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Abadlia spécificités de l'enseignement des littératures franco en fle
1. ABADLIA Nassima, Doctorante, en sciences du texte littéraire,
Maître Assistante Classe A
Université Farhet Abbas, Sétif, Algérie.
Titre :
« Les spécificités de l’enseignement des littératures francophones dans la didactique du Français langue étrangère
(FLE). Le cas du Département des littératures et de langue française de l’Université Farhet Abbas, SETIF. »
« Enseigner la littérature n’équivaut pas ou ne doit équivaloir, à enseigner un savoir sur la littérature, exactement de la
même façon, et un peu pour les mêmes raisons, qu’enseigner une langue ne signifie pas en faire apprendre la
grammaire. » A. Séoud, 1997.
Introduction :
La réflexion que nous proposons ici se veut un regard, une sorte de synthèse de notre expérience personnelle
d’enseignante des littératures francophones depuis les dernières années, essentiellement avec le passage récent du
système classique au système LMD. Les apprenants mais aussi pédagogues et enseignants se posent d’avantage la
question du pourquoi de l’enseignement de la littérature en classe du Français Langue Etrangère (FLE) étant donné que
la première finalité de formation dans ces classe est l’apprentissage de la langue, spécifiquement en système LMD. Le
souci majeur de cette communication est donc d’évaluer l’enseignement des littératures francophones africaine et
maghrébine essentiellement dans l’Université de Farhet Abbas, Sétif, Algérie où nous exerçons en tant qu’en tant
qu’enseignante des littératures françaises et francophones. La ou les questions qui ont sous tendu cette réflexion sont les
suivantes :
Pourquoi enseigner les littératures en classes de langues ? Que faudrait-il enseigner, la littérature ou la langue ? Quel
est l’objectif de l’enseignement des littératures en classe de FLE ? Si nous supposons que les finalités en classes du FLE
étant d’apprendre à comprendre, lire, écrire et communiquer en français, comment le texte littéraire pourrait être alors
exploité pour atteindre l’ensemble de ces objectifs ? Avant de répondre à toutes ces questions nous devons d’bord saisir
la spécificité du texte littéraire francophone, son enseignement requiert-il des compétences spécifiques et par là-même
un enseignement spécialisé ?
Nous partons ici d’un double constat, d’abord celui de l’existence de productions littéraires francophones n’ayant
donné lieu à aucune stratégie de théorisation, d’un côté et de l’autre d’un enseignement de la langue française comme
langue étrangère ou langue seconde, FLE ou FLS.
Ceci dit Il existe des productions littéraires francophones dans les Pays du Sud, qui sont réellement introduites dans les
corpus et les cursus universitaires ; cependant il n’est pas évident d’étudier les stratégies d’enseignement des littératures
francophones car ceci pose plusieurs difficultés à savoir l’instabilité de l’instance francophone, de la confusion même
que prête le terme de francophonie dont les contours et les définitions ne sont pas bien délimités. Notamment
l’insuffisance voire l’absence de théories consacrées à ces productions.
« L’analyse et l’enseignement des littératures francophones posent à l’évidence de nombreux problèmes qui tiennent à
des ambigüités provenant tout autant des insuffisances de la réflexion théorique sur ces littératures que des difficultés à
définir la francophonie, qui est pourtant ce qui entend justifier l’existence même de ce domaine de recherche »
(Beniamino, 1999 : 9)
Nous sommes donc amenée à réfléchir sur la place et le rôle des littératures francophones dans l’enseignement du
FLE. Nous nous interrogerons sur la place que tient l’enseignement des littératures francophones aux Suds, le propos de
notre présente communication. où nous prendrons pour cas L’Algérie, plus précisément le Département de langue et de
littératures françaises de l’Université de Farhet Abbas de la wilaya de Sétif où nous même exerçons en tant
2. qu’enseignante de lettres francophones et française. Il y a sans doute une place consacrée à ces productions littéraires
dans les instituions universitaires, les littératures maghrébine et négro-africaines de langue française introduites en
première et deuxième année LMD dont le volume des contenus reste très insuffisant. Il est donc nécessaire de
s’interroger sur les stratégies d’enseignement des littératures francophones et la façon dont elles pourraient se définir
comme une discipline à part entière.
