépare le côlon !
C’est à Halsted que revient le mérite d’avoir proposé
la première préparation mécanique du côlon (PMC)
avant chirurgie colorectale (CCR) dans le but de
diminuer le taux des fistules et complications
septiques postopératoires. La PMC inclut des régimes
sans résidus, des lavements ou des lavages par voie
orale avec du polyéthylène-glycol. Plus tard, on y a
adjoint la préparation par antibiotiques oraux (PAO)
la veille de l’intervention et la routine a été de
combiner PMC et PAO.
Depuis 40 ans, divers travaux ont mis en doute
l’intérêt de ces 2 types de préparations, accusant
la PMC d’entraîner un déséquilibre ionique, et de
prolonger l’iléus postopératoire, d’autres séries
insistant au contraire sur les bénéfices qu’elles
apportaient (diminution du taux des fistules et des
infections).
Les auteurs de Baltimore ont travaillé sur toutes les
CCR colligées dans un registre national en 2012-2013,
en excluant les interventions en urgence. Les malades
ont été divisés en 4 groupes : pas de préparation
(PP), PMC seule, PAO seule et PMC+PAO.
Leur échantillon comportait 19 686 cas (52 % de
femmes), répartis ainsi : 26 % dans le groupe PP, 41 %
PMC, 3 % PAO, et 30 % PMC+PAO. Les malades blancs
ont été plus nombreux à recevoir PMC+PAO (32 %)
et les hispaniques à recevoir PP (37 %), de même
les malades fragiles (ASA IV dans la classification
de l’American Society of Anaesthesiologists) ont été
plus souvent opérés sans préparation (29 %) ; il y a
aussi eu moins de préparation chez les sujets minces
(32 % des cas avec un indice de masse corporelle-
IMC- < 18,5 vs 23,7 % avec un IMC >30 kg/m²). La
PMC a aussi été plus utilisée en cas de cancer ou de
maladie diverticulaire (43 %) qu’en cas de rectocolite
hémorragique (24,5 %).
Taux de complications et mortalité plus
élevée en l’absence de préparation
La plupart des complications (infectieuses locales,
fistules, iléus) et la mortalité se sont révélées plus
fréquentes dans le groupe PP (par exemple, pour
la mortalité, 1,13 % pour PP vs 0,6 % pour le
groupe PMC, 0,5 % pour le groupe PAO et 0,4 %
pour le groupe PMC+PAO). Si on ajoute l’infection
postopératoire aux conditions de survenue des autres
complications, on voit qu’elle favorise la survenue
d’un iléus, un séjour prolongé et le décès.
Cette amélioration des résultats après PMC+PAO
persiste quelle que soit la voie d’abord et quelle que
soit l’indication de la CCR.
On peut donc conclure que l’association d’une
préparation mécanique et antibiotique avant
colectomie à froid réduit tous les types d’infection
des sites opératoires, et que cette diminution
diminue à son tour le taux des autres complications
et des décès.
Dr Jean-Fred Warlin
Publié dans JIM le 21/04/2016
Références
Althumairi AA et coll. : Benefits of bowel preparation beyond surgical
site infection, A restrospective study. Ann Surg., 2016 ; publication
avancée en ligne le 12 janvier.