3. J’échoue avec celui - ci, d’accord, mais je réussis avec beaucoup
d’autres. Ce n’est tout de même pas ma faute si ce garçon se
trouve en quatrième ! Que lui ont donc appris mes
prédécesseurs ? Imagine-t- on qu’avec mes effectifs et mes
horaires je puisse lui faire rattraper un pareil retard ?
Autant de questions qui , rameutant le passé de l’élève, sa famille,
les collègues, l’institution elle -même, nous permettent de rédiger
en toute conscience l’annotation la plus répandue des bulletins
scolaires : Manque de bases (que j’ai trouvée jusque sur un
bulletin de cours préparatoire !). Autrement dit : patate chaude.
Pennac, Chagrins d'école
10. « Une culture littéraire se constitue par la fréquentation régulière
des œuvres. Elle suppose une mémoire des textes, mais aussi de
leur langue, une capacité à retrouver, chaque fois qu’on lit, les
résonances qui relient les œuvres entre elles. […] Si l’on souhaite
que les élèves du collège puissent adopter un premier regard
réflexif sur ce qu’ils lisent, il est nécessaire que, dès l’école
primaire, ils aient constitué un capital de lecture sans lequel
l’explication resterait un exercice formel et stérile. »
Une culture littéraire à l'école, MEN/DGESCO, 2008
17. « (...) Nous lisons ce que nous avons envie de lire,
pas ce que l’auteur a écrit.
Dans Don Quichotte, c’est moins l’univers de la
chevalerie qui me captive que l’éthique du héros
et sa curieuse amitié avec Sancho. »
Manguel, Journal d'un lecteur
18. « Eveil de la princesse, pâmoison devant le damoiseau, ils se
marièrent et eurent beaucoup d'enfants, fin de l'histoire. Et
les pauvres nains, eux? Quel toupet, cette Blanche-Neige !
Quelle ingratitude ! Ils l'avaient tout de même accueillie dans
leur maison alors que le chasseur à la solde de la méchante
reine courait après elle pour lui arracher le coeur ! D'accord,
elle avait payé son gîte et son manger en les torchant, mais
ils lui avaient sauvé la vie ! Et ils l'aimaient ! Je ne
comprenais pas que le bec mouillé d'un Prince Charmant
qu'elle n'avait jamais vu de sa sainte vie (sauf dans le film où
il venait, au début, chanter une chanson plate sous son
balcon pendant qu'elle se tortillait comme une idiote) suffise à
Blanche-Neige pour qu'elle laisse tout tomber, sans regrets
et sans remords ! »
Tremblay, Un ange cornu avec des ailes de tôle
19. « La prise en compte des paramètres liés à l'inconscient du
lecteur est encore plus délicate. Il s'agit de ces cas,
relativement rares, mais sans lesquels notre métier n'aurait à
mes yeux que très peu d'intérêt, où l'apprenti lecteur est lu
par un texte plus qu'il ne le lit. De ces textes qui vous
touchent, vous émeuvent, vous dérangent, vous ébranlent,
vous boulversent. Or, ce texte dit à l'apprenti lecteur des
choses qu'il n'a peut-être pas envie d'entendre, et encore
moins de commenter en public, avec à la clé une quelconque
évaluation, une note. Comment prendre en compte ces
rencontres qui peuvent marquer de façon cruciale l'histoire
d'un lecteur? Comment accompagner le lecteur dans cette
rencontre de l'altérité, fondement de toute lecture féconde,
de toute lecture véritable? Comment l'accompagner jusqu'au
seuil de lui-même sans jamais empièter sur son domaine. »
Jean Verrier
22. " Tout lecteur dérobe un savoir et revit l'expérience de
l'apprenti magicien, celle que l'on prête à Faust. Evoquant
alors les dangers inhérents à toute lecture, D. Fabre indique
"comment surmonter cette épreuve" : quelle voie peut
conduire à la domination du livre ? Tout simplement
l'écriture. On fait sien le pouvoir de la lettre en la
reproduisant sur un cahier à soi. Ici la copie, loin de
l'exercice scolaire, n'est qu'une soumission apparente ; elle
permet de s'emparer du texte, d'incorporer cette force qui
submerge le lecteur ordinaire, celui qui se contente, à ses
dépens, de lire. C'est donc en écrivant que l'on conjure le
maléfice du livre.
Alberto Manguel,
Interview à l'occasion de la publication de Journal d'un lecteur
23. La lecture est une conversation. Des fous se lancent dans des
dialogues imaginaires dont ils entendent l’écho quelque part dans
leur tête ; les lecteurs se lancent dans un dialogue similaire,
provoqué par les mots sur une page. Si, le plus souvent, la
réaction du lecteur n’est pas consignée, il arrive aussi que le
lecteur éprouve le désir de prendre un crayon et de répondre dans
les marges d’un texte. Ce commentaire, cette glose, cette ombre
qui accompagne parfois nos livres préférés trans- pose le texte en
un autre temps et une autre expérience ; il prête de la réalité à
l’illusion qu’un livre nous parle et nous incite (nous, ses lecteurs) à
exister. (...) Il m’est apparu que, si je relisais un livre par mois, je
pourrais mener à bien, en un an, quelque chose qui tiendrait à la
fois du carnet intime et du recueil de citations : un ensemble de
notes, réflexions, impressions de voyage et descriptions d’amis et
d’événements publics ou privés, le tout suscité par mes lectures.
Alberto Manguel,
Interview à l'occasion de la publication de Journal d'un lecteur
30. Redire ce que dit le
Réagir aux texte ; Juger
superficiellement le
textes texte
Prélever des éléments
Prendre de la distance par
rapport aux texte
Exprimer ses émotions
Devenir lecteur
expert
31. Emettre des
Prendre de la hypothèses
distance par rapport
Réfléchir aux
aux textes motivations des
personnages
Ecrire dans/après le
Réagir aux textes texte
Réfléchir / sa propre
expérience
Devenir lecteur
expert
Donner son avis
32. Faire des liens entre
Devenir ses lectures, entre les
lecteur expert oeuvres
Prendre conscience
Prendre de la distance de son activité de
par rapport aux textes lecteur
Réagir aux textes
33. j'ai eu envie de me lancer avec mes classes, à la rentrée suivante.
J'ai donc expliqué à mes élèves qu'ils pouvaient utiliser le support
qu'ils souhaitaient, simple cahier, petit, grand format... qu'ils
pouvaient le confectionner eux-mêmes...qu'ils pouvaient le
décorer à leur guise, faire des collages... et que, donc, ils devaient
y laisser des traces de leurs lectures.
Et, ô surprise, j'ai été déçue!
Témoignage de Véronique Larrivé,
professeur au collège Michelet
Toulouse
34. D'un naturel opiniâtre, à force de chercher, j'ai fini par trouver ce
qui n'allait pas. Je laissais trop les élèves livrés à eux-mêmes.
J'avais, ni plus, ni moins, failli à mon rôle d'éducatrice au sens
propre du terme. Il fallait prendre les élèves par la main et les
conduire là où je désirais qu'ils aillent. Il me fallait les
accompagner presque au quotidien. Il me fallait créer des
moments d'échanges, réguliers entre eux, avec moi, tous ensemble.
Il me fallait les conseiller, les
orienter...leur donner du grain à moudre!!!
Témoignage de Véronique Larrivé,
professeur au collège Michelet
Toulouse