Si nous supposons à la suite de Daniel Coste que la littérature est « la question qui concerne évidemment toute
didactique d’une langue étrangère ». (Coste, 1982 : 59) faut-il encore se poser la question s’il faut « apprendre la
langue par la littérature » ou si c’est plutôt la littérature qu’il faut apprendre « à travers les langues » ? Et si nous
supposons aussi que « Le travail d’apprentissage de la langue prépare aussi, dans sa forme même, au travail du texte
littéraire avant que la pratique du texte littéraire ne contribue à dynamiser et à complexifier, par sa nature même,
l’apprentissage de la langue. » (Coste, 1982 : 73). Comment l’intégration des littératures francophones pourraient-elle
rendre plus bénéfique l’apprentissage de la langue ? C’est ici tout notre problématique à la quelle nous suggèrerons des
réponses et des projets didactiques.
Il dit aussi que c’est la question [qui] concerne évidemment toute didactique d’une langue étrangère ». (Coste. 1982 :
59).
1- La Lecture comme moyen de découverte du texte littéraire
La première étape d’investigation et de découverte du texte littéraire est la lecture, nous soumettons aux apprenants
dans un premier temps un texte littéraire. Ceci consiste à mettre l’apprenant au contact du texte, et c’est ainsi qu’il va
découvrir l’objet d’étude. Afin de vérifier la capacité d’analyse du texte, on lui proposera un ensemble de questions de
compréhension et d’analyse : identifier le type du texte, les types de tonalités et du discours, la progression thématique.
L’apprenant devra apprendre à manipuler le texte de manière plus autonome et à définir le type du texte et le type du
discours dans un premier temps. Pour que l’activité de lecture soit bénéfique il faut qu’elle conduise à la production, à
la communication, il ne faut pas que la lecture soit dissociée de l’écriture. L’enseignement des textes littéraires doit
amener à l’apprentissage de la langue en apprenant à communiquer et à écrire en cette langue.
C’est pendant la lecture que l’apprenant peut manier le texte à sa façon selon sa flexibilité, en adoptant par exemple la
méthode intertextuelle, le texte devient cette espèce « d’œuvre ouverte » dont parle Umberto Eco, d’un lecteur libre
d’interpréter le texte des différents sens possibles. D’ailleurs « Un texte est rempli d’indices, de traces dont la valeur
sémantique pour le lecteur échappe souvent au narrateur lui-même. » (Beylard-Ozeroff, 2007)
Le meilleur moyen d’exploiter le texte littéraire et le faire découvrir aux apprenants est la lecture, lire pour analyser,
pour comprendre, interpréter, c’est ici que la méthode sémiotique est la plus recommandée car elle permet au lecteur de
modeler le sens du texte selon les différentes possibilités qui s’offrent à lui. « Le document littéraire, lieu où, par
excellence, la langue travaille de manière non linéaire et non univoque, se prête particulièrement à des lectures
plurielles. » Jean-Louis Beylard-Ozeroff. Ainsi tout en jouant avec les différentes signifiances le lecteur joue
indirectement avec la structure du texte et par là-même avec la langue du texte.
Afin de mieux appréhender le texte littéraire, l’enseignant doit adapter des méthodes pluridisciplinaires, à la fois
historique, littéraire, linguistique. Mais l’analyse sémiotique est la mieux adaptée dans notre cas car elle permet de
mieux appréhender le texte littéraire dans sa structure et sa texture langagière, c’est-à dire la langue, comme elle permet
aussi au lecteur de faire une lecture plurielle, d’exploiter la polyphonie du texte. Une telle méthode semble la mieux
adaptée aux classes de langue étrangère, car elle permet le mieux d’étudier les spécificités de la langue du texte vue la
variation des conceptions esthétiques de l’objet littéraire.
Pour mener à bien sa démarche l’enseignant doit s’abstenir de donner sa propre interprétation du texte et laisser les
apprenants interpréter librement le texte sans y intervenir. L’intérêt de cette démarche est double, e leur permettant à la
fois de s’exprimer par écrit et oralement, non seulement l’apprenant interprètera le texte librement mais il prendra aussi
la parole librement. L’une des spécificités du texte littéraire est la polysémie, et la polyphonie, d’où la pluralité des sens,
la pluralité des langues puisqu’il y a forcément langue étrangère et langue mère d’où aussi la pluralité culturelle et ou
l’interculturel et l’intertextuel. C’est cette spécificité du texte littéraire francophone qu’il faudrait saisir en classe du
FLE
3. 2- Le texte comme moyen d’accès à la culture.
Il est certain que tout enseignement de la littérature nécessite une connaissance de la langue dans laquelle cette
littérature est écrite, et enseigner les littératures francophones de langue française nécessite une connaissance du
français langue étrangère. Si l’étude de la littérature amène à réfléchir sur l’histoire, la rhétorique, la stylistique ou
encore l’esthétique, il amène surtout dans notre cas à réfléchir sur la langue parce que c’est une langue étrangère, sur la
culture de l’Autre à la quelle l’apprenant oppose sa culture et sa langue. L’objectif de l’enseignant des littératures
francophones étant de transmettre un savoir littéraire dans un contexte bien précis, d’enseigner des textes littéraires à
des apprenants censés déjà connaître la langue française, et d’avoir les outils linguistiques de base indispensables à la
compréhension du texte.
« La littérature est un support privilégié de la formation humaniste puisqu’elle ouvre sur toutes les dimensions d’
l’humain (histoire, culture, imaginaire, etc.) De cette façon, la littérature permet de développer et d’enrichir la
personnalité des lecteurs. La nécessité de la transmission littéraire comme lieu de mémoire et de langue réside dans le
fait que c’est aussi un lieu savoir culturel et d’émotion. » (Cervera, 2009 : 46.)
Selon les études récentes il existerait trois modèles principaux d’enseignement du texte littéraire à savoir le modèle
culturel, le modèle langagier, et le modèle de développement personnel. Le premier modèle, celui de l’aspect culturel
est à notre sens le plus important, celui qu’il faudrait exploiter en premier, essentiellement en littératures francophones
parce qu’elles posent le problème du contexte, la fait de partager les mêmes compétences culturelles du texte, il serait
plus facile pour l’apprenant de lire et de comprendre le texte, ce que nous avons pu observer chez nos apprenants. Cette
approche met l’accent sur l’interculturel afin de mieux faciliter l’intégration du lecteur dans le texte.
« L’interculturel est un passage obligé parce que […] tour rapport avec le texte est dans son essence interculturel […],
compte tenu évidemment de la « pluralité » culturelle, de la multiplicité des croisements culturels, caractéristiques de la
civilisation d’aujourd’hui. » (Séoud, 1997, p. 137.)
L’apprentissage de la langue en FLE est indissociable de l’apprentissage de la culture, la culture de l’Autre d’un côté
mais sa propre culture de l’autre côté, enseigner un texte de Jacques Roumain, à tire d’exemple, c’est enseigner
indirectement la langue créole mais aussi la culture Vaudou, on ne peut donc enseigner les littératures francophones
sans apprendre la langue française mais aussi la langue véhiculaire et la culture qui y correspond. C’est ici que réside la
spécificité mais surtout la difficulté du texte littéraire francophone, en ce qu’il offre un enseignement double celui de
langue véhiculaire du texte c'est-à-dire le français, la langue de l’Autre, mais aussi la langue du lecteur ou de
l’apprenant, la langue-mère.
Les compétences culturelles sont l’une des conditions d’accès au sens du texte littéraire, d’un côté, le lecteur doit pour
comprendre le sens du texte partager les même compétences culturelles que celles du texte, de l’autre côté, le texte peut
être un moyen d’accès à une autre culture que celle du lecteur.
« Le texte littéraire est considéré comme une expression, un regard fragmentaire porté sur un modèle culturel. C’est en
ce sens que nous envisageons l’apprentissage d’une langue étrangère. Puisqu’apprendre une langue étrangère ce n’est
pas seulement étudier la langue, il faut établir un parallèle entre la découverte d’une culture et l’apprentissage d’une
langue. En somme, mettre en évidence cette culture partagée. L’apprentissage de la langue étrangère implique donc la
découverte de nouvelles pratiques culturelles et de nouvelles valeurs. » R. Servera (2009 : 46)
4. Le texte littéraire francophone est plus familier à l’apprenant qu’un texte de littérature française en ce qu’il le plonge
dans une culture qu’il partage ou qu’il connait avant de lui proposer une langue étrangère, c’est ici que la motivation de
l’apprenant est la plus visible. Le contact de l’apprenant avec le texte lui permet d’accéder à la culture de l’Autre, le
contact avec le texte littéraire francophone lui permet exceptionnellement d’avoir un regard extérieur sur sa propre
culture mais à travers la langue française, qui dit langue dit culture. Le texte littéraire s’il peut servir de support ou de
moyen à l’apprentissage de la langue, il peut être aussi un outil efficace d’entrer dans d’autres cultures et par là-même
d’apporter un regard différent sur sa propre culture.
« Le texte littéraire est donc le lieu, le moment et l’occasion propices pour l’apprenant d’entrer dans la langue/culture de
l’autre et de reconfigurer sa propre identité, à travers des interactions autour de ce texte. » Mekhnache (2010 : 126.)
Dans sa construction même le texte littéraire est intertextuel, à partir du moment où il rentre en rapport avec d’autres
textes. Le contact avec le texte met l’apprenant au contact d’autres textes mais aussi avec d’autres cultures,
l’apprentissage de la littérature et de langue ne se conçoit jamais en dehors du processus de comparaison. Tout au cours
de l’apprentissage, l’apprenant compare le texte qu’il lit à d’autres textes, sa langue à la langue de l’Autre, et par là
même sa propre culture à la culture du texte. Selon Marc Lits « il n’est pas possible, pour des élèves, de percevoir ce qui
constitue leur propre environnement culturel sans terme de comparaison […]. Ce n’est qu’après avoir découvert la
culture de l’autre que je puis percevoir ce qui fonde mes particularités culturelles. » (Mekhnache, 2010 : 126.)
Nous constatons donc à la suite de Roger Fayolle que l’intérêt de l’étude et de l’enseignement des littératures
francophones réside dans le fait qu’elle « offre donc d’abord un grand intérêt historique et scientifique car elle permet
de mieux saisir les relations des phénomènes littéraires avec leur contexte socio-culturel et de percevoir aussi quelles
peuvent être les « lois » ou, du moins, les orientations et les étapes du développement de la littérature vers une plus
grande autonomie. » Ibid, pp.38-39.
3- Le texte littéraire, un lieu de « travail du langage ».
Si nous supposons que le texte littéraire offre des spécificités par rapport aux autres types de texte dans
l’apprentissage de la langue notamment, quelles seraient ses spécificités, essentiellement les spécificités du texte
littéraire francophone ? Nous essayerons d’abord de répondre à cette question, nous permettant donc de distinguer, de
définir la particularité du texte littéraire francophone.
« Encore faut-il savoir la fonction que la littérature peut assumer, dans la formation des élèves, si elle n’est pas
seulement un réservoir de figures à analyser et de modèles à imiter, un répertoire d’exemples à modifier, un outil
d’apprentissage de la langue, mais une forme de l’expérience humaine, une source d’émotion esthétique, un chemin de
la connaissance qui emprunte le détour de l’imaginaire. Et savoir enfin, comment l’enseigner. » (LEROY, 2001)
L’intérêt accordé d’avantage à l’étude et à l’enseignement des littératures francophones s’est confirmé même lors de
manifestations culturelles et littéraires consacrées à la francophonie par la volonté de l’intégration des ces productions
littéraires dans les cursus universitaires « qu’en France, les littératures d’expression française fassent l’objet d’un
enseignement intégré aux programmes. » Les Études françaises dans le monde, Montréal, AUPELF, 1972, p. 149. Si cet
intérêt est justifié et légitimé en France, il l’est encore plus dans les pays francophones.
5. Si nous concevons à la suite de Daniel Coste que « le travail d’apprentissage de la langue prépare aussi, dans sa forme
même, au travail du texte littéraire avant que la pratique du texte littéraire ne contribue à dynamiser et à complexifier,
par sa nature même, l’apprentissage de la langue. » (Coste, 1982 : 73).
Comment peut-on rendre le texte littéraire utile et bénéfique à l’apprentissage de la langue ?
Le texte devient selon la conception de Barthes, un « espace de langue », « un espace à observer, à interroger, comme
révélateur du fonctionnement multiple du système de la langue ». J. PEYTARD (1986 : 247. )
Le texte « est cet objet-produit comme un lieu de « travail du langage », c’est-à-dire, où l’on peut percevoir et
analyser les effets discursifs singuliers. Travail du langage par le scripteur. Mais simultanément scripteur travaillé par le
langage. Ecrire est geste passif/actif, qui par ses traces dans le texte signale son travail. Et ce travail met les niveaux et
les éléments d’une langue en question(s) […]. La langue est questionnée par les épreuves qu’elle traverse […]. Ce qui
apparaît d’abord […] tout ce qui fait l’étrange du langage dans le texte et dérange nos habitudes perspectives […]. Le
texte devenant ce « laboratoire » où le langage est en expérience […]. Les mots n’ont plus cours ni valeur ailleurs,
d’abord, que dans le texte. » J.Peytard (1982), cité par M. H. Estéoule- Exel (1993 : 184-185).
Le contact avec le texte littéraire est avant tout un contact avec la langue du texte. C’est alors que toute activité
d’analyse du texte est forcément une analyse de la langue. La phase de lecture et d’analyse textuelle doit préparer à une
deuxième étape plus importante, la production ou l’écrit, indissociable de la lecture. Si en phase de lecture nous
observons une certaine motivation de la part de l’apprenant, ici il semble complètement démotivé, car il craint l’écrit.
La question est ici comment motiver l’apprenant à l’écrit ?
Introduire le texte littéraire en classes de langue permettrait à la fois de transmettre des connaissances culturelles et
esthétiques qui serviront à développer les compétences de communication, de l’usage de la langue.
4- Explorer, exploiter, et s’approprier la langue par le texte.
Il ne suffit pas pour autant d’apprendre une langue à l’étudiant mais il faut savoir aussi lui donner les moyens de se
l’approprier. Dans le cadre de l’enseignement du FLE, l’enseignement de la littérature est l’une des meilleures chances
que l’on puisse offrir à l’apprenant pour s’approprier la langue étrangère.
Si l’exploration du texte littéraire par la lecture et les activités de compréhension est plus agréable et plus aisée où les
apprenants trouvent du plaisir à découvrir des textes et les explorer par la lecture, la production écrite est nettement
plus difficile et pénible. Le but de tout apprentissage de la littérature n’est-il pas enfin de compte de produire des textes,
à la formulation de phrases et des paragraphes, bref écrire, produire en français ? En somme on doit entrainer
l’apprenant à s’approprier la langue et l’employer à des fins langagières. C’est cette phase qui pose problème dans
l’apprentissage du FLE.
En littérature le texte est avant tout exploité afin de transmettre un savoir littéraire, mais en classe du FLE, cela ne doit
pas être sa seule finalité, il doit être exploité pour réaliser plusieurs objectifs pédagogiques : linguistiques ; enseigner un
texte quelconque c’est apprendre indirectement la langue de ce texte, objectifs esthétiques qui concerneront
l’apprentissage de la stylistique, et de la rhétorique et enfin des objectifs sociohistoriques et culturels, car tout texte
reflète d’abord la société et la culture à laquelle il renvoie. En projet didactique l’enseignant doit prendre conscience de
toutes ces dimensions de l’enseignement du texte littéraire et non seulement de l’aspect littéraire afin d’élargir le champ
d’investigation du texte et le rendre plus flexible à des usages multiples afin de permettre à l’apprenant à se l’approprier
à des usages variés.
Le texte littéraire ne doit pas être exploité à des fins esthétiques, stylistiques et culturelles, mais aussi et surtout dans le
cas de la formation en licence de langue, à des fins langagières. Le texte doit être le lieu de tous les plaisirs de langue et
donner goût à l’apprentissage de langue afin de motiver les apprenants.
6. « L’introduction et l’exploitation du texte littéraire dans le projet didactique viserait à concilier traitement
communicatif et prise en charge effective des dimensions esthétiques et culturelles pour un développement des
compétences de production. » (Mekhnache, 2010 : 122.)
Conclusion :
Il est certain que l’enseignant de la littérature en classe du FLE a plusieurs tâches à accomplir avec les apprenants,
leur enseigner la littérature, la culture, mais aussi et surtout la langue. En classe il doit s’appuyer sur la lecture et
l’écriture. Le texte littéraire s’il n’est pas un moyen efficace de donner à l’apprenant les compétences linguistiques
requises pour l’apprentissage de la langue, il peut l’être pour développer ces compétences.
L’objectif de l’enseignant de la littérature étant de donner goût aux apprenants à la lecture littéraire, à l’accès au texte
littéraire, aux divers types du discours, et aux différents types de textes, poème, nouvelle, conte, …etc. L’apprenant
après avoir pris contact avec le texte littéraire par la lecture, l’analyse du texte, doit par la suite produire ou reproduire,
dans cette même langue, là est le véritable objectif de l’enseignant en classe du FLE. Sans oublier l’apprentissage de la
communication, par le moyen d’exposés oraux, de fiches de lectures où les apprenants seront appelés à communiquer en
langue française, à s’exprimer oralement en cette langue.
La spécificité de l’enseignement des littératures francophones en classe du FLE est celle de permettre à l’apprenant de
faire référence à l’histoire socio-culturelle de son pays, à sa langue et même à sa culture. L’intérêt de l’enseignement
des textes littéraires francophones est double : d’éviter à l’apprenant de tenir de la distance par rapport à l’objet étudié,
en ce qu’il lui permet de ré exploiter la langue française étudiée auparavant mais aussi de se retrouver et de retrouver sa
propre culture dans le texte. L’apprenant serait par exemple plus motivé en face d’un texte francophone que face d’un
texte français, il prendrait beaucoup plus de distance en face d’un texte du XVIIIème siècle de Voltaire ou de
Montesquieu, car il connait moins la culture française de cette époque que la culture d’un pays francophone maghrébin
par exemple. Le mot francophone en lui-même renvoie à un contexte socio-historique dont l’apprenant fait partie et qui
ne lui est pas nouveau ou méconnu. Notre constat personnel en classe du FLE est que l’apprenant se familiarise mieux
avec un texte de littérature francophone qu’avec un texte de littérature française, ceci renvoie à même à la question de
réception, le lecteur étant censé partager les mêmes compétences linguistiques et culturelles du texte.
La finalité de l’enseignement de la littérature en classe du FLE est une finalité purement didactique qui vise à
transmettre un certain savoir à la fois littéraire et linguistique.
Le caractère récent et contemporain des littératures francophones fait d’elles l’une des pratiques vivantes qui posent
des questions d’actualité de posotcolonialisme, de modernité du devenir des sociétés francophones à savoir même la
question du devenir de la langue française et de mondialisation. « […] parce que les auteurs sont plus en prise sur des
questions vives, sociologiques et sociales, parce que c’est là que se joue le devenir de la langue et les rapports
particuliers entre langue et langage. » (DUFAYS, 2008)
L’objectif ici étant de former de futurs diplômés en langues, de futurs enseignants « auteurs culturels de leur temps.
Pour susciter une lecture littéraire, un va et vient dialectique entre la participation psycho-affective et une posture plus
lettrée, marquée par une distanciation critique, pour développer la lecture et l’écriture d’un apprenti-spectateur… »
(DUFAYS, 2008)
Bibliographie :
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créolophones et francophones UPRESA 6058 du CNRS- Université de la Réunion, Paris, l’Harmattan, 1999.
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- BUTLE, M., « L’Offre de lecture à l’école ». In : Savoir lire avec les BCD. Créteil : CRDP, 1996.
- CERVERA, Roser, « A la recherche d’une didactique littéraire » in Synergies Chine n°4-2009 pp.45-22.
- CHEVRIER, Jacques, « Les littératures d’expression française », in André VUILLEMAIN, (Ed.), Les banques de
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- CORNEVIN, Robert, Littératures d’Afrique noire de langue française, PUF, 1976.
- DUFFAYS, J.-L., GEMENNE, L. et al., Pour une lecture littéraire. Approches historique et théorique. Propositions
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- DUFAYS, J-L., GARAT, Anne-Marie, et MAINGUENEAU, Dominique, « Enseigner la littérature contemporaine ?
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litterature-contemporaine-pourquoi-comment-p304-c20.html
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